Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-02-13
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 13 février 1879 13 février 1879
Description : 1879/02/13 (A9,N2612). 1879/02/13 (A9,N2612).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75626585
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Neuvièmè Annéè..;- N. &6i 2. Prix du Numéro à Paris î 15 Centimes. — Départements : 20 Centimes. Jeudi i3 Févrièr t879J
JOURNAL RÉPUBlJCAIr) CONSERVATEUR
RÉ £ >AGT?OTF
tfadresser an Secrétaire de la Rédaction
de henreg à minuit
10, rue Cadet, 18
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendu,
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 13 »»
Six mois. 25 »»
Vu an. 60 »»
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 10 »»
Six mois.,:.. aa M
Un an. 63 un
Supplément pour létranger 1 fr. par trimestre
Les abonnements partent des 1er et 15 de chaque mois
ftgisseurs d'annonces : MM. LASRANGE, CERF et O
6, Place de la Bourse, 6
ADMINISTRATION
âlresser les Lettres et Mandats à l'Administrasses
16, rue Cadet, 18
Lu Lettres non affranchies seront refusé«3
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 13 J»))
six mois 25 »)>
Un an. 50 »»
DËPARTEMNTS
Trois mois. 16 32
Six mois a8 M
Un an. 68 »»
Supplément pour l'Étranger 1 fr. par trimestre
Lu Abonnements partent des 1" et 15 de chaque moïc
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et 0°
6, Place de la Bourse, 6
BULLETIN
Paris, 12 Février 1879.
La Chambre des députés, dans sa séance
d'hier, a élu vice-président M. Albert Gré-
vy, et a reçu communication du projet de
loi sur l'amnistie présenté par le gouver-
nement.
Le Journal officiel d'hier matin a publié
une série de décrets rendus sur la propo-
sition de M. le ministre de l'instruction
publique. Ces décrets, que l'on trouvera
plus loin, apportent d'importantes modifi-
cations dans l'organisation et le personnel
supérieur de l'administration centrale de
l'instruction publique.
On mande de Constantinople que les
Russes se préparent activement à évacuer
Andrinople, que les Turcs se préparent à
réoccuper aussitôt. Il faut espérer que les
Turcs en agiront ainsi dans toutes les lo-
calités et qu'ils prendront les mesures né-
cessaires pour éviter tous les désordres
qui pourraient amener de nouvelles com-
plications avec la Russie.
Rien n'est encore décidé relativement à
la possession d'Arab Tabia. Les Roumains
occupent toujours la forteresse et la déci-
sion est remise désormais aux puissances.
Le Nord consacre un long article à ce sujet.
L'organe de la chancellerie russe reproche
vivement à la Roumanie son ingratitude
envers la Russie. Mais le cabinet de Bucha-
rest n'en maintient pas moins ses préten-
tions. Ajoutons que si la Roumanie a eu
beaucoup de peine à se séparer de la Bes-
sarabie pour prendre en échange la Do-
broudja, elle cherche à favoriser autant
qu'il est en son pouvoir le développement
de la nouvelle province. Il est donc juste
que les puissances lui rendent la tâche
aussi facile que possiblé.
Les armes anglaises viennent de subir
un échec très grave dans l'Afrique aus-
trale. On sait que sur le refus du roi Cet-
tiwayo d'accepter les conditions de l'An-
gleterre, lord Chelmsford, commandant
en chef des forces anglaises, a commencé
les hostilités qu'il a portées immédiate-
ment sur le territoire zoulou en traver-
sant le fleuve Tugela. Une colonne an-
glaise composée d'une partie d'un régi-
ment anglais, de 600 indigènes et d'une
batterie d'artillerie, a été complètement
défaite par les Zoulous et a été à peu près
anéantie. Toutes les colonnes formant
l'armée d'expédition ont dû repasser la
frontière et rentrer sur le territoire an-
glais. Cette nouvelle, comme il est facile
de le comprendre, a causé une vive sen-
satioa à Londres.
E. BARKIER.
- —————
Mcot&w-1%4» Ulm k'Dutw,-Ia
PETITE BOURSE DU SOIR
3 0$77 fr. 45.
b 9,0. 113 fr., 113 07 1/2, 03 1/4.
Turc 12 fr. 50, 47 1/2, CO.
Banque ottomane.. 44 fr. 37, 483 75, 484 fr. 37.
Egypte 233 fr. 62, 235 fr.
Hongrois 71 fr. 3/4, 7/8.
Russe 1877 85 fr. 7/8.
-————————— o -
ht projet d'amnistie, présenté hier à
la Chambre des députés par le gouverne-
ment, esi à 14, fois très complet, très clair
et très simple. Il substitue les effets de
l'amiiistie à ceux de la grâce pour tous
les condamnés de 1871 qui ont été gra-
ciés déjà par le président de la Républi-
que ou qui pourront l'être dans ua délai
de trois mois. Question d'humanité;
on craignait avec quelque raison que
la grâce simple ne fît de chaque
gracié un Jean Valjean mourant de faim.
Le projet ajoute que les peines pronon-
cées par contumace pour des faits rela-
tifs à l'insurrection de 1871 pourront
être remises par voie de grâce. Il établit
que la prescription sera acquise pour les
mêmes faits, à dater de la promulgation
de la loi. Il spécifie enfin que la loi d'am-
nistie ne sera pas applicable aux indivi-
dus condamnés à plus d'un an de prison
pour crimes ou délits de droit commun
antérieurs à l'insurrection de 1871.
Voilà qui est bien, et le mintistère
a ainsi proposé le maximum d'amnistie
qui soit, je ne dis pas réclamé, mais ad-
mis par l'opinion générale, — n'en dé-
plaise aux amis plus ou moins convaincus
de MM. les voleurs et les assassins. Nous
relisions justement hier le récit du mas-
sacre de la Siint-Barthélemy dans le très
intéressant ouvrage de M. Forneron sur
les Ducs de Guise, et nous y trouvions
que, parmi les bons catholiques qui
massacraient les huguenots par fer-
veur de conviction, il s'était glissé
passablement de coupeurs d'escar-
celles, habitués de cours des miracles,
piliers de cabarets, souteneurs de filles
de joie, cherchant la rapine parmi l'é-
gorgement. Au dix-neuvième siècle com-
me au seizième, cette tourbe existe
toujours au fond de toute capitale. Il
est indifférent à ces bandits, pourvu
qu'ils pillent, que ce soit au nom de la
Commune ou au nom du pape. En 1871
ou en 1572, ils sont les mêmes. Quant à
la haute pègre du Comité central et du
journalisme communaliste, nous en avons
dit ce que tous les gens de cœur en pen-
sent. Il est donc inutile de revenir sur ce
propos.
Que la Chambre et que le Sénat votent
donc la loi proposée, et qu'ils la votent
sans retard et sans phrases! Le public
n'éprouve aucun besoin d'entendre de
nouvelles déclamations sur la Commune.
Dans un sens et dans l'autre, tout a é é
dit; les convictions sont faites, i! ne
reste plus qu'à voter, et le plus tôt se-a
le mieux. Dès que la loi sera promul-
guée, que le gouvernement l'applique en
dispensait largement les effets de l'am-
nistie à qui la mérite et en opposant une
fermeté impitoyable à qui ne la mérite
pas ! Et puis, s'il nous permet cette res-
pectueuse admonestation, qu'il fasse son
métier 1 qu'il gouverne sans esprit de fai-
blesse comme sans esprit de réaction 1
Le ministère est composé de gens
d'honneur très-sincèrement républicains,
qui se sont entendus entre eux et avec M.
le président de la République sur les idées
qu'il convient de faire prévaloir dans la
direction de la politique. C'est très-
bien d'avoir un programme : mais ce
n'est pas assez, il faut du caractère. Il
faut être net dans le Parlement, parce que
les majorités parlementaires n'accordent
leur estime , leur confiance et leur cons-
tance qu'à des ministères résolus. Il faut
être net devant le pays, parce que le pays
a horreur de toute politique vacillante.
Montrez donc toujours hardiment ce que
vous êtes. Ménager, comme on dit, la
chèvre et le chou, ce serait la conduite
la moins digne et la plus imprudente.
Nous sommes ministériels, nous sommes
convaincus qu'il est d'une importance ex-
trême que ce ministère-ci dure long-
temps. Or, pour garder des portefeuilles,
la plus sûre condition est de n'avoir pas
peur de les perdre, et surtout de ne pas
paraître en avoir peur. Suivez votre li-
gne tout droit, et sans autres calculs. La
majorité parlementaire vous sera fidèle
tant que TOUS mériterez, soit par vos ac-
tes, soit par vos paroles, l'éclatante ap-
probation du pays.
EUG. LIÉBBRT.
;—
LA COMMUNE BLANCHE
Après les malheurs de la guerre et de l'in-
vasion, après les ravages de la Commune ré-
publicaine, après les tristes agissements de
M. Thiers, la France avait besoin d'un hom-
me, et cet homme, elle ne l'a pas trouvé dans
le maréchal de Mac-Mahon Sonrôie, son de-
voir, sa mission, étaient la résistance légale
ou illégale, il importait peu, au radicalisme
révolutionnaire. M. le maréchal de Mac-Mahon
n'a su ni résister ni nous sauver.
Qui parle ainsi ? Est ce le journal des
émigrés rouges, la Révolution française ?
Non, c'est la France Nouvelle, une petite
feuille d'un sou, rédigée au faubourg
Saint-Germain par trois ou quatre com-
munards blancs.
QUE VEUT LA FRANCE?
Le gouvernement a fait hier un acte
attendu et excellent. Il a déposé son pro-
jet de loi sur l'amnistie. C'est à la Cham-
bre maintenant et au Sénat de se hâter de
leur côté. Eu trois semaines, la loi peut
être votée, votée presque sans débats :
car l'immense majorité du Parlement
comme du pays a son opinion faite d'a-
vance sur ce sujet. Qu'avant tout la com-
mission chargée de l'enquête sur le
16 mai dépose au plus tôt son rapport :
si des lois ont été violées par ceux dont
le devoir était de les faire respecter, s'il
y a eu crime commis, la moralité publi-
que applaudira au juste châtiment des
couosbies.
Mais ce que l'opinion demande surtout,
c'est que l'on en finisse promptement
avec les débats qui irritent et passion-
neot. L' piyi est las des agitations poli-
tiqueDepuis huit an?, il n'a pas cessé
d'être troublé par les luttes des partis; il
a été ballotté sans cesse entre la crainte
et l'espérance. Le jour où il a été enfin
délivré de l'Assemblée « élue en un jour
de malheur, H il a retrouvé l'antagonisme
entre le Sénat et la Chambre. Le jour où
le renouvellement sénatorial a mis en
harmonie les deux moitiés du Parlement,
il restait encore à la tête du pouvoir
exécutif un président qui subissait les
institutions républicaines plus qu'il ne
les acceptait. Depuis le 30 janvier, cette
dernière anomalie a disparu. La Cham-
bre est républicaine, le Sénat est répu-
blicain, le président est républicain.
L'unité est dans le gouvernement comme
dans le pays.
L'agitation n'a plus de raison d'être,
et le pays n'en veut plus. S'il s'est atta-
ché à la République d'une si ferme vo-
lonté, si par sa constance il l'a fondée,
c'est précisément parce que la conviction
s'était faite en lui qu'elle seule pouvait
désormais lui assurer la paix et la stabi-
lité. Il s'est dirigé vers elle comme le na-
vire vers le port. Il y a jeté l'ancre: il s'y
croit à l'abri de la tempête. S'il n'y re-
trouvait que l'agitation et l'inquiétude, il
ne tarderait pas à reconnaître qu'il s'est
trompé cette fois encore, il tournerait
ailleurs ses espérances, il chercherait un
autre refuge mieux abrité, dût il courir
à une tempête nouvelle.
Il veut la paix parce qu'il travaille,
parce qu'après le travail, il veut légiti-
mement jouir du fruit du travail. Son in-
dustrie, son agriculture, sa production
artistique, tout est également mis en pé-
ril par les secousses politiques et les ré-
volutions; tout, au contraire, dans la
paix intérieure, au milieu de la confiance
et de la sécurité, se développe tranquil-
lement. Le travail du père nourrit et élève
la famille, l'épargne s'accumule, la vie
est plus douce et meilleure : la prospérité
du pays s'accroît avec celle des indi-
vidus.
Que demande le pays à ses gouver-
nants, à la République? Il lui demande
d'abord de respecter le travail en lui
donnant le calme. Il lui demande en ou-
t'c de le faciliter, en mettant à sa dïspo
nlioa les instruments de travail: c'est-
à-dire le dégrèvement. des impôts qui
pèsent sur la production; c'est à-dire
l'achèvement de nos chemins vicinaux,
de nos chemins de fer, de nos canaux,
l'amélioration de nos ports de mer ; c'est-
à-dire des traités de commerce ni étroi-
tement protectionnistes, ni imprudents
dans la liberté des échanges, mais sa-
ges, bien étudiés, qui ouvrent à notre
commerce les routes du monde, où
nos intérêts de producteurs tout à la
fois et de consommateurs trouveront leur
compte. Il demande que l'instruction soit
donnée à tous, et parce que, dans un pays
de suffrage universel, l'ignorance est un
péril public, et parce que l'ouvrier intel-
ligent et instruit est un ouvrier plus ha-
bile et plus utile. Il demande que le ser-
vice obligatoire permette à tous les en-
fants de la patrie de la défendre si elle
venait à être attaquée ; mais il demande
en même temps que le serviae ne dépasse
pas le temps nécessaire à l'instruction
militaire complète. Il demande enfrn que
les entraves à l'association, à l'initiative
des citoyens, soient enlevées, parce que
c'est l'association qui fait la force, com-
me c'est l'initiative qui forme les carac-
tères, et que tant valent les hommes et
leurs œuvres, tant vaut une civilisation.
Voilà ce que demande le pays, voilà ce
qu'il attend des pouvoirs chargés par lui
de faire ses affaires. Que le gouverne-
ment, à la tête d'une administration sûre
et fidèle, se montre ferme contre tous
ceux qui, venus d'un côté ou d'un au-
tre, essayeraient de troubler l'ordre ;
qu'il fasse bien voir que la volonté de
la France est capable de se faire obéir
comme elle a le droit d'être obéie ;
qu'il propose les réformes utiles et
pratiques réclamées par l'opinion , et
sans peur de la réaction ni de la routine,
sans souci non plus d'une popularité in-
digne de véritables hommes d'Etat ; que
le Parlement, lui aussi, s'applique au
même travail, ne marchandant pas sa
confiance aux serviteurs de bonne vo-
lonté, ne les importunant pas de mes-
quines chicanes, écartant les débats sté-
reils, préoccupé uniquement des vrais in-
térêts du pays, de ses intérêts moraux
aussi bien que de ses intérêts matériels,
de sa dignité que de sa fortune, et le
gouvernementetle Parlement auront bien
mérité de la patrie, et leur place sera
grande dans l'histoire. On entendra encore
çà et îà les voix discordantes de quelques
survivants des partis vaincus, de quel-
ques mécontents, de quelques utopistes.
Elles iront se perdant dans l'immense ac-
clamation de la France. Il y a en France,
il y a dans sa représentation une majo-
rité sensée, prudente, modéré, hardie
sans témérité, honnête autant que sage ;
c'est à celle là qu'il faut parler ; c'est sur
elle qu'il faut s'appuyer; c'est elle qui a
droit que Ea volonté soit faite, et qui seule
a ce droit.
CHARLES BIGOL
-----.. ——————
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRB
lersailles, il février 1879.
Petite séance. Couloirs où l'on baye aux
corneiiles.
Et cette physionomie des couloirs ne
nous déplaît pa.«, disons-le. Quand, jadis,
il était question d'un petit changement
dans le personnel administratif, on remar-
quait un véritable remue-ménage dans le
personnel parlementaire. Aujourd'hui,
c'est d'un remue-ménage administratif
qu'il s'agit, et les membres du Parlement
ne semblent pas se donner le moindre
mouvement. Cette constatation est toute
en faveur du Cabinet. Il est clair que la
majorité a foi en lui, quitte à juger ses
choix.
L'ordre du jour se composait d'une no-
mination de vice-président de la Chambre,
en remplacement de M. Ferry, passé mi-
nistre. Devançons les événements. Sur
le coup de cinq heures et demie, M. Al-
bert Grévy est proclamé élu par 289 voix
sur 324 votants. On a applaudi ; nous ap-
plaudissons.
Avant le scrutin à la tribune, M. le mi-
nistre de l'intérieur avait déposé, tant en
son nom qu'au nom de M. le garde des
sceaux, un projet d'amnistie partielle. Pas
de manifestation à noter.
Si le Ciel eût daigné nous combler de
ses faveurs, nous aurions pu nous déles-
ter d'une interpellation de M. de Baudry-
d'Asson. (Sur quoi? — Peu impoite!..
pourvu que ce soit du Baudry-d'Asson l)
Mais le ciel s'est montré parcimonieux ; il
a relégué l'éloquence de M. de Baudry-
d'Asson à jeudi, — s'il y a lieu, — et il
nous a servi tout bourgeoisement un Sou-
rigues
M. Sourignes est une notoriété. On n'est
jamais content de son sort. M. Sourigues
aspire à passer célébrité. 0
Mais il faut savoir tenir compte des
milieux : à la Bourse de Paris, M. Souri-
gues est très-connu; il a tort de vouloir
se faire remarquer à la Chambre. Tel qui
brille au second rang devrait souvent s'é-
clipser au premier.
M. Sourigues éprouve le besoin d'inter-
peller M. le ministre des finances touchant
la conversion du 5 ôt0. Ce n'est certes pas
un besoin qui se faisait sentir au sein du
Parlement.
Ce n'est pas que M. Sourigues entende
connaître la dateetle rsode de la conver-
sion. non. simplement les "principes
sur lesquels doit être basée l'opération.
Cet homme est un curieux discret,
qui ne tient pas à connaître les détails da
l'affaire, pourvu qu'il en connaisse le fond.
Et le voilà qui débite, feuillet par feuil-
let, un manuscrit dont nul ne peut sonder
la profondeur.
Durant la première demi-heure, il se
produit dans la salle de petits frémisse-
mants d'impatience. Cette Chambre, —
nous devons le reconnaître, — a de pu-
diques et peu feintes répugnances pour
i&fet ée qui sent l'agior La plaisanterie se
prolonge et dépasse toute limite. C'e&t
une brochure entière que le prétendu
orateur débite sous prétexte d'interpella-
tion. Si M. Sourigues était peu fortuné, on
pourrait croire que, n'ayant pas trouvé
d'éditeur pour sa brochure, il se résigne
à la faire publier gratuitement parle Jour-
nal officiel; mais M. Sourigues est riche,
très riche même.; il n'a pas d'excuse.
Au bout de trois quarts d'heure, la salle
laisse échapper un « oh 1 » de douleur; et,
à partir de ce moment, chaque feuiilet qui
vient méthodiquement se classer sur les
autres feuillets arrache à la salle un hur-
lement de plus en plus douloureux.
Cette insistance est tout simplement in-
convenante. Mais M. Sourigues est ce que
nous appellerons un maigre tenace. L'hom-
me gras peut être collant ; mais le maigre
s'incruste. Et encore, dans les maigres, il
yalemaigrerageur et lemaigre froid ;'cette
dernière espèce est de beaucoup la plus
dangereuse au point de vue de la ténacité.
M. Sourigues appartient à cette dernière
catégorie. Il l'a bien prouvé dans les Lan-
des.
Il est député de Saint-Sever, — député
républicain, s'il vous plaît. Nous ne nous
en vantons pas ; nous constatons. Mais
combien il a fallu à M. Sourigues de téna-
cité pour arriver là 1 Sa persistance froide
a triomphé de tous les mauvais vouloirs ;
elle prétend maintenant limer les antipa-
thies de la Chambre. Plus d'une heure
un quart !
M. Léon Say avait, dès la première mi-
nute, traité assez cavalièrement M. Souri-
rigues en réclamant l'interpellation im-
médiate. Quand elle a été développée, de
quelle façon plus que cavalière il l'a écar-
tée 1
« J'ai peu entendu ce discours, je n'y
répondrai donc pas en détail ; mais, si je
l'avaia entendu, je n'y répondrais pas da-
vantage. Je me demande, en effet, quel but
a poursuivi l'orateur en apportant à la tri-
bune un article de journal financier. »
Et les phrases cinglées se succèdent
dans ce genre ; et, à chaque coup, la
Chambre entière répond par de vigoureux
« très bien 1 »
« Quant à la conversion, je ne saurais
avoir une opinion sur la forme avant d'en
avoir une sur le fond. Or, je me garderais
bien d'apporter ici une opinion à ce sujet,
car, si j'en avais une, ce serait un secret ;
mais je n'ai pas de secret par cette excel-
lente raison que je n'ai pas d'opinion. »
La réplique, qui dure trois minutes,
est enlevée, vive, pétillante, accentuée par
les bravos républicains.
M. Sourigues, qui ne doute de rien, a la
prétention de présenter un ordre du jour
motivé, — ce qui fait que l'ordre du jour
pur et simple est adopté par tous.
Allons, allons, à la petite Bourse du
soir, bien sots seront ceux qui attendaient
le résultat de la séance pour crier : « J'ai
du 51 Je prends du 3 1 »
PAUL IAPARGTJB.
——————— ———————
LE PROJET D'AMNISTIE
Voici le texte du projet de loi d'amnistie
partielle qui a été déposé hier à la Chambre
des députés, au nom du gouvernement, par
M. le ministre de l'intérieur : -
Article ltr. — L'amnistie est accordée à
tous les condamnés pour faits relatifs à
l'insurrection de 1871 qui ont été et seront
libérés ou qui ont été et seront graciés
par le président de la République dans le
délai de trois mois après la promulgation
de la présente loi.
Art. 2. —L?s peines prononcées par con-
tumace pour les mêmes faits pourront être
remises par voie de grâce.
Art. 3. — A partir de la promulgation
de la présente loi, la prescription de l'ar-
ticle 637 du Code d'instruction criminelle
sera acquise pour les mêmes faits aux in-
dividus qui sont l'objet de poursuites com-
mencées et non encore terminées.
Art. 4. — A dater de la nouncation des
lettres de grâ 'e entraînant virtuellement
l'amnistie, le condamné qui sera rentré en
France ne jouira plus du bénéfice de l'ar-
ticle 476 du Code d'instruction criminelle.
Art. 5. — La présente loi ne sera pas
applicable aux individus qui auront été
condamnés contradictoirement ou par
contumace pour crimes de droit commun
ou pour délits de même nature ayant en-
traîné une condamnation à plus d'une an-
née d'emprisonnement commis antérieu-
rement à l'insurrection. de 1871.
Frfit à Paris, le 11 février 18*9.
JULES GRÉVY.
Par le président de la Républzque :
Le garde des sceaux, ministre de la justice,
LE ROYER.
Le ministre de l'intérieur,
E. DE MARCÈRE.
ge
Nouvelles parlementaires
La commission relative à l'établissement du
tarif général de douanes a élu hier son prési-
dent en remplacement de M. Jules Ferry, de-
venu minore.
M. Tirtrd a été élu par 14 voix contre 10
données à M. Albert Grévy.
M. Méline est nommé rapporteur de lasous-
commlssion dès textiles en remplacement de
M. Jules Ferry.
» *
Les bureaux de la Chambre se sont réunis
avant la séance pour nommer plusieurs com-
missions, doctune, très-Importante, concerne
la réforme de la loi militaire.
Cette commission est saisie à la fois : 1" de
la proposition de loi de M. Laisant et d'un
grand nombre de ses collègues, portant mo-
dification à la loi du 27 juillet 1872 sur le re-
crutament de l'armée ; 2° de la proposition de
loi de M. de Gasté, ayant pour objet de modt-
fier l'article 36 da la loi du 27 juillet i872, sur
le recrutement de l'armée ; 3° de la proposi-
tion de loi de M. le comte de Roy?, ayant
pour objet de modifier l'article 40 de la loi du
juillet 1872 sur le recrutement de l'armée
pour arriver à une répartition plus équitable
des charges militaires entre les soldats des
deux portions d'un même contingent ; 4° de
la proposition de loi de M. Arthur Legrand et
plusieurs de ses collègues, ayant pour objet
d'abroger le dernier paragraphe de l'article 25
de la loi du 27 juillet 1872 sur le recrutement
de l'armée.
La proposition de M. Laisant consiste à
supprimer le volontariat d'un an et à réduire
le service à trois années.
La commission est ainsi composée : MM.
Dréo, Keller, Codet, Pontlevoy, Laisant, Ma-
dier de Montjau, Lecherbonnier, Drumel, Pas-
cal Duprat, Delaporte, Favand.
Deux membres seulement, MM. Keller et
Drumel, sont hostiles à la réforme projetée;
tous les autres sont favorables.
Dans le bureau qui a élu M. Laisant, M.
Gailly, tout en se ralliant au principe de la
proposition, a fait ses réserves quant au re-
crutement des sous-officiers , qu'il estime
compromis par M. Laisant.
Dans le bureau qui a élu M. Pascal Duprat,
plusieurs membres ont fait des objections
au point de vue budgétaire.
La lutte a été très vive dans le 11* bureau,
où M. Lacaze a combattu énergiquement la
proposition.
Dans son bureau, M. Drumel a combattu la
proposition au point de vue du système de
recrutement des sous-officiers.
**#
La commission pour l'examen de la propo-
sition de loi de M. Cesbron et plusieurs de ses
collègues, ayant pour objet de fixer la pres-
cription pour la taxe des actes notariés, a été
composée de :
MM. Tondu, Cesbron, Mention, Giraud, Es-
canyé, Bernier, Galpin, Ninard, Agniel, Pé-
ronne et Margue.
A. L.
Les petits Sous
J'ai déjà parlé plusieurs fois des
Caisses d'épargne scolaires. Nous voyons
par un rapport récent de M. de Malarce
qu'elles vont se multipliant tous les
jours. Il n'y aurait pas besoin, pour que
la chose se généralisât partout, d'une loi
s'appliquant à toute la France. Il suffirait
que chaque commune, les plus impor-
tantes d'abord, les moindres viendraient
après, séduites par l'exemple, que chaque
commune, dis-je, prît la peine de l'établir
chez elle, et cela peut se faire sans
grands frais, avec quelques centaines
de francs.
La ville de Toulon vient de nous en
donner un exemple. M. Gaune a présenté
tout dernièrement au conseil municipal
de Toulon un projet de Caisses d'épar-
gnes scolaires à créer dans les écoles
communales laïques de garçons et de
filles. Ce projet pourrait servir de modèle
à toutes nos villes.
Ai-je besoin de vous rappeler ce qu'on
entend par une caisse d'épargne scolaire?
Je ne le crois pas, et cependant il y a des
choses qu'il faut sans cesse répéter sous
toutes les formes, si l'on veut que le pu-
blic se les mette dans la tête et finisse par
s'y intéresser.
En 1834, un humble instituteur, à qui
avait été confiée l'école municipale du
Mans, eut une idée qui vous paraîtra fort
simple, mais dont personne ne s'était
encore avisé. Il remarqua que ses élèves,
aussitôt qu'ils avaient quelques sous dans
leurs poches, les dépensaient sottement
en niaiseries, comme la plupart des en-
fants : ils contractaient ainsi dès l'âge le
plus tendre des habitudes de gaspillage,
qu'ils garderaient sans doute plus tard,
une fois devenus hommes. On sait com-
bien il est difficile d'apprendre à l'ouvrier
le chemin de la caisse d'épargne. Il vit au
jour le jour, gâchant au fur et à mesure
l'argent qu'il gagne, sans aucune pré-
voyance du lendemain.
Comment persuader aux enfants de
porter leurs sous à la caisse d'épargne?
Les caisses d'épargne ne reçoivent
pas de somme qui soit moindre d'un
franc et il est bien rare qu'un enfant ait
jamais une pièce blanche en poche.
Oue fit-il ?
Il organisa chez lui, dans son école,
une petite caisse d'épargne, dont il se
constitua le trésorier. L'enfant, endoc-
triné, conseillé, dirigé par lui, lui remet-
tait, sur les quelques sous de ses menus
plaisirs, cinq ou dix centimes ; il inscri-
vait sur un registre ad hoc, au nom du
jeune capitaliste, le petit ou le gros sou
épargné. On finissait par arriver à la
somme réglementaire du franc exigé par
la loi.
Notre maître d'école prenait alors l'en-
fant par la main, le conduisait à la caisse
d'épargne de la ville, y déposait le franc
et faisait remettre à son ami un li-
vret constatant le dépôt. On commen-
çait par un franc ; le petit trésor s'enflait
peu à peu; c'était affaire au maître à
entretenir le feu sacré chez le jeune dé-
posant. Il n'y avait guère besoin d'exhor-
tations. C'est une remarque qui a déjà
été souvent faite, que l'ouvrier, une fois
en possession d'un livret de caisse d'é-
pargne, est pris d'une sainte rage d'é-
conomies, et que c'est chtz lui une pas-
sion d'en grossir le chiffre.
L'enfant, de retour dans la maison pa-
ternelle, montrait triomphalement à sa
mère le livret obtenu.C'était elle,uD autre
jour, qui l'accompagnait, et le fils ensei-
gnait ainsi à ses parents le chemin de
l'économie qu'il venait d'apprendre lui-
même.
M. Dulac avait trouvé parmi les nota-
bles de la ville aide et soutien pour son
idée ingénieuse. Plusieurs avaient mis à
sa disposition des sommes plus ou moins
importantes pour être distribuées sous
forme de bons points et de prix aux élè-
ves les plus méritants. On constituait
ainsi des livrets aux enfants plus pau-
vres, qui d'eux-mêmes n'auraient peut-
être pas pu parvenir à s'en faire un. Le
livret une fois remis entre leurs mains,
il n'y avait plus qu'à les laisser aller. Le
premier branle était donné.
Ce brave et honnête instituteur conti-
nua obscurément cette pratique de 183i
à 1872, époque à laquelle il prit sa re-
traite.
L'invention (c'en était une) se propagea
lentement; cependant elle fit à l'étran-
ger, notamment en Belgique et en Angle-
terre, des progrès plus rapides qu'en
France. Ce n'est guère qu'en 1874 qu'un
grand mouvement se fit chez nous en fa-
veur de cette institution nouvelle. Le nom
de M. de Malarce, l'éminent secrétaire de
la Société des institutions de prévoyance,
est attaché à cette révolution, dont les
heureuses conséquences se peuvent dif-
ficilement mesurer.
C'est M. de Malarce, qui, avec un zèle
incroyable, une invincible ténacité, une
rare intelligence, à force de prédications
et de petits livres, et sans ménager son
action personnelle, partout où elle était
réclamée, a couvert de caisses d'épar-
gne scolaires une bonne partie de la Fran-
ce. Son Manuel des caisses d'épargne sco-
laires est un chef-d'œuvre d'exposition
claire et vive. Il est arrivé aujourd'hui à
sa sixième édition, et c'est là que tous
ceux qui veulent propager l'institution
vont chercher des renseignements et des
conseils.
Au 31 décembre 1877, c'est-à-dire trois
ans après la première initiative prise, il
constatait, dans un état général dressé
par lui, que l'on comptait dans soixante
départements 8,033 caisses d'épargne
scolaires et 177,040 élèves qui avaient
épargné deux millions neuf cent soixante
quatre mille trois cent cinquante deux
francs.
Telle est la puissance de l'épargne:
Voilà comme on fait des millions'avec des
sous accumulés, et partout on a pu ob-
server que le livret de caisse d'épargne
obtenu par l'élève est lu dans la famille,
qu-'il y introduit, par le bon exemple, le
désir de. l'épargne et, par suite, l'écono-
mie ; que dans toutes les villes qui ont
créé des caisses d'épargne scolaires, la
grande caisse d'épargne a vu s'augmen-
ter considérablement le nombre des dé-
posants.
Eh bien ! savez-vous ce qu'il en coû-
tera à une ville importante comme Tou-
lon pour établir dans toutes ses écoles
des caisses d'épargne scolaires? M. Gau-
ne en a établi le compte. dans son rap-
port.
Mille francs pour les frais d'établisse-
ment (registres, indemnités aux maîtres
d'école, etc.).
Quatre cents francs pour donner aux
élèves des bons-points-centimes, et 600
francs pour distribuer, en guise de prix,
quelques livrets de caisse d'épargne,
comme cela se fait à Paris.
En tout 2,000 francs 1
M. Gaune termine son rapport par ces
lignes, que j'engage tous les conseils mu-
nicipaux de France à méditer :
« Le service que vous allez rendre à la
population toulonnaise n'est pas de ceux
qui sautent aux yeux, dont on parle beau-
coup, comme la construction d'un théâ-
tre ; mais vous savez que dans tout édi-
fice, si on en admire les proportions, l'ar-
chitecture, le choix des matériaux et
l'excellence de la main-d'œuvre, il n'en
est pas moins vrai que l'œuvre la plus
importante est celle qui, plus modeste,
se dérobe aux yeux, tout en étant la fon-
dation, la base qui soutient l'édifice.
» C'est par la base que nous pouvons
et devons chercher à améliorer la so-
siété, et le chemin le plus court et le plus
facile consiste à créer de nouvelles gé-
nérations, en leur distribuant, sans mar-
chander, l'instruction et les habitudes
d'ordre qui élèvent le moral des indivi-
dus, le bien-être de la famille, la richesse
nationale, et concourent à l'affermisse-
ment de la République. »
Le projet de M. Gaune a été approuvé
à l'unanimité par le conseil municipal de
Toulon.
FRANCISQUI SARGXY.1
-- ♦ —
Le Journal officiel publie une série de
décrets rendus le 10 février par le prési-
dent de la République, sur la proposition
du ministre de l'instruction publique. Par
ces décrets :
M. Bouillier, Inspecteur général de l'instruc-
tion publique, est admis à faire valoir ses
droits à une pension de retraite pour cause
d'ancienneté de services.
M. Bouillier est nommé inspecteur général
honoraire de l'instruction publique.
M Mourier, directeur de l'enseignement se.
condaire au ministère de l'instruction publi-
que, est admis, sur sa demande, à faire valoir
ses droits à une pension de retraite pour
cause d'ancienneté de services.
M. Mourier est nommé directeur honoraire
au ministère de l'instruction publique.
M. Zévort, vice-recteur de l'académie de
Paris, est nommé inspecteur général de l'ins-
truction publique. (Enseignement supérieur.)
M. Zévort, inspecteur général de 1 instruc-
tion publique, est délégué dans les fonctions
de directeur de l'enseignement secondaire au
ministère de l'instruction publique, en rem-
placement de M. Mourier, admis à faire va- -
loir ses droits à une pension du retraite.
M. Buisson, inspecteur de l'enseignement
primaire, hors cadre, est nommé directeur de
l'enseignement primaire au ministère del'ins-
truction publique, en remplacement de M
Boutan, Inspecteur général de l'instruction.
publique dont la délégation a pris fin.
La direction des scieac&s et lettres du mi-
nistère de l'instruction publique et des beaujh
arts est supprimée.
M.doWatteville, directeur des sciences et let-
tre, est admis à faire valoir ses droits à une
pension de retraite par suppression d'emploi
M. de Watteviile e&t nommé directeur ho-
noraire au ministère de l'instruction pu.
blique.
M. Gréard, inspecteur général de l'instruc-
tion publique, directeur de 1 enseignement
JOURNAL RÉPUBlJCAIr) CONSERVATEUR
RÉ £ >AGT?OTF
tfadresser an Secrétaire de la Rédaction
de henreg à minuit
10, rue Cadet, 18
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendu,
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 13 »»
Six mois. 25 »»
Vu an. 60 »»
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 10 »»
Six mois.,:.. aa M
Un an. 63 un
Supplément pour létranger 1 fr. par trimestre
Les abonnements partent des 1er et 15 de chaque mois
ftgisseurs d'annonces : MM. LASRANGE, CERF et O
6, Place de la Bourse, 6
ADMINISTRATION
âlresser les Lettres et Mandats à l'Administrasses
16, rue Cadet, 18
Lu Lettres non affranchies seront refusé«3
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 13 J»))
six mois 25 »)>
Un an. 50 »»
DËPARTEMNTS
Trois mois. 16 32
Six mois a8 M
Un an. 68 »»
Supplément pour l'Étranger 1 fr. par trimestre
Lu Abonnements partent des 1" et 15 de chaque moïc
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et 0°
6, Place de la Bourse, 6
BULLETIN
Paris, 12 Février 1879.
La Chambre des députés, dans sa séance
d'hier, a élu vice-président M. Albert Gré-
vy, et a reçu communication du projet de
loi sur l'amnistie présenté par le gouver-
nement.
Le Journal officiel d'hier matin a publié
une série de décrets rendus sur la propo-
sition de M. le ministre de l'instruction
publique. Ces décrets, que l'on trouvera
plus loin, apportent d'importantes modifi-
cations dans l'organisation et le personnel
supérieur de l'administration centrale de
l'instruction publique.
On mande de Constantinople que les
Russes se préparent activement à évacuer
Andrinople, que les Turcs se préparent à
réoccuper aussitôt. Il faut espérer que les
Turcs en agiront ainsi dans toutes les lo-
calités et qu'ils prendront les mesures né-
cessaires pour éviter tous les désordres
qui pourraient amener de nouvelles com-
plications avec la Russie.
Rien n'est encore décidé relativement à
la possession d'Arab Tabia. Les Roumains
occupent toujours la forteresse et la déci-
sion est remise désormais aux puissances.
Le Nord consacre un long article à ce sujet.
L'organe de la chancellerie russe reproche
vivement à la Roumanie son ingratitude
envers la Russie. Mais le cabinet de Bucha-
rest n'en maintient pas moins ses préten-
tions. Ajoutons que si la Roumanie a eu
beaucoup de peine à se séparer de la Bes-
sarabie pour prendre en échange la Do-
broudja, elle cherche à favoriser autant
qu'il est en son pouvoir le développement
de la nouvelle province. Il est donc juste
que les puissances lui rendent la tâche
aussi facile que possiblé.
Les armes anglaises viennent de subir
un échec très grave dans l'Afrique aus-
trale. On sait que sur le refus du roi Cet-
tiwayo d'accepter les conditions de l'An-
gleterre, lord Chelmsford, commandant
en chef des forces anglaises, a commencé
les hostilités qu'il a portées immédiate-
ment sur le territoire zoulou en traver-
sant le fleuve Tugela. Une colonne an-
glaise composée d'une partie d'un régi-
ment anglais, de 600 indigènes et d'une
batterie d'artillerie, a été complètement
défaite par les Zoulous et a été à peu près
anéantie. Toutes les colonnes formant
l'armée d'expédition ont dû repasser la
frontière et rentrer sur le territoire an-
glais. Cette nouvelle, comme il est facile
de le comprendre, a causé une vive sen-
satioa à Londres.
E. BARKIER.
- —————
Mcot&w-1%4» Ulm k'Dutw,-Ia
PETITE BOURSE DU SOIR
3 0$77 fr. 45.
b 9,0. 113 fr., 113 07 1/2, 03 1/4.
Turc 12 fr. 50, 47 1/2, CO.
Banque ottomane.. 44 fr. 37, 483 75, 484 fr. 37.
Egypte 233 fr. 62, 235 fr.
Hongrois 71 fr. 3/4, 7/8.
Russe 1877 85 fr. 7/8.
-————————— o -
ht projet d'amnistie, présenté hier à
la Chambre des députés par le gouverne-
ment, esi à 14, fois très complet, très clair
et très simple. Il substitue les effets de
l'amiiistie à ceux de la grâce pour tous
les condamnés de 1871 qui ont été gra-
ciés déjà par le président de la Républi-
que ou qui pourront l'être dans ua délai
de trois mois. Question d'humanité;
on craignait avec quelque raison que
la grâce simple ne fît de chaque
gracié un Jean Valjean mourant de faim.
Le projet ajoute que les peines pronon-
cées par contumace pour des faits rela-
tifs à l'insurrection de 1871 pourront
être remises par voie de grâce. Il établit
que la prescription sera acquise pour les
mêmes faits, à dater de la promulgation
de la loi. Il spécifie enfin que la loi d'am-
nistie ne sera pas applicable aux indivi-
dus condamnés à plus d'un an de prison
pour crimes ou délits de droit commun
antérieurs à l'insurrection de 1871.
Voilà qui est bien, et le mintistère
a ainsi proposé le maximum d'amnistie
qui soit, je ne dis pas réclamé, mais ad-
mis par l'opinion générale, — n'en dé-
plaise aux amis plus ou moins convaincus
de MM. les voleurs et les assassins. Nous
relisions justement hier le récit du mas-
sacre de la Siint-Barthélemy dans le très
intéressant ouvrage de M. Forneron sur
les Ducs de Guise, et nous y trouvions
que, parmi les bons catholiques qui
massacraient les huguenots par fer-
veur de conviction, il s'était glissé
passablement de coupeurs d'escar-
celles, habitués de cours des miracles,
piliers de cabarets, souteneurs de filles
de joie, cherchant la rapine parmi l'é-
gorgement. Au dix-neuvième siècle com-
me au seizième, cette tourbe existe
toujours au fond de toute capitale. Il
est indifférent à ces bandits, pourvu
qu'ils pillent, que ce soit au nom de la
Commune ou au nom du pape. En 1871
ou en 1572, ils sont les mêmes. Quant à
la haute pègre du Comité central et du
journalisme communaliste, nous en avons
dit ce que tous les gens de cœur en pen-
sent. Il est donc inutile de revenir sur ce
propos.
Que la Chambre et que le Sénat votent
donc la loi proposée, et qu'ils la votent
sans retard et sans phrases! Le public
n'éprouve aucun besoin d'entendre de
nouvelles déclamations sur la Commune.
Dans un sens et dans l'autre, tout a é é
dit; les convictions sont faites, i! ne
reste plus qu'à voter, et le plus tôt se-a
le mieux. Dès que la loi sera promul-
guée, que le gouvernement l'applique en
dispensait largement les effets de l'am-
nistie à qui la mérite et en opposant une
fermeté impitoyable à qui ne la mérite
pas ! Et puis, s'il nous permet cette res-
pectueuse admonestation, qu'il fasse son
métier 1 qu'il gouverne sans esprit de fai-
blesse comme sans esprit de réaction 1
Le ministère est composé de gens
d'honneur très-sincèrement républicains,
qui se sont entendus entre eux et avec M.
le président de la République sur les idées
qu'il convient de faire prévaloir dans la
direction de la politique. C'est très-
bien d'avoir un programme : mais ce
n'est pas assez, il faut du caractère. Il
faut être net dans le Parlement, parce que
les majorités parlementaires n'accordent
leur estime , leur confiance et leur cons-
tance qu'à des ministères résolus. Il faut
être net devant le pays, parce que le pays
a horreur de toute politique vacillante.
Montrez donc toujours hardiment ce que
vous êtes. Ménager, comme on dit, la
chèvre et le chou, ce serait la conduite
la moins digne et la plus imprudente.
Nous sommes ministériels, nous sommes
convaincus qu'il est d'une importance ex-
trême que ce ministère-ci dure long-
temps. Or, pour garder des portefeuilles,
la plus sûre condition est de n'avoir pas
peur de les perdre, et surtout de ne pas
paraître en avoir peur. Suivez votre li-
gne tout droit, et sans autres calculs. La
majorité parlementaire vous sera fidèle
tant que TOUS mériterez, soit par vos ac-
tes, soit par vos paroles, l'éclatante ap-
probation du pays.
EUG. LIÉBBRT.
;—
LA COMMUNE BLANCHE
Après les malheurs de la guerre et de l'in-
vasion, après les ravages de la Commune ré-
publicaine, après les tristes agissements de
M. Thiers, la France avait besoin d'un hom-
me, et cet homme, elle ne l'a pas trouvé dans
le maréchal de Mac-Mahon Sonrôie, son de-
voir, sa mission, étaient la résistance légale
ou illégale, il importait peu, au radicalisme
révolutionnaire. M. le maréchal de Mac-Mahon
n'a su ni résister ni nous sauver.
Qui parle ainsi ? Est ce le journal des
émigrés rouges, la Révolution française ?
Non, c'est la France Nouvelle, une petite
feuille d'un sou, rédigée au faubourg
Saint-Germain par trois ou quatre com-
munards blancs.
QUE VEUT LA FRANCE?
Le gouvernement a fait hier un acte
attendu et excellent. Il a déposé son pro-
jet de loi sur l'amnistie. C'est à la Cham-
bre maintenant et au Sénat de se hâter de
leur côté. Eu trois semaines, la loi peut
être votée, votée presque sans débats :
car l'immense majorité du Parlement
comme du pays a son opinion faite d'a-
vance sur ce sujet. Qu'avant tout la com-
mission chargée de l'enquête sur le
16 mai dépose au plus tôt son rapport :
si des lois ont été violées par ceux dont
le devoir était de les faire respecter, s'il
y a eu crime commis, la moralité publi-
que applaudira au juste châtiment des
couosbies.
Mais ce que l'opinion demande surtout,
c'est que l'on en finisse promptement
avec les débats qui irritent et passion-
neot. L' piyi est las des agitations poli-
tiqueDepuis huit an?, il n'a pas cessé
d'être troublé par les luttes des partis; il
a été ballotté sans cesse entre la crainte
et l'espérance. Le jour où il a été enfin
délivré de l'Assemblée « élue en un jour
de malheur, H il a retrouvé l'antagonisme
entre le Sénat et la Chambre. Le jour où
le renouvellement sénatorial a mis en
harmonie les deux moitiés du Parlement,
il restait encore à la tête du pouvoir
exécutif un président qui subissait les
institutions républicaines plus qu'il ne
les acceptait. Depuis le 30 janvier, cette
dernière anomalie a disparu. La Cham-
bre est républicaine, le Sénat est répu-
blicain, le président est républicain.
L'unité est dans le gouvernement comme
dans le pays.
L'agitation n'a plus de raison d'être,
et le pays n'en veut plus. S'il s'est atta-
ché à la République d'une si ferme vo-
lonté, si par sa constance il l'a fondée,
c'est précisément parce que la conviction
s'était faite en lui qu'elle seule pouvait
désormais lui assurer la paix et la stabi-
lité. Il s'est dirigé vers elle comme le na-
vire vers le port. Il y a jeté l'ancre: il s'y
croit à l'abri de la tempête. S'il n'y re-
trouvait que l'agitation et l'inquiétude, il
ne tarderait pas à reconnaître qu'il s'est
trompé cette fois encore, il tournerait
ailleurs ses espérances, il chercherait un
autre refuge mieux abrité, dût il courir
à une tempête nouvelle.
Il veut la paix parce qu'il travaille,
parce qu'après le travail, il veut légiti-
mement jouir du fruit du travail. Son in-
dustrie, son agriculture, sa production
artistique, tout est également mis en pé-
ril par les secousses politiques et les ré-
volutions; tout, au contraire, dans la
paix intérieure, au milieu de la confiance
et de la sécurité, se développe tranquil-
lement. Le travail du père nourrit et élève
la famille, l'épargne s'accumule, la vie
est plus douce et meilleure : la prospérité
du pays s'accroît avec celle des indi-
vidus.
Que demande le pays à ses gouver-
nants, à la République? Il lui demande
d'abord de respecter le travail en lui
donnant le calme. Il lui demande en ou-
t'c de le faciliter, en mettant à sa dïspo
nlioa les instruments de travail: c'est-
à-dire le dégrèvement. des impôts qui
pèsent sur la production; c'est à-dire
l'achèvement de nos chemins vicinaux,
de nos chemins de fer, de nos canaux,
l'amélioration de nos ports de mer ; c'est-
à-dire des traités de commerce ni étroi-
tement protectionnistes, ni imprudents
dans la liberté des échanges, mais sa-
ges, bien étudiés, qui ouvrent à notre
commerce les routes du monde, où
nos intérêts de producteurs tout à la
fois et de consommateurs trouveront leur
compte. Il demande que l'instruction soit
donnée à tous, et parce que, dans un pays
de suffrage universel, l'ignorance est un
péril public, et parce que l'ouvrier intel-
ligent et instruit est un ouvrier plus ha-
bile et plus utile. Il demande que le ser-
vice obligatoire permette à tous les en-
fants de la patrie de la défendre si elle
venait à être attaquée ; mais il demande
en même temps que le serviae ne dépasse
pas le temps nécessaire à l'instruction
militaire complète. Il demande enfrn que
les entraves à l'association, à l'initiative
des citoyens, soient enlevées, parce que
c'est l'association qui fait la force, com-
me c'est l'initiative qui forme les carac-
tères, et que tant valent les hommes et
leurs œuvres, tant vaut une civilisation.
Voilà ce que demande le pays, voilà ce
qu'il attend des pouvoirs chargés par lui
de faire ses affaires. Que le gouverne-
ment, à la tête d'une administration sûre
et fidèle, se montre ferme contre tous
ceux qui, venus d'un côté ou d'un au-
tre, essayeraient de troubler l'ordre ;
qu'il fasse bien voir que la volonté de
la France est capable de se faire obéir
comme elle a le droit d'être obéie ;
qu'il propose les réformes utiles et
pratiques réclamées par l'opinion , et
sans peur de la réaction ni de la routine,
sans souci non plus d'une popularité in-
digne de véritables hommes d'Etat ; que
le Parlement, lui aussi, s'applique au
même travail, ne marchandant pas sa
confiance aux serviteurs de bonne vo-
lonté, ne les importunant pas de mes-
quines chicanes, écartant les débats sté-
reils, préoccupé uniquement des vrais in-
térêts du pays, de ses intérêts moraux
aussi bien que de ses intérêts matériels,
de sa dignité que de sa fortune, et le
gouvernementetle Parlement auront bien
mérité de la patrie, et leur place sera
grande dans l'histoire. On entendra encore
çà et îà les voix discordantes de quelques
survivants des partis vaincus, de quel-
ques mécontents, de quelques utopistes.
Elles iront se perdant dans l'immense ac-
clamation de la France. Il y a en France,
il y a dans sa représentation une majo-
rité sensée, prudente, modéré, hardie
sans témérité, honnête autant que sage ;
c'est à celle là qu'il faut parler ; c'est sur
elle qu'il faut s'appuyer; c'est elle qui a
droit que Ea volonté soit faite, et qui seule
a ce droit.
CHARLES BIGOL
-----.. ——————
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRB
lersailles, il février 1879.
Petite séance. Couloirs où l'on baye aux
corneiiles.
Et cette physionomie des couloirs ne
nous déplaît pa.«, disons-le. Quand, jadis,
il était question d'un petit changement
dans le personnel administratif, on remar-
quait un véritable remue-ménage dans le
personnel parlementaire. Aujourd'hui,
c'est d'un remue-ménage administratif
qu'il s'agit, et les membres du Parlement
ne semblent pas se donner le moindre
mouvement. Cette constatation est toute
en faveur du Cabinet. Il est clair que la
majorité a foi en lui, quitte à juger ses
choix.
L'ordre du jour se composait d'une no-
mination de vice-président de la Chambre,
en remplacement de M. Ferry, passé mi-
nistre. Devançons les événements. Sur
le coup de cinq heures et demie, M. Al-
bert Grévy est proclamé élu par 289 voix
sur 324 votants. On a applaudi ; nous ap-
plaudissons.
Avant le scrutin à la tribune, M. le mi-
nistre de l'intérieur avait déposé, tant en
son nom qu'au nom de M. le garde des
sceaux, un projet d'amnistie partielle. Pas
de manifestation à noter.
Si le Ciel eût daigné nous combler de
ses faveurs, nous aurions pu nous déles-
ter d'une interpellation de M. de Baudry-
d'Asson. (Sur quoi? — Peu impoite!..
pourvu que ce soit du Baudry-d'Asson l)
Mais le ciel s'est montré parcimonieux ; il
a relégué l'éloquence de M. de Baudry-
d'Asson à jeudi, — s'il y a lieu, — et il
nous a servi tout bourgeoisement un Sou-
rigues
M. Sourignes est une notoriété. On n'est
jamais content de son sort. M. Sourigues
aspire à passer célébrité. 0
Mais il faut savoir tenir compte des
milieux : à la Bourse de Paris, M. Souri-
gues est très-connu; il a tort de vouloir
se faire remarquer à la Chambre. Tel qui
brille au second rang devrait souvent s'é-
clipser au premier.
M. Sourigues éprouve le besoin d'inter-
peller M. le ministre des finances touchant
la conversion du 5 ôt0. Ce n'est certes pas
un besoin qui se faisait sentir au sein du
Parlement.
Ce n'est pas que M. Sourigues entende
connaître la dateetle rsode de la conver-
sion. non. simplement les "principes
sur lesquels doit être basée l'opération.
Cet homme est un curieux discret,
qui ne tient pas à connaître les détails da
l'affaire, pourvu qu'il en connaisse le fond.
Et le voilà qui débite, feuillet par feuil-
let, un manuscrit dont nul ne peut sonder
la profondeur.
Durant la première demi-heure, il se
produit dans la salle de petits frémisse-
mants d'impatience. Cette Chambre, —
nous devons le reconnaître, — a de pu-
diques et peu feintes répugnances pour
i&fet ée qui sent l'agior La plaisanterie se
prolonge et dépasse toute limite. C'e&t
une brochure entière que le prétendu
orateur débite sous prétexte d'interpella-
tion. Si M. Sourigues était peu fortuné, on
pourrait croire que, n'ayant pas trouvé
d'éditeur pour sa brochure, il se résigne
à la faire publier gratuitement parle Jour-
nal officiel; mais M. Sourigues est riche,
très riche même.; il n'a pas d'excuse.
Au bout de trois quarts d'heure, la salle
laisse échapper un « oh 1 » de douleur; et,
à partir de ce moment, chaque feuiilet qui
vient méthodiquement se classer sur les
autres feuillets arrache à la salle un hur-
lement de plus en plus douloureux.
Cette insistance est tout simplement in-
convenante. Mais M. Sourigues est ce que
nous appellerons un maigre tenace. L'hom-
me gras peut être collant ; mais le maigre
s'incruste. Et encore, dans les maigres, il
yalemaigrerageur et lemaigre froid ;'cette
dernière espèce est de beaucoup la plus
dangereuse au point de vue de la ténacité.
M. Sourigues appartient à cette dernière
catégorie. Il l'a bien prouvé dans les Lan-
des.
Il est député de Saint-Sever, — député
républicain, s'il vous plaît. Nous ne nous
en vantons pas ; nous constatons. Mais
combien il a fallu à M. Sourigues de téna-
cité pour arriver là 1 Sa persistance froide
a triomphé de tous les mauvais vouloirs ;
elle prétend maintenant limer les antipa-
thies de la Chambre. Plus d'une heure
un quart !
M. Léon Say avait, dès la première mi-
nute, traité assez cavalièrement M. Souri-
rigues en réclamant l'interpellation im-
médiate. Quand elle a été développée, de
quelle façon plus que cavalière il l'a écar-
tée 1
« J'ai peu entendu ce discours, je n'y
répondrai donc pas en détail ; mais, si je
l'avaia entendu, je n'y répondrais pas da-
vantage. Je me demande, en effet, quel but
a poursuivi l'orateur en apportant à la tri-
bune un article de journal financier. »
Et les phrases cinglées se succèdent
dans ce genre ; et, à chaque coup, la
Chambre entière répond par de vigoureux
« très bien 1 »
« Quant à la conversion, je ne saurais
avoir une opinion sur la forme avant d'en
avoir une sur le fond. Or, je me garderais
bien d'apporter ici une opinion à ce sujet,
car, si j'en avais une, ce serait un secret ;
mais je n'ai pas de secret par cette excel-
lente raison que je n'ai pas d'opinion. »
La réplique, qui dure trois minutes,
est enlevée, vive, pétillante, accentuée par
les bravos républicains.
M. Sourigues, qui ne doute de rien, a la
prétention de présenter un ordre du jour
motivé, — ce qui fait que l'ordre du jour
pur et simple est adopté par tous.
Allons, allons, à la petite Bourse du
soir, bien sots seront ceux qui attendaient
le résultat de la séance pour crier : « J'ai
du 51 Je prends du 3 1 »
PAUL IAPARGTJB.
——————— ———————
LE PROJET D'AMNISTIE
Voici le texte du projet de loi d'amnistie
partielle qui a été déposé hier à la Chambre
des députés, au nom du gouvernement, par
M. le ministre de l'intérieur : -
Article ltr. — L'amnistie est accordée à
tous les condamnés pour faits relatifs à
l'insurrection de 1871 qui ont été et seront
libérés ou qui ont été et seront graciés
par le président de la République dans le
délai de trois mois après la promulgation
de la présente loi.
Art. 2. —L?s peines prononcées par con-
tumace pour les mêmes faits pourront être
remises par voie de grâce.
Art. 3. — A partir de la promulgation
de la présente loi, la prescription de l'ar-
ticle 637 du Code d'instruction criminelle
sera acquise pour les mêmes faits aux in-
dividus qui sont l'objet de poursuites com-
mencées et non encore terminées.
Art. 4. — A dater de la nouncation des
lettres de grâ 'e entraînant virtuellement
l'amnistie, le condamné qui sera rentré en
France ne jouira plus du bénéfice de l'ar-
ticle 476 du Code d'instruction criminelle.
Art. 5. — La présente loi ne sera pas
applicable aux individus qui auront été
condamnés contradictoirement ou par
contumace pour crimes de droit commun
ou pour délits de même nature ayant en-
traîné une condamnation à plus d'une an-
née d'emprisonnement commis antérieu-
rement à l'insurrection. de 1871.
Frfit à Paris, le 11 février 18*9.
JULES GRÉVY.
Par le président de la Républzque :
Le garde des sceaux, ministre de la justice,
LE ROYER.
Le ministre de l'intérieur,
E. DE MARCÈRE.
ge
Nouvelles parlementaires
La commission relative à l'établissement du
tarif général de douanes a élu hier son prési-
dent en remplacement de M. Jules Ferry, de-
venu minore.
M. Tirtrd a été élu par 14 voix contre 10
données à M. Albert Grévy.
M. Méline est nommé rapporteur de lasous-
commlssion dès textiles en remplacement de
M. Jules Ferry.
» *
Les bureaux de la Chambre se sont réunis
avant la séance pour nommer plusieurs com-
missions, doctune, très-Importante, concerne
la réforme de la loi militaire.
Cette commission est saisie à la fois : 1" de
la proposition de loi de M. Laisant et d'un
grand nombre de ses collègues, portant mo-
dification à la loi du 27 juillet 1872 sur le re-
crutament de l'armée ; 2° de la proposition de
loi de M. de Gasté, ayant pour objet de modt-
fier l'article 36 da la loi du 27 juillet i872, sur
le recrutement de l'armée ; 3° de la proposi-
tion de loi de M. le comte de Roy?, ayant
pour objet de modifier l'article 40 de la loi du
juillet 1872 sur le recrutement de l'armée
pour arriver à une répartition plus équitable
des charges militaires entre les soldats des
deux portions d'un même contingent ; 4° de
la proposition de loi de M. Arthur Legrand et
plusieurs de ses collègues, ayant pour objet
d'abroger le dernier paragraphe de l'article 25
de la loi du 27 juillet 1872 sur le recrutement
de l'armée.
La proposition de M. Laisant consiste à
supprimer le volontariat d'un an et à réduire
le service à trois années.
La commission est ainsi composée : MM.
Dréo, Keller, Codet, Pontlevoy, Laisant, Ma-
dier de Montjau, Lecherbonnier, Drumel, Pas-
cal Duprat, Delaporte, Favand.
Deux membres seulement, MM. Keller et
Drumel, sont hostiles à la réforme projetée;
tous les autres sont favorables.
Dans le bureau qui a élu M. Laisant, M.
Gailly, tout en se ralliant au principe de la
proposition, a fait ses réserves quant au re-
crutement des sous-officiers , qu'il estime
compromis par M. Laisant.
Dans le bureau qui a élu M. Pascal Duprat,
plusieurs membres ont fait des objections
au point de vue budgétaire.
La lutte a été très vive dans le 11* bureau,
où M. Lacaze a combattu énergiquement la
proposition.
Dans son bureau, M. Drumel a combattu la
proposition au point de vue du système de
recrutement des sous-officiers.
**#
La commission pour l'examen de la propo-
sition de loi de M. Cesbron et plusieurs de ses
collègues, ayant pour objet de fixer la pres-
cription pour la taxe des actes notariés, a été
composée de :
MM. Tondu, Cesbron, Mention, Giraud, Es-
canyé, Bernier, Galpin, Ninard, Agniel, Pé-
ronne et Margue.
A. L.
Les petits Sous
J'ai déjà parlé plusieurs fois des
Caisses d'épargne scolaires. Nous voyons
par un rapport récent de M. de Malarce
qu'elles vont se multipliant tous les
jours. Il n'y aurait pas besoin, pour que
la chose se généralisât partout, d'une loi
s'appliquant à toute la France. Il suffirait
que chaque commune, les plus impor-
tantes d'abord, les moindres viendraient
après, séduites par l'exemple, que chaque
commune, dis-je, prît la peine de l'établir
chez elle, et cela peut se faire sans
grands frais, avec quelques centaines
de francs.
La ville de Toulon vient de nous en
donner un exemple. M. Gaune a présenté
tout dernièrement au conseil municipal
de Toulon un projet de Caisses d'épar-
gnes scolaires à créer dans les écoles
communales laïques de garçons et de
filles. Ce projet pourrait servir de modèle
à toutes nos villes.
Ai-je besoin de vous rappeler ce qu'on
entend par une caisse d'épargne scolaire?
Je ne le crois pas, et cependant il y a des
choses qu'il faut sans cesse répéter sous
toutes les formes, si l'on veut que le pu-
blic se les mette dans la tête et finisse par
s'y intéresser.
En 1834, un humble instituteur, à qui
avait été confiée l'école municipale du
Mans, eut une idée qui vous paraîtra fort
simple, mais dont personne ne s'était
encore avisé. Il remarqua que ses élèves,
aussitôt qu'ils avaient quelques sous dans
leurs poches, les dépensaient sottement
en niaiseries, comme la plupart des en-
fants : ils contractaient ainsi dès l'âge le
plus tendre des habitudes de gaspillage,
qu'ils garderaient sans doute plus tard,
une fois devenus hommes. On sait com-
bien il est difficile d'apprendre à l'ouvrier
le chemin de la caisse d'épargne. Il vit au
jour le jour, gâchant au fur et à mesure
l'argent qu'il gagne, sans aucune pré-
voyance du lendemain.
Comment persuader aux enfants de
porter leurs sous à la caisse d'épargne?
Les caisses d'épargne ne reçoivent
pas de somme qui soit moindre d'un
franc et il est bien rare qu'un enfant ait
jamais une pièce blanche en poche.
Oue fit-il ?
Il organisa chez lui, dans son école,
une petite caisse d'épargne, dont il se
constitua le trésorier. L'enfant, endoc-
triné, conseillé, dirigé par lui, lui remet-
tait, sur les quelques sous de ses menus
plaisirs, cinq ou dix centimes ; il inscri-
vait sur un registre ad hoc, au nom du
jeune capitaliste, le petit ou le gros sou
épargné. On finissait par arriver à la
somme réglementaire du franc exigé par
la loi.
Notre maître d'école prenait alors l'en-
fant par la main, le conduisait à la caisse
d'épargne de la ville, y déposait le franc
et faisait remettre à son ami un li-
vret constatant le dépôt. On commen-
çait par un franc ; le petit trésor s'enflait
peu à peu; c'était affaire au maître à
entretenir le feu sacré chez le jeune dé-
posant. Il n'y avait guère besoin d'exhor-
tations. C'est une remarque qui a déjà
été souvent faite, que l'ouvrier, une fois
en possession d'un livret de caisse d'é-
pargne, est pris d'une sainte rage d'é-
conomies, et que c'est chtz lui une pas-
sion d'en grossir le chiffre.
L'enfant, de retour dans la maison pa-
ternelle, montrait triomphalement à sa
mère le livret obtenu.C'était elle,uD autre
jour, qui l'accompagnait, et le fils ensei-
gnait ainsi à ses parents le chemin de
l'économie qu'il venait d'apprendre lui-
même.
M. Dulac avait trouvé parmi les nota-
bles de la ville aide et soutien pour son
idée ingénieuse. Plusieurs avaient mis à
sa disposition des sommes plus ou moins
importantes pour être distribuées sous
forme de bons points et de prix aux élè-
ves les plus méritants. On constituait
ainsi des livrets aux enfants plus pau-
vres, qui d'eux-mêmes n'auraient peut-
être pas pu parvenir à s'en faire un. Le
livret une fois remis entre leurs mains,
il n'y avait plus qu'à les laisser aller. Le
premier branle était donné.
Ce brave et honnête instituteur conti-
nua obscurément cette pratique de 183i
à 1872, époque à laquelle il prit sa re-
traite.
L'invention (c'en était une) se propagea
lentement; cependant elle fit à l'étran-
ger, notamment en Belgique et en Angle-
terre, des progrès plus rapides qu'en
France. Ce n'est guère qu'en 1874 qu'un
grand mouvement se fit chez nous en fa-
veur de cette institution nouvelle. Le nom
de M. de Malarce, l'éminent secrétaire de
la Société des institutions de prévoyance,
est attaché à cette révolution, dont les
heureuses conséquences se peuvent dif-
ficilement mesurer.
C'est M. de Malarce, qui, avec un zèle
incroyable, une invincible ténacité, une
rare intelligence, à force de prédications
et de petits livres, et sans ménager son
action personnelle, partout où elle était
réclamée, a couvert de caisses d'épar-
gne scolaires une bonne partie de la Fran-
ce. Son Manuel des caisses d'épargne sco-
laires est un chef-d'œuvre d'exposition
claire et vive. Il est arrivé aujourd'hui à
sa sixième édition, et c'est là que tous
ceux qui veulent propager l'institution
vont chercher des renseignements et des
conseils.
Au 31 décembre 1877, c'est-à-dire trois
ans après la première initiative prise, il
constatait, dans un état général dressé
par lui, que l'on comptait dans soixante
départements 8,033 caisses d'épargne
scolaires et 177,040 élèves qui avaient
épargné deux millions neuf cent soixante
quatre mille trois cent cinquante deux
francs.
Telle est la puissance de l'épargne:
Voilà comme on fait des millions'avec des
sous accumulés, et partout on a pu ob-
server que le livret de caisse d'épargne
obtenu par l'élève est lu dans la famille,
qu-'il y introduit, par le bon exemple, le
désir de. l'épargne et, par suite, l'écono-
mie ; que dans toutes les villes qui ont
créé des caisses d'épargne scolaires, la
grande caisse d'épargne a vu s'augmen-
ter considérablement le nombre des dé-
posants.
Eh bien ! savez-vous ce qu'il en coû-
tera à une ville importante comme Tou-
lon pour établir dans toutes ses écoles
des caisses d'épargne scolaires? M. Gau-
ne en a établi le compte. dans son rap-
port.
Mille francs pour les frais d'établisse-
ment (registres, indemnités aux maîtres
d'école, etc.).
Quatre cents francs pour donner aux
élèves des bons-points-centimes, et 600
francs pour distribuer, en guise de prix,
quelques livrets de caisse d'épargne,
comme cela se fait à Paris.
En tout 2,000 francs 1
M. Gaune termine son rapport par ces
lignes, que j'engage tous les conseils mu-
nicipaux de France à méditer :
« Le service que vous allez rendre à la
population toulonnaise n'est pas de ceux
qui sautent aux yeux, dont on parle beau-
coup, comme la construction d'un théâ-
tre ; mais vous savez que dans tout édi-
fice, si on en admire les proportions, l'ar-
chitecture, le choix des matériaux et
l'excellence de la main-d'œuvre, il n'en
est pas moins vrai que l'œuvre la plus
importante est celle qui, plus modeste,
se dérobe aux yeux, tout en étant la fon-
dation, la base qui soutient l'édifice.
» C'est par la base que nous pouvons
et devons chercher à améliorer la so-
siété, et le chemin le plus court et le plus
facile consiste à créer de nouvelles gé-
nérations, en leur distribuant, sans mar-
chander, l'instruction et les habitudes
d'ordre qui élèvent le moral des indivi-
dus, le bien-être de la famille, la richesse
nationale, et concourent à l'affermisse-
ment de la République. »
Le projet de M. Gaune a été approuvé
à l'unanimité par le conseil municipal de
Toulon.
FRANCISQUI SARGXY.1
-- ♦ —
Le Journal officiel publie une série de
décrets rendus le 10 février par le prési-
dent de la République, sur la proposition
du ministre de l'instruction publique. Par
ces décrets :
M. Bouillier, Inspecteur général de l'instruc-
tion publique, est admis à faire valoir ses
droits à une pension de retraite pour cause
d'ancienneté de services.
M. Bouillier est nommé inspecteur général
honoraire de l'instruction publique.
M Mourier, directeur de l'enseignement se.
condaire au ministère de l'instruction publi-
que, est admis, sur sa demande, à faire valoir
ses droits à une pension de retraite pour
cause d'ancienneté de services.
M. Mourier est nommé directeur honoraire
au ministère de l'instruction publique.
M. Zévort, vice-recteur de l'académie de
Paris, est nommé inspecteur général de l'ins-
truction publique. (Enseignement supérieur.)
M. Zévort, inspecteur général de 1 instruc-
tion publique, est délégué dans les fonctions
de directeur de l'enseignement secondaire au
ministère de l'instruction publique, en rem-
placement de M. Mourier, admis à faire va- -
loir ses droits à une pension du retraite.
M. Buisson, inspecteur de l'enseignement
primaire, hors cadre, est nommé directeur de
l'enseignement primaire au ministère del'ins-
truction publique, en remplacement de M
Boutan, Inspecteur général de l'instruction.
publique dont la délégation a pris fin.
La direction des scieac&s et lettres du mi-
nistère de l'instruction publique et des beaujh
arts est supprimée.
M.doWatteville, directeur des sciences et let-
tre, est admis à faire valoir ses droits à une
pension de retraite par suppression d'emploi
M. de Watteviile e&t nommé directeur ho-
noraire au ministère de l'instruction pu.
blique.
M. Gréard, inspecteur général de l'instruc-
tion publique, directeur de 1 enseignement
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.36%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.36%.
- Auteurs similaires Couillard Couillard /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Couillard" or dc.contributor adj "Couillard")Les Procédures civiles et criminelles, selon le commun stil de France et ordonnances royaux, pour l'instruction des greffiers, par Anthoine Coillard,... /ark:/12148/bpt6k8719317p.highres Les Antiquitéz et singularitéz du monde, par le seigneur du Pavillon près Lorriz (A. Couillard, publié par J. Moireau de Lorriz) /ark:/12148/bpt6k87028154.highresSmijers Albert Smijers Albert /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Smijers Albert" or dc.contributor adj "Smijers Albert") Hoch Alphonse Hoch Alphonse /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hoch Alphonse" or dc.contributor adj "Hoch Alphonse") Chorale de la cathédrale Notre Dame de Strasbourg Chorale de la cathédrale Notre Dame de Strasbourg /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chorale de la cathédrale Notre Dame de Strasbourg" or dc.contributor adj "Chorale de la cathédrale Notre Dame de Strasbourg")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75626585/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75626585/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75626585/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75626585/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75626585
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75626585
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75626585/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest