Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-02-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 20 février 1879 20 février 1879
Description : 1879/02/20 (A9,N2619). 1879/02/20 (A9,N2619).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
N«UYÎèm^Anné<î.,~- N. 2619. Prix du Numéro à Paris : 15 Centimes. — Départements î 20 Centimes. jeudi 20 Févrief1879,
LE E SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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BULLETIN
Paris, 19 Février 1879
On sait qu'à la sui:e de l'adoption par le
Reichstag de la loi contre les socialistes
l'état de siège civil, c'est-à-dire l'état de
siège, mitigé, a été proclamé à Berlin. On
sait aussi qu'en vertu de cette proclama-
tion, deux députés au Reichstag ont été
expulsés de la capitale de la Prusse
comme individus dangereux, mais sans
qu'ils fassent accusés d'avoir commis
aucun crime ou délit spécial. Cette expul-
sion ne pouvant en aucune façon les dé-
pouiller de leur mandat de députés, tous
deux revinrent à Berlin il y a quelques
jours, pour siéger au Reichstag, se fon-
dant sur l'inviolabilité parlementaire sanc-
tionnée par la constitution, et le Parlement
allemand ayant été officiellement convo-
quée par l'empereur. Malheureusement,
1 article 28 de la loi contre les socialistes se
prête a diverses interprétations. Le dépu-
té Windthorst, au cours des débats sur la
loi, avait prédit aux nationaux-libéraux,
beaucoup trop confiants dans la préroga-
tive parlementaire, l'abus que l'on pour-
rait faire de cet article. Or, ce que le
député du centre avait prédit arrive
aujourd'hui. Le ministre de la justice
de Prusse et le chancelier de l'empire
ont déposé sur le bureau du Parlement
une demande en autorisation de poursui-
tes et d'arrestation contre un de ces dépu-
tés M. Fritzsche. On assure même que le
gouvernement aurait fait procéder à l'ar-
restation de ce député avant d'avoir obte-
nu l'autorisation du Parlement. Cette
nouvelle a produit une très-vive impres-
sion dans le monde parlementaire. Les
différents groupes du Parlement ont dis-
cuté la proposition, qui sera certainement
rejetée à une grande majorité, vu que les
conservateurs-libéraux eux-mêmes ne
semblent pas disposés à soumettre le
Reichstag à la juridiction du président de
la police de Berlin. Le parti libéral-natio-
nal a déjà résolu de repousser la motion
du gouvernement, en votant un ordre du
jour motivé.
La Gazette de Cologne nous apporte
quelques renseignements sur l'état des
négociations entamées entre l'Allemagne
et le Vatican. L'empereur et le prince de
Bismark auraient félicité le pape à l'occa-
sion de l'encyclique contre les socialistes,
et exprimé en même temps le désir de
terminer promptement la lutte pelitico-
ecclésiastique.Les bases adoptées jusqu'à
présent pour les négociations ont été aban-
données. La curie a envoyé à Berlin un
projet de traité de paix par lequel elle ac-
cepte le statu quo en ce qui concerne la
reconnaissance et l'installation des ecclé-
siastiques, mais demande le rétablisse-
ment des évèques dans leurs fonctions,
et l'amnistie pour le bas clergé. Le gou-
vernement de Berlin a trouve le projet
acceptable en principe, et a proposé à
Rome quelques modifications. La curie
hésite encore à les accepter, bien qu'elle
semble assez disposée à y adhérer.
Dans la question relative à la Rouma-
nie, la plupart des puissances ont accepté,
assure-t-on, une conférence des ambassa-
deurs à Constantinople, proposée ou, du
moins, appuyée principalement par l'Au-
triche. On ne croit pas que la Russie,
après avoir adhéré à ce genre de solution,
emploie dans l'intervalle des moyens vio-
lents vis-à-vis de la Roumanie. Les repré-
sentants des puissances à Constantinople
proposeront probablement dans la ques-
tion principale un compromis que les deux
parties accepteront sans aucun doute.
On assure que lord Napier de Magdala,
aujourd'hui gouverneur de Gibraltar, se-
rait nommé commandant en chef des
troupes anglaises au Cap.
S. BARBESI.
.CiL. -- P.,.I..
PETITE BOURSE DU SOIR
8 O/O 77 fr. 07 1/2, 10.
5 0, 0 112 tr. 41 1/4,32 1/2, 85.
Turc. i2 fr. 45, 40, 47 1/2, 45.
Banque ottomane.. 4?2 fr. 50.
Egypte. 286 fr. 87, 232 50, 2S4 37.
Hongrois.. 72 fr- 1/2.
Italien,. 71 fr.
—1 ■ ♦ ■
Il est certain que M. le ministre de l'in-
térieur a été mal servi lundi par sa pa-
role. Ce qu'il a dit, à la fin de son premier
discours, en réponse à M. Le Provost de
-Launay fils, ne répondait point à ce qu'il
pensait. Ces sortes d'accidents oratoires
arrivent quelquefois aux ministres les
plus rompus à la vie parlementaire. On
ne les explique point ; on se contente ae
les regretter. Il est évident qu'il ne fallait
pas implorer la confiance de la Cham-
bre avec l'accent découragé des nau-
fragés évangéliques qui criaient : Salva
nos, Domine, pèrimus l Rien n'est en
péril, ni la République, ni l'ordre, ni la
liberté, ni le ministère. Sans faire le
tranche-montagoe, il serait bon d'avoir
l'air plus sûr de soi. M. de Marcère a dû
voir combien cette triste péroraison, gâ-
tant un bon discours, a produit une im-
pression désagréable sur la Chambre. On
lui a riposté de l'extrême gauche. « Mais
non 1 vous vous trompez 1 Le gouverne-
ment est fort, il ne connaît pas sa force 1»
Et cela peut-être est plus vrai que ne le
pensaient quelques-uns de ceux qui l'ont
dit. Le gouvernement, en effet, dispose
du levier le plus puissant, qui est l'opi-
nion publique. Seulement, il ne suffit pas
d'être fort; il faut le paraître et ne point
se mettre dans la posture de quelqu'un
qui doute de soi. Nous croyons devoir
cet avis à l'honorable ministre de l'in-
térieur, tout en reconnaissant que l'in-
cident auquel nous faisons allusion est
très secondaire. Nous voudrions que les
membres da cabinet, lorsqu'ils s'expli-
quent dans le Parlement, eussent toujours
devant les yeux l'exemple de M. Thiers,
de M. Dufaure et de tous les vrais chefs
de gouvernement, qui jamais n'ont eu la
faiblesse d'ébranler eux-mêmes leur pro-
pre crédit. Il sera facile, au surplus, de
réparer au premier jour l'effet de deux ou
trois phrases défaillantes. Nous ne sau-
rions répéter les avis que nous donnions
naguère au cabinet sans tomber dans les
redites. Mais, encore une fois, qu'il n'en
doute pas : on est très-fort quand on
marche d'accord avec la France. Aussi
longtemps qu'il saura mettre de son côté
l'opinion publique, il sera sûr d'obtenir
la majorité dans le Parlement.
EUG. LIÉBERT.
LMP liRLEMENT
COURRIER DE LA.CHAMBRB
Versailles, 18 fevrier 1879.
Mais que dorénavant on mo blâme, on me loue,
Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien,
J'en veux faire à ma tète. Il le fit, et fit bien.
Nous ne savons trop pourquoi, traînant
de bonne heure notre mélancolie dans la
salle des Pas-Perdus, en attendant une
séance qui ne devait s'ouvrir qu'à trois
heures et demie, nous nous sommes tout
à coup surpris mâchonnant quelques vers
de la fable : Le Meunier, son fils et
ïâne. La réminiscence avait été in-
consciente ; sans que nous ayons eu le
temps de nous en rendre compte, dans no-
tre cerveau s'était opérée la réflexion des
scènes intimes qui se déroulaient un peu
partout, à droite, à gauche et devant
nous.
Oui, il faut le dire : les uns trouvent
que le Cabinet devrait faire ceci et les au-
tres qu'il devrait faire cela, ceux-ci qu'il a
eu tort d'agir ainsi et ceux-là qu'il aurait
bien plus tort d'agir autrement. Nous com-
mençons à croire que le Cabinet a surtout
tort d'être sans cesse aux écoutes, de
tendre l'oreille à tous les propos qu'il croi-
se en chemin, et qu'il n'est que temps
pour lui de cheminer à sa guise, à pied
ou sur son Ane, comme bon lui semblera,
au pas ou au trot, pourvu qu'il marche
droit à ce qui est son but.
Certes, il ne manquera pas sur la route
de barbons ou de belles filles pour crier
haro sur lui, dans quelque équipage qu'il
se mentre ; mais nous sommes à une épo-
que curieuse où la masse ne sait pas au
juste si l'âne doit être porté comme un lus-
tre ou enfourché par le meunier et son
fils en croupe, ou s'il doit se prélasser sans
fardeau. Le ministère est républicain ; au
lieu d'hériter devant toutes les critiques,
qu'il prenne carrément son parti, et nous
sommes convaincu que l'allure qu'il im-
primera à sa bête fera loi, pourvu qu'elle
soit franche, et que la majorité de la na-
tion et du Parlement dira : « A la bonne
heure, voilà une honnête allure 1 »
Si nous jacassons ainsi, c'est que la
séance ne vaut guère la peine qu'on s'en
occupe.
Tout d'abord, il y a été tranché une
question de principe qui n'offre qu'un
médiocre intérêt.
Un député invalidé, s'il est réélu, peut il
venir reprendre sa place dans son ancien
bureau ?
Le cas s'est présenté pour M. Delafosse,
jeune bonapartiste, qui a été nommé mem-
bre de la commission d'enquête électorale
chargée d'examiner les agissements du
cabinet du 16 Mai.
Nous, nous répondons : Non, évidem-
ment, puisque c'est la seconde élection qui
fait du candidat un député. Et, à vrai dire,
tout le monde, au fond, est de notre avis,
saur peut-être le fantaisiste M. Laroche-
Joubert, qui risque cette étonnante argu-
mentation : « Si c'est une question de prin-
cipe, nous devons la trancher dans un sens
contrairfi à la lettre du rèsloment. »
Ce mince débat a fourni l'occasion à M.
Gambetta l'occasion de se montrer un vrai
président. Posant bien la question, expli-
quant clairement le cas et rappelant le seul
précédent analoaue qui existe, un précé-
dent de 1848, il a contribué à écourter
une discussion qui, pivotant sur une poin-
te d'aiguille, pouvait tourner indéfiniment
de la sorte, comme un tonton.
De l'organisation de l'enseignement su-
périeur en Algérie, qui a été terminée
aujourd'hui, nous n'avons rien à dire.
Et de M. Baudry d'Asson, nous ne par-
lerions certainement pas, — car cet aima-
ble Vendéen, cessant d'être comique dans
la forme , se lance maintenant dans le
genre ennuyeux, — s'il n'eût amené à la
tribune le nouveau Boui-secrétalre d'Etat
à l'intérieur.
Nos lecteurs se souviennent sans doute
de tout le bien que nous avons dit récem-
ment du talent ae M. Dtvelle. Ce jour-là,
nous nous sommas écrié : « On demande
des jeunes, en voilà un 1 » Et la meilleure
preuve que ce n'était point une opinion
particulière que nous exprimions, c'est
que M. Develle vient d'être récemment
prié de prendre sous sa direction l'un des
plus importants rouages gouvernemen-
taux.
Sa valeur personnelle n'est pas au-des-
sous de la confiance qu'on a en lui. 11 l'a
bien prouvé aujourd'hui.
Il s'agissait d'un conseil municipal quel-
conque, — du Var, cette fois, car le Ven-
déen étend maintenant sa clientèle par
toute la France, — d'un conseil municipal
qui aurait pu être élu comme ceci et qui
a été élu comme cela. C'est intéressant à
faire dormir la Belle au Bois Dormant cent
ans de plus, à condition que M. de Baudry
d'Asson s'avise de jouer le Prince Char-
mant.
Toujours est il que M. Devella se lève,
se permet tout juste une phrase de préam-
bule et allonge immédiatement sous le
nez du questionneur le texte même de
l'arrêté du conseil d'Etat sur la matière.
Après quoi il distribue à 1% droite cinq ou
six lignes bien administrées. Et il des-
cend. C'est net, carré, bien envoyé, avec
une pointe de raillerie dédaigneuse, qui
rit derrière une forme correcte et char-
mante. De la concision et de la vigueur;
en voilà un qui ne demande qu'à marcher
droit son chemin. Aussi, pour un rien,
a-t il récolté beaucoup de bravos.
PAUL LAFAUGUE.
CDCRPJ3E DU SÉNA.T
On annonçait une interpellation de M.
Tobin à propos de la préfecture de police;
les esprits paraissaient assez montés. Eu
séance,fon apprit qu'il n'y aurait rien
pour aujourd'hui. Et de fait, il n'y a pas
eu d'explosion, bien que la discussion ait
roulé sur les mines. Il s'agissait toujours
de réviser la loi de 1810. Les honorables
sénateurs que la question passionne s'en
sont donné à cœur-joie ; il y a eu quelques
belles passes, un peu longues toutefois,
entre M. Cherpin et M. Bernard d'un côté,
M. GriffeelM. Clémentdel'autre. Quelques
amendementg entété adoptés, laplupart ont
été repoussés; cela serait fort long et diffi-
cile à expliquer si l'on voulait entrer dans
le détail. La question est spéciale, les ter-
mes employés ont paru barbares au Sénat,
qui faisait néanmoins de grands efforts
pour comprendre. Da tous les orateurs
qui ont parlé, c'est un nouveau venu, M.
Griffe, que l'on a écouté avec le plus d'at-
tention. On voyait qu'il était convainpn
son acceni ae siuueine \eL Uil Midi) plai-
sait au Sénat. Je crois bien cependant qua
ses amendements ont été repoussés. Mais
il a fallu qu'un ministre, M. de Freycinet,
intervînt.
M. Griffe, d'ailleurs, pourra se rattraper
jeudi. Cette affaire de mines n'est pas fi-
nie. Les orateurs ont voulu y mettre de
la discrétion aujourd'hui, et l'on s'est sé-
paré sans conclure. Mais nous sommes de
revue, hélas !.
EMMANUEL ARBNE.
Il POLICE & LE MINISTÈRE
Il ne nous semble pas que le ministère
de l'intérieur se soit conduit, dans l'af-
faire de la préfecture de police, avec
cette suite et cet esprit pratique qui sont
les premières qualités d'un gouverne-
ment. Nous ne nous cachons pas ici d'ê-
tre des amis du ministère, de ses amis
dévoués, et c'est ce dévouement même
et cette amitié qui nous rendent plus at-
tristés lorsque nous voyons quelque faute
commise.
Sitôt que furent connues les révélations
amenées par le procès de la Lanterne,
elles causèrent dans le public une légi
time émotion. Le gouvernement, — c'é-
tait encore celui de M. de Mac-Mahon,—
partagea cette émotion. Devant de tels
faits il était, en effet, impossible à l'auto-
rité de demeurer indifférente.
Elle pouvait choisir entre deux moyens.
L'un était d'agir à elle:seule, de scruter
elle-même la profondeur de la plaie et
d'y porter le fer rouge. L'administration
pouvait, en quelques jours, au moyen
d'une enquête officieuse sévère, décou-
vrir quels agents avaient pu abuser de
leur pouvoir,et faire une bonne et promp-
te justice. Peut-être, somme toute, ce
moyen eût-il été le meilleur ; il était, en
tout cas, le plus conforme aux traditions
administratives.
L'autre moyen était de constituer une
commission d'enquête composée de
membres du Parlement, de lui de ma ad er
de porter la lumière dans les bas-fonds
les plus sombres de la préfecture de po-
lice. Ce fut à ce parti que le ministère s'ar-
rêta. Il est certain que l'opinion accueillit
cette mesure avec faveur ; il est certain
aussi qu'il eût été difficile de composer
une commission d'hommes plus compé-
tents, plus éclairés, plus honorables que
les sénateurs ou les députés dont M. de
Marcère avait fait choix.
Seulement, du moment que l'on adop-
tait ce parti, ii fallait l'adopter résolûment
et aller dans cette voie jusqu'au bout. Il
fallait mettre la commission que l'on
avait nommée en état d'accomplir son
œuvre et, puisqu'elle était chargée de
faire la lumière, lui fournir les moyens
de dissiper toutes les ombres.
Au lieu de cela, qu'est-il arrivé? C'est
que la commission s'est vu entraver à
chaque pas ; elle s'est heurtée à toutes
sortes de mauvaises volontés, sans avoir
la possibilité d'en triompher. On lui
infligeait la responsabilité sans l'armer
des pouvoirs nécessaires. Parmi les com-
missaires, les uns ontsenti d'abord qu'ils
n'aboutiraient à rien et se sont retirés
aussitôt ; les autres, plus patients, ont
persévéré, mais, après avoir persévéré,
il ont reconnu à leur tour que leur bon
vouloir et leurs efforts pour dégager la
vérité étaient impuissants, et à leur tour
ils ont donné leur démission.
C'est là que nous en sommes aujour-
d'hui. Le gouvernement n'a pas agi par-
ce qu'il instituait une commission d'en-
quête, et la commission d'enquête n'a pu
agir parce que les moyens lui ont man-
qué.
Que va-t-on faire maintenant? Les cho-
ses ne peuvent demeurer en l'état où el-
les étaient, tout le monde en convient. Il
ne reste donc plus au gouvernement qu'à
revenir au premier moyen dont il eût dû
faire usage, puisqu'il n'a pas su faire
réussir le second. Il faut qu'il prenne en
main, d'une main ferme, la réorganisa-
tion des services de la police; une police
qui inspire à la fois le respect et la con-
fiance est un des premiers besoins de
toute société.
Si nous vivions au temps de l'âge d'or,
la direction de la police serait chose ai-
sée ; un ange du ciel suffirait à cette si-
nécure Mais nous ne sommes qu'au siè-
cle du veau d'or ; ce n'est pas précisément
la même chose. Il est nécessaire que les
honnêtes gens soient aussi habiles pour
se protéger eux mêmes que les coquins
le sont pour les attaquer. Les bonnes in-
tentions sont absolument insuffisantes
lorsqu'il s'agit de lutter et contre les au-
daces du crime et contre les combinai-
sons scélérates.
Si le cabinet ne veut pas que le Parle-
ment s'inquiète — puisque ce vilain mot
d'inquiétude est à la mode, — il faut qu'il
se hâte d'agir virilement. C'est déjà trop
que de graves abus aient pu subsister
si longtemps sans que les chefs en fus-
sent avertis ; il importe qu'ils soient ex-
tirpés. Il importe aussi que, dans un ser-
vice lié de si près à la sécurité publique,
le gouvernement républicain puisse comp-
ter sur le concours fidèle de ceux qu'il
emploie. M. de Marcère nous a donné
plus d'une fois l'occasion de le féliciter
de son énergie. Il méritera bien de la
France et ne se nuira pas à lui même s'il
nous permet de le faire bientôt une fois
de plus.
CHARLES BIGOT.
4>
Nouvelles parlementaires
La commission d'enquête électorale s'est
réunie hier matin à Paris. Eile a entendu la
lecture du rapport de l'élection de M. Gavini.
Le rapport conclut à la validation.
Ces conclurions ont été adoptées.
M. Delafosse, le député réactionnaire nom-
mé hier, assistait à la séance. It a demandé
qu'on lui communiquât les procèa-virbaux de
la commission pour qu'il pût se mettre au
courant de ses travaux.
M. le présent lui a répondu qu'il mettait
ces procès-verbaux, lesquels sont tous trans-
crits sur le registre, à sa disposition.
L'annulation de l'élection de M. Delafosse,
prononcée quelques heures plus tard par la
Chambre, lui évitera ce travail de dépouille-
ment qu'il annonçait l'intention de s'imposer.
*
* *
L'élection de M. Delafosse, comme commis-
saire, a été, en ffIÜ, annulée en séanca.
Voici à la suite de quelle circonstance :
Le bureau de la Chambre avait été saisi
d'une protestation contre cette élsctien, faite,
disait la plainte, dans des conditions Irrégu-
lières.
En effet, M. Delafosse, en 1877, faisait par-
tie du 10* bureau, mais, à la suite de l'invali-
validation prononcée par la Chambre, ne
pouvait reprendra ton poste à ce bureau.
Du seul fait de l'invalidation de son élec-
tion, il n'était pas député, et III. réélection ne
pouvait lui donner le droit de siéger dans un
bureau de la formation de novembre 1877.
Le bursau de la Chambre a reconnu la jus-
tesse de la protestation et s'est prononcée
pour l'annulation.
On sait que la Chambre, saisie de la ques-
tion, l'a tranchée dans le même sen?.
Le 10" bureau aura donc à procéder à l'é-
lection d'un nouveau commissaire, et cette
fois M. Delafosse ne sera plus admis à partici-
per indûment au vote.
*
¥ M
Deux autres membres de la commission
d'enquête ont été élus hier :
M. Buyat, dans le 1er bureau, en remplace-
ment de M. Goblet ;
M. Boysset, dans le 89 bureau, en rempla-
cement de M. Jules Ferry. M. Boyiset a obte-
nu 14 voix sur 27. Son concurrent était M. de
Choiseul.
Ir
♦ #
Plusieurs des membres démissionnaires de
la commission d'enquête sur la préfecture de
police ont fait connaître à M. de Marcère
quelles mesures il leur semblait nécessaire
qu'il prit pour donner satisfaction aux légiti-
mes exigences de l'opln'on publique. Ils dési-
reraient, soit que M. de Mircèra réalhât de sa
propre autorité diverses réformes qu'ils lui
ont indIquées, soit qu'une commission parle-
mentaire examinât un projet de réorganisation
des services de la police.
M. de Marcère ne leur a pas encore fait con-
naître sa réponse.
On donnait comme certain que, si elle n'est
pas favorable, des demandes d'interpellation
lui seront adressées fimultanément, lundi, à
la Chambre et au Stfnat.
m »
Un rapport important a été distribué hier
au Sénat, celui de la commission chargée
d'examiner la proposition de loi de M. Bozé.
rian, relative aux dessins et modèles indus-
triels.
L'auteur de la proposition en est le rappor-
teur.
9 9
Les bureaux du Sénat se sont réunis pour
nommer leurs présidents et secrétaires et les
commissions mensuelles.
Voici les nems des présidents et secrétaires
élus :
1er bureau : MM. Masson da Morfontaine,
président, et Gazagne.
2° bureau MM. Adam et Honnoré.
3e bureau : MM. Leblond, Chaumontel et
Dutilleul.
4e bureau M. Massot ;
5e bureau MM. Barthélemy Saînt-HIlalre et
Maagini.
6e bureau MM. Dufaure et Camparan.
7° bureau : MM. Kolb-Bernard et Clément.
8* bureau : MM. de Lur-Salaces et de Rému-
sat.
96 bureau : MM. Emm. Arago et Vlvenot.
Sur neuf bureaux, les présidents et secré-
taires du 7a bureau appartiennent seuls à la
droite.
A. L.
L'Echenillage
Poursuivons notre échenillage.
Voici un petit cahier autographié, qui
est mis par les bons frères entre les
mains de leurs élèves, dans une maison
d'enseignement secondaire spécial qu'ils
possèdent à Moulins.
Ce cahier autographié est un cours de
littérature, qui sert de texte aux leçons
des professeurs de l'établissement. Il est
revêtu d'une couverture grise, sans signe
extérieur, ni date, sans nom d'éditeur ;
comme le directeur de la maison que je
vise pourrait m'opposer aujourd'hui que
ce cahier n'y existe pas, et faire entendre
par là qu'il n'y a jamais existé, je crois
qu'il est bon de préciser les indica-
tions.
Le cours de littérature fait en l'année
1878 l'a été avec ce cahier autographié,
qui était mis à la disposition des élèves.
Au reste notre confrère, le rédacteur en
chef du Puy-de-Dôlne,a, dans son numéro
du 16 courant, fait de larges emprunts à
ce petit volume, dont un exemplaire lui
sera sans deute, à lui aussi, tombé entre
les mains.
Je ne m'arrête pas aux injures prodi-
guées à Voltaire et à Rousseau. Il va de
soi que le pieux auteur de ce cours de
littérature a réédité, contre ces grands
hommes, toutes les vieilles accusations,
qui traînent depuis un siècle dans les
pamphlets religieux. Vous les connaissez
toutes, et je ne vous apprendrais rien de
nouveau.
Voici qui est plus curieux, parce qu'il
y est question de nos contemporains. Ad-
mirez de quelle façon ce monsieur les
traite :
Cette race d'hommes qua l'on a qualifiés
non sans raison da malfaiteurs intellectuels
s'est multipliée dans ces derniers temps au
point d'envahir par quelques-uns de ses re-
jetons à peu près toutes les branches du sa-
voir humain, pour en fausser les principes ou
pour en dénaturer les conséquences.
Sans parler de BBRANGER, le chantre popu-
laire de l'impiété, qui ne sait par exe mple
combien l'histoire a menti sous la plume des
- -
eombien la. critique est Incomplète ou faussé
chez les Villcmam, les Sainte-Beuve, les N-
sard; combien la philosophie est devenue
athée et matérialiste avec les COUSln, les Jouf-
froy, et d'autres plus sceptiques encore que
leurs maîtres.
Quelle salade, mes amis ! quelle éton-
nante salade ! Pauvre Cousin ! C'était
bien la peine de faire tant de concessions
à ces gens-là. Te voilà fourré par eux
dans le même sac que les matérialistes
et les athées, et bon à jeter à l'eau. Et
Jouffroy donc! Jouffroy, matérialiste et
athée 1 Cette âme tendre qui fut toute sa
vie tourmentée de l'idée d'une destinée
future.
Mais prenons la chose de plus haut.
Est-il sérieusement permis de traiter de
malfaiteurs intellectuels nos contempo-
rains les plus illustres ; d'apprendre
aux enfants que l'histoire a menti sous
la plume des Guizot, des Thiers et des Mi-
chelet, qui sont au nombre de ces mal-
faiteurs 1
Supposez que dans une de nos écoles
de l'Etat se fût glissé un cours de litté-
rature où l'on appellerait sans façon Du-
panloup un farceur, Lacordaire un fou,
Montalembert un malfaiteur; quels cris
ne pousserait pas la gent dévote ! Et nous
trouverions son indignation très légitime.
Nous-mêmes nous dénoncerions ce man-
que de goût, ce déni furieux de justice !
Ces messieurs ont-ils donc, seuls, le
droit d'être insolents et cyniques dans
leurs établissements d'éducation?
Voilà comme, Infectant cette simple jeunesse,
Ils mettent à profit le calme où l'on les laisse.
A quoi servent nos inspecteurs s'ils ne
signalent point au ministre ces ouvrages
ineptes et dangereux, répandus à profu-
sion dans les maisons religieuses? s'ils
ne les défèrent pas aux conseils départe-
mentaux, ou même, s'il le faut, au con-
seil supérieur de l'instruction publique ?
A supposer même que l'on ne pût sé-
vir contre les malfaiteurs intellectuels
qui empoisonnent les jeunes générations
de mensonges calomnieux, au moins les
pères seraient-ils avertis du genre d'ins-
truction que l'on donne à leurs enfants
et des idées monstrueuses dont on leur
farcit la cervelle.
Ce serait toujours un bon résultat ob-
tenu.
FRANCISQUE SARCSY.
—————
INDÉPENDANCE ET INAMOVIBILITÉ
UN COUP D'OEIL EN ARRIÈRE (1)
II
En se rendant à bord du Bellérophon,
Napoléon dut envisager avec une déchi-
rante surprise le singulier fruit de sa po-
litique pendant quinze années. Ainsi,
il n'a pas pris par ruse la France de
brumaire, si exubérante de fougue et
de générosité, si fière de son indé-
pendance de fraîche date; il ne l'a domp-
tée, dressée au silence, à la passivité com-
plète, il n'a défait pièce à pièce Fœuvre de
la Révolution et relevé autour du nouveau
principe dynastique chacune des institu-
tions de la monarchie que pour rendre
possible la restauration des Bourbons.
Tous ces instruments de compression,
qu'il a imaginés, essayés, retouchés tant
de fois, vont, encore chauds de son étrein-
te, servir à imposer un despotisme plus
sombre et qu'aucun reflet de gloire ne
décorera.
La royauté n'a en effet, semble - t-il, à
apporter, surtout dans l'ordre judiciaire,
que des changements de nom. Quelle au-
tre réforme y introduire ? La magistra-
ture n'est plus cette régente hautaine d'au-
trefois. Sous quelle dépendance absolue
elle est tombée par le machiavélique as-
semblage de son organisation, elle-même
tient à le prouver par son empressement
à mettre, par deux fois, son dévouement
aux pieds de son roi légitime, quitte à en
porter dans l'entre-temps l'hommage inal-
térable au débarqué de 1 île d'Elbe.
Si de ces dernières fluctuations sont sor-
ties la suspension de l'inamovibilité par
l'acte additionnel, ainsi que nous l'avons
vu, et, comme représaille, l'expulsion, au
retour des Bourbons, des «individus nom
mésparl'usurpateur,\) l'harmonie générale
(1) Voir le XIX" Siècle du 6 février 1879.
des institutions n'en est point rompue. Ce
retour des choses d'ici-bas n'est que la
première consécration de cette vérité his-
torique, si souvent tonfirmée, que l'inamo-
vibilité se mesure, non sur la vie des ma-
gistrats, mais sur la durée du gouverne- *
ment qui l'a établie. A part donc ce trou-
ble passager, tout reprendra sa marche
habituelle. La Charte proteste contre la
pensée d'innover. L'inamovibilité y est
inscrite en termes formels. Ce principe in-
fortuné traversera-t-il donc sans encombre
cette phase nouvelle ?
Ces riantes perspectives ne tardent guèJ
re à s'assombrir. Avec 1815 se déchaîne
d'un bout à l'autre du territoire cette fu-
reur de réaction, qui débute par les mas-
sacres de Marseille, de Nîmes, l'assassi-
nat du maréchal Brune, et qui, sous le
souffle enflammé des comités royalistes,
dépasse même la violence de la Chambre
introuvable et impose sa tyrannie au ca-
binet et à la cour. Alors commence la
chasse à tout ce qui est soupçonné de
nourrir au fond du cœur quelque regret,
quelque sentiment de tolérance ou quel-
que honte du joug étranger. Il n'est sf
mince fonctionnaire dont les actes, l'atti-
tude, les intentions ne soient dénoncés au
pouvoir. Chaque dénonciation est doublée
d'une demande ou dictée par l'espoir de
racheter un passé compromettant.
La magistrature, sortie presque tout
entière de la faveur impériale, à la vue de
ce flot de convoitises, prend peur à son
tour et cherche un appui dans la constitu-
lien N'a t-elle pas été déc l-- J — —Î «1 AVIL
Elle ne recueille pour fruit de ses efforts
qu'une leçon de jurisprudence. Que vous
êtes donc encore novice, lui répond la
chancellerie, dans l'art d'interpréter les
textes ! L'article 58 dit : « Les juges nom-
més par le roi sont inamovibles. » Nom-
més par le roi, la jolie restriction mentale 1
Vous avez été maintenus en fonctions,
vous n'avez pas été nommés. Qu'avez-vous
donc obtenu par votre soumission peu
fière, sinon ce que dans quelques soixante
ans,les progrès de la jurisprudence aidant,
on ne manquera pas d'appeler une ina-
movibilité fictive; la sérieuse, révérence
parler, ne sera conférée que par grâces
individuelles aux plus méritants.
La théorie du gouvernement parut en-
core trop modérée à la Chambre.
Sire, dit le renard, vous êtes trop bon loi,
Vos scrupules font voir trop de délicatesse.
Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte espèce.
Est-ce un péché? Non, non. Vous leur fîtes, sei-
En les croquant, beaucoup d'honneur. 1 gneur,
L'inamovibilité est-elle d'ailleurs si res-
pectable? Ah 1 certes, s'écriait Château-
briand, s'il s'agissait de cette justice d'é-
pée, née des usurpations de la féodalité
sur une dynastie en décadence, qui son-
gerait à y porter atteinte ? Mais foin de
cette inamovibilité des jugesde robe « is-
sue des sources les moins pures» : de la
vénalité des offices et des embarras pécu-
niaires de la monarchie 1
Et quels sont ses avantages? « Cette
» prérogative, suivant M. Hyde de Neu-
» ville, rapporteur de la loi, n'ajoute rien
» aux connaissances , à l'intégrité ; elle
» assure à la corruption une longue et
» scandaleuse impunité ou favorise une
» coupable indolence. S'il est bon, le juge
» n'en devient pas meilleur, s'il est mau-
» vais, il en devient pire. »
Dans ce haro général, l'inamovibilité,'
« d'où venait tout le mal»,est condamnée
à un exil momentané. Mais pourquoi ne
pas l'abolir de suite, si elle est si perni-
cieuse,au lieu de la suspendre pendant'un
délai trop peu défini ? C'est que, si elle
est gênante pour un travail d'épuration,
elle deviendra, une fois l'œuvre accom-
plie, une prime à offrir à la « fidélité »
Autre n'était pas, si j'ai bonne mémoire,
lt, calcul qui lui valut, sous l'empire, de
semblables alternatives de fortune.
Devant l'orage qui gronde sur sa tête,
la magistrature se jette dans toutes les
voies pour y chercher un abri. Ici elle pro-
digue les serments ; à Amiens, présidents,
conseillers, avocats généraux, substituts
et greffiers « jurent devant le Dieu tout-
puissant et sur son saint Evangile qu'ils
ont horreur de la Révolution ; » là, autour
du bûcher qui consume sur la principale
place d'Orléans les insignes impériaux,
les robes rouges de la cour se mêlent
aux blouses des ouvriers dans le tourbil-
lon de rondes animées par des refrains
aussi expressifs que peu juridiques. Par-
tout elle s'efforce de flatter les passions
du pouvoir et se pose en fervente prosé-
lyte de la réaction triomphante. Nos tri-
bunaux, nos cours rivalisent de zèle avec
les conseils de guerre et les cours prévôta-
les, ces sœurs aînées des commissions
mixtes, et courbent sous une silencieuse
épouvante l'indignation publique.
Tant de gages de dévouement n'a-
paisent point la fureur des proscrip-
tions. Près de trois cents conseillers ou
présidents sont écartés par refus d'insti-
tution, le nombre des révocations de juges
est monstreux. Dans cette course affo-
lée après la faveur, les caractères di-
gnes et fermes qui avaient échappé
aux méfiances de l'empire restent vite
en arrière et sont désignés par leur mo -
dération aux rigueurs du pouvoir. Sous
prétexte de rehausser son prestige, on
bouleverse la cour de cassation la pre-
mière. Plus lent est le remaniement des
autres compagnies judiciaires. Amiens,
Limoges, Caen et Rouen, pour ne citer
qu'un exemple, n'ont leurs cours re-
constituées qu'à la veille de 1819.Le prési-
dent de cette dernière cour, chassé et pri-
vé de ses droits à la retraite après vingt-
sept ans de service, est Dupont (de l'Eure).
Dans cette fièvre d'épuration on dépasse
la mesure : à un moment on se trouve,
mirabile dictul à court de protégés. Le
stock de dévouements paraîtépuisé,surtout
pour les emplois minimes : ce n'est pour-
tant pas par excès de rigueur dans l'exa.
men des aptitudes qu'on a amené la pé-
nurie. On a recours aux officiers de l'ar-
mée de Condé et même au clergé, qui,
par un cumul peu commun, exerce à la
fois ces deux ministères, res quondam
dissociabiles, aurait dit Tacite.
A quelle heure cette œuvre d'élimina-
tion arriva-t-elle à son terme, il serait dif-
LE E SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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BULLETIN
Paris, 19 Février 1879
On sait qu'à la sui:e de l'adoption par le
Reichstag de la loi contre les socialistes
l'état de siège civil, c'est-à-dire l'état de
siège, mitigé, a été proclamé à Berlin. On
sait aussi qu'en vertu de cette proclama-
tion, deux députés au Reichstag ont été
expulsés de la capitale de la Prusse
comme individus dangereux, mais sans
qu'ils fassent accusés d'avoir commis
aucun crime ou délit spécial. Cette expul-
sion ne pouvant en aucune façon les dé-
pouiller de leur mandat de députés, tous
deux revinrent à Berlin il y a quelques
jours, pour siéger au Reichstag, se fon-
dant sur l'inviolabilité parlementaire sanc-
tionnée par la constitution, et le Parlement
allemand ayant été officiellement convo-
quée par l'empereur. Malheureusement,
1 article 28 de la loi contre les socialistes se
prête a diverses interprétations. Le dépu-
té Windthorst, au cours des débats sur la
loi, avait prédit aux nationaux-libéraux,
beaucoup trop confiants dans la préroga-
tive parlementaire, l'abus que l'on pour-
rait faire de cet article. Or, ce que le
député du centre avait prédit arrive
aujourd'hui. Le ministre de la justice
de Prusse et le chancelier de l'empire
ont déposé sur le bureau du Parlement
une demande en autorisation de poursui-
tes et d'arrestation contre un de ces dépu-
tés M. Fritzsche. On assure même que le
gouvernement aurait fait procéder à l'ar-
restation de ce député avant d'avoir obte-
nu l'autorisation du Parlement. Cette
nouvelle a produit une très-vive impres-
sion dans le monde parlementaire. Les
différents groupes du Parlement ont dis-
cuté la proposition, qui sera certainement
rejetée à une grande majorité, vu que les
conservateurs-libéraux eux-mêmes ne
semblent pas disposés à soumettre le
Reichstag à la juridiction du président de
la police de Berlin. Le parti libéral-natio-
nal a déjà résolu de repousser la motion
du gouvernement, en votant un ordre du
jour motivé.
La Gazette de Cologne nous apporte
quelques renseignements sur l'état des
négociations entamées entre l'Allemagne
et le Vatican. L'empereur et le prince de
Bismark auraient félicité le pape à l'occa-
sion de l'encyclique contre les socialistes,
et exprimé en même temps le désir de
terminer promptement la lutte pelitico-
ecclésiastique.Les bases adoptées jusqu'à
présent pour les négociations ont été aban-
données. La curie a envoyé à Berlin un
projet de traité de paix par lequel elle ac-
cepte le statu quo en ce qui concerne la
reconnaissance et l'installation des ecclé-
siastiques, mais demande le rétablisse-
ment des évèques dans leurs fonctions,
et l'amnistie pour le bas clergé. Le gou-
vernement de Berlin a trouve le projet
acceptable en principe, et a proposé à
Rome quelques modifications. La curie
hésite encore à les accepter, bien qu'elle
semble assez disposée à y adhérer.
Dans la question relative à la Rouma-
nie, la plupart des puissances ont accepté,
assure-t-on, une conférence des ambassa-
deurs à Constantinople, proposée ou, du
moins, appuyée principalement par l'Au-
triche. On ne croit pas que la Russie,
après avoir adhéré à ce genre de solution,
emploie dans l'intervalle des moyens vio-
lents vis-à-vis de la Roumanie. Les repré-
sentants des puissances à Constantinople
proposeront probablement dans la ques-
tion principale un compromis que les deux
parties accepteront sans aucun doute.
On assure que lord Napier de Magdala,
aujourd'hui gouverneur de Gibraltar, se-
rait nommé commandant en chef des
troupes anglaises au Cap.
S. BARBESI.
.CiL. -- P.,.I..
PETITE BOURSE DU SOIR
8 O/O 77 fr. 07 1/2, 10.
5 0, 0 112 tr. 41 1/4,32 1/2, 85.
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Banque ottomane.. 4?2 fr. 50.
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Hongrois.. 72 fr- 1/2.
Italien,. 71 fr.
—1 ■ ♦ ■
Il est certain que M. le ministre de l'in-
térieur a été mal servi lundi par sa pa-
role. Ce qu'il a dit, à la fin de son premier
discours, en réponse à M. Le Provost de
-Launay fils, ne répondait point à ce qu'il
pensait. Ces sortes d'accidents oratoires
arrivent quelquefois aux ministres les
plus rompus à la vie parlementaire. On
ne les explique point ; on se contente ae
les regretter. Il est évident qu'il ne fallait
pas implorer la confiance de la Cham-
bre avec l'accent découragé des nau-
fragés évangéliques qui criaient : Salva
nos, Domine, pèrimus l Rien n'est en
péril, ni la République, ni l'ordre, ni la
liberté, ni le ministère. Sans faire le
tranche-montagoe, il serait bon d'avoir
l'air plus sûr de soi. M. de Marcère a dû
voir combien cette triste péroraison, gâ-
tant un bon discours, a produit une im-
pression désagréable sur la Chambre. On
lui a riposté de l'extrême gauche. « Mais
non 1 vous vous trompez 1 Le gouverne-
ment est fort, il ne connaît pas sa force 1»
Et cela peut-être est plus vrai que ne le
pensaient quelques-uns de ceux qui l'ont
dit. Le gouvernement, en effet, dispose
du levier le plus puissant, qui est l'opi-
nion publique. Seulement, il ne suffit pas
d'être fort; il faut le paraître et ne point
se mettre dans la posture de quelqu'un
qui doute de soi. Nous croyons devoir
cet avis à l'honorable ministre de l'in-
térieur, tout en reconnaissant que l'in-
cident auquel nous faisons allusion est
très secondaire. Nous voudrions que les
membres da cabinet, lorsqu'ils s'expli-
quent dans le Parlement, eussent toujours
devant les yeux l'exemple de M. Thiers,
de M. Dufaure et de tous les vrais chefs
de gouvernement, qui jamais n'ont eu la
faiblesse d'ébranler eux-mêmes leur pro-
pre crédit. Il sera facile, au surplus, de
réparer au premier jour l'effet de deux ou
trois phrases défaillantes. Nous ne sau-
rions répéter les avis que nous donnions
naguère au cabinet sans tomber dans les
redites. Mais, encore une fois, qu'il n'en
doute pas : on est très-fort quand on
marche d'accord avec la France. Aussi
longtemps qu'il saura mettre de son côté
l'opinion publique, il sera sûr d'obtenir
la majorité dans le Parlement.
EUG. LIÉBERT.
LMP liRLEMENT
COURRIER DE LA.CHAMBRB
Versailles, 18 fevrier 1879.
Mais que dorénavant on mo blâme, on me loue,
Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien,
J'en veux faire à ma tète. Il le fit, et fit bien.
Nous ne savons trop pourquoi, traînant
de bonne heure notre mélancolie dans la
salle des Pas-Perdus, en attendant une
séance qui ne devait s'ouvrir qu'à trois
heures et demie, nous nous sommes tout
à coup surpris mâchonnant quelques vers
de la fable : Le Meunier, son fils et
ïâne. La réminiscence avait été in-
consciente ; sans que nous ayons eu le
temps de nous en rendre compte, dans no-
tre cerveau s'était opérée la réflexion des
scènes intimes qui se déroulaient un peu
partout, à droite, à gauche et devant
nous.
Oui, il faut le dire : les uns trouvent
que le Cabinet devrait faire ceci et les au-
tres qu'il devrait faire cela, ceux-ci qu'il a
eu tort d'agir ainsi et ceux-là qu'il aurait
bien plus tort d'agir autrement. Nous com-
mençons à croire que le Cabinet a surtout
tort d'être sans cesse aux écoutes, de
tendre l'oreille à tous les propos qu'il croi-
se en chemin, et qu'il n'est que temps
pour lui de cheminer à sa guise, à pied
ou sur son Ane, comme bon lui semblera,
au pas ou au trot, pourvu qu'il marche
droit à ce qui est son but.
Certes, il ne manquera pas sur la route
de barbons ou de belles filles pour crier
haro sur lui, dans quelque équipage qu'il
se mentre ; mais nous sommes à une épo-
que curieuse où la masse ne sait pas au
juste si l'âne doit être porté comme un lus-
tre ou enfourché par le meunier et son
fils en croupe, ou s'il doit se prélasser sans
fardeau. Le ministère est républicain ; au
lieu d'hériter devant toutes les critiques,
qu'il prenne carrément son parti, et nous
sommes convaincu que l'allure qu'il im-
primera à sa bête fera loi, pourvu qu'elle
soit franche, et que la majorité de la na-
tion et du Parlement dira : « A la bonne
heure, voilà une honnête allure 1 »
Si nous jacassons ainsi, c'est que la
séance ne vaut guère la peine qu'on s'en
occupe.
Tout d'abord, il y a été tranché une
question de principe qui n'offre qu'un
médiocre intérêt.
Un député invalidé, s'il est réélu, peut il
venir reprendre sa place dans son ancien
bureau ?
Le cas s'est présenté pour M. Delafosse,
jeune bonapartiste, qui a été nommé mem-
bre de la commission d'enquête électorale
chargée d'examiner les agissements du
cabinet du 16 Mai.
Nous, nous répondons : Non, évidem-
ment, puisque c'est la seconde élection qui
fait du candidat un député. Et, à vrai dire,
tout le monde, au fond, est de notre avis,
saur peut-être le fantaisiste M. Laroche-
Joubert, qui risque cette étonnante argu-
mentation : « Si c'est une question de prin-
cipe, nous devons la trancher dans un sens
contrairfi à la lettre du rèsloment. »
Ce mince débat a fourni l'occasion à M.
Gambetta l'occasion de se montrer un vrai
président. Posant bien la question, expli-
quant clairement le cas et rappelant le seul
précédent analoaue qui existe, un précé-
dent de 1848, il a contribué à écourter
une discussion qui, pivotant sur une poin-
te d'aiguille, pouvait tourner indéfiniment
de la sorte, comme un tonton.
De l'organisation de l'enseignement su-
périeur en Algérie, qui a été terminée
aujourd'hui, nous n'avons rien à dire.
Et de M. Baudry d'Asson, nous ne par-
lerions certainement pas, — car cet aima-
ble Vendéen, cessant d'être comique dans
la forme , se lance maintenant dans le
genre ennuyeux, — s'il n'eût amené à la
tribune le nouveau Boui-secrétalre d'Etat
à l'intérieur.
Nos lecteurs se souviennent sans doute
de tout le bien que nous avons dit récem-
ment du talent ae M. Dtvelle. Ce jour-là,
nous nous sommas écrié : « On demande
des jeunes, en voilà un 1 » Et la meilleure
preuve que ce n'était point une opinion
particulière que nous exprimions, c'est
que M. Develle vient d'être récemment
prié de prendre sous sa direction l'un des
plus importants rouages gouvernemen-
taux.
Sa valeur personnelle n'est pas au-des-
sous de la confiance qu'on a en lui. 11 l'a
bien prouvé aujourd'hui.
Il s'agissait d'un conseil municipal quel-
conque, — du Var, cette fois, car le Ven-
déen étend maintenant sa clientèle par
toute la France, — d'un conseil municipal
qui aurait pu être élu comme ceci et qui
a été élu comme cela. C'est intéressant à
faire dormir la Belle au Bois Dormant cent
ans de plus, à condition que M. de Baudry
d'Asson s'avise de jouer le Prince Char-
mant.
Toujours est il que M. Devella se lève,
se permet tout juste une phrase de préam-
bule et allonge immédiatement sous le
nez du questionneur le texte même de
l'arrêté du conseil d'Etat sur la matière.
Après quoi il distribue à 1% droite cinq ou
six lignes bien administrées. Et il des-
cend. C'est net, carré, bien envoyé, avec
une pointe de raillerie dédaigneuse, qui
rit derrière une forme correcte et char-
mante. De la concision et de la vigueur;
en voilà un qui ne demande qu'à marcher
droit son chemin. Aussi, pour un rien,
a-t il récolté beaucoup de bravos.
PAUL LAFAUGUE.
CDCRPJ3E DU SÉNA.T
On annonçait une interpellation de M.
Tobin à propos de la préfecture de police;
les esprits paraissaient assez montés. Eu
séance,fon apprit qu'il n'y aurait rien
pour aujourd'hui. Et de fait, il n'y a pas
eu d'explosion, bien que la discussion ait
roulé sur les mines. Il s'agissait toujours
de réviser la loi de 1810. Les honorables
sénateurs que la question passionne s'en
sont donné à cœur-joie ; il y a eu quelques
belles passes, un peu longues toutefois,
entre M. Cherpin et M. Bernard d'un côté,
M. GriffeelM. Clémentdel'autre. Quelques
amendementg entété adoptés, laplupart ont
été repoussés; cela serait fort long et diffi-
cile à expliquer si l'on voulait entrer dans
le détail. La question est spéciale, les ter-
mes employés ont paru barbares au Sénat,
qui faisait néanmoins de grands efforts
pour comprendre. Da tous les orateurs
qui ont parlé, c'est un nouveau venu, M.
Griffe, que l'on a écouté avec le plus d'at-
tention. On voyait qu'il était convainpn
son acceni ae siuueine \eL Uil Midi) plai-
sait au Sénat. Je crois bien cependant qua
ses amendements ont été repoussés. Mais
il a fallu qu'un ministre, M. de Freycinet,
intervînt.
M. Griffe, d'ailleurs, pourra se rattraper
jeudi. Cette affaire de mines n'est pas fi-
nie. Les orateurs ont voulu y mettre de
la discrétion aujourd'hui, et l'on s'est sé-
paré sans conclure. Mais nous sommes de
revue, hélas !.
EMMANUEL ARBNE.
Il POLICE & LE MINISTÈRE
Il ne nous semble pas que le ministère
de l'intérieur se soit conduit, dans l'af-
faire de la préfecture de police, avec
cette suite et cet esprit pratique qui sont
les premières qualités d'un gouverne-
ment. Nous ne nous cachons pas ici d'ê-
tre des amis du ministère, de ses amis
dévoués, et c'est ce dévouement même
et cette amitié qui nous rendent plus at-
tristés lorsque nous voyons quelque faute
commise.
Sitôt que furent connues les révélations
amenées par le procès de la Lanterne,
elles causèrent dans le public une légi
time émotion. Le gouvernement, — c'é-
tait encore celui de M. de Mac-Mahon,—
partagea cette émotion. Devant de tels
faits il était, en effet, impossible à l'auto-
rité de demeurer indifférente.
Elle pouvait choisir entre deux moyens.
L'un était d'agir à elle:seule, de scruter
elle-même la profondeur de la plaie et
d'y porter le fer rouge. L'administration
pouvait, en quelques jours, au moyen
d'une enquête officieuse sévère, décou-
vrir quels agents avaient pu abuser de
leur pouvoir,et faire une bonne et promp-
te justice. Peut-être, somme toute, ce
moyen eût-il été le meilleur ; il était, en
tout cas, le plus conforme aux traditions
administratives.
L'autre moyen était de constituer une
commission d'enquête composée de
membres du Parlement, de lui de ma ad er
de porter la lumière dans les bas-fonds
les plus sombres de la préfecture de po-
lice. Ce fut à ce parti que le ministère s'ar-
rêta. Il est certain que l'opinion accueillit
cette mesure avec faveur ; il est certain
aussi qu'il eût été difficile de composer
une commission d'hommes plus compé-
tents, plus éclairés, plus honorables que
les sénateurs ou les députés dont M. de
Marcère avait fait choix.
Seulement, du moment que l'on adop-
tait ce parti, ii fallait l'adopter résolûment
et aller dans cette voie jusqu'au bout. Il
fallait mettre la commission que l'on
avait nommée en état d'accomplir son
œuvre et, puisqu'elle était chargée de
faire la lumière, lui fournir les moyens
de dissiper toutes les ombres.
Au lieu de cela, qu'est-il arrivé? C'est
que la commission s'est vu entraver à
chaque pas ; elle s'est heurtée à toutes
sortes de mauvaises volontés, sans avoir
la possibilité d'en triompher. On lui
infligeait la responsabilité sans l'armer
des pouvoirs nécessaires. Parmi les com-
missaires, les uns ontsenti d'abord qu'ils
n'aboutiraient à rien et se sont retirés
aussitôt ; les autres, plus patients, ont
persévéré, mais, après avoir persévéré,
il ont reconnu à leur tour que leur bon
vouloir et leurs efforts pour dégager la
vérité étaient impuissants, et à leur tour
ils ont donné leur démission.
C'est là que nous en sommes aujour-
d'hui. Le gouvernement n'a pas agi par-
ce qu'il instituait une commission d'en-
quête, et la commission d'enquête n'a pu
agir parce que les moyens lui ont man-
qué.
Que va-t-on faire maintenant? Les cho-
ses ne peuvent demeurer en l'état où el-
les étaient, tout le monde en convient. Il
ne reste donc plus au gouvernement qu'à
revenir au premier moyen dont il eût dû
faire usage, puisqu'il n'a pas su faire
réussir le second. Il faut qu'il prenne en
main, d'une main ferme, la réorganisa-
tion des services de la police; une police
qui inspire à la fois le respect et la con-
fiance est un des premiers besoins de
toute société.
Si nous vivions au temps de l'âge d'or,
la direction de la police serait chose ai-
sée ; un ange du ciel suffirait à cette si-
nécure Mais nous ne sommes qu'au siè-
cle du veau d'or ; ce n'est pas précisément
la même chose. Il est nécessaire que les
honnêtes gens soient aussi habiles pour
se protéger eux mêmes que les coquins
le sont pour les attaquer. Les bonnes in-
tentions sont absolument insuffisantes
lorsqu'il s'agit de lutter et contre les au-
daces du crime et contre les combinai-
sons scélérates.
Si le cabinet ne veut pas que le Parle-
ment s'inquiète — puisque ce vilain mot
d'inquiétude est à la mode, — il faut qu'il
se hâte d'agir virilement. C'est déjà trop
que de graves abus aient pu subsister
si longtemps sans que les chefs en fus-
sent avertis ; il importe qu'ils soient ex-
tirpés. Il importe aussi que, dans un ser-
vice lié de si près à la sécurité publique,
le gouvernement républicain puisse comp-
ter sur le concours fidèle de ceux qu'il
emploie. M. de Marcère nous a donné
plus d'une fois l'occasion de le féliciter
de son énergie. Il méritera bien de la
France et ne se nuira pas à lui même s'il
nous permet de le faire bientôt une fois
de plus.
CHARLES BIGOT.
4>
Nouvelles parlementaires
La commission d'enquête électorale s'est
réunie hier matin à Paris. Eile a entendu la
lecture du rapport de l'élection de M. Gavini.
Le rapport conclut à la validation.
Ces conclurions ont été adoptées.
M. Delafosse, le député réactionnaire nom-
mé hier, assistait à la séance. It a demandé
qu'on lui communiquât les procèa-virbaux de
la commission pour qu'il pût se mettre au
courant de ses travaux.
M. le présent lui a répondu qu'il mettait
ces procès-verbaux, lesquels sont tous trans-
crits sur le registre, à sa disposition.
L'annulation de l'élection de M. Delafosse,
prononcée quelques heures plus tard par la
Chambre, lui évitera ce travail de dépouille-
ment qu'il annonçait l'intention de s'imposer.
*
* *
L'élection de M. Delafosse, comme commis-
saire, a été, en ffIÜ, annulée en séanca.
Voici à la suite de quelle circonstance :
Le bureau de la Chambre avait été saisi
d'une protestation contre cette élsctien, faite,
disait la plainte, dans des conditions Irrégu-
lières.
En effet, M. Delafosse, en 1877, faisait par-
tie du 10* bureau, mais, à la suite de l'invali-
validation prononcée par la Chambre, ne
pouvait reprendra ton poste à ce bureau.
Du seul fait de l'invalidation de son élec-
tion, il n'était pas député, et III. réélection ne
pouvait lui donner le droit de siéger dans un
bureau de la formation de novembre 1877.
Le bursau de la Chambre a reconnu la jus-
tesse de la protestation et s'est prononcée
pour l'annulation.
On sait que la Chambre, saisie de la ques-
tion, l'a tranchée dans le même sen?.
Le 10" bureau aura donc à procéder à l'é-
lection d'un nouveau commissaire, et cette
fois M. Delafosse ne sera plus admis à partici-
per indûment au vote.
*
¥ M
Deux autres membres de la commission
d'enquête ont été élus hier :
M. Buyat, dans le 1er bureau, en remplace-
ment de M. Goblet ;
M. Boysset, dans le 89 bureau, en rempla-
cement de M. Jules Ferry. M. Boyiset a obte-
nu 14 voix sur 27. Son concurrent était M. de
Choiseul.
Ir
♦ #
Plusieurs des membres démissionnaires de
la commission d'enquête sur la préfecture de
police ont fait connaître à M. de Marcère
quelles mesures il leur semblait nécessaire
qu'il prit pour donner satisfaction aux légiti-
mes exigences de l'opln'on publique. Ils dési-
reraient, soit que M. de Mircèra réalhât de sa
propre autorité diverses réformes qu'ils lui
ont indIquées, soit qu'une commission parle-
mentaire examinât un projet de réorganisation
des services de la police.
M. de Marcère ne leur a pas encore fait con-
naître sa réponse.
On donnait comme certain que, si elle n'est
pas favorable, des demandes d'interpellation
lui seront adressées fimultanément, lundi, à
la Chambre et au Stfnat.
m »
Un rapport important a été distribué hier
au Sénat, celui de la commission chargée
d'examiner la proposition de loi de M. Bozé.
rian, relative aux dessins et modèles indus-
triels.
L'auteur de la proposition en est le rappor-
teur.
9 9
Les bureaux du Sénat se sont réunis pour
nommer leurs présidents et secrétaires et les
commissions mensuelles.
Voici les nems des présidents et secrétaires
élus :
1er bureau : MM. Masson da Morfontaine,
président, et Gazagne.
2° bureau MM. Adam et Honnoré.
3e bureau : MM. Leblond, Chaumontel et
Dutilleul.
4e bureau M. Massot ;
5e bureau MM. Barthélemy Saînt-HIlalre et
Maagini.
6e bureau MM. Dufaure et Camparan.
7° bureau : MM. Kolb-Bernard et Clément.
8* bureau : MM. de Lur-Salaces et de Rému-
sat.
96 bureau : MM. Emm. Arago et Vlvenot.
Sur neuf bureaux, les présidents et secré-
taires du 7a bureau appartiennent seuls à la
droite.
A. L.
L'Echenillage
Poursuivons notre échenillage.
Voici un petit cahier autographié, qui
est mis par les bons frères entre les
mains de leurs élèves, dans une maison
d'enseignement secondaire spécial qu'ils
possèdent à Moulins.
Ce cahier autographié est un cours de
littérature, qui sert de texte aux leçons
des professeurs de l'établissement. Il est
revêtu d'une couverture grise, sans signe
extérieur, ni date, sans nom d'éditeur ;
comme le directeur de la maison que je
vise pourrait m'opposer aujourd'hui que
ce cahier n'y existe pas, et faire entendre
par là qu'il n'y a jamais existé, je crois
qu'il est bon de préciser les indica-
tions.
Le cours de littérature fait en l'année
1878 l'a été avec ce cahier autographié,
qui était mis à la disposition des élèves.
Au reste notre confrère, le rédacteur en
chef du Puy-de-Dôlne,a, dans son numéro
du 16 courant, fait de larges emprunts à
ce petit volume, dont un exemplaire lui
sera sans deute, à lui aussi, tombé entre
les mains.
Je ne m'arrête pas aux injures prodi-
guées à Voltaire et à Rousseau. Il va de
soi que le pieux auteur de ce cours de
littérature a réédité, contre ces grands
hommes, toutes les vieilles accusations,
qui traînent depuis un siècle dans les
pamphlets religieux. Vous les connaissez
toutes, et je ne vous apprendrais rien de
nouveau.
Voici qui est plus curieux, parce qu'il
y est question de nos contemporains. Ad-
mirez de quelle façon ce monsieur les
traite :
Cette race d'hommes qua l'on a qualifiés
non sans raison da malfaiteurs intellectuels
s'est multipliée dans ces derniers temps au
point d'envahir par quelques-uns de ses re-
jetons à peu près toutes les branches du sa-
voir humain, pour en fausser les principes ou
pour en dénaturer les conséquences.
Sans parler de BBRANGER, le chantre popu-
laire de l'impiété, qui ne sait par exe mple
combien l'histoire a menti sous la plume des
- -
eombien la. critique est Incomplète ou faussé
chez les Villcmam, les Sainte-Beuve, les N-
sard; combien la philosophie est devenue
athée et matérialiste avec les COUSln, les Jouf-
froy, et d'autres plus sceptiques encore que
leurs maîtres.
Quelle salade, mes amis ! quelle éton-
nante salade ! Pauvre Cousin ! C'était
bien la peine de faire tant de concessions
à ces gens-là. Te voilà fourré par eux
dans le même sac que les matérialistes
et les athées, et bon à jeter à l'eau. Et
Jouffroy donc! Jouffroy, matérialiste et
athée 1 Cette âme tendre qui fut toute sa
vie tourmentée de l'idée d'une destinée
future.
Mais prenons la chose de plus haut.
Est-il sérieusement permis de traiter de
malfaiteurs intellectuels nos contempo-
rains les plus illustres ; d'apprendre
aux enfants que l'histoire a menti sous
la plume des Guizot, des Thiers et des Mi-
chelet, qui sont au nombre de ces mal-
faiteurs 1
Supposez que dans une de nos écoles
de l'Etat se fût glissé un cours de litté-
rature où l'on appellerait sans façon Du-
panloup un farceur, Lacordaire un fou,
Montalembert un malfaiteur; quels cris
ne pousserait pas la gent dévote ! Et nous
trouverions son indignation très légitime.
Nous-mêmes nous dénoncerions ce man-
que de goût, ce déni furieux de justice !
Ces messieurs ont-ils donc, seuls, le
droit d'être insolents et cyniques dans
leurs établissements d'éducation?
Voilà comme, Infectant cette simple jeunesse,
Ils mettent à profit le calme où l'on les laisse.
A quoi servent nos inspecteurs s'ils ne
signalent point au ministre ces ouvrages
ineptes et dangereux, répandus à profu-
sion dans les maisons religieuses? s'ils
ne les défèrent pas aux conseils départe-
mentaux, ou même, s'il le faut, au con-
seil supérieur de l'instruction publique ?
A supposer même que l'on ne pût sé-
vir contre les malfaiteurs intellectuels
qui empoisonnent les jeunes générations
de mensonges calomnieux, au moins les
pères seraient-ils avertis du genre d'ins-
truction que l'on donne à leurs enfants
et des idées monstrueuses dont on leur
farcit la cervelle.
Ce serait toujours un bon résultat ob-
tenu.
FRANCISQUE SARCSY.
—————
INDÉPENDANCE ET INAMOVIBILITÉ
UN COUP D'OEIL EN ARRIÈRE (1)
II
En se rendant à bord du Bellérophon,
Napoléon dut envisager avec une déchi-
rante surprise le singulier fruit de sa po-
litique pendant quinze années. Ainsi,
il n'a pas pris par ruse la France de
brumaire, si exubérante de fougue et
de générosité, si fière de son indé-
pendance de fraîche date; il ne l'a domp-
tée, dressée au silence, à la passivité com-
plète, il n'a défait pièce à pièce Fœuvre de
la Révolution et relevé autour du nouveau
principe dynastique chacune des institu-
tions de la monarchie que pour rendre
possible la restauration des Bourbons.
Tous ces instruments de compression,
qu'il a imaginés, essayés, retouchés tant
de fois, vont, encore chauds de son étrein-
te, servir à imposer un despotisme plus
sombre et qu'aucun reflet de gloire ne
décorera.
La royauté n'a en effet, semble - t-il, à
apporter, surtout dans l'ordre judiciaire,
que des changements de nom. Quelle au-
tre réforme y introduire ? La magistra-
ture n'est plus cette régente hautaine d'au-
trefois. Sous quelle dépendance absolue
elle est tombée par le machiavélique as-
semblage de son organisation, elle-même
tient à le prouver par son empressement
à mettre, par deux fois, son dévouement
aux pieds de son roi légitime, quitte à en
porter dans l'entre-temps l'hommage inal-
térable au débarqué de 1 île d'Elbe.
Si de ces dernières fluctuations sont sor-
ties la suspension de l'inamovibilité par
l'acte additionnel, ainsi que nous l'avons
vu, et, comme représaille, l'expulsion, au
retour des Bourbons, des «individus nom
mésparl'usurpateur,\) l'harmonie générale
(1) Voir le XIX" Siècle du 6 février 1879.
des institutions n'en est point rompue. Ce
retour des choses d'ici-bas n'est que la
première consécration de cette vérité his-
torique, si souvent tonfirmée, que l'inamo-
vibilité se mesure, non sur la vie des ma-
gistrats, mais sur la durée du gouverne- *
ment qui l'a établie. A part donc ce trou-
ble passager, tout reprendra sa marche
habituelle. La Charte proteste contre la
pensée d'innover. L'inamovibilité y est
inscrite en termes formels. Ce principe in-
fortuné traversera-t-il donc sans encombre
cette phase nouvelle ?
Ces riantes perspectives ne tardent guèJ
re à s'assombrir. Avec 1815 se déchaîne
d'un bout à l'autre du territoire cette fu-
reur de réaction, qui débute par les mas-
sacres de Marseille, de Nîmes, l'assassi-
nat du maréchal Brune, et qui, sous le
souffle enflammé des comités royalistes,
dépasse même la violence de la Chambre
introuvable et impose sa tyrannie au ca-
binet et à la cour. Alors commence la
chasse à tout ce qui est soupçonné de
nourrir au fond du cœur quelque regret,
quelque sentiment de tolérance ou quel-
que honte du joug étranger. Il n'est sf
mince fonctionnaire dont les actes, l'atti-
tude, les intentions ne soient dénoncés au
pouvoir. Chaque dénonciation est doublée
d'une demande ou dictée par l'espoir de
racheter un passé compromettant.
La magistrature, sortie presque tout
entière de la faveur impériale, à la vue de
ce flot de convoitises, prend peur à son
tour et cherche un appui dans la constitu-
lien N'a t-elle pas été déc l-- J — —Î «1 AVIL
Elle ne recueille pour fruit de ses efforts
qu'une leçon de jurisprudence. Que vous
êtes donc encore novice, lui répond la
chancellerie, dans l'art d'interpréter les
textes ! L'article 58 dit : « Les juges nom-
més par le roi sont inamovibles. » Nom-
més par le roi, la jolie restriction mentale 1
Vous avez été maintenus en fonctions,
vous n'avez pas été nommés. Qu'avez-vous
donc obtenu par votre soumission peu
fière, sinon ce que dans quelques soixante
ans,les progrès de la jurisprudence aidant,
on ne manquera pas d'appeler une ina-
movibilité fictive; la sérieuse, révérence
parler, ne sera conférée que par grâces
individuelles aux plus méritants.
La théorie du gouvernement parut en-
core trop modérée à la Chambre.
Sire, dit le renard, vous êtes trop bon loi,
Vos scrupules font voir trop de délicatesse.
Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte espèce.
Est-ce un péché? Non, non. Vous leur fîtes, sei-
En les croquant, beaucoup d'honneur. 1 gneur,
L'inamovibilité est-elle d'ailleurs si res-
pectable? Ah 1 certes, s'écriait Château-
briand, s'il s'agissait de cette justice d'é-
pée, née des usurpations de la féodalité
sur une dynastie en décadence, qui son-
gerait à y porter atteinte ? Mais foin de
cette inamovibilité des jugesde robe « is-
sue des sources les moins pures» : de la
vénalité des offices et des embarras pécu-
niaires de la monarchie 1
Et quels sont ses avantages? « Cette
» prérogative, suivant M. Hyde de Neu-
» ville, rapporteur de la loi, n'ajoute rien
» aux connaissances , à l'intégrité ; elle
» assure à la corruption une longue et
» scandaleuse impunité ou favorise une
» coupable indolence. S'il est bon, le juge
» n'en devient pas meilleur, s'il est mau-
» vais, il en devient pire. »
Dans ce haro général, l'inamovibilité,'
« d'où venait tout le mal»,est condamnée
à un exil momentané. Mais pourquoi ne
pas l'abolir de suite, si elle est si perni-
cieuse,au lieu de la suspendre pendant'un
délai trop peu défini ? C'est que, si elle
est gênante pour un travail d'épuration,
elle deviendra, une fois l'œuvre accom-
plie, une prime à offrir à la « fidélité »
Autre n'était pas, si j'ai bonne mémoire,
lt, calcul qui lui valut, sous l'empire, de
semblables alternatives de fortune.
Devant l'orage qui gronde sur sa tête,
la magistrature se jette dans toutes les
voies pour y chercher un abri. Ici elle pro-
digue les serments ; à Amiens, présidents,
conseillers, avocats généraux, substituts
et greffiers « jurent devant le Dieu tout-
puissant et sur son saint Evangile qu'ils
ont horreur de la Révolution ; » là, autour
du bûcher qui consume sur la principale
place d'Orléans les insignes impériaux,
les robes rouges de la cour se mêlent
aux blouses des ouvriers dans le tourbil-
lon de rondes animées par des refrains
aussi expressifs que peu juridiques. Par-
tout elle s'efforce de flatter les passions
du pouvoir et se pose en fervente prosé-
lyte de la réaction triomphante. Nos tri-
bunaux, nos cours rivalisent de zèle avec
les conseils de guerre et les cours prévôta-
les, ces sœurs aînées des commissions
mixtes, et courbent sous une silencieuse
épouvante l'indignation publique.
Tant de gages de dévouement n'a-
paisent point la fureur des proscrip-
tions. Près de trois cents conseillers ou
présidents sont écartés par refus d'insti-
tution, le nombre des révocations de juges
est monstreux. Dans cette course affo-
lée après la faveur, les caractères di-
gnes et fermes qui avaient échappé
aux méfiances de l'empire restent vite
en arrière et sont désignés par leur mo -
dération aux rigueurs du pouvoir. Sous
prétexte de rehausser son prestige, on
bouleverse la cour de cassation la pre-
mière. Plus lent est le remaniement des
autres compagnies judiciaires. Amiens,
Limoges, Caen et Rouen, pour ne citer
qu'un exemple, n'ont leurs cours re-
constituées qu'à la veille de 1819.Le prési-
dent de cette dernière cour, chassé et pri-
vé de ses droits à la retraite après vingt-
sept ans de service, est Dupont (de l'Eure).
Dans cette fièvre d'épuration on dépasse
la mesure : à un moment on se trouve,
mirabile dictul à court de protégés. Le
stock de dévouements paraîtépuisé,surtout
pour les emplois minimes : ce n'est pour-
tant pas par excès de rigueur dans l'exa.
men des aptitudes qu'on a amené la pé-
nurie. On a recours aux officiers de l'ar-
mée de Condé et même au clergé, qui,
par un cumul peu commun, exerce à la
fois ces deux ministères, res quondam
dissociabiles, aurait dit Tacite.
A quelle heure cette œuvre d'élimina-
tion arriva-t-elle à son terme, il serait dif-
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