Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-12-16
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 16 décembre 1894 16 décembre 1894
Description : 1894/12/16 (A24,N8371). 1894/12/16 (A24,N8371).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
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LE XIXE SIÈCLE
RÉDACTION ET ADIHNVfSTRATION
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PAS DE POLITIijUE
Bruxelles compte depuis quelques
Jours parmi ses hôtes M. le duc d'Or-
iéans, fils de prétendant, prétendant lui-
même. On nous a dit d'avance quelle
était la cause de ce déplacement, d'ordre
moins régence que celle qui avait na-
guère motivé ses pérégrinations à travers
diverses capitales de l'Europe.
Philippe VIII trouvait qu'il recevait
peu de visites à Stowe-house. Il avait
cru démêler que les fidèles de la monar-
chie n'avaient pas généralement pour la
mer les sentiments de M. de Douville-
Maillefeu, qui ne se trouve bien que sur
elle. Il en est parmi eux qui sont des
terriens endurcis et à qui la traversée
de Calais à Douvres, surtout par les
houles d'hiver, paraissait affreusement
pénible. Ils pouvaient encore se croire
obligés de faire ce sacrifice à M. le
comte de Paris, mais un jeune homme,
même quand il se destine au métier de
roi au lieu de choisir un état qui offre
plus de débouchés et expose à moins de
chômages, peut bien faire la moitié du
chemin pour épargner quelques nausées
à des gentilshommes sédentaires par
goût.
Ne pouvant découvrir d'autre expli-
cation à la solitude où on le laissait, le
prétendant que l'on se plaît à nous re-
présenter comme un audacieux s'est
rendu à Bruxelles. C'est tout près de
Paris, on y est porté en quelques heures
d'express ; on peut même continuer
toutes ses relations par le téléphone. Une
visite dans ces conditions cause moins
de dérangement que la première partie
de chasse venue.
De fait, quelques personnes ont jugé
qu'elles ne pouvaient négliger cette oc-
casion peu onéreuse de présenter leurs
hommages. Cela n'a pas fait une mul-
titude, la compagnie du Nord n'a pas
été forcée par l'affluence à dédoubler
les trains ; mais enfin il y a eu assez de
monde pour ne pas nuire à l'animation
de l'hôtel où le jeune duc est descendu.
On a même pu citer dans les journaux
du parti les noms d'une dizaine de voya-
geurs un peu connus, qui n'ont pas tous
envoyé des rectifications.
Mais voici qu'au bout de deux ou
trois jours les réceptions s'arrêtent
presque, pour cause de rhume ; la porte
ne s'entr'ouvre plus que discrètement
pour des intimes et l'on fait passer
dans Y Etoile belge, le même journal
qui insérait sous l'Empire les lettres de
Verax, réimprimées dans les œuvres du
duc d'Aumale, une note destinée à per-
suader au public que l'ancien fconscrit
manqué n'est pas venu à Bruxelles pour
faire de la politique. Qu'est-ce qu'il
pourrait bien être venu y faire? Alors,
c'est le jeune homme qui ne fait rien !
La raison de tout cela est dans un
excès d'ardeur de M. Roger Lambelin,
qui porte aujourd'hui le titre, délaissé
par M. Georges Berry, de président de
l'Association de la jeunesse royaliste et
qui est, depuis peu, conseiller munici-
pal du quartier des Invalides.
M. Lambelin, sortant de l'hôtel, a
épanché sa joie dans le sein d'un cor-
respondant de journal ; il a traduit les
aentiments dont il n'est pas accoutumé
à faire mystère envers la République et
Jes républicains. Il a exprimé l'espoir
que les prétentions monarchiques re-
trouveraient des sympathies dans l'ar-
mée et de l'appui dans le clergé, et a
constaté du même coup qu'elles n'a
voient rien à attendre du président de
Ici République. Enfin, il n'a pas cru
commettre une grande indiscrétion en
risquant cette révélation : « Pour le
moment, le duc passe la revue de ses
partisans qui lui arrivent de France. »
Tout le monde s'en doutait bien un
peu et il ne semble pas, au pre-
mier abord, que M. Lambelin ait
éventé un grand secret. Que s'il a
ajouté que ces partisans, passés en re-
vue dans un salon d'hôtel qui suffit am-
plement aux besoins, sont ranimés,
pleins d'espoir, s'il croit assister à un
renouveau royaliste, on peut observer
que ces hymnes à l'espérance sont
connus sans interruption depuis 1830,
car ils étaient les mêmes sous l'usurpa-
teur, le propre bisaïeul de Philippe VIII.
Seulement, ils ont été longtemps chan-
tés par des chœurs plus nourris.
Les confidences de M. Lambelin, qui
eussent paru inoifensives et plutôt gaies
dans le quartier- des Invalides, n'en ont
pas moins semblé importunes à Bruxel-
les. On y serait très ennuyé d'être amené
à prier un prince, qui est le parent du
roi et chez qui le roi a déposé sa carte
cornée, d'aller tenir ses audiences
ailleurs; mais on ne se soucie pas de
paraître favoriser des entreprises contre
un gouvernement ami et la tranquillité
d'un pays voisin. Il a donc fallu iaso-
quer la formule de Bilboquet : « La po-
litique est étrangère à l'événement. »
Et voilà pourquoi les discours de M.
Lambelin ont jeté un tel froid que son
duc s'est senti enrhumé du coup et réflé-
chit qu'il est moins facile qu'il n'aurait
cru de soutenir le rôle d'un prétendant
« audacieux ».
Gustave Isambert.
LA PRÉSIDENCE DE LA CHAMBRE
Nous avons dit, au lendemain du décès de
M. Burdeau, qu'il semblait certain que l'élec-
tion de son successeur au fauteuil présiden-
tiel serait ajournée à la rentrée de janvier, le
bureau tout entier étant, à cette date, soumis
à une réélection obligatoire.
C'était là le sentiment du premier jour. D'a-
près les conversations recueillies hier dans
les couloirs, nombre de députés ont changé
d'avis ; en grande majorité ils se prononcent
pour une élection plus rapprochée, c'est-à-
dire mardi prochain.
Nous ne voulons pas rechercher les motifs
qui ont provoqué ce revirement d'opinion; il
nous suffira aujourd'hui de répéter quels
sont les candidats en présence:
Les radicaux et les socialistes se proposent
de porter MM. Brisson et Cavaignac. Les mo-
dérés ont plusieurs candidats : MM. Félix Fau-
re, Ribot, Develle et Méline.
On cite également le nom de M. Léon Bour-
geois.
Ajoutons que M. Méline dément qu'il ait
donné son assentiment à la candidature de
M. Félix Faure. La nouvelle était d'ailleurs
invraisemblable, puisque M. Méline est lui-
même au nombre des candidats.
L'AMBASSADE D'ALLEMAGNE
et la mort de M. Burdeau
M. de Munster, ambassadeur d'Allemagne, s'est
rendu hier, sur l'ordre de l'empereur, chez le pré-
sident de la République et lui a exprimé ses con-
doléances au sujet de la mort de M. Burdeau, dont
l'empereur Guillaume, a-t-il ajoute, avait gardé les
meilleurs souvenirs à la suite de la conférence du
travail à Berlin.
Le président de la République, très sensible à
cette démarche, a prié l'ambassadeur d'être l'inter-
prète de ses sentiments.
On nous assure que l'ambassade allemande as-
sistera au complet et en costume aux obsèques.
LES RALLIÉS EN PÈLERINAGE
Parmi ceux qui ont fait le voyage de
Bruxelles pour offrir au duc d'Orléans l'ex-
pression de leur fidélité, nous relevons MM.
Caillard d'Ailliéres, député de la Sarthe, De-
nys Cochin, député du huitième arrondisse-
ment, Amédé Dufaure, ancien député, — et
enfin M. le comte Albert de Mun. Il n'est pas
vraisemblable que ce dernier ait fait cette
démarche significative sans la permission de
Léon XIII. Mais, nlors, que devient le loya-
lisme républicain du souverain-pontife ?
POLICIERS EN RETRAITE
Le conseil municipal vient de prononcer la
liquidation de retraite de deux serviteurs de
la préfecture de police qui firent parler beau-
coup d'eux. L'un est M. Auger, ex-officier de
paix de la brigade des jeux, dont le nom a
été souvent mêlé aux affaires de cercles que
M. Dopffer instruit en ce moment. Sa pension
s'élève à 3,118 fr. 80.
Le second est Rossignol, l'émule de Jaume
et de Prince, inspecteur principal de la sûreté,
qui captura pendant sa longue carrière tant
de malfaiteurs dangereux. La retraite que lui
servira l'administration s'élèvera à 1,270 fr.
40 c. On sait que Rossignol s'est retiré sur
les bords de la Marne, à Joinville, en face de
Convers, dans une maison originale : une
péniche qu'il a transformée en restaurant.
MONOPOLE EXORBITANT
Le tribunal civil de Dijon a rendu, le 12 dé-
cembre, son jugement dans le procès intenté
par l'administration des pompes funèbres au
syndicat des imprimeurs.
Le tribunal a décidé que les billets de décès
rentraient dans le monopole concédé aux
pompes funèbres et conséquemment que, seule,
cette administration pouvait les imprimer.
Le syndicat des imprimeurs a été con-
damné en outre à 1 franc de dommages-
intérêts.
Nous doutons qu'une municipalité ait le
droit de donner, sous prétexte d'annexe à la
concession des pompes funèbres, un mono-
pole qui porte une atteinte manifeste à la
liberté de l'imprimerie et de la librairie. Alors,
pourquoi ne pas attribuer au service des
pompes funèbres le droit de confectionner les
vêtements de deuil ?
Cette décision, sujette à revision, atteint
non seulement les imprimeurs de Dijon, mais
ceux de la France entière. Une famille dijon-
naise n'aurait pas le droit de faire imprimer
à Paris un billet de décès?.
LES DOCUMENTS DE M. GIOLITTI
Rome, 14 décembre.
11 faut encore attendre vingt-quatre heures
pour connaître la teneur des documents de
M. Giolitti.
L'impression en est achevée, mais la publi-
cation n'en sera faite que demain,
Pour l'instant — et c'est le gros événement
du jour — Mme Crispi a résolu, à la suite de
ces incidents, de porter plainte contre M. Gio-
litti pour diffamation.
Le président Biancheri a annoncé la nou-
velle à la Chambre, en prévenant les députés
que l'autorité judiciaire avait en conséquence
mis le séquestre sur ceux des documents de
M. Giolitti qui ont un caractère privé et qui
sont contenus dans lu sixième enveloppe de
la commission.
M. DE HOHENLOHE A METZ
Metz, 14 décembre.
Le prince de Hohüolohe-Langenhourg vient do
faire sa première entrée à Metz. Il est arrivé par
le train de 3 heures 18.
Le statlhaiter portait l'uniforme de général de
cavalerie. Il était accompagné de M. de Puttka-
mer, secrétaire d JWlat.
Le prince a été reçu à sa descente du train par
le président de Lorraine, le générai de Haeseler,
commandant le 16e corps, gouverneur de la place,
le maire de Metz et le directeur de la police.
Le statthalter s'est rendu à la préfecture où ont
eu lieu les présentations des autorités.
L'ÉLECTION DU XIIIe ARRONDISSEMENT
On annonce une nouvelle candidature, cello de
M. de Mênorva), ancien conseiller municipal du
quatrième- arrpndtsqeaant. -;, '¡ -,' ':
* ■ N ,.,
LES
RTAPES DE LA GUILLOTINH
LA NOUVELLE PLACE DES EXECUTIONS
Un déplacement. — Une place sanglante.
— Les duchesses et le diable
à la Roquette.
La vieille abbaye de Monte-à-Regret qui
élève ses cinq pierres sur la place de la Ro-
quette va bientôt être expropriée, et dame
Guillotine, en attendant qu'elle le fasse der-
rière les murs d'une prison, ira célébrer sa
messe rouge près de la Santé, dans un coin
désert du boulevard Saint-Jacques.
Le conseil général de la Seine vient de voter
un programme d'ensemble de transformation
de prisons parisiennes, comportant entre au-
tres la démolition de la Grande-Roquette, dé-
molition qui va amener le déplacement du
lieu d'exécutions. Avec la Roquette seront dé-
molis Mazas et Pélagie ; ces établissements
seront remplacés par un vaste établissement
pénitentiaire situé sur les bords de la Bièvre,
à Fresne-les-Rungis et qui sera relié directe-
ment à Paris par une voie ferrée spéciale.
LES DÉBUTS DE LA GUILLOTINE
Il y a un peu plus de cent ans, le 25 avril
1792, que se fit, sur la place de Grève, la pre-
mière expérience de l'instrument de mort ap-
pelé guillotine imaginé parle médecin philan-
thrope Guillotin et perfectionné par M. Louis,
secrétaire perpétuel de l'Académie de chirur-
gie, sur un nommé Jacques-Nicolas Pelletier,
voleur et assassin.
La place de Grève avait vu déjà bien d'au-
tes exécutions : Anne Dubourg, La Mole,
Montgomerry, Ravaillac, la maréchale d'An-
cre, Montmorency, la marquise de Brinvil-
liers, Damiens, Cartouche, le comte de Horn,
Lally-Tollendal, Favras, etc.
En 1793, la sinistre machine fut transférée
à la place Louis XV, de là à la barrière du
Trône, puis rétablie sur la place de Grève par
un décret de la Convention de messidor an
III.
En 1801, les républicains Demerville,Aréra,
Topino Lebrun sont exécutés ; en 1805, c'est
le tour des royalistes Cadoudal, Ficot,Joyant,
etc.
En 1816, les patriotes Fleigner, Corbon-
neau et Folleron sont guillotinés en lugùbrer-
appareil, chemise blanche et capuchon
noir, après avoir eu le poignet coupé.
Le 24 août 1822, le bourreau trancha la tête
des quatre héroïques sergents de la Rochelle
au cri de «Vivent les Bourbons 1 » que poussèrent
les belles royalistes qui, en toilette de cour,
s'éventaient et minaudaient aux fenêtres du
pourtour de la place ; huit ans après la
royauté était balayée et vingt mille citoyens
venaient faire sur cette place une procession
civique en l'honneur de ces martyrs de. la li-
berté.
LE GÉANT ISSOIRE
Après la révolution de Juillet, on se décida
a éloigner de l'intérieur de la ville le sanglant
spectacle des exécutions. On dressa l'instru-
ment de mort dans un lieu écarté et perdu,au
rond-point de la place Saint-Jacques, dans
cette vallée de misère où Arthur, le vaillant
paladin de la Table-Ronde, défit en combat
singulier le géant Issoire, amiral sarrazin,
contempteur des saints et de la benoiste Vierge
mère.
L'emplacement a toujours eu, d'ailleurs,
quelque chose de lugubre. Au milieu du sei-
zième siècle, il servait de repaire à des vo-
leurs ; dans les carrières voisines la bande de
Cartouche avait son repaire, protégé par la
terreur superstitieuse, car là était le vrai lieu
de sabbat, le sabbat d'Enfer. De belles du-
chesses, émoustillées par le Champagne, vou-
lurent, au sortir d'un bal, aller voir en son
logis le prince des Ténèbres; elles tombèrent
en plein dans la troupe de Cartouche qui, en
un clin d'œil, les deshabilla, pilla, viola quel-
que peu, et, ces privautés prises, les remit en
carrosse dans le plus simple appareil.
Là furent exécutés Fieschi, Pépin, Alibaud,
Papavoine, Castaing. Au commencement de
l'Empire, la guillotine émigra de nouveau sur
la rive droite, au haut de la rue de la Ro-
quette, dont la marraine est une petite plante
à fleurs jaunes qui pousse sur les tombes ou-
bliées dans les cimetières abandonnés.
Une des premières têtes qui tombèrent fut
celle d'Orsini, qui chantait la Marseillaise
sous le voile noir, puis Avinain, Lapomme-
raye, Troppman, Lebiez et tant d'autres.
LA GUILLOTINE A HUIS CLOS
Bientôt la machine quittera son hangar de
la rue de la Folie-Regnault pour aller se ga-
rer aux alentours de la prison de la Santé,
d'où elle n'aura plus bien longtemps à se
montrer en public, le Sénat étant sur le point
de voter la non-publicité des exécutions capi-
tales.
Donc, bientôt, la fille centenaire du docteur
Guillotin sera recluse et emmurée comme une
sorcière du moyen-âge et ne pourra plus faire
son office que dans l'ombre et le silence, loin
de la foule gouailleuse et hurlante, derrière
les murs d'une prison.
En attendant, on vient d'exproprier en face
la grande porte de la Santé un mastroquet
qui servait aux détenus de la prison des or-
dinaires variés. Derrière le zinc il y a un jar-
din au fond duquel on va construire un han-
gar pohr Jes bois de justice et leurs accessoi-
res, et sur l'espace resté libre, clos par une
barrière, le rasoir national, comme on disait
il y a cent ans, au huis demi-clos, mais con-
forme à l'observance de la loi, fonctionnera
loin des bruits de la ville et des tumultes du
populaire tenu à l'écart.
LE YACHT DU TSAR
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Copenhague, 14 décembre.
La semaine prochaine, le nouveau yacht du tsar
quittera le chantier.
C'est le plus grand yacht qui ait été jamais con-
struit. Le navire a une longueur de 425 pieds ; il
est mu par deux machines de 10,010 chevaux cha-
cune et file vingt lieues à l'heur,. L'équipage sera
composé de 50 officiels et 350 matelots y compris
les sous-ofticiers.
LES BOURSIERS DE L'ÉTAT
Le rapporteur du budget de l'instruction
publique a eu l'heureuse idée de nous donner
cette année la statistique des succès obtenus
au concours général par les jeunes gens qui,
ayant obtenu une bourse de l'Etat, ont le de-
voir de justifier ces sacriiices.
A Paris, si l'on déduit du total des nomina-
tions celles obtenues par les collèges Chaptal
et Stanislas, dont les boursiers no sont pas
connus, on arrive aux résultats suivants : Les
boursiers ont obtenu 31 prix sur 90, dont 2
prix d'honneur sur 5 ; 82 accessits sur 269.
Dans les départements, les boursiers obtien-
nent 2 prix dlicnaëur sur cinq, lâ autres prix
Mtf :'':' -.::.:=">:-:'
Ces succès sont en effet très remarquables
et prouvent qu'en général l'argent de l'Etat
est de l'argent bien placé. Il n'est même pas
absolument nécessaire qu'un jeune homme
fasse dans les distributions de prix ample
moisson de couronnes pour conserver ses
droits à une bourse et les succès scolaires ne
sont pas l'unique critérium des bonnes
études.
Encore faut-il que les boursiers qui ne bril-
lent pas aux premiers rangs se signalent au
moins par leur conduite et leur travail et, à
cet égard, la statistique du rapport aurait be-
soin d'être complétée. Ce n'est un mystère
pour personne, et surtout pour les chefs d'é-
tablissement, que quelques-uns de ces jeunes
gens favorisés ne tirent aucun profit des avan-
tages qu'on leur assure et, ce qui est plus
grave, tiennent des places qu'on refuse tous
les jours à des enfants pauvres et méritants.
Ce sont d'ordinaire ceux-là dont les proviseurs
ont le plus de peine à se débarrasser. On nous
doit la statistique des cancres officiellement
nourris aux frais du budget, ne serait-ce que
pour permettre à l'administration d'écarter
plus facilement ces frelons de la ruche.
LA CHERTÉ DES CIMETIÈRES
Les terrains haussent. dans les cimetières.
Et comme on n'accorde pas d'entrées de fa-
veur, les morts reculent devant la cherté du
prix des places et émigrent dans la banlieue.
Nous découpons à ce sujet un passage de la
discussion du budget de la ville de Paris :
Le rapporteur. — Les recettes prove-
nant des cimetières qui, au budget de 1894,
avaient été majorées dans une proportion
notable, dégagent au contraire une diminu-
tion considérable.
M. Patenne. — C'est l'augmentation du
prix des terrains dans les cimetières qui a
causé cette diminution considérable.
De plus en plus les Parisiens se font enter-
rer dans les cimetières suburbains.
M. Paul Viguier. — La salubrité de
Paris ne peut qu'y gagner.
M. Patenne. — Ce qui est certain, c'est
que l'augmentation du prix des terrains dans
les cimetières a fait diminuer la recette et que
les ouvriers marbriers ont déserté Paris pour
la banlieue.
LlIFiHJHAMIliU
-.--
Achat de mulets.— Mesures sanitaires
On sait que le général Duchesne, comman-
dant en chef désigné du corps expédition-
naire qai doit mettre les Malgaches à la rai-
son, a quitté son commandement de Belfort
pour venir s'installer à Paris, rue Saint-Do-
minique.
Là, de concert avec le ministre de la guerre
et le chef d'état-major général de l'armée, le
général Duchesne a tout le loisir d'organiser
sa petite expédition. D'ici au mois de mars
on a le temps de tout prévoir, et s'il manque
un seul bouton de guêtre, l'administration de
la guerre sera impardonnable.
On ne semble pas encore bien fixé sur le
choix des éléments du corps expéditionnaire.
Rien ne presse, il est vrai. Il est beaucoup
plus urgent de préparer dès maintenant les
moyens de transport nécessaires à la colonne
et de prendre toutes, les mesures sanitaires si
importantes dans un pays où la dysenterie et
les fièvres sont beaucoup plus redoutables et
tuent plus sûrement que les balles enne-
mies.
En ce qui concerne les moyens de trans-
port, le ministère de la guerre a passé des
contrats relatifs au matériel fluvial pour
douze canonnières et cinquante chalands.
Puis on a commandé 5,000 voitures sénéga-
laises, semblables à celles dont nous nous
servons au Soudan.
Sur ce point, on n'a guère de mécomptes à
redouter.
* Pour les animaux, c'est une autre histoire.
Il paraît qu'on prend des dispositions pour
réunir au moment voulu 6,000 mulets au
moins et que l'artillerie travaille activement
à apprêter bâts et harnais nécessaires.
Or, le mulet semble jouir dans l'armée d'une
assez mauvaise réputation, et si nous en
croyons le général Philibert, qui le connaît
bien pour l'avoir longuement pratiqué, nous ne
devons avoir dans cet animal qu'une con-
fiance limitée.
Le général Philebert ne nie point les sé-
rieuses qualités du mulet, mais ses mésaven-
tures personnelles lui permettent d'affirmer
que seul le mulet âgé de plus de quatre ans,
dressé et fait à la charge, peut rendre de sé-
rieux services.
« Au moment de l'expédition de Tunisie, ra-
conte le général, on m'avait donné, pour as-
surer le transport de ma brigade, 1,800 mu-
lets âgés de quatre ans, n'ayant jamais fait
le moindre service.
« Or, ces animaux furentincapables deporter
leur charge ; le premier jour, cinq moururent
en route, le second sept ; beaucoup restèrent
couchés le long de la route et ne purent se
relever. Les charges gisaient naturellement à
côté et il fallut laisser partout des détache-
ments d'infanterie à la garde des caisses du
Trésor, des bagages et des vivres. »
IL est bien évident que les 6,000 mulets que
l'on se propose d'acheter ne vaudront pas
mieux que, ceux expédiés en Tunisie et que
par conséquent, si l'on ne met pas à profit
les trois mois qui nous séparent de l'expédi-
tion de Madagascar pour les dresser et les
habituer à la charge, nous devons nous at-
tendre à un déchet considérable — et irrépa-
rable — sur la longue route de Majunga à Ta.
'nanarive, l'objectif du corps expédition-
naire.
Nous souhaitons donc vivement que le
passé nons serve de leçon et que la parole du
général Philebert, soit entendue dans les
bureaux de la rue Saint-Dominique.
Quant aux mesures sanitaires, nous sommes
heureux de constater que le service de santé
s'en préoccupe dès maintenant avec la plus
louable activité.
C'est ainsi qu'une mission vient de s'embar-
quer à Marseille, à destination de Madagas-
car, afin de rechercher, soit dans les environs
de Majunga, soit à lMle de la Réunion, soit
dans quelque autre de nos possessions voisi-
nes, un emplacement favorable à l'établisse-
ment d'un sanatorium où pourront être éva-
cués malades et blessés.
Cette mission est dirigée par M. le lieute-
nant-colonel Bailloud, du 22e d'artillerie, ac-
compagné d'un médecin-major de première
classe et d'un chef de bataillon du génie. Le
service de santé expédiera tout le matériel
nécessaire dès que l'emplacement sera défini-
tivement choisi.
On voit que les actes suivent de près les
paroles prononcées par le ministre de la
guerre et quelques autres owiteurs, tant à la
Chambre qu'au Sénat.
La santé de nos petits troupiers est la
préoccupation dominante du gouvernement,
et rien ne sera négligé sur ce point.
Combien, hélas T auront besoin des soins
qu'on leur prépare i
- ..- ,- -- ._#,
CHRONIQUE
QUESTION D'UNIFORME
Est-il vrai, comme l'assurent quelques
confrères, qu'on songe à modifier la tenue
classique du petit troupier ? Que les bon-
nes d'enfant se rassurent 1 Ce n'est pas au
pantalon rouge qu'on en veut. Mais la tu-
nique a ses détracteurs. On la trouve étri-
quée, trop ajustée, gênante dans les en-
tournures. A quoi ses défenseurs répon-
dent que la tunique est une tenue de ville,
élégante, habillée et surtout bien mili-
taire.
Quand par hasard elle ne va pas bien,
ce n'est pas la faute du vêtement, mais du
tailleur. Elle n'est pas commode, c'est
vrai, pour les mouvements du corps,mais
qu'importe ? La tunique est un vêtement
de parade; on ne la porte pas à la caserne,
ni dans les corvées, ni dans les exercices;
ce n'est pas une tenue de manœuvres, en-
core moins une tenue de campagne. Pour-
quoi la sacrifier puisqu'elle plaît à l'œil
quand les troupes n'ont pas autre chose à
faire que de plaire, et qu'elle rentre en
magasin quand il leur faut se livrer à des
occupations plus sérieuses ?
Nous allons voir recommencer autour
de la tunique la vieille querelle qui de tout
temps a divisé les commissions d'habille-
ment, la querelle des « esthètes » et des
utilitaires. Les « esthètes » ne sont sensi-
bles qu'à la beauté de l'uniforme, à l'élé-
gance de là coupe, à l'harmonie des cou-
leurs. Ils sont la bonne fortune des « al-
bums illustrés» et la joie des enfants,
grands ou petits, qui s'amusent à voir dé-
filer les régiments comme des figurants
de théâtre.
L'armée de l'ancien régime leur donnait
à cet égard des satisfactions sans mélange.
Je ne crois pas que le costume de l'infan-
terie ait jamais été plus brillant et plus
incommode. Il y avait d'abord le chapeau
noir à trois cornes bordé d'un galon d'ar-
gent. Il avait grand air assurément. Il est
vrai qu'il ne tenait pas sur la tête. Les
mouvements du fusil menaçaient de le
jeter bas à tout instant. S'il venait à pleu-
voir, il formait une triple gouttière d'où
l'eau ruisselait sur les épaules et sur la
poitrine et sur le dos. Les cheveux ras-
semblés « en queue » derrière la tête ou
« en faces » sur les deux côtés, soigneu-
sement poudrés à frimas les jours de pa-
rade, étaient aussi bien décoratifs. Mais
on devine ce qu'ils devenaient en campa-
gne. « Ce soldat, dit le maréchal de Saxe,
si bien poudré et frisé à blanc, est souvent
chargé de crasse, de vermine et de misère
depuis la tête jusqu'aux pieds. » Et cepen-
dant on avait pris la Bastille que « la
queue » résistait encore, et il a fallu les
guerres de la Révolution pour la faire
tomber sous les ciseaux du frater.
Demandez aussi aux habitués de l'O-
péra-Comique s'il y avait rien de plus
élégant que l'habit blanc à la française, à
doubles retroussis, et la culotte collante
qui faisait si bien valoir la jambe? On
disait bien que cet habit avait pour prin-
cipal défaut te ne pas habiller du tout.
Il était tt up court, trop étroit, trop étran-
glé ; il ne recouvrait que les épaules et les
reins. Il laissait à découvert la poitrine et
les cuisses, aussi bien derrière que de-
vant. Y substituer un vêtement plus
ample et mieux étoffé ? Vous n'y songez
pas. C'eût été détruire l'effet de la culotte.
Et tous les contemporains nous appren-
nent que le soldat français l'emportait sur
tous les autres par la jambe , et que toute
l'Europe nous enviait cette jambe un
siècle avant que le rond-de-cuir ne fût de-
venu l'objet de ses préférences. Ajoutons
que cette culotte était blanche comme l'ha-
bit et imaginez ce qu'elle pouvait devenir
après deux ou trois mois de campagne sur
les boues des grands chemins ou dans les
hasards du bivouac 1 Il est vrai qu'une
bonne moitié de ces brillants soldats, sai-
sis par la fluxion de poitrine ou perclus
de rhumatismes, jonchaient les routes ou
allaient encombrer les places de guerre et
les hôpitaux. Mais il en restait encore as-
sez pour arriver à l'ennemi, et ceux qui
parvenaient à l'atteindre se battaient pour
les absents.
Ce fut assurément l'âge d'or des « es-
thètes ». Ils triomphèrent sur toute la ligne
et d'autant plus qu'il n'y avait pas alors
de tenue de campagne. Les soldats par-
taient pour la guerre tels qu'ils défilaient
après « une montre » sous les yeux des
badauds éblouis. Et quand on parlait de
vêtir un peu mieux le troupier, comme
aussi de le mieux nourrir, on vous répon-
dait qu'il fallait avant tout l'habituer aux
privations et à la dure et que c'était l'amol-
lir que de protéger son corps contre les
« incongruités de l'air ».
Et de nos jours, a-t-on eu assez de peine
à débarrasser le soldat de ces bonnets à
poil, de ces shakos gigantesques qui ont
exercé la verve des caricaturistes ? Il faut
dire qu'ils servaient en même temps d'ar-
moires. Et l'on aurait peine à se figurer
tout ce qu'ils pouvaient contenir si nous
n'avions pour terme de comparaison la
poche du collégien moderne. C'est bien
comme armoires au surplus que les pro-
tecteurs du shako prétendaient défende
leur couvre-chef. En campagne, disaient-
ils, le soldat jettera son sac; il n'osera
jamais se débarrasser de sa coiffure.
Il semble que la solution du problème
ait été trouvée le jour où l'on s'est aperçu
que le soldat, comme un travailleur quel-
conque, devait avoir plusieurs tenues.
L'ouvrier, le dimanche, laisse le bourge-
ron pour la redingote. Il n'était vraiment
pas pratique d'aller « pincer l'oreille à
Jules » avec les cheveux poudrés et un
habit à la française. Pourquoi « les utili-
taires » voudraient-ils aujourd'hui suppri-
mer la tunique puisqu'on leur laisse les
vêtements de corvée et de campagne?
Il est vrai que le costume de corvée ne
serait pas, lui non plus, à l'abri des pro-
jets de réforme. Il est question de suppri-
mer aussi la petite veste droite à une ran-
gée de boutons pour la remplacer par un
jersey plus commode et plus chaud.
J'aww fQÉ> pour supart, je ne tte&e
-.. -,. -' -r ,. - - -- -
pas beaucoup à la veste. Ce n'est, en
somme, qu'un habit enlaidi dont on a
coupé la queue. Elle ne protège ni le ven-
tre ni les cuisses ; elle laisse souvent en-
tre elle et la culotte rouge une solution de
continuité qui fait les délices des habitués
de cafés-concerts. Comme vêtement de tra-
vail, la veste emprisonne si bien les épau-
les et les bras qu'elle empêche surtout de
travailler. Ses partisans nous disent que
le jersey serait un fàcheux emprunt au
costume des canotiers, des sociétés de tir
et autres esbrouffeurs fin de cycle. Ils
craignent que l'intérieur d'une caserne ne
donne désormais l'impression d'une vaste
partie de cricket, de lawn-tennis ou de
foot-ball. Est-ce qu'avec un peu de bonne
volonté les tailleurs pour soldats ne pour-
raient ajouter aux qualités hygiéniques du
jersey ce je ne sais quoi lui ferait trouver grâce devant l'œil sévère
de nos généraux?
Ils ont, du reste, tout le temps voulu
pour préparer leurs modèles. Un confrère
nous assurait hier qu'il y avait encore en
magasin des petites vestes pour vingt-cinq
ans au moins 1 Il serait plus difficile de les
écouler dans l'industrie privée que les
laissés-pour-compte des grands tailleurs
parisiens. Les placer sur le dos des nègres
du Congo, à supposer qu'ils y consentent,
ne serait pas un placement de père de
famille. Nous avons donc bien des chances
de les revoir encore sur les épaules de nos
fils et ceux qui font les tourlourous à la
Scala ou à l'Eldorado ont encore de beaux
effets de torse sur les planches.
André Balz.
L'AFFAIRE FAVETTE
M. de Cosnac a commencé hier, vendredi, l'ins-
truction de l'affaire Favette. Il a entendu les dépo-
sitions de MM. Gustave Isambert, président de la
commission des règlements de comptes, Million,
député du Rhône, vice-président de la même com-
mission et rapporteur des comptes du ministère de
la justiçe, et Bozérian, rapporteur des comptes
du ministère du commerce.
Il a ensuite procédé à l'interrogatoire de M. Fa-
vette.
LES OBSÈQUES DE 1. BOiEAD
LA MISE EN BIÈRE
Le corps de M. Burdeau a été mis en bière
hier matin en présence de MM. Étienne, de la
Battut, Lavertujon, Denoix et Reirtah, dé-
putés, et de M. 'Ruiz qui fut l'un des plus in-
times amis de Gambetta et que de vieillell
relations unissaient au regretté président de
la Chambre.
Les traits de M. Burdeau avaient conservé
une véritable sérénité. Les assistants étaient
très émus; M. Etienne n'a pu retenir ses lar-
mes lorsque le corps de son ami, revêtu de
noir et portant le ruban rouge si vaillamment
gagné en 1870, a été placé dans le triple cer-
cueil capitonné de soie, garni des fleurs dé-
posées sur la couche funebre..
Sur la bière, une plaque d'argent a été
scellée avec cette inscription :
AUGUSTE BURDEAU
Président de la Chambre des députés
Ancien ministre
Chevalier de la Légion d'honneur
Les huissiers de la présidence et les hom-
mes de service de la Chambre ont ensuite
descendu le cercueil dans le grand salon du
palais, dont la décoration a été achevée un
peu plus tôt qu'on ne l'avait tout d'abord
pensé.
L'EXPOSITION DU CORPS
Ainsi que nous l'avons dit hier, les trois
portes du perron donnant sur la cour d'hon-
neur de la rue de l'Université sont tendues de
lourdes draperies relevées de franges et torsa-
des d'argent et sont surmontées d'écussons,
enguirlandés de chêne et de laurier, aux ini-
tiales du défunt et au chiffre de la Républi-
que.
Les candélabres allumés sont voilés de
crêpa.
Dans le vestibule, entièrement drapé de
noir et décoré des couleurs nationales, brûlent
six grands lampadaires.
Dans le salon d'honneur, où les visiteurs
sont admis depuis dix heures du matin en'
entrant par le salon des Arts, le cercueil, re-
couvert d'un drap de velours noir avec cons.
tellations d'argent et du drapeau français, a
été placé sur un catafalque entouré de candé-
labres, de plantes vertes et de faisceaux trit,
colores.
Le corps est veillé par des députés, qui se
relèvent d'heure en heure ; le piquet d'hon-
neur est formé par deux gardes républicains,
deux soldats d'infanterie de marine, deux
huissiers de la présidence et deux hommes
de service de la Chambre. Au pied du cata-
falque deux coussins supportent l'écharpe du
député et la croix de la Légion d'honneur,
voilées de deuil.
L'exposition du corps de M. Burdeau con-
tinuera aujourd'hui jusqu'à six heures du
soir.
Le public entre par la porte de la rue de
l'Université,où un service d'ordre est organisé
sous la direction de l'officier de paix de l'ar-
rondissement. Les visiteurs sortent par le
quai d'Orsay.
L'affluence des visiteurs est considérable.
La foule qui se presse pour rendre un der-
nier hommage au président Burdeau défila
recueillie, attristée.
LES PRÉPARATIFS DES OBSÈQUES
Les préparatifs pour les obsèques sont acti.
vement poussés. Le palais Bourbon tout en-
tier est aux mains des ouvriers des pompes
funèbres.
Dans la cour de la rue de Bourgogne, les
murs disparaissent sous les tentures noires ;
les colonnes du portique sont tendues de ve-
lours noir. C'est au centre du terre-plein au-
quel on accède par deux rampes et qui do-
mine toute la cour, que sera dressé le
catafalque sur lequel, dimanche matin, sera
placé le cercueil.
La salle Casimir-Perier, où se réuniront les
députés avant la cérémonie, est également li-
vree aux ouvriers.
Les statues qui ornent cette salle, ainsi que
le bas-relief de Dalou et les colonnes, sont
drapées de tentures noires.
Pour la façade du palais qui donne sur la
quai d'Orsay, la décoration sera à peu près la
même que pour la mort de M. Carnot. Des
ouvriers ont disposé hier après midi les
grandes tentures qui drapent la colonnade dti
palais.
L'ITINÉRAIRE DÉFINITIF
Le bureau de la Chambre, réuni hier, a ur.
rêté définitivement l'itinéraire du cortège: -
Place de la concorde rue &0,-,- :
.:. -- - - - - -. - - - - '1 -
-. -.. ;"., .-,; -"!"'-:":"" J':.,, _.-.
LE XIXE SIÈCLE
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Téléphone : 20.289 bis.
PAS DE POLITIijUE
Bruxelles compte depuis quelques
Jours parmi ses hôtes M. le duc d'Or-
iéans, fils de prétendant, prétendant lui-
même. On nous a dit d'avance quelle
était la cause de ce déplacement, d'ordre
moins régence que celle qui avait na-
guère motivé ses pérégrinations à travers
diverses capitales de l'Europe.
Philippe VIII trouvait qu'il recevait
peu de visites à Stowe-house. Il avait
cru démêler que les fidèles de la monar-
chie n'avaient pas généralement pour la
mer les sentiments de M. de Douville-
Maillefeu, qui ne se trouve bien que sur
elle. Il en est parmi eux qui sont des
terriens endurcis et à qui la traversée
de Calais à Douvres, surtout par les
houles d'hiver, paraissait affreusement
pénible. Ils pouvaient encore se croire
obligés de faire ce sacrifice à M. le
comte de Paris, mais un jeune homme,
même quand il se destine au métier de
roi au lieu de choisir un état qui offre
plus de débouchés et expose à moins de
chômages, peut bien faire la moitié du
chemin pour épargner quelques nausées
à des gentilshommes sédentaires par
goût.
Ne pouvant découvrir d'autre expli-
cation à la solitude où on le laissait, le
prétendant que l'on se plaît à nous re-
présenter comme un audacieux s'est
rendu à Bruxelles. C'est tout près de
Paris, on y est porté en quelques heures
d'express ; on peut même continuer
toutes ses relations par le téléphone. Une
visite dans ces conditions cause moins
de dérangement que la première partie
de chasse venue.
De fait, quelques personnes ont jugé
qu'elles ne pouvaient négliger cette oc-
casion peu onéreuse de présenter leurs
hommages. Cela n'a pas fait une mul-
titude, la compagnie du Nord n'a pas
été forcée par l'affluence à dédoubler
les trains ; mais enfin il y a eu assez de
monde pour ne pas nuire à l'animation
de l'hôtel où le jeune duc est descendu.
On a même pu citer dans les journaux
du parti les noms d'une dizaine de voya-
geurs un peu connus, qui n'ont pas tous
envoyé des rectifications.
Mais voici qu'au bout de deux ou
trois jours les réceptions s'arrêtent
presque, pour cause de rhume ; la porte
ne s'entr'ouvre plus que discrètement
pour des intimes et l'on fait passer
dans Y Etoile belge, le même journal
qui insérait sous l'Empire les lettres de
Verax, réimprimées dans les œuvres du
duc d'Aumale, une note destinée à per-
suader au public que l'ancien fconscrit
manqué n'est pas venu à Bruxelles pour
faire de la politique. Qu'est-ce qu'il
pourrait bien être venu y faire? Alors,
c'est le jeune homme qui ne fait rien !
La raison de tout cela est dans un
excès d'ardeur de M. Roger Lambelin,
qui porte aujourd'hui le titre, délaissé
par M. Georges Berry, de président de
l'Association de la jeunesse royaliste et
qui est, depuis peu, conseiller munici-
pal du quartier des Invalides.
M. Lambelin, sortant de l'hôtel, a
épanché sa joie dans le sein d'un cor-
respondant de journal ; il a traduit les
aentiments dont il n'est pas accoutumé
à faire mystère envers la République et
Jes républicains. Il a exprimé l'espoir
que les prétentions monarchiques re-
trouveraient des sympathies dans l'ar-
mée et de l'appui dans le clergé, et a
constaté du même coup qu'elles n'a
voient rien à attendre du président de
Ici République. Enfin, il n'a pas cru
commettre une grande indiscrétion en
risquant cette révélation : « Pour le
moment, le duc passe la revue de ses
partisans qui lui arrivent de France. »
Tout le monde s'en doutait bien un
peu et il ne semble pas, au pre-
mier abord, que M. Lambelin ait
éventé un grand secret. Que s'il a
ajouté que ces partisans, passés en re-
vue dans un salon d'hôtel qui suffit am-
plement aux besoins, sont ranimés,
pleins d'espoir, s'il croit assister à un
renouveau royaliste, on peut observer
que ces hymnes à l'espérance sont
connus sans interruption depuis 1830,
car ils étaient les mêmes sous l'usurpa-
teur, le propre bisaïeul de Philippe VIII.
Seulement, ils ont été longtemps chan-
tés par des chœurs plus nourris.
Les confidences de M. Lambelin, qui
eussent paru inoifensives et plutôt gaies
dans le quartier- des Invalides, n'en ont
pas moins semblé importunes à Bruxel-
les. On y serait très ennuyé d'être amené
à prier un prince, qui est le parent du
roi et chez qui le roi a déposé sa carte
cornée, d'aller tenir ses audiences
ailleurs; mais on ne se soucie pas de
paraître favoriser des entreprises contre
un gouvernement ami et la tranquillité
d'un pays voisin. Il a donc fallu iaso-
quer la formule de Bilboquet : « La po-
litique est étrangère à l'événement. »
Et voilà pourquoi les discours de M.
Lambelin ont jeté un tel froid que son
duc s'est senti enrhumé du coup et réflé-
chit qu'il est moins facile qu'il n'aurait
cru de soutenir le rôle d'un prétendant
« audacieux ».
Gustave Isambert.
LA PRÉSIDENCE DE LA CHAMBRE
Nous avons dit, au lendemain du décès de
M. Burdeau, qu'il semblait certain que l'élec-
tion de son successeur au fauteuil présiden-
tiel serait ajournée à la rentrée de janvier, le
bureau tout entier étant, à cette date, soumis
à une réélection obligatoire.
C'était là le sentiment du premier jour. D'a-
près les conversations recueillies hier dans
les couloirs, nombre de députés ont changé
d'avis ; en grande majorité ils se prononcent
pour une élection plus rapprochée, c'est-à-
dire mardi prochain.
Nous ne voulons pas rechercher les motifs
qui ont provoqué ce revirement d'opinion; il
nous suffira aujourd'hui de répéter quels
sont les candidats en présence:
Les radicaux et les socialistes se proposent
de porter MM. Brisson et Cavaignac. Les mo-
dérés ont plusieurs candidats : MM. Félix Fau-
re, Ribot, Develle et Méline.
On cite également le nom de M. Léon Bour-
geois.
Ajoutons que M. Méline dément qu'il ait
donné son assentiment à la candidature de
M. Félix Faure. La nouvelle était d'ailleurs
invraisemblable, puisque M. Méline est lui-
même au nombre des candidats.
L'AMBASSADE D'ALLEMAGNE
et la mort de M. Burdeau
M. de Munster, ambassadeur d'Allemagne, s'est
rendu hier, sur l'ordre de l'empereur, chez le pré-
sident de la République et lui a exprimé ses con-
doléances au sujet de la mort de M. Burdeau, dont
l'empereur Guillaume, a-t-il ajoute, avait gardé les
meilleurs souvenirs à la suite de la conférence du
travail à Berlin.
Le président de la République, très sensible à
cette démarche, a prié l'ambassadeur d'être l'inter-
prète de ses sentiments.
On nous assure que l'ambassade allemande as-
sistera au complet et en costume aux obsèques.
LES RALLIÉS EN PÈLERINAGE
Parmi ceux qui ont fait le voyage de
Bruxelles pour offrir au duc d'Orléans l'ex-
pression de leur fidélité, nous relevons MM.
Caillard d'Ailliéres, député de la Sarthe, De-
nys Cochin, député du huitième arrondisse-
ment, Amédé Dufaure, ancien député, — et
enfin M. le comte Albert de Mun. Il n'est pas
vraisemblable que ce dernier ait fait cette
démarche significative sans la permission de
Léon XIII. Mais, nlors, que devient le loya-
lisme républicain du souverain-pontife ?
POLICIERS EN RETRAITE
Le conseil municipal vient de prononcer la
liquidation de retraite de deux serviteurs de
la préfecture de police qui firent parler beau-
coup d'eux. L'un est M. Auger, ex-officier de
paix de la brigade des jeux, dont le nom a
été souvent mêlé aux affaires de cercles que
M. Dopffer instruit en ce moment. Sa pension
s'élève à 3,118 fr. 80.
Le second est Rossignol, l'émule de Jaume
et de Prince, inspecteur principal de la sûreté,
qui captura pendant sa longue carrière tant
de malfaiteurs dangereux. La retraite que lui
servira l'administration s'élèvera à 1,270 fr.
40 c. On sait que Rossignol s'est retiré sur
les bords de la Marne, à Joinville, en face de
Convers, dans une maison originale : une
péniche qu'il a transformée en restaurant.
MONOPOLE EXORBITANT
Le tribunal civil de Dijon a rendu, le 12 dé-
cembre, son jugement dans le procès intenté
par l'administration des pompes funèbres au
syndicat des imprimeurs.
Le tribunal a décidé que les billets de décès
rentraient dans le monopole concédé aux
pompes funèbres et conséquemment que, seule,
cette administration pouvait les imprimer.
Le syndicat des imprimeurs a été con-
damné en outre à 1 franc de dommages-
intérêts.
Nous doutons qu'une municipalité ait le
droit de donner, sous prétexte d'annexe à la
concession des pompes funèbres, un mono-
pole qui porte une atteinte manifeste à la
liberté de l'imprimerie et de la librairie. Alors,
pourquoi ne pas attribuer au service des
pompes funèbres le droit de confectionner les
vêtements de deuil ?
Cette décision, sujette à revision, atteint
non seulement les imprimeurs de Dijon, mais
ceux de la France entière. Une famille dijon-
naise n'aurait pas le droit de faire imprimer
à Paris un billet de décès?.
LES DOCUMENTS DE M. GIOLITTI
Rome, 14 décembre.
11 faut encore attendre vingt-quatre heures
pour connaître la teneur des documents de
M. Giolitti.
L'impression en est achevée, mais la publi-
cation n'en sera faite que demain,
Pour l'instant — et c'est le gros événement
du jour — Mme Crispi a résolu, à la suite de
ces incidents, de porter plainte contre M. Gio-
litti pour diffamation.
Le président Biancheri a annoncé la nou-
velle à la Chambre, en prévenant les députés
que l'autorité judiciaire avait en conséquence
mis le séquestre sur ceux des documents de
M. Giolitti qui ont un caractère privé et qui
sont contenus dans lu sixième enveloppe de
la commission.
M. DE HOHENLOHE A METZ
Metz, 14 décembre.
Le prince de Hohüolohe-Langenhourg vient do
faire sa première entrée à Metz. Il est arrivé par
le train de 3 heures 18.
Le statlhaiter portait l'uniforme de général de
cavalerie. Il était accompagné de M. de Puttka-
mer, secrétaire d JWlat.
Le prince a été reçu à sa descente du train par
le président de Lorraine, le générai de Haeseler,
commandant le 16e corps, gouverneur de la place,
le maire de Metz et le directeur de la police.
Le statthalter s'est rendu à la préfecture où ont
eu lieu les présentations des autorités.
L'ÉLECTION DU XIIIe ARRONDISSEMENT
On annonce une nouvelle candidature, cello de
M. de Mênorva), ancien conseiller municipal du
quatrième- arrpndtsqeaant. -;, '¡ -,' ':
* ■ N ,.,
LES
RTAPES DE LA GUILLOTINH
LA NOUVELLE PLACE DES EXECUTIONS
Un déplacement. — Une place sanglante.
— Les duchesses et le diable
à la Roquette.
La vieille abbaye de Monte-à-Regret qui
élève ses cinq pierres sur la place de la Ro-
quette va bientôt être expropriée, et dame
Guillotine, en attendant qu'elle le fasse der-
rière les murs d'une prison, ira célébrer sa
messe rouge près de la Santé, dans un coin
désert du boulevard Saint-Jacques.
Le conseil général de la Seine vient de voter
un programme d'ensemble de transformation
de prisons parisiennes, comportant entre au-
tres la démolition de la Grande-Roquette, dé-
molition qui va amener le déplacement du
lieu d'exécutions. Avec la Roquette seront dé-
molis Mazas et Pélagie ; ces établissements
seront remplacés par un vaste établissement
pénitentiaire situé sur les bords de la Bièvre,
à Fresne-les-Rungis et qui sera relié directe-
ment à Paris par une voie ferrée spéciale.
LES DÉBUTS DE LA GUILLOTINE
Il y a un peu plus de cent ans, le 25 avril
1792, que se fit, sur la place de Grève, la pre-
mière expérience de l'instrument de mort ap-
pelé guillotine imaginé parle médecin philan-
thrope Guillotin et perfectionné par M. Louis,
secrétaire perpétuel de l'Académie de chirur-
gie, sur un nommé Jacques-Nicolas Pelletier,
voleur et assassin.
La place de Grève avait vu déjà bien d'au-
tes exécutions : Anne Dubourg, La Mole,
Montgomerry, Ravaillac, la maréchale d'An-
cre, Montmorency, la marquise de Brinvil-
liers, Damiens, Cartouche, le comte de Horn,
Lally-Tollendal, Favras, etc.
En 1793, la sinistre machine fut transférée
à la place Louis XV, de là à la barrière du
Trône, puis rétablie sur la place de Grève par
un décret de la Convention de messidor an
III.
En 1801, les républicains Demerville,Aréra,
Topino Lebrun sont exécutés ; en 1805, c'est
le tour des royalistes Cadoudal, Ficot,Joyant,
etc.
En 1816, les patriotes Fleigner, Corbon-
neau et Folleron sont guillotinés en lugùbrer-
appareil, chemise blanche et capuchon
noir, après avoir eu le poignet coupé.
Le 24 août 1822, le bourreau trancha la tête
des quatre héroïques sergents de la Rochelle
au cri de «Vivent les Bourbons 1 » que poussèrent
les belles royalistes qui, en toilette de cour,
s'éventaient et minaudaient aux fenêtres du
pourtour de la place ; huit ans après la
royauté était balayée et vingt mille citoyens
venaient faire sur cette place une procession
civique en l'honneur de ces martyrs de. la li-
berté.
LE GÉANT ISSOIRE
Après la révolution de Juillet, on se décida
a éloigner de l'intérieur de la ville le sanglant
spectacle des exécutions. On dressa l'instru-
ment de mort dans un lieu écarté et perdu,au
rond-point de la place Saint-Jacques, dans
cette vallée de misère où Arthur, le vaillant
paladin de la Table-Ronde, défit en combat
singulier le géant Issoire, amiral sarrazin,
contempteur des saints et de la benoiste Vierge
mère.
L'emplacement a toujours eu, d'ailleurs,
quelque chose de lugubre. Au milieu du sei-
zième siècle, il servait de repaire à des vo-
leurs ; dans les carrières voisines la bande de
Cartouche avait son repaire, protégé par la
terreur superstitieuse, car là était le vrai lieu
de sabbat, le sabbat d'Enfer. De belles du-
chesses, émoustillées par le Champagne, vou-
lurent, au sortir d'un bal, aller voir en son
logis le prince des Ténèbres; elles tombèrent
en plein dans la troupe de Cartouche qui, en
un clin d'œil, les deshabilla, pilla, viola quel-
que peu, et, ces privautés prises, les remit en
carrosse dans le plus simple appareil.
Là furent exécutés Fieschi, Pépin, Alibaud,
Papavoine, Castaing. Au commencement de
l'Empire, la guillotine émigra de nouveau sur
la rive droite, au haut de la rue de la Ro-
quette, dont la marraine est une petite plante
à fleurs jaunes qui pousse sur les tombes ou-
bliées dans les cimetières abandonnés.
Une des premières têtes qui tombèrent fut
celle d'Orsini, qui chantait la Marseillaise
sous le voile noir, puis Avinain, Lapomme-
raye, Troppman, Lebiez et tant d'autres.
LA GUILLOTINE A HUIS CLOS
Bientôt la machine quittera son hangar de
la rue de la Folie-Regnault pour aller se ga-
rer aux alentours de la prison de la Santé,
d'où elle n'aura plus bien longtemps à se
montrer en public, le Sénat étant sur le point
de voter la non-publicité des exécutions capi-
tales.
Donc, bientôt, la fille centenaire du docteur
Guillotin sera recluse et emmurée comme une
sorcière du moyen-âge et ne pourra plus faire
son office que dans l'ombre et le silence, loin
de la foule gouailleuse et hurlante, derrière
les murs d'une prison.
En attendant, on vient d'exproprier en face
la grande porte de la Santé un mastroquet
qui servait aux détenus de la prison des or-
dinaires variés. Derrière le zinc il y a un jar-
din au fond duquel on va construire un han-
gar pohr Jes bois de justice et leurs accessoi-
res, et sur l'espace resté libre, clos par une
barrière, le rasoir national, comme on disait
il y a cent ans, au huis demi-clos, mais con-
forme à l'observance de la loi, fonctionnera
loin des bruits de la ville et des tumultes du
populaire tenu à l'écart.
LE YACHT DU TSAR
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Copenhague, 14 décembre.
La semaine prochaine, le nouveau yacht du tsar
quittera le chantier.
C'est le plus grand yacht qui ait été jamais con-
struit. Le navire a une longueur de 425 pieds ; il
est mu par deux machines de 10,010 chevaux cha-
cune et file vingt lieues à l'heur,. L'équipage sera
composé de 50 officiels et 350 matelots y compris
les sous-ofticiers.
LES BOURSIERS DE L'ÉTAT
Le rapporteur du budget de l'instruction
publique a eu l'heureuse idée de nous donner
cette année la statistique des succès obtenus
au concours général par les jeunes gens qui,
ayant obtenu une bourse de l'Etat, ont le de-
voir de justifier ces sacriiices.
A Paris, si l'on déduit du total des nomina-
tions celles obtenues par les collèges Chaptal
et Stanislas, dont les boursiers no sont pas
connus, on arrive aux résultats suivants : Les
boursiers ont obtenu 31 prix sur 90, dont 2
prix d'honneur sur 5 ; 82 accessits sur 269.
Dans les départements, les boursiers obtien-
nent 2 prix dlicnaëur sur cinq, lâ autres prix
Mtf :'':' -.::.:=">:-:'
Ces succès sont en effet très remarquables
et prouvent qu'en général l'argent de l'Etat
est de l'argent bien placé. Il n'est même pas
absolument nécessaire qu'un jeune homme
fasse dans les distributions de prix ample
moisson de couronnes pour conserver ses
droits à une bourse et les succès scolaires ne
sont pas l'unique critérium des bonnes
études.
Encore faut-il que les boursiers qui ne bril-
lent pas aux premiers rangs se signalent au
moins par leur conduite et leur travail et, à
cet égard, la statistique du rapport aurait be-
soin d'être complétée. Ce n'est un mystère
pour personne, et surtout pour les chefs d'é-
tablissement, que quelques-uns de ces jeunes
gens favorisés ne tirent aucun profit des avan-
tages qu'on leur assure et, ce qui est plus
grave, tiennent des places qu'on refuse tous
les jours à des enfants pauvres et méritants.
Ce sont d'ordinaire ceux-là dont les proviseurs
ont le plus de peine à se débarrasser. On nous
doit la statistique des cancres officiellement
nourris aux frais du budget, ne serait-ce que
pour permettre à l'administration d'écarter
plus facilement ces frelons de la ruche.
LA CHERTÉ DES CIMETIÈRES
Les terrains haussent. dans les cimetières.
Et comme on n'accorde pas d'entrées de fa-
veur, les morts reculent devant la cherté du
prix des places et émigrent dans la banlieue.
Nous découpons à ce sujet un passage de la
discussion du budget de la ville de Paris :
Le rapporteur. — Les recettes prove-
nant des cimetières qui, au budget de 1894,
avaient été majorées dans une proportion
notable, dégagent au contraire une diminu-
tion considérable.
M. Patenne. — C'est l'augmentation du
prix des terrains dans les cimetières qui a
causé cette diminution considérable.
De plus en plus les Parisiens se font enter-
rer dans les cimetières suburbains.
M. Paul Viguier. — La salubrité de
Paris ne peut qu'y gagner.
M. Patenne. — Ce qui est certain, c'est
que l'augmentation du prix des terrains dans
les cimetières a fait diminuer la recette et que
les ouvriers marbriers ont déserté Paris pour
la banlieue.
LlIFiHJHAMIliU
-.--
Achat de mulets.— Mesures sanitaires
On sait que le général Duchesne, comman-
dant en chef désigné du corps expédition-
naire qai doit mettre les Malgaches à la rai-
son, a quitté son commandement de Belfort
pour venir s'installer à Paris, rue Saint-Do-
minique.
Là, de concert avec le ministre de la guerre
et le chef d'état-major général de l'armée, le
général Duchesne a tout le loisir d'organiser
sa petite expédition. D'ici au mois de mars
on a le temps de tout prévoir, et s'il manque
un seul bouton de guêtre, l'administration de
la guerre sera impardonnable.
On ne semble pas encore bien fixé sur le
choix des éléments du corps expéditionnaire.
Rien ne presse, il est vrai. Il est beaucoup
plus urgent de préparer dès maintenant les
moyens de transport nécessaires à la colonne
et de prendre toutes, les mesures sanitaires si
importantes dans un pays où la dysenterie et
les fièvres sont beaucoup plus redoutables et
tuent plus sûrement que les balles enne-
mies.
En ce qui concerne les moyens de trans-
port, le ministère de la guerre a passé des
contrats relatifs au matériel fluvial pour
douze canonnières et cinquante chalands.
Puis on a commandé 5,000 voitures sénéga-
laises, semblables à celles dont nous nous
servons au Soudan.
Sur ce point, on n'a guère de mécomptes à
redouter.
* Pour les animaux, c'est une autre histoire.
Il paraît qu'on prend des dispositions pour
réunir au moment voulu 6,000 mulets au
moins et que l'artillerie travaille activement
à apprêter bâts et harnais nécessaires.
Or, le mulet semble jouir dans l'armée d'une
assez mauvaise réputation, et si nous en
croyons le général Philibert, qui le connaît
bien pour l'avoir longuement pratiqué, nous ne
devons avoir dans cet animal qu'une con-
fiance limitée.
Le général Philebert ne nie point les sé-
rieuses qualités du mulet, mais ses mésaven-
tures personnelles lui permettent d'affirmer
que seul le mulet âgé de plus de quatre ans,
dressé et fait à la charge, peut rendre de sé-
rieux services.
« Au moment de l'expédition de Tunisie, ra-
conte le général, on m'avait donné, pour as-
surer le transport de ma brigade, 1,800 mu-
lets âgés de quatre ans, n'ayant jamais fait
le moindre service.
« Or, ces animaux furentincapables deporter
leur charge ; le premier jour, cinq moururent
en route, le second sept ; beaucoup restèrent
couchés le long de la route et ne purent se
relever. Les charges gisaient naturellement à
côté et il fallut laisser partout des détache-
ments d'infanterie à la garde des caisses du
Trésor, des bagages et des vivres. »
IL est bien évident que les 6,000 mulets que
l'on se propose d'acheter ne vaudront pas
mieux que, ceux expédiés en Tunisie et que
par conséquent, si l'on ne met pas à profit
les trois mois qui nous séparent de l'expédi-
tion de Madagascar pour les dresser et les
habituer à la charge, nous devons nous at-
tendre à un déchet considérable — et irrépa-
rable — sur la longue route de Majunga à Ta.
'nanarive, l'objectif du corps expédition-
naire.
Nous souhaitons donc vivement que le
passé nons serve de leçon et que la parole du
général Philebert, soit entendue dans les
bureaux de la rue Saint-Dominique.
Quant aux mesures sanitaires, nous sommes
heureux de constater que le service de santé
s'en préoccupe dès maintenant avec la plus
louable activité.
C'est ainsi qu'une mission vient de s'embar-
quer à Marseille, à destination de Madagas-
car, afin de rechercher, soit dans les environs
de Majunga, soit à lMle de la Réunion, soit
dans quelque autre de nos possessions voisi-
nes, un emplacement favorable à l'établisse-
ment d'un sanatorium où pourront être éva-
cués malades et blessés.
Cette mission est dirigée par M. le lieute-
nant-colonel Bailloud, du 22e d'artillerie, ac-
compagné d'un médecin-major de première
classe et d'un chef de bataillon du génie. Le
service de santé expédiera tout le matériel
nécessaire dès que l'emplacement sera défini-
tivement choisi.
On voit que les actes suivent de près les
paroles prononcées par le ministre de la
guerre et quelques autres owiteurs, tant à la
Chambre qu'au Sénat.
La santé de nos petits troupiers est la
préoccupation dominante du gouvernement,
et rien ne sera négligé sur ce point.
Combien, hélas T auront besoin des soins
qu'on leur prépare i
- ..- ,- -- ._#,
CHRONIQUE
QUESTION D'UNIFORME
Est-il vrai, comme l'assurent quelques
confrères, qu'on songe à modifier la tenue
classique du petit troupier ? Que les bon-
nes d'enfant se rassurent 1 Ce n'est pas au
pantalon rouge qu'on en veut. Mais la tu-
nique a ses détracteurs. On la trouve étri-
quée, trop ajustée, gênante dans les en-
tournures. A quoi ses défenseurs répon-
dent que la tunique est une tenue de ville,
élégante, habillée et surtout bien mili-
taire.
Quand par hasard elle ne va pas bien,
ce n'est pas la faute du vêtement, mais du
tailleur. Elle n'est pas commode, c'est
vrai, pour les mouvements du corps,mais
qu'importe ? La tunique est un vêtement
de parade; on ne la porte pas à la caserne,
ni dans les corvées, ni dans les exercices;
ce n'est pas une tenue de manœuvres, en-
core moins une tenue de campagne. Pour-
quoi la sacrifier puisqu'elle plaît à l'œil
quand les troupes n'ont pas autre chose à
faire que de plaire, et qu'elle rentre en
magasin quand il leur faut se livrer à des
occupations plus sérieuses ?
Nous allons voir recommencer autour
de la tunique la vieille querelle qui de tout
temps a divisé les commissions d'habille-
ment, la querelle des « esthètes » et des
utilitaires. Les « esthètes » ne sont sensi-
bles qu'à la beauté de l'uniforme, à l'élé-
gance de là coupe, à l'harmonie des cou-
leurs. Ils sont la bonne fortune des « al-
bums illustrés» et la joie des enfants,
grands ou petits, qui s'amusent à voir dé-
filer les régiments comme des figurants
de théâtre.
L'armée de l'ancien régime leur donnait
à cet égard des satisfactions sans mélange.
Je ne crois pas que le costume de l'infan-
terie ait jamais été plus brillant et plus
incommode. Il y avait d'abord le chapeau
noir à trois cornes bordé d'un galon d'ar-
gent. Il avait grand air assurément. Il est
vrai qu'il ne tenait pas sur la tête. Les
mouvements du fusil menaçaient de le
jeter bas à tout instant. S'il venait à pleu-
voir, il formait une triple gouttière d'où
l'eau ruisselait sur les épaules et sur la
poitrine et sur le dos. Les cheveux ras-
semblés « en queue » derrière la tête ou
« en faces » sur les deux côtés, soigneu-
sement poudrés à frimas les jours de pa-
rade, étaient aussi bien décoratifs. Mais
on devine ce qu'ils devenaient en campa-
gne. « Ce soldat, dit le maréchal de Saxe,
si bien poudré et frisé à blanc, est souvent
chargé de crasse, de vermine et de misère
depuis la tête jusqu'aux pieds. » Et cepen-
dant on avait pris la Bastille que « la
queue » résistait encore, et il a fallu les
guerres de la Révolution pour la faire
tomber sous les ciseaux du frater.
Demandez aussi aux habitués de l'O-
péra-Comique s'il y avait rien de plus
élégant que l'habit blanc à la française, à
doubles retroussis, et la culotte collante
qui faisait si bien valoir la jambe? On
disait bien que cet habit avait pour prin-
cipal défaut te ne pas habiller du tout.
Il était tt up court, trop étroit, trop étran-
glé ; il ne recouvrait que les épaules et les
reins. Il laissait à découvert la poitrine et
les cuisses, aussi bien derrière que de-
vant. Y substituer un vêtement plus
ample et mieux étoffé ? Vous n'y songez
pas. C'eût été détruire l'effet de la culotte.
Et tous les contemporains nous appren-
nent que le soldat français l'emportait sur
tous les autres par la jambe , et que toute
l'Europe nous enviait cette jambe un
siècle avant que le rond-de-cuir ne fût de-
venu l'objet de ses préférences. Ajoutons
que cette culotte était blanche comme l'ha-
bit et imaginez ce qu'elle pouvait devenir
après deux ou trois mois de campagne sur
les boues des grands chemins ou dans les
hasards du bivouac 1 Il est vrai qu'une
bonne moitié de ces brillants soldats, sai-
sis par la fluxion de poitrine ou perclus
de rhumatismes, jonchaient les routes ou
allaient encombrer les places de guerre et
les hôpitaux. Mais il en restait encore as-
sez pour arriver à l'ennemi, et ceux qui
parvenaient à l'atteindre se battaient pour
les absents.
Ce fut assurément l'âge d'or des « es-
thètes ». Ils triomphèrent sur toute la ligne
et d'autant plus qu'il n'y avait pas alors
de tenue de campagne. Les soldats par-
taient pour la guerre tels qu'ils défilaient
après « une montre » sous les yeux des
badauds éblouis. Et quand on parlait de
vêtir un peu mieux le troupier, comme
aussi de le mieux nourrir, on vous répon-
dait qu'il fallait avant tout l'habituer aux
privations et à la dure et que c'était l'amol-
lir que de protéger son corps contre les
« incongruités de l'air ».
Et de nos jours, a-t-on eu assez de peine
à débarrasser le soldat de ces bonnets à
poil, de ces shakos gigantesques qui ont
exercé la verve des caricaturistes ? Il faut
dire qu'ils servaient en même temps d'ar-
moires. Et l'on aurait peine à se figurer
tout ce qu'ils pouvaient contenir si nous
n'avions pour terme de comparaison la
poche du collégien moderne. C'est bien
comme armoires au surplus que les pro-
tecteurs du shako prétendaient défende
leur couvre-chef. En campagne, disaient-
ils, le soldat jettera son sac; il n'osera
jamais se débarrasser de sa coiffure.
Il semble que la solution du problème
ait été trouvée le jour où l'on s'est aperçu
que le soldat, comme un travailleur quel-
conque, devait avoir plusieurs tenues.
L'ouvrier, le dimanche, laisse le bourge-
ron pour la redingote. Il n'était vraiment
pas pratique d'aller « pincer l'oreille à
Jules » avec les cheveux poudrés et un
habit à la française. Pourquoi « les utili-
taires » voudraient-ils aujourd'hui suppri-
mer la tunique puisqu'on leur laisse les
vêtements de corvée et de campagne?
Il est vrai que le costume de corvée ne
serait pas, lui non plus, à l'abri des pro-
jets de réforme. Il est question de suppri-
mer aussi la petite veste droite à une ran-
gée de boutons pour la remplacer par un
jersey plus commode et plus chaud.
J'aww fQÉ> pour supart, je ne tte&e
-.. -,. -' -r ,. - - -- -
pas beaucoup à la veste. Ce n'est, en
somme, qu'un habit enlaidi dont on a
coupé la queue. Elle ne protège ni le ven-
tre ni les cuisses ; elle laisse souvent en-
tre elle et la culotte rouge une solution de
continuité qui fait les délices des habitués
de cafés-concerts. Comme vêtement de tra-
vail, la veste emprisonne si bien les épau-
les et les bras qu'elle empêche surtout de
travailler. Ses partisans nous disent que
le jersey serait un fàcheux emprunt au
costume des canotiers, des sociétés de tir
et autres esbrouffeurs fin de cycle. Ils
craignent que l'intérieur d'une caserne ne
donne désormais l'impression d'une vaste
partie de cricket, de lawn-tennis ou de
foot-ball. Est-ce qu'avec un peu de bonne
volonté les tailleurs pour soldats ne pour-
raient ajouter aux qualités hygiéniques du
jersey ce je ne sais quoi
de nos généraux?
Ils ont, du reste, tout le temps voulu
pour préparer leurs modèles. Un confrère
nous assurait hier qu'il y avait encore en
magasin des petites vestes pour vingt-cinq
ans au moins 1 Il serait plus difficile de les
écouler dans l'industrie privée que les
laissés-pour-compte des grands tailleurs
parisiens. Les placer sur le dos des nègres
du Congo, à supposer qu'ils y consentent,
ne serait pas un placement de père de
famille. Nous avons donc bien des chances
de les revoir encore sur les épaules de nos
fils et ceux qui font les tourlourous à la
Scala ou à l'Eldorado ont encore de beaux
effets de torse sur les planches.
André Balz.
L'AFFAIRE FAVETTE
M. de Cosnac a commencé hier, vendredi, l'ins-
truction de l'affaire Favette. Il a entendu les dépo-
sitions de MM. Gustave Isambert, président de la
commission des règlements de comptes, Million,
député du Rhône, vice-président de la même com-
mission et rapporteur des comptes du ministère de
la justiçe, et Bozérian, rapporteur des comptes
du ministère du commerce.
Il a ensuite procédé à l'interrogatoire de M. Fa-
vette.
LES OBSÈQUES DE 1. BOiEAD
LA MISE EN BIÈRE
Le corps de M. Burdeau a été mis en bière
hier matin en présence de MM. Étienne, de la
Battut, Lavertujon, Denoix et Reirtah, dé-
putés, et de M. 'Ruiz qui fut l'un des plus in-
times amis de Gambetta et que de vieillell
relations unissaient au regretté président de
la Chambre.
Les traits de M. Burdeau avaient conservé
une véritable sérénité. Les assistants étaient
très émus; M. Etienne n'a pu retenir ses lar-
mes lorsque le corps de son ami, revêtu de
noir et portant le ruban rouge si vaillamment
gagné en 1870, a été placé dans le triple cer-
cueil capitonné de soie, garni des fleurs dé-
posées sur la couche funebre..
Sur la bière, une plaque d'argent a été
scellée avec cette inscription :
AUGUSTE BURDEAU
Président de la Chambre des députés
Ancien ministre
Chevalier de la Légion d'honneur
Les huissiers de la présidence et les hom-
mes de service de la Chambre ont ensuite
descendu le cercueil dans le grand salon du
palais, dont la décoration a été achevée un
peu plus tôt qu'on ne l'avait tout d'abord
pensé.
L'EXPOSITION DU CORPS
Ainsi que nous l'avons dit hier, les trois
portes du perron donnant sur la cour d'hon-
neur de la rue de l'Université sont tendues de
lourdes draperies relevées de franges et torsa-
des d'argent et sont surmontées d'écussons,
enguirlandés de chêne et de laurier, aux ini-
tiales du défunt et au chiffre de la Républi-
que.
Les candélabres allumés sont voilés de
crêpa.
Dans le vestibule, entièrement drapé de
noir et décoré des couleurs nationales, brûlent
six grands lampadaires.
Dans le salon d'honneur, où les visiteurs
sont admis depuis dix heures du matin en'
entrant par le salon des Arts, le cercueil, re-
couvert d'un drap de velours noir avec cons.
tellations d'argent et du drapeau français, a
été placé sur un catafalque entouré de candé-
labres, de plantes vertes et de faisceaux trit,
colores.
Le corps est veillé par des députés, qui se
relèvent d'heure en heure ; le piquet d'hon-
neur est formé par deux gardes républicains,
deux soldats d'infanterie de marine, deux
huissiers de la présidence et deux hommes
de service de la Chambre. Au pied du cata-
falque deux coussins supportent l'écharpe du
député et la croix de la Légion d'honneur,
voilées de deuil.
L'exposition du corps de M. Burdeau con-
tinuera aujourd'hui jusqu'à six heures du
soir.
Le public entre par la porte de la rue de
l'Université,où un service d'ordre est organisé
sous la direction de l'officier de paix de l'ar-
rondissement. Les visiteurs sortent par le
quai d'Orsay.
L'affluence des visiteurs est considérable.
La foule qui se presse pour rendre un der-
nier hommage au président Burdeau défila
recueillie, attristée.
LES PRÉPARATIFS DES OBSÈQUES
Les préparatifs pour les obsèques sont acti.
vement poussés. Le palais Bourbon tout en-
tier est aux mains des ouvriers des pompes
funèbres.
Dans la cour de la rue de Bourgogne, les
murs disparaissent sous les tentures noires ;
les colonnes du portique sont tendues de ve-
lours noir. C'est au centre du terre-plein au-
quel on accède par deux rampes et qui do-
mine toute la cour, que sera dressé le
catafalque sur lequel, dimanche matin, sera
placé le cercueil.
La salle Casimir-Perier, où se réuniront les
députés avant la cérémonie, est également li-
vree aux ouvriers.
Les statues qui ornent cette salle, ainsi que
le bas-relief de Dalou et les colonnes, sont
drapées de tentures noires.
Pour la façade du palais qui donne sur la
quai d'Orsay, la décoration sera à peu près la
même que pour la mort de M. Carnot. Des
ouvriers ont disposé hier après midi les
grandes tentures qui drapent la colonnade dti
palais.
L'ITINÉRAIRE DÉFINITIF
Le bureau de la Chambre, réuni hier, a ur.
rêté définitivement l'itinéraire du cortège: -
Place de la concorde rue &0,-,- :
.:. -- - - - - -. - - - - '1 -
-. -.. ;"., .-,; -"!"'-:":"" J':.,, _.-.
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