Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-01-08
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 08 janvier 1879 08 janvier 1879
Description : 1879/01/08 (A9,N2576). 1879/01/08 (A9,N2576).
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
NiÏTitai/ASnée^ N# 2576
Prix du Numéro à Paris s 15 Centimes — Départements Í 20 Centimes.
Mercredi § Janvier 1879
LE .E SIÈCLE
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
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de 2 heures à minuit
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6, Place de la Bourse, 6
1 ;,;C>,: :_c ;1.!- ': i >-.., r j , ,-. ,', > ;.. - c ,, r.
BULLETIN
f -
Paris, 7 Janvier.
Il devient plus difficile que jamais de sa-
voir ce qui se passe en Afghanistan. Les
dépêches adressées aux journaux anglais
nous représentent la situation à Caboul
sous les couleurs les plus sombres ; elles
mentionnent chaque jour de nouvelles dé-
fections autour de Yakoub-Khan et vont
môme jusqu'à affirmer que le fils de l'émir
va à son tour quitter la capitale pour se
.retirer à Hérat. Nous avons dit déjà ce
qu'il faut penser de ces dépêches. D'ail-
leurs, si les Afghans étaient aussi démo-
ralisés, aussi désorganisés que veulent
iien le dire les journaux anglais, nous
;ne voyons pas trop ce qui pourrait empê-
cher le général Browne de quitter ses
iquartiers de Jellalabad pour marcher im-
médiatement sur Caboul. Les dépêches de
Saint-Pétersbourg ne sont guère plus di-
gnes de foi. On trouvera plus loin, par
exemple, deux dépêches datées de Saint-
Pétersbourg et expédiées à quelques heu-
res de distance. L'une affirme que Shire-
Ali est arrivé sur la frontière des posses-
sions russes de l'Asie centrale ; l'autre dé-
ment complètement ce fait et assure que,
.dans les cercles officiels, on n'a pas en-
tendu dire que l'émir ait abandonné ses
Etats.
- Faut-il accorder plus de confiance à un
long télégramme adressé par un corres-
pondant du New York-Herald qui se
.trouve en ce moment auprès du général
Kauffmann à Tachkend ? La question est
au moins douteuse. En tout cas, on y trou-
vera des renseignements intéressants. Le
-"--rlant commence par déclarer
- sisté au départ des envoyés
et aux adieux qui leur ont
vr le gouverneur général du
'usse. Ce dernier leur aurait
déclaré catégoriquement que le czar re-
fuse absolument d'intervenir dans les
affaires de l'Afghanistan. Puis suit une
longue conversation entre le général
et le correspondant, qui nous apprend
que l'émir a réellement quitté sa capi-
tale, mais sans sortir de ses Etats. Le
général ne croit pas que la guerre soit
terminée, bien au contraire ; mais il ne
pensé pas que les Anglais s'aventurent
beaucoup plus loin dans l'intérieur du
pays. Ils auraient déjà subi plusieurs
oéchecs cachés avec soin, ce qui, soit dit
en passant, nous explique les précautions
excessives prises par l'état-major anglais
contre les correspondants de journaux.
Le général Kauffmann paraît d'ailleurs
fort bien renseigné sur ce qui se passe en
Afghanistan. Il a organisé un système de
'Courriers réguliers entre Tachkend et Ca-
boul, où, quoi qu'en ait dit la presse an-
glaise, se trouve encore un représentant
de la Russie, le général Rozgonof.
On assure que le pape a écrit à l'empe-
reur Guillaume pour le féliciter devoir
repris la direction des affaires de l'empire.
On ne sait toutefois pas si l'empereur a
répondu ; mais on fait courir le bruit que
la lettre du pape sera bientôt publiée par
le Moniteur de l'empire. La Tagespost,
qui puise souvent ses informations à des
sources officieuses, annonce, d'après un
.renseignement qu'il déclare digae de foi,
que le pape a examiné, avec quelques car-
dinaux jouissant de sa confianee, la ques-
tion de savoir s'il n'y aurait pas lieu de
tenir un nouveau concile.
C'est pour cette raison que les négo-
ciations entamées avec le gouvernement
prussien ont été suspendues. On a, en ef-
fet, à Rome, l'intention de continuer ces
négociations sur une base plus large que
celle d'une paix séparée.
B. DAUID.
-————— —————
:&ou..:r.. fSLm ::a::a.:rl..
..:: - FSÏIH BOUB&S DU son- v»;/
8 0/0 77 fr. 20.
3 o/O amortissable.. 79 fr. 85.
5 0/0:: 113 fr. 52 1/2,511/4.
Turc 11 fr. 471/2, 45.
Banque ottomane.. 470 fr., 469 37.
Egypte. 257 fr. 50,256 25.
Chemins égyptiens. 356 fr. 25.
Hongrois 75 fr. 3/4, 5/8.
Florins. 64 i/2.
—-—————— ———————
Pour la première fois depuis 1871,
nous allons avoir des conditions norma-
les de gouvernement.
De 1871 à 1876, la République a exis-
té, mais l'autorité du gouvernement a
appartenu à la majorité de l'Assemblée
nationale, qui ne s'inspirait que de sen-
timents hostiles au régime qu'elle avait
: d'abord reconnu, et ensuite consacré,
par nécessité, avec l'arrière-pensée,
d'ailleurs très-peu dissimulée, de le dé-
truire.
De 1876 à 1878, la République a encore
éxisté, mais avec une moitié du pouvoir
législatif conspirant contre l'autre. La
Chambre était républicaine; mais, dans
le Sénat, s'était incarné l'esprit de l'an-
cienne Assemblée. Même après la défaite
mémorable des hommes du 16 Mai aux
élections du 14 octobre 1877, lè Sénat
demeurait toujours la citadelle de l'oppo-
sition à outrance contre le régime ré-
publicain. Toute sa politique consistait à
entraver le progrès de la République,
qu'il aurait volontiers étranglée de ses
mains.
Ainsi ;donc, si de 1871 à 1878 la Ré-
publique a ainsi vécu, c'est par un mi-
racle, pour ainsi dire. On aurait pu la
comparer, durant cette période de temps,
à un malade qui reçoit des poisons de
ceux qui devraientlui donner des secours,
et qui cependant conserve la vie grâce à
son tempérament énergique. On cherche-
rait en vain des exemples de phénomè-
nes semblables dans l'histoire. On n'a-
vait pas encore vu de forme de gouver-
nement sortir triomphante de pareils as-
sauts. Il ïaïïtmen qu'elle soit devenue
vraiment nécessaire pour avoir pu résis-
ter sept ans de la sorte à tant d'ennemis
conjurés.
Aujourd'hui, nous entrons enfin dans
rordrêr-réîgulier. Nous respirons, et c'est
une douceur qui, depuis 1871, nous était
inconnue. Le pouvoir exécutif est exer-
cé par un ministère républicain. Le pou-
voir législatif appartient à deux Cham-
bres dont la majorité est diversement,
mais fermement 1tpublicaine. Dans le
Sénat comme dans la Chambre des dépu-
tés, la coalition de nos ennemis est ré-
duite à l'état de minorité opposante. C'en
est fait de l'anomalie d'un Sénat anti-ré-
publicain, qui était en réalité aussi cho-
quante que l'eût été lanomalie d'un Sénat
anti-bonapartiste sous Napoléon III.
Une opposition, non pas constitution-
nelle, mais radicalement irréconciliable,
de cent membres sur cinq cents dans la
Chambre des députés et de cent vingt
membres sur trois cents dans le Sénat,
voilà le total des forces ennemies que
nous trouvons encore sur notre chemin
après les élections de dimanche.
Nous sommes donc largement sûrs de
la majorité dans le Sénat comme dans la
Chambre. C'est bien, c'est ce qu'il faut ; ;
et c'est à cette condition seulement que
le bon fonctionnement des institutions
devenait possible.
Mais est-ce à dire qu'il n'y ait plus à
tenir compte de la minorité d'adversaires
ardents qui va s'agiter contre nous dans
le Sénat et dans la Chambre?
Il serait puéril et il pourrait dévenir
dangereux de le croire. Il faut toujours
compter avec une minorité d'opposition
nombreuse, implacable, attentive à guet-
ter et prompte à grossir les moindres
fautes. Sachons donc nous garder. Sar-
chons nous souvenir de ces deux mots :
Patience, disciplina, que M. Gambetta
prononçait l'autre jour au Grand-Hôtel.
Aucun gouvernement bien avisé-ne doit
se croire assez solide pour se donner le
luxe de commettre des fautes, s'il se sent
surtout observé dans les Chambres par
deux cents paires d'yeux malveillants.
Ces simples réflexions se présentent à
tous les esprits, et déjà les républicains
de la Chambre et du Sénat ont dû les faire
eux-mêmes. Nous ne doutons point que
le ministère n'étudie soigneusement de
son côté le fort et le faible de la situa-
tion.
La session de 1879 va s'ouvrir dans
huit jours, et, selon l'usage, les ministres
y porteront sans doute un message du
gouvernement, exposant leurs vues poli-
tiques. Nous disons : selon l'usage, et
nous ajoutons que, si cet usage n'exis-
tait point, il faudrait l'inventer pour la
circonstance. Une situation nouvelle com-
porte, en effet, un nouveau programme.
Il appartient donc au gouvernement de
prendre la parole, et de marquer, parmi
les questions pendantes, celles qu'il juge
opportun de résoudre et celles qu'il esti-
me prudent d'ajourner.
Pour tracer ce programme, le gou-
vernement a devant lui tout le temps né-
cessaire, car les questions dont il s'agit
ne sont pas neuves, et, dans l'hypothèse
prévue qui vient de se réaliser dimanche,
les ministres ont dû déjà les examiner
à loisir. Quant au nouveau personnel
politique que le scrutin du 5 janvier a in-
troduit dans le Sénat, le gouvernement
le devait connaître aussi d'avance, tant
par les antécédents des candidats que
par leurs professions de foi. Le ministère
sait donc ce que c'est que le Parlement,
quelles opinions et quelles influences y
dominent, quelle politique y doit réussir
et quelle autre échouer, ni,;"
Quid ferre reeusmti
Quid valeant humeri.
Si M. Thiers vivait, quels résultats n'ob-
tiendrait-il pas, pour le bien du pays, de
l'accord de ces deux Chambres ! Les
bonnes volontés y sont immenses. Elles
seront un merveilleux instrument de gou-
vernement pour quiconque saura les ma-
nier en homme d'Etat.
Sua. Ldû&BKRï.
————— —————.
ÉLECTIONS SÉNATORIALES
Martinique
C'est à tort que nous annoncions hier
que les électeurs sénatoriaux dè la Marti-
nique ne procéderaient que le mois pro-
chain à l'élection de leur sénateur. Con-
voqués à temps, ils ont pu, comme ceux de
France, se rendre au scrutin le 5 janvier.
Une dépêche de la Martinique nous ap-
prend que M. Desmazes, sénateur sortant,
républicain, a été réélu.
.0.1
VICISSITUDES D'UN MAGISTRAT
M. le président du tribunal de Quim-
perlé est cité devant la cour de Rennes
pour offense à M. Corentin Guyho. L'of-
fensé étant un personnage public, la
preuve est permise par la loi et le compte-
rendu des débats appartiendra à la pres-
se. Nous tiendrons nos lecteurs au cou-
ront de cet intéressant procès. L'occa-
sion, ils ne l'ont pas oublié, est une let-
tre écrite par M. le président du tribunal
de Quimperlé à la suite d'un jugement de
ce tribunal portée à la tribune de la Cham-
bre par M. Develle, rapporteur, dans la
discussion d'une élection.
La justice a été saisie de la plainte:
<^e prononcera. Ce n'est pas à nous à
prendre parti pour ou contre M. le pré-
sident de Quimperlé. Mais il nous est
bien permis, à nous autres, journalistes,
de faire quelques observations à propos
de cet incident.
Il nous arrive de temps en temps aux
uns ou aux autres d'avoir maille à partir
avec la justice de notre pays, et l'on n'a
pas remarqué qu'elle nous fût particuliè-
rement indulgente. Quand nous sommes
cités à la barre de nos tribunaux pour
avoir manqué aux convenances de la po-
lémique, on ne se fait guère faute de nous
adresser quelque mercuriale bien sentie
sur le respect dû à la plume que nous
avons l'honneur de tenir, sans préjudice
du châtiment qui ne se fait guère at-
tendre. Qui sait ? Peut-être est-il arrivé
à M. le président du tribunal de Quim-
perlé lui-même, dans le cours de sa
carrière longue ou courte, nous l'igno-
rons, de voir traduit devant lui quelque
pauvre écrivain et de le traiter avec ri-
gueur.
Or, qu'arrive-t-il aujourd'hui? Pour une
fois en sa vie, M. le président s'avise de
prendre une plume, et tout aussitôt il
commet le délit pour lequel la magistra-
ture est si volontiers sévère. Il tombe
sous le coup de la loi qu'il est chargé
d'appliquer, et, en dépit de sa robe, voilà
que des poursuites sont ordonnées con-
tre lui.
Et M. le président ne pourra pas alléguer,
comme le pourrait faire l'un de nous, que
si en France nul n'est censé ignorer la
loi, en fait, cependant, beaucoup de Fran-
çais rignorent. Non ; il a fait son droit,
il a pâli sur les textes de nos lois et sur
les savants commentaires de nos juris-
consultes : il sait ce que c'est que l'of-
fense, ce que c'est que l'injure, ce que
c'est que l'outrage, par quelles mesures
délicates ces délits se distinguent les uns
des autres: il sait tout cela. et pour-
tant le jour où il se met à écrire, le voilà
qui oublie à quoi certaines façons de
s'exprimer exposent leur auteur, et de
justicier il devient justiciable.
Il faut avouer que l'aventure est pi-
quante. Il nous serait facile d'en triom-
pher, de nous retourner vers ce magis-
trat et de lui dire, comme dans l'Ecriture :
« Vous voilà blessé comme nous [ Vous
voilà devenu semblable à nous 1 » Il est
probable que l'avocat de M. le président
— car il va avoir un avocat — le défen -
dra comme nos avocats nous défendent
nous-mêmes. Il plaidera les circonstances
atténuantes, il invoquera l'émotion, la
passion naturelle, la vivacité du premier
mouvement pour excuser certaines phra-
ses trop vives qui ne se peuvent justi-
fier et qui dépassent la pensée de
l'auteur. Il dira ces choses et d'autres
semblables, et personne ne saurait l'en
blâmer. Mais vous voyez bien, monsieur
le magistrat, que ce n'est pas chose fa-
cile de ne jamais écrire un mot qui ne
franchisse la limite convenable ou même
permise. Cela vous arrive aussi malgré
votre connaissance du code, malgré la
gravité de votre caractère, de vous laisser
entraîner par la passion, mauvaise con-
seillère, d'avoir votre part des faiblesses
humaines. Il vous arrive, à vous, les gar-
diens des institutions sociales, comme
vous vous appelez, de manquer de respect
aux pouvoirs établis, d'oublier qu des
législateurs, mandataires de la nation,
doivent être traités avec égards par les
bons citoyens. Ah! monsieur le président,
quand vous serez remonté sur votre siège
de magistrat, si vous avez cette chance
d'être acquitté par la cour de Rennes, ne
soyez pas trop rigoureux aux pauvres
diables d'écrivains prévenus de quelque
écart. Vous voyez bien maintenant que
nul n'est à l'abri de ces écarts [
CHARLSS BIGOt.
Revue des Journaux
Inutile de nous occuper de la presse ré-
publicaine : une victoire telle que celle
du 5 janvier ne peut arracher aux vain-
queurs qu'un cri de joie.
Mais la douleur a diverses façons d'écla-
ter, selon les tempéraments. Aussi avions-
nous espéré une gamme complète de dou-
leurs. Or, dans la presse réactionnaire po-
litique, la note est à peu près partout la
même, monotone à force de résignation.
Nous ne sommes donc ni surpris, ni décou-
ragés, dit le Soleil, un journal qu'on appelait
jadis orléaniste.
Nous ne sommes pas surpris, parce que
nous avons presëfnti la défaite, maintenant
indéniable, de la droite, défaite que nous ne
chercherons même pas à atténuer par des
raisonnements et des calculs dont toute la
force viendrait infailliblement se briser contre
l'évidence du fait matériel.
En matière de scrutin le résultat est tout.
Nous ne sommes pas découragés, parce que
notre devoir reste le même et que, notre de-
voir restant le même, nous ne pouvons avoir
qu'une pensée, c'est de le remplir dans toute
son étendue.
Notre devoir reste le même vis-à-vis du but,
qui n'a pas changé. Ce but, c'est la défense
énergique et quotidienne des intérêts perma-
nents du pays et de la société, en dehors de
toute affaire de parti et de toute forme de
gouvernement.
Ces intérêts permanents du pays et de la
société sont ceux dont la nature ne change ni
avec les pouvoirs publics, ni avec les consti-
tutions politiques, dont l'instabilité est pres-
que devenue, depuis 1789, l'état régulier de la
France. Ils sont sous la République ce qu'ils
étaient sous l'empire, ce qu'ils seraient sous
la monarchie.
A ce point de vue, d'ailleurs, même dans le
Sénat de 1879, même sur les bancs de la gau-
che fortifiée, nous trouverons encore, nous
l'espérons, un appui ferme et constant qui fa-
cilitera notre tâche.
Le Soleil n'est pas, d'ailleurs, le seul
organe de la réaction qui émette cette idée
JUC +■ I?,,,, j ; i
d'un rapprochement entre certains élé-
ments de droite et la nouvelle majorité
républicaine du Sénat. L "Estafette, jour-
nal ayant une couleur bonapartiste, mais
d'un bonapartisme qüi n'est pas à la mode,
puisqu'il s'incline devant les arrêts de la
volonté nationale, dit, de son côté :
Les conservateurs peuvent voir à quoi ont
abouti leurs alliances disparates contre la Ré-
publique. ILS ONT FAIT LA RÉPUBLIQUE.-
Elle est maintenant aussi fondée, aussi léga-
lement fondée que possible. Il ne reste plus
aux ennemis de la République qu'à se repen-
tir et à se résigner.
La transformation est entière : logiquement,
les conservateurs sont désormais républicains;
les révolutionnaires sont les ennemis du ré-
gime imposé par le suffrage universel dans
ses manifestations successives.
Le courant de l'opinion nationale en faveur
de la République est véritablement irrésistible
et ce serait folie de le nier.
Et M. Léonce Détroyat termine ainsi, à
l'adresse de ses amis :
Le renversement de la République?? Mais
s'ils parvenaient à renverser la République,
ils seraient impuissants à la remplacer ! Ils ne
pourraient qu'engendrer la guerre civile.
Pourquoi donc y songeraient-ils ? Pourquoi
donc ne se résigneraient-ils pas, au contraire,
à s'incliner devant les manifestations les plus
éclatantes qui se soient jamais produites des
sympathies du corps électoral pour la Répu-
blique I
Je ne saurais conseiller à mes amis une
autre conduite que celle-là. Elle m'est inspi-
rée par mon patriotisme, par la sagesse. C'est
ainsi que penseront sans doute tous les bons
citoyens.
Jusqu'à l'Assemblée nationale, — qui
l'eût cru ? -la fougueuse Assemblée na-
tionale, dont les goûts varient,avec une ra-
pidité étonnante, de l'emploi de la violence
à l'emploi de la douceur :
Il faut naviguer de son mieux dans le cou-
rant, puisqu'il est en ce moment à peu près
impossible de le remonter.
0 charmant aveu, dénué d'artifice 1 Con-
tinuons :
Les conservateurs légitimistes, orléanistes,
impérialistes, n'ont pas hésité à donner avec
union leur sangfet leur concours aux républi-
cains de 1870 pour combattre les ENVAHISSEURS
de la France ; c'est avec le même patriotisme,
la même abnégation qu'ils donneront encore
leur concours aux républicains modérés de
1879 pour combattre les ENNEMIS de la paix et
de la prospérité publique à l'intérieur.
Second aveu charmant. L'Assemblée
netionale connaît donc maintenant des
« républicains modérés » ? Il nous restait
comme un vague souvenir que — il y a
tout au plus dix-huit mois de cela, — elle
tenait tous les républicains en bloc, ceux
du Sénat comme ceux de la Chambre,
pour des « radicaux ».
L'Ordre « n'attendait rien de bon d'un
mode de scrutin imaginé par les hommes
d'Etat du centre droit pour les besoins
d'une politique étroite et précaire. »
Et ce qui intéresse le Pays, devenu pres-
que aimable, « c'est de voir entrer au Sé-
nat une fournée de républicains — beau-
coup trop modérés pour la plupart, mal-
heureusement — qui vont être mis en de-
meure d'exécuter les réformes depuis si
longtemps promises et toujours éludées. »
Il paraît décidément qu'il y a non-seu-
lement des républicains modérés, mais
encore des républicains « trop modérés. »
Allons, tant mieux !
« Le succès des républicains est si écla-
tant, » comme le dit le Paris-Journal, que
tous nos adversaires l'avouent « sans'bar-
guigner.» Ne pouvant plus se faire illusion
sur le résultat de leurs fautes, ils ne comp-
tent plus que sur les nôtres.
*
* .I¡L
Dans la presse plus particulièrement
cléricale, la note s'élève ; c'est là que l'ai-
greur domine. Le Français et la Défense,
un peu abattus par l'échec de certains de
leurs amis personnels, sont toutefois les
moins violents dans la forme :
La situation nouvelle, dit le Français, a un
autre avantage, c'est qu'en nous mettant net-
tement en minorité elle nous donne une com-
plète liberté d'action : la majorité apparente
qui nous testait au Sénat n'était plus qu'un
embarras. Dès lors nous pouvons agir, parler,
critiquer, sans qu'on nous accuse de tout bou-
leverser, de vouloir tout renverser. De cette
liberté d'action, si précieuse, si efficace, non
dans ses résultats parlementaires immédiats,
mais dans ses effets sur l'opinion, nous som-
mes décidés à user largement. Quel sera cet
usage ?
Et la Défense, de son côté :
Voilà tous nos amis rejetés par la néces-
sité sur ce' terrain de lutte qui déplaisait à
beaucoup d'entre eux. Ils sont par force l'op-
position conservatrice, l'union conservatrice.
Ils ne combattent plus la République, les ar-
mes sont trop inégales. Us combattent la Ré-
volution. Noble et grande tâche, la plus pa-
triotique qui ait été donnée à de bons ci-
toyens !
Et la Défense, énumérant les ressour-
ces qui restent à ses amis, s'écrie : « For-
tifiez vos journaux, répandez les l Faites
entendre à ce peuple, que la presse a per-
verti, la presse qui répare et qui sauve ! »
Toujours commerçant, ce M. des Houx,
même dans les circonstances les plus cri-
tiques 1. En voilà un qui ne néglige ja-
mais l'abonnement !
Quant à la Gazette de France, prodi-
guant les gros mots aux républicains et
les coups de pied à l'empire, elle ne fait
que répéter, en moins bon style, ce que
dit Y Union:
Nous entrons dans la période décisive, écrit
M. Mayol de Lupé. Les royalistes ne doivent
pas être de simples spectateurs, comptant les
fautes de l'ennemi et attendant une occasion
propice. Ils représentent la seule force oppo-
sée à la Révolution, et l'événement a dû leur
prouver que le temps des compromis et des
concessions était passé.
Ils sont la minorité, mais l'unique minorité
qui puisse s'affirmer hautement, proclamer
ses principes, défendre pied à pied les intérêts
du pays, faire la lumière sur les entreprises
néfastes du gouvernement républicain, protes-
ter à toute heure, au nom de la dignité natio-
nale constamment outragée et de la liberté
déjà menacée qui demain sera cyniquement
violée. Formons les rangs d'une opposition
hardie, vigilante et résolue, c'est le rôle qui
nous appartient, c'est la tâche que nous avons
à remplir.
Mais c'est Y Univers dont la plume grince
le plus fort. «Sachons surtout résister sous
notre drapeau ! » crie l'organe clérical.
Et immédiatement l'Univers enrôle tous
les réactionnaires sous son propre dra-
peau :
Les catholiques, même quan i la lutte leur
est à peu près impossible, ne se laissent pas
abattre ; pourquoi donc serions nous abattus
auiourd'hui? Nous n'avons pas seulement pour
nous le droit et la véritA ; nous avons aussi la
loi et, en dépit des scrutins, la force que don-
ne le nombre.
Certes, nous ne sommes pas de ceux qui
voient dans cette force la règle suprême ;
mais nous savons dans quelle mesure il est
légitime de s'en servir ; et, par les pétitionne-
ments, les adresses, tous les moyens légaux
de pression et d'agitation, nous lui ferons ap-
pel. Nous prions nos amis de préparer dès à
présent cette action. Les occasions d'y re-
courir seront nombreuses et sont prochaines.
Il faut aussi que nous soyons partout en
mesure de défendre par des procès nos éco-
les, nos congrégations, nos prêtres. Les lois
nous offrent sous ce rapport des ressources
dont, par timidité et par nonchalance, plus
souvent encore par de maladroits calculs, on
a négligé de se servir.
Pour terminer par quelque chose de
gai, nous ferons remarquer qu'il n'est pas
un organe de la droite qui ne déclare im-
perturbablement aujourd'hui « qu'il n'est
nullement étonné du résultat des élections,
qu'il l'avait prévu et même annoncé d'a-
vance. » Comme il serait trop long de citer
des extraits anciens de toutes les feuilles de
la réaction, nous nous contenterons d'en
mettre une, la Patrie, en face d'elle-
même :
On lisait dans la Patrie du 3 janvier
Pendant que les journaux républicains an-
nonçaient à son de trompe que la majorité
sénatoriale passerait de droite à gauche,
avec une différence de plus de 25 voix, nous
faisions prendra des ioformations, des ren-
seignements sur les résultats probables. Or,
aujourd'hui, de l'ensemble des notes qui nous
sont adressées, il résulterait que les espéran-
ces des républicains sont menacées d'un
échec, ou du moins d'une déconvenue, c'est-à
dire que, quel que soit le chiffre maximum
possible des élections républicaines de de-
main, la majorité du Sénat appartiendrait en-
core aux droites.
On lit, en tête de la Patrie du 7 jan-
vier :
Jusqu'à la dernière heure, nous avons com-
battu plus pour l'honneur, il est vrai, que
pour la victoire, mais enfin sans nous lais-
ser aller aux défaillances ni aux excès de con-
fiance.
Assurer formellement que la majorité
sera à droite, quand elle se trouve être de
cinquante voix environ à gauche, il pa-
raît que ce n'est pas « un excès de con-
fiance. » C'est un excès d'audace !
Lk PRESSE AMUSE
ET LES ÉLECTIONS SÉNATORIALES
Le Times, dans un article sur les élections
sénatoriales en France, dit qu? la journée
d'hier doit être marquée d'un signe blanc
dans le calendrier républicain, parce que les
amis de la constitution actuelle ont remporté
une grande et décisive victoire. Jusqu'à pré-
sent les partis monarchiques avaient eu une
petite, mais suffisante majorité au Sénat,
dont ils avaient fait un usage tel qu'ils main-
tenaient la nation dans un état perpétuel d'ap-
préhension des complots ourdis en vue du
rétablissement du trône.
Mais les élections d'hier ont définitivement
modifié la proportion des partis dans la Cham-
bre haute ; elles ont plus que réalisé la pré-
diction récemment faite par M. Gambetta, car
64 sièges sont échus à la gauche, tandis que la
droite n'en a obtenu que 15. Ainsi la majorité
républicaine au Sénat sera d'une cinquantaine
de voix.
o. Aussi n'est-11 pas possible de s'exagérer
l'effet de cette victoire sur les destinées de la
constitution. Dorénavant le parti de la réac-
tion ne pourra plus provoquer des conflits ar-
tificiels entre la Chambre haute et la Chambre
basse. Le maréchal de Mac-Mahon lui-même,
fût-Il disposé à suivre de nouveau les conseils
de ses amis cléricaux et militaires, ne pourrait
pas obtenir du Sénat une nouvelle dissolution.
Il ne pourrait pas davantage compter sur l'ap-
pui des sénateurs s'il cherchait à affranchir
un de ses ministres de la censure des députés.
Mais l'action de la majorité républicaine se
fera plus vivement sentir lorsque, les sept
années de bail du pouvoir du maréchal de
Mac-Mahon étant expirées, les deux Chambres
se réuniront soit pour le réélire, soit pour
nommer son successeur. Elles exigeront du
candidat à la présidence des garanties de fi-
délité à la constitution telles que le parti qui
a nommé le maréchal de Mac-Mahon ne puisse
plus songer à faire du président de la Répu-
blique une espèce de lieutenant-général du
royaume.
Enfin son influence se fera surtout sentir
lorsque les deux Chambres en congrès s'occu-
peront de la question de révision de la cons-
titution, qui, faite par des monarchistes, se
ressent de leur participation à son élabora-
tion. Ils voulaient une République aussi peu
républicaine que possible et ils entendaient
la mettre à la merci d'un président, qui, dans
leur pansée, devait être un serviteur des an-
ciennes dynasties, et d'un Sénat qui devait
aplanir les voies à une nouvelle restaura-
tion.
Aussi est-il peu probable que cette œuvre
ingénieuse échappe à la révision. On voudra
naturellement que la constitution et les fonc-
tionnaires de la République soient complète-
ment républicains. Il serait téméraire de pré-
tendre que le système actuel de gouverne-
ment inauguré de la sorte en France doive
fermer l'ère des révolutions, mais il est cer-
tain que jamais la France n'a eu une aussi
bell6 perspective de stabilité depuis qu'elle a
brisé le fil de son histoire nationale dans un
accès d'indignation contre le mauvais gou-
vernement de ses rois de la maison de Bour-
bon.
Le Daily Telegraph s'exprime ainsi :
Si fertile qu'ait été l'histoire de France en
nouvelles expériences et en nouvelles condi-
tions, jamais une époque comparable à celle-
ci ne peut-être retrouvée. Les régimes tran-
sitoires de la première Révolution étaient des
explosions de violence et ont été maintenus
par des minorités résolues au milieu des
émois d'une guerre étrangère.
Louis-Philpipe a dû son trône à une intrigue;
la République de 1848 fut le résultat d'une
ioo- -:
surprise et le second empire celui d'un coup
d'Etat. Quant à la révolution de 1870, c'est
l'invasion qui l'a provoquée. La République
actuelle a une origine meilleure, car elle
a été établie par une Assemblée librement
élue, et en" a été sanctionnée par un grand
nombre d'élections dont la dernière a eu lieu
hier.
Elle s'est développée au milieu de la paix la
plus profonde et sans la moindre perspective
de guerre étrangère. Ainsi l'on peut dire que
la France entière jouit aujourd'hui pour la
première fois de la plénitude de ses droits
politiques avec une armée qui est en réalité
la nation en armes et une législature qui n'est
que l'écho de la voix populaire ; elle est donc
plus libre désormais de se gouverner elle-
même. La constitution actuelle n'est nulle-
ment un ohstacle, car elle est susceptible de
modifications, et après 1880 tous ses défauts
pourront être corrigés.
Il est incontestable que la France a repris
son ancienne situation en Europe, et elle est
forte parce qu'elle est riche au repos et armée
des pieds à la tête pour l'action. Les leçons du
passé lui ont donné cette sagesse et cette
prudence qui lui manquaient, et par consé-
quent il y a lieu d'espérer qu'elle saura évi-
ter les fautes et travailler utilement à rendre
cette situation plus belle et plus prospère en-
core.
Bureaucratie
Ne nous lassons pas de signaler l'abus
que les bureaux font de la paperasserie
et les pertes de temps qu'ils infligent aux
malheureux contribuables qui sont for-
cés de recourir à eux.
Permettez-moi de laisser à cette ré-
clamation la forme personnelle qui lui
donne plus de piquant :
Monsieur, m'écrit un correspondant
qui signe, au commencement de cette an-
née, un avis émanant de la préfecture fut
affiché sur les murs de Paris. Il préve-
nait les intéressés que les concessions
temporaires délivrées pour cinq ans dans
les cimetières de la capitale en 1872 se-
raient reprises le 1er juin, et que pour
obtenir une nouvelle concession, il fal-
lait s'adresser rue de Vaugirard au bu-
reau des cimetières.
Je me trouvais précisément dans le cas
visé par la préfecture. J'avais au cime-
tière d'Ivry (l'ancien Ivry) une' conces-
sion de cinq années, que je désirais pro-
longer de cinq années encore.
Je me rendis donc le 25 mars à l'en-
droit indiqué par la circulaire, et m'a-
dressai à l'employé chargé de ce service:
— Monsieur, me répondit-il, vous de-
vez, pour obtenir. la prolongation que
vous demandez, nous fournir une attes-
tation du conservateur du cimetière dans
lequel est inhumée la personne pour qui
vous avez déjà payé une concession de
cinq années.
- Mais, monsieur, fis-je observer au
bureaucrate, l'avis émanant de la préfec-
ture n'a point averti qu'il y eût cette
pièce à fournir.
— On n'avait pas à entrer dans ces
détails.
— Pardon, monsieur, car si 1 affiche
que j'ai lue et qui m'invitait à me ren-
dre chez vous avait pris soin en même
temps de me prévenir que j'avais un cer-
tain nombre de pièces. à apporter, je
m'en serais muni par avance; je vous
aurais ainsi épargné le temps que je
vous fais perdre, sans parler de celui
que je perds moi-même.
— Nous ne pouvons entrer dans ces
considérations. Il nous faut la pièce ; al-
lez la chercher.
— J'y cours.
Je me rends en effet à Ivry, où l'attes-
tation que l'on me réclamait m'est déli-
vrée. Mais comme il était trois heures et
demie, je n'ai pas le temps de retourner
rue de Vaugirard, où les bureaux au-
raient été fermés. Je retourne chez moi
à Puteaux.
Le lendemain, je m'en retourne au
bureau de la rue de Vaugirard, où je
donne la pièce en question. L'employé
l'examine longuement, la pose sur son
pupitre, et raffermissant ses lunettes sur
son nez :
— Votre quittance? me demande-t-il.
— Quelle quittance ?
— La quittance qui constate le paie-
ment de la dernière concession.
— Qu'avez-vous besoin de cette quit-
tance ? Il est trop évident, puisque cette
concession est expirée aujourd'hui, que
j'ai dû la payer. Je ne puis pas ne pas
l'avoir payée.
— Cela ne nous regarde pas.
— Mais voilà cinq ans que j'ai payé ;
il y a cent à parier contre un que je n'ai
plus cette quittance, qu'il m'aura paru
inutile de conserver. Je l'ai jetée, sans
doute, déchirée, brûlée. Je ne sais. Ce
sera grand hasard si je l'ai encore. Et si
je ne l'ai plus?
— Si vous ne l'avez plus, faites une
demande au préfet de la Seine, afin qu'on
vous délivre un duplicata.
— Un duplicata ?
— Oui, c'est pour rien : timbre, papier
et port, cela vous coûtera un franc quinze
à peine.
Je retourne, l'oreille basse, chez moi.
et je suis assez heureux, en fouillant
l'amas de mes vieilles factures, pour re-
trouver la quittance de la préfecture.
Je reprends le chemin du même bu-
reau et me représente pour la troisième
fois devant le susdit employé, lequel con-
sent enfin à recevoir ma demande, passe
les écritures indispensables, et m'invite
à me rendre au grand Luxembourg.
— Ah ! au grand Luxembourg !
— Oui, monsieur.
— Je vous ferai remarquer que c'est
la troisième après-midi que je perds.
- Eh bien 1 monsieur, me répondit le
W >
Prix du Numéro à Paris s 15 Centimes — Départements Í 20 Centimes.
Mercredi § Janvier 1879
LE .E SIÈCLE
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
: r
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
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! 16, ru© Cadet, 16
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Un an 83 »»
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Six mois as »»
Un an. 62 m
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Les Abonnements partent des 1" et 15 de chaque moil
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE. CERF et £ ?
6, Place de la Bourse, 6
1 ;,;C>,: :_c ;1.!- ': i >-.., r j , ,-. ,', > ;.. - c ,, r.
BULLETIN
f -
Paris, 7 Janvier.
Il devient plus difficile que jamais de sa-
voir ce qui se passe en Afghanistan. Les
dépêches adressées aux journaux anglais
nous représentent la situation à Caboul
sous les couleurs les plus sombres ; elles
mentionnent chaque jour de nouvelles dé-
fections autour de Yakoub-Khan et vont
môme jusqu'à affirmer que le fils de l'émir
va à son tour quitter la capitale pour se
.retirer à Hérat. Nous avons dit déjà ce
qu'il faut penser de ces dépêches. D'ail-
leurs, si les Afghans étaient aussi démo-
ralisés, aussi désorganisés que veulent
iien le dire les journaux anglais, nous
;ne voyons pas trop ce qui pourrait empê-
cher le général Browne de quitter ses
iquartiers de Jellalabad pour marcher im-
médiatement sur Caboul. Les dépêches de
Saint-Pétersbourg ne sont guère plus di-
gnes de foi. On trouvera plus loin, par
exemple, deux dépêches datées de Saint-
Pétersbourg et expédiées à quelques heu-
res de distance. L'une affirme que Shire-
Ali est arrivé sur la frontière des posses-
sions russes de l'Asie centrale ; l'autre dé-
ment complètement ce fait et assure que,
.dans les cercles officiels, on n'a pas en-
tendu dire que l'émir ait abandonné ses
Etats.
- Faut-il accorder plus de confiance à un
long télégramme adressé par un corres-
pondant du New York-Herald qui se
.trouve en ce moment auprès du général
Kauffmann à Tachkend ? La question est
au moins douteuse. En tout cas, on y trou-
vera des renseignements intéressants. Le
-"--rlant commence par déclarer
- sisté au départ des envoyés
et aux adieux qui leur ont
vr le gouverneur général du
'usse. Ce dernier leur aurait
déclaré catégoriquement que le czar re-
fuse absolument d'intervenir dans les
affaires de l'Afghanistan. Puis suit une
longue conversation entre le général
et le correspondant, qui nous apprend
que l'émir a réellement quitté sa capi-
tale, mais sans sortir de ses Etats. Le
général ne croit pas que la guerre soit
terminée, bien au contraire ; mais il ne
pensé pas que les Anglais s'aventurent
beaucoup plus loin dans l'intérieur du
pays. Ils auraient déjà subi plusieurs
oéchecs cachés avec soin, ce qui, soit dit
en passant, nous explique les précautions
excessives prises par l'état-major anglais
contre les correspondants de journaux.
Le général Kauffmann paraît d'ailleurs
fort bien renseigné sur ce qui se passe en
Afghanistan. Il a organisé un système de
'Courriers réguliers entre Tachkend et Ca-
boul, où, quoi qu'en ait dit la presse an-
glaise, se trouve encore un représentant
de la Russie, le général Rozgonof.
On assure que le pape a écrit à l'empe-
reur Guillaume pour le féliciter devoir
repris la direction des affaires de l'empire.
On ne sait toutefois pas si l'empereur a
répondu ; mais on fait courir le bruit que
la lettre du pape sera bientôt publiée par
le Moniteur de l'empire. La Tagespost,
qui puise souvent ses informations à des
sources officieuses, annonce, d'après un
.renseignement qu'il déclare digae de foi,
que le pape a examiné, avec quelques car-
dinaux jouissant de sa confianee, la ques-
tion de savoir s'il n'y aurait pas lieu de
tenir un nouveau concile.
C'est pour cette raison que les négo-
ciations entamées avec le gouvernement
prussien ont été suspendues. On a, en ef-
fet, à Rome, l'intention de continuer ces
négociations sur une base plus large que
celle d'une paix séparée.
B. DAUID.
-————— —————
:&ou..:r.. fSLm ::a::a.:rl..
..:: - FSÏIH BOUB&S DU son- v»;/
8 0/0 77 fr. 20.
3 o/O amortissable.. 79 fr. 85.
5 0/0:: 113 fr. 52 1/2,511/4.
Turc 11 fr. 471/2, 45.
Banque ottomane.. 470 fr., 469 37.
Egypte. 257 fr. 50,256 25.
Chemins égyptiens. 356 fr. 25.
Hongrois 75 fr. 3/4, 5/8.
Florins. 64 i/2.
—-—————— ———————
Pour la première fois depuis 1871,
nous allons avoir des conditions norma-
les de gouvernement.
De 1871 à 1876, la République a exis-
té, mais l'autorité du gouvernement a
appartenu à la majorité de l'Assemblée
nationale, qui ne s'inspirait que de sen-
timents hostiles au régime qu'elle avait
: d'abord reconnu, et ensuite consacré,
par nécessité, avec l'arrière-pensée,
d'ailleurs très-peu dissimulée, de le dé-
truire.
De 1876 à 1878, la République a encore
éxisté, mais avec une moitié du pouvoir
législatif conspirant contre l'autre. La
Chambre était républicaine; mais, dans
le Sénat, s'était incarné l'esprit de l'an-
cienne Assemblée. Même après la défaite
mémorable des hommes du 16 Mai aux
élections du 14 octobre 1877, lè Sénat
demeurait toujours la citadelle de l'oppo-
sition à outrance contre le régime ré-
publicain. Toute sa politique consistait à
entraver le progrès de la République,
qu'il aurait volontiers étranglée de ses
mains.
Ainsi ;donc, si de 1871 à 1878 la Ré-
publique a ainsi vécu, c'est par un mi-
racle, pour ainsi dire. On aurait pu la
comparer, durant cette période de temps,
à un malade qui reçoit des poisons de
ceux qui devraientlui donner des secours,
et qui cependant conserve la vie grâce à
son tempérament énergique. On cherche-
rait en vain des exemples de phénomè-
nes semblables dans l'histoire. On n'a-
vait pas encore vu de forme de gouver-
nement sortir triomphante de pareils as-
sauts. Il ïaïïtmen qu'elle soit devenue
vraiment nécessaire pour avoir pu résis-
ter sept ans de la sorte à tant d'ennemis
conjurés.
Aujourd'hui, nous entrons enfin dans
rordrêr-réîgulier. Nous respirons, et c'est
une douceur qui, depuis 1871, nous était
inconnue. Le pouvoir exécutif est exer-
cé par un ministère républicain. Le pou-
voir législatif appartient à deux Cham-
bres dont la majorité est diversement,
mais fermement 1tpublicaine. Dans le
Sénat comme dans la Chambre des dépu-
tés, la coalition de nos ennemis est ré-
duite à l'état de minorité opposante. C'en
est fait de l'anomalie d'un Sénat anti-ré-
publicain, qui était en réalité aussi cho-
quante que l'eût été lanomalie d'un Sénat
anti-bonapartiste sous Napoléon III.
Une opposition, non pas constitution-
nelle, mais radicalement irréconciliable,
de cent membres sur cinq cents dans la
Chambre des députés et de cent vingt
membres sur trois cents dans le Sénat,
voilà le total des forces ennemies que
nous trouvons encore sur notre chemin
après les élections de dimanche.
Nous sommes donc largement sûrs de
la majorité dans le Sénat comme dans la
Chambre. C'est bien, c'est ce qu'il faut ; ;
et c'est à cette condition seulement que
le bon fonctionnement des institutions
devenait possible.
Mais est-ce à dire qu'il n'y ait plus à
tenir compte de la minorité d'adversaires
ardents qui va s'agiter contre nous dans
le Sénat et dans la Chambre?
Il serait puéril et il pourrait dévenir
dangereux de le croire. Il faut toujours
compter avec une minorité d'opposition
nombreuse, implacable, attentive à guet-
ter et prompte à grossir les moindres
fautes. Sachons donc nous garder. Sar-
chons nous souvenir de ces deux mots :
Patience, disciplina, que M. Gambetta
prononçait l'autre jour au Grand-Hôtel.
Aucun gouvernement bien avisé-ne doit
se croire assez solide pour se donner le
luxe de commettre des fautes, s'il se sent
surtout observé dans les Chambres par
deux cents paires d'yeux malveillants.
Ces simples réflexions se présentent à
tous les esprits, et déjà les républicains
de la Chambre et du Sénat ont dû les faire
eux-mêmes. Nous ne doutons point que
le ministère n'étudie soigneusement de
son côté le fort et le faible de la situa-
tion.
La session de 1879 va s'ouvrir dans
huit jours, et, selon l'usage, les ministres
y porteront sans doute un message du
gouvernement, exposant leurs vues poli-
tiques. Nous disons : selon l'usage, et
nous ajoutons que, si cet usage n'exis-
tait point, il faudrait l'inventer pour la
circonstance. Une situation nouvelle com-
porte, en effet, un nouveau programme.
Il appartient donc au gouvernement de
prendre la parole, et de marquer, parmi
les questions pendantes, celles qu'il juge
opportun de résoudre et celles qu'il esti-
me prudent d'ajourner.
Pour tracer ce programme, le gou-
vernement a devant lui tout le temps né-
cessaire, car les questions dont il s'agit
ne sont pas neuves, et, dans l'hypothèse
prévue qui vient de se réaliser dimanche,
les ministres ont dû déjà les examiner
à loisir. Quant au nouveau personnel
politique que le scrutin du 5 janvier a in-
troduit dans le Sénat, le gouvernement
le devait connaître aussi d'avance, tant
par les antécédents des candidats que
par leurs professions de foi. Le ministère
sait donc ce que c'est que le Parlement,
quelles opinions et quelles influences y
dominent, quelle politique y doit réussir
et quelle autre échouer, ni,;"
Quid ferre reeusmti
Quid valeant humeri.
Si M. Thiers vivait, quels résultats n'ob-
tiendrait-il pas, pour le bien du pays, de
l'accord de ces deux Chambres ! Les
bonnes volontés y sont immenses. Elles
seront un merveilleux instrument de gou-
vernement pour quiconque saura les ma-
nier en homme d'Etat.
Sua. Ldû&BKRï.
————— —————.
ÉLECTIONS SÉNATORIALES
Martinique
C'est à tort que nous annoncions hier
que les électeurs sénatoriaux dè la Marti-
nique ne procéderaient que le mois pro-
chain à l'élection de leur sénateur. Con-
voqués à temps, ils ont pu, comme ceux de
France, se rendre au scrutin le 5 janvier.
Une dépêche de la Martinique nous ap-
prend que M. Desmazes, sénateur sortant,
républicain, a été réélu.
.0.1
VICISSITUDES D'UN MAGISTRAT
M. le président du tribunal de Quim-
perlé est cité devant la cour de Rennes
pour offense à M. Corentin Guyho. L'of-
fensé étant un personnage public, la
preuve est permise par la loi et le compte-
rendu des débats appartiendra à la pres-
se. Nous tiendrons nos lecteurs au cou-
ront de cet intéressant procès. L'occa-
sion, ils ne l'ont pas oublié, est une let-
tre écrite par M. le président du tribunal
de Quimperlé à la suite d'un jugement de
ce tribunal portée à la tribune de la Cham-
bre par M. Develle, rapporteur, dans la
discussion d'une élection.
La justice a été saisie de la plainte:
<^e prononcera. Ce n'est pas à nous à
prendre parti pour ou contre M. le pré-
sident de Quimperlé. Mais il nous est
bien permis, à nous autres, journalistes,
de faire quelques observations à propos
de cet incident.
Il nous arrive de temps en temps aux
uns ou aux autres d'avoir maille à partir
avec la justice de notre pays, et l'on n'a
pas remarqué qu'elle nous fût particuliè-
rement indulgente. Quand nous sommes
cités à la barre de nos tribunaux pour
avoir manqué aux convenances de la po-
lémique, on ne se fait guère faute de nous
adresser quelque mercuriale bien sentie
sur le respect dû à la plume que nous
avons l'honneur de tenir, sans préjudice
du châtiment qui ne se fait guère at-
tendre. Qui sait ? Peut-être est-il arrivé
à M. le président du tribunal de Quim-
perlé lui-même, dans le cours de sa
carrière longue ou courte, nous l'igno-
rons, de voir traduit devant lui quelque
pauvre écrivain et de le traiter avec ri-
gueur.
Or, qu'arrive-t-il aujourd'hui? Pour une
fois en sa vie, M. le président s'avise de
prendre une plume, et tout aussitôt il
commet le délit pour lequel la magistra-
ture est si volontiers sévère. Il tombe
sous le coup de la loi qu'il est chargé
d'appliquer, et, en dépit de sa robe, voilà
que des poursuites sont ordonnées con-
tre lui.
Et M. le président ne pourra pas alléguer,
comme le pourrait faire l'un de nous, que
si en France nul n'est censé ignorer la
loi, en fait, cependant, beaucoup de Fran-
çais rignorent. Non ; il a fait son droit,
il a pâli sur les textes de nos lois et sur
les savants commentaires de nos juris-
consultes : il sait ce que c'est que l'of-
fense, ce que c'est que l'injure, ce que
c'est que l'outrage, par quelles mesures
délicates ces délits se distinguent les uns
des autres: il sait tout cela. et pour-
tant le jour où il se met à écrire, le voilà
qui oublie à quoi certaines façons de
s'exprimer exposent leur auteur, et de
justicier il devient justiciable.
Il faut avouer que l'aventure est pi-
quante. Il nous serait facile d'en triom-
pher, de nous retourner vers ce magis-
trat et de lui dire, comme dans l'Ecriture :
« Vous voilà blessé comme nous [ Vous
voilà devenu semblable à nous 1 » Il est
probable que l'avocat de M. le président
— car il va avoir un avocat — le défen -
dra comme nos avocats nous défendent
nous-mêmes. Il plaidera les circonstances
atténuantes, il invoquera l'émotion, la
passion naturelle, la vivacité du premier
mouvement pour excuser certaines phra-
ses trop vives qui ne se peuvent justi-
fier et qui dépassent la pensée de
l'auteur. Il dira ces choses et d'autres
semblables, et personne ne saurait l'en
blâmer. Mais vous voyez bien, monsieur
le magistrat, que ce n'est pas chose fa-
cile de ne jamais écrire un mot qui ne
franchisse la limite convenable ou même
permise. Cela vous arrive aussi malgré
votre connaissance du code, malgré la
gravité de votre caractère, de vous laisser
entraîner par la passion, mauvaise con-
seillère, d'avoir votre part des faiblesses
humaines. Il vous arrive, à vous, les gar-
diens des institutions sociales, comme
vous vous appelez, de manquer de respect
aux pouvoirs établis, d'oublier qu des
législateurs, mandataires de la nation,
doivent être traités avec égards par les
bons citoyens. Ah! monsieur le président,
quand vous serez remonté sur votre siège
de magistrat, si vous avez cette chance
d'être acquitté par la cour de Rennes, ne
soyez pas trop rigoureux aux pauvres
diables d'écrivains prévenus de quelque
écart. Vous voyez bien maintenant que
nul n'est à l'abri de ces écarts [
CHARLSS BIGOt.
Revue des Journaux
Inutile de nous occuper de la presse ré-
publicaine : une victoire telle que celle
du 5 janvier ne peut arracher aux vain-
queurs qu'un cri de joie.
Mais la douleur a diverses façons d'écla-
ter, selon les tempéraments. Aussi avions-
nous espéré une gamme complète de dou-
leurs. Or, dans la presse réactionnaire po-
litique, la note est à peu près partout la
même, monotone à force de résignation.
Nous ne sommes donc ni surpris, ni décou-
ragés, dit le Soleil, un journal qu'on appelait
jadis orléaniste.
Nous ne sommes pas surpris, parce que
nous avons presëfnti la défaite, maintenant
indéniable, de la droite, défaite que nous ne
chercherons même pas à atténuer par des
raisonnements et des calculs dont toute la
force viendrait infailliblement se briser contre
l'évidence du fait matériel.
En matière de scrutin le résultat est tout.
Nous ne sommes pas découragés, parce que
notre devoir reste le même et que, notre de-
voir restant le même, nous ne pouvons avoir
qu'une pensée, c'est de le remplir dans toute
son étendue.
Notre devoir reste le même vis-à-vis du but,
qui n'a pas changé. Ce but, c'est la défense
énergique et quotidienne des intérêts perma-
nents du pays et de la société, en dehors de
toute affaire de parti et de toute forme de
gouvernement.
Ces intérêts permanents du pays et de la
société sont ceux dont la nature ne change ni
avec les pouvoirs publics, ni avec les consti-
tutions politiques, dont l'instabilité est pres-
que devenue, depuis 1789, l'état régulier de la
France. Ils sont sous la République ce qu'ils
étaient sous l'empire, ce qu'ils seraient sous
la monarchie.
A ce point de vue, d'ailleurs, même dans le
Sénat de 1879, même sur les bancs de la gau-
che fortifiée, nous trouverons encore, nous
l'espérons, un appui ferme et constant qui fa-
cilitera notre tâche.
Le Soleil n'est pas, d'ailleurs, le seul
organe de la réaction qui émette cette idée
JUC +■ I?,,,, j ; i
d'un rapprochement entre certains élé-
ments de droite et la nouvelle majorité
républicaine du Sénat. L "Estafette, jour-
nal ayant une couleur bonapartiste, mais
d'un bonapartisme qüi n'est pas à la mode,
puisqu'il s'incline devant les arrêts de la
volonté nationale, dit, de son côté :
Les conservateurs peuvent voir à quoi ont
abouti leurs alliances disparates contre la Ré-
publique. ILS ONT FAIT LA RÉPUBLIQUE.-
Elle est maintenant aussi fondée, aussi léga-
lement fondée que possible. Il ne reste plus
aux ennemis de la République qu'à se repen-
tir et à se résigner.
La transformation est entière : logiquement,
les conservateurs sont désormais républicains;
les révolutionnaires sont les ennemis du ré-
gime imposé par le suffrage universel dans
ses manifestations successives.
Le courant de l'opinion nationale en faveur
de la République est véritablement irrésistible
et ce serait folie de le nier.
Et M. Léonce Détroyat termine ainsi, à
l'adresse de ses amis :
Le renversement de la République?? Mais
s'ils parvenaient à renverser la République,
ils seraient impuissants à la remplacer ! Ils ne
pourraient qu'engendrer la guerre civile.
Pourquoi donc y songeraient-ils ? Pourquoi
donc ne se résigneraient-ils pas, au contraire,
à s'incliner devant les manifestations les plus
éclatantes qui se soient jamais produites des
sympathies du corps électoral pour la Répu-
blique I
Je ne saurais conseiller à mes amis une
autre conduite que celle-là. Elle m'est inspi-
rée par mon patriotisme, par la sagesse. C'est
ainsi que penseront sans doute tous les bons
citoyens.
Jusqu'à l'Assemblée nationale, — qui
l'eût cru ? -la fougueuse Assemblée na-
tionale, dont les goûts varient,avec une ra-
pidité étonnante, de l'emploi de la violence
à l'emploi de la douceur :
Il faut naviguer de son mieux dans le cou-
rant, puisqu'il est en ce moment à peu près
impossible de le remonter.
0 charmant aveu, dénué d'artifice 1 Con-
tinuons :
Les conservateurs légitimistes, orléanistes,
impérialistes, n'ont pas hésité à donner avec
union leur sangfet leur concours aux républi-
cains de 1870 pour combattre les ENVAHISSEURS
de la France ; c'est avec le même patriotisme,
la même abnégation qu'ils donneront encore
leur concours aux républicains modérés de
1879 pour combattre les ENNEMIS de la paix et
de la prospérité publique à l'intérieur.
Second aveu charmant. L'Assemblée
netionale connaît donc maintenant des
« républicains modérés » ? Il nous restait
comme un vague souvenir que — il y a
tout au plus dix-huit mois de cela, — elle
tenait tous les républicains en bloc, ceux
du Sénat comme ceux de la Chambre,
pour des « radicaux ».
L'Ordre « n'attendait rien de bon d'un
mode de scrutin imaginé par les hommes
d'Etat du centre droit pour les besoins
d'une politique étroite et précaire. »
Et ce qui intéresse le Pays, devenu pres-
que aimable, « c'est de voir entrer au Sé-
nat une fournée de républicains — beau-
coup trop modérés pour la plupart, mal-
heureusement — qui vont être mis en de-
meure d'exécuter les réformes depuis si
longtemps promises et toujours éludées. »
Il paraît décidément qu'il y a non-seu-
lement des républicains modérés, mais
encore des républicains « trop modérés. »
Allons, tant mieux !
« Le succès des républicains est si écla-
tant, » comme le dit le Paris-Journal, que
tous nos adversaires l'avouent « sans'bar-
guigner.» Ne pouvant plus se faire illusion
sur le résultat de leurs fautes, ils ne comp-
tent plus que sur les nôtres.
*
* .I¡L
Dans la presse plus particulièrement
cléricale, la note s'élève ; c'est là que l'ai-
greur domine. Le Français et la Défense,
un peu abattus par l'échec de certains de
leurs amis personnels, sont toutefois les
moins violents dans la forme :
La situation nouvelle, dit le Français, a un
autre avantage, c'est qu'en nous mettant net-
tement en minorité elle nous donne une com-
plète liberté d'action : la majorité apparente
qui nous testait au Sénat n'était plus qu'un
embarras. Dès lors nous pouvons agir, parler,
critiquer, sans qu'on nous accuse de tout bou-
leverser, de vouloir tout renverser. De cette
liberté d'action, si précieuse, si efficace, non
dans ses résultats parlementaires immédiats,
mais dans ses effets sur l'opinion, nous som-
mes décidés à user largement. Quel sera cet
usage ?
Et la Défense, de son côté :
Voilà tous nos amis rejetés par la néces-
sité sur ce' terrain de lutte qui déplaisait à
beaucoup d'entre eux. Ils sont par force l'op-
position conservatrice, l'union conservatrice.
Ils ne combattent plus la République, les ar-
mes sont trop inégales. Us combattent la Ré-
volution. Noble et grande tâche, la plus pa-
triotique qui ait été donnée à de bons ci-
toyens !
Et la Défense, énumérant les ressour-
ces qui restent à ses amis, s'écrie : « For-
tifiez vos journaux, répandez les l Faites
entendre à ce peuple, que la presse a per-
verti, la presse qui répare et qui sauve ! »
Toujours commerçant, ce M. des Houx,
même dans les circonstances les plus cri-
tiques 1. En voilà un qui ne néglige ja-
mais l'abonnement !
Quant à la Gazette de France, prodi-
guant les gros mots aux républicains et
les coups de pied à l'empire, elle ne fait
que répéter, en moins bon style, ce que
dit Y Union:
Nous entrons dans la période décisive, écrit
M. Mayol de Lupé. Les royalistes ne doivent
pas être de simples spectateurs, comptant les
fautes de l'ennemi et attendant une occasion
propice. Ils représentent la seule force oppo-
sée à la Révolution, et l'événement a dû leur
prouver que le temps des compromis et des
concessions était passé.
Ils sont la minorité, mais l'unique minorité
qui puisse s'affirmer hautement, proclamer
ses principes, défendre pied à pied les intérêts
du pays, faire la lumière sur les entreprises
néfastes du gouvernement républicain, protes-
ter à toute heure, au nom de la dignité natio-
nale constamment outragée et de la liberté
déjà menacée qui demain sera cyniquement
violée. Formons les rangs d'une opposition
hardie, vigilante et résolue, c'est le rôle qui
nous appartient, c'est la tâche que nous avons
à remplir.
Mais c'est Y Univers dont la plume grince
le plus fort. «Sachons surtout résister sous
notre drapeau ! » crie l'organe clérical.
Et immédiatement l'Univers enrôle tous
les réactionnaires sous son propre dra-
peau :
Les catholiques, même quan i la lutte leur
est à peu près impossible, ne se laissent pas
abattre ; pourquoi donc serions nous abattus
auiourd'hui? Nous n'avons pas seulement pour
nous le droit et la véritA ; nous avons aussi la
loi et, en dépit des scrutins, la force que don-
ne le nombre.
Certes, nous ne sommes pas de ceux qui
voient dans cette force la règle suprême ;
mais nous savons dans quelle mesure il est
légitime de s'en servir ; et, par les pétitionne-
ments, les adresses, tous les moyens légaux
de pression et d'agitation, nous lui ferons ap-
pel. Nous prions nos amis de préparer dès à
présent cette action. Les occasions d'y re-
courir seront nombreuses et sont prochaines.
Il faut aussi que nous soyons partout en
mesure de défendre par des procès nos éco-
les, nos congrégations, nos prêtres. Les lois
nous offrent sous ce rapport des ressources
dont, par timidité et par nonchalance, plus
souvent encore par de maladroits calculs, on
a négligé de se servir.
Pour terminer par quelque chose de
gai, nous ferons remarquer qu'il n'est pas
un organe de la droite qui ne déclare im-
perturbablement aujourd'hui « qu'il n'est
nullement étonné du résultat des élections,
qu'il l'avait prévu et même annoncé d'a-
vance. » Comme il serait trop long de citer
des extraits anciens de toutes les feuilles de
la réaction, nous nous contenterons d'en
mettre une, la Patrie, en face d'elle-
même :
On lisait dans la Patrie du 3 janvier
Pendant que les journaux républicains an-
nonçaient à son de trompe que la majorité
sénatoriale passerait de droite à gauche,
avec une différence de plus de 25 voix, nous
faisions prendra des ioformations, des ren-
seignements sur les résultats probables. Or,
aujourd'hui, de l'ensemble des notes qui nous
sont adressées, il résulterait que les espéran-
ces des républicains sont menacées d'un
échec, ou du moins d'une déconvenue, c'est-à
dire que, quel que soit le chiffre maximum
possible des élections républicaines de de-
main, la majorité du Sénat appartiendrait en-
core aux droites.
On lit, en tête de la Patrie du 7 jan-
vier :
Jusqu'à la dernière heure, nous avons com-
battu plus pour l'honneur, il est vrai, que
pour la victoire, mais enfin sans nous lais-
ser aller aux défaillances ni aux excès de con-
fiance.
Assurer formellement que la majorité
sera à droite, quand elle se trouve être de
cinquante voix environ à gauche, il pa-
raît que ce n'est pas « un excès de con-
fiance. » C'est un excès d'audace !
Lk PRESSE AMUSE
ET LES ÉLECTIONS SÉNATORIALES
Le Times, dans un article sur les élections
sénatoriales en France, dit qu? la journée
d'hier doit être marquée d'un signe blanc
dans le calendrier républicain, parce que les
amis de la constitution actuelle ont remporté
une grande et décisive victoire. Jusqu'à pré-
sent les partis monarchiques avaient eu une
petite, mais suffisante majorité au Sénat,
dont ils avaient fait un usage tel qu'ils main-
tenaient la nation dans un état perpétuel d'ap-
préhension des complots ourdis en vue du
rétablissement du trône.
Mais les élections d'hier ont définitivement
modifié la proportion des partis dans la Cham-
bre haute ; elles ont plus que réalisé la pré-
diction récemment faite par M. Gambetta, car
64 sièges sont échus à la gauche, tandis que la
droite n'en a obtenu que 15. Ainsi la majorité
républicaine au Sénat sera d'une cinquantaine
de voix.
o. Aussi n'est-11 pas possible de s'exagérer
l'effet de cette victoire sur les destinées de la
constitution. Dorénavant le parti de la réac-
tion ne pourra plus provoquer des conflits ar-
tificiels entre la Chambre haute et la Chambre
basse. Le maréchal de Mac-Mahon lui-même,
fût-Il disposé à suivre de nouveau les conseils
de ses amis cléricaux et militaires, ne pourrait
pas obtenir du Sénat une nouvelle dissolution.
Il ne pourrait pas davantage compter sur l'ap-
pui des sénateurs s'il cherchait à affranchir
un de ses ministres de la censure des députés.
Mais l'action de la majorité républicaine se
fera plus vivement sentir lorsque, les sept
années de bail du pouvoir du maréchal de
Mac-Mahon étant expirées, les deux Chambres
se réuniront soit pour le réélire, soit pour
nommer son successeur. Elles exigeront du
candidat à la présidence des garanties de fi-
délité à la constitution telles que le parti qui
a nommé le maréchal de Mac-Mahon ne puisse
plus songer à faire du président de la Répu-
blique une espèce de lieutenant-général du
royaume.
Enfin son influence se fera surtout sentir
lorsque les deux Chambres en congrès s'occu-
peront de la question de révision de la cons-
titution, qui, faite par des monarchistes, se
ressent de leur participation à son élabora-
tion. Ils voulaient une République aussi peu
républicaine que possible et ils entendaient
la mettre à la merci d'un président, qui, dans
leur pansée, devait être un serviteur des an-
ciennes dynasties, et d'un Sénat qui devait
aplanir les voies à une nouvelle restaura-
tion.
Aussi est-il peu probable que cette œuvre
ingénieuse échappe à la révision. On voudra
naturellement que la constitution et les fonc-
tionnaires de la République soient complète-
ment républicains. Il serait téméraire de pré-
tendre que le système actuel de gouverne-
ment inauguré de la sorte en France doive
fermer l'ère des révolutions, mais il est cer-
tain que jamais la France n'a eu une aussi
bell6 perspective de stabilité depuis qu'elle a
brisé le fil de son histoire nationale dans un
accès d'indignation contre le mauvais gou-
vernement de ses rois de la maison de Bour-
bon.
Le Daily Telegraph s'exprime ainsi :
Si fertile qu'ait été l'histoire de France en
nouvelles expériences et en nouvelles condi-
tions, jamais une époque comparable à celle-
ci ne peut-être retrouvée. Les régimes tran-
sitoires de la première Révolution étaient des
explosions de violence et ont été maintenus
par des minorités résolues au milieu des
émois d'une guerre étrangère.
Louis-Philpipe a dû son trône à une intrigue;
la République de 1848 fut le résultat d'une
ioo- -:
surprise et le second empire celui d'un coup
d'Etat. Quant à la révolution de 1870, c'est
l'invasion qui l'a provoquée. La République
actuelle a une origine meilleure, car elle
a été établie par une Assemblée librement
élue, et en" a été sanctionnée par un grand
nombre d'élections dont la dernière a eu lieu
hier.
Elle s'est développée au milieu de la paix la
plus profonde et sans la moindre perspective
de guerre étrangère. Ainsi l'on peut dire que
la France entière jouit aujourd'hui pour la
première fois de la plénitude de ses droits
politiques avec une armée qui est en réalité
la nation en armes et une législature qui n'est
que l'écho de la voix populaire ; elle est donc
plus libre désormais de se gouverner elle-
même. La constitution actuelle n'est nulle-
ment un ohstacle, car elle est susceptible de
modifications, et après 1880 tous ses défauts
pourront être corrigés.
Il est incontestable que la France a repris
son ancienne situation en Europe, et elle est
forte parce qu'elle est riche au repos et armée
des pieds à la tête pour l'action. Les leçons du
passé lui ont donné cette sagesse et cette
prudence qui lui manquaient, et par consé-
quent il y a lieu d'espérer qu'elle saura évi-
ter les fautes et travailler utilement à rendre
cette situation plus belle et plus prospère en-
core.
Bureaucratie
Ne nous lassons pas de signaler l'abus
que les bureaux font de la paperasserie
et les pertes de temps qu'ils infligent aux
malheureux contribuables qui sont for-
cés de recourir à eux.
Permettez-moi de laisser à cette ré-
clamation la forme personnelle qui lui
donne plus de piquant :
Monsieur, m'écrit un correspondant
qui signe, au commencement de cette an-
née, un avis émanant de la préfecture fut
affiché sur les murs de Paris. Il préve-
nait les intéressés que les concessions
temporaires délivrées pour cinq ans dans
les cimetières de la capitale en 1872 se-
raient reprises le 1er juin, et que pour
obtenir une nouvelle concession, il fal-
lait s'adresser rue de Vaugirard au bu-
reau des cimetières.
Je me trouvais précisément dans le cas
visé par la préfecture. J'avais au cime-
tière d'Ivry (l'ancien Ivry) une' conces-
sion de cinq années, que je désirais pro-
longer de cinq années encore.
Je me rendis donc le 25 mars à l'en-
droit indiqué par la circulaire, et m'a-
dressai à l'employé chargé de ce service:
— Monsieur, me répondit-il, vous de-
vez, pour obtenir. la prolongation que
vous demandez, nous fournir une attes-
tation du conservateur du cimetière dans
lequel est inhumée la personne pour qui
vous avez déjà payé une concession de
cinq années.
- Mais, monsieur, fis-je observer au
bureaucrate, l'avis émanant de la préfec-
ture n'a point averti qu'il y eût cette
pièce à fournir.
— On n'avait pas à entrer dans ces
détails.
— Pardon, monsieur, car si 1 affiche
que j'ai lue et qui m'invitait à me ren-
dre chez vous avait pris soin en même
temps de me prévenir que j'avais un cer-
tain nombre de pièces. à apporter, je
m'en serais muni par avance; je vous
aurais ainsi épargné le temps que je
vous fais perdre, sans parler de celui
que je perds moi-même.
— Nous ne pouvons entrer dans ces
considérations. Il nous faut la pièce ; al-
lez la chercher.
— J'y cours.
Je me rends en effet à Ivry, où l'attes-
tation que l'on me réclamait m'est déli-
vrée. Mais comme il était trois heures et
demie, je n'ai pas le temps de retourner
rue de Vaugirard, où les bureaux au-
raient été fermés. Je retourne chez moi
à Puteaux.
Le lendemain, je m'en retourne au
bureau de la rue de Vaugirard, où je
donne la pièce en question. L'employé
l'examine longuement, la pose sur son
pupitre, et raffermissant ses lunettes sur
son nez :
— Votre quittance? me demande-t-il.
— Quelle quittance ?
— La quittance qui constate le paie-
ment de la dernière concession.
— Qu'avez-vous besoin de cette quit-
tance ? Il est trop évident, puisque cette
concession est expirée aujourd'hui, que
j'ai dû la payer. Je ne puis pas ne pas
l'avoir payée.
— Cela ne nous regarde pas.
— Mais voilà cinq ans que j'ai payé ;
il y a cent à parier contre un que je n'ai
plus cette quittance, qu'il m'aura paru
inutile de conserver. Je l'ai jetée, sans
doute, déchirée, brûlée. Je ne sais. Ce
sera grand hasard si je l'ai encore. Et si
je ne l'ai plus?
— Si vous ne l'avez plus, faites une
demande au préfet de la Seine, afin qu'on
vous délivre un duplicata.
— Un duplicata ?
— Oui, c'est pour rien : timbre, papier
et port, cela vous coûtera un franc quinze
à peine.
Je retourne, l'oreille basse, chez moi.
et je suis assez heureux, en fouillant
l'amas de mes vieilles factures, pour re-
trouver la quittance de la préfecture.
Je reprends le chemin du même bu-
reau et me représente pour la troisième
fois devant le susdit employé, lequel con-
sent enfin à recevoir ma demande, passe
les écritures indispensables, et m'invite
à me rendre au grand Luxembourg.
— Ah ! au grand Luxembourg !
— Oui, monsieur.
— Je vous ferai remarquer que c'est
la troisième après-midi que je perds.
- Eh bien 1 monsieur, me répondit le
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