Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-11-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 novembre 1894 28 novembre 1894
Description : 1894/11/28 (A24,N8353). 1894/11/28 (A24,N8353).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
VIROT-QUATRIÊME ANNÉE. — N* 8,353;
lf kchébo caosroi"onraws
MERCREDI 28 NOVEMBRE 1894
RÉDICTION ET IDIIIIRISTRATION
142, Rue Montmartre
PARIS
ANNONCES
Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cil
6, place de la Bourse, 6
ABONNEMENTS
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Départements — 7 f.; — 121.; — 246
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A BELLEVILLE
Il s'est fondé récemment une associa-
tion des amis de Gambetta qui se réunis-
sait pour la première fois dimanche soir
dans un banquet au Lac-Saint-Fargeau,
dans l'ancienne circonscription même
du grand patriote. Les orateurs qui, au
dessert ont pris la parole, et qui furent
parmi les plus intimes de Gambetta, ont
prononcé d'éloquents discours. Mais si
l'on a voulu chercher, suivant un mot
qui a couru, dans cette réunion des
aperçus et des indications sur un mi-
nistère futur, les recherches auront été
vaines. Tous se sont soigneusement te-
nus dans les généralités et si en ren-
dant hommage à Gambetta ils ont fourni
une indication sur un programme poli-
tique, ce n'est en tout cas pas avec l'in-
tention de le spécialiser à la durée d'un
ministère ou à l'enceinte du Palais-Bour-
bon.
Chose digne de remarque : Gambetta
a été l'un de ceux qui ont, de leur vi-
vant, été combattus avec le plus de vio-
lence, et il y eut un moment où tout
l'effort consista, pour certaines frac-
tions du parti républicain, à le com-
battre, à le dénoncer comme un aspi-
rant à la dictature et à détruire le
a gouvernement occulte » dont on le
'disait le chef. Il est bon d'ajouter que
ce sont les mêmes hommes qui ne vou-
laient pas du gouvernement occulte qui
ouvrirent la bataille le jour ou il prit
ostensiblement le pouvoir, ceux qui le
signalaient comme un dictateur qui
furent les premiers à se jeter dans
l'aventure boulangiste et dans le césa-
risme renaissant.
Ces temps sont loin. L'heure de la
justice a sonné depuis longtemps pour
le grand patriote qui eut la générosité
d'âme de ne pas désespérer de la patrie
aux heures les plus sombres, où tout
croulait autour de nous, où les plus
énergiques et les plus ardents se deman-
daient, dans une tragique angoisse, si
la défaite des uns, l'incapacité des au-
tres, jointes à la plus odieuse des trahi-
sons, n'allaient pas faire disparaître
jusqu'au nom de la France.
L'heure de la justice a sonné aussi
pour les efforts que Gambetta a faits
pour que le parti républicain devînt un
parti de gouvernement, pour que les
hommes habitués durant la période im-
périale aux procédés et aux méthodes
d'opposition irréconciliables comprissent
au pouvoir les nécessités du gouverne-
ment et procédassent, avec la maturité
qui convient, aux réformes démocrati-
ques dont il proclamait lui-même la né-
cessité.
Après avoir sauvé la France sur les
champs de bataille, il eut la gloire de
sauver la République dans les luttes
des partis. Avec M. Thiers, il donna au
parti républicain la forte discipline qui
lui permit de triompher de l'entreprise
du Seize-Mai, et l'on pouvait croire dès
lors que l'union du parti républicain
était définitive et que, si les uns se
montraient plus impatients, d'autres
plus timides, tous cependant étaient ré-
solus à s'engager sans retour dans la
voie du progrès et des réformes démo-
cratiques.
Cette union du parti républicain a
fait de grandes choses. Elle a fait les
lois scolaires, elle a fait la loi sur les
syndicats professionnels; elle a donné
à la démocratie les grandes libertés
dont nous jouissons aujourd'hui, la li-
berté de la presse et la liberté de réu-
nion, et M. Etienne avait raison de dire
que c'est à Gambetta que nous devons
le principe de ces libertés.
Mais cette union ne s'est pas toujours
maintenue. Certains républicains ont
cru qu'il était possible de prendre au
sérieux la conversion à la République
de ceux qui venaient à elle ayant épuisé
tous les moyens de l'abattre et qui
croyaient qu'il leur serait plus facile de
réaliser leur désir de détruire l'œuvre
de la République étant dans la place
qu'en l'assiégeant. D'autres, au con-
traire, ont noué avec les révolutionnai-
res des alliances dont ils commencent
à voir le danger et desquelles ils cher-
chent à se dégager.
D'une part comme de l'autre on s'est
écarté du programme de cette union
progressiste des républicains qui était
la base de la politique de Gambetta. Et
pourtant, comme le disait M. Spuller,
« la victoire, nous la devons à l'union;
l'an'ermissement, ïiGus le devons encore
h l'union. En dehors de l'union, il ne
peut y avoir que péril et déception ».
M. Spuller tenait encore le langage de
la prudence lorsqu'il montrait que l'en-
nemi veille toujours et qu'il est habile à
masquer et à changer son drapeau.
Assurément cela peut aussi nous obli-
ger à -- changer nos --- - tactiques pour le
mieux vaincre. Mais à la condition que
dans ce changement de tactique nous ne
paraissions jamais disposés à des tran-
sactions qui pussent inquiéter une frac-
tion du parti républicain et que si nous
reconnaissons avec Gambetta qu'il « faut
faire du nouveau », nous nous tenions
en garde contre cet « esprit nouveau »
dont M. Spuller parlait naguère à la
tribune et auquel le parti républicain
tout entier, dans la Chambre comme
dans le pays, montra nettement qu'il ne
donnait aucune adhésion.
LE RETOUR A MAJUNGA
Un télégramme de M. Ranchot, daté de
Mozambique et reçu hier soir à Paris, an-
nonce que l'escorte du résident général à
Tananarive, qui procédait à l'évacuation par
la côte ouest, est arrivée à Majunga le 21.
Malgré les difficultés de la route et les obs-
tacles que lui ont opposés les autorités hovas,
la colonne, forte de cent personne, est au com-
plet, après une marche de plus de 450 kilo-
mètres faite en trois semaines.
Le gouvernement a aussitôt prié M. Ran-
chot, résident général intérimaire qui diri-
geait la marche, de transmettre ses félicita-
tions à l'escorte, à son commandant ainsi
qu'au personnel de la résidence et aux quel-
ques colons qui les accompagnaient.
LES RETRAITES DE LA VIEILLESSE
La Caisse nationale des retraites pour la
vieillesse vient d'établir la situation des ren-
tiers existant au 31 décembre 1893. Ils sont
au nombre de 183,894 et le montant des ren-
tes servies s'élève à 32,908,258 francs.
Il y a 105,169 rentiers touchant annuellement
moins de 100 francs ; 33,502 possédant une
rente variant entre 100 et 200 francs ; les ren-
tiers de 200 à 300 francs sont au nombre de
14,003 et ceux de 300 et au-dessus atteignent
le nombre de 31,220.
UN MONUMENT A ALEXANDRE III
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Copenhague, 26 novembre.
Sous la présidence de M. Jacobsen, un des plus
grands industriels du Danemark, il s'est consti-
tué un comité qui a ouvert une souscription pour
ériger un monument au tsar Alexandre III.
Le monument sera érigé au parc du château de
Fredensborg.
EMBARRAS DES OFFICI'ERS D'ÉTAT CIVIL
A BERLIN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 26 novembre.
Les officiers d'état civil à Berlin se trou-
vent dans un embarras d'une nature bien
singulière.
Depuis que l'empereur Guillaume a fait
publier son fameux Hymne à Aegir, les su-
jets fidèles de Sa Majesté ont la rage de don-
ner à leurs nouveau-nés le nom d'Aegir.
Au cours de la semaine dernière, il y avait
aux bureaux des naissances au moins trente
personnes qui ont déclaré vouloir inscrire
leurs enfants sous ce prénom archaïque.
Or, un règlement prussien interdit de mettre
sur l'état civil des noms païens, et les fonc-
tionnaires craignent que l'application stricte
de la loi n'implique dans ce cas un délit de
lèse-majesté.
On s'est adressé au maréchalat de la cour,
afin d'avoir des instructions qui puissent
guider les officiers d'état civil.
La gnerre entre la Chine et le Japon
Hiroshima. 26 novembre.
Le maréchal Oyama constate,dans son rap-
port sur la prise de Port-Arthur,que l'ennemi
a combattu courageusement.
Les Japonais ont eu un peu plus de 200 tués
ou blessés.
Les pertes chinoises ne sont pas encore con-
nues exactement, mais on les estime à plus
de 2,000 tués ou blessés.
Les Japonais ont trouvé dans la place un
grand nombre de canons avec une énorme
quantité de munitions de guerre.
L'amiral Ito annonce qu'il a pris possession
des arsenaux et chantiers du port.
En outre,les Japonais ont fait plus de mille
prisonniers et pris au moins 80 canons.
Le bruit court qu'une partie de l'armée
du maréchal Yamagata se dirige vers Niou-
Chouang.
Londres, 26 novembre.
La légation japonaise communique la dé-
pêche suivante de Tokio :
Le maréchal Oyama a télégraphié au gou-
vernement impérial comme suit :
L'attaque de Port-Arthur a été commencée
dans la matinée du 21. La première division
formant l'aile droite et l'artillerie étaient au
centre. Les Chinois ont résisté vigoureusement
jusqu'au dernier moment.
A 8 heures 30 du matin, la première divi-
sion était en possession des forts situés à
l'ouest du champ de manœuvre ; elle entrait
à Port-Arthur a. deux heures de l'après-midi,
et enfin à quatre heures elle occupait la forte-
resse de Huang-Kin-Shan.
La brigade mixte était en possession des
ports situés au sud-ouest de Palio-Huang
dès 11 h. 30 du matin, et le 22, dans la mati-
née, toutes les autres forteresses de la côte
furent également occupées par nos trou-
pes.
Nos pertes, tant tués que blessés, s'élèvent
à plus de 200. Les pertes des ennemis ne sont
pas encore connues.
Les Japonais se sont emparés d'une
grande quantité de canons, de munitions,
etc.
Les ennemis étaient au nombre de 20.000
hommes.
Londres, 26 novembre.-
On télégraphie de Shanghaï au Times :
On annonce de Niou-Cliouang que l'armée
du général Sung s'est scindée en deux corps
dont l'un se maintient à Mothienling et re-
pousse constamment les Japonais, l'autre
est parti, sous le commandement du général
Sung, vers Port-Arthur pour attaquer les Ja-
ponais.
GENDARMES ET CONTREBANDIERS
Lons-le-Saunier, 26 novembre.
Les gendarmes de Domblans, en voulant arrêter
cinq contrebandiers qui transportaient du tabac
étranger, ont eu à soutenir une véritable bataille.
Frappés et blesséH, il ont fait usage de leurs
armes. Un contrebandier a été tué d'un coup de
revolver; deux autres ont été blessés de coups de
baïonnette.
LE MARIAGE DE NICOLAS n
SAINT-PÉTERSBOURG EN FÊTE
Toute la population dehors.— Une céré-
monie grandiose. — Le tsar et la
nouvelle tsarine.
Saint-Pétersbourg, 26 novembre.
Les canons de la forteresse ont tiré une
salve de 21 coups ce matin à huit heures
pour annoncer à la population le mariage du
tsar.
Le deuil étant supendu aujourd'hui, la
ville n'a plus cet aspect morne et lugubre du
jour des funérailles ; elle prend au contraire
un air de fête.
De bonne heure, la foule commence à se
masser sur la place du Palais, devant le pa-
lais du grand-duc Serge, devant le palais
Anitchkoff, et sur toute la longueur de la
perspective Newski.
Le temps est doux et beau, les rues ont été
soigneusement sablées.
LA CÉRÉMONIE
La cérémonie du mariage proprement dit a
commencé à midi 45. Le cortège s'est mis en
marche à midi 35.
Dès longtemps avant, les grandes et ma-
gnifiques salles du Palais-d'Hiver présentaient
un aspect éblouissant par la variété et l'éclat
des uniformes, étincelants d'or et d'argent, des
milliers d'officiers, grans dignitaires et maré-
chaux de la noblesse.
Les nombreuses dames et demoiselles
d'honneur de l'impératrice portaient un cos-
tume de cour couleur grenat, en velours, avec
cette sorte de couronne russe sur la tête ap-
pelée « cakochnik », également en velours
rodé de perles. Un long voile blanc s'échap-
pant du cakochnik retombait derrière en lon-
gue traîne que les dames portaient relevée.
La robe à tablier blanc était à longue man-
ches, attachées aux épaules et flottant sur le
devant ; elle était décolletée et brodée d'or.
Les dames de la ville admises à la cour por-
taient également le costume de cour, mais
beaucoup étaient en soie blanche et autres
couleurs avec de nombreux et magnifiques
diamants.
L'impératrice-mère portait un costume de
cour en laine blanche avec une longue traîne
portée par quatre chambellans.
La fiancée était en costume de cour russe
en soie blanche brodée d'argent ; elle avait
sur la tête un diadème en brillants et sur les
épaules le manteau impérial en brocart d'or
doublé d'hermine, avec une longue traîne
portée par quatre dignitaires, deux de chaque
côté, et par le grand chambellan qui en sou-
tenait l'extrémité.
Une modification a été faite au cérémonial :
l'impératrice-mère venait la première dans le
cortège au bras du roi de Danemark; puis
venait la fiancée au bras de l'empereur qui
portait l'uniforme de colonel des hussards de
la garde, rouge avec dolman attaché aux
épaules.
Le prince de Galles et le duc de Cobourg
étaient en uniforme russe, le duc d'York en
costume de marin.
Tous les princes portaient le cordon de
Saint-André.
Ce sont les grands-ducs qui, pendant la cé-
rémonie du mariage, ont tenu, suivant la
coutume russe, les couronnes au-dessus des
têtes des nouveaux époux : deux grands-ducs
s'approchaient à tour de rôle de l'empereur
et de sa fiancée et chacun tenait d'une main
très haute une couronne sur la tête de chacun
des époux; tous les grands-ducs ont ainsi
participé à cette cérémonie qui a été impo-
sante.
Après la bénédiction nuptiale et avant le
Te Deurn, l'empereur et la nouvelle impéra-
trice se sont approchés de l'impératrice-mère
pour la remercier. Celle-ci les a embrassés
avec une effusion extrême, en les bénissant
pour elle-même et aussi pour celui qui repose
dans l'église de la forteresse. L'émotion à ce
moment était très grande. On a beaucoup
remarqué avec quelle effusion le roi de Dane-
mark a embrassé les nouveaux p-tariés.
Pendant toute la cérémonie à l'église, la
fiancée était fort émue ; l'empereur était pâle
et également ému.
Le corps diplomatique en entier et les am-
bassadrices assistaient à la cérémonie ; le
général de Boisdeffre et l'amiral Gervais avec
l'ambassade de France. La plupart des am-
bassadrices portaient des toilettes blanches.
Mme de Montebello portait une robe blanche
avec grande traîne et ornements violets, cha-
peau également violet.
LE RETOUR
La cérémonie du mariage s'est terminée
quelques minutes avant deux heures.
Ensuite, quand tout a été terminé au pa-
lais et suivant le cérémonial, l'impératrice-
mère est montée en voiture de gala à quatre
chevaux avec deux cosaques sur le siege de
derrière; elle est repartie pour le palais
Anitchkoff, suivant la Grande-Movskaïa et la
perspective Newski.
Cinq minutes après sont venus les nou-
veaux mariés, allant à Kasan dans une voi-
ture à quatre chevaux avec postillons.
Les voitures étaient fermees.
Sur le parcours, une foule très ordonnée
s'écrasait des deux côtés. Les fenêtres étaient
ouvertes et garnies de monde ainsi que les
balcons, les dames agitant des mouchoirs. On
entendait 'un roulement formidable de hour-
ras suivre la voiture de l'impératrice-mère et
celle des nouveaux mariés.
La fiancée, dans le cortège, avait un air
grave et imposant. Quand elle est passée en
voiture avec son époux après la cérémonie,
j'ai pu la voir toute souriante, le teint rose et
heureuse des ovations de la foule.
L'impératrice-mère avait une figure grave
et un fond de tristesse que faisait parfois éva-
nouir la pensée du bonheur de son fils ; elle
paraissait assez reposée des terribles fatigues
et souffrance du dernier mois.
LA FOULE
Les ovations enthousiastes ont continué
pour l'impératrice-mère et les nouveaux
époux jusqu'au palais Anitchkoff.
Quand les nouveaux époux sont arrivés à
l'église de Kasan, ils furent reçus par le mé-
tropolite de Saint-Pétersbourg, M. Palla-
dium, qui, entouré de son clergé, les attendait
avec la croix et l'eau bénite.
La foule était énorme ; la voiture impériale
eut peine à avancer jusqu'aux marches de
l'église.
Les bourras redoiiblaient, couvrant le
son des cloches et celui-du canon de la for-
teresse.
L'empereur et l'impératrice entrèrent dans
l'église où un Te Deum solennel fut célébré,
après lequel ils baisèrent dévotement l'image
miraculeuse de Notre-Dame de Kasan.
Quand Leurs Majesté reparurent, un rayon
de soleil les éclaira subitement.
Le tonnerre de houras lecommença et les
accompagna jusqu'au palais Anitchkoff.
Lorsque l'empereur et l'impératrice sont
arrivés au palais Anitchkoff, les acclamations
d'une foule immense et en délire devinrent
frénétiques.
Après quelque temps, l'empereur, ayant de-
vant lui la jeune grand-duchesse Olga et à
sa .g:-".ache l'impératrice, parut derriere les
croisées des fenêtres donnant sur la perspec-
tive et sur le jardin pendant un quart d'heure;
l'empereur et l'impératrice saluèrent la foulet
pendant que la petite princesse Olga en-
voyait des baisers ; l'enthousiasme ne connut
plus de bornes.
Après que l'empereur eut disparu, les ac-
clamations continuèrent, frénétiques ; aussi
le tsar et l'impératrice ont-ils dû paraitre à
plusieurs reprises.
L'impératrice était radieuse et charmante.
La ville n'est pas pavoisée à cause du deuil
d'Alexandre III, mais elle n'avait pas été
aussi animée depuis longtemps. -
Actuellement la foule massée aux environs
du palais Anitchkoff reste compacte.
Le manifeste de l'empereur, signé aujour-
d'hui, paraitra demain dans les journaux
pour annoncer le mariage au peuple et lui
accorder des faveurs telles que remises d'im-
pôt, grâces partielles ou totales.
Le général de Boisdeffre et l'amiral Ger-
vais, le général Berruyer et quatre autres
membres de la mission française encore ici
repartiront demain soir pour Paris.
A PARIS
Une double cérémonie a eu lieu hier matin
à l'église de la rue Daru, à l'occasion du ma-
riage du tsar Nicolas II avec la princesse Alix
de Hesse et de l'anniversaire de la naissance
de l'impératrice douairière.
Un Te Deum a été chanté en présence du
personnel de l'ambassade russe.
Le président de la République s'était fait
représenter par M. le colonel Chamoin et par
M. le-secrétaire d'ambassade Brice.
Le président du conseil, ministre de l'inté-
rieur, s'était fait représenter par M. Adrien
Dupuy, chef du cabinet de la présidence du
conseil.
Le deuil prescrit à l'occasion de la mort du
tsar Alexandre III avait été suspendu.
Une grande partie des membres de la colo-
nie russe assistaient à cette cérémonie.
C'est aujourd'hui, à deux heures, que les
israélites russes seront appelés à prêter le
serment de fidélité au nouveau tsar.
Cette cérémonie sera présidée par M. Zadoc
Kahn, grand-rabbin de France. Elle aura lieu
à la synagogue de la rue de la Victoire.
A LONDRES
Londres, 26 novembre.
Les journaux du soir annoncent que l'em-
pereur Nicolas II a été nommé colonel en
chef du régiment écossais le Royal Scott
Grey, et publient en .«ème temps un télé-
gramme de félicitation adressé au tsar au
sujet de son mariage par les officiers et par
les soldats de ce régiment.
L'ambassade russe, le Royal Exchange
tous les édifices importants de la Cité et la
plupart des églises de Londres ont arboré des
drapeaux dès le matin. Les cloches de la
chapelle Saint-George, à Windsor, ont caril-
lonné toute matinée.
L'INCIDENT RODtM-BSLZAC
Discorde à la Société des gens de lettres
L'incident Rodin-Balzac, que l'on croyait
terminé depuis huit jours, a été réglé seu-
lement hier à la séance de la commission
de la Société des gens de lettres, dont plu-
sieurs membres, y compris le président, M.
Jean Aicard, ont donné leur démission.
Précisons de nouveau les faits. Il y a quatre
ans, M. Rodin fut chargé, sur sa demande, et
grâce, dit-on, à l'influence de M. Zola, du
monument de Balzac. Il s'engagea à terminer
l'oeuvre en dix-huit mois. Deux délais supplé-
mentaires d'un an, puis un de six mois lui fu-
rent successivement accordés; et, à l'heure ac-
tuelle, l'artiste ignore encore à quelle époque
il pourra livrer sa commande. - --
M. Rodin ayant reçu une avance de 10,000
francs, la Société des gens de lettres s'émut
de la responsabilité qu'elle assumait vis-à-vis
des souscripteurs dans le cas où, pour une
raison quelconque, le sculpteur ne pourrait
tenir ses engagements.
Un conflit fut sur le point d'éclater;
pour éviter toutes difficultés, M. Rodin con-
sentit à restituer provisoirement l'argent, Je
comité lui accordant en revanche le temps
qu'il voudrait pour exécuter son travail.
L'affaire eût donc été arrangée si M. Rodin
n'avait émis la prétention de déposer les dix
mille francs chez un notaire, à son nom. La
Société des gens de lettres trouva la garantie
insuffisante et essaya de faire comprendre ses
scrupules à l'artiste qui, paraît-il, refusa toute
nouvelle concession. M. Rodin aurait même
été convié par M. Jean Aicard, président de la
Société dès gens de lettres, à une réunion
composée des membres du comité qui s'étaient
montrés opposés à toute mesure de rigueur
contre lui.
Instruits de ce conciliabule, les autres mem-
bres du comité prièrent leur conseil judiciaire
d'intervenir.
M. Jean Aicard, à son tour froissé de cette
mesure, annonçait hier à l'ouverture de la
séance hebdomadaire du comité qu'il donnait
sa démission. Il était aussitôt suivi dans sa
retraite par MM. Marcel Prévost, Toudouze,
Saint-Arromand, Debraisne.
Or, à peine ces messieurs s'étaient-ils sépa-
rés de leurs confrères, que le conseil judi-
ciaire de la société annonçait l'acceptation par
M. Rodin des conditions qui lui avaient été
proposées.
Cette « sortie » de M. Jean Aicard aurait
été combinée pour laisser la place libre à M.
Zola qu'il serait question de porter de nou-
veau à la présidence de la société aux élec-
tions du mois de mars prochain. C'est, du
moins, ce que l'on raconte dans certains mi-
lieux littéraires. M. Théodore Cahu, qui pré-
sidait la séance d'hier, a naturellement re-
fusé de nous donner son impression à cet
égard.
GRÈVE DE BOULANGERS
Amsterdam, 26 novembre.
Une grève des boulangers a éclaté hier et conti-
nue aujourd'hui.
Le manque de pain se fait -vivement sentir dans
la ville entière. -
Les ouvriers boulangers empêchent la vente du
pain et arrêtent les chariots qu'ils croient en con-
tenir. -
Quelques patrôna boulangers vendent le pain
cuit par eux-mêmes sous la protection de la police,
mais la plupart des boulangeries sont fermées.
Aujourd'hui quelques bagarres se sont produites
entre la police et les grévistes, qui ont jeté des
pierras et brisé les fenêtres des boulangeries où le
travail continue.
Les grévistes ont pillé les voitures et jeté le pain
dans la ruo.
Quarante patrons sur quatre cents ont cédé aux
exigences des grévistes.
Le travail recommencera ce soir dans ces qua-
rante boulangeries.
LE CAPITAINE ROMANI
San-Remo, 26 novembre.
M" Cornons et Corrado, défenseurs du capi-
taine Romani, ont interjeté aujourd'hui appel de la
sentence prononcée contre cet officier. - -
CHRONIQUE
Des incidents fâcheux, non imprévus
d'ailleurs, ont marqué le départ des cons-
crits affectés aux bataillons d'infanterie
légère, autrement dit aux « bat d'Af » ou
encore aux « joyeux ». Ces conscrits-là,
comme on sait, ne sont pas irréprochables.
Ce sont les jeunes gens qui ont subi, avant
l'âge de l'incorporation, quelque condam-
nation et qui doivent faire leur temps en
Afrique. Beaucoup d'entre eux, qui vi-
vaient d'assez vilains métiers, n'ont que
des notions vagues de ce que peut être la
discipline et, par bravade, par gloriole
stupide, ils se montrent peu disposés à
l'obéissance au moment du rassemble-
ment. Certaines scènes de luttes, de vio-
lences se renouvellent tous les ans, et la
journée se termine par le défilé, qui est
d'un spectacle pénible, de ces trop aventu-
reux garçons, entre deux haies de soldats,
baïonnette au canon. Ils font ainsi la lon-
gue traversée de Paris jusqu'à la gare de
Lyon.
Il serait peut-être possible d'éviter ces
affligeants incidents en les réunissant à
la gare même, avec un peu plus de pré-
cautions. N'ayant pas de témoins de leur
forfanterie, ils seraient sans doute plus
calmes et on les raisonnerait plus faci-
lement, par quelques paroles fermes, leur
faisant comprendre leur véritable situation.
La vie militaire qui commence pour eux,
c'est le rachat possible d'une existence jus-
que-là mal dépensée. A ce moment-là,il n'est
pas invraisemblable de croire que quelques
bons conseils auraient plus d'action sur
eux que des menaces, surtout si les me-
sures étaient prises pour qu'ils les pussent
écouter avant que les têtes se fussent
échauffées. Il faudrait s'arranger pour
qu'ils ne fussent pas soumis à une longue
attente, en face de cabarets. Cet embarque-
ment pourrait se faire dans de meilleures
conditions, et, avant d'être contraint à user
envers eux de répression, ne devrait-on
pas leur montrer le régiment comme la
réhabilitation ? Ces malheureux sont à un
« tournant » décisif pour eux, et il impor-
terait que, avec quelque patience, d'abord,
on le leur fît comprendre.
Il est fâcheux aussi que les jeunes gens
qui furent assurément coupables en es-
sayant de différer leurs obligations mili-
taires ou de s'y soustraire, mais qui par
là ne commirent qu'une faute spéciale,
soient mêlés à des gaillards condamnés
pour droit commun et qui ont, quelque-
fois, un peu plus que des peccadilles sur
la conscience. L'autorité militaire ne per-
drait rien de ses droits en les séparant des.
autres, de qui ils n'ont pas de très bons
exemples à attendre. Cette sélection pour-
rait se concilier avec la sévérité néces-
saire.
Là-bas, en Afrique, les « joyeux » ne
sont pas toujours faciles à mener, ce qui
explique, sans les justifier tout à fait, cer-
tains châtiments qui s'écartent un peu
des pénalités ordinaires. On a cherché ré-
cemment à émouvoir notre sensibilité sur
leur compte ; on a vraisemblablement exa-
géré quand on a parlé de « supplices » par
trop barbares, qui seraient imposés aux
indisciplinés en arrivant à être bronzés
sur tout. Il est présumabie, pourtant,
qu'on en vient, en quelques occasions, à
aller au delà des punitions prévues par les
règlements.
Le salut, pour ces dévoyés, c'est la vie
de campagne. Ces troupiers malaisément
soumis, en temps de paix, se régénèrent
pendant les expéditions auxquelles ils
prennent part, comprennent tout à coup
le sentiment du devoir, deviennent acces-
sibles à des idées sérieuses qui n'étaient
pas encore entrées en leur cervelle.
L'histoire est célèbre dans les anna-
les de l'armée d'Afrique, de la nécessité
où l'on fut, un jour, du temps du « père »
Bugeaud, de confier la garde du trésor aux
« joyeux » qu'on appelait aussi « zé-
phyrs », alors. En temps ordinaire, c'eût
été peut-être imprudent. Mais aucun
d'eux, en ces circonstances, n'eut d'autre
idée que de le ramener intact; la moitié
du détachement fut tuée en le défendant.
Zéphyrs ou joyeux, ces bataillons for-
més de « mauvaises têtes » se sont tou-
jours bien battus. Ce furent eux qui, en
1871, sous le commandement du chef de
bataillon Rose, tirèrent au combat d'Oye,
les derniers coups de feu de la campagne,
ou à peu près, avant l'entrée en Suisse.
Plus tard, ils se sont bien conduits aussi,
au Tonkin. Le danger est une bonne
école. Les pâles voyous qui, naguère, ne
revêtirent l'uniforme que par force, qui
refusaient d'obéir, qui tiraient vanité
de leurs condamnations, deviennent de
bons et braves soldats. La bravoure s'ap-
prend, elle aussi.
Les « joyeux » en font même parfois
un singulier usage. Il y a, dans leurs tra-
ditions, une histoire parfaitement authen-
tique, que j'ai jadis entendu conter, pen-
dant la campagne de Tunisie. Elle est as-
sez caractéristique. Deux soldats d'un de
ces bataillons se vantaient, l'un et l'autre,
d'être le meilleur tireur. Leurs succès à la
cible ne leur suffisaient plus et ils vou-
laient une expérience décisive pour tran-
cher le différend. Ils avaient bien rêvé un
duel au fusil, mais il n'était pas facile de
sortir du quartier avec une arme, puis la
nouvelle se serait vite répandue, et on au-
rait mis obstacle à leur projet.
Ils s'avisèrent d'autre chose.
Un beau matin, on entendit, partant
d'une des chambrées, une fusillade effré-
née. L'adjudant se bâta d'accourir avec
les hommes de garde : le spectacle le plus
étrange et le plus inattendu s'offrit alors à
ses yeux. Un des soldats, les bras croi-
zsés,..t'umant sa pipe, était accoté au mur
de la chambre, en face de la fenêtre ou-
verte. Dans la cour, à une distance d'une
quarantaine de mètres, un de ses cama-
rades, placé dans la direction de cette
fenêtre qui, très large, découvrait entière-
ment le « joyeux » servant de cible
vivante, essayait de l'atteindre, en le vi-
sant.
C'était un aimable pari. Un des deux
rivaux avait défié l'autre de le « toucher P.
la gageure avait été acceptée, et c'était
avec des balles de chassepot qu'elle était
en train de s'accomplir !
On s'était rendu auparavant à la can-
tine et on « s'était donné du coeur » avec
de longues rasades d'eau-de-vie, puis la
« partie » avait commencé. Mais, soit que
celui qui mettait en joue son compagnon
fût troublé par le but en chair et en os qu'il
visait, soit que sa main tremblât sous
l'effet de l'alcool, il avait tiré déjà huit
coups de fusil sans faire autre chose
qu'abîmer le mur.
A chaque coup, l'autre, sans sourciller,
sans broncher, sans que le moindre geste
instinctif d'effroi se manifestât chez lui,
se bornait à hausser les épaules et à s' é.
crier (en termes peut-être plus crus) :
— Tu vois bien que tu n'es qu'une ma-
zette 1
Il ne semblait même pas avoir la cons-
cience du danger qu'il courait : c'était mi-
racle que, à cette petite distance, il n'eût
pas reçu une des balles dans la tête ou
dans la poitrine, et qu'il ne fût pas tombé
foudroyé.
L'adjudant, comme on pense, se hâta
de faire cesser ce jeu insensé, en mettant
en prison les deux « joyeux » et les té-
moins du pari qui jugeaient les coups avec
autant d'impartialité que s'il ne se fût
pas agi d'une existence humaine.
— C'est bon, c'est bon 1 dit celui qui
stoïquement éprouvait sur sa personne
l'adresse de son camarade, on y va au
« mazaro », mais avouez, mon adjudant,
qu'il ne faut pas être un fameux tireur
pour ne pas m'avoir attrappé 1
Des gaillards comme ceux-ci ne sont pas
pour faire les dégoûtés, quand il faut mare
cher à l'ennemi !
Paul Ginisty.
L'excellente renommée dont jouit le Petit
Châteauneuf-du-Pape provient surtout du fin
bouquet qu'il acquiert en bouteilles. Le pro-
priétaire des Fines-Roches à Châteauneuf-du-
Pape l'expédie pour 135 fr. les 225 litres.
MADAGASCAR
QUATRIÈME ET DERNIÈRE JOURNÉE
A LA CHAMBRE
La discussion des articles. — Objections
militaires et objections financières.
— L'incident Poincaré-Roua-
net. — Vote définitif du
projet.
La Chambre a adopté, tel qu'il lui était pré-
senté, le projet du gouvernement relatif aux
crédits de 65 millions pour l'expédition de
Madagascar. Ce résultat était absolument
prévu après les deux votes par lesquels elle
avait, samedi, écarté la solution intermé-
diaire de l'occupation des côtes, puis décidé
le passage aux articles.
Sur ces articles, toutefois, divers débats se
sont produits, débats qui, ne pouvant plua
porter sur le principe même de l'expédition,
se limitaient à des questions de voies et
moyens.
M. Félix Faure, ministre de la marine, a
tout d'abord donné, en réponse à M. Isaac,
quelques explications sur les précautions qui
seront prises en vue de ménager la vie de
nos soldats et sur les conditions dans les.
quelles sera organisé le service des hôpitaux.
Puis s'est alors posée la question militaire :
« Quels sont les hommes que vous allez en-
voyer à Madagascar ? Choisirez-vous au moins
des soldats entraînés, déjà préparés àla guerre
et ayant, par leur âge comme par leurs états
de service, l'endurance nécessaire ? Et ce fai-
sant, ne craignez-vous pas de désorganiser,
de compromettre peut-être notre mobilisation
dans le cas où de graves événements vien-
draient à se produire en Europe? »
Telles sont, avec quelques autres encore,
les interrogations que sont venus adresser
au ministre de la guerre et M. Krantz, et le
baron Reille, et le général Iung, et le lieute-
nant-colonel Guérin. Le général Mercier est
monté jusqu'à trois fois à la tribune pour ré-
pondre à tous. Voici, en somme, l'essentiel do
ses explications :
M. le ministre de la guerre. — La grande
préoccupation de M. Gurin nie parait être de ne
pas désorganiser en ce moment nos régiments.
Nous avons actuellement sous les drapeaux au
bas mot 570,000 hommes, c'est-à-dire plus que nous
n'avons eu a 'aucune époque.
M. Cunéo d'Ornano. Dont la moitié ont
trois jours de service.
M. Charles Dupuy, président du conseil. -
On peut en dire autant tous les ans à pareille
époque.
Al. Cunéo d'Ornano. — Il n'y en a pas
200,000 qui sachent manier un fusil! (Bruit.)
M. le ministre de la guerre. — Sur ces
570,000 hommes, il y a, je le sais, 235,000 recrues
qui viennent d'arriver; mais leur instruction est
commencée, et au 1" avril, quand l'expédition
commencera, ces 235.00U recrues seront déjà mo-
bilisables et prêtes à marcher, s'il le fallait.
Hetranchez-Ies du total, et vous aurez encore
335,000 hommes d'effectif permanent, dé sous-offi-
ciers et d'anciens soldats présents sous les dra-
peaux.
Croyez-vous que le fait de prendre 8,000 hommes
sur ces 335,000 hommes affaiblisse sérieusement la
force de l'armée française?
Je conviens qu'il y a tout avantage à ne prendre
que des hommes aussi faits que possible au ser-
vice et aussi âgés que le comporte l'àgo moyen des
hommes présents sous les drapeaux.
Nous nous eflorcerons de ne prendre que des
hommes de la classe 1891 et de la classe 1892, et,
une fois admis le principe que j'ai posé et sur le-
quel je ne puis transiger, à savoir que tout soldat
de notre armée doit marcher là où renvoie votre
volonté, je m'efforcerai autant que possible de ne
prendre que des volontaires.
Je viens de dire autant que possible. Mais je
suis assailli tous les jours de demandes d'lan-
ciers et do soldats demandant que 1 armée dé terre
ne soit pas exclue de l'expédition. (Très bien 1 très
bien I)
Nous n'enverrons donc que dos volontaires et
des hommes qui auront dix-huit mois de ser
vice.
Pour qu'il y ait unité, il faut que les cadres
soient homogènes, c'est-à-dire qu'il faudra prendre
une compagnie tout entière, sauf à faire les élimi-
nations nécessaires.
Ainsi, dans chaque compagnie, il y aura un noyau
d'anciens soldats de la même eompagaie, que les
volontaires viendront compléter.
En prenant ainsi une compagnie par corps d'ar.
mée, vous voyez que je ne compromets pas la mo-
bilisation. (Applaudissements. — Aux voix Il
Préoccupé malgré tout d'assurer la solidité
au moins de nos régiments d'infanterie, la
lieutenant-colonel Guertn avait déposé cet
amendement : « Aucune uuitè ou fraction
d'unité de la mobilisation en France ne sera
envoyée à Madagascar en dehors du servic,
du génie, de l'artillerie ou des services admi..
nistratifs. »
Cet amendement a été repoussé, mais à
quatre-vingts voix aâuiwneût de majorité ;
005 contre 225. -
lf kchébo caosroi"onraws
MERCREDI 28 NOVEMBRE 1894
RÉDICTION ET IDIIIIRISTRATION
142, Rue Montmartre
PARIS
ANNONCES
Chez MM. LAGRANGE, CERF et Cil
6, place de la Bourse, 6
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Pari* Trais lois, 6 f.; Sii Bois, H f.; Ci 20L
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Adresse télégraphique : XIX* SIÈCLK - PARU
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A BELLEVILLE
Il s'est fondé récemment une associa-
tion des amis de Gambetta qui se réunis-
sait pour la première fois dimanche soir
dans un banquet au Lac-Saint-Fargeau,
dans l'ancienne circonscription même
du grand patriote. Les orateurs qui, au
dessert ont pris la parole, et qui furent
parmi les plus intimes de Gambetta, ont
prononcé d'éloquents discours. Mais si
l'on a voulu chercher, suivant un mot
qui a couru, dans cette réunion des
aperçus et des indications sur un mi-
nistère futur, les recherches auront été
vaines. Tous se sont soigneusement te-
nus dans les généralités et si en ren-
dant hommage à Gambetta ils ont fourni
une indication sur un programme poli-
tique, ce n'est en tout cas pas avec l'in-
tention de le spécialiser à la durée d'un
ministère ou à l'enceinte du Palais-Bour-
bon.
Chose digne de remarque : Gambetta
a été l'un de ceux qui ont, de leur vi-
vant, été combattus avec le plus de vio-
lence, et il y eut un moment où tout
l'effort consista, pour certaines frac-
tions du parti républicain, à le com-
battre, à le dénoncer comme un aspi-
rant à la dictature et à détruire le
a gouvernement occulte » dont on le
'disait le chef. Il est bon d'ajouter que
ce sont les mêmes hommes qui ne vou-
laient pas du gouvernement occulte qui
ouvrirent la bataille le jour ou il prit
ostensiblement le pouvoir, ceux qui le
signalaient comme un dictateur qui
furent les premiers à se jeter dans
l'aventure boulangiste et dans le césa-
risme renaissant.
Ces temps sont loin. L'heure de la
justice a sonné depuis longtemps pour
le grand patriote qui eut la générosité
d'âme de ne pas désespérer de la patrie
aux heures les plus sombres, où tout
croulait autour de nous, où les plus
énergiques et les plus ardents se deman-
daient, dans une tragique angoisse, si
la défaite des uns, l'incapacité des au-
tres, jointes à la plus odieuse des trahi-
sons, n'allaient pas faire disparaître
jusqu'au nom de la France.
L'heure de la justice a sonné aussi
pour les efforts que Gambetta a faits
pour que le parti républicain devînt un
parti de gouvernement, pour que les
hommes habitués durant la période im-
périale aux procédés et aux méthodes
d'opposition irréconciliables comprissent
au pouvoir les nécessités du gouverne-
ment et procédassent, avec la maturité
qui convient, aux réformes démocrati-
ques dont il proclamait lui-même la né-
cessité.
Après avoir sauvé la France sur les
champs de bataille, il eut la gloire de
sauver la République dans les luttes
des partis. Avec M. Thiers, il donna au
parti républicain la forte discipline qui
lui permit de triompher de l'entreprise
du Seize-Mai, et l'on pouvait croire dès
lors que l'union du parti républicain
était définitive et que, si les uns se
montraient plus impatients, d'autres
plus timides, tous cependant étaient ré-
solus à s'engager sans retour dans la
voie du progrès et des réformes démo-
cratiques.
Cette union du parti républicain a
fait de grandes choses. Elle a fait les
lois scolaires, elle a fait la loi sur les
syndicats professionnels; elle a donné
à la démocratie les grandes libertés
dont nous jouissons aujourd'hui, la li-
berté de la presse et la liberté de réu-
nion, et M. Etienne avait raison de dire
que c'est à Gambetta que nous devons
le principe de ces libertés.
Mais cette union ne s'est pas toujours
maintenue. Certains républicains ont
cru qu'il était possible de prendre au
sérieux la conversion à la République
de ceux qui venaient à elle ayant épuisé
tous les moyens de l'abattre et qui
croyaient qu'il leur serait plus facile de
réaliser leur désir de détruire l'œuvre
de la République étant dans la place
qu'en l'assiégeant. D'autres, au con-
traire, ont noué avec les révolutionnai-
res des alliances dont ils commencent
à voir le danger et desquelles ils cher-
chent à se dégager.
D'une part comme de l'autre on s'est
écarté du programme de cette union
progressiste des républicains qui était
la base de la politique de Gambetta. Et
pourtant, comme le disait M. Spuller,
« la victoire, nous la devons à l'union;
l'an'ermissement, ïiGus le devons encore
h l'union. En dehors de l'union, il ne
peut y avoir que péril et déception ».
M. Spuller tenait encore le langage de
la prudence lorsqu'il montrait que l'en-
nemi veille toujours et qu'il est habile à
masquer et à changer son drapeau.
Assurément cela peut aussi nous obli-
ger à -- changer nos --- - tactiques pour le
mieux vaincre. Mais à la condition que
dans ce changement de tactique nous ne
paraissions jamais disposés à des tran-
sactions qui pussent inquiéter une frac-
tion du parti républicain et que si nous
reconnaissons avec Gambetta qu'il « faut
faire du nouveau », nous nous tenions
en garde contre cet « esprit nouveau »
dont M. Spuller parlait naguère à la
tribune et auquel le parti républicain
tout entier, dans la Chambre comme
dans le pays, montra nettement qu'il ne
donnait aucune adhésion.
LE RETOUR A MAJUNGA
Un télégramme de M. Ranchot, daté de
Mozambique et reçu hier soir à Paris, an-
nonce que l'escorte du résident général à
Tananarive, qui procédait à l'évacuation par
la côte ouest, est arrivée à Majunga le 21.
Malgré les difficultés de la route et les obs-
tacles que lui ont opposés les autorités hovas,
la colonne, forte de cent personne, est au com-
plet, après une marche de plus de 450 kilo-
mètres faite en trois semaines.
Le gouvernement a aussitôt prié M. Ran-
chot, résident général intérimaire qui diri-
geait la marche, de transmettre ses félicita-
tions à l'escorte, à son commandant ainsi
qu'au personnel de la résidence et aux quel-
ques colons qui les accompagnaient.
LES RETRAITES DE LA VIEILLESSE
La Caisse nationale des retraites pour la
vieillesse vient d'établir la situation des ren-
tiers existant au 31 décembre 1893. Ils sont
au nombre de 183,894 et le montant des ren-
tes servies s'élève à 32,908,258 francs.
Il y a 105,169 rentiers touchant annuellement
moins de 100 francs ; 33,502 possédant une
rente variant entre 100 et 200 francs ; les ren-
tiers de 200 à 300 francs sont au nombre de
14,003 et ceux de 300 et au-dessus atteignent
le nombre de 31,220.
UN MONUMENT A ALEXANDRE III
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Copenhague, 26 novembre.
Sous la présidence de M. Jacobsen, un des plus
grands industriels du Danemark, il s'est consti-
tué un comité qui a ouvert une souscription pour
ériger un monument au tsar Alexandre III.
Le monument sera érigé au parc du château de
Fredensborg.
EMBARRAS DES OFFICI'ERS D'ÉTAT CIVIL
A BERLIN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 26 novembre.
Les officiers d'état civil à Berlin se trou-
vent dans un embarras d'une nature bien
singulière.
Depuis que l'empereur Guillaume a fait
publier son fameux Hymne à Aegir, les su-
jets fidèles de Sa Majesté ont la rage de don-
ner à leurs nouveau-nés le nom d'Aegir.
Au cours de la semaine dernière, il y avait
aux bureaux des naissances au moins trente
personnes qui ont déclaré vouloir inscrire
leurs enfants sous ce prénom archaïque.
Or, un règlement prussien interdit de mettre
sur l'état civil des noms païens, et les fonc-
tionnaires craignent que l'application stricte
de la loi n'implique dans ce cas un délit de
lèse-majesté.
On s'est adressé au maréchalat de la cour,
afin d'avoir des instructions qui puissent
guider les officiers d'état civil.
La gnerre entre la Chine et le Japon
Hiroshima. 26 novembre.
Le maréchal Oyama constate,dans son rap-
port sur la prise de Port-Arthur,que l'ennemi
a combattu courageusement.
Les Japonais ont eu un peu plus de 200 tués
ou blessés.
Les pertes chinoises ne sont pas encore con-
nues exactement, mais on les estime à plus
de 2,000 tués ou blessés.
Les Japonais ont trouvé dans la place un
grand nombre de canons avec une énorme
quantité de munitions de guerre.
L'amiral Ito annonce qu'il a pris possession
des arsenaux et chantiers du port.
En outre,les Japonais ont fait plus de mille
prisonniers et pris au moins 80 canons.
Le bruit court qu'une partie de l'armée
du maréchal Yamagata se dirige vers Niou-
Chouang.
Londres, 26 novembre.
La légation japonaise communique la dé-
pêche suivante de Tokio :
Le maréchal Oyama a télégraphié au gou-
vernement impérial comme suit :
L'attaque de Port-Arthur a été commencée
dans la matinée du 21. La première division
formant l'aile droite et l'artillerie étaient au
centre. Les Chinois ont résisté vigoureusement
jusqu'au dernier moment.
A 8 heures 30 du matin, la première divi-
sion était en possession des forts situés à
l'ouest du champ de manœuvre ; elle entrait
à Port-Arthur a. deux heures de l'après-midi,
et enfin à quatre heures elle occupait la forte-
resse de Huang-Kin-Shan.
La brigade mixte était en possession des
ports situés au sud-ouest de Palio-Huang
dès 11 h. 30 du matin, et le 22, dans la mati-
née, toutes les autres forteresses de la côte
furent également occupées par nos trou-
pes.
Nos pertes, tant tués que blessés, s'élèvent
à plus de 200. Les pertes des ennemis ne sont
pas encore connues.
Les Japonais se sont emparés d'une
grande quantité de canons, de munitions,
etc.
Les ennemis étaient au nombre de 20.000
hommes.
Londres, 26 novembre.-
On télégraphie de Shanghaï au Times :
On annonce de Niou-Cliouang que l'armée
du général Sung s'est scindée en deux corps
dont l'un se maintient à Mothienling et re-
pousse constamment les Japonais, l'autre
est parti, sous le commandement du général
Sung, vers Port-Arthur pour attaquer les Ja-
ponais.
GENDARMES ET CONTREBANDIERS
Lons-le-Saunier, 26 novembre.
Les gendarmes de Domblans, en voulant arrêter
cinq contrebandiers qui transportaient du tabac
étranger, ont eu à soutenir une véritable bataille.
Frappés et blesséH, il ont fait usage de leurs
armes. Un contrebandier a été tué d'un coup de
revolver; deux autres ont été blessés de coups de
baïonnette.
LE MARIAGE DE NICOLAS n
SAINT-PÉTERSBOURG EN FÊTE
Toute la population dehors.— Une céré-
monie grandiose. — Le tsar et la
nouvelle tsarine.
Saint-Pétersbourg, 26 novembre.
Les canons de la forteresse ont tiré une
salve de 21 coups ce matin à huit heures
pour annoncer à la population le mariage du
tsar.
Le deuil étant supendu aujourd'hui, la
ville n'a plus cet aspect morne et lugubre du
jour des funérailles ; elle prend au contraire
un air de fête.
De bonne heure, la foule commence à se
masser sur la place du Palais, devant le pa-
lais du grand-duc Serge, devant le palais
Anitchkoff, et sur toute la longueur de la
perspective Newski.
Le temps est doux et beau, les rues ont été
soigneusement sablées.
LA CÉRÉMONIE
La cérémonie du mariage proprement dit a
commencé à midi 45. Le cortège s'est mis en
marche à midi 35.
Dès longtemps avant, les grandes et ma-
gnifiques salles du Palais-d'Hiver présentaient
un aspect éblouissant par la variété et l'éclat
des uniformes, étincelants d'or et d'argent, des
milliers d'officiers, grans dignitaires et maré-
chaux de la noblesse.
Les nombreuses dames et demoiselles
d'honneur de l'impératrice portaient un cos-
tume de cour couleur grenat, en velours, avec
cette sorte de couronne russe sur la tête ap-
pelée « cakochnik », également en velours
rodé de perles. Un long voile blanc s'échap-
pant du cakochnik retombait derrière en lon-
gue traîne que les dames portaient relevée.
La robe à tablier blanc était à longue man-
ches, attachées aux épaules et flottant sur le
devant ; elle était décolletée et brodée d'or.
Les dames de la ville admises à la cour por-
taient également le costume de cour, mais
beaucoup étaient en soie blanche et autres
couleurs avec de nombreux et magnifiques
diamants.
L'impératrice-mère portait un costume de
cour en laine blanche avec une longue traîne
portée par quatre chambellans.
La fiancée était en costume de cour russe
en soie blanche brodée d'argent ; elle avait
sur la tête un diadème en brillants et sur les
épaules le manteau impérial en brocart d'or
doublé d'hermine, avec une longue traîne
portée par quatre dignitaires, deux de chaque
côté, et par le grand chambellan qui en sou-
tenait l'extrémité.
Une modification a été faite au cérémonial :
l'impératrice-mère venait la première dans le
cortège au bras du roi de Danemark; puis
venait la fiancée au bras de l'empereur qui
portait l'uniforme de colonel des hussards de
la garde, rouge avec dolman attaché aux
épaules.
Le prince de Galles et le duc de Cobourg
étaient en uniforme russe, le duc d'York en
costume de marin.
Tous les princes portaient le cordon de
Saint-André.
Ce sont les grands-ducs qui, pendant la cé-
rémonie du mariage, ont tenu, suivant la
coutume russe, les couronnes au-dessus des
têtes des nouveaux époux : deux grands-ducs
s'approchaient à tour de rôle de l'empereur
et de sa fiancée et chacun tenait d'une main
très haute une couronne sur la tête de chacun
des époux; tous les grands-ducs ont ainsi
participé à cette cérémonie qui a été impo-
sante.
Après la bénédiction nuptiale et avant le
Te Deurn, l'empereur et la nouvelle impéra-
trice se sont approchés de l'impératrice-mère
pour la remercier. Celle-ci les a embrassés
avec une effusion extrême, en les bénissant
pour elle-même et aussi pour celui qui repose
dans l'église de la forteresse. L'émotion à ce
moment était très grande. On a beaucoup
remarqué avec quelle effusion le roi de Dane-
mark a embrassé les nouveaux p-tariés.
Pendant toute la cérémonie à l'église, la
fiancée était fort émue ; l'empereur était pâle
et également ému.
Le corps diplomatique en entier et les am-
bassadrices assistaient à la cérémonie ; le
général de Boisdeffre et l'amiral Gervais avec
l'ambassade de France. La plupart des am-
bassadrices portaient des toilettes blanches.
Mme de Montebello portait une robe blanche
avec grande traîne et ornements violets, cha-
peau également violet.
LE RETOUR
La cérémonie du mariage s'est terminée
quelques minutes avant deux heures.
Ensuite, quand tout a été terminé au pa-
lais et suivant le cérémonial, l'impératrice-
mère est montée en voiture de gala à quatre
chevaux avec deux cosaques sur le siege de
derrière; elle est repartie pour le palais
Anitchkoff, suivant la Grande-Movskaïa et la
perspective Newski.
Cinq minutes après sont venus les nou-
veaux mariés, allant à Kasan dans une voi-
ture à quatre chevaux avec postillons.
Les voitures étaient fermees.
Sur le parcours, une foule très ordonnée
s'écrasait des deux côtés. Les fenêtres étaient
ouvertes et garnies de monde ainsi que les
balcons, les dames agitant des mouchoirs. On
entendait 'un roulement formidable de hour-
ras suivre la voiture de l'impératrice-mère et
celle des nouveaux mariés.
La fiancée, dans le cortège, avait un air
grave et imposant. Quand elle est passée en
voiture avec son époux après la cérémonie,
j'ai pu la voir toute souriante, le teint rose et
heureuse des ovations de la foule.
L'impératrice-mère avait une figure grave
et un fond de tristesse que faisait parfois éva-
nouir la pensée du bonheur de son fils ; elle
paraissait assez reposée des terribles fatigues
et souffrance du dernier mois.
LA FOULE
Les ovations enthousiastes ont continué
pour l'impératrice-mère et les nouveaux
époux jusqu'au palais Anitchkoff.
Quand les nouveaux époux sont arrivés à
l'église de Kasan, ils furent reçus par le mé-
tropolite de Saint-Pétersbourg, M. Palla-
dium, qui, entouré de son clergé, les attendait
avec la croix et l'eau bénite.
La foule était énorme ; la voiture impériale
eut peine à avancer jusqu'aux marches de
l'église.
Les bourras redoiiblaient, couvrant le
son des cloches et celui-du canon de la for-
teresse.
L'empereur et l'impératrice entrèrent dans
l'église où un Te Deum solennel fut célébré,
après lequel ils baisèrent dévotement l'image
miraculeuse de Notre-Dame de Kasan.
Quand Leurs Majesté reparurent, un rayon
de soleil les éclaira subitement.
Le tonnerre de houras lecommença et les
accompagna jusqu'au palais Anitchkoff.
Lorsque l'empereur et l'impératrice sont
arrivés au palais Anitchkoff, les acclamations
d'une foule immense et en délire devinrent
frénétiques.
Après quelque temps, l'empereur, ayant de-
vant lui la jeune grand-duchesse Olga et à
sa .g:-".ache l'impératrice, parut derriere les
croisées des fenêtres donnant sur la perspec-
tive et sur le jardin pendant un quart d'heure;
l'empereur et l'impératrice saluèrent la foulet
pendant que la petite princesse Olga en-
voyait des baisers ; l'enthousiasme ne connut
plus de bornes.
Après que l'empereur eut disparu, les ac-
clamations continuèrent, frénétiques ; aussi
le tsar et l'impératrice ont-ils dû paraitre à
plusieurs reprises.
L'impératrice était radieuse et charmante.
La ville n'est pas pavoisée à cause du deuil
d'Alexandre III, mais elle n'avait pas été
aussi animée depuis longtemps. -
Actuellement la foule massée aux environs
du palais Anitchkoff reste compacte.
Le manifeste de l'empereur, signé aujour-
d'hui, paraitra demain dans les journaux
pour annoncer le mariage au peuple et lui
accorder des faveurs telles que remises d'im-
pôt, grâces partielles ou totales.
Le général de Boisdeffre et l'amiral Ger-
vais, le général Berruyer et quatre autres
membres de la mission française encore ici
repartiront demain soir pour Paris.
A PARIS
Une double cérémonie a eu lieu hier matin
à l'église de la rue Daru, à l'occasion du ma-
riage du tsar Nicolas II avec la princesse Alix
de Hesse et de l'anniversaire de la naissance
de l'impératrice douairière.
Un Te Deum a été chanté en présence du
personnel de l'ambassade russe.
Le président de la République s'était fait
représenter par M. le colonel Chamoin et par
M. le-secrétaire d'ambassade Brice.
Le président du conseil, ministre de l'inté-
rieur, s'était fait représenter par M. Adrien
Dupuy, chef du cabinet de la présidence du
conseil.
Le deuil prescrit à l'occasion de la mort du
tsar Alexandre III avait été suspendu.
Une grande partie des membres de la colo-
nie russe assistaient à cette cérémonie.
C'est aujourd'hui, à deux heures, que les
israélites russes seront appelés à prêter le
serment de fidélité au nouveau tsar.
Cette cérémonie sera présidée par M. Zadoc
Kahn, grand-rabbin de France. Elle aura lieu
à la synagogue de la rue de la Victoire.
A LONDRES
Londres, 26 novembre.
Les journaux du soir annoncent que l'em-
pereur Nicolas II a été nommé colonel en
chef du régiment écossais le Royal Scott
Grey, et publient en .«ème temps un télé-
gramme de félicitation adressé au tsar au
sujet de son mariage par les officiers et par
les soldats de ce régiment.
L'ambassade russe, le Royal Exchange
tous les édifices importants de la Cité et la
plupart des églises de Londres ont arboré des
drapeaux dès le matin. Les cloches de la
chapelle Saint-George, à Windsor, ont caril-
lonné toute matinée.
L'INCIDENT RODtM-BSLZAC
Discorde à la Société des gens de lettres
L'incident Rodin-Balzac, que l'on croyait
terminé depuis huit jours, a été réglé seu-
lement hier à la séance de la commission
de la Société des gens de lettres, dont plu-
sieurs membres, y compris le président, M.
Jean Aicard, ont donné leur démission.
Précisons de nouveau les faits. Il y a quatre
ans, M. Rodin fut chargé, sur sa demande, et
grâce, dit-on, à l'influence de M. Zola, du
monument de Balzac. Il s'engagea à terminer
l'oeuvre en dix-huit mois. Deux délais supplé-
mentaires d'un an, puis un de six mois lui fu-
rent successivement accordés; et, à l'heure ac-
tuelle, l'artiste ignore encore à quelle époque
il pourra livrer sa commande. - --
M. Rodin ayant reçu une avance de 10,000
francs, la Société des gens de lettres s'émut
de la responsabilité qu'elle assumait vis-à-vis
des souscripteurs dans le cas où, pour une
raison quelconque, le sculpteur ne pourrait
tenir ses engagements.
Un conflit fut sur le point d'éclater;
pour éviter toutes difficultés, M. Rodin con-
sentit à restituer provisoirement l'argent, Je
comité lui accordant en revanche le temps
qu'il voudrait pour exécuter son travail.
L'affaire eût donc été arrangée si M. Rodin
n'avait émis la prétention de déposer les dix
mille francs chez un notaire, à son nom. La
Société des gens de lettres trouva la garantie
insuffisante et essaya de faire comprendre ses
scrupules à l'artiste qui, paraît-il, refusa toute
nouvelle concession. M. Rodin aurait même
été convié par M. Jean Aicard, président de la
Société dès gens de lettres, à une réunion
composée des membres du comité qui s'étaient
montrés opposés à toute mesure de rigueur
contre lui.
Instruits de ce conciliabule, les autres mem-
bres du comité prièrent leur conseil judiciaire
d'intervenir.
M. Jean Aicard, à son tour froissé de cette
mesure, annonçait hier à l'ouverture de la
séance hebdomadaire du comité qu'il donnait
sa démission. Il était aussitôt suivi dans sa
retraite par MM. Marcel Prévost, Toudouze,
Saint-Arromand, Debraisne.
Or, à peine ces messieurs s'étaient-ils sépa-
rés de leurs confrères, que le conseil judi-
ciaire de la société annonçait l'acceptation par
M. Rodin des conditions qui lui avaient été
proposées.
Cette « sortie » de M. Jean Aicard aurait
été combinée pour laisser la place libre à M.
Zola qu'il serait question de porter de nou-
veau à la présidence de la société aux élec-
tions du mois de mars prochain. C'est, du
moins, ce que l'on raconte dans certains mi-
lieux littéraires. M. Théodore Cahu, qui pré-
sidait la séance d'hier, a naturellement re-
fusé de nous donner son impression à cet
égard.
GRÈVE DE BOULANGERS
Amsterdam, 26 novembre.
Une grève des boulangers a éclaté hier et conti-
nue aujourd'hui.
Le manque de pain se fait -vivement sentir dans
la ville entière. -
Les ouvriers boulangers empêchent la vente du
pain et arrêtent les chariots qu'ils croient en con-
tenir. -
Quelques patrôna boulangers vendent le pain
cuit par eux-mêmes sous la protection de la police,
mais la plupart des boulangeries sont fermées.
Aujourd'hui quelques bagarres se sont produites
entre la police et les grévistes, qui ont jeté des
pierras et brisé les fenêtres des boulangeries où le
travail continue.
Les grévistes ont pillé les voitures et jeté le pain
dans la ruo.
Quarante patrons sur quatre cents ont cédé aux
exigences des grévistes.
Le travail recommencera ce soir dans ces qua-
rante boulangeries.
LE CAPITAINE ROMANI
San-Remo, 26 novembre.
M" Cornons et Corrado, défenseurs du capi-
taine Romani, ont interjeté aujourd'hui appel de la
sentence prononcée contre cet officier. - -
CHRONIQUE
Des incidents fâcheux, non imprévus
d'ailleurs, ont marqué le départ des cons-
crits affectés aux bataillons d'infanterie
légère, autrement dit aux « bat d'Af » ou
encore aux « joyeux ». Ces conscrits-là,
comme on sait, ne sont pas irréprochables.
Ce sont les jeunes gens qui ont subi, avant
l'âge de l'incorporation, quelque condam-
nation et qui doivent faire leur temps en
Afrique. Beaucoup d'entre eux, qui vi-
vaient d'assez vilains métiers, n'ont que
des notions vagues de ce que peut être la
discipline et, par bravade, par gloriole
stupide, ils se montrent peu disposés à
l'obéissance au moment du rassemble-
ment. Certaines scènes de luttes, de vio-
lences se renouvellent tous les ans, et la
journée se termine par le défilé, qui est
d'un spectacle pénible, de ces trop aventu-
reux garçons, entre deux haies de soldats,
baïonnette au canon. Ils font ainsi la lon-
gue traversée de Paris jusqu'à la gare de
Lyon.
Il serait peut-être possible d'éviter ces
affligeants incidents en les réunissant à
la gare même, avec un peu plus de pré-
cautions. N'ayant pas de témoins de leur
forfanterie, ils seraient sans doute plus
calmes et on les raisonnerait plus faci-
lement, par quelques paroles fermes, leur
faisant comprendre leur véritable situation.
La vie militaire qui commence pour eux,
c'est le rachat possible d'une existence jus-
que-là mal dépensée. A ce moment-là,il n'est
pas invraisemblable de croire que quelques
bons conseils auraient plus d'action sur
eux que des menaces, surtout si les me-
sures étaient prises pour qu'ils les pussent
écouter avant que les têtes se fussent
échauffées. Il faudrait s'arranger pour
qu'ils ne fussent pas soumis à une longue
attente, en face de cabarets. Cet embarque-
ment pourrait se faire dans de meilleures
conditions, et, avant d'être contraint à user
envers eux de répression, ne devrait-on
pas leur montrer le régiment comme la
réhabilitation ? Ces malheureux sont à un
« tournant » décisif pour eux, et il impor-
terait que, avec quelque patience, d'abord,
on le leur fît comprendre.
Il est fâcheux aussi que les jeunes gens
qui furent assurément coupables en es-
sayant de différer leurs obligations mili-
taires ou de s'y soustraire, mais qui par
là ne commirent qu'une faute spéciale,
soient mêlés à des gaillards condamnés
pour droit commun et qui ont, quelque-
fois, un peu plus que des peccadilles sur
la conscience. L'autorité militaire ne per-
drait rien de ses droits en les séparant des.
autres, de qui ils n'ont pas de très bons
exemples à attendre. Cette sélection pour-
rait se concilier avec la sévérité néces-
saire.
Là-bas, en Afrique, les « joyeux » ne
sont pas toujours faciles à mener, ce qui
explique, sans les justifier tout à fait, cer-
tains châtiments qui s'écartent un peu
des pénalités ordinaires. On a cherché ré-
cemment à émouvoir notre sensibilité sur
leur compte ; on a vraisemblablement exa-
géré quand on a parlé de « supplices » par
trop barbares, qui seraient imposés aux
indisciplinés en arrivant à être bronzés
sur tout. Il est présumabie, pourtant,
qu'on en vient, en quelques occasions, à
aller au delà des punitions prévues par les
règlements.
Le salut, pour ces dévoyés, c'est la vie
de campagne. Ces troupiers malaisément
soumis, en temps de paix, se régénèrent
pendant les expéditions auxquelles ils
prennent part, comprennent tout à coup
le sentiment du devoir, deviennent acces-
sibles à des idées sérieuses qui n'étaient
pas encore entrées en leur cervelle.
L'histoire est célèbre dans les anna-
les de l'armée d'Afrique, de la nécessité
où l'on fut, un jour, du temps du « père »
Bugeaud, de confier la garde du trésor aux
« joyeux » qu'on appelait aussi « zé-
phyrs », alors. En temps ordinaire, c'eût
été peut-être imprudent. Mais aucun
d'eux, en ces circonstances, n'eut d'autre
idée que de le ramener intact; la moitié
du détachement fut tuée en le défendant.
Zéphyrs ou joyeux, ces bataillons for-
més de « mauvaises têtes » se sont tou-
jours bien battus. Ce furent eux qui, en
1871, sous le commandement du chef de
bataillon Rose, tirèrent au combat d'Oye,
les derniers coups de feu de la campagne,
ou à peu près, avant l'entrée en Suisse.
Plus tard, ils se sont bien conduits aussi,
au Tonkin. Le danger est une bonne
école. Les pâles voyous qui, naguère, ne
revêtirent l'uniforme que par force, qui
refusaient d'obéir, qui tiraient vanité
de leurs condamnations, deviennent de
bons et braves soldats. La bravoure s'ap-
prend, elle aussi.
Les « joyeux » en font même parfois
un singulier usage. Il y a, dans leurs tra-
ditions, une histoire parfaitement authen-
tique, que j'ai jadis entendu conter, pen-
dant la campagne de Tunisie. Elle est as-
sez caractéristique. Deux soldats d'un de
ces bataillons se vantaient, l'un et l'autre,
d'être le meilleur tireur. Leurs succès à la
cible ne leur suffisaient plus et ils vou-
laient une expérience décisive pour tran-
cher le différend. Ils avaient bien rêvé un
duel au fusil, mais il n'était pas facile de
sortir du quartier avec une arme, puis la
nouvelle se serait vite répandue, et on au-
rait mis obstacle à leur projet.
Ils s'avisèrent d'autre chose.
Un beau matin, on entendit, partant
d'une des chambrées, une fusillade effré-
née. L'adjudant se bâta d'accourir avec
les hommes de garde : le spectacle le plus
étrange et le plus inattendu s'offrit alors à
ses yeux. Un des soldats, les bras croi-
zsés,..t'umant sa pipe, était accoté au mur
de la chambre, en face de la fenêtre ou-
verte. Dans la cour, à une distance d'une
quarantaine de mètres, un de ses cama-
rades, placé dans la direction de cette
fenêtre qui, très large, découvrait entière-
ment le « joyeux » servant de cible
vivante, essayait de l'atteindre, en le vi-
sant.
C'était un aimable pari. Un des deux
rivaux avait défié l'autre de le « toucher P.
la gageure avait été acceptée, et c'était
avec des balles de chassepot qu'elle était
en train de s'accomplir !
On s'était rendu auparavant à la can-
tine et on « s'était donné du coeur » avec
de longues rasades d'eau-de-vie, puis la
« partie » avait commencé. Mais, soit que
celui qui mettait en joue son compagnon
fût troublé par le but en chair et en os qu'il
visait, soit que sa main tremblât sous
l'effet de l'alcool, il avait tiré déjà huit
coups de fusil sans faire autre chose
qu'abîmer le mur.
A chaque coup, l'autre, sans sourciller,
sans broncher, sans que le moindre geste
instinctif d'effroi se manifestât chez lui,
se bornait à hausser les épaules et à s' é.
crier (en termes peut-être plus crus) :
— Tu vois bien que tu n'es qu'une ma-
zette 1
Il ne semblait même pas avoir la cons-
cience du danger qu'il courait : c'était mi-
racle que, à cette petite distance, il n'eût
pas reçu une des balles dans la tête ou
dans la poitrine, et qu'il ne fût pas tombé
foudroyé.
L'adjudant, comme on pense, se hâta
de faire cesser ce jeu insensé, en mettant
en prison les deux « joyeux » et les té-
moins du pari qui jugeaient les coups avec
autant d'impartialité que s'il ne se fût
pas agi d'une existence humaine.
— C'est bon, c'est bon 1 dit celui qui
stoïquement éprouvait sur sa personne
l'adresse de son camarade, on y va au
« mazaro », mais avouez, mon adjudant,
qu'il ne faut pas être un fameux tireur
pour ne pas m'avoir attrappé 1
Des gaillards comme ceux-ci ne sont pas
pour faire les dégoûtés, quand il faut mare
cher à l'ennemi !
Paul Ginisty.
L'excellente renommée dont jouit le Petit
Châteauneuf-du-Pape provient surtout du fin
bouquet qu'il acquiert en bouteilles. Le pro-
priétaire des Fines-Roches à Châteauneuf-du-
Pape l'expédie pour 135 fr. les 225 litres.
MADAGASCAR
QUATRIÈME ET DERNIÈRE JOURNÉE
A LA CHAMBRE
La discussion des articles. — Objections
militaires et objections financières.
— L'incident Poincaré-Roua-
net. — Vote définitif du
projet.
La Chambre a adopté, tel qu'il lui était pré-
senté, le projet du gouvernement relatif aux
crédits de 65 millions pour l'expédition de
Madagascar. Ce résultat était absolument
prévu après les deux votes par lesquels elle
avait, samedi, écarté la solution intermé-
diaire de l'occupation des côtes, puis décidé
le passage aux articles.
Sur ces articles, toutefois, divers débats se
sont produits, débats qui, ne pouvant plua
porter sur le principe même de l'expédition,
se limitaient à des questions de voies et
moyens.
M. Félix Faure, ministre de la marine, a
tout d'abord donné, en réponse à M. Isaac,
quelques explications sur les précautions qui
seront prises en vue de ménager la vie de
nos soldats et sur les conditions dans les.
quelles sera organisé le service des hôpitaux.
Puis s'est alors posée la question militaire :
« Quels sont les hommes que vous allez en-
voyer à Madagascar ? Choisirez-vous au moins
des soldats entraînés, déjà préparés àla guerre
et ayant, par leur âge comme par leurs états
de service, l'endurance nécessaire ? Et ce fai-
sant, ne craignez-vous pas de désorganiser,
de compromettre peut-être notre mobilisation
dans le cas où de graves événements vien-
draient à se produire en Europe? »
Telles sont, avec quelques autres encore,
les interrogations que sont venus adresser
au ministre de la guerre et M. Krantz, et le
baron Reille, et le général Iung, et le lieute-
nant-colonel Guérin. Le général Mercier est
monté jusqu'à trois fois à la tribune pour ré-
pondre à tous. Voici, en somme, l'essentiel do
ses explications :
M. le ministre de la guerre. — La grande
préoccupation de M. Gurin nie parait être de ne
pas désorganiser en ce moment nos régiments.
Nous avons actuellement sous les drapeaux au
bas mot 570,000 hommes, c'est-à-dire plus que nous
n'avons eu a 'aucune époque.
M. Cunéo d'Ornano. Dont la moitié ont
trois jours de service.
M. Charles Dupuy, président du conseil. -
On peut en dire autant tous les ans à pareille
époque.
Al. Cunéo d'Ornano. — Il n'y en a pas
200,000 qui sachent manier un fusil! (Bruit.)
M. le ministre de la guerre. — Sur ces
570,000 hommes, il y a, je le sais, 235,000 recrues
qui viennent d'arriver; mais leur instruction est
commencée, et au 1" avril, quand l'expédition
commencera, ces 235.00U recrues seront déjà mo-
bilisables et prêtes à marcher, s'il le fallait.
Hetranchez-Ies du total, et vous aurez encore
335,000 hommes d'effectif permanent, dé sous-offi-
ciers et d'anciens soldats présents sous les dra-
peaux.
Croyez-vous que le fait de prendre 8,000 hommes
sur ces 335,000 hommes affaiblisse sérieusement la
force de l'armée française?
Je conviens qu'il y a tout avantage à ne prendre
que des hommes aussi faits que possible au ser-
vice et aussi âgés que le comporte l'àgo moyen des
hommes présents sous les drapeaux.
Nous nous eflorcerons de ne prendre que des
hommes de la classe 1891 et de la classe 1892, et,
une fois admis le principe que j'ai posé et sur le-
quel je ne puis transiger, à savoir que tout soldat
de notre armée doit marcher là où renvoie votre
volonté, je m'efforcerai autant que possible de ne
prendre que des volontaires.
Je viens de dire autant que possible. Mais je
suis assailli tous les jours de demandes d'lan-
ciers et do soldats demandant que 1 armée dé terre
ne soit pas exclue de l'expédition. (Très bien 1 très
bien I)
Nous n'enverrons donc que dos volontaires et
des hommes qui auront dix-huit mois de ser
vice.
Pour qu'il y ait unité, il faut que les cadres
soient homogènes, c'est-à-dire qu'il faudra prendre
une compagnie tout entière, sauf à faire les élimi-
nations nécessaires.
Ainsi, dans chaque compagnie, il y aura un noyau
d'anciens soldats de la même eompagaie, que les
volontaires viendront compléter.
En prenant ainsi une compagnie par corps d'ar.
mée, vous voyez que je ne compromets pas la mo-
bilisation. (Applaudissements. — Aux voix Il
Préoccupé malgré tout d'assurer la solidité
au moins de nos régiments d'infanterie, la
lieutenant-colonel Guertn avait déposé cet
amendement : « Aucune uuitè ou fraction
d'unité de la mobilisation en France ne sera
envoyée à Madagascar en dehors du servic,
du génie, de l'artillerie ou des services admi..
nistratifs. »
Cet amendement a été repoussé, mais à
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