Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-01-02
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 janvier 1879 02 janvier 1879
Description : 1879/01/02 (A9,N2570). 1879/01/02 (A9,N2570).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7562616t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Neuvième Année. — N° 2570
Prix du Numéro-à Pans t 15 Cer - Spartemënts ï 20 Centimes.
Jeudi 2 Janvier 1870
El
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
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ELECTIONS SENATORIALES
SCRUTIN DU 5 JANVIER 1879
CANDIDATS RÉPUBLICAINS
Ariége. MM. Bordes-Pagès.
Deramond.
Bouches-du-Rhône. (La désignation n'au-
ra lieu que le 4 janvier).
,Gard. (La désignation n'aura
lieu que le 4 janvier).
Haute-Garonne. MM. Camparan;
Hébrard ;
Calès ;
de Rémusat
(Jers. MM. Maumus ;
de Salvandy
Gironde. MM. De Lur- Saluces;
Dupouy;
lssartier ;
Numa Callen.
Hé;ault. MM. Gaston Bazile ;
Combescure ;
Griffe. -
Ille-et-Vilaine. MM. Roger-Maryse ;
Jouln ;
Le Bastard.
¡ndre. MM. Périgois;
Général Vergne.
Indre-et-Loire MM. Guinot ;
Fournier, ambassa-
deur.
Isère MM. Michal-Ladlchère ;
Ronjat ;
M. Vogeli ; M. Eymard-Duvernay.
Jura.. MM. Tamisier;
Thurel.
Landes. MM. Boucau;
-.. Victor Lefranc.
Loir-et-Cher. MM. Bozérian;
Docteur Dufay.
Loire. MM. Arbel ;
Cherpin ;
Chavassieu.
Haute-Loire. MM. Edmond de Lafayette!
Vlssaguet.
Loire-Inférieure. MM. Fidèle Simon père ;
Lechat ;
Lemot.
Loiret. MM. Dumesnil;
Robert de Massy.
Lot. MM. Roques ;
'-' Delord.
LaVet-Garopjie MM. Léopold Fayej
.< Pons.
Lozère MM. Théophile Roussel ;
., De Ruzière.
Maine-et-Loire MM. Mourîn ;
Lecoy ;
Marie-Baudry.
Manche. MM. Lenoël;
Dufresae ;
Labiche.
Marne. MM. Dauphinot;
Leblond.
Haute-Marne.. MM. le général Pélissier;
1 1 * f Robert-Dehault.
Mayenne. MM. le général Duboys-
Fresney ;
Gustave Denis.
Meurthe-et-Moselle. MM. Varroy;
v Bernard.
Meuse. MM. Vivenot;
Honnoré.
Morbihan. MM. Carouge;
Burgault ;
Ratier.
Nièvre. MM. Massé;
r Tenaille-Saligny.
Nord. MM. Merlin,maire de Douai;
Jules Dutilleul ;
Massiet du Blest;
Général Faidherbe ;
Casimir Fournier.
Oise. MM. le colonel d'Andl au
Cuvinot ;
Célestin Lagache.
Puy-4e-D$nie. M. Guyot-Lavaline.
Saône-et-Loire MM. Demôle;
Alfred Mathey.
Vendée. M. Périer.
Constantine M. Lucet, M. du Bouzet.
ColQlM08 AI. Desmazes.
BULLETIN
Paris, 1er Janvier.
Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié un décret portant qu'à partir de 1 an-
nAe 179 fôs expositions des ouvrages des
artistes vivants comprendront les exposi-
tions annuelles et des expositions trien-
nales- La première exposition triennale
ouvrira le Ier mai 1881.
Il est certain aujourd'hui que Yakoub-
Khan ne s'est pas rendu à Jellalabad pour
implorer la paix- Il semble, au contraire,
que le gouvernement anglais a fait des ou-
vertures au fils de Shire-Ali, sans qu'on
sache au juste par qui ces ouvertures
ont été faites et quel en a été le résultat.
Il est à peu près certain aussi que l'émir
n'a pas quitté son royaume, comme on
l'avait dit d'abord. La situation reste donc
en l'état ; et tout semble même faire pré-
sager que la résistance des Afghans sera
plus énergique qu'on ne l'avait pensé d'a-
bord et que ne le laissent supposer les
opérations accomplies jusqu'à présent.
On mande, par exemple, au Standard
que le gouverneur de Candahar se dispose
à défendre cette ville,dont les Anglais es-
péraient s'emparer sans coup férir. Il est
vrai qu'on ne saurait avoir en ce mo-
ment une grande confiance dans les dé-
pêches adressées de l'Inde aux journaux
anglais.
Nous avons publié hier l'analyse d'une
lettre adressée par le pape à l'archevêque
de Cologne. Nous y avons cherché en vain
quelques renseignements sur l'état des
négociations engagées entre le Saint-Siège
et l'Allemagne. Léon XIII reste dans les
généralités. Il se borne à dire que, depuis
le commencement de son pontificat, il
s'est étudié à rétablir « les bons rapports
entre les princes, les peuples et l'Eglise ».
Le pape ajoute « qu'il a, de préférence,
tourné son esprit vers-la noble nation al-
lemande, afin que, les discordes religieu-
ses apaisées, ce pays pût recouvrer les bé-
néfices d'une paix durable sans que les
droits de l'Eglise fussent lésés. Dieu seul
sait si l'œuvre commencée sera couronnée
d'un heureux succès. » Une dépêche sub-
séquente de Rome assure que le Vatican
et M. de Bismarck désirent également un
accommodement et font tous leurs efforts
pour y parvenir. Mais que de graves diffi-
cultés existent encore ! On garde, cepen-
dant, des deux côtés, ajoute la dépêche,
l'espoir d'une solution satisfaisante.
Le Standard se fait l'écho d'une singu-
lière nouvelle. Le sultan aurait écrit au
czar pour lui demander une réduction sur
l'indemnité de guerre. Ce n'est pas la pre-
mière fois, si nous avons bonne mémoire,
que cette nouvelle est mise en circula-
tion, et nous croyons qu'elle n'est pas plus
fondée aujourd'hui qu'elle ne l'était aupa-
ravant. On affirme toujours que des négo-
ciations sont engagées entre l'Angleterre
et la Turquie relativement à rUe de Chy-
pre ; il s'agirait de l'achat par la Grande-
Bretagne des biens appartenant en propre
au sultan.
La lettre du prince de Bismarck a été
renvoyée par le conseil fédéral à la com-
mission des tarifs douaniers. Cette lettre
fait toujours l'objet de nombreux com-
mentaires. D'après les uns, le chancelier
de l'empire tient principalement à obtenir
le droit de douanésur le tabac. Il s'agit en
premier lieu, pour lui, de couvrir le défi-
oit,et les autres demandes d'impôts ne sont
que des moyens d'intimidation. En d'au-
tres termes, le gouvernement demande-
rait beaucoup pour obtenir la concession
qu'il désire avant toute autre. Mais c'est
peut-être là une opinion trop optimiste.
En tout cas, cette lettre a causé dans l'Al-
lemagne du sud » un vif étonnement. Ceux
qui en sont le moins désappointés sont
les radicaux, qui se réjouissent de pou-
voir prouver que le chancelier de l'empire
est réactionnaire sur le terrain politique
et sur le terrain économique.
E. BARBIER.
———————— 4»
jP3toix:r>flt4e» de :Pa.t..
PETITS BOURSE DU lor.
5 0/0 112 fr. 92 1/2, 97 1/à, 95.
Turc 11 fr. 60.
Egypte 258 fr. 75, 257 50.
- --.- - - - - 1 - -.-
Voici un numéro du journal qu'on ne
lira guère. Aussi bien ce ne sont pas les
faits saluants qui abondent aujourd'hui
dans la politique, et, quant aux élections
sénatoriales, nous avons dit à peu
près tout ce que nous avions à en
dire. Parlerons-nous encore du rédac-
teur en chef du Pays, qui veut bien de
nouveau s'occuper de nous? Le sujet a
pour nous un certain attrait, à cause de
la prochaine élection partielle du Gers.
Il serait — non pas très-important,
ce serait trop dire, — mais il serait in-
téressant que M. P. de Cassagnac, qui
personnifie en ce moment le bonapartis-
me irréconciliable et la haine à outrance
des institutions républicaines, fût évincé
par les électeurs du Gers. Nous ferons ce
que nous pourrons pour leur démontrer
que la politique de leur ancien représen-
tant les entraînerait, s'ils la voulaieut
suivre, beaucoup plus loin qu'ils ne vou-
draient aller.
M. P. de Cassagnac aurait bonne en-
vie, et cela se conçoit, de rattraper les
déclarations malencontreuses qui lui ont
échappé dans une de ses dernières explo-
sions. Il les commente, il les tourne et il
les retourne ; mais ce qui est écrit res-
te écrit. Il persiste à nous dire que nous
raisonnons de mauvaise foi, parce que
ndfeé journal nJa pas l'habitude de repro-
duire en entier les articles auxquels nous
répondons. Mais où cela se fait-il ? où ce
système se pourrait-il admettre? Nous
voyez-vous, par exemple, obligés de
réimprimer tout un volume, sous peine
de passer pour des critiques de mauvaise
foi 1 Les articles de M. P. de Cassagnac,
que nous lisons d'ailleurs avec l'intérêt
qu'ils méritent, sont beaucoup trop longs
pour être reproduits. Celui d'hier a trois
colonnes, et ne nous apprend rien de
nouveau. Ce que nous y voyons de plus
clair, c'est que M. P. de Cassagnac
adopte justement, à notre égard, les pro-
cédés de discussion qu'il nous reproche,
à nous, avec peu de justice, car nous ne
passons rien sous silence et nous ré-
pondons bien ou mal à toutes les objec-
tions que l'on nous fait. Mais ce n'est
qu'un détail. Quoi qu'il en soit, voici les
dernières explications de M. P. de Cassa-
gnac, qui nous accuse, non plus d'avoir
tronqué ses phrases, mais d'avoir tron-
qué son raisonnement :
J'ai dit que toute monarchie vaut mieux que
toute République ; j'ai dit encore que je pré-
férais la légitimité et l'orléanisme à la Répu-
blique.
Et je le maintiens.
Seulement je n'ai pas dit que si l'empire
venait à manquer, je me ferais légitimiste ou
orléaniste.
Vous vous êtes borné à dire que je me fe-
rais royaliste ou orléaniste ;
Que j'étais l'ennemi du suffrage universel ;
Que j'abandonnerais le drapeau tricolore.
Et tout cela est faux, archi-faux, vous le
savez bien !
Je ne sais où M. P. de Cassagnac trou-
vera des esprits assez fins pour saisir
ces distinctions. Souhaitons pour lui
qu'on les comprenne dans le Gers ; mais
on aura du mal, nous en prévenons le
dialecticien du Pays, à y faire admettre
cette idée que le rétablissement de la
monarchie de Henri V serait préférable
au maintien des institutions républi-
caines. et qu'importe donc, en fait, que
M. P. de Cassagnac proclame sa ferme
'-I':.. 11,
résolution de ne point devenir orléaniste
ou légitimiste, s'il préfère à la Républi-
que tout, même la légitimité? Et quelle
valeur attacherons-nous à ses protesta-
tions de dévouement au drapeau tricolore,
quand la même plume qui les écrit n'hé-
site pas à tracer ces lignes : Toute mo-
narchie (y compris la monarchie de Hen-
ri V, roi du drapeau blanc) vaut mieux
q'J,te la République; et celles-ci : Je préfère
l'orléanisme et la légitimité (qui est la
royauté du drapeau blanc) à la Répu-
blique 1
Si M. P. de Cassagnac peut se tirer de
là par les distinguo de Thomas Diafoirus,
il sera vraiment un habile homme. Mais
je doute que dans le Gers ces ingénieuses
subtilités s'imposent à la raison rude et
saine des paysans.
EUG. LIÉBBRÎ.
♦
Nons recevons la lettre suivante :
Paris, 31 décembre 1878.
Monsieur le rédacteur en chef.
On se propose de paraître, on s'en croit
sûr, on l'annonce, puis on s'aperçoit qu'on a
compté sans l'imprimeur, le papetier, le jour
de l'an, les formalités avant la publication..
car il s'agit d'équiper un brûlot pour plus
d'une rencontre.
Le clan Rouher et Cassagnac m'a défié et
proscrit. J'entends accepter la proscription et
relever le défi jusqu'au bout.
Ce sera pour samedi, monsieur, j'en peux
cette fois prendre l'engagement avec certi-
tude.
Recevez l'expression de mes sentiments les
plus empressés.
ULYSSE PIC.
—————— ———————
VOEU DE BONNE ANNÉE
N'ayez pas peur; il ne s'agit point des
souhaits, plus ou moins sincères, qu'il
est coutume de s'adresser à l'occasion
du nouvel an. Ce sont là des clichés du
journalisme, que je me garde de blâ-
mer et qui ont leur agrément, quand ils
sont spirituellement enlevés et de main
de maître. Mais il y a longtemps que j'ai
renoncé à ce genre d'exercices.
Non, ce ne sont point des vœux dont je
prétends vous faire part. C'est un voeu,
mais un vceu tel que s'il venait à se réa-
liser, nous marquerions tous l'année
1879, comme lès anciens, d'un caillou
blanc; c'est le vœu qu'a présenté M.
Quentin au conseil général de la Seine,
non pas précisément en son propre
et privé nom, mais comme rapporteur
de la septième commission d'initiative,
dont faisaient partie MM. Hérisson, pré-
sident; Henri Maret, secrétaire; Boué;
Castagnary; Louis Combes; Darlot; Du-
mas | Frère; Level ; Léopold Marais,
Georges Martin et enfirfle rapporteur lui-
même, M. Quentin.
Quel était ce voeu ? Permettez-moi d'en
emprunter le texte au rapport lu devant
le conseil général.
le conseil général,
Considérant qu'un grand nombre d'associa-
tions religieuses non autorisées se sont éta-
blies dans le département de la Seine, et
qu'elles y entretiennent une agitation cons-
tante en faveur d'idées subversives de la paix
sociale;
Considérant d'une part :
Que le conseil a pour mission de veiller aux
intérêts moraux du département ;
Considérant d'autre part :
Que la situation illégale desdites congréga-
tions est nettement établie — et en particu-
lier celle de Jésus — par les arrêts, édits,
ordonnances et décrets dont suit l'énuméra-
tion. (je supprime ce dénombrement homéri-
que),
Emet le voeu
Que le gouvernement procède à la dissolu-
tion des congrégations religieuses non auto-
risées et à la fermeture des établissements
d'instruction par elles fondés et dirigés.
Le rapporteur rappelle qu'au moment
même où ce vœu était proposé aux déli-
bérations du conseil général de la Seine,
M. le ministre de l'instruction publique,
pour se conformer à un article de la loi
de finances de 1876, publiait un docu-
ment qui jette sur la question une vive
lumière : c'est un document dont Bigot
et moi, nous avons déjà parlé ici même:
et qui a pour titre : Etat des congréga-
tions, communautés et associations re-
ligieuses autorisées ou non autorisées.
Vous rappelez-vous les chiffres ? Il est
toujours bon de les remettre sous les
yeux du lecteur ; ils sont si instructifs à
la fois et si inquiétants 1
La liste officielle n'accuse que cinq con-
grégations et quatre communautés d'hom-
mes légalement autorisées, lesquelles
possèdent en France 119 établissements
et comptent 2,502 membres ; il est vrai
qu'elle donne pour les femmes, 893
congrégations ou communautés, léga-
lement autorisées, lesquelles possèdent
3,196 établissements et comptent 113,750
membres.
Cela est déjà fort joli. Mais passez aux
congrégations non autorisées. Vous en
trouverez pour les hommes 834, qui com-
prennent 7,444 membres, et pour les fem-
mes, vous avez 602 établissements, com-
prenant 14,003 femmes.
Ce qui saute aux yeux, en examinant
cette statistique, c'est que pour les hom-
mes, le nombre des associations reli-
gieuses non autorisées est de beaucoup
supérieur à celui des communautés reli-
gieuses autorisées ; que par conséquent,
pour les associations dites religieuses,
l'obéissance à la loi n'est qu'une excep-
tion, la violation est devenue la règle.
Ajoutez que ces renseignements sont
tout à fait incomplets et faux. J'ai donné
l'autre jour la lettre d'un maire des en-
virons de Fontainebleau, qui avouait qvrç
dans sa commune une congrégation avait
enlevé au recrutement trente hommes
valides et n'avait accusé au recensement
officiel que huit ou dix membres. Je n'ai
plus les chiffres exacts dans la mémoire;
mais la différence était des deux tiers.
Au reste, le rapporteur de la 7° com-
mission avoue lui-même n'avoir qu'une
confiance médiocre aux chiffres donnés
par la statistique officielle. Il en donne
lui-même la raison.
Les maires chargés par les préfets et les
sous-préfets de fournir les renseignements à
l'administration ne peuvent s'adresser qu'aux
couvents eux-mêmes. Ceux-ci donnent impu-
nément DES CHIFFRES FAUX. Qui donc ira con-
trôler l'exactitude de ces déclarations intéres-
sées ? Quel est le maire qui osera pénétrer
dans un couvent et faire une enquête sérieu-
se ? D'ailleurs, grâce au changement de nom
des novices à leur entrée au couvent, grâce
à la facilité de faire voyager les religieux
d'un couvent à un autre, les supérieurs des
maisons religieuses ont à leur disposition bien
des moyens de dissimuler la vérité. Aussi si-
gnale-t-on déjà, dans la statistique qui vient
de paraître, de nombreuses omissions.
Mais, à s'en tenir même à ces chiffres
incomplets, le tableau n'est guère rassu-
rant.
Aux 9,946 congréganistes répartis dans
les 5" couvents d'hommes autorisés ou
non autorisés, il convient d'ajouter 20,34 L
congréganistes, appartenant à des asso-
ciations religieuses et voués à l'enseigne-
ment. Ce qui forme un total de 30,287
religieux.
En somme, l'armée congréganiste, d'a-
près des chiffres qui, évidemment, sont
réduits à dessein, se dénombre par
158,040 individus.
Une bonne moitié de ces soldats en
robe noire, grise ou blanche, n'est enré-
gimentée qu'en violation formelle de la
loi, et, disons-le, contre la loi, que les
cléricaux affectent de mépriser.
Est-il besoin de rappeler la situation
particulière des jésuites ?
Ils possèdent à cette heure, d'après les
documents administratifs, documents fal-
sifiés exprès, 59 maisons en France, dont
quatre dans le département de la Seine.
Or, les jésuites n'ont pas — légalement
— le droit d'exister chez nous. Et, la fai-
blesse du gouvernement, faiblesse qui
constitue une sorte de complicité, fait
que leurs établissements sont plus nom-
breux aujourd'hui qu'ils ne l'étaient avant
d'être frappés d'interdiction, en sorte
que l'on pourrait encore répéter ce que
disait d'eux M. de Montlosier :
« Les jésuites remplissent la France,
*
et on ne les y savait pas. Les congréga-
nistes occupent toutes les positions, et
on ne les y voyait pas. M
A l'heure où M. de Montlosier poussait
ce cri d'alarme, les jésuites ne possé-
daient que six maisons ; la^ MaQÏ- j
flcielle en compte maintenant cinquante
neuf.
Mais en dehors de ces cinquante-neuf
repaires, qui portent ostensiblement leur
enseigne, il y aune foule de maisons sur
lesquelles ils ont mis clandestinement la
main et qu'ils gouvernent sous le masque.
Il y a plus : même dans la société ci-
vile, les jésuites forment des associations
secrètes, très puissantes, dont les affiliés
pénètrent partout. Leurs créatures en-
vahissent les services publics : l'armée,
la marine, la magistrature, l'administra-
tion, les finances, l'enseignement. Obéis-
sant à un mot d'ordre secret, et ici je co-
pie le texte même du rapport, les affiliés
se prêtent en toute occasion une aide
mutuelle et parviennent ainsi à opposer à
toutes les mesures libérales une force
d'inertie qui est restée invincible, grâce
à l'appui qu'ils ont toujours rencontré
jusqu'ici DANS LES HAUTES SPHÈRES DU POU-
VOIR.
Cette vaste association secrète, il est
aussi difficile d'en dècouvrir les mem-
bres qu'il est facile d'en connaître les ré-
sultats. L'application même de la loi ne
débusquerait pas instantanément les af-
filiés des positions qu'ils occupent et
dont ils abusent au profit de la congré-
gation de Jésus et au détriment de l'Etat.
Que faudrait-il faire?
Nous le verrons demain, en compa-
goie de M. Quentin.
FRANCISQUE SARCEY.
————————-—- ——————————-.
Nous lisons dans le Journal des Dé-
bats:
Un journal du matin, bien connu par l'abon-
dance de ses nouvelles, publie sous ce titre :
La fin d'un ministère, un article qu'on nous
permettra de rectifier. Il est entendu que le
cabinet s'en va, que les ministres sont les uns
fatigués, les autres dégoûtés, que nous appro-
chons d'une crise inévitable. Quelle preuve
nous donne-t-oJl < à l'appui de ces assertions ?
Une seule, à savoir que le ministère est dlviaé
par des intriguas opposées. On précise. On
rappelle les articles dans lesquels un autre
journal, non moins bien informé, avait an-
noncé des modifications ministérielles à son
avis imminentes. De ces nuances amoncelés
la foudre aurait jailli; et le 21 décembre une
scène violente se serait produite dans le sein
du conseil. « J'affirme qu'il s'est passé quel-
que chose, » déclare l'auteur de l'article, qui
signe « Mystère » pour se donner plus de cré-
dit. VoUA. le point sur lequel nous sommes
en désaccord aveclui. Nous affirmons qu'il ne
s'est absolument rien passé.
LES DÉLÉGUÉS CANTONAUX
M. de la Bassetière, député de la Ven-
dée, est bien triste, et il exhale sa tristesse
dans une longue lettre adressée à l'Uni-
vers. 11 paraît que l'administration a eu,
dans son département, la férocité de
changer un certain nombre de délégués
cantonaux. N'est-ce pas le comble de
l'abomination ?
Il faudrait s'entendre cependant. Quand
les amis de M. de la Bassetière ont été au
pouvoir, et ils y ont été plusieurs années
durant, ils ne se sont pas fait faute d'in-
troduire dans ces délégations cantonales,
chargèes de la surveillance des écoles, le
plus grand nombre possible de leurs par-
tisans politiques. Quel était bien sou-
vent le titre principal des délégués qu'ils
choisissaient ? S'être déclarés ennemis
de la République. Quelle était leur mis-
sion? s'occuper des opinions de l'ins-
tituteur et s'informer si, oui ou non, il
s'entendait avec M. le curé. Il est troo
certain que les délégués de M. de Cu-
mont ou de M. Joseph Brunet ne sont
pas faits tout à fait pour être les délégués
de M. Bardoux.
Quand nos préfets changent aujour-
d'hui un certain nombre de ces surveil-
lants de nos écoles, ils n'introduisent pas
la politique dans l'instruction primaire ;
tout au contraire, ils l'en font sortir. C'est
leur demander un peu plus qu'ils ne
doivent que de leur reprocher de ne pas
investir de la confiance administrative
les adversaires du gouvernement établi,
de ne pas laisser les ennemis continuer
tout à leur aise la guerre qu'ils lui fai-
saient depuis plusieurs années.
Qu'on prouve que les nouveaux délé-
gués désignés par nos préfets sont choi-
sis, non à cause de leurs capacités, mais
à cause de leurs opinions ; qu'on montre
surtout que les nouveaux délégués font
de la politique clans les écoles au lieu
de s'y occuper de l'enseignement: au'on
les surprenne faisant de la propagande au-
près des élèves, recommandant des can-
didats aux instituteurs, essayant ou de les
intimider ou de les séduire, nous ne les
défendrons pas, nous serons les premiers
à les déclarer infidéles à leur mandat, à
demander qu'ils soient remplacés à leur
tour. Jusque-là nous tenons que le gou-
vernement fait bien d'user de son droit
et de retirer la surveillance des écoles
aux ennemis de la République, qui, d'ail-
leurs, ne sont pas en général des chauds
amis de l'instruction populaire.
Les républicains n'ont pas besoin de
mettre la politique dans l'école, et pour
une fort simple raison, c'est qu'ils sont
persuadés que l'école, à elle toute seule,
en fait de meilleure. C'est pour eux une
certitude que le jour où en France tout
le monde saura lire et écrire, la Répu-
blique sera chez nous inébranlablement
fondée. Un esprit juste et droit, que l'on
a un peu instruit et surtout mis en état
de s'instruire lui-même, capable de se
former lui-même ses convictions au lieu
de les recevoir au hasard de ceux-
ci ou de ceux-là, un tel esprit, au temps
où nous vivons, n'ira guère qu'à la Ré-
publique. Nous avons cette malice, si
Ion veut, et elle nous dispense, d'en
avoir d'autres. Oui, outre l'intérêt hu-
main qui nous pousse à défendre la
sainte cause de la science et de l'ins-
truction, nous servons en le faisant un
intérêt politique; nous n'en disconve-
nons pas, nous l'avouons sans rougir.
C'est par l'influence salutaire de l'école
que nous espérons faire en quarante ou
cinquante années des Français un peu-
ple d'hommes libres, de fermes républi-
cains. C'est pour cela qu'après avoir déjà
fait beaucoup pour nos écoles, nous
nous proposons de faire davantage en-
core : c'est pour cela que nous voulons
multiplier les cours d'adultes, fortifier
nos écoles normales, mieux rétribuer nos
maîtres afin de les avoir plus intelligents
encore et plus instruits, créer l'enseigne-
ment secondaire des jeunes filles à côté
de celui des garçons. Notre ambition,
c'est de faire que nos écoles, qui sont
bien loin aujourd'hui du premier rang
parmi les pays civilisés, puissent un jour
servir de modèles à nos voisins ; et pour
avoir de bonnes écoles, nous croyons que
ce n'est pas une chose inutile d'en con-
fier la surveillance aux meilleurs délé-
gués possible.
CHARLES BIGOT.
+ J
LES EXPOSITIONS DU SALON
RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
FRANÇAISB
Monsieur le président,
Le conseil supérieur des beaux-arts, chargé
de préparer, chaque année, le règlement de
l'exposition des artistes vivants, avait été,
d'une part et depuis longtemps, frappé, com-
me l'est déjà l'opinion publique, par l'avertis-
sement que semble nous donner, au point de
vue du développement du goût, l'affluence de
plus en plus grande dans nos Salons annuels
d'oeuvres trop nombreuses pour contribuer
toutes à l'enseignement général. D'autre part,
le conseil, composé d'artistes militants, d'ad-
ministrateurs, d'amateurs éclairés, dans la
vive sympathie qu'il porte à tous les efforts
de l'art moderne, ne pouvait et ne voulait pas
méconnaître la nécessité qui s'impose de don-
ner au plus grand nombre des jeunes artistes
les moyens de - faire librement appel au - juge-
ment public.
Le conseil supérieur, dans sa dernière ses-
sion, a de nouveau, sur ma proposition, exa-
miné cette difficile question. Il a cru en trou-
ver la solution dans l'organisation de deux sé-
ries d'expositions : 1° les expositions annuel-
les ou Salons ; 2° les expositions triennales
ou récapitulatives. Les unes seraient pour
ainsi dire les expositions des artistes, et les
autres les expositions de l'art. Dans les pre-
mières, dont l'accès pourrait être, dès aujour-
d'hui, rendu facile à tous les talents par un
jury librement et entièrement élu, et dont
l'administration pourrait même graduelle-
ment être temise par l'Etat aux intéressés, on
assisterait, chaque année, à la libre expansion
de l'art national dans l'innombrable variété
de ses productions les plus récentes.
Pans les secondes, pour lesquelles les opé-
rations d'admission seraient confiées à un ju-
ry composé d'éléments déterminés, on trou-
verait, à des époques périodiques, une réu
nion choisie d'ouvrages ayant déjà, pour
plupart, subi l'épreuve du jugement public,
dont l'ensemble donnerait, en même temps
que le niveau le plus élevé de la production
contemporaine, l'état du mouvement et du
grogrès accomplis pendant un certain nombre
d'années.
Veuillez agréer.
Le ministre de linstruction publique,
des Cultes et des Beaux-Arts,
» A. BARDOUX. »
Le président de la République française,
Sur le rapport du ministre de l'instruction
publique, des cultes et des beaux arts ;
Vu les procès-verbaux des délibérations du
conseil supérieur des beaux-arts, en date des
1875, des 18 et 23
décembre 1878,
Décrète :
Art. 1er. — A partir de l'année 1879, les ex-
positions des ouvrages des artistes vivants,
organisées par l'administration des beaux-arts,
seront de deux sortes :
1° Les expositions annuelles ou Salons;
28 Les expositions triennales.
Art. 2. — Les expositions annuelles s'ouvri-
ront le 1er mal, au palais des Champs-Elysées,
et seront régies par un règlement adopté cha-
que année avant le 1er janvier.
Art. 3. — Les expositions triennales auront
lieu également le 1er mal ; elles comprendront,
en principe, un choix des ouvrages exécutés
durant les trois dernières années et seront
soumises à un règlement spécial pour la com-
position des jurys et la nature des récompen-
ses.
Art. 4. — La première exposition triennale
ouvrira le 1er mai 1881.
INFORMATIONS
Le conseil des ministres a tenu s6 ance
hier matin sous la présidence du maréchal.
On ne s'y est occupé que des détails de la
réception qui doit avoir lieu demain à
Versailles à l'occasion du jour de l'an.
Hier, à deux heures, M. de Marcère a
reçu, au ministère de l'intérieur, tout le
personnel de son département. Le minis-
tre n'a prononcé aucun discours ; il a sim-
plement adressé à chacun des chefs de ser-
vices quelques paroles de remerciements
et de félicitations.
Dans les autres ministères, les réoep-
tions ont eu lieu à la même heure, sauf
au ministère des travaux publics, où elle
était fixée à quatre heures. Auéune de ces
réceptions n'a présenté, à notre connais-
sance, d'incidents méritant d'être signa-
lés.
Hier, à midi et quart, M. Dufaure, garde
des sceaux, président du conseil d Etat,
s'est rendu au Palais-Royal, où il a été
reçu par M. Andral, vice-président, qui lui
a présenté les présidents des sections et
les membres du conseil d'Etat.
Nous lisons dans la République fran*
çaise :
Les journaux de la réaction ont mis depuis
quelque temps en circulation un récit qui af-
fectait des allures mystérieuses et d'après le-
ouel un sénateur de la gauche, qu'on ne
nommait JMUS, aurait été expulsé d'un cercle de
la rive gauche, qu'oA ng .pommait pas davan-
tage, pour affaire de jeu. Un da ces journaux
ayant cru devoir ajouter au piquant-dei* nou-
velle en désignant clairement M. ChaUemél-
Lacour, celui-ci a Immédiatement déposé une
plainte au parquet de la Seine.
Le président du Sénat, ayant que cette
plainte fût formulée par M. Challemel-La-
cour, s'était rendu auprès de M. Dufaure
pour appeler son attention sur l'offense
dont un sénateur venait d'être victime.
Par décision présidentielle, les officiers
généraux de la marine dont les noms sui-
vent ont été nommés, savoir;
Jyl. le vice-amiral Périgot (Germain-Hec-
tor) , aux fonctions de commandant en
chef, préfet du 38 arrondissement mariti-
me à Lorient.
M. le contre-amiral Bonie .(Charles-JoJ
seph-Jacques-Benjamin), aux fonctions de
membre titulaire du conseil d'amirauté.
M. le contre-amiral de Pritzbuer (Léo-
pold-Eberhard-Ludovic), aux fonctions de
membre du conseil des travaux de la ma-
rine.
M. le contre-amiral Duperré (Charles-
Marie), aux fonctions de major de la flotte
à Toulon.
M. Auquier, le consul de France en
Espagne, dont on s'est occupé pendant les
débats de l'élection du duc Decazes, a été
révoqué. Il est remplacé, dit-on, par M.
ClaïSageran.
M. Foucàrif docteur ès-lettres, membre
de l'Institut, professeur d'épigraphie et
antiquités grecques a~ Collége de France,
est nommé directeur de l'Ecole française
d'Athènes, en remplacemen de M. Albert
Dumont, appelé à d'autres foncions.
Par le même décret, M. Albrt Du-
mont est nommé directeur honoraire
des Ecoles françaises d'Athènes et de
Rome.
M. Colson, directeur des contributiong
directes, vient d'être promu au grade d'of-
ficier de la Légion d'honneur.
M. Marbeau, auditeur de 28 classe au
conseil d'Etat, a été nommé chevalier de
la Légion d'honneur.
Par décision du 23 décembre 1878, le
ministre des finances a prorogé pour deux
mois, à partir du 31 de ce mois, soit jus-
qu'au 28 février 1879, les dispositions de
la décision du 15 novembre dernier, rela-
tives à la suppression provisoire de la déli-
vrance de bons du Trésor à échéance de
moins d'une année.
Le paquebot Amazone, apportant les
malles de la Chine, du Japon, de Maurice
et de la Réunion, est arrivé hier matin à
Marseille.
Tseng y Yong, ambassadeur de Chine,
accompagné d'un personnel d'ambassade
composé de quarante-six personnes, était
à bord de l'Amazone.
Il paraît certain que l'Académie de*
sciences, au prochain renouvellement de
Prix du Numéro-à Pans t 15 Cer - Spartemënts ï 20 Centimes.
Jeudi 2 Janvier 1870
El
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
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ELECTIONS SENATORIALES
SCRUTIN DU 5 JANVIER 1879
CANDIDATS RÉPUBLICAINS
Ariége. MM. Bordes-Pagès.
Deramond.
Bouches-du-Rhône. (La désignation n'au-
ra lieu que le 4 janvier).
,Gard. (La désignation n'aura
lieu que le 4 janvier).
Haute-Garonne. MM. Camparan;
Hébrard ;
Calès ;
de Rémusat
(Jers. MM. Maumus ;
de Salvandy
Gironde. MM. De Lur- Saluces;
Dupouy;
lssartier ;
Numa Callen.
Hé;ault. MM. Gaston Bazile ;
Combescure ;
Griffe. -
Ille-et-Vilaine. MM. Roger-Maryse ;
Jouln ;
Le Bastard.
¡ndre. MM. Périgois;
Général Vergne.
Indre-et-Loire MM. Guinot ;
Fournier, ambassa-
deur.
Isère MM. Michal-Ladlchère ;
Ronjat ;
M. Vogeli ; M. Eymard-Duvernay.
Jura.. MM. Tamisier;
Thurel.
Landes. MM. Boucau;
-.. Victor Lefranc.
Loir-et-Cher. MM. Bozérian;
Docteur Dufay.
Loire. MM. Arbel ;
Cherpin ;
Chavassieu.
Haute-Loire. MM. Edmond de Lafayette!
Vlssaguet.
Loire-Inférieure. MM. Fidèle Simon père ;
Lechat ;
Lemot.
Loiret. MM. Dumesnil;
Robert de Massy.
Lot. MM. Roques ;
'-' Delord.
LaVet-Garopjie MM. Léopold Fayej
.< Pons.
Lozère MM. Théophile Roussel ;
., De Ruzière.
Maine-et-Loire MM. Mourîn ;
Lecoy ;
Marie-Baudry.
Manche. MM. Lenoël;
Dufresae ;
Labiche.
Marne. MM. Dauphinot;
Leblond.
Haute-Marne.. MM. le général Pélissier;
1 1 * f Robert-Dehault.
Mayenne. MM. le général Duboys-
Fresney ;
Gustave Denis.
Meurthe-et-Moselle. MM. Varroy;
v Bernard.
Meuse. MM. Vivenot;
Honnoré.
Morbihan. MM. Carouge;
Burgault ;
Ratier.
Nièvre. MM. Massé;
r Tenaille-Saligny.
Nord. MM. Merlin,maire de Douai;
Jules Dutilleul ;
Massiet du Blest;
Général Faidherbe ;
Casimir Fournier.
Oise. MM. le colonel d'Andl au
Cuvinot ;
Célestin Lagache.
Puy-4e-D$nie. M. Guyot-Lavaline.
Saône-et-Loire MM. Demôle;
Alfred Mathey.
Vendée. M. Périer.
Constantine M. Lucet, M. du Bouzet.
ColQlM08 AI. Desmazes.
BULLETIN
Paris, 1er Janvier.
Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié un décret portant qu'à partir de 1 an-
nAe 179 fôs expositions des ouvrages des
artistes vivants comprendront les exposi-
tions annuelles et des expositions trien-
nales- La première exposition triennale
ouvrira le Ier mai 1881.
Il est certain aujourd'hui que Yakoub-
Khan ne s'est pas rendu à Jellalabad pour
implorer la paix- Il semble, au contraire,
que le gouvernement anglais a fait des ou-
vertures au fils de Shire-Ali, sans qu'on
sache au juste par qui ces ouvertures
ont été faites et quel en a été le résultat.
Il est à peu près certain aussi que l'émir
n'a pas quitté son royaume, comme on
l'avait dit d'abord. La situation reste donc
en l'état ; et tout semble même faire pré-
sager que la résistance des Afghans sera
plus énergique qu'on ne l'avait pensé d'a-
bord et que ne le laissent supposer les
opérations accomplies jusqu'à présent.
On mande, par exemple, au Standard
que le gouverneur de Candahar se dispose
à défendre cette ville,dont les Anglais es-
péraient s'emparer sans coup férir. Il est
vrai qu'on ne saurait avoir en ce mo-
ment une grande confiance dans les dé-
pêches adressées de l'Inde aux journaux
anglais.
Nous avons publié hier l'analyse d'une
lettre adressée par le pape à l'archevêque
de Cologne. Nous y avons cherché en vain
quelques renseignements sur l'état des
négociations engagées entre le Saint-Siège
et l'Allemagne. Léon XIII reste dans les
généralités. Il se borne à dire que, depuis
le commencement de son pontificat, il
s'est étudié à rétablir « les bons rapports
entre les princes, les peuples et l'Eglise ».
Le pape ajoute « qu'il a, de préférence,
tourné son esprit vers-la noble nation al-
lemande, afin que, les discordes religieu-
ses apaisées, ce pays pût recouvrer les bé-
néfices d'une paix durable sans que les
droits de l'Eglise fussent lésés. Dieu seul
sait si l'œuvre commencée sera couronnée
d'un heureux succès. » Une dépêche sub-
séquente de Rome assure que le Vatican
et M. de Bismarck désirent également un
accommodement et font tous leurs efforts
pour y parvenir. Mais que de graves diffi-
cultés existent encore ! On garde, cepen-
dant, des deux côtés, ajoute la dépêche,
l'espoir d'une solution satisfaisante.
Le Standard se fait l'écho d'une singu-
lière nouvelle. Le sultan aurait écrit au
czar pour lui demander une réduction sur
l'indemnité de guerre. Ce n'est pas la pre-
mière fois, si nous avons bonne mémoire,
que cette nouvelle est mise en circula-
tion, et nous croyons qu'elle n'est pas plus
fondée aujourd'hui qu'elle ne l'était aupa-
ravant. On affirme toujours que des négo-
ciations sont engagées entre l'Angleterre
et la Turquie relativement à rUe de Chy-
pre ; il s'agirait de l'achat par la Grande-
Bretagne des biens appartenant en propre
au sultan.
La lettre du prince de Bismarck a été
renvoyée par le conseil fédéral à la com-
mission des tarifs douaniers. Cette lettre
fait toujours l'objet de nombreux com-
mentaires. D'après les uns, le chancelier
de l'empire tient principalement à obtenir
le droit de douanésur le tabac. Il s'agit en
premier lieu, pour lui, de couvrir le défi-
oit,et les autres demandes d'impôts ne sont
que des moyens d'intimidation. En d'au-
tres termes, le gouvernement demande-
rait beaucoup pour obtenir la concession
qu'il désire avant toute autre. Mais c'est
peut-être là une opinion trop optimiste.
En tout cas, cette lettre a causé dans l'Al-
lemagne du sud » un vif étonnement. Ceux
qui en sont le moins désappointés sont
les radicaux, qui se réjouissent de pou-
voir prouver que le chancelier de l'empire
est réactionnaire sur le terrain politique
et sur le terrain économique.
E. BARBIER.
———————— 4»
jP3toix:r>flt4e» de :Pa.t..
PETITS BOURSE DU lor.
5 0/0 112 fr. 92 1/2, 97 1/à, 95.
Turc 11 fr. 60.
Egypte 258 fr. 75, 257 50.
- --.- - - - - 1 - -.-
Voici un numéro du journal qu'on ne
lira guère. Aussi bien ce ne sont pas les
faits saluants qui abondent aujourd'hui
dans la politique, et, quant aux élections
sénatoriales, nous avons dit à peu
près tout ce que nous avions à en
dire. Parlerons-nous encore du rédac-
teur en chef du Pays, qui veut bien de
nouveau s'occuper de nous? Le sujet a
pour nous un certain attrait, à cause de
la prochaine élection partielle du Gers.
Il serait — non pas très-important,
ce serait trop dire, — mais il serait in-
téressant que M. P. de Cassagnac, qui
personnifie en ce moment le bonapartis-
me irréconciliable et la haine à outrance
des institutions républicaines, fût évincé
par les électeurs du Gers. Nous ferons ce
que nous pourrons pour leur démontrer
que la politique de leur ancien représen-
tant les entraînerait, s'ils la voulaieut
suivre, beaucoup plus loin qu'ils ne vou-
draient aller.
M. P. de Cassagnac aurait bonne en-
vie, et cela se conçoit, de rattraper les
déclarations malencontreuses qui lui ont
échappé dans une de ses dernières explo-
sions. Il les commente, il les tourne et il
les retourne ; mais ce qui est écrit res-
te écrit. Il persiste à nous dire que nous
raisonnons de mauvaise foi, parce que
ndfeé journal nJa pas l'habitude de repro-
duire en entier les articles auxquels nous
répondons. Mais où cela se fait-il ? où ce
système se pourrait-il admettre? Nous
voyez-vous, par exemple, obligés de
réimprimer tout un volume, sous peine
de passer pour des critiques de mauvaise
foi 1 Les articles de M. P. de Cassagnac,
que nous lisons d'ailleurs avec l'intérêt
qu'ils méritent, sont beaucoup trop longs
pour être reproduits. Celui d'hier a trois
colonnes, et ne nous apprend rien de
nouveau. Ce que nous y voyons de plus
clair, c'est que M. P. de Cassagnac
adopte justement, à notre égard, les pro-
cédés de discussion qu'il nous reproche,
à nous, avec peu de justice, car nous ne
passons rien sous silence et nous ré-
pondons bien ou mal à toutes les objec-
tions que l'on nous fait. Mais ce n'est
qu'un détail. Quoi qu'il en soit, voici les
dernières explications de M. P. de Cassa-
gnac, qui nous accuse, non plus d'avoir
tronqué ses phrases, mais d'avoir tron-
qué son raisonnement :
J'ai dit que toute monarchie vaut mieux que
toute République ; j'ai dit encore que je pré-
férais la légitimité et l'orléanisme à la Répu-
blique.
Et je le maintiens.
Seulement je n'ai pas dit que si l'empire
venait à manquer, je me ferais légitimiste ou
orléaniste.
Vous vous êtes borné à dire que je me fe-
rais royaliste ou orléaniste ;
Que j'étais l'ennemi du suffrage universel ;
Que j'abandonnerais le drapeau tricolore.
Et tout cela est faux, archi-faux, vous le
savez bien !
Je ne sais où M. P. de Cassagnac trou-
vera des esprits assez fins pour saisir
ces distinctions. Souhaitons pour lui
qu'on les comprenne dans le Gers ; mais
on aura du mal, nous en prévenons le
dialecticien du Pays, à y faire admettre
cette idée que le rétablissement de la
monarchie de Henri V serait préférable
au maintien des institutions républi-
caines. et qu'importe donc, en fait, que
M. P. de Cassagnac proclame sa ferme
'-I':.. 11,
résolution de ne point devenir orléaniste
ou légitimiste, s'il préfère à la Républi-
que tout, même la légitimité? Et quelle
valeur attacherons-nous à ses protesta-
tions de dévouement au drapeau tricolore,
quand la même plume qui les écrit n'hé-
site pas à tracer ces lignes : Toute mo-
narchie (y compris la monarchie de Hen-
ri V, roi du drapeau blanc) vaut mieux
q'J,te la République; et celles-ci : Je préfère
l'orléanisme et la légitimité (qui est la
royauté du drapeau blanc) à la Répu-
blique 1
Si M. P. de Cassagnac peut se tirer de
là par les distinguo de Thomas Diafoirus,
il sera vraiment un habile homme. Mais
je doute que dans le Gers ces ingénieuses
subtilités s'imposent à la raison rude et
saine des paysans.
EUG. LIÉBBRÎ.
♦
Nons recevons la lettre suivante :
Paris, 31 décembre 1878.
Monsieur le rédacteur en chef.
On se propose de paraître, on s'en croit
sûr, on l'annonce, puis on s'aperçoit qu'on a
compté sans l'imprimeur, le papetier, le jour
de l'an, les formalités avant la publication..
car il s'agit d'équiper un brûlot pour plus
d'une rencontre.
Le clan Rouher et Cassagnac m'a défié et
proscrit. J'entends accepter la proscription et
relever le défi jusqu'au bout.
Ce sera pour samedi, monsieur, j'en peux
cette fois prendre l'engagement avec certi-
tude.
Recevez l'expression de mes sentiments les
plus empressés.
ULYSSE PIC.
—————— ———————
VOEU DE BONNE ANNÉE
N'ayez pas peur; il ne s'agit point des
souhaits, plus ou moins sincères, qu'il
est coutume de s'adresser à l'occasion
du nouvel an. Ce sont là des clichés du
journalisme, que je me garde de blâ-
mer et qui ont leur agrément, quand ils
sont spirituellement enlevés et de main
de maître. Mais il y a longtemps que j'ai
renoncé à ce genre d'exercices.
Non, ce ne sont point des vœux dont je
prétends vous faire part. C'est un voeu,
mais un vceu tel que s'il venait à se réa-
liser, nous marquerions tous l'année
1879, comme lès anciens, d'un caillou
blanc; c'est le vœu qu'a présenté M.
Quentin au conseil général de la Seine,
non pas précisément en son propre
et privé nom, mais comme rapporteur
de la septième commission d'initiative,
dont faisaient partie MM. Hérisson, pré-
sident; Henri Maret, secrétaire; Boué;
Castagnary; Louis Combes; Darlot; Du-
mas | Frère; Level ; Léopold Marais,
Georges Martin et enfirfle rapporteur lui-
même, M. Quentin.
Quel était ce voeu ? Permettez-moi d'en
emprunter le texte au rapport lu devant
le conseil général.
le conseil général,
Considérant qu'un grand nombre d'associa-
tions religieuses non autorisées se sont éta-
blies dans le département de la Seine, et
qu'elles y entretiennent une agitation cons-
tante en faveur d'idées subversives de la paix
sociale;
Considérant d'une part :
Que le conseil a pour mission de veiller aux
intérêts moraux du département ;
Considérant d'autre part :
Que la situation illégale desdites congréga-
tions est nettement établie — et en particu-
lier celle de Jésus — par les arrêts, édits,
ordonnances et décrets dont suit l'énuméra-
tion. (je supprime ce dénombrement homéri-
que),
Emet le voeu
Que le gouvernement procède à la dissolu-
tion des congrégations religieuses non auto-
risées et à la fermeture des établissements
d'instruction par elles fondés et dirigés.
Le rapporteur rappelle qu'au moment
même où ce vœu était proposé aux déli-
bérations du conseil général de la Seine,
M. le ministre de l'instruction publique,
pour se conformer à un article de la loi
de finances de 1876, publiait un docu-
ment qui jette sur la question une vive
lumière : c'est un document dont Bigot
et moi, nous avons déjà parlé ici même:
et qui a pour titre : Etat des congréga-
tions, communautés et associations re-
ligieuses autorisées ou non autorisées.
Vous rappelez-vous les chiffres ? Il est
toujours bon de les remettre sous les
yeux du lecteur ; ils sont si instructifs à
la fois et si inquiétants 1
La liste officielle n'accuse que cinq con-
grégations et quatre communautés d'hom-
mes légalement autorisées, lesquelles
possèdent en France 119 établissements
et comptent 2,502 membres ; il est vrai
qu'elle donne pour les femmes, 893
congrégations ou communautés, léga-
lement autorisées, lesquelles possèdent
3,196 établissements et comptent 113,750
membres.
Cela est déjà fort joli. Mais passez aux
congrégations non autorisées. Vous en
trouverez pour les hommes 834, qui com-
prennent 7,444 membres, et pour les fem-
mes, vous avez 602 établissements, com-
prenant 14,003 femmes.
Ce qui saute aux yeux, en examinant
cette statistique, c'est que pour les hom-
mes, le nombre des associations reli-
gieuses non autorisées est de beaucoup
supérieur à celui des communautés reli-
gieuses autorisées ; que par conséquent,
pour les associations dites religieuses,
l'obéissance à la loi n'est qu'une excep-
tion, la violation est devenue la règle.
Ajoutez que ces renseignements sont
tout à fait incomplets et faux. J'ai donné
l'autre jour la lettre d'un maire des en-
virons de Fontainebleau, qui avouait qvrç
dans sa commune une congrégation avait
enlevé au recrutement trente hommes
valides et n'avait accusé au recensement
officiel que huit ou dix membres. Je n'ai
plus les chiffres exacts dans la mémoire;
mais la différence était des deux tiers.
Au reste, le rapporteur de la 7° com-
mission avoue lui-même n'avoir qu'une
confiance médiocre aux chiffres donnés
par la statistique officielle. Il en donne
lui-même la raison.
Les maires chargés par les préfets et les
sous-préfets de fournir les renseignements à
l'administration ne peuvent s'adresser qu'aux
couvents eux-mêmes. Ceux-ci donnent impu-
nément DES CHIFFRES FAUX. Qui donc ira con-
trôler l'exactitude de ces déclarations intéres-
sées ? Quel est le maire qui osera pénétrer
dans un couvent et faire une enquête sérieu-
se ? D'ailleurs, grâce au changement de nom
des novices à leur entrée au couvent, grâce
à la facilité de faire voyager les religieux
d'un couvent à un autre, les supérieurs des
maisons religieuses ont à leur disposition bien
des moyens de dissimuler la vérité. Aussi si-
gnale-t-on déjà, dans la statistique qui vient
de paraître, de nombreuses omissions.
Mais, à s'en tenir même à ces chiffres
incomplets, le tableau n'est guère rassu-
rant.
Aux 9,946 congréganistes répartis dans
les 5" couvents d'hommes autorisés ou
non autorisés, il convient d'ajouter 20,34 L
congréganistes, appartenant à des asso-
ciations religieuses et voués à l'enseigne-
ment. Ce qui forme un total de 30,287
religieux.
En somme, l'armée congréganiste, d'a-
près des chiffres qui, évidemment, sont
réduits à dessein, se dénombre par
158,040 individus.
Une bonne moitié de ces soldats en
robe noire, grise ou blanche, n'est enré-
gimentée qu'en violation formelle de la
loi, et, disons-le, contre la loi, que les
cléricaux affectent de mépriser.
Est-il besoin de rappeler la situation
particulière des jésuites ?
Ils possèdent à cette heure, d'après les
documents administratifs, documents fal-
sifiés exprès, 59 maisons en France, dont
quatre dans le département de la Seine.
Or, les jésuites n'ont pas — légalement
— le droit d'exister chez nous. Et, la fai-
blesse du gouvernement, faiblesse qui
constitue une sorte de complicité, fait
que leurs établissements sont plus nom-
breux aujourd'hui qu'ils ne l'étaient avant
d'être frappés d'interdiction, en sorte
que l'on pourrait encore répéter ce que
disait d'eux M. de Montlosier :
« Les jésuites remplissent la France,
*
et on ne les y savait pas. Les congréga-
nistes occupent toutes les positions, et
on ne les y voyait pas. M
A l'heure où M. de Montlosier poussait
ce cri d'alarme, les jésuites ne possé-
daient que six maisons ; la^ MaQÏ- j
flcielle en compte maintenant cinquante
neuf.
Mais en dehors de ces cinquante-neuf
repaires, qui portent ostensiblement leur
enseigne, il y aune foule de maisons sur
lesquelles ils ont mis clandestinement la
main et qu'ils gouvernent sous le masque.
Il y a plus : même dans la société ci-
vile, les jésuites forment des associations
secrètes, très puissantes, dont les affiliés
pénètrent partout. Leurs créatures en-
vahissent les services publics : l'armée,
la marine, la magistrature, l'administra-
tion, les finances, l'enseignement. Obéis-
sant à un mot d'ordre secret, et ici je co-
pie le texte même du rapport, les affiliés
se prêtent en toute occasion une aide
mutuelle et parviennent ainsi à opposer à
toutes les mesures libérales une force
d'inertie qui est restée invincible, grâce
à l'appui qu'ils ont toujours rencontré
jusqu'ici DANS LES HAUTES SPHÈRES DU POU-
VOIR.
Cette vaste association secrète, il est
aussi difficile d'en dècouvrir les mem-
bres qu'il est facile d'en connaître les ré-
sultats. L'application même de la loi ne
débusquerait pas instantanément les af-
filiés des positions qu'ils occupent et
dont ils abusent au profit de la congré-
gation de Jésus et au détriment de l'Etat.
Que faudrait-il faire?
Nous le verrons demain, en compa-
goie de M. Quentin.
FRANCISQUE SARCEY.
————————-—- ——————————-.
Nous lisons dans le Journal des Dé-
bats:
Un journal du matin, bien connu par l'abon-
dance de ses nouvelles, publie sous ce titre :
La fin d'un ministère, un article qu'on nous
permettra de rectifier. Il est entendu que le
cabinet s'en va, que les ministres sont les uns
fatigués, les autres dégoûtés, que nous appro-
chons d'une crise inévitable. Quelle preuve
nous donne-t-oJl < à l'appui de ces assertions ?
Une seule, à savoir que le ministère est dlviaé
par des intriguas opposées. On précise. On
rappelle les articles dans lesquels un autre
journal, non moins bien informé, avait an-
noncé des modifications ministérielles à son
avis imminentes. De ces nuances amoncelés
la foudre aurait jailli; et le 21 décembre une
scène violente se serait produite dans le sein
du conseil. « J'affirme qu'il s'est passé quel-
que chose, » déclare l'auteur de l'article, qui
signe « Mystère » pour se donner plus de cré-
dit. VoUA. le point sur lequel nous sommes
en désaccord aveclui. Nous affirmons qu'il ne
s'est absolument rien passé.
LES DÉLÉGUÉS CANTONAUX
M. de la Bassetière, député de la Ven-
dée, est bien triste, et il exhale sa tristesse
dans une longue lettre adressée à l'Uni-
vers. 11 paraît que l'administration a eu,
dans son département, la férocité de
changer un certain nombre de délégués
cantonaux. N'est-ce pas le comble de
l'abomination ?
Il faudrait s'entendre cependant. Quand
les amis de M. de la Bassetière ont été au
pouvoir, et ils y ont été plusieurs années
durant, ils ne se sont pas fait faute d'in-
troduire dans ces délégations cantonales,
chargèes de la surveillance des écoles, le
plus grand nombre possible de leurs par-
tisans politiques. Quel était bien sou-
vent le titre principal des délégués qu'ils
choisissaient ? S'être déclarés ennemis
de la République. Quelle était leur mis-
sion? s'occuper des opinions de l'ins-
tituteur et s'informer si, oui ou non, il
s'entendait avec M. le curé. Il est troo
certain que les délégués de M. de Cu-
mont ou de M. Joseph Brunet ne sont
pas faits tout à fait pour être les délégués
de M. Bardoux.
Quand nos préfets changent aujour-
d'hui un certain nombre de ces surveil-
lants de nos écoles, ils n'introduisent pas
la politique dans l'instruction primaire ;
tout au contraire, ils l'en font sortir. C'est
leur demander un peu plus qu'ils ne
doivent que de leur reprocher de ne pas
investir de la confiance administrative
les adversaires du gouvernement établi,
de ne pas laisser les ennemis continuer
tout à leur aise la guerre qu'ils lui fai-
saient depuis plusieurs années.
Qu'on prouve que les nouveaux délé-
gués désignés par nos préfets sont choi-
sis, non à cause de leurs capacités, mais
à cause de leurs opinions ; qu'on montre
surtout que les nouveaux délégués font
de la politique clans les écoles au lieu
de s'y occuper de l'enseignement: au'on
les surprenne faisant de la propagande au-
près des élèves, recommandant des can-
didats aux instituteurs, essayant ou de les
intimider ou de les séduire, nous ne les
défendrons pas, nous serons les premiers
à les déclarer infidéles à leur mandat, à
demander qu'ils soient remplacés à leur
tour. Jusque-là nous tenons que le gou-
vernement fait bien d'user de son droit
et de retirer la surveillance des écoles
aux ennemis de la République, qui, d'ail-
leurs, ne sont pas en général des chauds
amis de l'instruction populaire.
Les républicains n'ont pas besoin de
mettre la politique dans l'école, et pour
une fort simple raison, c'est qu'ils sont
persuadés que l'école, à elle toute seule,
en fait de meilleure. C'est pour eux une
certitude que le jour où en France tout
le monde saura lire et écrire, la Répu-
blique sera chez nous inébranlablement
fondée. Un esprit juste et droit, que l'on
a un peu instruit et surtout mis en état
de s'instruire lui-même, capable de se
former lui-même ses convictions au lieu
de les recevoir au hasard de ceux-
ci ou de ceux-là, un tel esprit, au temps
où nous vivons, n'ira guère qu'à la Ré-
publique. Nous avons cette malice, si
Ion veut, et elle nous dispense, d'en
avoir d'autres. Oui, outre l'intérêt hu-
main qui nous pousse à défendre la
sainte cause de la science et de l'ins-
truction, nous servons en le faisant un
intérêt politique; nous n'en disconve-
nons pas, nous l'avouons sans rougir.
C'est par l'influence salutaire de l'école
que nous espérons faire en quarante ou
cinquante années des Français un peu-
ple d'hommes libres, de fermes républi-
cains. C'est pour cela qu'après avoir déjà
fait beaucoup pour nos écoles, nous
nous proposons de faire davantage en-
core : c'est pour cela que nous voulons
multiplier les cours d'adultes, fortifier
nos écoles normales, mieux rétribuer nos
maîtres afin de les avoir plus intelligents
encore et plus instruits, créer l'enseigne-
ment secondaire des jeunes filles à côté
de celui des garçons. Notre ambition,
c'est de faire que nos écoles, qui sont
bien loin aujourd'hui du premier rang
parmi les pays civilisés, puissent un jour
servir de modèles à nos voisins ; et pour
avoir de bonnes écoles, nous croyons que
ce n'est pas une chose inutile d'en con-
fier la surveillance aux meilleurs délé-
gués possible.
CHARLES BIGOT.
+ J
LES EXPOSITIONS DU SALON
RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
FRANÇAISB
Monsieur le président,
Le conseil supérieur des beaux-arts, chargé
de préparer, chaque année, le règlement de
l'exposition des artistes vivants, avait été,
d'une part et depuis longtemps, frappé, com-
me l'est déjà l'opinion publique, par l'avertis-
sement que semble nous donner, au point de
vue du développement du goût, l'affluence de
plus en plus grande dans nos Salons annuels
d'oeuvres trop nombreuses pour contribuer
toutes à l'enseignement général. D'autre part,
le conseil, composé d'artistes militants, d'ad-
ministrateurs, d'amateurs éclairés, dans la
vive sympathie qu'il porte à tous les efforts
de l'art moderne, ne pouvait et ne voulait pas
méconnaître la nécessité qui s'impose de don-
ner au plus grand nombre des jeunes artistes
les moyens de - faire librement appel au - juge-
ment public.
Le conseil supérieur, dans sa dernière ses-
sion, a de nouveau, sur ma proposition, exa-
miné cette difficile question. Il a cru en trou-
ver la solution dans l'organisation de deux sé-
ries d'expositions : 1° les expositions annuel-
les ou Salons ; 2° les expositions triennales
ou récapitulatives. Les unes seraient pour
ainsi dire les expositions des artistes, et les
autres les expositions de l'art. Dans les pre-
mières, dont l'accès pourrait être, dès aujour-
d'hui, rendu facile à tous les talents par un
jury librement et entièrement élu, et dont
l'administration pourrait même graduelle-
ment être temise par l'Etat aux intéressés, on
assisterait, chaque année, à la libre expansion
de l'art national dans l'innombrable variété
de ses productions les plus récentes.
Pans les secondes, pour lesquelles les opé-
rations d'admission seraient confiées à un ju-
ry composé d'éléments déterminés, on trou-
verait, à des époques périodiques, une réu
nion choisie d'ouvrages ayant déjà, pour
plupart, subi l'épreuve du jugement public,
dont l'ensemble donnerait, en même temps
que le niveau le plus élevé de la production
contemporaine, l'état du mouvement et du
grogrès accomplis pendant un certain nombre
d'années.
Veuillez agréer.
Le ministre de linstruction publique,
des Cultes et des Beaux-Arts,
» A. BARDOUX. »
Le président de la République française,
Sur le rapport du ministre de l'instruction
publique, des cultes et des beaux arts ;
Vu les procès-verbaux des délibérations du
conseil supérieur des beaux-arts, en date des
1875, des 18 et 23
décembre 1878,
Décrète :
Art. 1er. — A partir de l'année 1879, les ex-
positions des ouvrages des artistes vivants,
organisées par l'administration des beaux-arts,
seront de deux sortes :
1° Les expositions annuelles ou Salons;
28 Les expositions triennales.
Art. 2. — Les expositions annuelles s'ouvri-
ront le 1er mal, au palais des Champs-Elysées,
et seront régies par un règlement adopté cha-
que année avant le 1er janvier.
Art. 3. — Les expositions triennales auront
lieu également le 1er mal ; elles comprendront,
en principe, un choix des ouvrages exécutés
durant les trois dernières années et seront
soumises à un règlement spécial pour la com-
position des jurys et la nature des récompen-
ses.
Art. 4. — La première exposition triennale
ouvrira le 1er mai 1881.
INFORMATIONS
Le conseil des ministres a tenu s6 ance
hier matin sous la présidence du maréchal.
On ne s'y est occupé que des détails de la
réception qui doit avoir lieu demain à
Versailles à l'occasion du jour de l'an.
Hier, à deux heures, M. de Marcère a
reçu, au ministère de l'intérieur, tout le
personnel de son département. Le minis-
tre n'a prononcé aucun discours ; il a sim-
plement adressé à chacun des chefs de ser-
vices quelques paroles de remerciements
et de félicitations.
Dans les autres ministères, les réoep-
tions ont eu lieu à la même heure, sauf
au ministère des travaux publics, où elle
était fixée à quatre heures. Auéune de ces
réceptions n'a présenté, à notre connais-
sance, d'incidents méritant d'être signa-
lés.
Hier, à midi et quart, M. Dufaure, garde
des sceaux, président du conseil d Etat,
s'est rendu au Palais-Royal, où il a été
reçu par M. Andral, vice-président, qui lui
a présenté les présidents des sections et
les membres du conseil d'Etat.
Nous lisons dans la République fran*
çaise :
Les journaux de la réaction ont mis depuis
quelque temps en circulation un récit qui af-
fectait des allures mystérieuses et d'après le-
ouel un sénateur de la gauche, qu'on ne
nommait JMUS, aurait été expulsé d'un cercle de
la rive gauche, qu'oA ng .pommait pas davan-
tage, pour affaire de jeu. Un da ces journaux
ayant cru devoir ajouter au piquant-dei* nou-
velle en désignant clairement M. ChaUemél-
Lacour, celui-ci a Immédiatement déposé une
plainte au parquet de la Seine.
Le président du Sénat, ayant que cette
plainte fût formulée par M. Challemel-La-
cour, s'était rendu auprès de M. Dufaure
pour appeler son attention sur l'offense
dont un sénateur venait d'être victime.
Par décision présidentielle, les officiers
généraux de la marine dont les noms sui-
vent ont été nommés, savoir;
Jyl. le vice-amiral Périgot (Germain-Hec-
tor) , aux fonctions de commandant en
chef, préfet du 38 arrondissement mariti-
me à Lorient.
M. le contre-amiral Bonie .(Charles-JoJ
seph-Jacques-Benjamin), aux fonctions de
membre titulaire du conseil d'amirauté.
M. le contre-amiral de Pritzbuer (Léo-
pold-Eberhard-Ludovic), aux fonctions de
membre du conseil des travaux de la ma-
rine.
M. le contre-amiral Duperré (Charles-
Marie), aux fonctions de major de la flotte
à Toulon.
M. Auquier, le consul de France en
Espagne, dont on s'est occupé pendant les
débats de l'élection du duc Decazes, a été
révoqué. Il est remplacé, dit-on, par M.
ClaïSageran.
M. Foucàrif docteur ès-lettres, membre
de l'Institut, professeur d'épigraphie et
antiquités grecques a~ Collége de France,
est nommé directeur de l'Ecole française
d'Athènes, en remplacemen de M. Albert
Dumont, appelé à d'autres foncions.
Par le même décret, M. Albrt Du-
mont est nommé directeur honoraire
des Ecoles françaises d'Athènes et de
Rome.
M. Colson, directeur des contributiong
directes, vient d'être promu au grade d'of-
ficier de la Légion d'honneur.
M. Marbeau, auditeur de 28 classe au
conseil d'Etat, a été nommé chevalier de
la Légion d'honneur.
Par décision du 23 décembre 1878, le
ministre des finances a prorogé pour deux
mois, à partir du 31 de ce mois, soit jus-
qu'au 28 février 1879, les dispositions de
la décision du 15 novembre dernier, rela-
tives à la suppression provisoire de la déli-
vrance de bons du Trésor à échéance de
moins d'une année.
Le paquebot Amazone, apportant les
malles de la Chine, du Japon, de Maurice
et de la Réunion, est arrivé hier matin à
Marseille.
Tseng y Yong, ambassadeur de Chine,
accompagné d'un personnel d'ambassade
composé de quarante-six personnes, était
à bord de l'Amazone.
Il paraît certain que l'Académie de*
sciences, au prochain renouvellement de
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