Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-09-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 22 septembre 1894 22 septembre 1894
Description : 1894/09/22 (A24,N8286). 1894/09/22 (A24,N8286).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — N* 8,286 LE NUMÉRO CmQ CENTIMES - SAMEDI 22 SEPTEMBRE 1894
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LE POINT NOIR
Le Français aime toujours à jouer au
soldat. Que les tambours battent, que
les clairons sonnent, qu'il entende re-
tentir les accents de la musique mili-
taire, le sang lui monte à la tête, son
pouls bat plus vite, ilvcourt à un spec-
tacle qu'il ne se lasse pas d'admirer.
Que les gens de sens rassis trouvent
à cet emballement trop facile des incon-
vénients, voire des périls, sans doute
ils ont raison. Mais tout porte à croire
qu'ils raisonneront longtemps encore
sans réussir à refroidir un enthousiasme
qui, comme disent les bonnes gens, est
dans notre sang. -
Ainsi s'explique la vive curiosité avec
laquelle le pays entier suit le récit des
grandes manœuvres et aussi le ton
même dont certains narrateurs, non
moins emballés que leurs lecteurs, se
sont laissés aller à décrire cette fiction
de la guerre.
Sous leur plume colorée, les mouve-
ments les mieux préparés et qui appor-
taient aux combattants des deux partis
le moins de surprise prenaient un aspect
imprévu tout à fait piquant. L'ennemi
subissait une défaite écrasante et la
valeur et l'habilité de nos généraux ne
lui laissaient que la ressource d'une
prompte retraite.
Il faut en rabattre et se souvenir que,
dans la grande maj orité des cas, la di-
rection supérieure avait d'avance, jus-
que dans les détails, réglé les rôles et
comment le vainqueur triompherait du
vaincu.
Est-ce à dire que les grandes manœu-
vres ne soient qu'une comédie inutile et
coûteuse, destinée seulement à jeter —
c'est le cas de le dire — de la poudre
aux yeux ? Tant s'en faut.
Personne au contraire ne discute
plus aujourd'hui leur incontestable uti-
lité. Elles habituent les chefs à envisa-
ger les circonstances et les responsabi-
lités que leur apporterait la guerre.
Elles forment les soldats aux fatigues et
quelque peu à la vie de campagne.
Mais leur utilité la plus certaine et
la plus sérieuse devrait être d'obliger
l'intendance à faire son difficile appren-
tissage de nourrir et d'approvisionner
des armées.
On n'a pas oublié cet interview qui
fit couler tant d'encre et suscita à la
Chambre même un si joli tumulte.
Un général d'armée aurait déclare à
l'un de nos confrères que, lorsqu'il son-
geait à l'éventualité d'une guerre, ce
qui l'inquiétait, c'était moins encore de
savoir comment il ferait manœuvrer
l'armée de 250,000 hommes qu'il était
appelé à commander que de savoir com-
ment il la nourrirait.
Ce langage a-t-il été tenu ? A coup
sûr, il eût pu l'être, car il n'y a pas, en
effet, de problème plus inquiétant que
celui-là.
Eh bien ! les grandes manœuvres
sont une excellente occasion d'en expé-
rimenter les solutions. Sans doute,' les
conditions sont plus favorables que
celles qui se présenteraient en temps
de guerre. Les mouvements de troupes
sont ici prévus d'avance, les cantonne-
ments arrêtés. L'échiquier est connu et
les places des pions fixées.
L'intérêt est grand pourtant de voir,
même dans ces conditions, comment
fonctionne le service des subsistances,
du couchage, de l'approvisionnement.
L'expérience a été faite : il ne semble
pas qu'elle ait réussi comme on était en
droit de l'espérer. De divers côtés on si-
gnale des erreurs fâcheuses qui auraient,
dans la réalité, de périlleuses consé-
quences.
C'est, dans la Marne, une division de
cavalerie qui arrive à Pimproviste s'ins-
taller dans deux villages, sans que
les habitants aient été avisés ni les mu-
nicipalités prévenues, et qui s'y éta-
blit comme elle peut, au grand dom-
mage de l'habitant et du soldat.
C'est, aux manœuvres du 6e corps,
l'intendance qui, en dépit de l'avertis-
sement qui lui est donné par un maire,
confond deux communes de même nom
mais de départements différents, fait
tout préparer dans la commune où les
troupes ne vont pas et rien dans celle
où elles arrivent.
C'est, mercredi enfin, à Châteaudun,
deux régiments de dragons et un régi-
ment d'infanterie qui, après avoir trotté
toute la journée, arivent à neuf heures
du soir, dans une ville déjà prise d'as-
saut où rien n'est préparé pour les rece-
voir.
Voilà le point noir. Prenons garde !
A. Millerand.
POU COMME UNE PORTE DE PRISON
Un curieux incident s'est passé ces jours
derniers à Oran, à propos de l'exécution de
deux indigènes.
MM. Regina et Serma, avocats, s'étant pré-
sentes, comme il est d'usage, pour assister
leurs clients au moment de l'expiation su-
prême, le directeur de la prison, qui, par une
singulière ironie, répond au nom peu sympa-
thique de Saint-Arnaud, refusa net, non seu-
lement de laisser pénétrer ces messieurs au-
près des condamnés, mais même de les
recevoir. Informé de l'incident, le bâtonnier
intervint. Peine inutile. M. Saint-Arnaud
éconduisit avocats et bâtonnier, qu'il grati-
fiait même d'épithètes peu. correctes. La
même mesure était prise à l'égard de la presse,
en vertu, disait-il, d'une circulaire de M.
Jules Simon datée de 1877.
Une dépêche de protestation fut immédia-
tement adressée au ministre de l'intérieur qui
réporitlit aussitôt au préfet par le télégramme
suivant :
« Ministre intérieur à préfet Oran
» Bâtonnier avocats Oran demande autori-
sation pour avocats ayant défendu condam-
nés devant cour d'assises et devant être exé-
cutés demain d'entrer à la prison dans inté-
rêt possible des condamnés. Si vous n'y voyez
pas d'inconvénients, cette autorisation me
semble devoir être accordée. »
A l'heure de l'exécution, M. Japert, chef de
la Sûreté, qui avait été chargé de communi-
quer cette dépêche au directeur, se présentait
à la prison en compagnie de MM. Regina et
Serma et des fonctionnaires habituels.
M. Saint-Arnaud attendait ces messieurs
entouré de ses gardiens. Lorsque le chef de la
Sûreté lui annonça qu'il venait lui communi-
quer une dépêche du ministre, le directeur de
la prison entra dans une colère formidable et
refusa net d'en prendre connaissance.
— Mais, monsieur le directeur, lui dit M.
Japert, c'est une dépêche de M. le ministre.
— Ça m'est égal, répondtt-Saint-Arnaud, je
ne reçois pas communication d'un télégramme.
Le ministre de l'intérieur connaît mon
adresse, il doit me télégraphier directement.
Je vous prie de sortir.
Et comme le commissaire de police prenait
à témoin le procureur de la République du
refus du directeur, celui-ci l'apostropha par
ces mots :
— Faites ce que vous voudrez, je suis ici
chez moi et je vous prie de sortir (sic).
Sur cette injonction, ces messieurs se reti-
rèrent.
Ajoutons que M. Saint-Arnaud a été nommé
récemment directeur de prison par M. Du-
puy, sur la recommandation d'un de ses
amis.
-q-
LES PROCÈS ARDISSON
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vichy, le 20 septembre.
Pris à partie à propos de la distribution dans
les rues de sa brochure le « Guide du joueur »,
M. Ardisson avait assigné, aujourd'hui, en
correctionnelle, pour diffamation, devant le
tribunal de Cusset, MM. Bougarel, Bureau et
Justin Parasse.
MM. Bougarel, directeur de l'Avenir de Vi-
chy, et Bureau, directeur de l'Echo de Vichy,
ont sollicité et obtenu la remise au 25 oc-
tobre.
M. Justin Parasse a été condamné par dé-
faut à 16 francs d'amende , 1,000 francs de
dommages-intérêts envers Ardisson, à l'in-
sertion du jugement dans deux journaux et
aux dépens.
UN MAIRE PLEIN D'ESPRIT
M. Trussy, maire de Maisons-Laffitte, que
tout le monde a blâmé comme il le méritait
d'avoir sanctionné par sa présence les scènes
de boucherie qui ont eu lieu chez M. Lebaudy,
nous adresse, pour que nous l'insérions sans
doute, ce mot écrit sur une carte de visite.
Nous en respectons l'orthographe :
Ereinter les gens, protéger les animaux, ce qui
est bien naturelle au suave XIXe, voilà la vraie
philantropie (sic).
Il n'était guère nécessaire de faire deux fautes
d'orthographe pour nous apprendre qu'il vaut
mieux s'en prendre aux gens, qui peuvent se
défendre, qu'à de pauvres animaux qui ne le
peuvent pas.
La loi Grammont, que M. Trussy fait res-
pecter comme il respecte celles de la gram-
maire, a été créée uniquement contre les par-
tisans de la thèse contraire.
CANDIDATURE DE PROTESTATION
Un groupe important d'électeurs du quartier
Saint-Fargeau a résolu d'offrir la candidature pour
le siège de conseiller municipal laissé vacant par
M. Relies à notre confrère Philippe Dubois, ré-
dacteur à Y Intransigeant, détenu à la prison de
Sainte-Pélagie pour délit de presse.
Cette candidature de protestation parait devoir
être très bien accueillie dans le quartier.
LE CRIME DE TROYES
L'enquête
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Troyes, 20 septembre.
Les obsèques de la victime ont eu lieu hier
au milieu d'un concours énorme de monde,
mais aucun incident ne s'est produit.
Quant à l'instruction, elle ne marche pas
très rapidement. Les médecins troyensqui ont
approché de la victime en sont encore à se
disputer sur le poison qui l'a tuée. L'un dit
que c'est de la cocaïne, l'autre de l'atropine.
Puisque, en fin de compte, c'est le chimiste de
Paris qui doit trancher la question, il est au
moins inutile de faire des pronostics sur la
solution.
Les charges contre Roy en ce qui concerne
l'avortement pratiqué par lui sur Mme Adamski
prennent de la consistance. Il est établi main-
tenant qu'à l'époque où la victime était la
maîtresse de l'inculpé, elle séjourna à l'hôpi-
tal de la ville, où on lui donna des soins d'une
nature spéciale.
A Troyes l'émotion est toujours très grande ;
beaucoup de personnes prétendent que Roy
est l'auteur de l'assassinat commis en 1893 à
Bar-sur-Aube.
Cette année-là, un nommé Cala, de Bar-
sur-Aube fut poursuivi devant la cour d'as-
sises de l'Aube sous l'inculpation d'avoir em-
poisonné un sieur Maître en lui faisant man-
ger un bonbon en chocolat, dans lequel il
avait introduit de la strychnine.
Roy, l'inculpé actuel, fut, dans cette affaire,
cité par la défense comme témoin à décharge,
et il déclara au jury que, pour lui, il était
impossible d'empoisonner quelqu'un avec de
la strychnine, parce que cette substance était
tellement amère qu'une personne ne pourrait
goûter un bonbon additionné de strychnine
sans le rejeter aussitôt instinctivement. Et
par un retour bizarre des choses de ce monde,
c'est aujourd'hui Roy qui est poursuivi pour
avoir empoisonné avec de la strychnine son
ancienne maîtresse.
Détail curieux : Roy était préposé par la
ville aux exhumations.
Il a été remplacé aujourd'hui.
L'affaira FLE « »
RAYÉE DU ROLE
L'avocat réserviste. — Me Millerand plaide.
— Changement subit. — A une autre
session. — Pourquoi ?
C'est aujourd'hui vendredi, comme on le
sait que doit venir devant la cour d'assise de
la Seine, présidée par M. Berr, l'affaire du
gérant de Y Intransigeant, M. Farjat, inculpé,
à l'occasion d'articles d'Henri Rochefort, d'ou-
trages envers la cour d'appel de Paris.
Des incidents d'audience sont à prévoir.
Voici à quel propos :
Au reçu de son assignation en cour d'assi-
ses, Y Intransigeant pria, par lettre, Me Emile
de Saint-Auban de vouloir bien se charger
de sa défense. L'honorable avocat, alors aux
grandes manœuvres, répondit qu'il ne pour-
rait accepter la mission qui lui était offerte
qu'autant que l'affaire de Y Intransigeant,
inscrite au rôle de la cour d'assises à la date
du 21 septembre, serait renvoyée à une épo-
que ultérieure. L'administrateur de Y Intran-
sigeant informa aussitôt par lettre M. le pré-
sident Berr de la situation où se trouvait le
gérant Farjat, privé de défenseur par suite de
l'absence d'avocats au Palais pendant les va-
cances judiciaires. Dans ces conditions, il se
voyait contraint de solliciter une remise de
l'affaire.
Aucune réponse ne fut faite par M. Berr à
Y Intransigeant qui, interprétant ce silence
dans le sens que la remise demandée lui se-
rait refusée au jour de l'audience, écrivit
alors à Me Millerand, député de la Seine,
pour le prier de défendre le gérant Farjat le
21 septembre. Me Millerand répondit qu'il se
chargeait de cette défense et qu'il se trouve-
rait à Paris à la date indiquée. Aussitôt l'ad-
ministrateur de l'Intransigeant avertit M.
Berr que Me Millerand se présenterait le
21 septembre à la cour d'assises de la Seine
pour assister M. Farjat.
1 REMISE ACCORDÉE
Sur ces entrefaites, l'Intransigeant recevait
de Me Emile de Saint-Auban avis que M. le
président Berr lui avait écrit directement qu'il
accorderait le 21 septembre la remise deman-
dée.
Simplifiée, la situation était donc la sui-
vante : dans la conviction où il se trouvait
que la remise qu'il avait sollicitée ne lui se-
rait pas accordée,' l'Intransigeant s'était,
avec l'agrément de Me de Saint-Auban,
pourvu, en la personne de Me Millerand, d'un
nouvel avocat.
Pas de doute alors que l'affaire ne fût plai-
dée le 21 septembre, puisqu'à cette date le
prévenu serait en mesure de se présenter à
l'audience assisté d'un défenseur. La chose
était si évidente, que l'affaire fut inscrite au
rôle et qu'hier matin, 20 septembre, M. Farjat
recevait notification de la liste des jurés de la
session.
Mais, subitement, dans l'après-midi d'hier,
la question a changé de face. L'affaire fut
tout à coup rayée du rôle. Avis fut en outre
donné à des tiers par M. Berr lui-même, es-
comptant la décision de la cour, que l'affaire
ne viendrait certainement pas.
CHOSES OUBLIÉES
Que s'était-il donc passé ?
Presque rien. Henri Rochefort, dans son
article d'hier matin, avait pris rudement à
partie M. l'avocat général Van Cassel, très
maladroitement désigné par le parquet pour
soutenir l'accusation, et lui avait reproché
une petite mésaventure qui fait que l'avocat
général Van Cassel a aujourd'hui un casier
judiciaire — tout comme un simple journa-
liste.
L'article de Henri Rochefort finissait par
ces mots : « Il se jugera demain deux procès
» à la cour d'assises : le nôtre et celui de M.
» Van Cassel. »
Craignant un résultat funeste, le parquet de
la cour, d'après les on-dit de couloirs, aurait
résolu de faire, à tout prix, renvoyer l'affaire
à une autre session où ne siégera pas, comme
ministère public, M. Van Cassel.
N'empêche, la cour se trouvera aujourd'hui
fort embarrassée, si le gérant de lintransi-
geant, son assignation à la main, réclame
énergiquement, par des conclusions au be-
soin, son droit qui est d'être jugé le 21 sep-
tembre, M. Van Cassel faisant fonctions de
ministère public. Force restera naturellement
à la cour. Mais il y a des arrêts que le public
se permet de juger à son tour.
LE CAS DE M. VAN CASSEL
Notre information ne serait pas complète,
si nous ne faisions connaître à nos lecteurs le
« cas » de M. Van Cassel.
En 1875, M. Van Cassel était substitut à
Saint-Omer. C'est en cette qualité qu'il com-
parut devant la première chambre de la cour
d'appel, c'est-à-dire devant la police correc-
tionnelle, en compagnie du sous-préfet de
Saint-Omer. Voici pourquoi : -
Il y avait en traitement à l'hôpital de Saint-
Omer un fou. du nom de Leprêtre. Dans un
accès de fièvre chaude, ce fou s'évada, passa
sur un toit à pente très raide où nul des gar-
diens lancés à sa poursuite n'osa le joindre,
et de là s'occupa à démolir les tuiles du toit
et à les faire pleuvoir sur la place.
On essaya de déloger le fou. Le sous-préfet
demanda le concours des troupes, le maire
requit les pompiers. Le substitut Van Cassel
qui était là eut un autre moyen : il sortit son
revolver et tira sur Leprêtre et, au deuxième
coup, l'abattit.
L'aliéné, atteint à la jambe, dégringola ;
grièvement blessé, il fut capturé et ramené à
l'hospice.
M. Van Cassel fut poursuivi pour « abus
d'autorité » et condamné à une amende. La
veille du procès, il avait donné sa démission ;
six mois après, il était réintégré. Il fut avocat
général à Amiens, puis procureur de la Répu-
blique à Reims.
LE CHOMAGE PROFESSIONNEL
Situation au 15 août
Voici, d'après les renseignements fournis à
l'Office du travail par les syndicats ouvriers,
quelle serait la situation ouvrière au point de
vue du chômage :
Dans les 645 syndicats, groupant 129,235
adhérents, qui ont adressé des rapports sur
la situation au 15 août, 14.4 0/0 étaient sans
travail à cette date ; l'augmentation du nom-
bre des chômeurs par rapport au mois précé-
dent tient en partie à l'existence de quelques
grèves assez importantes.
7 0/0 des syndicats avec 6 0/0 des adhé-
rents considèrent la situation comme mëil-
leure que l'an dernier à la même époque ;
40 0/0 des syndicats avec 25 0/0 des adhérents
la tiennent pour équivalente, et 53 0/0 des
syndicats avec 69 0/0 des adhérents la consi-
dèrent comme plus mauvaise. La reprise ne
s'opère que lentement dans les localités où
une amélioration est signalée.
Voici les principales Darticularités à signa-
ler pour le aépartement de la Seine :
Les cuisiniers comptent 35 0/0 de chômeurs, les
pâtissiers 13 0/0, les bouchers 16 0/0 ; c'est l'épo-
que du chômage annuel par suite du départ des
Parisiens en villégiature mais la boucherie se
trouvé particulièrement influencée pa'r'tà tfterté de
la viande ; les pâtissiers et les bouchers se plai-
gnent de l'augmentation des apprentis qui occu-
pent une partie des emplois qui leur étaient réser-
vés.
Les ouvriers du livre estiment à 19 0/0 le nom-
bre de leurs chômeurs ; les vacances des grandes
administrations, des Chambres, du conseil muni-
cipal, etc., laissent patrons et ouvriers sans tra-
vail. Une partie des commandes s'exécutent en pro-
vince, au grand préjudice de l'ouvrier parisien qui
a de plus à supporter la concurrence des apprentis
et des femmes dont l'emploi devient de plus en plus
fréquent.
Les blanchisseurs ont dû suivre leurs clients
dans les villes d'eaux pour n'avoir pas à subir un
chômage prolongé ; on se plaint de la concurrence
faite par les ouvroirs ; l'emploi de machines per-
fectionnées supprime beaucoup de bras.
Les charpentiers signalent la crise que tra-
verse leur industrie ; le remplacement du fer par le
bois et le perfectionnement des machines en sont
les causes principales.
Les rampistes ne travaillent que cinquante heu-
res par semaine, comme en morte-saison ; 16 0[0
des leurs sont sans ouvrage.
Les tonneliers se plaignent que les camionneurs
des chemins de fer soient autorisés à descendre le
vin en cave.
Il y a 10 0[0 de chômeurs dans la tabletterie,
ceux qui travaillent font 48 heures par semaine.
La crise est plus accentuée chez les sculpteurs ; elle
dure toujours.
Les ouvriers en instruments de chirurgie ont
8 OrO de leurs adhérents en chômage; les petits
façonniers en chambre et les fabricants étrangers
enlèvent une grande partie du travail précédem-
ment effectué dans les ateliers à Paris.
Les ouvriers en instruments de précision signa-
lent la création de 3 maisons occupant 15 ouvriers
en tout, mais la disparition d'une maison occupant
80 ouvriers.
Les ouvriers du petit bronze signalent une re-
prise du travail ; les patrons embauchent en prévi-
sion de la saison qui va commencer.
Profitant de l'absence de leurs clients, beaucoup
de cochers quittent Paris; les affaires sont très
faibles.
Les ouvriers du marché aux bestiaux ont très
peu de travail parsuite de la diminution des arri-
vages à Paris ; l'importation des bœufs américains
leur causerait de graves préjudices (51 0[0 en chô-
mage).
On compte 22 0j0 des porteurs de journaux sans
travail.
Les employés du marché du Temple ne sont
occupés que 5 jours par semaine.
Les garçons limonadiers-restaurateurs estiment
à 10 0(0 la diminution du nombre des maisons fai-
sant travailler; le nombre de leurs chômeurs atteint
16 010 de leur effectif réel.
Les infirmiers ont 10 010 des leurs sans emploi;
les infirmiers du service de jour font cent cinq
heures de travail par semaine et cent-dix-neuf pour
ceux du service de nuit.
LA TITULARISATION DES INSTITUTEURS
Le ministre de l'instruction publique vient
de décider que l'arrêté du 18 février 1894,
portant titularisation et promotion de classes
en faveur des instituteurs et institutrices laï-
ques des écoles primaires élémentaires, serait
complété ainsi qu'il suit :
Art. 8. — Sont titularisés et, par suite, pro-
mus à la 5c classe des titulaires à partir du
ier janvier 1894 les instituteurs et institu-
trices stagiaires qui, pourvus à cette date du
certificat pédagogique, étaient inscrits sur la
liste d'admissibilité dressée par le conseil
départemental et exerçaient depuis six ans
dans les-dites écoles.
LEGS A LA COMMUNE DE SAINT-MANDÉ
Par décret en date du 23 mai 1894, rendu sur le
rapport du ministre de l'intérieur, le maire de
Saint-Mandé, au nom de cette commune, est auto-
risé à accepter, aux clauses at conditions énoncées,
le legs de la nue propriété d'une somme de 60.000
francs fait à cette commune par Mme veuve Geof-
froy, née Vincent, à la charge de doter chaque an-
née deux jeunes filles pauvres et honnêtes, habi-
tant Saint-Mandé. filles pauvres et honnêtes, habi-
Le produit de cette libéralité sera, lors de l'ex-
tinction de l'usufruit et conformément à la vo-
lonté de la testatrice, placé en rentes 3 010 sur l'E-
tat, au nom de la commune de Saint-Mandé.
LA
SANTÉ DU TSAR ET DU GRAND-DUC GEORGES
Moscou, 20 septembre.
On reçoit de Spala des nouvelles légèrement dé-
favorables du tsar et du grand-duc Georges, son
second fils. Ce dernier, en chassant, fit même dans
une pièce d'eau une chute à la suite de laquelle son
état s'est aggravé.
En conséquence, la famille impériale a décidé de
partir immédiatement pour la Crimée, où elle achè-
vera de passer l'automne.
LE PAPE ET LE DUC D'ORLÉANS
Rome, 20 septembre.
Le duc d'Orléans ayant informé le pape de la
mort du comte de Paris, c'est à la princesse Amélie
que Léon XIII adressa sa réponse.
LES MÉFAITS DES OMNIBUS
Un do nos lecteurs nous signale le fait sui-
vant :
Hier mercredi, Mme Brun demeurant rue des
Dames, 9, a pris dans la rue Saint-Martin, vers
midi, l'omnibus allant de la Villette à Saint-Sul-
pice. Elle a demandé une correspondance qui mar-
quait 11 h. 25. L'omnibus étant arrivé place Saint-
Germain-des-Prés à midi et demi, quand cette
dame a voulu monter dans l'omnibus allant del'O-
déon aux Batignolles, le contrôleur du bureau de
la place Saint-Germain-des-Prés, èn face de la rue
Saint-Benoît, a refusé de prendre sa correspondance
sous le prétexte qu'elle n'était plus valable ; or,
cette dame n'avait fait que traverser la place pour
changer de voiture.
Comme je l'ai engagée à ne pas payer une
deuxième fois, le conducteur a fait arrêter la voi-
ture devant le poste de police de la rue des Saints-
Pères ; là un gardien de la paix a pris le nom et
l'adresse de Mme Brun et, malgré les réquisitions
du conducteur, a refusé de faire descendre cette
dame, ce qui était très juste.
J'étais dans la voiture allant de l'Odéon aux Ba-
tignolles.
Veuillez agréer, etc.
H. D.
C'est bien la dixième plainte de ce genre
que nous enregistrons, et ce ne sera pas mal-
heureusement la dernière. A l'époque où la
compagnie décida que les correspondances
n'étaient valables que si le voyageur passait
sans arrêt d'un omnibus dans un autre, nous
protestâmes comme il convenait contre un
abus aussi extraordinaire. Il paraît qu'il n'y
a rien à faire. La compagnie a le droit d'agir
vis-à-vis du public comme il lui plaît. Même
si ses employés se trompent, c'est toujours le
voyageur qui a tort. C'est le cas de Mme
Brun qui croit pouvoir avec ses 30 centimes
se servir de la correspondance qu'on lui re-
met : le conducteur s empresse de la descen-
dre dans un poste de police.
On dirait franchement que ce sont les voya-
geurs qui touchent les dividendes des action-
naires 1
LaVIEdePARIS
C'est du Nord que nous vient aujour-
d'hui, sinon la lumière, comme disait Vol-
taire, du moins le bon exemple. Et d'où
qu'il vienne il faut le saluer, en atten-
dant qu'on l'imite — vînt-il de Berlin. On
lit dans les journaux allemands que l'em-
pereurGuillaume s'est ému des ravages
que faisait l'usure en Allemagne, princi-
palement parmi les officiers de son armée.
Il y a, paraît-il, un usurier attaché, peut-
on dire, à chaque état-major. Ce coquin
sait où en sont les officiers, connaît le ré-
sultat des parties de jeu, qu'il favorise, et
vient offrir ses services aux décavés.
Après plusieurs scandales, plusieurs sui-
cides, l'empereur s'est ému. Il a donné des
ordres.
Il a particulièrement prescrit de pour-
suivre les usuriers qui, pour dissimuler le
taux épouvantable de leurs prêts, font à
leurs victimes des ventes d objets quel-
conques dont ceux-ci n'ont nul besoin et
qui, facturés à des prix exorbitants, sont
souvent rachetés par ceux qui les ont
vendus, à des prix dérisoires cette fois, ou
par leurs complices. C'est, à proprement
parler, le crocodile empaillé d'Harpagon,
qui est symbolique et revêt toutes les for-
mes. L'empereur Guillaume a voulu que
les gens qui font ce genre de commerce
fussent sévèrement punis. Et sur la seule
annonce de poursuites-et-tie perquisitions
possibles, deux ou trois des principaux
usuriers de Berlin qui se décoraient du
titre de banquiers ont levé le pied et ont
passé la frontière.
Certes, je n'admire pas plus qu'il ne
faut l'organisation politique du royaume
de Prusse et de l'empire allemand et serais
assez difficilement converti au pouvoir
absolu ou à peu près, tel que l'exerce, en
fait, Guillaume. Mais on ne peut s'empê-
cher de constater que le régime parlemen-
taire a le grand défaut de rendre le pou-
voir timide, même dans l'application des
lois. Ce pouvoir, qui se sent incertain de
son lendemain, est forcé par cela même
à de grands ménagements vis-à-vis de tout
le monde, en particulier devant les gens
riches. Il est condamné à des complai-
sances envers les ploutocrates. Si bien
que, dans une république où l'égalité de-
vant la loi est un droit, où la protection
des faibles est un devoir, il se passe des
choses que ne tolère pas un régime des-
potique.
L'usure est aussi une des grandes plaies
de la vie de Paris, dévorant les négociants,
les travailleurs, les particuliers. L'Etat,
pour son compte, la pratique de la façon
la plus honteuse pour les frais de justice
et de poursuites en matière commerciale et
par le prix auquel il vend du temps
aux débiteurs malheureux. Mais de ce
que l'Etat est usurier lui-même et le
plus terrible des usuriers, ce n'est pas une
raison pour qu'il ne poursuive pas les au-
tres usuriers. Est-ce que le fait de vous
vendre à des prix exorbitants des ciga-
res et des cigarettes qui ne brûlent pas,
même quand, par hasard, l'allumette que
l'Etat vend également viendrait à s'allu-
mer aux efforts du fumeur, est-ce que la
scandaleuse exploitation des tabacs l'em-
pêche de poursuivre ceux qui vendent des
cigarettes, des cigares et des allumettes
meilleurs et moins coûteux que ceux de
la régie ? Seulement, les usuriers de Pa-
ris ont fini par être une puissance, qui
s'appuie jusque sur la haute banque et
qui a des affiliés dans le commerce « ho-
norable ». Et on n'ose pas y toucher !
Il n'est pas possible cependant qu'on
ignore, là où l'on doit les connaître; les
procédés des usuriers de Paris. La vente
des marchandises à des prix effroyables
est un de ces procédés les plus ordinaires
et les plus frauduleux. Tel jeune homme
a acheté dans sa vie des carrières de pier-
res de taille et de pavés de grès ou des
caves entières de vins revendus par lui.
Dans tel quartier, des plus élégants, vous
avisez une boutique de bijoutier. Le loyer
du magasin est gros. Les marchandises ne
sont pas toujours très nombreuses et sou-
vent de goût médiocre. Mais dans la bou-
tique se trouve un homme qui ne de-
mande pas mieux que d'obliger ses
« clients ».
Il leur prêtera donc, à 8 ou 10 0/0, —
taux relativement bon marché, — une pe-
tite somme en leur imposant de prendre
pour une somme égale de marchandises.
Bien' entendu, ces marchandises, on n'en
discute pas le prix. On les prend, on les
met au Mont-de-Piété et on emprunte sur
les reconnaissances. Faites le compte. In-
térêt d'un prêt de 1,000 francs à 10 0/0,
100 francs; perte sur la valeur réelle
des marchandises, 50 0/0; intérêts au
Mont-de-Piété, 10 0/0 ; sur sa recon-
naissance, 30 0/0 environ. Si vous tou-
chez mille francs, au bout d'un an
vous en avez rendu deux mille. Et si,
ayant réglé en billets fractionnés, vous
vous faites poursuivre, vous en rendez
trois, quatre, cinq ou six mille. Il n'y a pas
de limites. Voilà le commerce que. font au
su de tout le monde et de la justice — qui
se garde bien d'intervenir — de très « ho-
norables » patentés, que le tribunal de
commerce arme contre les débiteurs.
Un autre truc est celui du « faux ». Pour
certaines gens, pour les fils de famille
par exemple, il est plus facile de faire es-
compter un billet faux qu'un billet vrai.
Je sais un jeune homme, porteur d'un des
plus grands noms de notre société, qui
fut adressé à un prêteur.
Le jeune homme riche pouvait payer
avec un peu de temps ce qu'il désirait em-
prunter. Mais pour lui donner la somme,
l'usurier exigea que l'emprunteur ajoutât
à sa signature l'endos, faux, de sa mère.
Comme cela, en cas de non-payement,
menace de la cour d'assises, chantage,
etc., etc. Le parquet, qui sait ces choses-
là, devrait-il rester inactif? Il est vrai que,
parfois, l'usurier prend peur et s'exécute
lui-même.
J'en sais un qui, involontairement ce-
lui-là., avait escompté un effet de cin-
quante mille francs à un viveur bien con-
nu. A l'échéance, le faux se découvre.
L'usurier, qui était par hasard de bonne
foi, pouvait porter plainte. Il ne le fit pas.
Il voulait rester l'honnête homme qu'il
était d'apparence pour qui ne connaissait
pas ses malpropres affaires. Il avait peur
que l'on examinât ses comptes, ses livres
et il préféra abandonner—non sans gémir,
comme la mère hébreue qui ne veut pas
être consolée de la mort de ses fils — ses
cinquante billets de mille. Mais il leàg
rattrapera, n'en doutez pas.
Henry Fouquier.
ACCIDENT DE CHASSE
Lunéville, 20 septembre.
Un chasseur de Lunéville, poursuivant un san-
glier dans la forêt de Parroy, a tué raide, sous bois,
un piqueur nommé Bergé.
LE CAPITAINE ROMANI
Rome, 20 septembre.
Le capitaine français Romani, qui a été arrêté à
Passomuratone le 6 septembre, suspecté d'être
porteur de plans des environs, a été transféré au-
jourd'hui à la prison judiciaire. Il a ensuite subi
un interrogatoire.
Lettres d'un Viaux Fonte
DE QUI SE MOQUE-T-ON ?
Paris, le 20 septembre.
Monsieur le rédacteur,
C'est une vérité devenue banale à force
d'être redite, que l'égalité devant la loi rê-
vée et proclamée par nos pères est devenue
de nos jours la plus amere des plaisante-
ries. Voici plus de cent ans qu'on parle de
justice, d'égalité, de liberté. Les chefs
d'Etat, les ministres, n'ont pas d'autres
mots à la bouche. Est-ce bien cependant
vers la justice que nous nous acheminons
maintenant ?
Comment ne pas se poser une pareille
question quand on a le loisir d'examiner
certains dessous de notre organisation
politique et sociale ?
La question du jeu, qui depuis l'origine
du monde a fourni aux philosophes un
inépuisable sujet d'observations curieuses,
a ceci d'intéressant qu'elle permet de sai-
sir sur le vif le pharisaïsme menteur des
gouvernants qui parlent sans cesse du
respect de la loi, de l'égalité devant la
loi, etc., etc.
Il vient, par.exemple, de se passer à
Vichy un tout petit fait, mais ce petit fait,
au point de vue social, est énorme.
Trois vendeurs de journaux ont été
condamnés avant-hier à trois jours de
prison pour avoir contrevenu à des arrê-
tés du maire de Vichy.
Tout être honnête et simple apprenant
cette condamnation sévère se dira que"
nous vivons dans un pays où les lois et
les règlements sont faits pour être res-
pectés.
Oui, ils sont faits pour être respectés,
mais par les pauvres diables.
Pour les grands tenanciers de maison
de jeu comme l'ancien laveur de vaiselle
étranger Jurietti, il n'y a pas de lois, pas
de règlements, ou du moins il n'y a pas
de lois et pas de règlements qu'ils ne
violent cyniquement, avec l'obséquieux
assentiment du ministre de l'intérieur, du
directeur de la Sûreté générale, du préfet
du département, du commissaire spécial,
en un mot, de toutes les autorités admi-
nistratives et judiciaires.
La preuve, la voici :
Je ne parle pas de la loi qui interdit le
jeu en France. Je prends le règlement du
Cercle international de Vichy, imprimé par
M. C. Bougarel, imprimeur-éditeur à Vichy,
rue Sornin. Ce document, approuvé par
le préfet et sur le vu duquel il a été permis
au Cercle de fonctionner, porte les signa-
tures de MM. Georges Durin, président;
C. Bougarel, secrétaire; Périsse, tréso-
rier ; Claudius Debrest, docteur Navault,
Victor Place, Maussant, Victor Dumas,
qui étaient à cette époque membre de la
commission.
Je lis à la page II de cette brochure offi-
cielle, sous la rubrique : Supplément aux
statuts du Cercle international. Arrêté
de M. le chef de la Sûreté, en date du
27 août 1887 :
ART. 2
Les jeux de hasard sont formellement inter-
dits.
Les joueurs civils ou militaires qui se
sont laissé prendre à une des six tables de
baccara de MM. Jurietti et Cie trouveront
peut-être que l'adverde formellement
n'est pas ici tout à fait à sa place.
N'est-ce pas votre avis, monsieur le pré-
fet de l'Allier?
Mais passons à l'article suivant :
ART. 3
On ne peut jouer qu'argent comptant.
L'emploi des jetons ou plaques représentant une
somme d'argent quelconque est défendu.
Défendu! vous avez bien lu. L'emploi
des jetons ou plaques représentant une
somme d'argent quelconque est défendu.
Voilà la loi, voilà la règle. Le Cercle inter-
national prend la peine de l'insérer dan?
ses statuts afin que nul n'en ignore. En
vertu de quel pacte inavouable l'adminis-
tration permet-elle donc au tripot de M.
Jurietti, comme d'ailleurs à tous les tri.
pots semblables, de s'y soustraire? Car ce
qui est défendu au Cercle international de
Vichy, ce n'est pas l'emploi des jetons,
c'est l'emploi de l'argent, les pièces de
monnaie d'or ou d'argent et les billets de
banque offrant moins de commodité pour
l'étouffage, pour les prêts, pour tous les
genres de vol en un mot qui se pratiquent
dans ces établissements.
Le fait que, malgré les règlements,
on ne joue chez M* Jurietti et Cie et
dans les autres tripots analogues qu'a-
vec des jetons n'est pas niable et n'est
pas nié. Mais, comme parmi les nom-
breux lecteurs des « Lettres du Vievx.
Ponte » il en est certainement beauc°!1
qui, n'ayant, heureusement pour eux, Ja,
mais mis les pieds dans un cercle ouvertj
ou dans un casino, hésiteraient, à croira
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tous les Bureaux de Poste.
LE POINT NOIR
Le Français aime toujours à jouer au
soldat. Que les tambours battent, que
les clairons sonnent, qu'il entende re-
tentir les accents de la musique mili-
taire, le sang lui monte à la tête, son
pouls bat plus vite, ilvcourt à un spec-
tacle qu'il ne se lasse pas d'admirer.
Que les gens de sens rassis trouvent
à cet emballement trop facile des incon-
vénients, voire des périls, sans doute
ils ont raison. Mais tout porte à croire
qu'ils raisonneront longtemps encore
sans réussir à refroidir un enthousiasme
qui, comme disent les bonnes gens, est
dans notre sang. -
Ainsi s'explique la vive curiosité avec
laquelle le pays entier suit le récit des
grandes manœuvres et aussi le ton
même dont certains narrateurs, non
moins emballés que leurs lecteurs, se
sont laissés aller à décrire cette fiction
de la guerre.
Sous leur plume colorée, les mouve-
ments les mieux préparés et qui appor-
taient aux combattants des deux partis
le moins de surprise prenaient un aspect
imprévu tout à fait piquant. L'ennemi
subissait une défaite écrasante et la
valeur et l'habilité de nos généraux ne
lui laissaient que la ressource d'une
prompte retraite.
Il faut en rabattre et se souvenir que,
dans la grande maj orité des cas, la di-
rection supérieure avait d'avance, jus-
que dans les détails, réglé les rôles et
comment le vainqueur triompherait du
vaincu.
Est-ce à dire que les grandes manœu-
vres ne soient qu'une comédie inutile et
coûteuse, destinée seulement à jeter —
c'est le cas de le dire — de la poudre
aux yeux ? Tant s'en faut.
Personne au contraire ne discute
plus aujourd'hui leur incontestable uti-
lité. Elles habituent les chefs à envisa-
ger les circonstances et les responsabi-
lités que leur apporterait la guerre.
Elles forment les soldats aux fatigues et
quelque peu à la vie de campagne.
Mais leur utilité la plus certaine et
la plus sérieuse devrait être d'obliger
l'intendance à faire son difficile appren-
tissage de nourrir et d'approvisionner
des armées.
On n'a pas oublié cet interview qui
fit couler tant d'encre et suscita à la
Chambre même un si joli tumulte.
Un général d'armée aurait déclare à
l'un de nos confrères que, lorsqu'il son-
geait à l'éventualité d'une guerre, ce
qui l'inquiétait, c'était moins encore de
savoir comment il ferait manœuvrer
l'armée de 250,000 hommes qu'il était
appelé à commander que de savoir com-
ment il la nourrirait.
Ce langage a-t-il été tenu ? A coup
sûr, il eût pu l'être, car il n'y a pas, en
effet, de problème plus inquiétant que
celui-là.
Eh bien ! les grandes manœuvres
sont une excellente occasion d'en expé-
rimenter les solutions. Sans doute,' les
conditions sont plus favorables que
celles qui se présenteraient en temps
de guerre. Les mouvements de troupes
sont ici prévus d'avance, les cantonne-
ments arrêtés. L'échiquier est connu et
les places des pions fixées.
L'intérêt est grand pourtant de voir,
même dans ces conditions, comment
fonctionne le service des subsistances,
du couchage, de l'approvisionnement.
L'expérience a été faite : il ne semble
pas qu'elle ait réussi comme on était en
droit de l'espérer. De divers côtés on si-
gnale des erreurs fâcheuses qui auraient,
dans la réalité, de périlleuses consé-
quences.
C'est, dans la Marne, une division de
cavalerie qui arrive à Pimproviste s'ins-
taller dans deux villages, sans que
les habitants aient été avisés ni les mu-
nicipalités prévenues, et qui s'y éta-
blit comme elle peut, au grand dom-
mage de l'habitant et du soldat.
C'est, aux manœuvres du 6e corps,
l'intendance qui, en dépit de l'avertis-
sement qui lui est donné par un maire,
confond deux communes de même nom
mais de départements différents, fait
tout préparer dans la commune où les
troupes ne vont pas et rien dans celle
où elles arrivent.
C'est, mercredi enfin, à Châteaudun,
deux régiments de dragons et un régi-
ment d'infanterie qui, après avoir trotté
toute la journée, arivent à neuf heures
du soir, dans une ville déjà prise d'as-
saut où rien n'est préparé pour les rece-
voir.
Voilà le point noir. Prenons garde !
A. Millerand.
POU COMME UNE PORTE DE PRISON
Un curieux incident s'est passé ces jours
derniers à Oran, à propos de l'exécution de
deux indigènes.
MM. Regina et Serma, avocats, s'étant pré-
sentes, comme il est d'usage, pour assister
leurs clients au moment de l'expiation su-
prême, le directeur de la prison, qui, par une
singulière ironie, répond au nom peu sympa-
thique de Saint-Arnaud, refusa net, non seu-
lement de laisser pénétrer ces messieurs au-
près des condamnés, mais même de les
recevoir. Informé de l'incident, le bâtonnier
intervint. Peine inutile. M. Saint-Arnaud
éconduisit avocats et bâtonnier, qu'il grati-
fiait même d'épithètes peu. correctes. La
même mesure était prise à l'égard de la presse,
en vertu, disait-il, d'une circulaire de M.
Jules Simon datée de 1877.
Une dépêche de protestation fut immédia-
tement adressée au ministre de l'intérieur qui
réporitlit aussitôt au préfet par le télégramme
suivant :
« Ministre intérieur à préfet Oran
» Bâtonnier avocats Oran demande autori-
sation pour avocats ayant défendu condam-
nés devant cour d'assises et devant être exé-
cutés demain d'entrer à la prison dans inté-
rêt possible des condamnés. Si vous n'y voyez
pas d'inconvénients, cette autorisation me
semble devoir être accordée. »
A l'heure de l'exécution, M. Japert, chef de
la Sûreté, qui avait été chargé de communi-
quer cette dépêche au directeur, se présentait
à la prison en compagnie de MM. Regina et
Serma et des fonctionnaires habituels.
M. Saint-Arnaud attendait ces messieurs
entouré de ses gardiens. Lorsque le chef de la
Sûreté lui annonça qu'il venait lui communi-
quer une dépêche du ministre, le directeur de
la prison entra dans une colère formidable et
refusa net d'en prendre connaissance.
— Mais, monsieur le directeur, lui dit M.
Japert, c'est une dépêche de M. le ministre.
— Ça m'est égal, répondtt-Saint-Arnaud, je
ne reçois pas communication d'un télégramme.
Le ministre de l'intérieur connaît mon
adresse, il doit me télégraphier directement.
Je vous prie de sortir.
Et comme le commissaire de police prenait
à témoin le procureur de la République du
refus du directeur, celui-ci l'apostropha par
ces mots :
— Faites ce que vous voudrez, je suis ici
chez moi et je vous prie de sortir (sic).
Sur cette injonction, ces messieurs se reti-
rèrent.
Ajoutons que M. Saint-Arnaud a été nommé
récemment directeur de prison par M. Du-
puy, sur la recommandation d'un de ses
amis.
-q-
LES PROCÈS ARDISSON
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vichy, le 20 septembre.
Pris à partie à propos de la distribution dans
les rues de sa brochure le « Guide du joueur »,
M. Ardisson avait assigné, aujourd'hui, en
correctionnelle, pour diffamation, devant le
tribunal de Cusset, MM. Bougarel, Bureau et
Justin Parasse.
MM. Bougarel, directeur de l'Avenir de Vi-
chy, et Bureau, directeur de l'Echo de Vichy,
ont sollicité et obtenu la remise au 25 oc-
tobre.
M. Justin Parasse a été condamné par dé-
faut à 16 francs d'amende , 1,000 francs de
dommages-intérêts envers Ardisson, à l'in-
sertion du jugement dans deux journaux et
aux dépens.
UN MAIRE PLEIN D'ESPRIT
M. Trussy, maire de Maisons-Laffitte, que
tout le monde a blâmé comme il le méritait
d'avoir sanctionné par sa présence les scènes
de boucherie qui ont eu lieu chez M. Lebaudy,
nous adresse, pour que nous l'insérions sans
doute, ce mot écrit sur une carte de visite.
Nous en respectons l'orthographe :
Ereinter les gens, protéger les animaux, ce qui
est bien naturelle au suave XIXe, voilà la vraie
philantropie (sic).
Il n'était guère nécessaire de faire deux fautes
d'orthographe pour nous apprendre qu'il vaut
mieux s'en prendre aux gens, qui peuvent se
défendre, qu'à de pauvres animaux qui ne le
peuvent pas.
La loi Grammont, que M. Trussy fait res-
pecter comme il respecte celles de la gram-
maire, a été créée uniquement contre les par-
tisans de la thèse contraire.
CANDIDATURE DE PROTESTATION
Un groupe important d'électeurs du quartier
Saint-Fargeau a résolu d'offrir la candidature pour
le siège de conseiller municipal laissé vacant par
M. Relies à notre confrère Philippe Dubois, ré-
dacteur à Y Intransigeant, détenu à la prison de
Sainte-Pélagie pour délit de presse.
Cette candidature de protestation parait devoir
être très bien accueillie dans le quartier.
LE CRIME DE TROYES
L'enquête
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Troyes, 20 septembre.
Les obsèques de la victime ont eu lieu hier
au milieu d'un concours énorme de monde,
mais aucun incident ne s'est produit.
Quant à l'instruction, elle ne marche pas
très rapidement. Les médecins troyensqui ont
approché de la victime en sont encore à se
disputer sur le poison qui l'a tuée. L'un dit
que c'est de la cocaïne, l'autre de l'atropine.
Puisque, en fin de compte, c'est le chimiste de
Paris qui doit trancher la question, il est au
moins inutile de faire des pronostics sur la
solution.
Les charges contre Roy en ce qui concerne
l'avortement pratiqué par lui sur Mme Adamski
prennent de la consistance. Il est établi main-
tenant qu'à l'époque où la victime était la
maîtresse de l'inculpé, elle séjourna à l'hôpi-
tal de la ville, où on lui donna des soins d'une
nature spéciale.
A Troyes l'émotion est toujours très grande ;
beaucoup de personnes prétendent que Roy
est l'auteur de l'assassinat commis en 1893 à
Bar-sur-Aube.
Cette année-là, un nommé Cala, de Bar-
sur-Aube fut poursuivi devant la cour d'as-
sises de l'Aube sous l'inculpation d'avoir em-
poisonné un sieur Maître en lui faisant man-
ger un bonbon en chocolat, dans lequel il
avait introduit de la strychnine.
Roy, l'inculpé actuel, fut, dans cette affaire,
cité par la défense comme témoin à décharge,
et il déclara au jury que, pour lui, il était
impossible d'empoisonner quelqu'un avec de
la strychnine, parce que cette substance était
tellement amère qu'une personne ne pourrait
goûter un bonbon additionné de strychnine
sans le rejeter aussitôt instinctivement. Et
par un retour bizarre des choses de ce monde,
c'est aujourd'hui Roy qui est poursuivi pour
avoir empoisonné avec de la strychnine son
ancienne maîtresse.
Détail curieux : Roy était préposé par la
ville aux exhumations.
Il a été remplacé aujourd'hui.
L'affaira FLE « »
RAYÉE DU ROLE
L'avocat réserviste. — Me Millerand plaide.
— Changement subit. — A une autre
session. — Pourquoi ?
C'est aujourd'hui vendredi, comme on le
sait que doit venir devant la cour d'assise de
la Seine, présidée par M. Berr, l'affaire du
gérant de Y Intransigeant, M. Farjat, inculpé,
à l'occasion d'articles d'Henri Rochefort, d'ou-
trages envers la cour d'appel de Paris.
Des incidents d'audience sont à prévoir.
Voici à quel propos :
Au reçu de son assignation en cour d'assi-
ses, Y Intransigeant pria, par lettre, Me Emile
de Saint-Auban de vouloir bien se charger
de sa défense. L'honorable avocat, alors aux
grandes manœuvres, répondit qu'il ne pour-
rait accepter la mission qui lui était offerte
qu'autant que l'affaire de Y Intransigeant,
inscrite au rôle de la cour d'assises à la date
du 21 septembre, serait renvoyée à une épo-
que ultérieure. L'administrateur de Y Intran-
sigeant informa aussitôt par lettre M. le pré-
sident Berr de la situation où se trouvait le
gérant Farjat, privé de défenseur par suite de
l'absence d'avocats au Palais pendant les va-
cances judiciaires. Dans ces conditions, il se
voyait contraint de solliciter une remise de
l'affaire.
Aucune réponse ne fut faite par M. Berr à
Y Intransigeant qui, interprétant ce silence
dans le sens que la remise demandée lui se-
rait refusée au jour de l'audience, écrivit
alors à Me Millerand, député de la Seine,
pour le prier de défendre le gérant Farjat le
21 septembre. Me Millerand répondit qu'il se
chargeait de cette défense et qu'il se trouve-
rait à Paris à la date indiquée. Aussitôt l'ad-
ministrateur de l'Intransigeant avertit M.
Berr que Me Millerand se présenterait le
21 septembre à la cour d'assises de la Seine
pour assister M. Farjat.
1 REMISE ACCORDÉE
Sur ces entrefaites, l'Intransigeant recevait
de Me Emile de Saint-Auban avis que M. le
président Berr lui avait écrit directement qu'il
accorderait le 21 septembre la remise deman-
dée.
Simplifiée, la situation était donc la sui-
vante : dans la conviction où il se trouvait
que la remise qu'il avait sollicitée ne lui se-
rait pas accordée,' l'Intransigeant s'était,
avec l'agrément de Me de Saint-Auban,
pourvu, en la personne de Me Millerand, d'un
nouvel avocat.
Pas de doute alors que l'affaire ne fût plai-
dée le 21 septembre, puisqu'à cette date le
prévenu serait en mesure de se présenter à
l'audience assisté d'un défenseur. La chose
était si évidente, que l'affaire fut inscrite au
rôle et qu'hier matin, 20 septembre, M. Farjat
recevait notification de la liste des jurés de la
session.
Mais, subitement, dans l'après-midi d'hier,
la question a changé de face. L'affaire fut
tout à coup rayée du rôle. Avis fut en outre
donné à des tiers par M. Berr lui-même, es-
comptant la décision de la cour, que l'affaire
ne viendrait certainement pas.
CHOSES OUBLIÉES
Que s'était-il donc passé ?
Presque rien. Henri Rochefort, dans son
article d'hier matin, avait pris rudement à
partie M. l'avocat général Van Cassel, très
maladroitement désigné par le parquet pour
soutenir l'accusation, et lui avait reproché
une petite mésaventure qui fait que l'avocat
général Van Cassel a aujourd'hui un casier
judiciaire — tout comme un simple journa-
liste.
L'article de Henri Rochefort finissait par
ces mots : « Il se jugera demain deux procès
» à la cour d'assises : le nôtre et celui de M.
» Van Cassel. »
Craignant un résultat funeste, le parquet de
la cour, d'après les on-dit de couloirs, aurait
résolu de faire, à tout prix, renvoyer l'affaire
à une autre session où ne siégera pas, comme
ministère public, M. Van Cassel.
N'empêche, la cour se trouvera aujourd'hui
fort embarrassée, si le gérant de lintransi-
geant, son assignation à la main, réclame
énergiquement, par des conclusions au be-
soin, son droit qui est d'être jugé le 21 sep-
tembre, M. Van Cassel faisant fonctions de
ministère public. Force restera naturellement
à la cour. Mais il y a des arrêts que le public
se permet de juger à son tour.
LE CAS DE M. VAN CASSEL
Notre information ne serait pas complète,
si nous ne faisions connaître à nos lecteurs le
« cas » de M. Van Cassel.
En 1875, M. Van Cassel était substitut à
Saint-Omer. C'est en cette qualité qu'il com-
parut devant la première chambre de la cour
d'appel, c'est-à-dire devant la police correc-
tionnelle, en compagnie du sous-préfet de
Saint-Omer. Voici pourquoi : -
Il y avait en traitement à l'hôpital de Saint-
Omer un fou. du nom de Leprêtre. Dans un
accès de fièvre chaude, ce fou s'évada, passa
sur un toit à pente très raide où nul des gar-
diens lancés à sa poursuite n'osa le joindre,
et de là s'occupa à démolir les tuiles du toit
et à les faire pleuvoir sur la place.
On essaya de déloger le fou. Le sous-préfet
demanda le concours des troupes, le maire
requit les pompiers. Le substitut Van Cassel
qui était là eut un autre moyen : il sortit son
revolver et tira sur Leprêtre et, au deuxième
coup, l'abattit.
L'aliéné, atteint à la jambe, dégringola ;
grièvement blessé, il fut capturé et ramené à
l'hospice.
M. Van Cassel fut poursuivi pour « abus
d'autorité » et condamné à une amende. La
veille du procès, il avait donné sa démission ;
six mois après, il était réintégré. Il fut avocat
général à Amiens, puis procureur de la Répu-
blique à Reims.
LE CHOMAGE PROFESSIONNEL
Situation au 15 août
Voici, d'après les renseignements fournis à
l'Office du travail par les syndicats ouvriers,
quelle serait la situation ouvrière au point de
vue du chômage :
Dans les 645 syndicats, groupant 129,235
adhérents, qui ont adressé des rapports sur
la situation au 15 août, 14.4 0/0 étaient sans
travail à cette date ; l'augmentation du nom-
bre des chômeurs par rapport au mois précé-
dent tient en partie à l'existence de quelques
grèves assez importantes.
7 0/0 des syndicats avec 6 0/0 des adhé-
rents considèrent la situation comme mëil-
leure que l'an dernier à la même époque ;
40 0/0 des syndicats avec 25 0/0 des adhérents
la tiennent pour équivalente, et 53 0/0 des
syndicats avec 69 0/0 des adhérents la consi-
dèrent comme plus mauvaise. La reprise ne
s'opère que lentement dans les localités où
une amélioration est signalée.
Voici les principales Darticularités à signa-
ler pour le aépartement de la Seine :
Les cuisiniers comptent 35 0/0 de chômeurs, les
pâtissiers 13 0/0, les bouchers 16 0/0 ; c'est l'épo-
que du chômage annuel par suite du départ des
Parisiens en villégiature mais la boucherie se
trouvé particulièrement influencée pa'r'tà tfterté de
la viande ; les pâtissiers et les bouchers se plai-
gnent de l'augmentation des apprentis qui occu-
pent une partie des emplois qui leur étaient réser-
vés.
Les ouvriers du livre estiment à 19 0/0 le nom-
bre de leurs chômeurs ; les vacances des grandes
administrations, des Chambres, du conseil muni-
cipal, etc., laissent patrons et ouvriers sans tra-
vail. Une partie des commandes s'exécutent en pro-
vince, au grand préjudice de l'ouvrier parisien qui
a de plus à supporter la concurrence des apprentis
et des femmes dont l'emploi devient de plus en plus
fréquent.
Les blanchisseurs ont dû suivre leurs clients
dans les villes d'eaux pour n'avoir pas à subir un
chômage prolongé ; on se plaint de la concurrence
faite par les ouvroirs ; l'emploi de machines per-
fectionnées supprime beaucoup de bras.
Les charpentiers signalent la crise que tra-
verse leur industrie ; le remplacement du fer par le
bois et le perfectionnement des machines en sont
les causes principales.
Les rampistes ne travaillent que cinquante heu-
res par semaine, comme en morte-saison ; 16 0[0
des leurs sont sans ouvrage.
Les tonneliers se plaignent que les camionneurs
des chemins de fer soient autorisés à descendre le
vin en cave.
Il y a 10 0[0 de chômeurs dans la tabletterie,
ceux qui travaillent font 48 heures par semaine.
La crise est plus accentuée chez les sculpteurs ; elle
dure toujours.
Les ouvriers en instruments de chirurgie ont
8 OrO de leurs adhérents en chômage; les petits
façonniers en chambre et les fabricants étrangers
enlèvent une grande partie du travail précédem-
ment effectué dans les ateliers à Paris.
Les ouvriers en instruments de précision signa-
lent la création de 3 maisons occupant 15 ouvriers
en tout, mais la disparition d'une maison occupant
80 ouvriers.
Les ouvriers du petit bronze signalent une re-
prise du travail ; les patrons embauchent en prévi-
sion de la saison qui va commencer.
Profitant de l'absence de leurs clients, beaucoup
de cochers quittent Paris; les affaires sont très
faibles.
Les ouvriers du marché aux bestiaux ont très
peu de travail parsuite de la diminution des arri-
vages à Paris ; l'importation des bœufs américains
leur causerait de graves préjudices (51 0[0 en chô-
mage).
On compte 22 0j0 des porteurs de journaux sans
travail.
Les employés du marché du Temple ne sont
occupés que 5 jours par semaine.
Les garçons limonadiers-restaurateurs estiment
à 10 0(0 la diminution du nombre des maisons fai-
sant travailler; le nombre de leurs chômeurs atteint
16 010 de leur effectif réel.
Les infirmiers ont 10 010 des leurs sans emploi;
les infirmiers du service de jour font cent cinq
heures de travail par semaine et cent-dix-neuf pour
ceux du service de nuit.
LA TITULARISATION DES INSTITUTEURS
Le ministre de l'instruction publique vient
de décider que l'arrêté du 18 février 1894,
portant titularisation et promotion de classes
en faveur des instituteurs et institutrices laï-
ques des écoles primaires élémentaires, serait
complété ainsi qu'il suit :
Art. 8. — Sont titularisés et, par suite, pro-
mus à la 5c classe des titulaires à partir du
ier janvier 1894 les instituteurs et institu-
trices stagiaires qui, pourvus à cette date du
certificat pédagogique, étaient inscrits sur la
liste d'admissibilité dressée par le conseil
départemental et exerçaient depuis six ans
dans les-dites écoles.
LEGS A LA COMMUNE DE SAINT-MANDÉ
Par décret en date du 23 mai 1894, rendu sur le
rapport du ministre de l'intérieur, le maire de
Saint-Mandé, au nom de cette commune, est auto-
risé à accepter, aux clauses at conditions énoncées,
le legs de la nue propriété d'une somme de 60.000
francs fait à cette commune par Mme veuve Geof-
froy, née Vincent, à la charge de doter chaque an-
née deux jeunes filles pauvres et honnêtes, habi-
tant Saint-Mandé. filles pauvres et honnêtes, habi-
Le produit de cette libéralité sera, lors de l'ex-
tinction de l'usufruit et conformément à la vo-
lonté de la testatrice, placé en rentes 3 010 sur l'E-
tat, au nom de la commune de Saint-Mandé.
LA
SANTÉ DU TSAR ET DU GRAND-DUC GEORGES
Moscou, 20 septembre.
On reçoit de Spala des nouvelles légèrement dé-
favorables du tsar et du grand-duc Georges, son
second fils. Ce dernier, en chassant, fit même dans
une pièce d'eau une chute à la suite de laquelle son
état s'est aggravé.
En conséquence, la famille impériale a décidé de
partir immédiatement pour la Crimée, où elle achè-
vera de passer l'automne.
LE PAPE ET LE DUC D'ORLÉANS
Rome, 20 septembre.
Le duc d'Orléans ayant informé le pape de la
mort du comte de Paris, c'est à la princesse Amélie
que Léon XIII adressa sa réponse.
LES MÉFAITS DES OMNIBUS
Un do nos lecteurs nous signale le fait sui-
vant :
Hier mercredi, Mme Brun demeurant rue des
Dames, 9, a pris dans la rue Saint-Martin, vers
midi, l'omnibus allant de la Villette à Saint-Sul-
pice. Elle a demandé une correspondance qui mar-
quait 11 h. 25. L'omnibus étant arrivé place Saint-
Germain-des-Prés à midi et demi, quand cette
dame a voulu monter dans l'omnibus allant del'O-
déon aux Batignolles, le contrôleur du bureau de
la place Saint-Germain-des-Prés, èn face de la rue
Saint-Benoît, a refusé de prendre sa correspondance
sous le prétexte qu'elle n'était plus valable ; or,
cette dame n'avait fait que traverser la place pour
changer de voiture.
Comme je l'ai engagée à ne pas payer une
deuxième fois, le conducteur a fait arrêter la voi-
ture devant le poste de police de la rue des Saints-
Pères ; là un gardien de la paix a pris le nom et
l'adresse de Mme Brun et, malgré les réquisitions
du conducteur, a refusé de faire descendre cette
dame, ce qui était très juste.
J'étais dans la voiture allant de l'Odéon aux Ba-
tignolles.
Veuillez agréer, etc.
H. D.
C'est bien la dixième plainte de ce genre
que nous enregistrons, et ce ne sera pas mal-
heureusement la dernière. A l'époque où la
compagnie décida que les correspondances
n'étaient valables que si le voyageur passait
sans arrêt d'un omnibus dans un autre, nous
protestâmes comme il convenait contre un
abus aussi extraordinaire. Il paraît qu'il n'y
a rien à faire. La compagnie a le droit d'agir
vis-à-vis du public comme il lui plaît. Même
si ses employés se trompent, c'est toujours le
voyageur qui a tort. C'est le cas de Mme
Brun qui croit pouvoir avec ses 30 centimes
se servir de la correspondance qu'on lui re-
met : le conducteur s empresse de la descen-
dre dans un poste de police.
On dirait franchement que ce sont les voya-
geurs qui touchent les dividendes des action-
naires 1
LaVIEdePARIS
C'est du Nord que nous vient aujour-
d'hui, sinon la lumière, comme disait Vol-
taire, du moins le bon exemple. Et d'où
qu'il vienne il faut le saluer, en atten-
dant qu'on l'imite — vînt-il de Berlin. On
lit dans les journaux allemands que l'em-
pereurGuillaume s'est ému des ravages
que faisait l'usure en Allemagne, princi-
palement parmi les officiers de son armée.
Il y a, paraît-il, un usurier attaché, peut-
on dire, à chaque état-major. Ce coquin
sait où en sont les officiers, connaît le ré-
sultat des parties de jeu, qu'il favorise, et
vient offrir ses services aux décavés.
Après plusieurs scandales, plusieurs sui-
cides, l'empereur s'est ému. Il a donné des
ordres.
Il a particulièrement prescrit de pour-
suivre les usuriers qui, pour dissimuler le
taux épouvantable de leurs prêts, font à
leurs victimes des ventes d objets quel-
conques dont ceux-ci n'ont nul besoin et
qui, facturés à des prix exorbitants, sont
souvent rachetés par ceux qui les ont
vendus, à des prix dérisoires cette fois, ou
par leurs complices. C'est, à proprement
parler, le crocodile empaillé d'Harpagon,
qui est symbolique et revêt toutes les for-
mes. L'empereur Guillaume a voulu que
les gens qui font ce genre de commerce
fussent sévèrement punis. Et sur la seule
annonce de poursuites-et-tie perquisitions
possibles, deux ou trois des principaux
usuriers de Berlin qui se décoraient du
titre de banquiers ont levé le pied et ont
passé la frontière.
Certes, je n'admire pas plus qu'il ne
faut l'organisation politique du royaume
de Prusse et de l'empire allemand et serais
assez difficilement converti au pouvoir
absolu ou à peu près, tel que l'exerce, en
fait, Guillaume. Mais on ne peut s'empê-
cher de constater que le régime parlemen-
taire a le grand défaut de rendre le pou-
voir timide, même dans l'application des
lois. Ce pouvoir, qui se sent incertain de
son lendemain, est forcé par cela même
à de grands ménagements vis-à-vis de tout
le monde, en particulier devant les gens
riches. Il est condamné à des complai-
sances envers les ploutocrates. Si bien
que, dans une république où l'égalité de-
vant la loi est un droit, où la protection
des faibles est un devoir, il se passe des
choses que ne tolère pas un régime des-
potique.
L'usure est aussi une des grandes plaies
de la vie de Paris, dévorant les négociants,
les travailleurs, les particuliers. L'Etat,
pour son compte, la pratique de la façon
la plus honteuse pour les frais de justice
et de poursuites en matière commerciale et
par le prix auquel il vend du temps
aux débiteurs malheureux. Mais de ce
que l'Etat est usurier lui-même et le
plus terrible des usuriers, ce n'est pas une
raison pour qu'il ne poursuive pas les au-
tres usuriers. Est-ce que le fait de vous
vendre à des prix exorbitants des ciga-
res et des cigarettes qui ne brûlent pas,
même quand, par hasard, l'allumette que
l'Etat vend également viendrait à s'allu-
mer aux efforts du fumeur, est-ce que la
scandaleuse exploitation des tabacs l'em-
pêche de poursuivre ceux qui vendent des
cigarettes, des cigares et des allumettes
meilleurs et moins coûteux que ceux de
la régie ? Seulement, les usuriers de Pa-
ris ont fini par être une puissance, qui
s'appuie jusque sur la haute banque et
qui a des affiliés dans le commerce « ho-
norable ». Et on n'ose pas y toucher !
Il n'est pas possible cependant qu'on
ignore, là où l'on doit les connaître; les
procédés des usuriers de Paris. La vente
des marchandises à des prix effroyables
est un de ces procédés les plus ordinaires
et les plus frauduleux. Tel jeune homme
a acheté dans sa vie des carrières de pier-
res de taille et de pavés de grès ou des
caves entières de vins revendus par lui.
Dans tel quartier, des plus élégants, vous
avisez une boutique de bijoutier. Le loyer
du magasin est gros. Les marchandises ne
sont pas toujours très nombreuses et sou-
vent de goût médiocre. Mais dans la bou-
tique se trouve un homme qui ne de-
mande pas mieux que d'obliger ses
« clients ».
Il leur prêtera donc, à 8 ou 10 0/0, —
taux relativement bon marché, — une pe-
tite somme en leur imposant de prendre
pour une somme égale de marchandises.
Bien' entendu, ces marchandises, on n'en
discute pas le prix. On les prend, on les
met au Mont-de-Piété et on emprunte sur
les reconnaissances. Faites le compte. In-
térêt d'un prêt de 1,000 francs à 10 0/0,
100 francs; perte sur la valeur réelle
des marchandises, 50 0/0; intérêts au
Mont-de-Piété, 10 0/0 ; sur sa recon-
naissance, 30 0/0 environ. Si vous tou-
chez mille francs, au bout d'un an
vous en avez rendu deux mille. Et si,
ayant réglé en billets fractionnés, vous
vous faites poursuivre, vous en rendez
trois, quatre, cinq ou six mille. Il n'y a pas
de limites. Voilà le commerce que. font au
su de tout le monde et de la justice — qui
se garde bien d'intervenir — de très « ho-
norables » patentés, que le tribunal de
commerce arme contre les débiteurs.
Un autre truc est celui du « faux ». Pour
certaines gens, pour les fils de famille
par exemple, il est plus facile de faire es-
compter un billet faux qu'un billet vrai.
Je sais un jeune homme, porteur d'un des
plus grands noms de notre société, qui
fut adressé à un prêteur.
Le jeune homme riche pouvait payer
avec un peu de temps ce qu'il désirait em-
prunter. Mais pour lui donner la somme,
l'usurier exigea que l'emprunteur ajoutât
à sa signature l'endos, faux, de sa mère.
Comme cela, en cas de non-payement,
menace de la cour d'assises, chantage,
etc., etc. Le parquet, qui sait ces choses-
là, devrait-il rester inactif? Il est vrai que,
parfois, l'usurier prend peur et s'exécute
lui-même.
J'en sais un qui, involontairement ce-
lui-là., avait escompté un effet de cin-
quante mille francs à un viveur bien con-
nu. A l'échéance, le faux se découvre.
L'usurier, qui était par hasard de bonne
foi, pouvait porter plainte. Il ne le fit pas.
Il voulait rester l'honnête homme qu'il
était d'apparence pour qui ne connaissait
pas ses malpropres affaires. Il avait peur
que l'on examinât ses comptes, ses livres
et il préféra abandonner—non sans gémir,
comme la mère hébreue qui ne veut pas
être consolée de la mort de ses fils — ses
cinquante billets de mille. Mais il leàg
rattrapera, n'en doutez pas.
Henry Fouquier.
ACCIDENT DE CHASSE
Lunéville, 20 septembre.
Un chasseur de Lunéville, poursuivant un san-
glier dans la forêt de Parroy, a tué raide, sous bois,
un piqueur nommé Bergé.
LE CAPITAINE ROMANI
Rome, 20 septembre.
Le capitaine français Romani, qui a été arrêté à
Passomuratone le 6 septembre, suspecté d'être
porteur de plans des environs, a été transféré au-
jourd'hui à la prison judiciaire. Il a ensuite subi
un interrogatoire.
Lettres d'un Viaux Fonte
DE QUI SE MOQUE-T-ON ?
Paris, le 20 septembre.
Monsieur le rédacteur,
C'est une vérité devenue banale à force
d'être redite, que l'égalité devant la loi rê-
vée et proclamée par nos pères est devenue
de nos jours la plus amere des plaisante-
ries. Voici plus de cent ans qu'on parle de
justice, d'égalité, de liberté. Les chefs
d'Etat, les ministres, n'ont pas d'autres
mots à la bouche. Est-ce bien cependant
vers la justice que nous nous acheminons
maintenant ?
Comment ne pas se poser une pareille
question quand on a le loisir d'examiner
certains dessous de notre organisation
politique et sociale ?
La question du jeu, qui depuis l'origine
du monde a fourni aux philosophes un
inépuisable sujet d'observations curieuses,
a ceci d'intéressant qu'elle permet de sai-
sir sur le vif le pharisaïsme menteur des
gouvernants qui parlent sans cesse du
respect de la loi, de l'égalité devant la
loi, etc., etc.
Il vient, par.exemple, de se passer à
Vichy un tout petit fait, mais ce petit fait,
au point de vue social, est énorme.
Trois vendeurs de journaux ont été
condamnés avant-hier à trois jours de
prison pour avoir contrevenu à des arrê-
tés du maire de Vichy.
Tout être honnête et simple apprenant
cette condamnation sévère se dira que"
nous vivons dans un pays où les lois et
les règlements sont faits pour être res-
pectés.
Oui, ils sont faits pour être respectés,
mais par les pauvres diables.
Pour les grands tenanciers de maison
de jeu comme l'ancien laveur de vaiselle
étranger Jurietti, il n'y a pas de lois, pas
de règlements, ou du moins il n'y a pas
de lois et pas de règlements qu'ils ne
violent cyniquement, avec l'obséquieux
assentiment du ministre de l'intérieur, du
directeur de la Sûreté générale, du préfet
du département, du commissaire spécial,
en un mot, de toutes les autorités admi-
nistratives et judiciaires.
La preuve, la voici :
Je ne parle pas de la loi qui interdit le
jeu en France. Je prends le règlement du
Cercle international de Vichy, imprimé par
M. C. Bougarel, imprimeur-éditeur à Vichy,
rue Sornin. Ce document, approuvé par
le préfet et sur le vu duquel il a été permis
au Cercle de fonctionner, porte les signa-
tures de MM. Georges Durin, président;
C. Bougarel, secrétaire; Périsse, tréso-
rier ; Claudius Debrest, docteur Navault,
Victor Place, Maussant, Victor Dumas,
qui étaient à cette époque membre de la
commission.
Je lis à la page II de cette brochure offi-
cielle, sous la rubrique : Supplément aux
statuts du Cercle international. Arrêté
de M. le chef de la Sûreté, en date du
27 août 1887 :
ART. 2
Les jeux de hasard sont formellement inter-
dits.
Les joueurs civils ou militaires qui se
sont laissé prendre à une des six tables de
baccara de MM. Jurietti et Cie trouveront
peut-être que l'adverde formellement
n'est pas ici tout à fait à sa place.
N'est-ce pas votre avis, monsieur le pré-
fet de l'Allier?
Mais passons à l'article suivant :
ART. 3
On ne peut jouer qu'argent comptant.
L'emploi des jetons ou plaques représentant une
somme d'argent quelconque est défendu.
Défendu! vous avez bien lu. L'emploi
des jetons ou plaques représentant une
somme d'argent quelconque est défendu.
Voilà la loi, voilà la règle. Le Cercle inter-
national prend la peine de l'insérer dan?
ses statuts afin que nul n'en ignore. En
vertu de quel pacte inavouable l'adminis-
tration permet-elle donc au tripot de M.
Jurietti, comme d'ailleurs à tous les tri.
pots semblables, de s'y soustraire? Car ce
qui est défendu au Cercle international de
Vichy, ce n'est pas l'emploi des jetons,
c'est l'emploi de l'argent, les pièces de
monnaie d'or ou d'argent et les billets de
banque offrant moins de commodité pour
l'étouffage, pour les prêts, pour tous les
genres de vol en un mot qui se pratiquent
dans ces établissements.
Le fait que, malgré les règlements,
on ne joue chez M* Jurietti et Cie et
dans les autres tripots analogues qu'a-
vec des jetons n'est pas niable et n'est
pas nié. Mais, comme parmi les nom-
breux lecteurs des « Lettres du Vievx.
Ponte » il en est certainement beauc°!1
qui, n'ayant, heureusement pour eux, Ja,
mais mis les pieds dans un cercle ouvertj
ou dans un casino, hésiteraient, à croira
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