Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-04-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 avril 1879 03 avril 1879
Description : 1879/04/03 (A9,N2661). 1879/04/03 (A9,N2661).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Neuvièml AiBéê. N" 2661. lùix du i\1Ímé à PIrîsl 1-5 Centimts. — Départân®S!s : 20 Géitimës, Jettâi$ïfril tue
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Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et (?
6, Place de la Bourse, 6
BULLETIN
Paris, 2 Avril 1879.
Le Sénat, sur la proposition du gouver-
nement, a vpté hier l'ajournement de la
discussion du projet de M. Peyrat relatif
à la révision de l'article 9 de la eonstitu-
tion.
La Chambre des Communes a terminé
hier la discussion de la proposition de sir
Ch. Dilke blâmant la guerre contre les
Zoulous. La Chambrv a repoussé cette
proposition par 306 oix contre 246, soit
une majorité de 60 voix seulement en fa-
veur du gouvernement,ce qui Indique que
des membres du parti conservateur ont dû
"'loter avec l'opposition. La situation du
gouvernement était, en effet, assez diffi-
cile. Il venait défendre à la tribune une
politique d'envahissement qu'il a répudiée,
la maintien au pouvoir du gouverneur de
la colonie, sir Bartle Frère, qu'il a sévère-
ment blâmé pour avoir entrepris une
guerre commencée sous de si tristes aus-
pices. Le gouvernement toutefois, ainsi
que l'a déclaré sir Stafford Northcote, n'a
pas cru devoir, tout en infligeant un blâme
sévère à sir Bartle Frère, se priver des ser-
vices d'un homme dont chacun se platt à
reconnaître les hautes capacités.
Une dépêche dè Constantinople nous
apprend que le grand-vizir a formulé des
objections contre le projet d'une occupa-
tion mixte de la Roumélie orientale. Par
contre, il serait partisan d'un projet por-
tant nomination, par les puissances, d'un
gouverneur qui fonctionnerait sous le
contrôle de la commission internationale
de Philippopoli. Dans le cas où cette pro-
position ne serait pas prise en considéra-
tion, le grand-vizir insiste pour que les
troupes régulières turques qui prendront
part à l'occupation mixte soient en majo-
rité dans le corps d'occupation, pour que
les autres puissances n'envoient chacune
que 2,500 hommes, pour qua la durée de
l'occupation* soit limitée à un an et pour
que les troupes turques occupent eu même
temps les Balkhans.
La Porte élabore, dit-on, le projet des
réformes destinées aux provinces de la
Turquie d'Europe et réclamées par la com-
xnission européenne de la Roumélie Cette
commission doit se réunir samedi à Cons-
tantinople. Le conseil des ministres discute
toujours la convention autrichienne, no-
tamment le texte de la nouvelle rédaction
des articles relatifs à la souveraineté du
sultan et au caractère provisoire de l'oc-
cupation.
On mande de Tâchkend, au New-York
Jgérald, que le général Kauffmann a reçu
une lettre du chef de la dernière ambas-
sade afghane, lui annonçant qu'un ordre
parfait règne dans l'intérieur de l'Afgha-
nistan et que le nouvel émir est décidé à
suivre les instructions de son père. Il sou-
tiendra donc une guerre à outrance contre
les Anglais.
E. BARBIER.
*
Bourse de Fs&vSLm
PETITE BOURSE DU S OIR
3 0/0 amortissable 81 fr. 82 1/2, 77 1/2.
3 0/0 79 fr. 85.
5 0 0 1.14 fr. 60, 62 1/2, 57 1/2, 60.
Turc 11 fr. 90, 82 1/2.
Banqua ottomane.. 498 fr. 12, 496 87.
Egypte. 235 ft.
Hongrois. 79 fi*. 5/8,11/16.
Italien 78 fr. 62 l/î,75.
florins 68 îe. 8/32,1/8.
.———————— Ob .————————.
La question du retour à Paris ne sera
tranchée par le Sénat qu'au mois de mai,
au retour des vacances que vont prendre
les Chambres. Le Sénat l'a ainsi décidé,
à la majorité de 157 voix contre 126, sur
la demande du gouvernement. C'est M.
Léon Say qui portait la parole au nom
du ministère ; le petit discours qu'il a fait
a été très-heureusement inspiré, très-ha-
bile, et la majorité qu'il a obtenue doit
passer à bon droit, étant données les
forces dont dispose encore au Sénat la
coaijiion monarchique, pour une très-
belle majorité.
Nous sommes satisfaits de ce résul-
tat; car il fait pressentir que la même
majorité se retrouvera, lors de la dis-
cussion finale, M côté du gouvernement.
Dans cinq ou six: semaines, le Sénat dé-
libérera d'ailleurs avec plus de calme
qu'il n'aurait pu le faire aujourd'hui, et
beaucoup d'honorables sénateurs, qui,
en se prononçant contre ie retour à Pa-
ris, avaient cédé surtout à une impres-
sion nerveuse, auront ainsi le temps de
la méditation et de l'étude et pourront
irevenir sans fausse honte sur le premier
:avis qu'ils ont naguère manifesté si vi-
rement.
Ea attendant, ce sera un grand bien de
voir tomber toute cette agitation factice
Où Tôt) a vécu durant quelques jours,
comme un nuage de poussière abattu
par un peu de pluie. Au train dont on
marchait, ce nuage poudreux, il faut bien
le dire, risquait d'aveugler bien des gens,
et lorsque l'on est aveuglé, Dieu sait si
l'on fait des sottises! Espérons donc que,
maintenant, de part et d'autre, on vou-
dra bien considérer la situation d'un œil
clair ; que ceux-ci nous feront grâce de
la Terreur, de la Commune et de l'Améri-
que; ceux-là des prétendues conspira-
tions orléanistes et autres noirs complots
; dont ils accusent de très-francs, très-
loyaux et très-dévoués républicains. Ne
peut-on différer d'avis sans s'accuser ré-
c* iproquement de tous les crimes ?
1 juôUX qui nous ont paru les plus impru-
den ig en cette affaire, ce sont les publi-
ciste,-' d'une école qu'on aurait jug
b~u~~P plus politique, mais qui ont
l'esprit .t de teile faqon que, remplis
/1/ 'fi il y
d'indulgence pour les plus grands-pé-
chés de l'extrême gauche, ils lancent
d'impitoyables anathèmes contre les
hommes du centre gauche, dès que des
préjugés conservateurs font commettre à
ceux-ci le plus léger écart. Nous ne som-
mes point des admirateurs du centre
gauche ; nous avons eu, et nous aurons
sans doute, hélas ! plus d'une occasion
de le critiquer. Mais nous voudrions bien
qu'on eût pour ces conservateurs répu-
blicains, - au lieu devoir en eux les
pelés, les galeux, d'où vient tout le mal,
—un peu de l'indulgence que l'on ré3erve
aux excentriques qui se tiennent à l'autre
extrémité du parti. Le retour à Paris sera
presque certainement obtenu de la majo-
rité républicaine du Sénat, parce que
beaucoup d'esprits, d'abord récalcitrants,
se convaincront de la nécessité de cette
solution raisonnable. Seulement, nous ne
croyons pas que le meilleur moyen d'y
convertir les sénateurs du centre gauche
soit de les persifler ou même de les in-
jurier en leur prêtant on ne sait quels
projets perfides absolument indignes
d'eux.
Eue. LliBBRf.
40
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 1er avril 1879.
Nous ménagions au lecteur une sur-
prise. Nous lui avions soigneusement ca-
ché le nombre de lignes ferrées officielles
que la Chambre est parvenue à absorber
en deux séances, — cent trente-deux, sauf
votre respect. Pour aujourd'hui, ilnereste
plus que trente numéros à engloutir, —
une misère I Et nous arrivions tout joyeux,
comptant sur l'effet que nous allions pro-
duire, en disant inopinément : « Eh bien,
oui, c'est fini ; pas plus malin que ça.
Quelle plaisanterie que les travaux d'Her-
cule 1 »
Aussi avons-nous eu la chair de poule
lorsque nous avons vu M. Maigne se cram-
ponner, plus d'une heure, à la tribune en
compagnie d'un amendement de méchante
composition. Ils s'excitaient l'un l'autre :
l'amendement était possédé d'une colère
froide, silencieuse, pleine d'obstination;
c'était lui, évidemment, qui poussait le
député de Brioude à exercer des sévices
sur la tablette de la tribune, car il n'est
pas possible qu'un homme se mette de la
sorte en colère, de lui-même, sans être le
jouet de mauvais conseils.
Il -est vrai qu'il s'agissait d'une « su-
perbe transversale, » comme l'a dit M.
Maigne avec rune émotion qui, malheu-
reusement, ne s'est pas communiquée
à la salle. Cette transversale, comme
toutes les transversales, partait d'un point
pour aboutir à un autre ; seulement celle-
là était «superbe.»Et puis elle avait l'avan-
tage, qu'ont fort peu de transversales, de
desservir Massiac et Saint-Bonnet en pas-
sant par Craponne. Seulement, si toutes
les transversales — car les petites ont au-
tant d'orgueil que les grandes — avaient
fait preuve d'aussi peu de discrétteu,nous
calculons que la discussion actuelle aurait
duré à peu près cent-dix jours, à quatre
heures par jour, c'est-à-dire cinq mois en-
viron, en tenant compte des congés. - Ah 1
que voulez-vous? quand on ne sait à quoi
s occuper, on s'adonne à la statistique.
Eh bienl la stupéfaction que nous comp-
tions provoquer chez le lecteur, c'est
nous qui l'avons éprouvée 1
A cinq heures vingt, le président ap-
pelle le numéro 163. C est le dernier. Les
cœurs bondissent.
Hélas ! pour changer, c'est toujours la
même chose. Nous nous trouvons en pré-
sence du projet relatif au classement du
réseau complémentaire des chemins de fer
d'intérêt général en Algérie. Et, après
celui-là, surgit le projet relatif au classe-
ment des travaux à exécuter dans les
ports maritimes.
Allons, en route pour f Algérie 1
Nous nous apprêtons à prendre un air
accablé.
A cinq heures et demie, le Sahara lui-
même est sillonné de lignes ferrées 1
Embarque pour les ports 1
Combien y en a-t-il à réparer, à oreuser,
à désensabler ? Peuh 1 tout au plus de deux
à trois cents 1
Et nous voilà, longeant les côtes et
commençant le voyage du point extrême;
au Nord. Avouons tout : au moment où
la discussion tournait la pointe du Finis-
tère, nous avons cru ressentir comme les
atteintes d'une sorte de mal de mer, et
nous avons pris un chemin de fer, — un
qui est déjà construit 1 - celui de Ver-
sailles à Paris.
Paul Labamïïjb.
COURRIER BU SÉNAT
Dieul que M. Léon de Maleville a mal
pris son temps pour mourir ! L'éloge fu-
nèbre du vieux parlementaire, prononcé
d'ailleurs en fort bons termes par M. le
président Martel, déconcerte un tan'inet
le public nombreux des tribunes, et tombe
comme une douche à la glace sur les têtes
enfiévrées par l'annonce du combat. Nous
avons tort de nous plaindre. Cette impé-
rieuse loi de convenance qui comprime
l'Assemblée et lui impose quelques ins-
tants de respectueux silence, lui est une
excellente préparation pour aborder dans
des dispositions plus calmes ce débat,
décidément trop énervant, du retour à
Paris. Qui sait à quoi tiennent les vic-
toires?
M. Léon Say porte la parole au nom
du gouvernement. Le ministère est à son
banc, complet.
« Ce que veut le gouvernement, dit M.
Léon Say.
— Est-ce une conversion ?» demande un
membre à droite?
! I Taisez-vous, musard ! Nous ne sommes
pas ici pour la bagatelle, et nous parlons
sérieusement. « Ce que veut le gouverne-
ment, c'est une question préjudicielle. »
Politiquement, il vous suivra sur tous les
champs de bataille où vous le mènerez ;
pratiquement, laissez-lui le temps de
fourbir ses armes entre deux combats. Les
préoccupations de l'opinion ont pu lui
faire accepter l'urgence. S'agit-il de don-
ner son avis sur le fond ? il entend le
motiver, étudier les détails, ne fût-ce que
pour l'exécution matérielle, qui présente
des points délicats. L'agitation vient peut-
être de ce que la question n'a pas été as-
sez mûrie.
Là-dessus l'agitation de commencer;
quand on parle du loup, parbleu!. La
gauche approuve ; la droite proteste. Ima-
ginez-vous un régime parlementaire où
les ministres sauraient à peu près où ils
vont, n'aborderaient les dissussions qu'en
connaissance de cause, et n'auraient pas
la bonhomie de se laisser, à chaque mou-
vement, par le premier écervelé venu,
prendre en défaut ? Mais alors par où les
jeter bas? M. Daguenet y perd son latin.
Il est pour la discussion immédiate, M.
Daguenet, et jamais provocateur, on peut
l'affirmer, ne s'est mieux caché sous le
masque d'un pauvre bon petit vieillard
inonensif. A peine le motif de la cantilène
réactionnaire était-il dessiné de sa voix
chevrotante, et nous l'aurions très vague-
ment perçu si M. le baron de Lareinty ne
s'était chargé d'en zézayer les variations
à tue-tête.Oh! les intentions pacifiquesi oh!
l'esprit de modération qui se fait jour
ainsi avec des éclats de trompette ! Ils ont
voulu tout concilier, ces bons apôtres de
la droite ! Ils l'affirment. Bien que désin-
téressés là-dedans, eh comme, ils n'ont
pas marchandé leur vote en faveur de
l'urgence, sachant bien qu'il en pouvait
arriver du désordre. Aujourd'hui, après
deux jour3 passés seulement, il faudrait
revenir sur des déterminations si précises,
si louables 1 Et la dignité, et la conscien-
ce ?. Et la grosse caisse de V Er l-de-gris ?
Malins 1 1
La commission est représentée à la tri-
bune par M. Bérenger. Ici nous tranchons
dans le vif. M. Laboulaye s'est fait excuser.
Pas possible! La commission..;. Eh bienl je
passe la plume à M. Martel, qui en a dé-
fini l'atlitude d'un mot typique : « La com-
mission a la sagesse de s'en remettre à la
sagesse du Sénat. » M. de Kerdrel, crai-
gnant au commencement de trouver plus
de netteté dans les déclarations de M. Bé-
renger, avait déjà mis le doigt sur le sif-
flet aux interruptions et lâchait la vapeur;
il s'est arrêté à temps, il a avoué l'erreur
de bonne grâce ; n'en parlons plus.
On vous dira peut-être que messieurs de
la commission ne se compromettent guère,
et que leur concession de forme ne préjuge
en rien la solution ultérieure. Laissez dire.
Ils ont compris de qui ils faisaient le Jeu et
l'ajournement a été voté. C'est déjà fort
joli. Ne brusquons pas les choses, ne brus-
quons pas surtout les bonnes volontés ;
nous pouvons dormir pendant deux mois
sur les deux oreilles : « Je vous assure,
nous écrit du fond des Pyrénées un sa-
vant distingué qui est en même temps
un chaud patriote, — je vous assure
que dans tout le département nous n'at-
tachons à cette question qu'un intérêt
de troisième classe, — si j'ose m'expri-
ainsi. » D'où vient qu'à Versailles elle
a pris un tel grossissement ? Il suffit sou-
vent d'avoir chaussé une idée de travers
pour éprouver des répugnances chiméri-
ques et se flxer dans une Invincible obsti-
nation. Le temps et la réflexion, alors,
sont les meilleurs, les seuls remèdes. L'un
et l'autre aidant, — ajoutons, pour plaire
à M. le ministre des finances, un voyage
de vacances dans les départements, —
la proportion des objets change, un re-
virement s'opère; il nous a paru déjà aux
trois quarts opéré hier: « C'est une conver-
sion, » n'en déplaise aux fins railleurs de
l'extrême droite, et 11 y en a de très-res-
pectables.
Pour prouver bien qu'en courant même
le lièvre politique, il ne s'écarte jamais au-
delà des limites permises à sa gravité, le
Sénat, revenant sans effort à son ordre du
jour, tandis que les tribunes sè vidaient,
a voté avec la plus parfaite sérénité le ca-
nal de jonction de la Marne à la Saône et
les travaux d'amélioration de la Seine en-
tre Marcilly et Montereau.
Allez, monsieur de Freycinet, tout n'est
pas perdu!
part Pellegmn.
F »
DANS L'ORNE
-
Vous allez voir si le projet de loi sur
les écoles normales de jeunes filles pré-
senté par M. Paul Bert était opportun, si
la Chambre a bien fait de l'adopter et
s'il est temps que le Sénat se hâte de
l'adopter à son tour. Voici quelques ren-
seignements que j'emprunte à VAvenir
de l'Orne :
Le département de l'Orne dépense ac-
tuellement tous les ans une somme assez
ronde pour instruire un certain nombre
d'institutrices. Voilà qui est des plus
louables. L'Etat, de son côté, paie un
certain nombre de bourses. Seulement,
comme il n'y a pas d'école normale laï-
que d'institutrices dans le département de
l'Orne, les jeunes filles sont placées. où
cela? Dans une école située à Argentan
et dirigée par une congrégation.
Vous devinez bien ce qui arrive. La
congrégation reçoit les jeunes filles, tou-
che le prix des bourses payées soit par
l'Etat, soit par le département; puis,
lorsque l'instruction est donnée et la
pension à son terme, il arrive que telle
de ces jeunes filles, renonçant à l'ensei-
gnement public, entre dans la congréga-
tion qui l'a instruite, et va professer
dans ses établissements. Que voulez-
vous? On ne peut pas empêcher la voca-
tion. -
On ne peut pas l'empêcher, non, certes 1
mais on peut tout au moins ne pas l'ai-
der fr naître, Quand on met le bras dans
la gueule du loup, il ne faut pas s'étonner
si ensuite l'on est mordu. Une congréga-
tion qui ne ferait pas de prosélytisme ne
serait pas une congrégation ; n'est-ce pas
par le prosélytisme qu'elle peut se recru-
ter? Et savez-vous que ce sont des re-
crues bien tentantes à acquérir pour une
congrégation enseignante que des jeunes
filles intelligentes, distinguées par un
concours et qui ont déjà le goût de l'en-
seignement !
Qu'on laisse les congrégations provo-
quer des vocations, passe encore ; mais
il est vraiment inutile d'employer les
fonds de l'Etat et des départements à per-
mettre à l'enseignement libre de faire
une concurrence de plus en plus redou-
table à l'enseignement public, et de sub-
ventionner nos adversaires.
Du moins, quand une jeune fille ainsi
élevée entre dans le couvent en question,
est-ce que le couvent rend à l'Etat l'ar-
gent reçu pour instruire la pensionnaire,
dont seul il va profiter ? Oh 1 non
pas. La caisse des congrégations, com-
me chacun sait, est toujours ouverte
pour recevoir, jamais pour payer. L'A-
venir de l'Orne s'étonne assez justement
que MM. les inspecteurs de l'Université
tolèrent ces pratiques ! Il a l'indiscré-
tion de solliciter une réponse. La vraie
réponse, à notre avis, sera dans la loi
nouvelle.
Puisque je parle d'écoles normales,
voici un autre fait que j'emprunte au
même journal. Celui-ci regarde l'école
normale des garçons. L'école normale
des garçons d'Alençon n'a pas de cha-
pelle, quoiqu'elle paie le traitement d'un
aumônier. On mène donc le dimanche les
jeunes gens à l'office paroissial de la
messe et des vêpres. Jusque-là, rien que
de fort juste ; mais voici qui est moins
attendu. Ici je cède, pour raconter, la
parole à l'Avenir de l'Orne :
Tous les élèves (au nombre de 40 environ),
en entrant dans l'église, se rendent, sous la
conduite de leurs- maîtres, à la sacristie, et
là, de par ordre des autorités civiles et reli-
gieuses, on les revêt d'une soutane noire,
d'un surplis et d'un bonnet carré, — on les
transforme en enfants de chœur, en thurifé-
rairel, etc.
C'est dans ce nouveau costume que ces
jeunes gens, qui songent à devenir de braves
pères de famille et n'ont pas la moindre vo-
cation pour l'état ecclésiastique, suivent les
exercices religieux.
C'est ainsi-que VA venir racontait les
faits, il y a déjà plusieurs mois de cela.
Son récit n'a pas été démenti, que nous
sachions.
Et le journal ajoutait :
Pourquoi Imposer aux élèves de l'école nor-
male une semblable tenue?
Pourquoi leur Imposer la dépense de ce
costume, à moins que ce ne soit le budget
de l'école qui soit chargé de la couvrir?
Quel est donc le règlement universitaire
qui a prescrit aux élèves maîtres l'obligation
d'assister aux exercices religieux en soutanes
et en surplis ?
Quel est donc Je fonctionnaire qui, dans son
zèle ardent pour la béatification de l'école, a
eru devoir assumer la responsabilité de sem-
blables pratiques ?
Si l'on veut que le jeune normalien,
une fois sorti de l'école et devenu institut
teur,soit le sacristain de l'église et le do-
mestique de M. le curé, qu'il chante au
lutrin, allume les cierges et serve la
messe, on fait bien sans doute de l'affu-
bler le dimanche d'une souquenille noire
et d'un surplis. Tout métier doit s'ap-
prendre. Mais si l'on se fait de la dignité
de l'instituteur une autre Idée; si l'on
considère qu'il est à sa place dans la
classe et non pas dans la sacristie : si
l'on estime qu'il ne peut faire bien son
métier et avoir droit au respect qu'à la
condition de s'y consacrer tout entier et
de n'être le serviteur de personne, on
jugera probablement que le rôle des élè-
ves de l'écoJe normale durant les offices
n'est point celui qui leur a été enseigné
à Alençon.
Charles Bigot.
Nouvelles parlementaires
Avant la séance du Sénat, la commission
du retour à Paris s'est réunie pour entendre
de nouveau les membres du gouvernement.
Deux ministres, MM. Wadington et Léon Say,
s'étaient rendus auprès d'elle et ont pris suc-
cessivement la parole. Ils ont exposé les mo-
tifs pour lesquels le gouvernement, désireux
d'étudier et de préparer un projet d'installa-
tion du Sénat à Paris avant que la question
de principe soit tranchée par un vote défini-
tif, allait demander qu'on ajournât le débat
jusqu'à la session de mal.
Après le départ des ministres, une discus-
sion s'est engagée sur la communication qu'ils
venaient de faire.
Un membre de la majorité de la commission
a exprimé l'avis qu'en raison des explications
du gouvernement,la commission devait s'asso-
cier à la demande d'ajournement et l'ap-
puyer.
Plusieurs commissaires ont répondu. Les
uns étaient d'avis d'insister, au contraire,
pour la discussion Immédiate,et de demander
que le Sénat repoussât séance tenance la pro-
position Peyrat. D'autres estimaient que la
commission ne pouvait se déjuger elle-même
et parler en faveur de l'ajournement après
avoir adopté et déposé un rapport motivé
tranchant la question en principe ; mais que,
d'autre part, il serait politique et juste de
laisser au gouvernement 16 temps de présen-
ter à l'appui de son opinion des projets qui
influeront peut-être sur la décision définitive
du Sénat; dans ces circonstances, ils pensaient
que ce que la commission avait de mieux à
faire, c'était de déclarer qu'elle gardait son
opinion,mais se désintéressait de la question
d ajournement.
Cet avis a prévalu, et il a été décidé à une
grande majorité que la commission s'en re-
mettrait a l'avis du Sénat, sans peser dans un
sens ni un autre sur son opinion, et qu'elle
laissait ses membres libres de voter comme
Ils l'entendraient.
M. Laboulaye, rapporteur, a déclaré qu'il
ne pouvait se charger de faire connaître au
Sénat la solution adoptée par la commission,
et M.Bérenger a reçu mandat de parler au nom
de la majorité.
On a dit que M. Laboulaye avait donné
alors sa démission de rapporteur : le fait est
inexact. M. Laboulaye reste rapporteur jus-
qu'à nouvel ordr, et a déclaré qu'il ne se
démettrait que si la commission, révisant son
travail, venait à réformer son jugement et à
adopter des conclusions nouvelles favorables
à la proposition Peyrat.
.Ir
Pendant les vacances, le gouvernement va
faire étudier plusieurs projets d'installation à
Paris pour le Sénat, qui seront soumis à la
Chambre haute dès la rentrée.
Le premier de ces projets est la rHnstalla-
tion du Sénat au Luxembourg. Les conseil-
lers municipaux, désireux d'aider de leur
mieux à ce que la question du retour à Paris
reçoive une solution favorable, ont fait savoir
qu'ils étalent disposés à quitter ce palais et
a s'installer provisoirement dans un local-
quelconque, quand onvoudra.Le Luxembourg
pourrait donc être mis en 6tat à bref délai.
Le 2° projet consiste à disposer pour le
Sénat le pavillon de Flore et la salis des
Etats. Les services de la loterie nationale et
l'Exposition des arts décoratifs qui occupent
ces locaux doivent les rendre aux bâtiments
civils en mai. A cette époque, par consé-
quent, les bâtiments seront disponibles, et
leur aménagement ne serait ni long, ni coû,
teux, car la salle des Etats formerait une ma-
gnifique salle de séances et les nombreux sa-
lons et galeries situés entre cette salle et le
pavillon de Flore seraient aisément disposés
en salle des Pas-Perdus, buvette, bibliothè.
que et bureaux.
- Enfin un 38 projet, qui présente le sérieux
avantage d'assurer le voisinage des deux
Chambres, serait d'élever une salle de séan
ces nouvelle dans une des cours du palais
Bourbon et de transformer en bureaux et
salles quelques-uns des 152 logements et ap-
partements qui encombrent actuellement ce
palais.
Il a été aussi question d'installer le Sénat
au Trocadéro, mats on a renoncé avec raison
à ce projet absurde, fort mltl accueilli par les
sénateurs, qui eussent été ainsi relégués à l'ex-
trémité de Paris, en un point qui présenterait
tous les inconvénients du séjour à Versaille s
sans en avoir les avantages; et .tes eût obligés
de camper dans de longues galeries, bonnes
pour un musée, mais détestables pour des bu-
reaux et dans une salle où la voix se perd et
qui n'a d'issue que sur des galeries ouvertes
à tous les vents.
Une idée plus ingénieuse a été mise en avant
hier. Ce serait de placer la Sénat dans le
magnifique hôtel des Invalides, devenu à peu
près Inutile aujourd'hui. On trouverais en effet
très facilement, dans la partie de ce palais
qui fait face à la Seine de vastes locaux faeiles
à approprier pour un parlement, et en cou-
vrant une des cours carrées (ainsi qu'on l'a
fait à Versailles pour la Chambre des dépu-
tés), on aurait une salle de séances spacieuse,
bien placée au centre des services. Uo des
avantages de ce projet serait que je Sénat,
tout en étant chez lu!, se trouverait très-près
de la Chambre des députés et des ministères.
•
* «
Lanouvelle du vote d'ajournement émis par
le Sénat a été assez bien accueillie par les dé-
putés, qui le considèrent comme un témoi-
gnage du désir d'éviter un conflit et pensent
qu'à la rentrée la majorité du Sénat, en pré-
sence des dispositions qu'aura pu prendre le
gouvernement pour assurer l'installation du
Sénat dans la capitale, votera la retour à
Paris.
*
* ♦
La commission relative à l'affectation d'une
somme de 5,100,000 francs à l'isolement de la
Bibliothèque nationale a visité ce matin les
divers locaux composant cet établissement.
A. L.
————————— » -————————
Le Divorce
Poursuivons notre enquête. Voici une
lettre qu'il nous faut ajouter à notre dos-
sier. Cette confession m'a paru avoir une
saveur particulière et décéler un tour
d'esprit original. Je passe, comme de
coutume, les compliments obligés du
début.
J'ai soixante-quatre ans lonnés; j'ai
donc fini la vie. C'est vous dire,, monsieur,
qu'en prenant la plume pour vous écrire, je
ne songe pas à moi personnellement. Le di-
vorce rétabli dans la loi ne changerait plus
rien à mon sort. Mais combien d'autres sont
encore aujourd'hui victimes des mêmes maux
dont j'ai si cruellement souffert ! M'est-il dé-
fendu de m'intéresser à leurs douleurs ?
- J'avais seize ans lorsque je me mariai.
Après trois ans de mariage, je dus deman-
der une séparation de eorps,qul était devenue
nécessaire. Permettez-moi de ne pas insister
sur les causes qui me forcèrent à cette dé-
marche. Qu'il vous suffise de savoir que
l'homme dont je devais éternellement porter
le nom s'était rendu coupable de faits infa-
mants. Comme j'avais un fils, ma famille et
mol nous nous arrangeâmes pour que le vrai
motif de la séparation ne fût pas divulgué. On
allégua devant les tribunaux des griefs qui
pouvaient s'avouer sans entacher le nom
de mon fils. Les juges voulurent bien com-
prendre à demi-mot, Ils prononcèrent ma
séparation, et je restai seule, à dix-neuf ans,
avec un enfant que .le tribunal, — heureu-
sement pour moi et pour lui, le pauvre
petit ange ! — confiait a ma garde.
Ma mère était morte, mon père remarié, et
j'étais pauvre, Je pris résolûment mon parti
de la situation, et à force de travail, de con-
duite et d'économie, j'arrivai dans les affaires
àjne créer une position de fortune indépen-
dante. Je gagnai de quoi élever mon fils, qui
est aujourd'hui un homme distingué ; toutes
les mères seraient fières d'en avoir un pareil ;
j'ai le droit de l'être plus que les autres,
l'ayant élevé à moi toute seule, au moins dans
les premières années.
Plus tard. L'aveu que je vais faire vous
semblera peut être un peu étrange. Mais, je
vous l'ai dit : j'ai 64 ans. A mon âge, on ne re-
doute plus ces sortes de confessions. Et pour?
quoi donc rouglrais-je ? Ma vie, après tout, a
été laborieuse et dévouée; et je ne me sens au
me honte à reconnaître qu'un ami de ma fa-
mille - Il est mort depuis, et sa mort m'a
coûté bien des larmes — fut distingué èt ai-
mé de mol, par reconnaissance d'abord, puis
après par afiectlon sincère et profonde.
J'avais trente ans quand le hasard le jeta
sur ma route. C'est lui, monsieur, qui m'aida
à élever mon fils, qui le dirigea, qui lui tint
lieu de père, C'est lui qui, à cet âge où une
femme est impuissante à gouverner un jeune
homme, voulut bien lui enseigner le droit
homme, et l'y garder. Ah ! monsieur, si j'avais
chemin et l'y garder. Ah 1 monsieur, I j'avals
pu l'épouser 1 si j'avais pu entrer dans un
salon à son bras, tenant son fils par la mainl
mais j'ai perdu sa vie, et 11 n'a pas sauvé la
mienne.
Vous dire les mille déboires de mon exis-
tence, durant ces années de tristesse, je ne
le saurais pas. Mon mari, un paresseux et
un débauché, a vécu de moi jusqu'à l'âge de
soixante et-onza ans. Croiriez-vous que lors-
que mon fils est entré dans l'adolescence,
ce misérable, pour le tourner contre sa mère,
a cherché à le séduire aux plaisirs faeiles I
J'al dû, pour mettre mon fils à l'abri des
mauvais conseils de son père, j'ai dû m'en
séparer, l'envoyer en terre étrangère, l'y ca-
cher.
Non, vous n'imaginez pas ce qu'il s'est don-
né de mal pour retrouver ce fils, dont 11 ne s'é-
tait jamais occupé, qu'il n'aimait pas. Ce fut
comme nne chasse à l'homme. Il savait bien
que pour aller à mon cœur et le percer, le
meilleur moyen était de prendre mon fils,
que j'aimerais mieux voir mort qu'entre ses
mains Indignes.
J'ai sauvé le malheureux enfant ; mais un
jour vint où 11 fallut le marier. âh 1 monsieur,
que de couleuvres j'ai avalées en ce temps-
là. J'étais obligée de révéler, les yeux baissés,
palpitante de honte, l'irrégularité de ma si-
tuation, qui était restée longtemps un secret
pour le monde où je vivais. Dans certaines
familles — que Dieu leur pardonne 1 — on
m'a marchandé mon malheur sou à sou ; on
l'a exploité; et somme je ne pouvais grossir la
dot exigée, on m'a traînée dans la boue.Et des
femmes qui,à coup tût, étaielt,bleil qu'en règle
avec le code, moins honnêtes que moi 1
J'ai fini par trouver une jeune fille, dont la
mère ajpassé par-dessus les fautes d'orthogra-
phe de ma position. Je ne vous dis pas ce
qu'il m'en a coûté, je le compte à rien. Mais
ce qui m'a semblé le comble de la misère,
c'est que, pour doter mon fil*, pour le doter
de mon argent, d'un argent gagné unique-
ment par moi, la loi m'a Imposé l'obligation
de demander à l'indigne mari dont elle m'a-
vait séparé son autorisation.
A tous les sacrifices faits pendant trente
années pour subvenir aux débauches de ca
misérable, Il m'a fallu, pour obtenir de lui le
droit de doter mon fils, lui verser une somma
équivalente à celle que je donnais à mon en-
fant. C'est à ce prix seulement qu'il a donné
son consentement.
Et c'est notre loi sur la séparation qui au-
torise, que dis-ja ? qui impose de semblables
infamies, d'aussi monstrueuses énormités 1
Depuis cette époque, que vous dirai-je.
monsieur ? La jeune femme a emmené son
mari dans sa famille, milieu plus agréable
que ne peut l'être mon modeste Intérieur. Je
ne leur en veux pas, les chers enfants ; mais
je répète avec vous : quel profit la société
a-t-elle tiré de mon long martyre ?
Veuillez, j, vous prie, oublier mon nom. Il
me serait pénible * pour mes enfants qu'il fû5
publie. Je signe pour vous seul.
Voyons 1 est-ce que ce ne sont pas là
des histoires probantes et qui sont ca-
pables d'ébranler les préjugés les plus
fermement arrêtés? Qu'y a-t-il à répondre
à cette femme qui se plaint de sa vie abo-
minablement gâchée?
Et songez que 81, hu lieu d'avoir le
malheur d'être Française, elle fût née soit
en Angleterre, soit en Belgique, soit en
Allemagne, soit en Suisse, soit dans tout
autre pays'civilisé, elle eût pu honnête-
ment se remarier; elle eût échappé à
son gredin de mari, et eût vécu heureuse
et honorée 1
Fràncisûub Sarcey.
L ---..
TOME DE RÉVISION
Les opérations des conseils de révision
pour la formation de la classe 1878 ont
commencé le 24 mars et devront être ter-
minées le 17 mai prochain. Ces opérations
ont une importance trop considérable,
elles touchent de trop près les Intérêts
des populations, pour qu'il ne soit pas su-
perflu d'entrer dans quelques détails à ce
sujet.
Ou croit généralement dans le grand
public que le conseil de révision a pour
unique fonction de constater l'aptitude
physique des jeunes conscrits, de les dé-
clarer bons ou mauvais, après les avoir
tous auscultés et pesés.
C'est une erreur. Le conseil de révision
est un véritable tribunal dont les déci-
sions sont souveraines et qui a pour attri-
butions de revoir, comme le mot révision
l'implique, les opérations préliminaires
du recrutement et d'en vérifier la régula-
rité ; de statuer sur les réclamations qui
ont pu se produire sur les causes d'exemp-
tion et de dispense du service, les
ajournements, les sursis et les substi-
tutions de numéros; enfin d'arrêter
les listes du recrutement cantonal. On
le voit, ce sont là des attributions 'Olt
sldérables, qui engagent gravement la
responsabilité du conseil à la fois Vis-à-
vis de l'Etat et des familles ; il importe
dans l'intérêt des jeunes gens inscrits et
du bon recrutement de l'armée, que cha-
cun des membres qui composent le con-
seil soit bien pénétré des devoirs qui luI
incombent. Le ministre de la guerre, dans,
une circulaire spéciale, vient de formuler
à cet égard des prescriptions très nettes,
qu'il n'est pas hors de propos de rappeler
et de commenter au besoin.
La ministre recommande d'abord aux
préfets de présider eux-mêmes aux opé-
rations de la révision et de n'user que
« dans les cas tout à fait exception-
» nels et pour des motifs graves de la fa,
» culte de se faire suppléer comme pr<5-
» sident du conseil par le secrétaire gé-
» néral ou par un conseiller de préfec-
» ture ». Il engage d'une faou. tout aussi
pressante les eonseillers généraux et
conseillers d'arrondissement désignés par,
la commission de permanence du con-
seil général à assister aux séances aux-
quelles Us sont régulièrement convo-
qués, tr leur absence étant de nature à
» entraîner de regrettables conséauen-t
» ces.. Il est clair, en effet, que cesihs
tentions, volontaires ou non, sçiit con.
traires au vœu de la loi, et qu'elles ne
laissent pas que d'être préjudiciables à la
validité morale des dtoisions nrises Dar les
conseils de révision. D'autre part, les po-
pulations ont un intérêt évident à être re
présentées par les élus du suffrage uni-
versel au sein des conseils, qui, en défl
nitlve, statuent sans appel sur la réparti*
tion des charges militaires. J'ajouterai
même que c'est pour elles un droit qui
résulte du mandat donné à leur repré*
sentant et que ceux-ci ne peuvent, sans
manquer en partie à leur mandat, se sous
ï tf YIY1 QlflTÏ W
,.
ul!i AJLA DiJEiuiLjJEi
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Réfaction
de 2 heures à minuit
16, 3fu.o GadLet, 16
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendus
ABONNEMENTS
ADMINISTRATION
kfâm les Lettres et Mandats à l'Adiftîflîstiflfcar
16, rue Cadet, I&
Les 4 ^(mcÂi^ ^0 'î8fimeê
ABONNEMENTS
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
PARIS
Trois mois. 13 »»
Six mois 25 »»
Un an. 50 »»
DÉPARTEMENTS
Trois mois. i© »»
Six mois. 33 »»
Un an. 62 »»
Supplément pour l'Étranger 1 fr. par trimestre
Les abonnements partent des loret 15 de chaque mois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et Ce
6, Place de la Bourse, 6
* PARIS
Tïftla mois. 13 »»
Six mois 85 »»
Un an. so ea
DÉPAffMEftfè
Trois mois. fle »
Six mois. on M»
Un an. 63 »»
Supplément pour l'Étranger 1 fr. par trimestre
Les Abonnements partent des ter et 15 de chaque mois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et (?
6, Place de la Bourse, 6
BULLETIN
Paris, 2 Avril 1879.
Le Sénat, sur la proposition du gouver-
nement, a vpté hier l'ajournement de la
discussion du projet de M. Peyrat relatif
à la révision de l'article 9 de la eonstitu-
tion.
La Chambre des Communes a terminé
hier la discussion de la proposition de sir
Ch. Dilke blâmant la guerre contre les
Zoulous. La Chambrv a repoussé cette
proposition par 306 oix contre 246, soit
une majorité de 60 voix seulement en fa-
veur du gouvernement,ce qui Indique que
des membres du parti conservateur ont dû
"'loter avec l'opposition. La situation du
gouvernement était, en effet, assez diffi-
cile. Il venait défendre à la tribune une
politique d'envahissement qu'il a répudiée,
la maintien au pouvoir du gouverneur de
la colonie, sir Bartle Frère, qu'il a sévère-
ment blâmé pour avoir entrepris une
guerre commencée sous de si tristes aus-
pices. Le gouvernement toutefois, ainsi
que l'a déclaré sir Stafford Northcote, n'a
pas cru devoir, tout en infligeant un blâme
sévère à sir Bartle Frère, se priver des ser-
vices d'un homme dont chacun se platt à
reconnaître les hautes capacités.
Une dépêche dè Constantinople nous
apprend que le grand-vizir a formulé des
objections contre le projet d'une occupa-
tion mixte de la Roumélie orientale. Par
contre, il serait partisan d'un projet por-
tant nomination, par les puissances, d'un
gouverneur qui fonctionnerait sous le
contrôle de la commission internationale
de Philippopoli. Dans le cas où cette pro-
position ne serait pas prise en considéra-
tion, le grand-vizir insiste pour que les
troupes régulières turques qui prendront
part à l'occupation mixte soient en majo-
rité dans le corps d'occupation, pour que
les autres puissances n'envoient chacune
que 2,500 hommes, pour qua la durée de
l'occupation* soit limitée à un an et pour
que les troupes turques occupent eu même
temps les Balkhans.
La Porte élabore, dit-on, le projet des
réformes destinées aux provinces de la
Turquie d'Europe et réclamées par la com-
xnission européenne de la Roumélie Cette
commission doit se réunir samedi à Cons-
tantinople. Le conseil des ministres discute
toujours la convention autrichienne, no-
tamment le texte de la nouvelle rédaction
des articles relatifs à la souveraineté du
sultan et au caractère provisoire de l'oc-
cupation.
On mande de Tâchkend, au New-York
Jgérald, que le général Kauffmann a reçu
une lettre du chef de la dernière ambas-
sade afghane, lui annonçant qu'un ordre
parfait règne dans l'intérieur de l'Afgha-
nistan et que le nouvel émir est décidé à
suivre les instructions de son père. Il sou-
tiendra donc une guerre à outrance contre
les Anglais.
E. BARBIER.
*
Bourse de Fs&vSLm
PETITE BOURSE DU S OIR
3 0/0 amortissable 81 fr. 82 1/2, 77 1/2.
3 0/0 79 fr. 85.
5 0 0 1.14 fr. 60, 62 1/2, 57 1/2, 60.
Turc 11 fr. 90, 82 1/2.
Banqua ottomane.. 498 fr. 12, 496 87.
Egypte. 235 ft.
Hongrois. 79 fi*. 5/8,11/16.
Italien 78 fr. 62 l/î,75.
florins 68 îe. 8/32,1/8.
.———————— Ob .————————.
La question du retour à Paris ne sera
tranchée par le Sénat qu'au mois de mai,
au retour des vacances que vont prendre
les Chambres. Le Sénat l'a ainsi décidé,
à la majorité de 157 voix contre 126, sur
la demande du gouvernement. C'est M.
Léon Say qui portait la parole au nom
du ministère ; le petit discours qu'il a fait
a été très-heureusement inspiré, très-ha-
bile, et la majorité qu'il a obtenue doit
passer à bon droit, étant données les
forces dont dispose encore au Sénat la
coaijiion monarchique, pour une très-
belle majorité.
Nous sommes satisfaits de ce résul-
tat; car il fait pressentir que la même
majorité se retrouvera, lors de la dis-
cussion finale, M côté du gouvernement.
Dans cinq ou six: semaines, le Sénat dé-
libérera d'ailleurs avec plus de calme
qu'il n'aurait pu le faire aujourd'hui, et
beaucoup d'honorables sénateurs, qui,
en se prononçant contre ie retour à Pa-
ris, avaient cédé surtout à une impres-
sion nerveuse, auront ainsi le temps de
la méditation et de l'étude et pourront
irevenir sans fausse honte sur le premier
:avis qu'ils ont naguère manifesté si vi-
rement.
Ea attendant, ce sera un grand bien de
voir tomber toute cette agitation factice
Où Tôt) a vécu durant quelques jours,
comme un nuage de poussière abattu
par un peu de pluie. Au train dont on
marchait, ce nuage poudreux, il faut bien
le dire, risquait d'aveugler bien des gens,
et lorsque l'on est aveuglé, Dieu sait si
l'on fait des sottises! Espérons donc que,
maintenant, de part et d'autre, on vou-
dra bien considérer la situation d'un œil
clair ; que ceux-ci nous feront grâce de
la Terreur, de la Commune et de l'Améri-
que; ceux-là des prétendues conspira-
tions orléanistes et autres noirs complots
; dont ils accusent de très-francs, très-
loyaux et très-dévoués républicains. Ne
peut-on différer d'avis sans s'accuser ré-
c* iproquement de tous les crimes ?
1 juôUX qui nous ont paru les plus impru-
den ig en cette affaire, ce sont les publi-
ciste,-' d'une école qu'on aurait jug
b~u~~P plus politique, mais qui ont
l'esprit .t de teile faqon que, remplis
/1/ 'fi il y
d'indulgence pour les plus grands-pé-
chés de l'extrême gauche, ils lancent
d'impitoyables anathèmes contre les
hommes du centre gauche, dès que des
préjugés conservateurs font commettre à
ceux-ci le plus léger écart. Nous ne som-
mes point des admirateurs du centre
gauche ; nous avons eu, et nous aurons
sans doute, hélas ! plus d'une occasion
de le critiquer. Mais nous voudrions bien
qu'on eût pour ces conservateurs répu-
blicains, - au lieu devoir en eux les
pelés, les galeux, d'où vient tout le mal,
—un peu de l'indulgence que l'on ré3erve
aux excentriques qui se tiennent à l'autre
extrémité du parti. Le retour à Paris sera
presque certainement obtenu de la majo-
rité républicaine du Sénat, parce que
beaucoup d'esprits, d'abord récalcitrants,
se convaincront de la nécessité de cette
solution raisonnable. Seulement, nous ne
croyons pas que le meilleur moyen d'y
convertir les sénateurs du centre gauche
soit de les persifler ou même de les in-
jurier en leur prêtant on ne sait quels
projets perfides absolument indignes
d'eux.
Eue. LliBBRf.
40
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 1er avril 1879.
Nous ménagions au lecteur une sur-
prise. Nous lui avions soigneusement ca-
ché le nombre de lignes ferrées officielles
que la Chambre est parvenue à absorber
en deux séances, — cent trente-deux, sauf
votre respect. Pour aujourd'hui, ilnereste
plus que trente numéros à engloutir, —
une misère I Et nous arrivions tout joyeux,
comptant sur l'effet que nous allions pro-
duire, en disant inopinément : « Eh bien,
oui, c'est fini ; pas plus malin que ça.
Quelle plaisanterie que les travaux d'Her-
cule 1 »
Aussi avons-nous eu la chair de poule
lorsque nous avons vu M. Maigne se cram-
ponner, plus d'une heure, à la tribune en
compagnie d'un amendement de méchante
composition. Ils s'excitaient l'un l'autre :
l'amendement était possédé d'une colère
froide, silencieuse, pleine d'obstination;
c'était lui, évidemment, qui poussait le
député de Brioude à exercer des sévices
sur la tablette de la tribune, car il n'est
pas possible qu'un homme se mette de la
sorte en colère, de lui-même, sans être le
jouet de mauvais conseils.
Il -est vrai qu'il s'agissait d'une « su-
perbe transversale, » comme l'a dit M.
Maigne avec rune émotion qui, malheu-
reusement, ne s'est pas communiquée
à la salle. Cette transversale, comme
toutes les transversales, partait d'un point
pour aboutir à un autre ; seulement celle-
là était «superbe.»Et puis elle avait l'avan-
tage, qu'ont fort peu de transversales, de
desservir Massiac et Saint-Bonnet en pas-
sant par Craponne. Seulement, si toutes
les transversales — car les petites ont au-
tant d'orgueil que les grandes — avaient
fait preuve d'aussi peu de discrétteu,nous
calculons que la discussion actuelle aurait
duré à peu près cent-dix jours, à quatre
heures par jour, c'est-à-dire cinq mois en-
viron, en tenant compte des congés. - Ah 1
que voulez-vous? quand on ne sait à quoi
s occuper, on s'adonne à la statistique.
Eh bienl la stupéfaction que nous comp-
tions provoquer chez le lecteur, c'est
nous qui l'avons éprouvée 1
A cinq heures vingt, le président ap-
pelle le numéro 163. C est le dernier. Les
cœurs bondissent.
Hélas ! pour changer, c'est toujours la
même chose. Nous nous trouvons en pré-
sence du projet relatif au classement du
réseau complémentaire des chemins de fer
d'intérêt général en Algérie. Et, après
celui-là, surgit le projet relatif au classe-
ment des travaux à exécuter dans les
ports maritimes.
Allons, en route pour f Algérie 1
Nous nous apprêtons à prendre un air
accablé.
A cinq heures et demie, le Sahara lui-
même est sillonné de lignes ferrées 1
Embarque pour les ports 1
Combien y en a-t-il à réparer, à oreuser,
à désensabler ? Peuh 1 tout au plus de deux
à trois cents 1
Et nous voilà, longeant les côtes et
commençant le voyage du point extrême;
au Nord. Avouons tout : au moment où
la discussion tournait la pointe du Finis-
tère, nous avons cru ressentir comme les
atteintes d'une sorte de mal de mer, et
nous avons pris un chemin de fer, — un
qui est déjà construit 1 - celui de Ver-
sailles à Paris.
Paul Labamïïjb.
COURRIER BU SÉNAT
Dieul que M. Léon de Maleville a mal
pris son temps pour mourir ! L'éloge fu-
nèbre du vieux parlementaire, prononcé
d'ailleurs en fort bons termes par M. le
président Martel, déconcerte un tan'inet
le public nombreux des tribunes, et tombe
comme une douche à la glace sur les têtes
enfiévrées par l'annonce du combat. Nous
avons tort de nous plaindre. Cette impé-
rieuse loi de convenance qui comprime
l'Assemblée et lui impose quelques ins-
tants de respectueux silence, lui est une
excellente préparation pour aborder dans
des dispositions plus calmes ce débat,
décidément trop énervant, du retour à
Paris. Qui sait à quoi tiennent les vic-
toires?
M. Léon Say porte la parole au nom
du gouvernement. Le ministère est à son
banc, complet.
« Ce que veut le gouvernement, dit M.
Léon Say.
— Est-ce une conversion ?» demande un
membre à droite?
! I Taisez-vous, musard ! Nous ne sommes
pas ici pour la bagatelle, et nous parlons
sérieusement. « Ce que veut le gouverne-
ment, c'est une question préjudicielle. »
Politiquement, il vous suivra sur tous les
champs de bataille où vous le mènerez ;
pratiquement, laissez-lui le temps de
fourbir ses armes entre deux combats. Les
préoccupations de l'opinion ont pu lui
faire accepter l'urgence. S'agit-il de don-
ner son avis sur le fond ? il entend le
motiver, étudier les détails, ne fût-ce que
pour l'exécution matérielle, qui présente
des points délicats. L'agitation vient peut-
être de ce que la question n'a pas été as-
sez mûrie.
Là-dessus l'agitation de commencer;
quand on parle du loup, parbleu!. La
gauche approuve ; la droite proteste. Ima-
ginez-vous un régime parlementaire où
les ministres sauraient à peu près où ils
vont, n'aborderaient les dissussions qu'en
connaissance de cause, et n'auraient pas
la bonhomie de se laisser, à chaque mou-
vement, par le premier écervelé venu,
prendre en défaut ? Mais alors par où les
jeter bas? M. Daguenet y perd son latin.
Il est pour la discussion immédiate, M.
Daguenet, et jamais provocateur, on peut
l'affirmer, ne s'est mieux caché sous le
masque d'un pauvre bon petit vieillard
inonensif. A peine le motif de la cantilène
réactionnaire était-il dessiné de sa voix
chevrotante, et nous l'aurions très vague-
ment perçu si M. le baron de Lareinty ne
s'était chargé d'en zézayer les variations
à tue-tête.Oh! les intentions pacifiquesi oh!
l'esprit de modération qui se fait jour
ainsi avec des éclats de trompette ! Ils ont
voulu tout concilier, ces bons apôtres de
la droite ! Ils l'affirment. Bien que désin-
téressés là-dedans, eh comme, ils n'ont
pas marchandé leur vote en faveur de
l'urgence, sachant bien qu'il en pouvait
arriver du désordre. Aujourd'hui, après
deux jour3 passés seulement, il faudrait
revenir sur des déterminations si précises,
si louables 1 Et la dignité, et la conscien-
ce ?. Et la grosse caisse de V Er l-de-gris ?
Malins 1 1
La commission est représentée à la tri-
bune par M. Bérenger. Ici nous tranchons
dans le vif. M. Laboulaye s'est fait excuser.
Pas possible! La commission..;. Eh bienl je
passe la plume à M. Martel, qui en a dé-
fini l'atlitude d'un mot typique : « La com-
mission a la sagesse de s'en remettre à la
sagesse du Sénat. » M. de Kerdrel, crai-
gnant au commencement de trouver plus
de netteté dans les déclarations de M. Bé-
renger, avait déjà mis le doigt sur le sif-
flet aux interruptions et lâchait la vapeur;
il s'est arrêté à temps, il a avoué l'erreur
de bonne grâce ; n'en parlons plus.
On vous dira peut-être que messieurs de
la commission ne se compromettent guère,
et que leur concession de forme ne préjuge
en rien la solution ultérieure. Laissez dire.
Ils ont compris de qui ils faisaient le Jeu et
l'ajournement a été voté. C'est déjà fort
joli. Ne brusquons pas les choses, ne brus-
quons pas surtout les bonnes volontés ;
nous pouvons dormir pendant deux mois
sur les deux oreilles : « Je vous assure,
nous écrit du fond des Pyrénées un sa-
vant distingué qui est en même temps
un chaud patriote, — je vous assure
que dans tout le département nous n'at-
tachons à cette question qu'un intérêt
de troisième classe, — si j'ose m'expri-
ainsi. » D'où vient qu'à Versailles elle
a pris un tel grossissement ? Il suffit sou-
vent d'avoir chaussé une idée de travers
pour éprouver des répugnances chiméri-
ques et se flxer dans une Invincible obsti-
nation. Le temps et la réflexion, alors,
sont les meilleurs, les seuls remèdes. L'un
et l'autre aidant, — ajoutons, pour plaire
à M. le ministre des finances, un voyage
de vacances dans les départements, —
la proportion des objets change, un re-
virement s'opère; il nous a paru déjà aux
trois quarts opéré hier: « C'est une conver-
sion, » n'en déplaise aux fins railleurs de
l'extrême droite, et 11 y en a de très-res-
pectables.
Pour prouver bien qu'en courant même
le lièvre politique, il ne s'écarte jamais au-
delà des limites permises à sa gravité, le
Sénat, revenant sans effort à son ordre du
jour, tandis que les tribunes sè vidaient,
a voté avec la plus parfaite sérénité le ca-
nal de jonction de la Marne à la Saône et
les travaux d'amélioration de la Seine en-
tre Marcilly et Montereau.
Allez, monsieur de Freycinet, tout n'est
pas perdu!
part Pellegmn.
F »
DANS L'ORNE
-
Vous allez voir si le projet de loi sur
les écoles normales de jeunes filles pré-
senté par M. Paul Bert était opportun, si
la Chambre a bien fait de l'adopter et
s'il est temps que le Sénat se hâte de
l'adopter à son tour. Voici quelques ren-
seignements que j'emprunte à VAvenir
de l'Orne :
Le département de l'Orne dépense ac-
tuellement tous les ans une somme assez
ronde pour instruire un certain nombre
d'institutrices. Voilà qui est des plus
louables. L'Etat, de son côté, paie un
certain nombre de bourses. Seulement,
comme il n'y a pas d'école normale laï-
que d'institutrices dans le département de
l'Orne, les jeunes filles sont placées. où
cela? Dans une école située à Argentan
et dirigée par une congrégation.
Vous devinez bien ce qui arrive. La
congrégation reçoit les jeunes filles, tou-
che le prix des bourses payées soit par
l'Etat, soit par le département; puis,
lorsque l'instruction est donnée et la
pension à son terme, il arrive que telle
de ces jeunes filles, renonçant à l'ensei-
gnement public, entre dans la congréga-
tion qui l'a instruite, et va professer
dans ses établissements. Que voulez-
vous? On ne peut pas empêcher la voca-
tion. -
On ne peut pas l'empêcher, non, certes 1
mais on peut tout au moins ne pas l'ai-
der fr naître, Quand on met le bras dans
la gueule du loup, il ne faut pas s'étonner
si ensuite l'on est mordu. Une congréga-
tion qui ne ferait pas de prosélytisme ne
serait pas une congrégation ; n'est-ce pas
par le prosélytisme qu'elle peut se recru-
ter? Et savez-vous que ce sont des re-
crues bien tentantes à acquérir pour une
congrégation enseignante que des jeunes
filles intelligentes, distinguées par un
concours et qui ont déjà le goût de l'en-
seignement !
Qu'on laisse les congrégations provo-
quer des vocations, passe encore ; mais
il est vraiment inutile d'employer les
fonds de l'Etat et des départements à per-
mettre à l'enseignement libre de faire
une concurrence de plus en plus redou-
table à l'enseignement public, et de sub-
ventionner nos adversaires.
Du moins, quand une jeune fille ainsi
élevée entre dans le couvent en question,
est-ce que le couvent rend à l'Etat l'ar-
gent reçu pour instruire la pensionnaire,
dont seul il va profiter ? Oh 1 non
pas. La caisse des congrégations, com-
me chacun sait, est toujours ouverte
pour recevoir, jamais pour payer. L'A-
venir de l'Orne s'étonne assez justement
que MM. les inspecteurs de l'Université
tolèrent ces pratiques ! Il a l'indiscré-
tion de solliciter une réponse. La vraie
réponse, à notre avis, sera dans la loi
nouvelle.
Puisque je parle d'écoles normales,
voici un autre fait que j'emprunte au
même journal. Celui-ci regarde l'école
normale des garçons. L'école normale
des garçons d'Alençon n'a pas de cha-
pelle, quoiqu'elle paie le traitement d'un
aumônier. On mène donc le dimanche les
jeunes gens à l'office paroissial de la
messe et des vêpres. Jusque-là, rien que
de fort juste ; mais voici qui est moins
attendu. Ici je cède, pour raconter, la
parole à l'Avenir de l'Orne :
Tous les élèves (au nombre de 40 environ),
en entrant dans l'église, se rendent, sous la
conduite de leurs- maîtres, à la sacristie, et
là, de par ordre des autorités civiles et reli-
gieuses, on les revêt d'une soutane noire,
d'un surplis et d'un bonnet carré, — on les
transforme en enfants de chœur, en thurifé-
rairel, etc.
C'est dans ce nouveau costume que ces
jeunes gens, qui songent à devenir de braves
pères de famille et n'ont pas la moindre vo-
cation pour l'état ecclésiastique, suivent les
exercices religieux.
C'est ainsi-que VA venir racontait les
faits, il y a déjà plusieurs mois de cela.
Son récit n'a pas été démenti, que nous
sachions.
Et le journal ajoutait :
Pourquoi Imposer aux élèves de l'école nor-
male une semblable tenue?
Pourquoi leur Imposer la dépense de ce
costume, à moins que ce ne soit le budget
de l'école qui soit chargé de la couvrir?
Quel est donc le règlement universitaire
qui a prescrit aux élèves maîtres l'obligation
d'assister aux exercices religieux en soutanes
et en surplis ?
Quel est donc Je fonctionnaire qui, dans son
zèle ardent pour la béatification de l'école, a
eru devoir assumer la responsabilité de sem-
blables pratiques ?
Si l'on veut que le jeune normalien,
une fois sorti de l'école et devenu institut
teur,soit le sacristain de l'église et le do-
mestique de M. le curé, qu'il chante au
lutrin, allume les cierges et serve la
messe, on fait bien sans doute de l'affu-
bler le dimanche d'une souquenille noire
et d'un surplis. Tout métier doit s'ap-
prendre. Mais si l'on se fait de la dignité
de l'instituteur une autre Idée; si l'on
considère qu'il est à sa place dans la
classe et non pas dans la sacristie : si
l'on estime qu'il ne peut faire bien son
métier et avoir droit au respect qu'à la
condition de s'y consacrer tout entier et
de n'être le serviteur de personne, on
jugera probablement que le rôle des élè-
ves de l'écoJe normale durant les offices
n'est point celui qui leur a été enseigné
à Alençon.
Charles Bigot.
Nouvelles parlementaires
Avant la séance du Sénat, la commission
du retour à Paris s'est réunie pour entendre
de nouveau les membres du gouvernement.
Deux ministres, MM. Wadington et Léon Say,
s'étaient rendus auprès d'elle et ont pris suc-
cessivement la parole. Ils ont exposé les mo-
tifs pour lesquels le gouvernement, désireux
d'étudier et de préparer un projet d'installa-
tion du Sénat à Paris avant que la question
de principe soit tranchée par un vote défini-
tif, allait demander qu'on ajournât le débat
jusqu'à la session de mal.
Après le départ des ministres, une discus-
sion s'est engagée sur la communication qu'ils
venaient de faire.
Un membre de la majorité de la commission
a exprimé l'avis qu'en raison des explications
du gouvernement,la commission devait s'asso-
cier à la demande d'ajournement et l'ap-
puyer.
Plusieurs commissaires ont répondu. Les
uns étaient d'avis d'insister, au contraire,
pour la discussion Immédiate,et de demander
que le Sénat repoussât séance tenance la pro-
position Peyrat. D'autres estimaient que la
commission ne pouvait se déjuger elle-même
et parler en faveur de l'ajournement après
avoir adopté et déposé un rapport motivé
tranchant la question en principe ; mais que,
d'autre part, il serait politique et juste de
laisser au gouvernement 16 temps de présen-
ter à l'appui de son opinion des projets qui
influeront peut-être sur la décision définitive
du Sénat; dans ces circonstances, ils pensaient
que ce que la commission avait de mieux à
faire, c'était de déclarer qu'elle gardait son
opinion,mais se désintéressait de la question
d ajournement.
Cet avis a prévalu, et il a été décidé à une
grande majorité que la commission s'en re-
mettrait a l'avis du Sénat, sans peser dans un
sens ni un autre sur son opinion, et qu'elle
laissait ses membres libres de voter comme
Ils l'entendraient.
M. Laboulaye, rapporteur, a déclaré qu'il
ne pouvait se charger de faire connaître au
Sénat la solution adoptée par la commission,
et M.Bérenger a reçu mandat de parler au nom
de la majorité.
On a dit que M. Laboulaye avait donné
alors sa démission de rapporteur : le fait est
inexact. M. Laboulaye reste rapporteur jus-
qu'à nouvel ordr, et a déclaré qu'il ne se
démettrait que si la commission, révisant son
travail, venait à réformer son jugement et à
adopter des conclusions nouvelles favorables
à la proposition Peyrat.
.Ir
Pendant les vacances, le gouvernement va
faire étudier plusieurs projets d'installation à
Paris pour le Sénat, qui seront soumis à la
Chambre haute dès la rentrée.
Le premier de ces projets est la rHnstalla-
tion du Sénat au Luxembourg. Les conseil-
lers municipaux, désireux d'aider de leur
mieux à ce que la question du retour à Paris
reçoive une solution favorable, ont fait savoir
qu'ils étalent disposés à quitter ce palais et
a s'installer provisoirement dans un local-
quelconque, quand onvoudra.Le Luxembourg
pourrait donc être mis en 6tat à bref délai.
Le 2° projet consiste à disposer pour le
Sénat le pavillon de Flore et la salis des
Etats. Les services de la loterie nationale et
l'Exposition des arts décoratifs qui occupent
ces locaux doivent les rendre aux bâtiments
civils en mai. A cette époque, par consé-
quent, les bâtiments seront disponibles, et
leur aménagement ne serait ni long, ni coû,
teux, car la salle des Etats formerait une ma-
gnifique salle de séances et les nombreux sa-
lons et galeries situés entre cette salle et le
pavillon de Flore seraient aisément disposés
en salle des Pas-Perdus, buvette, bibliothè.
que et bureaux.
- Enfin un 38 projet, qui présente le sérieux
avantage d'assurer le voisinage des deux
Chambres, serait d'élever une salle de séan
ces nouvelle dans une des cours du palais
Bourbon et de transformer en bureaux et
salles quelques-uns des 152 logements et ap-
partements qui encombrent actuellement ce
palais.
Il a été aussi question d'installer le Sénat
au Trocadéro, mats on a renoncé avec raison
à ce projet absurde, fort mltl accueilli par les
sénateurs, qui eussent été ainsi relégués à l'ex-
trémité de Paris, en un point qui présenterait
tous les inconvénients du séjour à Versaille s
sans en avoir les avantages; et .tes eût obligés
de camper dans de longues galeries, bonnes
pour un musée, mais détestables pour des bu-
reaux et dans une salle où la voix se perd et
qui n'a d'issue que sur des galeries ouvertes
à tous les vents.
Une idée plus ingénieuse a été mise en avant
hier. Ce serait de placer la Sénat dans le
magnifique hôtel des Invalides, devenu à peu
près Inutile aujourd'hui. On trouverais en effet
très facilement, dans la partie de ce palais
qui fait face à la Seine de vastes locaux faeiles
à approprier pour un parlement, et en cou-
vrant une des cours carrées (ainsi qu'on l'a
fait à Versailles pour la Chambre des dépu-
tés), on aurait une salle de séances spacieuse,
bien placée au centre des services. Uo des
avantages de ce projet serait que je Sénat,
tout en étant chez lu!, se trouverait très-près
de la Chambre des députés et des ministères.
•
* «
Lanouvelle du vote d'ajournement émis par
le Sénat a été assez bien accueillie par les dé-
putés, qui le considèrent comme un témoi-
gnage du désir d'éviter un conflit et pensent
qu'à la rentrée la majorité du Sénat, en pré-
sence des dispositions qu'aura pu prendre le
gouvernement pour assurer l'installation du
Sénat dans la capitale, votera la retour à
Paris.
*
* ♦
La commission relative à l'affectation d'une
somme de 5,100,000 francs à l'isolement de la
Bibliothèque nationale a visité ce matin les
divers locaux composant cet établissement.
A. L.
————————— » -————————
Le Divorce
Poursuivons notre enquête. Voici une
lettre qu'il nous faut ajouter à notre dos-
sier. Cette confession m'a paru avoir une
saveur particulière et décéler un tour
d'esprit original. Je passe, comme de
coutume, les compliments obligés du
début.
J'ai soixante-quatre ans lonnés; j'ai
donc fini la vie. C'est vous dire,, monsieur,
qu'en prenant la plume pour vous écrire, je
ne songe pas à moi personnellement. Le di-
vorce rétabli dans la loi ne changerait plus
rien à mon sort. Mais combien d'autres sont
encore aujourd'hui victimes des mêmes maux
dont j'ai si cruellement souffert ! M'est-il dé-
fendu de m'intéresser à leurs douleurs ?
- J'avais seize ans lorsque je me mariai.
Après trois ans de mariage, je dus deman-
der une séparation de eorps,qul était devenue
nécessaire. Permettez-moi de ne pas insister
sur les causes qui me forcèrent à cette dé-
marche. Qu'il vous suffise de savoir que
l'homme dont je devais éternellement porter
le nom s'était rendu coupable de faits infa-
mants. Comme j'avais un fils, ma famille et
mol nous nous arrangeâmes pour que le vrai
motif de la séparation ne fût pas divulgué. On
allégua devant les tribunaux des griefs qui
pouvaient s'avouer sans entacher le nom
de mon fils. Les juges voulurent bien com-
prendre à demi-mot, Ils prononcèrent ma
séparation, et je restai seule, à dix-neuf ans,
avec un enfant que .le tribunal, — heureu-
sement pour moi et pour lui, le pauvre
petit ange ! — confiait a ma garde.
Ma mère était morte, mon père remarié, et
j'étais pauvre, Je pris résolûment mon parti
de la situation, et à force de travail, de con-
duite et d'économie, j'arrivai dans les affaires
àjne créer une position de fortune indépen-
dante. Je gagnai de quoi élever mon fils, qui
est aujourd'hui un homme distingué ; toutes
les mères seraient fières d'en avoir un pareil ;
j'ai le droit de l'être plus que les autres,
l'ayant élevé à moi toute seule, au moins dans
les premières années.
Plus tard. L'aveu que je vais faire vous
semblera peut être un peu étrange. Mais, je
vous l'ai dit : j'ai 64 ans. A mon âge, on ne re-
doute plus ces sortes de confessions. Et pour?
quoi donc rouglrais-je ? Ma vie, après tout, a
été laborieuse et dévouée; et je ne me sens au
me honte à reconnaître qu'un ami de ma fa-
mille - Il est mort depuis, et sa mort m'a
coûté bien des larmes — fut distingué èt ai-
mé de mol, par reconnaissance d'abord, puis
après par afiectlon sincère et profonde.
J'avais trente ans quand le hasard le jeta
sur ma route. C'est lui, monsieur, qui m'aida
à élever mon fils, qui le dirigea, qui lui tint
lieu de père, C'est lui qui, à cet âge où une
femme est impuissante à gouverner un jeune
homme, voulut bien lui enseigner le droit
homme, et l'y garder. Ah ! monsieur, si j'avais
chemin et l'y garder. Ah 1 monsieur, I j'avals
pu l'épouser 1 si j'avais pu entrer dans un
salon à son bras, tenant son fils par la mainl
mais j'ai perdu sa vie, et 11 n'a pas sauvé la
mienne.
Vous dire les mille déboires de mon exis-
tence, durant ces années de tristesse, je ne
le saurais pas. Mon mari, un paresseux et
un débauché, a vécu de moi jusqu'à l'âge de
soixante et-onza ans. Croiriez-vous que lors-
que mon fils est entré dans l'adolescence,
ce misérable, pour le tourner contre sa mère,
a cherché à le séduire aux plaisirs faeiles I
J'al dû, pour mettre mon fils à l'abri des
mauvais conseils de son père, j'ai dû m'en
séparer, l'envoyer en terre étrangère, l'y ca-
cher.
Non, vous n'imaginez pas ce qu'il s'est don-
né de mal pour retrouver ce fils, dont 11 ne s'é-
tait jamais occupé, qu'il n'aimait pas. Ce fut
comme nne chasse à l'homme. Il savait bien
que pour aller à mon cœur et le percer, le
meilleur moyen était de prendre mon fils,
que j'aimerais mieux voir mort qu'entre ses
mains Indignes.
J'ai sauvé le malheureux enfant ; mais un
jour vint où 11 fallut le marier. âh 1 monsieur,
que de couleuvres j'ai avalées en ce temps-
là. J'étais obligée de révéler, les yeux baissés,
palpitante de honte, l'irrégularité de ma si-
tuation, qui était restée longtemps un secret
pour le monde où je vivais. Dans certaines
familles — que Dieu leur pardonne 1 — on
m'a marchandé mon malheur sou à sou ; on
l'a exploité; et somme je ne pouvais grossir la
dot exigée, on m'a traînée dans la boue.Et des
femmes qui,à coup tût, étaielt,bleil qu'en règle
avec le code, moins honnêtes que moi 1
J'ai fini par trouver une jeune fille, dont la
mère ajpassé par-dessus les fautes d'orthogra-
phe de ma position. Je ne vous dis pas ce
qu'il m'en a coûté, je le compte à rien. Mais
ce qui m'a semblé le comble de la misère,
c'est que, pour doter mon fil*, pour le doter
de mon argent, d'un argent gagné unique-
ment par moi, la loi m'a Imposé l'obligation
de demander à l'indigne mari dont elle m'a-
vait séparé son autorisation.
A tous les sacrifices faits pendant trente
années pour subvenir aux débauches de ca
misérable, Il m'a fallu, pour obtenir de lui le
droit de doter mon fils, lui verser une somma
équivalente à celle que je donnais à mon en-
fant. C'est à ce prix seulement qu'il a donné
son consentement.
Et c'est notre loi sur la séparation qui au-
torise, que dis-ja ? qui impose de semblables
infamies, d'aussi monstrueuses énormités 1
Depuis cette époque, que vous dirai-je.
monsieur ? La jeune femme a emmené son
mari dans sa famille, milieu plus agréable
que ne peut l'être mon modeste Intérieur. Je
ne leur en veux pas, les chers enfants ; mais
je répète avec vous : quel profit la société
a-t-elle tiré de mon long martyre ?
Veuillez, j, vous prie, oublier mon nom. Il
me serait pénible * pour mes enfants qu'il fû5
publie. Je signe pour vous seul.
Voyons 1 est-ce que ce ne sont pas là
des histoires probantes et qui sont ca-
pables d'ébranler les préjugés les plus
fermement arrêtés? Qu'y a-t-il à répondre
à cette femme qui se plaint de sa vie abo-
minablement gâchée?
Et songez que 81, hu lieu d'avoir le
malheur d'être Française, elle fût née soit
en Angleterre, soit en Belgique, soit en
Allemagne, soit en Suisse, soit dans tout
autre pays'civilisé, elle eût pu honnête-
ment se remarier; elle eût échappé à
son gredin de mari, et eût vécu heureuse
et honorée 1
Fràncisûub Sarcey.
L ---..
TOME DE RÉVISION
Les opérations des conseils de révision
pour la formation de la classe 1878 ont
commencé le 24 mars et devront être ter-
minées le 17 mai prochain. Ces opérations
ont une importance trop considérable,
elles touchent de trop près les Intérêts
des populations, pour qu'il ne soit pas su-
perflu d'entrer dans quelques détails à ce
sujet.
Ou croit généralement dans le grand
public que le conseil de révision a pour
unique fonction de constater l'aptitude
physique des jeunes conscrits, de les dé-
clarer bons ou mauvais, après les avoir
tous auscultés et pesés.
C'est une erreur. Le conseil de révision
est un véritable tribunal dont les déci-
sions sont souveraines et qui a pour attri-
butions de revoir, comme le mot révision
l'implique, les opérations préliminaires
du recrutement et d'en vérifier la régula-
rité ; de statuer sur les réclamations qui
ont pu se produire sur les causes d'exemp-
tion et de dispense du service, les
ajournements, les sursis et les substi-
tutions de numéros; enfin d'arrêter
les listes du recrutement cantonal. On
le voit, ce sont là des attributions 'Olt
sldérables, qui engagent gravement la
responsabilité du conseil à la fois Vis-à-
vis de l'Etat et des familles ; il importe
dans l'intérêt des jeunes gens inscrits et
du bon recrutement de l'armée, que cha-
cun des membres qui composent le con-
seil soit bien pénétré des devoirs qui luI
incombent. Le ministre de la guerre, dans,
une circulaire spéciale, vient de formuler
à cet égard des prescriptions très nettes,
qu'il n'est pas hors de propos de rappeler
et de commenter au besoin.
La ministre recommande d'abord aux
préfets de présider eux-mêmes aux opé-
rations de la révision et de n'user que
« dans les cas tout à fait exception-
» nels et pour des motifs graves de la fa,
» culte de se faire suppléer comme pr<5-
» sident du conseil par le secrétaire gé-
» néral ou par un conseiller de préfec-
» ture ». Il engage d'une faou. tout aussi
pressante les eonseillers généraux et
conseillers d'arrondissement désignés par,
la commission de permanence du con-
seil général à assister aux séances aux-
quelles Us sont régulièrement convo-
qués, tr leur absence étant de nature à
» entraîner de regrettables conséauen-t
» ces.. Il est clair, en effet, que cesihs
tentions, volontaires ou non, sçiit con.
traires au vœu de la loi, et qu'elles ne
laissent pas que d'être préjudiciables à la
validité morale des dtoisions nrises Dar les
conseils de révision. D'autre part, les po-
pulations ont un intérêt évident à être re
présentées par les élus du suffrage uni-
versel au sein des conseils, qui, en défl
nitlve, statuent sans appel sur la réparti*
tion des charges militaires. J'ajouterai
même que c'est pour elles un droit qui
résulte du mandat donné à leur repré*
sentant et que ceux-ci ne peuvent, sans
manquer en partie à leur mandat, se sous
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