Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-11-16
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 16 novembre 1894 16 novembre 1894
Description : 1894/11/16 (A24,N8341). 1894/11/16 (A24,N8341).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
1 VlNOT-QOATRIÊMB ANNIM — N- 8,3ft :
LE NUMÉRO <2*0 (2JHT1MJS
VENDREDI 16 NOVEMBRE 1894
ItDlCTIOI ET MMnSTRITISR
m 142. Rue Montmartre
PABM
"IECTEUR POLlTIQtr*
A.-EDOUARD PORTALIS
Atteste télégraphique: XIX- sIÈOLB-PA1118
Téléphone t >0.289 bit.
AHMIVCIS
CIaea MM. LAGRANGE, CBRP et
6, place de la BMlrll,
ABOltitiEMENTS
Paris. Trm Ira, 61.; Si ■«*, il f.; h |% 2§f
Départements — 7!.; — 12 f.; — Ma
Union Postale — 91.; - 16 f.; — a8
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LA 1
Campagne de Madagascar
Dans sa célèbre lettre à propos de la
souscription nationale ouverte'pour ache-
ter Chambord au fils posthume du due
de Berry, Paul-Louis Courrier expli-
quait à ses concitoyens que, s'ils avaient
encore de l'argent après avoir réparé
leurs routes et satisfait aux besoins de
la commune, il les engageait à cons-
truire un pont pour abréger la route al-
lant à Tours. Quant à donner un cen-
time pour l'enfant royal, il expliquait
que l'affaire était mauvaise pour tout
le monde.
Sauf le talent qui ne saurait être com-
-paré, on évoque ce souvenir en exami-
nant les arguments fournis par M. Ha-
Botaux pour engager la Chambre dans
la campagne de Madagascar. Il a prouvé
que l'opération se présentait comme de-
vant coûter cher et rapporter peu. Seu-
lement, le terrible pamphlétaire de la
Restauration ne voulait pas voir abou-
tir la souscription, et le ministre des
affaires étrangères désire l'expédition.
Il y a des raisons à donner pour im-
poser à la France ce nouveau sacrifice
en faveur de la politique coloniale, de
même qu'il existe des objections sérieu-
ses à dépenser ainsi dans l'océan In-
dien la fortune et le sang de notre pa-
trie.
- En tout cas, si on continue à penser
à notre prestige, à notre autorité mo-
rale, si on estime que la France est re-
devenue en état de payer sa gloire, il
fallait mettre une cocarde à son chapeau
et un panache à son discours.
En guise de plumet, M. Hanotaux
D'avait que le plumeau d'un négociant,
époussetant son comptoir avant de s'y
installer pour écrire son bilan et déter-
miner le doit et l'avoir. En vérité, ce
n'était pas assez pour parler au nom
d'un grand pays.
Comment! le commerce de Madagas-
car ne s'élève, à l'entrée et à la sortie,
qu'au chiffre intime de cinq millions,
et là-dessus la France n'entre que pour
un cinquième. C'est pour une somme
dérisoire qu'on va mdbiliser quinze mille
Sommes, ouvrir par un premier crédit
de 65 millions la porte aux crédits sup-
plémentaires, qui ne se fermera plus !
Non ! monsieur le ministre, il ne
s'agit pas d'un placement de père de
famille. Nul ne sait si Madagascar vau-
dra jamais ce que sa conquête coûtera.
Nul ne connaît l'avenir réservé à cette
Ne qui n'est plus située sur une grande
route de l'univers depuis que le perce-
ment de l'isthme de Suez a détourné
le courant maritime.
Avant de rien tirer de Madagascar,
il sera nécessaire d'y apporter du capi-
tal humain, des travailleurs, car le
nombre des habitants n'est pas en rap-
port avec la surface du pays. Si on n'y
amène pas des bras chinois ou indiens,
autant s'emparer de l'île de Robinson.
Seulement, cette terre a reçu depuis
plusieurs siècles l'empreinte de pieds
français. Dans l'héritage de ceux qui fu-
rent nos aïeux, nous avons trouvé des
droits que nous devons léguer aux gé-
nérations futures. Passagers d'un jour
sur la surface de notre planète, avant de
retourner dans l'inconnu de la mort,
nous sommes de simples usufruitiers et
nous devons compte à l'avenir des cho-
ses que le passé nous a données.
Si nous quittons Madagascar, nos ri-
Taux, nos ennemis peut-être, viendront
nous y remplacer, y effaceront les sou-
venirs de notre race, nous diminuant
dans l'imagination de l'humanité.
C'est là, sans doute, une thèse senti-
mentale ; mais c'est avec des idées et
des sentiments qu'on s'élève au-dessus
des beues du ruisseau, et la grandeur
de la France consiste précisément à
écouter les battements de son cœur.
La patrie n'est pas le pays où l'on
dîne, pas même le pays où l'on aime.
C'est un ensemble d'aspirations com-
munes, de rêves identiques. Pour être
digne de gouverner un peuple, il faut
parler à son âme et ne pas se borner à
régler ses comptes de cuisine.
Si, à ce point de vue, M. Hanotaux
n'a pas tenu le langage digne de sa
haute fonction, il a été plus mal inspiré
encore en traitant la question diploma-
tique.
En l'écoutant donner de pénibles ex-
plications pour démontrer qu'aucune
résistance internationale n'était à crain-
dre, on se demandait si la France avait
besoin d'une permission étrangère pour
exercer ses droits.
— « J'ai toujours été le maître chez
moi et souvent chez les autres », disait
Louis XIV à des ambassadeurs qui lui
adressaient des remontrances. Nous ne
demandons -Certes pas qu'il tombe du
haut de la tribune des phrases telles;
',r, ",.
mais, entre ce ton comminatoire et la
douce complainte modulée par M. Ha-
notaux pour ne point déplaire aux An-
glais, il y a un abîme.
La campagne de Madagascar est iné-
vitable si on ne veut pas l'évacuation
pure et simple, car il faut s'en aller
plutôt que de laisser notre drapeau flot-
ter humilié sur la résidence d'un agent
peu écouté..
Le succès n'est pas douteux. Comme
au Dahomey, l'effort ne sera pas sérieux
comparé à la puissance de la France.
Qu'on aille donc à Tananarive, si no-
tre renom le commande ! Mais qu'on se
mette en route en faisant flotter fière-
ment au soleil les étendards de la
vieille mère-patrie, sans prêter une
oreille craintive aux grogneries d'outre-
Manche.
M. Hanotaux est ministre des affaires
étrangères de la République française
et non un simple employé du quai d'Or-
say chargé de faire un honnête petit
rapport consciencieux.
Il l'a oublié dans sonx discours. Le
sourire des chancelleries sera sa puni-
tion.
lisait.
ENCORE L'ÉLECTION DE L'ISERE
On continue à épiloguer sur l'élection séna-
toriale qui a eu lieu dimanche dernier dans
l'Isère. On veut à tout prix que cette élection
ne soit pas un échec pour la politique repré-
sentée à la présidence de la République par
M. Casimir-Perier et à la présidence du con-
seil par M. Charles Dupuy.
Nous avons cité le journal ministériel le
Lyon républicain qui, avant le scrutin, di-
sait que l'élection de M. Saint-Romme serait le
triomphe du radicalisme, de l'intransigeance
et même du socialisme. Voici maintenant que
le non moins ministériel Progrès de Lyon,
se disant autorisé à parler au nom de M.
Saint-Romme, déclare que son élection n'est
pas un échec pour le ministère, bien qu'elle
doive, selon lui, être considérée comme un
triomphe pour le radicalismegouvernemental
et comme la défaite irrémédiable des ralliés
dans le département de l'Isère.
Nous savons bien que certains journaux et
certains hommes politiques de la région lyon-
naise ont l'habitude de ce langage à double
face qui, dans une certaine mesure, paraît
leur réussir. Mais il faut une forte dose de
naïveté pour supposer qu'on peut donner le
change à l'opinion avec de pareilles équivo-
ques. t ,t' '1 M C P "p
Par qui a été élu M. Casimir-Perier ? Par
une coalition de ralliés et de modérés. C'est
un fait historique auquel les aspirants mi-
nistres du groupe de l'Union progressiste qui
ont décidé hier de porter à M. Casimir-Perier
l'expression de leurs sympathies républicai-
nes ne changeront rien. Quels sont, d'autre
part, les meilleurs amis, les plus fermes sou-
tiens du ministère Dupuy ? Les ralliés. A qui
ce ministère réserve-t-il toutes les faveurs
gouvernementales ? Aux ralliés. Au profit de
qui gouverne-t-il en somme ? Au profit des
ralliés.
Répétons enfin que le candidat battu diman-
che dernier dans l'Isère, qui se réclamait dans
ses professions de foi de M. Casimir-Perier,
se présentait aux électeurs sénatoriaux et
était présenté par les journaux qui soute-
naient sa candidature comme un ardent par-
tisan de cet esprit nouveau qui fut une des
inventions du cabinet que présidait M. Ca-
simir-Perier avant d'être président de la
République. - -
On aura beau après cela baptiser le lapin
carpe ou la carpe lapin, la signification de l'é-
lection sénatoriale de l'Isère venant après l'é-
lection législative de Nogent n'en sera pas
moins d'une lumineuse clarté.
I l'une et l'autre veulent dire que le pays a
hitte de voir une politique républicaine fran-
che et loyale succéder à la politique hybride
dont le résultat certain serait de livrer bien-
tôt la démocratie peds et poings liés aux
anciennes classes dirigeantes déguisées en
ralliés.
ARRESTATION DE DEUX ESPIONS
M. Cochefert, chef de la Sûreté, a procédé,
hier après midi, à l'arrestation de deux indi-
vidus compromis dans une affaire d'espion-
nage.
On suppose que cette double capture se
rattache à l'affaire Dreyfus ; mais on n'a, à
cet égard, aucune certitude.
A la préfecture de police on garde un secret
absolu sur cette affaire.
Les deux espions ont été écroués au Dépôt.
LES TROUBLES DU QUARTIER LATIN
Qui payera la casse?
On se souvient qu'au mois de juin de l'an-
née dernière, à la suite de l'assassinat de
Nuger, des troubles se produisirent au quar-
tier Latin au cours desquels des dégâts maté-
riels furent faits un peu partout.
Depuis, les personnes lésées se sont adres-
sées à la Ville et à l'Etat pour obtenir des
dédommagements. La ville de Paris a répondu
que la direction de l'ordre public ne lui étant
pas dévolue, elle n'avait pas à payer les dé-
prédations commises; de son côté, l'Etat a
opposé aux réclamations une fin de non-
recevoir.
MM. Georges Berry et Marcel-ïlabcrt, pour
fixer définitivement le point de savoir qui
payera la casse, se propobént d'adresser sur
ce sujet une question au gouvernement.
Cette question viendra la semaine pro-
chaine.
BANDE D'ASSASSINS
Cagliari, 14 novembre.
'Une ban do armée a pénétré la nuit der-
nière «lins la maison de M. Victor Depau,
à Tortoli, dérobant de l'argent et des objets
de valeur et tuant un serviteur nommé
Oila.
La famille Depau a pu s'échapper.
La bande fut attaquée par les gendarmes,
dont le brigadier Gina et un gendarme furent
grièvement blessés.
La bande réussit à fuir sans qu'il fût pos-
s. ible de reconnaître les individus qui la com-
posaient.
P Parmi eux on croit qu'il y a des blessés,
car on a découvert des traces de sang.
- Le bruit court que le brigadier Gina suait
mort dessuïtes de tfes blessures. .,'
LE PARTHENON QUI TOMBE
Ch&3 M. COQUART
Emotion Ï Athènes. — Le Parthénon et
les tremblements de terre. — La
bombe de Morosini. — La
solidité antique
A en croire le Temps, les Athéniens sont
fort tristes depuis quelques jours : ils ont
peur de voir tomber ce qui reste du Parthé-
non.
Le tremblement de terre du mois d'avril
dernier aurait ébranlé les ruines du célèbre
temple. Des échafaudages ont été dressés
pour permettre à une commission quelconque
d'apprécier de plus près l'importance des dis-
locations ; Athènes songe tristement au dé-
sastre qui pourrait se produire si le sol de
l'Attique était de nouveau secoué avant qu'on
ait exécuté les réparations nécessaires ; déjà
les Hellènes parlent de convier les plus célè-
bres architectes de l'Europe, à restaurer le
chef-d'œuvre de l'architecture humaine.
Un peu ému nous-même à cette nouvelle,
nous en avons causé avec M. Coquart, l'émi-
nent architecte membre de l'Institut.
LES RUINES DU PARTHÉNON
Avant de faire connaître son avis, rappe-
lons sommairement ce qui reste du Parthé-
non, afin de savoir ce qui pourrait tomber.
C'est assez peu de chose : quelques colon-
nes, une faible partie du fronton, des frac-
tions de frise. Bâti au siècle de Pèriclès; vers
l'année 440 avant Jésus-Christ, croit-on, ce
temple, consacré au culte de Minerve et qui
eût résisté aux injures du temps, a subi à de
nombreuses @ reprises les ravages des hommes.
Cent ans à peine après son achèvement, un
certain Démetrius fait du sanctuaire de la
vierge sa chambre à coucher, remplaçant par
des tableaux vivants la statue de la déesse,
statue d'or et d'ivoire due à Phidias, dont la
description par Pausanias a fait rêver tous
les artistes. L'un d'eux même, le sculpteur
Si m art, utilisant les « tuyaux » laissés par
l'historien grec, en a essayé une reproduction
en ivoire et argent qui orne le château de
Dampierre, propriété de la famille de Luynes.
Au septième siècle de notre ère, le Par-
thénon est converti en église grecque et, par
conséquent, mutilé. Après la prise d'Athènes
parler Turcs, il devient mosquée : on blan-
chit les murs à la chaux et on le flanque d'un
minaret. Malgré ces transformations, l'édifice
n'avait point trop souffert, et en 1674, le
peintre Carrey, élève de Lebrun, put copier
toutes les sculptures, dont quelques-unes seu-
lement avaient été brisées.
Il était réservé aux Vénitiens et aux Anglais
de saccager cette ruine vénérable. En 1687,
les Vénitiens, commandés par Morosini, as-
siégeaient Athènes ; une bombe mit le feu aux
poudres que les Turcs avaient déposées au
sommet de l'Acropole, et une partie du mo-
nument fut renversée. Enfin, en 1816, lord
Elgin fit enlever la plus grande partie de la
frise, qu'il vendit 35,000 livres sterling au
Musée britannique.
MAÇONNERIE ANTIQUE
— Malgré tous ces ravages, les colonnes
qui restent, nous dit M. Coquart, résisteront
encore des siècles, et je n'ai aucune inquié-
tude sur leur solidité.
Le Parthénon, en effet, n'est pas seulement
la merveille des merveilles au point de vue
de l'art, c'est encore, comme « construction »,
l'œuvre la plus déconcertante.
Il H,'y a point de maçonnerie ; aux beaux
temps de la Grèce comme à l'époque des
grands pharaons, on n'employait point le ci-
ment pour élever des colonnes : on pratiquait
la construction dite « en pierres sèches ».
Les colonnes du Parthénon, comme tout
l'édifice du reste, sont en marbre pentélique.
Pour assembler deux tronçons, on les posait
simplement l'un sur l'autre et l'on faisait
tourner le tronçon supérieur jusqu'à ce que
le polissage amenât une coïncidence parfaite
entre les deux surfaces. L'adhérence ainsi
obtenue est telle, qu'il y a quelques années
il m'a été impossible, malgré tous mes efforts,
de faire entrer une lame de couteau dans la
jointure de deux tronçons.
D'autre part, ces colonnes ont une très lé-
gère inclinaison de l'extérieur à l'intérieur,
de telle sorte que si on les prolongeait de plu-
sieurs kilomètres, elles convergeraient toutes
vers un même point. Elles forment, en quel-
que sorte, des arcs-boutants, assurant à l'en-
tablement qui les réunit à leur sommet une
solidité invraisemblable.
Enfin, il n'y a plus à craindre la mutila-
tion des touristes ou des Anglais. Les rui-
nes, admirablement entretenues, sont surveil-
lées avec autant de soin que la cassette
royale.
On ne les visite qu'entre deux gendarmes,
de vrais gendarmes dont le zèle et la sévé-
rité étonneraient sans doute les débonnaires
custodes des ruines de Pompéi. Il ne servirait
de rien, d'ailleurs, de casser une frise ou un
fût de colonne dans l'espoir d'en emporter un
morceau.
L'exportation de tout ce qui peut ressem-
bler à un objet d'art est, comme vous savez,
interdite, et les bagages sont assez bien fouil-
lés à l'embarquement pour qu'il soit impos-
sible d'emporter le moindre morceau de mar-
bre dans sa valise..
LES TREMBLEMENTS DE TERRE
On invoque les effets du dernier tremble-
ment de terre.
Mais les secousses qui agitent Athènes ne
sauraient guère ébranler l'Acropole, monticule
de roc dans lequel ne peut se produire ni glis-
sement ni affaissement partiel. Remarquez,
en outre, que le Parthénon occupe le sommet
de ce rocher, et si ses assises avaient bougé,
à plus forte raison constaterait-on des dislo-
cations dans les monuments construits sur les
flancs, notamment dans les ruines de l'Erech-
téion, un autre chef d'oeuvre autrement fragile
que le temple de Minerve.
Quelques-unes des colonnes subsistantes
ont, il est vrai, souffert de l'explosion provo-
quée par la bombe de Morosini : quelques
tronçons supérieurs ont subi un léger dépla-
cement, leur profil présente une torsion im-
perceptible; mais la base n'a pas bougé, et si
c'est là tout ce que la commission a décou-
vert.
Et M. Coquart conclut :
— N'ayant pas vu le Parthénon depuis plu.
sieurs années, je ne puis insister davantage-
Mais soyez persuadé que je suis très rassuré
sur sa solidité.
Donc, que les touristes se rassurent.
L'ORGANISATION MUNICIPALE DE PARIS
Les délégués des bureaux du conseil muni-
cipal de Paris et du conseil général de la Seine
ont été entendus hier par la commission de
la Chambre qui examine les diverses propo-
sitions modifiant le régime municipal actuel-
lement appliqué à la ville de Paris. - -
Tous le$délégués ont été -ùn^wiroes à ré-
ciamer la séparation absolue des deux con-
seils. Mais le conseil municipal demande
que la. ville de Paris soit représentée dans le
conseil général par 80 membres, de telle sorte
qu'avec les 21 représentants de la banlieue,
cette assemblée comprendrait en tout 101
membres. '<
Les délégués du conseil général demandent
au contraire que ce conseil ne comprenne que
61 membres, dont 40 pour la ville de Paris,
soit 2 par arrondissement.
En ce qui concerne l'organisation munici-
pale de Paris, les délégués du conseil munici-
pal ont posé le principe du droit commun, ré-
clamant que la ville de Paris ait une mairie
centrale on du moins un conseil de mairie.
La direction exclusive de la police municipale
appartiendrait au maire de Paris ou au con-
seil de mairie.
M. Alphonse Humbert, membre de la com-
mission et auteur d'une proposition spéciale
que nous avons analysée, a demandé aux
délégués du conseil municipal si, dans le cas
où les revendications intégrales du conseil ne
seraient pas admises par la Chambre, le con-
seil municipal de Paris accepterait, comme
M. Humbert le demande lui-même, qu'on
laissât au pouvoir central la direction de la
police, à la condition que l'organisation mu-
nicipale soit assimilée le plus possible au
régime de droit commun.
Les délégués ont répondu que le conseil
municipal maintenait toutes ses revendica-
tions, mais qu'il accepterait naturellement
tout ce qui pourrait améliorer la situation
actuelle.
Mercredi prochain la commission entendra
le préfet de la Seine et le préfet de police.
INCURIE ADMINISTRATIVE
Deuft employés d'octroi en cour d'assises
Une affaire de détournements intéressante
par le relief qu'elle donnera à l'incurie de
certains employés, relativement supérieurs,
de l'octroi de Paris, se dénouera aujourd'hui
jeudi 15 novembre à la cour d'assises de la
Seine, présidée par M. Golliet.
Les accusés sont deux employés subalter-
nes de l'octroi, MM. Gorgeons et Lorin, atta-
chés au service de la gare de Lyon.
En six années, ces employés, aux appoin-
tements de 2,500 francs, auraient détourné à
l'administration 27,351 francs. Ils avaient un
maniement de recettes de deux à trois mil-
lions par an.
Il sera, paraît-il, établi aux débats qu'au-
cun contrôle sérieux n'était exercé sur les
comptes des deux employés et que la moin-
dre vérification eût permis de découvrir rapi-
dement les fraudes auxquelles se livraient
depuis six ans MM. Gorgeons et Lorin.
Pour tenter de s'excuser, les deux accusés
allèguent qu'ils étaient, dans leur travail, sur-
menés au point d'être fatalement contraints
de commettre des erreurs dont ils étaient res-
ponsables envers l'administration. Aussi c'est
pour « s'indemniser » du payement de ces er-
reurs qu'ils ont commis des détournements.
Mes Genevrier et Lévy-Alvarès présenteront
devant les jurés de la Seine la défense des
deux employés de l'octroi.
LA GUERRE A MADAGASCAR
iLa Chambre nommera aujourd'hui dans
ses bureaux la commission de onze membres
qui va examiner la demande de crédits dépo-
sée à la Chambre pour pourvoir aux dépen-
ses de l'expédition de Madagascar.
La nomination de cette commission va don-
ner lieu à une première discussion, de la-
quelle sortira peut-être le sentiment de la
majorité de la Chambre. Un seul groupe,
celui de l'extrême-gauche, a délibéré hier
sur l'attitude à prendre sur cette nouvelle
expédition. MM. Lockroy, Hubbard et Gas-
ton Doumergue ont combattu la demande de
crédits en faisant valoir que les sacrifices
demandés n'étaient pas en rapport des avan-
tages à recueillir après la conquête. Un seul
membre, M. Samary, député d'Algérie, s'est
prononcé pour une action militaire à Mada-
gascar.
Le groupe, par un vote émis à l'unanimité
moins une voix, a décidé qu'il voterait contre
le crédit de 65 millions.
L'impression d'hésitation que nous avons
signalée s'était encore aggravée hier dans les
couloirs. Un certain nombre de députés nous
ont dit qu'avant de se prononcer dans un sens
ou dans l'autre, ils espéraient des explications
plus décisives de la part du gouvernement.
Il semble, en effet, que les prévisions du ca-
binet sont trop optimistes en ce qui concerne
les dépenses de la campagne.
M. Doumer, qui donnera son adhésion à
l'expédition, donnait dans les couloirs un dé-
tail qui est des plus importants : « Je sais,
dit-il, qu'un plan qui avait été dressé par le
ministere de la marine prévoyait un corps
expéditionnaire de 12,000 hommes et une dé-
pense de 100 millions; je me demande par
quelles combinaisons on est arrivé, en ele-
vant ce corps expéditionnaire, à 15,000 hom-
mes, à ne prévoir une dépense ne s'élevant
qu'à 65 millions. » Il y a là une contradiction
que la commission nommée aujourd'hui vou-
dra sans doute éclaircir.
Mais ce qui paraîtra le plus extraordinaire,
c'est quand on saura qu'au mois de juillet
dernier le ministre des affaires étrangères, qui
aujourd'hui demande le vote d'une expédi-
tion, estimait que si la politique suivie à Ma-
dagascar depuis neuf ans n'était pas heu-
reuse, il fallait néanmoins la continuer pen-
dant quelque temps.
Il n'y a, disait-il, aucune crainte d'expédi-
tion; il nous faut attendre la mort du pre-
mier ministre, ensuite nous verrons à agir.
Ajoutons qu.l-e rapport pourra venir en
discussion lundi ou mardi prochain.
DRAME D'AMOUR
Cherbourg, 14 novembre.
- Aujourd'hui, vers trois heures du soir, le lieute-
nant Besancenot, du 5e régiment d'infanterie de
maline; a lue sa maîtresse dans sa chambre d'un
coup de revolver et s'est fait ensuite sauter la cer-
velle.
L'AFFAIRE FAVETTE
C'est M. le juge d'instruction Ha Cosnac qui- est
chargé d'étudier l'affaire de M. Favette, cet extra-
ordinaire chef de cabinet de MM. Tbévenet et
Jules Roche qui s'est attribué en quelques mois
plus de 29,QOO fraucs de frais de voiture.
INSTITUTEUR ET CONSEILLER GÉNÉRAL
Marseille, 14 novembre.
M. Ollive, instituteur, un des trois conseillers gé-
néraux des Uouches-du-Rhône dont il fut question
à la Chambre dans l'interpellation Carnaud, vient
d'être déféré pour le 21 de ce mois devant le con-
seil départemental de l'instruetion publique aux fins
de révocation.
ALLEMANDS ET MAROCAINS
Tanger, 14 novembre,
A la suite de l'assassinat de l'Allemand Nu.
mann il Casablanca» le cojnte de attel)bç.b,' mi.
nWire 4'Altemagne, pirl demain pour Fea «lia de
dçmanUe* satisfaction au sultaq,..
CHRONIQUE
Je lisais l'autre jour la Vie militaire au
Tonkin, du capitaine Lecomte, et je son-
geais au chef-d'œuvre de récit militaire
qui ne nous est point né, qui doit nous
naître nécessairement de nos expéditions
coloniales : Tunisie, Tonkin, Dahomey,
Soudan, Madagascar. Parmi tant d'offi-
ciers que la passion d'aventures pousse à
demander qu'on les mène se battre par-
tout où l'on se bat, il est impossible qu'il
n'y ait pas un écrivain sans le savoir, un
homme qui sente fortement, et fortement
rende ses impressions, fût-ce au prix d'in-
corrections et de maladresses de style, un
homme destiné à nous émouvoir en nous
transposant vivante sur des pages la vie
d'héroïsme qu'il a menée. Peut-être un
embryon de ce chef-d'œuvre dort-il dans
des lettres adressées de dessous la tente à
une vieille mère ou à un ami et ne nous
sera-t-il révélé que beaucoup plus tard,
quand, tout le monde étant mort des con-
temporains de ces expéditions, nos descen-
dants chercheront les traits qui les re-
tracent.
Rappelez-vous la curiosité toute récente
pour les Mémoires du général Marbot.
Chaque fois que la littérature, manquant
d'air et d'espace, aura fatigué les lecteurs
à force de les faire tourner dans le cercle
des déformations morales, ceux-ci cher-
cheront le romanesque dans des histoires
qui auront l'action pour base.
De tout temps il y a eu des aventuriers
qui ont créé par leur existence les romans
les plus fous. Chaque fois qu'il s'en est
trouvé un qui, assez chanceux pour at-
teindre à la vieillesse, l'a passée à
écrire ses mémoires avec quelque bon-
heur dans l'expression, ceux-ci subsis-
tent. On lit ceux de d'Aubigné, on lit
ceux de Montluc. Seulement ces hommes
d'épée avaient reçu une instruction lit-
téraire solide. Ils savaient le latin, et
entre deux assauts s'abîmaient les yeux
à veiller sur des livres. Ils avaient des fa-
çons de parler originales. Leur langue
n'était pas gâtée, comme l'est la nôtre, par
le bourgeoisisme de la pensée. On dirait,
en les lisant, qu'ils écrivent avec un sabre,
tandis que les récents ouvrages de nos
officiers que j'ai parcourus ces jours-ci
en vue de documenter cette chronique,
au lieu d'emplir le lecteur de sonneries
de clairon, de cliquetis d'épée, d'appel aux
armes, le pacifient d'un bon lot de phrases
de Journal officiel.
Tant de tableaux horribles et sanglants
où l'on a figuré ne parviennent pas à écla-
bousser la reproduction écrite. Le massa-
cre terminé, les morts, enterrés, le capi-
taine rédige son rapport d'où tout pittores-
que est banni : tant de morts, tant de bles-
sés, l'ennemi repoussé. Eh ! messieurs,
cela est bon pour les archives de la
guerre. Mais puisque vous imprimez, il
nous faut la réalité toute nue. Il faut que
votre cœur entre en danse à ce spectacle
de guerre, il faut qu'il se contracte d'hor-
reur, qu'il s'épanouisse de la joie de la
victoire et qu'il batte d'anxiété.
Communiquez-nous votre émotion à
nous les citadins, les emmurés, et grisez-
nous des dangers passés comme Othello en
grise Desdémone. Ce n'est pas la matière
qui aura manqué. Les Chinois, au Tonkin,
en ont abondamment fourni, tragique bu
comique, à volonté. Si lent que soit le capi-
taine Lecomte a être impressionné, la vé-
rité toute nue rapportée dans son livre n'en
saisit pas moins. A Hanoï on l'embarque
pour Nam-Dinh dont on s'apprête à s'em-
parer. Il est tout fraîchement arrivé au
Tonkin. Il n'a pas encore vu trace de guerre.
Sur les deux rives, les campagnes sont
cultivées en rizières. Des Tonkinois s'y
montrent travaillant à y jeter de l'eau. Et
l'esprit du capitaine inquiet des combats à
venir se repose sur ce tranquille specta-
cle. Mais un camarade lui désignant du
doigt un point sur le fleuve l'invite à y re-
garder. C'est un cadavre de Tonkinois qui
roule, qui roule. suivi d'un autre et d'un
autre encore, qui vient heurter contre le
bateau et des corbeaux planent au-dessus,
croassant, se disputant la proie flottante..
Imaginez le parti qu'un descriptif tirerait
de la scène, alors que le soir tombe et que
les cadavres qui passent ne sont plus vi-
sibles qu'une seconde, le temps de traver-
ser la lumière du bateau.
Et les villages trouvés en cendres, fu-
mants, les indigènes pleurant autour des
décombres? Et après l'assaut victorieux
du. Kep, six cents cadavres de Chinois en-
tassés en bûcher de chair auquel on met
le feu ? Et des espions chinois pendus,bran-
chés à cent pas de l'ennemi qui, exaspéré,
regarde"? Et l'impassibilité de ces malheu-
reux qui se laissent sans un cri, sans un
geste, mettre la corde au cou? Et les assié-
gés de Tuyen-Quan gardant chacun une
balle dans leur revolver pour eux, afin de se
laloger dans la cervelleau cas où ils seraient
pris, la faculté de se suicider étant un
bonheur pour qui, s'il est fait prisonnier,
se sait voué aux pires supplices ? Autant
de circonstances qui montent l'homme au-
dessus de lui-me- nie et qui ne montent pas
en tant qu'écrivain celui qui les raconte.
C'est dommage.
Des dénouements d'histoires d'amour se
mêlent aux dénouements de batailles. Ici
c'est un officier qui, sans raison, alors
qu'il n'était pas temps encore de donner
l'assaut à une palissade, l'artillerie ayant
d'abord à y ouvrir une brèche, s'élance
dessus, in3ulte les Chinois postés derrière
et tombe frappé de plusieurs balles. Avant
de partir pour le Tonkin, il avait perdu sa
jeune femme qu'il aimait. Il s'était pro-
mis sans doute de ne pas en revenir.
Ah ! s'il y avait eu là un homme ayant
reçu du ciel le génie de conter, quel nou-
veau Fenimore Cooper à mettre, pour
nous émerveiller, dans nos bibliothèques 1
Patience, ruse, cruauté des Chinois au-
raient remplacé celles des Peaux-Rouges,
puisqu'il n'y a plus ou quasi de Peaux-
Rouges. Mais il aurait fallu tout dire. Or
les officiers qui reçoivent dit ministère
permission de publier des récits d'expédi-
tion militaire ne disent pas tout. Ils ca-
chent bien des malpropretés de la guerre,
Ils nous la présentent lavée, épurêei
un peu comme les romanciers mondain.
nous représentent la passion de leurs per-
sonnages. Rappelez-vous que Loti fut
rapet blâme pour avoir publié dans
un grand journal un récit terrible de la
prise, par le général de Courcy, de Hué
révoltée.
Il y a des pillages et des vols qu'on nous
dissimule, des sauvageries qu'on n'avoue
pas, quoiqu'elles aient leur grandeur autant
que le courage dont elles sont le revers. Il
y a des heures où le soldat n'en peut plus
de privation, et, dût-il être surpris par
l'ennemi, refuse de continuer d'aller, reste
là où il y a des vivres, de la boisson, des
femmes. Un des défenseurs de Tuyen-
Quan se tue pour ne plus souffrir, et le
colonel Dominé commande de l'enterres
sans honneurs, sans prières, comme un
chien, afin de déshonorer son acte aux
yeux des survivants. Un autre devient
fou et chante parmi la tristesse des autres.
Quand on les délivra, il y en eut qui, d'é-
motion, perdirent pour un temps l'usage
de la parole.
Ah! je ne cesserai ie me plaindre.
Quel dommage que ces tragédies à ébran-
ler les nerfs r^oient rapportées en traits
aussi vigoureux que la chose elle-même.
Quel dommage que le patriotisme n'ait
pas sur l'homme qui en est si dramatique-
ment secoué la puissance de tant d'autres
passions qui soulèvent jusqu'au sublime
l'esprit médiocre qui a entrepris de
les peindre ! Ce sont des lettres de M. Le-
comte à un ami qui recueillies par celui-ci
suggérèrent l'idee d'un livre sur la vie mi-
litaire au Tonkin. Peut-être était-il préma-
turé. Peut-être la gtande saveur de ces ré-
cits est-elle inséparable d'une reculée et
d'un lent travail de remémoration, métho-
diquement entrepris beaucoup plus tard,
quand on est vieux et qu'impuissant à
l'action on a tout loisir de se la remonter
au çerveau.
De fait, d'Aubigné, Montluc n'ont pensé
à écrire que lorsque leurs membres leur
ont refusé de se battre. Ne désespérons
donc pas du chef-d'œuvre militaire que-
tant de sang, de fatigues et d'étonnements
de contrées lontaines doivent élaborer. Ce
sera un résultat de nos expéditions colo-
niales, que, certes, nos économistes n'au-
ront pas prévu. Mais quoi ! quand,on a
été prendre Alger, disait le général Chanzy,
s'attendait-on à ce que l'Afrique servirait
surtout à nous donner. l'armée d'A-
frique ?
Edouard Conte.
Pour déguster le délicieux vin des Papes,
écrire au propriétaire des Fines-Roches, M.
Henri Constantin, à Chàteauneuf-du-Pape
(Vaucluse).
LES PRODUITS DU PARI MUTUEL
La commission de répartition des fonds
du pari mutuel s'est réunie hier après midi
au ministère de l'agriculture. Elle a distribué
environ trois millions à divers établissements
philanthropiques. Voici les noms des princi-
pales œuvres qui bénéficient de cette réparti-
tion :
Hospice de Périgueux, 200,000 fr.
Hospice de Montbéliard, 100,000 fr.
Ville de Paris (construction de quatre pa-
villons d'isolement à l'hospice des Enfants-
Malades pour l'application du traitement
du docteur Roux contre la diphtérie), 500,000
francs.
Hospice de Quimperlé, 200,000 fr.
(En outre, cette œuvre bénéficiera d'une
somme de 50,000 fr. offerte par M. de Ker.
jégu, député).
„ Hôpital de Fougères, 120,000 fr.
Hôpital de Mont-de-Marsan, 45,000 fr.
Hôpital de Saint-Lô, 60,000 fr.
Création d'un hôpital pour les enfants tu.
berculeux à Reims, 80,000 fr.
Création d'un hôpital à Fourmies (Nord).
20,000 fr.
Œuvre de bienfaisance de ConstantlBopJe,
100,000 fr.
Œuvre des enfants tuberculeux de Paris.
100,000 fr.
Société maternelle parisienne, 150,000 fr.
Crèche du dix-neuvième arrondissement de
Paris, 23,000 fr.
Cahors (création de services de maternité),
100,000 fr.
Le Dramo fie la m Saint-Lazare
Meurtre d'une fille galante. — Un
meurtrier qui se livre. — Est-ce
un fou ?
Nous avons dit hier que l'instruction ai
sujet du drame de la rue Saint-Lazare venait
d'être reprise, à la suite de l'arrestation d'un
individu qui affirmait être l'auteur de l'as
sassinat.
Les circonstances qui ont accompagné cett(
arrestation sont assez curieuses pour êtr.
racontées avec quelques détails. Pourtant
nous devons dès à présent faire toutes nos
réserves quant à la véracité des déclarations
recueillies par le-juge d'instruction, l'individu
dont il s'agit étant sûrement un de ces désé-
quilibrés hantés par l'idée des grands crimes
et susceptibles d'obéir à toutes sortes de sug-
gestions.
On sait que Louise Lamier, une fille ga*
lante, fut assassinée chez elle, 92, rue Saint-
Lazare, dans l'après-midi du 27 janvier 1893.
La Sûreté ouvrit une enquête et suivit, pen*
dant quelque temps, plusieurs pistes qui
toutes furent abandonnées. Deux arrestations
avaient été opérées, mais on avait dû renoncex
à les maintenir, les deux individus ayant in-
voqué des alibis reconnus exacts.
On se décida enfhi à classer l'affaire, et
rien n'indiquait qu'elle dût être reprise, lors-
que, ces jours derniers, plusieurs lettres ano-
nymes signalaient à la Sûreté un ancien
comptable, Édouard Le Bissonnais, comme
étant l'auteur du crime. Et les lettres en ques-
tion contenaient des détails si précis que
l'auteur des lettres ne pouvait être, se mblait-ils
que le meurtrier lui-même. Si le meurtrier ne
les avait pas écrites, on pouvait supposer d.
moins qu il les avait inspirées.
Le Bissonnais avait déjà été appelé à four-
nir des explications dans le courant de l'an-
née dernière. A la Sûreté, on le considérait
comme un détraqué ayant des alternatives de
lucidité et d'aberration qui le portaient par
moment à s'attribuer une participation dant
la plupart des affaires sensationnelles. Mai.
les dernières lettres avaimnt un-e telle-appa-
rence de vérité, que M. Gochefert dc~~Mt~
eoaap«aitï« Biwoanai»*
LE NUMÉRO <2*0 (2JHT1MJS
VENDREDI 16 NOVEMBRE 1894
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m 142. Rue Montmartre
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"IECTEUR POLlTIQtr*
A.-EDOUARD PORTALIS
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Union Postale — 91.; - 16 f.; — a8
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tous les Bureaux de Poste.
LA 1
Campagne de Madagascar
Dans sa célèbre lettre à propos de la
souscription nationale ouverte'pour ache-
ter Chambord au fils posthume du due
de Berry, Paul-Louis Courrier expli-
quait à ses concitoyens que, s'ils avaient
encore de l'argent après avoir réparé
leurs routes et satisfait aux besoins de
la commune, il les engageait à cons-
truire un pont pour abréger la route al-
lant à Tours. Quant à donner un cen-
time pour l'enfant royal, il expliquait
que l'affaire était mauvaise pour tout
le monde.
Sauf le talent qui ne saurait être com-
-paré, on évoque ce souvenir en exami-
nant les arguments fournis par M. Ha-
Botaux pour engager la Chambre dans
la campagne de Madagascar. Il a prouvé
que l'opération se présentait comme de-
vant coûter cher et rapporter peu. Seu-
lement, le terrible pamphlétaire de la
Restauration ne voulait pas voir abou-
tir la souscription, et le ministre des
affaires étrangères désire l'expédition.
Il y a des raisons à donner pour im-
poser à la France ce nouveau sacrifice
en faveur de la politique coloniale, de
même qu'il existe des objections sérieu-
ses à dépenser ainsi dans l'océan In-
dien la fortune et le sang de notre pa-
trie.
- En tout cas, si on continue à penser
à notre prestige, à notre autorité mo-
rale, si on estime que la France est re-
devenue en état de payer sa gloire, il
fallait mettre une cocarde à son chapeau
et un panache à son discours.
En guise de plumet, M. Hanotaux
D'avait que le plumeau d'un négociant,
époussetant son comptoir avant de s'y
installer pour écrire son bilan et déter-
miner le doit et l'avoir. En vérité, ce
n'était pas assez pour parler au nom
d'un grand pays.
Comment! le commerce de Madagas-
car ne s'élève, à l'entrée et à la sortie,
qu'au chiffre intime de cinq millions,
et là-dessus la France n'entre que pour
un cinquième. C'est pour une somme
dérisoire qu'on va mdbiliser quinze mille
Sommes, ouvrir par un premier crédit
de 65 millions la porte aux crédits sup-
plémentaires, qui ne se fermera plus !
Non ! monsieur le ministre, il ne
s'agit pas d'un placement de père de
famille. Nul ne sait si Madagascar vau-
dra jamais ce que sa conquête coûtera.
Nul ne connaît l'avenir réservé à cette
Ne qui n'est plus située sur une grande
route de l'univers depuis que le perce-
ment de l'isthme de Suez a détourné
le courant maritime.
Avant de rien tirer de Madagascar,
il sera nécessaire d'y apporter du capi-
tal humain, des travailleurs, car le
nombre des habitants n'est pas en rap-
port avec la surface du pays. Si on n'y
amène pas des bras chinois ou indiens,
autant s'emparer de l'île de Robinson.
Seulement, cette terre a reçu depuis
plusieurs siècles l'empreinte de pieds
français. Dans l'héritage de ceux qui fu-
rent nos aïeux, nous avons trouvé des
droits que nous devons léguer aux gé-
nérations futures. Passagers d'un jour
sur la surface de notre planète, avant de
retourner dans l'inconnu de la mort,
nous sommes de simples usufruitiers et
nous devons compte à l'avenir des cho-
ses que le passé nous a données.
Si nous quittons Madagascar, nos ri-
Taux, nos ennemis peut-être, viendront
nous y remplacer, y effaceront les sou-
venirs de notre race, nous diminuant
dans l'imagination de l'humanité.
C'est là, sans doute, une thèse senti-
mentale ; mais c'est avec des idées et
des sentiments qu'on s'élève au-dessus
des beues du ruisseau, et la grandeur
de la France consiste précisément à
écouter les battements de son cœur.
La patrie n'est pas le pays où l'on
dîne, pas même le pays où l'on aime.
C'est un ensemble d'aspirations com-
munes, de rêves identiques. Pour être
digne de gouverner un peuple, il faut
parler à son âme et ne pas se borner à
régler ses comptes de cuisine.
Si, à ce point de vue, M. Hanotaux
n'a pas tenu le langage digne de sa
haute fonction, il a été plus mal inspiré
encore en traitant la question diploma-
tique.
En l'écoutant donner de pénibles ex-
plications pour démontrer qu'aucune
résistance internationale n'était à crain-
dre, on se demandait si la France avait
besoin d'une permission étrangère pour
exercer ses droits.
— « J'ai toujours été le maître chez
moi et souvent chez les autres », disait
Louis XIV à des ambassadeurs qui lui
adressaient des remontrances. Nous ne
demandons -Certes pas qu'il tombe du
haut de la tribune des phrases telles;
',r, ",.
mais, entre ce ton comminatoire et la
douce complainte modulée par M. Ha-
notaux pour ne point déplaire aux An-
glais, il y a un abîme.
La campagne de Madagascar est iné-
vitable si on ne veut pas l'évacuation
pure et simple, car il faut s'en aller
plutôt que de laisser notre drapeau flot-
ter humilié sur la résidence d'un agent
peu écouté..
Le succès n'est pas douteux. Comme
au Dahomey, l'effort ne sera pas sérieux
comparé à la puissance de la France.
Qu'on aille donc à Tananarive, si no-
tre renom le commande ! Mais qu'on se
mette en route en faisant flotter fière-
ment au soleil les étendards de la
vieille mère-patrie, sans prêter une
oreille craintive aux grogneries d'outre-
Manche.
M. Hanotaux est ministre des affaires
étrangères de la République française
et non un simple employé du quai d'Or-
say chargé de faire un honnête petit
rapport consciencieux.
Il l'a oublié dans sonx discours. Le
sourire des chancelleries sera sa puni-
tion.
lisait.
ENCORE L'ÉLECTION DE L'ISERE
On continue à épiloguer sur l'élection séna-
toriale qui a eu lieu dimanche dernier dans
l'Isère. On veut à tout prix que cette élection
ne soit pas un échec pour la politique repré-
sentée à la présidence de la République par
M. Casimir-Perier et à la présidence du con-
seil par M. Charles Dupuy.
Nous avons cité le journal ministériel le
Lyon républicain qui, avant le scrutin, di-
sait que l'élection de M. Saint-Romme serait le
triomphe du radicalisme, de l'intransigeance
et même du socialisme. Voici maintenant que
le non moins ministériel Progrès de Lyon,
se disant autorisé à parler au nom de M.
Saint-Romme, déclare que son élection n'est
pas un échec pour le ministère, bien qu'elle
doive, selon lui, être considérée comme un
triomphe pour le radicalismegouvernemental
et comme la défaite irrémédiable des ralliés
dans le département de l'Isère.
Nous savons bien que certains journaux et
certains hommes politiques de la région lyon-
naise ont l'habitude de ce langage à double
face qui, dans une certaine mesure, paraît
leur réussir. Mais il faut une forte dose de
naïveté pour supposer qu'on peut donner le
change à l'opinion avec de pareilles équivo-
ques. t ,t' '1 M C P "p
Par qui a été élu M. Casimir-Perier ? Par
une coalition de ralliés et de modérés. C'est
un fait historique auquel les aspirants mi-
nistres du groupe de l'Union progressiste qui
ont décidé hier de porter à M. Casimir-Perier
l'expression de leurs sympathies républicai-
nes ne changeront rien. Quels sont, d'autre
part, les meilleurs amis, les plus fermes sou-
tiens du ministère Dupuy ? Les ralliés. A qui
ce ministère réserve-t-il toutes les faveurs
gouvernementales ? Aux ralliés. Au profit de
qui gouverne-t-il en somme ? Au profit des
ralliés.
Répétons enfin que le candidat battu diman-
che dernier dans l'Isère, qui se réclamait dans
ses professions de foi de M. Casimir-Perier,
se présentait aux électeurs sénatoriaux et
était présenté par les journaux qui soute-
naient sa candidature comme un ardent par-
tisan de cet esprit nouveau qui fut une des
inventions du cabinet que présidait M. Ca-
simir-Perier avant d'être président de la
République. - -
On aura beau après cela baptiser le lapin
carpe ou la carpe lapin, la signification de l'é-
lection sénatoriale de l'Isère venant après l'é-
lection législative de Nogent n'en sera pas
moins d'une lumineuse clarté.
I l'une et l'autre veulent dire que le pays a
hitte de voir une politique républicaine fran-
che et loyale succéder à la politique hybride
dont le résultat certain serait de livrer bien-
tôt la démocratie peds et poings liés aux
anciennes classes dirigeantes déguisées en
ralliés.
ARRESTATION DE DEUX ESPIONS
M. Cochefert, chef de la Sûreté, a procédé,
hier après midi, à l'arrestation de deux indi-
vidus compromis dans une affaire d'espion-
nage.
On suppose que cette double capture se
rattache à l'affaire Dreyfus ; mais on n'a, à
cet égard, aucune certitude.
A la préfecture de police on garde un secret
absolu sur cette affaire.
Les deux espions ont été écroués au Dépôt.
LES TROUBLES DU QUARTIER LATIN
Qui payera la casse?
On se souvient qu'au mois de juin de l'an-
née dernière, à la suite de l'assassinat de
Nuger, des troubles se produisirent au quar-
tier Latin au cours desquels des dégâts maté-
riels furent faits un peu partout.
Depuis, les personnes lésées se sont adres-
sées à la Ville et à l'Etat pour obtenir des
dédommagements. La ville de Paris a répondu
que la direction de l'ordre public ne lui étant
pas dévolue, elle n'avait pas à payer les dé-
prédations commises; de son côté, l'Etat a
opposé aux réclamations une fin de non-
recevoir.
MM. Georges Berry et Marcel-ïlabcrt, pour
fixer définitivement le point de savoir qui
payera la casse, se propobént d'adresser sur
ce sujet une question au gouvernement.
Cette question viendra la semaine pro-
chaine.
BANDE D'ASSASSINS
Cagliari, 14 novembre.
'Une ban do armée a pénétré la nuit der-
nière «lins la maison de M. Victor Depau,
à Tortoli, dérobant de l'argent et des objets
de valeur et tuant un serviteur nommé
Oila.
La famille Depau a pu s'échapper.
La bande fut attaquée par les gendarmes,
dont le brigadier Gina et un gendarme furent
grièvement blessés.
La bande réussit à fuir sans qu'il fût pos-
s. ible de reconnaître les individus qui la com-
posaient.
P Parmi eux on croit qu'il y a des blessés,
car on a découvert des traces de sang.
- Le bruit court que le brigadier Gina suait
mort dessuïtes de tfes blessures. .,'
LE PARTHENON QUI TOMBE
Ch&3 M. COQUART
Emotion Ï Athènes. — Le Parthénon et
les tremblements de terre. — La
bombe de Morosini. — La
solidité antique
A en croire le Temps, les Athéniens sont
fort tristes depuis quelques jours : ils ont
peur de voir tomber ce qui reste du Parthé-
non.
Le tremblement de terre du mois d'avril
dernier aurait ébranlé les ruines du célèbre
temple. Des échafaudages ont été dressés
pour permettre à une commission quelconque
d'apprécier de plus près l'importance des dis-
locations ; Athènes songe tristement au dé-
sastre qui pourrait se produire si le sol de
l'Attique était de nouveau secoué avant qu'on
ait exécuté les réparations nécessaires ; déjà
les Hellènes parlent de convier les plus célè-
bres architectes de l'Europe, à restaurer le
chef-d'œuvre de l'architecture humaine.
Un peu ému nous-même à cette nouvelle,
nous en avons causé avec M. Coquart, l'émi-
nent architecte membre de l'Institut.
LES RUINES DU PARTHÉNON
Avant de faire connaître son avis, rappe-
lons sommairement ce qui reste du Parthé-
non, afin de savoir ce qui pourrait tomber.
C'est assez peu de chose : quelques colon-
nes, une faible partie du fronton, des frac-
tions de frise. Bâti au siècle de Pèriclès; vers
l'année 440 avant Jésus-Christ, croit-on, ce
temple, consacré au culte de Minerve et qui
eût résisté aux injures du temps, a subi à de
nombreuses @ reprises les ravages des hommes.
Cent ans à peine après son achèvement, un
certain Démetrius fait du sanctuaire de la
vierge sa chambre à coucher, remplaçant par
des tableaux vivants la statue de la déesse,
statue d'or et d'ivoire due à Phidias, dont la
description par Pausanias a fait rêver tous
les artistes. L'un d'eux même, le sculpteur
Si m art, utilisant les « tuyaux » laissés par
l'historien grec, en a essayé une reproduction
en ivoire et argent qui orne le château de
Dampierre, propriété de la famille de Luynes.
Au septième siècle de notre ère, le Par-
thénon est converti en église grecque et, par
conséquent, mutilé. Après la prise d'Athènes
parler Turcs, il devient mosquée : on blan-
chit les murs à la chaux et on le flanque d'un
minaret. Malgré ces transformations, l'édifice
n'avait point trop souffert, et en 1674, le
peintre Carrey, élève de Lebrun, put copier
toutes les sculptures, dont quelques-unes seu-
lement avaient été brisées.
Il était réservé aux Vénitiens et aux Anglais
de saccager cette ruine vénérable. En 1687,
les Vénitiens, commandés par Morosini, as-
siégeaient Athènes ; une bombe mit le feu aux
poudres que les Turcs avaient déposées au
sommet de l'Acropole, et une partie du mo-
nument fut renversée. Enfin, en 1816, lord
Elgin fit enlever la plus grande partie de la
frise, qu'il vendit 35,000 livres sterling au
Musée britannique.
MAÇONNERIE ANTIQUE
— Malgré tous ces ravages, les colonnes
qui restent, nous dit M. Coquart, résisteront
encore des siècles, et je n'ai aucune inquié-
tude sur leur solidité.
Le Parthénon, en effet, n'est pas seulement
la merveille des merveilles au point de vue
de l'art, c'est encore, comme « construction »,
l'œuvre la plus déconcertante.
Il H,'y a point de maçonnerie ; aux beaux
temps de la Grèce comme à l'époque des
grands pharaons, on n'employait point le ci-
ment pour élever des colonnes : on pratiquait
la construction dite « en pierres sèches ».
Les colonnes du Parthénon, comme tout
l'édifice du reste, sont en marbre pentélique.
Pour assembler deux tronçons, on les posait
simplement l'un sur l'autre et l'on faisait
tourner le tronçon supérieur jusqu'à ce que
le polissage amenât une coïncidence parfaite
entre les deux surfaces. L'adhérence ainsi
obtenue est telle, qu'il y a quelques années
il m'a été impossible, malgré tous mes efforts,
de faire entrer une lame de couteau dans la
jointure de deux tronçons.
D'autre part, ces colonnes ont une très lé-
gère inclinaison de l'extérieur à l'intérieur,
de telle sorte que si on les prolongeait de plu-
sieurs kilomètres, elles convergeraient toutes
vers un même point. Elles forment, en quel-
que sorte, des arcs-boutants, assurant à l'en-
tablement qui les réunit à leur sommet une
solidité invraisemblable.
Enfin, il n'y a plus à craindre la mutila-
tion des touristes ou des Anglais. Les rui-
nes, admirablement entretenues, sont surveil-
lées avec autant de soin que la cassette
royale.
On ne les visite qu'entre deux gendarmes,
de vrais gendarmes dont le zèle et la sévé-
rité étonneraient sans doute les débonnaires
custodes des ruines de Pompéi. Il ne servirait
de rien, d'ailleurs, de casser une frise ou un
fût de colonne dans l'espoir d'en emporter un
morceau.
L'exportation de tout ce qui peut ressem-
bler à un objet d'art est, comme vous savez,
interdite, et les bagages sont assez bien fouil-
lés à l'embarquement pour qu'il soit impos-
sible d'emporter le moindre morceau de mar-
bre dans sa valise..
LES TREMBLEMENTS DE TERRE
On invoque les effets du dernier tremble-
ment de terre.
Mais les secousses qui agitent Athènes ne
sauraient guère ébranler l'Acropole, monticule
de roc dans lequel ne peut se produire ni glis-
sement ni affaissement partiel. Remarquez,
en outre, que le Parthénon occupe le sommet
de ce rocher, et si ses assises avaient bougé,
à plus forte raison constaterait-on des dislo-
cations dans les monuments construits sur les
flancs, notamment dans les ruines de l'Erech-
téion, un autre chef d'oeuvre autrement fragile
que le temple de Minerve.
Quelques-unes des colonnes subsistantes
ont, il est vrai, souffert de l'explosion provo-
quée par la bombe de Morosini : quelques
tronçons supérieurs ont subi un léger dépla-
cement, leur profil présente une torsion im-
perceptible; mais la base n'a pas bougé, et si
c'est là tout ce que la commission a décou-
vert.
Et M. Coquart conclut :
— N'ayant pas vu le Parthénon depuis plu.
sieurs années, je ne puis insister davantage-
Mais soyez persuadé que je suis très rassuré
sur sa solidité.
Donc, que les touristes se rassurent.
L'ORGANISATION MUNICIPALE DE PARIS
Les délégués des bureaux du conseil muni-
cipal de Paris et du conseil général de la Seine
ont été entendus hier par la commission de
la Chambre qui examine les diverses propo-
sitions modifiant le régime municipal actuel-
lement appliqué à la ville de Paris. - -
Tous le$délégués ont été -ùn^wiroes à ré-
ciamer la séparation absolue des deux con-
seils. Mais le conseil municipal demande
que la. ville de Paris soit représentée dans le
conseil général par 80 membres, de telle sorte
qu'avec les 21 représentants de la banlieue,
cette assemblée comprendrait en tout 101
membres. '<
Les délégués du conseil général demandent
au contraire que ce conseil ne comprenne que
61 membres, dont 40 pour la ville de Paris,
soit 2 par arrondissement.
En ce qui concerne l'organisation munici-
pale de Paris, les délégués du conseil munici-
pal ont posé le principe du droit commun, ré-
clamant que la ville de Paris ait une mairie
centrale on du moins un conseil de mairie.
La direction exclusive de la police municipale
appartiendrait au maire de Paris ou au con-
seil de mairie.
M. Alphonse Humbert, membre de la com-
mission et auteur d'une proposition spéciale
que nous avons analysée, a demandé aux
délégués du conseil municipal si, dans le cas
où les revendications intégrales du conseil ne
seraient pas admises par la Chambre, le con-
seil municipal de Paris accepterait, comme
M. Humbert le demande lui-même, qu'on
laissât au pouvoir central la direction de la
police, à la condition que l'organisation mu-
nicipale soit assimilée le plus possible au
régime de droit commun.
Les délégués ont répondu que le conseil
municipal maintenait toutes ses revendica-
tions, mais qu'il accepterait naturellement
tout ce qui pourrait améliorer la situation
actuelle.
Mercredi prochain la commission entendra
le préfet de la Seine et le préfet de police.
INCURIE ADMINISTRATIVE
Deuft employés d'octroi en cour d'assises
Une affaire de détournements intéressante
par le relief qu'elle donnera à l'incurie de
certains employés, relativement supérieurs,
de l'octroi de Paris, se dénouera aujourd'hui
jeudi 15 novembre à la cour d'assises de la
Seine, présidée par M. Golliet.
Les accusés sont deux employés subalter-
nes de l'octroi, MM. Gorgeons et Lorin, atta-
chés au service de la gare de Lyon.
En six années, ces employés, aux appoin-
tements de 2,500 francs, auraient détourné à
l'administration 27,351 francs. Ils avaient un
maniement de recettes de deux à trois mil-
lions par an.
Il sera, paraît-il, établi aux débats qu'au-
cun contrôle sérieux n'était exercé sur les
comptes des deux employés et que la moin-
dre vérification eût permis de découvrir rapi-
dement les fraudes auxquelles se livraient
depuis six ans MM. Gorgeons et Lorin.
Pour tenter de s'excuser, les deux accusés
allèguent qu'ils étaient, dans leur travail, sur-
menés au point d'être fatalement contraints
de commettre des erreurs dont ils étaient res-
ponsables envers l'administration. Aussi c'est
pour « s'indemniser » du payement de ces er-
reurs qu'ils ont commis des détournements.
Mes Genevrier et Lévy-Alvarès présenteront
devant les jurés de la Seine la défense des
deux employés de l'octroi.
LA GUERRE A MADAGASCAR
iLa Chambre nommera aujourd'hui dans
ses bureaux la commission de onze membres
qui va examiner la demande de crédits dépo-
sée à la Chambre pour pourvoir aux dépen-
ses de l'expédition de Madagascar.
La nomination de cette commission va don-
ner lieu à une première discussion, de la-
quelle sortira peut-être le sentiment de la
majorité de la Chambre. Un seul groupe,
celui de l'extrême-gauche, a délibéré hier
sur l'attitude à prendre sur cette nouvelle
expédition. MM. Lockroy, Hubbard et Gas-
ton Doumergue ont combattu la demande de
crédits en faisant valoir que les sacrifices
demandés n'étaient pas en rapport des avan-
tages à recueillir après la conquête. Un seul
membre, M. Samary, député d'Algérie, s'est
prononcé pour une action militaire à Mada-
gascar.
Le groupe, par un vote émis à l'unanimité
moins une voix, a décidé qu'il voterait contre
le crédit de 65 millions.
L'impression d'hésitation que nous avons
signalée s'était encore aggravée hier dans les
couloirs. Un certain nombre de députés nous
ont dit qu'avant de se prononcer dans un sens
ou dans l'autre, ils espéraient des explications
plus décisives de la part du gouvernement.
Il semble, en effet, que les prévisions du ca-
binet sont trop optimistes en ce qui concerne
les dépenses de la campagne.
M. Doumer, qui donnera son adhésion à
l'expédition, donnait dans les couloirs un dé-
tail qui est des plus importants : « Je sais,
dit-il, qu'un plan qui avait été dressé par le
ministere de la marine prévoyait un corps
expéditionnaire de 12,000 hommes et une dé-
pense de 100 millions; je me demande par
quelles combinaisons on est arrivé, en ele-
vant ce corps expéditionnaire, à 15,000 hom-
mes, à ne prévoir une dépense ne s'élevant
qu'à 65 millions. » Il y a là une contradiction
que la commission nommée aujourd'hui vou-
dra sans doute éclaircir.
Mais ce qui paraîtra le plus extraordinaire,
c'est quand on saura qu'au mois de juillet
dernier le ministre des affaires étrangères, qui
aujourd'hui demande le vote d'une expédi-
tion, estimait que si la politique suivie à Ma-
dagascar depuis neuf ans n'était pas heu-
reuse, il fallait néanmoins la continuer pen-
dant quelque temps.
Il n'y a, disait-il, aucune crainte d'expédi-
tion; il nous faut attendre la mort du pre-
mier ministre, ensuite nous verrons à agir.
Ajoutons qu.l-e rapport pourra venir en
discussion lundi ou mardi prochain.
DRAME D'AMOUR
Cherbourg, 14 novembre.
- Aujourd'hui, vers trois heures du soir, le lieute-
nant Besancenot, du 5e régiment d'infanterie de
maline; a lue sa maîtresse dans sa chambre d'un
coup de revolver et s'est fait ensuite sauter la cer-
velle.
L'AFFAIRE FAVETTE
C'est M. le juge d'instruction Ha Cosnac qui- est
chargé d'étudier l'affaire de M. Favette, cet extra-
ordinaire chef de cabinet de MM. Tbévenet et
Jules Roche qui s'est attribué en quelques mois
plus de 29,QOO fraucs de frais de voiture.
INSTITUTEUR ET CONSEILLER GÉNÉRAL
Marseille, 14 novembre.
M. Ollive, instituteur, un des trois conseillers gé-
néraux des Uouches-du-Rhône dont il fut question
à la Chambre dans l'interpellation Carnaud, vient
d'être déféré pour le 21 de ce mois devant le con-
seil départemental de l'instruetion publique aux fins
de révocation.
ALLEMANDS ET MAROCAINS
Tanger, 14 novembre,
A la suite de l'assassinat de l'Allemand Nu.
mann il Casablanca» le cojnte de attel)bç.b,' mi.
nWire 4'Altemagne, pirl demain pour Fea «lia de
dçmanUe* satisfaction au sultaq,..
CHRONIQUE
Je lisais l'autre jour la Vie militaire au
Tonkin, du capitaine Lecomte, et je son-
geais au chef-d'œuvre de récit militaire
qui ne nous est point né, qui doit nous
naître nécessairement de nos expéditions
coloniales : Tunisie, Tonkin, Dahomey,
Soudan, Madagascar. Parmi tant d'offi-
ciers que la passion d'aventures pousse à
demander qu'on les mène se battre par-
tout où l'on se bat, il est impossible qu'il
n'y ait pas un écrivain sans le savoir, un
homme qui sente fortement, et fortement
rende ses impressions, fût-ce au prix d'in-
corrections et de maladresses de style, un
homme destiné à nous émouvoir en nous
transposant vivante sur des pages la vie
d'héroïsme qu'il a menée. Peut-être un
embryon de ce chef-d'œuvre dort-il dans
des lettres adressées de dessous la tente à
une vieille mère ou à un ami et ne nous
sera-t-il révélé que beaucoup plus tard,
quand, tout le monde étant mort des con-
temporains de ces expéditions, nos descen-
dants chercheront les traits qui les re-
tracent.
Rappelez-vous la curiosité toute récente
pour les Mémoires du général Marbot.
Chaque fois que la littérature, manquant
d'air et d'espace, aura fatigué les lecteurs
à force de les faire tourner dans le cercle
des déformations morales, ceux-ci cher-
cheront le romanesque dans des histoires
qui auront l'action pour base.
De tout temps il y a eu des aventuriers
qui ont créé par leur existence les romans
les plus fous. Chaque fois qu'il s'en est
trouvé un qui, assez chanceux pour at-
teindre à la vieillesse, l'a passée à
écrire ses mémoires avec quelque bon-
heur dans l'expression, ceux-ci subsis-
tent. On lit ceux de d'Aubigné, on lit
ceux de Montluc. Seulement ces hommes
d'épée avaient reçu une instruction lit-
téraire solide. Ils savaient le latin, et
entre deux assauts s'abîmaient les yeux
à veiller sur des livres. Ils avaient des fa-
çons de parler originales. Leur langue
n'était pas gâtée, comme l'est la nôtre, par
le bourgeoisisme de la pensée. On dirait,
en les lisant, qu'ils écrivent avec un sabre,
tandis que les récents ouvrages de nos
officiers que j'ai parcourus ces jours-ci
en vue de documenter cette chronique,
au lieu d'emplir le lecteur de sonneries
de clairon, de cliquetis d'épée, d'appel aux
armes, le pacifient d'un bon lot de phrases
de Journal officiel.
Tant de tableaux horribles et sanglants
où l'on a figuré ne parviennent pas à écla-
bousser la reproduction écrite. Le massa-
cre terminé, les morts, enterrés, le capi-
taine rédige son rapport d'où tout pittores-
que est banni : tant de morts, tant de bles-
sés, l'ennemi repoussé. Eh ! messieurs,
cela est bon pour les archives de la
guerre. Mais puisque vous imprimez, il
nous faut la réalité toute nue. Il faut que
votre cœur entre en danse à ce spectacle
de guerre, il faut qu'il se contracte d'hor-
reur, qu'il s'épanouisse de la joie de la
victoire et qu'il batte d'anxiété.
Communiquez-nous votre émotion à
nous les citadins, les emmurés, et grisez-
nous des dangers passés comme Othello en
grise Desdémone. Ce n'est pas la matière
qui aura manqué. Les Chinois, au Tonkin,
en ont abondamment fourni, tragique bu
comique, à volonté. Si lent que soit le capi-
taine Lecomte a être impressionné, la vé-
rité toute nue rapportée dans son livre n'en
saisit pas moins. A Hanoï on l'embarque
pour Nam-Dinh dont on s'apprête à s'em-
parer. Il est tout fraîchement arrivé au
Tonkin. Il n'a pas encore vu trace de guerre.
Sur les deux rives, les campagnes sont
cultivées en rizières. Des Tonkinois s'y
montrent travaillant à y jeter de l'eau. Et
l'esprit du capitaine inquiet des combats à
venir se repose sur ce tranquille specta-
cle. Mais un camarade lui désignant du
doigt un point sur le fleuve l'invite à y re-
garder. C'est un cadavre de Tonkinois qui
roule, qui roule. suivi d'un autre et d'un
autre encore, qui vient heurter contre le
bateau et des corbeaux planent au-dessus,
croassant, se disputant la proie flottante..
Imaginez le parti qu'un descriptif tirerait
de la scène, alors que le soir tombe et que
les cadavres qui passent ne sont plus vi-
sibles qu'une seconde, le temps de traver-
ser la lumière du bateau.
Et les villages trouvés en cendres, fu-
mants, les indigènes pleurant autour des
décombres? Et après l'assaut victorieux
du. Kep, six cents cadavres de Chinois en-
tassés en bûcher de chair auquel on met
le feu ? Et des espions chinois pendus,bran-
chés à cent pas de l'ennemi qui, exaspéré,
regarde"? Et l'impassibilité de ces malheu-
reux qui se laissent sans un cri, sans un
geste, mettre la corde au cou? Et les assié-
gés de Tuyen-Quan gardant chacun une
balle dans leur revolver pour eux, afin de se
laloger dans la cervelleau cas où ils seraient
pris, la faculté de se suicider étant un
bonheur pour qui, s'il est fait prisonnier,
se sait voué aux pires supplices ? Autant
de circonstances qui montent l'homme au-
dessus de lui-me- nie et qui ne montent pas
en tant qu'écrivain celui qui les raconte.
C'est dommage.
Des dénouements d'histoires d'amour se
mêlent aux dénouements de batailles. Ici
c'est un officier qui, sans raison, alors
qu'il n'était pas temps encore de donner
l'assaut à une palissade, l'artillerie ayant
d'abord à y ouvrir une brèche, s'élance
dessus, in3ulte les Chinois postés derrière
et tombe frappé de plusieurs balles. Avant
de partir pour le Tonkin, il avait perdu sa
jeune femme qu'il aimait. Il s'était pro-
mis sans doute de ne pas en revenir.
Ah ! s'il y avait eu là un homme ayant
reçu du ciel le génie de conter, quel nou-
veau Fenimore Cooper à mettre, pour
nous émerveiller, dans nos bibliothèques 1
Patience, ruse, cruauté des Chinois au-
raient remplacé celles des Peaux-Rouges,
puisqu'il n'y a plus ou quasi de Peaux-
Rouges. Mais il aurait fallu tout dire. Or
les officiers qui reçoivent dit ministère
permission de publier des récits d'expédi-
tion militaire ne disent pas tout. Ils ca-
chent bien des malpropretés de la guerre,
Ils nous la présentent lavée, épurêei
un peu comme les romanciers mondain.
nous représentent la passion de leurs per-
sonnages. Rappelez-vous que Loti fut
rapet blâme pour avoir publié dans
un grand journal un récit terrible de la
prise, par le général de Courcy, de Hué
révoltée.
Il y a des pillages et des vols qu'on nous
dissimule, des sauvageries qu'on n'avoue
pas, quoiqu'elles aient leur grandeur autant
que le courage dont elles sont le revers. Il
y a des heures où le soldat n'en peut plus
de privation, et, dût-il être surpris par
l'ennemi, refuse de continuer d'aller, reste
là où il y a des vivres, de la boisson, des
femmes. Un des défenseurs de Tuyen-
Quan se tue pour ne plus souffrir, et le
colonel Dominé commande de l'enterres
sans honneurs, sans prières, comme un
chien, afin de déshonorer son acte aux
yeux des survivants. Un autre devient
fou et chante parmi la tristesse des autres.
Quand on les délivra, il y en eut qui, d'é-
motion, perdirent pour un temps l'usage
de la parole.
Ah! je ne cesserai ie me plaindre.
Quel dommage que ces tragédies à ébran-
ler les nerfs r^oient rapportées en traits
aussi vigoureux que la chose elle-même.
Quel dommage que le patriotisme n'ait
pas sur l'homme qui en est si dramatique-
ment secoué la puissance de tant d'autres
passions qui soulèvent jusqu'au sublime
l'esprit médiocre qui a entrepris de
les peindre ! Ce sont des lettres de M. Le-
comte à un ami qui recueillies par celui-ci
suggérèrent l'idee d'un livre sur la vie mi-
litaire au Tonkin. Peut-être était-il préma-
turé. Peut-être la gtande saveur de ces ré-
cits est-elle inséparable d'une reculée et
d'un lent travail de remémoration, métho-
diquement entrepris beaucoup plus tard,
quand on est vieux et qu'impuissant à
l'action on a tout loisir de se la remonter
au çerveau.
De fait, d'Aubigné, Montluc n'ont pensé
à écrire que lorsque leurs membres leur
ont refusé de se battre. Ne désespérons
donc pas du chef-d'œuvre militaire que-
tant de sang, de fatigues et d'étonnements
de contrées lontaines doivent élaborer. Ce
sera un résultat de nos expéditions colo-
niales, que, certes, nos économistes n'au-
ront pas prévu. Mais quoi ! quand,on a
été prendre Alger, disait le général Chanzy,
s'attendait-on à ce que l'Afrique servirait
surtout à nous donner. l'armée d'A-
frique ?
Edouard Conte.
Pour déguster le délicieux vin des Papes,
écrire au propriétaire des Fines-Roches, M.
Henri Constantin, à Chàteauneuf-du-Pape
(Vaucluse).
LES PRODUITS DU PARI MUTUEL
La commission de répartition des fonds
du pari mutuel s'est réunie hier après midi
au ministère de l'agriculture. Elle a distribué
environ trois millions à divers établissements
philanthropiques. Voici les noms des princi-
pales œuvres qui bénéficient de cette réparti-
tion :
Hospice de Périgueux, 200,000 fr.
Hospice de Montbéliard, 100,000 fr.
Ville de Paris (construction de quatre pa-
villons d'isolement à l'hospice des Enfants-
Malades pour l'application du traitement
du docteur Roux contre la diphtérie), 500,000
francs.
Hospice de Quimperlé, 200,000 fr.
(En outre, cette œuvre bénéficiera d'une
somme de 50,000 fr. offerte par M. de Ker.
jégu, député).
„ Hôpital de Fougères, 120,000 fr.
Hôpital de Mont-de-Marsan, 45,000 fr.
Hôpital de Saint-Lô, 60,000 fr.
Création d'un hôpital pour les enfants tu.
berculeux à Reims, 80,000 fr.
Création d'un hôpital à Fourmies (Nord).
20,000 fr.
Œuvre de bienfaisance de ConstantlBopJe,
100,000 fr.
Œuvre des enfants tuberculeux de Paris.
100,000 fr.
Société maternelle parisienne, 150,000 fr.
Crèche du dix-neuvième arrondissement de
Paris, 23,000 fr.
Cahors (création de services de maternité),
100,000 fr.
Le Dramo fie la m Saint-Lazare
Meurtre d'une fille galante. — Un
meurtrier qui se livre. — Est-ce
un fou ?
Nous avons dit hier que l'instruction ai
sujet du drame de la rue Saint-Lazare venait
d'être reprise, à la suite de l'arrestation d'un
individu qui affirmait être l'auteur de l'as
sassinat.
Les circonstances qui ont accompagné cett(
arrestation sont assez curieuses pour êtr.
racontées avec quelques détails. Pourtant
nous devons dès à présent faire toutes nos
réserves quant à la véracité des déclarations
recueillies par le-juge d'instruction, l'individu
dont il s'agit étant sûrement un de ces désé-
quilibrés hantés par l'idée des grands crimes
et susceptibles d'obéir à toutes sortes de sug-
gestions.
On sait que Louise Lamier, une fille ga*
lante, fut assassinée chez elle, 92, rue Saint-
Lazare, dans l'après-midi du 27 janvier 1893.
La Sûreté ouvrit une enquête et suivit, pen*
dant quelque temps, plusieurs pistes qui
toutes furent abandonnées. Deux arrestations
avaient été opérées, mais on avait dû renoncex
à les maintenir, les deux individus ayant in-
voqué des alibis reconnus exacts.
On se décida enfhi à classer l'affaire, et
rien n'indiquait qu'elle dût être reprise, lors-
que, ces jours derniers, plusieurs lettres ano-
nymes signalaient à la Sûreté un ancien
comptable, Édouard Le Bissonnais, comme
étant l'auteur du crime. Et les lettres en ques-
tion contenaient des détails si précis que
l'auteur des lettres ne pouvait être, se mblait-ils
que le meurtrier lui-même. Si le meurtrier ne
les avait pas écrites, on pouvait supposer d.
moins qu il les avait inspirées.
Le Bissonnais avait déjà été appelé à four-
nir des explications dans le courant de l'an-
née dernière. A la Sûreté, on le considérait
comme un détraqué ayant des alternatives de
lucidité et d'aberration qui le portaient par
moment à s'attribuer une participation dant
la plupart des affaires sensationnelles. Mai.
les dernières lettres avaimnt un-e telle-appa-
rence de vérité, que M. Gochefert dc~~Mt~
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