Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-12-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
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Description : 28 décembre 1894 28 décembre 1894
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
"'VINGT-QUÃriÜME ANNÉE. — N* S,383
M NtJMËRO CINQ CENTIMES -
VENDREDI 28 DÉCEMBRE 1894
- RÉDACTION ET AOlllnnSTRITION
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«Eli TRÊVE
Ceux qui, au lendemain des élections
de 1893, du camp du centre-gauche ou
bien des rangs de la droite plus ou
moins sincèrement ralliée, ont prétendu
que le parti républicain devait désor-
mais désarmer en face de ses éternels
ennemis du cléricalisme, essayaient de
justifier leur attitude politique en décla-
rant que ces ennemis, sur les ordres
venus du Vatican, avaient eux-mêmes
renoncé à la lutte et mis bas les armes.
C'était là toute la politique selon l'es-
prit nouveau: théorie et pratique. En
effet, non seulement on a proclamé cette
néfaste doctrine du haut de la tribune ;
mais encore, depuis dix-huit mois, on
n'a cessé de l'appliquer partout en pro-
(Tince, le pouvoir exécutif preftant parti
; ponr les réactionnaires contre les ré-
publicains.
; On a vu les députés ralliés et les
ifeuilles centre-gauche réclamer la révo-
; cation des fonctionnaires républicains
ïet on a vu un peu partout des fonction-
maires, obéissant au nouveau mot d'or-
dre venu de Rome, faire campagne
'contre les républicains au profit des
réactionnaires, devenir contre les répu-
blicains les très humbles serviteurs de
la cure et du château. Que voulez-
vous! Le nonce se croyait tellement
puissant de par l'esprit nouveau, qu'il.
mandait aux évêques qu'il se chargeait
de faire marcher les préfets.
C'est à Paris, loin de toutes les luttes
ardentes, dans les milieux d'aimable
scepticisme, c'est à Paris seulement que
l'on pouvait oser tenir un tel langage ;
car, dans nos départements, le clérica-
lisme, bien loin d'avoir désarmé, a pour-
suivi la campagne avec plus de vio-
lence. Les. patrons cléricaux ont conti-
nué, malgré l' « esprit nouveau », à met-
tre à la porte de l'usine les ouvriers qui
avaient voté pour les candidats républi-
cains ; les châteaux ont continué à met-
tre à l'index les petits négociants des
villages et des bourgs qui n'allaient pas
à la messe ou qui envoyaient leurs en-
fants à l'école laïque ; los fouilles reli-
gieuses ont continué à prêcher la guerre
contre les écoles nationales, à traiter de
scélérates les lois militaire et scolaires,
à inj urier et à diffamer les républicains.
Les cléricaux ne s'y sont pas trompés;
ils ont tous et partout compris ainsi
l'ordre du pape : se rallier à la Républi-
que pour mieux s'en emparer, et pour
mieux étrangler la démocratie.
i La tolérance de l'Eglise, la tolérance
du parti clérical ! Allons donc, cela
n'existe pas: le cléricalisme tient avec
une ténacité immuable aux anathè-
:mes du Syllabus; il en est encore au
moyen-âge et à la théorie de Gré-
goire VII : c'est la réalisation de cette
théorie qu'il poursuit, en tous les temps
et en tous les pays, avec une énergie et
une persévérance merveilleuses : l'as-
servissement du monde entier au pape,
fia soumission de tous les peuples aux
ftois ecclésiastiques, l'avènement de la
théocratie universelle.
-. Seulement, suivant les milieux, le
cléricalisme, quand il le faut, comme
ill n'est gêné par aucun scrupule, sait
temporiser, se plier aux circonstances :
:maintenant il accepte, sur le sol de
France, la forme républicaine qu'il n'a
jpu, malgré tous ses efforts, étouffer au
24 Mai, au 16 Mai, au temps du boulan-
,gisme ; mais pendant ce temps, à l'heure
mlême où le pape paraît faire cette con-
; cession à la France, en Hongrie il ex-
communie tous les ministres qui ont
proposé et tous les députés qui ont voté
la loi exigeant le mariage devant l'offi-
cier de l'état-civil.
J'ai là sous les yeux le dernier nu-
méro de la Revue pédagogique, celui
du 12 décembre : il contient un article
'd'un instituteur de la Lozère qui, après
avoir raconté le couronnement d'une
Vierge noire à Mende, couronnement
fait en présence d'un cardinal, de trois
évêques, au milieu d'une procession
grotesque, véritable mascarade avec
groupes historiques et une fête pure-
.ment païenne, s'écrie en face de ce ta-
bleau :
« Je pensais à quelques-unes de nos
jeunes collègues institutrices laïques
dans les hameaux de la Lozère. Faut-il
sotonner que les populations les ac-
cueillent mal et parfois leur soient fé-
roces? L'année dernière, dans un vil-
lage, à la suite d'une mission, on fit
sonner les cloches des morts pour ceux
qui envoyaient leurs enfants à l'école
laïque. Dans beaucoup d'autres, on re-
fusa les sacrements aux parents de ces
enfants. Une institutrice arrive dans un
village catholique, elle est protestante:
on le lui fit bien expier.
» Sa mère, venue pour passer une
huitaine de iours chez elle, tombe ma-
lade et meurt. On laisse cette jeune
fille seule, on lui refuse tout secours ;
seule, elle veille sa mère et lui donne
les derniers soins. Pas une mère, pas
une femme, pas une jeune fille n'ose
franchir son seuil et lui apporter un
mot de consolation. C'est au village
voisin qu'il faut chercher de l'aide, et
c'est au village voisin qu'on emporte
la pauvre morte. Et l'institutrice, main-
tenue dans le village où elle a tant
souffert, n'a à son école - que deux en-
fants. du village voisin; on n'a pas
désarmé. » -
Non, le cléricalisme n'a pas désarmé
et il ne désarmera jamais : et, comme
le disait en septembre dernier, à Seurre,
M. Spuller, en un discours que la presse
centre-gauche s'est empressée de passer
sous silence, celui-là, donner une
participation dans le gouvernement de
la République aux ralliés et aux cléri-
caux serait un acte « non seulement de
traître, mais encore d'imbécile ».
Alexandre Bérard.
L'ESPIONNAGE ET LA TRAHISON
- - - ,--'.-- _-
La commission de l'armée s'est livrée hier
à un premier examen du projet de loi sur
l'espionnage et la trahison déposé par le
gouvernement.
Avant toute discussion M. le Hérissé a pro-
posé de voter sans désemparer le texte minis-
tériel, dût-on pour cela - travailler toute la
nuit. *
A égalité de voix, par neuf contre neuf,
cette proposition a été repoussée, M. Guyot-
Dessaigne ayant fait remarquer que la loi
proposée était très touffue, qu'elle avait besoin
d'être examinée de près et que des modifica-
tions s'imposaient.
Une sous-commission chargée d'étudier les
nouvelles, dispositions pénales a été alors
nommée ; elle est composée de MM. Jules Ro-
che, baron Reille, le Hérissé, Guyot-Dessai-
gne et le général lung. ♦
Cette sous-commission, qui se réunira ce
matin et qui doit présenter un rapport à la
commission dans l'après-midi, est déjà saisie
de deux amendements.
L'un de ces amendements, présenté par
M. Jules Roche, stipule que la nouvelle loi
ne frappera les auteurs des divulgations que
quand ces divulgations auront un caractere
secret et confidentiel. Le texte proposé pour-
rait, en effet, prêter à l'équivoque et frapper
de peines très graves ceux qui auraient sim-
plement critiqué l'établissement d'une dé-
fense ou, le cas peut se produire, le mauvais
état de l'armement. L'amendement présenté a
pour but de préciser, à chaque article du pro-
jet, qu'il faut, pour tomber sous l'application
de la nouvelle jurisprudence, avoir fait usage
ou livré des documents ou des renseignements
secrets et confidentiels.
L'autre amendement, de M. le baron Reille,
a pour but de confier aux conseils de guerre
exclusivement la connaissance de tous les
crimes et délits d'espionnage et trahison qui
pourraient être commis par des militaires ou
par des civils.
Ajoutons qu'il est peu probable, comme
le veulent un certain nombre de députés, que
la Chambre puisse voter le projet avant la
clôture de la session extraordinaire.
J * LE TRAITRE DREYFUS
Dreyfus, qui depuis sa condamnation n'a-
vait pris que très peu de nourriture, a fait
venir hier matin un déjeuner d'un restaurant
voisin du Cherche-Midi.
Il est inexact que le conseil de revision
doive examiner aujourd'hui jeudi le pourvoi
formé devant lui par le condamné.
Les pièces de la procédure, qui sont encore
au greffe du conseil de guerre, n'ont été trans-
mises qu'hier soir au commissaire du gou-
vernement près le conseil de revision.
En l'état, ce ne peut être que le jeudi 3 jan-
vier seulement que le conseil de revision sera
appelé à examiner le pourvoi.
LA MUNICIPALITÉ DE PÉTERSBOURG
ET LA FRANCE
Saint-Pétersbourg, £ 6 décembre.
Désireuse d'exprimer au peuple français sa
sincère reconnaissance pour la touchante
sympathie manifestée par la France envers le
peuple russe à l'occasion de la récente dou-
leur nationale, la municipalité de Saint-Pé-
tersbourg a décidé de présenter à l'ambassa-
deur de France, comte de Montebello, une
adresse de remerciement, artistement exé-
cutée, signée par tous les membres du con-
seil municipal. Cette adresse est renfermée
dans un riche coffret de style russe.
En outre, la municipalité a résolu de met-
tre immédiatement à exécution sa décision
antérieure de placer le buste de Carnot dans
une salle de l'Hôtel de Ville.
LES IMMEUBLES DE CORNÉLIUS HERZ
Hier a eu lieu, à la salle des criées du Pa-
lais de Justice, la vente, par autorité de jus-
tice, des immeubles appartenant à Cornélius
Herz.
La totalité des immeubles avait été divisée
en 16 lots.
14 ont été adjugés pour la somme de
1,348,030 francs. Un terrain rue de la Faisan-
derie fait partie des deux lots non ad-
jugés.
111 1
LA GUERRE ENTRE LA CHINE& LE JAPON
Yokohama, 26 décembre.
Les journaux japonais annoncent les pertes
éprouvées par les Japonais à la bataille qui a
eu lieu le 19 décembre, à sept milles à
l'ouest de Haï-Tcheng. Deux officiers et 52
soldats ont été tués, et douze officiers et 356
soldats ont été blessés.
Le gouvernement coréen a décidé d'em-
prunter cinq millions de dollars aux Japo-
nais et d'émettre des billets pour une somme
de quinze millions. ;,
Bien que l'administration japonaise ait été
acceptée par les Coréens, les Tong-Haks ou
rebelles n'ont pas cessé les hostilités. Ils ont
pris Haï-Tsju, capitale de la province de
Hwang-Haïdo. Ils ont expulsé le gouverneur
et l'ont remplacé par un de leurs chefs.
Les Ton# llaks ont aussi brûlé trois villes
dans le Sud du pava. - <
LES DESSOUS DE LA LOI
LA TRAHISON
ET LE CRIME POLITIQUE
Une explication de M. Ranc. — Les crimes
royalistes. — Les cours prévôtales
Comme nous l'indiquions ces jours derniers,
c'est la Charte de 1830 qui, dans sa classifica-
tion des crimes politiques, a introduit les faits
visés par l'article 76 du Code pénal, c'est-à-
dire les « machinations ou intelligences avec
les puissances étrangères ou un de leurs
agents ».
Et c'est l'Assemblée nationale de 1848 qui
abolit la peine de mort en matière politique,
pour le plus grand bien du traître Dreyfus.
M. Ranc, sénateur de la Seine, fait à ce su-
jet les réflexions suivantes :
« A quelle pensée avaient pu céder les cons-
» tituants de 1848 en se refusant à admettre
» une distinction nécessaire entre la trahison
» et le crime politique ? Peut-être, pour le
» comprendre, faut-il se replacer dans l'état
» d'esprit d'une génération qui avait encore
» le souvenir des excès où, sous l'influence
» des passions politiques, s'était abandonnée
» la justice sommaire des juges militaires.
» Les légitimistes se rappelaient l'exécution
» du duc d'Enghien ; les républicains, les li-
» béraux savaient l'histoire terrible des cours
» martiales de la Restauration. Les uns et
» les autres auront craint de donner trop de
» pouvoir, trop d'extension à la justice mili-
» taire. Je hasarde, à défaut d'autre, cette ex-
» plication. » -
L'explication est, en effet, fort plausible.
Et nous ne saurions mieux faire que de rap-
peler quelques-uns des crimes auxquels
M. Rane fait allusion.
LES COURS PRÉVÔTALES
Les cours prévôtales de la Restauration,
surtout, sont demeurées tristement célèbres.
Elles furent établies à la fin de 1815, aux plus
beaux jours de cette réaction royaliste que
l'on a si justement appelée Terreur blanche.
La France, ruinée par l'occupation étrangère,
écrasée sous le poids d'une contribution de
guerre de plus d'un milliard, était 1ivre au
système de l'épuration, abandonnée aux ven-
geances de la faction cléricale et monarchique,
aux bandes de pillards qui la dévastaient au
nom de la religion et du roi.
Déjà on avait voté les lois les plus iniques
pour la répression des prétendus délits poli-
tiques ; des peines énormes, la mort, les tra-
vaux forcés, avaient été édictées ; les conseils
de guerre, les cours d'assises, les tribunaux
de tout ordre sacrifiaient des milliers d'inno-
noc ents ; la Chambre introuvable se trouvait
insuffisamment armée.
Le 17 novembre 1815, le duc de Feltre pré-
senta un projet pour le rétablissement des
cours prévôtales. Ce projet établissait dans le
chef-lieu de chaque département une cour pré-
vôtale composée d'un prévôt ayant au moins
rang de colonel, d'un président et de quatre
juges choisis parmi les membres du tribunal
de première instance du siège.
La cour devait procéder contre tout indi-
vidu dénoncé comme rebelle ou séditieux, ou
accusé d'avoir fait partie d'une bande armée,
arboré un signe de ralliement autre que le
drapeau blanc, publié des écrits ou prononcé
des discours contre l'autorité royale, excité
les citoyens à la désobéissance, etc.
L'instruction des affaires était remise au
prévôt ; les sentences étaient sans recours ni
appel, et exécutoires dans les vingt-quatre
heures.
La discussion commença le 3 décembre ; le
4, la loi était votée pour ainsi dire par accla-
mation. Elle avait été soutenue par un con-
seiller d'Etat qui était en même temps un des
plus grands savants de l'époque, Cuvier.
UN « MODÉRÉ »
Armées de pouvoirs exorbitants, les cours
prévôtales entrèrent aussitôt en exercice, con-
curremment avec les tribunaux civils et les
conseils de guerre. Les prisons regorgeaient,
près de 80,000 personnes ayant été mises en
état d'arrestation de la fin de 1815 à la fin de
1816, toutes signalées comme « ennemies de
l'Etat ». M. Decazes, dans une circulaire
adressée à tous les fonctionnaires du royaume
le 28 mars 1816, avait ainsi défini ce genre de
suspects : « Vous pouvez reconnaître l'ennemi
de l'Etat dans tout homme qui se réjouit des
embarras du gouvernement ou de l'adminis-
tration, qui, par ses discours ou des insinua-
tions perfides, par ses propos, ses gestes ou
son attitude, décèle sa haine ou son mé-
pris. »
M. Decazes passait cependant pour modéré,
et beaucoup de royalistes étaient assez dispo-
sés à le regarder comme un complice des
Jacobins.
LES VICTIMES
Les cours prévôtales envoyèrent un grand
nombre de citoyens à l'échafaud, d'autres
aux galères à temps ou à perpétuité. Bor-
nons-nous à citer quelques exemple de cette
justice distributive :
Le 27 mai 1816, la petite ville du Lude
(Sarthe) vit condamner vingt-trois malheu-
reux, convaincus d'avoir désarmé un royaliste
l'année précédente, lors des mouvements de
la Vendee pendant les Cent-Jours : sept à la
peine de mort, les autres aux travaux forcés
ou à la détention.
Le 22 juillet, la cour prévôtale de Montpel
lier, jugeant 14 gardes nationaux accusés d'à
voir, au lendemain de Waterloo, dispers
(sans effusion de sang) des royalistes qui s -
réjouissaient publiquement de ce désastre, en
condamna cincr à mort et neuf autres à di
verses peines. -
La cour prévôtale de Carcassonne con-
damna à mort trois citoyens emprisonnés
sans motif et qu'on soupçonnait d'avoir voulu
se soustraire à la justice du roi par une éva-
sion. Deux autres étaient exécutés à Alen-
çon pour avoir fait partie d'un rassemble-
ment.
Une foule de jugements du même genre
furent rendus pour des faits insignifiants
qui étaient, en outre, couverts par trois am-
nisties.
Vers la même époque, à Villefranche
(Rhône), un capitaine de cavalerie en demi-
solde, nommé Vélu, est arrêté pour avoir ap-
pelé son cheval « cOBaque». Le magistrat qui
l'interrogeait lui dit avec indignation : « Com-
ment avez-vous pu donner à votre cheval un
nom cher à tous les bons Français ?. Vous
deviez cependant savoir que c'était outrager
un peuple au courage duquel la France doit
en partie le rétablissement de l'autorité légi-
time. »
Vélu fut renvoyé pour ce fait devant la cour
prévôtale. Il mourut dans sa prison avant le
jugement.
Dans cette même année 1817, une prétendue
conspiration fut organisée à Lyon par la po-
lice. Trompées par des agents provocateurs,
quelques communes s'agitèrent ; mais tout
rentra dans l'ordre sans qu'il eût été néces-
saire de tirer un seul coup de fusil. Plus de
500 personnes furent arrêtées et 28 furent con-
damnées à mort. V-
* Parmi les exécutés se trQuvai. un apprenti
maréchal, âgé de seize ans. Le maire de sa
commune (Saint-Genis-Laval) obligea la mère
à payer une partie des frais occasionnés par
le supplice de son enfant, exécuté sous ses fe-
nêtres. ':
Citons enfin, à la charge des conseils de
guerre de l'époque, l'exécution du maréchal
Ney et du général de Labédoyère, coupables,
comme on sait, d'avoir rejoint Napoléon
après son retour de l'île d'Elbe, et enfin celle
des deux Faucher de la Réole.
Après avoir servi l'Empire, les deux frères
s'étaient résignés au drapeau blanc. Un déta-
chement de soldats passant par la Réole foule
aux pieds l'étendard royal. Aussitôt les vo-
lontaires royaux investissent la demeure des
deux frères qui soutiennent un siège de cinq
jours. La gendarmerie arrive, les deux frères
passent devant le conseil sans pouvoirtrouver
un avocat qui consente à les défendre. Ils
sont condamnés et exécutés.
La loi d'institution des cours prévôtales en
avait limité la durée au 1er janvier 1818, à
moins d'une prorogation législative. La juri-
diction disparut à cette date ; mais, tandis
que let 85 prévôts rentraient dans l'armée, les
510 magistrats qui composaient le reste du
personnel retournèrent à leurs sièges dans les
tribunaux ordinaires, où ils purent continuer
à satisfaire leurs instincts de sauvages.
Au risque d'ébranler la foi du tailleur du
duc d'Orléans, ces choses nous ont paru bonnes
à rappeler.
LES ETATS DE SERVICE
DU GÉNÉRAL TCHERKOW
-
Voici les états de bervice du général Tcher-
kov/, ambassadeur extraordinaire de l'empe-
reur de Russie :
Le général Tcherkow est née en 1829.
Elevé au corps des pages de l'empereur, il
a commencé sa carrière sous les ordres du
maréchal prince Bariatinsky, son oncle. Il
était :
Lieutenant en 1851, capitaine en second en
1854, capitaine en premier en 1856, colonel en
1857, général-major (équivalant à notre
grade de général de brigade) ea 1860, géné-
ral-lieutenant (équivalant à notre grade de
général de division) en 1868; général de cava-
lerie (équivalant à notre grade d'inspecteur
d'armée) en 1883.
Le général est, en outre, aide de camp gé-
néral de l'empereur depuis 1869, et membre
du conseil de l'empire depuis 1881.
Les principales fonctions occupées par le
général pendant sa carrière, antérieurement à
sa nomination comme membre du conseil de
l'empire, sont les suivantes : ,,"
Commandant le 798 d'infanterie, gouver-
neur de Voronège de 1861 à 1864, gouverneur
du gouvernement de Volhynie de 1864 à 1857,
adjoint au gouverneur général des gouverne-
ments de Vilna, Kowno, Grodno et Minsk de
1867 à 1868, attaman locum tenens du voïsko
du Don de 1868 à 1874, gouverneur général
des gouvernements de Kiew, Podolie, Volhy-
nie de 1877 à 1881.
Le général Tcherkow a fait les campagnes
de 1849 (Hongrie), 1854-1855 (Crimée), 1857-
1860 (Caucase), 1877 (campagne russo-turque);
en un mot toutes les campagnes importantes
auxquelles a pris part l'arméa rusao pendant
la seconde moitié de ce siècle.
Ajoutons que le général, qui est fort bel
homme et d'une superbe prestance, appar-
tient à la religion orthodoxe.
Il est père de deux enfants. n >
LA FABRICATION DE LA GLACE
Les microbes, qui se mettent partout, se
sont introduits dans la glace. La découverte
en a été faite il y a bientôt deux ans. Il y eut
à ce sujet des rapports présentés par MM.
Girard et Bordas à l'Academie de médecine et
par M. le professeur Riche au conseil d'hy-
giène du département de la Seine.
Il fallait donc désormais se défier de la
glace à rafraîchir servie dans les cafés. Son
usage était des plus nuisibles.
On remonta à la source de la contamina-
tion : l'étang de la Briche, dont l'eau
était très insalubre. Un arrêté du 30 janvier
1893, du préfet de police, interdit de livrer à
la consommation la glace provenant de cet
étang.
Mais cet arrêté et la décision postérieure
du conseil d'hygiène sont demeurés lettre
morte. Les mêmes dangers existent d'ailleurs
pour la glace des lacs des bois de Boulogne
et de Vincennes.
Pour mettre fin à ce déplorable état de
choses, MM. Quentin-Bauchart et Froment-
Meurice vont demander au conseil municipal
d'inviter l'administration « à étudier à bref
délai le remplacement, pour la consommation
publique, de la glace naturelle provenant des
lacs et mares dont l'eau n'est pas potable, par
une glace artificielle qui serait fabriquée dans
des établissements frigorifiques ».
Les établissements frigorifiques auxquels
font allusion les auteurs de la propsition sont
ceux que le ministère de la guerre fait cons-
truire à la Villette, en vue d'assurer la con-
servation des viandes et denrées diverses en
cas de siège.
MM. Quentin-Bauchart et Froment-Meurice
pensent que ces établissements pourraient
être utilement employés en temps de paix par
la ville de Paris pour la fabrication de glace
artificielle.
Il y a là une idée digne d'un sérieux exa-
men.
EXPULSION D'UN JOURNALISTE
Rome, 26 décembre.
M. Darcourt, directeur de la Correspondance
de Rome, a été expulsé aujourd'hui d'Italie.
ACCIDENT A NUBAR PACHA
Le Caire, 26 décembre.
Pendant une promenade à Choubra, Nubar-pacha
premier ministre égyptien, a glissé et s'est brisé
la jambe.
L'accident a produit une grande consternation
dans les cercles politiques, surtout à cause du
grand âge du ministre. (Agence nationale.)
FIN DU BOYCOTTAGE BERLINOIS
Berlin, 26 décembre.
La paix va être rétablie entre les propriétaires
des grandes brasseries et les socialistes. Le boy-
cottage que ceux-ci avaient infligé aux brasseurs
coupables d'avoir renvoyé des ouvriers socialistes
cessera à partir du 1er janvier. Un accord a été si-
gné entre M. Rœsike, représentant les brasseurs, et
M. Paul Singer, membre au Reichstag du groupe
socialiste. Les ouvriers congédiés seront repris par
les patrons.
LA CONVENTION FRANCO-CONGOLAISE
M. Hanotaux, ministre des affaires étrangères,
est à la veille de signer avec le baron Coffinet, re-
présentant du roi des Belges pour l'Etat du Congo,
les ratifications de la convention récemment ap-
prouvée par les Chambres françaises et ayant pou r
objet la aélimuation^ des territoires du Congo fran-
çais et du Congo ,beli - * - t
CHRONIQUE
Quand un livre qui n'est pas un roman
fait parler de lui, c'est qu'il répond à une
préoccupation publique. J'ai lu maintes
chroniques sur le Vin de France de M.
Mayet. Lisez-le, ouvriers parisiens, si
vous en avez le loisir. Vous y découvrirez
qu'on fait du vin en France. On vous a dit
longtemps le contraire, je le sais. On
vous a conté que le phylloxera avait net-
toyé toutes nos vignes, que celles qu'on
avait reconstituées au moyen de greffes sur
des plants américains donnaient un vin
qui n'était pas buvable, que les produc-
teurs cherchaient par toutes sortes de
drogues à y remédier, que par l'excès des
chaleurs les vins d'Algérie tournaient
mal. Tout cela pour vous en dégoûter,
pour vous faire prendre goût à des vins
prétendus exotiques, à du jus de raisin
sec, à de l'alcool teinté en rouge et noir au
moyen de poussière de houille, à ce li-
quide enfin, toujours le même, qui du de-
mi-setier dans le verre tombe à flots
limoneux.
L'Etat voit ce travestissement du plus
précieux produit de France. Et il y est
indifférent. L'Etat bâtit des écoles. L'E-
tat est soigneux de la santé de nos esprits,
et il néglige celle de nos corps. Il impose
à l'enfant telle nourriture morale. Il se
porte garant qu'elle est bonne. Mais pour
l'entretien de sa substance, il le livre aux.
entreprises des trafiquants. Ceux-ci pro-
fitent de la liberté. Ils nous empoisonnent
lentement. Un empoisonnement qui en
dix minutes fait l'affaire: conduit son
homme au bagne ; si c'est en dix ans, il le
hisse à la fortune. Question de gradation.
Mais l'Etat a besoin de soldats. Il ap-
pelle les conscrits devant un conseil de
revision. Là, les médecins se récrient :
« Quelle débilité chez ces Parisiens 1 » Ils
hésitent à imposer le sac aux dos à ces
faibles musculatures, ils ajournent, réfor-
ment. Ces mêmes ajournés et ces mêmes
réformés, les médecins les retrouvent
plus tard dans les hôpitaux qu'ils encom-
brent. La première question qu'ils leur
font c'est : Vous buvez ? — Oui. — Com-
bien de demi-setiers? Et ils inscrivent sur
la pancarte : alcoolique.
L'Etat permet donc qu'on empoisonne
son peuple. Allez dans une fête foraine, à
la foire aux pains d'épices, par exemple,
et regardez la foule. Comme elle fait triste
mine 1 Rares les belles filles. Rares les
hommes bien bâtis, frais de visage, soli-
dement plantés sur leurs jambes. La taille
des femmes s'étranele. La couperose ra-
vage des figures encore jeunes. Un feu
languissant, maladif, sort des yeux cernés.
La marche de tout ce pauvre monde s«Lible
être le mouvement pénible d'un ressort.
Vous attribuez d'abord à l'atelier trop
étroit, au logement sans air, cette misère
corporelle. Des tables de marchands de
vin débordant l'avenue vous en donnent
le mot. Les fêtards du pain d'épice vien-
nent s'y reposer. Ils boivent. Vous regar-
dez un des verres vidés. Il est d'un bleu
trouble, sale, écœurant.
Vous vous en allez en songeant que,
chez l'homme, physique et moral s'influen-
cent et que la santé est, en un certain sens,
une garantie de moralité. Tout se tient.
Dans une bonne action ou une belle pen-
sée, il y a beaucoup 'de saine nourriture.
Dis-moi ce que tu bois et manges et je te
dirai ce que tu es.
Dans ses notes sur l'Angleterre, Taine,
cherchant à déterminer le caractère des
Anglais, n'a garde de négliger leur alimen-
tation. Les végétariens prétendent, et je le
crois, qu'à priver l'homme de viande on
atténuerait sa férocité. Ainsi, la falsifica-
tion alimentaire, — car le vin n'est pas
seul à être sophistiqué, — s'exerçant sur
les Parisiens pauvres, est susceptible
d'envenimer leur naturel. Supposez une
révolution, me disait un médecin de mes
amis. Il se commettrait telles atrocités
qu'on mettrait sur le compte de la fureur
de parti. J'y reconnaîtrais, moi, l'alcoo-
lisme.
La permanence des qualités de la race,
voilà donc ce que la sophistication met en
danger. Le vin est pour beaucoup dans
notre caractère. Le vin de France a de
l'esprit. Il en donne à ceux qui le boivent.
Nous lui devons en partie ou plutôt nous
lui dûmes notre enjouement, notre affabi-
lité, la clarté, la limpidité de notre juge-
mont. Le vin a une âme, une âme bonne,
généreuse, réconfortante. A ce propos je
pense à la belle pièce de vers de Beaude-
laire qui commence ainsi : « Un soir l'âme
du vin chantait dans les bouteilles. » Si
j'invitais à ma table deux ennemis pour
les réconcilier, je compterais surtout sur
le vin, le sachant incontestable, honnête.
C'est si salutaire de se dire : « Voilà un
vin dont l'origine m'est connue. J'en ai
l'acte de naissance dans ma mémoire. J'y
revois le coteau, la terre, la bonne terre
d'où il est sorti. » Ne prenez pas cette
réflexion-là pour l'égoïste satisfaction
d'homme qui a son confortable. Non.
C'est que le vin, là, sur la table, est comme
un commensal qui vous met mal à l'aise,
si vous ignorez qui il est, d'où il vient.
Confiance et défiance sont contagieuses.
Le scepticisme quotidien de la bouteille
est le commencement de tous les scepti-
cismes. On n'est pas porté à douter des
autres hommes quand on ne doute pas de
la véracité des bouteilles et des plats.
Peut-être est-ce pour cela qu'en province
on croit à la réalité des choses. On y boit du
vrai vin et, ce qui est triste à avouer, on
en a trop à boire. Oui, pendant qu'on sert
aux Parisiens du vin imposteur, il y a, bien
loin, dans le Midi, des caves pleines dont
le contenu se morfond. Le livre de M. Ma-
yet vous l'apprendra. Eh bien, direz-vous,
que sur Paris on l'expédie I Impossible.
Même acheté à vil prix et vendu au qua-
druple il ne donnerait pas à nos grands
fournisseurs de gosier le gain que le vin
frelaté leur donne. Quel contraste entre
les passe-temps des hommes ! L'un en-
seigne ses contemporains; l'autre les
amuse; celui-ci les protège; celui-là les
soigne, Chacun d'eux est utile A tou,
cependant qu'un autre s'ingénie à leur tri.
patouiller l'estomac.
Du temps que j'habitais le Midi, il me
souvient d'un propriétaire vigneron qui
avait son mas tout à côté de la ligne
du chemin de fer qui communique de
France en Espagne. De sa porte il voyait
se succéder trains de voyageurs et trains
de marchandises. Ceux qui venaient d'Es-
pagne en France étaient chargés, à jour,
de futailles pleines à destination de Paris.
Son vin à lui, son vin était là qui dormait
inutile derrière le mur de sa maison. Ce
vin qui aurait égayé, fleuri une imagina-
tion, ce vin précieux, ce vin délaissé, inu-
tile, pendant que les trains porteurs d'exo-
tiques mixtures allaient toujours, c'était
votre crime rendu saisissant, empoison-
neurs, détracteurs du bon vin de Francet
Edouard Conte.
Le PetitChàteauneuf-du-Papc, malgré la mo-
destie de son titre, est digne de figurer parmi
les meilleurs crus, à cause du fin bouquet qu'il
acquiert en bouteilles. Le propriétaire des Fi-
nes-Roches, à Châteauneuf-du-Pape l'expédie
au prix de 135 francs la pièce de 225 litres.
LES AFFAIRES DE CHANTAGE
Les interrogatoires
L'instruction a repris avec activité hier.
M. Dopffer a entendu divers témoins et plu-
sieurs des détenus.
Parmi ces derniers, MM. Camille Dreyfus,
Canivet et Heftler ont été successivement in-
terrogés par le juge d'instruction,
Convocations de témoins
Les témoins convoqués hier après midi ap-
partenaient tous à la presse et il est à noter
que M. Dopffer a entendu particulièrement
ceux de nos confrères qui, au lendemain des
bruits de chantage Allez, étaient allés inter-
viewer MM. Allez père et fils.
A ce propos, les Débats roses se croient en
mesure de résumer les auditions d'hier en
déclarant que « ces témoins se sont rejeté
mutuellement la responsabilité des rensei-
gnements publiés et que le juge ne se trouve
pas plus avancé qu'au premier jour ».
D'après le Soir, cette information s,erait
inexacte.
Ce qu'il y a de certain, c'est que M. Dopffer
n'a encore aucune preuve venant nettement
confirmer l'exactitude des histoires de chan-
tage qui ont circulé à propos de l'affaire Al
lez.
L'instruction des affaires de cercles est at
contraire très avancée.
L'affaire du « Petit Lyonnais »
Le parquet a repris contre MM. Portalis eri,
Girard l'instruction ouverte au sujet de faits
délictueux qu'ils auraient commis dans la
gestion de la société du Petit Lyonnais.
L'affaire de Levallois-Perret
- M. Clément a arrêté hier, sur mandat do
M. le juge Meyer, M. Charles Mirande, direo-«
teur du Républicain de Levallois-Perret.
Cette arrestation serait motivée par des
plaintes de la part de l'autorité comnèunale,
de plusieurs commerçants et d'un conseiller
municipal de Levallois.
Tous l'accusent d'avoir profité de sa situa-
tion pour leur extorquer les fonds, soit en
les obligeant à faire des annonces pour s'évi-
ter des articles désagréables dans son jour-
nal, soit en les menaçant d'articles du même
genre s'ils ne lui accordaient pas une part
des bénéfices dans les entreprises ou travaux
qui pouvaient leur être confiés.
M. Mirande aurait été attaché à un journal
de Nice.
LE GENERAL TCHERKOW
Au Sénat
Le général Tcherkow a rendu visite liiei
à onza heures au président du Sénat.
Il était accompagné du capitaine d'artillerie
Pauflin de Saint-Morcl,officier de l'état-major
du général de Boiïdeffre.
Les honneurs lui ont été rendus, à son ar-
rivée et à son départ, par - une compagnie du
130e d'infanterie, commandée par le capitaine
Wavrin. - - -
Au moment où le général Tcherkow, en
grande tenue, est descendu de v. ilure, les
clairons ont sonné et les tambours ont battu
aux champs ; les officiers ont salué, les sol-
dats ont présenté les armes. -
Après avoir rendu le salut militaire, le gé-
néral Tcherkow, reçu au bas du perron p ,r
M. Hustin, chef du cabinet du président du
Sénat, a été conduit dans le grand salon où
se tenait M. Cballemel-Lacour, ayant à se3
côtés M. Didier, chef du secrétariat général
de la présidence, et M. le colonel Blanchot,
commandant militaire du palais.
Le général Tcherkow et lo président d'i
Sénat se sont entretenus pendant vingt mi-
nutes avec la plus grande cordialité. Après
quoi l'ambassadeur du tsar est rentré à l'hôte'
Bristol.
Le déjeuner au Continental 4
A midi, un déjeuner de 85 couverts a été
offert à l'hôtel Continental au général Tcher-
kow par le général de Boisdefire, chef de l'é-
tat-major général de l'armée.
A l'arrivée de l'ambassadeur extraordinaire
du tsar Nicolas, la musique du 131e de ligne
a joué l'hymne russe.
Parmi les invités se trouvaient le général
Mercier, ministre de la gaerre, le comte
Chouvalow, aide de camp du général Tcher-
kow, l'amiral Gervais, le général de Négrier,
M. de Giers, le baron Freedericksz, le comte
de Bourqueney, directeur du protocole et M.
Mollard, chef-adjoint, le général Berruyer,
chef de la maison militaire du président de
la République, le capitaine de frégate Germi.
net, aide de camp du président, et tous lea
membres de l'ambassade extraordinaire char-
gée de représenter la France aux obsèques
d'Alexandre III, le général Rau, M. Nisard,
directeur au ministère des affaires étrangè-
res, M. Jusserand, directeur des consulats,
tous les généraux et officiers supérieurs da
l'état-major général de l'armée.
Pendant le déjeuner, la musique du 131e a
fait entendre les meilleurs morceaux de son
répertoire.
Au Champagne, le général de Boisdeffre a
pris le premier la parole; il a souhaité la
bienvenue au général Tcherkow, ajoutant
que le président de la République avait seul
qualité pour porter le premier la santé de
S. M. le tsar Nicolas IL
Après le général de Boisdeffre, le général
Mercier a bu, au nom de l'armée française,
à la santé du général Tcherkow.
Le général russe a remercié avec une viva
émotion du charmant accueil qui lui avait étl
fait en France.
Dana l'après-midi
Dans l'après-midi, le comte de Bourqueney
directeur du protocole. accompagné dQ 00.
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«Eli TRÊVE
Ceux qui, au lendemain des élections
de 1893, du camp du centre-gauche ou
bien des rangs de la droite plus ou
moins sincèrement ralliée, ont prétendu
que le parti républicain devait désor-
mais désarmer en face de ses éternels
ennemis du cléricalisme, essayaient de
justifier leur attitude politique en décla-
rant que ces ennemis, sur les ordres
venus du Vatican, avaient eux-mêmes
renoncé à la lutte et mis bas les armes.
C'était là toute la politique selon l'es-
prit nouveau: théorie et pratique. En
effet, non seulement on a proclamé cette
néfaste doctrine du haut de la tribune ;
mais encore, depuis dix-huit mois, on
n'a cessé de l'appliquer partout en pro-
(Tince, le pouvoir exécutif preftant parti
; ponr les réactionnaires contre les ré-
publicains.
; On a vu les députés ralliés et les
ifeuilles centre-gauche réclamer la révo-
; cation des fonctionnaires républicains
ïet on a vu un peu partout des fonction-
maires, obéissant au nouveau mot d'or-
dre venu de Rome, faire campagne
'contre les républicains au profit des
réactionnaires, devenir contre les répu-
blicains les très humbles serviteurs de
la cure et du château. Que voulez-
vous! Le nonce se croyait tellement
puissant de par l'esprit nouveau, qu'il.
mandait aux évêques qu'il se chargeait
de faire marcher les préfets.
C'est à Paris, loin de toutes les luttes
ardentes, dans les milieux d'aimable
scepticisme, c'est à Paris seulement que
l'on pouvait oser tenir un tel langage ;
car, dans nos départements, le clérica-
lisme, bien loin d'avoir désarmé, a pour-
suivi la campagne avec plus de vio-
lence. Les. patrons cléricaux ont conti-
nué, malgré l' « esprit nouveau », à met-
tre à la porte de l'usine les ouvriers qui
avaient voté pour les candidats républi-
cains ; les châteaux ont continué à met-
tre à l'index les petits négociants des
villages et des bourgs qui n'allaient pas
à la messe ou qui envoyaient leurs en-
fants à l'école laïque ; los fouilles reli-
gieuses ont continué à prêcher la guerre
contre les écoles nationales, à traiter de
scélérates les lois militaire et scolaires,
à inj urier et à diffamer les républicains.
Les cléricaux ne s'y sont pas trompés;
ils ont tous et partout compris ainsi
l'ordre du pape : se rallier à la Républi-
que pour mieux s'en emparer, et pour
mieux étrangler la démocratie.
i La tolérance de l'Eglise, la tolérance
du parti clérical ! Allons donc, cela
n'existe pas: le cléricalisme tient avec
une ténacité immuable aux anathè-
:mes du Syllabus; il en est encore au
moyen-âge et à la théorie de Gré-
goire VII : c'est la réalisation de cette
théorie qu'il poursuit, en tous les temps
et en tous les pays, avec une énergie et
une persévérance merveilleuses : l'as-
servissement du monde entier au pape,
fia soumission de tous les peuples aux
ftois ecclésiastiques, l'avènement de la
théocratie universelle.
-. Seulement, suivant les milieux, le
cléricalisme, quand il le faut, comme
ill n'est gêné par aucun scrupule, sait
temporiser, se plier aux circonstances :
:maintenant il accepte, sur le sol de
France, la forme républicaine qu'il n'a
jpu, malgré tous ses efforts, étouffer au
24 Mai, au 16 Mai, au temps du boulan-
,gisme ; mais pendant ce temps, à l'heure
mlême où le pape paraît faire cette con-
; cession à la France, en Hongrie il ex-
communie tous les ministres qui ont
proposé et tous les députés qui ont voté
la loi exigeant le mariage devant l'offi-
cier de l'état-civil.
J'ai là sous les yeux le dernier nu-
méro de la Revue pédagogique, celui
du 12 décembre : il contient un article
'd'un instituteur de la Lozère qui, après
avoir raconté le couronnement d'une
Vierge noire à Mende, couronnement
fait en présence d'un cardinal, de trois
évêques, au milieu d'une procession
grotesque, véritable mascarade avec
groupes historiques et une fête pure-
.ment païenne, s'écrie en face de ce ta-
bleau :
« Je pensais à quelques-unes de nos
jeunes collègues institutrices laïques
dans les hameaux de la Lozère. Faut-il
sotonner que les populations les ac-
cueillent mal et parfois leur soient fé-
roces? L'année dernière, dans un vil-
lage, à la suite d'une mission, on fit
sonner les cloches des morts pour ceux
qui envoyaient leurs enfants à l'école
laïque. Dans beaucoup d'autres, on re-
fusa les sacrements aux parents de ces
enfants. Une institutrice arrive dans un
village catholique, elle est protestante:
on le lui fit bien expier.
» Sa mère, venue pour passer une
huitaine de iours chez elle, tombe ma-
lade et meurt. On laisse cette jeune
fille seule, on lui refuse tout secours ;
seule, elle veille sa mère et lui donne
les derniers soins. Pas une mère, pas
une femme, pas une jeune fille n'ose
franchir son seuil et lui apporter un
mot de consolation. C'est au village
voisin qu'il faut chercher de l'aide, et
c'est au village voisin qu'on emporte
la pauvre morte. Et l'institutrice, main-
tenue dans le village où elle a tant
souffert, n'a à son école - que deux en-
fants. du village voisin; on n'a pas
désarmé. » -
Non, le cléricalisme n'a pas désarmé
et il ne désarmera jamais : et, comme
le disait en septembre dernier, à Seurre,
M. Spuller, en un discours que la presse
centre-gauche s'est empressée de passer
sous silence, celui-là, donner une
participation dans le gouvernement de
la République aux ralliés et aux cléri-
caux serait un acte « non seulement de
traître, mais encore d'imbécile ».
Alexandre Bérard.
L'ESPIONNAGE ET LA TRAHISON
- - - ,--'.-- _-
La commission de l'armée s'est livrée hier
à un premier examen du projet de loi sur
l'espionnage et la trahison déposé par le
gouvernement.
Avant toute discussion M. le Hérissé a pro-
posé de voter sans désemparer le texte minis-
tériel, dût-on pour cela - travailler toute la
nuit. *
A égalité de voix, par neuf contre neuf,
cette proposition a été repoussée, M. Guyot-
Dessaigne ayant fait remarquer que la loi
proposée était très touffue, qu'elle avait besoin
d'être examinée de près et que des modifica-
tions s'imposaient.
Une sous-commission chargée d'étudier les
nouvelles, dispositions pénales a été alors
nommée ; elle est composée de MM. Jules Ro-
che, baron Reille, le Hérissé, Guyot-Dessai-
gne et le général lung. ♦
Cette sous-commission, qui se réunira ce
matin et qui doit présenter un rapport à la
commission dans l'après-midi, est déjà saisie
de deux amendements.
L'un de ces amendements, présenté par
M. Jules Roche, stipule que la nouvelle loi
ne frappera les auteurs des divulgations que
quand ces divulgations auront un caractere
secret et confidentiel. Le texte proposé pour-
rait, en effet, prêter à l'équivoque et frapper
de peines très graves ceux qui auraient sim-
plement critiqué l'établissement d'une dé-
fense ou, le cas peut se produire, le mauvais
état de l'armement. L'amendement présenté a
pour but de préciser, à chaque article du pro-
jet, qu'il faut, pour tomber sous l'application
de la nouvelle jurisprudence, avoir fait usage
ou livré des documents ou des renseignements
secrets et confidentiels.
L'autre amendement, de M. le baron Reille,
a pour but de confier aux conseils de guerre
exclusivement la connaissance de tous les
crimes et délits d'espionnage et trahison qui
pourraient être commis par des militaires ou
par des civils.
Ajoutons qu'il est peu probable, comme
le veulent un certain nombre de députés, que
la Chambre puisse voter le projet avant la
clôture de la session extraordinaire.
J * LE TRAITRE DREYFUS
Dreyfus, qui depuis sa condamnation n'a-
vait pris que très peu de nourriture, a fait
venir hier matin un déjeuner d'un restaurant
voisin du Cherche-Midi.
Il est inexact que le conseil de revision
doive examiner aujourd'hui jeudi le pourvoi
formé devant lui par le condamné.
Les pièces de la procédure, qui sont encore
au greffe du conseil de guerre, n'ont été trans-
mises qu'hier soir au commissaire du gou-
vernement près le conseil de revision.
En l'état, ce ne peut être que le jeudi 3 jan-
vier seulement que le conseil de revision sera
appelé à examiner le pourvoi.
LA MUNICIPALITÉ DE PÉTERSBOURG
ET LA FRANCE
Saint-Pétersbourg, £ 6 décembre.
Désireuse d'exprimer au peuple français sa
sincère reconnaissance pour la touchante
sympathie manifestée par la France envers le
peuple russe à l'occasion de la récente dou-
leur nationale, la municipalité de Saint-Pé-
tersbourg a décidé de présenter à l'ambassa-
deur de France, comte de Montebello, une
adresse de remerciement, artistement exé-
cutée, signée par tous les membres du con-
seil municipal. Cette adresse est renfermée
dans un riche coffret de style russe.
En outre, la municipalité a résolu de met-
tre immédiatement à exécution sa décision
antérieure de placer le buste de Carnot dans
une salle de l'Hôtel de Ville.
LES IMMEUBLES DE CORNÉLIUS HERZ
Hier a eu lieu, à la salle des criées du Pa-
lais de Justice, la vente, par autorité de jus-
tice, des immeubles appartenant à Cornélius
Herz.
La totalité des immeubles avait été divisée
en 16 lots.
14 ont été adjugés pour la somme de
1,348,030 francs. Un terrain rue de la Faisan-
derie fait partie des deux lots non ad-
jugés.
111 1
LA GUERRE ENTRE LA CHINE& LE JAPON
Yokohama, 26 décembre.
Les journaux japonais annoncent les pertes
éprouvées par les Japonais à la bataille qui a
eu lieu le 19 décembre, à sept milles à
l'ouest de Haï-Tcheng. Deux officiers et 52
soldats ont été tués, et douze officiers et 356
soldats ont été blessés.
Le gouvernement coréen a décidé d'em-
prunter cinq millions de dollars aux Japo-
nais et d'émettre des billets pour une somme
de quinze millions. ;,
Bien que l'administration japonaise ait été
acceptée par les Coréens, les Tong-Haks ou
rebelles n'ont pas cessé les hostilités. Ils ont
pris Haï-Tsju, capitale de la province de
Hwang-Haïdo. Ils ont expulsé le gouverneur
et l'ont remplacé par un de leurs chefs.
Les Ton# llaks ont aussi brûlé trois villes
dans le Sud du pava. - <
LES DESSOUS DE LA LOI
LA TRAHISON
ET LE CRIME POLITIQUE
Une explication de M. Ranc. — Les crimes
royalistes. — Les cours prévôtales
Comme nous l'indiquions ces jours derniers,
c'est la Charte de 1830 qui, dans sa classifica-
tion des crimes politiques, a introduit les faits
visés par l'article 76 du Code pénal, c'est-à-
dire les « machinations ou intelligences avec
les puissances étrangères ou un de leurs
agents ».
Et c'est l'Assemblée nationale de 1848 qui
abolit la peine de mort en matière politique,
pour le plus grand bien du traître Dreyfus.
M. Ranc, sénateur de la Seine, fait à ce su-
jet les réflexions suivantes :
« A quelle pensée avaient pu céder les cons-
» tituants de 1848 en se refusant à admettre
» une distinction nécessaire entre la trahison
» et le crime politique ? Peut-être, pour le
» comprendre, faut-il se replacer dans l'état
» d'esprit d'une génération qui avait encore
» le souvenir des excès où, sous l'influence
» des passions politiques, s'était abandonnée
» la justice sommaire des juges militaires.
» Les légitimistes se rappelaient l'exécution
» du duc d'Enghien ; les républicains, les li-
» béraux savaient l'histoire terrible des cours
» martiales de la Restauration. Les uns et
» les autres auront craint de donner trop de
» pouvoir, trop d'extension à la justice mili-
» taire. Je hasarde, à défaut d'autre, cette ex-
» plication. » -
L'explication est, en effet, fort plausible.
Et nous ne saurions mieux faire que de rap-
peler quelques-uns des crimes auxquels
M. Rane fait allusion.
LES COURS PRÉVÔTALES
Les cours prévôtales de la Restauration,
surtout, sont demeurées tristement célèbres.
Elles furent établies à la fin de 1815, aux plus
beaux jours de cette réaction royaliste que
l'on a si justement appelée Terreur blanche.
La France, ruinée par l'occupation étrangère,
écrasée sous le poids d'une contribution de
guerre de plus d'un milliard, était 1ivre au
système de l'épuration, abandonnée aux ven-
geances de la faction cléricale et monarchique,
aux bandes de pillards qui la dévastaient au
nom de la religion et du roi.
Déjà on avait voté les lois les plus iniques
pour la répression des prétendus délits poli-
tiques ; des peines énormes, la mort, les tra-
vaux forcés, avaient été édictées ; les conseils
de guerre, les cours d'assises, les tribunaux
de tout ordre sacrifiaient des milliers d'inno-
noc ents ; la Chambre introuvable se trouvait
insuffisamment armée.
Le 17 novembre 1815, le duc de Feltre pré-
senta un projet pour le rétablissement des
cours prévôtales. Ce projet établissait dans le
chef-lieu de chaque département une cour pré-
vôtale composée d'un prévôt ayant au moins
rang de colonel, d'un président et de quatre
juges choisis parmi les membres du tribunal
de première instance du siège.
La cour devait procéder contre tout indi-
vidu dénoncé comme rebelle ou séditieux, ou
accusé d'avoir fait partie d'une bande armée,
arboré un signe de ralliement autre que le
drapeau blanc, publié des écrits ou prononcé
des discours contre l'autorité royale, excité
les citoyens à la désobéissance, etc.
L'instruction des affaires était remise au
prévôt ; les sentences étaient sans recours ni
appel, et exécutoires dans les vingt-quatre
heures.
La discussion commença le 3 décembre ; le
4, la loi était votée pour ainsi dire par accla-
mation. Elle avait été soutenue par un con-
seiller d'Etat qui était en même temps un des
plus grands savants de l'époque, Cuvier.
UN « MODÉRÉ »
Armées de pouvoirs exorbitants, les cours
prévôtales entrèrent aussitôt en exercice, con-
curremment avec les tribunaux civils et les
conseils de guerre. Les prisons regorgeaient,
près de 80,000 personnes ayant été mises en
état d'arrestation de la fin de 1815 à la fin de
1816, toutes signalées comme « ennemies de
l'Etat ». M. Decazes, dans une circulaire
adressée à tous les fonctionnaires du royaume
le 28 mars 1816, avait ainsi défini ce genre de
suspects : « Vous pouvez reconnaître l'ennemi
de l'Etat dans tout homme qui se réjouit des
embarras du gouvernement ou de l'adminis-
tration, qui, par ses discours ou des insinua-
tions perfides, par ses propos, ses gestes ou
son attitude, décèle sa haine ou son mé-
pris. »
M. Decazes passait cependant pour modéré,
et beaucoup de royalistes étaient assez dispo-
sés à le regarder comme un complice des
Jacobins.
LES VICTIMES
Les cours prévôtales envoyèrent un grand
nombre de citoyens à l'échafaud, d'autres
aux galères à temps ou à perpétuité. Bor-
nons-nous à citer quelques exemple de cette
justice distributive :
Le 27 mai 1816, la petite ville du Lude
(Sarthe) vit condamner vingt-trois malheu-
reux, convaincus d'avoir désarmé un royaliste
l'année précédente, lors des mouvements de
la Vendee pendant les Cent-Jours : sept à la
peine de mort, les autres aux travaux forcés
ou à la détention.
Le 22 juillet, la cour prévôtale de Montpel
lier, jugeant 14 gardes nationaux accusés d'à
voir, au lendemain de Waterloo, dispers
(sans effusion de sang) des royalistes qui s -
réjouissaient publiquement de ce désastre, en
condamna cincr à mort et neuf autres à di
verses peines. -
La cour prévôtale de Carcassonne con-
damna à mort trois citoyens emprisonnés
sans motif et qu'on soupçonnait d'avoir voulu
se soustraire à la justice du roi par une éva-
sion. Deux autres étaient exécutés à Alen-
çon pour avoir fait partie d'un rassemble-
ment.
Une foule de jugements du même genre
furent rendus pour des faits insignifiants
qui étaient, en outre, couverts par trois am-
nisties.
Vers la même époque, à Villefranche
(Rhône), un capitaine de cavalerie en demi-
solde, nommé Vélu, est arrêté pour avoir ap-
pelé son cheval « cOBaque». Le magistrat qui
l'interrogeait lui dit avec indignation : « Com-
ment avez-vous pu donner à votre cheval un
nom cher à tous les bons Français ?. Vous
deviez cependant savoir que c'était outrager
un peuple au courage duquel la France doit
en partie le rétablissement de l'autorité légi-
time. »
Vélu fut renvoyé pour ce fait devant la cour
prévôtale. Il mourut dans sa prison avant le
jugement.
Dans cette même année 1817, une prétendue
conspiration fut organisée à Lyon par la po-
lice. Trompées par des agents provocateurs,
quelques communes s'agitèrent ; mais tout
rentra dans l'ordre sans qu'il eût été néces-
saire de tirer un seul coup de fusil. Plus de
500 personnes furent arrêtées et 28 furent con-
damnées à mort. V-
* Parmi les exécutés se trQuvai. un apprenti
maréchal, âgé de seize ans. Le maire de sa
commune (Saint-Genis-Laval) obligea la mère
à payer une partie des frais occasionnés par
le supplice de son enfant, exécuté sous ses fe-
nêtres. ':
Citons enfin, à la charge des conseils de
guerre de l'époque, l'exécution du maréchal
Ney et du général de Labédoyère, coupables,
comme on sait, d'avoir rejoint Napoléon
après son retour de l'île d'Elbe, et enfin celle
des deux Faucher de la Réole.
Après avoir servi l'Empire, les deux frères
s'étaient résignés au drapeau blanc. Un déta-
chement de soldats passant par la Réole foule
aux pieds l'étendard royal. Aussitôt les vo-
lontaires royaux investissent la demeure des
deux frères qui soutiennent un siège de cinq
jours. La gendarmerie arrive, les deux frères
passent devant le conseil sans pouvoirtrouver
un avocat qui consente à les défendre. Ils
sont condamnés et exécutés.
La loi d'institution des cours prévôtales en
avait limité la durée au 1er janvier 1818, à
moins d'une prorogation législative. La juri-
diction disparut à cette date ; mais, tandis
que let 85 prévôts rentraient dans l'armée, les
510 magistrats qui composaient le reste du
personnel retournèrent à leurs sièges dans les
tribunaux ordinaires, où ils purent continuer
à satisfaire leurs instincts de sauvages.
Au risque d'ébranler la foi du tailleur du
duc d'Orléans, ces choses nous ont paru bonnes
à rappeler.
LES ETATS DE SERVICE
DU GÉNÉRAL TCHERKOW
-
Voici les états de bervice du général Tcher-
kov/, ambassadeur extraordinaire de l'empe-
reur de Russie :
Le général Tcherkow est née en 1829.
Elevé au corps des pages de l'empereur, il
a commencé sa carrière sous les ordres du
maréchal prince Bariatinsky, son oncle. Il
était :
Lieutenant en 1851, capitaine en second en
1854, capitaine en premier en 1856, colonel en
1857, général-major (équivalant à notre
grade de général de brigade) ea 1860, géné-
ral-lieutenant (équivalant à notre grade de
général de division) en 1868; général de cava-
lerie (équivalant à notre grade d'inspecteur
d'armée) en 1883.
Le général est, en outre, aide de camp gé-
néral de l'empereur depuis 1869, et membre
du conseil de l'empire depuis 1881.
Les principales fonctions occupées par le
général pendant sa carrière, antérieurement à
sa nomination comme membre du conseil de
l'empire, sont les suivantes : ,,"
Commandant le 798 d'infanterie, gouver-
neur de Voronège de 1861 à 1864, gouverneur
du gouvernement de Volhynie de 1864 à 1857,
adjoint au gouverneur général des gouverne-
ments de Vilna, Kowno, Grodno et Minsk de
1867 à 1868, attaman locum tenens du voïsko
du Don de 1868 à 1874, gouverneur général
des gouvernements de Kiew, Podolie, Volhy-
nie de 1877 à 1881.
Le général Tcherkow a fait les campagnes
de 1849 (Hongrie), 1854-1855 (Crimée), 1857-
1860 (Caucase), 1877 (campagne russo-turque);
en un mot toutes les campagnes importantes
auxquelles a pris part l'arméa rusao pendant
la seconde moitié de ce siècle.
Ajoutons que le général, qui est fort bel
homme et d'une superbe prestance, appar-
tient à la religion orthodoxe.
Il est père de deux enfants. n >
LA FABRICATION DE LA GLACE
Les microbes, qui se mettent partout, se
sont introduits dans la glace. La découverte
en a été faite il y a bientôt deux ans. Il y eut
à ce sujet des rapports présentés par MM.
Girard et Bordas à l'Academie de médecine et
par M. le professeur Riche au conseil d'hy-
giène du département de la Seine.
Il fallait donc désormais se défier de la
glace à rafraîchir servie dans les cafés. Son
usage était des plus nuisibles.
On remonta à la source de la contamina-
tion : l'étang de la Briche, dont l'eau
était très insalubre. Un arrêté du 30 janvier
1893, du préfet de police, interdit de livrer à
la consommation la glace provenant de cet
étang.
Mais cet arrêté et la décision postérieure
du conseil d'hygiène sont demeurés lettre
morte. Les mêmes dangers existent d'ailleurs
pour la glace des lacs des bois de Boulogne
et de Vincennes.
Pour mettre fin à ce déplorable état de
choses, MM. Quentin-Bauchart et Froment-
Meurice vont demander au conseil municipal
d'inviter l'administration « à étudier à bref
délai le remplacement, pour la consommation
publique, de la glace naturelle provenant des
lacs et mares dont l'eau n'est pas potable, par
une glace artificielle qui serait fabriquée dans
des établissements frigorifiques ».
Les établissements frigorifiques auxquels
font allusion les auteurs de la propsition sont
ceux que le ministère de la guerre fait cons-
truire à la Villette, en vue d'assurer la con-
servation des viandes et denrées diverses en
cas de siège.
MM. Quentin-Bauchart et Froment-Meurice
pensent que ces établissements pourraient
être utilement employés en temps de paix par
la ville de Paris pour la fabrication de glace
artificielle.
Il y a là une idée digne d'un sérieux exa-
men.
EXPULSION D'UN JOURNALISTE
Rome, 26 décembre.
M. Darcourt, directeur de la Correspondance
de Rome, a été expulsé aujourd'hui d'Italie.
ACCIDENT A NUBAR PACHA
Le Caire, 26 décembre.
Pendant une promenade à Choubra, Nubar-pacha
premier ministre égyptien, a glissé et s'est brisé
la jambe.
L'accident a produit une grande consternation
dans les cercles politiques, surtout à cause du
grand âge du ministre. (Agence nationale.)
FIN DU BOYCOTTAGE BERLINOIS
Berlin, 26 décembre.
La paix va être rétablie entre les propriétaires
des grandes brasseries et les socialistes. Le boy-
cottage que ceux-ci avaient infligé aux brasseurs
coupables d'avoir renvoyé des ouvriers socialistes
cessera à partir du 1er janvier. Un accord a été si-
gné entre M. Rœsike, représentant les brasseurs, et
M. Paul Singer, membre au Reichstag du groupe
socialiste. Les ouvriers congédiés seront repris par
les patrons.
LA CONVENTION FRANCO-CONGOLAISE
M. Hanotaux, ministre des affaires étrangères,
est à la veille de signer avec le baron Coffinet, re-
présentant du roi des Belges pour l'Etat du Congo,
les ratifications de la convention récemment ap-
prouvée par les Chambres françaises et ayant pou r
objet la aélimuation^ des territoires du Congo fran-
çais et du Congo ,beli - * - t
CHRONIQUE
Quand un livre qui n'est pas un roman
fait parler de lui, c'est qu'il répond à une
préoccupation publique. J'ai lu maintes
chroniques sur le Vin de France de M.
Mayet. Lisez-le, ouvriers parisiens, si
vous en avez le loisir. Vous y découvrirez
qu'on fait du vin en France. On vous a dit
longtemps le contraire, je le sais. On
vous a conté que le phylloxera avait net-
toyé toutes nos vignes, que celles qu'on
avait reconstituées au moyen de greffes sur
des plants américains donnaient un vin
qui n'était pas buvable, que les produc-
teurs cherchaient par toutes sortes de
drogues à y remédier, que par l'excès des
chaleurs les vins d'Algérie tournaient
mal. Tout cela pour vous en dégoûter,
pour vous faire prendre goût à des vins
prétendus exotiques, à du jus de raisin
sec, à de l'alcool teinté en rouge et noir au
moyen de poussière de houille, à ce li-
quide enfin, toujours le même, qui du de-
mi-setier dans le verre tombe à flots
limoneux.
L'Etat voit ce travestissement du plus
précieux produit de France. Et il y est
indifférent. L'Etat bâtit des écoles. L'E-
tat est soigneux de la santé de nos esprits,
et il néglige celle de nos corps. Il impose
à l'enfant telle nourriture morale. Il se
porte garant qu'elle est bonne. Mais pour
l'entretien de sa substance, il le livre aux.
entreprises des trafiquants. Ceux-ci pro-
fitent de la liberté. Ils nous empoisonnent
lentement. Un empoisonnement qui en
dix minutes fait l'affaire: conduit son
homme au bagne ; si c'est en dix ans, il le
hisse à la fortune. Question de gradation.
Mais l'Etat a besoin de soldats. Il ap-
pelle les conscrits devant un conseil de
revision. Là, les médecins se récrient :
« Quelle débilité chez ces Parisiens 1 » Ils
hésitent à imposer le sac aux dos à ces
faibles musculatures, ils ajournent, réfor-
ment. Ces mêmes ajournés et ces mêmes
réformés, les médecins les retrouvent
plus tard dans les hôpitaux qu'ils encom-
brent. La première question qu'ils leur
font c'est : Vous buvez ? — Oui. — Com-
bien de demi-setiers? Et ils inscrivent sur
la pancarte : alcoolique.
L'Etat permet donc qu'on empoisonne
son peuple. Allez dans une fête foraine, à
la foire aux pains d'épices, par exemple,
et regardez la foule. Comme elle fait triste
mine 1 Rares les belles filles. Rares les
hommes bien bâtis, frais de visage, soli-
dement plantés sur leurs jambes. La taille
des femmes s'étranele. La couperose ra-
vage des figures encore jeunes. Un feu
languissant, maladif, sort des yeux cernés.
La marche de tout ce pauvre monde s«Lible
être le mouvement pénible d'un ressort.
Vous attribuez d'abord à l'atelier trop
étroit, au logement sans air, cette misère
corporelle. Des tables de marchands de
vin débordant l'avenue vous en donnent
le mot. Les fêtards du pain d'épice vien-
nent s'y reposer. Ils boivent. Vous regar-
dez un des verres vidés. Il est d'un bleu
trouble, sale, écœurant.
Vous vous en allez en songeant que,
chez l'homme, physique et moral s'influen-
cent et que la santé est, en un certain sens,
une garantie de moralité. Tout se tient.
Dans une bonne action ou une belle pen-
sée, il y a beaucoup 'de saine nourriture.
Dis-moi ce que tu bois et manges et je te
dirai ce que tu es.
Dans ses notes sur l'Angleterre, Taine,
cherchant à déterminer le caractère des
Anglais, n'a garde de négliger leur alimen-
tation. Les végétariens prétendent, et je le
crois, qu'à priver l'homme de viande on
atténuerait sa férocité. Ainsi, la falsifica-
tion alimentaire, — car le vin n'est pas
seul à être sophistiqué, — s'exerçant sur
les Parisiens pauvres, est susceptible
d'envenimer leur naturel. Supposez une
révolution, me disait un médecin de mes
amis. Il se commettrait telles atrocités
qu'on mettrait sur le compte de la fureur
de parti. J'y reconnaîtrais, moi, l'alcoo-
lisme.
La permanence des qualités de la race,
voilà donc ce que la sophistication met en
danger. Le vin est pour beaucoup dans
notre caractère. Le vin de France a de
l'esprit. Il en donne à ceux qui le boivent.
Nous lui devons en partie ou plutôt nous
lui dûmes notre enjouement, notre affabi-
lité, la clarté, la limpidité de notre juge-
mont. Le vin a une âme, une âme bonne,
généreuse, réconfortante. A ce propos je
pense à la belle pièce de vers de Beaude-
laire qui commence ainsi : « Un soir l'âme
du vin chantait dans les bouteilles. » Si
j'invitais à ma table deux ennemis pour
les réconcilier, je compterais surtout sur
le vin, le sachant incontestable, honnête.
C'est si salutaire de se dire : « Voilà un
vin dont l'origine m'est connue. J'en ai
l'acte de naissance dans ma mémoire. J'y
revois le coteau, la terre, la bonne terre
d'où il est sorti. » Ne prenez pas cette
réflexion-là pour l'égoïste satisfaction
d'homme qui a son confortable. Non.
C'est que le vin, là, sur la table, est comme
un commensal qui vous met mal à l'aise,
si vous ignorez qui il est, d'où il vient.
Confiance et défiance sont contagieuses.
Le scepticisme quotidien de la bouteille
est le commencement de tous les scepti-
cismes. On n'est pas porté à douter des
autres hommes quand on ne doute pas de
la véracité des bouteilles et des plats.
Peut-être est-ce pour cela qu'en province
on croit à la réalité des choses. On y boit du
vrai vin et, ce qui est triste à avouer, on
en a trop à boire. Oui, pendant qu'on sert
aux Parisiens du vin imposteur, il y a, bien
loin, dans le Midi, des caves pleines dont
le contenu se morfond. Le livre de M. Ma-
yet vous l'apprendra. Eh bien, direz-vous,
que sur Paris on l'expédie I Impossible.
Même acheté à vil prix et vendu au qua-
druple il ne donnerait pas à nos grands
fournisseurs de gosier le gain que le vin
frelaté leur donne. Quel contraste entre
les passe-temps des hommes ! L'un en-
seigne ses contemporains; l'autre les
amuse; celui-ci les protège; celui-là les
soigne, Chacun d'eux est utile A tou,
cependant qu'un autre s'ingénie à leur tri.
patouiller l'estomac.
Du temps que j'habitais le Midi, il me
souvient d'un propriétaire vigneron qui
avait son mas tout à côté de la ligne
du chemin de fer qui communique de
France en Espagne. De sa porte il voyait
se succéder trains de voyageurs et trains
de marchandises. Ceux qui venaient d'Es-
pagne en France étaient chargés, à jour,
de futailles pleines à destination de Paris.
Son vin à lui, son vin était là qui dormait
inutile derrière le mur de sa maison. Ce
vin qui aurait égayé, fleuri une imagina-
tion, ce vin précieux, ce vin délaissé, inu-
tile, pendant que les trains porteurs d'exo-
tiques mixtures allaient toujours, c'était
votre crime rendu saisissant, empoison-
neurs, détracteurs du bon vin de Francet
Edouard Conte.
Le PetitChàteauneuf-du-Papc, malgré la mo-
destie de son titre, est digne de figurer parmi
les meilleurs crus, à cause du fin bouquet qu'il
acquiert en bouteilles. Le propriétaire des Fi-
nes-Roches, à Châteauneuf-du-Pape l'expédie
au prix de 135 francs la pièce de 225 litres.
LES AFFAIRES DE CHANTAGE
Les interrogatoires
L'instruction a repris avec activité hier.
M. Dopffer a entendu divers témoins et plu-
sieurs des détenus.
Parmi ces derniers, MM. Camille Dreyfus,
Canivet et Heftler ont été successivement in-
terrogés par le juge d'instruction,
Convocations de témoins
Les témoins convoqués hier après midi ap-
partenaient tous à la presse et il est à noter
que M. Dopffer a entendu particulièrement
ceux de nos confrères qui, au lendemain des
bruits de chantage Allez, étaient allés inter-
viewer MM. Allez père et fils.
A ce propos, les Débats roses se croient en
mesure de résumer les auditions d'hier en
déclarant que « ces témoins se sont rejeté
mutuellement la responsabilité des rensei-
gnements publiés et que le juge ne se trouve
pas plus avancé qu'au premier jour ».
D'après le Soir, cette information s,erait
inexacte.
Ce qu'il y a de certain, c'est que M. Dopffer
n'a encore aucune preuve venant nettement
confirmer l'exactitude des histoires de chan-
tage qui ont circulé à propos de l'affaire Al
lez.
L'instruction des affaires de cercles est at
contraire très avancée.
L'affaire du « Petit Lyonnais »
Le parquet a repris contre MM. Portalis eri,
Girard l'instruction ouverte au sujet de faits
délictueux qu'ils auraient commis dans la
gestion de la société du Petit Lyonnais.
L'affaire de Levallois-Perret
- M. Clément a arrêté hier, sur mandat do
M. le juge Meyer, M. Charles Mirande, direo-«
teur du Républicain de Levallois-Perret.
Cette arrestation serait motivée par des
plaintes de la part de l'autorité comnèunale,
de plusieurs commerçants et d'un conseiller
municipal de Levallois.
Tous l'accusent d'avoir profité de sa situa-
tion pour leur extorquer les fonds, soit en
les obligeant à faire des annonces pour s'évi-
ter des articles désagréables dans son jour-
nal, soit en les menaçant d'articles du même
genre s'ils ne lui accordaient pas une part
des bénéfices dans les entreprises ou travaux
qui pouvaient leur être confiés.
M. Mirande aurait été attaché à un journal
de Nice.
LE GENERAL TCHERKOW
Au Sénat
Le général Tcherkow a rendu visite liiei
à onza heures au président du Sénat.
Il était accompagné du capitaine d'artillerie
Pauflin de Saint-Morcl,officier de l'état-major
du général de Boiïdeffre.
Les honneurs lui ont été rendus, à son ar-
rivée et à son départ, par - une compagnie du
130e d'infanterie, commandée par le capitaine
Wavrin. - - -
Au moment où le général Tcherkow, en
grande tenue, est descendu de v. ilure, les
clairons ont sonné et les tambours ont battu
aux champs ; les officiers ont salué, les sol-
dats ont présenté les armes. -
Après avoir rendu le salut militaire, le gé-
néral Tcherkow, reçu au bas du perron p ,r
M. Hustin, chef du cabinet du président du
Sénat, a été conduit dans le grand salon où
se tenait M. Cballemel-Lacour, ayant à se3
côtés M. Didier, chef du secrétariat général
de la présidence, et M. le colonel Blanchot,
commandant militaire du palais.
Le général Tcherkow et lo président d'i
Sénat se sont entretenus pendant vingt mi-
nutes avec la plus grande cordialité. Après
quoi l'ambassadeur du tsar est rentré à l'hôte'
Bristol.
Le déjeuner au Continental 4
A midi, un déjeuner de 85 couverts a été
offert à l'hôtel Continental au général Tcher-
kow par le général de Boisdefire, chef de l'é-
tat-major général de l'armée.
A l'arrivée de l'ambassadeur extraordinaire
du tsar Nicolas, la musique du 131e de ligne
a joué l'hymne russe.
Parmi les invités se trouvaient le général
Mercier, ministre de la gaerre, le comte
Chouvalow, aide de camp du général Tcher-
kow, l'amiral Gervais, le général de Négrier,
M. de Giers, le baron Freedericksz, le comte
de Bourqueney, directeur du protocole et M.
Mollard, chef-adjoint, le général Berruyer,
chef de la maison militaire du président de
la République, le capitaine de frégate Germi.
net, aide de camp du président, et tous lea
membres de l'ambassade extraordinaire char-
gée de représenter la France aux obsèques
d'Alexandre III, le général Rau, M. Nisard,
directeur au ministère des affaires étrangè-
res, M. Jusserand, directeur des consulats,
tous les généraux et officiers supérieurs da
l'état-major général de l'armée.
Pendant le déjeuner, la musique du 131e a
fait entendre les meilleurs morceaux de son
répertoire.
Au Champagne, le général de Boisdeffre a
pris le premier la parole; il a souhaité la
bienvenue au général Tcherkow, ajoutant
que le président de la République avait seul
qualité pour porter le premier la santé de
S. M. le tsar Nicolas IL
Après le général de Boisdeffre, le général
Mercier a bu, au nom de l'armée française,
à la santé du général Tcherkow.
Le général russe a remercié avec une viva
émotion du charmant accueil qui lui avait étl
fait en France.
Dana l'après-midi
Dans l'après-midi, le comte de Bourqueney
directeur du protocole. accompagné dQ 00.
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