Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-03-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 mars 1879 07 mars 1879
Description : 1879/03/07 (A9,N2634). 1879/03/07 (A9,N2634).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Neuvièing Ai):r),! s- N' !634f
Prix du Numéro à Paris : 15 £P!!Ill: —> Départements : 20 Centimes,
Vendredi 7 Mars 1870"
—.——
LE XIX" SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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BULLETIN
ParIs, 0 Mars 1879.
Le Journal officiel d'hier matin a publié
les décrets portant nomination de M. Le-
père comme ministre de l'intérieur, de
M. Martin-Feuillée comme sous-secrétaire
d'Etat au même département, en rempla-
cement de M. Develle, qui a maintenu sa
démission, et de M. Andrieux, député du
Rhône, comme préfet de police, en rem-
placement de M. Albert Gigot, démission-
naire. Nous sommes heureux d'ajouter
que l'honorable M. Tirard a accepté le mi-
nistère du commerce.
La crise ministérielle continue en Es-
pagne. Le roi a reçu les chefs des princi-
paux partis et semble pencher pour un
ministère de conciliation. Cependant la
nécessité de faire les élections au plus tôt,
et l'urgence des questions cubaines por-
tent à croire que la solution de la crise
sera la formation d'un cabinet sous la pré-
sidence du maréchal Martinez Campos ou
de M. Canovas del Castillo. Le gouverneur
de Cuba réclame pour cette colonie la
modification des tarifs de douane, la révi-
sion des lois relatives à la navigation, l'é-
mancipation des esclaves, etc. Les rensei-
gnements que nous apportent les journaux
de Madrid confirment ce que nous avons dit
hier relativement à l'origine de la crise. Il
paraît, en effet, que le cabinet avait résolu
depuis longtemps de faire savoir au roi,
dans les premiers jours du mois de mars,
au plus tard, que, suivant son opinion,
il fallait dissoudre la partie élective du Sé-
nat, ainsi que le congrès des députés, afin
de pouvoir faire entrer dans le corps lé-
gislatif les sénateurs des Antilles et de
convoquer en même temps les députés
des provinces insulaires et des possessions
d'outre-mer, en vue de donner au nouveau
congrès une constitution homogène et de
créerune loi électorale profondément dis-
tincte de celle qui a servi de base aux der-
nières élections. Le cabinet avait résolu en
même temps de se retirer, pour que le
roi pût résoudre, de sa propre initiative,
toutes les questions relatives à la dissolu-
tion.
Le lichstag a commencé mardi la pre-
mière délibération du projet de loi relatif
à l'indépendance du Parlement. Le prince
de Bismarck pris la parole. Le ton de
son discours semble indiquer qu'il ne se
fait pas beaucoup illusion sur le succès
de son projet de loi. Le parti national-li-
béral serait, en effet, résolu à repousser
ce projet lors de la seconde délibération.
Il est possible, toutefois, qu'au lieu de le
repousser purement et simplement, on
renvoie le projet à une commission, qui
rechercherait s'il convient d'apporter quel-
ques modifications au règlement de la
Chambre.
Une dépêche de BucharesT annonce que
le Sénat et la Chambre se sont mis d ac-
cord, après plusieurs séances secrètes, sur
la question relative à la révision de 1 arti-
cle 7 de la constitution roumaine. Aux
termes de la constitution, il doit y avoir,
-avant le vote définitif, trois lectures du
projet séparées par un intervalle de quinze
jours. 11 faut espérer que les Chambres
roumaines n'hésiteront pas à proclamer
l'égalité politique pour tous les citoyens, à'
quelque religion qu'ils appartiennent.
Une dépêche de Thessalie annonce
qu'une bande de 500 Grecs ont passé la
frontière et détruit quelques villages.
Le Dally NtJws croit savoir que Nubar-
l)âca rentre dans le cabinet égyptien.
E. BARBIER.
»
Bou..rfSe de Pari.s
PETITE BOURSE DU SOIR
800.,. 77 fr. è!;.
loi!"*»"»" M3r».C5,03 3/4, 15,
?nro-"ta fr. 57 1/2, 60. !
Egypte.,. MO fr. 24.062.
Extérieure. t3 fr. 3/4. S7
Banque ottomane.. 50, 50187.
Hongrois .♦ • • • 74 fr. oii6, 1/4.
.italien, ^6 fr. 40.
m
yoici M. Ch. Lepère ministre de l'inté-
rieur avec M. Martin Feuiliée pour sous-
secrétaire d'Etat en remplacement de M.
Develle. Le ministère de l'agriculture et
du commerce, devenu vacant, a été ollert
à M. Tirard, qui a cédé aux instances de
ses amis politises. Nous n'avons pas
besoin de dire combien nous approuvons
«îes choix. Ils accroîtront dans le pays la
Tive espérance de voir succéder enfin la
période du travail et du calme à celle des
agitations parlementaires et des compé-
titions plus ou moins déguisées .dont le
pouvoir est aujourd'hui l'objet.
Il existe cependant encore un parti (et
ce n'est d'aucun des anciens partis mo-
narchiques que nous parlons) qui ne sau-
rait insister à l'attrait des crises ministé-
rielles perpétuées. Ce parti déclare insuf-
fisante l'épuration du ministère, encore
infesté, paraît-il, de « oontre-gauchers. »
Là-dessus, nous relisons soigneusement
la liste des membres du cabinet, et nous
trouvons qu'il n'y figure plus que deux
membres du Centre gauche. Mais on
nous signifie qitf c'est encore trop;
que, malgré tout, ce mystère est encore
centre gauche, et que, non citent d'être
centre gauche il fait de la potage de
centre droit ! Et quand ces deux membres
du centre gauche auront été cueillis, en
quelque sorte, au cours de quelque
interpellation savamment combinée,
sera-t-on content? Ne trouvera-t-on
point que l'honorable lU. Le Royer,
et l'honorable M. Lepère, et tous
leurs collègues, sont eux-mêmes de-
ve-nus des « centre-gauchers » réaction-
nair"\s? Où s'arrêtera t-on ? Faudra-t-il
renonce: à la stabilité dans le gouverne-
ment de là France jusqu'à ce que toutes
les ambition soient contentées et tous les
désirs assouvis?
Eii vérité, UO "S admirons cette ardeur
infatigable. Le phénomène du combat
pour le pouvoir, que Darwin n'avait pas
observé ni prévu, devient le pendant du
combat pour la vie. Que d'âpreté et que
d'impatience 1 Un ministre est à peine di-
géré, comme disait hier un républi-
cain du Sénat, qu'on s'apprête à en
dévorer un autre. L'appétit revient vite.
On n'en est plus même, âujourd'huÍt aux
précautions de langage qu'on observait,
il y a vingt-quatre heures, quand on se dé-
fendait de chercher les occasions de ren-
verser des ministres. Actuellement, avec
un surprenant dédain des objections
de la raison publique, on professe la
théorie chère à M. Rouher, la théorie de
l'artichaut qui se doit manger feuille à
feuille. On nous dit qu'il faut « cheminer
par des transitions successives vers un
ministère républicain qui soit parfaite-
ment en harmonie avec le mouvement na-
tional, etc., -- » et l'on ajoute: « Quand
une occasion Be présente pour se rappro-
cher de ce but, ce serait une bien grande
faute de la perdre. » En style moins raf-
finé, les députés bonapartistes s'écriaient
l'autre jour, après l'exécution de M. de
Marcère : « A qui le tour? »
Eh bien ! non ; il est temps que l'on s'ar-
rête sur cette pente où le pays commence
à voir avec regret rouler le gouverne-
ment de la République. Le ministère ac-
tuel est parfaitement en harmonie avec
le mouvement national, pour nous servir
du pathos qu'on emploie ; c'est justement
ce qui fait sa force et ce qui le maintien-
dra aux affaires, pour le bien de la Ré-
publique, s'il le veut fermement. Mais il
faut ressaisir la direction de la Chambre,
où quantité de bons républicains se sen-
tent désorientés et ne demandent qu'à être
dirigés. Il faut en finir avec cette espèce
d'effacement, d'abdication, d'abandon de
tout rôle directeur qui a été, depuis un
mois, la grande faute du ministère. Il
faut que les ministres forment un fais-
ceau, qu'ils multiplient entre eux les
conférences pour éviter les erreurs In-
dividuelles comme celles qu'a expiées
M. de Marcère, et qu'ils ne rompent ja-
mais devant les Chambres la solidarité
qui doit les unir. Il faut en un mot
qu'ils se conduisent de telle sorte qu'on
ne puisse attaquer l'un d'eux sans atta-
quer tout le cabinet. Autrement, faibles,
isolés, ils succomberont l'un après l'au-
tre à tout assaut mené un peu adroite-
ment, et succomberont dans une pos-
ture peu digne. Donc plus de politique
individuelle entraînant des échecs in-
dividuels ; mais une politique collective,
toujours inspirée d'un esprit de solidarité.
Et l'on aura pour soi l'opinion publique,
l'opinion du pays, du pays tout entier,
qui veut le repos et la paix qu'on lui a
promis, et pour qui toute politique con-
traire au repos et à la paix est intoléra-
ble. Appuyé par l'opinion, le ministère
trouvera toujours une majorité dans la
Chambre, parce que l'opinion est une
force devant qui les majorités parlemen-
taires finissent toujours par s'incliner.
Mais qu'il aille de l'avant, et qu'on n'a-
perçoive jamais d'hésitation dans ses
actes ni dans ses paroles ! Qu'il sache
dire avec fermeté : « Suivez-moi ! » pour
être suivi.
Emt LIÉDÎfT.
——— ————————.
La gauche républicaine s'est réunie,
hier, dans le local ordinaire de ses
séances (boulevard des Capucines), pour
discuter une question d'ordre intérieur
qui a une véritable importance politi-
que.
On sait que la réunion de la gauche ré-
publicaine, placée par la géographie par-
lementaire entre le centre gauche et l'U-
nion républicaine, était devenue comme
le lieu de rendez-vous des deux autres
groupes. Uii, simple chiffre donnera une
idée de la situation : deux cent cinquante
membres environ sont inscrits à la gauche
républicaine.
Cette fusion des nuances, qui a eulong|
temps un excellent côté, a toutefois un
petit inconvénient : c'est d'enlever au
groupe de la gauche républicaine son ca-
ractère propre ; selon que l'élément centre
gauche venait en grande quantité tel jour
et l'élément Union républicaine affluait
plus compacte le lendemain, les déci-
sions de la réunion pouvaient s'en res-
sentir. Aussi un certain nombre de députés
ont-ils exprimé le désir de voir restituer à
la gauche rôDublicaine son autonomie :
tout membrelnscrit à la gauche républi-
caine ne pourrait faire partie d'une autre
réunion parlementaire.
Telle est la question qui a été débattue
hier. Elle est assez importante pour qu'au-
cune décision n'ait été prise séance ta*
nante. Vendredi prochain, aura lieu une
nouvelle réunion.
un. 11 -, 1
Nouvelles parlementaires
Un grand nombre de commissions ont siégé
hier au Palais-Bourbon.
La commission d'enquête électorale réunie
à une heure ne s'est séparée qu'à quatre
heures.
Au début de la séance, M. le président a
donné lecture d'une communication de M. le
uiiuistra de l'intérieur, demandant à connaître
le rapport de M. Brisson.
Un Becret absolu a été gardé sur la délibé-
ration. La commission s'est ajournée à ven-
dredi, après avoir décidé que le rapport gé-
néral serait çQqnlqq | M. le minier© 4P
l'intérieur,
*
* »
La commission de$ voies navigables aura
probablement terminé son travail vers le
15 avril. Elle a décidé qu'elle consacrerait le
vendredi de chaque semaine aux études des
sous-commissions et le mercredi à fexamen
et à la discussion des rapports.
*
* «
La commission de l'instruction publique
n'a pris aucune résolution. La séance a été
consacrée à un échange d'idéss entre le mi-
nistre et la commission.
*
# *
La commission relative au tarif général des
douanes a terminé son enquête après avoir
entendu M. de Rerjégu, qui a déposé sur
l'agriculture.
#
Là BôUs-éôtûtnissiôn dà la préssé s'st de-
cupée de la librairie èt de la responsabilité
dé nmprimeur. Dans quelque jours la com-
mission générale statuera sur les. décisions
prises par la sous-commission.
*
« «
La 6® commission d'initiative a examiné une
proposition de M. Talandler tendant à la no-
mination d'une commission qui serait char-
gée de faire l'inventaire de la fortune de la
France.
M. le ministre des finances, entendu par la
commission, a combattu la proposition, tout
en déclarant qu'il était prêt. à fournir aux dé-
putés tous les éléments d'informations dont 11
dispose.
La commission s'est prononcée pour la non
prise en considération de la proposition de M.
Talandier, et a nommé M. Marlon rapporteur.
————— » —————
CAISSES D'ÉPÀRGNE SCOLAIRES
Une des objections les plus sérieuses à
mon avis, la seule sérieuse peut-être,que
l'on fasse à cette institution nouvelle,
c'est qu'elle exige une complication d'é-
critures assez considérable, c'est qu'elle
impose aux instituteurs et aux institutri-
ces, déjà surchargés de besogne, un no-
table surcroît de travail. Vous vous en
rendrez aisément compte si vous vous
rappelez les détails que j'ai déjà donnés
bien souvent sur les caisses d'épargne
scolaires.
Supposez une école de cent enfants.
Il faut que chacun ait son compte ouvert
et sans cesse à jour. Il faut, quand les
sous additionnés ont formé un franc,
l'aller placer à la grande caisse d'épar.
gne au nom de l'enfant, et, si la chose
est possible, avec l'enfant. Il faut sur-
veiller les livrets et même les garder.
Voilà des soins bien minutieux et de tous
les jours.
Les villes riches ont tranché la ques-
tion en votant une indemnité aux maîtres
d'école. Mais la plupart des communes
n'ont qu'un budget très limité ; elles se
sont déjà saigné aux quatre veines pour
établir chez elles l'enseignement laïque,
et elles ne pourraient consentir de nou-
veaux sacrifices.
C'est donc là la pierre d'achoppement
des caisses d'épargne scolaires. Il fau-
drait trouver un moyen de supprimer
tout ce fatras d'écritures, qui rendent si
difficile et si coûteux le fonctionnement
de cette institution.
Eh bien ! ce problème Vient d'être ré-
solu de la façon la plus simple et la plus
ingénieuse par M. Millour, secrétaire en
chef de la mairie de Brest. Ce système a
été exposé tout au long dans la Revue
générale d'administration (numéro du
mois de septembre 1878). Mais il est si
aisé à comprendre qu'on peut le résu-
mer en quelques lignes.
L'auteur propose de créer des timbres
d'épargne scolaire de valeurs différentes,
depuis 5 cent. jusqu'à 25 cent. Ces
timbres d'épargne scolaire, dont la nuan-
ce varierait avec la valeur, seraient de la
largeur d'un timbre-quittance. Les en-
fants seraient pourvus d'un carnet pro-
pre à recevoir ces timbres. Le carnet se-
rait de dix feuilles, chaque feuille offrant
huit ou dix carrés pour autant de timbres
d'épargne scolaire.
Il n'y a rien de plus simple, n'est-ce
pas? que cette combinaison.
Le maitre d'école aurait toujours chez
lui un petit approvisionnement de ces
timbres (sur lesquels même l'administra-
tion pourrait lui faire une légère remise
pour l'encourager). L'enfant les achète-
rait et les collerait lui-même sur son car-
net d'épargne. Les bons points, au lieu
d'être inscrits sur un registre ad hec, se-
raient tout aussitôt décernés à l'élève
sous la forme visible et palpable d'un
timbre, qu'il aurait le plaisir d'ajouter
lui-même à sa collection.
Quand ces timbres d'épargne scolai-
re auraient atteint un franc, l'enfant s'en
irait de son pied léger à la grande caisse
d'épargne, et se ferait inscrire sur un li-
vret à son nom son franc d'économies.
Plus d'écritures, plus de reçus; point
d'inspection spéciale, puisque les mal-
versations sont devenues impossibles.
L'enfant donne un sou, on lui rend, un
timbre. Cela est clair, net, et ne saurait
prêter à la fraude.
En outre des avantages matériels de
cette combinaison, j'en vois d'autres,
qui, découlant de la facilité de se procu-
rer des timbres d'épargne scolaire, aide-
raient à propager l'institution nouvelle.
Beaucoup de personnes riches et bien-
faisantes ne demanderaient pas mieux
que d'avoir un moyen pratique d'encou-
rager les progrès des élèves de nos
écoles communales. Il leur est bien diffi-
cile, en l'état actuel, de donner de petites
sommes pour être distribuées aux plus
méritants': le maître d'école n'accepte-
rait pas. Quelques-unes envoient des li -
vres ; mais le règlement (et il est en cela
fort sage) exige que le livre et le dona-
teur soient agréés l'un et l'autre de
l'administration. Ce sont des formalités
à rèispliE qui arrêtent les bons vouloirs.
Admettez que les timbres d'épargne
scolaire existent, et qu'il soit facile de
s'en procurer soit à la poste, soit à l'en-
registrement, soit même dans certains
bureaux de tabac ; on en achète une
feuille, et l'on peut faire, à bon compte,
des générosités qui seront fort apprécies.
On a toujours quelque pudeur à mettre
dans la main de l'enfant une pièce de
monnaie ; cela sent l'aumône. Mais on
dit au petit bonhomme :
— Voyons 1 montre-moi ton carnet d'é-
pargne.
Si le carnet èstbien tenu et propre, on
lui en fait compliment, et l'on y colle,
d'un geste sournois, deux ou trois tim-
bres de 25 cèntimes. Les'vingt sous que
l'on eût donnés auraient fait beaucoup
moins de plaisir.
M* Millour entre ensuite dans le détail
des procédés qu'exigeraient la fabrication,
la mise en vente et le maniement de ces
timbres d'épargne scolaire. Tout ce qu'il
dit me paraît de fort bon sens. Mais je ne
le suivrai pas sur ce terrain. Il nous suf-
fit, à nous, que l'idée première soit juste
et ingénieuse. C'est affaire aux hommes
du métier de régler les détails de l'exé-
cution.
Il me semble que ce système, avant
d'être étendu à toute la France, pourrait
être mis à l'essai dans une ou deux vil-
les. Lyon, qui a déjà tant fait pour les
caisses d'épargne scolaires, nous ren-
drait service si elle tentait cette nouvelle
expérience. Il lui serait facile de se faire
faire des timbres de cette espèce par
l'industrie privée. Si la chose réussissait
chez elle, le gouvernement en aurait bien
plus de force et de sécurité pour l'appli-
quer à toutes les écoles de notre pays.
Il est vrai que ce serait une rude con-
currence au sou de la Sainte-Enfance.
Mais un procès récent vient de montrer
qu'il y a quelques inconvénients à recueil-
lir de petits Chinois.
FRANCISQUE SARCËY.
Le Journal officiel publie les décrets
suivants :
Le président de la République française.
Sur la proposition du président du con-
seil, ministre des affairas étrangères,
Décrète :
Art. 1er. - M. Lepère, député, ministre de
l'agriculture et du commerce, est nommé
ministre de l'intérieur et des cultes, en rem-
placement do M. de Marcère, dont la démis-
sion est acceptée.
Art. 2. Le président du conseil, ministre
des affaires étrangères, est chargé de l'exé-
cution du présent décret.
Fait à Paris, le 4 mars 1879.
JULES GRBVY.
Par le président de la République :.
Le président du conseil, ministre
des affaires étrangères,
WADDINGTON.
Le président de la République française,
Sur la proposition du ministre de l'inté-
rieur et des cultes,
Décrète :
Article ier. M. Martin-Feuillée, député, est
nommé sous-secrétaire d'Etat au ministère de
l'intérieur et des cultes, en remplacement de
M. Develle, dont la démission est acceptée.
Art. 2. Le ministre de l'intérieur et des
cultes est chargé de l'exécution du présent
décret.
Fait à Paris, le 4 mars 1879.
JULES GRÉ VY.
Par le président de la République :
Le ministre cle l'intérieur et des cultes,
CH. LEPÈRE.
Le président de la République française,
Sur la proposition du ministre de l'intérieur
et des cultes,
Décrète :
Art. 1er. — M. Andrieux, député, est nom-
mé préfet de police en remplacement de
M. Albert Gigot, dont la démission est accep-
tée.
Art. 2. — Le ministre de l'intérieur et des
cultes est chargé de l'exécution du présent
décret.
Fait à Paris, le 4 mars 1879.
JULES GRÉVY.
Par le président de la République :
Le ministre de l'intérieur et des cultes,
CH. LEPÈRE
Le décret nommant M. Tirard ministre
de l'agriculture et du commerce paraîtra
aujourd'hui au Journal officiel.
-———— ————
L'A V ANCEIENT DES OFFICIERS
On sait que la délibération de la loi
d'état-major a été ajournée à un mois, et,
si l'on en juge par la tournure qu'avait
prise la discussion générale ébauchée de-
vant la Chambre, il y a tout lieu de croire
que cette éternelle question de l'état-ma-
jor commence à apparaître à bon nombre
de députés sous son vrai jour. Il semble
qu'il y ait en ce moment un revirement
d'opinion assez sensible et qu'on soit, en
général, assez entraîné vers des idées
moins absolues que dans ces derniers
temps, plus sérieuses, à mon avis, et plus
pratiques. C'était un peu à prévoir, en
conscience, et, pour ma part, je ne puis
que me féliciter d'avoir plaidé l'ajourne-
ment, deux jours avant de savoir si la
Chambre serait disposée à le voter.
Aussi bien je n'insisterai pas sur ces ten-
dances nouvelles ; je n'en ai pas autrement
contre le projet d'état-major, qui me pa-
raît assez endommagé pour qu un dernier
coup de boutoir soit inutile.
Mais au cours de la discussion engagée
l'autre jour, j'ai saisi au vol les sages par
roles qui méritent qu'on les commente.
L'honorable M. des Roys, examinant cer-
taines dispositions du projet Tézenas, a
été amené par la connexité même des
questions à soulever celle de l'avance-
ment : « Je crois, a-t-il dit, que nous tour-
a nons dans un cercle vicieux, parce que
» le vote d'une loi sur l'avancement au-
» rait dû précéder cette discussion. » C'est
là une vérité qui n'est plus à dé-
montrer; les écrivains les plus auto-
frisés en matière militaire ont fait la lu-
mière aussi complète que possible sur
ce point; mais, si je ne m'abuse, c'est la
première fois que cette opinion est formu-
lée à la tribune dans des termes aussi nets.
Les détails et les chiffres dont l'honorable
M. dès Roys à appuya son dire sont d'Une
précision trop concluante pour que je tes
passe sous silence. Je cite textuellement :
« On met dans le génie six ans, dans
» l'artillerie huit ans, dans la cavalerie
» quatorze ans et dans l'infanterie quinte
» ans pour arriver capitaine à l'ancien-
» neté. » '-
VoilVen quatre lignes un tableau saisis-
sant des Inégalités que consacre la loi dé
1834, aussi démodée que l'organisation
militaire pour laquelle elle a été faite. Ce
tableau est d'une vérité rigoureuse; plus
le temps marche, plus la situation s'ag-
grave, plus les inégalités signalées par
l'honorable député de l'Aube deviendront
choquantes.
On a beaucoup parlé « de l'inquiétude
qui se serait manifestée dans l'armée au
sujet des retards apportés dans l'élabora-
tion de la loi d'état-major ; on y a même,
à mon sens, insisté plus qu'il ne convient.
Ce qu'il eût été plus juste de dire,c'est que
l'opinion commence à s'émouvoir de l'in-
curie de la commission militaire chargée
de préparer un projet sur l'avancement.
Cette loi d'avancement est une loi d'in-
térêt général qui touche à un égal de-
gré tous les membres de la grande
famille militaire. La vérité est que fau-
te de cette loi, qui assurera le recrute-
ment de nos cadres d'officiers d'après des
principes rationnels, qui déterminera les
conditions d'avancement d'après des rè-
gles plus équitables et aussi mieux appro-
priées aux nécessités d'une situation nou-
velle; qui devra, dans la distribution des
grades, faire plus judicieusement la part
due à l'ancienneté en réservant largement
les droits du mérite et du savoir consta-
tés avec impartialité et conscience; qui
fermera net aux incapables l'accès des gra-
des supérieurs; qui rétablira l'équilibre au-
jourd'hui rompu de la façon la plus in-
juste entre les chances d'avenir des offi-
ciers des différentes armes ; qui devra
mettre chacun à sa place en endiguant
résolûment les ambitions outrées des im-
patients , en ouvrant au contraire aux
déshérités du moment là perspective d'un
avenir meilleur ; faute d'une loi qui réali-
sera à bref délai toutes ces réformes ur-
gentes, nous n'aurons qu'une organisation
boiteuse.
Cela est évident; c'est une vérité qui
crève les yeux des moins clairvoyants. Les
plus chauds partisans de ce qu'on appelle
avec emphase l'ancienne farmée commen-
cent eux-mêmes à être ébranlés dans leurs
convictions ; ils y ont mis le temps, mais
enfin ils y arrivent. Demain, je le gage-
rais, il n'y aura plus, pour défendre la loi
de 1834, que ceux de nos vieux généraux
qui doivent en partie leur haute situa-
tion dans l'armée à une réglementation
de l'avancement usée, démodée, Insuffi-
sante aujourd'hui, et qui, parqués dans
les souvenirs du passé, ne veulent point
voir les erreurs imputables aux dispensa-
teurs de l'avancement, ne veulent point
entendre les doléances des victimes de ce
régime absurde.
S'il fallait une preuve nouvelle des abus
que je signale, c'est dans les agissements
de la commission de classement qu'on la
trouverait. Elle vient tout justement de
livrer à la publicité la première partie de
ses travaux. De l'étude de ces documents
il ressort clairement ce que j'ai dit ici
tant de fois, à savoir que si la loi de 1834
est devenue dangereuse dans son applica-
tion, la commission de classement qui a
mission d'en régler le fonctionnement est
l'organe impuissant d'une Institution In-
suffisante. L'avenir des. officiers de notre
armée est livré sans défense aux décisions
souveraines de cette commission, qui —
j'ai eu déjà l'occasion de le dire — même
animée des meilleures intentions du
monde, de l'esprit le plus impartial, en
arrive à des résultats absolument invrai-
semblables.
Voulez-vous un exemple entre mille ? Je
l'emprunte à une étude consciencieuse
d'une feuille spéciale, l'Armée française.
Ce journal, j'ai plaisir à le constater en
passant, s'est mis en quelques mois au
premier rang dans la presse militaire, en
prenant en mains avec vigueur et autorité
la défense des grands intérêts de l'armée,
en se faisant surtout le défenseur ardent
des droits de l'infanterie, si modeste, si ou-
bliée. si patiente. L'Armée française donc
a eu la curiosité d'examiner à la loupe les
différents tableaux de classement publiés
ces jours derniers. Il résulte de cet examen
que certains capitaines d'état-major pro-
posés pour l'avancement ont obtenu un
numéro de choix supérieur à leur numéro
d'ancienneté ; tel capitaine ayant le n° 10
sur l'Annuaire a été jugé digne du n° 17
au classement de la commission. Si l'on
veut bien considérer que l'avancement est
attribué moitié au tour de choix, moitié
au tour d'ancienneté, on voit que l'officier
pris pour exemple passera chef d'esca-
dron à l'ancienneté bien avant le tour qui
lui est assigné au choix. Alors, pourquoi
le proposer au choix? Et avec l'Armée
française, Je dirai : « Qu'est-ce que signifie
» donc un tableau de classement ainsi
établi ? »
- Ge n'est pas la seule bizarrerie relevée
parle môme journal. Le classement des
chefe de bataillon d'infanterie proposés
pour le grade de lieutenant-colonel lui
inspire les réflexions suivantes: « Il est
» évident qu'il n'y a pas d'équilibre dans
» ce mode de classement. Le sort d'offi-
» clers quelquefois fort méritants dépend
» de l'influence exercée par le comman-
» dant du corps d'armée, influence em-
» ployée, du reste, dans un excellent-but,
» puisque chaque membre de la commis-
» sion de classement doit tenir à récom-
» penser les -officiers placés sous ses or-
u dres et qui lui rendent des services
» réels. Le plus ou moins de chance dé-
» pend aussi du plus ou moins grand
» nombre d'officiers de valeur qui se trou-
» vent dans le môme corps d'armée et de
a leur plus ou moins grande ancienneté.
» Le système est, en résumé, fort vi-
» cieUx, et il est urgent de le modifier. »
Il ne me semble pas qu'il soit nécessai.,
re de multiplier les exemples et les eHa"
talions. La cause est entendue, je vous ea
réponds ; interrogez le premier officie*
venu sur cette question ; vous 'n'en trou ,
verez pue un qui ne condamne formelle-
ment et la loi d'avancement et les procé-
dés de la haute commission de classe-
ment.
Il serait intéressant toutefois de savoir
ce que pense à ce sujet M. le ministre de
la guerre et il y aurait, Je crois, un moyen
bien simple de l'engager à formuler son
opinion. n suffirait qu'un de nos dé*
putés prît l'initiative d'une proposi-i
tion de loi sur l'avancement en 1^
motivant d'une part sur l'impossible
lité de voter la loi d'état-major en 1 état de
la question, d'autre part sur les lenteurs
inexplicables de la commission extra-par
lementaire chargée d'élaborer un projet
semblable ; puis, qu'il déposât sa proposi-
tion sur le bureau de la Chambre en de-i
mandant l'urgence. Bien certainement,
par cette procédure, très régulière, on
amènerait à la tribune M. le ministre, qui"
s'il y a quelque part un projet préparé,
mais oublié, saurait sans doute le tirer,
du néant.
Voilà ce qu'il est urgent de faire ; voilà'
ce que l'armée tout entière, sans distinc-
tion d'armes, verrait avecplaisir, et je crois;
pouvoir promettre uii Joli succès au' dé-
puté bien avisé qui viendrait dire à la*
Chambre : « Depuis quatre ans et plus, aIl.
» s'agite dans le vague, on veut recruter
» les officiers en service ou en corps d'é
» tat-major avant de savoir au juste comt
» ment il vaut mieux recruter les ca.
» dres. Faisons d'abord une loi d'avance.
» ment, et la loi d'état-major sera facile à
» faire. » En tenant un pareil langage, ce
député aurait placé la question sur son
véritable terrain, et préparé la solution
d'un problème difficile à résoudre, —11 y
paraît. * - v.. ?.
LOUIS HENlUUE.
— ♦ ————
Iji'Afgliaiiistaii.
L'Agence Havas nous communique la
dépêche suivante, adressée au New-York
Herald :
Tachkent, 3 mars, 6 h. 50.
La mort de l'émir est annoncée comme
certaine par des émissaires précédant Ici le
médecin qui avait prédit ce dénouement et
qui revient à Tachkent. La notification offi-
cielle nous manque encore et les ambassa-
deurs afghans eux-mêmes ignorent la vé-
rité.
Dans la première conférence tenue aujour-
d'hui avec le général Kauffmann, les ambas-
sadeurs ont déclaré officiellement, au nom de
l'émir, qu'il refusera éternellement de traiter
directement avec les Anglais, mais qu'il obéira
aveuglement à l'empereur, soit au prix dë
l'abandon d'une partie ou mémo de la totalitS
de son territoire, soit au prix d'une guerre
qui, selon l'émir, peut être soutenue pendant
deux ans. Les ambassadeurs affirment qufc
Yacoub-Khan pense sur ce sujet comme son *
père. Le général a répondu qu'il en référé-
rait à Saint-Pétersbourg.
Le général Kauffmann attend la nouvelle au-
thentique de la mort de l'émir pour déclarer
aux ambassadeurs que leurs pleins pouvôira
sont expirés ou suspendus, jusqu'à ce qu'ils
en reçoivent de nouveaux du successeur dû
Shire-Ali.
Lettre de Belgique
- J'étais, à Bruxelles dimanche dernfèr
et j'y suis tombé en plein carnaval. Le
grand jour du carnaval bruxellois, c'est
le premier dimanche de carême, Je na
vous ferai pas la description de la fête,
qui a été très-brillante ; ce n'est pas mon
métier de faire des descriptions. Pour un
Parisien de 1879, c'est un spectacle as-
sez curieux que plusieurs milliers de
personnes se déguisant pour leur plai-
sir et s'amusant pour tout de bon à s'en-
fariner le visage ou à s'affubler de nez
de carton grotesques. Mais voici ce
qui m'a surtout frappé. De distance,
en distance, partout où circulaient les
masques et où se pressait la foule, on ren- -
contrait un individu, masqué lui-même,,
et qui présentait aux passants une grosse
tire-lire. Savez-vous bien ce que faisait
ce masque-là ? Il faisait une chose très
sérieuse. Il quêtait pour les écoles laï-
ques. Oui, vraiment, pour les écoles, en
plein carnaval, au beau milieu de la fo-
lie populaire, et il ne perdait pas son
temps, car beaucoup de passants lais-
saient tomber quelques sous dans sa
tire-lire. C'est ainsi que l'on entend et
que l'on pratique ici l'association pour
les bonnes œuvres laïques, qui valent
largement les autres.
On quête au beau milieu du carnaval;
on fait mieux, on y contribue. L'an der-
nier, le jour de la Mi-Carême, les asso-
ciations bruxelloises pour l'instruction,
ont organisé une grande cavalcade Vi
paraît qu'elle a été superbe. Les étudié
libéraux de la ville, qui ne figuraient pas
dans le cortège, s'étaient faits frères quê-
teurs pour la circonstance. En ce seul
jour, on a recueilli pour les écoles trente-
cinq mille francs. Avoue que la chose
en vaut la peine. On va. probablement re-
commencer cette amnée.
Partout de? boîtes-sont déposées, dans
des établissements publics ou privés, où
celui qui se sent quelques sous de trop
dans la poene peut s'en débarrasser au
profit de la cause de l'enseignement po-
pulaire. C'est l'œuvre du sou des écoles
cette œuvre que notre ami Vauchez le-
zélé secrétaire de la Ligue de l'enseigruJ
ment, travaille en ce moment même à
introduire en France. Ses résultats sont
admirables. En 1878, elle n'a pas ra"
semblé en Belgique moins de trois cent
mille francs. Jugez de ce qu'elle pour-
rait produire en notre grand pays de
i Quel coup de main vigou
Prix du Numéro à Paris : 15 £P!!Ill: —> Départements : 20 Centimes,
Vendredi 7 Mars 1870"
—.——
LE XIX" SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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BULLETIN
ParIs, 0 Mars 1879.
Le Journal officiel d'hier matin a publié
les décrets portant nomination de M. Le-
père comme ministre de l'intérieur, de
M. Martin-Feuillée comme sous-secrétaire
d'Etat au même département, en rempla-
cement de M. Develle, qui a maintenu sa
démission, et de M. Andrieux, député du
Rhône, comme préfet de police, en rem-
placement de M. Albert Gigot, démission-
naire. Nous sommes heureux d'ajouter
que l'honorable M. Tirard a accepté le mi-
nistère du commerce.
La crise ministérielle continue en Es-
pagne. Le roi a reçu les chefs des princi-
paux partis et semble pencher pour un
ministère de conciliation. Cependant la
nécessité de faire les élections au plus tôt,
et l'urgence des questions cubaines por-
tent à croire que la solution de la crise
sera la formation d'un cabinet sous la pré-
sidence du maréchal Martinez Campos ou
de M. Canovas del Castillo. Le gouverneur
de Cuba réclame pour cette colonie la
modification des tarifs de douane, la révi-
sion des lois relatives à la navigation, l'é-
mancipation des esclaves, etc. Les rensei-
gnements que nous apportent les journaux
de Madrid confirment ce que nous avons dit
hier relativement à l'origine de la crise. Il
paraît, en effet, que le cabinet avait résolu
depuis longtemps de faire savoir au roi,
dans les premiers jours du mois de mars,
au plus tard, que, suivant son opinion,
il fallait dissoudre la partie élective du Sé-
nat, ainsi que le congrès des députés, afin
de pouvoir faire entrer dans le corps lé-
gislatif les sénateurs des Antilles et de
convoquer en même temps les députés
des provinces insulaires et des possessions
d'outre-mer, en vue de donner au nouveau
congrès une constitution homogène et de
créerune loi électorale profondément dis-
tincte de celle qui a servi de base aux der-
nières élections. Le cabinet avait résolu en
même temps de se retirer, pour que le
roi pût résoudre, de sa propre initiative,
toutes les questions relatives à la dissolu-
tion.
Le lichstag a commencé mardi la pre-
mière délibération du projet de loi relatif
à l'indépendance du Parlement. Le prince
de Bismarck pris la parole. Le ton de
son discours semble indiquer qu'il ne se
fait pas beaucoup illusion sur le succès
de son projet de loi. Le parti national-li-
béral serait, en effet, résolu à repousser
ce projet lors de la seconde délibération.
Il est possible, toutefois, qu'au lieu de le
repousser purement et simplement, on
renvoie le projet à une commission, qui
rechercherait s'il convient d'apporter quel-
ques modifications au règlement de la
Chambre.
Une dépêche de BucharesT annonce que
le Sénat et la Chambre se sont mis d ac-
cord, après plusieurs séances secrètes, sur
la question relative à la révision de 1 arti-
cle 7 de la constitution roumaine. Aux
termes de la constitution, il doit y avoir,
-avant le vote définitif, trois lectures du
projet séparées par un intervalle de quinze
jours. 11 faut espérer que les Chambres
roumaines n'hésiteront pas à proclamer
l'égalité politique pour tous les citoyens, à'
quelque religion qu'ils appartiennent.
Une dépêche de Thessalie annonce
qu'une bande de 500 Grecs ont passé la
frontière et détruit quelques villages.
Le Dally NtJws croit savoir que Nubar-
l)âca rentre dans le cabinet égyptien.
E. BARBIER.
»
Bou..rfSe de Pari.s
PETITE BOURSE DU SOIR
800.,. 77 fr. è!;.
loi!"*»"»" M3r».C5,03 3/4, 15,
?nro-"ta fr. 57 1/2, 60. !
Egypte.,. MO fr. 24.062.
Extérieure. t3 fr. 3/4. S7
Banque ottomane.. 50, 50187.
Hongrois .♦ • • • 74 fr. oii6, 1/4.
.italien, ^6 fr. 40.
m
yoici M. Ch. Lepère ministre de l'inté-
rieur avec M. Martin Feuiliée pour sous-
secrétaire d'Etat en remplacement de M.
Develle. Le ministère de l'agriculture et
du commerce, devenu vacant, a été ollert
à M. Tirard, qui a cédé aux instances de
ses amis politises. Nous n'avons pas
besoin de dire combien nous approuvons
«îes choix. Ils accroîtront dans le pays la
Tive espérance de voir succéder enfin la
période du travail et du calme à celle des
agitations parlementaires et des compé-
titions plus ou moins déguisées .dont le
pouvoir est aujourd'hui l'objet.
Il existe cependant encore un parti (et
ce n'est d'aucun des anciens partis mo-
narchiques que nous parlons) qui ne sau-
rait insister à l'attrait des crises ministé-
rielles perpétuées. Ce parti déclare insuf-
fisante l'épuration du ministère, encore
infesté, paraît-il, de « oontre-gauchers. »
Là-dessus, nous relisons soigneusement
la liste des membres du cabinet, et nous
trouvons qu'il n'y figure plus que deux
membres du Centre gauche. Mais on
nous signifie qitf c'est encore trop;
que, malgré tout, ce mystère est encore
centre gauche, et que, non citent d'être
centre gauche il fait de la potage de
centre droit ! Et quand ces deux membres
du centre gauche auront été cueillis, en
quelque sorte, au cours de quelque
interpellation savamment combinée,
sera-t-on content? Ne trouvera-t-on
point que l'honorable lU. Le Royer,
et l'honorable M. Lepère, et tous
leurs collègues, sont eux-mêmes de-
ve-nus des « centre-gauchers » réaction-
nair"\s? Où s'arrêtera t-on ? Faudra-t-il
renonce: à la stabilité dans le gouverne-
ment de là France jusqu'à ce que toutes
les ambition soient contentées et tous les
désirs assouvis?
Eii vérité, UO "S admirons cette ardeur
infatigable. Le phénomène du combat
pour le pouvoir, que Darwin n'avait pas
observé ni prévu, devient le pendant du
combat pour la vie. Que d'âpreté et que
d'impatience 1 Un ministre est à peine di-
géré, comme disait hier un républi-
cain du Sénat, qu'on s'apprête à en
dévorer un autre. L'appétit revient vite.
On n'en est plus même, âujourd'huÍt aux
précautions de langage qu'on observait,
il y a vingt-quatre heures, quand on se dé-
fendait de chercher les occasions de ren-
verser des ministres. Actuellement, avec
un surprenant dédain des objections
de la raison publique, on professe la
théorie chère à M. Rouher, la théorie de
l'artichaut qui se doit manger feuille à
feuille. On nous dit qu'il faut « cheminer
par des transitions successives vers un
ministère républicain qui soit parfaite-
ment en harmonie avec le mouvement na-
tional, etc., -- » et l'on ajoute: « Quand
une occasion Be présente pour se rappro-
cher de ce but, ce serait une bien grande
faute de la perdre. » En style moins raf-
finé, les députés bonapartistes s'écriaient
l'autre jour, après l'exécution de M. de
Marcère : « A qui le tour? »
Eh bien ! non ; il est temps que l'on s'ar-
rête sur cette pente où le pays commence
à voir avec regret rouler le gouverne-
ment de la République. Le ministère ac-
tuel est parfaitement en harmonie avec
le mouvement national, pour nous servir
du pathos qu'on emploie ; c'est justement
ce qui fait sa force et ce qui le maintien-
dra aux affaires, pour le bien de la Ré-
publique, s'il le veut fermement. Mais il
faut ressaisir la direction de la Chambre,
où quantité de bons républicains se sen-
tent désorientés et ne demandent qu'à être
dirigés. Il faut en finir avec cette espèce
d'effacement, d'abdication, d'abandon de
tout rôle directeur qui a été, depuis un
mois, la grande faute du ministère. Il
faut que les ministres forment un fais-
ceau, qu'ils multiplient entre eux les
conférences pour éviter les erreurs In-
dividuelles comme celles qu'a expiées
M. de Marcère, et qu'ils ne rompent ja-
mais devant les Chambres la solidarité
qui doit les unir. Il faut en un mot
qu'ils se conduisent de telle sorte qu'on
ne puisse attaquer l'un d'eux sans atta-
quer tout le cabinet. Autrement, faibles,
isolés, ils succomberont l'un après l'au-
tre à tout assaut mené un peu adroite-
ment, et succomberont dans une pos-
ture peu digne. Donc plus de politique
individuelle entraînant des échecs in-
dividuels ; mais une politique collective,
toujours inspirée d'un esprit de solidarité.
Et l'on aura pour soi l'opinion publique,
l'opinion du pays, du pays tout entier,
qui veut le repos et la paix qu'on lui a
promis, et pour qui toute politique con-
traire au repos et à la paix est intoléra-
ble. Appuyé par l'opinion, le ministère
trouvera toujours une majorité dans la
Chambre, parce que l'opinion est une
force devant qui les majorités parlemen-
taires finissent toujours par s'incliner.
Mais qu'il aille de l'avant, et qu'on n'a-
perçoive jamais d'hésitation dans ses
actes ni dans ses paroles ! Qu'il sache
dire avec fermeté : « Suivez-moi ! » pour
être suivi.
Emt LIÉDÎfT.
——— ————————.
La gauche républicaine s'est réunie,
hier, dans le local ordinaire de ses
séances (boulevard des Capucines), pour
discuter une question d'ordre intérieur
qui a une véritable importance politi-
que.
On sait que la réunion de la gauche ré-
publicaine, placée par la géographie par-
lementaire entre le centre gauche et l'U-
nion républicaine, était devenue comme
le lieu de rendez-vous des deux autres
groupes. Uii, simple chiffre donnera une
idée de la situation : deux cent cinquante
membres environ sont inscrits à la gauche
républicaine.
Cette fusion des nuances, qui a eulong|
temps un excellent côté, a toutefois un
petit inconvénient : c'est d'enlever au
groupe de la gauche républicaine son ca-
ractère propre ; selon que l'élément centre
gauche venait en grande quantité tel jour
et l'élément Union républicaine affluait
plus compacte le lendemain, les déci-
sions de la réunion pouvaient s'en res-
sentir. Aussi un certain nombre de députés
ont-ils exprimé le désir de voir restituer à
la gauche rôDublicaine son autonomie :
tout membrelnscrit à la gauche républi-
caine ne pourrait faire partie d'une autre
réunion parlementaire.
Telle est la question qui a été débattue
hier. Elle est assez importante pour qu'au-
cune décision n'ait été prise séance ta*
nante. Vendredi prochain, aura lieu une
nouvelle réunion.
un. 11 -, 1
Nouvelles parlementaires
Un grand nombre de commissions ont siégé
hier au Palais-Bourbon.
La commission d'enquête électorale réunie
à une heure ne s'est séparée qu'à quatre
heures.
Au début de la séance, M. le président a
donné lecture d'une communication de M. le
uiiuistra de l'intérieur, demandant à connaître
le rapport de M. Brisson.
Un Becret absolu a été gardé sur la délibé-
ration. La commission s'est ajournée à ven-
dredi, après avoir décidé que le rapport gé-
néral serait çQqnlqq | M. le minier© 4P
l'intérieur,
*
* »
La commission de$ voies navigables aura
probablement terminé son travail vers le
15 avril. Elle a décidé qu'elle consacrerait le
vendredi de chaque semaine aux études des
sous-commissions et le mercredi à fexamen
et à la discussion des rapports.
*
* «
La commission de l'instruction publique
n'a pris aucune résolution. La séance a été
consacrée à un échange d'idéss entre le mi-
nistre et la commission.
*
# *
La commission relative au tarif général des
douanes a terminé son enquête après avoir
entendu M. de Rerjégu, qui a déposé sur
l'agriculture.
#
Là BôUs-éôtûtnissiôn dà la préssé s'st de-
cupée de la librairie èt de la responsabilité
dé nmprimeur. Dans quelque jours la com-
mission générale statuera sur les. décisions
prises par la sous-commission.
*
« «
La 6® commission d'initiative a examiné une
proposition de M. Talandler tendant à la no-
mination d'une commission qui serait char-
gée de faire l'inventaire de la fortune de la
France.
M. le ministre des finances, entendu par la
commission, a combattu la proposition, tout
en déclarant qu'il était prêt. à fournir aux dé-
putés tous les éléments d'informations dont 11
dispose.
La commission s'est prononcée pour la non
prise en considération de la proposition de M.
Talandier, et a nommé M. Marlon rapporteur.
————— » —————
CAISSES D'ÉPÀRGNE SCOLAIRES
Une des objections les plus sérieuses à
mon avis, la seule sérieuse peut-être,que
l'on fasse à cette institution nouvelle,
c'est qu'elle exige une complication d'é-
critures assez considérable, c'est qu'elle
impose aux instituteurs et aux institutri-
ces, déjà surchargés de besogne, un no-
table surcroît de travail. Vous vous en
rendrez aisément compte si vous vous
rappelez les détails que j'ai déjà donnés
bien souvent sur les caisses d'épargne
scolaires.
Supposez une école de cent enfants.
Il faut que chacun ait son compte ouvert
et sans cesse à jour. Il faut, quand les
sous additionnés ont formé un franc,
l'aller placer à la grande caisse d'épar.
gne au nom de l'enfant, et, si la chose
est possible, avec l'enfant. Il faut sur-
veiller les livrets et même les garder.
Voilà des soins bien minutieux et de tous
les jours.
Les villes riches ont tranché la ques-
tion en votant une indemnité aux maîtres
d'école. Mais la plupart des communes
n'ont qu'un budget très limité ; elles se
sont déjà saigné aux quatre veines pour
établir chez elles l'enseignement laïque,
et elles ne pourraient consentir de nou-
veaux sacrifices.
C'est donc là la pierre d'achoppement
des caisses d'épargne scolaires. Il fau-
drait trouver un moyen de supprimer
tout ce fatras d'écritures, qui rendent si
difficile et si coûteux le fonctionnement
de cette institution.
Eh bien ! ce problème Vient d'être ré-
solu de la façon la plus simple et la plus
ingénieuse par M. Millour, secrétaire en
chef de la mairie de Brest. Ce système a
été exposé tout au long dans la Revue
générale d'administration (numéro du
mois de septembre 1878). Mais il est si
aisé à comprendre qu'on peut le résu-
mer en quelques lignes.
L'auteur propose de créer des timbres
d'épargne scolaire de valeurs différentes,
depuis 5 cent. jusqu'à 25 cent. Ces
timbres d'épargne scolaire, dont la nuan-
ce varierait avec la valeur, seraient de la
largeur d'un timbre-quittance. Les en-
fants seraient pourvus d'un carnet pro-
pre à recevoir ces timbres. Le carnet se-
rait de dix feuilles, chaque feuille offrant
huit ou dix carrés pour autant de timbres
d'épargne scolaire.
Il n'y a rien de plus simple, n'est-ce
pas? que cette combinaison.
Le maitre d'école aurait toujours chez
lui un petit approvisionnement de ces
timbres (sur lesquels même l'administra-
tion pourrait lui faire une légère remise
pour l'encourager). L'enfant les achète-
rait et les collerait lui-même sur son car-
net d'épargne. Les bons points, au lieu
d'être inscrits sur un registre ad hec, se-
raient tout aussitôt décernés à l'élève
sous la forme visible et palpable d'un
timbre, qu'il aurait le plaisir d'ajouter
lui-même à sa collection.
Quand ces timbres d'épargne scolai-
re auraient atteint un franc, l'enfant s'en
irait de son pied léger à la grande caisse
d'épargne, et se ferait inscrire sur un li-
vret à son nom son franc d'économies.
Plus d'écritures, plus de reçus; point
d'inspection spéciale, puisque les mal-
versations sont devenues impossibles.
L'enfant donne un sou, on lui rend, un
timbre. Cela est clair, net, et ne saurait
prêter à la fraude.
En outre des avantages matériels de
cette combinaison, j'en vois d'autres,
qui, découlant de la facilité de se procu-
rer des timbres d'épargne scolaire, aide-
raient à propager l'institution nouvelle.
Beaucoup de personnes riches et bien-
faisantes ne demanderaient pas mieux
que d'avoir un moyen pratique d'encou-
rager les progrès des élèves de nos
écoles communales. Il leur est bien diffi-
cile, en l'état actuel, de donner de petites
sommes pour être distribuées aux plus
méritants': le maître d'école n'accepte-
rait pas. Quelques-unes envoient des li -
vres ; mais le règlement (et il est en cela
fort sage) exige que le livre et le dona-
teur soient agréés l'un et l'autre de
l'administration. Ce sont des formalités
à rèispliE qui arrêtent les bons vouloirs.
Admettez que les timbres d'épargne
scolaire existent, et qu'il soit facile de
s'en procurer soit à la poste, soit à l'en-
registrement, soit même dans certains
bureaux de tabac ; on en achète une
feuille, et l'on peut faire, à bon compte,
des générosités qui seront fort apprécies.
On a toujours quelque pudeur à mettre
dans la main de l'enfant une pièce de
monnaie ; cela sent l'aumône. Mais on
dit au petit bonhomme :
— Voyons 1 montre-moi ton carnet d'é-
pargne.
Si le carnet èstbien tenu et propre, on
lui en fait compliment, et l'on y colle,
d'un geste sournois, deux ou trois tim-
bres de 25 cèntimes. Les'vingt sous que
l'on eût donnés auraient fait beaucoup
moins de plaisir.
M* Millour entre ensuite dans le détail
des procédés qu'exigeraient la fabrication,
la mise en vente et le maniement de ces
timbres d'épargne scolaire. Tout ce qu'il
dit me paraît de fort bon sens. Mais je ne
le suivrai pas sur ce terrain. Il nous suf-
fit, à nous, que l'idée première soit juste
et ingénieuse. C'est affaire aux hommes
du métier de régler les détails de l'exé-
cution.
Il me semble que ce système, avant
d'être étendu à toute la France, pourrait
être mis à l'essai dans une ou deux vil-
les. Lyon, qui a déjà tant fait pour les
caisses d'épargne scolaires, nous ren-
drait service si elle tentait cette nouvelle
expérience. Il lui serait facile de se faire
faire des timbres de cette espèce par
l'industrie privée. Si la chose réussissait
chez elle, le gouvernement en aurait bien
plus de force et de sécurité pour l'appli-
quer à toutes les écoles de notre pays.
Il est vrai que ce serait une rude con-
currence au sou de la Sainte-Enfance.
Mais un procès récent vient de montrer
qu'il y a quelques inconvénients à recueil-
lir de petits Chinois.
FRANCISQUE SARCËY.
Le Journal officiel publie les décrets
suivants :
Le président de la République française.
Sur la proposition du président du con-
seil, ministre des affairas étrangères,
Décrète :
Art. 1er. - M. Lepère, député, ministre de
l'agriculture et du commerce, est nommé
ministre de l'intérieur et des cultes, en rem-
placement do M. de Marcère, dont la démis-
sion est acceptée.
Art. 2. Le président du conseil, ministre
des affaires étrangères, est chargé de l'exé-
cution du présent décret.
Fait à Paris, le 4 mars 1879.
JULES GRBVY.
Par le président de la République :.
Le président du conseil, ministre
des affaires étrangères,
WADDINGTON.
Le président de la République française,
Sur la proposition du ministre de l'inté-
rieur et des cultes,
Décrète :
Article ier. M. Martin-Feuillée, député, est
nommé sous-secrétaire d'Etat au ministère de
l'intérieur et des cultes, en remplacement de
M. Develle, dont la démission est acceptée.
Art. 2. Le ministre de l'intérieur et des
cultes est chargé de l'exécution du présent
décret.
Fait à Paris, le 4 mars 1879.
JULES GRÉ VY.
Par le président de la République :
Le ministre cle l'intérieur et des cultes,
CH. LEPÈRE.
Le président de la République française,
Sur la proposition du ministre de l'intérieur
et des cultes,
Décrète :
Art. 1er. — M. Andrieux, député, est nom-
mé préfet de police en remplacement de
M. Albert Gigot, dont la démission est accep-
tée.
Art. 2. — Le ministre de l'intérieur et des
cultes est chargé de l'exécution du présent
décret.
Fait à Paris, le 4 mars 1879.
JULES GRÉVY.
Par le président de la République :
Le ministre de l'intérieur et des cultes,
CH. LEPÈRE
Le décret nommant M. Tirard ministre
de l'agriculture et du commerce paraîtra
aujourd'hui au Journal officiel.
-———— ————
L'A V ANCEIENT DES OFFICIERS
On sait que la délibération de la loi
d'état-major a été ajournée à un mois, et,
si l'on en juge par la tournure qu'avait
prise la discussion générale ébauchée de-
vant la Chambre, il y a tout lieu de croire
que cette éternelle question de l'état-ma-
jor commence à apparaître à bon nombre
de députés sous son vrai jour. Il semble
qu'il y ait en ce moment un revirement
d'opinion assez sensible et qu'on soit, en
général, assez entraîné vers des idées
moins absolues que dans ces derniers
temps, plus sérieuses, à mon avis, et plus
pratiques. C'était un peu à prévoir, en
conscience, et, pour ma part, je ne puis
que me féliciter d'avoir plaidé l'ajourne-
ment, deux jours avant de savoir si la
Chambre serait disposée à le voter.
Aussi bien je n'insisterai pas sur ces ten-
dances nouvelles ; je n'en ai pas autrement
contre le projet d'état-major, qui me pa-
raît assez endommagé pour qu un dernier
coup de boutoir soit inutile.
Mais au cours de la discussion engagée
l'autre jour, j'ai saisi au vol les sages par
roles qui méritent qu'on les commente.
L'honorable M. des Roys, examinant cer-
taines dispositions du projet Tézenas, a
été amené par la connexité même des
questions à soulever celle de l'avance-
ment : « Je crois, a-t-il dit, que nous tour-
a nons dans un cercle vicieux, parce que
» le vote d'une loi sur l'avancement au-
» rait dû précéder cette discussion. » C'est
là une vérité qui n'est plus à dé-
montrer; les écrivains les plus auto-
frisés en matière militaire ont fait la lu-
mière aussi complète que possible sur
ce point; mais, si je ne m'abuse, c'est la
première fois que cette opinion est formu-
lée à la tribune dans des termes aussi nets.
Les détails et les chiffres dont l'honorable
M. dès Roys à appuya son dire sont d'Une
précision trop concluante pour que je tes
passe sous silence. Je cite textuellement :
« On met dans le génie six ans, dans
» l'artillerie huit ans, dans la cavalerie
» quatorze ans et dans l'infanterie quinte
» ans pour arriver capitaine à l'ancien-
» neté. » '-
VoilVen quatre lignes un tableau saisis-
sant des Inégalités que consacre la loi dé
1834, aussi démodée que l'organisation
militaire pour laquelle elle a été faite. Ce
tableau est d'une vérité rigoureuse; plus
le temps marche, plus la situation s'ag-
grave, plus les inégalités signalées par
l'honorable député de l'Aube deviendront
choquantes.
On a beaucoup parlé « de l'inquiétude
qui se serait manifestée dans l'armée au
sujet des retards apportés dans l'élabora-
tion de la loi d'état-major ; on y a même,
à mon sens, insisté plus qu'il ne convient.
Ce qu'il eût été plus juste de dire,c'est que
l'opinion commence à s'émouvoir de l'in-
curie de la commission militaire chargée
de préparer un projet sur l'avancement.
Cette loi d'avancement est une loi d'in-
térêt général qui touche à un égal de-
gré tous les membres de la grande
famille militaire. La vérité est que fau-
te de cette loi, qui assurera le recrute-
ment de nos cadres d'officiers d'après des
principes rationnels, qui déterminera les
conditions d'avancement d'après des rè-
gles plus équitables et aussi mieux appro-
priées aux nécessités d'une situation nou-
velle; qui devra, dans la distribution des
grades, faire plus judicieusement la part
due à l'ancienneté en réservant largement
les droits du mérite et du savoir consta-
tés avec impartialité et conscience; qui
fermera net aux incapables l'accès des gra-
des supérieurs; qui rétablira l'équilibre au-
jourd'hui rompu de la façon la plus in-
juste entre les chances d'avenir des offi-
ciers des différentes armes ; qui devra
mettre chacun à sa place en endiguant
résolûment les ambitions outrées des im-
patients , en ouvrant au contraire aux
déshérités du moment là perspective d'un
avenir meilleur ; faute d'une loi qui réali-
sera à bref délai toutes ces réformes ur-
gentes, nous n'aurons qu'une organisation
boiteuse.
Cela est évident; c'est une vérité qui
crève les yeux des moins clairvoyants. Les
plus chauds partisans de ce qu'on appelle
avec emphase l'ancienne farmée commen-
cent eux-mêmes à être ébranlés dans leurs
convictions ; ils y ont mis le temps, mais
enfin ils y arrivent. Demain, je le gage-
rais, il n'y aura plus, pour défendre la loi
de 1834, que ceux de nos vieux généraux
qui doivent en partie leur haute situa-
tion dans l'armée à une réglementation
de l'avancement usée, démodée, Insuffi-
sante aujourd'hui, et qui, parqués dans
les souvenirs du passé, ne veulent point
voir les erreurs imputables aux dispensa-
teurs de l'avancement, ne veulent point
entendre les doléances des victimes de ce
régime absurde.
S'il fallait une preuve nouvelle des abus
que je signale, c'est dans les agissements
de la commission de classement qu'on la
trouverait. Elle vient tout justement de
livrer à la publicité la première partie de
ses travaux. De l'étude de ces documents
il ressort clairement ce que j'ai dit ici
tant de fois, à savoir que si la loi de 1834
est devenue dangereuse dans son applica-
tion, la commission de classement qui a
mission d'en régler le fonctionnement est
l'organe impuissant d'une Institution In-
suffisante. L'avenir des. officiers de notre
armée est livré sans défense aux décisions
souveraines de cette commission, qui —
j'ai eu déjà l'occasion de le dire — même
animée des meilleures intentions du
monde, de l'esprit le plus impartial, en
arrive à des résultats absolument invrai-
semblables.
Voulez-vous un exemple entre mille ? Je
l'emprunte à une étude consciencieuse
d'une feuille spéciale, l'Armée française.
Ce journal, j'ai plaisir à le constater en
passant, s'est mis en quelques mois au
premier rang dans la presse militaire, en
prenant en mains avec vigueur et autorité
la défense des grands intérêts de l'armée,
en se faisant surtout le défenseur ardent
des droits de l'infanterie, si modeste, si ou-
bliée. si patiente. L'Armée française donc
a eu la curiosité d'examiner à la loupe les
différents tableaux de classement publiés
ces jours derniers. Il résulte de cet examen
que certains capitaines d'état-major pro-
posés pour l'avancement ont obtenu un
numéro de choix supérieur à leur numéro
d'ancienneté ; tel capitaine ayant le n° 10
sur l'Annuaire a été jugé digne du n° 17
au classement de la commission. Si l'on
veut bien considérer que l'avancement est
attribué moitié au tour de choix, moitié
au tour d'ancienneté, on voit que l'officier
pris pour exemple passera chef d'esca-
dron à l'ancienneté bien avant le tour qui
lui est assigné au choix. Alors, pourquoi
le proposer au choix? Et avec l'Armée
française, Je dirai : « Qu'est-ce que signifie
» donc un tableau de classement ainsi
établi ? »
- Ge n'est pas la seule bizarrerie relevée
parle môme journal. Le classement des
chefe de bataillon d'infanterie proposés
pour le grade de lieutenant-colonel lui
inspire les réflexions suivantes: « Il est
» évident qu'il n'y a pas d'équilibre dans
» ce mode de classement. Le sort d'offi-
» clers quelquefois fort méritants dépend
» de l'influence exercée par le comman-
» dant du corps d'armée, influence em-
» ployée, du reste, dans un excellent-but,
» puisque chaque membre de la commis-
» sion de classement doit tenir à récom-
» penser les -officiers placés sous ses or-
u dres et qui lui rendent des services
» réels. Le plus ou moins de chance dé-
» pend aussi du plus ou moins grand
» nombre d'officiers de valeur qui se trou-
» vent dans le môme corps d'armée et de
a leur plus ou moins grande ancienneté.
» Le système est, en résumé, fort vi-
» cieUx, et il est urgent de le modifier. »
Il ne me semble pas qu'il soit nécessai.,
re de multiplier les exemples et les eHa"
talions. La cause est entendue, je vous ea
réponds ; interrogez le premier officie*
venu sur cette question ; vous 'n'en trou ,
verez pue un qui ne condamne formelle-
ment et la loi d'avancement et les procé-
dés de la haute commission de classe-
ment.
Il serait intéressant toutefois de savoir
ce que pense à ce sujet M. le ministre de
la guerre et il y aurait, Je crois, un moyen
bien simple de l'engager à formuler son
opinion. n suffirait qu'un de nos dé*
putés prît l'initiative d'une proposi-i
tion de loi sur l'avancement en 1^
motivant d'une part sur l'impossible
lité de voter la loi d'état-major en 1 état de
la question, d'autre part sur les lenteurs
inexplicables de la commission extra-par
lementaire chargée d'élaborer un projet
semblable ; puis, qu'il déposât sa proposi-
tion sur le bureau de la Chambre en de-i
mandant l'urgence. Bien certainement,
par cette procédure, très régulière, on
amènerait à la tribune M. le ministre, qui"
s'il y a quelque part un projet préparé,
mais oublié, saurait sans doute le tirer,
du néant.
Voilà ce qu'il est urgent de faire ; voilà'
ce que l'armée tout entière, sans distinc-
tion d'armes, verrait avecplaisir, et je crois;
pouvoir promettre uii Joli succès au' dé-
puté bien avisé qui viendrait dire à la*
Chambre : « Depuis quatre ans et plus, aIl.
» s'agite dans le vague, on veut recruter
» les officiers en service ou en corps d'é
» tat-major avant de savoir au juste comt
» ment il vaut mieux recruter les ca.
» dres. Faisons d'abord une loi d'avance.
» ment, et la loi d'état-major sera facile à
» faire. » En tenant un pareil langage, ce
député aurait placé la question sur son
véritable terrain, et préparé la solution
d'un problème difficile à résoudre, —11 y
paraît. * - v.. ?.
LOUIS HENlUUE.
— ♦ ————
Iji'Afgliaiiistaii.
L'Agence Havas nous communique la
dépêche suivante, adressée au New-York
Herald :
Tachkent, 3 mars, 6 h. 50.
La mort de l'émir est annoncée comme
certaine par des émissaires précédant Ici le
médecin qui avait prédit ce dénouement et
qui revient à Tachkent. La notification offi-
cielle nous manque encore et les ambassa-
deurs afghans eux-mêmes ignorent la vé-
rité.
Dans la première conférence tenue aujour-
d'hui avec le général Kauffmann, les ambas-
sadeurs ont déclaré officiellement, au nom de
l'émir, qu'il refusera éternellement de traiter
directement avec les Anglais, mais qu'il obéira
aveuglement à l'empereur, soit au prix dë
l'abandon d'une partie ou mémo de la totalitS
de son territoire, soit au prix d'une guerre
qui, selon l'émir, peut être soutenue pendant
deux ans. Les ambassadeurs affirment qufc
Yacoub-Khan pense sur ce sujet comme son *
père. Le général a répondu qu'il en référé-
rait à Saint-Pétersbourg.
Le général Kauffmann attend la nouvelle au-
thentique de la mort de l'émir pour déclarer
aux ambassadeurs que leurs pleins pouvôira
sont expirés ou suspendus, jusqu'à ce qu'ils
en reçoivent de nouveaux du successeur dû
Shire-Ali.
Lettre de Belgique
- J'étais, à Bruxelles dimanche dernfèr
et j'y suis tombé en plein carnaval. Le
grand jour du carnaval bruxellois, c'est
le premier dimanche de carême, Je na
vous ferai pas la description de la fête,
qui a été très-brillante ; ce n'est pas mon
métier de faire des descriptions. Pour un
Parisien de 1879, c'est un spectacle as-
sez curieux que plusieurs milliers de
personnes se déguisant pour leur plai-
sir et s'amusant pour tout de bon à s'en-
fariner le visage ou à s'affubler de nez
de carton grotesques. Mais voici ce
qui m'a surtout frappé. De distance,
en distance, partout où circulaient les
masques et où se pressait la foule, on ren- -
contrait un individu, masqué lui-même,,
et qui présentait aux passants une grosse
tire-lire. Savez-vous bien ce que faisait
ce masque-là ? Il faisait une chose très
sérieuse. Il quêtait pour les écoles laï-
ques. Oui, vraiment, pour les écoles, en
plein carnaval, au beau milieu de la fo-
lie populaire, et il ne perdait pas son
temps, car beaucoup de passants lais-
saient tomber quelques sous dans sa
tire-lire. C'est ainsi que l'on entend et
que l'on pratique ici l'association pour
les bonnes œuvres laïques, qui valent
largement les autres.
On quête au beau milieu du carnaval;
on fait mieux, on y contribue. L'an der-
nier, le jour de la Mi-Carême, les asso-
ciations bruxelloises pour l'instruction,
ont organisé une grande cavalcade Vi
paraît qu'elle a été superbe. Les étudié
libéraux de la ville, qui ne figuraient pas
dans le cortège, s'étaient faits frères quê-
teurs pour la circonstance. En ce seul
jour, on a recueilli pour les écoles trente-
cinq mille francs. Avoue que la chose
en vaut la peine. On va. probablement re-
commencer cette amnée.
Partout de? boîtes-sont déposées, dans
des établissements publics ou privés, où
celui qui se sent quelques sous de trop
dans la poene peut s'en débarrasser au
profit de la cause de l'enseignement po-
pulaire. C'est l'œuvre du sou des écoles
cette œuvre que notre ami Vauchez le-
zélé secrétaire de la Ligue de l'enseigruJ
ment, travaille en ce moment même à
introduire en France. Ses résultats sont
admirables. En 1878, elle n'a pas ra"
semblé en Belgique moins de trois cent
mille francs. Jugez de ce qu'elle pour-
rait produire en notre grand pays de
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