Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-02-16
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 16 février 1879 16 février 1879
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Neuvième Année. - N - 2 615.
Prix du Numéro à Paris t 15 Centimes. — Départements : 20 Centimes.5
Dimanche 16 Févriéi 1879.
LE E SIECLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN - CONSERVATEUR
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soit 90 centimes par mois.
BULLETIN
Paris, 15 Février 1879.
M. de Montalivet a été élu hier sénateur
inamovible.
Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié la nomination de M. Develle aux fonc-
tions de sous-secrétaire d'Etat au minis-
tère de l'intérieur.
Les déclarations des ministres au Par-
lement anglais ont amené des discussions
assez vives dans les deux Chambres et font
présager des attaques très-violentes con-
tre le cabinet. La question d'Orient et
l'exécution du traité de Berlin jouent évi-
demment un rôle dans le plan de campa-
gne de l'opposition, mais cette question
est un peu rebattue,et le marquis de Har-
tington à la Chambre des communes, et
lord Granville à la Chambre des lords,
semblent vouloir insister surtout sur la
question de Chypre, sur celle de l'Afgha-
nistan et sur celle de l'Afrique australe.
Jusqu'à présent, il faut l'avouer, les fa-
meux projets basés sur la possession de
Chypre et sur les réformes à introduire
dans l'Asie-Mineure n'ont abouti qu'à un
fiasco complet. Pour s'établir solidement
à Chypre, l'Angleterre devra dépenser des
sommes énormes qui ne lui rapporteront
jamais rien, et le mauvais état des affaires,
la crise commerciale terrible qui désole
depuis si longtemps le pays, et qui, mal-
heureusement, ne semble pas près de
finir, donnent profondément à réfléchir
aux contribuables. Ils pensent que la
guerre contre les Afghans et contre les
Zoulous engloutiront bien assez d'argent.
Les ministres anglais, nous l'avons dit,
affectent de considérer la guerre de l'Af-
ghanistan comme terminée. Nous crai-
gnons beaucoup qu'ils ne se fassent illu-
sion. Une dépêche adressée au New-
York-Herald affirme que l'émir a déclaré
au général Rosgonoff qu'il refuserait ab -
solument de traiter avec les Anglais.
Nous le croyons sans peine. Shire-Ali est
un homme très-intelligent et il comprend
certainement que les Anglais doivent être
très-embarrassés de leurs victoires. Ils ne
maintiennent leurs communications ou-
vertes qu'à force de présents aux tribus
de la frontière. Que sera-ce quand ils au-
ront pénétré jusqu'à Caboul ? S'an-
nexeront-ils l'Afghanistan tout entier ?
Mais alors il leur faudra entretenir
dans le pays une armée considérable. Les
Afghans ne consentiront jamais à payer
des impôts réguliers; le jour où leurs nou-
veaux maîtres voudront leur imposer une
charge de cette nature, ils se soulèveront
jusqu'au dernier. Et la preuve, c'est que
l'Angleterre a annexé déjà autrefois la val-
lée de Khouroumet qu'elle a dû y renon-
cer. Il fallait mettre sur pied une véritable
armée pour accompagner le percepteur.
Evidemment les orateurs de l'opposition
insisteront sur ces points et arriveront fa-
cilement à convaincre le pays.
Mais c'est surtout la guerre contre les
Zoulous qui donnera lieu à de vives atta-
ques. Il n'est pas inutile de rappeler les
paroles que vient de prononcer le premier
ministre à ce sujet. L'attention publi-
que, a dit lord Beaconsneld, est en ce
moment concentrée tout entière sur le
désastre survenu dans l'Afrique méridio-
nale, mais ajoute-t-il, c'est un malheur, et
non pas une défaite dans le sens ordinai-
re du mot. Il n'a pas d'autres renseigne-
ments que ceux que possèdent déjà leurs
seigneuries, et, par conséquent, il croit
qu'il vaut mieux attendre pour formuler
une opinion. Cependant, i! est juste, dans
cette circonstance, de rendre un hommage
mérité à la bravoure dont les troupes ont
fait preuve, là comme toujours et par-
tout.
L'opposition a affecté de ne point abor-
der la question, mais il est probable que
le récent déeastre subi sur les bords du
fleuve Tugela fera sans doute l'objetd'une
interpellation à l'une des premières séan-
ces Les organes ministériels ne sont pas
sans appréhension sur les conséquences
que cette catastrophe pourra avoir pour
le cabinet, car ils s'efforcent de démontrer
que l'événement étant d'une nature mili-
taire et non politique, il n'y a pas lieu d'en
faire le point de départ d'une campagne
parlemeuhire. Cette argumentation n'ob-
tiendra probablement qu'un méiioore suc-
eès auprès des chefs de l'opposition. Il
n'est pas certain que, même au point de
vue strictement militaire, le ministère se
trouve affranchi de toute responsabilité
dans la défaite de l'armée d'Afrique, car
on assure que, dépréciant la valeur mili-
taire des Zoulons, il n'aurait pas envoyé
au Cp tous les renforts que sir Bartie
Frère avait demandés.
D'aiileurs, ce qui facilitera singulière-
ment la tâche de l'opposition, et ce qui
rend la situation du cabinet chaque jour
plus difficile, c'est que la guerre contre les
Zoulous n'est pas un incident lolé, mais
se rattache à une politique d ensemble
qui est simultanément appliquée dans
toutes les parties du vdste empire britan-
nique. Quelles seront les impressions du
Parlement lorsqu'il aura examiné les ré-
sultats pratiques de cette politique d'el-
pansion dont lord Beaconsfield s'est fait
gloire, qui n'a conduit en Turquie qu'à des
succès négatifs, dans l'Afghanistan qu'à
des avantages militaires dont la sanction
définitive est loin d'être acquise, et qui
aboutit maintenant en Afrique à des com-
plications d'une durée et d'une étendue
incalculables ?
B. BARBIE*,
as:<~3s's<~ gag» lê»mwla
PETITE BOURSE DU SOm
SOlO. 77 fr. 35.
5 0,0 112 fr. 62 1/2, 60,621/2.
Turc 12 fr. 45, 50.
Banque ottomane.. 485 fr., 486 87.
Egypte 238 fr. 75, 239 37.
Hongrois 72 fr. 3/8.
Italien, 74 fr. 72.
Les circonstances se chargent déjà
de prouver combien étaient justes les
réflexions présentées naguère par le
X/xe Siècle sur le classement des partis.
Nous avons toujours cru, nous croyons
plus fermement que jamais, à la nécessité
de constituer dans notre République deux
grands partis, l'un de droite et l'autre
de gauche, également dévoués aux ins-
titutions, tels que sont les tories et les
whigs d'Angleterre.
Nous savons ce qu'on nous reproche.
On nous reproche avec aigreur de jeter
la division dans le parti républicain, qui
devrait rester uni, etc. Cette objection
avait assurément sa raison d'être au mo-
ment où notre seul devoir consistait à
lutter péniblement pour la fondation de
la République. A l'heure présente, il n'en
est plus de même ; et les républicains
ardents qui nous accusent devraient bien
plutôt, au contraire, nous remercier.
Pourquoi ?
S'ils veulent bien y songer, la raison
leur en paraîtra facile à déduire.
En tout pays, peut être en France plus
que partout ailleurs, il faut toujours s'at-
tendre à des mouvements de réaction
dans l'esprit public. C'est presque une loi
de nature. L'esprit public oscille et in-
cline tantôt à droite, tantôt à gauche, se-
lon l'état de l'atmosphère politique, selon
le cours des événements qui l'ont ému.
Qu'une partie des gauches de la Cham-
bre commette, par exemple, deux ou
trois fautes comme celle dont nous som-
mes témoins à propos de l'amnistie plé-
nière, un mouvement de réaction s'en
suivra infailliblement.
Or, s'il n'y a pas deux partis républi-
cains, ce mouvement ne pourra se faire
qu'au profit des diverses factions monar-
chistes. C'est ce qui serait dangereux, et
c'est ce que nous ne voulons pas.
Pour que l'institution républicaine ne
soit pas compromise en de semblables
circonstances, il faut que l'opinion pu-
blique, lorsque les républicains radicaux
l'auront inquiétée ou fatiguée, se retourne
vers les républicains conservateurs, et
non pas vers les partis monarchiques.
Supposons que la Chambre soit arri-
vée au terme de son mandat et qu'une
centaine de députés se soient aliéné la
confiance de leurs commettants en per-
sévérant dans la politique d'amnistie plé-
nière.
Les voici en présence de leurs élec-
teurs, qui ne veulent plus d'eux ; ils ne
seront pas réélus. Valldra-t-il mieux
alors pour la République qu'ils soient
remplacés par cent bonapartistes ou
royalistes ou par cent républicains con-
servateurs?
C est toute la question. Dans cet ordre
d'idées nous pourrions multiplier les
exemples ; mais il nous semble que ce-
lui-ci suffit bien.
Nous voulons des institutions dura-
bles, et nous prévoyons dans l'esprit pu-
blic des mouvements de réaction non-
seulement possibles, mais certains; c'est
pourquoi nous considérons le classe-
ment des partis, — et jusqu'à un cer-
tain point nous dirons même : l'antago-
nisme des partis,-comme une condition
nécessaire de la stabilité des institutions.
Si l'on veut que la République soit
prête à toute aventure, il ne faut pas que
la France soit réduite à n'avoir le choix
qu'entre les républicains, pris en bloc,
et les monarchistes ; il faut qu'elle ait le
choix entre les républicains de gauche et
les républicains de droite, et que cetsoit
encore vers des partisans de la Républi-
que que se puissent tourner, même en un
jour d'affolement, les intérêts conserva-
teurs.
Or, ce parti conservateur républicain,
il est formé déjà ; ce ne sont ni les hom-
mes ni l'influence qui lui manquent, et
les circonstances le pressent d"achever
de se constituer. Sa constitution sera la
plus sûre garantie de stabilité pour la
République. C'est pourquoi nous disions,
en commençant, que ceux des républi-
cains qui nous blâment devraient bien
plutôt reconnaître l'utilité de nos efforts
et nous en f avoir gré 1
EUG. LIMERT.
LE PARLEMENT
COURRIER DB LA CHAMBRB
Versailles, 14 fevrier 1879.
Comme nous l'avions remarqué dès le
premier jour, M. Gambetta entend être
ponctuel et faire gagner à la Chambre, si
possible, près d'une heure de séance. A
deux heures précises, il occupe le fauteuil
présidentiel. La séance est ouverte, ou,
pour parler plus exactement, elle n'est
plus close, car, si le président est là, les
députés sont rares, c'estune séance entre-
bâillée. Mais n'importe. En toutes choses,
il faut commencer par le commencement.
Li persistance du président arrivera petit
à petit à faire brèche dans les habitudes
prises des députés. Et puis, dans cette
active ponctualité, on aurait tort de ne
voir que le côté matériel ; en coordon-
nant nos observations, en rapprochant le
fait de l'heure journellement gagnée soit
du soin qu'apporte le président à empê-
cher les discussions oiseuses de s'éterni-
ser, soit du souci qu'il montre de faire
nommer le plus tôt possible la commission
du budget, nous nous apercevons que
tous ces petits détails font partie d'un
vaste plan d'ensemble que M. Gambetta a
résumé, dans son discours, par ces mots :
« Et maintenant, aux affaires 1 »
L'ordre du jour ne recèle rien d'une im-
portance extrême. - - -
L'abrogation de la loi relative à l'inter-
diction du travail pendant les diman-
ches et fêtes n'est pas une question
palpitante, puisque cette loi de 1814 se
trouve abrogée par la force même des cho-
ses. M. Veuillot lui-même fait travailler
ses rédacteurs et ses typographes le di-
manche 1 Toutefois un légitimiste, ami de
l'Eglise, éprouve le besoin de risquer une
courte protestation contre la prise en con-
sidération. Je regrette bien de n'être pas
le cocher de M. de la Bassetière. D'abord la
place est peut-être bonne. Mais canestpoint
l'appât d'un vain lucre qui m'anime : si
j'étais le cocher de M. de la Bassetière,
j'aurais un véritable plaisir à lui refuser
positivement « d'atteler » dimanche pro-
chain. Et, si j'étais sa cuisinière. ah 1 si
j'étais sa cuisinière, quel rêve 1. Des
coulis toute la semaine, mais jamais le
moindre miroton les jours de fête ; pour
tous les la Bassetière, petits et grands,
des racines et de l'eau, et encore pas de
l'eau chaude, parce qu'il faudrait allumer
le fourneau ; ainsi le veut l'Eglise. Il est
vrai que M. de La Bassetière me flanque-
rait indubitablement à la porte ; mais je
serais un cocher fier — ou une cuisinière
fière, comme vous voudrez ; — j'aurais la
conscience d'avoir agi suivant les princi-
pes de mon maître.
Au milieu de toutes ces prises en con-
sidération qui se succèdent, nous nous
amusons à suivre M. Gambetta ; ce que
nous avions espéré le premier jour se réa-
lise : M. Gambetta préside beaucoup
mieux; deux ou trois séances ont suffi
pour la transformation. Il parle moins, ne
se laisse plus distraire par ce qui se passe
à droite ou à gauche et, tout à son affaire,
il révèle une qualité maîtresse de prési-
dent : chaque fois que la Chambre est ap-
pelée à prendre une décision, il explique
clairement la position de la question et ne
laisse pas traîner le vote.
Mais, tout à coup, voilà sa présence
d'esprit qui est soumise à la première
épreuve.
Il s'agit de peu de chose, en vérité ;
mais c'est d'un rien que surgissent les
tempêtes, quand le président ne les dis-
sipe pas immédiatement d'un souffle vi-
goureux.
Une proposition a été déposée autrefois,
ayant pour objet de faire reconnaître à la
Marseillaise, conformément au décret du
26 messidor an III, son caractère de chant
national français. Cette proposition, née
de circonstances particulières, n'a plus
de raison d'être aujourd'hui que le gou-
vernement est républicain. Aussi M. Ba-
rodet, au nom des signataires, émet-il
l'intention de la retirer, sur la moindre
bonne parole d'un membre du gouverne-
ment.
Déjà les droitiers commencent à glapir.
Mais, quand M. le ministre de la guerre,
montant à la tribune, prononce ces simples
paroles : « Il y a un décret ; par conséquent
j'appliquerai le décret dans toutes les cir-
constances. » l'effervescences de ces bons
droitiers ne connaîtplus debornes. Avouez
que nous vivons dans un drôle de temps
D'un côté, voilà trois cent cinquante
membres de la majorité qui font une véri-
table ovation à un ministre parce que,
fort naturellement, il promet de se confor-
mer à un décret ; de l'autre, voilà une cen-
taine de législateurs qui font mine de se
révolter contre cette monstruosité si sim-
ple.
M Le Provost de Launay, un fils bona-
partiste,monte à la tribune ; il en descend.
Un légitimiste, M. de la Billiais, lui suc-
cède ; il descend à son tour sans avoir fait
connaître l'immensité de ses pensées.
Tout ce monde grouille en bas, criant,
hurlant d'une façon vague, paraissant fu-
rieux cbntre le général Gresley. Enfin,
grâce à M. le duc de Bisaccia, nous com-
prenons que ces messieurs sont fort vexés
de ne pouvoir placer un discours abraca-
dabrant sur un projet qui n'existe pas,puis-
que la proposition est retirée.
Là, M. Gambetta a fort bien procédé,
comprimant les violences qui ne deman-
daient qu'à éclater de part et d'autre, im-
posant à tous la loi du règlement, main-
tenant ferme l'autorité présidentielle. Il
ne reste plus à M. Gambetta qu'à se garer
encore de certaines expressions un peu
familières et à donner un peu de sou-
plesse à son attitude autoritaire ; un léger
effort dans les deux sens, et il possédera
la note juste.
A la façon dont les royalistes se concer-
taient, affairés, il ne nous étonnerait pas
que l'incident reprît, lundi prochain, une
forme d'interpellation, — M. le président
ayant lui-même courtoisement indiqué à
ces messieurs la manière correcte de pro-
céder.
PAUL LAP ARGUE.
OOURRIBR DU SÔÏfAT
De deux heures à trois, on vote pour
l'élection d'un inamovible. De trois heu-
res à trois heures et quart on dépouille :
M. de Montalivet est élu par 153 suffrages.
C'était prévu : la droite s'était abstenue.
C'est tout ce qu'elle peut faire aujour-
d'hui.
Je me trompe : elle peut aussi faire per-
dre du temps au Sénat. M. Chesnelong
l'a bien prouvé. Ce sénateur, battu et mé-
content, s'est avisé de venir attaquer l'é-
lection de la Haute-Garonne. Pourquoi?
On n'en fait rien encore. Que M. Chesne-
long regrette M. de Belcastel, c'est son
droit ; mais qu'il veuille le faire rentrer
par force au Sénat, c'est tout à fait ridi-
cule. Au moins faudrait-il avoir des rai-
sons sérieuses à donner. Mais non, M.
Chesnelong s'est contenté de tomber à
bras raccourcis sur nos vaillants confrères
du Progrès libéral, qui sauront bien le lui
rendre, et avec lesquels, d'ailleurs, il n'est
pas encore en compte. Quant à l'élection,
il en a parlé aussi peu que possible.
M. Paul de Rémusat a néanmoins pris
la peine de lui répondre. Son discours,
très-serré, très-net, appuyé sur des rai-
sonnements irréfutables, a enlevé les ap-
plaudissements et le vote du Sénat. i68
voix, contre 95, ont donné raison au vail-
lant et sympathique sénateur de la Haute-
Garonne, et condamné sans appel MM. de
Belcastel. Niel et Sacaze.
Requiescant inpqce\
Les élections de la Nièvre sont ensuite
validées.
EMMANUEL ARÈNE.
————— » —————
UNE BONNE OEUVRE
Je comprends que l'on ne fût partisan
ni d'aucune amnistie ni d'aucune grâce
pour les condamnés de l'insurrection de
la Commune ; c'est une opinion qui ne
me paraît conforme ni à la justice ni à la
bonne politique : mais enfin je l'admets.
Mais ce que je ne comprends guère, ce
sont les protestations violentes qu'on lit
dans un certain nombre de journaux con-
tre un vote récent du conseil municipal
de Paria et contre l'appel charitable du
comité qui s'est formé pour venir en aide
aux amnistiés. -
Qu'on approuve ou non l'amnistie, il
est certain que d'ici peu de jours elle
aura été votée ; qu'on approuve ou non
les grâces, il est certain qu'elles ont
commencé au lendemain même des con-
damnations sous la présidence de M.
Thiers, qu'elles ont été continuées sous
la présidence de M. de Mac-Mahon ; qu'en-
fin le ministère Dufaure, avant la réunion
du Parlement, en avait le mois passé, en
une seule fois, accordé près de 2,300.
C'est donc en ce moment de deux à trois
mille condamnés qui vont prochainement
rentrer en France, dont beaucoup en ce
moment même traversent l'Océan pour
y rentrer. Telle est la situation.
Ils vont y rentrer sans ressources pour
la plupart, ayant besoin de se nourrir,
de se vêtir, de vivre, en un mot, en at-
tendant qu'ils aient trouvé du travail dans
les ateliers qui les occupaient jadis ou
dans d'autres ateliers. Eh bien 1 que veut-
on qu'ils fassent jusque-là si on ne les
secourt pas d'abord ? Comment veut-on
même qu'ils trouvent vite du travail si
on ne leur vient en aide pour en trouver !
Il ne s'agit pas, en s'iotéressant à eux,
d'applaudir à leur conduite passée, ni de
les glorifier. Qu'ils aient été entraînés,
égarés, coupables, on mettra le mot que
l'on voudra, peu importe ici. Quand ils
auraient tous été des coupables, en quoi
cela change-t-il la situation? Il me sem-
ble que ceux qui trouvent le plus mau-
vais qu'on s'occupe des graciés et des
amnistiés de la Commune sont ceux-là
mêmes qui célèbrent le plus haut certai-
nes bonnes œuvres catholiques instituées
pour le placement et le secours des con-
damnés de nos prisons ordinaires. Je
n'accuse pas les bonnes œuvres, tout au
contraire : mais enfin il me parait que
des condamnés politiques sont au moins
aussi intéressants que des prostituées ou
des voleurs.
Quand un homme est malheureux, l'hu-
manité ordonne de venir à son aide dans
la mesure du possible. Il n'est pas même
besoin pour cela de la charité chrétienne.
Quoi qu'aient fait, en 1871, les pauvres
diables qui ont porté un fusil sous la
Commune et reçu leurs trente sous par
jour de la garde nationale, il est certain
qu'ils ont payé cher, depuis sept années,
leur égarement, et qu'ils sont fort mal-
heureux aujourd'hui. En quel état vont-
ils retrouver leurs ménages, leurs fa-
milles ? En quel état reviennent-ils
eux-mêmes? Ils n'ont ni assassiné du
moins ni volé : c'est quelque chose, après
tout. Est-ce que nous serons sans pitié
pour ces pauvres diables ? Et parce que
nous aurons eu pitié d'eux, aura-t-on
vraiment le droit de prétendre que nous
prétendons tresser pour eux des cou-
ronnes de laurier ?
Je serais très-fàché que ce bon pays
de France cessât d'être un pays sensible
et miséricordieux ; je suis d'avis que le
bon cœur n'a jamais rien gâté, et que,
quand on voit des gens qui souffrent, il
ne faut jamais se trop demander s'ils ne
souffrent pas par leur faute.
Mais à ceux que ne toucherait pas suf-
fisamment la raison d'humanité, je de-
mande de vouloir bien écouter a u moins
les conseils de la bonne politique. Voilà
donc deux mille individus qui vont reve-
nir : « En bien 1 me direz-vous, qu'ils se
débrouillent et se tirent d'affaire s'ils
peuvent ; sinon qu'ils meurent: la chose
ne me regarde plus I » Je vous en de-
mande pardon, philosophe impassible, la
chose vous regarde plus que vous ne
pensez. L'homme, qui a faim, ne meurt
pas pour cela : il cherche au contraire
à vivre par tous les moyens, et il demande
du pain au vice et au crime, quand il n'en
a pas trouvé dans le travail honnête. Il y
a longtemps que le poète a appelé la
faim « la mauvaise conseillère. »
Les gens qui reviennent de la Nou-
velle-Calédonie n'ont, je vous jure, pour
les 999 millièmes d'entre eux, aucune
envie de recommencer une Commune
nouvelle ; ils savent assez ce que la pre-
mière leur a coûté. Ils reviennent avec le
désir de revoir les leurs, avec la pensée
de se refaire ici ou là une petite vie pai-
sible et honorable. Aidez-les à y parve-
nir, vous n'aurez pas de concitoyens plus
tranquilles, plus prudents. Les menéurs
qui les ont entraînés une fois n'y réussi-
raient pas une seconde. Mais si vous les
repoussez durement; si, après que la
loi leur a pardonné, vous ne leur
pardonnez pas; si vous ne manifes-
tez pour eux aucun sentiment de com-
passion ni d'humanité; si vous leur refu-
sez du travail, s'ils ont faim, s'ils ont soif,
s'ils ont froid,—étonnez-vous donc alors
si les mauvaises influences s'approchent
de nouveau de leurs oreilles et sont ac-
cueillies, si le repentir qui était au fond
de leur cœur se change en haine 1 Eton-
nez-vous s'ils se dégradent dans le vice,
étonnez-vous s'ils vont augmenter le
nombre des voleurs et des assassins, si
au lieu d'être utiles à la société par leur
travail ils deviennent pour elle un péril !
Ce n'est pas seulement une charité,
c'est un calcul habile, c"est un bon place-
ment au profit de l'ordre que la ville de
Paris a voulu accomplir en facilitant les
moyens de vivre aux amnistiés qui vont
revenir; c'est à ce bon placement que
s'associeront tous ceux qui apporteront
leur obole ou leur bonne volonté à l'œu-
vre du comité de secours et de travail.
Voilà ce que je voudrais qui fût bien
compris de tous, car tel est le véritable
caractère de cette euvre. Si elle était
une œuvre de parti, on sait comment
nous la jugerions ici, car ce parti ne se-
rait pas le nôtre ; mais elle n'est pas mê-
me une œuvre politique ; elle est exclusi-
vement une œuvre d'humanité et une
œuvre de conservation sociale : c'est à
ce double titre que nous y applaudissons.
CHARLES BIGOT.
————————
Les Agressions nocturnes
La préfecture de police fait communi-
quer aux journaux, par l'agence Havas, la
note suivante :
L'opinion publique s'est émue de la multi-
plicité des agressions nocturnes qui auraient
eu lieu pendant ces derniers jours.
L'administration a fait procéder à une en-
quête, de laquelle 11 résulte que la plupart des
faits allégués sont Inexacts ou exagérés.
M. le préfet de police a d'ailleurs donné
des ordres pour faire exercer la surveillance
la plus active et pour assurer par des mesu-
res énergiques la sécuilté des propriétés et
des personnes.
♦
COMMISSION DE L'AMNISTIE
La commission de l'amnistie a tenu séance
pendant deux heures, hier matin, au Palais-
Bourbon, sous la présidence de M. Langlois,
pour entendre.les explications du gouverne-
ment.
M. de Marcère, ministre de l'intérieur, et
M. Le Royer, ministre de la justice, assistaient
à la séance. Un certain nombre de questions
leur ont été adressées.
M. Lockroy a demandé si la prescription se-
rait limitée aux poursuites déjà commencées
et non encore terminées, ou si le gouverne-
ment consentait à une prescription générale
et absolue, Interdisant toute poursuite nou-
velle après le vote de la loi.
M. de Marcère a répondu que le gouverne-
ment consentait à cette extension, qui serait
Indiquée explicitement dans le projet.
M. Le Royer, Interrogé sur la question de
savoir si l'amnistie s'appliquerait aux affaires
de Marseille du 4 septembre et du 5 avril, à
celle du 31 octobre, de Pla et Palabra, au
congrès socialiste et au procès d'Autun, a ré-
pondu qu'il se réservait de consulter le con-
seil sur ces divers points et donnerait une ré-
ponse à la commission.
Un membre a posé une question relative à
la situation qui serait faite à M. Roques, maire
de Puteaux, et à l'intendant militaire Brissy.
On assure que le gouvernement est assez
bien disposé en ce qui concerne ces deux per-
sonnes, mais que, l'affaire Brissy touchant
aux questions de discipline devrait être ren-
voyée & M. le général Gresley.
On a fait remarquer que les décrets de
grâce rendus jusqu'à ce jour confondaient
constamment les grâces entières avec les com-
mutations ou réductions de peine, et l'on a
demandé si l'amnistie s'appliquerait aux com-
mutations comme aux grâces.
Le garde des sceaux a répondu que, seuls,
les graciés pourraient être amnistiés.
On sait que certains déportés ont été graciés
sous la condition du séjour forcé en Calédo-
nie. On a demandé si l'amnistie s'appliquera
à cette catégorie de graciés.
Le garde des. sceaux a dit qu'on ne s'inter-
disait pas de gracier totalement ceux des in-
dividus de cette catégorie pour lesquels la
mesure n'offrirait aucun danger.
Les membres de la commission ont deman-
dé qu'il leur soit donné communication de la
liste des Individus qui ont été graciés com-
plètement ; de ceux qui ont été commués ;
des contumax; et de ceux qui n'ont été l'ob-
jet d'aucune mesure de clémence.
Le garde des sceaux et le ministre de l'in-
térleur ont répondu qu'on communiquerait
la liste des détenus et des contumax aux-
quels on ne jugerait pas convenable d'accor-
der la grâce. Ces individus sont au nombre
de 1,300, dont 600 resteront en Calédonie et
700 contumax qu'on ne laissera pas rentrer
en France.
Ainsi que le gouvernement l'a déjà dit hier
dans les bureaux de la Chambre, 11 y a 8,400
contumax; 400 sont morts ou disparus ; sur
les 2,000 connus, on en graciera 1,300, qui
sont des ouvriers recommandables, travail-
lant honorablement à l'étranger, et qui ont
cherché à racheter leurs fautes par leur con-
duite.
Quant aux 600 déportés maintenus en Ca-
lédoci9 et aux 700 contumax auxquels la
grâce est refusée, ce sont presque tous des
condamnés de droit commun, auxquels il faut
joindre les chefs de la Commune.
M. Le Royer a ensuite expliqué que, pour
établir les bases de ses décisions en ce qui
concerne les contumax, le gouvernement
consulterait les rapports des conseils plutôt
que le texte des jugements ou les rapports de
police, et s'entourerait de tous les moyens
d'informations, notamment des rapports de
nos consuls à l'étranger.
En ce qui concerne les décisions prises pour
les individus condamnés après débats contra-
dictoires, 11 a dit qu'on avait examiné les ju-
gements, et que même, pour apprécier exac-
tement les qualifications qu'ils portaient, on
avait examiné en eux-mêmes les faits qui
avaient entraîné la condamnation.
D'ailleurs, le gouvernement n'entend pas
interdire tout espoir de retour aux exclus
d'aujourd'hui : ceux qui demanderont à ren-
trer en donnant l'assurance qu'ils respecteront
l'ordre de choses établi, qu'ils ne se mêleront
à acune agitation contre la société, pourront
être graciés ultérieurement.
Quelques observations ayant été présentées
sur le projet de loi au point de vue juridique,
M. le garde des sceaux a répondu très-nette-
ment et expliqué en termes excellents qu'il ne
fallait pas se placer sur ce terrain, la loi d'am-
nistie ne répondant nullement à une question
de droit, mais constituant une mesure poli-
tique.
Les ministres s'étant retirés, la commission
a nommé M. Andrieux rapporteur par 6 voix
et 4 abstentions.
Avant de se séparer, la commission a délé-
gué MM. Langlois, Andrieux et Savary pour
se rendre au ministère de la justice et se
faire donner en communication les pièces et
listes dont la commission a besoin pour s'é-
clairer.
La commission aura une nouvelle séance
aujourd'hui à deux heures.
*%
Dans l'après-midi, MM. langlois, Andrieux
et Savary se sont rendus au ministère de la
justice et à la préfecture de police pour exa-
miner les pièces justificatives relatives au
projet delei sur l'amnistie.
ARMAND LANDRUÏ.
Nouvelles parlementaires
M. Mir a déposé l'amendement suivant au
projet de loi sur l'amnistie.
« La présente loi est applicable aux indivi-
dus condamnés depuis le 4 Septembre par
les conseils de guerre siégeant a Narbonne,
Perpignan et Marseille pour faits insurrec-
tionnels. »
*
¥ »
M. Corentin Guyho, député du Finistère,
nous adresse la rectification suivante,que nous
nous empressons d'insérer, à propos d'un pas-
sage de notre compte-rendu des débats qui
ont eu lieu dans le toe bureau, concernant de
l'élection des membres de la commission sur
l'amnistie.
Dans notre compte-rendu, nous citions
MM. Raspail, Barodet, Bouquet et Corentin
Guyho comme s'étant prononcés pour l'amnis-
tie pleine et entière. M. Corentin Guyho nous
écrit que notre renseignement était erroné et
ajoute :
« Loin d'être et de me déclarer partisan de
l'amnistie plénière, j'ai dit que l'opinion dans
nos départements est, laissée à elle-même,
moins avancée que la proposition du gouver-
nement, et se défie instinctivement de tout
ce qui pourrait ressembler à une capitulation
de la loi devant l'insurrection, alors qu'il s'agit
de fonder la République sur la liberté légale.
» Mais, puisque le gouvernement croit de-
voir faire à l'opinion des grandes villes la con-
cession de proposer l'amnistie partielle, nous
le suivrons dans une vole que son initiative
seule pouvait nous ouvrir ; seulement c'est
avec l'espoir que, les poursuites cessant d'un
côté, l'amnistie étant appliquée de l'autre à
tous ceux qui sont personnellement dignes
d'Intérêt, cette question Irritante sera regar- •
dée comme définitivement résolue.
» Voilà ce que j'ai dit, et ce qui est bien
loin, vous le voyez, de la thèse de MM. Ras*
pail, Barodet et Bouquet. »
*
* *
On parle d'une nouvelle Interpellation qui
serait adressée à M. de Marcère, par un mem-
bre de l'extrême gauche, au sujet de la façon
dont la police est faite à Paris depuis quel-
ques jours.
• »
La commission de la presse s'est constituée
aujourd'hui.
M. Emile de Girardin en a été élu prési-
dent ; M. Lisbonne, vice-président ; MM. Fal-
11ères et Lellèvre, secrétaires.
A. L.
♦
L'Épargne et l'Ouvrier
Voilà déjà plusieurs fois que je reviens
sur cette question, qui est à mon avis
très-importante, de la création des cais-
ses d'épargne scolaires. Je m'étais tou-
jours étonné qu'on n'eût pas essayé de
les organiser dans les écoles communa-
les de Paris. Il semble que Paris doive
être à la tête de toutes les initiatives,
surtout dans les ihoses qui regardent
l'éducation populaire.
Je croyais qu'on avait reculé devant
les difficultés d'exécution. Les écoles
communales de Paris comptent un nom-
bre considérable d'élèves; toutes n'ont
pas un personnel suffisant d'instituteurs
et d'institutrices pour les conduire. La
comptabilité qu'exige l'établissement des
caisses d'épargne scolaires doit être
longue, minutieuse, ardue. On ne pour-
rait en confier le soin qu'au directeur en
chef, qui a le plus souvent, outre ses de-
voirs de surveillance générale, une classe
particulière à faire. Ce serait une grosse
besogne ajoutée à beaucoup d'autres, et
peut-être d'autres devoirs plus impérieux
encore souffriraient-ils de cette charge
nouvelle, imposée à un homme qui est
déjà tiraillé par tant d'occupations di-
verses.
J'estime, pour le dire en passant, et
puisque le sujet m'y porte, j'estime
qu'il y aurait dans nos écoles communa-
les de Paris une réforme urgente à opé-
rer. Il faudrait que le directeur ou la di-
rectrice en chef fût libre de tout autre
soin que celui de la surveillance ; qu'il
n'eût point de classe à conduire pour son
propre compte. Concevrait-on dans un
lycée le proviseur chargé d'une classe de
philosophie ou de mathématiques? Je
sais à Paris tel de nos directeurs qui est
sans cesse obligé de confier sa classe à
un moniteur, parce qu'il est appelé au
dehors par les soins de l'administration.
C'est là un défaut auquel on a déjà remé-
dié dans quelques écoles, mais qui sub-
siste encore dans un assez bon nombre,
et cela au grand détriment des études. Je
compte que l'on y pourvoira bientôt; c'est
affaire d'argent, et le conseil municipal
est tout prêt à donner tout ce que l'on
voudra pour les besoins de l'instruction
primaire.
Je reviens à nos caisses d'épargne
Prix du Numéro à Paris t 15 Centimes. — Départements : 20 Centimes.5
Dimanche 16 Févriéi 1879.
LE E SIECLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN - CONSERVATEUR
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaotloa
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Iécisaeun d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et 0*
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Toute demande de CHANGEMENT
D'ADRESSE pendant le cours de l'abon
nement doit être accompagnée d'une der-
nlère bande Imprimée, et de 60 centimes
pour Impression de nouvelles bandes.
SI le changement est demandé de Paris
pour les départements, prière de joindre aux
60 centimes ci-dessus le montant des frais de
poste, calculés à raison de 3 cent. par jour,
soit 90 centimes par mois.
BULLETIN
Paris, 15 Février 1879.
M. de Montalivet a été élu hier sénateur
inamovible.
Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié la nomination de M. Develle aux fonc-
tions de sous-secrétaire d'Etat au minis-
tère de l'intérieur.
Les déclarations des ministres au Par-
lement anglais ont amené des discussions
assez vives dans les deux Chambres et font
présager des attaques très-violentes con-
tre le cabinet. La question d'Orient et
l'exécution du traité de Berlin jouent évi-
demment un rôle dans le plan de campa-
gne de l'opposition, mais cette question
est un peu rebattue,et le marquis de Har-
tington à la Chambre des communes, et
lord Granville à la Chambre des lords,
semblent vouloir insister surtout sur la
question de Chypre, sur celle de l'Afgha-
nistan et sur celle de l'Afrique australe.
Jusqu'à présent, il faut l'avouer, les fa-
meux projets basés sur la possession de
Chypre et sur les réformes à introduire
dans l'Asie-Mineure n'ont abouti qu'à un
fiasco complet. Pour s'établir solidement
à Chypre, l'Angleterre devra dépenser des
sommes énormes qui ne lui rapporteront
jamais rien, et le mauvais état des affaires,
la crise commerciale terrible qui désole
depuis si longtemps le pays, et qui, mal-
heureusement, ne semble pas près de
finir, donnent profondément à réfléchir
aux contribuables. Ils pensent que la
guerre contre les Afghans et contre les
Zoulous engloutiront bien assez d'argent.
Les ministres anglais, nous l'avons dit,
affectent de considérer la guerre de l'Af-
ghanistan comme terminée. Nous crai-
gnons beaucoup qu'ils ne se fassent illu-
sion. Une dépêche adressée au New-
York-Herald affirme que l'émir a déclaré
au général Rosgonoff qu'il refuserait ab -
solument de traiter avec les Anglais.
Nous le croyons sans peine. Shire-Ali est
un homme très-intelligent et il comprend
certainement que les Anglais doivent être
très-embarrassés de leurs victoires. Ils ne
maintiennent leurs communications ou-
vertes qu'à force de présents aux tribus
de la frontière. Que sera-ce quand ils au-
ront pénétré jusqu'à Caboul ? S'an-
nexeront-ils l'Afghanistan tout entier ?
Mais alors il leur faudra entretenir
dans le pays une armée considérable. Les
Afghans ne consentiront jamais à payer
des impôts réguliers; le jour où leurs nou-
veaux maîtres voudront leur imposer une
charge de cette nature, ils se soulèveront
jusqu'au dernier. Et la preuve, c'est que
l'Angleterre a annexé déjà autrefois la val-
lée de Khouroumet qu'elle a dû y renon-
cer. Il fallait mettre sur pied une véritable
armée pour accompagner le percepteur.
Evidemment les orateurs de l'opposition
insisteront sur ces points et arriveront fa-
cilement à convaincre le pays.
Mais c'est surtout la guerre contre les
Zoulous qui donnera lieu à de vives atta-
ques. Il n'est pas inutile de rappeler les
paroles que vient de prononcer le premier
ministre à ce sujet. L'attention publi-
que, a dit lord Beaconsneld, est en ce
moment concentrée tout entière sur le
désastre survenu dans l'Afrique méridio-
nale, mais ajoute-t-il, c'est un malheur, et
non pas une défaite dans le sens ordinai-
re du mot. Il n'a pas d'autres renseigne-
ments que ceux que possèdent déjà leurs
seigneuries, et, par conséquent, il croit
qu'il vaut mieux attendre pour formuler
une opinion. Cependant, i! est juste, dans
cette circonstance, de rendre un hommage
mérité à la bravoure dont les troupes ont
fait preuve, là comme toujours et par-
tout.
L'opposition a affecté de ne point abor-
der la question, mais il est probable que
le récent déeastre subi sur les bords du
fleuve Tugela fera sans doute l'objetd'une
interpellation à l'une des premières séan-
ces Les organes ministériels ne sont pas
sans appréhension sur les conséquences
que cette catastrophe pourra avoir pour
le cabinet, car ils s'efforcent de démontrer
que l'événement étant d'une nature mili-
taire et non politique, il n'y a pas lieu d'en
faire le point de départ d'une campagne
parlemeuhire. Cette argumentation n'ob-
tiendra probablement qu'un méiioore suc-
eès auprès des chefs de l'opposition. Il
n'est pas certain que, même au point de
vue strictement militaire, le ministère se
trouve affranchi de toute responsabilité
dans la défaite de l'armée d'Afrique, car
on assure que, dépréciant la valeur mili-
taire des Zoulons, il n'aurait pas envoyé
au Cp tous les renforts que sir Bartie
Frère avait demandés.
D'aiileurs, ce qui facilitera singulière-
ment la tâche de l'opposition, et ce qui
rend la situation du cabinet chaque jour
plus difficile, c'est que la guerre contre les
Zoulous n'est pas un incident lolé, mais
se rattache à une politique d ensemble
qui est simultanément appliquée dans
toutes les parties du vdste empire britan-
nique. Quelles seront les impressions du
Parlement lorsqu'il aura examiné les ré-
sultats pratiques de cette politique d'el-
pansion dont lord Beaconsfield s'est fait
gloire, qui n'a conduit en Turquie qu'à des
succès négatifs, dans l'Afghanistan qu'à
des avantages militaires dont la sanction
définitive est loin d'être acquise, et qui
aboutit maintenant en Afrique à des com-
plications d'une durée et d'une étendue
incalculables ?
B. BARBIE*,
as:<~3s's<~ gag» lê»mwla
PETITE BOURSE DU SOm
SOlO. 77 fr. 35.
5 0,0 112 fr. 62 1/2, 60,621/2.
Turc 12 fr. 45, 50.
Banque ottomane.. 485 fr., 486 87.
Egypte 238 fr. 75, 239 37.
Hongrois 72 fr. 3/8.
Italien, 74 fr. 72.
Les circonstances se chargent déjà
de prouver combien étaient justes les
réflexions présentées naguère par le
X/xe Siècle sur le classement des partis.
Nous avons toujours cru, nous croyons
plus fermement que jamais, à la nécessité
de constituer dans notre République deux
grands partis, l'un de droite et l'autre
de gauche, également dévoués aux ins-
titutions, tels que sont les tories et les
whigs d'Angleterre.
Nous savons ce qu'on nous reproche.
On nous reproche avec aigreur de jeter
la division dans le parti républicain, qui
devrait rester uni, etc. Cette objection
avait assurément sa raison d'être au mo-
ment où notre seul devoir consistait à
lutter péniblement pour la fondation de
la République. A l'heure présente, il n'en
est plus de même ; et les républicains
ardents qui nous accusent devraient bien
plutôt, au contraire, nous remercier.
Pourquoi ?
S'ils veulent bien y songer, la raison
leur en paraîtra facile à déduire.
En tout pays, peut être en France plus
que partout ailleurs, il faut toujours s'at-
tendre à des mouvements de réaction
dans l'esprit public. C'est presque une loi
de nature. L'esprit public oscille et in-
cline tantôt à droite, tantôt à gauche, se-
lon l'état de l'atmosphère politique, selon
le cours des événements qui l'ont ému.
Qu'une partie des gauches de la Cham-
bre commette, par exemple, deux ou
trois fautes comme celle dont nous som-
mes témoins à propos de l'amnistie plé-
nière, un mouvement de réaction s'en
suivra infailliblement.
Or, s'il n'y a pas deux partis républi-
cains, ce mouvement ne pourra se faire
qu'au profit des diverses factions monar-
chistes. C'est ce qui serait dangereux, et
c'est ce que nous ne voulons pas.
Pour que l'institution républicaine ne
soit pas compromise en de semblables
circonstances, il faut que l'opinion pu-
blique, lorsque les républicains radicaux
l'auront inquiétée ou fatiguée, se retourne
vers les républicains conservateurs, et
non pas vers les partis monarchiques.
Supposons que la Chambre soit arri-
vée au terme de son mandat et qu'une
centaine de députés se soient aliéné la
confiance de leurs commettants en per-
sévérant dans la politique d'amnistie plé-
nière.
Les voici en présence de leurs élec-
teurs, qui ne veulent plus d'eux ; ils ne
seront pas réélus. Valldra-t-il mieux
alors pour la République qu'ils soient
remplacés par cent bonapartistes ou
royalistes ou par cent républicains con-
servateurs?
C est toute la question. Dans cet ordre
d'idées nous pourrions multiplier les
exemples ; mais il nous semble que ce-
lui-ci suffit bien.
Nous voulons des institutions dura-
bles, et nous prévoyons dans l'esprit pu-
blic des mouvements de réaction non-
seulement possibles, mais certains; c'est
pourquoi nous considérons le classe-
ment des partis, — et jusqu'à un cer-
tain point nous dirons même : l'antago-
nisme des partis,-comme une condition
nécessaire de la stabilité des institutions.
Si l'on veut que la République soit
prête à toute aventure, il ne faut pas que
la France soit réduite à n'avoir le choix
qu'entre les républicains, pris en bloc,
et les monarchistes ; il faut qu'elle ait le
choix entre les républicains de gauche et
les républicains de droite, et que cetsoit
encore vers des partisans de la Républi-
que que se puissent tourner, même en un
jour d'affolement, les intérêts conserva-
teurs.
Or, ce parti conservateur républicain,
il est formé déjà ; ce ne sont ni les hom-
mes ni l'influence qui lui manquent, et
les circonstances le pressent d"achever
de se constituer. Sa constitution sera la
plus sûre garantie de stabilité pour la
République. C'est pourquoi nous disions,
en commençant, que ceux des républi-
cains qui nous blâment devraient bien
plutôt reconnaître l'utilité de nos efforts
et nous en f avoir gré 1
EUG. LIMERT.
LE PARLEMENT
COURRIER DB LA CHAMBRB
Versailles, 14 fevrier 1879.
Comme nous l'avions remarqué dès le
premier jour, M. Gambetta entend être
ponctuel et faire gagner à la Chambre, si
possible, près d'une heure de séance. A
deux heures précises, il occupe le fauteuil
présidentiel. La séance est ouverte, ou,
pour parler plus exactement, elle n'est
plus close, car, si le président est là, les
députés sont rares, c'estune séance entre-
bâillée. Mais n'importe. En toutes choses,
il faut commencer par le commencement.
Li persistance du président arrivera petit
à petit à faire brèche dans les habitudes
prises des députés. Et puis, dans cette
active ponctualité, on aurait tort de ne
voir que le côté matériel ; en coordon-
nant nos observations, en rapprochant le
fait de l'heure journellement gagnée soit
du soin qu'apporte le président à empê-
cher les discussions oiseuses de s'éterni-
ser, soit du souci qu'il montre de faire
nommer le plus tôt possible la commission
du budget, nous nous apercevons que
tous ces petits détails font partie d'un
vaste plan d'ensemble que M. Gambetta a
résumé, dans son discours, par ces mots :
« Et maintenant, aux affaires 1 »
L'ordre du jour ne recèle rien d'une im-
portance extrême. - - -
L'abrogation de la loi relative à l'inter-
diction du travail pendant les diman-
ches et fêtes n'est pas une question
palpitante, puisque cette loi de 1814 se
trouve abrogée par la force même des cho-
ses. M. Veuillot lui-même fait travailler
ses rédacteurs et ses typographes le di-
manche 1 Toutefois un légitimiste, ami de
l'Eglise, éprouve le besoin de risquer une
courte protestation contre la prise en con-
sidération. Je regrette bien de n'être pas
le cocher de M. de la Bassetière. D'abord la
place est peut-être bonne. Mais canestpoint
l'appât d'un vain lucre qui m'anime : si
j'étais le cocher de M. de la Bassetière,
j'aurais un véritable plaisir à lui refuser
positivement « d'atteler » dimanche pro-
chain. Et, si j'étais sa cuisinière. ah 1 si
j'étais sa cuisinière, quel rêve 1. Des
coulis toute la semaine, mais jamais le
moindre miroton les jours de fête ; pour
tous les la Bassetière, petits et grands,
des racines et de l'eau, et encore pas de
l'eau chaude, parce qu'il faudrait allumer
le fourneau ; ainsi le veut l'Eglise. Il est
vrai que M. de La Bassetière me flanque-
rait indubitablement à la porte ; mais je
serais un cocher fier — ou une cuisinière
fière, comme vous voudrez ; — j'aurais la
conscience d'avoir agi suivant les princi-
pes de mon maître.
Au milieu de toutes ces prises en con-
sidération qui se succèdent, nous nous
amusons à suivre M. Gambetta ; ce que
nous avions espéré le premier jour se réa-
lise : M. Gambetta préside beaucoup
mieux; deux ou trois séances ont suffi
pour la transformation. Il parle moins, ne
se laisse plus distraire par ce qui se passe
à droite ou à gauche et, tout à son affaire,
il révèle une qualité maîtresse de prési-
dent : chaque fois que la Chambre est ap-
pelée à prendre une décision, il explique
clairement la position de la question et ne
laisse pas traîner le vote.
Mais, tout à coup, voilà sa présence
d'esprit qui est soumise à la première
épreuve.
Il s'agit de peu de chose, en vérité ;
mais c'est d'un rien que surgissent les
tempêtes, quand le président ne les dis-
sipe pas immédiatement d'un souffle vi-
goureux.
Une proposition a été déposée autrefois,
ayant pour objet de faire reconnaître à la
Marseillaise, conformément au décret du
26 messidor an III, son caractère de chant
national français. Cette proposition, née
de circonstances particulières, n'a plus
de raison d'être aujourd'hui que le gou-
vernement est républicain. Aussi M. Ba-
rodet, au nom des signataires, émet-il
l'intention de la retirer, sur la moindre
bonne parole d'un membre du gouverne-
ment.
Déjà les droitiers commencent à glapir.
Mais, quand M. le ministre de la guerre,
montant à la tribune, prononce ces simples
paroles : « Il y a un décret ; par conséquent
j'appliquerai le décret dans toutes les cir-
constances. » l'effervescences de ces bons
droitiers ne connaîtplus debornes. Avouez
que nous vivons dans un drôle de temps
D'un côté, voilà trois cent cinquante
membres de la majorité qui font une véri-
table ovation à un ministre parce que,
fort naturellement, il promet de se confor-
mer à un décret ; de l'autre, voilà une cen-
taine de législateurs qui font mine de se
révolter contre cette monstruosité si sim-
ple.
M Le Provost de Launay, un fils bona-
partiste,monte à la tribune ; il en descend.
Un légitimiste, M. de la Billiais, lui suc-
cède ; il descend à son tour sans avoir fait
connaître l'immensité de ses pensées.
Tout ce monde grouille en bas, criant,
hurlant d'une façon vague, paraissant fu-
rieux cbntre le général Gresley. Enfin,
grâce à M. le duc de Bisaccia, nous com-
prenons que ces messieurs sont fort vexés
de ne pouvoir placer un discours abraca-
dabrant sur un projet qui n'existe pas,puis-
que la proposition est retirée.
Là, M. Gambetta a fort bien procédé,
comprimant les violences qui ne deman-
daient qu'à éclater de part et d'autre, im-
posant à tous la loi du règlement, main-
tenant ferme l'autorité présidentielle. Il
ne reste plus à M. Gambetta qu'à se garer
encore de certaines expressions un peu
familières et à donner un peu de sou-
plesse à son attitude autoritaire ; un léger
effort dans les deux sens, et il possédera
la note juste.
A la façon dont les royalistes se concer-
taient, affairés, il ne nous étonnerait pas
que l'incident reprît, lundi prochain, une
forme d'interpellation, — M. le président
ayant lui-même courtoisement indiqué à
ces messieurs la manière correcte de pro-
céder.
PAUL LAP ARGUE.
OOURRIBR DU SÔÏfAT
De deux heures à trois, on vote pour
l'élection d'un inamovible. De trois heu-
res à trois heures et quart on dépouille :
M. de Montalivet est élu par 153 suffrages.
C'était prévu : la droite s'était abstenue.
C'est tout ce qu'elle peut faire aujour-
d'hui.
Je me trompe : elle peut aussi faire per-
dre du temps au Sénat. M. Chesnelong
l'a bien prouvé. Ce sénateur, battu et mé-
content, s'est avisé de venir attaquer l'é-
lection de la Haute-Garonne. Pourquoi?
On n'en fait rien encore. Que M. Chesne-
long regrette M. de Belcastel, c'est son
droit ; mais qu'il veuille le faire rentrer
par force au Sénat, c'est tout à fait ridi-
cule. Au moins faudrait-il avoir des rai-
sons sérieuses à donner. Mais non, M.
Chesnelong s'est contenté de tomber à
bras raccourcis sur nos vaillants confrères
du Progrès libéral, qui sauront bien le lui
rendre, et avec lesquels, d'ailleurs, il n'est
pas encore en compte. Quant à l'élection,
il en a parlé aussi peu que possible.
M. Paul de Rémusat a néanmoins pris
la peine de lui répondre. Son discours,
très-serré, très-net, appuyé sur des rai-
sonnements irréfutables, a enlevé les ap-
plaudissements et le vote du Sénat. i68
voix, contre 95, ont donné raison au vail-
lant et sympathique sénateur de la Haute-
Garonne, et condamné sans appel MM. de
Belcastel. Niel et Sacaze.
Requiescant inpqce\
Les élections de la Nièvre sont ensuite
validées.
EMMANUEL ARÈNE.
————— » —————
UNE BONNE OEUVRE
Je comprends que l'on ne fût partisan
ni d'aucune amnistie ni d'aucune grâce
pour les condamnés de l'insurrection de
la Commune ; c'est une opinion qui ne
me paraît conforme ni à la justice ni à la
bonne politique : mais enfin je l'admets.
Mais ce que je ne comprends guère, ce
sont les protestations violentes qu'on lit
dans un certain nombre de journaux con-
tre un vote récent du conseil municipal
de Paria et contre l'appel charitable du
comité qui s'est formé pour venir en aide
aux amnistiés. -
Qu'on approuve ou non l'amnistie, il
est certain que d'ici peu de jours elle
aura été votée ; qu'on approuve ou non
les grâces, il est certain qu'elles ont
commencé au lendemain même des con-
damnations sous la présidence de M.
Thiers, qu'elles ont été continuées sous
la présidence de M. de Mac-Mahon ; qu'en-
fin le ministère Dufaure, avant la réunion
du Parlement, en avait le mois passé, en
une seule fois, accordé près de 2,300.
C'est donc en ce moment de deux à trois
mille condamnés qui vont prochainement
rentrer en France, dont beaucoup en ce
moment même traversent l'Océan pour
y rentrer. Telle est la situation.
Ils vont y rentrer sans ressources pour
la plupart, ayant besoin de se nourrir,
de se vêtir, de vivre, en un mot, en at-
tendant qu'ils aient trouvé du travail dans
les ateliers qui les occupaient jadis ou
dans d'autres ateliers. Eh bien 1 que veut-
on qu'ils fassent jusque-là si on ne les
secourt pas d'abord ? Comment veut-on
même qu'ils trouvent vite du travail si
on ne leur vient en aide pour en trouver !
Il ne s'agit pas, en s'iotéressant à eux,
d'applaudir à leur conduite passée, ni de
les glorifier. Qu'ils aient été entraînés,
égarés, coupables, on mettra le mot que
l'on voudra, peu importe ici. Quand ils
auraient tous été des coupables, en quoi
cela change-t-il la situation? Il me sem-
ble que ceux qui trouvent le plus mau-
vais qu'on s'occupe des graciés et des
amnistiés de la Commune sont ceux-là
mêmes qui célèbrent le plus haut certai-
nes bonnes œuvres catholiques instituées
pour le placement et le secours des con-
damnés de nos prisons ordinaires. Je
n'accuse pas les bonnes œuvres, tout au
contraire : mais enfin il me parait que
des condamnés politiques sont au moins
aussi intéressants que des prostituées ou
des voleurs.
Quand un homme est malheureux, l'hu-
manité ordonne de venir à son aide dans
la mesure du possible. Il n'est pas même
besoin pour cela de la charité chrétienne.
Quoi qu'aient fait, en 1871, les pauvres
diables qui ont porté un fusil sous la
Commune et reçu leurs trente sous par
jour de la garde nationale, il est certain
qu'ils ont payé cher, depuis sept années,
leur égarement, et qu'ils sont fort mal-
heureux aujourd'hui. En quel état vont-
ils retrouver leurs ménages, leurs fa-
milles ? En quel état reviennent-ils
eux-mêmes? Ils n'ont ni assassiné du
moins ni volé : c'est quelque chose, après
tout. Est-ce que nous serons sans pitié
pour ces pauvres diables ? Et parce que
nous aurons eu pitié d'eux, aura-t-on
vraiment le droit de prétendre que nous
prétendons tresser pour eux des cou-
ronnes de laurier ?
Je serais très-fàché que ce bon pays
de France cessât d'être un pays sensible
et miséricordieux ; je suis d'avis que le
bon cœur n'a jamais rien gâté, et que,
quand on voit des gens qui souffrent, il
ne faut jamais se trop demander s'ils ne
souffrent pas par leur faute.
Mais à ceux que ne toucherait pas suf-
fisamment la raison d'humanité, je de-
mande de vouloir bien écouter a u moins
les conseils de la bonne politique. Voilà
donc deux mille individus qui vont reve-
nir : « En bien 1 me direz-vous, qu'ils se
débrouillent et se tirent d'affaire s'ils
peuvent ; sinon qu'ils meurent: la chose
ne me regarde plus I » Je vous en de-
mande pardon, philosophe impassible, la
chose vous regarde plus que vous ne
pensez. L'homme, qui a faim, ne meurt
pas pour cela : il cherche au contraire
à vivre par tous les moyens, et il demande
du pain au vice et au crime, quand il n'en
a pas trouvé dans le travail honnête. Il y
a longtemps que le poète a appelé la
faim « la mauvaise conseillère. »
Les gens qui reviennent de la Nou-
velle-Calédonie n'ont, je vous jure, pour
les 999 millièmes d'entre eux, aucune
envie de recommencer une Commune
nouvelle ; ils savent assez ce que la pre-
mière leur a coûté. Ils reviennent avec le
désir de revoir les leurs, avec la pensée
de se refaire ici ou là une petite vie pai-
sible et honorable. Aidez-les à y parve-
nir, vous n'aurez pas de concitoyens plus
tranquilles, plus prudents. Les menéurs
qui les ont entraînés une fois n'y réussi-
raient pas une seconde. Mais si vous les
repoussez durement; si, après que la
loi leur a pardonné, vous ne leur
pardonnez pas; si vous ne manifes-
tez pour eux aucun sentiment de com-
passion ni d'humanité; si vous leur refu-
sez du travail, s'ils ont faim, s'ils ont soif,
s'ils ont froid,—étonnez-vous donc alors
si les mauvaises influences s'approchent
de nouveau de leurs oreilles et sont ac-
cueillies, si le repentir qui était au fond
de leur cœur se change en haine 1 Eton-
nez-vous s'ils se dégradent dans le vice,
étonnez-vous s'ils vont augmenter le
nombre des voleurs et des assassins, si
au lieu d'être utiles à la société par leur
travail ils deviennent pour elle un péril !
Ce n'est pas seulement une charité,
c'est un calcul habile, c"est un bon place-
ment au profit de l'ordre que la ville de
Paris a voulu accomplir en facilitant les
moyens de vivre aux amnistiés qui vont
revenir; c'est à ce bon placement que
s'associeront tous ceux qui apporteront
leur obole ou leur bonne volonté à l'œu-
vre du comité de secours et de travail.
Voilà ce que je voudrais qui fût bien
compris de tous, car tel est le véritable
caractère de cette euvre. Si elle était
une œuvre de parti, on sait comment
nous la jugerions ici, car ce parti ne se-
rait pas le nôtre ; mais elle n'est pas mê-
me une œuvre politique ; elle est exclusi-
vement une œuvre d'humanité et une
œuvre de conservation sociale : c'est à
ce double titre que nous y applaudissons.
CHARLES BIGOT.
————————
Les Agressions nocturnes
La préfecture de police fait communi-
quer aux journaux, par l'agence Havas, la
note suivante :
L'opinion publique s'est émue de la multi-
plicité des agressions nocturnes qui auraient
eu lieu pendant ces derniers jours.
L'administration a fait procéder à une en-
quête, de laquelle 11 résulte que la plupart des
faits allégués sont Inexacts ou exagérés.
M. le préfet de police a d'ailleurs donné
des ordres pour faire exercer la surveillance
la plus active et pour assurer par des mesu-
res énergiques la sécuilté des propriétés et
des personnes.
♦
COMMISSION DE L'AMNISTIE
La commission de l'amnistie a tenu séance
pendant deux heures, hier matin, au Palais-
Bourbon, sous la présidence de M. Langlois,
pour entendre.les explications du gouverne-
ment.
M. de Marcère, ministre de l'intérieur, et
M. Le Royer, ministre de la justice, assistaient
à la séance. Un certain nombre de questions
leur ont été adressées.
M. Lockroy a demandé si la prescription se-
rait limitée aux poursuites déjà commencées
et non encore terminées, ou si le gouverne-
ment consentait à une prescription générale
et absolue, Interdisant toute poursuite nou-
velle après le vote de la loi.
M. de Marcère a répondu que le gouverne-
ment consentait à cette extension, qui serait
Indiquée explicitement dans le projet.
M. Le Royer, Interrogé sur la question de
savoir si l'amnistie s'appliquerait aux affaires
de Marseille du 4 septembre et du 5 avril, à
celle du 31 octobre, de Pla et Palabra, au
congrès socialiste et au procès d'Autun, a ré-
pondu qu'il se réservait de consulter le con-
seil sur ces divers points et donnerait une ré-
ponse à la commission.
Un membre a posé une question relative à
la situation qui serait faite à M. Roques, maire
de Puteaux, et à l'intendant militaire Brissy.
On assure que le gouvernement est assez
bien disposé en ce qui concerne ces deux per-
sonnes, mais que, l'affaire Brissy touchant
aux questions de discipline devrait être ren-
voyée & M. le général Gresley.
On a fait remarquer que les décrets de
grâce rendus jusqu'à ce jour confondaient
constamment les grâces entières avec les com-
mutations ou réductions de peine, et l'on a
demandé si l'amnistie s'appliquerait aux com-
mutations comme aux grâces.
Le garde des sceaux a répondu que, seuls,
les graciés pourraient être amnistiés.
On sait que certains déportés ont été graciés
sous la condition du séjour forcé en Calédo-
nie. On a demandé si l'amnistie s'appliquera
à cette catégorie de graciés.
Le garde des. sceaux a dit qu'on ne s'inter-
disait pas de gracier totalement ceux des in-
dividus de cette catégorie pour lesquels la
mesure n'offrirait aucun danger.
Les membres de la commission ont deman-
dé qu'il leur soit donné communication de la
liste des Individus qui ont été graciés com-
plètement ; de ceux qui ont été commués ;
des contumax; et de ceux qui n'ont été l'ob-
jet d'aucune mesure de clémence.
Le garde des sceaux et le ministre de l'in-
térleur ont répondu qu'on communiquerait
la liste des détenus et des contumax aux-
quels on ne jugerait pas convenable d'accor-
der la grâce. Ces individus sont au nombre
de 1,300, dont 600 resteront en Calédonie et
700 contumax qu'on ne laissera pas rentrer
en France.
Ainsi que le gouvernement l'a déjà dit hier
dans les bureaux de la Chambre, 11 y a 8,400
contumax; 400 sont morts ou disparus ; sur
les 2,000 connus, on en graciera 1,300, qui
sont des ouvriers recommandables, travail-
lant honorablement à l'étranger, et qui ont
cherché à racheter leurs fautes par leur con-
duite.
Quant aux 600 déportés maintenus en Ca-
lédoci9 et aux 700 contumax auxquels la
grâce est refusée, ce sont presque tous des
condamnés de droit commun, auxquels il faut
joindre les chefs de la Commune.
M. Le Royer a ensuite expliqué que, pour
établir les bases de ses décisions en ce qui
concerne les contumax, le gouvernement
consulterait les rapports des conseils plutôt
que le texte des jugements ou les rapports de
police, et s'entourerait de tous les moyens
d'informations, notamment des rapports de
nos consuls à l'étranger.
En ce qui concerne les décisions prises pour
les individus condamnés après débats contra-
dictoires, 11 a dit qu'on avait examiné les ju-
gements, et que même, pour apprécier exac-
tement les qualifications qu'ils portaient, on
avait examiné en eux-mêmes les faits qui
avaient entraîné la condamnation.
D'ailleurs, le gouvernement n'entend pas
interdire tout espoir de retour aux exclus
d'aujourd'hui : ceux qui demanderont à ren-
trer en donnant l'assurance qu'ils respecteront
l'ordre de choses établi, qu'ils ne se mêleront
à acune agitation contre la société, pourront
être graciés ultérieurement.
Quelques observations ayant été présentées
sur le projet de loi au point de vue juridique,
M. le garde des sceaux a répondu très-nette-
ment et expliqué en termes excellents qu'il ne
fallait pas se placer sur ce terrain, la loi d'am-
nistie ne répondant nullement à une question
de droit, mais constituant une mesure poli-
tique.
Les ministres s'étant retirés, la commission
a nommé M. Andrieux rapporteur par 6 voix
et 4 abstentions.
Avant de se séparer, la commission a délé-
gué MM. Langlois, Andrieux et Savary pour
se rendre au ministère de la justice et se
faire donner en communication les pièces et
listes dont la commission a besoin pour s'é-
clairer.
La commission aura une nouvelle séance
aujourd'hui à deux heures.
*%
Dans l'après-midi, MM. langlois, Andrieux
et Savary se sont rendus au ministère de la
justice et à la préfecture de police pour exa-
miner les pièces justificatives relatives au
projet delei sur l'amnistie.
ARMAND LANDRUÏ.
Nouvelles parlementaires
M. Mir a déposé l'amendement suivant au
projet de loi sur l'amnistie.
« La présente loi est applicable aux indivi-
dus condamnés depuis le 4 Septembre par
les conseils de guerre siégeant a Narbonne,
Perpignan et Marseille pour faits insurrec-
tionnels. »
*
¥ »
M. Corentin Guyho, député du Finistère,
nous adresse la rectification suivante,que nous
nous empressons d'insérer, à propos d'un pas-
sage de notre compte-rendu des débats qui
ont eu lieu dans le toe bureau, concernant de
l'élection des membres de la commission sur
l'amnistie.
Dans notre compte-rendu, nous citions
MM. Raspail, Barodet, Bouquet et Corentin
Guyho comme s'étant prononcés pour l'amnis-
tie pleine et entière. M. Corentin Guyho nous
écrit que notre renseignement était erroné et
ajoute :
« Loin d'être et de me déclarer partisan de
l'amnistie plénière, j'ai dit que l'opinion dans
nos départements est, laissée à elle-même,
moins avancée que la proposition du gouver-
nement, et se défie instinctivement de tout
ce qui pourrait ressembler à une capitulation
de la loi devant l'insurrection, alors qu'il s'agit
de fonder la République sur la liberté légale.
» Mais, puisque le gouvernement croit de-
voir faire à l'opinion des grandes villes la con-
cession de proposer l'amnistie partielle, nous
le suivrons dans une vole que son initiative
seule pouvait nous ouvrir ; seulement c'est
avec l'espoir que, les poursuites cessant d'un
côté, l'amnistie étant appliquée de l'autre à
tous ceux qui sont personnellement dignes
d'Intérêt, cette question Irritante sera regar- •
dée comme définitivement résolue.
» Voilà ce que j'ai dit, et ce qui est bien
loin, vous le voyez, de la thèse de MM. Ras*
pail, Barodet et Bouquet. »
*
* *
On parle d'une nouvelle Interpellation qui
serait adressée à M. de Marcère, par un mem-
bre de l'extrême gauche, au sujet de la façon
dont la police est faite à Paris depuis quel-
ques jours.
• »
La commission de la presse s'est constituée
aujourd'hui.
M. Emile de Girardin en a été élu prési-
dent ; M. Lisbonne, vice-président ; MM. Fal-
11ères et Lellèvre, secrétaires.
A. L.
♦
L'Épargne et l'Ouvrier
Voilà déjà plusieurs fois que je reviens
sur cette question, qui est à mon avis
très-importante, de la création des cais-
ses d'épargne scolaires. Je m'étais tou-
jours étonné qu'on n'eût pas essayé de
les organiser dans les écoles communa-
les de Paris. Il semble que Paris doive
être à la tête de toutes les initiatives,
surtout dans les ihoses qui regardent
l'éducation populaire.
Je croyais qu'on avait reculé devant
les difficultés d'exécution. Les écoles
communales de Paris comptent un nom-
bre considérable d'élèves; toutes n'ont
pas un personnel suffisant d'instituteurs
et d'institutrices pour les conduire. La
comptabilité qu'exige l'établissement des
caisses d'épargne scolaires doit être
longue, minutieuse, ardue. On ne pour-
rait en confier le soin qu'au directeur en
chef, qui a le plus souvent, outre ses de-
voirs de surveillance générale, une classe
particulière à faire. Ce serait une grosse
besogne ajoutée à beaucoup d'autres, et
peut-être d'autres devoirs plus impérieux
encore souffriraient-ils de cette charge
nouvelle, imposée à un homme qui est
déjà tiraillé par tant d'occupations di-
verses.
J'estime, pour le dire en passant, et
puisque le sujet m'y porte, j'estime
qu'il y aurait dans nos écoles communa-
les de Paris une réforme urgente à opé-
rer. Il faudrait que le directeur ou la di-
rectrice en chef fût libre de tout autre
soin que celui de la surveillance ; qu'il
n'eût point de classe à conduire pour son
propre compte. Concevrait-on dans un
lycée le proviseur chargé d'une classe de
philosophie ou de mathématiques? Je
sais à Paris tel de nos directeurs qui est
sans cesse obligé de confier sa classe à
un moniteur, parce qu'il est appelé au
dehors par les soins de l'administration.
C'est là un défaut auquel on a déjà remé-
dié dans quelques écoles, mais qui sub-
siste encore dans un assez bon nombre,
et cela au grand détriment des études. Je
compte que l'on y pourvoira bientôt; c'est
affaire d'argent, et le conseil municipal
est tout prêt à donner tout ce que l'on
voudra pour les besoins de l'instruction
primaire.
Je reviens à nos caisses d'épargne
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