Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-01-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 27 janvier 1879 27 janvier 1879
Description : 1879/01/27 (A9,N2595). 1879/01/27 (A9,N2595).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
RiiflèmlAnnéii^N. Prix du Numéro à Paris i 15 C e * n, Hmès." Départements : 20 Cent! mes.1 Lundi â 7 f tùU>
LE E SIÈCLE
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Nous rappelons à MM.
les Actionnaires du XIX'
SIÈCLE que l'Assemblée gé-
nérale prescrite par les sta-
tuts aura lieu au siège de
la Société, mercredi pro-
chain 29 janvier, à 2 heures.
LOTERIE NATIONALE
Nous invitons nos amis à
venir, aujourd'hui Diman-
che, prendre communica-
tion, dans nos bureaux, à
partir de midi, des résultats
du tirage de la Loterie Natio'
nale, que nous leur commu-
niquerons au fur et à mesure
qu'ils nous parviendront,
c'est-à-dire de quart d'heure
en quart d'heure.
BULLETIN
Paris, 26 Janvier 1879.
Le Journal officiel d'hier matin a publié
un décret appelant M. le général Davoust
aux fonctions de chef d'état-major général
du ministre de la guerre.
Il devient impossible de savoir ce qui se
passe à Constantinople relativement au
traité russo-turc. On annonce alternative-
ment la signature du tr aité et de nouveaux
délais résultant de difficultés politiques
ou financières. Il y a quelques jours,, on
annonçait que tout était réglé, l'accord
était fait sur tous les points et il ne restait
plus qu'à signer. Le lendemain on annonce
que la rédaction du traité n'est pas faite et
que des difficultés ont surgi, que la Rus-
sie réclame des garanties pour le paie-
ment de l'indemnité de guerre. Aujour-
d'hui le point de vue optimiste prévaut à
Constantinople. Les difficultés, nous dit
une dépêche, paraissent aplanies. En surgi-
ra-t-il d'autres demain ? Probablement ; et
nous serions assez disposés à croire qu'il
en est du traité turco-russe comme de la
convention austro-turque, toujours sur
le point d'être signée sans l'être jamais.
Nous pourrions en dire presque autant
de la cession de Podgoritza au Monténé-
gro. Les nouvelles reçues il y a quelques
jours indiquaient que la cession était sur
le point d'être faite. Au dernier moment,
Kiamil-Pacha, président de la commission
nommée par la Porte pour l'exécution du
traité de Berlin en ce qui concerne le
Monténégro, tombe malade, et il en ré-
sulte de nouveaux délais. Faut il croire à
la maladie de Kiamil-Pacha? Ou n'est-ce
qu'une indisposition diplomatique ? Tout
ce qui s'est passé dans cette affaire nous
porterait certainement à pencher pour la
seconde alternative.
L'assemblée des notables bulgares de-
vait s'ouvrir demain lundi ; il se pourrait
bien faire qu'il y eût un retard. On nous
mande, en effet, de Tirnova qu'on vient
de recevoir dans cette ville le texte de la
constitution pour la principauté de Bul-
garie ratifiée par l'empereur Alexandre.
Ce document va être traduit en bulgare
et communiqué aux consuls des puissan-
ces étrangères; un exemplaire en sera re-
mis à chacun des députés à l'assemblée
des notables. Cette traduction retardera
probablement jusqu'au 6 ou 10 février
l'ouverture de l'assemblée, qui se fera par
le prince Dondoukoff-Korsakoff. Ce der-
nier partira alors pour Sofia, et sera rem-
placé à la présidence par M. Luktinaotr.
La Correspondance provinciale de Ber-
lin annonce que le Parlement allemand se
réunira probablement le 12 février.
Le bruit a couru à Madrid aujourd'hui
que le gouvernement était disposé à sus-
pendre les garanties constitutionnelles. Ce
bruit n'est pas exact. La Correspondencia
déclare que le gouvernement n'a pas eu
cette pensée et n'a aucun motif pour l'a-
voir ; pourtant, si les circonstances l'exi-
geaient un jour ou l'autre, ce qui n'est pas
à prévoir, elle croit que le gouvernement
n'hésitera pas à user d'un droit que la loi
lui confère.
La presse autrichienne se montre fort
alarmée au sujet des dangers qui pour-
raient résulter d'une plus grande exten-
sion de l'épidémie pestilentielle en Russie
et s'accorde généralement à voir dans une
fermeture rigoureuse des frontières le
moyen le plus efficace pour prévenir une
invasion du fléau. « Plus le gouvernement,
dit la Gazette des Faubourgs, se montrera
énergique et sans ménagement dans les
mesures contre ce terrible fléau, plus la
population lui sera reconnaissante et plus
elle sera prête à se soumettre à toute res-
triction des relations commerciales, quel-
que pénible qu'elle soit. En ce qui con-
cerne les mesures nécessaires telles que
cordons sanitaires, quarantaines, etc., il
faut les prendre, sans égard pour person-
ne -, et surtout sans avoir à respecter le
moins du monde les intérêts de la Rus-
sie. »
E. BARBIER.
Rou.:r.e d.. :~m~*i.~
t'm'nR 10U1SI Du @or
5010. 114 fr. 02 Ii2, 07 ifl, 06 ll4.
Egypta. 245 62, 246 25.
Russe 1877 84 1/2, 3[8, 7i6,
Avant-hier, au Sénat, comme M. Numa
Baragnon contestait, avec son à-propos
ordinaire, les élections sénatoriales de
l'Hérault, un des nouveaux élus de ce dé-
partement prit la parole, fit justice d'une
ridicule accusation, et expliqua comment
les campagnes sont devenues républi-
caines. Nous venons de lire dans le Jour-
nal officiel ce discours de M. Gaston Ba-
zille, qui nous était connu depuis long-
temps comme un des esprits les plus sûrs
et les plus droits en politique, et qui est
en même temps l'un des agronomes les
plus distingués du midi. Le témoignage
qu'il a porté au nom de ses compatriotes
nous a frappés vivement par son carac-
tère de simplicité et de vérité.
M. Gaston Bazille a tracé, pour ainsi
parler, le diagramme du mouvement ré-
publicain rural depuis 1876, et ce qu'il
a dit du département de l'Hérault s'appli-
que à la plupart des autres. Ëa 1876, il
n'y avait souvent, pour nommer des dé-
légués républicains, que les centres rela-
tivement populeux, que les villes. En
bien des contrées, la République n'avait
pas réussi à triompher encore des dé-
fiances ou des préjugés de l'esprit rural.
Mais, dans le cours de ces trois années,
il lui est venu de nombreux adhérents,
depuis surtout que le pays a jugé à ses
œuvres l'affreux régime du 16 Mai. Ce
progrès a été marqué, dans les élections
successives, toutes les fois qu'une oc-
casion s'est offerte à l'opinion de se ma-
nifester.
« Les campagnes ont compris, a dit M.
Gaston Bazille, qu'elle ne pouvaient res-
ter de côté ; le même souffle les a toutes
animées, et aujourd'hui, dans les campa-
gnes, il y a autant de républicains que
dans les villes. Pourquoi? Parce que les
cultivateurs ont compris que le gouver-
nement républicain pouvait leur donner
mieux que tout autre gouvernement la
paix, l'ordre et la liberté. La grande
pensée qui a fait tomber tant de bulle-
tins républicains dans l'urne au 5 janvier,
c'est le désir bien marqué, bien réel, de
faire cesser les conflits entre nos deux
grandes Assemblées. Nos adversaires
avaient cependant beau jeu pour lutter
contre nous : dans le département de
l'Hérault, comme dans la plupart des
départements du Midi, les populations
agricoles ont grandement à souffrir,
et on a cherché à exploiter ces souf-
frances. Beaucoup d'ouvriers se trou-
vent sans travail, les salaires ont bais-
sé de moitié. Un grand nombre ont
été forcés de s'expatrier pour gagner
leur vie loin du foyer natal. Mais ils ont
eu le bon sens de ne pas mettre sur le
compte de la République la destruction
de leurs vignobles. Il faut voir les cho-
ses de haut : la vérité, c'est que les cul -
tivateurs, les ruraux, n'ont plus voulu
qu'on les fît marcher. Ils se sont trouvés
assez grands et assez sages pour mar-
cher tout seuls, et ils ont rudement écarté
ceux qui leur barraient la route et qui
voulaient les empêcher d'arriver à leur
but, — la consolidation définitive du gou-
vernement républicain. »
Ces paroles ont été couvertes d'applau-
dissements, car chacun de nos sénateurs
aurait pu s'écrier : « C'est un tableau fi-
dèle, et voilà bien dépeints les progrès
de la République, tels que nous les avons
vus, nousaussi, dans nos départements.»
Mais il ne suffit pas de constater que
les paysans sont venus en foule grossir
le parti républicain, il faut les retenir
dans nos rangs, et on les y retiendra si
l'on comprend bien l'étendue des devoirs
qu'impose la nécessité de justifier leur
confiance. Qu'ont-ils attendu de la Répu-
blique? La paix, l'ordre et la liberté,
comme l'a dit justement M. Gaston Bazil-
le; mais, s'ils ont aspiré à ces biens poli-
tiques, c'est qu'ils espèrent que le déve-
loppement de la paix, de l'ordre et de la
liberté sera favorable à leurs intérêts ma-
tériels. Ce qu'ils demandent avant tout à
la République, c'est de leur donner un
gouvernement stable et de bonnes lois ;
c'est encore, dans les départements qui
souffrent de crises industrielles ou agri-
coles, d'apporter remède aux souffran-
ces, en tant que cela dépend de l'E-
tat. Certes, ils ne feront jamais re-
tomber sur la République la responsa-
bilité des mauvaises saisons ou des ra-
vages du phylloxéra, mais ils se croi-
raient trompés si le scrutin du 5 janvier
1879 n'avait pas ouvert une ère labo-
rieuse et tranquille, si la République, en
un mot, ne tenait pas ce qu'elle a pro-
mis. N'allons pas nous placer sur je ne
sais quelles hauteurs politiques, et n'ou-
blions pas que nous n'attacherons soli-
dement les paysans français à la Répu-
blique que par le lien des intérêts maté-
riels. Ils se sont éloignés de la coalition
des monarchistes parce qu'ils se sont dit :
«Nous n'aurons jamais un instant de tran-
quillité avec ces gens-là I » Etils sontvenus
aux républicains parce qu'ils se sont dit :
« Au moins ceux-ci s'accordent, et ils
n'auront point d'autre préoccupation, s'ils
gouvernent, que de travailler en commun
au bien du pays. » Ce que les paysans
français ont espéré, souhaité et voulu,
c'est le bon accord du ministère et des
Chambres sous le gouvernement républi-
cain. Que le ministère et les Chambres
fassent donc mutuellement ce qu'il faut
faire pour que ce bon accord se main-
tienne et dure longtemps ! -
EUG. LIÉBERT3
UNE FÊTE BALADOIRE
Vous m'arrêtez sur ce mot : une fête
baladoire ! Qu'est cela? Je vous avouerai
qu'hier je n'en savais rien encore. Je
connaissais le mot : se balader, pour
l'avoir vu figurer avec honneur dans
l'Assommoir, au milieu de quelques au-
tres d'une égale distinction. J'ignorais :
baladoire. Baladoire ne se trouve ni
dans le dictionnaire de l'Académie, ni
dans celui de M. Littré.
C'est un terme de la langue ecclésias-
tique, ainsi que vous pourrez vous en con-
vaincre en lisant cette histoire authen-
tique, que je trouve dans l'Alliance ré-
publicaine de Saône-et Loire.
La commune de Saint-Léger-sous-
Bussière possède depuis moins de deux
ans une fabrique de brosses, qui a pris
en très peu de temps une grande exten-
sion. Elle a commencé avec dix ouvriers ;
elle en occupe quatre-vingts aujourd'hui,
tant jeunes gens et jeunes filles qu'hom-
mes et femmes mariés, et comme l'usine
prospère, il est probable qu'elle pourra,
l'an prochain, donner du travail à plus
de monde encore.
Les ouvriers de la fabrique de Saint-
Léger-sous-Bussière ont adopté Sain-
te-Barbe pour patronne. C'était la fête de
la sainte ces jours derniers. Ils résolu-
rent de la célébrer avec toute ta solen-
nité qu'y mettaient jadis les anciens com-
pagnonnages, et convinrent de faire dire
une messe à laquelle ils assisteraient en
corps.
Ils nommèrent des délégués qui eurent
mission de se rendre auprès du curé de
de Saint-Léger-sous-Bussière, et de s'en-
tendre avec lui pour l'heure et le prix de
cette messe.
Mais il paraît que M. le curé eut vent
de la chose ; il prit les devants lui-même,
et il écrivit la lettre suivante au direc-
teur de l'usine :
Monsieur,
J'ai appris ce matin que les ouvriers de vo-
tre maison désirent venir me demander une
messe pour célébrer une fête.
Je ne puis acquiescer à cette demande.Votre
usine est composée de jeunes gens et de
jeunes personnes ; il y aura musique. Vous
comprenez aisément que ce serait consacrer
une fête baladoii-e,commençant par une messe,
ce que je ne puis faire.
Veuillez donc, monsieur, faire prévenir vos
ouvriers qu'ils ne comptent pas sur la messe.
Je suis persuadé, monsieur, que vous com-
prendrez les motifs sérieux qui me font agir
en cette circonstance.
Acceptez, je vous prie, etc.
E. MARCOUT,
curé.
Le directeur et les ouvriers de l'usine
furent quelque peu surpris de ce refus,
que rien ne faisait prévoir. D'autres se
seraient tenus pour battus et n'auraient
point tenté des démarches nouvelles. Ils
se seraient passés de la messe, et auraient
dès le matin commencé leur fête baladoi-
re, sans se soucier qu'elle fût consacrée
ou non.
Mais ces braves gens voulurent en
avoir le cœur net ; et il fut convenu
que l'on écrirait à M. le curé une seconde
lettre plus pressante. Elle est trop lon-
gue pour que je la cite in extenso. J'en
donne quelques extraits :
Voyons ce que serait la fête de l'usine et ce
qu'est l'usine :
L'usine, malgré une opposition que je ne
veux pas qnalifler, fait vivre 60 à 80 personnes
qui travaillent 10 à 1Z heures chaque jour
pour gagner honnêtement leur pain et celui
de la famille et qui ont droit, sachez-le bien,
monsieur le curé, au respect de tous, et sur-
tout au respect des détracteurs de l'usine.
Parmi ces derniers, il en est beaucoup qui ne
valent pas, comme Intelligence, moralité ou
travail, les ouvriers de la fabrique.
Les ateliers sont surveillés avec une rigueur
excessive. Toute infraction au règlement est
punie immédiatement et sans appel. Or, le tIr
article du règlement, affiché à chaque porte
d'atelier, dit que ni les jeunes gens ni les
jeunes filles ne peuvent, sous aucun prétexte
que ce soit, entrer, même pour une minute,
dans un autre atelier que le leur.
À l'usine, on ne travaille jamais les diman-
ches ou jours de fête. Pourrltz-vous en dire
autant de vos autres paroissiens?.
Voilà, en quelques mots, ce qui se passe à
l'usine. Vous êtes libre d'y ajouter ce qu'on
donne de bois, de débris et autres charités
faites en dehors du service.
Voyons maintenant ce que vous demandent
ces - ouvriers si coupables, si - calomniés. Ils
vous demandent une messe.
Mais, mon Dieu ! cette messe ne se refuse
nulle part. Dans toutes les villes, 11 y a des
sociétés, des corporations qui ont un saint
pour patron. Le jour de sa fête, ils se ren-
dent, musique en tête, bannière déployée, à
l'église de leur paroisse, et là, un prêtre cé-
lèbre la messe à leur Intention. Allez à Mâ-
con, allez à Cluny, et vous pourrez vous con-
vaincre de la véracité de mes paroles. Il y a
bien des sociétaires qui ne mettent que ce
jour-là les pieds à l'église.
Après la messe, Ils ont un banquet et la
fête se termine par un bal, qui, je puis vous
le certifier, monsieur le curé, n'a rien de
commun avec les bastringues que vous avez
pour votre fête patronale et que vous ne
pouvez pas empêcher. On n'entre à ce bal
qu'avec une carte personnelle et les sociétai-
res eux-mêmes veillent au maintien de l'or-
dre. Tout, en un mot, se passe honnêtement,
dismement. avec calme et respect de soi-
même et des autres. Voilà, monsieur le curé,
tout simplement ce que veulent faire les ou-
vriers de l'usine de Saint Léger-sous-Bus-
sière. En conscience, est-ce mal ? En cons-
cience, ne serait-ce pas mieux que toutes vos
fêtes communales, que, cependant, vous com-
mencez bien par une messe, et qui ne se ter-
minent pas avec autant de retenue que se
terminera celle de la fabrique ?
Le curé ne s'est point rendu à ces rai-
sons; il a persisté dans son refus. Il est
probable que c'est un petit cousin de ce
jeune prêtre, curéd'Azai, qui défendait à
ses paroissiens de danser le dimanche
sur la place de la commune.
« Le curé d'Azai, disait notre ami Paul-
Louis en son pamphlet célèbre, est un
jeune homme bouillant de zèle, à peine
sorti du séminaire, [conscrit de l'Eglise
militante, impatient de se distinguer. Il
a réussi à nous empêcher de danser ; et
bientôt il nous fera défendre de chanter
et de rire. On dit que ces jeunes prêtres,
au séminaire, sont élevés par un moine,
un frère picpus, homme envoyé des hau-
tes régions de la monarchie, afin d'ins-
truire nos docteurs, et de former les ins-
tituteurs qu'on destine à nous réformer.
Les moines font les curés, et les curés
nous feront moines. »
Les curés nous feront moines l Ils au-
ront quelque peine. Le tempérament fran-
çais y résiste. Qu'aura gagné à ce refus
le curé de Saint-Léger? Il aura prouvé
aux ouvriers de cette usine que l'on
peut célébrer honnêtement et agréable-
ment une fête de famille sans rouvrir par
une messe. Car il parait que, messe à part,
cette petite fête de famille a été char-
mante.
Il est vrai que M. le curé a enrichi la
langue d'un mot nouveau qui lui man-
quait : baladoire. On appellera fête bala-
doire toute fête où l'on se passera du con-
cours du clergé.
L'ouverture des Chambres n'est pas
encore une fête baladoire. Patience 1 cela
viendra.
FRANCISQUE SARCEY.
———————— ———————
LES SCANDALES ECCLESIASTIQUES
A propos de l'affaire du curé du Vési-
net, monsignore Maret, emmené ces
jours derniers entre deux gendarmes, on
lit dans la Défense :
La presse radicale recommence une odieu-
se campagne contre le clergé, à propos d'une
affaire scandaleuse qui serait arrivée au Vé-
sinet.
Les événements de cette nature, lorsqu'ils
sont prouTés, affligent profondément les ca-
tholiques ; ils ne les gênent pas. L'Eglise a
toujours flétri et rejeté ses enfants indignes.
Le clergé français a assez de vertus pour que
son honneur ne soit pas entaché par le dés-
honneur d'un nombre infime de ses mem-
bres.
Ce n'est pas dans notre parti qu'on trouvera
jamais les complaisances ou les silences qui
ressemblent à des compll cités.
Que chacun des ordres de l'Etat, que cha-
cun des partis politiques fasse son examen de
conscience. Quelle comparaison le clergé et
les fidèles catholiques peuvent-ils redouter ?
La discipline morale de l'Eglise ne permet
pas qu'il y ait désaccord entre les principes
et la pratique de la vie. Seule, notre Eglise
pet dire que ceux-là qui commettent des cri-
mes se rejettent par le fait même en dehors
de son sein. La Révolution en peut-elle dire
autant ?
Il y aurait bien des choses à dire sur
ces mémorables déclarations.
Que les scandales du genre de celui-ci
affligent les cléricaux, nous n'en doutons
nullement : mais qu'ils ne les gênent
pas, c'est une toute autre affaire, et la
preuve qu'ils les gênent, c'est tout juste-
ment la belle colère de la Défense contre
les journalistes qui les dévoilent.
Si le parti clérical n'était point gêné
par de semblables révélations, loin de
s'en plaindre, il remercierait ceux qui les
font ; car par la publicité même ils l'ai-
dent à chasser de ses rangs des mem-
bres indignes et qui le déshonorent.
« Ce n'est pas dans notre parti, dit la
Defense, qu'on trouvera jamais des com-
plaisances ou des silences qui ressem-
blent à des complicités. » — Eh 1 eh 1 la
Défense en est-elle bien sûre? Dans le
cas actuel, non, sans doute ; et vraiment
la tâche eût été trop difficile ; le person-
nage était trop gros et le fait s'était pas-
sé trop en pleine lumière. Mais dans les
cas ordinaires? Dans les cas ordinaires,
tout le monde sait fort bien que le parti
catholique prend grand soin au contraire
d'étouffer le plus qu'il peut les méfaits
de quiconque porte la robe; que neuf fois
sur dix les gendarmes arrivent trop tard
pour arrêter les bons pères ou les bons
frères qui ont marché sur les plates-
bandes du code pénal; qu'on fait changer
de nom aux religieux dont le nom a
perdu sa propreté baptismale; qu'enfin
l'Eglise catholique a pour maxime d'évi-
ter à tout prix le scandale. Sont-ce là,
oui ou non, des « complaisances? »
Que chacun fasse son - examen de
conscience dit encore la Défense ; nous
ne craignons aucune comparaison. — En
êtes-vous bien sûre encore, bonne Dé-
fense? Il nous semble vaguement que
l'on entend un peu plus souvent parler
de certains crimes, particulièrement abo-
minables, dans le camp qui est le vôtre
que partout ailleurs. Vous n'êtes point
indulgente pour vos adversaires, ces af-
freux libres-penseurs, messieurs les cléri-
caux ; s'ils donnaient prise contre eux,
vous ne leur feriez point de grâce ;
pourquoi donc vos catalogues sont-ils
moins riches que les nôtres — bien in-
complets pourtant, vous le savez?
Il y a des brebis galeuses partout ! Oui,
sans doute. L'humanité n'est point par-
faite. Mais encore est il bon de compter
les brebis galeuses et de regarder de
quelle gale elle sont atteintes. Une hiron-
delle ne fait pas le printemps : mais beau-
coup d'hirondelles !. Et il faut convenir
que le clergé français, si respectable
qu'il soit en beaucoup de ses membres, a
teriblement joué de malheur en ces der-
niers temps. La série à la noire ne s'ar-
rête pas.
La Défense nous apprend très-fière-
ment que la discipline de l'Eglise ordonne
à ses membres de mettre leur conduite
en accord avec leur doctrine. Parbleu 1
nous nous en doutions bien. Il est cer-
tain que monsignor Maret et autres ton-
surés ne pratiquent pas au sens de l'E-
vangile la parole de Jésus : « Laissez ve-
nir les enfants à moi. » Mais si les hom-
mes d'Eglise, en moyenne, ne mettent pas
mieux d'accord que les autres leurs doc-
trines et leurs actions, si même ils le font
moins encore, où est donc la supériorité
de l'Eglise catholique, et de quoi sert la
religion? « L'Eglise seule, dit la Défense,
a le droit de prescrire une morale. »
C'est une question !
Mais quand la Défense aurait raison
une fois en sa vie, que conclure de ce
beau privilège s'il n'en sort rien d'utile
en pratique?Il est fort indifférent à la so-
ciété qu'un libre-penseur n'ait pas le droit
d'être vertueux s'il l'est cependant, ou
qu'un catholique soit tenu d'être ver-
tueux si en fait il ne l'est pas. La Défense
nous permettra de continuer à considé-
rer comme beaucoup plus moral un ins-
tituteur laïque qui instruit honnêtement
les enfants qu'un catéchiste qui les
souille.
CHARLES BIGOT.
Le traitement des professeurs
Le Journal officiel publie ce matin le
rapport suivant du ministre de l'instruc-
tion publique au président de la Républi-
que française :
Paris, le 1er janvier 1879.
Monsieur le Président,
Les professeurs de 7' et 8* non licenciés,
pourvus d'une nomination ministérielle, ne
reçoivent que 2,500 et 3,00) fr. à Paris, et
2,000 et 2,200 fr. dans les départements,
quelle que soit l'importance du lycée. Tout
en tenant compte de la différence des gra-
des, 11 semble équitable de diviser ces fonc-
tionnaires en trois classes et de leur assurer,
comme à leurs collègues licenciés, les avan-
tages qui résultent du classement des lycées
par catégories et de la durée de leurs ser-
vices. Leur traitement maximum, qui, au-
jourd'hui, ne peut dépasser 2,200 fr. dans les
départements, serait porté à :
2,400 francs dans les lyaée3 de 4* catégorie;
2,500 francs dans les lycées de 2e catégorie;
3,200 francs daus les lycées de ira catégorie.
A Paris, 11 s'élèverait de 3,000 à 3,700 francs,
Le décret ci-joint, que j'ai l'honneur de sou-
mettre à votre approbation, a pour but de
réaliser ces améliorations et de répondre en
même temps aux vœux exprimés par les
Chambres. -
Veuillez agréer, monsieur le président,
l'hommage de mon profond respect.
Le ministre de Vinstruction publique,
des cultes et des beaux-arts,
A. BARDOUX.
Ce rapport est suivi du décret conforme que
voici :
Article fer. — Les professeurs chargés de
cours des classes élémentaires de 7° et 8' non
licenciés, pourvus d'une nomination ministé-
rielle, sont divisés en trois classes et leurs
traitements sont fixés de la manière sui-
vante :
Lycées de Paris, de Vanves et de Versailles :
lre classe, 3,700 fr.; 2° classe, 3,200 fr.; 38 clas-
se, 2,700 fr.
Lycées des départements :
1ro catégorie : ire classe, 3,200 fr.; 28 classe,
2,700 fr.; 3* classe, 2,400 fr.;
2' catégorze: lre classe, 2,700 fr.; 28 classe,
2,300 fr.; 3e classe, 2,100 fr.;
3° catégorie : lre classe, 2,500 fr.; 29 classe,
2.200 fr.; 3d classe, 2,000 fr.
4e catégorie : ire classe, 2,400 fr.; 28 classe,
2,100 fr.; 3* classe, 2,000 fr.
Art. 2. — Le ministre de l'instruction publi-
que, des cultes et des beaux-arts, est chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 1er janvier 1879.
INFORMATION
t
Le conseil des ministres s'est réuni hier
matin à l'Elysée, sous la présidence de M.
le maréchal de Mac-Mahon.
Un grand nombre de décrets ont été si-
gnés dans cette séance.
Tous les mouvements qui doivent avoir
lieu ne sont pas encore terminés ; celui du
ministre des finances seul l'est complète-
ment.
Sept trésoriers-payeurs généraux sont
remplacés.
M. Marmottan, président du conseil
d'administration des mines de Bruyas et
des houillères de l'Aveyron, est nommé au
poste de trésorier-payeur général du dé-
partement de la Gironde.
M. Fabre, préfet de la Savoie, est nom-
mé trésorier-payeur général de la Corrèze.
M. de Potier, trésorier-payeur général
du Tarn, est nommé trésorier-payeur gé-
néral de Seine-et-Marne, en remplacement
de M. Baroche.
M. le vicomte de Bergouen, trésorier-
payeur général de la Haute-Garonne, est
remplacé.
M. Rouland reste à son poste.
Les mouvements administratiîs ne pa-
raîtront que lundi au Journal officiel, les
ministres voulant que les personnes révo-
quées soient prévenues par lettres et n'ap-
prennent pas leur remplacement par le
Journal officiel.
L'agence Havas nous communique la
note suivante :
On pense que le mouvement relatif aux
procureurs généraux paraitra vers le mi-
lieu de la semaine prochaine.
Des offres nouvelles doivent être faites
à M. Le Royer, sénateur, pour lui faire ac-
cepter le poste de procureur général à la
cour de cassation.
Le président de lA République a signé
les décrets décidant le remplacement des
procureurs généraux ;
A la cour de cassation (M. de Raynal),
aux cours de Paris) M. Imgarde de Leffem.
berg), d'Angers (M. Duchataignier), de
Bordeaux (M. de Gabrielli), de Lyon (M.
Beaune), et de Dijon (M. Boissard).
Le nom du successeur de M. Imgarde
de Leffemberg n'est pas encore définitive-
ment arrêté.
L'affaire Bastien ne sera appelée que
dans quinze jours à la cour de cassa-
tion.
Il est certain aujourd'hui que ce magis-
trat, dont la scandaleuse affaire a eu, il y
a quelques mois, une si triste célébrité,
est révoqué.
Il sera remplacé, comme président de
chambre à Alger, par M. Saut eyra, conseil-
ler à la cour.
M. Sauteyra est républicain ;
Le décret nommant M. Hérold préfet
de la Seine a été signé hier en conseil des
ministres.
M. Tambour, secrétaire général, suivrait
M. Duval dans sa retraite.
Bien qu'elle n'ait pas paru hier matin
au Journal officiel, la nomination, au rec-
torat de Grenoble, de M. Capmas, est défi-
nitivement arrêtée. Le retard dans la pu-
blication de l'arrêté est dû simplement à
ce que M. Capmas n'a pas encore envoyé
son aceptation.
Le ministre de l'instruction publique
vient de supprimer les fonctions de sous-
directeur de l'enseignement primaire. Le
titulaire de cet emploi était M. Fontaine
de Resbecq, dont les opinions réaction-
naires sont bien connues.
M. Bardoux vient de terminer une im-
portante circulaire sur l'organisation des
bibliothèques populaires, ayant pour ob-
jet de les affranchir en grande partie de
la tutelle administrative.
Le projet de loi sur les conseils supé-
rieurs est terminé. Il sera déposé à la fin
de la semaine.
D'après ce projet, le conseil supérieur
actuel serait remplacé par deux conseils :
un « conseil universitaire » et un « con-
seil de l'enseignement libre », dont les
attributions et le recrutement seraient
absolument distincts.
Un mouvement Important dans le per-
sonnel des inspecteurs d'académie doit
paraître d'ici peu de jours.
La République française annonce la
mise en disponibilité de quatre chefs de
corps : le général Bourbaki, à Lyon ; le
général Bataille, à Orléans ; le général
Renson, à Montpellier ; le général de Lar-
tigue, à Limoges.
Le motif de la mesure prise à l'égard
du général Bourbaki se comprend de lui-
même.
Le général Bataille était l'un des plus
dociles amis de M. Dupanloup.
Le général Renson commandait des
troupes pour la première fois dans sa car-
rière. Jusque-là, il avait gagné tous ses
grades dans les bureaux du ministère, où
il exerçait une véritable dictature, au
grand bénéfice de la réaction. Pour éloi-
gner ce tout-puissant bureaucrate, on
n'avait rien imaginé de mieux que de lui
donner libéralement, en manière de com-
pensation, un corps d'armée.
Pour le général de Lartigue, on n'a
point oublié le triste incident de Limoges
(major Labordère et général de Bressol-
les), encore inexpliqué, mais qui,en tous
cas, jette un jour rien moins que favo-
rable sur la façon dont le 12a corps était
moralement dirigé par le titulaire actuel.
Nous lisons dans la République fran-
caise :
« Par décision du ministre de la guerre
en date du 15 janvier, M. le comte de Bas-
tard, colonel d'état-major disponible et
sénateur destitué par les électeurs de Lot-
et-Garonne, a été nommé à l'emploi de
chef d'état-major général du 17e corps d'ar-
mée. La faveur est d'autant plus caracté-
risée que, dans ce corps, l'emploi a tou-
jours été occupé jusqu'à présent par un
général. Mais il y a quelque chose de plus
grave : le 17e corps d'armée, dont le quar-
tier général est à Toulouse, comprend
dans sa circonscription le département de
Lot-et-Garonne ; pour quiconque sait
quelles sont les attributions, quels sont
les moyens d'action d'un chef d'état-major
qui a la main non-seulement sur l'armée
active, mais sur l'armée territoriale et la
gendarmerie, il y a quelque chose de cho-
quant, pour nous servir d'un terme affai-
bli, à voir ces fonctions dévolues à un of-
ficier qui n'est pas seulement un adver-
saire « déclaré » du gouvernement, mais
qui était la veille candidat malheureux
dans le rayon même du commandement
où son autorité va s'exercer, et qui aura
en face de lui des populations contre les-
quelles il a les griefs habituels aux candi-
dats évincés. Aussi la nouvelle de cette
nomination renversante a-t-elle causé une
émotion bien légitime et soulevé des pro-
testations dont il nous est impossible,
quant à nous, de désapprouver la viva-
cité. »
Par décret du président de la Républi-
que en date du 24 janvier 1879, rendu sur
la proposition du ministre de la guerre
M. Davoust (Làopold- Claude - E tienne-ju-
les-Charles), duc d'Auerstaedt, général de ,
division commandant la f38 division d'in* <
fanterie, a été nommé chef d'état-maJoF:.
général du ministre de la guerre.
Par décret du président de la Républi-
que on date du Si Janvier 1GTO, rendu gup
la proposition du ministre de la guerre
un deuxième emploi de sous-chef d'état-
major général a été rétabli au ministère
de la guerre.
Par le même décret, M. Fay (Charles^
Alexandre), général de brigade, a été
nommé à cet emploi.
Par décret en date du 24 Janvier 1879
rendu sur la proposition du ministre de
l'instruction publique, des cultes et des
beaux-arts, M. Lespiault, professeur à la
Faculté des sciences de Bordeaux a été
nommé recteur de l'académie de Bordeaux
en remplacement de M. Zévort, nommé
vice-recteur de l'académie de Paris.
Par décrets en date du 16 janvier 1879
rendus sur la proposition du ministre de
l'instruction publique, des cultes et des
beaux-arts, ont été nommés pour cinq
ans :
Astronome directeur de l'Observatoire
LE E SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
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Six mois. 8* »»
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Supplément pour l'Etranrer 1 fr. par trimestre
Les Abonnements partent des 1" et 15 de chaque mois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et au
6, Place de la Bourse, 6
Nous rappelons à MM.
les Actionnaires du XIX'
SIÈCLE que l'Assemblée gé-
nérale prescrite par les sta-
tuts aura lieu au siège de
la Société, mercredi pro-
chain 29 janvier, à 2 heures.
LOTERIE NATIONALE
Nous invitons nos amis à
venir, aujourd'hui Diman-
che, prendre communica-
tion, dans nos bureaux, à
partir de midi, des résultats
du tirage de la Loterie Natio'
nale, que nous leur commu-
niquerons au fur et à mesure
qu'ils nous parviendront,
c'est-à-dire de quart d'heure
en quart d'heure.
BULLETIN
Paris, 26 Janvier 1879.
Le Journal officiel d'hier matin a publié
un décret appelant M. le général Davoust
aux fonctions de chef d'état-major général
du ministre de la guerre.
Il devient impossible de savoir ce qui se
passe à Constantinople relativement au
traité russo-turc. On annonce alternative-
ment la signature du tr aité et de nouveaux
délais résultant de difficultés politiques
ou financières. Il y a quelques jours,, on
annonçait que tout était réglé, l'accord
était fait sur tous les points et il ne restait
plus qu'à signer. Le lendemain on annonce
que la rédaction du traité n'est pas faite et
que des difficultés ont surgi, que la Rus-
sie réclame des garanties pour le paie-
ment de l'indemnité de guerre. Aujour-
d'hui le point de vue optimiste prévaut à
Constantinople. Les difficultés, nous dit
une dépêche, paraissent aplanies. En surgi-
ra-t-il d'autres demain ? Probablement ; et
nous serions assez disposés à croire qu'il
en est du traité turco-russe comme de la
convention austro-turque, toujours sur
le point d'être signée sans l'être jamais.
Nous pourrions en dire presque autant
de la cession de Podgoritza au Monténé-
gro. Les nouvelles reçues il y a quelques
jours indiquaient que la cession était sur
le point d'être faite. Au dernier moment,
Kiamil-Pacha, président de la commission
nommée par la Porte pour l'exécution du
traité de Berlin en ce qui concerne le
Monténégro, tombe malade, et il en ré-
sulte de nouveaux délais. Faut il croire à
la maladie de Kiamil-Pacha? Ou n'est-ce
qu'une indisposition diplomatique ? Tout
ce qui s'est passé dans cette affaire nous
porterait certainement à pencher pour la
seconde alternative.
L'assemblée des notables bulgares de-
vait s'ouvrir demain lundi ; il se pourrait
bien faire qu'il y eût un retard. On nous
mande, en effet, de Tirnova qu'on vient
de recevoir dans cette ville le texte de la
constitution pour la principauté de Bul-
garie ratifiée par l'empereur Alexandre.
Ce document va être traduit en bulgare
et communiqué aux consuls des puissan-
ces étrangères; un exemplaire en sera re-
mis à chacun des députés à l'assemblée
des notables. Cette traduction retardera
probablement jusqu'au 6 ou 10 février
l'ouverture de l'assemblée, qui se fera par
le prince Dondoukoff-Korsakoff. Ce der-
nier partira alors pour Sofia, et sera rem-
placé à la présidence par M. Luktinaotr.
La Correspondance provinciale de Ber-
lin annonce que le Parlement allemand se
réunira probablement le 12 février.
Le bruit a couru à Madrid aujourd'hui
que le gouvernement était disposé à sus-
pendre les garanties constitutionnelles. Ce
bruit n'est pas exact. La Correspondencia
déclare que le gouvernement n'a pas eu
cette pensée et n'a aucun motif pour l'a-
voir ; pourtant, si les circonstances l'exi-
geaient un jour ou l'autre, ce qui n'est pas
à prévoir, elle croit que le gouvernement
n'hésitera pas à user d'un droit que la loi
lui confère.
La presse autrichienne se montre fort
alarmée au sujet des dangers qui pour-
raient résulter d'une plus grande exten-
sion de l'épidémie pestilentielle en Russie
et s'accorde généralement à voir dans une
fermeture rigoureuse des frontières le
moyen le plus efficace pour prévenir une
invasion du fléau. « Plus le gouvernement,
dit la Gazette des Faubourgs, se montrera
énergique et sans ménagement dans les
mesures contre ce terrible fléau, plus la
population lui sera reconnaissante et plus
elle sera prête à se soumettre à toute res-
triction des relations commerciales, quel-
que pénible qu'elle soit. En ce qui con-
cerne les mesures nécessaires telles que
cordons sanitaires, quarantaines, etc., il
faut les prendre, sans égard pour person-
ne -, et surtout sans avoir à respecter le
moins du monde les intérêts de la Rus-
sie. »
E. BARBIER.
Rou.:r.e d.. :~m~*i.~
t'm'nR 10U1SI Du @or
5010. 114 fr. 02 Ii2, 07 ifl, 06 ll4.
Egypta. 245 62, 246 25.
Russe 1877 84 1/2, 3[8, 7i6,
Avant-hier, au Sénat, comme M. Numa
Baragnon contestait, avec son à-propos
ordinaire, les élections sénatoriales de
l'Hérault, un des nouveaux élus de ce dé-
partement prit la parole, fit justice d'une
ridicule accusation, et expliqua comment
les campagnes sont devenues républi-
caines. Nous venons de lire dans le Jour-
nal officiel ce discours de M. Gaston Ba-
zille, qui nous était connu depuis long-
temps comme un des esprits les plus sûrs
et les plus droits en politique, et qui est
en même temps l'un des agronomes les
plus distingués du midi. Le témoignage
qu'il a porté au nom de ses compatriotes
nous a frappés vivement par son carac-
tère de simplicité et de vérité.
M. Gaston Bazille a tracé, pour ainsi
parler, le diagramme du mouvement ré-
publicain rural depuis 1876, et ce qu'il
a dit du département de l'Hérault s'appli-
que à la plupart des autres. Ëa 1876, il
n'y avait souvent, pour nommer des dé-
légués républicains, que les centres rela-
tivement populeux, que les villes. En
bien des contrées, la République n'avait
pas réussi à triompher encore des dé-
fiances ou des préjugés de l'esprit rural.
Mais, dans le cours de ces trois années,
il lui est venu de nombreux adhérents,
depuis surtout que le pays a jugé à ses
œuvres l'affreux régime du 16 Mai. Ce
progrès a été marqué, dans les élections
successives, toutes les fois qu'une oc-
casion s'est offerte à l'opinion de se ma-
nifester.
« Les campagnes ont compris, a dit M.
Gaston Bazille, qu'elle ne pouvaient res-
ter de côté ; le même souffle les a toutes
animées, et aujourd'hui, dans les campa-
gnes, il y a autant de républicains que
dans les villes. Pourquoi? Parce que les
cultivateurs ont compris que le gouver-
nement républicain pouvait leur donner
mieux que tout autre gouvernement la
paix, l'ordre et la liberté. La grande
pensée qui a fait tomber tant de bulle-
tins républicains dans l'urne au 5 janvier,
c'est le désir bien marqué, bien réel, de
faire cesser les conflits entre nos deux
grandes Assemblées. Nos adversaires
avaient cependant beau jeu pour lutter
contre nous : dans le département de
l'Hérault, comme dans la plupart des
départements du Midi, les populations
agricoles ont grandement à souffrir,
et on a cherché à exploiter ces souf-
frances. Beaucoup d'ouvriers se trou-
vent sans travail, les salaires ont bais-
sé de moitié. Un grand nombre ont
été forcés de s'expatrier pour gagner
leur vie loin du foyer natal. Mais ils ont
eu le bon sens de ne pas mettre sur le
compte de la République la destruction
de leurs vignobles. Il faut voir les cho-
ses de haut : la vérité, c'est que les cul -
tivateurs, les ruraux, n'ont plus voulu
qu'on les fît marcher. Ils se sont trouvés
assez grands et assez sages pour mar-
cher tout seuls, et ils ont rudement écarté
ceux qui leur barraient la route et qui
voulaient les empêcher d'arriver à leur
but, — la consolidation définitive du gou-
vernement républicain. »
Ces paroles ont été couvertes d'applau-
dissements, car chacun de nos sénateurs
aurait pu s'écrier : « C'est un tableau fi-
dèle, et voilà bien dépeints les progrès
de la République, tels que nous les avons
vus, nousaussi, dans nos départements.»
Mais il ne suffit pas de constater que
les paysans sont venus en foule grossir
le parti républicain, il faut les retenir
dans nos rangs, et on les y retiendra si
l'on comprend bien l'étendue des devoirs
qu'impose la nécessité de justifier leur
confiance. Qu'ont-ils attendu de la Répu-
blique? La paix, l'ordre et la liberté,
comme l'a dit justement M. Gaston Bazil-
le; mais, s'ils ont aspiré à ces biens poli-
tiques, c'est qu'ils espèrent que le déve-
loppement de la paix, de l'ordre et de la
liberté sera favorable à leurs intérêts ma-
tériels. Ce qu'ils demandent avant tout à
la République, c'est de leur donner un
gouvernement stable et de bonnes lois ;
c'est encore, dans les départements qui
souffrent de crises industrielles ou agri-
coles, d'apporter remède aux souffran-
ces, en tant que cela dépend de l'E-
tat. Certes, ils ne feront jamais re-
tomber sur la République la responsa-
bilité des mauvaises saisons ou des ra-
vages du phylloxéra, mais ils se croi-
raient trompés si le scrutin du 5 janvier
1879 n'avait pas ouvert une ère labo-
rieuse et tranquille, si la République, en
un mot, ne tenait pas ce qu'elle a pro-
mis. N'allons pas nous placer sur je ne
sais quelles hauteurs politiques, et n'ou-
blions pas que nous n'attacherons soli-
dement les paysans français à la Répu-
blique que par le lien des intérêts maté-
riels. Ils se sont éloignés de la coalition
des monarchistes parce qu'ils se sont dit :
«Nous n'aurons jamais un instant de tran-
quillité avec ces gens-là I » Etils sontvenus
aux républicains parce qu'ils se sont dit :
« Au moins ceux-ci s'accordent, et ils
n'auront point d'autre préoccupation, s'ils
gouvernent, que de travailler en commun
au bien du pays. » Ce que les paysans
français ont espéré, souhaité et voulu,
c'est le bon accord du ministère et des
Chambres sous le gouvernement républi-
cain. Que le ministère et les Chambres
fassent donc mutuellement ce qu'il faut
faire pour que ce bon accord se main-
tienne et dure longtemps ! -
EUG. LIÉBERT3
UNE FÊTE BALADOIRE
Vous m'arrêtez sur ce mot : une fête
baladoire ! Qu'est cela? Je vous avouerai
qu'hier je n'en savais rien encore. Je
connaissais le mot : se balader, pour
l'avoir vu figurer avec honneur dans
l'Assommoir, au milieu de quelques au-
tres d'une égale distinction. J'ignorais :
baladoire. Baladoire ne se trouve ni
dans le dictionnaire de l'Académie, ni
dans celui de M. Littré.
C'est un terme de la langue ecclésias-
tique, ainsi que vous pourrez vous en con-
vaincre en lisant cette histoire authen-
tique, que je trouve dans l'Alliance ré-
publicaine de Saône-et Loire.
La commune de Saint-Léger-sous-
Bussière possède depuis moins de deux
ans une fabrique de brosses, qui a pris
en très peu de temps une grande exten-
sion. Elle a commencé avec dix ouvriers ;
elle en occupe quatre-vingts aujourd'hui,
tant jeunes gens et jeunes filles qu'hom-
mes et femmes mariés, et comme l'usine
prospère, il est probable qu'elle pourra,
l'an prochain, donner du travail à plus
de monde encore.
Les ouvriers de la fabrique de Saint-
Léger-sous-Bussière ont adopté Sain-
te-Barbe pour patronne. C'était la fête de
la sainte ces jours derniers. Ils résolu-
rent de la célébrer avec toute ta solen-
nité qu'y mettaient jadis les anciens com-
pagnonnages, et convinrent de faire dire
une messe à laquelle ils assisteraient en
corps.
Ils nommèrent des délégués qui eurent
mission de se rendre auprès du curé de
de Saint-Léger-sous-Bussière, et de s'en-
tendre avec lui pour l'heure et le prix de
cette messe.
Mais il paraît que M. le curé eut vent
de la chose ; il prit les devants lui-même,
et il écrivit la lettre suivante au direc-
teur de l'usine :
Monsieur,
J'ai appris ce matin que les ouvriers de vo-
tre maison désirent venir me demander une
messe pour célébrer une fête.
Je ne puis acquiescer à cette demande.Votre
usine est composée de jeunes gens et de
jeunes personnes ; il y aura musique. Vous
comprenez aisément que ce serait consacrer
une fête baladoii-e,commençant par une messe,
ce que je ne puis faire.
Veuillez donc, monsieur, faire prévenir vos
ouvriers qu'ils ne comptent pas sur la messe.
Je suis persuadé, monsieur, que vous com-
prendrez les motifs sérieux qui me font agir
en cette circonstance.
Acceptez, je vous prie, etc.
E. MARCOUT,
curé.
Le directeur et les ouvriers de l'usine
furent quelque peu surpris de ce refus,
que rien ne faisait prévoir. D'autres se
seraient tenus pour battus et n'auraient
point tenté des démarches nouvelles. Ils
se seraient passés de la messe, et auraient
dès le matin commencé leur fête baladoi-
re, sans se soucier qu'elle fût consacrée
ou non.
Mais ces braves gens voulurent en
avoir le cœur net ; et il fut convenu
que l'on écrirait à M. le curé une seconde
lettre plus pressante. Elle est trop lon-
gue pour que je la cite in extenso. J'en
donne quelques extraits :
Voyons ce que serait la fête de l'usine et ce
qu'est l'usine :
L'usine, malgré une opposition que je ne
veux pas qnalifler, fait vivre 60 à 80 personnes
qui travaillent 10 à 1Z heures chaque jour
pour gagner honnêtement leur pain et celui
de la famille et qui ont droit, sachez-le bien,
monsieur le curé, au respect de tous, et sur-
tout au respect des détracteurs de l'usine.
Parmi ces derniers, il en est beaucoup qui ne
valent pas, comme Intelligence, moralité ou
travail, les ouvriers de la fabrique.
Les ateliers sont surveillés avec une rigueur
excessive. Toute infraction au règlement est
punie immédiatement et sans appel. Or, le tIr
article du règlement, affiché à chaque porte
d'atelier, dit que ni les jeunes gens ni les
jeunes filles ne peuvent, sous aucun prétexte
que ce soit, entrer, même pour une minute,
dans un autre atelier que le leur.
À l'usine, on ne travaille jamais les diman-
ches ou jours de fête. Pourrltz-vous en dire
autant de vos autres paroissiens?.
Voilà, en quelques mots, ce qui se passe à
l'usine. Vous êtes libre d'y ajouter ce qu'on
donne de bois, de débris et autres charités
faites en dehors du service.
Voyons maintenant ce que vous demandent
ces - ouvriers si coupables, si - calomniés. Ils
vous demandent une messe.
Mais, mon Dieu ! cette messe ne se refuse
nulle part. Dans toutes les villes, 11 y a des
sociétés, des corporations qui ont un saint
pour patron. Le jour de sa fête, ils se ren-
dent, musique en tête, bannière déployée, à
l'église de leur paroisse, et là, un prêtre cé-
lèbre la messe à leur Intention. Allez à Mâ-
con, allez à Cluny, et vous pourrez vous con-
vaincre de la véracité de mes paroles. Il y a
bien des sociétaires qui ne mettent que ce
jour-là les pieds à l'église.
Après la messe, Ils ont un banquet et la
fête se termine par un bal, qui, je puis vous
le certifier, monsieur le curé, n'a rien de
commun avec les bastringues que vous avez
pour votre fête patronale et que vous ne
pouvez pas empêcher. On n'entre à ce bal
qu'avec une carte personnelle et les sociétai-
res eux-mêmes veillent au maintien de l'or-
dre. Tout, en un mot, se passe honnêtement,
dismement. avec calme et respect de soi-
même et des autres. Voilà, monsieur le curé,
tout simplement ce que veulent faire les ou-
vriers de l'usine de Saint Léger-sous-Bus-
sière. En conscience, est-ce mal ? En cons-
cience, ne serait-ce pas mieux que toutes vos
fêtes communales, que, cependant, vous com-
mencez bien par une messe, et qui ne se ter-
minent pas avec autant de retenue que se
terminera celle de la fabrique ?
Le curé ne s'est point rendu à ces rai-
sons; il a persisté dans son refus. Il est
probable que c'est un petit cousin de ce
jeune prêtre, curéd'Azai, qui défendait à
ses paroissiens de danser le dimanche
sur la place de la commune.
« Le curé d'Azai, disait notre ami Paul-
Louis en son pamphlet célèbre, est un
jeune homme bouillant de zèle, à peine
sorti du séminaire, [conscrit de l'Eglise
militante, impatient de se distinguer. Il
a réussi à nous empêcher de danser ; et
bientôt il nous fera défendre de chanter
et de rire. On dit que ces jeunes prêtres,
au séminaire, sont élevés par un moine,
un frère picpus, homme envoyé des hau-
tes régions de la monarchie, afin d'ins-
truire nos docteurs, et de former les ins-
tituteurs qu'on destine à nous réformer.
Les moines font les curés, et les curés
nous feront moines. »
Les curés nous feront moines l Ils au-
ront quelque peine. Le tempérament fran-
çais y résiste. Qu'aura gagné à ce refus
le curé de Saint-Léger? Il aura prouvé
aux ouvriers de cette usine que l'on
peut célébrer honnêtement et agréable-
ment une fête de famille sans rouvrir par
une messe. Car il parait que, messe à part,
cette petite fête de famille a été char-
mante.
Il est vrai que M. le curé a enrichi la
langue d'un mot nouveau qui lui man-
quait : baladoire. On appellera fête bala-
doire toute fête où l'on se passera du con-
cours du clergé.
L'ouverture des Chambres n'est pas
encore une fête baladoire. Patience 1 cela
viendra.
FRANCISQUE SARCEY.
———————— ———————
LES SCANDALES ECCLESIASTIQUES
A propos de l'affaire du curé du Vési-
net, monsignore Maret, emmené ces
jours derniers entre deux gendarmes, on
lit dans la Défense :
La presse radicale recommence une odieu-
se campagne contre le clergé, à propos d'une
affaire scandaleuse qui serait arrivée au Vé-
sinet.
Les événements de cette nature, lorsqu'ils
sont prouTés, affligent profondément les ca-
tholiques ; ils ne les gênent pas. L'Eglise a
toujours flétri et rejeté ses enfants indignes.
Le clergé français a assez de vertus pour que
son honneur ne soit pas entaché par le dés-
honneur d'un nombre infime de ses mem-
bres.
Ce n'est pas dans notre parti qu'on trouvera
jamais les complaisances ou les silences qui
ressemblent à des compll cités.
Que chacun des ordres de l'Etat, que cha-
cun des partis politiques fasse son examen de
conscience. Quelle comparaison le clergé et
les fidèles catholiques peuvent-ils redouter ?
La discipline morale de l'Eglise ne permet
pas qu'il y ait désaccord entre les principes
et la pratique de la vie. Seule, notre Eglise
pet dire que ceux-là qui commettent des cri-
mes se rejettent par le fait même en dehors
de son sein. La Révolution en peut-elle dire
autant ?
Il y aurait bien des choses à dire sur
ces mémorables déclarations.
Que les scandales du genre de celui-ci
affligent les cléricaux, nous n'en doutons
nullement : mais qu'ils ne les gênent
pas, c'est une toute autre affaire, et la
preuve qu'ils les gênent, c'est tout juste-
ment la belle colère de la Défense contre
les journalistes qui les dévoilent.
Si le parti clérical n'était point gêné
par de semblables révélations, loin de
s'en plaindre, il remercierait ceux qui les
font ; car par la publicité même ils l'ai-
dent à chasser de ses rangs des mem-
bres indignes et qui le déshonorent.
« Ce n'est pas dans notre parti, dit la
Defense, qu'on trouvera jamais des com-
plaisances ou des silences qui ressem-
blent à des complicités. » — Eh 1 eh 1 la
Défense en est-elle bien sûre? Dans le
cas actuel, non, sans doute ; et vraiment
la tâche eût été trop difficile ; le person-
nage était trop gros et le fait s'était pas-
sé trop en pleine lumière. Mais dans les
cas ordinaires? Dans les cas ordinaires,
tout le monde sait fort bien que le parti
catholique prend grand soin au contraire
d'étouffer le plus qu'il peut les méfaits
de quiconque porte la robe; que neuf fois
sur dix les gendarmes arrivent trop tard
pour arrêter les bons pères ou les bons
frères qui ont marché sur les plates-
bandes du code pénal; qu'on fait changer
de nom aux religieux dont le nom a
perdu sa propreté baptismale; qu'enfin
l'Eglise catholique a pour maxime d'évi-
ter à tout prix le scandale. Sont-ce là,
oui ou non, des « complaisances? »
Que chacun fasse son - examen de
conscience dit encore la Défense ; nous
ne craignons aucune comparaison. — En
êtes-vous bien sûre encore, bonne Dé-
fense? Il nous semble vaguement que
l'on entend un peu plus souvent parler
de certains crimes, particulièrement abo-
minables, dans le camp qui est le vôtre
que partout ailleurs. Vous n'êtes point
indulgente pour vos adversaires, ces af-
freux libres-penseurs, messieurs les cléri-
caux ; s'ils donnaient prise contre eux,
vous ne leur feriez point de grâce ;
pourquoi donc vos catalogues sont-ils
moins riches que les nôtres — bien in-
complets pourtant, vous le savez?
Il y a des brebis galeuses partout ! Oui,
sans doute. L'humanité n'est point par-
faite. Mais encore est il bon de compter
les brebis galeuses et de regarder de
quelle gale elle sont atteintes. Une hiron-
delle ne fait pas le printemps : mais beau-
coup d'hirondelles !. Et il faut convenir
que le clergé français, si respectable
qu'il soit en beaucoup de ses membres, a
teriblement joué de malheur en ces der-
niers temps. La série à la noire ne s'ar-
rête pas.
La Défense nous apprend très-fière-
ment que la discipline de l'Eglise ordonne
à ses membres de mettre leur conduite
en accord avec leur doctrine. Parbleu 1
nous nous en doutions bien. Il est cer-
tain que monsignor Maret et autres ton-
surés ne pratiquent pas au sens de l'E-
vangile la parole de Jésus : « Laissez ve-
nir les enfants à moi. » Mais si les hom-
mes d'Eglise, en moyenne, ne mettent pas
mieux d'accord que les autres leurs doc-
trines et leurs actions, si même ils le font
moins encore, où est donc la supériorité
de l'Eglise catholique, et de quoi sert la
religion? « L'Eglise seule, dit la Défense,
a le droit de prescrire une morale. »
C'est une question !
Mais quand la Défense aurait raison
une fois en sa vie, que conclure de ce
beau privilège s'il n'en sort rien d'utile
en pratique?Il est fort indifférent à la so-
ciété qu'un libre-penseur n'ait pas le droit
d'être vertueux s'il l'est cependant, ou
qu'un catholique soit tenu d'être ver-
tueux si en fait il ne l'est pas. La Défense
nous permettra de continuer à considé-
rer comme beaucoup plus moral un ins-
tituteur laïque qui instruit honnêtement
les enfants qu'un catéchiste qui les
souille.
CHARLES BIGOT.
Le traitement des professeurs
Le Journal officiel publie ce matin le
rapport suivant du ministre de l'instruc-
tion publique au président de la Républi-
que française :
Paris, le 1er janvier 1879.
Monsieur le Président,
Les professeurs de 7' et 8* non licenciés,
pourvus d'une nomination ministérielle, ne
reçoivent que 2,500 et 3,00) fr. à Paris, et
2,000 et 2,200 fr. dans les départements,
quelle que soit l'importance du lycée. Tout
en tenant compte de la différence des gra-
des, 11 semble équitable de diviser ces fonc-
tionnaires en trois classes et de leur assurer,
comme à leurs collègues licenciés, les avan-
tages qui résultent du classement des lycées
par catégories et de la durée de leurs ser-
vices. Leur traitement maximum, qui, au-
jourd'hui, ne peut dépasser 2,200 fr. dans les
départements, serait porté à :
2,400 francs dans les lyaée3 de 4* catégorie;
2,500 francs dans les lycées de 2e catégorie;
3,200 francs daus les lycées de ira catégorie.
A Paris, 11 s'élèverait de 3,000 à 3,700 francs,
Le décret ci-joint, que j'ai l'honneur de sou-
mettre à votre approbation, a pour but de
réaliser ces améliorations et de répondre en
même temps aux vœux exprimés par les
Chambres. -
Veuillez agréer, monsieur le président,
l'hommage de mon profond respect.
Le ministre de Vinstruction publique,
des cultes et des beaux-arts,
A. BARDOUX.
Ce rapport est suivi du décret conforme que
voici :
Article fer. — Les professeurs chargés de
cours des classes élémentaires de 7° et 8' non
licenciés, pourvus d'une nomination ministé-
rielle, sont divisés en trois classes et leurs
traitements sont fixés de la manière sui-
vante :
Lycées de Paris, de Vanves et de Versailles :
lre classe, 3,700 fr.; 2° classe, 3,200 fr.; 38 clas-
se, 2,700 fr.
Lycées des départements :
1ro catégorie : ire classe, 3,200 fr.; 28 classe,
2,700 fr.; 3* classe, 2,400 fr.;
2' catégorze: lre classe, 2,700 fr.; 28 classe,
2,300 fr.; 3e classe, 2,100 fr.;
3° catégorie : lre classe, 2,500 fr.; 29 classe,
2.200 fr.; 3d classe, 2,000 fr.
4e catégorie : ire classe, 2,400 fr.; 28 classe,
2,100 fr.; 3* classe, 2,000 fr.
Art. 2. — Le ministre de l'instruction publi-
que, des cultes et des beaux-arts, est chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 1er janvier 1879.
INFORMATION
t
Le conseil des ministres s'est réuni hier
matin à l'Elysée, sous la présidence de M.
le maréchal de Mac-Mahon.
Un grand nombre de décrets ont été si-
gnés dans cette séance.
Tous les mouvements qui doivent avoir
lieu ne sont pas encore terminés ; celui du
ministre des finances seul l'est complète-
ment.
Sept trésoriers-payeurs généraux sont
remplacés.
M. Marmottan, président du conseil
d'administration des mines de Bruyas et
des houillères de l'Aveyron, est nommé au
poste de trésorier-payeur général du dé-
partement de la Gironde.
M. Fabre, préfet de la Savoie, est nom-
mé trésorier-payeur général de la Corrèze.
M. de Potier, trésorier-payeur général
du Tarn, est nommé trésorier-payeur gé-
néral de Seine-et-Marne, en remplacement
de M. Baroche.
M. le vicomte de Bergouen, trésorier-
payeur général de la Haute-Garonne, est
remplacé.
M. Rouland reste à son poste.
Les mouvements administratiîs ne pa-
raîtront que lundi au Journal officiel, les
ministres voulant que les personnes révo-
quées soient prévenues par lettres et n'ap-
prennent pas leur remplacement par le
Journal officiel.
L'agence Havas nous communique la
note suivante :
On pense que le mouvement relatif aux
procureurs généraux paraitra vers le mi-
lieu de la semaine prochaine.
Des offres nouvelles doivent être faites
à M. Le Royer, sénateur, pour lui faire ac-
cepter le poste de procureur général à la
cour de cassation.
Le président de lA République a signé
les décrets décidant le remplacement des
procureurs généraux ;
A la cour de cassation (M. de Raynal),
aux cours de Paris) M. Imgarde de Leffem.
berg), d'Angers (M. Duchataignier), de
Bordeaux (M. de Gabrielli), de Lyon (M.
Beaune), et de Dijon (M. Boissard).
Le nom du successeur de M. Imgarde
de Leffemberg n'est pas encore définitive-
ment arrêté.
L'affaire Bastien ne sera appelée que
dans quinze jours à la cour de cassa-
tion.
Il est certain aujourd'hui que ce magis-
trat, dont la scandaleuse affaire a eu, il y
a quelques mois, une si triste célébrité,
est révoqué.
Il sera remplacé, comme président de
chambre à Alger, par M. Saut eyra, conseil-
ler à la cour.
M. Sauteyra est républicain ;
Le décret nommant M. Hérold préfet
de la Seine a été signé hier en conseil des
ministres.
M. Tambour, secrétaire général, suivrait
M. Duval dans sa retraite.
Bien qu'elle n'ait pas paru hier matin
au Journal officiel, la nomination, au rec-
torat de Grenoble, de M. Capmas, est défi-
nitivement arrêtée. Le retard dans la pu-
blication de l'arrêté est dû simplement à
ce que M. Capmas n'a pas encore envoyé
son aceptation.
Le ministre de l'instruction publique
vient de supprimer les fonctions de sous-
directeur de l'enseignement primaire. Le
titulaire de cet emploi était M. Fontaine
de Resbecq, dont les opinions réaction-
naires sont bien connues.
M. Bardoux vient de terminer une im-
portante circulaire sur l'organisation des
bibliothèques populaires, ayant pour ob-
jet de les affranchir en grande partie de
la tutelle administrative.
Le projet de loi sur les conseils supé-
rieurs est terminé. Il sera déposé à la fin
de la semaine.
D'après ce projet, le conseil supérieur
actuel serait remplacé par deux conseils :
un « conseil universitaire » et un « con-
seil de l'enseignement libre », dont les
attributions et le recrutement seraient
absolument distincts.
Un mouvement Important dans le per-
sonnel des inspecteurs d'académie doit
paraître d'ici peu de jours.
La République française annonce la
mise en disponibilité de quatre chefs de
corps : le général Bourbaki, à Lyon ; le
général Bataille, à Orléans ; le général
Renson, à Montpellier ; le général de Lar-
tigue, à Limoges.
Le motif de la mesure prise à l'égard
du général Bourbaki se comprend de lui-
même.
Le général Bataille était l'un des plus
dociles amis de M. Dupanloup.
Le général Renson commandait des
troupes pour la première fois dans sa car-
rière. Jusque-là, il avait gagné tous ses
grades dans les bureaux du ministère, où
il exerçait une véritable dictature, au
grand bénéfice de la réaction. Pour éloi-
gner ce tout-puissant bureaucrate, on
n'avait rien imaginé de mieux que de lui
donner libéralement, en manière de com-
pensation, un corps d'armée.
Pour le général de Lartigue, on n'a
point oublié le triste incident de Limoges
(major Labordère et général de Bressol-
les), encore inexpliqué, mais qui,en tous
cas, jette un jour rien moins que favo-
rable sur la façon dont le 12a corps était
moralement dirigé par le titulaire actuel.
Nous lisons dans la République fran-
caise :
« Par décision du ministre de la guerre
en date du 15 janvier, M. le comte de Bas-
tard, colonel d'état-major disponible et
sénateur destitué par les électeurs de Lot-
et-Garonne, a été nommé à l'emploi de
chef d'état-major général du 17e corps d'ar-
mée. La faveur est d'autant plus caracté-
risée que, dans ce corps, l'emploi a tou-
jours été occupé jusqu'à présent par un
général. Mais il y a quelque chose de plus
grave : le 17e corps d'armée, dont le quar-
tier général est à Toulouse, comprend
dans sa circonscription le département de
Lot-et-Garonne ; pour quiconque sait
quelles sont les attributions, quels sont
les moyens d'action d'un chef d'état-major
qui a la main non-seulement sur l'armée
active, mais sur l'armée territoriale et la
gendarmerie, il y a quelque chose de cho-
quant, pour nous servir d'un terme affai-
bli, à voir ces fonctions dévolues à un of-
ficier qui n'est pas seulement un adver-
saire « déclaré » du gouvernement, mais
qui était la veille candidat malheureux
dans le rayon même du commandement
où son autorité va s'exercer, et qui aura
en face de lui des populations contre les-
quelles il a les griefs habituels aux candi-
dats évincés. Aussi la nouvelle de cette
nomination renversante a-t-elle causé une
émotion bien légitime et soulevé des pro-
testations dont il nous est impossible,
quant à nous, de désapprouver la viva-
cité. »
Par décret du président de la Républi-
que en date du 24 janvier 1879, rendu sur
la proposition du ministre de la guerre
M. Davoust (Làopold- Claude - E tienne-ju-
les-Charles), duc d'Auerstaedt, général de ,
division commandant la f38 division d'in* <
fanterie, a été nommé chef d'état-maJoF:.
général du ministre de la guerre.
Par décret du président de la Républi-
que on date du Si Janvier 1GTO, rendu gup
la proposition du ministre de la guerre
un deuxième emploi de sous-chef d'état-
major général a été rétabli au ministère
de la guerre.
Par le même décret, M. Fay (Charles^
Alexandre), général de brigade, a été
nommé à cet emploi.
Par décret en date du 24 Janvier 1879
rendu sur la proposition du ministre de
l'instruction publique, des cultes et des
beaux-arts, M. Lespiault, professeur à la
Faculté des sciences de Bordeaux a été
nommé recteur de l'académie de Bordeaux
en remplacement de M. Zévort, nommé
vice-recteur de l'académie de Paris.
Par décrets en date du 16 janvier 1879
rendus sur la proposition du ministre de
l'instruction publique, des cultes et des
beaux-arts, ont été nommés pour cinq
ans :
Astronome directeur de l'Observatoire
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