Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-11-11
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 11 novembre 1894 11 novembre 1894
Description : 1894/11/11 (A24,N8336). 1894/11/11 (A24,N8336).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7562564j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — N* S,336
LE NUMERO am CENTIMES
DIMANCHE 11 NOVEMBRE 1894
REDACTION ET ADfSSttfSTRJtTIOI ,
142, Rue Montmartre
PARIS
BltECTEOR POLITIQtf*
A.-EDOUARD PORTALIS
AIINRe télégraphique : XIXe SIËOLB—PABZ8
Téléphone: M.289 bit.
AftlVttVCBS
ObM MM. LAGRANGB, CBRP « -
6, place d* la Bûttrtt, 9
ABONNEMENTS
Paris, Ti»u loi», 61.; Si Iw, 11 f.; fc |% Mf
Départements — 7 f.; — 12 f.; — 241
Union Postale — 9 1.; — 16 f.; - 326
Les Abonnements sont reçus sans trais dans
tous les Bureaux de Poste.
Le fliscniirs fle M. Gomet
"Èn rendant compte récemment de son
mandat devant ses électeurs, M. Goblet
a prononcé un discours qui mérite d'ar-
rêter l'attention, car il y a dit en un fort
beau langage d'excellentes choses. Il y
a fait tout d'abord, avec une entière
franchise, une déclaration de principes
gui ne surpendra aucun de ceux qui
connaissent M. Goblet et qui ont suivi
sa carrière politique, mais qui est tou-
jours utile. Il a déclaré qu'il était radi-
cal et qu'il poursuivait toujours le pro-
gramme radical, dont il n'a pas vu en-
core une clause réalisée; mais que s'il
était « radical-socialiste », il s'écartait
absolument des socialistes proprement
dits, parce qu'il repoussait « l'absorption
de toutes choses par l'Etat ».
C'est ainsi que, dans deux circonstan-
ces notables, il a voté contre des propo-
sitions socialistes. Lors du débat sur la
conversion, M. Jaurès demandait que les
75 millions produits par la réduction
du taux de l'intérêt fussent affectés au
dégrèvement de l'impôt foncier. M. Go-
blet a repoussé cette proposition parce
qu'il a estimé « qu'avant de penser à
ceux qui possèdent, il faut et il vaut
mieux penser plutôt à ceux qui ne pos-
sèdent pas. Avant de faire des dégrè-
vements, il faut d'abord mettre son bud-
get en équilibre pour ne pas léguer à
ses successeurs des charges trop lourdes
à supporter. » Fort judiciairement, M.
Goblet ajoute que si l'on voulait donner
à ces fonds une affectation spéciale, il
aurait été préférable de les consacrer à
un dégrèvement dés impôts de consom-
mation qui frappent tout le monde et
qui atteignent plus rigoureusement le
pauvre que le riche. Mais le budget en
avait besoin et même, malgré eux, nous
savons assez que l'équilibre n'en est pas
commode à réaliser.
L'autre circonstance dans laquelle M.
Goblet s'est séparé des socialistes est
encore un amendement de M. Jaurès,
démandantque l'Etat prît le monopole
dé l'achat et de la vente des blés étran-
gers. M. Goblet observe avec beaucoup
dé raison que, dans ce système, l'Etat
aurait dû aussi prendre le monopole des
blés indigènes et qu'alors, par voie de
conséquence, il se trouverait amené à
monopoliser aussi tous les autres pro-
duits, ce qui est en réalité l'essence de la
doctrine collectiviste.
Mais la partie principale de ce dis-
cours est celle où M. Goblet a passé en
revue les diverses questions politiques
et où, parlant du rôle de l'opposition,
qui ne consiste pas, selon lui, « à inter-
peller et à renverser les ministères les
uns après les autres », il s'est prononcé
cependant pour la liberté des interpella-
tions, qui éclairent l'opinion publique et
lJúi sont un droit indispensable, la seule
garantie des minorités. On a beaucoup
médit de ce droit en ces derniers temps,
et il est de mode dans certains mi-
lieux de déclarer que c'est à l'abus des
Interpellations qu'est due la stérilité de
!a présente législature. A ceux qui trou-
rent cette excuse commode et qui la ré-
pètent sans cesse, M. Goblet fait une
éponse décisive. Sauf les lois sur les
anarchistes, le gouvernement n'a pas
apporté de projets à la Chambre. S'il
n'y avait pas eu d'interpellations, le Pa-
lais-Bourbon eût pu tenir ses portes clo-
see. Par conséquent, en interpellant, le
groupe socialiste n'a gêné en rien les
bonnes intentions du gouvernement ; il
n'a pas entravé non plus les dispositions
laborieuses de la Chambre.
M. Goblet fait en deux mots la criti-
que de la situation présente : « Je ne la
trouve pas bonne, dit-il, malgré la pré-
sence de M. Dupuy au ministère. Le
cabinet prétend restaurer le principe
d'autorité en France, et il a remplacé
M. Robin et fait des procès de presse !
Ce ministère tombera au premier souffle. »
Parlant enfin de la question présiden-
tielle, M. Goblet déclare qu'il juge M.
Casimir-Perier trop intelligent pour sui-
vre la politique dont M. Ernest Daudet
traçait le programme dans un article
que nous avons analysé : « Ce sont
manoeuvres de ralliés », dit M. Goblet.
Très correctement constitutionnel, l'ora-
teur ajoute que M. Casimir-Perier « est
le représentant officiel de la France et
que nous devons le respecter. Mais, dit-
il, s'il veut imposer sa politique person-
nelle, je serai son adversaire acharné.
Qu'il s'appuie sur les républicains et
qu'il nous fasse au moins une réforme,
celle de l'impôt. »
M. Goblet n'oublie qu'une chose, c'est
que le président de la République ne
fait pas lui-même les réformes. Ce sont
les ministres qui les font, et tant que M.
Casimir-Perier choisira ou acceptera
tout faits des ministères comme le cabi-
net actuel, les partisans des réformes
auront tout le loisir d'attendre.
Les Ponrsnites contre M. Millerand
Paris a démenti hier soir notre infor-
mation concernant les poursuites qu'on aurait
l'intention d'exercer contre M. Millerand pour
outrages au président de la République.
Peut-être le gouvernement se rend-il compte
de l'énorme faute qu'il commettrait en faisant
demander par son procureur général à la
Chambre des députés des poursuites qui pro-
bablement ne seraient pas accordées. Peut-
être aussi M. Casimir-Perier a-t-il fait obser-
ver à ses ministres qu'à force de vouloir le
faire respecter, ils finiraient par le rendre
odieux. Peut-être enfin quelqu'un de sensé a-
t-il dit aux ministres que le meilleur moyen de
faire les affaires du parti socialiste serait
d'avoir l'air de le persécuter.
Le parti socialiste a pour lai d'être servi
par des homme jeunes et remplis de talent. Il
a contre lui la croyance généralement répan-
due que l'application de ses doctrines met-
trait en péril la liberté individuelle. En le
persécutant on lui donne l'auréole d'un parti
ds liberté, c'est-à-dire précisément ce qui lui
manque.
Qu'au dernier moment, surtout après l'in-
formation parue dans le X/Xe Siècle, le gou-
vernement recule devant la gaffe suprême de
ce gros procès, c'est possible ; mais ce qui est
certain, c'est que le dossier a été transmis hier
par le parquet au ministère de la justice.
LE CAS DU CAPITAINE ROMANI
(DU; NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Milan, 9 novembre.
On écrit de San-Remo au Secolo que la
cause du capitaine Romani n'est point aussi
désespérée qu'on voudrait le faire croire. Il y
a deux rapports d'experts joints au dossier,
et tout deux se contredisent -manifestement.
Le premier, fait par le capitaine Vauzo, du
grand état-major, est très diffus et laborieu-
sement échafaudé, et c'est sur celui-ci que
l'accusation se base.
Le second rapport, travail collectif d'un
Capitaine des alpins et d'un officier d'état-
major, contient les explications nettes et con-
cises des diverses questions techniques. C'est
sur celui-ci, qui est très favorable à l'accusé,
que se fonde la défense.
Il y a deux jours, le capitaine Romani a
reçu la visite de son frère. -
LA QUESTION DES EFFECTIFS
Est-ce vrai?
La question des effectifs portée lundi à la
tribune de la Chambre par M. Le Hérissé-con-
tinue à préoccuper le monde militaire, qui ne
s'est pas trouve rassuré par les déclarations
fournies par le ministre de la guerre.
Le XIXe Siècle étant un des journaux de
Paris qui s'est occupé le plus de cette affaire
si importante au point de vue de la défense
nationale, on nous prie cle poser les trois ques-
tions suivantes au général Mercier :
io Est-il vrai que le conseil supérieur de la
guerre, consulté (comme il l'est quand il s'a-
git d'une mesure de cet ordre), s'est prononcé
à l'unanimité contre la décision du ministre
qui, en rétablissant les deux portions du con-
tingent, libérait 36,000 hommes des classes
1892 et 1893?
20 Est-il vrai que M. Jules Roche, rappor-
teur du budget de la guerre, ait en sa posses-
sion une lettre du général Mercier, antérieure
à la décision de renvoi, dans laquelle il est
dit que la libération. anticipée d'un certain
nombre d'hommes des classe 1892 et 1893 ne
pouvait être que déplorable ?
So Est-il vrai, enfin, qu'au conseil des mi-
nistres qui a décidé, sur la demande de M.
Poincare, des économies sur le budget de la
guerre, le général Mercier a accepté sans pro-
tester la décision de ses collègues ?
La parole est à M. le ministre de la
guerre.
LA QUESTION ','
DE 1
L'AVOCAT DU CAPITAINE DREYFUS
Avant que Me Demange acceptât de pré-
senter la défense du capitaine Dreyfus devant
le conseil de guerre, trois autres grands avo-
cats du barreau parisien avaient été pressen-
tis et avaient opposé une fin de non-recevoir
à la demande qui leur avait été adressée.
L'un d'eux, que nous avons vu hier, nous
a dit :
— A mon avis, dans une affaire d'espionnage
telle que celle qui est reprochée au capitaine Drey-
fus, il ne saurait être question d'un avocat ordi-
naire pour présenter la défense de l'accusé. On
doit, en la circonstance, procéder comme on le
fait quand un crime est commis en temps de guerre,
devant l'ennemi, par un officier. On nomme alors
d'office un autre officier pour assister l'accusé de-
vant ses juges. Mais jamais on ne songe à aller
chercher un avocat.
C'est M. le commandant Brisset, commis-
saire du gouvernement, qui soutiendra devant
le conseil de guerre de Paris l'accusation di-
rigée contre le capitaine Dreyfus.
Jusqu'ici, Me Demange n'a pu obtenir com-
munication du dossier de l'affaire.
Le capitaine Dreyfus comparaîtra devant
le conseil de guerre vers la fin de novembre ou
le commencement de décembre.
Les débats du. procès auront lieu à huis
clos. -
M. LEYDEN ET SES ÉLÈVES
Berlin, 9 novembre.
Le professeur Leyden, qui est, comme on
sait, revenu de Livadia, a recommencé au-
jourd'hui son cours. Il a été chaleureuse-
ment applaudi par l'auditoire qui était très
nombreux.
Après avoir exprimé ses remerciements, il
a rappelé la mission grave et difficile qui
l'a obligé à interrompre ses leçons. Il a
ajouté qu'il venait ae traverser une pé-
riode remplie de profondes émotions, qui
constituait un fragment de l'histoire du monde
et en même temps un fragment de l'histoire
de sa propre vie, dont il gardera toujours le
souvenir.
Le professeur Leyden a ensuite commencé
sa leçon,
-
LE MINISTÈRE PRUSSIEN
Potsdam, 9 novembre.
L'empereur a reçu ce matin le directeur de l'ad-
ministration de la province de Hanovre, le baron
de Ilammerstem-Loxten.
On croit que le baron do Hammersteiu pourrait
être le successeur de M. de Heyden au ministère
de l'agriculeum
NOS DENTISTES
LES VICTIMES DU PRÉFET
La loi de 1892 et les non-patentés. —
L'Ecole dentaire de Paris. — Une
dent d'éléphant.
Grand émoi parmi les dentistes. Le préfet
de police vient de mettre tous ceux qui ne se
trouvent pas en règle avec la loi en demeure
de fermer leur cabinet dans un délai de dix
jours, et 400 victimes annoncent déjà leur
intention de faire un procès au « gouverne-
ment ». L'émotion a gagné les citoyens nom-
breux dont la bouche est avariée. Beaucoup
craignent une hausse sérieuse sur le prix du
« plombage » ; quelques-uns entrevoient l'épo-
que prochaine où il faudra attendre aussi
longtemps pour se séparer d'une molaire que
pour se faire rendre justice.
Il y a pourtant longtemps que cette épura-
tion était prévue, et nous no pensons pas
qu'il y ait trop lieu de s'en afiliger.
LES DENTISTES ET LA LOI
Jadis, en effet, la profession de dentiste
était absolument libre. On montait un cabi-
net de dentiste comme on ouvrait une
boutique de maréchal ferrant. Il y avait
même entre les deux métiers une certaine
corrélation ; nombre d'artistes commençaient
par soigner les pieds des chevaux pour finir
par soigner les bouches des hommes. D'au-
tres étaient encore moins bien préparés : on
a vu plusieurs fois le simple valet de cham-
bre d'un dentiste en renom louer un local où
il opérait le soir avec la trousse qui servait à
son maître l'après-midi.
La loi du 30 novembre 1892 a mis un terme
à ces errements en réglementant l'exercice de
l'art dentaire comme celui de la médecine.
Nul ne pourra désormais cueillir les molaires
de ses semblables s'il n'est médecin ou chi-
rurgien diplômé d'une Faculté de l'Etat.
Par égard pour les situations acquises, il a
été décidé; comme mesure transitoire, que les
dentistes inscrits à la patente au 1er janvier
1892 conserveraient le droit, d'exercer sans
être astreints à produire de diplôme. Tous les
vieux commis dentistes, tous les jeunes gens
désireux d'éviter les examens se sont aussitôt
fait inscrire. Mais le rôle des patentes n'ayant
été publié qu'après le 1er janvier 1892, on leur
refuse le benéfice de l'exception prévue par la
loi : d'où le conflit actuel.
L'ÉCOLE DENTAIRE
Quelle qu'en soit la solution, la mise en
vigueur de la nouvelle loi constitue un pro-
grès réel. #
Car les études dentaires, si longtemps né-
gligées en France, sont aujourd'hui extrême-
ment sérieuses.
L'Ecole dentaire de Paris, fondée en 1880
par une association de dentistes, est en pleine
prospérité. C'est une entreprise privée com-
plètement indépendante.
Elle compte toujours une centaine d'élèves,
et ses cours, d'une durée de trois ans, sont si
estimés que les inscriptions prises à cette
école comptent comme inscriptions prises à
une Faculté de l'Etat. Mais lorsque le minis-
tre a voulu introduire dans le budget de 1895
une dépense de 150,000 francs pour l'organi-
sation d'études odontotechniques à la Fa-
culté de médecine de Paris, on lui a refusé
avec raison un crédit qui aurait crée un en-
seignement officiel sans aucun profit suppo-
sable pour les progrès de l'art dentaire.
C'est rue Rochechouart qu'est installé cet éta-
blissement modèle, qui compte parmi ses pro-
fesseurs plusieurs de nos meilleurs praticiens.
Chaque matin, près de lo0 personnes arrivent
à là clinique, et là, dans une vaste salle rem-
plie de fauteuils, elles confient sans crainte
leurs mâchoires aux élèves qui font toutes
leurs études sur le patient.
Car il faut en finir avec la légende de la
tête de veau sur laquelle on s'exerce à arra-
cher les dents. Il y a bien le mannequin garni
de dents plus ou moini nature, qui sert à la
première instruction des débutants. Mais cette
« gueule de plâtre » est vite abandonnée pour
les têtes vivantes, qui ont rarement à souffrir
d'une maladresse, les moindres opérations
étant pratiquées sous l'œil du professeur.
Des cours de prothèse ou fabrication d'ap-
pareils et des leçons théoriques complètent
cette éducation pratique. -
LES PROGRÈS DE L'ART DENTAIRE
L'influence de cet enseignement, qui est de-
venu très scientifique, se fait sentir depuis
plusieurs années.
Nos dentistes ont compris qu'une grande
partie de l'hygiène buccale résidait dansl'em-
ploi des antiseptique?, et en se lançant dans
cette voie ils sont arrivés à des résultats in-
connus il y a vingt ans Il est rare qu'ils ne
parviennent pas à sauver une dent.
D'autre part, les soins de la bouche sont
moins négligés, l'usage de la brosse à dents
tend à devenir en honneur dans toutes les
classes.
Ajoutons que les prix ont baissé dans de
fortes proportions. Les dentistes américains,
qui cotaient naguère 100 francs l'allrification
d'une dent, ont perdu leur vogue ; et pour un
louis, maintenant, on peut faire boucher avec
le plus grand luxe une molaire trouée.
Il n'est pas jusqu'au bêles qui n'aient pro-
fité de ce renouveau de l'art dentaire. Nous
racontions, il y a quelques mois, qu'un des
plus distingués professeurs de l'Ecole den-
taire avait daigne plomber la dent d'un élé-
phant du Nouveau-Cirque. L'opération a
admirablement réussi.
LE DÉBAT SUR CEMPUIS
La démission de M. Buisson.
Les interpellations déposées à la Chambre
par MM. Lavy et Chassaing sur l'affaire de
Cempuis seront discutées aujourd'hui.
M. Lavy,qui a recueilli un très volumineux
dossier, doit examiner une à une toutes les
accusations portées contre M. Robin.
C'est ainsi qu'il sera amené à traiter, entre
autres choses, les imputations d'immoralité
dirigées contre rétablissement de Cempuis.
Le député du dix-huitième arrondissement
espère que les documents qu'il ferapasser soue
les yeux de la Chambre démontreront l'ina-
nité des accusations qui ont amené la révoca-
tion de M. Robin.
De son côté,M.Chassaing s'occupera spécia-
lement de l'enquête administrative ordonnée
par le gouvernement sur le fonctionnement
de l'école dÆempuis. Il reprochera au prési-
dent du conseil de n'avoir pas communiqué
les résultats de cette enquête au conseil géné-
ral de la Seine qui, en sa qualité d'adminis-
trateur de l'établissement,. avait demandé à
en prendre connaissance.
On faisait prévoir hier dans les couloirs de
la Chambre que la discussion des incidents
de Cempuis prendrait les' proportions d'un
débat général ijlr la politique religieuse du
ministère.
A ce propos, il convient de noter un bruit
très répandu depuis; deux jours dans le monde
parlementaire. On raconte que M. Buisson,
oiiecteur de l'enseignement primaire au mi-
nistère de l'instruction publique et membre
de la commission de surveillance de l'orphe-
linat Prévost, aurait donné sa démission au
lendemain de la révocation de M. Robin.
Cette démission n'aurait pas été encore ni
refusée ni acceptée par le gouvernement, qui
aurait voulu attendre le débat qui s'ouvrira
aujourd'hui devant la Chambre.
On prête l'intention à plusieurs députés de
demander à ce sujet des explications au mi-
nistre de l'instruction publique, un grand
nombre de députés considérant, à juste titre,
que la retraite de M. Buisson serait un gage
de plus donné à « l'esprit nouveau » et aux
ralliés.
LE METROPOLITAIN
Les Ire, 3e et 6e commissions du conseil
municipal, constituant, réunies, la commission
du métropolitain, ont tenu hier une impor-
tante séance à l'Hôtel de Ville, sous la prési-
dence de M. Lopin.
Lecture y a été donnée d'une longue lettre
de M. Barthou, ministre des travaux publics,
par laquelle celui-ci déclarait donner satis-
faction partielle aux vœux que lui avait ex-
primés la délégation du conseil municipal
dans une récente entrevue dont nous avons
rendu compte.
Après une longue et orageuse discussion,
une motion de M. Sauton a été adoptée. à
l'unanimité, car elle donne satisfaction, en
effet, à tous les intérêts à la fois.
La voici :
La commission estime. :
1° Que le réseau métropolitain à créer à
Paris doit comprendre l'ensemble des lignes
comprises dans le tracé voté par le conseil
municipal en 1891 ;
2o Que la partie du réseau à construire
avant 1900 doit comprendre, outre la section
présentée par le gouvernement, la transver-
sale Est-Ouest par la rue Réaumur;
3o Qu'il y a lieu de préparer une convention,
liant l'Etat et la Ville de Paris, assurant l'exé-
cution du complément du réseau par l'Etat
dans des délais déterminés ou, à son défaut,
par la Ville de Paris, étant entendu que, dans
le cas d'exécution par cette dernière, celle-ci
aurait le droit de rachatau prix de déboursédes
portions de lignes comprises au tracé de 1891.
La délégation de la commission est chargée
de négocier avec le ministre sur ces bases.
ALEXANDRE III PHILATÉLISTE
On sait que le tsar Alexandre III était un
philatéliste passionné et qn'il a laissé une des
plus riches collections de timbres qui soient
au monde.
Alexandre III ne pouvait se lasser de col-
lectionner des timbres ou de les détacher des
nombreuses lettres qu'il recevait. Il entrete-
nait des agents dans toutes les grandes villes
à l'étranger qui lui fournissaient des exem-
plaires pour sa collection.
Un de ses secrétaires particuliers, M. Pe-
trolow, avait depuis des années comme uni-
que fonction de classer tous les timbres re-
çus par son souverain.
La collection d'Alexandre III contient, entre
autres, beaucoup de timbres, rares, de l'île
Saint-Maurice.
Souvent, des collectionneurs et amateurs
qui avaient entendu parler du goût philaté-
liste du tsar envoyaient des timbres à Sa Ma-
jesté.
Un jour, un collégien de Wisconsin (Etats-
Unis de l'Amérique) lui envoya une série de
timbres de l'anniversaire de Christophe Co-
lomb.
Alexandre III répondit à son jeune corres-
pondant américain en lui envoyant une série
complète des timbres russes de toutes les épo-
ques.
LES CHEMINS DE FER
ET LES ANCIENS MILITAIRES
Un certain nombre de députés» parmi lesauels
MM. les généraux Riu et lung, ont présenté-hier
matin à M. Louis Barthou, ministre des travaux
publics, la délégation du comité d'action pour l'uni-
fication des retraites des sous-officiers et soldats.
Cette délégation, qui avait à sa tête M. Vemhier,
président du comité des officiers, et M Reverchon,
président du comité des sous-officiers, venait « au
nom des 1,250 comités do province » solliciter, pour
les militaires retraités non employés, la faveur de
pouvoir voyager sur les voies ferrées au quart du
tarif légal.
Elle a parlé, tout en réservant la question, de
l'abaissement du coût du transport des sous-offi-
ciers et soldats en activité de service.
MM. Chaudey, Braud, etc., ont fortement appuyé
la demande de la délégation en faveur des vieux
serviteurs- de la patrie.
Le ministre n'a pas dissimulé qu'il lui parais-
sait diflicile de faire droit aux réclamations dont il
était saisi, en raison surtout de la répercussion
qu'aurait la mesure sollicitée sur la garantie d'in-
térêt. Il a promis néanmoins d'examiner la ques-
tion.
L'AFFAIRE
DE
L'EVASION DU PRISONNIER DESANGLE
A propos de l'instruction ouverte par M. Es-
pinas sur les circonstances dans lesquelles
s'est opérée l'évasion du prisonnier Desangle,
instruction qui va aboutir au renvoi en
police correctionnelle, conformément à l'arti-
cle 238 du Code pénal, de l'inspecteur de la
sûreté Nicolle, nous croyons pouvoir résu-
mer ainsi les explications fournies par les
différentes personnalités mises en cause dans
l'affaire :
M. Nicolle. — C'est M. Fédée lui-même qui
m'avait ordonné de rendre moins étroite la
surveillance que j'exerçais sur M. Desangle.
J'avais donc la conviction d'être agréable à
mon chef en me montrant exempt d'une trop
grande rigueur envers le prisonnier qui m'é-
tait confié.
M. Fédée. — Il serait injuste de faire re-
tomber sur moi toute la responsabilité de
l'évasion. En la circonstance, je n'ai fait que
me cortfqrmer aux ordres de M. Puiba-
raud.
M. Puibaraud. — Je ne suis, à la préfec-
ture, qu'un simple délégué du ministre de
l'intérieur; C'est à M. éplne lui-même, le
préfet de police, qu'il faut demander des ex-
plications.
M. Lepine. — Je ms retranche derrière mon
supérieur hiérarchique, M. Dupuy, ministre
de l'intérieur.
Inutile d'ajouter que M. Dupuy, lui, se re-
tranche derrière son droit de ne pas ré-
pondre.
Oh l le système des responsabilités éparpil-
lées !
LE ROI DE SIAM
(Source anglaise)
Bangkok, 9 novembre.
Le roi de Siam assistait hier à une cérémonie
publiquo. Sous peu son rétablisssment sera com-
plet. t d 1 t.
La aamination du nouveau ministre de la justice
a rencontré l'approbation générale. D'iraportantu
riforme8 législatives sont pTomiMt.
CHRONIQUE
POUR LES FORAINS
Tous les ans, au moment où les ban-
quistes installent leurs baraques sur les
boulevards Rochechouart et de la Chapelle,
on entend parler de la ligue antiforaine.
Pourquoi à ce moment précis plutôt qu'à
tout autre, puisque les forains opèrent en
réalité l'année entière et se contentent tou-
tes les six semaines de charrier leurs rou-
lottes des Invalides à la place du Trône,
de Neuilly au boulevard Richard-Lenoir ?
Mon dieu ! pour une raison bien simple et
bien humaine. C'est que les meneurs de la
ligue, les fortes têtes du parti qui réclame
une Saint-Barthélemy de saltimbanques,
ont leurs appartements — ou leurs hôtels —
entre la place Blanche et la place Pigalle.
Bien que j'aie eu, moi aussi, quatre ou
cinq ans pour vis-à-vis Cocherie lui-même
en costume Louis XV, avec sa perruque
poudrée et sa figure pouponne et, lté de
lui, un manège de chevaux de bois qui me
jouait jusqu'à vingt-huit fois par heure
les Pioupious d'Auvergne, je n'ai pas
gardé rancune aux banquistes et je con-
fesse mon faible pour les boniments des
lutteurs et les pitreries des queues-rouges.
Les boulevards extérieurs ne sont déjà
pas si gais. Si vous voulez éteindre cette
traînée lumineuse des baraques foraines
qui les anime de temps en temps, suppri-
mer le bruit des cuivres et la cohue des
foules gouailleuses ou naïves, ils devien-
dront plus noirs et plus tristes que des
allées de cimetières..
Je sais bien qu'on met en avant l'hygiène,
et les morticoles ne plaisantent pas sur ce
chapitre. L'hygiène, voilà leur épée de
chevet. Et ils la brandissent sur la tête des
malheureux banquistes en disant, comme
les gens de 93 : « L'hygiène ou la mort ! »
Je me rappelle qu'il y a une dizaine
d'années on jugeait, au conseil supérieur
de l'instruction publique, Un pauvre dia-
ble d'étudiant qui avait exercé illégalement
la médecine. On allait le condamner sans
appel et sans merci, quand Edouard La-
boulaye s'avisa de demander si la mortalité
avait augmenté dans la commune où il
avait osé soigner les malades sans di-
plôme.
A mon tour, je demande au préalable
à la ligue antiforaine s'il est prouvé par
les statistiques municipales que la morta-
lité augmente dans les quartiers où sont
établis les saltimbanques.
J'ajoute au surplus que dans ce cas il
nous resterait encore la ressource de crier
aux ligueurs avec le charlatan dentiste :
« N'arrachez pas, guérissez ! » Vous vou-
lez renvoyer les forains et leurs roulottes
aux fortifications. Mais s'ils sont un dan-
ger ici, ils seront un danger la-bas. Vous
élargissez un peu le cercle pestilentiel,
voilà tout; mieux vaudrait supprimer les
foyers de pestilence. Pourquoi ne pas im-
poser aux roulottiers tous les règlements
applicables aux habitations insalubres?
Pourquoi ne pas exiger qu'ils aient, comme
tous les propriétaires, leurs « poubelles »
qu'on enlèverait tous les matins? Toutes
les roulottes ne sont pas d'ailleurs aussi
mal tenues que vous le croyez, et je con-
nais dans les appartements parisiens pas
mal de domestiques qui pourraient aller y
prendre des leçons de bonne tenue, de pro-
preté. Et puis, on assainit tous les jours
des bouges autrement infects. On parvient
bien en ce moment à assainir Marseille
qui, avec son vieux port nauséeux enca-
dré de ruelles crasseuses et puantes, ne
justifiait que trop son titre de merdopole
de la Méditerranée, et l'on ne pourrait pas
obliger quelques forains à se soumettre
aux lois de 1 hygiène ?
Car, enfin, les déporter, comme le veut
M. Gérôme, jusqu'à. Tenceinte fortifiée,
c'est les condamner à mort, peine exces-
sive assurément pour quelques coups de
cymbales de trop. On a traité moins dure-
ment les banquistes du Panama. Vous sa-
vez bien que leur clientèle ordinaire d'ou-
vriers et de petits bourgeois n'ira pas les
chercher sur les talus du mur d'enceinte.
Vous voulez donc les réduire à ce public
des « fortifs » et de pierreuses qui détient !
en maître ces quartiers solitaires ? Mais
les malheureux forains tomberont alors
sous les coups d'une autre ligue non moins
redoutable, la ligue contre la licence des
grues que préside le Bérenger des écoles.
Heureusement, les forains — et c'est ce
qui les sauvera — ont pour eux une asso-
ciation dont les moyens d'action sont aussi
étendus que variés ; nous voulons parler
de là puissante corporation des marchands
de vin. Je sais bien que le marchand de
vin est suspect à une notable portion de
la bourgeoisie parisienne. Il est la bête
noire des classes moyennes, le texte iné-
puisable des plaisanteries faciles, la tête-
de-turc de tous les snobs qui trouvent en
rentrant le soir bon souper, bon gîte et le
reste, et dont la cave bien garnie défie le
le litre à seize du mastroquet du coin.
Mais si le marchand de vin est devenu
un personnage, n'en faut-il pas chercher
la cause dans les conditions sociales toutes
particulières qui sont faites au journalier
parisien ? Il est la victime de la cherté des
loyers et de la rigueur de l'octroi. Il n'a
pas de cave, il ne connaît que par ouï-dire
ce3 appartements bourgeois bien confor..
tables où l'on trouve le gaz et l'eau à tous
les étages Franchement, que voulez-vous
qu'il devienne quand il rentre fourbu le
soir dans son galetas noir, humide et
maussade? Il voit de sa fanêtre un jet de
lumière électrique, il entend le bruit du
tambour et de la grosse caisse, il court à
la lumière comme un papillon qui s'abat
sur une lampe. Il trouve pour quelques
sous chez le marchand de vin tout ce qui
lui manque chez lui, une banquette capi-
tonnée, des glaces qui miroitent, un air
chaud, de la lumière, et un petit verre de
consolation par-dessas le marehé. Allons-
nous lui disputer cette heure de réconfort
pendant laquelle il oublie, le plus souvent
avec sa femme et les gosses, les coups de
collier et les misères du jour? C'est à nous
alors de le placer dans des conditions
meilleures.
Il parait enfin, c'est la ligue antiforaine
qui parle, « que les intérêts des proprié-
taires ne sont pas moins atteints, car
leurs loyers ont subi une baisse considé-
rable du fait même de ces fêtes ». Vrai-
ment 1 les loyers à Paris ont baissé quel-
que part? Et où donc ça, que j'y coure?
Mais alors, si le saltimbanque tient en
échec le propriétaire, le M. Vautour des
anciens vaudevilles, il y a deux millions
de locataires qui sont tout prêts à deman-
der le maintien des baraques de foire. Le
voilà bien, le spécifique demandé ! On a
découvert jusqu'ici les virus et les vaccins
les plus merveilleux contre tous les maux
de l'humanité ; il nous restait à en trouver
un contre les exigences du terme. La
ligue antiforaine met du premier coup le
doigt dessus. Le propriétaire a dans le
saltimbanque son ver rongeur, son mi-
crobe, son phylloxéra. Eh bien ! alors,
Parisiens, mes amis, gardons le saltim-
banque. Le saltimbanque ne nous écorche
que les oreilles, le propriétaire nous écor-
che tout vifs.
André Balz.
LES TRIPOTS ET LA POLICE
On lisait hier soir dans plusieurs journaux:
Certains fonctionnaires du ministère de l'inté-
rieur et de la préfecture de police sont continuelle.
ment l'objet de propositions et d'offres d'argent
de la part de fondateurs ou de gérants de cercles.
La plupart du temps, ces offres sont repoussées,
mais parfois'aussi le fonctionnaire faiblit., et
l'offre est acceptée.
Il s'agit aujourd'hui d'un incident dé ce genres
Cependant aucun employé ou chef ne manque parmi
le personnel du ministère de l'intérieur ayant de
pres ou de loin affaire aux cercles; il faudrait donc
plutôt chercher du côté de la préfecture.
Cette note ne donne-t-elle pas raison à ce
que le Vieux Ponte disait hier ? Un gouverne-
ment qui faisait, dans la séance du 6 no-
vembre, aux applaudissements de la Cham-
bre, cette déclaration : Nous trouvons
que la vertu ne va jamais trop loin,
mais nous n'avons besoin d'aucune
Interpellation pour la suivre, de-
vrait, s'il avait le moindre souci de mettre ses
actes d'accord aveé ses paroles, empêcher
que ses fonctionnaires et ses magistrats
soient constamment l'objet de pareilles sus-
picions.
Nous ignorons si les faits rapportés par les
journaux que nous venons de citer sont
exacts ; mais ce que nous savons bien, c'est
que ces suspicions subsisteront aussi long-
temps que le gouvernement tolérera, malgré
la loi, l'existence de ces maisons de jeu telles
que les cercles dits ouverts dont le Cercle de
rEscrime et des Arts de M. Isidore Bloch est
le type et où le vol, organisé systématique-
ment, fonctionne sans interruption sous l'œil
complaisant de l'administration.
Sans le vol, d'ailleurs, tous ces cercles ne
pourraient pas vivre ; à plus forte ra;son ne
pouraient-ils pas enrichir les anciens laveurs
de vaisselle qui les dirigent et leurs action-
naires.
Tout le monde sait cela, et c'est la raison
pour laquelle, tant que ces tripots subsiste-
ront, ceux qui les laissent subsister ne cesse-
ront pas d'être suspects.
La guerre entre la Chine et le Japon
Shanghaï, 9 novembre.
La panique s'est répandue dans toute la
Mandchourie.
Des centaines de fugitifs arrivent journelle-
ment à Niou-Shouang, semant la terreur et la
confusion sur leur passage. Les vivres vont
bientôt manquer et on craint des émeutes.
Les autorités provinciales, agissant d'après'
des instructions de Pékin et de Tien-Tsin, ont
ordonné de lever une contribution de guerre
de trois dollars par tête à Hankow. Il est
presque certain que la population s'opposera
à la perception de cet impôt,
Londres, 9 novembre.
La légation du Japoa communique le télé-
gramme joinciel suivant :
Le gouvernement japonais a reçu un rapport of-
ficiel annonçant qu'un gouvernement local a été
établi à Antong pour administrer ce territoire chi-
nois occupé par la première armée japonaise que
commande le général Yamagata.
La perception des impôts dans ce territoire a été
ajournée pour, un an.
Les Chinois accueillant les Japonais à bras ou-
verts. La direction de l'administration de ce terri-
toire a été confiae au dernier chargé d'affaires ja-
ponais en Chine.
(Source anglaise)
Shanghaï, 9 novembre.
Les dernières nouvelles reçues ici de la
Mandchourie annoncent que l'armée chinoise
s'est retirée dans la montagne, où elle souf-
fre de la faim et du froid.
L'armée japonaise est campées à Feng-
Ouhang-Cheng, à mi-chemin entre Wijou et
Moukden. Elle ne poursuit pas les Chinois.
15,000 Chinois, des recrues pour la la plu.
part, défendent Port-Arthur, mais on ne croit
pas ici que la place puisse résister long-
temps.
Du reste, on dit que l'amiral anglais Free.
mantle aurait exprimé l'avis qu'à Port-Ar
thur sera livré le dernier combat de quelque
importance de la guerre sino-japonaise.
LA RÉFORME DE L'IMPOT
La commission nommée à la Chambre pour
s'occuper d'une refonte complète de notre sys-
tème d'impôts a pris hier deux décisions im
portantes.
Elle a d'abord adopté le principe de la ré-
forme générale des impôts directs. Puis, su*
la proposition de M. Legludic, elle a voté par.
13 voix contre 10 que le système de la pro-
gressivité devrait servir de base à la réforme.
dans le sens des propositions déjà formuléet
par M. Cavaignac.
A la suite de ce débat, la commission s'es/
partagée en trois sous-commissions corres*
pondant aux catégories suivantes : 1" impôts
directs ; 2° impôts indirects, monopoles et
enregistrement ; 3- impôts locaux et octrois.
COUP DE GRISOU
Charleroi, 9 novembre.
Un coup da grisou a eu lieu au charbonnage dw
Bonne-Espérance, à MJntigny,
Il y a douze blessés.
PROCESSION DU LORD-MAIRE
Londres, 9 novembre.
La procession annuelle du nouveau tord-mairt
de Londres a eu lieu aujourd'hui dans la Cité.
Auean incident important à signaler, si ce n'est
quelques bousculades et quelques hussards dé-
montés par leurs chevaux effrayés,
La foule était très grande et surtout composée de
populace de Whitechapet.
La Cité, tous les ans assez bien pavoiséo. M M*
tait pour ainsi dire pas celte aaa. -
LE NUMERO am CENTIMES
DIMANCHE 11 NOVEMBRE 1894
REDACTION ET ADfSSttfSTRJtTIOI ,
142, Rue Montmartre
PARIS
BltECTEOR POLITIQtf*
A.-EDOUARD PORTALIS
AIINRe télégraphique : XIXe SIËOLB—PABZ8
Téléphone: M.289 bit.
AftlVttVCBS
ObM MM. LAGRANGB, CBRP « -
6, place d* la Bûttrtt, 9
ABONNEMENTS
Paris, Ti»u loi», 61.; Si Iw, 11 f.; fc |% Mf
Départements — 7 f.; — 12 f.; — 241
Union Postale — 9 1.; — 16 f.; - 326
Les Abonnements sont reçus sans trais dans
tous les Bureaux de Poste.
Le fliscniirs fle M. Gomet
"Èn rendant compte récemment de son
mandat devant ses électeurs, M. Goblet
a prononcé un discours qui mérite d'ar-
rêter l'attention, car il y a dit en un fort
beau langage d'excellentes choses. Il y
a fait tout d'abord, avec une entière
franchise, une déclaration de principes
gui ne surpendra aucun de ceux qui
connaissent M. Goblet et qui ont suivi
sa carrière politique, mais qui est tou-
jours utile. Il a déclaré qu'il était radi-
cal et qu'il poursuivait toujours le pro-
gramme radical, dont il n'a pas vu en-
core une clause réalisée; mais que s'il
était « radical-socialiste », il s'écartait
absolument des socialistes proprement
dits, parce qu'il repoussait « l'absorption
de toutes choses par l'Etat ».
C'est ainsi que, dans deux circonstan-
ces notables, il a voté contre des propo-
sitions socialistes. Lors du débat sur la
conversion, M. Jaurès demandait que les
75 millions produits par la réduction
du taux de l'intérêt fussent affectés au
dégrèvement de l'impôt foncier. M. Go-
blet a repoussé cette proposition parce
qu'il a estimé « qu'avant de penser à
ceux qui possèdent, il faut et il vaut
mieux penser plutôt à ceux qui ne pos-
sèdent pas. Avant de faire des dégrè-
vements, il faut d'abord mettre son bud-
get en équilibre pour ne pas léguer à
ses successeurs des charges trop lourdes
à supporter. » Fort judiciairement, M.
Goblet ajoute que si l'on voulait donner
à ces fonds une affectation spéciale, il
aurait été préférable de les consacrer à
un dégrèvement dés impôts de consom-
mation qui frappent tout le monde et
qui atteignent plus rigoureusement le
pauvre que le riche. Mais le budget en
avait besoin et même, malgré eux, nous
savons assez que l'équilibre n'en est pas
commode à réaliser.
L'autre circonstance dans laquelle M.
Goblet s'est séparé des socialistes est
encore un amendement de M. Jaurès,
démandantque l'Etat prît le monopole
dé l'achat et de la vente des blés étran-
gers. M. Goblet observe avec beaucoup
dé raison que, dans ce système, l'Etat
aurait dû aussi prendre le monopole des
blés indigènes et qu'alors, par voie de
conséquence, il se trouverait amené à
monopoliser aussi tous les autres pro-
duits, ce qui est en réalité l'essence de la
doctrine collectiviste.
Mais la partie principale de ce dis-
cours est celle où M. Goblet a passé en
revue les diverses questions politiques
et où, parlant du rôle de l'opposition,
qui ne consiste pas, selon lui, « à inter-
peller et à renverser les ministères les
uns après les autres », il s'est prononcé
cependant pour la liberté des interpella-
tions, qui éclairent l'opinion publique et
lJúi sont un droit indispensable, la seule
garantie des minorités. On a beaucoup
médit de ce droit en ces derniers temps,
et il est de mode dans certains mi-
lieux de déclarer que c'est à l'abus des
Interpellations qu'est due la stérilité de
!a présente législature. A ceux qui trou-
rent cette excuse commode et qui la ré-
pètent sans cesse, M. Goblet fait une
éponse décisive. Sauf les lois sur les
anarchistes, le gouvernement n'a pas
apporté de projets à la Chambre. S'il
n'y avait pas eu d'interpellations, le Pa-
lais-Bourbon eût pu tenir ses portes clo-
see. Par conséquent, en interpellant, le
groupe socialiste n'a gêné en rien les
bonnes intentions du gouvernement ; il
n'a pas entravé non plus les dispositions
laborieuses de la Chambre.
M. Goblet fait en deux mots la criti-
que de la situation présente : « Je ne la
trouve pas bonne, dit-il, malgré la pré-
sence de M. Dupuy au ministère. Le
cabinet prétend restaurer le principe
d'autorité en France, et il a remplacé
M. Robin et fait des procès de presse !
Ce ministère tombera au premier souffle. »
Parlant enfin de la question présiden-
tielle, M. Goblet déclare qu'il juge M.
Casimir-Perier trop intelligent pour sui-
vre la politique dont M. Ernest Daudet
traçait le programme dans un article
que nous avons analysé : « Ce sont
manoeuvres de ralliés », dit M. Goblet.
Très correctement constitutionnel, l'ora-
teur ajoute que M. Casimir-Perier « est
le représentant officiel de la France et
que nous devons le respecter. Mais, dit-
il, s'il veut imposer sa politique person-
nelle, je serai son adversaire acharné.
Qu'il s'appuie sur les républicains et
qu'il nous fasse au moins une réforme,
celle de l'impôt. »
M. Goblet n'oublie qu'une chose, c'est
que le président de la République ne
fait pas lui-même les réformes. Ce sont
les ministres qui les font, et tant que M.
Casimir-Perier choisira ou acceptera
tout faits des ministères comme le cabi-
net actuel, les partisans des réformes
auront tout le loisir d'attendre.
Les Ponrsnites contre M. Millerand
Paris a démenti hier soir notre infor-
mation concernant les poursuites qu'on aurait
l'intention d'exercer contre M. Millerand pour
outrages au président de la République.
Peut-être le gouvernement se rend-il compte
de l'énorme faute qu'il commettrait en faisant
demander par son procureur général à la
Chambre des députés des poursuites qui pro-
bablement ne seraient pas accordées. Peut-
être aussi M. Casimir-Perier a-t-il fait obser-
ver à ses ministres qu'à force de vouloir le
faire respecter, ils finiraient par le rendre
odieux. Peut-être enfin quelqu'un de sensé a-
t-il dit aux ministres que le meilleur moyen de
faire les affaires du parti socialiste serait
d'avoir l'air de le persécuter.
Le parti socialiste a pour lai d'être servi
par des homme jeunes et remplis de talent. Il
a contre lui la croyance généralement répan-
due que l'application de ses doctrines met-
trait en péril la liberté individuelle. En le
persécutant on lui donne l'auréole d'un parti
ds liberté, c'est-à-dire précisément ce qui lui
manque.
Qu'au dernier moment, surtout après l'in-
formation parue dans le X/Xe Siècle, le gou-
vernement recule devant la gaffe suprême de
ce gros procès, c'est possible ; mais ce qui est
certain, c'est que le dossier a été transmis hier
par le parquet au ministère de la justice.
LE CAS DU CAPITAINE ROMANI
(DU; NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Milan, 9 novembre.
On écrit de San-Remo au Secolo que la
cause du capitaine Romani n'est point aussi
désespérée qu'on voudrait le faire croire. Il y
a deux rapports d'experts joints au dossier,
et tout deux se contredisent -manifestement.
Le premier, fait par le capitaine Vauzo, du
grand état-major, est très diffus et laborieu-
sement échafaudé, et c'est sur celui-ci que
l'accusation se base.
Le second rapport, travail collectif d'un
Capitaine des alpins et d'un officier d'état-
major, contient les explications nettes et con-
cises des diverses questions techniques. C'est
sur celui-ci, qui est très favorable à l'accusé,
que se fonde la défense.
Il y a deux jours, le capitaine Romani a
reçu la visite de son frère. -
LA QUESTION DES EFFECTIFS
Est-ce vrai?
La question des effectifs portée lundi à la
tribune de la Chambre par M. Le Hérissé-con-
tinue à préoccuper le monde militaire, qui ne
s'est pas trouve rassuré par les déclarations
fournies par le ministre de la guerre.
Le XIXe Siècle étant un des journaux de
Paris qui s'est occupé le plus de cette affaire
si importante au point de vue de la défense
nationale, on nous prie cle poser les trois ques-
tions suivantes au général Mercier :
io Est-il vrai que le conseil supérieur de la
guerre, consulté (comme il l'est quand il s'a-
git d'une mesure de cet ordre), s'est prononcé
à l'unanimité contre la décision du ministre
qui, en rétablissant les deux portions du con-
tingent, libérait 36,000 hommes des classes
1892 et 1893?
20 Est-il vrai que M. Jules Roche, rappor-
teur du budget de la guerre, ait en sa posses-
sion une lettre du général Mercier, antérieure
à la décision de renvoi, dans laquelle il est
dit que la libération. anticipée d'un certain
nombre d'hommes des classe 1892 et 1893 ne
pouvait être que déplorable ?
So Est-il vrai, enfin, qu'au conseil des mi-
nistres qui a décidé, sur la demande de M.
Poincare, des économies sur le budget de la
guerre, le général Mercier a accepté sans pro-
tester la décision de ses collègues ?
La parole est à M. le ministre de la
guerre.
LA QUESTION ','
DE 1
L'AVOCAT DU CAPITAINE DREYFUS
Avant que Me Demange acceptât de pré-
senter la défense du capitaine Dreyfus devant
le conseil de guerre, trois autres grands avo-
cats du barreau parisien avaient été pressen-
tis et avaient opposé une fin de non-recevoir
à la demande qui leur avait été adressée.
L'un d'eux, que nous avons vu hier, nous
a dit :
— A mon avis, dans une affaire d'espionnage
telle que celle qui est reprochée au capitaine Drey-
fus, il ne saurait être question d'un avocat ordi-
naire pour présenter la défense de l'accusé. On
doit, en la circonstance, procéder comme on le
fait quand un crime est commis en temps de guerre,
devant l'ennemi, par un officier. On nomme alors
d'office un autre officier pour assister l'accusé de-
vant ses juges. Mais jamais on ne songe à aller
chercher un avocat.
C'est M. le commandant Brisset, commis-
saire du gouvernement, qui soutiendra devant
le conseil de guerre de Paris l'accusation di-
rigée contre le capitaine Dreyfus.
Jusqu'ici, Me Demange n'a pu obtenir com-
munication du dossier de l'affaire.
Le capitaine Dreyfus comparaîtra devant
le conseil de guerre vers la fin de novembre ou
le commencement de décembre.
Les débats du. procès auront lieu à huis
clos. -
M. LEYDEN ET SES ÉLÈVES
Berlin, 9 novembre.
Le professeur Leyden, qui est, comme on
sait, revenu de Livadia, a recommencé au-
jourd'hui son cours. Il a été chaleureuse-
ment applaudi par l'auditoire qui était très
nombreux.
Après avoir exprimé ses remerciements, il
a rappelé la mission grave et difficile qui
l'a obligé à interrompre ses leçons. Il a
ajouté qu'il venait ae traverser une pé-
riode remplie de profondes émotions, qui
constituait un fragment de l'histoire du monde
et en même temps un fragment de l'histoire
de sa propre vie, dont il gardera toujours le
souvenir.
Le professeur Leyden a ensuite commencé
sa leçon,
-
LE MINISTÈRE PRUSSIEN
Potsdam, 9 novembre.
L'empereur a reçu ce matin le directeur de l'ad-
ministration de la province de Hanovre, le baron
de Ilammerstem-Loxten.
On croit que le baron do Hammersteiu pourrait
être le successeur de M. de Heyden au ministère
de l'agriculeum
NOS DENTISTES
LES VICTIMES DU PRÉFET
La loi de 1892 et les non-patentés. —
L'Ecole dentaire de Paris. — Une
dent d'éléphant.
Grand émoi parmi les dentistes. Le préfet
de police vient de mettre tous ceux qui ne se
trouvent pas en règle avec la loi en demeure
de fermer leur cabinet dans un délai de dix
jours, et 400 victimes annoncent déjà leur
intention de faire un procès au « gouverne-
ment ». L'émotion a gagné les citoyens nom-
breux dont la bouche est avariée. Beaucoup
craignent une hausse sérieuse sur le prix du
« plombage » ; quelques-uns entrevoient l'épo-
que prochaine où il faudra attendre aussi
longtemps pour se séparer d'une molaire que
pour se faire rendre justice.
Il y a pourtant longtemps que cette épura-
tion était prévue, et nous no pensons pas
qu'il y ait trop lieu de s'en afiliger.
LES DENTISTES ET LA LOI
Jadis, en effet, la profession de dentiste
était absolument libre. On montait un cabi-
net de dentiste comme on ouvrait une
boutique de maréchal ferrant. Il y avait
même entre les deux métiers une certaine
corrélation ; nombre d'artistes commençaient
par soigner les pieds des chevaux pour finir
par soigner les bouches des hommes. D'au-
tres étaient encore moins bien préparés : on
a vu plusieurs fois le simple valet de cham-
bre d'un dentiste en renom louer un local où
il opérait le soir avec la trousse qui servait à
son maître l'après-midi.
La loi du 30 novembre 1892 a mis un terme
à ces errements en réglementant l'exercice de
l'art dentaire comme celui de la médecine.
Nul ne pourra désormais cueillir les molaires
de ses semblables s'il n'est médecin ou chi-
rurgien diplômé d'une Faculté de l'Etat.
Par égard pour les situations acquises, il a
été décidé; comme mesure transitoire, que les
dentistes inscrits à la patente au 1er janvier
1892 conserveraient le droit, d'exercer sans
être astreints à produire de diplôme. Tous les
vieux commis dentistes, tous les jeunes gens
désireux d'éviter les examens se sont aussitôt
fait inscrire. Mais le rôle des patentes n'ayant
été publié qu'après le 1er janvier 1892, on leur
refuse le benéfice de l'exception prévue par la
loi : d'où le conflit actuel.
L'ÉCOLE DENTAIRE
Quelle qu'en soit la solution, la mise en
vigueur de la nouvelle loi constitue un pro-
grès réel. #
Car les études dentaires, si longtemps né-
gligées en France, sont aujourd'hui extrême-
ment sérieuses.
L'Ecole dentaire de Paris, fondée en 1880
par une association de dentistes, est en pleine
prospérité. C'est une entreprise privée com-
plètement indépendante.
Elle compte toujours une centaine d'élèves,
et ses cours, d'une durée de trois ans, sont si
estimés que les inscriptions prises à cette
école comptent comme inscriptions prises à
une Faculté de l'Etat. Mais lorsque le minis-
tre a voulu introduire dans le budget de 1895
une dépense de 150,000 francs pour l'organi-
sation d'études odontotechniques à la Fa-
culté de médecine de Paris, on lui a refusé
avec raison un crédit qui aurait crée un en-
seignement officiel sans aucun profit suppo-
sable pour les progrès de l'art dentaire.
C'est rue Rochechouart qu'est installé cet éta-
blissement modèle, qui compte parmi ses pro-
fesseurs plusieurs de nos meilleurs praticiens.
Chaque matin, près de lo0 personnes arrivent
à là clinique, et là, dans une vaste salle rem-
plie de fauteuils, elles confient sans crainte
leurs mâchoires aux élèves qui font toutes
leurs études sur le patient.
Car il faut en finir avec la légende de la
tête de veau sur laquelle on s'exerce à arra-
cher les dents. Il y a bien le mannequin garni
de dents plus ou moini nature, qui sert à la
première instruction des débutants. Mais cette
« gueule de plâtre » est vite abandonnée pour
les têtes vivantes, qui ont rarement à souffrir
d'une maladresse, les moindres opérations
étant pratiquées sous l'œil du professeur.
Des cours de prothèse ou fabrication d'ap-
pareils et des leçons théoriques complètent
cette éducation pratique. -
LES PROGRÈS DE L'ART DENTAIRE
L'influence de cet enseignement, qui est de-
venu très scientifique, se fait sentir depuis
plusieurs années.
Nos dentistes ont compris qu'une grande
partie de l'hygiène buccale résidait dansl'em-
ploi des antiseptique?, et en se lançant dans
cette voie ils sont arrivés à des résultats in-
connus il y a vingt ans Il est rare qu'ils ne
parviennent pas à sauver une dent.
D'autre part, les soins de la bouche sont
moins négligés, l'usage de la brosse à dents
tend à devenir en honneur dans toutes les
classes.
Ajoutons que les prix ont baissé dans de
fortes proportions. Les dentistes américains,
qui cotaient naguère 100 francs l'allrification
d'une dent, ont perdu leur vogue ; et pour un
louis, maintenant, on peut faire boucher avec
le plus grand luxe une molaire trouée.
Il n'est pas jusqu'au bêles qui n'aient pro-
fité de ce renouveau de l'art dentaire. Nous
racontions, il y a quelques mois, qu'un des
plus distingués professeurs de l'Ecole den-
taire avait daigne plomber la dent d'un élé-
phant du Nouveau-Cirque. L'opération a
admirablement réussi.
LE DÉBAT SUR CEMPUIS
La démission de M. Buisson.
Les interpellations déposées à la Chambre
par MM. Lavy et Chassaing sur l'affaire de
Cempuis seront discutées aujourd'hui.
M. Lavy,qui a recueilli un très volumineux
dossier, doit examiner une à une toutes les
accusations portées contre M. Robin.
C'est ainsi qu'il sera amené à traiter, entre
autres choses, les imputations d'immoralité
dirigées contre rétablissement de Cempuis.
Le député du dix-huitième arrondissement
espère que les documents qu'il ferapasser soue
les yeux de la Chambre démontreront l'ina-
nité des accusations qui ont amené la révoca-
tion de M. Robin.
De son côté,M.Chassaing s'occupera spécia-
lement de l'enquête administrative ordonnée
par le gouvernement sur le fonctionnement
de l'école dÆempuis. Il reprochera au prési-
dent du conseil de n'avoir pas communiqué
les résultats de cette enquête au conseil géné-
ral de la Seine qui, en sa qualité d'adminis-
trateur de l'établissement,. avait demandé à
en prendre connaissance.
On faisait prévoir hier dans les couloirs de
la Chambre que la discussion des incidents
de Cempuis prendrait les' proportions d'un
débat général ijlr la politique religieuse du
ministère.
A ce propos, il convient de noter un bruit
très répandu depuis; deux jours dans le monde
parlementaire. On raconte que M. Buisson,
oiiecteur de l'enseignement primaire au mi-
nistère de l'instruction publique et membre
de la commission de surveillance de l'orphe-
linat Prévost, aurait donné sa démission au
lendemain de la révocation de M. Robin.
Cette démission n'aurait pas été encore ni
refusée ni acceptée par le gouvernement, qui
aurait voulu attendre le débat qui s'ouvrira
aujourd'hui devant la Chambre.
On prête l'intention à plusieurs députés de
demander à ce sujet des explications au mi-
nistre de l'instruction publique, un grand
nombre de députés considérant, à juste titre,
que la retraite de M. Buisson serait un gage
de plus donné à « l'esprit nouveau » et aux
ralliés.
LE METROPOLITAIN
Les Ire, 3e et 6e commissions du conseil
municipal, constituant, réunies, la commission
du métropolitain, ont tenu hier une impor-
tante séance à l'Hôtel de Ville, sous la prési-
dence de M. Lopin.
Lecture y a été donnée d'une longue lettre
de M. Barthou, ministre des travaux publics,
par laquelle celui-ci déclarait donner satis-
faction partielle aux vœux que lui avait ex-
primés la délégation du conseil municipal
dans une récente entrevue dont nous avons
rendu compte.
Après une longue et orageuse discussion,
une motion de M. Sauton a été adoptée. à
l'unanimité, car elle donne satisfaction, en
effet, à tous les intérêts à la fois.
La voici :
La commission estime. :
1° Que le réseau métropolitain à créer à
Paris doit comprendre l'ensemble des lignes
comprises dans le tracé voté par le conseil
municipal en 1891 ;
2o Que la partie du réseau à construire
avant 1900 doit comprendre, outre la section
présentée par le gouvernement, la transver-
sale Est-Ouest par la rue Réaumur;
3o Qu'il y a lieu de préparer une convention,
liant l'Etat et la Ville de Paris, assurant l'exé-
cution du complément du réseau par l'Etat
dans des délais déterminés ou, à son défaut,
par la Ville de Paris, étant entendu que, dans
le cas d'exécution par cette dernière, celle-ci
aurait le droit de rachatau prix de déboursédes
portions de lignes comprises au tracé de 1891.
La délégation de la commission est chargée
de négocier avec le ministre sur ces bases.
ALEXANDRE III PHILATÉLISTE
On sait que le tsar Alexandre III était un
philatéliste passionné et qn'il a laissé une des
plus riches collections de timbres qui soient
au monde.
Alexandre III ne pouvait se lasser de col-
lectionner des timbres ou de les détacher des
nombreuses lettres qu'il recevait. Il entrete-
nait des agents dans toutes les grandes villes
à l'étranger qui lui fournissaient des exem-
plaires pour sa collection.
Un de ses secrétaires particuliers, M. Pe-
trolow, avait depuis des années comme uni-
que fonction de classer tous les timbres re-
çus par son souverain.
La collection d'Alexandre III contient, entre
autres, beaucoup de timbres, rares, de l'île
Saint-Maurice.
Souvent, des collectionneurs et amateurs
qui avaient entendu parler du goût philaté-
liste du tsar envoyaient des timbres à Sa Ma-
jesté.
Un jour, un collégien de Wisconsin (Etats-
Unis de l'Amérique) lui envoya une série de
timbres de l'anniversaire de Christophe Co-
lomb.
Alexandre III répondit à son jeune corres-
pondant américain en lui envoyant une série
complète des timbres russes de toutes les épo-
ques.
LES CHEMINS DE FER
ET LES ANCIENS MILITAIRES
Un certain nombre de députés» parmi lesauels
MM. les généraux Riu et lung, ont présenté-hier
matin à M. Louis Barthou, ministre des travaux
publics, la délégation du comité d'action pour l'uni-
fication des retraites des sous-officiers et soldats.
Cette délégation, qui avait à sa tête M. Vemhier,
président du comité des officiers, et M Reverchon,
président du comité des sous-officiers, venait « au
nom des 1,250 comités do province » solliciter, pour
les militaires retraités non employés, la faveur de
pouvoir voyager sur les voies ferrées au quart du
tarif légal.
Elle a parlé, tout en réservant la question, de
l'abaissement du coût du transport des sous-offi-
ciers et soldats en activité de service.
MM. Chaudey, Braud, etc., ont fortement appuyé
la demande de la délégation en faveur des vieux
serviteurs- de la patrie.
Le ministre n'a pas dissimulé qu'il lui parais-
sait diflicile de faire droit aux réclamations dont il
était saisi, en raison surtout de la répercussion
qu'aurait la mesure sollicitée sur la garantie d'in-
térêt. Il a promis néanmoins d'examiner la ques-
tion.
L'AFFAIRE
DE
L'EVASION DU PRISONNIER DESANGLE
A propos de l'instruction ouverte par M. Es-
pinas sur les circonstances dans lesquelles
s'est opérée l'évasion du prisonnier Desangle,
instruction qui va aboutir au renvoi en
police correctionnelle, conformément à l'arti-
cle 238 du Code pénal, de l'inspecteur de la
sûreté Nicolle, nous croyons pouvoir résu-
mer ainsi les explications fournies par les
différentes personnalités mises en cause dans
l'affaire :
M. Nicolle. — C'est M. Fédée lui-même qui
m'avait ordonné de rendre moins étroite la
surveillance que j'exerçais sur M. Desangle.
J'avais donc la conviction d'être agréable à
mon chef en me montrant exempt d'une trop
grande rigueur envers le prisonnier qui m'é-
tait confié.
M. Fédée. — Il serait injuste de faire re-
tomber sur moi toute la responsabilité de
l'évasion. En la circonstance, je n'ai fait que
me cortfqrmer aux ordres de M. Puiba-
raud.
M. Puibaraud. — Je ne suis, à la préfec-
ture, qu'un simple délégué du ministre de
l'intérieur; C'est à M. éplne lui-même, le
préfet de police, qu'il faut demander des ex-
plications.
M. Lepine. — Je ms retranche derrière mon
supérieur hiérarchique, M. Dupuy, ministre
de l'intérieur.
Inutile d'ajouter que M. Dupuy, lui, se re-
tranche derrière son droit de ne pas ré-
pondre.
Oh l le système des responsabilités éparpil-
lées !
LE ROI DE SIAM
(Source anglaise)
Bangkok, 9 novembre.
Le roi de Siam assistait hier à une cérémonie
publiquo. Sous peu son rétablisssment sera com-
plet. t d 1 t.
La aamination du nouveau ministre de la justice
a rencontré l'approbation générale. D'iraportantu
riforme8 législatives sont pTomiMt.
CHRONIQUE
POUR LES FORAINS
Tous les ans, au moment où les ban-
quistes installent leurs baraques sur les
boulevards Rochechouart et de la Chapelle,
on entend parler de la ligue antiforaine.
Pourquoi à ce moment précis plutôt qu'à
tout autre, puisque les forains opèrent en
réalité l'année entière et se contentent tou-
tes les six semaines de charrier leurs rou-
lottes des Invalides à la place du Trône,
de Neuilly au boulevard Richard-Lenoir ?
Mon dieu ! pour une raison bien simple et
bien humaine. C'est que les meneurs de la
ligue, les fortes têtes du parti qui réclame
une Saint-Barthélemy de saltimbanques,
ont leurs appartements — ou leurs hôtels —
entre la place Blanche et la place Pigalle.
Bien que j'aie eu, moi aussi, quatre ou
cinq ans pour vis-à-vis Cocherie lui-même
en costume Louis XV, avec sa perruque
poudrée et sa figure pouponne et, lté de
lui, un manège de chevaux de bois qui me
jouait jusqu'à vingt-huit fois par heure
les Pioupious d'Auvergne, je n'ai pas
gardé rancune aux banquistes et je con-
fesse mon faible pour les boniments des
lutteurs et les pitreries des queues-rouges.
Les boulevards extérieurs ne sont déjà
pas si gais. Si vous voulez éteindre cette
traînée lumineuse des baraques foraines
qui les anime de temps en temps, suppri-
mer le bruit des cuivres et la cohue des
foules gouailleuses ou naïves, ils devien-
dront plus noirs et plus tristes que des
allées de cimetières..
Je sais bien qu'on met en avant l'hygiène,
et les morticoles ne plaisantent pas sur ce
chapitre. L'hygiène, voilà leur épée de
chevet. Et ils la brandissent sur la tête des
malheureux banquistes en disant, comme
les gens de 93 : « L'hygiène ou la mort ! »
Je me rappelle qu'il y a une dizaine
d'années on jugeait, au conseil supérieur
de l'instruction publique, Un pauvre dia-
ble d'étudiant qui avait exercé illégalement
la médecine. On allait le condamner sans
appel et sans merci, quand Edouard La-
boulaye s'avisa de demander si la mortalité
avait augmenté dans la commune où il
avait osé soigner les malades sans di-
plôme.
A mon tour, je demande au préalable
à la ligue antiforaine s'il est prouvé par
les statistiques municipales que la morta-
lité augmente dans les quartiers où sont
établis les saltimbanques.
J'ajoute au surplus que dans ce cas il
nous resterait encore la ressource de crier
aux ligueurs avec le charlatan dentiste :
« N'arrachez pas, guérissez ! » Vous vou-
lez renvoyer les forains et leurs roulottes
aux fortifications. Mais s'ils sont un dan-
ger ici, ils seront un danger la-bas. Vous
élargissez un peu le cercle pestilentiel,
voilà tout; mieux vaudrait supprimer les
foyers de pestilence. Pourquoi ne pas im-
poser aux roulottiers tous les règlements
applicables aux habitations insalubres?
Pourquoi ne pas exiger qu'ils aient, comme
tous les propriétaires, leurs « poubelles »
qu'on enlèverait tous les matins? Toutes
les roulottes ne sont pas d'ailleurs aussi
mal tenues que vous le croyez, et je con-
nais dans les appartements parisiens pas
mal de domestiques qui pourraient aller y
prendre des leçons de bonne tenue, de pro-
preté. Et puis, on assainit tous les jours
des bouges autrement infects. On parvient
bien en ce moment à assainir Marseille
qui, avec son vieux port nauséeux enca-
dré de ruelles crasseuses et puantes, ne
justifiait que trop son titre de merdopole
de la Méditerranée, et l'on ne pourrait pas
obliger quelques forains à se soumettre
aux lois de 1 hygiène ?
Car, enfin, les déporter, comme le veut
M. Gérôme, jusqu'à. Tenceinte fortifiée,
c'est les condamner à mort, peine exces-
sive assurément pour quelques coups de
cymbales de trop. On a traité moins dure-
ment les banquistes du Panama. Vous sa-
vez bien que leur clientèle ordinaire d'ou-
vriers et de petits bourgeois n'ira pas les
chercher sur les talus du mur d'enceinte.
Vous voulez donc les réduire à ce public
des « fortifs » et de pierreuses qui détient !
en maître ces quartiers solitaires ? Mais
les malheureux forains tomberont alors
sous les coups d'une autre ligue non moins
redoutable, la ligue contre la licence des
grues que préside le Bérenger des écoles.
Heureusement, les forains — et c'est ce
qui les sauvera — ont pour eux une asso-
ciation dont les moyens d'action sont aussi
étendus que variés ; nous voulons parler
de là puissante corporation des marchands
de vin. Je sais bien que le marchand de
vin est suspect à une notable portion de
la bourgeoisie parisienne. Il est la bête
noire des classes moyennes, le texte iné-
puisable des plaisanteries faciles, la tête-
de-turc de tous les snobs qui trouvent en
rentrant le soir bon souper, bon gîte et le
reste, et dont la cave bien garnie défie le
le litre à seize du mastroquet du coin.
Mais si le marchand de vin est devenu
un personnage, n'en faut-il pas chercher
la cause dans les conditions sociales toutes
particulières qui sont faites au journalier
parisien ? Il est la victime de la cherté des
loyers et de la rigueur de l'octroi. Il n'a
pas de cave, il ne connaît que par ouï-dire
ce3 appartements bourgeois bien confor..
tables où l'on trouve le gaz et l'eau à tous
les étages Franchement, que voulez-vous
qu'il devienne quand il rentre fourbu le
soir dans son galetas noir, humide et
maussade? Il voit de sa fanêtre un jet de
lumière électrique, il entend le bruit du
tambour et de la grosse caisse, il court à
la lumière comme un papillon qui s'abat
sur une lampe. Il trouve pour quelques
sous chez le marchand de vin tout ce qui
lui manque chez lui, une banquette capi-
tonnée, des glaces qui miroitent, un air
chaud, de la lumière, et un petit verre de
consolation par-dessas le marehé. Allons-
nous lui disputer cette heure de réconfort
pendant laquelle il oublie, le plus souvent
avec sa femme et les gosses, les coups de
collier et les misères du jour? C'est à nous
alors de le placer dans des conditions
meilleures.
Il parait enfin, c'est la ligue antiforaine
qui parle, « que les intérêts des proprié-
taires ne sont pas moins atteints, car
leurs loyers ont subi une baisse considé-
rable du fait même de ces fêtes ». Vrai-
ment 1 les loyers à Paris ont baissé quel-
que part? Et où donc ça, que j'y coure?
Mais alors, si le saltimbanque tient en
échec le propriétaire, le M. Vautour des
anciens vaudevilles, il y a deux millions
de locataires qui sont tout prêts à deman-
der le maintien des baraques de foire. Le
voilà bien, le spécifique demandé ! On a
découvert jusqu'ici les virus et les vaccins
les plus merveilleux contre tous les maux
de l'humanité ; il nous restait à en trouver
un contre les exigences du terme. La
ligue antiforaine met du premier coup le
doigt dessus. Le propriétaire a dans le
saltimbanque son ver rongeur, son mi-
crobe, son phylloxéra. Eh bien ! alors,
Parisiens, mes amis, gardons le saltim-
banque. Le saltimbanque ne nous écorche
que les oreilles, le propriétaire nous écor-
che tout vifs.
André Balz.
LES TRIPOTS ET LA POLICE
On lisait hier soir dans plusieurs journaux:
Certains fonctionnaires du ministère de l'inté-
rieur et de la préfecture de police sont continuelle.
ment l'objet de propositions et d'offres d'argent
de la part de fondateurs ou de gérants de cercles.
La plupart du temps, ces offres sont repoussées,
mais parfois'aussi le fonctionnaire faiblit., et
l'offre est acceptée.
Il s'agit aujourd'hui d'un incident dé ce genres
Cependant aucun employé ou chef ne manque parmi
le personnel du ministère de l'intérieur ayant de
pres ou de loin affaire aux cercles; il faudrait donc
plutôt chercher du côté de la préfecture.
Cette note ne donne-t-elle pas raison à ce
que le Vieux Ponte disait hier ? Un gouverne-
ment qui faisait, dans la séance du 6 no-
vembre, aux applaudissements de la Cham-
bre, cette déclaration : Nous trouvons
que la vertu ne va jamais trop loin,
mais nous n'avons besoin d'aucune
Interpellation pour la suivre, de-
vrait, s'il avait le moindre souci de mettre ses
actes d'accord aveé ses paroles, empêcher
que ses fonctionnaires et ses magistrats
soient constamment l'objet de pareilles sus-
picions.
Nous ignorons si les faits rapportés par les
journaux que nous venons de citer sont
exacts ; mais ce que nous savons bien, c'est
que ces suspicions subsisteront aussi long-
temps que le gouvernement tolérera, malgré
la loi, l'existence de ces maisons de jeu telles
que les cercles dits ouverts dont le Cercle de
rEscrime et des Arts de M. Isidore Bloch est
le type et où le vol, organisé systématique-
ment, fonctionne sans interruption sous l'œil
complaisant de l'administration.
Sans le vol, d'ailleurs, tous ces cercles ne
pourraient pas vivre ; à plus forte ra;son ne
pouraient-ils pas enrichir les anciens laveurs
de vaisselle qui les dirigent et leurs action-
naires.
Tout le monde sait cela, et c'est la raison
pour laquelle, tant que ces tripots subsiste-
ront, ceux qui les laissent subsister ne cesse-
ront pas d'être suspects.
La guerre entre la Chine et le Japon
Shanghaï, 9 novembre.
La panique s'est répandue dans toute la
Mandchourie.
Des centaines de fugitifs arrivent journelle-
ment à Niou-Shouang, semant la terreur et la
confusion sur leur passage. Les vivres vont
bientôt manquer et on craint des émeutes.
Les autorités provinciales, agissant d'après'
des instructions de Pékin et de Tien-Tsin, ont
ordonné de lever une contribution de guerre
de trois dollars par tête à Hankow. Il est
presque certain que la population s'opposera
à la perception de cet impôt,
Londres, 9 novembre.
La légation du Japoa communique le télé-
gramme joinciel suivant :
Le gouvernement japonais a reçu un rapport of-
ficiel annonçant qu'un gouvernement local a été
établi à Antong pour administrer ce territoire chi-
nois occupé par la première armée japonaise que
commande le général Yamagata.
La perception des impôts dans ce territoire a été
ajournée pour, un an.
Les Chinois accueillant les Japonais à bras ou-
verts. La direction de l'administration de ce terri-
toire a été confiae au dernier chargé d'affaires ja-
ponais en Chine.
(Source anglaise)
Shanghaï, 9 novembre.
Les dernières nouvelles reçues ici de la
Mandchourie annoncent que l'armée chinoise
s'est retirée dans la montagne, où elle souf-
fre de la faim et du froid.
L'armée japonaise est campées à Feng-
Ouhang-Cheng, à mi-chemin entre Wijou et
Moukden. Elle ne poursuit pas les Chinois.
15,000 Chinois, des recrues pour la la plu.
part, défendent Port-Arthur, mais on ne croit
pas ici que la place puisse résister long-
temps.
Du reste, on dit que l'amiral anglais Free.
mantle aurait exprimé l'avis qu'à Port-Ar
thur sera livré le dernier combat de quelque
importance de la guerre sino-japonaise.
LA RÉFORME DE L'IMPOT
La commission nommée à la Chambre pour
s'occuper d'une refonte complète de notre sys-
tème d'impôts a pris hier deux décisions im
portantes.
Elle a d'abord adopté le principe de la ré-
forme générale des impôts directs. Puis, su*
la proposition de M. Legludic, elle a voté par.
13 voix contre 10 que le système de la pro-
gressivité devrait servir de base à la réforme.
dans le sens des propositions déjà formuléet
par M. Cavaignac.
A la suite de ce débat, la commission s'es/
partagée en trois sous-commissions corres*
pondant aux catégories suivantes : 1" impôts
directs ; 2° impôts indirects, monopoles et
enregistrement ; 3- impôts locaux et octrois.
COUP DE GRISOU
Charleroi, 9 novembre.
Un coup da grisou a eu lieu au charbonnage dw
Bonne-Espérance, à MJntigny,
Il y a douze blessés.
PROCESSION DU LORD-MAIRE
Londres, 9 novembre.
La procession annuelle du nouveau tord-mairt
de Londres a eu lieu aujourd'hui dans la Cité.
Auean incident important à signaler, si ce n'est
quelques bousculades et quelques hussards dé-
montés par leurs chevaux effrayés,
La foule était très grande et surtout composée de
populace de Whitechapet.
La Cité, tous les ans assez bien pavoiséo. M M*
tait pour ainsi dire pas celte aaa. -
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.85%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.85%.
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7562564j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7562564j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7562564j/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7562564j/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7562564j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7562564j
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7562564j/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest