Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-01-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 janvier 1881 14 janvier 1881
Description : 1881/01/14 (A11,N3304). 1881/01/14 (A11,N3304).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Onzième aimée. — N. 3304. Prix du numéro à Parist IS conthii^. ^"Ûépaiteïïieiits : 20centimes. Vendredi 14 Janvier 1B81. "-
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JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
"UDACTlOM ,-
B'tdreef er au Secrétaire de la Rêdactloa
de a heures à minuit
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ABONNEMENTS
DEPARTEMENTS
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L" Kboosem1* partent des j- et 15 de chaque mois
'lUguiMare d'annonce. MM LAGRANGE, GKRF et 03
6, piaf* de la Bourse. 6
ADMINISTRATION
ifrtestt lu Lettres et Mandata à VA
16, rue GadLet» SoS:
S» Lettres non affranchies seront ,.,
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trola mois. de »»
Six mois. ne »»
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PARIS
Trois mois. 13 g-F. -
Six mois. 25
Un M. 50 m
Supplément p* l'itrancer (Europe) 1 11P. par trimectH,
Les Abonnem*» partent des l."et 15 de chaque mois
ftédssenrs d'auoac.. : MM. LAGRANGE, ŒRF I fit
8, Place de la Bouru..
Les demandes dè changements d'adresse
doivent" être accompagnées d'une hande
imprimée ët de la somme de 60 centimes
,,
Si Je changement est demandé de Paris
pour les départements, prière d'ajouter les
droits de poste, à raison de 3 centimes par
jour, pour la durée du déplacement.
PARIS, 13 JANVIER 1881
Le conseil supérieur de l'instruction
publique achèvera le 15 une session qui
ne devait d'abord durer que deux semai-
nes, qui aura duré tout un mois et qui
aura été aussi utilement remplie que la-
borieuse. Nous ne croyons pas qu'au-
cune assemblée ait plus rapidement ac-
quis plus de titres à la reconnaissance
du pays. Un vœu que nous nous permet-
trons d'exprimer, c'est que des procès -
verbaux livrés à la presse régulièrement
et au jour le jour tiennent désormais le
public au courant des délibérations du
conseil. De tous côtés, on nous demande
i des nouvelles que nous ne pouvons pas
toujours donner; Par exemple, nous ne
savons pas encore si tous les règlements
départementaux ont été adoptés, et si le
conseil â réformé tel ou tel de ces rè-
glements, comme le règlement dépars
temental de TOisé , par exemple , dont
certaines dispositions ont soulevé de
justes appréhensions de la part des
instituteurs. Nous espérons que le Jour-
nal officiel ne tardera guère à nous don-
ner au moins un résumé succinct de
toutes les décisions prises dans la ses-
sion du conseil,
il est, en outre, un point sur lequel
nous voudrions bien appeler l'attention
de cette réunion d'hommes dévoués à
l'enseignement public. C'est la question
du catéchisme, dont il ne nous paraît pas
qu'on se soit occupé comme on aurait
dû. On a résolu que les instituteurs ne
seraient plus contraints d'accompagner
leurs élèves au catéchisme, et l'on a bien
fait. Mais nous .regrettons que l'idée ne
soit pas venue aux membres du conseil
de regarder de près ce que contiennent
les petits manuels qui, sous le titre de Ca-
téchisme s diocésains, semblent destinés à
gâter l'esprit de l'enfance. Nous avons la
très fâcheuse habitude de considérer ces
Catéchismes comme insignifiants et inof-
fensifs. Ils pourraient, en effet, passer
pour tels si leurs auteurs s'étaient bor-
nés à énoncer les mystères anciens et
nouveaux du catholicisme. Mais, sans
parler de toutes les malpropretés du
sixième commandement, est-ce qu'on
devrait un seul instant perdre de vue
que la politique cléricale s'est introduite
dans ces petits livres et qu'elle y donne
des Enseignements que n'admet certes
point le Concordat.
Nous n'avons pas entre les mains les
Catéchismes detousnos diocèses; mais si
nous nous les procurions, nous y trou-
verions assurément matière à une étude
intéressante. Pour n'en citer ici qu'un
exemple ou deux, nous détachons du
Catéchisme du diocèse de Bayeux ce
passage-ci : v
D. — Désobéit-on de même à Dieu quand on
désobéit aux lois civiles?
R. — Oui, M., on désobéit à Dieu en déso-
béissant aux lois justes, parce que c'est de
Dieu que vient aux chefs de la société la puis-
sance de faire des lois. (Rom., 13, 5.)
N'admirez-vous pas la rédaction jésui-
tique de la réponse? A la question de
savoir si l'on pèche en désobéissant aux
lois civiles, il est répondu que l'on pè-
che en désobéissant aux lois justes ! Et
qui décidera si les lois civiles sont des
lois justes ? LJEglise" sans aucun dou-
te, puisque le Pape est le représentant
de Dieu sur la terre. Donc, si le Pape
estime que telle de nos lois civiles n'est
pas une loi juste, il faudra se révolter
contre cette loi. Vous voyez où cela
nous mène : les curés prêchant l'insur-
rection à leurs ouailles, et les ouailles
prenant les armes à la voix du curé, ce
Serait la pure conséquence logique du
Catéchisme de Bayeux.
Nous ne nous servons pas d'une sim-
ple figure de rhétorique en affirmant
qu'il nous serait facile de multiplier des
exemples pareils. Dans un autre ordre
d'idées, voici ce que nous lisons, sur le
mariage, à la page 115 du Catéchisme
die diocèse de Nevers :
D.— Qu'entendez-vous par l'union légitime
de l'homme et de la femme ?
R.- Par l'union légitime de l'homme et de
la femme, j'entends l'union qui se fait selon
les lois de L'Eglise. 1
D;- L'union qu'on appelle mariage civil
est-elle légitime?
B.- Non, cette union est nulle et crimi-
nelle devant Dieu.
Ain- > mariage civil est nul et cri-
minel Tcoant Dieu!*.. Ce qu'il ne faut
pas perdre de vue, c'est que, jusqu'au
jour où le Sénat aura bien voulu adop-
ter la loi sur l'enseignement obligatoire
et laïque, nos instituteurs resteront con-
traints, en vertu de la loi de 1850,
de faire réciter dans la classe ces cou-
pables absurdités! Mais, lors même
que le prêtre seul aura la charge de l'en-
seignement religieux, pense-t-on que
l'Etat doive tolérer que 1 Eglise enseigne
aux petits enfants, sous prétexte de ca-
téchisme, des doctrines contraires à l'es-
sence même de nos lois?
- Avant donc que le conseil supérieur
de l'instruction publique se sépare, nous
lui demandons de charger un de ses
membres de préparer, pour la session
prochaine, un rapport sur les' doctrines
politiques et morales de toc
chismes en usagé dans les diver^ âiocèses
français Si l'Etat est incompétent en mar-
tière - religieuse, l'enseignement politique
et moral est de son ressort. Le texte du
Concordat à la main, le gouvernement
peut exiger que les Catéchismes soient
revus, expurgés et corrigés dans tous
les passages offensants pour la moralité
publique et les lois civiles. Si le rapport
que nous demandons est fait soigneuse-
ment, il mettra en lumière d'étranges
abus, pour ne pas nous servir d'un terme
plus fort.
:\UG. Liébert
Petite Bourse du soir
I50A). 120 57, 58, 575.
5 010
Turc 13 35,23,275.
Italien, 87 70.
Egypte 360 75, 364 37,363 75.
Banque ottomane. 553 12, 551 87.
Panama 487, 488.
Hongrois 94 3/8, d/2, 7/16.
Extéi-ieure20[0. 21 3/8, 15/32, 5/16.
Lombard 225, .227 50.
Orient. 615/16,7/16.
Lots turcs. 46 75, 47 50, 47,
Banque autrichienne. 778 75, 780.
LE FONCTIONI&RlSBiE
J'ai sous les yeux une pétition adres-
sée par messieurs les employés des
contributions indirectes aux membres du
Parlement. Elle est, assure-t-on, cou-
verte de plus de 9,000 signatures. Ces
messieurs exposent, en fort bons termes,
qu'ils sont très mal payés, et que l'in-
suffisance de leur traitement, sans
compter les ennuis qu'ils en éprouvent
personnellement, nuit à la considération
des employés de l'Etat.
Je les laisse exposer eux mêmes leur
situation :
Après deux ans de surnumérariat, nous
disent-ils, l'employé débute à 1,400 fr. Il lui
faut six ans de service dans les cadres de
commis pour arriver à 1,900 fr., et vingt-cinq
ans de travail pour atteindre le chiffre maxi-
mum de 3,000 fr.
Voilà pour le cadre secondaire : à trente ans
on touche 1,900 fr. ! et on fournit un caution-
nement de 1,500 fr.
Un agent qui arrive, après épreuve, aux
emplois supérieurs, a en moyenne dix-huit
ans de service. Il est payé sur le pied de
2,700 fr. par an, desquels il convient de re-
trancher la retenue du 5 0(0 pour la caisse
des retraites, ce qui réduit son traitement à
2,565 fr.
Il habite alors une grande ville; il a le plus
souvent femme et enfants, un rang à tenir :
il est employé supérieur 1
Ces chiffres se passent de tout commentai-
re. L'exposé de la situation a une éloquence
navrante. Quelques prodiges d'ordre et d'éco-
nomie que vous supposiez de leur part, les
fonctionnaires qui ont l'honneur de s'adresser
à vous ne peuvent ni vivre,' ni élever leurs
enfants, avec les trop faibles appointements
qui leur sont alloués.
Ils ont raison, ces braves pétitionnai-
res ! Il est certain que ce n'est pas avec
deux mille cinq cents francs nets par
an qu'un employé supérieur, qui compte
une vingtaine d'années de service, peut,
dans une grande ville surtout, vivre,
élever sa famille et tenir son rang. Le
double y suffirait à peine.
Voulez vous seulement, mes amis, me
permettre une observation? Pourquoi
avez-vous eu le tort d'entrer dans une
administration qui rétribue si mal ceux
qui la servent ? ou bien, après y être
entrés, avez-vous le tort plus grave d y
rester ?
Il n'y a, sachez-le bien, qu'une seule
grande loi économique en ce monde;
c'est la loi de l'offre et de la demande.
Toute valeur qui est plus demandée
qu'offerte s'élève, toute valeur qui est
plus offerte que demandée s'avilit. Ja-
mais on ne sortira de là. -
Votre pétition va venir en discussion.
Quelques députés se chargeront de l'ap-
puyer; ils se feront, à la tribune, les in-
terprètes de vos justes récriminations.
-- Savez-vous - ce que - répondra le ministre?
il repondra une chose bien simple.
« Je compatis à ces misères, et je ne
demanderais pas mieux que de les sou-
lager ; mais je suis d'abord ministre des
finances, et je n'ai pas le droit de faire
de la sensibilité. Mon rôle à moi, c'est de
mettre le budget en équilibre et par-
tant de dépenser le moins possible. Si
je ne pouvais recruter le personnel du
service des contributions qu'en le payant
deux fois plus, je serais tout prêt à m'y
résigner; mais comme, sans rien chan-
ger aux conditions actuelles, ce recru-
tement s'accomplit avec la plus parfaite
aisance, je serais un déplorable adminis-
trateur si je desserrais inutilement les
cordons de la bourse. »
Et il aura raison, le ministre, et en
parlant ainsi il parlera comme vous-
mêmes parleriez à sa place. Et si on s'a-
vise de le presser, il ouvrira simplement
son portefeuille, il en tirera je ne sais
combien de centaines de lettres sollici-
tant des emplois de surnuméraires, et je
ne sais combien de milliers d'autres let-
tres venant recommander les candidats
surnuméraires. Et la Chambre l'approu-
vera, et votera un ordre du jour accom-
pagné peut-être de quelques bonnes
parolëSrquine vousmettront pas le moin-
dre petit morceau de beurre sur le pain
sec.
Voulez-vous changer un état de choses
très fâcheux, j'en conviens, et faire que
vos plaintes fort justes soient écoutées.
Au lien de mettre vos signatures au bas
de pétitions d'où rien ne sortira, pre-
nez-moi le bon parti. N'entrez pas dans
une carrière qui ne nourrit pas son
homme, ou, si vous avez eu la naïveté
d'y entrer, une fois que vous avez re-
connu qu'elle ne peut pas vous nourrir,
tirez-lui, très poliment, mais très réso-
lument aussi, votre chapeau.
Un homme de vingt-cinq, trente ans,
ou même quarante, qui sait lire, écrire,
compter, qui à de l'instruction, qui a de
l'intelligence et de l'énergie, est bon à
beaucoup de choses dans une société.
Vous vous ferez caissier, administrateur,
négociant : non seulement vous ne serez
pas en peine de gagner votre vie, mais,
pour peu que les circonstances vous fa-
vorisent, vous aurez encore la chance de
ramasser pour vos vieux jours une petite
fortune qui vaudra mieux que toutes les
retraites.
J'enrage quand je vois notre bourgeoi-
si. elpousser stupidement ses fils vers les
emplois du gouvernement. Eh 1 oui, il
faut qu'il y ait des employés de l'Etat
dans une société, comme il faut sur une
locomotive un chauffeur et un mécani-
cien pour la conduire. Il n'est pas moins
vrai que, dansun train, l'intéressant, ce
ne sont pas les conducteurs de la ma-
chine, ce sont les voyageurs ou les mar-
chandises qu'elle entraîne. Et ainsi dans
une société, les gens vraiment utiles ce
sont les commerçants, les industriels, les
producteurs, tous ceux qui créent et dé-
veloppent la richesse nationale. Les
autres tie sont là que pour assurer à
tous la paix et leur permettre de faire
tranquillement leur besogne féeonde.
Hé bien ! non, ce sont les mécani-
ciens, les chauffeurs, les garde-freins du
train social qui réclament pour eux
l'honneur, la considération, les avan-
tages. Le rêve du bon père et de la
bonne mère, c'est de voir leur fils émar-
ger au budget national, coûter au pays
au lieu de rapporter, dévorer la richesse
publique au lieu de raccroltre:,et s'appeler,
gros comme le bras, monsieur le fonc-
tionnaire. 0
Aussi, qu'est-il arrivé? C'est que, pour
contenter toutes les ambitions, pour sa-
tisfaire toutes les sollicitations, on a par-
tout multiplié les emplois, créé quatre
fonctionnaires là où il n'en fallait qu'un.
Mais aussi la société a pris sa revanche,
et elle paie les quatre employés à eux
tous juste autant qu'un seul devrait
l'être. Même en procédant ainsi, elle n'a
pas réussi à calmer les ambitions, et la
profession sociale qui a le plus d'aspi-
rants s'appelle de ce joli nom : la misère
en habit noir.
Quand lesgraves vérités qui sont pour-
tant claires comme le jour seront entrées
dans l'esprit des pères de famille et des
jeunes gens, quand une sotte vanité
aura disparu, quand les carrières admi-
nistratives ne trouveront plus dix sol-
liciteurs pour un seul poste vacant, quand
elles verront tous les sujets distingués
et honnêtes qui s'y sont engagés s'en
aller chercher fortune ailleurs,—ce j our là
qui n'arrivera pas probablement demain
encore,, l'Etat se résoudra à diminuer le
nombre de ses emplois et en revanche
à payer honorablement les employés qu'il
tiendra à conserver. Jusque-làje souhaite
bonne chance aux braves gens qui se
plaignent de l'exiguïté de leur traite-
ment; mais, à ne rien dissimuler, je me
garderais de leur faire espérer que leurs
plaintes seront écoutées.
CHARLES BIGOT.
Nouvelles parlementaires
Pers onne dans les couloirs de la Chambre
ni du Sénat : une seule commission sénato-
riale était convoquée, celle du tarif des doua-
nes, qui a dû se séparer sans rien faire, faute
d'être en nombre suffisant pour discuter.
11
» *
Les bureaux des groupes de gauche de la
Chambre se réuniront le mardi 18, pour pré-
parer les listes des membres du bureau de Ia
Chambre à élire le 20.
Le président sera réélu sans compétition.
Des quatre anciens vice-présidents, deux,
MM. Bethmont et Brisson, ont donné leur dé-
mission. M. Brisson sera sans doute réélu,
bien qu'il ait décliné la candidature, et M.
Bethmont sera remplacé par M. Philippo-
teaux, président du centre gauche.
Il est question aussi de ne pas réélire M. de
Durfort ue Civrac et de le remplacer par M.
F loquet.
Parmi les secrétaires, quatre resteront en
fonction, MM. Ménard-Dorian, Marcelin Pellet,
Fréminet et LeGonidecdeTraissan; les quatre
autres, MM. Jean David, Louis Legrand, Dru-
mel et de Valfons, qui ont rempli leurs fonc-
tions pendant deux années consécutives,
seront remplacés par des membres des divers
groupes qu'ils représentaient. On met en
avant les noms de MM. Armez, de l'Union ré-
publicaine ; F. Dreyfus ou Hérault, de la gau-
che ; Renault-Morlière ou Godin, du centre
gauche ; et Maréchal, de la droite.
Pas de changements prévus dans la ques-
ture.
»■
• a
Les groupes de gauche du Sénat tiendront
aussi séance avant le 20 pour arrêter la com-
position du nouveau bureau.
M. Léon Say sera de nouveau nommé prési-
dent.
Parmi les vice-présidents, MM. Pelletan et
Barthélémy Saint-Hilaire doivent être rempla-
cés par M. Le Royer et par un membre de la
droite, M. Batbie probablement.
/jLes secrétaires'qhi ne pourront être renou-
velés dans leurs fonctions, parce qu'ils décli-
nent toute candidature sont MM. Mazeauet
Bernard. On présentera à leurs' places MM.
Honnoré, Lenoël ou Labiche.
Le secrétaire actuel de la droitel M. Lafond
de Saint-Mur, ne doit pas, dit-on, être présen-
té de nouveau par ses amis politiques ; mais
la gauche votera néanmoins pour lui.
Enfin M. Baze, questeur, se retirant pour
cause de maladie, sera remplacé par M. Pel-
iLetao.
l" A. L.
Lettre d'Italie .:..
-
- Y Home, 9 janvier I88L
Au*siècle dernier, on nommait Rome
le salon de l'Europe. Si l'Europe, par aven-
ture, avait encore ce que l'on appelait
jadis un salon, ce n'est pas à Rome qu'il
faudrait le chercher. Les conditions de la
vie mondaine sont encore 'plus profondé-
ment modifiées ici que partout ailleurs.
Ici comme ailleurs, c'en est fait de ces
milieux artificiels et charmants, véritables
serres chaudes, où les langues modernes
ont acquis leur épanouissement délicat,
où les idées philosophiques ont grandi
tout à coup, comme ces prodigieuses plan-
tes des tropiques dont le développement
rapide étonne et effraie. Les salons, qui
ont joué un si grand rôle dans l'histoire
moderne, ont subi la loi commune : ils ont
disparu, leur tâche accomplie. Quelle
carrière curieuse a été la leur ! Commen-
cer par le précieux et la galanterie, et ne
pas reculer devant les problèmes les plus
hardis de la science et de la politique; par-
tir du village de Petits Soins, au pays de
Tendre pour arriver au jeu de paume de
Versailles ; avoir eu pour première œuvre
la Guirlande de Julie, pour dernière œuvre
la Charte de 1830 !
Quelle jolie histoire à écrire, et pleine
de rencontres heureuses ! Commencer par
la ruelle de la chambre bleue de l'hôtel de
Rambouillet, et finir par le salon un peu
ennuyé de l'Abbaye-au-Bois, ou bien, si
l'on veut, par cette chapelle de Mme
Swetchine où les belles dames d'il y a vingt
aTts, jetant une dentelle sur leurs épaules
nues, allaient entendre la messe, à mi-
nuit, entre un raoût et un bal ! Il serait
temps d'écrire cette histoire. Les hommes
qui ont aujourd'hui cinquante ans ont pu
connaître, encore des vieillards ayant causé
chez la maréchale de Luxembourg et soupé
chez Mme d'Houdetot. Dans peu d'années,
la chaîne sera brisée, la tradition inter-
rompue, et l'influence souveraine de toutes
ces femmes si diversement charmantes,
éclatantes de grâce ou de raison, d'esprit
ou d'héroïsme, qui se tiennent par la main
depuis Julie d'Angennes jusqu'à Mme Ré-
camier, deviendra pour nos arrière-neveux
une des énigmes du temps où nous aurons
vécu. Croit-on que Mme Roland, pour citer
un exemple,ne soit pas en danger de deve-
nir un jour aussi prodigieuse que Jeanne
d'Arc, ou que Sémiramis ? La meilleure
réponse aux champions malavisés des
femmes, qui veulent charger d'un bulle-
tin de vote leurs mains délicates, ne se-
rait-elle pas de montrer ce que les femmes
ont fait en France, depuis deux siècles,
sans quitter ce foyer qui est leur empire,
sans cesser, toutes fragiles qu'elles sont,
d'être l'appui des plus forts ? Telle est
Mme Geoffrin comme nous la voyons dans
son admirable portrait du musée de Mont-
pellier, établie à son métier à broder, et
causant, sans quitter son aiguille. Le
jour où il a commencé ce chef-d'œuvre,
Chardin n'avait à peindre ni la jeunesse,
ni la beauté, mais une puissance plus
triomphante encore : le charme, et ses
habiles pinceaux ont si bien rendu ce
que sentait le peintre que l'on ne peut
s'arrêter devant cette image de l'aimable
vieille sans aimer les amis qu'elle avait
groupés autour d'elle, sans comprendre
Stanislas Poniatowski lui écrivant, le jour
où il monta sur le trône de Pologne: « Ma-
man, votre fils est roi !» -
Un jour j'entendais une femme char-
mante aussi, et née aussi dans l'autre
siècle, causer dans le salon de sa maison
de campagne avec une de ses petites-filles.
L'aïeule, avec infiniment de bonne grâce,
s'abandonnait un peu à la pente naturelle
de l'esprit des vieillards, et vantait lesjours
passés.
— Où est l'heureux temps, disait-elle,
où nous avions autour de nous tant d'a-
mis comme il n'en est plus ; où de tout
l'été, notre bon abbé Morellet ne nous quit-
tait pas ?
— Un abbé ? interrompit la jeune femme.
Ah ! que cela devait être charmant ! Il vous
disait, n'est-il pas vrai, la messe tous les
matins?
Pour toute réponse, l'aimable vieille
se contenta de sourire. Et voilà pour-
quoi, mesdames, vous n'avez plus de sa-
Ions 1
Il m'a été donné de voir, il y a quelque
vingt-cinq ans, la grande société romaine
encore debout, ou plutôt c'était son fan-
tôme, se soutenant encore par un de ces
miracles d'équilibre qui surprennent sou-
vent dans les choses prêtes à s'envoler en
poussière. Les salons de Rome, alors tout
semblables à. ce qu'ils étaient un siècle
auparavant, s'ouvraient largement aux
étrangers, et leur offraient une hospitalité
à la fois fastueuse et indigente, familière
et hautaine. La ville n'avait qu'une seule
société, et chaque soir, dans des palais
différents, on retrouvait les mêmes visa-
ges.
Lorsqu'on entrait à la nuit, salué par
un suisse galonné qui frappait le pavé de
sa hallebarde, dans ces grandes demeures
aux cours désertes, lorsqu'on franchissait
ces larges escaliers aux marches de mar-
bre, où le bruit des pas retentissait dans
un silence solennel, et que des lampes
parcimonieuses étoilaient faiblement, de
loin en loin, on pouvait croire que c'était
à la Belle au Bois dormant que l'on allait
rendre visite. Après avoir passé sous une
large portière de cuir que l'effort de deux
hommes suffisait à peine à soulever, on se
trouvait dans une salle immense meublée
de statues à demi perdues dans
l'ombre, et d'un antique dais de ve-
lours armorié, poste officiel du maî-
tre de la maison,qui se donnait bien garde
de l'occuper. Une demi-douzaine de grands
cierges brûlaient dans cette solitude im-
posante,sans que leur lueur pût "atteindre,
au plafond, les fresques géantes qu'oa y
devinait à peine. Trois douzaines de: va-
lets, bizarrement chamarrés, étaMisi au-
tour des braseros de cuivre, se mettaient
en haie sur votre passage, sans prendre la
peine de dissimuler leurs cigarettes inter-
rompues, dont la fumée se perdait dans
cetteimmensitécomme elle aurait pu faire
dans un jardin.
Une longue suité de salons franchie, on
arrivait enfin dans quelque galerie où se
tenaient les maîtres de la maison. Dans ce
sanctuaire-décoré plus magninquement en-
core que le.reste, et à peine plus- éclairé,
cent personnes - étaient comme perdues.
On s'y cantonnait par groupes. Dans un
coin, la jeunesse dansaH autour d'un pia-
no; dans un-autre, on causait de tou-
tes choses avec un liberté de parole
qui les premiers jours étonnait. De respec-
tables princesses, chargées de diamants,
établies à la place d'honneur dans de
grands fauteuils dorés-" voyaient, sans ap-
parence d'ennui, papillonner autour d'elles
des hommes dont quelques-uns devaient,
depuis un demi-siècle, se livrer à cet exer-
cice. Dans un angle de la galerie, les di-
plomates, pour éviter de parler, s'as-
seyaient à des tables de jeu ; dans un au-
tre, des cardinaux, gens d'un éteft moins
grave, racontaient des histoires plaisan-
tes ou faisaient de l'esprit, et de rares pla-
teaux, apparaissant à de longs interval-
les, offraient, aux gens les moins occupés
du monde de ce qu'ils boivent et de ce
qu'ils mangent, des verres d'eau et des
sorbets à la neige.
La jeunesse était gaie et on la laissait
faire. Au temps du carnaval, elle organi-
sait forcé mascarades, et, sous prétexte de
s'exercer à parler français, elle jouait la
comédie. J'ai vu représenter ainsi un soir,
devant quatre princes de l'Eglise, le Caba-
ret de Lustueru, étonné sans doute d'un
tel honneur. La prima donna, une Fran-
çaise., avait eu la fantaisie étrange alors de
porter des bas rouges. Elle avait, voulu
faire pièce aux cardinaux et voir la mine
qu'ils feraient. -
Mais ils prirent leur revanche en gens
d'esprit et quand la jeune femme descendit
du théâtre pour recevoir lés compliments
de l'assemblée, elle fut traitée d'Eminence
et de chère collègue par les quatre mem-
bres du sacré collège.
Un palais était plus particulièrement
fréquenté par les Français, le palais Bor-
ghèse, où la maîtresse de la maison était
une La Rochefoucauld. Un autre était plus,
spécialement ouvert aux Anglais, le palais
Doria, la princesse étant une Talbot. Au
palais Torlonia, tout le monde se retrou-
vait un peu pêle-mêle, comme dans un
lieu où la meilleure lettre d'introduction
était une grosse lettre de crédit sur la ban-
que de la maison.Les To :lonià tranchaient,
avec leur luxe tout neuf de parvenus, sur
les habitudes sérieuses et mesurées des
vieilles familles. Ils avaient fait machiner,
au Borgo nuovo, un palais consacré à
leurs fêtes. Là se trouvaient réunies salles
de concert et salles de spectacle. Pour les
grands bals, on y disposait, de tous côtés,des
orchestres et des chœurs invisibles. Les
tables du souper y sortaient du plancher,
comme à lOpéra, et le vin de Champagne y
coulait, à la lettre, en fontaines. On allait
à ces fêtes somptueuses un peu en sou-
riant, et non sans remarquer que les bau-
driers d'or des suisses debout aux portes
avaient des broderies plus anciennes que
la noblesse des maîtres de la maison ; mais
que la princesse Torlonia — une Colonna
de Naples — était belle et charmante ; et
comme ses fabuleux colliers de perles
étaient bien à leur place sur ses épaules
de marbre 1
Rien de gourmé, rien de guindé, rien de
dévot dans les allures de la société ro-
maine d'alors. Le catholicisme glacé du
Nord était inconnu sous le chaud soleil
d'Italie. En vain, depuis quelques années,
s'est-on efforcé de l'y acclimater. Il fond en
route, comme ces îles de glace qui, du
pôle, veulent descendre vers le tropique.
La mode, le besoin d'imiter, le parti pris,
la passion politique ont beau s'en mêler,
le tempérament méridional l'emporte. Il
fait si bon vivre sous ce ciel ! Comment n'y
pas accepter de la vie tous les plaisirs per-
mis,etmême ne s'y pas laisser entraîner, de
temps à autre, à quelque petite excursion
en dehors des barrières canoniques,quand
le repentir est rendu si facile, et quand le
pardon est là, si près de soi ? Rien n'est
plus opposé au tempérament romain que
cet état d'esprit assez à la mode dans un
certain monde, curieux mélange d'humi-
lité devant le Seigneur et de morgue devant
les hommes, avec des renoncements au
monde, prêchés par des dames en toilette
de bal. Ici on ne comprend rien à ces ar-
canes. Ah ! les aimables païens que les ca-
tholiques de Rome 1 (Je n'ai pas dit les
catholiques romains.)
La société romaine a vécu. Ce qui en de-
meure aujourd'hui se divise en deux camps
opposés : les blancs et les noirs, les Gibe-
lins et les Guelfes ! Voilà bien du moyen
âge. Dans la société du Quirinal, modeste
d'ailleurs comme le Quirinal lui-même, et
où les fortunes sont rares, on cherche
à s'amuser à peu de frais , à petit
bruit et à portes closes. Dans le mon-
de du Vatican, où, comme je l'ai dit,
on n'a jamais brûlé beaucoup de bougies,
on a impitoyablement soufflé jusqu'à la
dernière chandelle. Rien de plus noir que
tous ces palais noirs. Aussi les jeunes
gens de l'aristocratie romaine, aussitôt
qu'ils peuvent s'envoler, partent en joyeu-
ses bandes, à tire-d'ailes, pour Londres ou
pour Paris. Pour une jeune prince ro-
main, c'est faire acte de bon catholique
que de venir s'égayer chez nous, plutôt
que de valser honnêtement dans le salon
maternel avec une demoiselle bien née.
Les vues de la Providence sont insonda-
bles ! Qui aurait jamais cru que Mabille
ou les Folies-Bergères pourraient devenir
des institutions ad majorem Dei gloriam?
Camillo.
M. TRIAT
Les journaux ont annoncé hier la mort
de M. Triât. C'était une physionomie
originale et curieuse que celle de rbom-
me que nous appelions familièrement le
père Triât. Il y a bien peu de Parisiens
qui ne le connaissent au moins de nom
et tous ceux qui ont peu ou prou tâté de
la gymnastique ont passé par son gym-
nase, le gymnase Triât.
Avec quelle conviction. il prononçait
ce mot, qui dans sa bouche prenait des
proportions démesurées : le gymnasê
Triât! Avec quelle fol et quelle emphase-
il parlait de la gymnastique III eii étaifcj
le dieu. Je le vois «âreorey sa canne dç]
commandement à la main, avec sontorJ
se superbe, ses airs, de majestueux eo":!
losse, jetant d'une voix formidable et!
profonde les notes du rythme : une, ;
deusse J. une, deusse !. Il était magni-
fique de sérieux et d'importance. Il res-
semblait au Jupiter olympien.
Il avait. foi dans la gymnastique, et:
plus encore en lui-même. Quand nousj
causions avec lui de ce sujet, qui était,
le fonds de la plupart de nos entretiens, j
il faut voir de quel front dédaigneux, ded
quel ton d'amertume méprisante il nous;
contait les prétendues innovations, lesd
soi-disant réformes des Allemands et des
Suisses en ce genre. Il haussait les épau-
les d'un si formidable mouvement que
l'on eût dit Atlas soulevant le ciel ; iI
souriait d'une pitié héroïque, en son-!:
geant à ces malingres d'outre-Rhin qui:
s'imaginaient faire de la gymnastique;
sans avoir passé par le gymnase Triat.'
- C'est moi qui suis Triât, le seuls
Triât, disait-il d'une voix si profondé*-
ment assurée, que personne n'eût son-
gé à élever l'ombre d'un doute sur cet
axiome.
Il n'y a que lui ! Quel dentiste ! quel
dentiste ! il n'y a que lui î , :
Pardon si je m égare un peu à ces,
souvenirs. J'ai tort, car il n'y avait pas- :
dans son fait l'ombre de charlatanisme.
C était un croyant, et un vrai.
De là vient la prodigieuse influence
qu'il exerçait sur ses élèves. J'ai suivit
durant deux années, quatre fois par se-r-,
maine, les leçons du père Triât. Nous
nous retrouvions là un certain nombrei
de gens du monde, appartenant à toutes
les professions, qui venions tous pour 1
ranimer nos forces, pour nous régénérer:
c'était l'expression consacrée au Gym-
nase.
Il y avait là crexcellents moniteurs;"
lestes, agiles, bien découplés. Eh bien !
quand ce n'était pas le père Triât qui;
présidait lui-même la leçon,quand il pas
sait la canne à un de ses moniteurs, non, ce
n'était plus cela; personne n'y allait plus
du même cœur. De toute sa personne,;
il émanait je ne sais quel mysté-
rieux souffle de foi. Un élbge dé,
lui (et il. n'en était pas prodiguer
faisait un plaisir extrême. J'étais tout
honteux de moi-même, lorsque posant1
sa large main sur mes omoplates, if
me disait avec sévérité : « Qu'est-ce
que vous faites de toute cette InaUVa!se
graisse ? Changez-moi donc cela en mus-
des. Tenez! voilà des muscles. » Et il
me développait un bras qui eût fait envie, -
àMilon de Crotone.
Et quelle poitrine, mes amis ! Vaste et
profonde, comme cet antre dont parle.
Virgile : Vasto spelunca recessu , et
taillée dans le roc. Si jamais catât:
pulte se fût avisée de fondre sur cet estor j
mac, elle se fût brisée en morceaux..
Impavidum ferient ruinse.
Je ne sais pas trop ce qu'il avait in-
venté dans l'art de la gymnastique. Ik
prétendait que sa leçon, — la leçon typi:(
que,— celle que nous exécutons tous les
jours, avait jailli de son cerveau pui
sant après de longues méditations, quey
c'était une trouvaille de génie en mêmqf
temps que la savante composition d'un
érudit en gymnastique. Il se plaignait
qu'on l'eût pillé partout; on ne soule!
vait pas un haltère en Europe qu'il n6
criât au voleur. J'ignore ce qu'il y alvait
de fondé dans ses récriminations, n'ayant
jamais étudié la question au point de vue
scientifique. Ce qu'il y a de certain c'est?
que, lorsqu'il arriva à Paris, la gymnase'
tiune était absolument délaissée et me-
prisée.
On ne l'imposait point aux enfants £
ce n'était pas pour que les pères en
fissent eux-mêmes.
Il lutta durant de longues années, aveci
une invincible persévérance, contre l'i1}.1
différence de la population, et peut-êtireK
aussi contre le mauvais vouloir de , l'ad-
ministration, qui n'était pas penetree,;
comme lui, de l'importance de son a
Il se répandait en doléances irritées;
contre les ministres, qui ne lui avaient
jamais alloué l'ombre d'une subvention,!
qui même, à l'en croire, l'avaient tracassé
dans l'installation de son gymnase.
Il faut dire à la décharge de nos gou-
vernants que les légers ridicules du
père Triat frappaient tout aussitôt le
yeux et qu'il fallait avoir pratiqué son;;
enseignement pour se rendre compte de
ce qu'il valait.
Sa maîtresse qualité, c'était la foi; un
foi entière, absolue, intolérante, dont-:
l'expression bizarre prêtait parfois à rire,
mais dont l'action était irrésistible sur
les élèves. Les gens pénétrés à ce point
de l'importance de leur profession et de la
grandeur de leur mérite amusent sans
doute les sceptiques par leurs excentri- ,
cités et leur orgueil naïf. Mais leurin-
fluence est considérable, et je suis per-
suadé que l'administration a eu tort de
laisser cette force inactive, ou s'évapo-
rant dans des récriminations maussades.
L'empire qu'il avait pris sur quelques-
unes des personnes qui fréquentaient son
gymnase était singulier et tout à faut
inexplicable. Elles le consultaient sur
leurs maladies, et il fallait voir avec
quel ricanement de mépris il leur disait: :
« Vous êtes allé voir un médecin, n'est-ct*
pas? 1..t ,.. d" d .:
Pour lui, 1 11 y avait dlautre médecin
que le maître du gymnase. Il se piquait
e guérir tous les maux, même ce
f f TP
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
"UDACTlOM ,-
B'tdreef er au Secrétaire de la Rêdactloa
de a heures à minuit
18. fue Cadets IL43
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f-es Manuscrits nomtnsérésne seront pas rendus
ABONNEMENTS
DEPARTEMENTS
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L" Kboosem1* partent des j- et 15 de chaque mois
'lUguiMare d'annonce. MM LAGRANGE, GKRF et 03
6, piaf* de la Bourse. 6
ADMINISTRATION
ifrtestt lu Lettres et Mandata à VA
16, rue GadLet» SoS:
S» Lettres non affranchies seront ,.,
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
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Six mois. ne »»
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Trois mois. 13 g-F. -
Six mois. 25
Un M. 50 m
Supplément p* l'itrancer (Europe) 1 11P. par trimectH,
Les Abonnem*» partent des l."et 15 de chaque mois
ftédssenrs d'auoac.. : MM. LAGRANGE, ŒRF I fit
8, Place de la Bouru..
Les demandes dè changements d'adresse
doivent" être accompagnées d'une hande
imprimée ët de la somme de 60 centimes
,,
Si Je changement est demandé de Paris
pour les départements, prière d'ajouter les
droits de poste, à raison de 3 centimes par
jour, pour la durée du déplacement.
PARIS, 13 JANVIER 1881
Le conseil supérieur de l'instruction
publique achèvera le 15 une session qui
ne devait d'abord durer que deux semai-
nes, qui aura duré tout un mois et qui
aura été aussi utilement remplie que la-
borieuse. Nous ne croyons pas qu'au-
cune assemblée ait plus rapidement ac-
quis plus de titres à la reconnaissance
du pays. Un vœu que nous nous permet-
trons d'exprimer, c'est que des procès -
verbaux livrés à la presse régulièrement
et au jour le jour tiennent désormais le
public au courant des délibérations du
conseil. De tous côtés, on nous demande
i des nouvelles que nous ne pouvons pas
toujours donner; Par exemple, nous ne
savons pas encore si tous les règlements
départementaux ont été adoptés, et si le
conseil â réformé tel ou tel de ces rè-
glements, comme le règlement dépars
temental de TOisé , par exemple , dont
certaines dispositions ont soulevé de
justes appréhensions de la part des
instituteurs. Nous espérons que le Jour-
nal officiel ne tardera guère à nous don-
ner au moins un résumé succinct de
toutes les décisions prises dans la ses-
sion du conseil,
il est, en outre, un point sur lequel
nous voudrions bien appeler l'attention
de cette réunion d'hommes dévoués à
l'enseignement public. C'est la question
du catéchisme, dont il ne nous paraît pas
qu'on se soit occupé comme on aurait
dû. On a résolu que les instituteurs ne
seraient plus contraints d'accompagner
leurs élèves au catéchisme, et l'on a bien
fait. Mais nous .regrettons que l'idée ne
soit pas venue aux membres du conseil
de regarder de près ce que contiennent
les petits manuels qui, sous le titre de Ca-
téchisme s diocésains, semblent destinés à
gâter l'esprit de l'enfance. Nous avons la
très fâcheuse habitude de considérer ces
Catéchismes comme insignifiants et inof-
fensifs. Ils pourraient, en effet, passer
pour tels si leurs auteurs s'étaient bor-
nés à énoncer les mystères anciens et
nouveaux du catholicisme. Mais, sans
parler de toutes les malpropretés du
sixième commandement, est-ce qu'on
devrait un seul instant perdre de vue
que la politique cléricale s'est introduite
dans ces petits livres et qu'elle y donne
des Enseignements que n'admet certes
point le Concordat.
Nous n'avons pas entre les mains les
Catéchismes detousnos diocèses; mais si
nous nous les procurions, nous y trou-
verions assurément matière à une étude
intéressante. Pour n'en citer ici qu'un
exemple ou deux, nous détachons du
Catéchisme du diocèse de Bayeux ce
passage-ci : v
D. — Désobéit-on de même à Dieu quand on
désobéit aux lois civiles?
R. — Oui, M., on désobéit à Dieu en déso-
béissant aux lois justes, parce que c'est de
Dieu que vient aux chefs de la société la puis-
sance de faire des lois. (Rom., 13, 5.)
N'admirez-vous pas la rédaction jésui-
tique de la réponse? A la question de
savoir si l'on pèche en désobéissant aux
lois civiles, il est répondu que l'on pè-
che en désobéissant aux lois justes ! Et
qui décidera si les lois civiles sont des
lois justes ? LJEglise" sans aucun dou-
te, puisque le Pape est le représentant
de Dieu sur la terre. Donc, si le Pape
estime que telle de nos lois civiles n'est
pas une loi juste, il faudra se révolter
contre cette loi. Vous voyez où cela
nous mène : les curés prêchant l'insur-
rection à leurs ouailles, et les ouailles
prenant les armes à la voix du curé, ce
Serait la pure conséquence logique du
Catéchisme de Bayeux.
Nous ne nous servons pas d'une sim-
ple figure de rhétorique en affirmant
qu'il nous serait facile de multiplier des
exemples pareils. Dans un autre ordre
d'idées, voici ce que nous lisons, sur le
mariage, à la page 115 du Catéchisme
die diocèse de Nevers :
D.— Qu'entendez-vous par l'union légitime
de l'homme et de la femme ?
R.- Par l'union légitime de l'homme et de
la femme, j'entends l'union qui se fait selon
les lois de L'Eglise. 1
D;- L'union qu'on appelle mariage civil
est-elle légitime?
B.- Non, cette union est nulle et crimi-
nelle devant Dieu.
Ain- > mariage civil est nul et cri-
minel Tcoant Dieu!*.. Ce qu'il ne faut
pas perdre de vue, c'est que, jusqu'au
jour où le Sénat aura bien voulu adop-
ter la loi sur l'enseignement obligatoire
et laïque, nos instituteurs resteront con-
traints, en vertu de la loi de 1850,
de faire réciter dans la classe ces cou-
pables absurdités! Mais, lors même
que le prêtre seul aura la charge de l'en-
seignement religieux, pense-t-on que
l'Etat doive tolérer que 1 Eglise enseigne
aux petits enfants, sous prétexte de ca-
téchisme, des doctrines contraires à l'es-
sence même de nos lois?
- Avant donc que le conseil supérieur
de l'instruction publique se sépare, nous
lui demandons de charger un de ses
membres de préparer, pour la session
prochaine, un rapport sur les' doctrines
politiques et morales de toc
chismes en usagé dans les diver^ âiocèses
français Si l'Etat est incompétent en mar-
tière - religieuse, l'enseignement politique
et moral est de son ressort. Le texte du
Concordat à la main, le gouvernement
peut exiger que les Catéchismes soient
revus, expurgés et corrigés dans tous
les passages offensants pour la moralité
publique et les lois civiles. Si le rapport
que nous demandons est fait soigneuse-
ment, il mettra en lumière d'étranges
abus, pour ne pas nous servir d'un terme
plus fort.
:\UG. Liébert
Petite Bourse du soir
I50A). 120 57, 58, 575.
5 010
Turc 13 35,23,275.
Italien, 87 70.
Egypte 360 75, 364 37,363 75.
Banque ottomane. 553 12, 551 87.
Panama 487, 488.
Hongrois 94 3/8, d/2, 7/16.
Extéi-ieure20[0. 21 3/8, 15/32, 5/16.
Lombard 225, .227 50.
Orient. 615/16,7/16.
Lots turcs. 46 75, 47 50, 47,
Banque autrichienne. 778 75, 780.
LE FONCTIONI&RlSBiE
J'ai sous les yeux une pétition adres-
sée par messieurs les employés des
contributions indirectes aux membres du
Parlement. Elle est, assure-t-on, cou-
verte de plus de 9,000 signatures. Ces
messieurs exposent, en fort bons termes,
qu'ils sont très mal payés, et que l'in-
suffisance de leur traitement, sans
compter les ennuis qu'ils en éprouvent
personnellement, nuit à la considération
des employés de l'Etat.
Je les laisse exposer eux mêmes leur
situation :
Après deux ans de surnumérariat, nous
disent-ils, l'employé débute à 1,400 fr. Il lui
faut six ans de service dans les cadres de
commis pour arriver à 1,900 fr., et vingt-cinq
ans de travail pour atteindre le chiffre maxi-
mum de 3,000 fr.
Voilà pour le cadre secondaire : à trente ans
on touche 1,900 fr. ! et on fournit un caution-
nement de 1,500 fr.
Un agent qui arrive, après épreuve, aux
emplois supérieurs, a en moyenne dix-huit
ans de service. Il est payé sur le pied de
2,700 fr. par an, desquels il convient de re-
trancher la retenue du 5 0(0 pour la caisse
des retraites, ce qui réduit son traitement à
2,565 fr.
Il habite alors une grande ville; il a le plus
souvent femme et enfants, un rang à tenir :
il est employé supérieur 1
Ces chiffres se passent de tout commentai-
re. L'exposé de la situation a une éloquence
navrante. Quelques prodiges d'ordre et d'éco-
nomie que vous supposiez de leur part, les
fonctionnaires qui ont l'honneur de s'adresser
à vous ne peuvent ni vivre,' ni élever leurs
enfants, avec les trop faibles appointements
qui leur sont alloués.
Ils ont raison, ces braves pétitionnai-
res ! Il est certain que ce n'est pas avec
deux mille cinq cents francs nets par
an qu'un employé supérieur, qui compte
une vingtaine d'années de service, peut,
dans une grande ville surtout, vivre,
élever sa famille et tenir son rang. Le
double y suffirait à peine.
Voulez vous seulement, mes amis, me
permettre une observation? Pourquoi
avez-vous eu le tort d'entrer dans une
administration qui rétribue si mal ceux
qui la servent ? ou bien, après y être
entrés, avez-vous le tort plus grave d y
rester ?
Il n'y a, sachez-le bien, qu'une seule
grande loi économique en ce monde;
c'est la loi de l'offre et de la demande.
Toute valeur qui est plus demandée
qu'offerte s'élève, toute valeur qui est
plus offerte que demandée s'avilit. Ja-
mais on ne sortira de là. -
Votre pétition va venir en discussion.
Quelques députés se chargeront de l'ap-
puyer; ils se feront, à la tribune, les in-
terprètes de vos justes récriminations.
-- Savez-vous - ce que - répondra le ministre?
il repondra une chose bien simple.
« Je compatis à ces misères, et je ne
demanderais pas mieux que de les sou-
lager ; mais je suis d'abord ministre des
finances, et je n'ai pas le droit de faire
de la sensibilité. Mon rôle à moi, c'est de
mettre le budget en équilibre et par-
tant de dépenser le moins possible. Si
je ne pouvais recruter le personnel du
service des contributions qu'en le payant
deux fois plus, je serais tout prêt à m'y
résigner; mais comme, sans rien chan-
ger aux conditions actuelles, ce recru-
tement s'accomplit avec la plus parfaite
aisance, je serais un déplorable adminis-
trateur si je desserrais inutilement les
cordons de la bourse. »
Et il aura raison, le ministre, et en
parlant ainsi il parlera comme vous-
mêmes parleriez à sa place. Et si on s'a-
vise de le presser, il ouvrira simplement
son portefeuille, il en tirera je ne sais
combien de centaines de lettres sollici-
tant des emplois de surnuméraires, et je
ne sais combien de milliers d'autres let-
tres venant recommander les candidats
surnuméraires. Et la Chambre l'approu-
vera, et votera un ordre du jour accom-
pagné peut-être de quelques bonnes
parolëSrquine vousmettront pas le moin-
dre petit morceau de beurre sur le pain
sec.
Voulez-vous changer un état de choses
très fâcheux, j'en conviens, et faire que
vos plaintes fort justes soient écoutées.
Au lien de mettre vos signatures au bas
de pétitions d'où rien ne sortira, pre-
nez-moi le bon parti. N'entrez pas dans
une carrière qui ne nourrit pas son
homme, ou, si vous avez eu la naïveté
d'y entrer, une fois que vous avez re-
connu qu'elle ne peut pas vous nourrir,
tirez-lui, très poliment, mais très réso-
lument aussi, votre chapeau.
Un homme de vingt-cinq, trente ans,
ou même quarante, qui sait lire, écrire,
compter, qui à de l'instruction, qui a de
l'intelligence et de l'énergie, est bon à
beaucoup de choses dans une société.
Vous vous ferez caissier, administrateur,
négociant : non seulement vous ne serez
pas en peine de gagner votre vie, mais,
pour peu que les circonstances vous fa-
vorisent, vous aurez encore la chance de
ramasser pour vos vieux jours une petite
fortune qui vaudra mieux que toutes les
retraites.
J'enrage quand je vois notre bourgeoi-
si. elpousser stupidement ses fils vers les
emplois du gouvernement. Eh 1 oui, il
faut qu'il y ait des employés de l'Etat
dans une société, comme il faut sur une
locomotive un chauffeur et un mécani-
cien pour la conduire. Il n'est pas moins
vrai que, dansun train, l'intéressant, ce
ne sont pas les conducteurs de la ma-
chine, ce sont les voyageurs ou les mar-
chandises qu'elle entraîne. Et ainsi dans
une société, les gens vraiment utiles ce
sont les commerçants, les industriels, les
producteurs, tous ceux qui créent et dé-
veloppent la richesse nationale. Les
autres tie sont là que pour assurer à
tous la paix et leur permettre de faire
tranquillement leur besogne féeonde.
Hé bien ! non, ce sont les mécani-
ciens, les chauffeurs, les garde-freins du
train social qui réclament pour eux
l'honneur, la considération, les avan-
tages. Le rêve du bon père et de la
bonne mère, c'est de voir leur fils émar-
ger au budget national, coûter au pays
au lieu de rapporter, dévorer la richesse
publique au lieu de raccroltre:,et s'appeler,
gros comme le bras, monsieur le fonc-
tionnaire. 0
Aussi, qu'est-il arrivé? C'est que, pour
contenter toutes les ambitions, pour sa-
tisfaire toutes les sollicitations, on a par-
tout multiplié les emplois, créé quatre
fonctionnaires là où il n'en fallait qu'un.
Mais aussi la société a pris sa revanche,
et elle paie les quatre employés à eux
tous juste autant qu'un seul devrait
l'être. Même en procédant ainsi, elle n'a
pas réussi à calmer les ambitions, et la
profession sociale qui a le plus d'aspi-
rants s'appelle de ce joli nom : la misère
en habit noir.
Quand lesgraves vérités qui sont pour-
tant claires comme le jour seront entrées
dans l'esprit des pères de famille et des
jeunes gens, quand une sotte vanité
aura disparu, quand les carrières admi-
nistratives ne trouveront plus dix sol-
liciteurs pour un seul poste vacant, quand
elles verront tous les sujets distingués
et honnêtes qui s'y sont engagés s'en
aller chercher fortune ailleurs,—ce j our là
qui n'arrivera pas probablement demain
encore,, l'Etat se résoudra à diminuer le
nombre de ses emplois et en revanche
à payer honorablement les employés qu'il
tiendra à conserver. Jusque-làje souhaite
bonne chance aux braves gens qui se
plaignent de l'exiguïté de leur traite-
ment; mais, à ne rien dissimuler, je me
garderais de leur faire espérer que leurs
plaintes seront écoutées.
CHARLES BIGOT.
Nouvelles parlementaires
Pers onne dans les couloirs de la Chambre
ni du Sénat : une seule commission sénato-
riale était convoquée, celle du tarif des doua-
nes, qui a dû se séparer sans rien faire, faute
d'être en nombre suffisant pour discuter.
11
» *
Les bureaux des groupes de gauche de la
Chambre se réuniront le mardi 18, pour pré-
parer les listes des membres du bureau de Ia
Chambre à élire le 20.
Le président sera réélu sans compétition.
Des quatre anciens vice-présidents, deux,
MM. Bethmont et Brisson, ont donné leur dé-
mission. M. Brisson sera sans doute réélu,
bien qu'il ait décliné la candidature, et M.
Bethmont sera remplacé par M. Philippo-
teaux, président du centre gauche.
Il est question aussi de ne pas réélire M. de
Durfort ue Civrac et de le remplacer par M.
F loquet.
Parmi les secrétaires, quatre resteront en
fonction, MM. Ménard-Dorian, Marcelin Pellet,
Fréminet et LeGonidecdeTraissan; les quatre
autres, MM. Jean David, Louis Legrand, Dru-
mel et de Valfons, qui ont rempli leurs fonc-
tions pendant deux années consécutives,
seront remplacés par des membres des divers
groupes qu'ils représentaient. On met en
avant les noms de MM. Armez, de l'Union ré-
publicaine ; F. Dreyfus ou Hérault, de la gau-
che ; Renault-Morlière ou Godin, du centre
gauche ; et Maréchal, de la droite.
Pas de changements prévus dans la ques-
ture.
»■
• a
Les groupes de gauche du Sénat tiendront
aussi séance avant le 20 pour arrêter la com-
position du nouveau bureau.
M. Léon Say sera de nouveau nommé prési-
dent.
Parmi les vice-présidents, MM. Pelletan et
Barthélémy Saint-Hilaire doivent être rempla-
cés par M. Le Royer et par un membre de la
droite, M. Batbie probablement.
/jLes secrétaires'qhi ne pourront être renou-
velés dans leurs fonctions, parce qu'ils décli-
nent toute candidature sont MM. Mazeauet
Bernard. On présentera à leurs' places MM.
Honnoré, Lenoël ou Labiche.
Le secrétaire actuel de la droitel M. Lafond
de Saint-Mur, ne doit pas, dit-on, être présen-
té de nouveau par ses amis politiques ; mais
la gauche votera néanmoins pour lui.
Enfin M. Baze, questeur, se retirant pour
cause de maladie, sera remplacé par M. Pel-
iLetao.
l" A. L.
Lettre d'Italie .:..
-
- Y Home, 9 janvier I88L
Au*siècle dernier, on nommait Rome
le salon de l'Europe. Si l'Europe, par aven-
ture, avait encore ce que l'on appelait
jadis un salon, ce n'est pas à Rome qu'il
faudrait le chercher. Les conditions de la
vie mondaine sont encore 'plus profondé-
ment modifiées ici que partout ailleurs.
Ici comme ailleurs, c'en est fait de ces
milieux artificiels et charmants, véritables
serres chaudes, où les langues modernes
ont acquis leur épanouissement délicat,
où les idées philosophiques ont grandi
tout à coup, comme ces prodigieuses plan-
tes des tropiques dont le développement
rapide étonne et effraie. Les salons, qui
ont joué un si grand rôle dans l'histoire
moderne, ont subi la loi commune : ils ont
disparu, leur tâche accomplie. Quelle
carrière curieuse a été la leur ! Commen-
cer par le précieux et la galanterie, et ne
pas reculer devant les problèmes les plus
hardis de la science et de la politique; par-
tir du village de Petits Soins, au pays de
Tendre pour arriver au jeu de paume de
Versailles ; avoir eu pour première œuvre
la Guirlande de Julie, pour dernière œuvre
la Charte de 1830 !
Quelle jolie histoire à écrire, et pleine
de rencontres heureuses ! Commencer par
la ruelle de la chambre bleue de l'hôtel de
Rambouillet, et finir par le salon un peu
ennuyé de l'Abbaye-au-Bois, ou bien, si
l'on veut, par cette chapelle de Mme
Swetchine où les belles dames d'il y a vingt
aTts, jetant une dentelle sur leurs épaules
nues, allaient entendre la messe, à mi-
nuit, entre un raoût et un bal ! Il serait
temps d'écrire cette histoire. Les hommes
qui ont aujourd'hui cinquante ans ont pu
connaître, encore des vieillards ayant causé
chez la maréchale de Luxembourg et soupé
chez Mme d'Houdetot. Dans peu d'années,
la chaîne sera brisée, la tradition inter-
rompue, et l'influence souveraine de toutes
ces femmes si diversement charmantes,
éclatantes de grâce ou de raison, d'esprit
ou d'héroïsme, qui se tiennent par la main
depuis Julie d'Angennes jusqu'à Mme Ré-
camier, deviendra pour nos arrière-neveux
une des énigmes du temps où nous aurons
vécu. Croit-on que Mme Roland, pour citer
un exemple,ne soit pas en danger de deve-
nir un jour aussi prodigieuse que Jeanne
d'Arc, ou que Sémiramis ? La meilleure
réponse aux champions malavisés des
femmes, qui veulent charger d'un bulle-
tin de vote leurs mains délicates, ne se-
rait-elle pas de montrer ce que les femmes
ont fait en France, depuis deux siècles,
sans quitter ce foyer qui est leur empire,
sans cesser, toutes fragiles qu'elles sont,
d'être l'appui des plus forts ? Telle est
Mme Geoffrin comme nous la voyons dans
son admirable portrait du musée de Mont-
pellier, établie à son métier à broder, et
causant, sans quitter son aiguille. Le
jour où il a commencé ce chef-d'œuvre,
Chardin n'avait à peindre ni la jeunesse,
ni la beauté, mais une puissance plus
triomphante encore : le charme, et ses
habiles pinceaux ont si bien rendu ce
que sentait le peintre que l'on ne peut
s'arrêter devant cette image de l'aimable
vieille sans aimer les amis qu'elle avait
groupés autour d'elle, sans comprendre
Stanislas Poniatowski lui écrivant, le jour
où il monta sur le trône de Pologne: « Ma-
man, votre fils est roi !» -
Un jour j'entendais une femme char-
mante aussi, et née aussi dans l'autre
siècle, causer dans le salon de sa maison
de campagne avec une de ses petites-filles.
L'aïeule, avec infiniment de bonne grâce,
s'abandonnait un peu à la pente naturelle
de l'esprit des vieillards, et vantait lesjours
passés.
— Où est l'heureux temps, disait-elle,
où nous avions autour de nous tant d'a-
mis comme il n'en est plus ; où de tout
l'été, notre bon abbé Morellet ne nous quit-
tait pas ?
— Un abbé ? interrompit la jeune femme.
Ah ! que cela devait être charmant ! Il vous
disait, n'est-il pas vrai, la messe tous les
matins?
Pour toute réponse, l'aimable vieille
se contenta de sourire. Et voilà pour-
quoi, mesdames, vous n'avez plus de sa-
Ions 1
Il m'a été donné de voir, il y a quelque
vingt-cinq ans, la grande société romaine
encore debout, ou plutôt c'était son fan-
tôme, se soutenant encore par un de ces
miracles d'équilibre qui surprennent sou-
vent dans les choses prêtes à s'envoler en
poussière. Les salons de Rome, alors tout
semblables à. ce qu'ils étaient un siècle
auparavant, s'ouvraient largement aux
étrangers, et leur offraient une hospitalité
à la fois fastueuse et indigente, familière
et hautaine. La ville n'avait qu'une seule
société, et chaque soir, dans des palais
différents, on retrouvait les mêmes visa-
ges.
Lorsqu'on entrait à la nuit, salué par
un suisse galonné qui frappait le pavé de
sa hallebarde, dans ces grandes demeures
aux cours désertes, lorsqu'on franchissait
ces larges escaliers aux marches de mar-
bre, où le bruit des pas retentissait dans
un silence solennel, et que des lampes
parcimonieuses étoilaient faiblement, de
loin en loin, on pouvait croire que c'était
à la Belle au Bois dormant que l'on allait
rendre visite. Après avoir passé sous une
large portière de cuir que l'effort de deux
hommes suffisait à peine à soulever, on se
trouvait dans une salle immense meublée
de statues à demi perdues dans
l'ombre, et d'un antique dais de ve-
lours armorié, poste officiel du maî-
tre de la maison,qui se donnait bien garde
de l'occuper. Une demi-douzaine de grands
cierges brûlaient dans cette solitude im-
posante,sans que leur lueur pût "atteindre,
au plafond, les fresques géantes qu'oa y
devinait à peine. Trois douzaines de: va-
lets, bizarrement chamarrés, étaMisi au-
tour des braseros de cuivre, se mettaient
en haie sur votre passage, sans prendre la
peine de dissimuler leurs cigarettes inter-
rompues, dont la fumée se perdait dans
cetteimmensitécomme elle aurait pu faire
dans un jardin.
Une longue suité de salons franchie, on
arrivait enfin dans quelque galerie où se
tenaient les maîtres de la maison. Dans ce
sanctuaire-décoré plus magninquement en-
core que le.reste, et à peine plus- éclairé,
cent personnes - étaient comme perdues.
On s'y cantonnait par groupes. Dans un
coin, la jeunesse dansaH autour d'un pia-
no; dans un-autre, on causait de tou-
tes choses avec un liberté de parole
qui les premiers jours étonnait. De respec-
tables princesses, chargées de diamants,
établies à la place d'honneur dans de
grands fauteuils dorés-" voyaient, sans ap-
parence d'ennui, papillonner autour d'elles
des hommes dont quelques-uns devaient,
depuis un demi-siècle, se livrer à cet exer-
cice. Dans un angle de la galerie, les di-
plomates, pour éviter de parler, s'as-
seyaient à des tables de jeu ; dans un au-
tre, des cardinaux, gens d'un éteft moins
grave, racontaient des histoires plaisan-
tes ou faisaient de l'esprit, et de rares pla-
teaux, apparaissant à de longs interval-
les, offraient, aux gens les moins occupés
du monde de ce qu'ils boivent et de ce
qu'ils mangent, des verres d'eau et des
sorbets à la neige.
La jeunesse était gaie et on la laissait
faire. Au temps du carnaval, elle organi-
sait forcé mascarades, et, sous prétexte de
s'exercer à parler français, elle jouait la
comédie. J'ai vu représenter ainsi un soir,
devant quatre princes de l'Eglise, le Caba-
ret de Lustueru, étonné sans doute d'un
tel honneur. La prima donna, une Fran-
çaise., avait eu la fantaisie étrange alors de
porter des bas rouges. Elle avait, voulu
faire pièce aux cardinaux et voir la mine
qu'ils feraient. -
Mais ils prirent leur revanche en gens
d'esprit et quand la jeune femme descendit
du théâtre pour recevoir lés compliments
de l'assemblée, elle fut traitée d'Eminence
et de chère collègue par les quatre mem-
bres du sacré collège.
Un palais était plus particulièrement
fréquenté par les Français, le palais Bor-
ghèse, où la maîtresse de la maison était
une La Rochefoucauld. Un autre était plus,
spécialement ouvert aux Anglais, le palais
Doria, la princesse étant une Talbot. Au
palais Torlonia, tout le monde se retrou-
vait un peu pêle-mêle, comme dans un
lieu où la meilleure lettre d'introduction
était une grosse lettre de crédit sur la ban-
que de la maison.Les To :lonià tranchaient,
avec leur luxe tout neuf de parvenus, sur
les habitudes sérieuses et mesurées des
vieilles familles. Ils avaient fait machiner,
au Borgo nuovo, un palais consacré à
leurs fêtes. Là se trouvaient réunies salles
de concert et salles de spectacle. Pour les
grands bals, on y disposait, de tous côtés,des
orchestres et des chœurs invisibles. Les
tables du souper y sortaient du plancher,
comme à lOpéra, et le vin de Champagne y
coulait, à la lettre, en fontaines. On allait
à ces fêtes somptueuses un peu en sou-
riant, et non sans remarquer que les bau-
driers d'or des suisses debout aux portes
avaient des broderies plus anciennes que
la noblesse des maîtres de la maison ; mais
que la princesse Torlonia — une Colonna
de Naples — était belle et charmante ; et
comme ses fabuleux colliers de perles
étaient bien à leur place sur ses épaules
de marbre 1
Rien de gourmé, rien de guindé, rien de
dévot dans les allures de la société ro-
maine d'alors. Le catholicisme glacé du
Nord était inconnu sous le chaud soleil
d'Italie. En vain, depuis quelques années,
s'est-on efforcé de l'y acclimater. Il fond en
route, comme ces îles de glace qui, du
pôle, veulent descendre vers le tropique.
La mode, le besoin d'imiter, le parti pris,
la passion politique ont beau s'en mêler,
le tempérament méridional l'emporte. Il
fait si bon vivre sous ce ciel ! Comment n'y
pas accepter de la vie tous les plaisirs per-
mis,etmême ne s'y pas laisser entraîner, de
temps à autre, à quelque petite excursion
en dehors des barrières canoniques,quand
le repentir est rendu si facile, et quand le
pardon est là, si près de soi ? Rien n'est
plus opposé au tempérament romain que
cet état d'esprit assez à la mode dans un
certain monde, curieux mélange d'humi-
lité devant le Seigneur et de morgue devant
les hommes, avec des renoncements au
monde, prêchés par des dames en toilette
de bal. Ici on ne comprend rien à ces ar-
canes. Ah ! les aimables païens que les ca-
tholiques de Rome 1 (Je n'ai pas dit les
catholiques romains.)
La société romaine a vécu. Ce qui en de-
meure aujourd'hui se divise en deux camps
opposés : les blancs et les noirs, les Gibe-
lins et les Guelfes ! Voilà bien du moyen
âge. Dans la société du Quirinal, modeste
d'ailleurs comme le Quirinal lui-même, et
où les fortunes sont rares, on cherche
à s'amuser à peu de frais , à petit
bruit et à portes closes. Dans le mon-
de du Vatican, où, comme je l'ai dit,
on n'a jamais brûlé beaucoup de bougies,
on a impitoyablement soufflé jusqu'à la
dernière chandelle. Rien de plus noir que
tous ces palais noirs. Aussi les jeunes
gens de l'aristocratie romaine, aussitôt
qu'ils peuvent s'envoler, partent en joyeu-
ses bandes, à tire-d'ailes, pour Londres ou
pour Paris. Pour une jeune prince ro-
main, c'est faire acte de bon catholique
que de venir s'égayer chez nous, plutôt
que de valser honnêtement dans le salon
maternel avec une demoiselle bien née.
Les vues de la Providence sont insonda-
bles ! Qui aurait jamais cru que Mabille
ou les Folies-Bergères pourraient devenir
des institutions ad majorem Dei gloriam?
Camillo.
M. TRIAT
Les journaux ont annoncé hier la mort
de M. Triât. C'était une physionomie
originale et curieuse que celle de rbom-
me que nous appelions familièrement le
père Triât. Il y a bien peu de Parisiens
qui ne le connaissent au moins de nom
et tous ceux qui ont peu ou prou tâté de
la gymnastique ont passé par son gym-
nase, le gymnase Triât.
Avec quelle conviction. il prononçait
ce mot, qui dans sa bouche prenait des
proportions démesurées : le gymnasê
Triât! Avec quelle fol et quelle emphase-
il parlait de la gymnastique III eii étaifcj
le dieu. Je le vois «âreorey sa canne dç]
commandement à la main, avec sontorJ
se superbe, ses airs, de majestueux eo":!
losse, jetant d'une voix formidable et!
profonde les notes du rythme : une, ;
deusse J. une, deusse !. Il était magni-
fique de sérieux et d'importance. Il res-
semblait au Jupiter olympien.
Il avait. foi dans la gymnastique, et:
plus encore en lui-même. Quand nousj
causions avec lui de ce sujet, qui était,
le fonds de la plupart de nos entretiens, j
il faut voir de quel front dédaigneux, ded
quel ton d'amertume méprisante il nous;
contait les prétendues innovations, lesd
soi-disant réformes des Allemands et des
Suisses en ce genre. Il haussait les épau-
les d'un si formidable mouvement que
l'on eût dit Atlas soulevant le ciel ; iI
souriait d'une pitié héroïque, en son-!:
geant à ces malingres d'outre-Rhin qui:
s'imaginaient faire de la gymnastique;
sans avoir passé par le gymnase Triat.'
- C'est moi qui suis Triât, le seuls
Triât, disait-il d'une voix si profondé*-
ment assurée, que personne n'eût son-
gé à élever l'ombre d'un doute sur cet
axiome.
Il n'y a que lui ! Quel dentiste ! quel
dentiste ! il n'y a que lui î , :
Pardon si je m égare un peu à ces,
souvenirs. J'ai tort, car il n'y avait pas- :
dans son fait l'ombre de charlatanisme.
C était un croyant, et un vrai.
De là vient la prodigieuse influence
qu'il exerçait sur ses élèves. J'ai suivit
durant deux années, quatre fois par se-r-,
maine, les leçons du père Triât. Nous
nous retrouvions là un certain nombrei
de gens du monde, appartenant à toutes
les professions, qui venions tous pour 1
ranimer nos forces, pour nous régénérer:
c'était l'expression consacrée au Gym-
nase.
Il y avait là crexcellents moniteurs;"
lestes, agiles, bien découplés. Eh bien !
quand ce n'était pas le père Triât qui;
présidait lui-même la leçon,quand il pas
sait la canne à un de ses moniteurs, non, ce
n'était plus cela; personne n'y allait plus
du même cœur. De toute sa personne,;
il émanait je ne sais quel mysté-
rieux souffle de foi. Un élbge dé,
lui (et il. n'en était pas prodiguer
faisait un plaisir extrême. J'étais tout
honteux de moi-même, lorsque posant1
sa large main sur mes omoplates, if
me disait avec sévérité : « Qu'est-ce
que vous faites de toute cette InaUVa!se
graisse ? Changez-moi donc cela en mus-
des. Tenez! voilà des muscles. » Et il
me développait un bras qui eût fait envie, -
àMilon de Crotone.
Et quelle poitrine, mes amis ! Vaste et
profonde, comme cet antre dont parle.
Virgile : Vasto spelunca recessu , et
taillée dans le roc. Si jamais catât:
pulte se fût avisée de fondre sur cet estor j
mac, elle se fût brisée en morceaux..
Impavidum ferient ruinse.
Je ne sais pas trop ce qu'il avait in-
venté dans l'art de la gymnastique. Ik
prétendait que sa leçon, — la leçon typi:(
que,— celle que nous exécutons tous les
jours, avait jailli de son cerveau pui
sant après de longues méditations, quey
c'était une trouvaille de génie en mêmqf
temps que la savante composition d'un
érudit en gymnastique. Il se plaignait
qu'on l'eût pillé partout; on ne soule!
vait pas un haltère en Europe qu'il n6
criât au voleur. J'ignore ce qu'il y alvait
de fondé dans ses récriminations, n'ayant
jamais étudié la question au point de vue
scientifique. Ce qu'il y a de certain c'est?
que, lorsqu'il arriva à Paris, la gymnase'
tiune était absolument délaissée et me-
prisée.
On ne l'imposait point aux enfants £
ce n'était pas pour que les pères en
fissent eux-mêmes.
Il lutta durant de longues années, aveci
une invincible persévérance, contre l'i1}.1
différence de la population, et peut-êtireK
aussi contre le mauvais vouloir de , l'ad-
ministration, qui n'était pas penetree,;
comme lui, de l'importance de son a
Il se répandait en doléances irritées;
contre les ministres, qui ne lui avaient
jamais alloué l'ombre d'une subvention,!
qui même, à l'en croire, l'avaient tracassé
dans l'installation de son gymnase.
Il faut dire à la décharge de nos gou-
vernants que les légers ridicules du
père Triat frappaient tout aussitôt le
yeux et qu'il fallait avoir pratiqué son;;
enseignement pour se rendre compte de
ce qu'il valait.
Sa maîtresse qualité, c'était la foi; un
foi entière, absolue, intolérante, dont-:
l'expression bizarre prêtait parfois à rire,
mais dont l'action était irrésistible sur
les élèves. Les gens pénétrés à ce point
de l'importance de leur profession et de la
grandeur de leur mérite amusent sans
doute les sceptiques par leurs excentri- ,
cités et leur orgueil naïf. Mais leurin-
fluence est considérable, et je suis per-
suadé que l'administration a eu tort de
laisser cette force inactive, ou s'évapo-
rant dans des récriminations maussades.
L'empire qu'il avait pris sur quelques-
unes des personnes qui fréquentaient son
gymnase était singulier et tout à faut
inexplicable. Elles le consultaient sur
leurs maladies, et il fallait voir avec
quel ricanement de mépris il leur disait: :
« Vous êtes allé voir un médecin, n'est-ct*
pas? 1..t ,.. d" d .:
Pour lui, 1 11 y avait dlautre médecin
que le maître du gymnase. Il se piquait
e guérir tous les maux, même ce
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