Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-01-09
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 09 janvier 1879 09 janvier 1879
Description : 1879/01/09 (A9,N2577). 1879/01/09 (A9,N2577).
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Nwtfèmê Année.— NO 2577
Prix du Numéro à Paris Î t 1) Centimes — Départements i 50 Centimes.
Jeudi 9 Janvier f8'7'
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
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Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et CO
6, Place de la Bourse, 6
BIÎLt.ETO. ;
Paris, 8 'Janvier.
On trouvera plus loin deux intéressan-
tes dépêches de Tunis. Le bey aurait ex-
primé l'intention d'envoyer à Paris son
directeur des affaires étrangères, pour ar-
ranger l'incident survenu avec le gouver-
nement français. En présence de cette ré-
ponse et ne pouvant, s'en contenter, le
gouvernement français a fait remettre au
bey une note comminatoire dans laquelle
il réclame l'exécution immédiate des trois
mesures suivantes : excuses au consul de
France, destitution de trois fonctionnai-
res, et enquête sur les contestations en-
tre les autorités tunisiennes et M. de
Sancy.
La dépêche du correspondant du New-
York Herald, à Tachkend, que nous
avons reproduite hier, a causé une vive
émotion en Angleterre et aussi, il faut
bien le dire, une explosion de colère jus-
que dans les cercles officiels. Nous com^
prenons d'ailleurs qu'on ne soit pas très-
satisfait. On avMt arrangé les choses de
façon à ce que l'es dépêches officielles arri-
vassent seules en Angleterre, ou, tout au
moins, à ce que les télégrammes des cor-
respondants ne fussent expédiés qu'après
avoir été dûment revus et corrigés. Et
voilà qu'il se trouve un correspondant qui
n'a pas besoin d'employer les lignes anglai-
ses pour faire passer ses dépêches et qui,
en outre, a su choisir un poste où il peut se
procurer toutes sortes de renseignements.
Après avoir, sur la foi des journaux,considé-
ré les opérations militaires accomplies jus-
qu'à présent comme une série ininterrom-
pue de victoires ou tout au moins de succès,
il n'est pas agréable d'apprendre qu'on a
subi plusieurs échecs et qu'on a été sur le
point d'être complètement battu; qu'on
n'est venu à bout des tribus de la passe du
Khçiïber qu'à force d'argent; et surtout que
les résultats obtenus jusqu'à présent sont
absolument nuls. Il est tout aussi doulou-
reux d'apprendre qu'après s'être tant
congratulés sur la puissance de l'Angle-
terre, qui n'a eu qu'un mot à dire
pour que le gouvernement russe rappe-
lât la • émission qu'il aVf..ttt envoyée à Ca-
boul, l'envoyé russe eitait tranquillement
resté à son poste. Le. gouvernement indien
doit comprendre aujourd'hui combien les
Ti récautiolif., sont inutiles et que le meil-
leur système, la meilleure politique est
toujours de dire la vérité.
Le iVew-York Herald publie une nou-
velle dépêche de son correspondant. Il
nou.s annonce cette fois que le général
Ro,ZgoDoff a quitté Caboul en même temps
°Lue l'émir. Au moment de quitter sa ca-
pitale, Shire-Ali a fait savoir aux géné-
raux anglais qu'il confiait ses pouvoirs à
Yakoub-Khan. Celui-ci, malgré les offres
qui lui ont été faites, aurait refusé de
traiter. Shire-Ali aurait l'intention de se
rendre à Saint-Pétersbourg pour soumet-
tre à l'empereur de Russie ses différends
avec l'Angleterre.
Une dépêche de Calcutta nous apprend
une assez singulière nouvelle. Quelques
tribus afghanes auraient fait une incur-
sion sur le territoire anglais et pillé une
ville. En même temps des Moullahs se ré-
pandent dans les campagnes pour prêcher
la révolte contre l'Angleterre.
L'opposition, en Angleterre, profite des
déceptions que cause la guerre avec l'Af-
ghanistan pour recommencer une vigou-
reuse campagne contre le ministère. M.
Forster, ancien membre du cabinet Glads-
tone, vient de prononcer un grand discours
à Bradford sur la politique étrangère de
lord Beaconsfield. Il soutient que la poli-
tique du gouvernement est un danger,
parce qu'elle pourrait amener une guerre
générale. Ce discours a été vivement ap-
plaudi.
,< La Porte négocie toujours avec la Rus-
sie pour la conclusion d'un traité définitif.
Le sultan semble disposé à tout concéder
pourvu que la Russie consente à réduire
le chiffre de l'indemnité de guerre.
On signale un certain refroidissement
dan.3 les rapports entre Berlin et Copenha-
gue. On sait que lors du mariage du duc
"ae Cumberland, prétendant au trône de
: Hanovre, une députation hanovrienne s'es t
rendue à Copenhague. Cette députation a
été invitée à assister à un dîner diploma-
tique, et il n'en a pas fallu davantage pour
exciter la colère des feuilles officieuses
, allemandes. On affirme aujourd'hui que
le ministre danois des affaires étrangères
a, en faisant cette invitation, agi sous
l'inspiration du moment, et sans consul-
ter personne. Dans le fait, il ne considé-
rait les membres de la députation que
comme des étrangers de distinction. Mal-
heureusement, cet incident fâcheux a
créé une situation fort désagréable, et
l'arrivée du nouveau plénipotentiaire de
l'Allemagne est aujourd'hui ajournée in-
définiment.
On annonce une prochaine entrevue en-
tre le roi d'Espagne et le roi du Por-
tugal.
B. BARBIER.
&0'U.:"-.. de ]F» .:r:l. ff>
PBÏITK BOURSE DU sorw;
5 0/0 lis fr. 53 3/4, 52 1/2.
Turc il fr. 55
Egypte-..- 256 fr. 87,25750.
Italien 74 fr. 50, 35, 45.
Hongrois 72 fr. 11/16, 13/16.
Russe 1877 85 fr. i/i
-———————— 4> —————————
Le moment nous paraît venu de rap-
peler les parties principales de ce qu'on
a nommé « le programme de Romans. »
Nous avons en son temps donné notre
entière adhésion aux idées exposées
dans le discours de Romans par M. Gam-
betta, qui n'a guère fait que traduire
avec éloquence les vœux de la majorité
du pays. Après le 5 janvier, ces vœux de
la majorité du pays sont restés les mê-
mes. Le programme de Romans aurait pu
s'appeler le programme des réformes né-
cessaires. Nous allons les énumérer.
L'orateur de Romans a touché les six
points suivants : la constitution, le mi-
nistère, l'armée, la magistrature, le cler-
gé, l'instruction publique.
Sur la constitution, tout en la décla-
rant perfectible, il a dit ceci :
Je suis de ceux qui pensent que le moment
n'est pas venu de touéher à cette constitu-
tion ; je suis de ceux qui pensent qu'elle à
déjà suffisamment prouvé sa valeur en nous
protégeant efficacement contre les criminels
desseins de ceux qui appelaient la force pour
renverser l'édifice élevé par la nécessité pu-
blique.
Sur le ministère actuel, il s'est expri-
mé en ces termes :
Nous avons un ministère dont je ne dis que
du bien, un ministère qu'on représente aussi
comme très fragile et très menacé, parce qu'il
est, dU.on, très disparate, et parce qu'il ne
serait pas très actif. Je sais bien quelles ver-
tus on peut souhaiter à un ministère, je ne
suis pas contre le mieux, mais j'ai souvent
entendu dire que le mieux était l'ennemi du
bien, et j'attends, comme tout le monde, qu'il
y ait une certaine coïncidence dans l'état de
l'opinion pour réclamer les modifications dont
la nécessité est sentie même pàr les plus in-
téressés. Pour moi, je reste, comme je le di-
sais ô Marseille au lendemain du 14 décem-
bre, un ministériel résolu et décidé. Mais l'ad-
ministration devra être complétement répu-
blicaine et elle le sera, parce que je ne pense
pas qu'on soit d'humeur à tolérer bien long-
temps en France ce spectacle d'un gouverne-
ment voulu et acclamé par tout le pays et
qui n'est contrarié que par ses fonctionnaires.
Sur l'armée j
Nous sommes fermement résolus à tenir
l'armée au-dessus de l'arène des partis, à l'é-
cart de toute politique ; aussi est-il une chose
qui blesse le sentiment et le bon sens publies,
c'est que, lorsque nous voulons exclure la po-
litique de l'armée, ce sont précisément les
ennemis de nos institutions qui l'y introdui-
sent et la préconisent.
Il y a des lois sur l'armée ; nous demandons
qu'elles soient app liquées. Non, nous ne per-
mettrons plus, comme par le passé, la trans-
gression de ces lois, faites dans un moment
de patriotisme par l'ancienne Assemblée na*
tionale et qui exigeaient qu'on fit de jeunes:
chefs, qu'on les dît passer fréquemment dans
les corps de troupes afin de leur permettre de
se distinguer, de sonder leurs mérites et leurs
capacités, comme aussi d'écarter les incapa-
cités et les défaillances. Nous demanderons
que ces lois reçoivent leur application.
Sur la magistrature et le principe de
l'inamovibilité :
On est en présence d'une grave et redou-
table question, la question de l'inamovibilité
de la magistrature.
Je sais tout ce qu'on peut alléguer pour la
défense de ce principe tutélaire. Oui, je suis
un partisan convaincu de ce principe, mais je
demande à m'expliquer.
Ceux qui ont établi le principe de l'inamovi-
bilité l'entendaient d'une manière qui était la
vraie, la bonne. L'investiture était donnée par
le gouvernement aux détenteurs de la puissan-
ce judiciaire chargés de rendre la justice au
nom du gouvernement, et alors, pour prévenir
le retour des faveurs ou des menaces du pou-
voir, on Installait le juge sur son siège, on le
rendait inamovible à, jamais, sauf le cas de
forfaiture contre le gouvernement qui l'avait
nommé.
L'inamovibilité ainsi comprise offre une
triple protection: protection pour l'Etat,protec-
tion pour le citoyen, protection pour le juge.
Voilà comment je la comprends et comment je
la défends.
Eh bien, nous demandons, pour sauver la
magistrature, pour sauver ce principe de
l'inamovibité que des excès compromettent,
pour arrêter dans des limites raisonnables et
politiques la passion publique qui monte,
nous demandons, pour faire véritablement
une chose juste, légale, nécessaire, que le
gouvernement de la République examine la
question de savoir s'il n'a pas à prendre les
mêmes mesures et la même garantie que tous
les gouvernements qui l'ont précédé.
1 Il faudra aussi, sur les traces de réminent
président du conseil, l'illustre M. Dufaure, re-
chercher les modifications Intérieures qu'on
pourra apporter à l'organisation des tribu-
naux et des cours d'appel.
Sur le clergé :
Je dis que le devoir de l'Etat républicain et
démocratique est de respecter les religions
et de faire respecter leurs ministres, mais
leurs ministres se mouvant dans le cercle de
la légalité, et si j'avais à émettre une formule,
qu'il est peut-être ambitieux de chercher,
mais qui rendrait ma pensée, je dirais que,
dans la question des rapports du clergé avec
l'Etat, il faut appliquer les lois, toutes les lois
et supprimer les faveurs.
Sur l'instruction publique :
Il ne suffit pas d'envoyer les enfants à l'é-
cole primaire. Il faut y enseigner les pages
dé notre histoire, les principes de nos lois et
de nos constitutions. Il faut qu'on y apprenne
les droits et les devoirs de l'homme et du ci-
toyen. Je ne demande pas qu'on fasse des
savants, mais des hommes sensés et des
Français. Voilà pour l'éducation primaire.
Quant à l'enseignement secondaire, c'est
encore làlune de nos gloires, mais dont bien
des rayons commencent à s'éteindre. Là aussi
les méthodes sont à transformer. De plus,
je voudrais diriger cette instruction secon-
daire, de manière que l'Etat en fût le maître.
Je ne voudrais pas de ces institutions dans
lesquelles on tronque l'histoire, où l'on fausse
l'esprit français, et où l'on prépare des géné-
rations hostiles, prêtes à se ruer les unes snr
les outres. Il faut donner une éducation fran-
çaise, et des citoyens pibres peuvent, seuls la
donner.
Reste l'enseignement supérieur, l'enseigne-
ment de nos Facultés. Vous savez, messieurs,
quelle dernière épreuve a subie notre Uni-
Jfsité. En disant qu'il est nécessaire que
l'Université aussi reçoive des réformes et
des perfectionnements, je ne l'en considère
pas moins comme l'asile tutélaire de l'esprit
moderne et je demande qu'un gouvernement
soucieux de ses droits et de sa mission lui
restitué ce qu'on lui a arraché par surprise,
la collation des grades et le droit de désigner
ceux qui sont ou ne sont pas capables d'en-
seigner.
Tel est le « programme de Romans »,
dont les journaux de droite ont naguère
essayé de faire un épouvantai! aux gens
qui ne l'avaient pas lu.
En résumé :
Point de changement à la constitution,
même pour l'améliorer, dans ce mo-
ment-ci ;
Maintien du ministère, à qui l'on de-
mandera seulement qu'il donne au pays
une administration complétement répu-
blicaine;
Application à l'armée des.lois exis-
tantes ;
Application au clergé des lois existan-
tes ;
Conservation du principe de l'inamovi-
bilité, après que le gouvernement de la
République aura donné une nouvelle in-
vestiture aux magistrats;
Enfin, l'enseignement public, à tous
ses degrés, soumis à la tutelle de l'Etat,
ce qui entraîne la,restitution à l'Univer-
sité du droit exclusif de collation des
grades.
Les deux derniers points seulement
comportent des modifications législati-
ves. Ne point changer la constitution et
maintenir le cabinet, cela ne peut cau-
ser à personne aucun embarras. Ache-
ver de créer une administration républi-
caine, cela ne dépend que des ministres,
et nous ne voyons pas lequel d'entre eux
songerait à s'y opposer. Appliquer les lois
sur l'armée et les lois qui régissent les
rapports de l'Etat et de l'Eglise, cela non
plus ne doit pas être de nature à causer
des difficultés. Donner aux magistrats
une nouvelle investiture, le principe de
l'inamovibilité demeurant sauf, il ne
semble pas qu'une demande si légitime
puisse sembler excessive à M. Dufaure, à
moins qu'il n'ait trouvé quelque autre
remède à apporter au mal qui frappe tous
les yeux. Et rendre enfin à l'Université
les droits dont une loi cléricale l'a dé-
pouillée en 1875, c'est une mesure que
sont prêts sans doute à proposer d'eux-
mêmes M. Casimir Périer et M. Bardoux.
Cet ensemble d'idées a été adopté par
l'opinion et, nous croyons pouvoir le dire
aussi, par les honorables représentants
de l'opinion qui composent la majorité des
deux Chambres. La Chambre des députés
et le Sénat nous paraissent d'ailleurs éga-
lement éloignés d'une politique absolue,
impérative etintraitable dans ses revendi-
cations. Les deux majorités s'inspireront
avant tout de cet esprit de patience queM.
Gambetta vient de définir si heureusement
encore dans le discours du Grand-Hôtel,
cet esprit de patience « qui calcule, qui
conduit, qui réfléchit, qui attend le mo-
ment favorable. » C'est leur propre
sentiment qui se trouve exprimé de
même, un peu plus loin, dans le même
discours : « Il faudra, dans nos futures
réformes, considérer ce qui est mûr, ce
qui est urgent, ce qui doit attendre, ce
qui doit être écerté et ce qui doit être
résoJûment condamaé. C'est ce qu'il fau-
dra voir virilement, en face, sans jamais
oublier que les partis ne tombent et ne
se perdent que par les fautes qu'ils com-
mettent. » En nous conformant à des
règles aussi prudentes, nous sortirons
avec honneur, pour le bien de la Répu-
blique et sans trop de peine, de « l'ère
des difficultés. »
EUQ. LlâBBRÏ,
-..--.---,---
L'INCIDENT DE TUNIS
L'agence Havas nous communique les
dépêches suivantes :
Tunis, 7 janvier.
Le bey, voulant donner une preuve de ses
sentiments de conciliation et d'amitié pour
la France, a chargé Mobamed-Bacouch, direc-
teur des affaires étrangères, de se rendre à
Paris pour arranger avec le gouvernement
français l'incident relatif à M. de Sancy.
Tunis, 7 janvier.
En réponse aux demandes qui lui ont été
faites par le gouvernement français, le bey de
Tunis a déclaré qu'il était prêt à envoyer à
Paris un de ses aides de camp pour donner
des explications.
Le gouvernement français, ne pouvant se
contenter d'une semblable satisfaction et
maintenant intégralement ses demandes pri-
mitives, à fait remettre au gouvernement tu-
nisien une note dans laquelle il les réitère
d'une façon comminatoire et réclame l'exécu-
tion Immédiate par le gouvernement tunisien
des trois mesures suivantes : Excuses au con-
sul de France, destitution de trois fonction-
naires désignés, enquêtes sur les contesta-
tions existant entre les autorités tunisiennes
et M. de Sancy au sujet de l'explication du
contrat passé entre elles et lui.
:
,
Personnalités éminentes
Nous y voilà bien. Le Pays, qui est un
journal plus malin qu'on ne croit, se
garde d'appuyer sur l'échec tragique
que viennent de subir les coryphées de
son parti. Ce n'est pas au moment où M.
Paul de Cassagnac va affronter les chan-
ces incertaines d'une réélection qu'il se-
rait habile de publier que la France ne
veut plus de bonapartistes. Mais le Fran-
çais n'a point de ces raisons de dissimu-
muler ses sentiments. Le Français est
dans une douleur profonde. Il gémit
sur le sort de son pays. Sa tristesse
s'exhale en plaintes médiocrement har-
monieuses, mais bien senties. La dé-
mocratie coule à pleins bords. Elle se
manifeste avec sa jalousie farouche,
son mépris de toute supériorité indivi-
duelle; elle repousse les personnalités
éminentes, comme M. de Meaux, M. De-
peyre, M. le comte Daru, M. Grivart, M.
BéhÎc, M. Hubert-Delisle, M. le maréchal
Canrobert, bien d'autres encore; elle
choisit, pour les remplacer, d'illustres
inconnus, des individus dont oncques on
n'entendit parler, des gloires d'arrondis-
sement, des coqs de village. C'est la
fin des temps. Le règne de Tartempion
est venu.
Personnalités éminentes ! Gloires d'ar-
rondissement ! Il y aurait bien à dire de
part et d'autre. Les gloires d'arrondisse-
ment ne sont pas toutes si à dédaigner
que cela. Il en est plus d'une qui ne de-
mande qu'à grandir et qui grandira. J'ai
connu le temps où M. Baragnon, M. Nu-
ma Baragnon, mon capitaine de la garde
nationale nimoise à la septième compa-
gnie du troisième bataillon, un si gros
personnage aujourd'hui, à l'estime du
Français, était, lui aussi, seulement une
gloire d'arrondissement, et encore tout
juste 1 Quant aux personnalités éminentes,
je me permettrai aussi de faire bien
des réserves. Il ne m'a jamais été dé-
montré que M. Daru fût un homme
extraordinaire quoiqu'il ait été minis-
tre de l'empire, ni M. de Meaux, quoi-
qu'il ait été ministre du 16 Mai, ni
MM. Grivart et Depeyre, quoiqu'ils aient
été ministres du 24 Mai. Quant à M. le
maréchal Canrobert, je n'en parlerai ja-
mais qu'avec égards. S'il y a dans sa vie
la date fâcheuse du 4 décembre, je n'ou-
blierai jamais qu'à la triste journée de
Saint-Privat il a fait héroïquement son
devoir de maréchal de France et de brave
soldat. Mais ce que je demanderai au
Français, c'est s'il s'agissait dimanche
dernier de récompenser des services mi-
litaires ou d'émettre un vote politique.
Accordons au Français, pour lui être
agréables une fois, son hypothèse gra-
tuite : tous les hommes que le vote du
5 janvier vient de chasser du Sénat sont
des personnalités éminentes, tous ceux
qu'il vient d'y introduire sont des médio-
crités de la plus belle eau. Qu'est-ce que
cela peut bien faire au pays, si les per-
sonnalités éminentes faisaient au Sénat
de la détestable politique, et si les mé-
diocrités sont destinées à en faire de
bonne? Est-ce que le Sénat est une Aca-
démie, un Conservatoire, dont l'emploi
est de recueillir les illustrations du pays,
ou bien est-il une assemblée politique
faite pour voter de bonnes lois et pour
conduire sagement les affaires de la na-
tion? Si les personnalités éminentes,
au lieu d'aider à la paix intérieure et
à la prospérité, s'emploient au contraire
à troubler l'ordre et à empêcher la sécu-
rité de s'établir, faut-il que la patrie se
précipite de gaieté de cœur dans les plus
déplorables aventures, sous peine de
manquer à ses devoirs envers les per-
sonnalités éminentes et de leur refuser
l'occasion de développer leurs rares fa-
cultés ? Autant déclarer tout de suite que
quand il naît un capitaine à la Napoléon,
son pays lui doit une couple de millions
d'hommes à faire tuer sur les champs de
bataille pour manifester au monde son
génie guerrier et fournir aux collégiens
de belles matières à vers latins.
La politique est une affaire comme
toutes les autres, et ce n'est pas la moin-
dre parmi les affaires d'ici-bas. La pre-
mière chose, quand des électeurs ont à
à choisir un représentant pour la Cham-
bre ou le Sénat, ce n'est pas de savoir
s'il est un homme éminent, une person-
nalité supérieure, c'est de savoir s'il est
propre à faire de la bonne politique, et la
bonne politique, c'est celle qui convient
aux électeurs. M. le maréchal Canro-
bert est un vaillant soldat ; eh bien !
quand nous aurons une guerre, si ce
malheur nous doit arriver encore, nous
le mettrons à la tête d'un corps d'ar-
mée; mais en politique il est tout dé-
voué à l'empire, dont l'Assemblée natio-
nale a proclamé la déchéance et que le
pays a condamné : nous qui ne voulons
pas du retour de l'empire, nous le re-
poussons, il ne saurait avoir notre con-
fiance. Nous voulons le maintien de la
République ; nous voterons d'abord pour
un candidat républicain.
Si l'on fût venu proposer à quelque
brave négociant du temps de Louis-Phi-
lippe de prendre pour caissier M. Alexandre
Dumas père, qui certes comptait parmi
les personnalités éminentes de son
temps, il n'est pas douteux que (le négo-
ciant eût répondu : Grand merci. J'estime
fort le talent de M. Dumas et je lirai tou-
jours avec grand plaisir ses romans à
mes heures de loisir; mais je ne vois là
aucun titre à lui confier mes intérêts. Je
préfère pour tenir mes livres un homme
qui ait plus d'ordre et moins d'imagina-
tion. »
C'est tout justement ainsi que nous
raisonnons en politique, et nous avons
d'autant plus de raison de le faire que
nous venons de voir et de sentir pendant
cinq années tout le mal que pouvaient
nous faire les personnalités éminentes
auxquelles on nous reproche d'avoir man-
qué de respect ces jours passés. Si la
République s'est fondée, et si elle est
maintenant hors de page, ce n'est pas
leur faute. Nous en avons assez de ce
jeu périlleux ; nous savons ce qu'il coûte,
nous ne voulons pas le recommencer.
Mesdames les personnalités éminentes
dont on parle ont toutes les belles quali-
tés que l'on voudra ; mais elles ont un
grave défaut qui les gâte toutes : c'est de
n'en vouloir faire qu'à leur tête et de
considérer qu'elles font trop d'honneur
à la France en lui imposant leurs volon-
tés et en la pétrissant à leur gré. Les pe-
tites gens ont moins d'éclat, mais ils ont
du moins le mérite d'être modestes ; ils
se considèrent comme étant aux ordres
de la France au lieu que la France soit
à leurs ordres.
— Ainsi vous voteriez pour le plus in-
connu, pour le plus obscur, pour Tar-
tempion lui-même à l'occasion, plutôt que
de voter pour M. le duc de Broglie, mem-
bre de l'Académie française? - Oui,
certes, et surtout s'il s'agissait de M. le
duc de Broglie, fût-il membre des cinq
Académies. Je voterais des deux mains si
on voulait bien me le permettre. Je serais
bien avancé d'avoir porté au Sénat laper-
sonoalitéémiuentederimportant 1\1. le due
de Broglie s'il doit amener la guerre civile
dans mon pays ! Tartempion, puisque
Tartempion il y a, ne sera d'aucune Aca-
démie, mais il votera bien, il me fera de
bonnes lois, et c'est là. tout ce que je lui
demande. Il sera bien plus utile à son
pays que toutes les personnalités émi -
nentes et brouillonnes du monde.
Nous n'espérons pas convaincre le
Français, il a-sa théorie aristocratique
qu'il n'abandonnera pas. Pour lui la
France ne s'appartient pas. Elle appar -
tient à une petite élite de gens distingués
et supérieurs que le ciel éclaire de ses
lumières et auxquels seuls il appartient
de conduire les nations. Ces esprits in-
génieux sont tout pleins de dédains pour
le pauvre vulgaire ; le seul droit qu'ils
veulent bien lui reconnaître, puisqu'il
leur a fallu, bien à regret, subir l'odieux
suffrage universel, « la tyrannie du nom-
bre, » c'est le droit d'abdiquer en leurs
mains, en votant pour eux aux jours, d'é-
lections. Jacques Bonhomme ne l'entend
point ainsi ; il a pris au sérieux son droit
de suffrage, la personnalité politique aussi
bien que la personnalité civile. Il entend
que ses représentants soient ses manda-
taires et non pas ses maîtres. Il n'entend
plus qu'ils abusent de sa procuration et
de son blanc-seing pour en faire un usage
diamétralement opposé à ses volontés.
Voilà pourquoi en fait de personnalités
éminentes il n'en veut plus faire entrer
d'autres au Parlement que celles de ser-
viteurs dévoués et sûrs.
CHARLSS BIGOt.
Voici en quels termes le Bulletin fran-
çais, journal officiel du soir, apprécie les
élections du 5 janvier :
Le vote sénatorial du 5 janvier a été l'affir-
mation de l'attachement de la France à la
République, attachement qui, depuis les élec-
tions complémentaires à l'Assemblée natio-
nale, ne s'est pas une seule fois démenti. Après
avoir nommé, le 20 février 1876 et le 14 dé-
cembre 1877, une Chambre des députés ré-
publicaine, et les 4 novembre 1877 et 6 jan-
vier 1878, des conseils locaux partisans du
gouvernement actuel, le pays a couronné hier
son œuvre en envoyant siéger dans la Cham-
bre haute une majorité de plus de 50 voix,
grâce à laquelle va être établie l'harmonie des
pouvoirs publics entre eux et avec la volonté
nationale.
L'acte du 5 janvier a une haute significa-
tion : il prouve que le suffrage universel res-
treint veut, comme le suffrage universel, le
maintien du gouvernement libéral que la
France s'est donné et qu'elle entend conser-
ver parce qu'il est, plus que tout autre, con-
forme à son génie ; il prouve que la volonté
de la France est tellement arrêtée, qu'il n'est
pas de mode de consultation qui puisse en
affaiblir l'expression.
Cet acte a, en outre, une grande portée po-
litique ; il assure le fonctionnement régulier
de la Constitution républicaine, qui vient de
donner à nouveau une preuve de sa vitalité
et qui est assise désormais sur des bases Iné-
branlables.
Libre de toute préoccupation politique, maî-
tresse absolue de ses destinées, la France a
désormais un lendemain. Satisfaite du pré-
sent, elle peut être confiante dans l'avenir,
car elle est libre de consacrer toutes ses fa-
cultés à l'examen des questions qui intéres-
sent sa sécurité, sa prospérité et sa grandeur.
LE a JANVIER EN PROVINCE
Cette fois, la vraie fête était en province.
Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un
coup d'œil sur les journaux des départe-
ments où ont eu lieu des élections sénato-
riales.
A Toulouse, une foule énorme station-
nait sur la place Saint-Etienne, attendant'
le résultat du premier tour de scrutin. La
nouvelle de l'élection des deux premiers
candidats républicains produit un vérita-
ble mouvement d'enthousiasme, qui re-
double lorsque le troisième candidat ré-
publicain sort triomphant, au second tour,
avec une majorité encore plus considé-
ble que ses deux devanciers. MM. Paul de
Rémusat, Hébrard, Camparan sont entou-
rés, acclamés. L'administration munici-
pale fait illuminer la façade du Capitole
pour s'associer à la joie de la population,
qui commente dans les rues et sur les
places le succès de la journée.
A Bordeaux, la proclamation du scrutin
est accueillie par un immense cri de cc Vive
la République 1 » Le Cercle national et les
journaux républicains illuminent.
A Lille, la foule fait une chaleureuse
ovation aux nouveaux élus, à leur sortie
de la préfecture. Des sérénades sont don-
nées à M. J. Dutilleul, le maire sénateur,
par diverses sociétés de musique. Le salon
du général Faidherbe est envahi.
Les principales villes du Nord tiennent
à s'associer à la joie générale : à Douai,
Avesnes, Maubeuge, Landrecies, au Ques-
noy, à Bavay, à Berlaimont, à Trélon, à
Anor et à Fourmies, les rues sont pavoi-
sées et les principaux cercles illuminés
dans la soirée.
A Nancy, où l'on était sûr de la réussite,
c'est au moment où a été connu le succès
des républicains de la Meuse qu'a éclaté
la joie.
A Châlons, aussitôt après la proclama-
tion du scrutin, la ville se pavoise de dra-
peaux.
A Montpellier, la foule a accueilli avec
ivresse le résultat du scrutin proclamé
par le préfet. Le soir, le Cercle du Jeu-de-
Paume était pavoisé et illuminé. Des feux
de Bengale étaient allumés constamment,
et des fusées et des bombes étaient lancées
sans interruption, à la grande joie de plus
de six mille curieux qui se renouvelaient
sur la place.
Si l'on voulait poursuivre jusqu'au bout
ce dépouillement de la presse départemen-
tale,l'allégresse s'allongerait facilement en
plusieurs colonnes. Nous avons tenu à en
donner une idée, parce que Paris n'a pas
été secoué, cette fois, aussi vivement gue
la province, par l'émotion du succès.
"La chose s'explique aisément. Paris,
tout en étant intéressé autant que n'im-
porte quel département, à la bataille
qui se livrait, ne se trouvait pas mêlé di-
rectement à la lutte. Paris, en outre, était
sûr d'avance d'une victoire ; la seule sur-
prise qu'il pouvait éprouver consistait en
un chiffre, le total des adversaires de la
République restés sur le carreau.
Mais, en province, il n'en était pas de
même. Dans chaque département, la lutte
était toute locale, et le champ de bataille
était le chef-lieu, c'est-à-dire l'endroit où
les républicains sont toujours en majo-
rité. D'où, cette joie immense en face du
triomphe.
Quand un département est affligé, de-
puis trois ans, d'une représentation séna-
toriale composée de cinq réactionnaires,
comme dans le Nord ; de quatre, comme
dans la Gironde ; de trois, comme dans
l'Hérault, etc., et qu'il les balaye en un
tour de main, il doit, en effet, éprouver
une satisfaction d'autant plus légitime
qu'enfin il est parvenu à établir les droits
jusqu'alors méconnus de la majorité du
corps électoral.
Sans vouloir nous lancer dans une étude
rétropective de la représentation des di-
vers départements, nous ferons remarquer
en effet que l'Ille-et-Vilaine, qui avait ja-
dis trois sénateurs de droite, comptait
sept députés républicains sur huit ; que le
Nord, représenté au Sénat par cinq réac-
tionnaires, a envoyé à la Chambre douze
républicains contre six monarchistes ; que
le département de l'Hérault, qui est fier
d'avoir élu six républicains sur six dépu-
tés, devait se sentir asser'mal représente
au Sénat par trois ennemis de la Répu-
blique. Ces départements r- nous pour-
rions citer presque tous les autres n ont
fait, le 5 janvier, que rétablir 1 homogé-
néité qui aurait dû toujours exister dans
leur représentation.
Les bonapartistes trouvaient ces disson-
nances absolument naturelles, au temps
où elles se produisaient à leur profit. Au-
jourd hui, ne sachant plus à quoi se rac-
crocher, écrasés par la réalité qu'il ne leur
est pas possible de contester, ils rejettent
le désastre sur le suffrage restreint, et en
appellent « de la Pologne ivre à la Polo-
gne à jeûn. n
Le grand vaincu dans là journée de diman-
che, balbutie l'Ordre, ce n'est pas le parti bo-
napartiste, c'est le suffrage universel. En
effet, qu'avons-nous vu dans cette journée i
Quel en est le point dominant? On y a vu des
départements notoirement impérialistes, com-
me le Lot, comme la Gironde, comme la Niè-
vre, pour ne citer que ceux-là, donner la ma-
jorité aux candidats républicains. Où le suf-
frage universel s'était prononcé pour nos
amis il y a quinze mois à peine, le suf-
frage restreint s'est prononcé pour leurs
concurrents malheureux. Que cette contra-
diciion choquante fasse la joie des répu-
blicains, qu'ils en tirent toutes sortes d'induc-
tions favorables à leur cause, nous n'atten-
dions pas moins d'un parti sans principes et
de la politique opportuniste. Quant à nous,
tant que le suffrage universel, librement et
directement consulté, ne nous aura pas con-
damnés, tant qu'il nous restera la ressource
d'en appeler du suffrage restreint à ia souve-
raineté nationale, de la Pologne ivre à la Po-
logne à jeûn, nous ne désarmerons pas, nous
ne nous laisserons ébranler ni dans notre
foi, ni dans nos espérances.
Eh bien, voilà qui est encore un men-
songe 1 — Un de plus, cela ne compte
guère pour MM. les « gens de bien ». —
Certes, le mode de nomination des séna-
teurs présente de grandes imperfections ;
nous n'avons jamais cherché à les pallier.
Mais,dimanche, le suffrage restreint n'a fait
que venger les injures faites, en 1876, au
suffrage universel. Et le moniteur de M.
Rouher est bien audacieux de citer la
Gironde dans sa mesquine nomenclature,
car la Gironde compte six députés répu-
blicains contre quatre réactionnaires, et
si, à la place du scrutin d'arrondissement,
les élections se fussent faites au scrutin
de liste, c'est-à-dire par voie de plébiscite
départemental, toute la représentation de
ce département eût été républicaine, — ce
qui est arrivé pour les élections sénato-
riales.
Il n'y a que le Lot et la Nièvre où les
proportions se trouvent renversées. Dans
deux départements 1 MM. les bonapartistes
ont-ils réclamé, en 1876, quand ces pro-
portions étaient renversées, au détriment
des républicains, dans trente départe-
ments? Certes non. Par conséquent, «la
Pologne ivre », unie à « la Pologne à
jeûn » a grandement raison de leur rire
joyeusement au nez et de leur corner aux
oreilles : Vive la République 1
L'Association de la dernière conduite
C'est notre confrère, Victor Meunier,
rédacteur scientifique du Rappel, fonda-
teur du cercle populaire, du cercle d'ins-
truction de Choisy, qui a pris l'iniative
de cette fondation nouvelle : CAssocia-
tion de la dernière conduite.
Qu'est-ce que la dernière conduite ?
C'est, hélas ! celle que l'on fait à Fami
qui s'en va, porté dans un corbillard, à
sa demeure dernière. Faire la conduite à
quelqu'un, c'est, dans notre vieille et
bonne langue, l'accompagner un bout de
chemin, quand il se met en route pour un
long voyage. Les membres du compa-
gnonnage faisaient la conduite à l'ouvrier
qui partait de son pied léger pour son
tour de Franck. Faire la dernière conduite
à quelqu'un, c'est le suivre jusqu'à l'ex-
trême seuil de ce grand voyage dont on
ne revient plus. C'est le grand et suprême
voyage que l'on fait comme le mort de
messire Jean Chouart :
Bien et dûment empaqueté
Et vêtu d'une robe, hélas ! qu'on nomme bière
Robe d'hiver, rope d'été,
Que les morts ne dépouillent guère.
Vous vous étonnez peut-être qu'un
homme ait senti le besoin de fonder
Prix du Numéro à Paris Î t 1) Centimes — Départements i 50 Centimes.
Jeudi 9 Janvier f8'7'
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
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Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF O
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Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et CO
6, Place de la Bourse, 6
BIÎLt.ETO. ;
Paris, 8 'Janvier.
On trouvera plus loin deux intéressan-
tes dépêches de Tunis. Le bey aurait ex-
primé l'intention d'envoyer à Paris son
directeur des affaires étrangères, pour ar-
ranger l'incident survenu avec le gouver-
nement français. En présence de cette ré-
ponse et ne pouvant, s'en contenter, le
gouvernement français a fait remettre au
bey une note comminatoire dans laquelle
il réclame l'exécution immédiate des trois
mesures suivantes : excuses au consul de
France, destitution de trois fonctionnai-
res, et enquête sur les contestations en-
tre les autorités tunisiennes et M. de
Sancy.
La dépêche du correspondant du New-
York Herald, à Tachkend, que nous
avons reproduite hier, a causé une vive
émotion en Angleterre et aussi, il faut
bien le dire, une explosion de colère jus-
que dans les cercles officiels. Nous com^
prenons d'ailleurs qu'on ne soit pas très-
satisfait. On avMt arrangé les choses de
façon à ce que l'es dépêches officielles arri-
vassent seules en Angleterre, ou, tout au
moins, à ce que les télégrammes des cor-
respondants ne fussent expédiés qu'après
avoir été dûment revus et corrigés. Et
voilà qu'il se trouve un correspondant qui
n'a pas besoin d'employer les lignes anglai-
ses pour faire passer ses dépêches et qui,
en outre, a su choisir un poste où il peut se
procurer toutes sortes de renseignements.
Après avoir, sur la foi des journaux,considé-
ré les opérations militaires accomplies jus-
qu'à présent comme une série ininterrom-
pue de victoires ou tout au moins de succès,
il n'est pas agréable d'apprendre qu'on a
subi plusieurs échecs et qu'on a été sur le
point d'être complètement battu; qu'on
n'est venu à bout des tribus de la passe du
Khçiïber qu'à force d'argent; et surtout que
les résultats obtenus jusqu'à présent sont
absolument nuls. Il est tout aussi doulou-
reux d'apprendre qu'après s'être tant
congratulés sur la puissance de l'Angle-
terre, qui n'a eu qu'un mot à dire
pour que le gouvernement russe rappe-
lât la • émission qu'il aVf..ttt envoyée à Ca-
boul, l'envoyé russe eitait tranquillement
resté à son poste. Le. gouvernement indien
doit comprendre aujourd'hui combien les
Ti récautiolif., sont inutiles et que le meil-
leur système, la meilleure politique est
toujours de dire la vérité.
Le iVew-York Herald publie une nou-
velle dépêche de son correspondant. Il
nou.s annonce cette fois que le général
Ro,ZgoDoff a quitté Caboul en même temps
°Lue l'émir. Au moment de quitter sa ca-
pitale, Shire-Ali a fait savoir aux géné-
raux anglais qu'il confiait ses pouvoirs à
Yakoub-Khan. Celui-ci, malgré les offres
qui lui ont été faites, aurait refusé de
traiter. Shire-Ali aurait l'intention de se
rendre à Saint-Pétersbourg pour soumet-
tre à l'empereur de Russie ses différends
avec l'Angleterre.
Une dépêche de Calcutta nous apprend
une assez singulière nouvelle. Quelques
tribus afghanes auraient fait une incur-
sion sur le territoire anglais et pillé une
ville. En même temps des Moullahs se ré-
pandent dans les campagnes pour prêcher
la révolte contre l'Angleterre.
L'opposition, en Angleterre, profite des
déceptions que cause la guerre avec l'Af-
ghanistan pour recommencer une vigou-
reuse campagne contre le ministère. M.
Forster, ancien membre du cabinet Glads-
tone, vient de prononcer un grand discours
à Bradford sur la politique étrangère de
lord Beaconsfield. Il soutient que la poli-
tique du gouvernement est un danger,
parce qu'elle pourrait amener une guerre
générale. Ce discours a été vivement ap-
plaudi.
,< La Porte négocie toujours avec la Rus-
sie pour la conclusion d'un traité définitif.
Le sultan semble disposé à tout concéder
pourvu que la Russie consente à réduire
le chiffre de l'indemnité de guerre.
On signale un certain refroidissement
dan.3 les rapports entre Berlin et Copenha-
gue. On sait que lors du mariage du duc
"ae Cumberland, prétendant au trône de
: Hanovre, une députation hanovrienne s'es t
rendue à Copenhague. Cette députation a
été invitée à assister à un dîner diploma-
tique, et il n'en a pas fallu davantage pour
exciter la colère des feuilles officieuses
, allemandes. On affirme aujourd'hui que
le ministre danois des affaires étrangères
a, en faisant cette invitation, agi sous
l'inspiration du moment, et sans consul-
ter personne. Dans le fait, il ne considé-
rait les membres de la députation que
comme des étrangers de distinction. Mal-
heureusement, cet incident fâcheux a
créé une situation fort désagréable, et
l'arrivée du nouveau plénipotentiaire de
l'Allemagne est aujourd'hui ajournée in-
définiment.
On annonce une prochaine entrevue en-
tre le roi d'Espagne et le roi du Por-
tugal.
B. BARBIER.
&0'U.:"-.. de ]F» .:r:l. ff>
PBÏITK BOURSE DU sorw;
5 0/0 lis fr. 53 3/4, 52 1/2.
Turc il fr. 55
Egypte-..- 256 fr. 87,25750.
Italien 74 fr. 50, 35, 45.
Hongrois 72 fr. 11/16, 13/16.
Russe 1877 85 fr. i/i
-———————— 4> —————————
Le moment nous paraît venu de rap-
peler les parties principales de ce qu'on
a nommé « le programme de Romans. »
Nous avons en son temps donné notre
entière adhésion aux idées exposées
dans le discours de Romans par M. Gam-
betta, qui n'a guère fait que traduire
avec éloquence les vœux de la majorité
du pays. Après le 5 janvier, ces vœux de
la majorité du pays sont restés les mê-
mes. Le programme de Romans aurait pu
s'appeler le programme des réformes né-
cessaires. Nous allons les énumérer.
L'orateur de Romans a touché les six
points suivants : la constitution, le mi-
nistère, l'armée, la magistrature, le cler-
gé, l'instruction publique.
Sur la constitution, tout en la décla-
rant perfectible, il a dit ceci :
Je suis de ceux qui pensent que le moment
n'est pas venu de touéher à cette constitu-
tion ; je suis de ceux qui pensent qu'elle à
déjà suffisamment prouvé sa valeur en nous
protégeant efficacement contre les criminels
desseins de ceux qui appelaient la force pour
renverser l'édifice élevé par la nécessité pu-
blique.
Sur le ministère actuel, il s'est expri-
mé en ces termes :
Nous avons un ministère dont je ne dis que
du bien, un ministère qu'on représente aussi
comme très fragile et très menacé, parce qu'il
est, dU.on, très disparate, et parce qu'il ne
serait pas très actif. Je sais bien quelles ver-
tus on peut souhaiter à un ministère, je ne
suis pas contre le mieux, mais j'ai souvent
entendu dire que le mieux était l'ennemi du
bien, et j'attends, comme tout le monde, qu'il
y ait une certaine coïncidence dans l'état de
l'opinion pour réclamer les modifications dont
la nécessité est sentie même pàr les plus in-
téressés. Pour moi, je reste, comme je le di-
sais ô Marseille au lendemain du 14 décem-
bre, un ministériel résolu et décidé. Mais l'ad-
ministration devra être complétement répu-
blicaine et elle le sera, parce que je ne pense
pas qu'on soit d'humeur à tolérer bien long-
temps en France ce spectacle d'un gouverne-
ment voulu et acclamé par tout le pays et
qui n'est contrarié que par ses fonctionnaires.
Sur l'armée j
Nous sommes fermement résolus à tenir
l'armée au-dessus de l'arène des partis, à l'é-
cart de toute politique ; aussi est-il une chose
qui blesse le sentiment et le bon sens publies,
c'est que, lorsque nous voulons exclure la po-
litique de l'armée, ce sont précisément les
ennemis de nos institutions qui l'y introdui-
sent et la préconisent.
Il y a des lois sur l'armée ; nous demandons
qu'elles soient app liquées. Non, nous ne per-
mettrons plus, comme par le passé, la trans-
gression de ces lois, faites dans un moment
de patriotisme par l'ancienne Assemblée na*
tionale et qui exigeaient qu'on fit de jeunes:
chefs, qu'on les dît passer fréquemment dans
les corps de troupes afin de leur permettre de
se distinguer, de sonder leurs mérites et leurs
capacités, comme aussi d'écarter les incapa-
cités et les défaillances. Nous demanderons
que ces lois reçoivent leur application.
Sur la magistrature et le principe de
l'inamovibilité :
On est en présence d'une grave et redou-
table question, la question de l'inamovibilité
de la magistrature.
Je sais tout ce qu'on peut alléguer pour la
défense de ce principe tutélaire. Oui, je suis
un partisan convaincu de ce principe, mais je
demande à m'expliquer.
Ceux qui ont établi le principe de l'inamovi-
bilité l'entendaient d'une manière qui était la
vraie, la bonne. L'investiture était donnée par
le gouvernement aux détenteurs de la puissan-
ce judiciaire chargés de rendre la justice au
nom du gouvernement, et alors, pour prévenir
le retour des faveurs ou des menaces du pou-
voir, on Installait le juge sur son siège, on le
rendait inamovible à, jamais, sauf le cas de
forfaiture contre le gouvernement qui l'avait
nommé.
L'inamovibilité ainsi comprise offre une
triple protection: protection pour l'Etat,protec-
tion pour le citoyen, protection pour le juge.
Voilà comment je la comprends et comment je
la défends.
Eh bien, nous demandons, pour sauver la
magistrature, pour sauver ce principe de
l'inamovibité que des excès compromettent,
pour arrêter dans des limites raisonnables et
politiques la passion publique qui monte,
nous demandons, pour faire véritablement
une chose juste, légale, nécessaire, que le
gouvernement de la République examine la
question de savoir s'il n'a pas à prendre les
mêmes mesures et la même garantie que tous
les gouvernements qui l'ont précédé.
1 Il faudra aussi, sur les traces de réminent
président du conseil, l'illustre M. Dufaure, re-
chercher les modifications Intérieures qu'on
pourra apporter à l'organisation des tribu-
naux et des cours d'appel.
Sur le clergé :
Je dis que le devoir de l'Etat républicain et
démocratique est de respecter les religions
et de faire respecter leurs ministres, mais
leurs ministres se mouvant dans le cercle de
la légalité, et si j'avais à émettre une formule,
qu'il est peut-être ambitieux de chercher,
mais qui rendrait ma pensée, je dirais que,
dans la question des rapports du clergé avec
l'Etat, il faut appliquer les lois, toutes les lois
et supprimer les faveurs.
Sur l'instruction publique :
Il ne suffit pas d'envoyer les enfants à l'é-
cole primaire. Il faut y enseigner les pages
dé notre histoire, les principes de nos lois et
de nos constitutions. Il faut qu'on y apprenne
les droits et les devoirs de l'homme et du ci-
toyen. Je ne demande pas qu'on fasse des
savants, mais des hommes sensés et des
Français. Voilà pour l'éducation primaire.
Quant à l'enseignement secondaire, c'est
encore làlune de nos gloires, mais dont bien
des rayons commencent à s'éteindre. Là aussi
les méthodes sont à transformer. De plus,
je voudrais diriger cette instruction secon-
daire, de manière que l'Etat en fût le maître.
Je ne voudrais pas de ces institutions dans
lesquelles on tronque l'histoire, où l'on fausse
l'esprit français, et où l'on prépare des géné-
rations hostiles, prêtes à se ruer les unes snr
les outres. Il faut donner une éducation fran-
çaise, et des citoyens pibres peuvent, seuls la
donner.
Reste l'enseignement supérieur, l'enseigne-
ment de nos Facultés. Vous savez, messieurs,
quelle dernière épreuve a subie notre Uni-
Jfsité. En disant qu'il est nécessaire que
l'Université aussi reçoive des réformes et
des perfectionnements, je ne l'en considère
pas moins comme l'asile tutélaire de l'esprit
moderne et je demande qu'un gouvernement
soucieux de ses droits et de sa mission lui
restitué ce qu'on lui a arraché par surprise,
la collation des grades et le droit de désigner
ceux qui sont ou ne sont pas capables d'en-
seigner.
Tel est le « programme de Romans »,
dont les journaux de droite ont naguère
essayé de faire un épouvantai! aux gens
qui ne l'avaient pas lu.
En résumé :
Point de changement à la constitution,
même pour l'améliorer, dans ce mo-
ment-ci ;
Maintien du ministère, à qui l'on de-
mandera seulement qu'il donne au pays
une administration complétement répu-
blicaine;
Application à l'armée des.lois exis-
tantes ;
Application au clergé des lois existan-
tes ;
Conservation du principe de l'inamovi-
bilité, après que le gouvernement de la
République aura donné une nouvelle in-
vestiture aux magistrats;
Enfin, l'enseignement public, à tous
ses degrés, soumis à la tutelle de l'Etat,
ce qui entraîne la,restitution à l'Univer-
sité du droit exclusif de collation des
grades.
Les deux derniers points seulement
comportent des modifications législati-
ves. Ne point changer la constitution et
maintenir le cabinet, cela ne peut cau-
ser à personne aucun embarras. Ache-
ver de créer une administration républi-
caine, cela ne dépend que des ministres,
et nous ne voyons pas lequel d'entre eux
songerait à s'y opposer. Appliquer les lois
sur l'armée et les lois qui régissent les
rapports de l'Etat et de l'Eglise, cela non
plus ne doit pas être de nature à causer
des difficultés. Donner aux magistrats
une nouvelle investiture, le principe de
l'inamovibilité demeurant sauf, il ne
semble pas qu'une demande si légitime
puisse sembler excessive à M. Dufaure, à
moins qu'il n'ait trouvé quelque autre
remède à apporter au mal qui frappe tous
les yeux. Et rendre enfin à l'Université
les droits dont une loi cléricale l'a dé-
pouillée en 1875, c'est une mesure que
sont prêts sans doute à proposer d'eux-
mêmes M. Casimir Périer et M. Bardoux.
Cet ensemble d'idées a été adopté par
l'opinion et, nous croyons pouvoir le dire
aussi, par les honorables représentants
de l'opinion qui composent la majorité des
deux Chambres. La Chambre des députés
et le Sénat nous paraissent d'ailleurs éga-
lement éloignés d'une politique absolue,
impérative etintraitable dans ses revendi-
cations. Les deux majorités s'inspireront
avant tout de cet esprit de patience queM.
Gambetta vient de définir si heureusement
encore dans le discours du Grand-Hôtel,
cet esprit de patience « qui calcule, qui
conduit, qui réfléchit, qui attend le mo-
ment favorable. » C'est leur propre
sentiment qui se trouve exprimé de
même, un peu plus loin, dans le même
discours : « Il faudra, dans nos futures
réformes, considérer ce qui est mûr, ce
qui est urgent, ce qui doit attendre, ce
qui doit être écerté et ce qui doit être
résoJûment condamaé. C'est ce qu'il fau-
dra voir virilement, en face, sans jamais
oublier que les partis ne tombent et ne
se perdent que par les fautes qu'ils com-
mettent. » En nous conformant à des
règles aussi prudentes, nous sortirons
avec honneur, pour le bien de la Répu-
blique et sans trop de peine, de « l'ère
des difficultés. »
EUQ. LlâBBRÏ,
-..--.---,---
L'INCIDENT DE TUNIS
L'agence Havas nous communique les
dépêches suivantes :
Tunis, 7 janvier.
Le bey, voulant donner une preuve de ses
sentiments de conciliation et d'amitié pour
la France, a chargé Mobamed-Bacouch, direc-
teur des affaires étrangères, de se rendre à
Paris pour arranger avec le gouvernement
français l'incident relatif à M. de Sancy.
Tunis, 7 janvier.
En réponse aux demandes qui lui ont été
faites par le gouvernement français, le bey de
Tunis a déclaré qu'il était prêt à envoyer à
Paris un de ses aides de camp pour donner
des explications.
Le gouvernement français, ne pouvant se
contenter d'une semblable satisfaction et
maintenant intégralement ses demandes pri-
mitives, à fait remettre au gouvernement tu-
nisien une note dans laquelle il les réitère
d'une façon comminatoire et réclame l'exécu-
tion Immédiate par le gouvernement tunisien
des trois mesures suivantes : Excuses au con-
sul de France, destitution de trois fonction-
naires désignés, enquêtes sur les contesta-
tions existant entre les autorités tunisiennes
et M. de Sancy au sujet de l'explication du
contrat passé entre elles et lui.
:
,
Personnalités éminentes
Nous y voilà bien. Le Pays, qui est un
journal plus malin qu'on ne croit, se
garde d'appuyer sur l'échec tragique
que viennent de subir les coryphées de
son parti. Ce n'est pas au moment où M.
Paul de Cassagnac va affronter les chan-
ces incertaines d'une réélection qu'il se-
rait habile de publier que la France ne
veut plus de bonapartistes. Mais le Fran-
çais n'a point de ces raisons de dissimu-
muler ses sentiments. Le Français est
dans une douleur profonde. Il gémit
sur le sort de son pays. Sa tristesse
s'exhale en plaintes médiocrement har-
monieuses, mais bien senties. La dé-
mocratie coule à pleins bords. Elle se
manifeste avec sa jalousie farouche,
son mépris de toute supériorité indivi-
duelle; elle repousse les personnalités
éminentes, comme M. de Meaux, M. De-
peyre, M. le comte Daru, M. Grivart, M.
BéhÎc, M. Hubert-Delisle, M. le maréchal
Canrobert, bien d'autres encore; elle
choisit, pour les remplacer, d'illustres
inconnus, des individus dont oncques on
n'entendit parler, des gloires d'arrondis-
sement, des coqs de village. C'est la
fin des temps. Le règne de Tartempion
est venu.
Personnalités éminentes ! Gloires d'ar-
rondissement ! Il y aurait bien à dire de
part et d'autre. Les gloires d'arrondisse-
ment ne sont pas toutes si à dédaigner
que cela. Il en est plus d'une qui ne de-
mande qu'à grandir et qui grandira. J'ai
connu le temps où M. Baragnon, M. Nu-
ma Baragnon, mon capitaine de la garde
nationale nimoise à la septième compa-
gnie du troisième bataillon, un si gros
personnage aujourd'hui, à l'estime du
Français, était, lui aussi, seulement une
gloire d'arrondissement, et encore tout
juste 1 Quant aux personnalités éminentes,
je me permettrai aussi de faire bien
des réserves. Il ne m'a jamais été dé-
montré que M. Daru fût un homme
extraordinaire quoiqu'il ait été minis-
tre de l'empire, ni M. de Meaux, quoi-
qu'il ait été ministre du 16 Mai, ni
MM. Grivart et Depeyre, quoiqu'ils aient
été ministres du 24 Mai. Quant à M. le
maréchal Canrobert, je n'en parlerai ja-
mais qu'avec égards. S'il y a dans sa vie
la date fâcheuse du 4 décembre, je n'ou-
blierai jamais qu'à la triste journée de
Saint-Privat il a fait héroïquement son
devoir de maréchal de France et de brave
soldat. Mais ce que je demanderai au
Français, c'est s'il s'agissait dimanche
dernier de récompenser des services mi-
litaires ou d'émettre un vote politique.
Accordons au Français, pour lui être
agréables une fois, son hypothèse gra-
tuite : tous les hommes que le vote du
5 janvier vient de chasser du Sénat sont
des personnalités éminentes, tous ceux
qu'il vient d'y introduire sont des médio-
crités de la plus belle eau. Qu'est-ce que
cela peut bien faire au pays, si les per-
sonnalités éminentes faisaient au Sénat
de la détestable politique, et si les mé-
diocrités sont destinées à en faire de
bonne? Est-ce que le Sénat est une Aca-
démie, un Conservatoire, dont l'emploi
est de recueillir les illustrations du pays,
ou bien est-il une assemblée politique
faite pour voter de bonnes lois et pour
conduire sagement les affaires de la na-
tion? Si les personnalités éminentes,
au lieu d'aider à la paix intérieure et
à la prospérité, s'emploient au contraire
à troubler l'ordre et à empêcher la sécu-
rité de s'établir, faut-il que la patrie se
précipite de gaieté de cœur dans les plus
déplorables aventures, sous peine de
manquer à ses devoirs envers les per-
sonnalités éminentes et de leur refuser
l'occasion de développer leurs rares fa-
cultés ? Autant déclarer tout de suite que
quand il naît un capitaine à la Napoléon,
son pays lui doit une couple de millions
d'hommes à faire tuer sur les champs de
bataille pour manifester au monde son
génie guerrier et fournir aux collégiens
de belles matières à vers latins.
La politique est une affaire comme
toutes les autres, et ce n'est pas la moin-
dre parmi les affaires d'ici-bas. La pre-
mière chose, quand des électeurs ont à
à choisir un représentant pour la Cham-
bre ou le Sénat, ce n'est pas de savoir
s'il est un homme éminent, une person-
nalité supérieure, c'est de savoir s'il est
propre à faire de la bonne politique, et la
bonne politique, c'est celle qui convient
aux électeurs. M. le maréchal Canro-
bert est un vaillant soldat ; eh bien !
quand nous aurons une guerre, si ce
malheur nous doit arriver encore, nous
le mettrons à la tête d'un corps d'ar-
mée; mais en politique il est tout dé-
voué à l'empire, dont l'Assemblée natio-
nale a proclamé la déchéance et que le
pays a condamné : nous qui ne voulons
pas du retour de l'empire, nous le re-
poussons, il ne saurait avoir notre con-
fiance. Nous voulons le maintien de la
République ; nous voterons d'abord pour
un candidat républicain.
Si l'on fût venu proposer à quelque
brave négociant du temps de Louis-Phi-
lippe de prendre pour caissier M. Alexandre
Dumas père, qui certes comptait parmi
les personnalités éminentes de son
temps, il n'est pas douteux que (le négo-
ciant eût répondu : Grand merci. J'estime
fort le talent de M. Dumas et je lirai tou-
jours avec grand plaisir ses romans à
mes heures de loisir; mais je ne vois là
aucun titre à lui confier mes intérêts. Je
préfère pour tenir mes livres un homme
qui ait plus d'ordre et moins d'imagina-
tion. »
C'est tout justement ainsi que nous
raisonnons en politique, et nous avons
d'autant plus de raison de le faire que
nous venons de voir et de sentir pendant
cinq années tout le mal que pouvaient
nous faire les personnalités éminentes
auxquelles on nous reproche d'avoir man-
qué de respect ces jours passés. Si la
République s'est fondée, et si elle est
maintenant hors de page, ce n'est pas
leur faute. Nous en avons assez de ce
jeu périlleux ; nous savons ce qu'il coûte,
nous ne voulons pas le recommencer.
Mesdames les personnalités éminentes
dont on parle ont toutes les belles quali-
tés que l'on voudra ; mais elles ont un
grave défaut qui les gâte toutes : c'est de
n'en vouloir faire qu'à leur tête et de
considérer qu'elles font trop d'honneur
à la France en lui imposant leurs volon-
tés et en la pétrissant à leur gré. Les pe-
tites gens ont moins d'éclat, mais ils ont
du moins le mérite d'être modestes ; ils
se considèrent comme étant aux ordres
de la France au lieu que la France soit
à leurs ordres.
— Ainsi vous voteriez pour le plus in-
connu, pour le plus obscur, pour Tar-
tempion lui-même à l'occasion, plutôt que
de voter pour M. le duc de Broglie, mem-
bre de l'Académie française? - Oui,
certes, et surtout s'il s'agissait de M. le
duc de Broglie, fût-il membre des cinq
Académies. Je voterais des deux mains si
on voulait bien me le permettre. Je serais
bien avancé d'avoir porté au Sénat laper-
sonoalitéémiuentederimportant 1\1. le due
de Broglie s'il doit amener la guerre civile
dans mon pays ! Tartempion, puisque
Tartempion il y a, ne sera d'aucune Aca-
démie, mais il votera bien, il me fera de
bonnes lois, et c'est là. tout ce que je lui
demande. Il sera bien plus utile à son
pays que toutes les personnalités émi -
nentes et brouillonnes du monde.
Nous n'espérons pas convaincre le
Français, il a-sa théorie aristocratique
qu'il n'abandonnera pas. Pour lui la
France ne s'appartient pas. Elle appar -
tient à une petite élite de gens distingués
et supérieurs que le ciel éclaire de ses
lumières et auxquels seuls il appartient
de conduire les nations. Ces esprits in-
génieux sont tout pleins de dédains pour
le pauvre vulgaire ; le seul droit qu'ils
veulent bien lui reconnaître, puisqu'il
leur a fallu, bien à regret, subir l'odieux
suffrage universel, « la tyrannie du nom-
bre, » c'est le droit d'abdiquer en leurs
mains, en votant pour eux aux jours, d'é-
lections. Jacques Bonhomme ne l'entend
point ainsi ; il a pris au sérieux son droit
de suffrage, la personnalité politique aussi
bien que la personnalité civile. Il entend
que ses représentants soient ses manda-
taires et non pas ses maîtres. Il n'entend
plus qu'ils abusent de sa procuration et
de son blanc-seing pour en faire un usage
diamétralement opposé à ses volontés.
Voilà pourquoi en fait de personnalités
éminentes il n'en veut plus faire entrer
d'autres au Parlement que celles de ser-
viteurs dévoués et sûrs.
CHARLSS BIGOt.
Voici en quels termes le Bulletin fran-
çais, journal officiel du soir, apprécie les
élections du 5 janvier :
Le vote sénatorial du 5 janvier a été l'affir-
mation de l'attachement de la France à la
République, attachement qui, depuis les élec-
tions complémentaires à l'Assemblée natio-
nale, ne s'est pas une seule fois démenti. Après
avoir nommé, le 20 février 1876 et le 14 dé-
cembre 1877, une Chambre des députés ré-
publicaine, et les 4 novembre 1877 et 6 jan-
vier 1878, des conseils locaux partisans du
gouvernement actuel, le pays a couronné hier
son œuvre en envoyant siéger dans la Cham-
bre haute une majorité de plus de 50 voix,
grâce à laquelle va être établie l'harmonie des
pouvoirs publics entre eux et avec la volonté
nationale.
L'acte du 5 janvier a une haute significa-
tion : il prouve que le suffrage universel res-
treint veut, comme le suffrage universel, le
maintien du gouvernement libéral que la
France s'est donné et qu'elle entend conser-
ver parce qu'il est, plus que tout autre, con-
forme à son génie ; il prouve que la volonté
de la France est tellement arrêtée, qu'il n'est
pas de mode de consultation qui puisse en
affaiblir l'expression.
Cet acte a, en outre, une grande portée po-
litique ; il assure le fonctionnement régulier
de la Constitution républicaine, qui vient de
donner à nouveau une preuve de sa vitalité
et qui est assise désormais sur des bases Iné-
branlables.
Libre de toute préoccupation politique, maî-
tresse absolue de ses destinées, la France a
désormais un lendemain. Satisfaite du pré-
sent, elle peut être confiante dans l'avenir,
car elle est libre de consacrer toutes ses fa-
cultés à l'examen des questions qui intéres-
sent sa sécurité, sa prospérité et sa grandeur.
LE a JANVIER EN PROVINCE
Cette fois, la vraie fête était en province.
Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un
coup d'œil sur les journaux des départe-
ments où ont eu lieu des élections sénato-
riales.
A Toulouse, une foule énorme station-
nait sur la place Saint-Etienne, attendant'
le résultat du premier tour de scrutin. La
nouvelle de l'élection des deux premiers
candidats républicains produit un vérita-
ble mouvement d'enthousiasme, qui re-
double lorsque le troisième candidat ré-
publicain sort triomphant, au second tour,
avec une majorité encore plus considé-
ble que ses deux devanciers. MM. Paul de
Rémusat, Hébrard, Camparan sont entou-
rés, acclamés. L'administration munici-
pale fait illuminer la façade du Capitole
pour s'associer à la joie de la population,
qui commente dans les rues et sur les
places le succès de la journée.
A Bordeaux, la proclamation du scrutin
est accueillie par un immense cri de cc Vive
la République 1 » Le Cercle national et les
journaux républicains illuminent.
A Lille, la foule fait une chaleureuse
ovation aux nouveaux élus, à leur sortie
de la préfecture. Des sérénades sont don-
nées à M. J. Dutilleul, le maire sénateur,
par diverses sociétés de musique. Le salon
du général Faidherbe est envahi.
Les principales villes du Nord tiennent
à s'associer à la joie générale : à Douai,
Avesnes, Maubeuge, Landrecies, au Ques-
noy, à Bavay, à Berlaimont, à Trélon, à
Anor et à Fourmies, les rues sont pavoi-
sées et les principaux cercles illuminés
dans la soirée.
A Nancy, où l'on était sûr de la réussite,
c'est au moment où a été connu le succès
des républicains de la Meuse qu'a éclaté
la joie.
A Châlons, aussitôt après la proclama-
tion du scrutin, la ville se pavoise de dra-
peaux.
A Montpellier, la foule a accueilli avec
ivresse le résultat du scrutin proclamé
par le préfet. Le soir, le Cercle du Jeu-de-
Paume était pavoisé et illuminé. Des feux
de Bengale étaient allumés constamment,
et des fusées et des bombes étaient lancées
sans interruption, à la grande joie de plus
de six mille curieux qui se renouvelaient
sur la place.
Si l'on voulait poursuivre jusqu'au bout
ce dépouillement de la presse départemen-
tale,l'allégresse s'allongerait facilement en
plusieurs colonnes. Nous avons tenu à en
donner une idée, parce que Paris n'a pas
été secoué, cette fois, aussi vivement gue
la province, par l'émotion du succès.
"La chose s'explique aisément. Paris,
tout en étant intéressé autant que n'im-
porte quel département, à la bataille
qui se livrait, ne se trouvait pas mêlé di-
rectement à la lutte. Paris, en outre, était
sûr d'avance d'une victoire ; la seule sur-
prise qu'il pouvait éprouver consistait en
un chiffre, le total des adversaires de la
République restés sur le carreau.
Mais, en province, il n'en était pas de
même. Dans chaque département, la lutte
était toute locale, et le champ de bataille
était le chef-lieu, c'est-à-dire l'endroit où
les républicains sont toujours en majo-
rité. D'où, cette joie immense en face du
triomphe.
Quand un département est affligé, de-
puis trois ans, d'une représentation séna-
toriale composée de cinq réactionnaires,
comme dans le Nord ; de quatre, comme
dans la Gironde ; de trois, comme dans
l'Hérault, etc., et qu'il les balaye en un
tour de main, il doit, en effet, éprouver
une satisfaction d'autant plus légitime
qu'enfin il est parvenu à établir les droits
jusqu'alors méconnus de la majorité du
corps électoral.
Sans vouloir nous lancer dans une étude
rétropective de la représentation des di-
vers départements, nous ferons remarquer
en effet que l'Ille-et-Vilaine, qui avait ja-
dis trois sénateurs de droite, comptait
sept députés républicains sur huit ; que le
Nord, représenté au Sénat par cinq réac-
tionnaires, a envoyé à la Chambre douze
républicains contre six monarchistes ; que
le département de l'Hérault, qui est fier
d'avoir élu six républicains sur six dépu-
tés, devait se sentir asser'mal représente
au Sénat par trois ennemis de la Répu-
blique. Ces départements r- nous pour-
rions citer presque tous les autres n ont
fait, le 5 janvier, que rétablir 1 homogé-
néité qui aurait dû toujours exister dans
leur représentation.
Les bonapartistes trouvaient ces disson-
nances absolument naturelles, au temps
où elles se produisaient à leur profit. Au-
jourd hui, ne sachant plus à quoi se rac-
crocher, écrasés par la réalité qu'il ne leur
est pas possible de contester, ils rejettent
le désastre sur le suffrage restreint, et en
appellent « de la Pologne ivre à la Polo-
gne à jeûn. n
Le grand vaincu dans là journée de diman-
che, balbutie l'Ordre, ce n'est pas le parti bo-
napartiste, c'est le suffrage universel. En
effet, qu'avons-nous vu dans cette journée i
Quel en est le point dominant? On y a vu des
départements notoirement impérialistes, com-
me le Lot, comme la Gironde, comme la Niè-
vre, pour ne citer que ceux-là, donner la ma-
jorité aux candidats républicains. Où le suf-
frage universel s'était prononcé pour nos
amis il y a quinze mois à peine, le suf-
frage restreint s'est prononcé pour leurs
concurrents malheureux. Que cette contra-
diciion choquante fasse la joie des répu-
blicains, qu'ils en tirent toutes sortes d'induc-
tions favorables à leur cause, nous n'atten-
dions pas moins d'un parti sans principes et
de la politique opportuniste. Quant à nous,
tant que le suffrage universel, librement et
directement consulté, ne nous aura pas con-
damnés, tant qu'il nous restera la ressource
d'en appeler du suffrage restreint à ia souve-
raineté nationale, de la Pologne ivre à la Po-
logne à jeûn, nous ne désarmerons pas, nous
ne nous laisserons ébranler ni dans notre
foi, ni dans nos espérances.
Eh bien, voilà qui est encore un men-
songe 1 — Un de plus, cela ne compte
guère pour MM. les « gens de bien ». —
Certes, le mode de nomination des séna-
teurs présente de grandes imperfections ;
nous n'avons jamais cherché à les pallier.
Mais,dimanche, le suffrage restreint n'a fait
que venger les injures faites, en 1876, au
suffrage universel. Et le moniteur de M.
Rouher est bien audacieux de citer la
Gironde dans sa mesquine nomenclature,
car la Gironde compte six députés répu-
blicains contre quatre réactionnaires, et
si, à la place du scrutin d'arrondissement,
les élections se fussent faites au scrutin
de liste, c'est-à-dire par voie de plébiscite
départemental, toute la représentation de
ce département eût été républicaine, — ce
qui est arrivé pour les élections sénato-
riales.
Il n'y a que le Lot et la Nièvre où les
proportions se trouvent renversées. Dans
deux départements 1 MM. les bonapartistes
ont-ils réclamé, en 1876, quand ces pro-
portions étaient renversées, au détriment
des républicains, dans trente départe-
ments? Certes non. Par conséquent, «la
Pologne ivre », unie à « la Pologne à
jeûn » a grandement raison de leur rire
joyeusement au nez et de leur corner aux
oreilles : Vive la République 1
L'Association de la dernière conduite
C'est notre confrère, Victor Meunier,
rédacteur scientifique du Rappel, fonda-
teur du cercle populaire, du cercle d'ins-
truction de Choisy, qui a pris l'iniative
de cette fondation nouvelle : CAssocia-
tion de la dernière conduite.
Qu'est-ce que la dernière conduite ?
C'est, hélas ! celle que l'on fait à Fami
qui s'en va, porté dans un corbillard, à
sa demeure dernière. Faire la conduite à
quelqu'un, c'est, dans notre vieille et
bonne langue, l'accompagner un bout de
chemin, quand il se met en route pour un
long voyage. Les membres du compa-
gnonnage faisaient la conduite à l'ouvrier
qui partait de son pied léger pour son
tour de Franck. Faire la dernière conduite
à quelqu'un, c'est le suivre jusqu'à l'ex-
trême seuil de ce grand voyage dont on
ne revient plus. C'est le grand et suprême
voyage que l'on fait comme le mort de
messire Jean Chouart :
Bien et dûment empaqueté
Et vêtu d'une robe, hélas ! qu'on nomme bière
Robe d'hiver, rope d'été,
Que les morts ne dépouillent guère.
Vous vous étonnez peut-être qu'un
homme ait senti le besoin de fonder
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