Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-01-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 20 janvier 1879 20 janvier 1879
Description : 1879/01/20 (A9,N2588). 1879/01/20 (A9,N2588).
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Neuvième Annie, ~N?2§$8. Pip; du Sumérg à r.a.ris. i iâ 1 Çgnj^^-r I),épar!mnl : 20 Centimes. Lundi 20 Janvier 1879,
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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BULLETIN
Paris, 19 Janvier 1879.
Le traité définitif entre la Russie et la
Turquie n'est pas encore signé. Toutefois,
le Times affirme qu'une seule séance suf-
fira désormais pour. terminer les négo-
ciations.
Rien ne semble décidé encore par les
puissances relativement à l'occupation de
la Roumélie orientale. Le correspondant
berlinois du Times a affirmé que l'occupa-
tion russe devait se prolonger pendant
tout le temps que dureraient les travaux
de la commission internationale. Le cor-
respondant viennois du Daily News as-
sure, au contraire, que les gouvernements
d'Autriche et d'Angleterre ont refusé de
consentir à une prolongation du séjour
des Russes dans la Roumélie.
Sir M. Hicks-Beach, ministre des colo-
nies, vient de prononcerjun nouveau dis-
cours sur la politique orientale du gouver-
nement. Il a pris, cela va sans dire, la dé-
fense du cabinet. Il a exprimé la conviction
que le traité de Berlin serait complète-
ment exécuté. Le ministre a déclaré que
les relations de l'Angleterre avec toutes
les puissances de l'Europe sont aussi sa-
tisfaisantes que possible. Quant à la guerre
de l'Afghanistan,il la considère comme ter-
minée. Le ministre a peut-être raison au
point de vue militaire, mais il est à crain-
dre qu'il soit bien difficile pourles Anglais
d'arriver de ce côté à une solution absolu-
ment satisfaisante.
Sir M. Hicks-Beach a abordé ensuite un
point fort intéressant de la politique com-
merciale de l'Angleterre. Il croit que l'in-
dustrie anglaise a perdu de nombreux dé-
bouchés sur les marchés de l'Europe et de
l'Amérique, mais il espère que le conti-
nent africain sera bientôt ouvert tout en-
tier aux négociants de l'Angleterre- En
tout cas il a déclaré que le gouvernement
ne négligera rien pour amener ce réultat.
E. BARBIER.
———— ————.
"c'u.r..- de J~~WâiS
fusses fîooj&ss m ,uH
5 0/0. 113 fr. 25, 23 3/4, 25.
Turc 11 fr. 40.
Egypte .s. 251 fr. 87, 250 6î.
Russe 1.877. 85 fr. 7/8, 3/4.
Florins 641/8, 3/L6,
Italien 73 fr. 9o.
— : — *
Nous ne nous chargeons pas — au-
jourd'hui, du moins — d'expliquer les
causes de l'agitation où vit le monde par-
lementaire depuis huit jours. La situa-
tion est ce qu'elle est, et les récrimina-
tions contre ceci ou cela n'y changeraient
rien. Nous aimons à croire que la Cham-
bre a suffisamment réfléchi sur les consé-
quences de l'interpellation qui sera dé-
battue demain. Nous voudrions bien que
le cabinet, pendant les vingt-quatre heu-
res qui nous restent, y songeât aussi,
car, si nous devons être jetés dans les
hasards d'une crise ministérielle, le ca-
binet en sera responsable autant que la
Chambre. C'est toujours une faute, quand
on est au gouvernement, de ne savoir
point faire les sacrifices nécessaires pour
y demeurer.
Quand nous parlons de sacrifices, il est
bien entendu qu'il ne s'agit que de sacri-
fices honorables et que l'on ne demande
point au ministère de commettre des ac-
tes indignes de lui pour se sauver. Que
veut donc la Chambre? et quels sont
pour le cabinet les moyens de la désar-
mer ? Nous avons entendu plusieurs dé-
putés et nous avons lu beaucoup de
comptes-rendus de réunions parlemen-
taires ou d'articles de journaux où se
reflètent les opinions de la majorité. Nous
y avons constaté à la fois un grand cha-
grin et une grande résolution de renver-
ser le ministère, si le ministère ne sous-
crit point à certains changements dans
le personnel réputés urgents et indispen-
sables. La sentence du cabinet sera pro-
noncée par un certain nombre de répu-
blicains, comme la dissolution fut na-
guère votée par quelques sénateurs, « la
mort dans l'âme. » Mais, de quèlque fa-
çon et dans quelque sentiment qu'on le
renverse, le cabinet n'en sera pas moins
renversé.
Est-ce un résultat désirable? Non, cer-
tes, et nous l'avons déjà dit à la Cham-
bre. Que le cabinet nous permette de le
lui redire à son tour 1 Quand même la
Chambre aurait porté sur la politique
ministérielle le jugement le plus faux et le
plus injuste du monde, ce ne serait qu'une
raison de plus pour le cabinet d'essayer
de la ramener, de la persuader, de la
convaincre, et, si on le veut bien, la tâ-
che sera beaucoup plus facile qu'on ne
croit. M. Thiers a su gouverner plus
de deux ans avec l'Assemblée la moins
maniable qui se soit jamais rencontrée
en France. La Chambre actuelle, au con-
traire, ne demande qu'à donner au gou-
vernement le concours le plus empressé,
le Dius confiant, en échange de quelques
concessions faites à propos.
Et quelles concessions? Regardez, prê-
tez l'oreille, informez-vous, et vous ver-
rez que ce qui lui tient à cœur, c'est que
justice soit faite enfin des fonctionnaires
hostiles à la République. Réclame-t-elle
des hécatombes? exige-t-elle qu'on des-
titue du jour au lendemain trente mille
fonctionnaires de tout ordre, sans qu'on
ait seulement un nouveau personnel pré-
paré d'avance à les remplacer ? Non, ce
n'est point cela que veut la Chambre ;
mais elle est convaincue seulement qu'il
est temps que plusieurs grands scan-
dales cessent et qu'il soit fait de nota-
bles exemples, surtout dans les rangs les
plus élevés. M. Dufaure ignore-t-il ce que
sont la plupart des procureurs généraux
de la République, et le rôle odieux, inso-
lent qu'ils ont joué durant le régime du
16 Mai? Nous citons cet exemple-ci
parce qu'il est le plus topique. Au nom
de quel grand intérêt public le garde des
sceaux s'obstinerait-il à couvrir de tels
fonctionnaires? Et à supposer que la
Chambre eût tort de souhaiter impa-
tiemment ces révocations, pourquoi ne
pas sacrifier des victimes si peu dignes
d'intérêt, quand on sait qu'au prix de ce
sacrifice la crise ministérielle serait con-
jurée?
La bonne politique parlementaire ne
consiste point à heurter les opinions, les
sentiments, les préventions même d'une
Chambre; elle consiste à les ménager,
quand on le peut faire (et c'est le cas
actuel) avec honneur et dignité.
EJJG. LIÉBERT.
Réunions parlementaires
La gauche républicaine de la Chambre s'est
réunie hier depuis trois heures jusqu'à six heu-
res dans la salle du boulevard des Capucines,
sous la présidence de M. Pascal Duprat d'a-
bord, et de M. Albert Grévy ensuite.
Voici le procès-verbal de cette réunion :
« La gauche, en raison de l'importance du
groupe, dont les membres sont aujourd'hui
au nombre de 242, a décidé que le comité-
directeur, qui était précédemment composé de
4 membres, serait désormais de 8 membres ;
et que le nombre des secrétaires serait porté
de 2 à 4.
» La réunion, après avoir pris cette déci-
sion, a procédé à l'élection de son bureau.
» Voici les résultats des divers scrutins :
« Président : M. Albert Grévy, par 79 voix
sur 83 votants.
» Vice-présidents : MM. Bernard-Lavergne,
48 voix, et Rameau, 41 voix, contre 25 voix à
M. Jules Ferry et 18 à M. Jozon.
» Secrétaires : MM. Camille Sée, Frémiaet,
Falllères, Hémon.
» Membres du comité ^directeur : MM. Jules
Ferry, Noël-Parfait, Pascal Duprat, Langlois,
Varambon, Tirard, Nlnard, Villain.
» Questeurs: MM. Margaine et Lévêque.
» M. Albert Grévy, en prenant place au fau-
teuil de président, a prononcé l'allocution sui
vante :
» Mes chers collègues, 11 est d usage que le
» nouveau président adresse à la réunion qui
» vient de l'élire, d'abord ses remerciements,
» ce qui n'est que l'accomplissement d'un
» devoir bien doux, ensuite un discours sur
» la situation politique.
» Cette seconde partie du programme, je
» vous prie, messieurs, pour des raisons que
» vous saurez comprendre, par des consilé-
» rations de haute convenance, de me per-
» mettre de l'ajourner.
« Quant à ma gratituie, mes chers collè-
» gues, ai-je besoin de l'exprimer? Pourrais-
» je n'être pas profondément touché du nou-
» veau témoignage d'estime et de confiance
» dont vous voulez bien m'honorer? Je m'ef
>» forcerai, messieurs, par mon zèle et mon
» dévouement, de n'être pas trop indigne de
» la haute mission que vous m'avez con-
» fiée. »
* Cette allocution a été accueillie parles ap-
plaudissements unanimes de la réunion.
» La gauche républicaine a repris alors la
suite de la délibéraion commencée la veille.
Après une discussion approfondie elle a con-
firmé sa résolution sur l'insuffisance des dé-
clarations ministérielles luas à la tribune.
» Puis elle a décidé qu'elle attendrait les
explications du gouvernement et elle a con-
fié à son bureau le soin de rédiger l'ordre du
jour que ces explications comporteront. »
Les orateurs qui ont pris part à la discus-
sion sont MM. de Sonnier, Fréminst, Bernard,
Corentin Guyho, Leliè vre et Albert Grévy.
•
* m
Une réunion des sénateurs nouvellement
élus a eu lieu Immédiatement après la séance
de vendredi dans un des bureaux du Sénat.
Dans cette réunion une discussion ou plutôt
une conversation s'est engagée entre « les
nouveaux », comme on les appelle dans les
couloirs, au sujet du message et des éven-
tualités de crise miuistérielle. Tous les mem-
bres présents, quoique appartenant à des
groupes différents de la gauche, ont paru d'a-
vis qu'une profonde réforme du personnel était
impérieusement exigée par l'opinion publi-
que et les vœux unanimes des électeurs, et
aussi que le ministère ne devait pas être ren-
versé, mais, au contraire, mis en état de réa-
liser ce programme. 11 a été bien entendu que
cette réunion tout à fait amicale ne séparait
en aucune façon les nouveaux sénateurs de
leurs collègues, et que chacun des assistants
était seul juge de la façon dont il ferait con-
naître à ses amis du Sénat et de la Chambre
le sentiment unanime de la réunion.
* *
Ainsi que nous l'avons dit hier, avant la
séance publique du Sénat, le centre gauche
de cette assemblée s'est réuni hier à Versail-
les pour procéder au renouvellement de son
bureau.
A l'unanimité, la réunion a élu M. Feray,
président; MM. Corne et Rabart dq Massy,
vice-présidents ; Honnoré et Gustave Denis,
secrétaires. Ces trois derniers sont des nou-
veaux élus du 5 janvier. M. Dauphinot a été
maintenu questeur.
MM. Calmon, le comte Rampon et Bertauld,
anciens présidents, continueront à faire par-
tie du bureau.
M. Feray, en prenant possession du fau-
teuil, a prononcé l'allocution suivante, qui a
provoqué de fréquents applaudissements. La
dernière partie de ce discours a été accueillie
par une chaleureuse et unanime approba-
tion : -
« Messieurs et chers collègues,
» En appelant à l'honneur de vous présider
un de vos collègues qui, dans l'Assemblée na.
tlonille, a contribué à la fondation du centre
gauche, vous avez vonlu montrer que vous
revendiquiez comme un glorieux héritage les
actes de cette réunion politique. Vous avez
voulu montrer que les sentiments de modé-
ration, de fermeté, de dévouement au pays,
de respect pour la volonté nationale qui n'ont
pas cessé de l'inspirer, que ces sentiments,
dis-je, sont aussi les vôtres.
» Le centre gauche de l'Assemblée nationa-
le était formé d'hommes honorables et indé-
pendants, que leurs antécédents n'appelaient
point vers la République. Ils ne méritèrent
que mieux le titre de bons citoyens, lorsqu'ils
reconnurent, à 1 exemple de l'illustre M.
Thiers, que la forme républicaine était la
seule sous laquelle la France, divisée par
tant de partis, pouvait espérer se relever et
voir après tant de malheurs luire pour elle
des jours de paix et de prospérité.
» Une fois que cette conviction se fût empa-
rée du centre gauche, toutes ses pensées, tous
ses efforts furent dirigés vers l'établissement
définitif du gouvernement républicain. Il tra-
vailla sans relâche pour que la République,
qui était le gouvernement de fait,devint aussi
le gouvernement de droit.
» A cette tâche glorieuse, combien ont suc-
combé de nos chefs les plus aimés et les plus
respectés 1
» Charles Rivet, qui, par sa haute capacité
et l'honorabilité de son caractère, exerçait
une si grande influence sur nos décisions.
» Ricard, à peine connu avant 1870, et dont,
six ans après, la mort fut un deuil public.
» Casimir Pérler, digne fils du grand ministre
de Louis-Philippe, et sur qui la France fon-
dait tant d'espérance!.
» Messieurs et chers collègues, vous qui
avez fait partie du centre gauche de l'Assem-
blée nationale, et que nous sommes si heu-
reux de revoir parmi nous, et vous aussi qui
venez aujourd'hui vous joindre à nous pour
travailler en commun au bien du pays, j'ai
pensé que tous vous me sauriez gré d'avoir
rendu hommage à ces grands citoyens, l'hon-
neur non-seulement de ce groupe polilique,
mais de la France entière.
» Fidèles à leurs traditions, animés par leur
exemple, dans les moments les plus difficiles
nous n'avons jamais perdu courage. Nous
sentions que le pays était avec nous. Le 24
mal, le 16 mal nous ont trouvés à notre poste,
Invincibles par notre fermeté et notre mo-
dération. Aux illégalités que ces ministères
néfastes ne se sont pas fait faute de com-
mettre, nous avons répondu par le respect
des lois.
» Toutefois, messieurs et chers collègues, ne
regrettons pas ces dures épreuves; c'est à
elles que nous devons les sentiments d'esti-
me, de confitlce, qui ont créé entre les gau-
ches de l'Assemblée nationale d'abord, entre
les gauches sénatoriales ensuite, cette unioa
indissoluble à laquelle nous devons l'établis-
sement définitif de la République.
» Au 5 janvier, le pays, consulté, a voté, en
masse pour les républicains, parce qu'il est
convaincu que la République, qui n'est pas
sortie de la modération lorsque son existence
était en jeu, sera sage et modérée en raison
même de sa force.
» Les élections du 5 janvieront assuré l'ordre
dans le gouvernement et la paix dans le pays;
le désaccord avait lieu entre le ministère et le
Sénat ; ce désaccord n'existera plus, l'harmo-
nie serarétablie sans que le Sénat aliéna en
rien son indépendance.
» Le résultat des dernières élections a été
de substituer une Chambre de contrôle à une
Chambre de confllts.
» L'esprit du Sénat sera tout aussi conser-
vateur, mais il sera aussi républicain.
» La France veut l'ordre et la liberté; elle
veut la sécurité et la stabilité. Ces biens si
chers, indispensables à son existence, le Sé-
nat est fermement décidé à les lui maintenir.
» Quaat au ministère, qui est composé
d'hommas dévoués à la République, n'ayant
plus désormais devant lui au Sénat une ma-
jorité hostile, devenu libre dans ses allures,
comme l'a si bien dit moa honorable prédé-
cesseur, M. Cilmon, le 13 janvier, dans la
réunion plénière des gauches sénatoriales, il
lui sera permis d'avoir cette unité cette fermeté
de direction et d'action qui doivent être le pro-
pre d'un cabinet solidaire et responsable; et,
dans cette vole, 11 aura notre concours le plus
sympathique.
» Depuis que M. Calmon a prononcé ces
paroles aux applaudissements de tous ses col-
lègues, M. le garde des sceaux est venu ex-
poser à la tribune du Sénat le programme du
ministère. Je ne crains pas de dire que ce pro-
gramme donne satisfaction à l'esprit à la fois
libéral et modéré qui a dicté les élections du
5 janvier ; je ne crains pas de dire qu'il répond
aux justes exigences de l'immense majorité
du pays.
» La France a besoin de repos; l'agricul-
ture, le commerce et l'industrie le réclament
à grands cris pour pouvoir panser lenrs plaies
si profondes. Si tous les travailleurs pou-
vaient faire entendre leurs voix dans les
Chambres françaises, ils les conjureraient de
ne pas précipiter le.pays dans de nouvelles
agitations, dans une crise qui, pour beaucoup
d'entre eux, serait désastreuse.
Dans ces circonstances, le centre gauche du
Sénat a son devoir tracé.
» Nous voulons aujourd'hui ce que nous
avons toujours voulu, la grandeur de la Ré-
publique que nous avons contribué à fonder,
le bonheur et la prospérité de notre chère pa-
trie. Notre mission est non pas d'ébranler,
mais d'affermir.
» Confiants dans les déclarations ministé-
rielles et convaincus que les actes suivront de
près les promesses, nous soutiendrons loya-
ment la politique du cabinet. »
A. L.
■ 11 ■ I
QUEL EST DONC CE MYSTÈRE ?
J'étais ces jours passés en province, et
chacun se félicitait de toucher au port. Et
voilà.que nous sommes menacés, tout au
moins, d'une quarantaine. Je reçois lettres
sur lettres qui me demandent ce qu'on
veut ; où nous allons ; pourquoi cet effa-
rement au lendemain de la victoire ? Qu'il
me soit permis de répondre ici à mes
correspondants :
Nous admettons qu'un souverain consti-
tutionnel qui règne et ne gouverne pas
ne se compromette ni avec les bleus ni
avec les blancs, puisqu'il peut avoir affaire,
le cas échéant, à un parlement passant du
blanc au bleu, et prononce un de ces dis-
cours d'ouverture des Chambres que cha-
cun est libre d'interpréter suivant ses
tendances, permettant à ceux qui veulent
marcher en avant de croire qu'on ne
restera pas dans l'immobilité et, aux re-
tardataires, qu'on ne les poussera pas l'é-
pée dans les reins.
Un discours ainsi rédigé est correct;
c'est la tige de la balance qui ne saurait
varier, quelle que soit la position des pla-
teaux. Mais, quand il n'y a pas de trône
- et nous supposons qu'après les mani-
festations du suffrage universel la chose
est entendue — quand le pays affirme la
République, nous ne comprenons pas
comment ceux qui sont appelés à l'hon-
neur de le gouverner, auraient la singulière
prétention de se tenir dans cette atmos-
phère d'impartialité souveraine qui peut
convenir à la reine du Royaume-Uni, mais
qui n'est point justifiée, après le vote du
5 janvier.
Le pays, las d'être à la merci d'un per-
sonnel administratif qui depuis sept ans
met des bâtons dans ses roues, espérait
cette fois en finir: les députés et les séna-
teurs # nouvellement élus sont revenus
l'esprit rempli des réclamations sans nom-
bre de leurs électeurs; ils pouvaient s'at-
tendre à une déclaration du gouverne-
ment nette puisqu'il paraissait certain
que ce gouvernement n'attendait que cette
manifestation solennelle du pays pour en-
trer résolûment dans la voie;:des réfor-
mes.
Mais il arrive que le programme du mi-
nistère est rédigé de telle sorte qu'on ne
peut affirmer qu'il satisfasse même ceux
qui ont pris la peine de l'écrire. C'est un
travail de mosaïque. Tel paragraphe ou-
vre une porte que le paragraphe suivant
referme. A chaque énoncé d'une applica-
tion de principes, s'ajoute une clause ex-
ceptionnelle qui en atténue la portée.
Pas un mot sur la magistrature, sur l'en-
seignement laïque réclamé partout. Cela,
pourtant est long comme une Chronique
de la Revue des Deux-Mondes ou comme
tout discours qui prétend ne rien dire.
L'honorable M. de Marcère, en lisant ce
programme collectif, a dû éprouver ce ma-
laise qui saisit l'orateur s'adressant à un
auditoire désappointé. On attendait une
déclaration ferme, au moins sur les points
qui touchent plus particulièrement aux
intérêts du pays, et on entendait un dis-
cours du trône, assez médiocrement ré-
digé.
Nous eussions compris qu'au lendemain
du 5 janvier, le ministère eût remis sa dé-
mission entre les mains du maréchal pré-
sident de la République en disant :
« Nous avons été appelés à louvoyer en
des temps difficiles et alors que, dans le
parlement, il y avait antagonisme. Ni la
Chambre, ni le Sénat ne sont tenus de
savoir si nous penchions d'un côté ou de
l'autre. Notre attitude ambiguë était la
conséquence du milieu où il nous fallait
vivre, nous attendons ce que le parlement
désormais uni décidera, et si, oui ou non,
il croit à notre dévouement71 à la majo-
rité. -. -
Mais, du moment que le ministère con-
servait ses portefeuilles, on devait ad-
mettre qu'il était résolu à aller au devant
des intentions formelles de la majorité,
et alors son programme était limpide
comme eau de roche, ces intentions n'é-
tant un mystère pour personne.
Il est donc regrettable qu'il ait cru, dans
les circonstances présentes, devoir conser-
ver, à peu près, l'attitude qu'il avait été
contraint de prendre depuis le 14 décem-
bre 1877, car, il n'était, il y a trois jours
encore, entouré que de bons vouloirs, et
les élections sénatoriales le débarrassaient
de ses entraves.
Si le ministère tombe — ce qu'au fond,
personne ne désire — c'est qu il se sera
suicidé. Les éiecieurs ont cru, en envoyant
une majorité républicaine au Sénat, don-
ner à ce ministère l'appui nécessaire pour
accomplir enfin les réformes dans le per-
sonnel, réclamées par les départements.
Il n'est donc pas surprenant que la pro-
vince ne comprenne rien à ce qui se pas-
se. Elle demande le mot de l'énigme, et
quelle est la mauvaise fée dont le pouvoir
met à néant tous ses efforts pour fonder
une République gouvernée et administrée
par des hommes qui ne conspirent pas
contre elle et qui ne traquent pas les ré-
publicains.
Bonnes gens 1 sachez donc que s'il est
difficile de se faire de bonnes et soli-
des relations, il l'est bien davantage de se
débarrasser des manvaises. Or, il faut l'a-
vouer, le gouvernement de la République
a grand peine à se détacher de ces der-
nières. Et nous pensons que si le minfs-
tère se jette à l'eau, quand personne ne
l'en prie, c'est pour n être pas contraint
de noyer de ses propres mains ce tas de
mauvaises connaissances qui ont pris pied
autour de lui.
E. VIOLLET-LE-Duc.
» .■
NOS PRÉFETS
A Rom, commune des Deux-Sèvres,
meurt il y a quelques jours un enfant,
qu'on n'avait pas eu le temps de baptiser
encore.
, Le curé, bien entendu, refuse de l'ad-
mettre à l'église et de le conduire au ci-
metière.
Cela c'est son affaire ; il est dans son
droit; le prêtre est libre de disposer des
sacrements, comme il lui convient dans
son église, il est chez lui.
Mais le cimetière ne lui appartient pas,
Le cimetière est un terrain communal,
dont le maire seul a la disposition, en se
conformant aux lois.
Or, que fait le curé de Rom ?
Il ordonne qu'à ce pauvre petit être,
condamné aux flammes éternelles parce
qu'on n'a pas eu le temps de lui jeter un
peu d'eau sur la tête, il soit creusé une
fosse dans ce coin du cimetière qui est
réservé aux malfaiteurs, par cela même
réputé infamant.
Les parents s'indignent, ils en appel-
lent au maire.
Le maire donne aussitôt contre-ordre.
Il fait creuser près des sépultures de la
famille une nouvelle fosse, destinée à
l'inhumation de l'enfant, qui reposera
ainsi au milieu des siens. En même
temps, il avise de la mesure prise par lui
le sous-préfet de son arrondi&sement, qui
lui répond qu'il a parfaitement agi, et
dans les strictes limites de son droit.
L'enterrement a lieu, malgré les pro-
testations du curé, dans l'endroit désigné
parle maire, mais il faut croire que
l'homme de Dieu a porté ses plaintes en
lieu plus haut, car voici la lettre que le
maire reçoit du préfet des Deux-Sèvres.
J'en donne copie textuelle :
Niort, le 9 décembre i878.
Monsieur le maire,
Je suis informé que vous avez l'intention de
faire inhumer dans la partie de votre cime-
tière réservée aux catholiques un enfant mort
né. CELA NE SE DOIT PAS, la question ayant été
tranchée par un avis du comité de l'intérieur
en date du 29 avril 1831. Je vous prie en con-
séquence de ne pas donner suite à votre pro-
jet.
Signé : COTELLE.
Qu'est-ce que c'est que cet avis du co-
mité de l'intérieur ? personne n'a pu me
le trouver. En tout cas, est-ce qu'un avis
a force de loi ?
Le Bulletin officiel du ministère de
l'intérieur, n028, page 567, dit en termes
formels que : « la législation ne permet
pas des lieux spéciaux pour l'inhumation
des suicidés, noyés ou autres. »
Et ici le bon sens est d'accord avec la
loi.
Quoi ! cet enfant ne pourra pas être
enterré dans le caveau de sa famille, ou
reposer près de sa mère, parce qu'on
n'aura pas eu le temps de le baptiser?
Cela est révoltant et abominable.
Savez-vous bien qu'on a été obligé
d'exhumer ce malheureux enfant et de
jeter son cadavre, loin des siens, dans ce
coin de cimetière où s'attache, à tort ou
à raison, peu importe, une idée d'in-
famie?
Le maire avait pour lui, dans cette af-
faire, la loi, la raison, les bienséances.
Le curé a mis de son côté M. le préfet.
Décidément il faut que la Chambre
nouvelle vote sur cette irritante question
des cimetières une loi nette et claire, qui
tranche ces difficultés et ne laisse plus de
place aux interprétations fausses.
FRANCISQUE SARCEY.
e
Décoré pour travaux exceptionnels
Le Journal officiel nous apprend la
nomination de M. de Panthou, procureur
général à Agen, comme chevalier de la
Légion d'honneur.
Lorsque M. de Panthou a été nommé
procureur général, nous avons voulu
croire que M. Dufaure avait été trompé,
et nous lui avons signalé ce que nous
avons appelé une erreur de sa part.
Nous avons fait connaître à cette occa-
sion que M. de Panthou, 2° avocat général
à Caen, membre des cercles catholiques
et actionnaire du journal réactionnaire le
Moniteur du Calvados, s'était signalé
dans cette ville d'une manière exception-
nelle par l'ardeur de son cléricalisme et
la violence de ses opinions anti-républi-
caines.
Il avait fourni au gouvernement du
16 mai un concours empressé et contribué
pour .une large part au triomphe de la
réaction qui a éliminé du Calvados tous
les députés républicains.
Pour le récompenser de son zèle et de
ses services exceptionnels, M. de Broglie,
qui avait songé d'abord à le nommer pro-
cureur général à Orléans, le nomma pro-
cureur à Nantes, avec promesse d'une pro-
motion prochaine à un poste de procureur
général.
A Nantes, on ne fut pas jaloux de con-
server ce produit du 16 mai, et M. Du-
faure, comme s'il eût été chargé de tenir
les promesses de M. de Broglie, nomma,
au bout de quelques mois, M. de Panthou
procureur général à Agen.
Afin d'éclairer M. le garde des sceaux
sur le choix qu'on lui avait fait faire, nous
avons publié des extraits de l'ouvrage uni-
que de M. de Panthou, intitulé : Etudes
de législation comparée.
Dans est ouvrage, M. de Panthou af-
firme d'abord que, « sans la bénédiction
d'en haut et sans l'intervention de la re-
ligion, il n'est pas sous le toit domestique
de paix durable et de solide garantie de
bonheur » -
« Veut-on, dit-il, absolument subor-
» donner, en matière de mariage, la loi
» civile et ses représentants à la loi reli-
» gieuse et à ses ministres ? »
C'est le rêve des cléricaux. Mais ce se-
rait difficile à réaliser.
« On sait bien qu'à l'époque où nous
vivons, après les ébranlements profonds
que les institutions de notre patrie ont
subis jusque dans leurs fondements les
plus intimes, CE SERAIT UNE IDÉE DIFFICILE
A RÉALISER M. --
(Ne semble-t il pas lire le dernier man-
dement de Mgr Freppel ?)
« Si la paix confessionnelle ne pouvait
être conquise qu'au prix de sacrifices
de dogme ou de conscience, qui seraient
notamment pour l'Eglise catholique in-
compatibles avec la doctrine qu'elle a
charge d'enseigner, il faudrait bien avi-
ser, car c'est en matière de dogme reli-
gieux, nous n'avons garde de l'oublier, et
seulement en cette matière que le mot de
transaction n'est pas possible ».
Voilà, de par un magistrat, la loi civile
soumise absolument aux dogmes religieux
sans transaction possible.
La question n'est plus qu'une question
de succès et d'opportunité. Si l'on De peut
tout gagner d'un coup contre cette odieuse
Révolution, si ce qu'on désire si ardem-
ment est dans les circonstances actuelles
difficile à réaliser, il y a cependant quel-
que chose à faire dès à présent, il y a ces
moyens détournés si chsrs aux cléricaux
et à l'aide desquels on arrive au but.
On n'ose pas encore attaquer de front
le mariage civil. Mais on arriverait à l'a-
bolir s'il était permis de se marier seule-
ment à l'église, si l'on permettait de se
marier d'abord religieusement. Quand on
serait marié à l'église, ceux qui le vou-
draient bien se marieraient civilement.
C'est ce que les articles 199 et 200 du
code pénal ont voulu sagement empêcher.
C'est là qu'il faut faire porter l'attaque, et
le magistrat chargé de l'application des
lois demande l'abrogation de ces articles :
« Ne pourrait-on pas faire disparaître de
notre législation ces textes un peu draco-
niens et restituer à chacun la liberté de se
présenter d'abord soit devant le ministre
du culte, soit devant l'officier de l'état
civil. »
« Il faut rendre à nos populations cette
» justice, qu'elles ont elles-mêmes, par
» leur respect pour le mariage religieux,
» proclamé l'infériorité relative du ma-
» riage civil. »
Nous avons déjà publié une partie de
ces citations et d'autres extraits de mê-
me nature de l'ouvrage de M. de Pan-
thou, qui est tout entier dans le môme
esprit.
Nous avons le droit de nous demander
si, dans ces circonstances, ce n'est point
un défi porté à l'opinion publique que
cette mention insérée au Journal officiel
pour motiver la décoration de M. de Pan-
thou :
« Travaux exceptionnels signalés par le
comité de lecture institué à la chancel-
lerie. »
Ces travaux, si bien qualifiés d'excep-
tionnels, sont précisément ceux dont nous
venons de donner un échantillon.
Une nomination ainsi motivée vient fort
à propos, dans les circonstances actuelles,
appeler l'attention publique sur un procu-
reur général, ultra-clérical, et qui dans
tout son passé a montré une hostilité vio-
lente contre la République et les républi-
cains. On ne doit pas oublier que M. de
Panthou est un de ces magistrats de com-
bat nommés par le 16 Mai, qui, lui, n'a
jamais commis d'erreur et n'a jamais
choisi pour le servir que des ennemis de
la République, sûrs et éprouvés.
N. B. -— Nous serions curieux de savoir
comment est composé ce comité de lecture
institué à la chancellerie, qui fait une si
juste appréciation des travaux des magis-
trats.
— * 1 # ———.——
LA DIGNITÉ DES MAGISTRATS
Le procès de M. Collinet de la Salle,
président du tribunal de Quimperlé, a
passé quelque peu inaperçu au milieu
des émotions aussi graves que nombreu-
ses de la semaine. La cour de Rennes a
déclaré que M. le président avait commis
le délit d'oftense relevé contre lui, elle l'a
condamné à cinq cents francs d'amende,
exactement comme l'était le mois passé
M. Aurélien Scholl pour avoir offensé la
magistrature. M. Collinet de la Salle s'est
défendu comme nous avions prévu qu'il
le ferait, en regrettant la vivacité de son
langage et en déclarant qu'il n'avait ja-
mais songé à commettre un délit. La cour
lui a accordé des circonstances atténuan-
tes, sans lui ménager d'ailleurs la sévé-
rité de ses considérants.
Nous n'avons donc plus à nous occu-
per de M. de la Salle. C'est l'affaire du
ministre de la justice de se demander
maintenant si, après cette condamnation,
M. de la Salle peut rester à la tête d'un
tribunal, et des journaux ont déjà an-
noncé que ce magistral allait être traduit
devant la juridiction disciplinaire.
Ce que nous tenons à relever, — car
nous sommes toujours heureux quand
nous pouvons signaler quelque fait à
l'honneur de nos parquets, — ce que
nous voulons relever, c'est le langage si
correct et si juste de M. le procureur gé-
néral de Rennes, qui portait la parole en
cette affaire; ce sont les excellents con-
seils que, profitant de l'occasion, il a
donnés à la magistrature française. Après
avoir développé l'accusation, il a ter-
miné par ces considérations élevées :
C'est une noble mission que celle du magis-
trat, et je n'en connais pas, quant à moi, de
plus respectable et de plus utile. Mais elle im-
pose à ses membres une attention sur soi-
même, une vigilance sur ses propres paroles
qu'aucune autre n'impose .à un degré plus
éminent.
Vous n'êtes pas seulement les juges du pré
et du champ, et cependant vous savez quel-
les récriminations soulèvent souvent vos ar-
rêts. Vous connaissez le proverbe : « On ne
peut pas contenter tout le monde et son père »
Aussi le perdant d'une affaire qualifie-t-U tou-
jours le magistrat de partial, de léger, d'In-
capable. Vous n'avez pas à vous en étonner :
n'a-t-onpas vingt quatre heures pour mau-
dires ses juges, et je suis sûr que, plus géné-
reux que le proverbe, vous accordez au mé-
content un temps plus long encore.
Mais quand un procès touche à la politique,
c'est autre chose. Ce n'est pas seulement un
homme que l'on mécontente, c'est un parti et
selon que vous jugerez pour l'un ou pour l'au-
tre, vous mécontenterez un grand nombre
de citoyens.
Celadate-til d'aujourd'hui? Non.
L'humanité est née avec des passions. Si
vous voulez être édifié, lisez les Mémoires du
seizième siècle, la Satire Ménippée, etc.;
Achille de Harlay n'est pas mieux traité que
Brisson, qui finit par être pendu après avoir
été premier président pendant que le titulaire
était en prison. C'est donc notre sort, mes-
sieurs, d'être toujours exposés à des récrimi-
nations, à des attaques.
Que sera-ce si chaeun de vous, en présence
de ces critiques, si chaque rédacteur d'un ar-
rêt ou d'un jugement va, nouveau Don Qui-
chotte, descendre dans la lice pour en discu-
ter les termes ?
Si nous faisions cela, la magistrature aurait
vécu, elle serait morte, et c'est elle qui se se.
rait tuée. Asservir ses passions et savoir se
gouverner soi-même, se posséder soi-même
et laisser ses œuvres se défendre par leur
propre force, voilà ce qu'il faut faire.
Vous vous êtes fait journaliste, monsieur de
la Salle, vous avez appelé à votre barre nos
gouvernants, vous avez manqué à ces princi-
pes, à cette règle de conduite dont je parlais
vous avez commis un délit contre un députe
à l'occasioa de l'exercice de ses fonetions:
toute faute s'expie et se paie.
Vous quittez votre siège pour vous faire
journaliste : cela ne tombe pas sous le coup
de la loi ; mais, devenu journaliste, vous avez
fait une faute grave. Vous la regrettez, je
vous en félicite, mais la cour doit vous appÏi-
quer la loi. Je demande l'application des ar-
ticles visés dans la plainte de M. Corentin
Guyho.
On ne saurait mieux définir de ce qu'est
le rôle des juges et ce que réclame leur
dignité. S'il est interdit par la loi, une loi
que nous nous efforçons de ne jamais ou-
blier, de blâmer les décisions de la jus-
tice, c'est évidemment par une de ces fic-
tions utiles comme il y en a dans tous les
codes, et uniquement pour réclamer que
la discussion publique reste toujours
courtoise et modérée. On ne peut deman-
der aux citoyens d'approuver et de louer
quand même. S'il estpossible de poursui-
vre un écrivain, on ne peut poursuivre les
conversations intimes, et quand même
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
>«f" - ,
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Bédaettoa
de 2 heures à minuit
18, rue Cadet, 16 -
Les Manuscrits non insérés ne seront pu rendu*
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un an. 50 »»
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Trois mois. * 16 w
Six mois. sa »»
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Lu Lettres non affranchies seront refusé^
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Six mois 2 s »))
Un an so »»
DÉPARTEMENTS
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Six mois 88 u
Un an. 63 M
Supplément pour l'Étranger 1 fr. par trimestre
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Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et 0°
6, Place de la Bourse, 6
BULLETIN
Paris, 19 Janvier 1879.
Le traité définitif entre la Russie et la
Turquie n'est pas encore signé. Toutefois,
le Times affirme qu'une seule séance suf-
fira désormais pour. terminer les négo-
ciations.
Rien ne semble décidé encore par les
puissances relativement à l'occupation de
la Roumélie orientale. Le correspondant
berlinois du Times a affirmé que l'occupa-
tion russe devait se prolonger pendant
tout le temps que dureraient les travaux
de la commission internationale. Le cor-
respondant viennois du Daily News as-
sure, au contraire, que les gouvernements
d'Autriche et d'Angleterre ont refusé de
consentir à une prolongation du séjour
des Russes dans la Roumélie.
Sir M. Hicks-Beach, ministre des colo-
nies, vient de prononcerjun nouveau dis-
cours sur la politique orientale du gouver-
nement. Il a pris, cela va sans dire, la dé-
fense du cabinet. Il a exprimé la conviction
que le traité de Berlin serait complète-
ment exécuté. Le ministre a déclaré que
les relations de l'Angleterre avec toutes
les puissances de l'Europe sont aussi sa-
tisfaisantes que possible. Quant à la guerre
de l'Afghanistan,il la considère comme ter-
minée. Le ministre a peut-être raison au
point de vue militaire, mais il est à crain-
dre qu'il soit bien difficile pourles Anglais
d'arriver de ce côté à une solution absolu-
ment satisfaisante.
Sir M. Hicks-Beach a abordé ensuite un
point fort intéressant de la politique com-
merciale de l'Angleterre. Il croit que l'in-
dustrie anglaise a perdu de nombreux dé-
bouchés sur les marchés de l'Europe et de
l'Amérique, mais il espère que le conti-
nent africain sera bientôt ouvert tout en-
tier aux négociants de l'Angleterre- En
tout cas il a déclaré que le gouvernement
ne négligera rien pour amener ce réultat.
E. BARBIER.
———— ————.
"c'u.r..- de J~~WâiS
fusses fîooj&ss m ,uH
5 0/0. 113 fr. 25, 23 3/4, 25.
Turc 11 fr. 40.
Egypte .s. 251 fr. 87, 250 6î.
Russe 1.877. 85 fr. 7/8, 3/4.
Florins 641/8, 3/L6,
Italien 73 fr. 9o.
— : — *
Nous ne nous chargeons pas — au-
jourd'hui, du moins — d'expliquer les
causes de l'agitation où vit le monde par-
lementaire depuis huit jours. La situa-
tion est ce qu'elle est, et les récrimina-
tions contre ceci ou cela n'y changeraient
rien. Nous aimons à croire que la Cham-
bre a suffisamment réfléchi sur les consé-
quences de l'interpellation qui sera dé-
battue demain. Nous voudrions bien que
le cabinet, pendant les vingt-quatre heu-
res qui nous restent, y songeât aussi,
car, si nous devons être jetés dans les
hasards d'une crise ministérielle, le ca-
binet en sera responsable autant que la
Chambre. C'est toujours une faute, quand
on est au gouvernement, de ne savoir
point faire les sacrifices nécessaires pour
y demeurer.
Quand nous parlons de sacrifices, il est
bien entendu qu'il ne s'agit que de sacri-
fices honorables et que l'on ne demande
point au ministère de commettre des ac-
tes indignes de lui pour se sauver. Que
veut donc la Chambre? et quels sont
pour le cabinet les moyens de la désar-
mer ? Nous avons entendu plusieurs dé-
putés et nous avons lu beaucoup de
comptes-rendus de réunions parlemen-
taires ou d'articles de journaux où se
reflètent les opinions de la majorité. Nous
y avons constaté à la fois un grand cha-
grin et une grande résolution de renver-
ser le ministère, si le ministère ne sous-
crit point à certains changements dans
le personnel réputés urgents et indispen-
sables. La sentence du cabinet sera pro-
noncée par un certain nombre de répu-
blicains, comme la dissolution fut na-
guère votée par quelques sénateurs, « la
mort dans l'âme. » Mais, de quèlque fa-
çon et dans quelque sentiment qu'on le
renverse, le cabinet n'en sera pas moins
renversé.
Est-ce un résultat désirable? Non, cer-
tes, et nous l'avons déjà dit à la Cham-
bre. Que le cabinet nous permette de le
lui redire à son tour 1 Quand même la
Chambre aurait porté sur la politique
ministérielle le jugement le plus faux et le
plus injuste du monde, ce ne serait qu'une
raison de plus pour le cabinet d'essayer
de la ramener, de la persuader, de la
convaincre, et, si on le veut bien, la tâ-
che sera beaucoup plus facile qu'on ne
croit. M. Thiers a su gouverner plus
de deux ans avec l'Assemblée la moins
maniable qui se soit jamais rencontrée
en France. La Chambre actuelle, au con-
traire, ne demande qu'à donner au gou-
vernement le concours le plus empressé,
le Dius confiant, en échange de quelques
concessions faites à propos.
Et quelles concessions? Regardez, prê-
tez l'oreille, informez-vous, et vous ver-
rez que ce qui lui tient à cœur, c'est que
justice soit faite enfin des fonctionnaires
hostiles à la République. Réclame-t-elle
des hécatombes? exige-t-elle qu'on des-
titue du jour au lendemain trente mille
fonctionnaires de tout ordre, sans qu'on
ait seulement un nouveau personnel pré-
paré d'avance à les remplacer ? Non, ce
n'est point cela que veut la Chambre ;
mais elle est convaincue seulement qu'il
est temps que plusieurs grands scan-
dales cessent et qu'il soit fait de nota-
bles exemples, surtout dans les rangs les
plus élevés. M. Dufaure ignore-t-il ce que
sont la plupart des procureurs généraux
de la République, et le rôle odieux, inso-
lent qu'ils ont joué durant le régime du
16 Mai? Nous citons cet exemple-ci
parce qu'il est le plus topique. Au nom
de quel grand intérêt public le garde des
sceaux s'obstinerait-il à couvrir de tels
fonctionnaires? Et à supposer que la
Chambre eût tort de souhaiter impa-
tiemment ces révocations, pourquoi ne
pas sacrifier des victimes si peu dignes
d'intérêt, quand on sait qu'au prix de ce
sacrifice la crise ministérielle serait con-
jurée?
La bonne politique parlementaire ne
consiste point à heurter les opinions, les
sentiments, les préventions même d'une
Chambre; elle consiste à les ménager,
quand on le peut faire (et c'est le cas
actuel) avec honneur et dignité.
EJJG. LIÉBERT.
Réunions parlementaires
La gauche républicaine de la Chambre s'est
réunie hier depuis trois heures jusqu'à six heu-
res dans la salle du boulevard des Capucines,
sous la présidence de M. Pascal Duprat d'a-
bord, et de M. Albert Grévy ensuite.
Voici le procès-verbal de cette réunion :
« La gauche, en raison de l'importance du
groupe, dont les membres sont aujourd'hui
au nombre de 242, a décidé que le comité-
directeur, qui était précédemment composé de
4 membres, serait désormais de 8 membres ;
et que le nombre des secrétaires serait porté
de 2 à 4.
» La réunion, après avoir pris cette déci-
sion, a procédé à l'élection de son bureau.
» Voici les résultats des divers scrutins :
« Président : M. Albert Grévy, par 79 voix
sur 83 votants.
» Vice-présidents : MM. Bernard-Lavergne,
48 voix, et Rameau, 41 voix, contre 25 voix à
M. Jules Ferry et 18 à M. Jozon.
» Secrétaires : MM. Camille Sée, Frémiaet,
Falllères, Hémon.
» Membres du comité ^directeur : MM. Jules
Ferry, Noël-Parfait, Pascal Duprat, Langlois,
Varambon, Tirard, Nlnard, Villain.
» Questeurs: MM. Margaine et Lévêque.
» M. Albert Grévy, en prenant place au fau-
teuil de président, a prononcé l'allocution sui
vante :
» Mes chers collègues, 11 est d usage que le
» nouveau président adresse à la réunion qui
» vient de l'élire, d'abord ses remerciements,
» ce qui n'est que l'accomplissement d'un
» devoir bien doux, ensuite un discours sur
» la situation politique.
» Cette seconde partie du programme, je
» vous prie, messieurs, pour des raisons que
» vous saurez comprendre, par des consilé-
» rations de haute convenance, de me per-
» mettre de l'ajourner.
« Quant à ma gratituie, mes chers collè-
» gues, ai-je besoin de l'exprimer? Pourrais-
» je n'être pas profondément touché du nou-
» veau témoignage d'estime et de confiance
» dont vous voulez bien m'honorer? Je m'ef
>» forcerai, messieurs, par mon zèle et mon
» dévouement, de n'être pas trop indigne de
» la haute mission que vous m'avez con-
» fiée. »
* Cette allocution a été accueillie parles ap-
plaudissements unanimes de la réunion.
» La gauche républicaine a repris alors la
suite de la délibéraion commencée la veille.
Après une discussion approfondie elle a con-
firmé sa résolution sur l'insuffisance des dé-
clarations ministérielles luas à la tribune.
» Puis elle a décidé qu'elle attendrait les
explications du gouvernement et elle a con-
fié à son bureau le soin de rédiger l'ordre du
jour que ces explications comporteront. »
Les orateurs qui ont pris part à la discus-
sion sont MM. de Sonnier, Fréminst, Bernard,
Corentin Guyho, Leliè vre et Albert Grévy.
•
* m
Une réunion des sénateurs nouvellement
élus a eu lieu Immédiatement après la séance
de vendredi dans un des bureaux du Sénat.
Dans cette réunion une discussion ou plutôt
une conversation s'est engagée entre « les
nouveaux », comme on les appelle dans les
couloirs, au sujet du message et des éven-
tualités de crise miuistérielle. Tous les mem-
bres présents, quoique appartenant à des
groupes différents de la gauche, ont paru d'a-
vis qu'une profonde réforme du personnel était
impérieusement exigée par l'opinion publi-
que et les vœux unanimes des électeurs, et
aussi que le ministère ne devait pas être ren-
versé, mais, au contraire, mis en état de réa-
liser ce programme. 11 a été bien entendu que
cette réunion tout à fait amicale ne séparait
en aucune façon les nouveaux sénateurs de
leurs collègues, et que chacun des assistants
était seul juge de la façon dont il ferait con-
naître à ses amis du Sénat et de la Chambre
le sentiment unanime de la réunion.
* *
Ainsi que nous l'avons dit hier, avant la
séance publique du Sénat, le centre gauche
de cette assemblée s'est réuni hier à Versail-
les pour procéder au renouvellement de son
bureau.
A l'unanimité, la réunion a élu M. Feray,
président; MM. Corne et Rabart dq Massy,
vice-présidents ; Honnoré et Gustave Denis,
secrétaires. Ces trois derniers sont des nou-
veaux élus du 5 janvier. M. Dauphinot a été
maintenu questeur.
MM. Calmon, le comte Rampon et Bertauld,
anciens présidents, continueront à faire par-
tie du bureau.
M. Feray, en prenant possession du fau-
teuil, a prononcé l'allocution suivante, qui a
provoqué de fréquents applaudissements. La
dernière partie de ce discours a été accueillie
par une chaleureuse et unanime approba-
tion : -
« Messieurs et chers collègues,
» En appelant à l'honneur de vous présider
un de vos collègues qui, dans l'Assemblée na.
tlonille, a contribué à la fondation du centre
gauche, vous avez vonlu montrer que vous
revendiquiez comme un glorieux héritage les
actes de cette réunion politique. Vous avez
voulu montrer que les sentiments de modé-
ration, de fermeté, de dévouement au pays,
de respect pour la volonté nationale qui n'ont
pas cessé de l'inspirer, que ces sentiments,
dis-je, sont aussi les vôtres.
» Le centre gauche de l'Assemblée nationa-
le était formé d'hommes honorables et indé-
pendants, que leurs antécédents n'appelaient
point vers la République. Ils ne méritèrent
que mieux le titre de bons citoyens, lorsqu'ils
reconnurent, à 1 exemple de l'illustre M.
Thiers, que la forme républicaine était la
seule sous laquelle la France, divisée par
tant de partis, pouvait espérer se relever et
voir après tant de malheurs luire pour elle
des jours de paix et de prospérité.
» Une fois que cette conviction se fût empa-
rée du centre gauche, toutes ses pensées, tous
ses efforts furent dirigés vers l'établissement
définitif du gouvernement républicain. Il tra-
vailla sans relâche pour que la République,
qui était le gouvernement de fait,devint aussi
le gouvernement de droit.
» A cette tâche glorieuse, combien ont suc-
combé de nos chefs les plus aimés et les plus
respectés 1
» Charles Rivet, qui, par sa haute capacité
et l'honorabilité de son caractère, exerçait
une si grande influence sur nos décisions.
» Ricard, à peine connu avant 1870, et dont,
six ans après, la mort fut un deuil public.
» Casimir Pérler, digne fils du grand ministre
de Louis-Philippe, et sur qui la France fon-
dait tant d'espérance!.
» Messieurs et chers collègues, vous qui
avez fait partie du centre gauche de l'Assem-
blée nationale, et que nous sommes si heu-
reux de revoir parmi nous, et vous aussi qui
venez aujourd'hui vous joindre à nous pour
travailler en commun au bien du pays, j'ai
pensé que tous vous me sauriez gré d'avoir
rendu hommage à ces grands citoyens, l'hon-
neur non-seulement de ce groupe polilique,
mais de la France entière.
» Fidèles à leurs traditions, animés par leur
exemple, dans les moments les plus difficiles
nous n'avons jamais perdu courage. Nous
sentions que le pays était avec nous. Le 24
mal, le 16 mal nous ont trouvés à notre poste,
Invincibles par notre fermeté et notre mo-
dération. Aux illégalités que ces ministères
néfastes ne se sont pas fait faute de com-
mettre, nous avons répondu par le respect
des lois.
» Toutefois, messieurs et chers collègues, ne
regrettons pas ces dures épreuves; c'est à
elles que nous devons les sentiments d'esti-
me, de confitlce, qui ont créé entre les gau-
ches de l'Assemblée nationale d'abord, entre
les gauches sénatoriales ensuite, cette unioa
indissoluble à laquelle nous devons l'établis-
sement définitif de la République.
» Au 5 janvier, le pays, consulté, a voté, en
masse pour les républicains, parce qu'il est
convaincu que la République, qui n'est pas
sortie de la modération lorsque son existence
était en jeu, sera sage et modérée en raison
même de sa force.
» Les élections du 5 janvieront assuré l'ordre
dans le gouvernement et la paix dans le pays;
le désaccord avait lieu entre le ministère et le
Sénat ; ce désaccord n'existera plus, l'harmo-
nie serarétablie sans que le Sénat aliéna en
rien son indépendance.
» Le résultat des dernières élections a été
de substituer une Chambre de contrôle à une
Chambre de confllts.
» L'esprit du Sénat sera tout aussi conser-
vateur, mais il sera aussi républicain.
» La France veut l'ordre et la liberté; elle
veut la sécurité et la stabilité. Ces biens si
chers, indispensables à son existence, le Sé-
nat est fermement décidé à les lui maintenir.
» Quaat au ministère, qui est composé
d'hommas dévoués à la République, n'ayant
plus désormais devant lui au Sénat une ma-
jorité hostile, devenu libre dans ses allures,
comme l'a si bien dit moa honorable prédé-
cesseur, M. Cilmon, le 13 janvier, dans la
réunion plénière des gauches sénatoriales, il
lui sera permis d'avoir cette unité cette fermeté
de direction et d'action qui doivent être le pro-
pre d'un cabinet solidaire et responsable; et,
dans cette vole, 11 aura notre concours le plus
sympathique.
» Depuis que M. Calmon a prononcé ces
paroles aux applaudissements de tous ses col-
lègues, M. le garde des sceaux est venu ex-
poser à la tribune du Sénat le programme du
ministère. Je ne crains pas de dire que ce pro-
gramme donne satisfaction à l'esprit à la fois
libéral et modéré qui a dicté les élections du
5 janvier ; je ne crains pas de dire qu'il répond
aux justes exigences de l'immense majorité
du pays.
» La France a besoin de repos; l'agricul-
ture, le commerce et l'industrie le réclament
à grands cris pour pouvoir panser lenrs plaies
si profondes. Si tous les travailleurs pou-
vaient faire entendre leurs voix dans les
Chambres françaises, ils les conjureraient de
ne pas précipiter le.pays dans de nouvelles
agitations, dans une crise qui, pour beaucoup
d'entre eux, serait désastreuse.
Dans ces circonstances, le centre gauche du
Sénat a son devoir tracé.
» Nous voulons aujourd'hui ce que nous
avons toujours voulu, la grandeur de la Ré-
publique que nous avons contribué à fonder,
le bonheur et la prospérité de notre chère pa-
trie. Notre mission est non pas d'ébranler,
mais d'affermir.
» Confiants dans les déclarations ministé-
rielles et convaincus que les actes suivront de
près les promesses, nous soutiendrons loya-
ment la politique du cabinet. »
A. L.
■ 11 ■ I
QUEL EST DONC CE MYSTÈRE ?
J'étais ces jours passés en province, et
chacun se félicitait de toucher au port. Et
voilà.que nous sommes menacés, tout au
moins, d'une quarantaine. Je reçois lettres
sur lettres qui me demandent ce qu'on
veut ; où nous allons ; pourquoi cet effa-
rement au lendemain de la victoire ? Qu'il
me soit permis de répondre ici à mes
correspondants :
Nous admettons qu'un souverain consti-
tutionnel qui règne et ne gouverne pas
ne se compromette ni avec les bleus ni
avec les blancs, puisqu'il peut avoir affaire,
le cas échéant, à un parlement passant du
blanc au bleu, et prononce un de ces dis-
cours d'ouverture des Chambres que cha-
cun est libre d'interpréter suivant ses
tendances, permettant à ceux qui veulent
marcher en avant de croire qu'on ne
restera pas dans l'immobilité et, aux re-
tardataires, qu'on ne les poussera pas l'é-
pée dans les reins.
Un discours ainsi rédigé est correct;
c'est la tige de la balance qui ne saurait
varier, quelle que soit la position des pla-
teaux. Mais, quand il n'y a pas de trône
- et nous supposons qu'après les mani-
festations du suffrage universel la chose
est entendue — quand le pays affirme la
République, nous ne comprenons pas
comment ceux qui sont appelés à l'hon-
neur de le gouverner, auraient la singulière
prétention de se tenir dans cette atmos-
phère d'impartialité souveraine qui peut
convenir à la reine du Royaume-Uni, mais
qui n'est point justifiée, après le vote du
5 janvier.
Le pays, las d'être à la merci d'un per-
sonnel administratif qui depuis sept ans
met des bâtons dans ses roues, espérait
cette fois en finir: les députés et les séna-
teurs # nouvellement élus sont revenus
l'esprit rempli des réclamations sans nom-
bre de leurs électeurs; ils pouvaient s'at-
tendre à une déclaration du gouverne-
ment nette puisqu'il paraissait certain
que ce gouvernement n'attendait que cette
manifestation solennelle du pays pour en-
trer résolûment dans la voie;:des réfor-
mes.
Mais il arrive que le programme du mi-
nistère est rédigé de telle sorte qu'on ne
peut affirmer qu'il satisfasse même ceux
qui ont pris la peine de l'écrire. C'est un
travail de mosaïque. Tel paragraphe ou-
vre une porte que le paragraphe suivant
referme. A chaque énoncé d'une applica-
tion de principes, s'ajoute une clause ex-
ceptionnelle qui en atténue la portée.
Pas un mot sur la magistrature, sur l'en-
seignement laïque réclamé partout. Cela,
pourtant est long comme une Chronique
de la Revue des Deux-Mondes ou comme
tout discours qui prétend ne rien dire.
L'honorable M. de Marcère, en lisant ce
programme collectif, a dû éprouver ce ma-
laise qui saisit l'orateur s'adressant à un
auditoire désappointé. On attendait une
déclaration ferme, au moins sur les points
qui touchent plus particulièrement aux
intérêts du pays, et on entendait un dis-
cours du trône, assez médiocrement ré-
digé.
Nous eussions compris qu'au lendemain
du 5 janvier, le ministère eût remis sa dé-
mission entre les mains du maréchal pré-
sident de la République en disant :
« Nous avons été appelés à louvoyer en
des temps difficiles et alors que, dans le
parlement, il y avait antagonisme. Ni la
Chambre, ni le Sénat ne sont tenus de
savoir si nous penchions d'un côté ou de
l'autre. Notre attitude ambiguë était la
conséquence du milieu où il nous fallait
vivre, nous attendons ce que le parlement
désormais uni décidera, et si, oui ou non,
il croit à notre dévouement71 à la majo-
rité. -. -
Mais, du moment que le ministère con-
servait ses portefeuilles, on devait ad-
mettre qu'il était résolu à aller au devant
des intentions formelles de la majorité,
et alors son programme était limpide
comme eau de roche, ces intentions n'é-
tant un mystère pour personne.
Il est donc regrettable qu'il ait cru, dans
les circonstances présentes, devoir conser-
ver, à peu près, l'attitude qu'il avait été
contraint de prendre depuis le 14 décem-
bre 1877, car, il n'était, il y a trois jours
encore, entouré que de bons vouloirs, et
les élections sénatoriales le débarrassaient
de ses entraves.
Si le ministère tombe — ce qu'au fond,
personne ne désire — c'est qu il se sera
suicidé. Les éiecieurs ont cru, en envoyant
une majorité républicaine au Sénat, don-
ner à ce ministère l'appui nécessaire pour
accomplir enfin les réformes dans le per-
sonnel, réclamées par les départements.
Il n'est donc pas surprenant que la pro-
vince ne comprenne rien à ce qui se pas-
se. Elle demande le mot de l'énigme, et
quelle est la mauvaise fée dont le pouvoir
met à néant tous ses efforts pour fonder
une République gouvernée et administrée
par des hommes qui ne conspirent pas
contre elle et qui ne traquent pas les ré-
publicains.
Bonnes gens 1 sachez donc que s'il est
difficile de se faire de bonnes et soli-
des relations, il l'est bien davantage de se
débarrasser des manvaises. Or, il faut l'a-
vouer, le gouvernement de la République
a grand peine à se détacher de ces der-
nières. Et nous pensons que si le minfs-
tère se jette à l'eau, quand personne ne
l'en prie, c'est pour n être pas contraint
de noyer de ses propres mains ce tas de
mauvaises connaissances qui ont pris pied
autour de lui.
E. VIOLLET-LE-Duc.
» .■
NOS PRÉFETS
A Rom, commune des Deux-Sèvres,
meurt il y a quelques jours un enfant,
qu'on n'avait pas eu le temps de baptiser
encore.
, Le curé, bien entendu, refuse de l'ad-
mettre à l'église et de le conduire au ci-
metière.
Cela c'est son affaire ; il est dans son
droit; le prêtre est libre de disposer des
sacrements, comme il lui convient dans
son église, il est chez lui.
Mais le cimetière ne lui appartient pas,
Le cimetière est un terrain communal,
dont le maire seul a la disposition, en se
conformant aux lois.
Or, que fait le curé de Rom ?
Il ordonne qu'à ce pauvre petit être,
condamné aux flammes éternelles parce
qu'on n'a pas eu le temps de lui jeter un
peu d'eau sur la tête, il soit creusé une
fosse dans ce coin du cimetière qui est
réservé aux malfaiteurs, par cela même
réputé infamant.
Les parents s'indignent, ils en appel-
lent au maire.
Le maire donne aussitôt contre-ordre.
Il fait creuser près des sépultures de la
famille une nouvelle fosse, destinée à
l'inhumation de l'enfant, qui reposera
ainsi au milieu des siens. En même
temps, il avise de la mesure prise par lui
le sous-préfet de son arrondi&sement, qui
lui répond qu'il a parfaitement agi, et
dans les strictes limites de son droit.
L'enterrement a lieu, malgré les pro-
testations du curé, dans l'endroit désigné
parle maire, mais il faut croire que
l'homme de Dieu a porté ses plaintes en
lieu plus haut, car voici la lettre que le
maire reçoit du préfet des Deux-Sèvres.
J'en donne copie textuelle :
Niort, le 9 décembre i878.
Monsieur le maire,
Je suis informé que vous avez l'intention de
faire inhumer dans la partie de votre cime-
tière réservée aux catholiques un enfant mort
né. CELA NE SE DOIT PAS, la question ayant été
tranchée par un avis du comité de l'intérieur
en date du 29 avril 1831. Je vous prie en con-
séquence de ne pas donner suite à votre pro-
jet.
Signé : COTELLE.
Qu'est-ce que c'est que cet avis du co-
mité de l'intérieur ? personne n'a pu me
le trouver. En tout cas, est-ce qu'un avis
a force de loi ?
Le Bulletin officiel du ministère de
l'intérieur, n028, page 567, dit en termes
formels que : « la législation ne permet
pas des lieux spéciaux pour l'inhumation
des suicidés, noyés ou autres. »
Et ici le bon sens est d'accord avec la
loi.
Quoi ! cet enfant ne pourra pas être
enterré dans le caveau de sa famille, ou
reposer près de sa mère, parce qu'on
n'aura pas eu le temps de le baptiser?
Cela est révoltant et abominable.
Savez-vous bien qu'on a été obligé
d'exhumer ce malheureux enfant et de
jeter son cadavre, loin des siens, dans ce
coin de cimetière où s'attache, à tort ou
à raison, peu importe, une idée d'in-
famie?
Le maire avait pour lui, dans cette af-
faire, la loi, la raison, les bienséances.
Le curé a mis de son côté M. le préfet.
Décidément il faut que la Chambre
nouvelle vote sur cette irritante question
des cimetières une loi nette et claire, qui
tranche ces difficultés et ne laisse plus de
place aux interprétations fausses.
FRANCISQUE SARCEY.
e
Décoré pour travaux exceptionnels
Le Journal officiel nous apprend la
nomination de M. de Panthou, procureur
général à Agen, comme chevalier de la
Légion d'honneur.
Lorsque M. de Panthou a été nommé
procureur général, nous avons voulu
croire que M. Dufaure avait été trompé,
et nous lui avons signalé ce que nous
avons appelé une erreur de sa part.
Nous avons fait connaître à cette occa-
sion que M. de Panthou, 2° avocat général
à Caen, membre des cercles catholiques
et actionnaire du journal réactionnaire le
Moniteur du Calvados, s'était signalé
dans cette ville d'une manière exception-
nelle par l'ardeur de son cléricalisme et
la violence de ses opinions anti-républi-
caines.
Il avait fourni au gouvernement du
16 mai un concours empressé et contribué
pour .une large part au triomphe de la
réaction qui a éliminé du Calvados tous
les députés républicains.
Pour le récompenser de son zèle et de
ses services exceptionnels, M. de Broglie,
qui avait songé d'abord à le nommer pro-
cureur général à Orléans, le nomma pro-
cureur à Nantes, avec promesse d'une pro-
motion prochaine à un poste de procureur
général.
A Nantes, on ne fut pas jaloux de con-
server ce produit du 16 mai, et M. Du-
faure, comme s'il eût été chargé de tenir
les promesses de M. de Broglie, nomma,
au bout de quelques mois, M. de Panthou
procureur général à Agen.
Afin d'éclairer M. le garde des sceaux
sur le choix qu'on lui avait fait faire, nous
avons publié des extraits de l'ouvrage uni-
que de M. de Panthou, intitulé : Etudes
de législation comparée.
Dans est ouvrage, M. de Panthou af-
firme d'abord que, « sans la bénédiction
d'en haut et sans l'intervention de la re-
ligion, il n'est pas sous le toit domestique
de paix durable et de solide garantie de
bonheur » -
« Veut-on, dit-il, absolument subor-
» donner, en matière de mariage, la loi
» civile et ses représentants à la loi reli-
» gieuse et à ses ministres ? »
C'est le rêve des cléricaux. Mais ce se-
rait difficile à réaliser.
« On sait bien qu'à l'époque où nous
vivons, après les ébranlements profonds
que les institutions de notre patrie ont
subis jusque dans leurs fondements les
plus intimes, CE SERAIT UNE IDÉE DIFFICILE
A RÉALISER M. --
(Ne semble-t il pas lire le dernier man-
dement de Mgr Freppel ?)
« Si la paix confessionnelle ne pouvait
être conquise qu'au prix de sacrifices
de dogme ou de conscience, qui seraient
notamment pour l'Eglise catholique in-
compatibles avec la doctrine qu'elle a
charge d'enseigner, il faudrait bien avi-
ser, car c'est en matière de dogme reli-
gieux, nous n'avons garde de l'oublier, et
seulement en cette matière que le mot de
transaction n'est pas possible ».
Voilà, de par un magistrat, la loi civile
soumise absolument aux dogmes religieux
sans transaction possible.
La question n'est plus qu'une question
de succès et d'opportunité. Si l'on De peut
tout gagner d'un coup contre cette odieuse
Révolution, si ce qu'on désire si ardem-
ment est dans les circonstances actuelles
difficile à réaliser, il y a cependant quel-
que chose à faire dès à présent, il y a ces
moyens détournés si chsrs aux cléricaux
et à l'aide desquels on arrive au but.
On n'ose pas encore attaquer de front
le mariage civil. Mais on arriverait à l'a-
bolir s'il était permis de se marier seule-
ment à l'église, si l'on permettait de se
marier d'abord religieusement. Quand on
serait marié à l'église, ceux qui le vou-
draient bien se marieraient civilement.
C'est ce que les articles 199 et 200 du
code pénal ont voulu sagement empêcher.
C'est là qu'il faut faire porter l'attaque, et
le magistrat chargé de l'application des
lois demande l'abrogation de ces articles :
« Ne pourrait-on pas faire disparaître de
notre législation ces textes un peu draco-
niens et restituer à chacun la liberté de se
présenter d'abord soit devant le ministre
du culte, soit devant l'officier de l'état
civil. »
« Il faut rendre à nos populations cette
» justice, qu'elles ont elles-mêmes, par
» leur respect pour le mariage religieux,
» proclamé l'infériorité relative du ma-
» riage civil. »
Nous avons déjà publié une partie de
ces citations et d'autres extraits de mê-
me nature de l'ouvrage de M. de Pan-
thou, qui est tout entier dans le môme
esprit.
Nous avons le droit de nous demander
si, dans ces circonstances, ce n'est point
un défi porté à l'opinion publique que
cette mention insérée au Journal officiel
pour motiver la décoration de M. de Pan-
thou :
« Travaux exceptionnels signalés par le
comité de lecture institué à la chancel-
lerie. »
Ces travaux, si bien qualifiés d'excep-
tionnels, sont précisément ceux dont nous
venons de donner un échantillon.
Une nomination ainsi motivée vient fort
à propos, dans les circonstances actuelles,
appeler l'attention publique sur un procu-
reur général, ultra-clérical, et qui dans
tout son passé a montré une hostilité vio-
lente contre la République et les républi-
cains. On ne doit pas oublier que M. de
Panthou est un de ces magistrats de com-
bat nommés par le 16 Mai, qui, lui, n'a
jamais commis d'erreur et n'a jamais
choisi pour le servir que des ennemis de
la République, sûrs et éprouvés.
N. B. -— Nous serions curieux de savoir
comment est composé ce comité de lecture
institué à la chancellerie, qui fait une si
juste appréciation des travaux des magis-
trats.
— * 1 # ———.——
LA DIGNITÉ DES MAGISTRATS
Le procès de M. Collinet de la Salle,
président du tribunal de Quimperlé, a
passé quelque peu inaperçu au milieu
des émotions aussi graves que nombreu-
ses de la semaine. La cour de Rennes a
déclaré que M. le président avait commis
le délit d'oftense relevé contre lui, elle l'a
condamné à cinq cents francs d'amende,
exactement comme l'était le mois passé
M. Aurélien Scholl pour avoir offensé la
magistrature. M. Collinet de la Salle s'est
défendu comme nous avions prévu qu'il
le ferait, en regrettant la vivacité de son
langage et en déclarant qu'il n'avait ja-
mais songé à commettre un délit. La cour
lui a accordé des circonstances atténuan-
tes, sans lui ménager d'ailleurs la sévé-
rité de ses considérants.
Nous n'avons donc plus à nous occu-
per de M. de la Salle. C'est l'affaire du
ministre de la justice de se demander
maintenant si, après cette condamnation,
M. de la Salle peut rester à la tête d'un
tribunal, et des journaux ont déjà an-
noncé que ce magistral allait être traduit
devant la juridiction disciplinaire.
Ce que nous tenons à relever, — car
nous sommes toujours heureux quand
nous pouvons signaler quelque fait à
l'honneur de nos parquets, — ce que
nous voulons relever, c'est le langage si
correct et si juste de M. le procureur gé-
néral de Rennes, qui portait la parole en
cette affaire; ce sont les excellents con-
seils que, profitant de l'occasion, il a
donnés à la magistrature française. Après
avoir développé l'accusation, il a ter-
miné par ces considérations élevées :
C'est une noble mission que celle du magis-
trat, et je n'en connais pas, quant à moi, de
plus respectable et de plus utile. Mais elle im-
pose à ses membres une attention sur soi-
même, une vigilance sur ses propres paroles
qu'aucune autre n'impose .à un degré plus
éminent.
Vous n'êtes pas seulement les juges du pré
et du champ, et cependant vous savez quel-
les récriminations soulèvent souvent vos ar-
rêts. Vous connaissez le proverbe : « On ne
peut pas contenter tout le monde et son père »
Aussi le perdant d'une affaire qualifie-t-U tou-
jours le magistrat de partial, de léger, d'In-
capable. Vous n'avez pas à vous en étonner :
n'a-t-onpas vingt quatre heures pour mau-
dires ses juges, et je suis sûr que, plus géné-
reux que le proverbe, vous accordez au mé-
content un temps plus long encore.
Mais quand un procès touche à la politique,
c'est autre chose. Ce n'est pas seulement un
homme que l'on mécontente, c'est un parti et
selon que vous jugerez pour l'un ou pour l'au-
tre, vous mécontenterez un grand nombre
de citoyens.
Celadate-til d'aujourd'hui? Non.
L'humanité est née avec des passions. Si
vous voulez être édifié, lisez les Mémoires du
seizième siècle, la Satire Ménippée, etc.;
Achille de Harlay n'est pas mieux traité que
Brisson, qui finit par être pendu après avoir
été premier président pendant que le titulaire
était en prison. C'est donc notre sort, mes-
sieurs, d'être toujours exposés à des récrimi-
nations, à des attaques.
Que sera-ce si chaeun de vous, en présence
de ces critiques, si chaque rédacteur d'un ar-
rêt ou d'un jugement va, nouveau Don Qui-
chotte, descendre dans la lice pour en discu-
ter les termes ?
Si nous faisions cela, la magistrature aurait
vécu, elle serait morte, et c'est elle qui se se.
rait tuée. Asservir ses passions et savoir se
gouverner soi-même, se posséder soi-même
et laisser ses œuvres se défendre par leur
propre force, voilà ce qu'il faut faire.
Vous vous êtes fait journaliste, monsieur de
la Salle, vous avez appelé à votre barre nos
gouvernants, vous avez manqué à ces princi-
pes, à cette règle de conduite dont je parlais
vous avez commis un délit contre un députe
à l'occasioa de l'exercice de ses fonetions:
toute faute s'expie et se paie.
Vous quittez votre siège pour vous faire
journaliste : cela ne tombe pas sous le coup
de la loi ; mais, devenu journaliste, vous avez
fait une faute grave. Vous la regrettez, je
vous en félicite, mais la cour doit vous appÏi-
quer la loi. Je demande l'application des ar-
ticles visés dans la plainte de M. Corentin
Guyho.
On ne saurait mieux définir de ce qu'est
le rôle des juges et ce que réclame leur
dignité. S'il est interdit par la loi, une loi
que nous nous efforçons de ne jamais ou-
blier, de blâmer les décisions de la jus-
tice, c'est évidemment par une de ces fic-
tions utiles comme il y en a dans tous les
codes, et uniquement pour réclamer que
la discussion publique reste toujours
courtoise et modérée. On ne peut deman-
der aux citoyens d'approuver et de louer
quand même. S'il estpossible de poursui-
vre un écrivain, on ne peut poursuivre les
conversations intimes, et quand même
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