Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-01-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 29 janvier 1879 29 janvier 1879
Description : 1879/01/29 (A9,N2597). 1879/01/29 (A9,N2597).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7562643q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
; -1
N. Î597j Prix du Numéro à Paris s 15 Centimes.~ Départements 1 20 Centimes. Mercredi 29 Janvier 1879
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue Cadet, 18
Les Manuscrits non insérés ne seront pat rendu*
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 »»
Six mois 25 »»
Ça an. 50 »»
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 18 »»
Six mois. sa »»
Un an. 83 »»
Supplément pour l'Etranger 1 fr. par trimestre
Les abonnements partent des 1er et 15 de chaque mois
94Useurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et Ce
6. Place de la Bourse, 6
LE E SIECLE
, ;:
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
ADMINISTRATION
ünIHr les Lettres et Mandats à l'Administrâtes?
16, rue GadLet, 18
La Lettres non affranchies seront refuséeg
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 13 W»
six mois 25 o"
Un an. 50 »»
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 16 M
Six mois 88 »»
Un an. 68 w*
Supplément pour l'Etranger 1 fr. par trimestrt
Lu Abonnements partent des ler et 15 de chaque mois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE. CERF et 0e
6, Place de la Bourse, 6
LOTERIE NlTIONÂLE
Voir à la quatrième page
la 2e liste des 300 numéros
g-agmnts sortis au tirage
d'hier lundi.
L'accumulation des neiges ayant de
nouveau entravé les communications sur
plusieurs points, ceux de nos abonnés
auxquels le journal ne serait pas parvenu
régulièrement voudront bien ne pas nous
attribuer la responsabilité de ces retards.
0 L.LBTIN
Paris, 28 Janvier 1879.
Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié des décrets portant nomination de
onze trésoriers-payeurs généraux et de
trois receveurs particuliers.
Le môme journal a publié ce matin un
décret portant destitution de M. de Bulle-
mont, secrétaire général de la préfecture
de police, et chargeant provisoirement
M. Vergniaud des fonctions de secrétaire
général.
Les dépêches de Constantinople annon-
cent que le traité russo-turque a été sou-
mis à l'approbation du sultan. Il paraît
que la difficulté qui avait surgi était rela-
tive à une différence de 400,000 francs dans
le compte des frais occasionnés pour l'en-
tretien des prisonniers de guerre. Nous
sommes tout disposés à ajouter créan-
ce aux correspondants de l'agence Hi-
-vas, mais nous avouons ne pas croire un
mot de cette explication. Sans doute, les
finances de la Russie sont assez embarras-
sées, mais il est impossible qu'elle ait re-
tardé d'un jour la signature du traité pour
une somme aussi minime. Quoi qu'il en
soit, on serait désormais d'accord et il ne
resterait plus qu'à signer le traité. Nous le
voulons croire, mais nous pensons cepen-
dant qu'il est bon d'attendre la confirma-
tion de cette nouvelle.
On mande de Sophia qu'un groupe im-
portant de députés bulgares proposera l'a-
journement de l'élection du prince de
Bulgarie, en même temps qu'il proposera
la prolongation de l'occupation russe et le
séjour d'un commissaire russe pendant
deux ans en raison de la situation difficile
de la Bulgarie et des dangers auxquels
elle serait exposée avec un gouvernement
faible.
On croit que les rapports de la majorité
des consuls constatent l'impossibilité du
retour des troupes russes en Roumélie et
sur les Balkkans.On s'attend à une résis
tance passive générale contre le futur gou-
verneur turc de Roumélie. On ajoute qu'on
a entièrement abandonné l'idée d'une oc-
cupation mixte de la Roumélie orientate.
La commission turco grecque chargée
de la rectification des frontières est enfin
réunie. On sait 'Que les commissaires
grecs avaient quitté Athènes à boid d'un
bâtiment cuirassé pour se rendre dans le
golfe d'Arta. La Porte a d'abord interdit
l'entrée du navire dans le golfe, puis elle
a changé d'avis et a autorisé le débarque-
ment des commissaires. Mais ceux-ci n ont
pas attendu ce revirement et se sont ren-
dus à Anino par une autre voie. On n'a
pas"encore l'explication de cette difficulté
préliminaire soulevée par la Porte. Mais
on peut en augurer que la Turquie cher-
chera par tous les moyens à empêcher la
réalisation des vœux de l'Europe consignés
dans le traité de Berlin. Nous serons, en
tout cas, bientôt fixés à cet égard.
Spouz est évacué par les Turcs, et, s'il
faut en croire quelques dépêches, l'éva-
euation de Podgoritza aurait aussi commen-
cé. On ajoute que l'agitation augmente en
Albanie.
On trouvera plus loin quelques détails
sur un massacre dont un des petits éta-
blissements portugais sur la côte occiden-
tale d'Afrique vient d'être le théâtre. Trois
cents personnes auraient perdu la vie.
E. BARBIER.
♦
.-ou. d.. P..I..
"IID BOURSE DW SOIS
8 0/0.;
Turc il fr. 27 1/2.
Egypte. 248 fr. 75.
Hongrois 70 fr 11/16, 5/8,
Florins **
Russe 1877 84 y1/.2.
Italien, 74fr, 2o.
- "*
Auriez-vous supposé qu'il se pût dé-
couvrir en France un évêque plus brouii-
Ion que feu Mgr Dupanloup? Le vrai peut
quelquefois n'être pas vraisemblable. Cet
évêque s'est rencontré ; et ne gagez point
que non, car vous auriez perdu.
Le malheur est que l'évêque d'Orléans
soit mort. Sans quoi, nous aurions sans
doute assisté à une belle joute entre lui
et Tévêque d'Angers, son heureux émule.
L'évêque d'Angers, c'est M. Ch.-Emile
Freppel. Ne commencez-vous pas à le con-
naître, ce prélat affamé de gloire et que
sa trop maigre notoriété ne rassasie
point? Pour frapper de grands coups (gé-
néralement dans le vide), il saisit toutes
les occasions qui se présentent, et non-
seulement il les saisit, mais il en cher-
che, il en fait naître. Nous lui devons des
compliments. Il s'est avisé (l'habile
homme 1) d'écrire une lettre solennelle,
et non pas sur le prochain carême, non
pas< sur le pape, non pas sur les besoins
ou les persécutions de l'Eglise, — ces
matières sont banales, — mais sur le su-
jet ie p!us neuf, le plus ingénieux, le plus
inattendu, le plus étourdissant, etc, etc.,
sur un sujet enfin que n'avait jamais abor-
dé aucune plume épiscopale : la ré-
forme de la magistrature ! La Bruyère pro-
posait jadis, comme une rare curiosité,
ce titre d'ouvrage : Du vrai, du beau, du
bien, par ANTISTHÈNE, vendeur de marée.
J'aime autant celui qui vient de paraître :
La Réforme de la magistrature, remon-
trance d M. Dufaure, par Ch.-Emile,
évêque d'Angers, autrefois professeur
d'éloquence sacrée en Sorbonne. La
question est traitée au point de vue des
saintes Ecritures. Le psalmiste, qui pré-
vit tout, a jadis opposé les arguments les
plus terribles à la nomination de magis-
trats républicains sous la République. Et
il a prophétisé notamment que la colère
du Très-Haut fondrait sur la France après
la destitution de ces hommes justes qui
s'appellent Duchasteignier, Boissard ou
Gabrielli.
Mais vous vous demandez peut-ëtre
quel prétexte a imaginé M. l'évêque d'An-
gers pour écrire de pareilles choses à M.
Dufaure. Oh I mon Dieu 1 le plus naturel
du monde. C'est simple et grand, com-
me vous allez voir. Vous n'ignorez point
que nos confrères du Siècle ont publié il
y a quelques jouys (je crois qu'ici même
on l'a reproduite) une liste des vingt-six
procureurs généraux en la faisant suivre
d'annotations sur les antécédents politi-
ques de ces magistrats. Tel d'entre eux
était désigné comme libéral, tel autre
comme clérical, ou réactionnaire, ou
engagé dans l'un de nos anciens partis.
Nous ne répondons pas que le com-
mentaire du Siècle fût exact de tous
points. Commettre des erreurs estlepropre
des hommes, et principalement des jour-
nalistes. Mais la plupart des renseigne-
ments donnés par le Siècle étaient assez
exacts, et, d'ailleurs, faciles à vérifier.
En tant qu'hommes publics, les procu-
reurs généraux appartiennent à la dis-
cussion publique, et c'est notre devoir,
à nous autres, de chercher quelle part
ces hauts fonctionnaires ont pu prendre
à des entreprises politiques du genre de
celle du 16 Mai. Quoi qu'il en soit, c'est
là-dessus que M. l'évêque d'Angers a ré-
digé son admonestation à M. Dufaure
et l'a fait insérer dans les journaux.
— Mais quoi donc ! vous écriez-vous ;
M. Dufaure serait-il l'auteur de l'article ?
est-ce que le Siècle se serait assuré ré-
cemment la collaboration du garde des
sceaux? — Non, non, mon cher lecteur,
et cette hypothèse prouverait que vous
connaissez peu M. Dufaure. - Mais, en
ce cas, pourquoi s'en prendre à lui ? —
Pourquoi ! C'est justement ce qui fait le
mérite et l'originalité de l'écrivain 1 C'est
là ce coup que le défunt évêque d Orléans
doit frémir de jalousie au fond de la
tombe. Car il est dépassé I car, ce degré
d'intolérance et d'incohérence, il ne l'a
pas atteint !
Il n'y a pas deux façons de l'apprécier :
elle est superbe, l'algarade de M. l'évê-
que d'Angers. Quel admirable aplomb !
Comme on reconnaît tout de suite que cet
oint du Seigneur est au-dessus, tout à fait
au-dessus, des ministres, des Chambres,
du gouvernement et des lois ! De quel air
méprisant il foule aux pieds les articles du
concordat ! Comme il tance le garde des
sceaux I Qu'il est fier, qu'il est beau,
quand il lui dit sèchement : « J'appelle
votre attention sur des procédés aussi
,révoltants, » -c'est-à-dire sur l'article du
Siècle ! Qui pourra s'empêcher de fré-
mir d'admiration quand il poursuit :
« De tels excès (toujours l'article du
Siècle) ne sont pas tolérables dans
un pays civilisé ! » Comme ce nouveau
père de l'Eglise remet d'un trait de plur
me les choses à leur placevl comme il
montre bien que c'est à l'autorité, civile
de se prosterner dans la poussière et de
baiser le bas de son surplis ! Lui dit-il as-
sez vertement son fait, à ce garde des
sceaux laïque, à ce président d'un mi-
nistère républicain? Et la péroraison 1 Je
crains qu'en la lisant vous ne puissiez
point retenir vos larmes. « J'ignore, mon-
sieur le ministre, si vous êtes désarmé en
face de si graves abus, et je n'ai aucune
qualité pour le rechercher; mais vous me
pardonnerez d'avoir cédé à un besoin du
cœur en protestant, etc. » Que besoin
dts Cf/Jur est sublime ! et qu'il est naturel!
Cela ne s'aftr plus la moindre réplique.
Besoin du cœur i besoin du cœur !
Mais quand on a tant de génie, on de-
vrait quitter Angers pour un autre théâ-
tre. Ainsi fit M. Dupanloup. Non, ce n'est
point dans un palais épiscopal que les
besoins du cœur de M. l'évêque d'Angers
pourront se satisfaire. Il lui faut un jour-
nal, un journal à Paris, où il combatte
quotidiennement le bon combat. L'aigle
d'Orléans n'a-t-il pas fondé la Défense?
Et justement la Défense, en déconfiture,
est maintenant à vendre au plus offrant 1
Achetez-la, monseigneur, et courez à
Paris, conduit par le doigt de la Provi-
dence ! C'est là que vous pourrez porter
tous les jours de fiers coups au gouver-
nement de la République, au nom de
l'Eglise. Et peut-être arriverez-vous —
espoir charmant l — à saisir par les bas-
ques l'abonné fugitif de M. Durand-Mo-
rimbeau 1
EUG. LIÉBERT.
♦
On nous écrit de Pontivy:
L'Union du 22 janvier, la Défense du 23, le
Français du 23, et après eux, tous ljs jour-
naux cléricaux du Morbihan, ont publié une
note annonçant que « M. le sous préfet de
Pontivy aurait adressé aux maires de l'arron-
dlssement sous le couvert administratif et
dissement, d'afficher, la circulaire du candi-
avec ordre
dat républicain, M. le docteur Le Maguet. »
Le fait est absolument faux. Vous pouvez le
démentir de la façon la plus formelle.
Ces mêmes journaux ont été jusqu'à parler
d'une interpellation qui serait adressée sur ce
sujet au gouvernement par les sénateurs et
les députés morbihanais de la droite des deux
Chambres.
L'interpellation n'aura pas lieu. Les auteurs
de cette manœuvre sont aujourd'hui connus.
Ils vont avoir à répondre, dans la semaine,
devant les tribunaux, de leurs nouvelles ca-
lomnies.
Les journaux le Petit Breton, le Courri'
des campagnes et le Journal du Morbihan sonf
également poursuivis à la requête de M. Le
Maguet, candidat républicain, pour délit de
fausse nouvelle reproduite de mauvaise foi
dans un but électoral.
Cette fois du moins, les républicains du Mor-
bihan sont décidés à démasquer devant le pays
les agissements hypocrites et odieux du parti
clérical, qui, sentant que le terrain lui manque,
en arrive, dans la lutte actuelle, au dernier
degré de la démence, pour sauver son candi-
dat, M. Albert de Mun.
<$.
LA POLICE DE LA POLICE
L'honorable M. Albert Gigot, qui a
toute notre estime et notre confiance en-
tière, s'est distingué hier par un acte
aussi prodigieux que les iniquités de ses
pires subalternes Après un jugement
qui frappait nos confrères de la Lan-
terne, le préfet de police est allé droit à
M. de Marcère, ministre de l'intérieur ; il
lui a dit dans un langage officiel, et par
conséquent discret et réservé, mais intel-
ligible à tous : la condamnation du jour-
nal n'est pas l'acquittement de la Préfec-
ture.
C'est la première fois que nous voyons
cette fière administration française, in-
faillible par définition, courir au devant
des censures et appeler la lumière sur
ses faiblesses et ses erreurs. M. Albert
Gigot est un parangon de courage civil,
un héros qui n'a point d'ancêtres, même
parmi les douze dieux de l'Olympe. Sa
lettre à M. de Marcère présente tous les
caractères d'un appel interjeté contre les
décisions de la magistrature par un che-
valier sans peur et sans reproche, légè-
rement confus d'une victoire sur laquelle
il ne comptait pas, et qui se soupçonne
lui-même d'avoir gagné un mauvais pro-
cès. Non-seulement il ne s'enorgueillit pas
d'un triomphe, hélas 1 trop facile, mais il a
la franchise et la bravoure de signaler lui-
même les griefs que MM. les juges n'ont pas
réduits à néant. Ce haut fonctionnaire
se ligue avec l'opinion publique contre
ses propres agents. Après avoir révoqué,
par provision, M. de Bullemont, son se-
crétaire général, il soumet à l'enquête,
en attendant mieux, les Ansart, les Jacob,
les Marseille, les Brissaud, les Lom-
bard, le Tabac, la Ligotte, - et toutes les
autorités du même genre. Nul préfet, de
mémoire d'homme, n'a fait si galamment
les choses ; nul ne s'est déclaré, en ter-
mes si nets et si courtois, le serviteur de
son pays.
N'en déplaise à MM. les héritiers ina-
movibles de l'illustre M. Delesveaux, l'af-
faire qu'ils ont jugée si lestement n'est
pas enterrée. Ni M. le président de la
huitième chambre, ni M. le substitut Po-
thier, vivante erreur du 4 septembre,
n'ont clos à jamais la bouche indiscrète
et loyale des témoins. Tout se dira, tout
se saura ; les plus abominables secrets
de la police appartiennent désormais à la
France. Si la ligotte et le tabac ne sont
pas les inventions de quelques bavards
en délire, nous serons éclairés par la
plainte de quelques victimes ou par l'a-
veu de quelques bourreaux repentis.
Si l'honorable M. Parent, député de
Savoie, n'est pas soumis dans une
cour de caserne au même traitement
que le pauvre Villain, il viendra dire à la
commission d'enquête ce qu'il nous a dit
à nous-mêmes : comment il fut suivi, au
cours de sa candidature, par un argou-
sin du nom de Roussel, qui portait une
écharpe en poche et qui s'en affublait
dans les réunions en vertu d'une déléga-
tion spéciale, signée de M. Brassier
Saint-Simon, préfet du département.
Pour ce qui est de l'avancement refusé
de parti pris à tous les agents républi-
cains, la démonstration ne sera que trop
facile. Mais ce qui appelle et commande
un débat sérieux, une information serrée,
c'est l'affaire des « communications com-
» promettant l'honneurdes citoyens, dans
» l'intérêt de coupables qu'on voulait
» protéger, adressées par des chefs de
» service à certains organes de la presse. »
Sur ce point, je le dis hautement, il est
à regretter que M. le préfet de police et
M. le ministre de l'intérieur n'aient pas
provoqué, d'un commun accord, les in-
vestigations du journalisme honnête. Un
de nous n'aurait pas été de trop dans
une commission que l'on dit compo-
sée d'un sénateur, d'un député, ex-
cellents tous les deux, et de cinq
hauts fonctionnaires irréprochables. Le
gouvernement républicain, s'il connaît
ses devoirs, comprendra qu'il y a une
part à faire à notre dignité profession-
nelle. Il semble résulter des débats du
23 janvier que les abominables calomnies
lancées par le journal le Figaro contre
un député de la gauche émanaient d'une
sentine ou, si vous aimez mieux, d'un
bureau de la preiecture ae ponce.
Tous ceux qui assistaient à l'audience
ont cru comprendre qu'au jour du pro-
cès Rouvier, la boutique de délation et
ses amis les policiers connaissaient le
vrai coupable, et même qu'ils le réchauf-
faient amicalement dans leur sein. Et la
magistrature, indignement trompée par
ses informateurs naturels, a infligé à
l'honorable et malheureux député des
Bouches-du Rhône un acquittement faute
de preuves suffisantes, qui le libère en le
flétrissant.
Hé bien ! pour que la lettre de M.,le
préfet de police au ministre de l'intérieur
ne soit pas une lettre morte, pour que
l'enquête provoquée par M. Albert Gigot
« dans l'intérêt de l'administration à la
tête de laquelle l'a placé le gouverne-
ment de la République » sorte son plein
effet à la satisfaction de la France, il faut
« que la vérité soit connue et que justice
soit faite. » M. Rouvier ne sera pas dé-
finitivement acquitté tant que son infâme
sosie du Palais-Royal ne sera pas con-
damné. La Chambre est donc intéressée
d'honneur à jeter un grand jour sur cette
affaire, et la presse ne l'est pas moins,
puisque l'auteur du délit et le calom-
niateur de M. Rouvier semblent être un
seul et même individu, à cheval sur la
presse immonde et sur la basse police.
Il y aura des grincements de dents,
mais n'importe ! Je crois que le plus
fort est fait et que les choses sont en
bonne voie, car le préfet qui a couru d'un
si grand cœur au-devant de la vérité ne
marchandera pas les garanties aux bra-
ves gens de tous étages qui attendent
impatiemment l'occasion de soulager leur
conscience en disant ce qu'ils ont vu et
entendu.
ABOUT.
Un Candidat des « conservateurs »
On lit dans le Figaro ;
Nouvelles de la prochaine élection du hui-
tième arrondissement :
Dans une réunion du comité conserva-
teur tenue avant-hier soir, M. Georges Ber-
ger, ancien directeur des sections étrangères
à l'Exposition universelle, a été agréé comme
candidat conservateur libéral du huitième ar-
rondissement en remplacement de l'amiral
Touchard, décédé.
Eh bien ! que vous semble de la nou-
velle?
M. Georges Berger, on prend soin de
nous le rappeler, était dernièrement à
l'Exposition universelle le directeur des
sections étrangères, il était le premier
personnage delà maison après M. Krantz;
c'est lui qui était cnarge de représenter
la République française auprès dés com-
missaires de toutes les puissances amies
des deux mondes ; — et quand il s'a-
git aujourd'hui de trouver un candidat
anti-républicain dans le huitième arron-
dissement de Paris, pour remplacer M.
l'amiral Touchard, à qui songe le comité
« conservateur »? Précisément à M.
Georges Berger.
Avons-nous tort de dire que le person-
nel de nos fonctionnaires agrandementbe-
soin d'être modifié? Certes, nous ne pré-
tendons forcer personne à aimer la Ré-
publique. Mais on avouera qu'elle a droit
à être servie par ses amis ; et si l'infor-
mation du Figaro est exacte, si M. Berger
a été réellement choisi par le comité
« conservateur » formé de tous les ad-
versaires de nos institutions, s'il a ac-
cepté d'en être le candidat, il sera dif-
ficile de persuader à qui que ce soit qu'il
doive être compté parmi les amis de la
de la République.
L'Officiel a commencé à parler et le
pays applaudit à son langage ; mais la
tâche de nos ministres n'est pas termi-
née : elle commence à peine. Quelques-
uns de nos confrères parlent beaucoup,
depuis cinq ou six jours, de l'unité qui
doit exister dans la composition du cabi-
net. L'unité qui importe avant tout à un
pays tourmenté depuis cinq années par
tant d'agitations, c'est l'unité de l'admi-
nistration. C'est de M. Dufaure et de ses
collègues qu'elle dépend : la France
attend avec impatience qu'elle lui soit
rendue.
CHARLSS BIGOT.
♦
Trop de patience
Savez-vous ce qui m'étonne et m'indi-
gne dans l'histoire de ce curé du Vésinet,
monsignor Maret, camérier du pape,et qui
attend aujourd'hui en prison que les juges
aient prononcé sur son sort ? Ce n'est
pas du tout qu'il se soit trouvé un prêtre
qui ait failli. Eh ! mon Dieu ! oui, la chair
est faible, on sait cela. Il y a dans tous
les troupeaux des brebis galeuses ; il ne
faut pas faire retomber sur toute une
corporation le crime d'un seul. S'il ne
s'agissait, dans toute cette affaire, que
de la faute d'un oint qui a gravement
manqué à ses vœux de chasteté, je n'y
insisterais pas autrement. Je trouverais
bon saas doute que l'on signalât le fait
au public, parce que la fréquence et
l'énormité de ces aventures montrent le
vice de l'institution. Mais ce serait l'affaire
d'un entre filet, sous la rubrique Infor-
mations. Ce scandale ne vaudrait assuré-
ment pas l'honneur d'un article.
Mais il y a dans cette histoire un point
qui vaut la peine qu'on s'y arrête, pour
présenter les réflexions qu'il suggère.
La conduite de l'abbé Maret était de-
puis longtemps connue au Vésinet, et,
ce qu'il y a de plus curieux, connue de
tout le monde. Le Vésinet n'est pas bien
loin de Paris ; c'est une colonie de pari-
siens qui l'habite; nous savions, nous,
que la chose n'intéressait guère, qui n'a-
vions de notre vie vu monsignor, nous
savions tous les bruits répandus sur ses
déportements, bruits qui étaient publics.
Nous connaissions telle famille du Vesi-
net, fort pieuse d'ailleurs et même dé-
vote, qui n'avait pas voulu admettre chez
elle le curé de la paroisse, parce qu'elle
ne se souciait pas d'entrer en relations
avec un homme si peu considéré. Dans
le pays, on causait couramment de ses
frasques. Et cela durait depuis des an-
nées !
Avant même d'avoir été nommé au Vé-
sinet, l'abbé Maret avait exercé le saint
ministère en qualité de simple vicaire à
Bougival. Là, il avait été le héros d'une
de ces aventures drôlatiques dont nos pè-
res faisaient gaillardement quelque joli
conte.Tout le village avait vu ce galant ec-
clésiastique suspendu entre ciel et terre
par le fond de sa culotte à la persienne
d'une fenêtre, d'où il avait essayé de des-
cendre en catimini.Vous pensez si l'on en
avait fait des gorges-chaudes.Bougival est
peuplé de Parisiens, bons compagnons,
qui avaient ri aux larmes de l'aventure.
A ia suite de ce scandale, l'abbé Maret
avait été envoyé au Vésinet, avec un avan-
cement légitime. Là, il avait poursuivi le
cours de ses exploits, et il paraît, si les
raisons pour lesquelles il a été écroué
sont justifiées par l'enquête, qu'une fois
sur cette pente,il ne s'était pas arrêté, et
qu'il avait roulé jusqu'à ces crimes sans
nom qui tombent sous le coup de la loi
et que le monde flétrit de son dégoût.
Croyez-vous qu'il fût possible que l'é-
vêque ignorât des débordements qui fai-
saient le sujet de toutes les conversa-
tions à dix lieues à la ronde ? S'il les
ignorait, ce qui est possidie, après tout,
c'est qu'il avait volontairement fermé les
yeux et bouché les oreilles. Car les dé-
nonciations lui étaient venues de toutes
parts. Pourquoi n'avait-il pas procédé à
une enquête, qui l'eût tout de suite éclai-
ré sur la vérité des faits reprochés à
l'abbé Maret? Comment avait-il laissé
ainsi s'accumuler les scandales jusqu'au
jour où ils feraient explosion et force-
raient la justice à s'en occuper?
Je suis toujours stupéfait de la longa-
nimité dont les évêques font preuve en
ces sortes d'affdires. J'en cherche en
vain l'explication. Un de nos amis m'en
donnait l'autre jour une raison que je ne
saurais admettre pour vraie : les évê-
ques, me disait-il, ont pris, dans ces cas-
là, Imparti de ne point frapper sur les mem-
bres de leur clergé, parce qu'ils seraient
forcés de frapper trop souvent. Je ne
puis dire que cette excuse soit la vraie.
Et pourtant, il m'est presque impossible
d'en trouver une autre qui soit raison-
nable.
Enfin, vous, monsieur, qui me lisez,
concevez-vous cela : un curé si parfaite-
ment décrié pour ses mœurs dans la Da-
roisse administrée par lui que les familles
pieuses l'évitent, que les indévots s'en
amusent, que les scandales sont patents,
publics, et qui cependant demeure inso-
lemment en place trois ans, quatre ans,
cinq ans, dix ans, sans que ses supérieurs
interviennent et lui infligent une des puni-
tions que les canons mettent entre leurs
mains ! Les Anciens auraient dit qu'il
jouit des dieux irrités contre lui. Iratis-
que diis fruitur 1 Comprend-on rien à
un si prodigieux aveuglement des supé-
rieurs ecclésiastiques?
Et si c'était là un fait isolé, peut-être
encore serait-il possible d'y trouver une
excuse. On allèguerait le crédit de ce mi-
sérable, qui avait trompé le pape et en
avait reçu des titres d'honneur; on dirait
qu'il a exercé sur l'esprit de son évêque
une fascination particulière, que ces en-
têtements de confiance qu'un malhonnête
homme réussit parfois à inspirer à ses
dupes sont tout aussi difficiles à guérir
qu'à expliquer.
Mais non, c'est un système. Les exem-
ples abondent.
Tenez ! on vient de condamner, dans le
diocèse d'Angers, un jeune congréganiste
traduit devant la cour d'assises de Mai-
ne-et-Loire pour des faits monstrueux
d'immoralité qui sont, hélas 1 trop com-
muns chez les frères,
Son histoire est des plus étonnantes.
Il se nommait en religion frère Cli-
mêne. A quatorze ans — vous avez bien
lu — à quatorze ans, on lui confère sa
lettre d'obédience et on le nomme insti-
tuteur adjoint ; on donne à cet échappé
du jeu de toupie des enfants à élever, à
instruire. Cet excès d'aberration est in-
- -- - - - - 1-1. -1 ! t - - - -
crQyaDle, et j avoue que moi-même je
n'y croirais pas si le fait n'avait pas été
établi aux débats.
Ce méchant gamin, que l'on avait ainsi
revêtu de la robe, était, à ce qu'il pa-
rait, un petit être vicieux, très capable
de corrompre ceux-là mêmes qu'on lui
avait donné à garder. Vous imaginez-
vous que ses supérieurs, aussitôt qu'ils
s'en sont aperçus, l'aient dépouillé de
son titre ? Pas le moins du monde. Ils
l'ont fait circuler d'école en école. Ce pe-
tit gredin porte tour à tour ses odieu-
ses pratiques à Niort, à Condé, à Maugé,
à Martigne-Ferchaud; on se résout,
pour s'en débarrasser, et peut-être aussi
par peur de quelque éclat fâcheux, à l'en-
voyer en Belgique: mais la Belgique le
réexpédie en France, et là. malgré ses
antécédents, qui devaient être connus,
on lui confie d'autres enfants à corrom-
pre. Il n'avait pas çjix-neuf ans, -
J'ignore les détails de son affaire; car
la cotir a ordoua~ 1,'
la cour a ordonna e huis-clos. Mais il
y avait sur le banc des témoins vingt-
huit de ses victimes, et il a été, grâce
à son jeune âge, qui lui a valu des cir-
constances atténuantes, condamné à huit
ans de réclusion.
Ainsi durant cinq ans ses supérieurs
avaient connu et toléré son infâme con-
duite: ils la souffriraient peut-être en
core si la justice n'était intervenue.
Qu'espéraient-ils? qu'un coup de la
grâce d'en haut le touchât et le con-
vertît ? Ils ont trop l'habitude de voir des
récidivistes au tribunal de la pénitence
pour croire encore à ces conversions
problématiques.
Non, ils tiennent sans doute que l'ab-
solution qui lave l'âme devant Dieu ef-
face également les souillures devant les
hommes, et qu'un crime dont on s'est
confessé ne compte plus.
J'ignore si cette explication est la
bonne. Il est certain toutefois que ces
gens là entendent la morale d'autre fa-
çon que nous, et qu'ils n'ont pas le crâne
fait de même.
FRANCISQUE SARGBY.
L'ENSEIGNEMENT CONGRÉGANISTE
Nous lisons dans l'A venir de laMayenne :
Le nommé Gustave Authier, en religion
frère Henry, âgé de trente-trois ans, de la
maison de Saint Joseph, dont le siège est à
Cheffes (Maine-et-Loire), remplissait depuis
trois ans environ les fonctions d'instituteur
à Argentré.
Trois mois au plus après son installation
dans cette commune, le nommé Authier com-
mença à se livrer sur la personne de ses élè-
ves à des actes révoltants d'obscénité. Les
enfants ayant gardé le silence sur ces hon-
teuses pratiques de l'homme qui était char-
gé de les instruire et de les moraliser, le
frère Henry put satisfaire tout à son aise ses
Ignobles Instincts et l&ire de nombreuses vie-
times.
Eûfin, l'un des enfants ayant parlé, la mi-
sérable fut découvert, et, le dimanche 12 jan-
vier, il prenait la fuite. Les parents des en-
fants souillés par cet être abominable, au
lieu de s'adresser à la justice, étaient allés,
parait-il, trouver le curé.
Samedi dernier, M. le procureur de la Ré-
publique s'est transporté à Argentré, et il a
été reconnu que le frère Henry avait commis
plusieurs attentats à la pudeur avec violence
ou sans violence sur une quinzaine d'enfants
commis à sa gards.
Cette déplorable affaire s'instruit en ce mo-
ment.
On télégraphie de Douai au Petit Lyon-
nais qu'une instruction est ouverte contre
un sieur Caron, dit frère Ezéchiel, direc-
teur principal d'un école communale con-
gréganiste, pour coups habituels aux en-
fants. Un instituteur adjoint, aussi congré-
ganiste, a fait des aveux.
VIndépendant des Pyrénées-Orientales
publie un arrêté préfectoral par lequel M.
Monteyne (Etienne), en religion frère Sep-
tème Denis, instituteur adjoint à l'école
publique congréganiste Saint-Mathieu de
Perpignan, reconnu coupable d'actes de
violence sur un enfant confié à ses soins,
est suspendu de ses fonctions pendant six
mois, avec privation totale de traitement
pendant ce laps de temps.
Le conseil municipal de Bourganeuf
(Creuse) vient de voter, à l'unanimité
moins une voix, la suppression de l'école
congréganiste de la ville en la remplaçant
par une école laïque. Cette' résolution a
été prise à là suite de faits graves d'immo-
ralité révélés dans une enquête qui a
amené la révocation du sieur Fougères,
frère Gerfroisien, directeur, qui avait né-
gligé de surveiller son école, où, pendant
six ans, son adjoint, le sieur Sanitas, frère
Gerbaud, a pu impunément se livrer aux
actes les plus coupables et les plus hon-
teux.
M. le baron Cottu, préfet du Cher, vient
de suspendre pour deux mois Mme Raim-
bault, en religion sœur Dominique, direc-
trice de 1 école commuIll de Li^n'Vr^-
pour avoir laissé (Usiner aùX êlt-ve fj(:
sa classe 1 Almanach cfvpêkrfn
Cet ouvrage conLÍj. d c&cr^s ntL-
ques contre le gouvernement de la Répu
blique et contre les institutions du pays,
notamment dans les passages SUIvants,
page i\â m
Un professeur qui enseigne dans l'Dfilver-
sité a France qu'il n'y a pas de Dieu que
l'homme n'est qu'un gorille perfectionné que
Jésus-Christ n'est pas Dieu, que le mondo
s'est fait tout seul et tant d'autres erreurs qui
« tombent des chaires de l'Etat comme la
pluie des nuages, n'est qu'un ignorant, etc. »
Page gi;, sous 16 titre de : « Grosses vô-
rités » :
« La seule théologie peut faire une consti-
tution ayant le sens commun. » ~ti-
s
- Vous Ignorez donc les Commandements
de la société civile?
— Non, vraiment, je les al même rédip^a
pour les retenir. Les voici tous les sept:
Toute l'armée insulteras
Les magistrats également.
Par écrits, tu calomnieras
Et par discours incessamment.
.8
Toutes les croix tu abattras
Avec un grand acharnement.
L'existence de Dieu nieras
Pour t'amuser plus librement.
L'AFGHANISTAN
Calcutta, 26 janvier.
Yacoub khan s'est emparé du fort Jezeen
qui était au pouvoir des Ghilsals, dont u 11 a m
les chefs prisonniers.
A la suite de cette affaire, les Ghilzais G:H
commencé les hostilités contre Yacoub-khar-
Calcutta, 26 janvier, soir.
Mirakhoar, ministre de Shere-All, est mort.
Les troupes afghanes qui se trouvaient à
Caboul ont été retirées de la ville afin d'em-
pècher les désertions.
N. Î597j Prix du Numéro à Paris s 15 Centimes.~ Départements 1 20 Centimes. Mercredi 29 Janvier 1879
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue Cadet, 18
Les Manuscrits non insérés ne seront pat rendu*
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 »»
Six mois 25 »»
Ça an. 50 »»
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 18 »»
Six mois. sa »»
Un an. 83 »»
Supplément pour l'Etranger 1 fr. par trimestre
Les abonnements partent des 1er et 15 de chaque mois
94Useurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et Ce
6. Place de la Bourse, 6
LE E SIECLE
, ;:
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
ADMINISTRATION
ünIHr les Lettres et Mandats à l'Administrâtes?
16, rue GadLet, 18
La Lettres non affranchies seront refuséeg
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 13 W»
six mois 25 o"
Un an. 50 »»
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 16 M
Six mois 88 »»
Un an. 68 w*
Supplément pour l'Etranger 1 fr. par trimestrt
Lu Abonnements partent des ler et 15 de chaque mois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE. CERF et 0e
6, Place de la Bourse, 6
LOTERIE NlTIONÂLE
Voir à la quatrième page
la 2e liste des 300 numéros
g-agmnts sortis au tirage
d'hier lundi.
L'accumulation des neiges ayant de
nouveau entravé les communications sur
plusieurs points, ceux de nos abonnés
auxquels le journal ne serait pas parvenu
régulièrement voudront bien ne pas nous
attribuer la responsabilité de ces retards.
0 L.LBTIN
Paris, 28 Janvier 1879.
Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié des décrets portant nomination de
onze trésoriers-payeurs généraux et de
trois receveurs particuliers.
Le môme journal a publié ce matin un
décret portant destitution de M. de Bulle-
mont, secrétaire général de la préfecture
de police, et chargeant provisoirement
M. Vergniaud des fonctions de secrétaire
général.
Les dépêches de Constantinople annon-
cent que le traité russo-turque a été sou-
mis à l'approbation du sultan. Il paraît
que la difficulté qui avait surgi était rela-
tive à une différence de 400,000 francs dans
le compte des frais occasionnés pour l'en-
tretien des prisonniers de guerre. Nous
sommes tout disposés à ajouter créan-
ce aux correspondants de l'agence Hi-
-vas, mais nous avouons ne pas croire un
mot de cette explication. Sans doute, les
finances de la Russie sont assez embarras-
sées, mais il est impossible qu'elle ait re-
tardé d'un jour la signature du traité pour
une somme aussi minime. Quoi qu'il en
soit, on serait désormais d'accord et il ne
resterait plus qu'à signer le traité. Nous le
voulons croire, mais nous pensons cepen-
dant qu'il est bon d'attendre la confirma-
tion de cette nouvelle.
On mande de Sophia qu'un groupe im-
portant de députés bulgares proposera l'a-
journement de l'élection du prince de
Bulgarie, en même temps qu'il proposera
la prolongation de l'occupation russe et le
séjour d'un commissaire russe pendant
deux ans en raison de la situation difficile
de la Bulgarie et des dangers auxquels
elle serait exposée avec un gouvernement
faible.
On croit que les rapports de la majorité
des consuls constatent l'impossibilité du
retour des troupes russes en Roumélie et
sur les Balkkans.On s'attend à une résis
tance passive générale contre le futur gou-
verneur turc de Roumélie. On ajoute qu'on
a entièrement abandonné l'idée d'une oc-
cupation mixte de la Roumélie orientate.
La commission turco grecque chargée
de la rectification des frontières est enfin
réunie. On sait 'Que les commissaires
grecs avaient quitté Athènes à boid d'un
bâtiment cuirassé pour se rendre dans le
golfe d'Arta. La Porte a d'abord interdit
l'entrée du navire dans le golfe, puis elle
a changé d'avis et a autorisé le débarque-
ment des commissaires. Mais ceux-ci n ont
pas attendu ce revirement et se sont ren-
dus à Anino par une autre voie. On n'a
pas"encore l'explication de cette difficulté
préliminaire soulevée par la Porte. Mais
on peut en augurer que la Turquie cher-
chera par tous les moyens à empêcher la
réalisation des vœux de l'Europe consignés
dans le traité de Berlin. Nous serons, en
tout cas, bientôt fixés à cet égard.
Spouz est évacué par les Turcs, et, s'il
faut en croire quelques dépêches, l'éva-
euation de Podgoritza aurait aussi commen-
cé. On ajoute que l'agitation augmente en
Albanie.
On trouvera plus loin quelques détails
sur un massacre dont un des petits éta-
blissements portugais sur la côte occiden-
tale d'Afrique vient d'être le théâtre. Trois
cents personnes auraient perdu la vie.
E. BARBIER.
♦
.-ou. d.. P..I..
"IID BOURSE DW SOIS
8 0/0.;
Turc il fr. 27 1/2.
Egypte. 248 fr. 75.
Hongrois 70 fr 11/16, 5/8,
Florins **
Russe 1877 84 y1/.2.
Italien, 74fr, 2o.
- "*
Auriez-vous supposé qu'il se pût dé-
couvrir en France un évêque plus brouii-
Ion que feu Mgr Dupanloup? Le vrai peut
quelquefois n'être pas vraisemblable. Cet
évêque s'est rencontré ; et ne gagez point
que non, car vous auriez perdu.
Le malheur est que l'évêque d'Orléans
soit mort. Sans quoi, nous aurions sans
doute assisté à une belle joute entre lui
et Tévêque d'Angers, son heureux émule.
L'évêque d'Angers, c'est M. Ch.-Emile
Freppel. Ne commencez-vous pas à le con-
naître, ce prélat affamé de gloire et que
sa trop maigre notoriété ne rassasie
point? Pour frapper de grands coups (gé-
néralement dans le vide), il saisit toutes
les occasions qui se présentent, et non-
seulement il les saisit, mais il en cher-
che, il en fait naître. Nous lui devons des
compliments. Il s'est avisé (l'habile
homme 1) d'écrire une lettre solennelle,
et non pas sur le prochain carême, non
pas< sur le pape, non pas sur les besoins
ou les persécutions de l'Eglise, — ces
matières sont banales, — mais sur le su-
jet ie p!us neuf, le plus ingénieux, le plus
inattendu, le plus étourdissant, etc, etc.,
sur un sujet enfin que n'avait jamais abor-
dé aucune plume épiscopale : la ré-
forme de la magistrature ! La Bruyère pro-
posait jadis, comme une rare curiosité,
ce titre d'ouvrage : Du vrai, du beau, du
bien, par ANTISTHÈNE, vendeur de marée.
J'aime autant celui qui vient de paraître :
La Réforme de la magistrature, remon-
trance d M. Dufaure, par Ch.-Emile,
évêque d'Angers, autrefois professeur
d'éloquence sacrée en Sorbonne. La
question est traitée au point de vue des
saintes Ecritures. Le psalmiste, qui pré-
vit tout, a jadis opposé les arguments les
plus terribles à la nomination de magis-
trats républicains sous la République. Et
il a prophétisé notamment que la colère
du Très-Haut fondrait sur la France après
la destitution de ces hommes justes qui
s'appellent Duchasteignier, Boissard ou
Gabrielli.
Mais vous vous demandez peut-ëtre
quel prétexte a imaginé M. l'évêque d'An-
gers pour écrire de pareilles choses à M.
Dufaure. Oh I mon Dieu 1 le plus naturel
du monde. C'est simple et grand, com-
me vous allez voir. Vous n'ignorez point
que nos confrères du Siècle ont publié il
y a quelques jouys (je crois qu'ici même
on l'a reproduite) une liste des vingt-six
procureurs généraux en la faisant suivre
d'annotations sur les antécédents politi-
ques de ces magistrats. Tel d'entre eux
était désigné comme libéral, tel autre
comme clérical, ou réactionnaire, ou
engagé dans l'un de nos anciens partis.
Nous ne répondons pas que le com-
mentaire du Siècle fût exact de tous
points. Commettre des erreurs estlepropre
des hommes, et principalement des jour-
nalistes. Mais la plupart des renseigne-
ments donnés par le Siècle étaient assez
exacts, et, d'ailleurs, faciles à vérifier.
En tant qu'hommes publics, les procu-
reurs généraux appartiennent à la dis-
cussion publique, et c'est notre devoir,
à nous autres, de chercher quelle part
ces hauts fonctionnaires ont pu prendre
à des entreprises politiques du genre de
celle du 16 Mai. Quoi qu'il en soit, c'est
là-dessus que M. l'évêque d'Angers a ré-
digé son admonestation à M. Dufaure
et l'a fait insérer dans les journaux.
— Mais quoi donc ! vous écriez-vous ;
M. Dufaure serait-il l'auteur de l'article ?
est-ce que le Siècle se serait assuré ré-
cemment la collaboration du garde des
sceaux? — Non, non, mon cher lecteur,
et cette hypothèse prouverait que vous
connaissez peu M. Dufaure. - Mais, en
ce cas, pourquoi s'en prendre à lui ? —
Pourquoi ! C'est justement ce qui fait le
mérite et l'originalité de l'écrivain 1 C'est
là ce coup que le défunt évêque d Orléans
doit frémir de jalousie au fond de la
tombe. Car il est dépassé I car, ce degré
d'intolérance et d'incohérence, il ne l'a
pas atteint !
Il n'y a pas deux façons de l'apprécier :
elle est superbe, l'algarade de M. l'évê-
que d'Angers. Quel admirable aplomb !
Comme on reconnaît tout de suite que cet
oint du Seigneur est au-dessus, tout à fait
au-dessus, des ministres, des Chambres,
du gouvernement et des lois ! De quel air
méprisant il foule aux pieds les articles du
concordat ! Comme il tance le garde des
sceaux I Qu'il est fier, qu'il est beau,
quand il lui dit sèchement : « J'appelle
votre attention sur des procédés aussi
,révoltants, » -c'est-à-dire sur l'article du
Siècle ! Qui pourra s'empêcher de fré-
mir d'admiration quand il poursuit :
« De tels excès (toujours l'article du
Siècle) ne sont pas tolérables dans
un pays civilisé ! » Comme ce nouveau
père de l'Eglise remet d'un trait de plur
me les choses à leur placevl comme il
montre bien que c'est à l'autorité, civile
de se prosterner dans la poussière et de
baiser le bas de son surplis ! Lui dit-il as-
sez vertement son fait, à ce garde des
sceaux laïque, à ce président d'un mi-
nistère républicain? Et la péroraison 1 Je
crains qu'en la lisant vous ne puissiez
point retenir vos larmes. « J'ignore, mon-
sieur le ministre, si vous êtes désarmé en
face de si graves abus, et je n'ai aucune
qualité pour le rechercher; mais vous me
pardonnerez d'avoir cédé à un besoin du
cœur en protestant, etc. » Que besoin
dts Cf/Jur est sublime ! et qu'il est naturel!
Cela ne s'aftr plus la moindre réplique.
Besoin du cœur i besoin du cœur !
Mais quand on a tant de génie, on de-
vrait quitter Angers pour un autre théâ-
tre. Ainsi fit M. Dupanloup. Non, ce n'est
point dans un palais épiscopal que les
besoins du cœur de M. l'évêque d'Angers
pourront se satisfaire. Il lui faut un jour-
nal, un journal à Paris, où il combatte
quotidiennement le bon combat. L'aigle
d'Orléans n'a-t-il pas fondé la Défense?
Et justement la Défense, en déconfiture,
est maintenant à vendre au plus offrant 1
Achetez-la, monseigneur, et courez à
Paris, conduit par le doigt de la Provi-
dence ! C'est là que vous pourrez porter
tous les jours de fiers coups au gouver-
nement de la République, au nom de
l'Eglise. Et peut-être arriverez-vous —
espoir charmant l — à saisir par les bas-
ques l'abonné fugitif de M. Durand-Mo-
rimbeau 1
EUG. LIÉBERT.
♦
On nous écrit de Pontivy:
L'Union du 22 janvier, la Défense du 23, le
Français du 23, et après eux, tous ljs jour-
naux cléricaux du Morbihan, ont publié une
note annonçant que « M. le sous préfet de
Pontivy aurait adressé aux maires de l'arron-
dlssement sous le couvert administratif et
dissement, d'afficher, la circulaire du candi-
avec ordre
dat républicain, M. le docteur Le Maguet. »
Le fait est absolument faux. Vous pouvez le
démentir de la façon la plus formelle.
Ces mêmes journaux ont été jusqu'à parler
d'une interpellation qui serait adressée sur ce
sujet au gouvernement par les sénateurs et
les députés morbihanais de la droite des deux
Chambres.
L'interpellation n'aura pas lieu. Les auteurs
de cette manœuvre sont aujourd'hui connus.
Ils vont avoir à répondre, dans la semaine,
devant les tribunaux, de leurs nouvelles ca-
lomnies.
Les journaux le Petit Breton, le Courri'
des campagnes et le Journal du Morbihan sonf
également poursuivis à la requête de M. Le
Maguet, candidat républicain, pour délit de
fausse nouvelle reproduite de mauvaise foi
dans un but électoral.
Cette fois du moins, les républicains du Mor-
bihan sont décidés à démasquer devant le pays
les agissements hypocrites et odieux du parti
clérical, qui, sentant que le terrain lui manque,
en arrive, dans la lutte actuelle, au dernier
degré de la démence, pour sauver son candi-
dat, M. Albert de Mun.
<$.
LA POLICE DE LA POLICE
L'honorable M. Albert Gigot, qui a
toute notre estime et notre confiance en-
tière, s'est distingué hier par un acte
aussi prodigieux que les iniquités de ses
pires subalternes Après un jugement
qui frappait nos confrères de la Lan-
terne, le préfet de police est allé droit à
M. de Marcère, ministre de l'intérieur ; il
lui a dit dans un langage officiel, et par
conséquent discret et réservé, mais intel-
ligible à tous : la condamnation du jour-
nal n'est pas l'acquittement de la Préfec-
ture.
C'est la première fois que nous voyons
cette fière administration française, in-
faillible par définition, courir au devant
des censures et appeler la lumière sur
ses faiblesses et ses erreurs. M. Albert
Gigot est un parangon de courage civil,
un héros qui n'a point d'ancêtres, même
parmi les douze dieux de l'Olympe. Sa
lettre à M. de Marcère présente tous les
caractères d'un appel interjeté contre les
décisions de la magistrature par un che-
valier sans peur et sans reproche, légè-
rement confus d'une victoire sur laquelle
il ne comptait pas, et qui se soupçonne
lui-même d'avoir gagné un mauvais pro-
cès. Non-seulement il ne s'enorgueillit pas
d'un triomphe, hélas 1 trop facile, mais il a
la franchise et la bravoure de signaler lui-
même les griefs que MM. les juges n'ont pas
réduits à néant. Ce haut fonctionnaire
se ligue avec l'opinion publique contre
ses propres agents. Après avoir révoqué,
par provision, M. de Bullemont, son se-
crétaire général, il soumet à l'enquête,
en attendant mieux, les Ansart, les Jacob,
les Marseille, les Brissaud, les Lom-
bard, le Tabac, la Ligotte, - et toutes les
autorités du même genre. Nul préfet, de
mémoire d'homme, n'a fait si galamment
les choses ; nul ne s'est déclaré, en ter-
mes si nets et si courtois, le serviteur de
son pays.
N'en déplaise à MM. les héritiers ina-
movibles de l'illustre M. Delesveaux, l'af-
faire qu'ils ont jugée si lestement n'est
pas enterrée. Ni M. le président de la
huitième chambre, ni M. le substitut Po-
thier, vivante erreur du 4 septembre,
n'ont clos à jamais la bouche indiscrète
et loyale des témoins. Tout se dira, tout
se saura ; les plus abominables secrets
de la police appartiennent désormais à la
France. Si la ligotte et le tabac ne sont
pas les inventions de quelques bavards
en délire, nous serons éclairés par la
plainte de quelques victimes ou par l'a-
veu de quelques bourreaux repentis.
Si l'honorable M. Parent, député de
Savoie, n'est pas soumis dans une
cour de caserne au même traitement
que le pauvre Villain, il viendra dire à la
commission d'enquête ce qu'il nous a dit
à nous-mêmes : comment il fut suivi, au
cours de sa candidature, par un argou-
sin du nom de Roussel, qui portait une
écharpe en poche et qui s'en affublait
dans les réunions en vertu d'une déléga-
tion spéciale, signée de M. Brassier
Saint-Simon, préfet du département.
Pour ce qui est de l'avancement refusé
de parti pris à tous les agents républi-
cains, la démonstration ne sera que trop
facile. Mais ce qui appelle et commande
un débat sérieux, une information serrée,
c'est l'affaire des « communications com-
» promettant l'honneurdes citoyens, dans
» l'intérêt de coupables qu'on voulait
» protéger, adressées par des chefs de
» service à certains organes de la presse. »
Sur ce point, je le dis hautement, il est
à regretter que M. le préfet de police et
M. le ministre de l'intérieur n'aient pas
provoqué, d'un commun accord, les in-
vestigations du journalisme honnête. Un
de nous n'aurait pas été de trop dans
une commission que l'on dit compo-
sée d'un sénateur, d'un député, ex-
cellents tous les deux, et de cinq
hauts fonctionnaires irréprochables. Le
gouvernement républicain, s'il connaît
ses devoirs, comprendra qu'il y a une
part à faire à notre dignité profession-
nelle. Il semble résulter des débats du
23 janvier que les abominables calomnies
lancées par le journal le Figaro contre
un député de la gauche émanaient d'une
sentine ou, si vous aimez mieux, d'un
bureau de la preiecture ae ponce.
Tous ceux qui assistaient à l'audience
ont cru comprendre qu'au jour du pro-
cès Rouvier, la boutique de délation et
ses amis les policiers connaissaient le
vrai coupable, et même qu'ils le réchauf-
faient amicalement dans leur sein. Et la
magistrature, indignement trompée par
ses informateurs naturels, a infligé à
l'honorable et malheureux député des
Bouches-du Rhône un acquittement faute
de preuves suffisantes, qui le libère en le
flétrissant.
Hé bien ! pour que la lettre de M.,le
préfet de police au ministre de l'intérieur
ne soit pas une lettre morte, pour que
l'enquête provoquée par M. Albert Gigot
« dans l'intérêt de l'administration à la
tête de laquelle l'a placé le gouverne-
ment de la République » sorte son plein
effet à la satisfaction de la France, il faut
« que la vérité soit connue et que justice
soit faite. » M. Rouvier ne sera pas dé-
finitivement acquitté tant que son infâme
sosie du Palais-Royal ne sera pas con-
damné. La Chambre est donc intéressée
d'honneur à jeter un grand jour sur cette
affaire, et la presse ne l'est pas moins,
puisque l'auteur du délit et le calom-
niateur de M. Rouvier semblent être un
seul et même individu, à cheval sur la
presse immonde et sur la basse police.
Il y aura des grincements de dents,
mais n'importe ! Je crois que le plus
fort est fait et que les choses sont en
bonne voie, car le préfet qui a couru d'un
si grand cœur au-devant de la vérité ne
marchandera pas les garanties aux bra-
ves gens de tous étages qui attendent
impatiemment l'occasion de soulager leur
conscience en disant ce qu'ils ont vu et
entendu.
ABOUT.
Un Candidat des « conservateurs »
On lit dans le Figaro ;
Nouvelles de la prochaine élection du hui-
tième arrondissement :
Dans une réunion du comité conserva-
teur tenue avant-hier soir, M. Georges Ber-
ger, ancien directeur des sections étrangères
à l'Exposition universelle, a été agréé comme
candidat conservateur libéral du huitième ar-
rondissement en remplacement de l'amiral
Touchard, décédé.
Eh bien ! que vous semble de la nou-
velle?
M. Georges Berger, on prend soin de
nous le rappeler, était dernièrement à
l'Exposition universelle le directeur des
sections étrangères, il était le premier
personnage delà maison après M. Krantz;
c'est lui qui était cnarge de représenter
la République française auprès dés com-
missaires de toutes les puissances amies
des deux mondes ; — et quand il s'a-
git aujourd'hui de trouver un candidat
anti-républicain dans le huitième arron-
dissement de Paris, pour remplacer M.
l'amiral Touchard, à qui songe le comité
« conservateur »? Précisément à M.
Georges Berger.
Avons-nous tort de dire que le person-
nel de nos fonctionnaires agrandementbe-
soin d'être modifié? Certes, nous ne pré-
tendons forcer personne à aimer la Ré-
publique. Mais on avouera qu'elle a droit
à être servie par ses amis ; et si l'infor-
mation du Figaro est exacte, si M. Berger
a été réellement choisi par le comité
« conservateur » formé de tous les ad-
versaires de nos institutions, s'il a ac-
cepté d'en être le candidat, il sera dif-
ficile de persuader à qui que ce soit qu'il
doive être compté parmi les amis de la
de la République.
L'Officiel a commencé à parler et le
pays applaudit à son langage ; mais la
tâche de nos ministres n'est pas termi-
née : elle commence à peine. Quelques-
uns de nos confrères parlent beaucoup,
depuis cinq ou six jours, de l'unité qui
doit exister dans la composition du cabi-
net. L'unité qui importe avant tout à un
pays tourmenté depuis cinq années par
tant d'agitations, c'est l'unité de l'admi-
nistration. C'est de M. Dufaure et de ses
collègues qu'elle dépend : la France
attend avec impatience qu'elle lui soit
rendue.
CHARLSS BIGOT.
♦
Trop de patience
Savez-vous ce qui m'étonne et m'indi-
gne dans l'histoire de ce curé du Vésinet,
monsignor Maret, camérier du pape,et qui
attend aujourd'hui en prison que les juges
aient prononcé sur son sort ? Ce n'est
pas du tout qu'il se soit trouvé un prêtre
qui ait failli. Eh ! mon Dieu ! oui, la chair
est faible, on sait cela. Il y a dans tous
les troupeaux des brebis galeuses ; il ne
faut pas faire retomber sur toute une
corporation le crime d'un seul. S'il ne
s'agissait, dans toute cette affaire, que
de la faute d'un oint qui a gravement
manqué à ses vœux de chasteté, je n'y
insisterais pas autrement. Je trouverais
bon saas doute que l'on signalât le fait
au public, parce que la fréquence et
l'énormité de ces aventures montrent le
vice de l'institution. Mais ce serait l'affaire
d'un entre filet, sous la rubrique Infor-
mations. Ce scandale ne vaudrait assuré-
ment pas l'honneur d'un article.
Mais il y a dans cette histoire un point
qui vaut la peine qu'on s'y arrête, pour
présenter les réflexions qu'il suggère.
La conduite de l'abbé Maret était de-
puis longtemps connue au Vésinet, et,
ce qu'il y a de plus curieux, connue de
tout le monde. Le Vésinet n'est pas bien
loin de Paris ; c'est une colonie de pari-
siens qui l'habite; nous savions, nous,
que la chose n'intéressait guère, qui n'a-
vions de notre vie vu monsignor, nous
savions tous les bruits répandus sur ses
déportements, bruits qui étaient publics.
Nous connaissions telle famille du Vesi-
net, fort pieuse d'ailleurs et même dé-
vote, qui n'avait pas voulu admettre chez
elle le curé de la paroisse, parce qu'elle
ne se souciait pas d'entrer en relations
avec un homme si peu considéré. Dans
le pays, on causait couramment de ses
frasques. Et cela durait depuis des an-
nées !
Avant même d'avoir été nommé au Vé-
sinet, l'abbé Maret avait exercé le saint
ministère en qualité de simple vicaire à
Bougival. Là, il avait été le héros d'une
de ces aventures drôlatiques dont nos pè-
res faisaient gaillardement quelque joli
conte.Tout le village avait vu ce galant ec-
clésiastique suspendu entre ciel et terre
par le fond de sa culotte à la persienne
d'une fenêtre, d'où il avait essayé de des-
cendre en catimini.Vous pensez si l'on en
avait fait des gorges-chaudes.Bougival est
peuplé de Parisiens, bons compagnons,
qui avaient ri aux larmes de l'aventure.
A ia suite de ce scandale, l'abbé Maret
avait été envoyé au Vésinet, avec un avan-
cement légitime. Là, il avait poursuivi le
cours de ses exploits, et il paraît, si les
raisons pour lesquelles il a été écroué
sont justifiées par l'enquête, qu'une fois
sur cette pente,il ne s'était pas arrêté, et
qu'il avait roulé jusqu'à ces crimes sans
nom qui tombent sous le coup de la loi
et que le monde flétrit de son dégoût.
Croyez-vous qu'il fût possible que l'é-
vêque ignorât des débordements qui fai-
saient le sujet de toutes les conversa-
tions à dix lieues à la ronde ? S'il les
ignorait, ce qui est possidie, après tout,
c'est qu'il avait volontairement fermé les
yeux et bouché les oreilles. Car les dé-
nonciations lui étaient venues de toutes
parts. Pourquoi n'avait-il pas procédé à
une enquête, qui l'eût tout de suite éclai-
ré sur la vérité des faits reprochés à
l'abbé Maret? Comment avait-il laissé
ainsi s'accumuler les scandales jusqu'au
jour où ils feraient explosion et force-
raient la justice à s'en occuper?
Je suis toujours stupéfait de la longa-
nimité dont les évêques font preuve en
ces sortes d'affdires. J'en cherche en
vain l'explication. Un de nos amis m'en
donnait l'autre jour une raison que je ne
saurais admettre pour vraie : les évê-
ques, me disait-il, ont pris, dans ces cas-
là, Imparti de ne point frapper sur les mem-
bres de leur clergé, parce qu'ils seraient
forcés de frapper trop souvent. Je ne
puis dire que cette excuse soit la vraie.
Et pourtant, il m'est presque impossible
d'en trouver une autre qui soit raison-
nable.
Enfin, vous, monsieur, qui me lisez,
concevez-vous cela : un curé si parfaite-
ment décrié pour ses mœurs dans la Da-
roisse administrée par lui que les familles
pieuses l'évitent, que les indévots s'en
amusent, que les scandales sont patents,
publics, et qui cependant demeure inso-
lemment en place trois ans, quatre ans,
cinq ans, dix ans, sans que ses supérieurs
interviennent et lui infligent une des puni-
tions que les canons mettent entre leurs
mains ! Les Anciens auraient dit qu'il
jouit des dieux irrités contre lui. Iratis-
que diis fruitur 1 Comprend-on rien à
un si prodigieux aveuglement des supé-
rieurs ecclésiastiques?
Et si c'était là un fait isolé, peut-être
encore serait-il possible d'y trouver une
excuse. On allèguerait le crédit de ce mi-
sérable, qui avait trompé le pape et en
avait reçu des titres d'honneur; on dirait
qu'il a exercé sur l'esprit de son évêque
une fascination particulière, que ces en-
têtements de confiance qu'un malhonnête
homme réussit parfois à inspirer à ses
dupes sont tout aussi difficiles à guérir
qu'à expliquer.
Mais non, c'est un système. Les exem-
ples abondent.
Tenez ! on vient de condamner, dans le
diocèse d'Angers, un jeune congréganiste
traduit devant la cour d'assises de Mai-
ne-et-Loire pour des faits monstrueux
d'immoralité qui sont, hélas 1 trop com-
muns chez les frères,
Son histoire est des plus étonnantes.
Il se nommait en religion frère Cli-
mêne. A quatorze ans — vous avez bien
lu — à quatorze ans, on lui confère sa
lettre d'obédience et on le nomme insti-
tuteur adjoint ; on donne à cet échappé
du jeu de toupie des enfants à élever, à
instruire. Cet excès d'aberration est in-
- -- - - - - 1-1. -1 ! t - - - -
crQyaDle, et j avoue que moi-même je
n'y croirais pas si le fait n'avait pas été
établi aux débats.
Ce méchant gamin, que l'on avait ainsi
revêtu de la robe, était, à ce qu'il pa-
rait, un petit être vicieux, très capable
de corrompre ceux-là mêmes qu'on lui
avait donné à garder. Vous imaginez-
vous que ses supérieurs, aussitôt qu'ils
s'en sont aperçus, l'aient dépouillé de
son titre ? Pas le moins du monde. Ils
l'ont fait circuler d'école en école. Ce pe-
tit gredin porte tour à tour ses odieu-
ses pratiques à Niort, à Condé, à Maugé,
à Martigne-Ferchaud; on se résout,
pour s'en débarrasser, et peut-être aussi
par peur de quelque éclat fâcheux, à l'en-
voyer en Belgique: mais la Belgique le
réexpédie en France, et là. malgré ses
antécédents, qui devaient être connus,
on lui confie d'autres enfants à corrom-
pre. Il n'avait pas çjix-neuf ans, -
J'ignore les détails de son affaire; car
la cotir a ordoua~ 1,'
la cour a ordonna e huis-clos. Mais il
y avait sur le banc des témoins vingt-
huit de ses victimes, et il a été, grâce
à son jeune âge, qui lui a valu des cir-
constances atténuantes, condamné à huit
ans de réclusion.
Ainsi durant cinq ans ses supérieurs
avaient connu et toléré son infâme con-
duite: ils la souffriraient peut-être en
core si la justice n'était intervenue.
Qu'espéraient-ils? qu'un coup de la
grâce d'en haut le touchât et le con-
vertît ? Ils ont trop l'habitude de voir des
récidivistes au tribunal de la pénitence
pour croire encore à ces conversions
problématiques.
Non, ils tiennent sans doute que l'ab-
solution qui lave l'âme devant Dieu ef-
face également les souillures devant les
hommes, et qu'un crime dont on s'est
confessé ne compte plus.
J'ignore si cette explication est la
bonne. Il est certain toutefois que ces
gens là entendent la morale d'autre fa-
çon que nous, et qu'ils n'ont pas le crâne
fait de même.
FRANCISQUE SARGBY.
L'ENSEIGNEMENT CONGRÉGANISTE
Nous lisons dans l'A venir de laMayenne :
Le nommé Gustave Authier, en religion
frère Henry, âgé de trente-trois ans, de la
maison de Saint Joseph, dont le siège est à
Cheffes (Maine-et-Loire), remplissait depuis
trois ans environ les fonctions d'instituteur
à Argentré.
Trois mois au plus après son installation
dans cette commune, le nommé Authier com-
mença à se livrer sur la personne de ses élè-
ves à des actes révoltants d'obscénité. Les
enfants ayant gardé le silence sur ces hon-
teuses pratiques de l'homme qui était char-
gé de les instruire et de les moraliser, le
frère Henry put satisfaire tout à son aise ses
Ignobles Instincts et l&ire de nombreuses vie-
times.
Eûfin, l'un des enfants ayant parlé, la mi-
sérable fut découvert, et, le dimanche 12 jan-
vier, il prenait la fuite. Les parents des en-
fants souillés par cet être abominable, au
lieu de s'adresser à la justice, étaient allés,
parait-il, trouver le curé.
Samedi dernier, M. le procureur de la Ré-
publique s'est transporté à Argentré, et il a
été reconnu que le frère Henry avait commis
plusieurs attentats à la pudeur avec violence
ou sans violence sur une quinzaine d'enfants
commis à sa gards.
Cette déplorable affaire s'instruit en ce mo-
ment.
On télégraphie de Douai au Petit Lyon-
nais qu'une instruction est ouverte contre
un sieur Caron, dit frère Ezéchiel, direc-
teur principal d'un école communale con-
gréganiste, pour coups habituels aux en-
fants. Un instituteur adjoint, aussi congré-
ganiste, a fait des aveux.
VIndépendant des Pyrénées-Orientales
publie un arrêté préfectoral par lequel M.
Monteyne (Etienne), en religion frère Sep-
tème Denis, instituteur adjoint à l'école
publique congréganiste Saint-Mathieu de
Perpignan, reconnu coupable d'actes de
violence sur un enfant confié à ses soins,
est suspendu de ses fonctions pendant six
mois, avec privation totale de traitement
pendant ce laps de temps.
Le conseil municipal de Bourganeuf
(Creuse) vient de voter, à l'unanimité
moins une voix, la suppression de l'école
congréganiste de la ville en la remplaçant
par une école laïque. Cette' résolution a
été prise à là suite de faits graves d'immo-
ralité révélés dans une enquête qui a
amené la révocation du sieur Fougères,
frère Gerfroisien, directeur, qui avait né-
gligé de surveiller son école, où, pendant
six ans, son adjoint, le sieur Sanitas, frère
Gerbaud, a pu impunément se livrer aux
actes les plus coupables et les plus hon-
teux.
M. le baron Cottu, préfet du Cher, vient
de suspendre pour deux mois Mme Raim-
bault, en religion sœur Dominique, direc-
trice de 1 école commuIll de Li^n'Vr^-
pour avoir laissé (Usiner aùX êlt-ve fj(:
sa classe 1 Almanach cfvpêkrfn
Cet ouvrage conLÍj. d c&cr^s ntL-
ques contre le gouvernement de la Répu
blique et contre les institutions du pays,
notamment dans les passages SUIvants,
page i\â m
Un professeur qui enseigne dans l'Dfilver-
sité a France qu'il n'y a pas de Dieu que
l'homme n'est qu'un gorille perfectionné que
Jésus-Christ n'est pas Dieu, que le mondo
s'est fait tout seul et tant d'autres erreurs qui
« tombent des chaires de l'Etat comme la
pluie des nuages, n'est qu'un ignorant, etc. »
Page gi;, sous 16 titre de : « Grosses vô-
rités » :
« La seule théologie peut faire une consti-
tution ayant le sens commun. » ~ti-
s
- Vous Ignorez donc les Commandements
de la société civile?
— Non, vraiment, je les al même rédip^a
pour les retenir. Les voici tous les sept:
Toute l'armée insulteras
Les magistrats également.
Par écrits, tu calomnieras
Et par discours incessamment.
.8
Toutes les croix tu abattras
Avec un grand acharnement.
L'existence de Dieu nieras
Pour t'amuser plus librement.
L'AFGHANISTAN
Calcutta, 26 janvier.
Yacoub khan s'est emparé du fort Jezeen
qui était au pouvoir des Ghilsals, dont u 11 a m
les chefs prisonniers.
A la suite de cette affaire, les Ghilzais G:H
commencé les hostilités contre Yacoub-khar-
Calcutta, 26 janvier, soir.
Mirakhoar, ministre de Shere-All, est mort.
Les troupes afghanes qui se trouvaient à
Caboul ont été retirées de la ville afin d'em-
pècher les désertions.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.15%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.15%.
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7562643q/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7562643q/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7562643q/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7562643q/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7562643q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7562643q
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7562643q/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest