Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-12-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 décembre 1894 27 décembre 1894
Description : 1894/12/27 (A24,N8382). 1894/12/27 (A24,N8382).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — N# 8,38fc .
RÉDACTION ET IDlflrSTRITrON
1 42, Rue Montmartre
PARIS
ANNONCES
Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cil
6, place de la Bourse, 6 S
ABONNEMENTS
Paris Trois lois, 61.; Si lois, fi f.; ci 11,20 L
Départements — 71; - i2 f.; — 24L
Union Postale — 9f^ — 16 f.; 32
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tous les Boréaux de Poste.
Adresse télégraphique : XIX- SIÈCLE - PARIS
Téléphone: 20.289 bis.
Nous commençons aujourd'hui la
publication de
LA CROISADE NOIRE
PAR
M. L. GAGNEUR
Cette œuvre, qui est à la fois roman
de mœurs et roman dramatique, est
destinée, nous en sommes certains, à
intéresser très vivement nos lecteurs.
Les situations captivantes y abondent.
Dans
LA CROISADE NOIRE
l'auteur a su maintenir du début au
dénouement un intérêt toujours crois
sant. A aucun moment, le lecteur ne
cesse d'être sous l'impression d'une cu-
riosité constamment tenue en éveil ou
d'une émotion poignante.
La Justice COllllllerciale
Le fonctionnement des tribunaux de
commerce n'intéresse pas uniquement les
innombrables patentés. Quiconque,même
non commerçant, appose son nom sur
un billet où un commerçant a éga-
lement mis sa signature est justiciable
de leur juridiction; les contestations
entre employés et patrons sont aussi
portées devant les juges consulaires. La
question est donc d'ordre général et
ne touche pas seulement les négo-
ciants.
Dans les petites villes, où chacun se
connaît, la juridiction commerciale con-
serve généralement le caractère familial
qui est sa principale raison d'être et qui
fait passer sur les autres inconvénients
qu'on lui reproche. En est-il de même
à Paris ? Le mode de recrutement réa-
lise-t-il le but de cette institution?
Le tribunal de commerce vient pré-
cisément de subir son important renou-
vellement biennal. Les élections por-
taient sur le président, 12 juges titulai-
reset 13 juges suppléants.
Les électeurs consulaires sont au
nombre de 45,577; les votes exprimés
ont été de 2,038, et le président, l'hono-
rable M. Dervillé, a été élu, ou plutôt
réélu, au second tour de scrutin, par
2,036 voix. Les juges ont recueilli entre
2,012 et 2,044 voix. On voit que les
95 centièmes du corps électoral restent
absolument indifférents au résultat et
que l'investiture des magistrats consu-
laires ne leur est donnée que par moins
de 5 0/0 des électeurs. Nous n'en vou-
lons pas conclure que le choix des can-
didats et l'élaboration des listes sont
défectueux.
Cet abstentionnisme regrettable n'est
nullement voulu : il résulte de la trop
vaste étendue du collège électoral. Le
périmètre démesuré de la circonscrip-
tion empêche que les candidats soient
personnellement connus des électeurs,
précisément dans une élection où la
personnalité du candidat peut seule
déterminer le vote; d'autre part, pas
de ces programmes contradictoires, pas
de ces questions passionnantes qui en-
traînent l'électeur dans une lutte où, la
personne du candidat n'est rien, où le
drapeau est tout. Il est donc naturel
que l'électeur ne se dérange pas. C'est
la force des choses et non une hostilité
contre les candidats qui éloigne l'élec-
teur des urnes.
Il est certain qu'une institution offre
un côté défectueux et ne répond pas
aux besoins en vue desquels on a cru
la créer, lorsqu'elle rencontre une in-
différence poussée à un tel degré.
Quel est le remède? Un député de nos
amis élabore un projet qu'il a bien
voulu nous communiquer et dont les
grandes lignes nous paraissent sédui-
santes.
Il crée pour la banlieue quatre tri-
bunaux de commerce : Saint-Denis,
Neuilly, Sceaux, Vincennes. Pour Pa-
ris, six tribunaux. Prenons pour exem-
ple l'une de ses circonscriptions: elle
comprendrait les neuvième, dix-sep-
tième et dix-huitième arrondissements.
L'auteur du projet fait remarquer
tout d'abord que chacune des circons-
criptions projetées compterait cinq ou
six fois plus de justiciables qu'une cir-
conscription normale de province. Il
ajoute que cette division peut se faire
sans inconvénient, puisque, en matière
de justice, il n'y a pas de groupement
pouvant avoir des intérêts communs:
« Ce qu'il faut demander à une circons-
cription judiciaire, c'est que le tribunal
soit situé de manière à éviter les longs
déplacements et, si les juges sont éligi-
ble$,qu'ils puissent être choisis en pleine
.-- - - * -
connaissance de cause par le corps
électoral. »
Il ne serait d'ailleurs nullement né-
cessaire de faire des dépenses d'instal-
lation. Les affaires sommaires, les pe-
tites réunions de créanciers, les délibé-
rés trouveraient place dans les salles de
justices de paix actuelles, ou dans les
salles de mairies, au grand contente-
ment des justiciables. Cela désencom-
brerait d'autant le Palais du Commerce.
Seules, les audiences de grand rôle
seraient tenues au Palais, comme
maintenant, mais avec plusieurs salles
d'audience et par plusieurs tribunaux.
L'auteur du projet s'attache à mettre
en relief les avantages suivants :
L'augmentation du nombre des juges
leur permettrait non seulement de juger,
mais d'instruire l'affaire par eux-mêmes
sans recourir aussi souvent à des ren-
vois devant arbitres qui devraient être
l'exception et qui sont la règle géné-
rale;
Le justiciable se familiariserait da-
vantage avec le prétoire; il s'explique-
rait plus souvent lui-même et ne se
croirait pas obligé d'avoir recours à des
défenseurs; :
L'amoindrissement du rôle des. arbi-
tres et autres intermédiaires se tradui-
rait par de grandes économies de temps
et d'argent.
Bref, en rapprochant l'électeur de
l'élu,en multipliant le nombre des juges,
on réaliserait mieux que maintenant
l'idéal de la justice consulaire. Elle se-
rait plus familiale, plus rapide et moins
coûteuse.
Elle serait dans la Seine ce qu'elle
paraît être dans les autres départements.
- Harry.
LE DUEL BARTHOU-JAURÈS
Nous recevons communication des procès-
verbaux suivants :
A la suite de l'incident qui s'est produit dans la
séance du 24 décembre 1894, entre M. Jaurès, dé-
puté du Tarn et M. Barthou, ministre des travaux
publics, M. Jaurès se trouvant offensé par les pa-
roles à lui adressées par M. Barthou, a chargé MM.
René Viviani et G. Rouanet, députés, de lui
demander réparation par les armes.
M. Barthou a chargé M. Lavertujon, député de
la Haute-Vienne, et M. Lafont, député des Basses-
Pyrénées, de le représenter.
Les quatre témoins sont tombés d'accord pour
juger qu'une rencontre était inévitable.
L'arme choisie est le pistolet de tir, à vingt-cinq
pas et au commandemènt. Deux balles devront
être échangées.
Fait à Paris, le 24 décembre 1894. -
Pour M. Barthou :
LAVERTUJON,
LAFONT.
Pour M. Jaurès :
R. VIVIANI,
G. ROUANET.
Conformément au procès-verbal ci-dessus, une
rencontre entre MM. Barthou et Jaurès a eu lieu
aujourd'hui, dans le parc de Saint-Ouen, à 10 h. 1/2
du matin.
Deux balles ont été échangées sans résultat.
Fait à Saint-Ouen, le 25 décembre 1894.
Pour M. Barthou :
LAVERTUJON,
LAFONT.
Pour M. Jaurès :
R. VIVIANI,
G. ROUANET.
MM. les docteurs Reclus et Dubois, con-
seiller municipal, assistaient MM. Barthou et
Jaurès.
L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE
NE PREND PAS DE VACANCES
L'Ecole polytechnique sera privée cette an-
née de congés du Jour de l'An. Et ce qui rend
la chose curieuse, c'est que ce sont les élèves
eux-mêmes qui refusent de prendre les congés
qu'on leur accorde.
L'administration de l'Ecole ayant décidé
de garder pendant la durée des congés régle-
mentaires une certain nombre d'élèves, une
vingtaine environ, comme n'ayant pas suffi-
samment travaillé et ayant des moyennes
d'examen insuffisantes, les deux promotions
ont, d'un commun'àc&ord, décidé de partager
la punition infligée à quelques camarades.
Ceci ne doit étonner personne, après les
preuves nombreuses et bien connues de so-
lidarité données par les élèves ou ancien élè-
ves de Polytechnique, et dont les fêtes du cen-
tenaire de l'Ecole célébrées en mai dernier ont
fourni encore de nombreux et touchants
exemples.
FRANÇOIS-JOSEPH EN ITALIE
, -41
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, 23 décembre.
L'empereur François Joseph fera au mois de
février un voyage dans la Haute-Italie, mais il évi-
tera de voir le roi d'Italie.
Son but est de faire une visite de condoléance
à l'impératrice douairière de Russie qui ira à cette
époque à Menton.
LE COLONEL LAUREL
ET L'AFFAIRE DREYFUS
Un de nos rédacteurs a rencontré le colonel
Maurel à la fête de l'arbre de Noël des en-
fants de la Société des Alsaciens-Lorrains de
Le vallois-Perret.
Notre collaborateur l'ayant entretenu de
l'affaire Dreyfus, le président du 1er conseil
de guerre lui a fait cette laconique réponse :
« Puisque vous me parlez du procès Drey-
fus, je vous dirai qu'il est bien pénible de
présider les débats d'une pareille affaire.
» Pour ce qui est de la peine infligée à Drey-
fus,le conseil a fait son devoir. S'il lui avait
été possible d'appliquer une peine supérieure,
cela eût été plus d'accord avec les sentiments
des officiers qui le composaient. »
LE CHEMIN DE FER DE LAG-SON
Hanoï, 25 décembre.
Le chemin de fer de Lang-Son a été inau-
guré hier en grande pompe par M. de Lanes-
san, gouverneur général de l'Indo-Chine.
Le premier train qui a ouvert la ligne et
dans lequel se trouvaient de nombreux invi-
tés a effectué le trajet d'une façon parfaite.
Une grande fête a eu lieu à Lang-Son à cette
occasion. M. de Lanessan a constaté la paci-
fication complète de cette région, la réussite
de cette entreprise et l'immense avenir des
voies ferrées au Tonkin.
Sur tout le parcours, des ovations ont été
faites par une foule nombreuse. :
LE BUDGET DE LA POLICE
CONSÉQUENCES FINANCIÈRES
DE SES REJETS
Un intéressant rapport de M. Georges
Villain. — Résultats des conflits bud-
gétaires entre la préfecture de po-
lice et le conseil municipal. —
Huit millions d'augmenta-
tion en dix ans !
Le conseil municipal et le préfet de po-
lice qui étaient brouillés depuis quelque
dix ans se sont raccommodés l'an dernier.
Ce mariage, après divorce, n'eut pas l'amour
pour artisan. Ce fut un mariage de raison, et
même d'intérêt, s'il en faut croire M. Georges
Villain, rapporteur général du budget de la
police.
A la suite de quelles circonstances les re-
présentants de la population parisienne
avaient-ils pris l'habitude de ne plus voter le
budget de la police? Quel fut le prétexte de
la rupture avec M. Lozé ? Quelle raison invo-
qua-t-on pour lier conversation et entrer en
relations officielles avec son successeur M.
Lépine ? Ce sont là faits connus de tous les
Parisiens qui s'occupent un tant soit peu de
l'histoire de la grande cité.
En esprit curieux, M. Georges Villain s'est
donné la tâche de rechercher quels ont été les
résultats des conflits budgétaires At finaacioro
soulevés pai le conseil municipal. Ils n'en ont
eu d'autres, affirme-t-il après examen, que de
consolider, si possible, au point de vue con-
tentieux, les droits de l'Etat vis-à-vis de la
Ville de Paris.
Et M. Villain nous montre le budget de la
préfecture de police grossissant, en effet, d'an-
née en année depuis 1881, par une naturelle
conséquence de l'attitude intransigeante de
l'assemblée communale.
Dès lors, ce budget était incompressible,
en ce sens que le conseil municipal ne pou-
vait réduire, sans l'assentiment du préfet de
police, les dépenses qualifiées obligatoires, —
en fait c'était tout le budget, à 3 ou 4,000 fr.
près, - et le préfet de police, devant les votes
systématiques du conseil, loin de réduire les
crédits, les portait à leur msximum légal ;
témoin les inscriptions supplémentaires
faites d'office en janvier 1885, au lendemain
du premier rejet ea bloc du budget.
Mais, par contre, explique M. Villain, ce
même budget était extensible: d'une part,
parce que le préfet de police, en vertu de l'ar-
rêté consulaire de l'an VIII, pouvait, s'il le ju-
geait utile,--augmenter l'importance de ses
services, et d'autre part, parce que le conseil
municipal ne s'était pas interdit la faculté de
voter, tantôt spontanément, tantôt sur l'ini-
tiative du préfet de police, des dépenses nou-
velles pour des services nouveaux ou pour
l'extension de services anciens.
HUIT MILLIONS D'AUGMENTATION
EN DIX ANS
Or, les crédits votés par le conseil munici-
pal au cours des années 1884-1893 forment un
ensemble qui n'a rien de négligeable. On en
jugera par le tableau suivant :
EXKR- PARTIES vOTÉES PART. INSCRITES
CICES par ENSEMBLE
cicfcb le Conseil d'office
- - - -
1884.. 23.416.349 03 734.424 » 24.150773 03
ld85. 422.706 » 24.157.118 56 24.579.824 56
1886.. 2,275.2-19 95
1886.. 2.275.279 95 22.757.127 53 25.032.407 48
1887. 2.306.656 95 23.054.728 » 25.361.384 95
1888.. 2.562.851 99 22.960.428 » 25.523.279 99
1889.. 2.724.574 90 23.607.038 75. 26.331.613 65
1890.. 2.991.071 60 23.353.764 » 26.344.835 60
1891.. 2.998.516 81 24.185.753 » 27.184.269 81
1892.. 2.983.391 09 24.203.613 » 27.187.004 09
1893.. 2.918.064 56 27.280.054 40 32.198.128 96
On voit quelles sommes importantes le
conseil municipal votait en cours d'exercice
alors qu'en un seul jour de l'année, au cours
de la discussion du budget de la Ville de
Paris, il écartait d'une main résolue ce bud-
get de la police qu'il n'aurait su voir !
Ces crédits supplémentaires se sont élevés
eh 1888 à 701,106 francs; en 1889, à 1,302,417
francs; en 1890, à 297,838 francs ; en 1892, à
1,470,138 francs.
Il convient de rappeler que, depuis l'exer-
cice 1886, le conseil a créé deux catégories
dans le budget de la préfecture de police : la
partie qu'il vote (sapeurs-pompiers, labora-
toire municipal et commission des cochers)
et la partie qu'il rejette (autres services de la
préfecture).
« Mais ces disjonctions opérées, ajoute M.
Villain, on voit qu'il reste encore, chaque
année, un fort contingent de dépenses sup-
plémentaires votées.
» Si, dans ces crédits, il en est qui concer-
nent des dépenses accidentelles, tels, par
exemple, les 640,000 francs votés en 1889 pour
indemnités aux agents de la préfecture pen-
dant la durée de l'Exposition, tels encore les
115,800 francs nécessités en 1884 par l'épidé-
mie cholérique, il en est aussi qui sont affé-
rents à des dépenses permanentes et qui s'in-
corporent définitivement au budget.
» C'est ainsi que si l'on compare le budget
de 1893, en cours d'exercice, au budget de
1884, le dernier voté dans son ensemble par
le conseil municipal, on trouve que, sur les
8 millions de francs d'augmentation, 5,140,000
francs environ, soit plus de 64 0/0, ont été
votés 'au cours de ces dix ans par le conseil
municipal. Les crédits nouveaux inscrits
d'office au budget de la ville de Paris par
décret du ministre de l'intérieur, à la de-
mande du préfet de police, ne se chiffrent que
par 2,880,000 francs environ, et encore, dans
ce total, se trouvent les 2,810,000 francs né-
cessités par la création des 1,250 nouveaux
gardiens de la paix ou inspecteurs de police,
laquelle a été imposée par le décret du 16 août
1892. »
CONCLUSIONS DE M. VILLAIN
Entre quels chapitres principaux se répartit
cette augmentation?
On remarque pour l'administration centrale
une différence en plus de 202.694 francs et de
66.600 francs pour les commissariats de po-
lice, de 47.400 pour le service de salubrité des
garnis, de 86.548 pour le laboratoire de chimie
et de 125.827 francs en faveur des halles et
marchés. Les deux grosses augmentations
portent sur la police municipale, dont les dé-
penses ont sauté de 17 à 24 millions en neuf
ans, soit 7 millions de plus, et sur les sa-
peurs-pompiers dont les crédits ont été portés
de 2*813.930 francs à 2.609.314 francs ce qui
acéiLse 295.383 francs de nouvelles dépenses.
Si l'on déduit de l'augmentation globule de
8,024,699 fr,, la contribution obligatoiifc qui
y figure pour 2,885,000 fr., il reste 5,139,800
francs de dépenses permanentes votées par le
conseil municipal.
Voilà, d'après M. Georges Villain, les ré-
sultats financiers de la politique de rejet sys-
tématique du budget de la préfecture de po-
lice..
« Est-il logique, se demande-t-il, qu'une
» majorité, composée des mêmes éléments,
» vote le budget de police au départemental,
» le repousse au municipal, vote des centai-
» nes de mille francs au budget supplémen-
» taire, après étude préalable et examen des
crédits et repousse en bloc les millions du
»» budget sans même en examiner les dé-
» tails ? »
M. Georges Villain appartient à la fraction
modérée des républicains du conseil. Ses
conclusions pourront paraître excessives à
quelques esprits. Il n en est pas moins vrai
que les chiffres qu'il fournit, les constatations
relativement à l'accroissement des dépenses
de la préfecture de police pendant la période
où ce budget fut rejeté en bloc par nos édiles,
sont de nature à forcer l'attention et à faire
réfléchir sur les conséquences de cette poli-
tique.
LE GÉNÉRAL TCHERKOW A L'ÉLYSÉE
Le président de la République a reçu hier
à deux heures, en audience solennelle, le
général Tcherkow, ambassadeur extraordi-
naire de Nicolas II, venu pour remettre au
président la lettre autographe de l'empereur
e Russie lui notifiant son avènement au
trône.
La garde d'honneur était fournie par un
bataillon du 74e de ligne avec musique et dra-
peau, commandé par le colonel Abna.
Les soldats se sont mis sur deux rangs
tout autour de la grande cour, le drapeau à
droite du perron. La musique a été placée
sous la véranda. Les marches du perron
étaient occupées par des soldats de la garde
du palalS.
Au dehors, une foule considérable, main-
tenue par des gardiens de la paix, a envahi
les trottoirs et les maisons pour saluer le
représentant du tsar Nicolas.
A deux heures précises, le cortège arrive à
l'Elysée. L'escorte est formée par un escadron
du premier régiment de cuirassiers.
Le général Tcherkow est dans un landau
de gala du président de la République, avec
le comte de Bourqueney, directeur du proto-
cole, en grand uniforme.
Le général porte un superbe costume avec
le bonnet d'astrakan blanc à ornements
rouge et argent.
Dans une seconde voiture ont pris place le
comte Schouvalow, en uniforme blanc de che-
valier-garde, avec le casque surmonté d'un
aigle d'or, le capitaine Pauffin de Saint-Morel
et M. Mollard.
Les tambours et clairons battent et sonnent
aux champs. Puis la musique joue l'hymne
russe. Les soldats présentent les armes et les
officiers saluent de l'épée. Le général russe
répond aux saluts en tenant la main à sa
coiffure.
A sa descente de voiture, l'ambassadeur
extraordinaire a été reçu par le commandant
Moreau et le capitaine Bouchez, commandant
le palais, et conduit dans un salon du rez-de-
chaussée.
Le général Tcherkow a remis d'abord au
président, en s'inclinant profondément devant
lui, la lettre autographe du tsar Nicolas II.
Cette lettre était dans une enveloppe de for-
mat ordinaire, scellée et entourée d'un large
filet noir.
Le général s'est exprimé en ces termes :
Monsieur le président,
Mon Auguste Maître, Sa Majesté l'empereur Ni-
eolas Il de Russie, a daigné ma charger de vous
apporter cette lettre.
L'empereur m'a donné l'ordre en même temps de
vous réitérer combien il est sensible à l'expression
unanime de sympathie que la nation française a
témoignée à la memoire de Son Auguste père, com-
bien il est ému des touchantea condoléances qui
sont venues de France soulager sa poignante af-
fliction.
Mon souverain m'a aussi recommandé de vous
transmettre, monsieur le président, ses remer-
ciements les plus chaleureux pour la vive part
que vous avez personnellement prise au malheur
qui a frappé l'empereur et la Russie entière.
Le président de la République a répondu :
Monsieur l'ambassadeur,
Je suis heureux de recevoir de vos mains la
lettre que votre Auguste Souverain vous a donné
mission de me remettre. Je prie Votre Excellence
de remercier Sa Majesté l'empereur de vous avoir
désigné pour être auprès du gouvernement de la
République l'interprète des pensées que vous venez
d'exprimer.
Si les pouvoirs publics et la nation entière se
sont associés au deuil de la famille impériale et
de la Russie, c'est avec une fidélité non moins sin-
cère que partent de France des vœux ardents pour
Sa Majesté l'empereur Nicolas II.
Vous voudrez bien en donner l'assurance à Votre
Auguste Souverain.
Les discours échangés, le président de la
République a présenté tous ceux qui l'entou-
raient au général Tcherkow, puis, du salon
doré où avait lieu l'audience, il est passé dans
le salon de l'hémicycle, où l'ont suivi le géné-
ral russe et M. Charles @ Dupuy, président du
conseil, présent à la cérémonie.
Cet entretien particulier a duré vingt mi-
nutes.
A deux heures et demie la réception était
terminée et la musique, au départ, a joué en-
core l'hymne russe.
LE PRIX ACHILLE LECLÈRE
C'est jeudi prochain, à quatre heures, qu'ex-
pire le délai du dépôt des esquisses pour le
prix Achille Leclère au secrétariat de l'Ins-
titut.
On sait que le sujet du concours était le
pavillon pour les produits de la manufacture
de Sèvres.
L'édifice projeté, de dimensions considéra-
bles, doit comporter des salles et des galeries
spécialement aménagées pour faire valoir les
objets exposés, c'est-à-dire les collections des
modèles anciens et celles des modèles nou-
veaux.
Précédé d'un vestibule, ce pavillon doit con-
tenir, outre les salles d'exposition, un ou
deux salons pour y recevoir le chef de l'Etat
et les personnages officiels.
Une enceinte ingénieusement combinée doit
mettre à l'abri de tout danger les précieuses
collections sur lesquelles des gardiens de
l'administration veilleront nuit et jour.
Il doit y avoir aussi une salle de réunion
pour le jury et quelques dépendances clas-
sées dans les soubassements.
La décoration de l'édifice doit être riche,
de bon goût. Elle doit comporter l'emploi de
marbres précieux, de sculptures, de repré-
sentations sur émail et sur faïence de diffé-
rentes compositions décoratives racontant
l'histoire du travail et expliquant la fabrica-
tion de la céramique.
Le terrain mesurera, tout compris, 80 mè-
tres dans sa plus grande dimension.
Le jugement des esquisses aura lieu le sa-
medi 29 décembre prochain.
On sait que pour être apte à concourir il
faut être Français et n'avoir pas atteint sa
trentième année le jour de la publication du
programme.
ff" ,.
LA RAGE
Glasgow, 25 décembre.
Huit personnes qui avaient été mordues par un
chien enragé sont parties ce soir pour l'Institut
Pasteur aux frais du conseil municipal.
LVIEDEPARIS
j
Paris a réveillonné, la nuit de lundi,
avec assez d'entrain. Les statisticiens qui
savent tout, sans savoir toujours tirer
parti de leur science, vous diraient com-
bien on a mangé d'aunes de boudin avec
ou sans oignon et de combien de litres de
vin blanc on a humecté ledit boudin, lourd
aux plus robustes estomacs. Les curieux
pourraient ajouter à ce renseignement des
détails sur les différentes victuailles qui
sont d'usage chez les divers peuples pen-
dant le souper du réveillon : le plum-pud-
ding à la graisse chez les Anglais, le gâ-
teau à l'huile (la pompe) chez les Proven-
çaux, les choux frits à Rome, etc., etc.
Pour moi, je me réjouis plus simplement
de voir persister une des traditions du
passé, rompant avec la monotonie plate de
nos mœurs, d'où s'en vont trop, chaque
jour, les usages pittoresques, les traditions
de toute sorte. La correcte monotonie de
nos existences tourne en ennui. Tout ce
qui la brise m'est agréable.
Je sais bien que de grands philosophes,
peu indulgents pour les croyances popu-
îairoo ot pour Iaq n «sagas qui en naissent,
font observer, avec la logique dont ils
sont fiers et avec la superbe de leur raison,
que si on ne croit pas que Jésus soit un
dieu, il est absurde de célébrer l'anniver-
saire de sa naissance d'une si éclatante
façon, et que si on est persuadé de sa di-
vinité, c'est une façon un peu singulière
de rendre hommage à un dieu que de
courir les restaurants de nuit et de ré-
veillonner parfois en compagnie de de-
moiselles particulièrement aimables au
dessert.
A première vue, cette façon de parler et
de raisonner semble défier la contradic-
tion et devrait conduire, soit à la suppres-
sion du réveillon, du « gros souper »,
soit à son remplacement par de pieux
exercices. Mais, pour peu que l'on sache
ce que sont les usages, on verra que pres-
que toujours, dans la pratique, ils altè-
rent l'idée de laquelle ils sont nés, tout en
gardant l'essentiel de cette idée, conservée
d'une façon symbolique. Le réveillon,
même et surtout dans les conditions où le
pratiquent nos jeunes gens et nos jeunes
femmes, est une manifestation de joie.
Or, l'idée-mère du christianisme, c'est
la joie que l'humanité a dû éprouver à la
naissance du Sauveur. Donc les libations,
le boudin et le reste deviennent à leur
tour, par le symbole, des choses parfaite-
ment logiques et rien n'est plus raisonna-
ble que leur folie même. Quand il en se-
rait autrement, je serais encore parti-
san du réveillon, comme de tout ce
qui nous fait oublier, fût-ce pour une
heure et sous n'importe quel prétexte, les
tristesses, les ennuis et les dégoûts de nos
existences 1
C'est à ce point que je regrette beaucoup,
pour nos enfants, que l'usage des crèches
soit tombé en désuétude. Autrefois, sur-
tout en Provence, toutes les fois qu'il y
avait des enfants dans une maison, il y
avait une crèche. Il y en avait encore dans
la maison de Voltaire, qui avait l'esprit de
ne pas être intolérant. Cette crèche, on
l'établissait dans l'angle du salon ou de la
chambre, en des espèces de boîtes arran-
gées comme un théâtre, avec un décor
de branches.
Devant, on faisait une belle illumination
de bougies, comme dans l'arbre de Noël,
autre usage charmant et que je vois per-
sister avec plaisir, symbole du renouveau
de l'humanité comme du renouveau de la
nature, malgré l'hiver. La crèche repré-
sentait la naissance de Jésus à Bethléem,
selon la tradition. On y voyait l'enfant
divin, la Vierge, Joseph, les pasteurs qui
venaient saluer le messie des humbles et
des souffrants et les rois mages., les étran-
gers, dont le roi nègre d'Abyssinie, aftlr-
mant mystiquement et symboliquement
la catholicité de sa mission. Puis, élément
essentiel du drame, l'âne et le bœuf entre
lesquels était couché Jésus.
Tous ces personnages, dans notre Midi,
étaient représentés par des figurines colo-
riées, en terre, qui étaient l'œuvre de très
ingénieux artistes italiens. On les appe-
lait les santons (santoni, les gros saints)
ou bien santibelles (santi belli, les beaux
saints). Quinze jours avant la Noël, à
Marseille, une foire était ouverte où l'on
venait s'approvisionner de santibelles de
toutes lés parties de la Provence.
Dans les villages pauvres, chez les ber-
gers des montagnes, on s'associait, on se
syndiquait pour avoir une crèche com-
mune, où tous les enfants du village ve-
naient et mettaient un peu de rêve et
d'idéal dans leur âme. Ce commerce mar-
seilais et italien des santons était floris-
sant à ce point que, sur le cours Belzunce
où se tenait la foire, on comptait jadis
trois ou quatre cents boutiques de mar-
chands.
Je lis dans un journal que, cette année,
il n'y en avait pas plus de quatre ou cinq.
Qui sait si, l'an qui vient, on ne verra pas
la fin d'un usage qui, en mes jeunes
temps, me paraissait indestructible? Il est
vrai que cette année, à Paris, à l'hôtel
Mirabeau, on nous a montré une crèche,
une crèche artistique et superbe. Mais elle
est trop belle. La vraie crèche, c'est la
crèche populaire que l'enfant arrange et
orne de ses mains dans le pauvre logis qui
s'emplit d'une heure d'espérance et d'un
rayonnement de foi naïve !
Mon vœu le plus cher, c'est de voir ce
qu'on appelle avec orgueil « les supersti-
tions » justifier le mot superesse. Pour
moi, le progrès ne consiste pas du tout à
supprimer les cultes, mais à les tolérer
tous, en défendant et en dégageant de plus
en plus les idées morales éternelles qui
sont avilies derrière les théologies. L'hy-
pothèse de la divinité de l'Enfant Jésus
m'est indifférente. Mais l'idée que l'huma-
nité ne vaut quelque chose que par l'esprit
de sacrifice que le Christ symbolise m est
une idée chère. Et je la crois plus utile
aujourd'hui que jamais, alors que tant de
malheureux souffrent, n'ayant devant eus
que l'effroyable égoïsme des bourgeois ar-
rivés au pouvoir avec la richesse et par la
richesse !
Henry Fouquier.
L'EXPOSITION DE 1900
Le projet de MM. Thomas et de Tavernier
Parmi les projets pour l'Exposition de 1900
en ce moment exposés dans le palais de l'In-
dustrie, celui de MM. Thomas et de Taver-
nier mérite une mention particulière.
M. de Tavernier, qui dirige en artiste la
service des promenades, des plantations et de
l'éclairage de la ville de Paris, et M. Thomas,
architecte près le conseil de préfecture de la
Seine, ont fait leurs preuves. Il n'est pas be-
soin de les présenter.
Leur projet a l'avantage de réaliser un dou-
ble vœu de la population parisienne et de
toutes les personnes qu'intéresBe la future
Exposition universelle : il pare très heureuse.
ment la tour Eiffel, la rend presque mécon-
naissable en l'entourant d'un monument avec
lequel elle semble faire corps, monument
d'une architecture très élégante. Voilà pour le
premier vœu satisfait.
Le second est de pouvoir circuler et respirer
librement, dans l'enceinte de l'Exposition,
d'avoir, pour reposer les yeux, des jardins, dei,
promenades.
MM. Thomas et de Tavernier consacrent à
la verdure trente hectares. -
Du Champ-de-Mars ils font un vaste para
où toutes sortes de fêtes pourraient se donner.
Des pavillons exotiques, des restaurants et
des cafés y seraient installés. Ce serait le lieu
de délassement. La gaîté et les plaisirs s'y
donneraient rendez-vous.
— Mais ce sera un emplacement immense
enlevé aux exposants ? allez-vous dire.
Oui. Seulement MM. Thomas et de Taver.
nier, pour trente hectares qu'ils prennent, en
rendent plus de soixante. Oh ! bien simple-
ment : ils font une exposition à deux étages.
Ils relient le premier étage du palais de
l'Industrie au premier étage du l alais des
Beaux-Arts et des Arts-Libéraux et aux cons-
tructions des quais par un plan général de
circulation. Une partie de l'Exposition serait
suspendue et l'on traverserait la Seine à cette
hauteur respectable dans une sorte de grande
nacelle de fer qui ne serait pas une attraction
banale.
Enfin, ce qui vaut d'être signalé, ce projet,
utilisant une partie des constructions exis-
tantes, serait économique.
MM. Thomas et de Tavernier ont su faire
beau et pratique tout à la fois. Le résultat
n'est pas tellement commun qu'on puisse le
taire. — A. M.
LES TRAITRES
Le procès du capitaine Dreyfus. —. Let
prédécesseurs.
Le procès du capitaine Dreyfus a fait res- **'
sortir l'insuffisance de la loi applicable aux
cas de trahison. A l'heure même où le premier
conseil de guerre de Paris rendait sa décision,
la condamnation à mort d'un malheureux
tourlourou coupable d'impolitesse grave en*
vers un supérieur soulignait encore la beauté
du Code militaire.
Nous n'insisterons point sur cette question;
mais, en attendant que le capitaine Dreyfus
obtienne « par sa bonne conduite » le droit
de planter des choux hors de l'enceinte forti-
fiée dans laquelle on va lui imposer une villé-
giature provisoire, ii est assez intéressant de
remarquer que les traîtres célèbres, précur-
seurs de ce triste personnage, se sont, en géné-
ral, beaucoup mieux tirés d'affaire que lui.
LE TRAITRE CONDÉ
En première ligne, il faut citer le Grand
Condé, le plus illustre des Condés. A peine
âgé de vingt-deux ans, quand il reçut le com-
mandement des troupes chargées de repous-
ser les Espagnols de nos frontières du nord,
il débuta par la victoire de Rocroi, suivie de
celle de Fribourg et de plusieurs autres. Em-
prisonné à Vincennes pendant un an pour sa
participation à la Fronde, il se venge en pas-
sant à l'armée espagnole, à la tête de laquelle
il marche contre l'armée française commandée
par Turenne qui, d'ailleurs, lui inflige plu- "A
sieurs échecs.
Condamné à mort par contumace, il est -
bientôt rappelé-à la cour; on lui confie de
nouveau une armée. La postérité, aussi indul-
gente que ses contemporains, a continué à
l'appeler le Grand Condé.
LE CONNÉTABLE DE BOURBON
Avant lui, du reste, la famille de Bourbon
avait eu son traître, Charles, duc de Bourbon,
comte de Montpensier et de la Marche, qui,
après avoir fait ses prêmières armes à côté de
Bayard, avait reçu des mains de François 1er
l'épée de connétable. A la suite d'intrigues de
cour aussi variées que compliquées, le conné-
table offre son épée à Charles-Quint pour l'in-
vasion et le démembrement de la France.
Il commence par chasser les Français d'I-
talie et contribue à leur défaite àPavie. Mais,
berné par Charles-Quint, méprisé par les Es«
pagnoîs, il recrute une bande d'aventuriers
qui jurent de le suivre partout, « fût-ce à tous
les diables », et les mène sous les murs de
Rome où il est tué d'un coup d'arquebuse
tiré, dit-on, par Benvenuto Cellini.
Sa mémoire fut flétrie par arrêt du Parle..
ment, ses biens furent confisqués, et la porte
de son hôtel fut peinte en jaune, « couleur des
traîtres ».
DUMOURIEZ
A une époque plus rapprochée, Dumouries
continue les traditions de la famille des
Bourbons.
Nommé, grâce à l'appui des Girondins,
ministre des relations extérieures, puis gêne-
ral en chef de l'armée de Hollande, il rem-
porte les victoires de Valmy et de Jemmapes,
se fait battre à Nerwinde, et reçoit insolem-
ment les commissaires envoyés par le Comité
de sûreté générale pour lui demander compte
d'une lettre violente qu'il avait adressée à la
Convention.
Déjà il avait formé le projet de marcher
sur Paris pour renverser la Convention et
rétablir la monarchie au profit du duc d'Or-
léans, et il avait traité avec le colonel autri-
chien Mack, chef d'état-major de Cobourg.
Bientôt il commence des mouvements de
troupes inquiétants; la Convention décrète
qu'il comparaîtra à sa barre et lui fait noti-
lier cette décision par cinq commissaires qu'il
livre aux Autrichiens.
Dumouriez se dispose alors à marcher sur
Paris. Mais su trahison devenait manifeste,
et trois bataillons de volontaires, le rencon..
trant près de Condé, au moment où il se ren-
dait à une entrevue arec Cobourg, le poursui-
vent à coups de fusil. Le traître fut obligé
de se réfugLer chez les Autrichiens, et, apres
avoir erré par toute l'Europe, cherchant à
susciter des ennemis à la France, il se fixa en
Angleterre où il reçut du gouvernement une
pension de 2Õ,OOO francs comm prix des rea- J
RÉDACTION ET IDlflrSTRITrON
1 42, Rue Montmartre
PARIS
ANNONCES
Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cil
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Paris Trois lois, 61.; Si lois, fi f.; ci 11,20 L
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tous les Boréaux de Poste.
Adresse télégraphique : XIX- SIÈCLE - PARIS
Téléphone: 20.289 bis.
Nous commençons aujourd'hui la
publication de
LA CROISADE NOIRE
PAR
M. L. GAGNEUR
Cette œuvre, qui est à la fois roman
de mœurs et roman dramatique, est
destinée, nous en sommes certains, à
intéresser très vivement nos lecteurs.
Les situations captivantes y abondent.
Dans
LA CROISADE NOIRE
l'auteur a su maintenir du début au
dénouement un intérêt toujours crois
sant. A aucun moment, le lecteur ne
cesse d'être sous l'impression d'une cu-
riosité constamment tenue en éveil ou
d'une émotion poignante.
La Justice COllllllerciale
Le fonctionnement des tribunaux de
commerce n'intéresse pas uniquement les
innombrables patentés. Quiconque,même
non commerçant, appose son nom sur
un billet où un commerçant a éga-
lement mis sa signature est justiciable
de leur juridiction; les contestations
entre employés et patrons sont aussi
portées devant les juges consulaires. La
question est donc d'ordre général et
ne touche pas seulement les négo-
ciants.
Dans les petites villes, où chacun se
connaît, la juridiction commerciale con-
serve généralement le caractère familial
qui est sa principale raison d'être et qui
fait passer sur les autres inconvénients
qu'on lui reproche. En est-il de même
à Paris ? Le mode de recrutement réa-
lise-t-il le but de cette institution?
Le tribunal de commerce vient pré-
cisément de subir son important renou-
vellement biennal. Les élections por-
taient sur le président, 12 juges titulai-
reset 13 juges suppléants.
Les électeurs consulaires sont au
nombre de 45,577; les votes exprimés
ont été de 2,038, et le président, l'hono-
rable M. Dervillé, a été élu, ou plutôt
réélu, au second tour de scrutin, par
2,036 voix. Les juges ont recueilli entre
2,012 et 2,044 voix. On voit que les
95 centièmes du corps électoral restent
absolument indifférents au résultat et
que l'investiture des magistrats consu-
laires ne leur est donnée que par moins
de 5 0/0 des électeurs. Nous n'en vou-
lons pas conclure que le choix des can-
didats et l'élaboration des listes sont
défectueux.
Cet abstentionnisme regrettable n'est
nullement voulu : il résulte de la trop
vaste étendue du collège électoral. Le
périmètre démesuré de la circonscrip-
tion empêche que les candidats soient
personnellement connus des électeurs,
précisément dans une élection où la
personnalité du candidat peut seule
déterminer le vote; d'autre part, pas
de ces programmes contradictoires, pas
de ces questions passionnantes qui en-
traînent l'électeur dans une lutte où, la
personne du candidat n'est rien, où le
drapeau est tout. Il est donc naturel
que l'électeur ne se dérange pas. C'est
la force des choses et non une hostilité
contre les candidats qui éloigne l'élec-
teur des urnes.
Il est certain qu'une institution offre
un côté défectueux et ne répond pas
aux besoins en vue desquels on a cru
la créer, lorsqu'elle rencontre une in-
différence poussée à un tel degré.
Quel est le remède? Un député de nos
amis élabore un projet qu'il a bien
voulu nous communiquer et dont les
grandes lignes nous paraissent sédui-
santes.
Il crée pour la banlieue quatre tri-
bunaux de commerce : Saint-Denis,
Neuilly, Sceaux, Vincennes. Pour Pa-
ris, six tribunaux. Prenons pour exem-
ple l'une de ses circonscriptions: elle
comprendrait les neuvième, dix-sep-
tième et dix-huitième arrondissements.
L'auteur du projet fait remarquer
tout d'abord que chacune des circons-
criptions projetées compterait cinq ou
six fois plus de justiciables qu'une cir-
conscription normale de province. Il
ajoute que cette division peut se faire
sans inconvénient, puisque, en matière
de justice, il n'y a pas de groupement
pouvant avoir des intérêts communs:
« Ce qu'il faut demander à une circons-
cription judiciaire, c'est que le tribunal
soit situé de manière à éviter les longs
déplacements et, si les juges sont éligi-
ble$,qu'ils puissent être choisis en pleine
.-- - - * -
connaissance de cause par le corps
électoral. »
Il ne serait d'ailleurs nullement né-
cessaire de faire des dépenses d'instal-
lation. Les affaires sommaires, les pe-
tites réunions de créanciers, les délibé-
rés trouveraient place dans les salles de
justices de paix actuelles, ou dans les
salles de mairies, au grand contente-
ment des justiciables. Cela désencom-
brerait d'autant le Palais du Commerce.
Seules, les audiences de grand rôle
seraient tenues au Palais, comme
maintenant, mais avec plusieurs salles
d'audience et par plusieurs tribunaux.
L'auteur du projet s'attache à mettre
en relief les avantages suivants :
L'augmentation du nombre des juges
leur permettrait non seulement de juger,
mais d'instruire l'affaire par eux-mêmes
sans recourir aussi souvent à des ren-
vois devant arbitres qui devraient être
l'exception et qui sont la règle géné-
rale;
Le justiciable se familiariserait da-
vantage avec le prétoire; il s'explique-
rait plus souvent lui-même et ne se
croirait pas obligé d'avoir recours à des
défenseurs; :
L'amoindrissement du rôle des. arbi-
tres et autres intermédiaires se tradui-
rait par de grandes économies de temps
et d'argent.
Bref, en rapprochant l'électeur de
l'élu,en multipliant le nombre des juges,
on réaliserait mieux que maintenant
l'idéal de la justice consulaire. Elle se-
rait plus familiale, plus rapide et moins
coûteuse.
Elle serait dans la Seine ce qu'elle
paraît être dans les autres départements.
- Harry.
LE DUEL BARTHOU-JAURÈS
Nous recevons communication des procès-
verbaux suivants :
A la suite de l'incident qui s'est produit dans la
séance du 24 décembre 1894, entre M. Jaurès, dé-
puté du Tarn et M. Barthou, ministre des travaux
publics, M. Jaurès se trouvant offensé par les pa-
roles à lui adressées par M. Barthou, a chargé MM.
René Viviani et G. Rouanet, députés, de lui
demander réparation par les armes.
M. Barthou a chargé M. Lavertujon, député de
la Haute-Vienne, et M. Lafont, député des Basses-
Pyrénées, de le représenter.
Les quatre témoins sont tombés d'accord pour
juger qu'une rencontre était inévitable.
L'arme choisie est le pistolet de tir, à vingt-cinq
pas et au commandemènt. Deux balles devront
être échangées.
Fait à Paris, le 24 décembre 1894. -
Pour M. Barthou :
LAVERTUJON,
LAFONT.
Pour M. Jaurès :
R. VIVIANI,
G. ROUANET.
Conformément au procès-verbal ci-dessus, une
rencontre entre MM. Barthou et Jaurès a eu lieu
aujourd'hui, dans le parc de Saint-Ouen, à 10 h. 1/2
du matin.
Deux balles ont été échangées sans résultat.
Fait à Saint-Ouen, le 25 décembre 1894.
Pour M. Barthou :
LAVERTUJON,
LAFONT.
Pour M. Jaurès :
R. VIVIANI,
G. ROUANET.
MM. les docteurs Reclus et Dubois, con-
seiller municipal, assistaient MM. Barthou et
Jaurès.
L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE
NE PREND PAS DE VACANCES
L'Ecole polytechnique sera privée cette an-
née de congés du Jour de l'An. Et ce qui rend
la chose curieuse, c'est que ce sont les élèves
eux-mêmes qui refusent de prendre les congés
qu'on leur accorde.
L'administration de l'Ecole ayant décidé
de garder pendant la durée des congés régle-
mentaires une certain nombre d'élèves, une
vingtaine environ, comme n'ayant pas suffi-
samment travaillé et ayant des moyennes
d'examen insuffisantes, les deux promotions
ont, d'un commun'àc&ord, décidé de partager
la punition infligée à quelques camarades.
Ceci ne doit étonner personne, après les
preuves nombreuses et bien connues de so-
lidarité données par les élèves ou ancien élè-
ves de Polytechnique, et dont les fêtes du cen-
tenaire de l'Ecole célébrées en mai dernier ont
fourni encore de nombreux et touchants
exemples.
FRANÇOIS-JOSEPH EN ITALIE
, -41
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, 23 décembre.
L'empereur François Joseph fera au mois de
février un voyage dans la Haute-Italie, mais il évi-
tera de voir le roi d'Italie.
Son but est de faire une visite de condoléance
à l'impératrice douairière de Russie qui ira à cette
époque à Menton.
LE COLONEL LAUREL
ET L'AFFAIRE DREYFUS
Un de nos rédacteurs a rencontré le colonel
Maurel à la fête de l'arbre de Noël des en-
fants de la Société des Alsaciens-Lorrains de
Le vallois-Perret.
Notre collaborateur l'ayant entretenu de
l'affaire Dreyfus, le président du 1er conseil
de guerre lui a fait cette laconique réponse :
« Puisque vous me parlez du procès Drey-
fus, je vous dirai qu'il est bien pénible de
présider les débats d'une pareille affaire.
» Pour ce qui est de la peine infligée à Drey-
fus,le conseil a fait son devoir. S'il lui avait
été possible d'appliquer une peine supérieure,
cela eût été plus d'accord avec les sentiments
des officiers qui le composaient. »
LE CHEMIN DE FER DE LAG-SON
Hanoï, 25 décembre.
Le chemin de fer de Lang-Son a été inau-
guré hier en grande pompe par M. de Lanes-
san, gouverneur général de l'Indo-Chine.
Le premier train qui a ouvert la ligne et
dans lequel se trouvaient de nombreux invi-
tés a effectué le trajet d'une façon parfaite.
Une grande fête a eu lieu à Lang-Son à cette
occasion. M. de Lanessan a constaté la paci-
fication complète de cette région, la réussite
de cette entreprise et l'immense avenir des
voies ferrées au Tonkin.
Sur tout le parcours, des ovations ont été
faites par une foule nombreuse. :
LE BUDGET DE LA POLICE
CONSÉQUENCES FINANCIÈRES
DE SES REJETS
Un intéressant rapport de M. Georges
Villain. — Résultats des conflits bud-
gétaires entre la préfecture de po-
lice et le conseil municipal. —
Huit millions d'augmenta-
tion en dix ans !
Le conseil municipal et le préfet de po-
lice qui étaient brouillés depuis quelque
dix ans se sont raccommodés l'an dernier.
Ce mariage, après divorce, n'eut pas l'amour
pour artisan. Ce fut un mariage de raison, et
même d'intérêt, s'il en faut croire M. Georges
Villain, rapporteur général du budget de la
police.
A la suite de quelles circonstances les re-
présentants de la population parisienne
avaient-ils pris l'habitude de ne plus voter le
budget de la police? Quel fut le prétexte de
la rupture avec M. Lozé ? Quelle raison invo-
qua-t-on pour lier conversation et entrer en
relations officielles avec son successeur M.
Lépine ? Ce sont là faits connus de tous les
Parisiens qui s'occupent un tant soit peu de
l'histoire de la grande cité.
En esprit curieux, M. Georges Villain s'est
donné la tâche de rechercher quels ont été les
résultats des conflits budgétaires At finaacioro
soulevés pai le conseil municipal. Ils n'en ont
eu d'autres, affirme-t-il après examen, que de
consolider, si possible, au point de vue con-
tentieux, les droits de l'Etat vis-à-vis de la
Ville de Paris.
Et M. Villain nous montre le budget de la
préfecture de police grossissant, en effet, d'an-
née en année depuis 1881, par une naturelle
conséquence de l'attitude intransigeante de
l'assemblée communale.
Dès lors, ce budget était incompressible,
en ce sens que le conseil municipal ne pou-
vait réduire, sans l'assentiment du préfet de
police, les dépenses qualifiées obligatoires, —
en fait c'était tout le budget, à 3 ou 4,000 fr.
près, - et le préfet de police, devant les votes
systématiques du conseil, loin de réduire les
crédits, les portait à leur msximum légal ;
témoin les inscriptions supplémentaires
faites d'office en janvier 1885, au lendemain
du premier rejet ea bloc du budget.
Mais, par contre, explique M. Villain, ce
même budget était extensible: d'une part,
parce que le préfet de police, en vertu de l'ar-
rêté consulaire de l'an VIII, pouvait, s'il le ju-
geait utile,--augmenter l'importance de ses
services, et d'autre part, parce que le conseil
municipal ne s'était pas interdit la faculté de
voter, tantôt spontanément, tantôt sur l'ini-
tiative du préfet de police, des dépenses nou-
velles pour des services nouveaux ou pour
l'extension de services anciens.
HUIT MILLIONS D'AUGMENTATION
EN DIX ANS
Or, les crédits votés par le conseil munici-
pal au cours des années 1884-1893 forment un
ensemble qui n'a rien de négligeable. On en
jugera par le tableau suivant :
EXKR- PARTIES vOTÉES PART. INSCRITES
CICES par ENSEMBLE
cicfcb le Conseil d'office
- - - -
1884.. 23.416.349 03 734.424 » 24.150773 03
ld85. 422.706 » 24.157.118 56 24.579.824 56
1886.. 2,275.2-19 95
1886.. 2.275.279 95 22.757.127 53 25.032.407 48
1887. 2.306.656 95 23.054.728 » 25.361.384 95
1888.. 2.562.851 99 22.960.428 » 25.523.279 99
1889.. 2.724.574 90 23.607.038 75. 26.331.613 65
1890.. 2.991.071 60 23.353.764 » 26.344.835 60
1891.. 2.998.516 81 24.185.753 » 27.184.269 81
1892.. 2.983.391 09 24.203.613 » 27.187.004 09
1893.. 2.918.064 56 27.280.054 40 32.198.128 96
On voit quelles sommes importantes le
conseil municipal votait en cours d'exercice
alors qu'en un seul jour de l'année, au cours
de la discussion du budget de la Ville de
Paris, il écartait d'une main résolue ce bud-
get de la police qu'il n'aurait su voir !
Ces crédits supplémentaires se sont élevés
eh 1888 à 701,106 francs; en 1889, à 1,302,417
francs; en 1890, à 297,838 francs ; en 1892, à
1,470,138 francs.
Il convient de rappeler que, depuis l'exer-
cice 1886, le conseil a créé deux catégories
dans le budget de la préfecture de police : la
partie qu'il vote (sapeurs-pompiers, labora-
toire municipal et commission des cochers)
et la partie qu'il rejette (autres services de la
préfecture).
« Mais ces disjonctions opérées, ajoute M.
Villain, on voit qu'il reste encore, chaque
année, un fort contingent de dépenses sup-
plémentaires votées.
» Si, dans ces crédits, il en est qui concer-
nent des dépenses accidentelles, tels, par
exemple, les 640,000 francs votés en 1889 pour
indemnités aux agents de la préfecture pen-
dant la durée de l'Exposition, tels encore les
115,800 francs nécessités en 1884 par l'épidé-
mie cholérique, il en est aussi qui sont affé-
rents à des dépenses permanentes et qui s'in-
corporent définitivement au budget.
» C'est ainsi que si l'on compare le budget
de 1893, en cours d'exercice, au budget de
1884, le dernier voté dans son ensemble par
le conseil municipal, on trouve que, sur les
8 millions de francs d'augmentation, 5,140,000
francs environ, soit plus de 64 0/0, ont été
votés 'au cours de ces dix ans par le conseil
municipal. Les crédits nouveaux inscrits
d'office au budget de la ville de Paris par
décret du ministre de l'intérieur, à la de-
mande du préfet de police, ne se chiffrent que
par 2,880,000 francs environ, et encore, dans
ce total, se trouvent les 2,810,000 francs né-
cessités par la création des 1,250 nouveaux
gardiens de la paix ou inspecteurs de police,
laquelle a été imposée par le décret du 16 août
1892. »
CONCLUSIONS DE M. VILLAIN
Entre quels chapitres principaux se répartit
cette augmentation?
On remarque pour l'administration centrale
une différence en plus de 202.694 francs et de
66.600 francs pour les commissariats de po-
lice, de 47.400 pour le service de salubrité des
garnis, de 86.548 pour le laboratoire de chimie
et de 125.827 francs en faveur des halles et
marchés. Les deux grosses augmentations
portent sur la police municipale, dont les dé-
penses ont sauté de 17 à 24 millions en neuf
ans, soit 7 millions de plus, et sur les sa-
peurs-pompiers dont les crédits ont été portés
de 2*813.930 francs à 2.609.314 francs ce qui
acéiLse 295.383 francs de nouvelles dépenses.
Si l'on déduit de l'augmentation globule de
8,024,699 fr,, la contribution obligatoiifc qui
y figure pour 2,885,000 fr., il reste 5,139,800
francs de dépenses permanentes votées par le
conseil municipal.
Voilà, d'après M. Georges Villain, les ré-
sultats financiers de la politique de rejet sys-
tématique du budget de la préfecture de po-
lice..
« Est-il logique, se demande-t-il, qu'une
» majorité, composée des mêmes éléments,
» vote le budget de police au départemental,
» le repousse au municipal, vote des centai-
» nes de mille francs au budget supplémen-
» taire, après étude préalable et examen des
crédits et repousse en bloc les millions du
»» budget sans même en examiner les dé-
» tails ? »
M. Georges Villain appartient à la fraction
modérée des républicains du conseil. Ses
conclusions pourront paraître excessives à
quelques esprits. Il n en est pas moins vrai
que les chiffres qu'il fournit, les constatations
relativement à l'accroissement des dépenses
de la préfecture de police pendant la période
où ce budget fut rejeté en bloc par nos édiles,
sont de nature à forcer l'attention et à faire
réfléchir sur les conséquences de cette poli-
tique.
LE GÉNÉRAL TCHERKOW A L'ÉLYSÉE
Le président de la République a reçu hier
à deux heures, en audience solennelle, le
général Tcherkow, ambassadeur extraordi-
naire de Nicolas II, venu pour remettre au
président la lettre autographe de l'empereur
e Russie lui notifiant son avènement au
trône.
La garde d'honneur était fournie par un
bataillon du 74e de ligne avec musique et dra-
peau, commandé par le colonel Abna.
Les soldats se sont mis sur deux rangs
tout autour de la grande cour, le drapeau à
droite du perron. La musique a été placée
sous la véranda. Les marches du perron
étaient occupées par des soldats de la garde
du palalS.
Au dehors, une foule considérable, main-
tenue par des gardiens de la paix, a envahi
les trottoirs et les maisons pour saluer le
représentant du tsar Nicolas.
A deux heures précises, le cortège arrive à
l'Elysée. L'escorte est formée par un escadron
du premier régiment de cuirassiers.
Le général Tcherkow est dans un landau
de gala du président de la République, avec
le comte de Bourqueney, directeur du proto-
cole, en grand uniforme.
Le général porte un superbe costume avec
le bonnet d'astrakan blanc à ornements
rouge et argent.
Dans une seconde voiture ont pris place le
comte Schouvalow, en uniforme blanc de che-
valier-garde, avec le casque surmonté d'un
aigle d'or, le capitaine Pauffin de Saint-Morel
et M. Mollard.
Les tambours et clairons battent et sonnent
aux champs. Puis la musique joue l'hymne
russe. Les soldats présentent les armes et les
officiers saluent de l'épée. Le général russe
répond aux saluts en tenant la main à sa
coiffure.
A sa descente de voiture, l'ambassadeur
extraordinaire a été reçu par le commandant
Moreau et le capitaine Bouchez, commandant
le palais, et conduit dans un salon du rez-de-
chaussée.
Le général Tcherkow a remis d'abord au
président, en s'inclinant profondément devant
lui, la lettre autographe du tsar Nicolas II.
Cette lettre était dans une enveloppe de for-
mat ordinaire, scellée et entourée d'un large
filet noir.
Le général s'est exprimé en ces termes :
Monsieur le président,
Mon Auguste Maître, Sa Majesté l'empereur Ni-
eolas Il de Russie, a daigné ma charger de vous
apporter cette lettre.
L'empereur m'a donné l'ordre en même temps de
vous réitérer combien il est sensible à l'expression
unanime de sympathie que la nation française a
témoignée à la memoire de Son Auguste père, com-
bien il est ému des touchantea condoléances qui
sont venues de France soulager sa poignante af-
fliction.
Mon souverain m'a aussi recommandé de vous
transmettre, monsieur le président, ses remer-
ciements les plus chaleureux pour la vive part
que vous avez personnellement prise au malheur
qui a frappé l'empereur et la Russie entière.
Le président de la République a répondu :
Monsieur l'ambassadeur,
Je suis heureux de recevoir de vos mains la
lettre que votre Auguste Souverain vous a donné
mission de me remettre. Je prie Votre Excellence
de remercier Sa Majesté l'empereur de vous avoir
désigné pour être auprès du gouvernement de la
République l'interprète des pensées que vous venez
d'exprimer.
Si les pouvoirs publics et la nation entière se
sont associés au deuil de la famille impériale et
de la Russie, c'est avec une fidélité non moins sin-
cère que partent de France des vœux ardents pour
Sa Majesté l'empereur Nicolas II.
Vous voudrez bien en donner l'assurance à Votre
Auguste Souverain.
Les discours échangés, le président de la
République a présenté tous ceux qui l'entou-
raient au général Tcherkow, puis, du salon
doré où avait lieu l'audience, il est passé dans
le salon de l'hémicycle, où l'ont suivi le géné-
ral russe et M. Charles @ Dupuy, président du
conseil, présent à la cérémonie.
Cet entretien particulier a duré vingt mi-
nutes.
A deux heures et demie la réception était
terminée et la musique, au départ, a joué en-
core l'hymne russe.
LE PRIX ACHILLE LECLÈRE
C'est jeudi prochain, à quatre heures, qu'ex-
pire le délai du dépôt des esquisses pour le
prix Achille Leclère au secrétariat de l'Ins-
titut.
On sait que le sujet du concours était le
pavillon pour les produits de la manufacture
de Sèvres.
L'édifice projeté, de dimensions considéra-
bles, doit comporter des salles et des galeries
spécialement aménagées pour faire valoir les
objets exposés, c'est-à-dire les collections des
modèles anciens et celles des modèles nou-
veaux.
Précédé d'un vestibule, ce pavillon doit con-
tenir, outre les salles d'exposition, un ou
deux salons pour y recevoir le chef de l'Etat
et les personnages officiels.
Une enceinte ingénieusement combinée doit
mettre à l'abri de tout danger les précieuses
collections sur lesquelles des gardiens de
l'administration veilleront nuit et jour.
Il doit y avoir aussi une salle de réunion
pour le jury et quelques dépendances clas-
sées dans les soubassements.
La décoration de l'édifice doit être riche,
de bon goût. Elle doit comporter l'emploi de
marbres précieux, de sculptures, de repré-
sentations sur émail et sur faïence de diffé-
rentes compositions décoratives racontant
l'histoire du travail et expliquant la fabrica-
tion de la céramique.
Le terrain mesurera, tout compris, 80 mè-
tres dans sa plus grande dimension.
Le jugement des esquisses aura lieu le sa-
medi 29 décembre prochain.
On sait que pour être apte à concourir il
faut être Français et n'avoir pas atteint sa
trentième année le jour de la publication du
programme.
ff" ,.
LA RAGE
Glasgow, 25 décembre.
Huit personnes qui avaient été mordues par un
chien enragé sont parties ce soir pour l'Institut
Pasteur aux frais du conseil municipal.
LVIEDEPARIS
j
Paris a réveillonné, la nuit de lundi,
avec assez d'entrain. Les statisticiens qui
savent tout, sans savoir toujours tirer
parti de leur science, vous diraient com-
bien on a mangé d'aunes de boudin avec
ou sans oignon et de combien de litres de
vin blanc on a humecté ledit boudin, lourd
aux plus robustes estomacs. Les curieux
pourraient ajouter à ce renseignement des
détails sur les différentes victuailles qui
sont d'usage chez les divers peuples pen-
dant le souper du réveillon : le plum-pud-
ding à la graisse chez les Anglais, le gâ-
teau à l'huile (la pompe) chez les Proven-
çaux, les choux frits à Rome, etc., etc.
Pour moi, je me réjouis plus simplement
de voir persister une des traditions du
passé, rompant avec la monotonie plate de
nos mœurs, d'où s'en vont trop, chaque
jour, les usages pittoresques, les traditions
de toute sorte. La correcte monotonie de
nos existences tourne en ennui. Tout ce
qui la brise m'est agréable.
Je sais bien que de grands philosophes,
peu indulgents pour les croyances popu-
îairoo ot pour Iaq n «sagas qui en naissent,
font observer, avec la logique dont ils
sont fiers et avec la superbe de leur raison,
que si on ne croit pas que Jésus soit un
dieu, il est absurde de célébrer l'anniver-
saire de sa naissance d'une si éclatante
façon, et que si on est persuadé de sa di-
vinité, c'est une façon un peu singulière
de rendre hommage à un dieu que de
courir les restaurants de nuit et de ré-
veillonner parfois en compagnie de de-
moiselles particulièrement aimables au
dessert.
A première vue, cette façon de parler et
de raisonner semble défier la contradic-
tion et devrait conduire, soit à la suppres-
sion du réveillon, du « gros souper »,
soit à son remplacement par de pieux
exercices. Mais, pour peu que l'on sache
ce que sont les usages, on verra que pres-
que toujours, dans la pratique, ils altè-
rent l'idée de laquelle ils sont nés, tout en
gardant l'essentiel de cette idée, conservée
d'une façon symbolique. Le réveillon,
même et surtout dans les conditions où le
pratiquent nos jeunes gens et nos jeunes
femmes, est une manifestation de joie.
Or, l'idée-mère du christianisme, c'est
la joie que l'humanité a dû éprouver à la
naissance du Sauveur. Donc les libations,
le boudin et le reste deviennent à leur
tour, par le symbole, des choses parfaite-
ment logiques et rien n'est plus raisonna-
ble que leur folie même. Quand il en se-
rait autrement, je serais encore parti-
san du réveillon, comme de tout ce
qui nous fait oublier, fût-ce pour une
heure et sous n'importe quel prétexte, les
tristesses, les ennuis et les dégoûts de nos
existences 1
C'est à ce point que je regrette beaucoup,
pour nos enfants, que l'usage des crèches
soit tombé en désuétude. Autrefois, sur-
tout en Provence, toutes les fois qu'il y
avait des enfants dans une maison, il y
avait une crèche. Il y en avait encore dans
la maison de Voltaire, qui avait l'esprit de
ne pas être intolérant. Cette crèche, on
l'établissait dans l'angle du salon ou de la
chambre, en des espèces de boîtes arran-
gées comme un théâtre, avec un décor
de branches.
Devant, on faisait une belle illumination
de bougies, comme dans l'arbre de Noël,
autre usage charmant et que je vois per-
sister avec plaisir, symbole du renouveau
de l'humanité comme du renouveau de la
nature, malgré l'hiver. La crèche repré-
sentait la naissance de Jésus à Bethléem,
selon la tradition. On y voyait l'enfant
divin, la Vierge, Joseph, les pasteurs qui
venaient saluer le messie des humbles et
des souffrants et les rois mages., les étran-
gers, dont le roi nègre d'Abyssinie, aftlr-
mant mystiquement et symboliquement
la catholicité de sa mission. Puis, élément
essentiel du drame, l'âne et le bœuf entre
lesquels était couché Jésus.
Tous ces personnages, dans notre Midi,
étaient représentés par des figurines colo-
riées, en terre, qui étaient l'œuvre de très
ingénieux artistes italiens. On les appe-
lait les santons (santoni, les gros saints)
ou bien santibelles (santi belli, les beaux
saints). Quinze jours avant la Noël, à
Marseille, une foire était ouverte où l'on
venait s'approvisionner de santibelles de
toutes lés parties de la Provence.
Dans les villages pauvres, chez les ber-
gers des montagnes, on s'associait, on se
syndiquait pour avoir une crèche com-
mune, où tous les enfants du village ve-
naient et mettaient un peu de rêve et
d'idéal dans leur âme. Ce commerce mar-
seilais et italien des santons était floris-
sant à ce point que, sur le cours Belzunce
où se tenait la foire, on comptait jadis
trois ou quatre cents boutiques de mar-
chands.
Je lis dans un journal que, cette année,
il n'y en avait pas plus de quatre ou cinq.
Qui sait si, l'an qui vient, on ne verra pas
la fin d'un usage qui, en mes jeunes
temps, me paraissait indestructible? Il est
vrai que cette année, à Paris, à l'hôtel
Mirabeau, on nous a montré une crèche,
une crèche artistique et superbe. Mais elle
est trop belle. La vraie crèche, c'est la
crèche populaire que l'enfant arrange et
orne de ses mains dans le pauvre logis qui
s'emplit d'une heure d'espérance et d'un
rayonnement de foi naïve !
Mon vœu le plus cher, c'est de voir ce
qu'on appelle avec orgueil « les supersti-
tions » justifier le mot superesse. Pour
moi, le progrès ne consiste pas du tout à
supprimer les cultes, mais à les tolérer
tous, en défendant et en dégageant de plus
en plus les idées morales éternelles qui
sont avilies derrière les théologies. L'hy-
pothèse de la divinité de l'Enfant Jésus
m'est indifférente. Mais l'idée que l'huma-
nité ne vaut quelque chose que par l'esprit
de sacrifice que le Christ symbolise m est
une idée chère. Et je la crois plus utile
aujourd'hui que jamais, alors que tant de
malheureux souffrent, n'ayant devant eus
que l'effroyable égoïsme des bourgeois ar-
rivés au pouvoir avec la richesse et par la
richesse !
Henry Fouquier.
L'EXPOSITION DE 1900
Le projet de MM. Thomas et de Tavernier
Parmi les projets pour l'Exposition de 1900
en ce moment exposés dans le palais de l'In-
dustrie, celui de MM. Thomas et de Taver-
nier mérite une mention particulière.
M. de Tavernier, qui dirige en artiste la
service des promenades, des plantations et de
l'éclairage de la ville de Paris, et M. Thomas,
architecte près le conseil de préfecture de la
Seine, ont fait leurs preuves. Il n'est pas be-
soin de les présenter.
Leur projet a l'avantage de réaliser un dou-
ble vœu de la population parisienne et de
toutes les personnes qu'intéresBe la future
Exposition universelle : il pare très heureuse.
ment la tour Eiffel, la rend presque mécon-
naissable en l'entourant d'un monument avec
lequel elle semble faire corps, monument
d'une architecture très élégante. Voilà pour le
premier vœu satisfait.
Le second est de pouvoir circuler et respirer
librement, dans l'enceinte de l'Exposition,
d'avoir, pour reposer les yeux, des jardins, dei,
promenades.
MM. Thomas et de Tavernier consacrent à
la verdure trente hectares. -
Du Champ-de-Mars ils font un vaste para
où toutes sortes de fêtes pourraient se donner.
Des pavillons exotiques, des restaurants et
des cafés y seraient installés. Ce serait le lieu
de délassement. La gaîté et les plaisirs s'y
donneraient rendez-vous.
— Mais ce sera un emplacement immense
enlevé aux exposants ? allez-vous dire.
Oui. Seulement MM. Thomas et de Taver.
nier, pour trente hectares qu'ils prennent, en
rendent plus de soixante. Oh ! bien simple-
ment : ils font une exposition à deux étages.
Ils relient le premier étage du palais de
l'Industrie au premier étage du l alais des
Beaux-Arts et des Arts-Libéraux et aux cons-
tructions des quais par un plan général de
circulation. Une partie de l'Exposition serait
suspendue et l'on traverserait la Seine à cette
hauteur respectable dans une sorte de grande
nacelle de fer qui ne serait pas une attraction
banale.
Enfin, ce qui vaut d'être signalé, ce projet,
utilisant une partie des constructions exis-
tantes, serait économique.
MM. Thomas et de Tavernier ont su faire
beau et pratique tout à la fois. Le résultat
n'est pas tellement commun qu'on puisse le
taire. — A. M.
LES TRAITRES
Le procès du capitaine Dreyfus. —. Let
prédécesseurs.
Le procès du capitaine Dreyfus a fait res- **'
sortir l'insuffisance de la loi applicable aux
cas de trahison. A l'heure même où le premier
conseil de guerre de Paris rendait sa décision,
la condamnation à mort d'un malheureux
tourlourou coupable d'impolitesse grave en*
vers un supérieur soulignait encore la beauté
du Code militaire.
Nous n'insisterons point sur cette question;
mais, en attendant que le capitaine Dreyfus
obtienne « par sa bonne conduite » le droit
de planter des choux hors de l'enceinte forti-
fiée dans laquelle on va lui imposer une villé-
giature provisoire, ii est assez intéressant de
remarquer que les traîtres célèbres, précur-
seurs de ce triste personnage, se sont, en géné-
ral, beaucoup mieux tirés d'affaire que lui.
LE TRAITRE CONDÉ
En première ligne, il faut citer le Grand
Condé, le plus illustre des Condés. A peine
âgé de vingt-deux ans, quand il reçut le com-
mandement des troupes chargées de repous-
ser les Espagnols de nos frontières du nord,
il débuta par la victoire de Rocroi, suivie de
celle de Fribourg et de plusieurs autres. Em-
prisonné à Vincennes pendant un an pour sa
participation à la Fronde, il se venge en pas-
sant à l'armée espagnole, à la tête de laquelle
il marche contre l'armée française commandée
par Turenne qui, d'ailleurs, lui inflige plu- "A
sieurs échecs.
Condamné à mort par contumace, il est -
bientôt rappelé-à la cour; on lui confie de
nouveau une armée. La postérité, aussi indul-
gente que ses contemporains, a continué à
l'appeler le Grand Condé.
LE CONNÉTABLE DE BOURBON
Avant lui, du reste, la famille de Bourbon
avait eu son traître, Charles, duc de Bourbon,
comte de Montpensier et de la Marche, qui,
après avoir fait ses prêmières armes à côté de
Bayard, avait reçu des mains de François 1er
l'épée de connétable. A la suite d'intrigues de
cour aussi variées que compliquées, le conné-
table offre son épée à Charles-Quint pour l'in-
vasion et le démembrement de la France.
Il commence par chasser les Français d'I-
talie et contribue à leur défaite àPavie. Mais,
berné par Charles-Quint, méprisé par les Es«
pagnoîs, il recrute une bande d'aventuriers
qui jurent de le suivre partout, « fût-ce à tous
les diables », et les mène sous les murs de
Rome où il est tué d'un coup d'arquebuse
tiré, dit-on, par Benvenuto Cellini.
Sa mémoire fut flétrie par arrêt du Parle..
ment, ses biens furent confisqués, et la porte
de son hôtel fut peinte en jaune, « couleur des
traîtres ».
DUMOURIEZ
A une époque plus rapprochée, Dumouries
continue les traditions de la famille des
Bourbons.
Nommé, grâce à l'appui des Girondins,
ministre des relations extérieures, puis gêne-
ral en chef de l'armée de Hollande, il rem-
porte les victoires de Valmy et de Jemmapes,
se fait battre à Nerwinde, et reçoit insolem-
ment les commissaires envoyés par le Comité
de sûreté générale pour lui demander compte
d'une lettre violente qu'il avait adressée à la
Convention.
Déjà il avait formé le projet de marcher
sur Paris pour renverser la Convention et
rétablir la monarchie au profit du duc d'Or-
léans, et il avait traité avec le colonel autri-
chien Mack, chef d'état-major de Cobourg.
Bientôt il commence des mouvements de
troupes inquiétants; la Convention décrète
qu'il comparaîtra à sa barre et lui fait noti-
lier cette décision par cinq commissaires qu'il
livre aux Autrichiens.
Dumouriez se dispose alors à marcher sur
Paris. Mais su trahison devenait manifeste,
et trois bataillons de volontaires, le rencon..
trant près de Condé, au moment où il se ren-
dait à une entrevue arec Cobourg, le poursui-
vent à coups de fusil. Le traître fut obligé
de se réfugLer chez les Autrichiens, et, apres
avoir erré par toute l'Europe, cherchant à
susciter des ennemis à la France, il se fixa en
Angleterre où il reçut du gouvernement une
pension de 2Õ,OOO francs comm prix des rea- J
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