Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-02-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 07 février 1879 07 février 1879
Description : 1879/02/07 (A9,N2606). 1879/02/07 (A9,N2606).
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Neuvième Année. - N. 2606.
Prix du Numéro à Paris : 15 Centimes? départements : 20 Centimes)
Vendredi 7 Février 1879.
ait
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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BULLETIN
Paris, 6 Février 1879.
Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié les décrets constituant le cabinet
Waddington.
Nous avons annoncé hier que le Moni-
teur officiel de l'empire d'Allemagne vient
de publier le traité conclu entre l'Allema-
gne et l'Autriche, abrogeant l'article 5 du
traité de Prague. On sait que cet article
stipule que « les populations du Nord du
Sshleswig seront de nouveau réunies au
Danemark si elles en expriment le désir
par un vote librement émis. » Cet article
est désormais abrogé. Pour justifier cette
abrogation, les journaux officieux de Vien-
ne font observer que l'Autriche n'atta-
che plus de valeur au maintien des
droits que lui confère l'article 5 du traité
de Prague ? Il est permis de supposer que
cette indifférence du cabinet de Vinne à
l'égard de la stipulation dont il s'agit n'est
pas de date réèente, et que, s'il n'avait
dépendu que de lui, cette clause n'aurait
jamais été inserite au traité de 1866. L'Au-
triche, en effet, n'avait aucun intérêt à
demander eette concession à son vain-
queur, et elle l'eût volontiers échangée
contre d'autres avantages sur des ques-
tions qui la touchaient de beaucoup plus
près. Ce fut, tout le monde s'en souvient,
sur les instances du cabinet des Tuile-
ries qu'on stipula par le traité de Pra-
gue la rétrocession éventuelle des dis-
tricts septentrionaux du Sehleswig au Da-
nemark. Cette satisfaction donnée au
principe des nationalités et au système
plébiscitaire devait servir de compen-
sation morale à défaut des compensa-
tions matérielles demandées par Napo-
léon 111 et auxquelles il fut obligé de re-
noncer. C'est par égard pour la France
que l'article 5 du traité de Prague avait
été maintenu, au moins théoriquement,
jusqu'à ce jour. Tontefois le traité de
Prague ne portait pas la signature de la
France. Nous ne croyons donc pas
que les deux puissances signataires
aient demandé, comme le prétendle Daily
Telegraph,l'ass entiment du gouvernement
français pour procéder à la r évision de ce
traité.Quant à la nation danoise, qui avait
fait de si louables efforts dans ces derniè-
res années pour écarter, par fionattitude
correcte et amicale vis-à-vis de sa puis-
sante voisine, les objections que celles-ci
avaient élevées contre l'exécution de l'arti-
cle 5 du traité de 1866, elle devra mainte-
nant renoncer à l'espoir de voir ses vœux
réaiisés. Il reste à savoir si l'amitié sin-
cère et durable du Danem" n'aurait pas
mieux valu, pour l' AUemag_, que la con-
servation de quelques disAts dont la
possession n'ajoute certes rien à sa puis-
sance.
La discussion sur la politique extérieure
du cabinet Depretis continue à la Cham-
bre des députés italiens. M. Depretis,
comme il était facile de le prévoir, est
monté à la tribune pour défendre sa poli-
tique; il s'en est tenu d'ailleurs aux géné-
ralités, et nous ne croyons pas que cette
discussion, soit de nature à éclairer beau-
coup l'opinion sur les desseins de l'Italie.
E. BARBIER.
♦
J~.Cf-E9LX~
PETITE BOURSE DU SOIR
6 0/0. r. 113 fr. 3/4, 011/4, à 1/8.
Turc 12 fr. 15, 22 1/8.
Banque ottomane.. 477 fr. 50, 478 12.
Egypte 240 fr.,239 37, 2i0.
florins 65 fr.
; ■ «Ml— ■■ ■ i ■ —
L'honorable M. Goblet, député de la
Somme, est nommé sous-secrétaire d'E-
tat au ministère de lajustice. Voici donc
un département ministériel admirable-
ment orgacisé. M. le garde des sceaux
ne pouvait souhaiter un collaborateur
plus ferme, plus actif, plus instruit de
ses devoirs et plus honoré dans le Parle-
ment. Ajouterons-nous que M. Goblet
possède à un rare degré le don de l'élo-
quence politique? L'unique reproche
qu'on lui adresse, c'est de ne s'être
fait entendre à la Chambre des députés
que trop rarement. Il a pris toutefois
dans quelques intéressants débats une
part brillante et utile. Nous autres, jour-
nalisles, nous devons un tribut tout par-
ticulier de reconnaissance au rapporteur
de la loi d'amnistie adoptée l'an dernier
pour toutes les condamnations politiques
prononcées par les tribunaux pendant la
période du 16 Mai.
Personne donc ne se réjouit plus que
nous de voi? appeler à l'un des postes
politiques les plus importants ce député
de grand talent et de beau caractère. L'o-
pinion publique peut compter qu'avec un
tel garde des sceaux et un tel secrétaire
d'Etat les rérorm,s nécessaires se feront
habilement, résolûmtnt et vite. Ces ré-
formes sont de deux sortes : les unes, les
plus urgentes, ne dépendent que de la
décision du ministre de la justice ; les
autres sont d'ordre législatif et ne sau-
raient être opérées sans le concours du
parlement.
M. le garde des sceaux et M. Goblet ac-
compliront les premières avec l'aide du
nouveau directeur du personnel, M. Du-
rand-Desormeaux, ancien chef de cabinet
de M. Méline, qui connaît la magistrature
pour l'avoir étudiée de près et pratiquée.
Ce n'est pas à nous qu'il convient d'indi-
quer combien de changements devront
être faits dans la magistrature amovible,
depuis les juges de paix jusqu'aux pro-
cureurs généraux. Les mérites et les dé-
mérites de tout ce monde judiciaire ne
nous sont pas assez connus pourque nous
osions dire, même par à peu près : « Dans
le nombre, il y en a tant de bons, tant de
passables, eTTant de mauvais. » Ce que
nous croyons seulement,c'est que la réfor-
me du personnel, dans les parquets, les
justices de paix et la magistrature colonia-
le devra être profonde si nous en jugeons
par les plaintes qui nous revie anent de tous
côtés. Ce que nous croyons aussi, c'est
que nous pourrons absolument nous en
rapporter à des hommes aussi éclairés et
aussi décidés à bien faire queM.LeRoyer
et M. Goblet.
Quant à la magistrature inamovible, il
est incontestable que le garde des sceaux,
par l'action de son autorité, peut exer-
cer sur elle une influence très-réelle,
et peut-être même si considérable
qu'il deviendrait inutile de remettre en
question la suspension provisoire du
principe de l'inamovibilité. Mais ceci
n'empêcherait point de préparer des lois
sur la réforme de notre organisation ju-
diciaire, qui pèche, on ne le voit que trop,
par plusieurs côtés. Depuis tantôt huit
ans, divers projets ont été déposés sur
le bureau des Chambres : il y en a de M.
Emmanuel Arago, de M. Bérenger, de M.
Jules Favre, de M. Dufaure, et nous en
passons. Presque tous ces projets se re-
commandent par les noms de leurs au-
teurs, et dans presque tous on pourrait
signaler des idées ingénieuses et des
vues intéressantes. M. le garde des
sceaux et son sous-secrétaire d'Etat .ne
négligeront sans doute pas de se li-
vrer à l'étude de ces documents, d'en
tirer ce qu'il y a de meilleur et ee qui
pourrait se combiner avec leurs concep-
tions personnelles d'un plan de réforme
judiciaire. Ce problème de l'organisation
de la magistrature en France, M. Le Royer
et M. Goblet ont dû bien des fois le mé-
diter déjà sans doute. Il serait beau, il
serait digne de ce que le pays attend
d'eux d'attacher leurs noms à la solution
de ce grand problèma. Ils le savent as-
surément, ils y travailleront, et, pour me-
ner à bien semblable tâche, ce n'est point
le concours des républicains qui leur
manquera dans le Parlement.
EUG. IIÉBERT.
LE NOUVEAU MINISTÈRE
Le Journal officiel publie les décrets qui
constituent le nouveau ministère. Le pre-
mier de ces décrets est ainsi conçu :
Le président de la République française,
Sur la proposition du président du conseil,
garde des sceaux, ministre de la jéustice,
Décrète :
Art. 1er. — M. Waddington, sénateur, est
nommé ministre des affaires étrangères.
Art. 2. — M. Waddington exercera les fonc-
tions de président du conseil des ministres.
Art. 3. — Le président du conseil, garde des
sceaux, ministre de la justice, est chargé de
l'exécution du présent décret.
Fait à Versailles le 4 février 1879.
JULES GRÉVY.
Par le président de la République :
Le président du conseil, garde des sceaux,
ministre de la justice,
J. DUFAURE.
Les autres décrets, à la même date, sont
rendus sur la proposition du président du
conseil, ministre des affaires étrangères. En
vertu de ces divers décrets :
2. — M. Le Royer, sénateur, est nommé
garde des sceaux, ministre de la justice, en
remplacement de M. Dufaure, dont la démis-
sion est acceptée.
3. — M. de Marcère, député, est nommé mi-
nistre de l'intérieur.
4. — M. Léon Say, sénateur, est nommé
ministre des finances.
5. — M. le général de division Gresley est
nommé ministre de la guerre.
6. — M. le vice-amiral Jauréguiberry est
nommé ministre de la marine et des colonies,
en remplacement de M. le vice-amiral Po-
thmau, dont la démission est acceptée.
7. — M. Jules Ferry, député, est nommé
ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts, en remplacement de M. Bardoux,
dont la démission est acceptée.
8. — M. de Freycinet, sénateur, est nommé
ministre des travaux publics.
9. — M. Lepèr., député, est nommé minis-
tre de l'agriculture et du commerce, en rem-
placement de M. Teitserenc de Bort, dont la
démission est acceptée.
10. — Le ministère des cultes est détaché
du ministère de l'instruction publique et des
beaux-arts.
M. de Marcère, ministre de l'intérieur, est
nommé ministre des cultes par intérim.
L'Agence Bavas nous apprend à la der-
nière heure que M. Cochery est nommé
ministre des postes et des télégraphes.
-———————— —
INDIFFÉRENCE OU INTO LÉRAN tE
J'ai entre les mains une correspon-
dance assez curieuse. Ce sont des lettres
écrites par le président du consistoire de
Montauban à M. le ministre des cultes,
qui était en ce temps-là M. BarJoux.
Je donne un extrait de la première de
ces lettres, qui mettra le lecteur au cou-
rant de la question :
J'ai le regret, monsieur le ministre,
d'avoir à, vous adresser une plainte contre M.
le général commandant la 33e subdivision mi-
litaire. -
Eu même temps que M. le préfet du Tarn-
et Garonne, j'avais prévenu M. le général que,
en exécution de votre circulaire du 6 janvier
dernier et de l'article 1er de la loi constitu
tionnelle du 16 juillet 1875, des prières publl
ques seraient faites le dimanche 10 janvier
dans le temp'e consistorial des Carmes, à l'oc-
casion de la rentrée des Chambres.
M. le préfet a averti le chef de service, et,
par eux tous, les fonctionnaires protestants.
M. le général, ne tenant aucun compte de cet
avis, a fait lire et afficher dans les différen-
tes casernes l'ordre formel pour les officiers
d'avoir à l'accompagner à l'église cathédrale,
marquant ainsi Intentionnellement le mépris
qu'il fait de notre culte, en obligeant les of.
ficiers protestants d'assister à une cérémonie
catholique, service commandé.
Je suis loin,certes, de demander que les mi-
litaires protestants soient dispensés de cer-
tains services qui les ob'igent à assister à des
réunions d'un culte qui n'est pas le leur ; la
question a déjà été résolue contre nous. Mais
au moins serait-il juste que lorsque des céré-
monies analogues s'accomplissent en même
temps au temple et à l'église, les protestants
ne fussent pas sans raison empêchés d'aller
chezeux.Vous me permettrez donc, monsieur
le ministre, de vous faire remarquer qu'il se-
rait grandement temps que MM: les officiers
supérieurs finissent par se rappeler que le ca-
tholicisme n'est plus la religion de l'Etat,
mais que depuis tantôt un siècle, nous jouis-
sons en France de l'égalité des cultes devant
la loi. »
Il a raison, ce digne pasteur. Et quand
je songe aux mobiles qui ont pu détermi-
ner le général commandant la 33e subdivi-
sion militaire à se conduire comme il l'a
fait, il me semble que j'en trouve deux,
entre lesquels j'hésite.
Il peut se faire que ce sait chez ce
brave homme de guerre parfaite indiffé-
rence.
— Parbleu ! s'est-il dit, prières pour
prières, c'est tout un, n'est-ce pas ? qu'on
les chante en latin ou en français, à l'é-
glise ou au temple, il n'en sera ni plus
ni moins. Dieu, si tant est qu'il existe,
les écoutera toujours, d'où qu'elles vien-
nent, et les exaucerar tout de même, si
ça lui fait plaisir. Au fond, il faut aller
aux cérémonies comme on va à la parade,
parce que c'est l'ordre. Mes officiers n'ont
qu'à me suivre 1 affaire de service 1 ils
n'en mourront pas plus que moi, pour
avoir mis les pieds dans une église. Qu'im-
porte quand ils seraient protestants 1
s'imaginent-ils par hasard que, moi, je
suis catholique ? Je suis tout bonnement
soldat : on me commande pour aller m'en-
nuyer une heure à écouter du latin braillé
par des chantres de paroisse; je les com-
mande à mon tour ; nous y allons ensem-
ble. De quoi ont-ils à se plaindre? Et moi,
suis-je sur un lit de roses?
Cette indifférence n'est pas, après
tout, absolument invraisemblable. Si telle
a été, en effet, la pensée secrète de
l'estimable général, il faut bien lui dire
que l'excuse ne vaut rien. Car il faut tou-
jours se mettre à la place des autres, et
il y a des gens qui n'ont pas encore pris
si légèrement leur parti de ces sortes de
choses. Ce scepticisme soldatesque n'est
pas à l'usage de tous. N'y eût-il dans
toute la 33e subdivision qu'un seul protes-
tant convaincu, qui prît sa religion au
sérieux, qui regardât comme une atteinte
portée à sa conscience la nécessité de
s'agenouiller devant l'hostie consacrée,
de rehausser par sa présence l'éclat
d'une cérémonie catholique, n'y en eût-il
qu'un seul, encore faudrait-il respecter
ses scrupules et le dispenser d'un ser-
vice auquel ne l'oblige point la loi de
son pays.
Mais je crains bien que ce ne soit chez
l'honorable général simple intolérance et
parfait mépris des droits d'une autre re-
ligion,qu'il tient pour fausse parce qu'elle
n'est pas la sienne.
Et j'en trouve une preuve dans la cor-
respondance même dont je parlais tout à
l'heure.
M. le président du consistoire avait
adressé à M. le ministre de la guerre une
demande à l'effet de pouvoir entrer dans
les casernes afin d'y aider les soldats et
officiers du culte réformé à remplir leurs
devoirs religieux.
On affecta de croire en haut lieu qu'il
avait demandé une place d'aumônier pro-
testant, et voici la lettre qu'il reçut, non
du ministère de la guerre, mais de celui
des cultes.
Pails, 26 décembre 1878.
Monsieur le président,
Vous avez adressé à M. le ministre de la
guerre une demande tendant à obtenir l'em-
ploi d'aumônier militaire de la subdivision de
Montauban.
D'après les renseignements qui ont été re-
cueillis auprès de M. le général commandant
en chrsf du 17* corps d'armée, la garnison de
Montauban ne compte que trois offielerslet onze
hommes de troupe appartenant au culte pro-
teetant. Mon collègue pense qu'en présence
de ce petit nombre de protestants, la création
d'un emploi d'aumônier n'a pas sa raison d'ê-
tre, et il me prie de vous en informer.
Agréez, etc.
L'honorable président du consistoire
de l'Eglise réformée de Montauban fut un
peu surpris à la réception de cette lettre.
Il n'avait demandé ni le titre, ni la si-
tuation, ni les appointements d'aumônier
militaire. Il avait — ce qui est fort diffé-
rent — sollicité le droit d'entrer dans les
casernes, à titre de pasteur.
Il avait sollicité ce droit non pas seu-
lement pour la garnison de Montauban,
mais pour toute la 33" subdivision militai-
re, qui comprend Montauban, Castelnau-
dary, Marmande.
Il pouvait donc être légitimement étonné
qu'on l'eût si mal compris. Mais ce n'est
pas tout, et ici, nous lui laissons la pa-
role, car il relève des erreurs si étran-
ges que nous aurions quelque pudeur à
les signaler nous-même.
M. le ministre de la guerre, écrit-il dans sa
réponse à M. Bardoux, croit sur le rapport de
ses subordonnés que la garnison de Montau-
ban n'a que trots officiers protestants. Or,eUe
en compte actuellement sept, et il y en avait
neuf au moment où l'on affirmait à M. le mi-
nistre qu'il ne s'en trouvait que trois : savoir,
deux aux 11° de ligne, deux au 20' de ligne,
deux aux dragons, un au train des équipages.
Le rapport ne se trompait donc que de six 1
Quantauxsoldats.il est tout aussi exact lors-
qu'il n'en compte que onze protestants. J'ai
entre les mains les noms des protestants dans
deux bataillons seulement de l'un de nos ré-
giments de ligne.
Cette liste porte douze noms, et elle a 6t6
faite à l'insu des officiers ! Je connais d'autres
soldais appartenant à notre culte dans cha-
cun des autres corps de la garnison. Et la
garnison tout entière n'aurait que onze sol-
dats protestaBts! Vraiment je me demande
qui a eu le courage d'envoyer à M. le général
commandant du 1711 corps d'armée des chif-
fres aus;i fantaisistes.
Le signataire de cette lettre continue
sur ce ton, entrant dans le détail d'une
statistique qui ne serait pas fort intéres-
sante pour le public, et il termine par ces
mots, que j'engage nos lecteurs à médi-
ter :
Mon but, monsieur le ministre, n'est pas
d'insister pour obtenir l'autorisation qui m est
refusée. Nous avons trop, nous autres, protes-
tants, l'expérience DU MAUVAIS VOULOIR des
hauts fonctionnaires de Varmée à notre en-
droit pour que je ne sache pas que désormais
ma demande n'a pas de chance d'aboutir. Je
voudrais prouver par ce petit faitr- et je consi-
dère que j'accomplis en le faisant mon devoir
de bon citoyen — que les subordonnés contri-
buent à suivre les errements anciens et à ne
respecter nullement l'exactitude dans les ren-
seignements qu'ilsasont appelés à vous trans-
mettre.
Veuillez agréer, etc.
Le président du consistoire,
E. RABAI?D.
Je crois bien décidément qu'il faut
mettre l'ordre du général commandant la
33' subdivision au compte de l'intolé-
rance.
Û'est une chose bien laide et bien
odieuse que le fanatisme dans la patrie
de Voltaire!
FRANCISQUE SAMEI.
Les Nouveaux Tarifs de solde
Lors de la discussion de la loi sur les
pensions militaires, en juin dernier, la
Chambre, dans sa sollicitude pour les in-
térêts de l'armée, avait manifesté l'inten-
tion de restituer aux officiers des grades
inférieurs, au moyen d'une augmentation
de solde, ce que la retenue de 50$, impo-
sée parla nouvelle loi, leur faisait perdre.
Cette promesse, que le président de la
commission du budget avait faite à la
tribune, a été fidèlement tenue. Les
crédits nécessaires ont été alloués au
budget de 1879, et le ministre de la
guerre a dû remanier en conséquence les
anciens tarifs de solde. Une décision pré-
sidentielle, en date du 31 décembre, prise
sur la proposition de M. le général Borel,
— qui aura eu la bonne fortune d'attacher
in extremis son nom à cet acte de justice,
— une décision présidentielle, dis-je, a
donné son approbation aux nouveaux ta-
rifs, qui sont en vigueur depuis le 1er jan-
vier.
L'augmentation de solde résultant de
cette révision pour les lieutenants et sous-
lieutenants est de 72 francs par an : ce
qui porte à 2,448 fr. le traitement annuel
des lieutenants d'infanterie, pour me bor-
ner à cet exemple. Si l'on compare cette
solde à ce qu'elle était en 1876, on voit
qu'elle a été relevée de 180 francs depuis
cette époque. Si l'on remonte jusqu'en
1871, on constate avec une satisfaction lé-
gitime qu'en moins de sept années la solde
annuelle des efftciers des grades inférieurs
a été augmentée en moyenne de 210 fr.
Sans s'arrêter plus qu'il ne convient à
ces détails, il n'était peut-être pas oi-
seux de les consigner une fois de plus.
Les chiffres cités plus haut ont une élo-
quence brutale et persuasive tout à la
fois. Je las livre aux méditations de ceux
que la passion politique n'a pas complète-
ment aveuglés. Ceux-là, en faisant un re-
tour sur le passé, seront bien obligés de
reconnaître avec moi que l'empire lui-
même, quoi qu'on dise, n'a pas su, du-
rant les jours prospères, faire, pour amé-
liorer le sort des officiers, les sacrifices
que la représentation nationale, dans son
patriotisme éclairé, n'a pas hésité à s'im-
poser, au lendemain de désastres sans
nom.
Est-ce à dire que les progrès réalisés
depuis sept ans dans le service de la solde
soient le maximum de ce que l'armée peut
raisonnablement désirer, et que les nou-
veaux tarifs de 1879 donnent satisfaction
eôinplèts à tous les intérêts ? Malheureu-
sement non 1 Entre ce qui a été fait et ce
qui reste à faire, il y a encore place pour
de nombreuses réformes. J'ai même le re-
gret de constater que l'administration de
la guerre ne semble pas disposée à rom-
pre carrément avec les errements de la
routine, et qu'elle regarde d'an œil louche
les améliorations que la logique des faits
a rendues nécessaires. La décision prési-
dentielle du 31 décembre, qua j'ai sous la
main, m'en fournit la preuve manifeste.
Je lis en effet dans le rapport du minis-
tre qui la précède cette phrase qui est au
moins un aveu et qui pourrait être une
promesse : « J'ai saisi cette occasion pour
» demander à la commission du budget
» de faire disparaître certaines anomalies
» existant entre la solde de différents gra-
Il des, telle qu'elle avait été déterminée
» par les tarifs antérieurs. « Anomalie ne
me paraît pas le mot qui convienne dans
l'espèce, j'aurais dit volontiers injustices
criantes ; à la rigueur, hérésie n'eût pas
été trop fort. Pensez vous, je vous le de-
mande, qu'il n'y ait pas lieu de crier à
l'iniquité quand on voit un lieutenant
colonel d'infanterie moins bien traité, sous
le rapport de la solde, que l'officier du
grade immédiatement inférieur dans l'état-
major, l'artillerie, le génie oui intendance?
Il en était pourtant ainsi depuis des an-
nées, et si vous voulez des chiffres, j'en ai
à votre service. Le tarif de 1878, sans re-
monter p]Ui haut, allouait aux chefs d'es-
cadrons des armes spéciales une solde men-
suelle de 497,30, taudis que le lieutenant-
colonel d'infanterie n'avait droit qu'à
485,66. Il est, je crois, difficile d'être plus
précis. Le tarif de 1879 a mis fin à un état
de choses que le bon sens et l'équité con-
damnaient également.
C'est fort bien, et voilà une anomalie
redressée,—puisque anomalie, il y a. Mais
à en croire le rapport ministériel, on de-
vait s'attendre à mieux que cette unique
réforme qui laisse en suspens la déli-
cate question de l'unification des soldes,
sans qu'il soit possible de préjuger quelles
sont à cet égard les idées de l'administra-
tion de la rue Saint Dominique.
C'est un problème difficile à résoudre,
je le sais ; il y a de sérieux intérêts en jeu;
il y a des susceptibilités de personnes à
ménager et par-dessus tout l'état de nos
finances à considérer. J'en conviens. Mais
le temps des compromissions et des ater-
moiements est passé,et bien passé, je sup-
pose. Il faut savoir aborder de front les
difficultés que, pendant sept ans, les ad-
ministrateurs médiocres ont été impuis-
sants à vaincre.
Depuis que l'œuvre de reconstitution
de notre armée a été entreprise, on s'agite
dans le vague ; on se heurte à droite à la
loi d'avancement, qui ne se fait pas, à gau-
ohe à la loi de recrutement, qui demande
une révision partielle. Hier c'était la loi
sur l'état-major qui était la pierre d'achop-
pement; demain ce sera vraisemblable-
ment la loi d'administration qui mettra
aux prises les routiniers et les hommes de
progrès.
Cette situation accuse une indécision
singulière dans l'esprit de ceux de nos
généraux qui sont mêlés à la discussion
de ces lois importantes ; on devait epérer
plus de netteté de vues, plus de volonté
chez des hommes d'action. La situation
présente atteste aussi le manque d'unité
qui a présidé à notre réorganisation joili-
taire. -
Il est temps qu'on se préoccupe de re-
prendre une à une toutes les questions
pendantes. L'unification des soldes est du
nombre de celles qui demandent une so-
lution prompte. Notre nouveau ministre
de la guerre y devra songer bientôt et la
résoudre au mieux des intérêts de l'arme
principale,, c'est-à-dire de l'infanterie, s'il
veut se faire pardonner par l'opinion pu-
blique d'être depuis sept ans le troisième
ministre qui ne sorte pas de l'infanterie.
Louis HENRIQUE.
P. S. - Quelques-uns de nos abonnés
m'ont demandé de les renreigner sur les
formalités à remplir pour obtenir l'auto-
risation d'être examinés par le conseil de
révision de leur résidence, en dehors de
leurs départements d'origine. Voici la ré-
ponse à leurs questions.
Régulièrement, leur demande aurait dû
être adressée le jour même du tirage au
préfet du département où ils sont inscrits,
par l'intermédiaire du sous-préfet. Je ne
crois pas qu'il y aitimpossibilité de la faire
agréer après coup, en se pressant un peu.
Le préfet du département d'origine fait
connaître à son collègue du département
de la résidence qu'il accorde l'autorisation.
Celui-ci convoque en temps utile les inté-
ressés, qui sont teaus de se présenter au
jour dit, munis de toutes les pièces cons-
tatant leur identité.
L. H.
———————— ————.
INFORMATIONS
Le message du président de la Répu-
blique, qui a été communiqué hier dans
l'après-midi au conseil des ministres, sera
lu aujourd'hui par M. Waddington au Sé-
nat, et par M. de Marcère à la Chambre
des députés.
Le président de la République recevra
samedi, à deux heures, à l'Elysée, le corps
diplomatique.
Le bruit s'est répandu et a été reproduit
par plusieurs journaux que le prince Or-
loff, ambassadeur de Russie, avait fait un
voyage à Bruxelles et qu'il était resté ab-
sent de Paris, ces jours derniers.
Nous sommes en mesure d'affirmer que
le prince Orloff n'a pas quitté Paris pen-
dant tout le temps de la crise gouverne-
mentale, et qu'il a été un des premiers à
se rendre auprès du nouveau président
de la République pour lui présenter ses
félicitations.
Comme nous l'avons annoncé hier, M.
Grévy a rendu sa visite à l'ambassadeur
de Russie, qui de son côté est allé quel-
ques instants après, à l'Elysée, voir une
seconde fois lé président de la Répu-
blique.
La réception, par M. le président de la
République, du nouvel ambassadeur de
Turquie, Savfet-Pacha, arrivé depuis peu
de jours à Paris, aura lieu probablement
vers la fin de la semaine.
M. Bardoux a réuni hier, à cinq heures,
dans son cabinet, les directeurs, chefs de
divisIon, chefs et sous-chefs de bureau du
ministère de l'instruction publique, et, en
prenant congé d'eux, leur a adressé des
remerciements pour le concours qu'ils lui
ont prêté depuis son entrée au minis-
tère. Il leur a promis qu'en toute occasion
l'instruction publique trouverait en lui un
défenseur.
M. Bardoux a fait un grand élog3 de son
successeur.
Le nouveau ministre de l'instruction
publique, M. Jules Ferry, a passé hier
plusieurs heures au ministère avec MM.
Bardoux et Casimir Périer, pour se mettre
au courant des affaires, mais il ne pren-
dra possession de son cabinet qu'au-
jourd'hui.
Ce matin, à 11 heures, il recevra oHl-
ciellement le personnel.
On annonce que M. Jules Ferry aurait
l'intention de suj primer deux directions,
celle des beaux-arts et celle des sciences
et lettres.
Dans le haut personnel de l'instruction
publique, plusieurs changements notables
seraient apportés. On parle notamment du
remplacement de MM. Mourier et Boutau,
directeurs, et de M. Guillaume Gu!zot,
chef de division aux cultes.
M. Jules Ferry a pris pour chef de cabi-
net M. Rambaud, professeur de littérature
à la faculté de Nancy, dont les travaux
historiques, notamment XHistoire de Rus..
sie, jouissent d'une légitime notoriété, et
qui a écrit dans la Revue des Deux-Jfondes
et la Revue politique un gpand nombre
d'articles remarquables.
On a vu plus haut qu'un nouveau mi-
nistère, celui des postes et télégraplles,
était créé. M. Cochery en est le titulaire.
M. SadiCarnot, sous-secrétaire d'Etat
aux travaux publics, conserve ses fonc-
tions.
M. Turquet, député, est nommé sous-
secrétaire d'Etat au ministère de l'ins-
truction publique et des beaux-arts.
M. Guillaume, directeur général des
beaux-arts, a donné sa démission.
Il ne sera pas remplacé, et M. Turquet
s'occupera spécialement du service des
beaux-arts.
Le nouveau sous-secrétaire d'Etat se
tiendra, le matin, au ministère de l'ins-
truction publique, rue de Grenelle, et,
l'après-midi, à la direction des beaux-arts,
rue de Valois.
M. René Goblet, député, est nommé
sous-secrétaire d'Etat au ministère de la
justice.
M. Durand-Desormeaux, conseiller gé-
néral de l'Yonne, ancien chef de cabinet
de M. Méline, sous le ministère Jules Si-
mon, est nommé chef du personnel au mi-
nistère de la justice en remplacement de
M. Masson, qu'un récent décret a nommé
juge à Paris.
Nous applaudissons des deux mains à
cette nomination, qui indique rintention
du nouveau ministre de la justice de s'en-
tourer de républicains fermes et éprouvés;
décidés surtout à accomplir cette réforme
du personnel judiciaire quelepaysréclame.
Il résulte de nos informations que le
nouveau ministre de l'agriculture et du
commerce, M. Lepère, aurait l'intention
d'apporter des modifications importantes
dans les services de l'administration cen-
trale. Les différents services seraient tous
rattachés à deux directions générales,- la
direction générale de l'agriculture d'une
part, comprenant les anciennes directions
de l'agriculture, deî haras et l'administra-
tion des forêts; -d'autre part, la direction
générale du commerce, comprenant les
directions" du commerce intérieur et du
commerce extérieur. Les directeurs ac-
tuellement en fonctions seraient par le
fait mis à la retraite, et les deux grandes
directions nouvelles seraient placées cha-
cune sous les ordres d'un sous-secrétaire
d'Etat directeur général.
La division de la comptabilité au minis-
tère des travaux publics sera prochaine-
ment érigée en direction.
On dit que l'amiral Pothuau, ancien
ministre de la marine, serait probable-
ment nommé ambassadeur de France
Londres.
Sur les neuf ministres, sept seulement
font partie du Parlement: le général Gres-
ley et l'amiral Jauréguiberry n'appartien-
nent à aucune des deux Chambres.
Sur les sept ministres qui font partie du
Parlement, trois sont députés : M. de Mar-
cère, Jules Ferry et Lepère ; quatre sont
sénateurs : MM. de Freycinet, Léon Say,
Waddington et Le Royer.
Au point de vue du classement des par-
tis, les ministres se divisent ainsi :
Un membre de l'Union républicaine, M.
Lepère ; trois membres de la gauche, MM.
Le Royer, de Freycinet et Jules Ferry ;
trois du centre gauche, MM. de Marcère;
Léon Say et Waddington.
Enfin le ministre de la guerre et celui
de la marine peuvent être classés au cen-
tre gauche.
Le nouveau ministère compte parmi ses
membres cinq protestants. Ce sont : MM.
de Freycinet, Léon Say, Waddington, Le
Royer et l'amiral Jauréguiberry.
Nous apprenons que le remplacement de
M. le général Chanzy est chose absolument
décidée. On parle, pour lui succéder, de MM.
Brisson, Albert Grévy ou Krantz. Ces noms
seraient bien accueillis par la représenta-
tion républicaine de l'Algérie et par la po-
pulation tout entière, habituée depuis trop
longtemps à être administrée par des gou-
verneurs qui ne connaissaient ni ses aspi-
rations ni ses besoins.
M. le général de Gallifet serait mis à la
tête du dix-neuvième corps d'armée dont
le quartier-général est à Alger.
On donne comme certain que M. Le
Royer, ministre de la justice, va présenter
Immédiatement aux Chambres un projet
de loi modiifant le mode de recrutement
du conseil d'Etat, et permettant de dis-
soudre le conseil actuel.
Un mouvement dans le personnel des
receveurs particuliers et des percepteurs
aura lieu prochainement. Le travail pré-
paré avant la crise ministérielle est repris
pour subir quelques modifications.
On prépare à la direction des grAces,
au ministère de la justice, un décret con-
cernant les condamnés politiques non
compris dans celui qui a paru le 25 jan-
vier dernier à l'Officiel.
Plusieurs journaux annoncent que M.
Hérold donnera cet hiver quatre grandes
fêtes au Luxembourg et en indiquent
même la date.
Nous pouvons assurer qu'aucune déci-
sion n'a encore été prise à cet égard par
le nouveau préfet de la Seine, dont la fa-
mille s'est installée hier seulement dans
les appartements du Luxembourg.
L'état de M. de Sacy n'a pas empiré de-
puis hier et, dans la journée, un peu de
mieux s'était même fait sentir.
Quant à la santé de M. Littré, qui inspi-
rait quelque inquiétude à ses amis, il y a
quelques semaines, elle s'est beaucoup
améliorée, et le savant académicien a pu,
Prix du Numéro à Paris : 15 Centimes? départements : 20 Centimes)
Vendredi 7 Février 1879.
ait
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire dekla Rédaction
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Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF ti >
6, Place de la Bourse, 6
BULLETIN
Paris, 6 Février 1879.
Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié les décrets constituant le cabinet
Waddington.
Nous avons annoncé hier que le Moni-
teur officiel de l'empire d'Allemagne vient
de publier le traité conclu entre l'Allema-
gne et l'Autriche, abrogeant l'article 5 du
traité de Prague. On sait que cet article
stipule que « les populations du Nord du
Sshleswig seront de nouveau réunies au
Danemark si elles en expriment le désir
par un vote librement émis. » Cet article
est désormais abrogé. Pour justifier cette
abrogation, les journaux officieux de Vien-
ne font observer que l'Autriche n'atta-
che plus de valeur au maintien des
droits que lui confère l'article 5 du traité
de Prague ? Il est permis de supposer que
cette indifférence du cabinet de Vinne à
l'égard de la stipulation dont il s'agit n'est
pas de date réèente, et que, s'il n'avait
dépendu que de lui, cette clause n'aurait
jamais été inserite au traité de 1866. L'Au-
triche, en effet, n'avait aucun intérêt à
demander eette concession à son vain-
queur, et elle l'eût volontiers échangée
contre d'autres avantages sur des ques-
tions qui la touchaient de beaucoup plus
près. Ce fut, tout le monde s'en souvient,
sur les instances du cabinet des Tuile-
ries qu'on stipula par le traité de Pra-
gue la rétrocession éventuelle des dis-
tricts septentrionaux du Sehleswig au Da-
nemark. Cette satisfaction donnée au
principe des nationalités et au système
plébiscitaire devait servir de compen-
sation morale à défaut des compensa-
tions matérielles demandées par Napo-
léon 111 et auxquelles il fut obligé de re-
noncer. C'est par égard pour la France
que l'article 5 du traité de Prague avait
été maintenu, au moins théoriquement,
jusqu'à ce jour. Tontefois le traité de
Prague ne portait pas la signature de la
France. Nous ne croyons donc pas
que les deux puissances signataires
aient demandé, comme le prétendle Daily
Telegraph,l'ass entiment du gouvernement
français pour procéder à la r évision de ce
traité.Quant à la nation danoise, qui avait
fait de si louables efforts dans ces derniè-
res années pour écarter, par fionattitude
correcte et amicale vis-à-vis de sa puis-
sante voisine, les objections que celles-ci
avaient élevées contre l'exécution de l'arti-
cle 5 du traité de 1866, elle devra mainte-
nant renoncer à l'espoir de voir ses vœux
réaiisés. Il reste à savoir si l'amitié sin-
cère et durable du Danem" n'aurait pas
mieux valu, pour l' AUemag_, que la con-
servation de quelques disAts dont la
possession n'ajoute certes rien à sa puis-
sance.
La discussion sur la politique extérieure
du cabinet Depretis continue à la Cham-
bre des députés italiens. M. Depretis,
comme il était facile de le prévoir, est
monté à la tribune pour défendre sa poli-
tique; il s'en est tenu d'ailleurs aux géné-
ralités, et nous ne croyons pas que cette
discussion, soit de nature à éclairer beau-
coup l'opinion sur les desseins de l'Italie.
E. BARBIER.
♦
J~.Cf-E9LX~
PETITE BOURSE DU SOIR
6 0/0. r. 113 fr. 3/4, 011/4, à 1/8.
Turc 12 fr. 15, 22 1/8.
Banque ottomane.. 477 fr. 50, 478 12.
Egypte 240 fr.,239 37, 2i0.
florins 65 fr.
; ■ «Ml— ■■ ■ i ■ —
L'honorable M. Goblet, député de la
Somme, est nommé sous-secrétaire d'E-
tat au ministère de lajustice. Voici donc
un département ministériel admirable-
ment orgacisé. M. le garde des sceaux
ne pouvait souhaiter un collaborateur
plus ferme, plus actif, plus instruit de
ses devoirs et plus honoré dans le Parle-
ment. Ajouterons-nous que M. Goblet
possède à un rare degré le don de l'élo-
quence politique? L'unique reproche
qu'on lui adresse, c'est de ne s'être
fait entendre à la Chambre des députés
que trop rarement. Il a pris toutefois
dans quelques intéressants débats une
part brillante et utile. Nous autres, jour-
nalisles, nous devons un tribut tout par-
ticulier de reconnaissance au rapporteur
de la loi d'amnistie adoptée l'an dernier
pour toutes les condamnations politiques
prononcées par les tribunaux pendant la
période du 16 Mai.
Personne donc ne se réjouit plus que
nous de voi? appeler à l'un des postes
politiques les plus importants ce député
de grand talent et de beau caractère. L'o-
pinion publique peut compter qu'avec un
tel garde des sceaux et un tel secrétaire
d'Etat les rérorm,s nécessaires se feront
habilement, résolûmtnt et vite. Ces ré-
formes sont de deux sortes : les unes, les
plus urgentes, ne dépendent que de la
décision du ministre de la justice ; les
autres sont d'ordre législatif et ne sau-
raient être opérées sans le concours du
parlement.
M. le garde des sceaux et M. Goblet ac-
compliront les premières avec l'aide du
nouveau directeur du personnel, M. Du-
rand-Desormeaux, ancien chef de cabinet
de M. Méline, qui connaît la magistrature
pour l'avoir étudiée de près et pratiquée.
Ce n'est pas à nous qu'il convient d'indi-
quer combien de changements devront
être faits dans la magistrature amovible,
depuis les juges de paix jusqu'aux pro-
cureurs généraux. Les mérites et les dé-
mérites de tout ce monde judiciaire ne
nous sont pas assez connus pourque nous
osions dire, même par à peu près : « Dans
le nombre, il y en a tant de bons, tant de
passables, eTTant de mauvais. » Ce que
nous croyons seulement,c'est que la réfor-
me du personnel, dans les parquets, les
justices de paix et la magistrature colonia-
le devra être profonde si nous en jugeons
par les plaintes qui nous revie anent de tous
côtés. Ce que nous croyons aussi, c'est
que nous pourrons absolument nous en
rapporter à des hommes aussi éclairés et
aussi décidés à bien faire queM.LeRoyer
et M. Goblet.
Quant à la magistrature inamovible, il
est incontestable que le garde des sceaux,
par l'action de son autorité, peut exer-
cer sur elle une influence très-réelle,
et peut-être même si considérable
qu'il deviendrait inutile de remettre en
question la suspension provisoire du
principe de l'inamovibilité. Mais ceci
n'empêcherait point de préparer des lois
sur la réforme de notre organisation ju-
diciaire, qui pèche, on ne le voit que trop,
par plusieurs côtés. Depuis tantôt huit
ans, divers projets ont été déposés sur
le bureau des Chambres : il y en a de M.
Emmanuel Arago, de M. Bérenger, de M.
Jules Favre, de M. Dufaure, et nous en
passons. Presque tous ces projets se re-
commandent par les noms de leurs au-
teurs, et dans presque tous on pourrait
signaler des idées ingénieuses et des
vues intéressantes. M. le garde des
sceaux et son sous-secrétaire d'Etat .ne
négligeront sans doute pas de se li-
vrer à l'étude de ces documents, d'en
tirer ce qu'il y a de meilleur et ee qui
pourrait se combiner avec leurs concep-
tions personnelles d'un plan de réforme
judiciaire. Ce problème de l'organisation
de la magistrature en France, M. Le Royer
et M. Goblet ont dû bien des fois le mé-
diter déjà sans doute. Il serait beau, il
serait digne de ce que le pays attend
d'eux d'attacher leurs noms à la solution
de ce grand problèma. Ils le savent as-
surément, ils y travailleront, et, pour me-
ner à bien semblable tâche, ce n'est point
le concours des républicains qui leur
manquera dans le Parlement.
EUG. IIÉBERT.
LE NOUVEAU MINISTÈRE
Le Journal officiel publie les décrets qui
constituent le nouveau ministère. Le pre-
mier de ces décrets est ainsi conçu :
Le président de la République française,
Sur la proposition du président du conseil,
garde des sceaux, ministre de la jéustice,
Décrète :
Art. 1er. — M. Waddington, sénateur, est
nommé ministre des affaires étrangères.
Art. 2. — M. Waddington exercera les fonc-
tions de président du conseil des ministres.
Art. 3. — Le président du conseil, garde des
sceaux, ministre de la justice, est chargé de
l'exécution du présent décret.
Fait à Versailles le 4 février 1879.
JULES GRÉVY.
Par le président de la République :
Le président du conseil, garde des sceaux,
ministre de la justice,
J. DUFAURE.
Les autres décrets, à la même date, sont
rendus sur la proposition du président du
conseil, ministre des affaires étrangères. En
vertu de ces divers décrets :
2. — M. Le Royer, sénateur, est nommé
garde des sceaux, ministre de la justice, en
remplacement de M. Dufaure, dont la démis-
sion est acceptée.
3. — M. de Marcère, député, est nommé mi-
nistre de l'intérieur.
4. — M. Léon Say, sénateur, est nommé
ministre des finances.
5. — M. le général de division Gresley est
nommé ministre de la guerre.
6. — M. le vice-amiral Jauréguiberry est
nommé ministre de la marine et des colonies,
en remplacement de M. le vice-amiral Po-
thmau, dont la démission est acceptée.
7. — M. Jules Ferry, député, est nommé
ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts, en remplacement de M. Bardoux,
dont la démission est acceptée.
8. — M. de Freycinet, sénateur, est nommé
ministre des travaux publics.
9. — M. Lepèr., député, est nommé minis-
tre de l'agriculture et du commerce, en rem-
placement de M. Teitserenc de Bort, dont la
démission est acceptée.
10. — Le ministère des cultes est détaché
du ministère de l'instruction publique et des
beaux-arts.
M. de Marcère, ministre de l'intérieur, est
nommé ministre des cultes par intérim.
L'Agence Bavas nous apprend à la der-
nière heure que M. Cochery est nommé
ministre des postes et des télégraphes.
-———————— —
INDIFFÉRENCE OU INTO LÉRAN tE
J'ai entre les mains une correspon-
dance assez curieuse. Ce sont des lettres
écrites par le président du consistoire de
Montauban à M. le ministre des cultes,
qui était en ce temps-là M. BarJoux.
Je donne un extrait de la première de
ces lettres, qui mettra le lecteur au cou-
rant de la question :
J'ai le regret, monsieur le ministre,
d'avoir à, vous adresser une plainte contre M.
le général commandant la 33e subdivision mi-
litaire. -
Eu même temps que M. le préfet du Tarn-
et Garonne, j'avais prévenu M. le général que,
en exécution de votre circulaire du 6 janvier
dernier et de l'article 1er de la loi constitu
tionnelle du 16 juillet 1875, des prières publl
ques seraient faites le dimanche 10 janvier
dans le temp'e consistorial des Carmes, à l'oc-
casion de la rentrée des Chambres.
M. le préfet a averti le chef de service, et,
par eux tous, les fonctionnaires protestants.
M. le général, ne tenant aucun compte de cet
avis, a fait lire et afficher dans les différen-
tes casernes l'ordre formel pour les officiers
d'avoir à l'accompagner à l'église cathédrale,
marquant ainsi Intentionnellement le mépris
qu'il fait de notre culte, en obligeant les of.
ficiers protestants d'assister à une cérémonie
catholique, service commandé.
Je suis loin,certes, de demander que les mi-
litaires protestants soient dispensés de cer-
tains services qui les ob'igent à assister à des
réunions d'un culte qui n'est pas le leur ; la
question a déjà été résolue contre nous. Mais
au moins serait-il juste que lorsque des céré-
monies analogues s'accomplissent en même
temps au temple et à l'église, les protestants
ne fussent pas sans raison empêchés d'aller
chezeux.Vous me permettrez donc, monsieur
le ministre, de vous faire remarquer qu'il se-
rait grandement temps que MM: les officiers
supérieurs finissent par se rappeler que le ca-
tholicisme n'est plus la religion de l'Etat,
mais que depuis tantôt un siècle, nous jouis-
sons en France de l'égalité des cultes devant
la loi. »
Il a raison, ce digne pasteur. Et quand
je songe aux mobiles qui ont pu détermi-
ner le général commandant la 33e subdivi-
sion militaire à se conduire comme il l'a
fait, il me semble que j'en trouve deux,
entre lesquels j'hésite.
Il peut se faire que ce sait chez ce
brave homme de guerre parfaite indiffé-
rence.
— Parbleu ! s'est-il dit, prières pour
prières, c'est tout un, n'est-ce pas ? qu'on
les chante en latin ou en français, à l'é-
glise ou au temple, il n'en sera ni plus
ni moins. Dieu, si tant est qu'il existe,
les écoutera toujours, d'où qu'elles vien-
nent, et les exaucerar tout de même, si
ça lui fait plaisir. Au fond, il faut aller
aux cérémonies comme on va à la parade,
parce que c'est l'ordre. Mes officiers n'ont
qu'à me suivre 1 affaire de service 1 ils
n'en mourront pas plus que moi, pour
avoir mis les pieds dans une église. Qu'im-
porte quand ils seraient protestants 1
s'imaginent-ils par hasard que, moi, je
suis catholique ? Je suis tout bonnement
soldat : on me commande pour aller m'en-
nuyer une heure à écouter du latin braillé
par des chantres de paroisse; je les com-
mande à mon tour ; nous y allons ensem-
ble. De quoi ont-ils à se plaindre? Et moi,
suis-je sur un lit de roses?
Cette indifférence n'est pas, après
tout, absolument invraisemblable. Si telle
a été, en effet, la pensée secrète de
l'estimable général, il faut bien lui dire
que l'excuse ne vaut rien. Car il faut tou-
jours se mettre à la place des autres, et
il y a des gens qui n'ont pas encore pris
si légèrement leur parti de ces sortes de
choses. Ce scepticisme soldatesque n'est
pas à l'usage de tous. N'y eût-il dans
toute la 33e subdivision qu'un seul protes-
tant convaincu, qui prît sa religion au
sérieux, qui regardât comme une atteinte
portée à sa conscience la nécessité de
s'agenouiller devant l'hostie consacrée,
de rehausser par sa présence l'éclat
d'une cérémonie catholique, n'y en eût-il
qu'un seul, encore faudrait-il respecter
ses scrupules et le dispenser d'un ser-
vice auquel ne l'oblige point la loi de
son pays.
Mais je crains bien que ce ne soit chez
l'honorable général simple intolérance et
parfait mépris des droits d'une autre re-
ligion,qu'il tient pour fausse parce qu'elle
n'est pas la sienne.
Et j'en trouve une preuve dans la cor-
respondance même dont je parlais tout à
l'heure.
M. le président du consistoire avait
adressé à M. le ministre de la guerre une
demande à l'effet de pouvoir entrer dans
les casernes afin d'y aider les soldats et
officiers du culte réformé à remplir leurs
devoirs religieux.
On affecta de croire en haut lieu qu'il
avait demandé une place d'aumônier pro-
testant, et voici la lettre qu'il reçut, non
du ministère de la guerre, mais de celui
des cultes.
Pails, 26 décembre 1878.
Monsieur le président,
Vous avez adressé à M. le ministre de la
guerre une demande tendant à obtenir l'em-
ploi d'aumônier militaire de la subdivision de
Montauban.
D'après les renseignements qui ont été re-
cueillis auprès de M. le général commandant
en chrsf du 17* corps d'armée, la garnison de
Montauban ne compte que trois offielerslet onze
hommes de troupe appartenant au culte pro-
teetant. Mon collègue pense qu'en présence
de ce petit nombre de protestants, la création
d'un emploi d'aumônier n'a pas sa raison d'ê-
tre, et il me prie de vous en informer.
Agréez, etc.
L'honorable président du consistoire
de l'Eglise réformée de Montauban fut un
peu surpris à la réception de cette lettre.
Il n'avait demandé ni le titre, ni la si-
tuation, ni les appointements d'aumônier
militaire. Il avait — ce qui est fort diffé-
rent — sollicité le droit d'entrer dans les
casernes, à titre de pasteur.
Il avait sollicité ce droit non pas seu-
lement pour la garnison de Montauban,
mais pour toute la 33" subdivision militai-
re, qui comprend Montauban, Castelnau-
dary, Marmande.
Il pouvait donc être légitimement étonné
qu'on l'eût si mal compris. Mais ce n'est
pas tout, et ici, nous lui laissons la pa-
role, car il relève des erreurs si étran-
ges que nous aurions quelque pudeur à
les signaler nous-même.
M. le ministre de la guerre, écrit-il dans sa
réponse à M. Bardoux, croit sur le rapport de
ses subordonnés que la garnison de Montau-
ban n'a que trots officiers protestants. Or,eUe
en compte actuellement sept, et il y en avait
neuf au moment où l'on affirmait à M. le mi-
nistre qu'il ne s'en trouvait que trois : savoir,
deux aux 11° de ligne, deux au 20' de ligne,
deux aux dragons, un au train des équipages.
Le rapport ne se trompait donc que de six 1
Quantauxsoldats.il est tout aussi exact lors-
qu'il n'en compte que onze protestants. J'ai
entre les mains les noms des protestants dans
deux bataillons seulement de l'un de nos ré-
giments de ligne.
Cette liste porte douze noms, et elle a 6t6
faite à l'insu des officiers ! Je connais d'autres
soldais appartenant à notre culte dans cha-
cun des autres corps de la garnison. Et la
garnison tout entière n'aurait que onze sol-
dats protestaBts! Vraiment je me demande
qui a eu le courage d'envoyer à M. le général
commandant du 1711 corps d'armée des chif-
fres aus;i fantaisistes.
Le signataire de cette lettre continue
sur ce ton, entrant dans le détail d'une
statistique qui ne serait pas fort intéres-
sante pour le public, et il termine par ces
mots, que j'engage nos lecteurs à médi-
ter :
Mon but, monsieur le ministre, n'est pas
d'insister pour obtenir l'autorisation qui m est
refusée. Nous avons trop, nous autres, protes-
tants, l'expérience DU MAUVAIS VOULOIR des
hauts fonctionnaires de Varmée à notre en-
droit pour que je ne sache pas que désormais
ma demande n'a pas de chance d'aboutir. Je
voudrais prouver par ce petit faitr- et je consi-
dère que j'accomplis en le faisant mon devoir
de bon citoyen — que les subordonnés contri-
buent à suivre les errements anciens et à ne
respecter nullement l'exactitude dans les ren-
seignements qu'ilsasont appelés à vous trans-
mettre.
Veuillez agréer, etc.
Le président du consistoire,
E. RABAI?D.
Je crois bien décidément qu'il faut
mettre l'ordre du général commandant la
33' subdivision au compte de l'intolé-
rance.
Û'est une chose bien laide et bien
odieuse que le fanatisme dans la patrie
de Voltaire!
FRANCISQUE SAMEI.
Les Nouveaux Tarifs de solde
Lors de la discussion de la loi sur les
pensions militaires, en juin dernier, la
Chambre, dans sa sollicitude pour les in-
térêts de l'armée, avait manifesté l'inten-
tion de restituer aux officiers des grades
inférieurs, au moyen d'une augmentation
de solde, ce que la retenue de 50$, impo-
sée parla nouvelle loi, leur faisait perdre.
Cette promesse, que le président de la
commission du budget avait faite à la
tribune, a été fidèlement tenue. Les
crédits nécessaires ont été alloués au
budget de 1879, et le ministre de la
guerre a dû remanier en conséquence les
anciens tarifs de solde. Une décision pré-
sidentielle, en date du 31 décembre, prise
sur la proposition de M. le général Borel,
— qui aura eu la bonne fortune d'attacher
in extremis son nom à cet acte de justice,
— une décision présidentielle, dis-je, a
donné son approbation aux nouveaux ta-
rifs, qui sont en vigueur depuis le 1er jan-
vier.
L'augmentation de solde résultant de
cette révision pour les lieutenants et sous-
lieutenants est de 72 francs par an : ce
qui porte à 2,448 fr. le traitement annuel
des lieutenants d'infanterie, pour me bor-
ner à cet exemple. Si l'on compare cette
solde à ce qu'elle était en 1876, on voit
qu'elle a été relevée de 180 francs depuis
cette époque. Si l'on remonte jusqu'en
1871, on constate avec une satisfaction lé-
gitime qu'en moins de sept années la solde
annuelle des efftciers des grades inférieurs
a été augmentée en moyenne de 210 fr.
Sans s'arrêter plus qu'il ne convient à
ces détails, il n'était peut-être pas oi-
seux de les consigner une fois de plus.
Les chiffres cités plus haut ont une élo-
quence brutale et persuasive tout à la
fois. Je las livre aux méditations de ceux
que la passion politique n'a pas complète-
ment aveuglés. Ceux-là, en faisant un re-
tour sur le passé, seront bien obligés de
reconnaître avec moi que l'empire lui-
même, quoi qu'on dise, n'a pas su, du-
rant les jours prospères, faire, pour amé-
liorer le sort des officiers, les sacrifices
que la représentation nationale, dans son
patriotisme éclairé, n'a pas hésité à s'im-
poser, au lendemain de désastres sans
nom.
Est-ce à dire que les progrès réalisés
depuis sept ans dans le service de la solde
soient le maximum de ce que l'armée peut
raisonnablement désirer, et que les nou-
veaux tarifs de 1879 donnent satisfaction
eôinplèts à tous les intérêts ? Malheureu-
sement non 1 Entre ce qui a été fait et ce
qui reste à faire, il y a encore place pour
de nombreuses réformes. J'ai même le re-
gret de constater que l'administration de
la guerre ne semble pas disposée à rom-
pre carrément avec les errements de la
routine, et qu'elle regarde d'an œil louche
les améliorations que la logique des faits
a rendues nécessaires. La décision prési-
dentielle du 31 décembre, qua j'ai sous la
main, m'en fournit la preuve manifeste.
Je lis en effet dans le rapport du minis-
tre qui la précède cette phrase qui est au
moins un aveu et qui pourrait être une
promesse : « J'ai saisi cette occasion pour
» demander à la commission du budget
» de faire disparaître certaines anomalies
» existant entre la solde de différents gra-
Il des, telle qu'elle avait été déterminée
» par les tarifs antérieurs. « Anomalie ne
me paraît pas le mot qui convienne dans
l'espèce, j'aurais dit volontiers injustices
criantes ; à la rigueur, hérésie n'eût pas
été trop fort. Pensez vous, je vous le de-
mande, qu'il n'y ait pas lieu de crier à
l'iniquité quand on voit un lieutenant
colonel d'infanterie moins bien traité, sous
le rapport de la solde, que l'officier du
grade immédiatement inférieur dans l'état-
major, l'artillerie, le génie oui intendance?
Il en était pourtant ainsi depuis des an-
nées, et si vous voulez des chiffres, j'en ai
à votre service. Le tarif de 1878, sans re-
monter p]Ui haut, allouait aux chefs d'es-
cadrons des armes spéciales une solde men-
suelle de 497,30, taudis que le lieutenant-
colonel d'infanterie n'avait droit qu'à
485,66. Il est, je crois, difficile d'être plus
précis. Le tarif de 1879 a mis fin à un état
de choses que le bon sens et l'équité con-
damnaient également.
C'est fort bien, et voilà une anomalie
redressée,—puisque anomalie, il y a. Mais
à en croire le rapport ministériel, on de-
vait s'attendre à mieux que cette unique
réforme qui laisse en suspens la déli-
cate question de l'unification des soldes,
sans qu'il soit possible de préjuger quelles
sont à cet égard les idées de l'administra-
tion de la rue Saint Dominique.
C'est un problème difficile à résoudre,
je le sais ; il y a de sérieux intérêts en jeu;
il y a des susceptibilités de personnes à
ménager et par-dessus tout l'état de nos
finances à considérer. J'en conviens. Mais
le temps des compromissions et des ater-
moiements est passé,et bien passé, je sup-
pose. Il faut savoir aborder de front les
difficultés que, pendant sept ans, les ad-
ministrateurs médiocres ont été impuis-
sants à vaincre.
Depuis que l'œuvre de reconstitution
de notre armée a été entreprise, on s'agite
dans le vague ; on se heurte à droite à la
loi d'avancement, qui ne se fait pas, à gau-
ohe à la loi de recrutement, qui demande
une révision partielle. Hier c'était la loi
sur l'état-major qui était la pierre d'achop-
pement; demain ce sera vraisemblable-
ment la loi d'administration qui mettra
aux prises les routiniers et les hommes de
progrès.
Cette situation accuse une indécision
singulière dans l'esprit de ceux de nos
généraux qui sont mêlés à la discussion
de ces lois importantes ; on devait epérer
plus de netteté de vues, plus de volonté
chez des hommes d'action. La situation
présente atteste aussi le manque d'unité
qui a présidé à notre réorganisation joili-
taire. -
Il est temps qu'on se préoccupe de re-
prendre une à une toutes les questions
pendantes. L'unification des soldes est du
nombre de celles qui demandent une so-
lution prompte. Notre nouveau ministre
de la guerre y devra songer bientôt et la
résoudre au mieux des intérêts de l'arme
principale,, c'est-à-dire de l'infanterie, s'il
veut se faire pardonner par l'opinion pu-
blique d'être depuis sept ans le troisième
ministre qui ne sorte pas de l'infanterie.
Louis HENRIQUE.
P. S. - Quelques-uns de nos abonnés
m'ont demandé de les renreigner sur les
formalités à remplir pour obtenir l'auto-
risation d'être examinés par le conseil de
révision de leur résidence, en dehors de
leurs départements d'origine. Voici la ré-
ponse à leurs questions.
Régulièrement, leur demande aurait dû
être adressée le jour même du tirage au
préfet du département où ils sont inscrits,
par l'intermédiaire du sous-préfet. Je ne
crois pas qu'il y aitimpossibilité de la faire
agréer après coup, en se pressant un peu.
Le préfet du département d'origine fait
connaître à son collègue du département
de la résidence qu'il accorde l'autorisation.
Celui-ci convoque en temps utile les inté-
ressés, qui sont teaus de se présenter au
jour dit, munis de toutes les pièces cons-
tatant leur identité.
L. H.
———————— ————.
INFORMATIONS
Le message du président de la Répu-
blique, qui a été communiqué hier dans
l'après-midi au conseil des ministres, sera
lu aujourd'hui par M. Waddington au Sé-
nat, et par M. de Marcère à la Chambre
des députés.
Le président de la République recevra
samedi, à deux heures, à l'Elysée, le corps
diplomatique.
Le bruit s'est répandu et a été reproduit
par plusieurs journaux que le prince Or-
loff, ambassadeur de Russie, avait fait un
voyage à Bruxelles et qu'il était resté ab-
sent de Paris, ces jours derniers.
Nous sommes en mesure d'affirmer que
le prince Orloff n'a pas quitté Paris pen-
dant tout le temps de la crise gouverne-
mentale, et qu'il a été un des premiers à
se rendre auprès du nouveau président
de la République pour lui présenter ses
félicitations.
Comme nous l'avons annoncé hier, M.
Grévy a rendu sa visite à l'ambassadeur
de Russie, qui de son côté est allé quel-
ques instants après, à l'Elysée, voir une
seconde fois lé président de la Répu-
blique.
La réception, par M. le président de la
République, du nouvel ambassadeur de
Turquie, Savfet-Pacha, arrivé depuis peu
de jours à Paris, aura lieu probablement
vers la fin de la semaine.
M. Bardoux a réuni hier, à cinq heures,
dans son cabinet, les directeurs, chefs de
divisIon, chefs et sous-chefs de bureau du
ministère de l'instruction publique, et, en
prenant congé d'eux, leur a adressé des
remerciements pour le concours qu'ils lui
ont prêté depuis son entrée au minis-
tère. Il leur a promis qu'en toute occasion
l'instruction publique trouverait en lui un
défenseur.
M. Bardoux a fait un grand élog3 de son
successeur.
Le nouveau ministre de l'instruction
publique, M. Jules Ferry, a passé hier
plusieurs heures au ministère avec MM.
Bardoux et Casimir Périer, pour se mettre
au courant des affaires, mais il ne pren-
dra possession de son cabinet qu'au-
jourd'hui.
Ce matin, à 11 heures, il recevra oHl-
ciellement le personnel.
On annonce que M. Jules Ferry aurait
l'intention de suj primer deux directions,
celle des beaux-arts et celle des sciences
et lettres.
Dans le haut personnel de l'instruction
publique, plusieurs changements notables
seraient apportés. On parle notamment du
remplacement de MM. Mourier et Boutau,
directeurs, et de M. Guillaume Gu!zot,
chef de division aux cultes.
M. Jules Ferry a pris pour chef de cabi-
net M. Rambaud, professeur de littérature
à la faculté de Nancy, dont les travaux
historiques, notamment XHistoire de Rus..
sie, jouissent d'une légitime notoriété, et
qui a écrit dans la Revue des Deux-Jfondes
et la Revue politique un gpand nombre
d'articles remarquables.
On a vu plus haut qu'un nouveau mi-
nistère, celui des postes et télégraplles,
était créé. M. Cochery en est le titulaire.
M. SadiCarnot, sous-secrétaire d'Etat
aux travaux publics, conserve ses fonc-
tions.
M. Turquet, député, est nommé sous-
secrétaire d'Etat au ministère de l'ins-
truction publique et des beaux-arts.
M. Guillaume, directeur général des
beaux-arts, a donné sa démission.
Il ne sera pas remplacé, et M. Turquet
s'occupera spécialement du service des
beaux-arts.
Le nouveau sous-secrétaire d'Etat se
tiendra, le matin, au ministère de l'ins-
truction publique, rue de Grenelle, et,
l'après-midi, à la direction des beaux-arts,
rue de Valois.
M. René Goblet, député, est nommé
sous-secrétaire d'Etat au ministère de la
justice.
M. Durand-Desormeaux, conseiller gé-
néral de l'Yonne, ancien chef de cabinet
de M. Méline, sous le ministère Jules Si-
mon, est nommé chef du personnel au mi-
nistère de la justice en remplacement de
M. Masson, qu'un récent décret a nommé
juge à Paris.
Nous applaudissons des deux mains à
cette nomination, qui indique rintention
du nouveau ministre de la justice de s'en-
tourer de républicains fermes et éprouvés;
décidés surtout à accomplir cette réforme
du personnel judiciaire quelepaysréclame.
Il résulte de nos informations que le
nouveau ministre de l'agriculture et du
commerce, M. Lepère, aurait l'intention
d'apporter des modifications importantes
dans les services de l'administration cen-
trale. Les différents services seraient tous
rattachés à deux directions générales,- la
direction générale de l'agriculture d'une
part, comprenant les anciennes directions
de l'agriculture, deî haras et l'administra-
tion des forêts; -d'autre part, la direction
générale du commerce, comprenant les
directions" du commerce intérieur et du
commerce extérieur. Les directeurs ac-
tuellement en fonctions seraient par le
fait mis à la retraite, et les deux grandes
directions nouvelles seraient placées cha-
cune sous les ordres d'un sous-secrétaire
d'Etat directeur général.
La division de la comptabilité au minis-
tère des travaux publics sera prochaine-
ment érigée en direction.
On dit que l'amiral Pothuau, ancien
ministre de la marine, serait probable-
ment nommé ambassadeur de France
Londres.
Sur les neuf ministres, sept seulement
font partie du Parlement: le général Gres-
ley et l'amiral Jauréguiberry n'appartien-
nent à aucune des deux Chambres.
Sur les sept ministres qui font partie du
Parlement, trois sont députés : M. de Mar-
cère, Jules Ferry et Lepère ; quatre sont
sénateurs : MM. de Freycinet, Léon Say,
Waddington et Le Royer.
Au point de vue du classement des par-
tis, les ministres se divisent ainsi :
Un membre de l'Union républicaine, M.
Lepère ; trois membres de la gauche, MM.
Le Royer, de Freycinet et Jules Ferry ;
trois du centre gauche, MM. de Marcère;
Léon Say et Waddington.
Enfin le ministre de la guerre et celui
de la marine peuvent être classés au cen-
tre gauche.
Le nouveau ministère compte parmi ses
membres cinq protestants. Ce sont : MM.
de Freycinet, Léon Say, Waddington, Le
Royer et l'amiral Jauréguiberry.
Nous apprenons que le remplacement de
M. le général Chanzy est chose absolument
décidée. On parle, pour lui succéder, de MM.
Brisson, Albert Grévy ou Krantz. Ces noms
seraient bien accueillis par la représenta-
tion républicaine de l'Algérie et par la po-
pulation tout entière, habituée depuis trop
longtemps à être administrée par des gou-
verneurs qui ne connaissaient ni ses aspi-
rations ni ses besoins.
M. le général de Gallifet serait mis à la
tête du dix-neuvième corps d'armée dont
le quartier-général est à Alger.
On donne comme certain que M. Le
Royer, ministre de la justice, va présenter
Immédiatement aux Chambres un projet
de loi modiifant le mode de recrutement
du conseil d'Etat, et permettant de dis-
soudre le conseil actuel.
Un mouvement dans le personnel des
receveurs particuliers et des percepteurs
aura lieu prochainement. Le travail pré-
paré avant la crise ministérielle est repris
pour subir quelques modifications.
On prépare à la direction des grAces,
au ministère de la justice, un décret con-
cernant les condamnés politiques non
compris dans celui qui a paru le 25 jan-
vier dernier à l'Officiel.
Plusieurs journaux annoncent que M.
Hérold donnera cet hiver quatre grandes
fêtes au Luxembourg et en indiquent
même la date.
Nous pouvons assurer qu'aucune déci-
sion n'a encore été prise à cet égard par
le nouveau préfet de la Seine, dont la fa-
mille s'est installée hier seulement dans
les appartements du Luxembourg.
L'état de M. de Sacy n'a pas empiré de-
puis hier et, dans la journée, un peu de
mieux s'était même fait sentir.
Quant à la santé de M. Littré, qui inspi-
rait quelque inquiétude à ses amis, il y a
quelques semaines, elle s'est beaucoup
améliorée, et le savant académicien a pu,
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