Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-01-13
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 13 janvier 1879 13 janvier 1879
Description : 1879/01/13 (A9,N2581). 1879/01/13 (A9,N2581).
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
NiâvliM? 2SSI Prix du Numéro à Paris t iS Centlmês &ss Dépàrttmïnti^ 20 Gëntlmëi. Lundi 13 Jinvicr Î8T9
LE lE SIVP ÈVI CM Lw Ewm
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et &
6, Place de la Bourse, 6
BUtil^HjTIN •
Paris, 12 Janvier.
Ben-Ismaïl, premier ministre de la ré-
gence de Tunisie, s'est rendu vendredi en
grand uniforme et avec une suite au con-
sulat de France. Le consul général de
France, entouré de tout le personnel du
consulat et des officiers du stationnaire
français, a reçu publiquement les excuses
complètes du bey de Tunis, que son pre-
mier ministre venait porter en son nom.
On trouvera plus loin une importante
circulaire de M. Waddington, relative
à la rectification des frontières de la Grèce.
Cette dépêche, adressée à M. le marquis
d'Harcourt, notre ambassadeur à Londres,
et probablement à tous les représentants
de la France à l'étranger, porte la date du
21 octobre. On se rappelle sans doute qu'à
cette époque, le cabinet d'Athènes, fati-
gué de faire des démarches inutiles à
Constantinople, invoqua le bénéfice de
l'article 24 du traité de Berlin et sollicita
la médiation des puissances. M. Wad-
dington rappelle à grands traits les négo-
ciations ouvertes par la Grèce à Constan-
tinople dès après la signature du traité du
13 juillet. Le congrès de Berlin avait dé-
cidé, en effet, que la Sublime-Portejserait
invitée à s'entendre avec la Grèce pour
une rectification de frontières en Thessa-
lie et en Epire, et il avait exprimé l'avis
que cette rectification pourrait suivre la
vallée du Salamaryas, sur le versant de la
mer Egée, et celle du Kalamas du côté de
la mer Ionienne. En présence du refus de
la Porte de donner suite aux négociations
entamées et de la demande de médiation de
la Grèce, M. Waddington pense que le mo-
ment est venu pour les puissances d'exer-
cer leur médiation. Il insiste sur la né-
cessité de la rectification des frontières
grecques pour assurer la paix de l'Orient.
Il insiste aussi sur le tracé qui avait été
indiqué par le congrès, et ce point a d'au-
tant plus d'importance en ce moment que
la Turquie semble peu disposée à l'accep-
ter dans son entier.
Les nouvelles de l'Inde adressées aux
journaux anglais signalent un combat li-
vré par la colonne partie de Quettah et
marchant sur Candahar. Les Anglais ont
été victorieux et les Afghans seraient telle-
ment démoralisés que le gouverneur de
Candahar aurait licencié son armée et aban-
donné la ville. On ne s'attend donc plus à
aucune résistance.Nousnous bornons,bien
entendu, à donner cette nouvelle telle
qu'elle parvient au Standard. Mais nous
ne saurions trop faire remarquer que les
nouvelles sont de plus en plus contradic-
toires. Ainsi, par exemple, nous avons si-
gnalé hier un nouveau combat livré par le
général Roberts, qui s'est terminé par une
victoire importante. Le Standar£{.reçoit
une nouvelle dépêche explicative aux ter-
mes de laquelle ce combat avait pour but
d'empêcher un sérieux mouvement des
populations indigènes, qui s'organisaient
dans le but d'anéantir la colonne du
général Roberts. Ce but, selon lè Stan-
dard, aurait été atteint par 'la vic-
toire dont nous venons de parler, et
les chefs des tribus auraient fait leur sou-
mission. Or, une dépêche officielle de
Calcutta annonce, au contraire, que le gé-
néral Roberts est obligé de battre en re-
traite à cause des mouvements menaçants
des Mangals.
Les négociations entre leVatican et Berlin
semblent avoir définitivement échoué. M.
Windthorst vient d'ailleurs de le déclarer
à la Chambre des députés de la Prusse lors
de la discussion du budget des cultes. Le
ministre des cultes, M. Falk, a relevé le
gant. Il a affirmé que rien ne serait changé
aux principes généraux, que le gouverne-
ment veut la paix, mais que le parti ca-
tholique doit commencer par se soumet-
tre aux lois de l'Etat.
La Pall Mail Gazette publie de curieux
détails sur les négociations qui viennent
d'être rompues, et qui ont eu pour seul
résultat le maintien du Dr Falk au minis-
tère. Lorsque, dans le courant de cet été,
M. de Bismarck cherchait des alliés pour
faire adopter la loi contre les socialislet,dl
songea à se rapprocher du centre catholi-
que.Il s'adressa alors à M.Masella, nonce du
pape à Munich, et il ouvrit à son ambition
un vaste horizon en faisant miroiter à
ses yeux la brillante position qu'aurait à
la cour impériale de Berlin un nonce du
pape. Mais les flatteries personnelles et
les paroles mielleuses ont leur temps;
elles ne résolvent pas le problème épi-
neux de la conciliation de deux principes
hostiles. Lorsque le chancelier demanda,
pour prix d'une révision des lois de mai,
la promesse que la Curie ordonnerait au
parti du centre de voter pour lui dans
toutes les questions importantes, le nonce
fut obligé d'avouer que le pape n'a-
vait aucun pouvoir pour le faire, et
que la Curie avait pour principe de
ne pas se mêler des affaires intérieu-
res d'un Etat dans des questions pure-
ment laïques. Rien ne pouvait, par consé-
quent, être conclu à Kissingen. Dans l'in-
tervalle, le cardinal Franchi mourût et le
cardinal Nina, homme d'un grand bon
sens, qUi lui succéda, envisagea l'affaire
avec beaucoup plus de sang-froid, il se
borna à annoncer au prince de Bismarck
son entrée en fonctions et lui donna l'as-
surance qu'il ferait tout ce qui dépendrait
de lui pour amener l'accord désiré. La ré-
ponse se fit attendre plusieurs mois ; elle
n'arriva à Rome qu'à la fin de novembre.
« Je ne prétends pas en connaître le texte,
ajoute le correspondant du journal an-
glais, car les négociations ont été condui-
tes dans le plus grand secret ; mais la ré-
plique du cardinal a dû irriter singulière-
ment le chancelier, puisqu'il autorisa par
suite le docteur Falk à prononcer son fa-
meux discours du 11 décembre, qui dé-
clarait qu'il fallait que les catholiques
commençassent par se soumettre aux lois
de mai avant qu'il pût être question de
les réviser.» Les négociations en sont res-
tées là, et la lutte contre Rome va conti-
nuer.
E. BARBIER.
Bour«« c]Lt» Ipabwdwm
Plfira BOURSE DU noix
3 0/0 amortissable.. 79 fr. 90.
5 0/0 113 fr. 45.
Turc 11 fr. 20, 15,
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Hongrois 72. 71 fr. 7/8.
Des paroles d'un grand bon sens ont
été dites hier par M. Gambetta dans la
réunion tenue par les membres de l'U-
nion républicaine. Comme on y propo-
sait de rédiger un programme, M. Gam-
betta est intervenu pour démontrer qu'on
faisait fausse route et que ce n'était pas
le temps de s'embarrasser de program-
me en l'air. Sommes-nous dans une aca-
démie? et, sérieusement, s'agit-il de met-
tre au concours des programmes politi-
ques, afin de couronner le plus accom-
pli?
La situation parlementaire est la plus
naturelle, la plus simple du monde; et,
si l'on consent à ne point aller chercher
à midi quatorze heures, on le verra
bien.
Jusqu'au 5 janvier,les républicains n'a-
vaient eu la majorité que dans la Cham-
bre ; depuis le 5 janvier, ils l'ont aussi
dans le Sénat. Ils sont donc maîtres du
Parlement. Cette heureuse nouveauté a
donné cours à bien des espérances qu'on
avait été jusqu'ici contraint de refouler.
Mais certains groupes républicains se
sont demandé si, ces espérances, le ca-
binet du 14 décembre serait en état de
les réaliser.
BeJà l'effervescence de ces derniers
jours ; de là ces réunions, ces députa-
tions, ce brouhaha, cette ardeur bouil-
lonnante. Du reste, il fallait s'y attendre;
il était à peu près inévitable que cela fût.
Mais, en résumé, quelle est la question?
C'est de savoir si la politique du cabinet
actuel pourra répondre à l'attente du Par-
lement. On le saura mardi, puisqu'il doit
y porter mardi son programme et qu'à ce
propos s'ouvrira le plus large débat pu-
blic. Rédiger par avance des espèces de
contre-programmes ayant la tournure de
mandats impératifs, cela n'aurait pu ser-
vir à rien, sinon à créer des complica-
tions fort vaines et aussi regrettables
pour la majorité du Parlement que pour
le cabinet.
Pour nous, nous ne pouvons que répé-
ter ce que nous avons dit plusieurs fois
déjà. Ni l'opportunité, ni les principes de
la République parlementaire ne nous sol-
licitent de porter un jugement sur la po-
litique du ministère avant qu'il l'ait offi-
ciellement exposée. A rheure où nous
sommes, nous ne saurions juger que son
passé, et s'il est vrai qu'il ne soit pas
exempt de reproches, nous demandons
qui aurait fait mieux dans le cours de la
difficile période commencée le 14 décem-
bre 1877 et achevée le 5 janvier 1879,
jour du renouvellement du Sénat? Si un
ministère a jamais démérité de son pays
ou de son parti, ce n'est certes pas le ca-
binet Dufaure. Nous savons ce qu'on
craint ; nous savons qu'à certains égards
le président actuel du conseil peut
être une gêne, mais nous savons aussi
qu'à bien d'autres égards il est une force.
C'est aux républicains prudents de voir
laquelle de ces deux considérations, —
gêne ou force, — doit l'emporter.
Au surplus, les impatients trouveront
dans une note officieuse de l'agence Ha-
vas quelques indications intéressantes.
Nous n'y insisterons pas, parce que tout
ce qui n'est point un texte formel ne peut
donner matière qu'à des discussions anti-
cipées. Nous attendons le texte formel
avec confiance, et c'est avec confiance
aussi que nous attendons la discussion
qui suivra. Il y a deux choses que le
pays ne comprendrait pas : la premiè-
re, ce serait que le ministère n'accordât
point aux vœux de l'opinion la plus large
satisfaction possible ; la seconde, ce se-
rait que le Parlement retirât sa confiance
au cabinet sans de graves raisons, avec
un esprit d'imprudence, par simple amour
du mieux, qui est, comme on sait, l'eni
nemi du bien. ,
EUG. LIÉBERT
LES RÉUNIONS PARLIMENTilRIS
La gauche républicaine de la Chambre des
députés a tenu hier, à quatre heures, dans la
salle du boulevard des Capucines, une lon-
gue séance sous la présidence de M. Leblond.
Voici le procès-verbal officiel de la réunion
qui a été rédigé par le bureau :
« Au début de la séance M. le président rend
compte à l'Assemblée des conférences qui se
sont engagées entre les bureaux de différents
groupes, des opinions qui s'y sont produites
et des observations soumises au nom de la
gauche à M. le président du conseil.
» M. Leblond énumère les diverses ques-
tions sur lesquelles a porté la délibération
des bureaux. Il parle particulièrement de la
question du personnel, de celle des comman-
dements militaires, de celle de la gendarme-
rie, de celles relatives à l'instruction publique
et aux cultes, et notamment de la nécessité
de soumettre au concordat et à la loi com-
mune les différents membres du clergé et les
congrégations religieuses. Il ajoute que toutes
ces questions ont été examinées dans son en-
tretien avec le garde des sceaux etqu'àla suite
de l'échange d'idées qui a eu lieu entre M. le
garde des sceaux et lui, il croit pouvoir dire
qu'elles recevront une solution favorable. Il
annonce qu'au surplus le gouvernement a
l'intention de présenter à la Chambre et au
Sénat un programme ministériel dans lequel
toutes ces questions auront une place ; que
le gouvernement provoquera lui-même
l'examen et la contradiction et qu'il deman-
dera à la Chambre un vote de confiance.
» A la suite de ces communications, un long
débat s'engage sur le mode de procéder au-
quel on aura recours pQur l'examen et la
discussion de ce programme. Ont pris part
à la discussion : MM. Bernier, Pierre Le-
grand, Ribot, Papon, Louis Legrand, Langlois,
Senard, Vilain, Méline, Albert Grévy, Devès,
Fr6minet,Franck Chauveau, Jules Ferry, Ples-
sier. »
Nous croyons pouvoir compléter le procès-
verbal en ajoutant que deux modes de procé-
der ont été proposés. Quelques membres ont
émis l'idée que le programme du gouverne-
ment IUt renvoye aux Dureaux, lesquels nom-
meraient une commission spéciale chargée
de rédiger un projet de réponse qui serait
ensuite discuté en séance. D'autres membres
ont fait observer que cette procédure, qui
rappelle celle employée sous l'empire pour
le vote des réponses au discours du trône,
n'était plus conforme au règlement des
Chambres et que le mode le plus naturel et
le plus rapide pour arriver à la discussion dé-
sirée du programme gouvernemental serait
de recourir à la voie d'interpellation. Un
membre de la Chambre demanderait à inter-
peller le gouvernement sur la façon dont 11
entend mettre son programme à exécution.
Ce programme serait alors examiné dans les
groupes et les orateurs auraient occasion
d'exposer à la tribune, au jour fixé pour la
discussion, les opinions émises sur chaque
point dans ces réunions.
Il n'a pas été pris de décision.
Deux sous-secrétaires d'Etat, MM. Lepère et
Cochery, assistaient à la réunion, qui était
très nombreuse.
*
fi. fi.
L'extrême gauche était convoquée à deux
heures chez M. Louis Blanc. Un très-petit
nombre de députés ont répondu à l'appel, et
après un court échange d'observations, Us se
sont séparés pour pouvoir assister aux autres
réunions parlementaires.
*
* *
Le centre gauche a renvoyé sa séance à
lundi, deux heures, salle Nadar.
*
fi. *
A l'Union républicaine, la discussion a été
assez étendue et importante. 11 n'a pas été
dressé de procès-verbal y mais, d'après nos
renseignements, voici le résumé de ce qui s'y
est passé :
M. Gatineau, membre du comité directeur,
a pris le premier la parole. 11 a rendu compte
des deux séances tenues par les délégués des
quatre groupes de la gauche chez M. Leblond.
Il a dit que M. Leblond avait été chargé de
voir M. Dufaure, non pour lui présenter,
comme on l'a dit à tort, un programme qui
n'avait jamais été délibéré par les délégués,
mais uniquement pour se renseigner sur les
intentions du gouvernement et connaître le
programme qu'il se propose de présenter aux
PKo m HT»/a c
uuauiux o.
De cette entrevue, il résulterait que M. le
garde des sceaux entendrait maintenir et éten-
dre le système des grâces en es qui concerne
les condamnés pour la Commune, mais ne
voudrait pas procéder par voie d'amnistie lé-
gislative. Interrogé sur la nécessité d'appli-
quer strictement la loi sur les grands com-
mandements, M. Dufaure se serait contenté
de faire un signe d'adhésion. Pour le person-
nel, M. Dufaure serait disposé à donner satis-
faction aux désirs manifestés par les républi-
cains, en ce qui touche la réforme du person-
nel des administrations ministérielles, mais il
a fait de grandes réserves sur le personnel
judiciaire, vis-à-vis duquel il ne veut procéder
que sur des réclamations ou plaintes indivi-
duelles justifiées, et non user d'une mesure
générale. ",
Enfin, M. Gatineau a terminé son exposé en
disant que les délégués n'ont pu prendre au-
cune décision, ayant reçu seulement un man-
dat d'information.
MM. Peulvey, Labuze, Andrieux ont parlé
successivement sur la nécessité d'élaborer un
programme indiquant toutes les réformes que
les gauches veulent voir réaliser par le gou-
vernement et dont elles font une condition de
leur concours. Selon eux, un projet de pro-
gramme devrait être préparé par le bureau de
chaque groupe, discuté par la réunion, sou-
mis ensuite aux autres groupes, et enfin pro-
posé à l'acceptation du ministère. Leur but,
en faisant cette motion, serait d'arriver à
une entente générale de la majorité avant
l'ouverture de la session, et d'éviter ainsi un
débat public du programme ministériel, qui
pourrait, selon eux, compromettre l'union des
gauches.
M. Duclaud a dit que d'un cas particulier on
pouvait tirer des indications générales ; que,
dans le département de la Charente où il est
électeur sénatorial,on attendait impatiemment
la modification du personnel et des réformes
politiques ; qu'on avait dit aux populations :
attendez les élections de 1876 ; puis : atten-
dez le i4 octobre; puis, attendez les élections
sénatoriales, et on vous donnera satisfaction.
Que maintenant on est las d'attendre et qu'il
faut réaliser ces promesses. Que, quant à lui,
11 a été jusqu'ici ministériel quand même,
mais qu'il est décidé aujourd'hui à exiger des
actes sérieux.
M. Boysset a fait alors un long discours. Il
déclare que, quel que soit le programme, gou-
vernemental, la personnalité du président du
conseil, si sympathique qu'elle soit, et telle re-
connaissance qu'on doive éprouver en raison
de ses services, ne permet pas de croire que,
sous sa direction, le gouvernement puisse
recevoir l'impulsion démocratique et républi-
caine exigée par la situation nouvelle. Il a
ajouté qu'il ne voyait ancun inconvénient à
un débat public à la Chambre sur le program-
me ministériel. La situation actuelle n'exi-
geant plus l'unité et les précautions que la
lutte avait rendues jusqu'ici nécessaires entre
les diverses fractions de la majorité, et que le
débat pouvait être très-net sans pour cela
porter atteinte aux sentiments d'union véri-
table qui règneront toujours dans le parti ré-
publicain.
M. Boysset s'est ensuite étendu sur le pro-
gramme annoncé, mais en .concluant il a ré-
pété qu'avec la personnalité du garde des
sceaux, il était impossible ..d'en espérer la
stricte application dans un sens républicain.
M. Gambetta, en réponse à la proposition
de rédiger un programme qui serait soumis
au gouvernement, a dit qu'il serait mauvais
de prendre l'initiative de ce programme, que
le gouvernement produirait le sien et que la
Chambre l'examinerait selon les usages par-
lementaires et exprimerait alors son opinion.
Ce serait la seule marche logique à suivre,
la Chambre ne pouvant dicter aux ministres
le programme qu'elle devra ensuite juger.
On nous assure que M. Gambetta a terminé
son discours en répétant ce qu'il a déjà dit
dans un récent banquet, qu'il ne voulait ac-
cepter pour son compte aucune situation dans
le cabinet, et ajoutant que sa situation per-
sonnelle et diverses considérations politiques
ne le lui permettaient pas.
Quelques observaiions ont été encore pré-
sentées par MM. Tiersot, Arrazat, Berlet, Al-
lain-Targé, et la séance a été levée à cinq
heures.
La prochaine séance aura lieu lundi.
ARMAND LANDRLN.
Les bureaux des trois gauches du Sé-
nat se sont réunis dans l'après-midi d'hier
pour s'occuper du efioix d'un président,
en remplacement de M. d'Audiffret-Pas-
quier.
Voici le résultat du vote auquel ils ont
procédé :
MM. Martel, président, à l'unanimité,
moins deux voix données à
M. Jules Simon.
Du clerc, vice-président, à l'unanimité
Leroyer, — à la majorité.
Testelin, — -
Un 4' vice-président sera laissé aux
droites.
A. L.
On lit dans le National ;
Le conseil des ministres s'est réuni ce ma-
tin, à neuf heures, au palais de l'Elysée, sous
la présidence du maréchal de Mac-Mahon.
La séance s'est prolongée jusqu'à dix heu-
res trois quarts.
Les peints du programme que nous avons
indiqués ont été confirmés pour ceux déjà
adoptés, et une nouvelle discussion a eu lieu
sur ceux dont la rédaction n'était pas et n'est
pas encore définitivement arrêtée, particuliè-
rement pour ce qui a rapport aux chambres
syndicales.
C'est par erreuri que nous avons indiqué que
la gratuité de l'instruction primaire serait
mentionnée dans le programme; c'est seule-
ment l'obligation,comme nous l'avions annon-
cé précédemment, puisqu'un projet de loi sur
la gratuité relative a été déposé depuis long-
temps par M.. Bardoux, ministre de l'instruc-
tion publique. ,
Quant à l'organisation de la gendarmerie)[ll
a étéldéfinitlvement arrêté, ce mâtiné qu'une
commission serait nommée par les ministres
de l'intérieur et delà guerre pour réviser le
décret de 1854 et les règlements de 1854.
Enfin, le conseil des ministres a décidé que
le programme mentionnerait d'une façon
très-nette le maintien et l'exécution duCon-
cordat.
Le-général Borel asslstaitlce matin au con-
seil des ministres. On raconte aujourd'hui
que le ministre de la guerre, qui avait ma-
nifesté l'intention de donner sa démission,
tiendrait maintenant à en recevoir l'invitation
de ses collègues. On ajoute même que M. le
général Borel serait encouragé dans cette at-
titude par M. le président de la Republique,
qui se serait exprimé à ce sujet avec une cer-
taine vivacité dans le conseil tenu ce matin.
Nous croyons que ce sont là des bruits aux-
quels 11 convient de ne pas ajouter foi. La
retraite de M. le général Borel est une néces-
sité qui s'impose, et à laquelle le patriotisme
du ministre de la guerre nelui permettra pas
de se soustraire.
Le conseil des ministres se réunira demain
au ministère de la justice, place Vendôme, à
deux heures, sous la présidence de M. le
garde des sceaux, pour s'occuper de nouveau
du programme.
Dans cette séance, les ministres examine-
ront les noms de fonctionnaires dont la re-
traite est devenue indispensable. Nous croyons
pouvoir annoncer que c'est le ministère des
finances qui fera le plus grand nombre de
changements, ses agents de tout rang s'étant
toujours montrés les adversaires de la Répu-
blique, et les percepteurs, dans les campa-
gnes surtout, s'étant servis souvent de leur
position vis-à-vis des contribuables en retard,
pour leur occasionner des frais et les mena-
cer s'ils appartenaient au parti républicain.
ii 1
L'agence Havas publie la note suivante :
On sait que le cabinet formulera son pro-
gramme, à la rentrée des Chambres, non dans
un message présidentiel, mais dans une décla-
ration émanée de lui. D'après divers renseigne-
ments particuliers, il y a lieu de penser que le
ministère constatera l'importance des élec-
tions de janvier, qui ont fait de la République
le gouvernement Incontesté et désormais dé-
finitif delà France.
Tous les fonctionnaires, tous les agents qui
parlent en son nom, à quelque titre et à quel-
que degré que ce soit, ne doivent pas oublier
qu'ils tiennent d'eux leur autorité, le gouver-
nement, faisant tout ce que tout gouverne-
ment définitif a le devoir de faire, paraît déci-
dé à veiller avec fermeté à ce que l'adminis-
tration de la République, dans toutes ses
branches, soit confiee non à des ennemis qui
la dénigrent, mais à des amis qui la servent
avec le désir de la consolider.
S'inspirant de ces idées, il présentera un
projet de loi sur le conseil d'Etat et appli-
quera dans le même esprit la loi sur les grands
commandements. Dans ses rapports avec l'E.
glise, sans se laisser aller à des vexations re-
ligieuses qui blesseraient la liberté de cons-
cience et auxquelles personne ne songe, il
maintiendra énergiqnement les droits de l'E-
tal, tels qu'ils résultent des lois ; 11 les défen-
dra contre tous les empiétements et pratique-
ra, en un mot, une politique résoliment con-
cordataire.
De plus, il réclamera aux Chambres les
droits qui, en matière d'instruction, revien-
nent légitimement à l'Etat ; il leur demandera
égalementl'extensiondel'instruction primaire.
Enfin, voulant donner satisfaction à un be-
soin d'apaisement qui se fait sentir, il pren-
dra de larges mesures de clémence dont
pourront bénéficier tous ceux qu'en réalité
une loi aurait pu seuls amnistier.
Dans les élections du 5 janvier, le pays a été
appelé à juger la politique parlementaire et
républicaine affirmée dans le message prési-
dentiel de décembre 1877. L'approbation qu'il
lui a donnée permet de penser qu'il désire
l'affermissement de ce régime parlementaire,
qui traite au grand jour toutes les questions,
comme cela convient à une majorité qui, in-
contestablement maîtresse du pouvoir, n'a
plus à le disputer en prenant ses dispositions
dans des réunions non publiques.
Le ministère paraît obéir à ce désir, en ma-
nifestant l'intention de provoquer dans le Par-
lement un large débat, où toute sa politique
passée et présente sera discutée. Les explica-
tions complètes étant fournies, la Chambre
votera en toute connaissance de cause et dé-
clarera si le cabinet a, ou non, sa confiance.
————-———— —————————
L'agence Havas est une agence offi-
cieuse qu'emploient volontiers les gou-
vernements pour satistaire, par des indis-
crétions à peu près exactes, l'impatience
publique, quand elle est trop vivement
excitée pour attendre tranquillement
l'heure des révélations officielles. Comme
telle, cette agence est d'ordinaire bien ren-
seignée sur ce que nous appellerons « le
bloc» de la politique ; mais, comme telle
aussi, elle ne se croit pas sans doute obli-
gée d'apporter à la rédaction de ses notes
gée
toute la réflexion que comportent des dé-
clarations gouvernementales.
Une phrase incidente, qui s'est glissée
dans cette sorte de sommaire de program-
me ministériel, publié par l'agence Havas,
détonne, par la forme, au milieu de beau-
coup dej promesses excellentes dans le
fond. Nous voulons parler de la phrase
relative à « la majorité qui, incontestable-
ment maîtresse du pouvoir, n'a plus à le
disputer, en prenant ses dispositions dans
des réunions non publiques.,,»
Nous ne:lsaurions admettre que cette
théorie incidente, jetée légèrement parmi
tant d'affirmations sérieuses, soit de pro-
venance ministérielle. Car il y aurait, dans
ce cas, de la part du Cabinet actuel, aveu-
glement et ingratitude.
Ce n'estjun mystère pour personne qu'il
existe dans le parti républicain, commo
dans tout parti^des "ardents qui veulent
immédiatement arriver au mieux, quitte
à risquer de dépasser le bien, et des esprits
plus froids, plus rassise qui, pour attein-
dre plus sûrement le .bien, préfèrent ap-
porter des 'atermoiements au mieux. Les
réunions des:divers groupes délia majorité
ont pour ainsi dire opéré des classifications
dans ces tendances, dans ces tempéra-
ments. Et, de l'entente de ces divers grou-
pes,"* est toujours née l'action commune,
sans heurt.
Il est certain qu'il y a quatre jours, lors-
que les groupes ont commencé à tenir
conseil, les esprits ardents, en face du
changement considérable qui venait de
s'opérer dans la répartition des partis au
sein du Parlement, n'ont pensé qu'à at-
teindre leur idéal, en faisant un bond gi-
gantesque en avant. Mais, à côté d'eux, les
esprits calmes délibéraient. Les opinions
qui avaient triomphé dans telle réunion
étaient soumises à telle autre qui les dis-
cutaitret, aUjbesoin,Jes condamnait. Ce
bouillonnement qui s'était produit à la
première heure, tout localisé, venait se
noyer dans une immense nappe d'objec-
tions calmes, froides.
Et, à rencontre de l'agence Havas, nous
prétendons que « ces réunions non publi-
ques » n'ont servi qu'au bien général,
- nous dirions même qu'à l'avantage du
cabinet, — si l'intérêt particulier de quel-
ques personnalités ne devait être ab-
solument écarté, en aussi grave occur-
rence.
En effet, quel a été le but — quel a été
le résultat, espérons-le,— de ces réunions?
Le maintien du Cabinet actuel donnant
satisfaction aux aspirations de la majorité.
Il s'agissait de savoir ce que le ministère
voulait faire et ce dont la majorité pouvait
se contenter ; il s'agissait de ménager au
Cabinet une majorité toute prête à l'ap-
puyer, et à la majorité un Cabinet qui ne
marchât pas à l'aveuglette; il s'agissait
sur tout de ménager au pays toute sur-
prise.
Il n'est nullement question ici de « dis-
puter le pouvoir» ; il n'est question que de
discuter les conditions suscptibles d'apla-
nir les difficultés, et par conséquent d'as-
surer la tranquillité de la France.
P..
PETITS MYSTÈRES DU MINISTÈRE
Il est incroyable, mais avéré, que M. le
ministre de l'agriculture et du commerce
a donné ou vendu à M. Paul Dalloz « le
droit exclusif d'imprimer et publier la
liste officielle des tirages de la loterie
nationale». C'est M. Paul Dalloz qui nous
l'apprend lui-même dans une lettre que
son huissier a signifiée à notre illustre
maître et ami M. Emile de Girardin.
M. Emile de Girardin, dans la France
d'hier soir, fait connaître au public que
le ministre a préféré M. Dalloz à M. Wit-
tersheim, à MM. Berger-Levrault, les
grands imprimeurs de Nancy, et à l'Im-
primerie nationale. Comme il n'y a pas
eu d'adjudication publique, il nous est
difficile de savoir quels avantages M.
Dalloz a faits au Trésor. Le bénéficiaire
de ce traité secret affirme que l'honora-
ble M. Teisserenc de Bort ne lui a pas
fait « une concession gratuite H. M. Emile
de Girardin croit savoir, au contraire,
que ce marché ne fera pas recette au Tré-
sor public. Nous saurons bientôt à quoi
nous en tenir sur ce point, car la ques-
tion ne manquera pas d'être soumise à
la Chambre. Mais, en attendant, le pays et
la presse ont le droit de trouver étrange
qu'un ministre républicain, ayant un pri-
vilége à donner ou à vendre, ait choisi,
entre tous les candidats, un des cham-
pions les plus acharnés de l'ordre moral,
un serviteur du 24 et du 16 mai et l'édi-
teur du Bulletin des Communes.
M. Edouard Lebey, membre de la com-
mission de la loterie nationale, a adressé,
il y a quelques jours, la lettre suivante à
M. Girerd, sous-secrétaire d'Etat au minis-
tère de l'agriculture et du commerce et
président de cette commission.
Paris, le 6 janvier 1879.
Monsieur le président,
Le 7 novembre dernier, la commission du
tirage de la Loterie nationale, dont j'ai l'hon-
neur de faire partie, a adopté, à l'unanimité,
la décision suivante :
Au moment de son entrée dans le magasin,
chaque lot sera enregistré sur un livre matri-
cule, ou catalogue, et recevra un numéro d'or-
dre. Ce catalogue sera imprimé à L'avance et
vendu par les soins de Vadministration. Une
affiche indicative du numéro tiré sera placée
à côte de Vappareil de tirage, afin que le public
puisse inscrire sur le catalogue, en regord du
numéro d'ordre du lot tiré, le numéro du billet
gagnant.
Cette décision a été officiellement commu-
niquée aux journaux, qui tous en ont repro-
duit les termes, de manière à former contrat
entre le public et la commission.
Sur la foi de ces délibérations, tout le mon-
de attend la publication du catalogue annoncé
et, grâce aux numéros d'ordre qui doivent y
figurer, compte exercer un contrôle légitime
sur le tirage de la loterie et la délivrance des
lots, et trouver ensuite, dans les journaux,
non-seulement les numéros gagnants, mais
encore les numéros d'ordre indiquant le gros
lot ou les 12 lots gagnés.
Sur la foi de ces délibérations, je vous ai
demandé l'époque de la mise en vente de ce
catalogue. En guise de réponse, j'ai reçu con-
vocation à une réunion, où vous avez déclaré
« qu'aucun catalogue ne serait publié avant
» le tirage ».
Force vous a d'ailleurs été de reconnaître,
devant les membres de la commission, que
cette décision avait été prise à l'encontre de
celle arrêtée par eux, et à leur insu.
Estimant que, dans ces conditions, le rôle
de membre de la commission devient illu-
soire ; qu'après avoir promis au public un ca-
talogue, il est Inadmissible qu'on le lui refu-
se; qu'en le privant ainsi des moyens de con-
trôle qu'on s'est engagé à lui fournir, on en-
courage les propos les plus calomnieux rela-
tivement à la substitution des lots au moment
de leur délivrance; qu'en mettant les journaux
dans l'impossibilité de publier une indication
quelconque sur l'objet gagné, tandis que l'on
réserve à un seul l'exclusivité de ces rensei-
gnements, on crée un privilège contre lequel
mes devoirs et mes engagements vis-à-vis de
la presse m'obligent à protester ; que ce refus
de renseignements sur la désignation des lots
n'a jamais existé dans aucune loterie et de-
vrait, moins que dans toute autre, se manifes-
ter dans la loterie Intitulée « nationale », je
vous prie d'accepter ma démission de mem-
bre de la commission du tirage de cette lo-
terie.
Veuillez agréer, monsieur le président, l'as-
surance de mes sentiments les plus distin-
gués.
Signé : EDOUARD LEBEY.
L'INSURRECTION CANAQUE
L'agence Havas nous communique la
dépêche suivante :
Sydney, 5 décembre.
Des avis reçus de la Nouvelle-Calédonie;
sans date, annoncent que les insurgés ont
massacré onze blancs qui transportaient des
munitions de guerre sur le fleuve Paya, pour
les troupes. Leurs corps ont été trouvés cuits,
et coupés par morceaux dans des paniers.
2,000 paquets de cartouches de chassepots
sont tombés entre les mains de insurgés, qui
les employèrent contre les canots d'un navire
de guerre français qui opéraient une recon-
naissance sur le fleuve. Les insurgés firent
feu plusieurs fois sur les matelots français qui
ne purent les poursuivre à cause des marais
qui bordent le fleuve.
(Cette dépêche se rapporte à des faits déjà
connus et qui ont été communiqués à la presse
par une dépêche de Sydney, 27 novembre, re-
çue par le ministre de la marine et des colo-
nies et publiée par l'agence Havas le 28 no-
vembre, dans sa feuille des dépêches 9 h. 30
du soir.
A la date du 27 décembre, le commandant
Olry, gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, a
adressé au ministre de la marine et des colo-
nies une dépêche annonçant qu'aucun fait
nouveau n'était à signaler.)
Une Encyclique de Léen XIII
V Univers nous apporte le texte de
l'Encyclique adressée par le pape Léon
XIII à tous les archevêques et évêques
de la communion catholique, que le télé-
graphe avait signalée hier. Elle est datée
du 28 décembre et a pour but de combat-
tre la « secte de ces hommes qui s'appel-
lent diversement et de noms presque bar-
bares : socialistes, communistes et nihi-
listes.» Nous ne sommes,pour notrepart,
ni nihilistes, ni J communistes, ni socia-
listes ; nous ne défendrons pas contre
les anathèmes du chef des catholiques
des doctrines que nous considérons com-
me de vaines et dangereuses utopies.
Nous reconnaîtrons même avec plaisir
que le ton de cette encyclique du nou-
veau pape est plus calme et plus modéré
que ne l'étaient lès documents sembla-
bles signés par son prédécesseur. Pie IX
était un violent, Léon XIII est un politi-
que. On ne peut demander au chef d'une
orthodoxie la tolérance ; on lui est re-
connaissant d'avoir du moins la politesse.
On peut discuter avec celui-ci, sans avoir
d'ailleurs la moindre espérance de le
convaincre.
Léon XIII commence par rechercher
l'origine des doctrines ennemies de l'or-
dre social qui troublent aujourd'hui un
certain nombre d'esprits. Pour lui, elles
sont le dernier mot, la nécessaire consé-
quence du rationalisme et de la libre-
pensée, la suprême hérésie, déjà conte-
nue en germe dans la grande hérésie du
seizième siècle. Il est bien difficile,nous le
savons, à un pontife romain de ne pas con-
sidérer la raison et la libre-pensée com-
me la cause de tous les maux d'ici-bas.
Nous nous permettrons cependant de lui
faire remarquer que les doctrines auxquel-
les il fait allusion sont bien plus anciennes
dans le monde que le schisme du seiziè-
me siècle, auquel il fait allusion. Elles
sont aussi vieilles que la misère humai-
ne. De tout temps ceux qui souffrent ont
cherché un remède à leurs maux. De tout
temps les violents ou les fous ont cher-
ché le remède dans l'utopie ou dans la
violence. La réforme n'était pas venue
quand les jacqueries ont éclaté. Le chris-
tianisme lui-même n'était pas venu quand
Catilina méditait l'incendie de Rome et
le massacre de ceux qui possédaient.
Et,n'en déplaise au successeur de Pierre,
qui a cité certaines phrases des Epîtres de
Paul, mais qui s'est bien gardé de citer
l'Evangile, il y a terriblement de socialis-
me et même de communisme dans les
prédications de Jésus. Lorsque les uto-
pistes modernes se réclament de l'Evan-
gile, ce sont eux incontestablement qui
ont raison contre leurs adversaires.
Suivant Léon XIII, le christianisme
seul est en état de constituer un état so-
cial paisible et satisfaisant, d'assurer
l'équilibre, de contenir les pauvres par le
respect de l'autorité, en même temps
qu'elle les seconde par la charité, de
garantir aux riches la possession de leurs
richesses en même temps qu'elle leur or-
donne de venir largement en aide à ceux
qui ont faim et soif. Nous ne contestons pas
la valeur de cette conception sociale ; si
elle ne sort pas tout entière de rEvan,
gile, elle est le système qu'après un cer-j
tain nombre de siècles l'Eglise a formu-j
LE lE SIVP ÈVI CM Lw Ewm
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RÉDACTION
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Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et &
6, Place de la Bourse, 6
BUtil^HjTIN •
Paris, 12 Janvier.
Ben-Ismaïl, premier ministre de la ré-
gence de Tunisie, s'est rendu vendredi en
grand uniforme et avec une suite au con-
sulat de France. Le consul général de
France, entouré de tout le personnel du
consulat et des officiers du stationnaire
français, a reçu publiquement les excuses
complètes du bey de Tunis, que son pre-
mier ministre venait porter en son nom.
On trouvera plus loin une importante
circulaire de M. Waddington, relative
à la rectification des frontières de la Grèce.
Cette dépêche, adressée à M. le marquis
d'Harcourt, notre ambassadeur à Londres,
et probablement à tous les représentants
de la France à l'étranger, porte la date du
21 octobre. On se rappelle sans doute qu'à
cette époque, le cabinet d'Athènes, fati-
gué de faire des démarches inutiles à
Constantinople, invoqua le bénéfice de
l'article 24 du traité de Berlin et sollicita
la médiation des puissances. M. Wad-
dington rappelle à grands traits les négo-
ciations ouvertes par la Grèce à Constan-
tinople dès après la signature du traité du
13 juillet. Le congrès de Berlin avait dé-
cidé, en effet, que la Sublime-Portejserait
invitée à s'entendre avec la Grèce pour
une rectification de frontières en Thessa-
lie et en Epire, et il avait exprimé l'avis
que cette rectification pourrait suivre la
vallée du Salamaryas, sur le versant de la
mer Egée, et celle du Kalamas du côté de
la mer Ionienne. En présence du refus de
la Porte de donner suite aux négociations
entamées et de la demande de médiation de
la Grèce, M. Waddington pense que le mo-
ment est venu pour les puissances d'exer-
cer leur médiation. Il insiste sur la né-
cessité de la rectification des frontières
grecques pour assurer la paix de l'Orient.
Il insiste aussi sur le tracé qui avait été
indiqué par le congrès, et ce point a d'au-
tant plus d'importance en ce moment que
la Turquie semble peu disposée à l'accep-
ter dans son entier.
Les nouvelles de l'Inde adressées aux
journaux anglais signalent un combat li-
vré par la colonne partie de Quettah et
marchant sur Candahar. Les Anglais ont
été victorieux et les Afghans seraient telle-
ment démoralisés que le gouverneur de
Candahar aurait licencié son armée et aban-
donné la ville. On ne s'attend donc plus à
aucune résistance.Nousnous bornons,bien
entendu, à donner cette nouvelle telle
qu'elle parvient au Standard. Mais nous
ne saurions trop faire remarquer que les
nouvelles sont de plus en plus contradic-
toires. Ainsi, par exemple, nous avons si-
gnalé hier un nouveau combat livré par le
général Roberts, qui s'est terminé par une
victoire importante. Le Standar£{.reçoit
une nouvelle dépêche explicative aux ter-
mes de laquelle ce combat avait pour but
d'empêcher un sérieux mouvement des
populations indigènes, qui s'organisaient
dans le but d'anéantir la colonne du
général Roberts. Ce but, selon lè Stan-
dard, aurait été atteint par 'la vic-
toire dont nous venons de parler, et
les chefs des tribus auraient fait leur sou-
mission. Or, une dépêche officielle de
Calcutta annonce, au contraire, que le gé-
néral Roberts est obligé de battre en re-
traite à cause des mouvements menaçants
des Mangals.
Les négociations entre leVatican et Berlin
semblent avoir définitivement échoué. M.
Windthorst vient d'ailleurs de le déclarer
à la Chambre des députés de la Prusse lors
de la discussion du budget des cultes. Le
ministre des cultes, M. Falk, a relevé le
gant. Il a affirmé que rien ne serait changé
aux principes généraux, que le gouverne-
ment veut la paix, mais que le parti ca-
tholique doit commencer par se soumet-
tre aux lois de l'Etat.
La Pall Mail Gazette publie de curieux
détails sur les négociations qui viennent
d'être rompues, et qui ont eu pour seul
résultat le maintien du Dr Falk au minis-
tère. Lorsque, dans le courant de cet été,
M. de Bismarck cherchait des alliés pour
faire adopter la loi contre les socialislet,dl
songea à se rapprocher du centre catholi-
que.Il s'adressa alors à M.Masella, nonce du
pape à Munich, et il ouvrit à son ambition
un vaste horizon en faisant miroiter à
ses yeux la brillante position qu'aurait à
la cour impériale de Berlin un nonce du
pape. Mais les flatteries personnelles et
les paroles mielleuses ont leur temps;
elles ne résolvent pas le problème épi-
neux de la conciliation de deux principes
hostiles. Lorsque le chancelier demanda,
pour prix d'une révision des lois de mai,
la promesse que la Curie ordonnerait au
parti du centre de voter pour lui dans
toutes les questions importantes, le nonce
fut obligé d'avouer que le pape n'a-
vait aucun pouvoir pour le faire, et
que la Curie avait pour principe de
ne pas se mêler des affaires intérieu-
res d'un Etat dans des questions pure-
ment laïques. Rien ne pouvait, par consé-
quent, être conclu à Kissingen. Dans l'in-
tervalle, le cardinal Franchi mourût et le
cardinal Nina, homme d'un grand bon
sens, qUi lui succéda, envisagea l'affaire
avec beaucoup plus de sang-froid, il se
borna à annoncer au prince de Bismarck
son entrée en fonctions et lui donna l'as-
surance qu'il ferait tout ce qui dépendrait
de lui pour amener l'accord désiré. La ré-
ponse se fit attendre plusieurs mois ; elle
n'arriva à Rome qu'à la fin de novembre.
« Je ne prétends pas en connaître le texte,
ajoute le correspondant du journal an-
glais, car les négociations ont été condui-
tes dans le plus grand secret ; mais la ré-
plique du cardinal a dû irriter singulière-
ment le chancelier, puisqu'il autorisa par
suite le docteur Falk à prononcer son fa-
meux discours du 11 décembre, qui dé-
clarait qu'il fallait que les catholiques
commençassent par se soumettre aux lois
de mai avant qu'il pût être question de
les réviser.» Les négociations en sont res-
tées là, et la lutte contre Rome va conti-
nuer.
E. BARBIER.
Bour«« c]Lt» Ipabwdwm
Plfira BOURSE DU noix
3 0/0 amortissable.. 79 fr. 90.
5 0/0 113 fr. 45.
Turc 11 fr. 20, 15,
Banque ottomane.. 464 fr.
Egypte 253 fr. 75, 252 50, 253 12.
Russe 1877. 86 fr. 1/8, 1/4.
Hongrois 72. 71 fr. 7/8.
Des paroles d'un grand bon sens ont
été dites hier par M. Gambetta dans la
réunion tenue par les membres de l'U-
nion républicaine. Comme on y propo-
sait de rédiger un programme, M. Gam-
betta est intervenu pour démontrer qu'on
faisait fausse route et que ce n'était pas
le temps de s'embarrasser de program-
me en l'air. Sommes-nous dans une aca-
démie? et, sérieusement, s'agit-il de met-
tre au concours des programmes politi-
ques, afin de couronner le plus accom-
pli?
La situation parlementaire est la plus
naturelle, la plus simple du monde; et,
si l'on consent à ne point aller chercher
à midi quatorze heures, on le verra
bien.
Jusqu'au 5 janvier,les républicains n'a-
vaient eu la majorité que dans la Cham-
bre ; depuis le 5 janvier, ils l'ont aussi
dans le Sénat. Ils sont donc maîtres du
Parlement. Cette heureuse nouveauté a
donné cours à bien des espérances qu'on
avait été jusqu'ici contraint de refouler.
Mais certains groupes républicains se
sont demandé si, ces espérances, le ca-
binet du 14 décembre serait en état de
les réaliser.
BeJà l'effervescence de ces derniers
jours ; de là ces réunions, ces députa-
tions, ce brouhaha, cette ardeur bouil-
lonnante. Du reste, il fallait s'y attendre;
il était à peu près inévitable que cela fût.
Mais, en résumé, quelle est la question?
C'est de savoir si la politique du cabinet
actuel pourra répondre à l'attente du Par-
lement. On le saura mardi, puisqu'il doit
y porter mardi son programme et qu'à ce
propos s'ouvrira le plus large débat pu-
blic. Rédiger par avance des espèces de
contre-programmes ayant la tournure de
mandats impératifs, cela n'aurait pu ser-
vir à rien, sinon à créer des complica-
tions fort vaines et aussi regrettables
pour la majorité du Parlement que pour
le cabinet.
Pour nous, nous ne pouvons que répé-
ter ce que nous avons dit plusieurs fois
déjà. Ni l'opportunité, ni les principes de
la République parlementaire ne nous sol-
licitent de porter un jugement sur la po-
litique du ministère avant qu'il l'ait offi-
ciellement exposée. A rheure où nous
sommes, nous ne saurions juger que son
passé, et s'il est vrai qu'il ne soit pas
exempt de reproches, nous demandons
qui aurait fait mieux dans le cours de la
difficile période commencée le 14 décem-
bre 1877 et achevée le 5 janvier 1879,
jour du renouvellement du Sénat? Si un
ministère a jamais démérité de son pays
ou de son parti, ce n'est certes pas le ca-
binet Dufaure. Nous savons ce qu'on
craint ; nous savons qu'à certains égards
le président actuel du conseil peut
être une gêne, mais nous savons aussi
qu'à bien d'autres égards il est une force.
C'est aux républicains prudents de voir
laquelle de ces deux considérations, —
gêne ou force, — doit l'emporter.
Au surplus, les impatients trouveront
dans une note officieuse de l'agence Ha-
vas quelques indications intéressantes.
Nous n'y insisterons pas, parce que tout
ce qui n'est point un texte formel ne peut
donner matière qu'à des discussions anti-
cipées. Nous attendons le texte formel
avec confiance, et c'est avec confiance
aussi que nous attendons la discussion
qui suivra. Il y a deux choses que le
pays ne comprendrait pas : la premiè-
re, ce serait que le ministère n'accordât
point aux vœux de l'opinion la plus large
satisfaction possible ; la seconde, ce se-
rait que le Parlement retirât sa confiance
au cabinet sans de graves raisons, avec
un esprit d'imprudence, par simple amour
du mieux, qui est, comme on sait, l'eni
nemi du bien. ,
EUG. LIÉBERT
LES RÉUNIONS PARLIMENTilRIS
La gauche républicaine de la Chambre des
députés a tenu hier, à quatre heures, dans la
salle du boulevard des Capucines, une lon-
gue séance sous la présidence de M. Leblond.
Voici le procès-verbal officiel de la réunion
qui a été rédigé par le bureau :
« Au début de la séance M. le président rend
compte à l'Assemblée des conférences qui se
sont engagées entre les bureaux de différents
groupes, des opinions qui s'y sont produites
et des observations soumises au nom de la
gauche à M. le président du conseil.
» M. Leblond énumère les diverses ques-
tions sur lesquelles a porté la délibération
des bureaux. Il parle particulièrement de la
question du personnel, de celle des comman-
dements militaires, de celle de la gendarme-
rie, de celles relatives à l'instruction publique
et aux cultes, et notamment de la nécessité
de soumettre au concordat et à la loi com-
mune les différents membres du clergé et les
congrégations religieuses. Il ajoute que toutes
ces questions ont été examinées dans son en-
tretien avec le garde des sceaux etqu'àla suite
de l'échange d'idées qui a eu lieu entre M. le
garde des sceaux et lui, il croit pouvoir dire
qu'elles recevront une solution favorable. Il
annonce qu'au surplus le gouvernement a
l'intention de présenter à la Chambre et au
Sénat un programme ministériel dans lequel
toutes ces questions auront une place ; que
le gouvernement provoquera lui-même
l'examen et la contradiction et qu'il deman-
dera à la Chambre un vote de confiance.
» A la suite de ces communications, un long
débat s'engage sur le mode de procéder au-
quel on aura recours pQur l'examen et la
discussion de ce programme. Ont pris part
à la discussion : MM. Bernier, Pierre Le-
grand, Ribot, Papon, Louis Legrand, Langlois,
Senard, Vilain, Méline, Albert Grévy, Devès,
Fr6minet,Franck Chauveau, Jules Ferry, Ples-
sier. »
Nous croyons pouvoir compléter le procès-
verbal en ajoutant que deux modes de procé-
der ont été proposés. Quelques membres ont
émis l'idée que le programme du gouverne-
ment IUt renvoye aux Dureaux, lesquels nom-
meraient une commission spéciale chargée
de rédiger un projet de réponse qui serait
ensuite discuté en séance. D'autres membres
ont fait observer que cette procédure, qui
rappelle celle employée sous l'empire pour
le vote des réponses au discours du trône,
n'était plus conforme au règlement des
Chambres et que le mode le plus naturel et
le plus rapide pour arriver à la discussion dé-
sirée du programme gouvernemental serait
de recourir à la voie d'interpellation. Un
membre de la Chambre demanderait à inter-
peller le gouvernement sur la façon dont 11
entend mettre son programme à exécution.
Ce programme serait alors examiné dans les
groupes et les orateurs auraient occasion
d'exposer à la tribune, au jour fixé pour la
discussion, les opinions émises sur chaque
point dans ces réunions.
Il n'a pas été pris de décision.
Deux sous-secrétaires d'Etat, MM. Lepère et
Cochery, assistaient à la réunion, qui était
très nombreuse.
*
fi. fi.
L'extrême gauche était convoquée à deux
heures chez M. Louis Blanc. Un très-petit
nombre de députés ont répondu à l'appel, et
après un court échange d'observations, Us se
sont séparés pour pouvoir assister aux autres
réunions parlementaires.
*
* *
Le centre gauche a renvoyé sa séance à
lundi, deux heures, salle Nadar.
*
fi. *
A l'Union républicaine, la discussion a été
assez étendue et importante. 11 n'a pas été
dressé de procès-verbal y mais, d'après nos
renseignements, voici le résumé de ce qui s'y
est passé :
M. Gatineau, membre du comité directeur,
a pris le premier la parole. 11 a rendu compte
des deux séances tenues par les délégués des
quatre groupes de la gauche chez M. Leblond.
Il a dit que M. Leblond avait été chargé de
voir M. Dufaure, non pour lui présenter,
comme on l'a dit à tort, un programme qui
n'avait jamais été délibéré par les délégués,
mais uniquement pour se renseigner sur les
intentions du gouvernement et connaître le
programme qu'il se propose de présenter aux
PKo m HT»/a c
uuauiux o.
De cette entrevue, il résulterait que M. le
garde des sceaux entendrait maintenir et éten-
dre le système des grâces en es qui concerne
les condamnés pour la Commune, mais ne
voudrait pas procéder par voie d'amnistie lé-
gislative. Interrogé sur la nécessité d'appli-
quer strictement la loi sur les grands com-
mandements, M. Dufaure se serait contenté
de faire un signe d'adhésion. Pour le person-
nel, M. Dufaure serait disposé à donner satis-
faction aux désirs manifestés par les républi-
cains, en ce qui touche la réforme du person-
nel des administrations ministérielles, mais il
a fait de grandes réserves sur le personnel
judiciaire, vis-à-vis duquel il ne veut procéder
que sur des réclamations ou plaintes indivi-
duelles justifiées, et non user d'une mesure
générale. ",
Enfin, M. Gatineau a terminé son exposé en
disant que les délégués n'ont pu prendre au-
cune décision, ayant reçu seulement un man-
dat d'information.
MM. Peulvey, Labuze, Andrieux ont parlé
successivement sur la nécessité d'élaborer un
programme indiquant toutes les réformes que
les gauches veulent voir réaliser par le gou-
vernement et dont elles font une condition de
leur concours. Selon eux, un projet de pro-
gramme devrait être préparé par le bureau de
chaque groupe, discuté par la réunion, sou-
mis ensuite aux autres groupes, et enfin pro-
posé à l'acceptation du ministère. Leur but,
en faisant cette motion, serait d'arriver à
une entente générale de la majorité avant
l'ouverture de la session, et d'éviter ainsi un
débat public du programme ministériel, qui
pourrait, selon eux, compromettre l'union des
gauches.
M. Duclaud a dit que d'un cas particulier on
pouvait tirer des indications générales ; que,
dans le département de la Charente où il est
électeur sénatorial,on attendait impatiemment
la modification du personnel et des réformes
politiques ; qu'on avait dit aux populations :
attendez les élections de 1876 ; puis : atten-
dez le i4 octobre; puis, attendez les élections
sénatoriales, et on vous donnera satisfaction.
Que maintenant on est las d'attendre et qu'il
faut réaliser ces promesses. Que, quant à lui,
11 a été jusqu'ici ministériel quand même,
mais qu'il est décidé aujourd'hui à exiger des
actes sérieux.
M. Boysset a fait alors un long discours. Il
déclare que, quel que soit le programme, gou-
vernemental, la personnalité du président du
conseil, si sympathique qu'elle soit, et telle re-
connaissance qu'on doive éprouver en raison
de ses services, ne permet pas de croire que,
sous sa direction, le gouvernement puisse
recevoir l'impulsion démocratique et républi-
caine exigée par la situation nouvelle. Il a
ajouté qu'il ne voyait ancun inconvénient à
un débat public à la Chambre sur le program-
me ministériel. La situation actuelle n'exi-
geant plus l'unité et les précautions que la
lutte avait rendues jusqu'ici nécessaires entre
les diverses fractions de la majorité, et que le
débat pouvait être très-net sans pour cela
porter atteinte aux sentiments d'union véri-
table qui règneront toujours dans le parti ré-
publicain.
M. Boysset s'est ensuite étendu sur le pro-
gramme annoncé, mais en .concluant il a ré-
pété qu'avec la personnalité du garde des
sceaux, il était impossible ..d'en espérer la
stricte application dans un sens républicain.
M. Gambetta, en réponse à la proposition
de rédiger un programme qui serait soumis
au gouvernement, a dit qu'il serait mauvais
de prendre l'initiative de ce programme, que
le gouvernement produirait le sien et que la
Chambre l'examinerait selon les usages par-
lementaires et exprimerait alors son opinion.
Ce serait la seule marche logique à suivre,
la Chambre ne pouvant dicter aux ministres
le programme qu'elle devra ensuite juger.
On nous assure que M. Gambetta a terminé
son discours en répétant ce qu'il a déjà dit
dans un récent banquet, qu'il ne voulait ac-
cepter pour son compte aucune situation dans
le cabinet, et ajoutant que sa situation per-
sonnelle et diverses considérations politiques
ne le lui permettaient pas.
Quelques observaiions ont été encore pré-
sentées par MM. Tiersot, Arrazat, Berlet, Al-
lain-Targé, et la séance a été levée à cinq
heures.
La prochaine séance aura lieu lundi.
ARMAND LANDRLN.
Les bureaux des trois gauches du Sé-
nat se sont réunis dans l'après-midi d'hier
pour s'occuper du efioix d'un président,
en remplacement de M. d'Audiffret-Pas-
quier.
Voici le résultat du vote auquel ils ont
procédé :
MM. Martel, président, à l'unanimité,
moins deux voix données à
M. Jules Simon.
Du clerc, vice-président, à l'unanimité
Leroyer, — à la majorité.
Testelin, — -
Un 4' vice-président sera laissé aux
droites.
A. L.
On lit dans le National ;
Le conseil des ministres s'est réuni ce ma-
tin, à neuf heures, au palais de l'Elysée, sous
la présidence du maréchal de Mac-Mahon.
La séance s'est prolongée jusqu'à dix heu-
res trois quarts.
Les peints du programme que nous avons
indiqués ont été confirmés pour ceux déjà
adoptés, et une nouvelle discussion a eu lieu
sur ceux dont la rédaction n'était pas et n'est
pas encore définitivement arrêtée, particuliè-
rement pour ce qui a rapport aux chambres
syndicales.
C'est par erreuri que nous avons indiqué que
la gratuité de l'instruction primaire serait
mentionnée dans le programme; c'est seule-
ment l'obligation,comme nous l'avions annon-
cé précédemment, puisqu'un projet de loi sur
la gratuité relative a été déposé depuis long-
temps par M.. Bardoux, ministre de l'instruc-
tion publique. ,
Quant à l'organisation de la gendarmerie)[ll
a étéldéfinitlvement arrêté, ce mâtiné qu'une
commission serait nommée par les ministres
de l'intérieur et delà guerre pour réviser le
décret de 1854 et les règlements de 1854.
Enfin, le conseil des ministres a décidé que
le programme mentionnerait d'une façon
très-nette le maintien et l'exécution duCon-
cordat.
Le-général Borel asslstaitlce matin au con-
seil des ministres. On raconte aujourd'hui
que le ministre de la guerre, qui avait ma-
nifesté l'intention de donner sa démission,
tiendrait maintenant à en recevoir l'invitation
de ses collègues. On ajoute même que M. le
général Borel serait encouragé dans cette at-
titude par M. le président de la Republique,
qui se serait exprimé à ce sujet avec une cer-
taine vivacité dans le conseil tenu ce matin.
Nous croyons que ce sont là des bruits aux-
quels 11 convient de ne pas ajouter foi. La
retraite de M. le général Borel est une néces-
sité qui s'impose, et à laquelle le patriotisme
du ministre de la guerre nelui permettra pas
de se soustraire.
Le conseil des ministres se réunira demain
au ministère de la justice, place Vendôme, à
deux heures, sous la présidence de M. le
garde des sceaux, pour s'occuper de nouveau
du programme.
Dans cette séance, les ministres examine-
ront les noms de fonctionnaires dont la re-
traite est devenue indispensable. Nous croyons
pouvoir annoncer que c'est le ministère des
finances qui fera le plus grand nombre de
changements, ses agents de tout rang s'étant
toujours montrés les adversaires de la Répu-
blique, et les percepteurs, dans les campa-
gnes surtout, s'étant servis souvent de leur
position vis-à-vis des contribuables en retard,
pour leur occasionner des frais et les mena-
cer s'ils appartenaient au parti républicain.
ii 1
L'agence Havas publie la note suivante :
On sait que le cabinet formulera son pro-
gramme, à la rentrée des Chambres, non dans
un message présidentiel, mais dans une décla-
ration émanée de lui. D'après divers renseigne-
ments particuliers, il y a lieu de penser que le
ministère constatera l'importance des élec-
tions de janvier, qui ont fait de la République
le gouvernement Incontesté et désormais dé-
finitif delà France.
Tous les fonctionnaires, tous les agents qui
parlent en son nom, à quelque titre et à quel-
que degré que ce soit, ne doivent pas oublier
qu'ils tiennent d'eux leur autorité, le gouver-
nement, faisant tout ce que tout gouverne-
ment définitif a le devoir de faire, paraît déci-
dé à veiller avec fermeté à ce que l'adminis-
tration de la République, dans toutes ses
branches, soit confiee non à des ennemis qui
la dénigrent, mais à des amis qui la servent
avec le désir de la consolider.
S'inspirant de ces idées, il présentera un
projet de loi sur le conseil d'Etat et appli-
quera dans le même esprit la loi sur les grands
commandements. Dans ses rapports avec l'E.
glise, sans se laisser aller à des vexations re-
ligieuses qui blesseraient la liberté de cons-
cience et auxquelles personne ne songe, il
maintiendra énergiqnement les droits de l'E-
tal, tels qu'ils résultent des lois ; 11 les défen-
dra contre tous les empiétements et pratique-
ra, en un mot, une politique résoliment con-
cordataire.
De plus, il réclamera aux Chambres les
droits qui, en matière d'instruction, revien-
nent légitimement à l'Etat ; il leur demandera
égalementl'extensiondel'instruction primaire.
Enfin, voulant donner satisfaction à un be-
soin d'apaisement qui se fait sentir, il pren-
dra de larges mesures de clémence dont
pourront bénéficier tous ceux qu'en réalité
une loi aurait pu seuls amnistier.
Dans les élections du 5 janvier, le pays a été
appelé à juger la politique parlementaire et
républicaine affirmée dans le message prési-
dentiel de décembre 1877. L'approbation qu'il
lui a donnée permet de penser qu'il désire
l'affermissement de ce régime parlementaire,
qui traite au grand jour toutes les questions,
comme cela convient à une majorité qui, in-
contestablement maîtresse du pouvoir, n'a
plus à le disputer en prenant ses dispositions
dans des réunions non publiques.
Le ministère paraît obéir à ce désir, en ma-
nifestant l'intention de provoquer dans le Par-
lement un large débat, où toute sa politique
passée et présente sera discutée. Les explica-
tions complètes étant fournies, la Chambre
votera en toute connaissance de cause et dé-
clarera si le cabinet a, ou non, sa confiance.
————-———— —————————
L'agence Havas est une agence offi-
cieuse qu'emploient volontiers les gou-
vernements pour satistaire, par des indis-
crétions à peu près exactes, l'impatience
publique, quand elle est trop vivement
excitée pour attendre tranquillement
l'heure des révélations officielles. Comme
telle, cette agence est d'ordinaire bien ren-
seignée sur ce que nous appellerons « le
bloc» de la politique ; mais, comme telle
aussi, elle ne se croit pas sans doute obli-
gée d'apporter à la rédaction de ses notes
gée
toute la réflexion que comportent des dé-
clarations gouvernementales.
Une phrase incidente, qui s'est glissée
dans cette sorte de sommaire de program-
me ministériel, publié par l'agence Havas,
détonne, par la forme, au milieu de beau-
coup dej promesses excellentes dans le
fond. Nous voulons parler de la phrase
relative à « la majorité qui, incontestable-
ment maîtresse du pouvoir, n'a plus à le
disputer, en prenant ses dispositions dans
des réunions non publiques.,,»
Nous ne:lsaurions admettre que cette
théorie incidente, jetée légèrement parmi
tant d'affirmations sérieuses, soit de pro-
venance ministérielle. Car il y aurait, dans
ce cas, de la part du Cabinet actuel, aveu-
glement et ingratitude.
Ce n'estjun mystère pour personne qu'il
existe dans le parti républicain, commo
dans tout parti^des "ardents qui veulent
immédiatement arriver au mieux, quitte
à risquer de dépasser le bien, et des esprits
plus froids, plus rassise qui, pour attein-
dre plus sûrement le .bien, préfèrent ap-
porter des 'atermoiements au mieux. Les
réunions des:divers groupes délia majorité
ont pour ainsi dire opéré des classifications
dans ces tendances, dans ces tempéra-
ments. Et, de l'entente de ces divers grou-
pes,"* est toujours née l'action commune,
sans heurt.
Il est certain qu'il y a quatre jours, lors-
que les groupes ont commencé à tenir
conseil, les esprits ardents, en face du
changement considérable qui venait de
s'opérer dans la répartition des partis au
sein du Parlement, n'ont pensé qu'à at-
teindre leur idéal, en faisant un bond gi-
gantesque en avant. Mais, à côté d'eux, les
esprits calmes délibéraient. Les opinions
qui avaient triomphé dans telle réunion
étaient soumises à telle autre qui les dis-
cutaitret, aUjbesoin,Jes condamnait. Ce
bouillonnement qui s'était produit à la
première heure, tout localisé, venait se
noyer dans une immense nappe d'objec-
tions calmes, froides.
Et, à rencontre de l'agence Havas, nous
prétendons que « ces réunions non publi-
ques » n'ont servi qu'au bien général,
- nous dirions même qu'à l'avantage du
cabinet, — si l'intérêt particulier de quel-
ques personnalités ne devait être ab-
solument écarté, en aussi grave occur-
rence.
En effet, quel a été le but — quel a été
le résultat, espérons-le,— de ces réunions?
Le maintien du Cabinet actuel donnant
satisfaction aux aspirations de la majorité.
Il s'agissait de savoir ce que le ministère
voulait faire et ce dont la majorité pouvait
se contenter ; il s'agissait de ménager au
Cabinet une majorité toute prête à l'ap-
puyer, et à la majorité un Cabinet qui ne
marchât pas à l'aveuglette; il s'agissait
sur tout de ménager au pays toute sur-
prise.
Il n'est nullement question ici de « dis-
puter le pouvoir» ; il n'est question que de
discuter les conditions suscptibles d'apla-
nir les difficultés, et par conséquent d'as-
surer la tranquillité de la France.
P..
PETITS MYSTÈRES DU MINISTÈRE
Il est incroyable, mais avéré, que M. le
ministre de l'agriculture et du commerce
a donné ou vendu à M. Paul Dalloz « le
droit exclusif d'imprimer et publier la
liste officielle des tirages de la loterie
nationale». C'est M. Paul Dalloz qui nous
l'apprend lui-même dans une lettre que
son huissier a signifiée à notre illustre
maître et ami M. Emile de Girardin.
M. Emile de Girardin, dans la France
d'hier soir, fait connaître au public que
le ministre a préféré M. Dalloz à M. Wit-
tersheim, à MM. Berger-Levrault, les
grands imprimeurs de Nancy, et à l'Im-
primerie nationale. Comme il n'y a pas
eu d'adjudication publique, il nous est
difficile de savoir quels avantages M.
Dalloz a faits au Trésor. Le bénéficiaire
de ce traité secret affirme que l'honora-
ble M. Teisserenc de Bort ne lui a pas
fait « une concession gratuite H. M. Emile
de Girardin croit savoir, au contraire,
que ce marché ne fera pas recette au Tré-
sor public. Nous saurons bientôt à quoi
nous en tenir sur ce point, car la ques-
tion ne manquera pas d'être soumise à
la Chambre. Mais, en attendant, le pays et
la presse ont le droit de trouver étrange
qu'un ministre républicain, ayant un pri-
vilége à donner ou à vendre, ait choisi,
entre tous les candidats, un des cham-
pions les plus acharnés de l'ordre moral,
un serviteur du 24 et du 16 mai et l'édi-
teur du Bulletin des Communes.
M. Edouard Lebey, membre de la com-
mission de la loterie nationale, a adressé,
il y a quelques jours, la lettre suivante à
M. Girerd, sous-secrétaire d'Etat au minis-
tère de l'agriculture et du commerce et
président de cette commission.
Paris, le 6 janvier 1879.
Monsieur le président,
Le 7 novembre dernier, la commission du
tirage de la Loterie nationale, dont j'ai l'hon-
neur de faire partie, a adopté, à l'unanimité,
la décision suivante :
Au moment de son entrée dans le magasin,
chaque lot sera enregistré sur un livre matri-
cule, ou catalogue, et recevra un numéro d'or-
dre. Ce catalogue sera imprimé à L'avance et
vendu par les soins de Vadministration. Une
affiche indicative du numéro tiré sera placée
à côte de Vappareil de tirage, afin que le public
puisse inscrire sur le catalogue, en regord du
numéro d'ordre du lot tiré, le numéro du billet
gagnant.
Cette décision a été officiellement commu-
niquée aux journaux, qui tous en ont repro-
duit les termes, de manière à former contrat
entre le public et la commission.
Sur la foi de ces délibérations, tout le mon-
de attend la publication du catalogue annoncé
et, grâce aux numéros d'ordre qui doivent y
figurer, compte exercer un contrôle légitime
sur le tirage de la loterie et la délivrance des
lots, et trouver ensuite, dans les journaux,
non-seulement les numéros gagnants, mais
encore les numéros d'ordre indiquant le gros
lot ou les 12 lots gagnés.
Sur la foi de ces délibérations, je vous ai
demandé l'époque de la mise en vente de ce
catalogue. En guise de réponse, j'ai reçu con-
vocation à une réunion, où vous avez déclaré
« qu'aucun catalogue ne serait publié avant
» le tirage ».
Force vous a d'ailleurs été de reconnaître,
devant les membres de la commission, que
cette décision avait été prise à l'encontre de
celle arrêtée par eux, et à leur insu.
Estimant que, dans ces conditions, le rôle
de membre de la commission devient illu-
soire ; qu'après avoir promis au public un ca-
talogue, il est Inadmissible qu'on le lui refu-
se; qu'en le privant ainsi des moyens de con-
trôle qu'on s'est engagé à lui fournir, on en-
courage les propos les plus calomnieux rela-
tivement à la substitution des lots au moment
de leur délivrance; qu'en mettant les journaux
dans l'impossibilité de publier une indication
quelconque sur l'objet gagné, tandis que l'on
réserve à un seul l'exclusivité de ces rensei-
gnements, on crée un privilège contre lequel
mes devoirs et mes engagements vis-à-vis de
la presse m'obligent à protester ; que ce refus
de renseignements sur la désignation des lots
n'a jamais existé dans aucune loterie et de-
vrait, moins que dans toute autre, se manifes-
ter dans la loterie Intitulée « nationale », je
vous prie d'accepter ma démission de mem-
bre de la commission du tirage de cette lo-
terie.
Veuillez agréer, monsieur le président, l'as-
surance de mes sentiments les plus distin-
gués.
Signé : EDOUARD LEBEY.
L'INSURRECTION CANAQUE
L'agence Havas nous communique la
dépêche suivante :
Sydney, 5 décembre.
Des avis reçus de la Nouvelle-Calédonie;
sans date, annoncent que les insurgés ont
massacré onze blancs qui transportaient des
munitions de guerre sur le fleuve Paya, pour
les troupes. Leurs corps ont été trouvés cuits,
et coupés par morceaux dans des paniers.
2,000 paquets de cartouches de chassepots
sont tombés entre les mains de insurgés, qui
les employèrent contre les canots d'un navire
de guerre français qui opéraient une recon-
naissance sur le fleuve. Les insurgés firent
feu plusieurs fois sur les matelots français qui
ne purent les poursuivre à cause des marais
qui bordent le fleuve.
(Cette dépêche se rapporte à des faits déjà
connus et qui ont été communiqués à la presse
par une dépêche de Sydney, 27 novembre, re-
çue par le ministre de la marine et des colo-
nies et publiée par l'agence Havas le 28 no-
vembre, dans sa feuille des dépêches 9 h. 30
du soir.
A la date du 27 décembre, le commandant
Olry, gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, a
adressé au ministre de la marine et des colo-
nies une dépêche annonçant qu'aucun fait
nouveau n'était à signaler.)
Une Encyclique de Léen XIII
V Univers nous apporte le texte de
l'Encyclique adressée par le pape Léon
XIII à tous les archevêques et évêques
de la communion catholique, que le télé-
graphe avait signalée hier. Elle est datée
du 28 décembre et a pour but de combat-
tre la « secte de ces hommes qui s'appel-
lent diversement et de noms presque bar-
bares : socialistes, communistes et nihi-
listes.» Nous ne sommes,pour notrepart,
ni nihilistes, ni J communistes, ni socia-
listes ; nous ne défendrons pas contre
les anathèmes du chef des catholiques
des doctrines que nous considérons com-
me de vaines et dangereuses utopies.
Nous reconnaîtrons même avec plaisir
que le ton de cette encyclique du nou-
veau pape est plus calme et plus modéré
que ne l'étaient lès documents sembla-
bles signés par son prédécesseur. Pie IX
était un violent, Léon XIII est un politi-
que. On ne peut demander au chef d'une
orthodoxie la tolérance ; on lui est re-
connaissant d'avoir du moins la politesse.
On peut discuter avec celui-ci, sans avoir
d'ailleurs la moindre espérance de le
convaincre.
Léon XIII commence par rechercher
l'origine des doctrines ennemies de l'or-
dre social qui troublent aujourd'hui un
certain nombre d'esprits. Pour lui, elles
sont le dernier mot, la nécessaire consé-
quence du rationalisme et de la libre-
pensée, la suprême hérésie, déjà conte-
nue en germe dans la grande hérésie du
seizième siècle. Il est bien difficile,nous le
savons, à un pontife romain de ne pas con-
sidérer la raison et la libre-pensée com-
me la cause de tous les maux d'ici-bas.
Nous nous permettrons cependant de lui
faire remarquer que les doctrines auxquel-
les il fait allusion sont bien plus anciennes
dans le monde que le schisme du seiziè-
me siècle, auquel il fait allusion. Elles
sont aussi vieilles que la misère humai-
ne. De tout temps ceux qui souffrent ont
cherché un remède à leurs maux. De tout
temps les violents ou les fous ont cher-
ché le remède dans l'utopie ou dans la
violence. La réforme n'était pas venue
quand les jacqueries ont éclaté. Le chris-
tianisme lui-même n'était pas venu quand
Catilina méditait l'incendie de Rome et
le massacre de ceux qui possédaient.
Et,n'en déplaise au successeur de Pierre,
qui a cité certaines phrases des Epîtres de
Paul, mais qui s'est bien gardé de citer
l'Evangile, il y a terriblement de socialis-
me et même de communisme dans les
prédications de Jésus. Lorsque les uto-
pistes modernes se réclament de l'Evan-
gile, ce sont eux incontestablement qui
ont raison contre leurs adversaires.
Suivant Léon XIII, le christianisme
seul est en état de constituer un état so-
cial paisible et satisfaisant, d'assurer
l'équilibre, de contenir les pauvres par le
respect de l'autorité, en même temps
qu'elle les seconde par la charité, de
garantir aux riches la possession de leurs
richesses en même temps qu'elle leur or-
donne de venir largement en aide à ceux
qui ont faim et soif. Nous ne contestons pas
la valeur de cette conception sociale ; si
elle ne sort pas tout entière de rEvan,
gile, elle est le système qu'après un cer-j
tain nombre de siècles l'Eglise a formu-j
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