Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-08-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 26 août 1894 26 août 1894
Description : 1894/08/26 (A24,N8259). 1894/08/26 (A24,N8259).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
1,
VINGT-QUATRIÈME ANNÉIL - N- 8,25 LE NUMÉRO CINQ CENTIMES - • - DIMANCHE 26 AOUT 1894
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A l'occasion des vacances, nous ap-
pelons tout spécialement l'attention sur
la magnifique bicyclette offerte en prime
par le XIXe Siècle.
Voir à la 4* page.
LE MODE DE SCRUTIN
Le Temps signale avec quelque mau-
vaise humeur « le commencement de
campagne » que font un certain nombre
de journaux radicaux en faveur du scru-
tin de liste, et il prétend dévoiler la se-
crète pensée de ceux qui n'ont pas pour
le scrutin d'arrondissement une admira-
tion sans borne. Il s'imagine que «les
radicaux, très maltraités aux élections
de 1889 et de 1893, se demandent avec
anxiété ce qui resterait d'eux aprèis une
nouvelle consultation électorale faite par
le scrutin d'arrondissement M et que c'est
pour cela qu'ils demandent tout de suite
que l'on abandonne le mode de votation
qui a couronné leur défaite.
Si la pensé de certains de ceux qui
ont, avec nous, défendu le scrutin de
liste a été telle qu'il plait au Temps
de l'interpréter, nous pouvons en toute
sincérité affirmer qu'en ce qui nous con-
cerne notre confrère a mal compris nos
intentions. Nous n'avons pas cherché à
deviner si une consultation faite par le
scrutin de liste serait favorable aux mo-
dérés ou aux radicaux, et nous avons
simplement exposé les inconvénients,
trop évidents, du scrutin d'arrondisse-
ment. Il fut un temps où ces inconvé-
nients frappaient tous les yeux.
M. Joseph Reinach, qui n'est pas un
radical, accablait tous les jours le « pe-
tit scrutin » de ses mépris ; les amis de
Gambetta multipliaient les démonstra-
tions pour établir que le régime parle-
mentaire ne pouvait donner de résultats
sérieux que si l'on déterminait dans le
pays de « grands, courants » et que le
scrutin de liste seul permettait à ces
« grands courants » de s'établir, tandis
que le scrutin d'arrondissement rabais-
sait la consultation nationale au rang
d'une infime question de clocher. Le
Temps lui-même, à cette époque, était
un des plus ardents à plaider la cause
du scrutin de liste.
Comment le mode de scrutin, qui
avait à cette époque de si éminentes
qualités, a-t-il perdu tout mérite ? Com-
ment le scrutin d'arrondissement a-t-il
conquis les bonnes grâces de ceux qui
lui étaient jadis si opposés ? On in-
voque deux faits : les élections de 1885,
faites au scrutin de liste, ont été pi-
toyables, et le seul grand courant que
le scrutin de liste ait favorisé a été
le courant boulangiste, auquel il a fallu
barrer la route en rétablissant le scru-
tin d'arrondissement.
Sur la qualité des élections de 1885,
nous croyons bien qu'il n'y a qu'une j
opinion : elles ont été pitoyables ; mais
il faut se rappeler comment elles ont été
faites. Le scrutin de liste était un ins-
trument nouveau pour une grande par-
tie des électeurs. De plus, les élections
avaient lieu quand on n'était pas encore
remis de l'émotion causée par la re-
traite de Lang-Son, par tous les inci-
dents de la campagne du Tonkin, et l'a-
gitation avait été savamment entretenue
par ceux qui voyaient dans cette ques-
tion des expéditions lointaines un moyen
de combattre la République. Les partis
monarchiques étaient encore pleins d'ar-
deur ; ils avaient des effectifs impor-
tants et l'on n'avait pas encore pu com-
mencer à organiser les partis dans la
République.
Nous avons dit et le Temps reconnaît
avec nous que les élections de 1885
n'eurent que les apparences d'une appli-
cation du scrutin de liste. On fit les lis-
tes en attribuant un représentant spécial
à chaque arrondissement, en mettant
bout à bout les noms des députés sor-
tants, alors même que leurs opinions
étaient les plus différentes, sans pro-
gramme, sans rien de ce qui peut, en
assurant l'homogénéité d'une liste, pré-
parer l'homogénéité d'une majorité et,
par suite, remplir les conditions néces-
saires à un gouvernement parlementaire
appuyé sur une majorité et appliquant,
de concert avec elle, son programme.
Le résultat fut ce qu'il était naturel
qu'il fût. La Chambre de 1885, dans la-
quelle les réactionnaires étaient plus de
cent cinquante, ne pouvait rien faire et
ne fit rien, sinon multiplier les crises
ministérielles, et c'est de cette circons-
tance initiale que sortit le grand cou-
rant de mécontentement qui aboutit au
boulangisme.
Est-ce parce que cette expérience ma-
ladroitement préparée, faite dans des
conditions les plus défavorables, n'a pas
réussi, qu'il faut définitivement repous-
ser l'idée de faire des élections une con-
sultation nationale et se résigner à ne
plus jamais user que du mode de vota-
tion qui permet toutes les corruptions,
toutes les pressions et duquel ne se dé-
gage ni une idée générale, ni une
indication autre que celle des intérêts
de clocher?
Il nous plaît de constater que les an-
ciens amis de Gambetta, comme M.
Ranc, ne le pensent pas. Le rédacteur
en chef de Paris rappelle que déjà en
1881 le scrutin d'arrondissement était
condamné par les républicains. La
Chambre avait voté le rétablissement
du scutin de liste, et c'est l'influence
de M. Grévy qui fit échouer le projet au
Sénat.
Il est étrange qu'un mode de votation
auquel la majorité républicaine était
déjà opposée il y a treize ans, qu'elle a
supprimé en 1885 et qu'elle n'a rétabli
en 1889 que sous la pression des néces-
sités accidentelles, trouve aujourd'hui
des défenseurs parmi ceux qui l'ont
combattu le plus vivement et que ceux
qui persistent à réclamer son abroga-
tion passent pour des conspirateurs mé-
ditant les plus noirs desseins, alors
qu'ils ne font que persévérer dans l'opi-
nion qui fut jadis celle de tous les répu-
blicains et recommander une mesure
sans laquelle le fonctionnement du ré-
gime parlementaire ne saurait être ré-
gulier. _—
LES VOYAGES DE M. YVES GUYOT
Voici, d'après les projets portant règlement
définitif des budgets 1890, 1891,1892 récem-
ment distribués aux membres du Parlement,
les fantastiques virements auxquels ont donné
lieu,dans les budgets de 1890 et de 1891,les dé-
penses occasionnés par les légendaires voya-
ges de M. Yv<® Guyot, qui fut, on le sait, mi-
nistre des travaux publics du 23 février 1889
au 28 février 1892.
En 1890, ces dépenses se sont élevées à
10,272 francs — au moins, c'est la somme
avouée. Elles ont été imputées ainsi qu'il
suit :
2,134 francs sur les frais généraux du service
du contrôle et de surveillance des chemins de fer
concédés ;
90 francs sur la navigation intérieure (riviè-
res) ; .,
263 francs sur le matériel des mines (dépenses
diverses) ;
2,127 francs sur les réparations des avaries
causées par les inondations de 1886 aux routes
nationales, aux ouvrages de navigation et aux
digues de défense construites par des associa.
tions syndicales ;
1,103 francs sur l'amélioration des rivières;
2,074 francs sur les améliorations et achève-
ment des ports maritimes ;
2,481 francs sur les études et travaux de che-
mins de fer exécutés par l'Etat.
En 1891, les mêmes dépenses se sopt éle-
vées à 10,459 francs, réparties sur quatre cha-
pitres seulement :
5,143 francs sur les frais généraux du con.
trôle;
321 francs sur la navigation intérieure ;
419 francs %ur le matériel des mines;
4,525 francs sur Vamélioration et l'achèvement
desports maritimes.
La cour des comptes a formulé de sévères
observations sur la manière dont M. Yves
Guyot a ainsi détourné de leur destination
des crédits votés par la Chambre avec af-
fectation spéciale.
La Chambre s'associera sans doute à ces
observations et émettra un vote de blâme,
dont les conséquences seront d'ailleurs plato-
niques.
Il convient d'ajouter que,pour permettre de
toucher des indemnités de voyage aux mi-
nistères des travaux publics, qui paraissent
cependant être payés 60,000 francs en partie
pour cela et qui ont leur parcours gratuit sur
toutes les voies de chemin de fer, il a été créé
depuis M. Yves Guyot un chapitre spécial au
budget du ministère des travaux publics,
sous la rubrique : Frais de voyage et de mis-
sion.
LES ANARCHISTES
Berne, 24 août
Le Conseil fédérai a ordonné l'expulsion d'un
nommé Joseph Dorgeval, Savoyard, né en 1851,
manœuvre, qui a été reconnu comme un anarchiste
avéré.
Rome, 24 août
La police a fait opérer une perquisition chez le
personel de service de trois trains de la ligne Pise-
Pistoie-Bologne, soupçonné d'avoir reçu des lettres
anarchistes.
ARRESTATION DU CONSUL ANGLAIS
Au Nicaragua
, New-York, 24 août.
Le dernier courrier de Bluèfields reçu à la
Nouvelle-Orléans annonce que le consul britan-
nique a été arrêté par ordre du ministre du Nica-
ragua et dirigé sur Greytown avec plusieurs per-
sonnes soupçonnées d'avoir pris part aux derniers
événements.
Le consul aurait pu faire parvenir au comman-
dant d'un vaisseau anglais un papier relatant son
arrestation.
Un télégramme reçu à New-York aujourd'hui
complète ces informations et annonce que les
troupes du Nicaragua se sont emparées du consul
anglais et de douze autres personnages étrangers
qu'elles ont hier amenés prisonniers à Bluefiels.
Un vaisseau de guerre anglais est aussi arrivé
dans la soirée à Greytow.
UN MECHANT TOUR
RUSES DE GABELOUS
Histoire de cigares suisses et de
garçon de café. — Odieux abus
-7 Pour gagner 60 francs.
Les employés des contributions indirectes
qui sont chargés de faire la chasse aux frau-
deurs, marchands d'allumettes belges, de ci-
gares étrangers, de cigarettes faites à la main,
de cartes relayées ou provenant de cercles
ont pour que leur zèle soit stimulé, une prime
sur les sommes que leur sagacité fait rentrer
dans les caisses du Trésor, quand ces som-
mes proviennent des amendes dont on frappe
les fraudeurs, et une part de prise dans les
denrées prohibées qu'ils parviennent à saisir.
En travaillant ils augmentent assez sensi-
blement leurs appointements et, de leurs parts
de prises font tel usage, qu'on ne les rencon-
tre jamais que de gros et jaunes cigares aux
dents, cigares qu'ils allument avec des allu- ,
mettes contenues dans des boîtes aux vi-
gnettes pornographiques qui sentent leur ori-
gine belge à deux lieues françaises.
Ils ont même une plaisanterie, ces bons em-
ployés, quand on leur reproche le goût qu'ils
affectent pour le tabac d'outre-froiitière venu
en France par fraude :
— La loi ordonne sa destruction, disent-ils.
Vous voyez, nous détruisons.
Ce serait exquis, plaisanterie comprise, si
les agents des contributions indirectes s'en te-
naient à faire une chasse loyale aux frau-
deurs, car, en somme, c'est bien méÉEter des
contribuables que de veiller à ce que tout le
monde paye ses contributions. Mais, par
chasse loyale, nous entendons sans les pro-
voquer à mal faire.
Un chasseur de tigres ou même de per-
dreaux doit éprouver un dédain assez mar-
qué pour le flâneur qui abat de loin, tran-
quillement assis, de malheureuses alouettes
qu'attire son miroir. Eh bien, c'est le plus
souvent en s'attaquant.à des fraudeurs de pe-
tite envergure et presque malheureux, ache-
teurs d'un paquet de cigarettes non estam-
pillé, voyageurs revenant de l'étranger
avec une caisse de cigares quia passé sous
le nez des douaniers, petit marchand de vin
destinant à ses clients des cartes revendues
par un valet de pied, que les agents des con-
tributions indirectes doublent leurs appoin-
tements Les princes de la fraude leur échappent
généralement, soit par lé respect qu'ils inspi-
rer, soit en employant d'autres moyens. On
l'a vu dernièrement encore pendant les dé-
bats en cour d'assises d'une affaire de fraude
amenant au banc des accusés toute une col-
lection de Flageollet.
Les moyens employés par les agents des
contributions ont rarement de l'ampleur ; ils
sont parfois odieux. On va le voir :
VOULEZ-VOUS DES CIGARES?
Ce 15 août dernier, vers huit heures du
soir, M. Alexandre Mathau, garçon au café
de la Gare, 119, avenue d'Orléans, servait la
clientèle de la maison installée à la terrasse,
quand un consommateur attablé avec deux
amis et une femme lui fit signe d'approcher :
— Avez-vous des cigarettes à la main ? de-
manda-t-il mystérieusement.
- Non, répondit le garçon.
- C'est dommage, fit l'autre; j'aurais voulu
savoir où elles se fabriquent pour en procurer
à un ami qui en donnerait un bon prix. Tâ-
chez donc de vous informer d'une personne
qui en ferait, vous y trouverez votre compte.
M. Mathau répondit évasivement; la con-
versation allait en rester là, quand le con-
sommateur reprit :
— Et des cigares de contrebande, en avez-
vous ? Non 1 Eh bien ! j*en ai, moi, et de beaux
que je vous céderai à quatre sous pièce et que
vous revendrez au moins dix sous. Prenez-
m'en une boîte de 25 et vous y reviendrez,
vous verrez.
Le garçon résista un moment, puis finit par
accepter.
Il fut convenu que le lendemain à minuit,
le consommateur qui avait donné sa carte,
M. Paul Perret, tailleur, 18, avenue d'Orléans,
se trouverait au Lion de Belfort, porteur d'une
'caisse de 25 cigares suisses qu'il livrerait
moyennant cent sous.
ARRESTATION
Le 16 août à minuit, heure des crimes, M.
Alexandre Mathau, qui est Auvergnat, était
au rendez-vous. Arpentant le pourtour de la
statue de Bartholdi, le tailleur de l'avenue
d'Orléans s'y trouvait aussi.
Lemarché s'accomplit rapidement ; la caisse
de cigares fut livrée enveloppée, payée, puis
les deux hommes allèrent prendre un bock
que l'acheteur paya.
- Le marchand de cigares de contrebande
prit après cela la peine de l'accompagner pen-
dant quelques mètres en remontant l'avenue
d'Orléans et après le quitta.
M. Mathau n'avait pas fait cinquante pas,
que deux hommes surgissaient devant lui.
— Eh 1 là, fit l'un d'eux, quest-ce que vous
avez donc là ? Des cigares, hein ? 1 et des ciga-
res de contrebande encore 1.
— Gardiens de la paix 1 cria l'autre hélant
deux sergents de ville en faction devant le
bureau, des Ponts-et-Chaussées, venez donc
ici t
Ils vinrent et, sur la réquisition des deux
hommes qui exhibèrent une câtte d'inspec-
teur des contributions indirectes, firent ou-
vrir à M. Mathau la eaisse. Elle contenait
vingt-cinq cigares jaunes comme la chevelure
légendaire de Guillaume Tell et ornés d'une
superbe bague en papier rouge et or.
M. Mathau était pris !
Timide de sa nature, il bredouilla, ne re-
trouvant pas de suite la trame du filet dans
lequel il avait donné, et quand il fut ques-
tion de le conduire au poste. il s'affola. On
l'y conduisit cependant et on l'y garda.
Livré à ses réflexions. le piège dans lequel
il était tombé lui apparut nettement dessiné :
les deux hommes qui l'avaient arrêté, il les
avait bien vus quelque part, se dit-il, et il se
souvint que c'était la veille au soir, à la
terrasse du « Café de la Gare », en compa-
gnie de son tentateur.
Au matin, il fut conduit chez le commis-
saire de police du quartier de Montrouge.
Dans le commissariat se trouvaient les deux
agents, qui exigèrent que M. Mathau, avant
d'être relâché, versât 300 francs de caution
entre leurs mains.
Le commissaire de police prêta la main à
ce marché, de la régularité duquel nous
avons de fortes raisons de douter. Il n'inter-
rogea pas les agents sur leur don assez cu-
rieux de flairer des cigares de contrebande
dans un paquet qu'un homme porte tranquil-
lement sous le bras, ni sur les raisons qu'ils
avaient de soupçonner en lui un complice de
fraudeurs et encore moins sur la source de
leurs soupçons.
La caution fut fournie quelques heures plus
tard et M. Mathau put s'en aller. Quand il sor-
tit du commissariat, les deux agents étaient
à la porte, goguenardant, un gros cigare jaune
à bague rouge et or — part de prise — aux
lèvres. Us toucheront de plus une prime de
60 francs sur les 300 francs payés par le mal-
heureux garçon de café.
ET MAINTENANT?
Nous espérons qu'une enquête sérieuse va
être faite par la. direction des contributions
indirectes sur la façon de procéder des deux
agents qui ont arrêté M. Mathau. Si par sim-
ple flair, flair au moins d'artilleur, comme
ça, tout de go, ils ont deviné en M. Mathau
un fraudeur, il faut leur donner de Favance-
ment, les décorer ou les exposer sous Verre
comme des objets rares.
S'ils ont machiné toute cette histoire avec
le faux M. Perret, inconnu 18, avenue d'Or-
léans, ce sont deux misérables qui ont odieu-
sement abusé de la candeur d'un brave gar-
çon pour s'en faire des rentes et qui méritent
une sévère punition.
C'est là un dUemme, comme disait M. Du-
puy du temps où il n'avait pas de coliques,
dans lequel nous enfermons une administra-
tion qui met les gens à contribution d'une fa-
çon par trop indirecte.
LA PRiSai DE LA SAUTÉ
Treize cents cellules nouvelles
Les confectionneurs qui emploient à des
travaux divers les détenus du quartier com-
mun de la Santé viennent d'être avisés qu'à
partir du 15 février prochain leurs contrats se-
raient résiliés, le quartier commun devant
disparaître.
On va le remplacer par un nouveau et vaste
quartier cellulaire dans lequel il n'y aura pas
moins de treize cents cellules. Non seulement
les bâtiments existants seront complètement
utilisés à cet effet, mais encore on construira
des cellules dans fe sous-sol. Elles seront
©çJpArées par des arreaux de verre qui servi-
ront de pavage aux chemins de ronde.
La prison de la Santé, ainsi transformée,
servira de maison de détention préventive et
de dépôt des condamnés aux travaux forcés
et à mort.
Dès que les travaux seront terminés, c'est
devant la Santé qu'auront lieu les exécutions
capitales. Comme la rue de la Santé est très
étroite, devant la porte du pénitencier seta
édifié un petit square, sur l'emplacement du
débit de vin actuellement occupé par M. DeI-
pouy. C'est là que se dressera la guillotine
quand besoin sera.
SJazas et la Grande-Roquette doivent être
démolis, on le sait. Sur le terrain de Màzas,
la Compagnie des chemins- de fer de Lyon va
construire un vaste bâtiment pour ses bu-
reaux. m
Les individus condamnés à des peines de
moins d'un an par les tribunaux de la Seine
les accompliront dans la nouvelle prison qui
sera construite à Fresnes.
La Receastraction de l'Opéra-COmique
Enfin reconstruit ! — Nouveaux proJets. —
M. Carvalho et la ville de Paris.
Les travaux de fondation de l'Opéra-Comi-
que, commencés depuis quelques mois, vont
marcîfer un train d'enfer. Un différend avec
la Ville qui s'opposait au déplacement d'un
égout s i. Lié rue Marivaux, les avait retardés.
Cette difficulté vient d'être aplanie, et ils
vieniiout de prendre une activité d'autant plus
grande que l'architecte s'est engagé à finir le
théâtre au 1er juillet 1896.
La musique française
Dans le projet adopté, il n'est pas question
d'une façade Sur le boulevard. Une emprise
de 5 mètres sera faite sur la place Boïeldieu ;
mais,malgré celala salle sera plus petite: des
corridors de dégagement plus vastes seront
établis, et l'architecte a été dans l'obligation
de ménager, entre le mur de fond du théâtre
et celui des maisons formant façade sur le
boulevard, une courette d'isolement de deux
mètres de largeur.
Dans deux ans, l'Opéra-Comique déména-
gera donc de nouveau. Que fera la Ville de
son immeuble de la place du Châtelet ?
Quand après l'incendie, après les pourpar-
lers engages avec le domaine de la Ville, l'O-
péra-Comique est venu s'y installer, de tou-
tes parts des prophéties de mauvais présage
ont salué son-exode : « C'est la ruine, c'est la
mort ! » Or, c'est au bord de l'eau qu'il a fait
les plus belles recettes. Et ce sont justement
les œuvres du répertoire, que d'anciens disent
usées, qui ont donné les plus fructueuses
soirées.
Ce qui prouve que dans ce quartier de bour-
geois, de boutiquiers, de commerçants, il y a
un public nombreux amateur de la vieille
musique française.
Le théâtre lyrique
Aussi M. Carvalho l'a-t-il bien compris,car
il est en ce moment en train de préparer un
projet de théâtre lyrique qui va être soumis
au conseil municipal à sa rentrée. La salle
reprendrait son ancien nom, dont la Ville est
propriétaire à la suite de l'expropriation du
boulevard du Crime
D demande à la ville de Paris qui a fait
plusieurs essais infructueux de théâtre popu-
laire, de l'aider et de montrer l'intérêt qu'elle
port» à l'instruction et l'amusement des clas-
ses populaires en diminuant le prix du loyer
— ce serait une forme de subvention qui ne
comporterait pas le redoutable cahier des
charges. D jouerait avec une troupe de jeunes
ayant le brio et l'entrain, certaines pièces
populaires de l'ancien répertoire. H suivrait
fa fortune de l'Opéra-Comique à la salle Fa-
vart reconstruite et laisserait à son fils le
soin de dirirer la nouvelle entreprise.
L'oeuvr-e est intéressante et a chance de
réussir.
MOUVEMENT ADMINISTRATIF
Le mouvement administratif nécessité par
la démission de M. EdmonclRobert, préfet de
l'Isère, qui se présente à l'élection législative
de Nogent-sur-Seine en remplacement de M.
Casimir-Periez, a été signé par le président
de la République.
M. Edmond Robert sera remplacé à Greho-
ble par M. Roger, préfet de la Corrêze.
Voici, d'après nos renseignements particu-
liers, comment ce mouvement serait com-
plété :
M. Roger serait remplacé comme préfet de
Tulle par M. Pascal, sous-préfet de Coutan-
ces.
M. Regnault, sous-préfet de Vienne, ancien
chef du secrétariat particulier du ministre de
l'intérieur avec M. Raynal, serait nommé sous-
préfet de Coutances.
M. Nicolet, secrétaire général de la préfec-
ture du Puy-de-Dôme, serait nommé sous-
préfet de Vienne.
M. Beaucaire, ancien sous-chef du cabinet
du ministre de l'intérieur, serait nommé se-
crétaire général de la préfecture du Puy-de-
Dôme.
M. Renault, conseiller de préfecture de la
Vendée, serait nommé conseiller de préfecture
de l'Ain.
M. Laforest, licencié endroit, serait nomme
conseiller de préfecture de la Vendée.
CHRONIQUE
UN ARRÊT A RETENIR
La scène se passe dans une école de
l'Ariège. C'est l'heure de la récréation, que
surveille le directeur assisté de ses deux
adjoints. Presque tous les bambins jouent
aux barres, à l'exception de quelques phi-
losophes qui se reposent sous les tilleuls
et préfèrent regarder la partie. Mais il
n'est, comme on dit, pire eau que l'eau
qui dort. Parmi ces gaillards qui font les
bons apôtres, il y en a au moins deux qui
guettent l'occasion de quelque mauvais
coup. Ils ont fabriqué une flèche de papier
armée à son extrémité d'une plume de
fer.
Oh f l'engin n'est pas bien gros et tient
facilement dans le creux de la main. Tou-
tes les fois que les surveillants s'appro-
chent, on le cache avec soin. Mais dès
qu'ils ont le dos tourné, on le lance au pe-
tit bonheur sur les camarades, histoire de
s'amuser un brin.
Il arriva ce qui arrive infailliblement
avec ces jeux-là. La flèche, épargnant les
imprudents, alla frapper dans l'œil un
pauvre innocent qui jouait aux barres.
Ce n'était pas assurément la faute des
maîtres, et quand, à leur place, tous les
pères de famille de la terre eussent sur-
veillé la récréation, je suis sûr que l'acci-
dent se serait produit tout de même. Mais
vous vous figurez aisément la douleur et
l'irritation des parents de la petite vic-
time. Que, sur le moment même, ils aient
cru à la négligence du directeur et de ses
adjoints, qu'ils les aient cités en justice
comme civilement responsables d'un acci-
dent aussi déplorable, il n'y aurait pas lieu
de s'en étonner.
Ce qui est plus singulier, c'est qu'ils
aient attendu trois ans pour le faire. Oui,
l'accolent dont je vous parle a eu lieu
dans PAriège en 1889 et c'est trois ans
après seulement que la famille se ravisa
.et intenta un procès à l'instituteur. Peut-
être que le tribunal de première instance
de Foix était en droit de temporiser à son
tour. D pouvait se dire que, si le père avait
médité trois ans sur sa demande en dom-
mages-intérêts, il n'y avait aucun incon-
vénient à le faire attendre quelques jours
de plus, afin de ne juger que sur pièces et
à bon escient. Si jamais les chefs immé-
diats du directeur de l'école devaient être
consultés, c'était assurément dans cette
circonstance. Mais le tribunal de Foix
passa outre et s'empressa de condamner
l'instituteur à payer quatre cents francs
de dommages-intérêts et la moitié des
frais du procès.
Ce malheureux, qui se croit injustement
frappé, demande alors au ministère les
moyens d'interjeter appel ou une indem-
nite pour le couvrir des frais et dépens
que lui impose le jugement du tribunal de
Foix. Efforts inutiles ! Il y a plus. Alors
qu'on lui refuse l'assistance publique, on
s'empresse de l'accorder à son adversaire.
Il faut que ce soient les instituteurs et insti-
tutrices du département qui se cotisent
pour lui permettre d'aller en appel.
Crâce à cette solidarité touchante, il
vient heureusement d'arriver au terme de
ses tribulations. La cour de Toulouse a
rendu en sa faveur un arrêt très explicite
sur les limites de la responsabilité du maî-
tre dans la surveillance des enfants qui lui
sont confiés.
Sans doute, le maître est là pour empê-
cher les accidents, mais il n'a pas le don
d'ubiquité ni de prescience. Allez donc de-
viner et prévenir toutes les fantaisies qui
peuvent passer dans la cervelle d'une
soixantaine de galopins qui s'ébattent au-
tour de vous !.
Dans cette affaire, par exemple, on s'ap-
puyait, pour accabler le malheureux di-
recteur, sur l'article du règlement scolaire
qui défend aux élèves d'emporter des plu-
mes enrécréation. Mais le petit drôle s'é-
tait bien gardé de les montrer, ses plu-
mes. Fallait-il fouiller toute la classe
pour s'assurer que le règlement était res-
pecté ? L'aurait-on fait, que ces mâtins-là
se seraient empressés de trouver quelque
autre jeu tout aussi dangereux que le
premier.
L'arrêt a donc mis l'instituteur hors de
cause, en reconnaissant « qu'il n'avait pu
empêcher le fait au sujet duquel on invo-
quait contre lui la présomption de respon-
sabilité édictée par l'article 1384. »
Cet article-là, il faut le dire, branle très
sérieusement dans le manche, après nom-
bre d'affaires comme celles-ci qui ont for-
tement ému le personnel enseignant.
Ces jours-ci, le conseil départemental de
l'Aveyron en a fait le siège en règle et a
groupé avec soin tous les arguments qui
militent en faveur d'une modification m-
dispensable du Code civil.
Parmi toutes les raisons qu'il invoque,
il y en a une qui nous a particulièrement
frappé. Autrefois l'école publique n'était
pas obligatoire. Le maître pouvait ren-
voyer les mauvais drôles dont il redoutait
les frasques. Mais aujourd'hui l'instituteur
n'est-il pas obligé d'accepter tous les en-
fants, quels que soient leur caractère et
leur éducation antérieure? Le règlement
des écoles publiques admet en principe
l'exclusion temporaire des enfants vicieux,
insubordonnés ; mais, dans la pratique,
c'est une autre paire de manches, et il faut
la croix et la bannière pour se débarrasser
d'un mauvais garnement. Remarquez que
les directeurs d'école ne choisissent pas
davantage leurs collaborateurs, les insti-
tuteurs adjoints.
N'y a-t-il pas lieu d'admettre alors, avec
le conseil départemental de l'Aveyron, que
le Code civil ne pou vait,dans l'article 1384,
avoir en vue les instituteurs tels qu'ils
sont en 1894, mais bien des précepteurs
qui acceptent librement la garde, l'éduca-
tion et la surveillance d'enfants d'un par-
ticulier, ou les maîtres d'école du bon
vieux temps qui recevaient dans les clas-
ses qui bon leur semblait et s'adjoignaient
des collaborateurs de leur choix. Les
fonctions du maître sont déjà par elles-
mêmes assez pénibles et ingrates. Avec la
responsabilité pénale dont les menace et
maudit article du Code civil, elles devien-
draient aussi dangereuses que le métier
d'anarchiste.
André Balz.
L'ÉCHARPE DE GAMBETTA
A propos de M. Tibara
M. Tibara, le gérant de la Petite Républ.
que dont il est assez fortement question en ce
moment à propos des poursuites intentées à
M. Goullé, est le garçon de bureau de jour-
nal que son cumul avec la fonction périlleuse
de gerant a certainement forcé de changer —
du moins en apparence - le plus souvent
d'opinion.
Il est à la Petite République française de-
puis la fondation en 1876 ; il a donc connu
comme directeurs de son journal Gambetta.
MM. Joseph Reinach, de Roussen, Ranc.
Lannes de Montebello, Albiot, Andrieux
Montés, d'Hubert, Lalou, Bloch, Sembat el
finalement Millerand.
Il y a eu sans doute quelques nuances entre
la façon de voir de ces hommes politiques»
M. Tibara, qui fut condamné, après là
Commune, à deux années de pontons, est,
chose curieuse, le possesseur de l'écharpe de
député de Gambetta, aux derniers moments
duquel il assista. Il conserve aussi du "grancl
homme la ceinture qu'il portait quand il fit
l'ascension en ballon qui lui permit de quitter
Paris pour se rendre à Tours.
Jamais M. Tibara, quelles qu'aient été les
offres que lui ont fait des collectionneutsl.
n'a consenti à se dessaisir de ces deux rtto
liques.
L'ART .AU LUXEMBOURG
On vient de placer dans le jardin du Luxem-
bourg, près de la grille qui donne rue d'Assas,
au beau milieu d'un superbe massif de fleurer.
une fontaine composée d'un affreux bassin en
ciment et d'une borne en fonte peinte en
rouge, comme on peut en contempler le long
des grandes routes.
C'est d'un effet délicieux et nous ne pou-
vons que féliciter le pâtissier qui est chargé
d'orner le jardin du Luxembourg du goût
dont il a fait preuve en choisissant dans le
coquet assortiment de bornes-fontaines que
la Compagnie générale des eaux met à la
disposition des délicats.
Un artiste dans le besoin - ils sont rares,
il est vrai — auquel- on aurait fait la com-
mande d'une fontaine, aurait peut-être édifié
quelque chose de joli, de peu banal et de
neuf ; dans ces conditions, il valait mieux
s'adresser à la Compagnie des eaux, qui met
le public à l'abri des surprises.
LE GRIEN D'WEÏ JMl lMiS
UN DRAME JUDICIAIRE
L'humoriste qui a dit que ce qu'il y a de
meilleur dans l'homme c'est le chien ne pré-
voyait évidemment pas le chien de l'auteur du
Demi-Monde, un chien auquel la gendarmerie
de Marly-le-Roi, dans sa rigide impartialit
croit pouvoir donner le qualificatif de « har-
gneux » en raison même des familiarités dé-
placées qu'il se permet avec les curés de la
localité et les architectes-experts près les tri-
bunaux.
LE RAPPORT DE LA GENDARMERIE
Le 6 n$i 1892, le maréchal des logis Charles
Ricard et le gendarme à pied Théodore Ri-.
che, tous deux en résidence à Marly-le-Roi,
rédigeaient le rapport suivant :
Nous, soussignés, rapportons qu'hier 5 mai, 4
sept heures du soir, étant à notre caserne, s'est
présenté à nous le nommé Chenevière Hippolyte-,
âgéde vingt et un ans, géomètre, demeurant chez
ses parents, rue de la Gare, numéro 8, à Marly,
qui nous a fait la déclaration suivante :
« Il y a un quart d'heure environ, je me trouvais
» dans la rue de la Gare avec mon chien que je
» tenais en laisse et je n'étais plus qu'à quelques
» métrés de notre habitation, lorsqu'un chien noir,
» de fcrrte taille, appartenant à M. Alexandre Dtr-
» mas, est sorti de la cour de son maître et, sans
» provocation de ma part, s'est élancé sur moi et
» m'a mordu au bras droit. Il m'a également d&
» chiré, sur une longueur de vingt-cmq centime.
» très, la manche droite de mon paletot, de mon gi.
» let de laine et de ma chemise.
» Les dames Bordas et Buet, mes voisines, on
» été témoins de ce fait.
« Ce chien est réputé hargneux, vu qu'il s'est
» déjà jeté sur plusieurs passants, notamment sur
» M. le curé de Marly-le-Roi, auquel il a déchiré
» sa soutane, un jour qu'il passait dans la rue, il
» y a six semaines environ. *
» Je porte plainte pour que des poursuites soient
» relevees contre le maître de ce chien et aussi pour
» que des mesures de précaution soient prises au
» sujet de cet animal hargneux. »
Nous avons constaté de visu que les mancheg
droites du paletot, du gilet de laine et do la chemise
du plaignant étaient déchirées sur une longueur de
vingt-cinq centimètres, en outre deux petites plaies
sur le bras droit paraissant être le résultat d'une
morsure (ci-joint le certificat délivré par M. le doc*
teur Broussin).
Nous avons acquis la certitude que ledit chien
a déchiré légèrement la soutane de M. le curé d6
Marly-le-Roi, il y a six semaines environ, un jour
que le prêtre passait devant chez M. Dumas.
Nous nous sommes rendus au domicile de M.
Dumas Alexandre, âgé de soixante-huit ans, homme
de lettres, demeurant rue Champflory, à Marly-le-
Roi (Seine-et-Oise) ; la concierge nous a déclaré quû
M. Dumas était parti le matin à Paris pour plu-
sieurs jours et qu'il avait donné l'ordre, avant son
départ, d'enfermer le chien en question pour évites
d'autres accidents.
Nous avons invité ladite concierge à informel
M. Alexandre Dumas que le nommé Chennevièra
persistant dans sa plainte, nous rédigerions contre
lui procès-verbal.
lu Nous devons faire connaître qu'à la suite de ce
qui était arrivé à M. le curé de Marlv, M Alexan-
dre Dumas avait été invité par les soins de l'auto-
rité locale à tenir son chien à l'attache. -
Me RENARD
L'affaire, qui avait donné lieu à un rapport
si circonstancié, n'en resta naturellement
pas là.
M. Alexandre Dumas fut cité à comparaître
en simple police, sous l'inculpation d'avoir
laissé divaguer son chien.
L'auteur dramatique, se sentant inapte 4
mener à bonne fin cette pièce judiciaire, sa
rendit, sa citation sous le bras, chez Me Au-
guste Renard, clerc d'huissier, et sollicita sa
collaboration.
Me Renard, qui prépare un volume sur les
Citations des autres, lut la feuille de papier
timbré et accepta de mettre l'affaire au point.
Il libella alors les conclusions suivantes,
qu'il développa très éloquemment devant
M. le juge de paix Laurence :
Attendu qu'au moment de la querelle survac
nue entre le chien de Chenevière et celui de Du-
mas, ce dernier chien se trouvait devant la porta
d'entrée de son maître et n'était par conséquent
pas en état de divagation
Qu'en outre, si les habitudes du chien de Du-
mas dénotent chez lui une certaine fougue et un..
ardeur naturelle chez un chien jeune et vigoureur..
il ne s'en sait pas qu'il soit un animal féroce et
malfaisant;
Attendu true dans l'espèce, le chien de Chent-
vière s'est jeté sur celui de Dumas avec provoea., n
VINGT-QUATRIÈME ANNÉIL - N- 8,25 LE NUMÉRO CINQ CENTIMES - • - DIMANCHE 26 AOUT 1894
-..,. '-. ^gB ifëfl fe K»
BÊLA vPSk S 9 ^BSSSlw US KPi^m !"" ■ jF s K U
^Et9 ^1 1m IHI H^B ^1 H ÊÊÊÊt B. 9 Es
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Voir à la 4* page.
LE MODE DE SCRUTIN
Le Temps signale avec quelque mau-
vaise humeur « le commencement de
campagne » que font un certain nombre
de journaux radicaux en faveur du scru-
tin de liste, et il prétend dévoiler la se-
crète pensée de ceux qui n'ont pas pour
le scrutin d'arrondissement une admira-
tion sans borne. Il s'imagine que «les
radicaux, très maltraités aux élections
de 1889 et de 1893, se demandent avec
anxiété ce qui resterait d'eux aprèis une
nouvelle consultation électorale faite par
le scrutin d'arrondissement M et que c'est
pour cela qu'ils demandent tout de suite
que l'on abandonne le mode de votation
qui a couronné leur défaite.
Si la pensé de certains de ceux qui
ont, avec nous, défendu le scrutin de
liste a été telle qu'il plait au Temps
de l'interpréter, nous pouvons en toute
sincérité affirmer qu'en ce qui nous con-
cerne notre confrère a mal compris nos
intentions. Nous n'avons pas cherché à
deviner si une consultation faite par le
scrutin de liste serait favorable aux mo-
dérés ou aux radicaux, et nous avons
simplement exposé les inconvénients,
trop évidents, du scrutin d'arrondisse-
ment. Il fut un temps où ces inconvé-
nients frappaient tous les yeux.
M. Joseph Reinach, qui n'est pas un
radical, accablait tous les jours le « pe-
tit scrutin » de ses mépris ; les amis de
Gambetta multipliaient les démonstra-
tions pour établir que le régime parle-
mentaire ne pouvait donner de résultats
sérieux que si l'on déterminait dans le
pays de « grands, courants » et que le
scrutin de liste seul permettait à ces
« grands courants » de s'établir, tandis
que le scrutin d'arrondissement rabais-
sait la consultation nationale au rang
d'une infime question de clocher. Le
Temps lui-même, à cette époque, était
un des plus ardents à plaider la cause
du scrutin de liste.
Comment le mode de scrutin, qui
avait à cette époque de si éminentes
qualités, a-t-il perdu tout mérite ? Com-
ment le scrutin d'arrondissement a-t-il
conquis les bonnes grâces de ceux qui
lui étaient jadis si opposés ? On in-
voque deux faits : les élections de 1885,
faites au scrutin de liste, ont été pi-
toyables, et le seul grand courant que
le scrutin de liste ait favorisé a été
le courant boulangiste, auquel il a fallu
barrer la route en rétablissant le scru-
tin d'arrondissement.
Sur la qualité des élections de 1885,
nous croyons bien qu'il n'y a qu'une j
opinion : elles ont été pitoyables ; mais
il faut se rappeler comment elles ont été
faites. Le scrutin de liste était un ins-
trument nouveau pour une grande par-
tie des électeurs. De plus, les élections
avaient lieu quand on n'était pas encore
remis de l'émotion causée par la re-
traite de Lang-Son, par tous les inci-
dents de la campagne du Tonkin, et l'a-
gitation avait été savamment entretenue
par ceux qui voyaient dans cette ques-
tion des expéditions lointaines un moyen
de combattre la République. Les partis
monarchiques étaient encore pleins d'ar-
deur ; ils avaient des effectifs impor-
tants et l'on n'avait pas encore pu com-
mencer à organiser les partis dans la
République.
Nous avons dit et le Temps reconnaît
avec nous que les élections de 1885
n'eurent que les apparences d'une appli-
cation du scrutin de liste. On fit les lis-
tes en attribuant un représentant spécial
à chaque arrondissement, en mettant
bout à bout les noms des députés sor-
tants, alors même que leurs opinions
étaient les plus différentes, sans pro-
gramme, sans rien de ce qui peut, en
assurant l'homogénéité d'une liste, pré-
parer l'homogénéité d'une majorité et,
par suite, remplir les conditions néces-
saires à un gouvernement parlementaire
appuyé sur une majorité et appliquant,
de concert avec elle, son programme.
Le résultat fut ce qu'il était naturel
qu'il fût. La Chambre de 1885, dans la-
quelle les réactionnaires étaient plus de
cent cinquante, ne pouvait rien faire et
ne fit rien, sinon multiplier les crises
ministérielles, et c'est de cette circons-
tance initiale que sortit le grand cou-
rant de mécontentement qui aboutit au
boulangisme.
Est-ce parce que cette expérience ma-
ladroitement préparée, faite dans des
conditions les plus défavorables, n'a pas
réussi, qu'il faut définitivement repous-
ser l'idée de faire des élections une con-
sultation nationale et se résigner à ne
plus jamais user que du mode de vota-
tion qui permet toutes les corruptions,
toutes les pressions et duquel ne se dé-
gage ni une idée générale, ni une
indication autre que celle des intérêts
de clocher?
Il nous plaît de constater que les an-
ciens amis de Gambetta, comme M.
Ranc, ne le pensent pas. Le rédacteur
en chef de Paris rappelle que déjà en
1881 le scrutin d'arrondissement était
condamné par les républicains. La
Chambre avait voté le rétablissement
du scutin de liste, et c'est l'influence
de M. Grévy qui fit échouer le projet au
Sénat.
Il est étrange qu'un mode de votation
auquel la majorité républicaine était
déjà opposée il y a treize ans, qu'elle a
supprimé en 1885 et qu'elle n'a rétabli
en 1889 que sous la pression des néces-
sités accidentelles, trouve aujourd'hui
des défenseurs parmi ceux qui l'ont
combattu le plus vivement et que ceux
qui persistent à réclamer son abroga-
tion passent pour des conspirateurs mé-
ditant les plus noirs desseins, alors
qu'ils ne font que persévérer dans l'opi-
nion qui fut jadis celle de tous les répu-
blicains et recommander une mesure
sans laquelle le fonctionnement du ré-
gime parlementaire ne saurait être ré-
gulier. _—
LES VOYAGES DE M. YVES GUYOT
Voici, d'après les projets portant règlement
définitif des budgets 1890, 1891,1892 récem-
ment distribués aux membres du Parlement,
les fantastiques virements auxquels ont donné
lieu,dans les budgets de 1890 et de 1891,les dé-
penses occasionnés par les légendaires voya-
ges de M. Yv<® Guyot, qui fut, on le sait, mi-
nistre des travaux publics du 23 février 1889
au 28 février 1892.
En 1890, ces dépenses se sont élevées à
10,272 francs — au moins, c'est la somme
avouée. Elles ont été imputées ainsi qu'il
suit :
2,134 francs sur les frais généraux du service
du contrôle et de surveillance des chemins de fer
concédés ;
90 francs sur la navigation intérieure (riviè-
res) ; .,
263 francs sur le matériel des mines (dépenses
diverses) ;
2,127 francs sur les réparations des avaries
causées par les inondations de 1886 aux routes
nationales, aux ouvrages de navigation et aux
digues de défense construites par des associa.
tions syndicales ;
1,103 francs sur l'amélioration des rivières;
2,074 francs sur les améliorations et achève-
ment des ports maritimes ;
2,481 francs sur les études et travaux de che-
mins de fer exécutés par l'Etat.
En 1891, les mêmes dépenses se sopt éle-
vées à 10,459 francs, réparties sur quatre cha-
pitres seulement :
5,143 francs sur les frais généraux du con.
trôle;
321 francs sur la navigation intérieure ;
419 francs %ur le matériel des mines;
4,525 francs sur Vamélioration et l'achèvement
desports maritimes.
La cour des comptes a formulé de sévères
observations sur la manière dont M. Yves
Guyot a ainsi détourné de leur destination
des crédits votés par la Chambre avec af-
fectation spéciale.
La Chambre s'associera sans doute à ces
observations et émettra un vote de blâme,
dont les conséquences seront d'ailleurs plato-
niques.
Il convient d'ajouter que,pour permettre de
toucher des indemnités de voyage aux mi-
nistères des travaux publics, qui paraissent
cependant être payés 60,000 francs en partie
pour cela et qui ont leur parcours gratuit sur
toutes les voies de chemin de fer, il a été créé
depuis M. Yves Guyot un chapitre spécial au
budget du ministère des travaux publics,
sous la rubrique : Frais de voyage et de mis-
sion.
LES ANARCHISTES
Berne, 24 août
Le Conseil fédérai a ordonné l'expulsion d'un
nommé Joseph Dorgeval, Savoyard, né en 1851,
manœuvre, qui a été reconnu comme un anarchiste
avéré.
Rome, 24 août
La police a fait opérer une perquisition chez le
personel de service de trois trains de la ligne Pise-
Pistoie-Bologne, soupçonné d'avoir reçu des lettres
anarchistes.
ARRESTATION DU CONSUL ANGLAIS
Au Nicaragua
, New-York, 24 août.
Le dernier courrier de Bluèfields reçu à la
Nouvelle-Orléans annonce que le consul britan-
nique a été arrêté par ordre du ministre du Nica-
ragua et dirigé sur Greytown avec plusieurs per-
sonnes soupçonnées d'avoir pris part aux derniers
événements.
Le consul aurait pu faire parvenir au comman-
dant d'un vaisseau anglais un papier relatant son
arrestation.
Un télégramme reçu à New-York aujourd'hui
complète ces informations et annonce que les
troupes du Nicaragua se sont emparées du consul
anglais et de douze autres personnages étrangers
qu'elles ont hier amenés prisonniers à Bluefiels.
Un vaisseau de guerre anglais est aussi arrivé
dans la soirée à Greytow.
UN MECHANT TOUR
RUSES DE GABELOUS
Histoire de cigares suisses et de
garçon de café. — Odieux abus
-7 Pour gagner 60 francs.
Les employés des contributions indirectes
qui sont chargés de faire la chasse aux frau-
deurs, marchands d'allumettes belges, de ci-
gares étrangers, de cigarettes faites à la main,
de cartes relayées ou provenant de cercles
ont pour que leur zèle soit stimulé, une prime
sur les sommes que leur sagacité fait rentrer
dans les caisses du Trésor, quand ces som-
mes proviennent des amendes dont on frappe
les fraudeurs, et une part de prise dans les
denrées prohibées qu'ils parviennent à saisir.
En travaillant ils augmentent assez sensi-
blement leurs appointements et, de leurs parts
de prises font tel usage, qu'on ne les rencon-
tre jamais que de gros et jaunes cigares aux
dents, cigares qu'ils allument avec des allu- ,
mettes contenues dans des boîtes aux vi-
gnettes pornographiques qui sentent leur ori-
gine belge à deux lieues françaises.
Ils ont même une plaisanterie, ces bons em-
ployés, quand on leur reproche le goût qu'ils
affectent pour le tabac d'outre-froiitière venu
en France par fraude :
— La loi ordonne sa destruction, disent-ils.
Vous voyez, nous détruisons.
Ce serait exquis, plaisanterie comprise, si
les agents des contributions indirectes s'en te-
naient à faire une chasse loyale aux frau-
deurs, car, en somme, c'est bien méÉEter des
contribuables que de veiller à ce que tout le
monde paye ses contributions. Mais, par
chasse loyale, nous entendons sans les pro-
voquer à mal faire.
Un chasseur de tigres ou même de per-
dreaux doit éprouver un dédain assez mar-
qué pour le flâneur qui abat de loin, tran-
quillement assis, de malheureuses alouettes
qu'attire son miroir. Eh bien, c'est le plus
souvent en s'attaquant.à des fraudeurs de pe-
tite envergure et presque malheureux, ache-
teurs d'un paquet de cigarettes non estam-
pillé, voyageurs revenant de l'étranger
avec une caisse de cigares quia passé sous
le nez des douaniers, petit marchand de vin
destinant à ses clients des cartes revendues
par un valet de pied, que les agents des con-
tributions indirectes doublent leurs appoin-
tements Les princes de la fraude leur échappent
généralement, soit par lé respect qu'ils inspi-
rer, soit en employant d'autres moyens. On
l'a vu dernièrement encore pendant les dé-
bats en cour d'assises d'une affaire de fraude
amenant au banc des accusés toute une col-
lection de Flageollet.
Les moyens employés par les agents des
contributions ont rarement de l'ampleur ; ils
sont parfois odieux. On va le voir :
VOULEZ-VOUS DES CIGARES?
Ce 15 août dernier, vers huit heures du
soir, M. Alexandre Mathau, garçon au café
de la Gare, 119, avenue d'Orléans, servait la
clientèle de la maison installée à la terrasse,
quand un consommateur attablé avec deux
amis et une femme lui fit signe d'approcher :
— Avez-vous des cigarettes à la main ? de-
manda-t-il mystérieusement.
- Non, répondit le garçon.
- C'est dommage, fit l'autre; j'aurais voulu
savoir où elles se fabriquent pour en procurer
à un ami qui en donnerait un bon prix. Tâ-
chez donc de vous informer d'une personne
qui en ferait, vous y trouverez votre compte.
M. Mathau répondit évasivement; la con-
versation allait en rester là, quand le con-
sommateur reprit :
— Et des cigares de contrebande, en avez-
vous ? Non 1 Eh bien ! j*en ai, moi, et de beaux
que je vous céderai à quatre sous pièce et que
vous revendrez au moins dix sous. Prenez-
m'en une boîte de 25 et vous y reviendrez,
vous verrez.
Le garçon résista un moment, puis finit par
accepter.
Il fut convenu que le lendemain à minuit,
le consommateur qui avait donné sa carte,
M. Paul Perret, tailleur, 18, avenue d'Orléans,
se trouverait au Lion de Belfort, porteur d'une
'caisse de 25 cigares suisses qu'il livrerait
moyennant cent sous.
ARRESTATION
Le 16 août à minuit, heure des crimes, M.
Alexandre Mathau, qui est Auvergnat, était
au rendez-vous. Arpentant le pourtour de la
statue de Bartholdi, le tailleur de l'avenue
d'Orléans s'y trouvait aussi.
Lemarché s'accomplit rapidement ; la caisse
de cigares fut livrée enveloppée, payée, puis
les deux hommes allèrent prendre un bock
que l'acheteur paya.
- Le marchand de cigares de contrebande
prit après cela la peine de l'accompagner pen-
dant quelques mètres en remontant l'avenue
d'Orléans et après le quitta.
M. Mathau n'avait pas fait cinquante pas,
que deux hommes surgissaient devant lui.
— Eh 1 là, fit l'un d'eux, quest-ce que vous
avez donc là ? Des cigares, hein ? 1 et des ciga-
res de contrebande encore 1.
— Gardiens de la paix 1 cria l'autre hélant
deux sergents de ville en faction devant le
bureau, des Ponts-et-Chaussées, venez donc
ici t
Ils vinrent et, sur la réquisition des deux
hommes qui exhibèrent une câtte d'inspec-
teur des contributions indirectes, firent ou-
vrir à M. Mathau la eaisse. Elle contenait
vingt-cinq cigares jaunes comme la chevelure
légendaire de Guillaume Tell et ornés d'une
superbe bague en papier rouge et or.
M. Mathau était pris !
Timide de sa nature, il bredouilla, ne re-
trouvant pas de suite la trame du filet dans
lequel il avait donné, et quand il fut ques-
tion de le conduire au poste. il s'affola. On
l'y conduisit cependant et on l'y garda.
Livré à ses réflexions. le piège dans lequel
il était tombé lui apparut nettement dessiné :
les deux hommes qui l'avaient arrêté, il les
avait bien vus quelque part, se dit-il, et il se
souvint que c'était la veille au soir, à la
terrasse du « Café de la Gare », en compa-
gnie de son tentateur.
Au matin, il fut conduit chez le commis-
saire de police du quartier de Montrouge.
Dans le commissariat se trouvaient les deux
agents, qui exigèrent que M. Mathau, avant
d'être relâché, versât 300 francs de caution
entre leurs mains.
Le commissaire de police prêta la main à
ce marché, de la régularité duquel nous
avons de fortes raisons de douter. Il n'inter-
rogea pas les agents sur leur don assez cu-
rieux de flairer des cigares de contrebande
dans un paquet qu'un homme porte tranquil-
lement sous le bras, ni sur les raisons qu'ils
avaient de soupçonner en lui un complice de
fraudeurs et encore moins sur la source de
leurs soupçons.
La caution fut fournie quelques heures plus
tard et M. Mathau put s'en aller. Quand il sor-
tit du commissariat, les deux agents étaient
à la porte, goguenardant, un gros cigare jaune
à bague rouge et or — part de prise — aux
lèvres. Us toucheront de plus une prime de
60 francs sur les 300 francs payés par le mal-
heureux garçon de café.
ET MAINTENANT?
Nous espérons qu'une enquête sérieuse va
être faite par la. direction des contributions
indirectes sur la façon de procéder des deux
agents qui ont arrêté M. Mathau. Si par sim-
ple flair, flair au moins d'artilleur, comme
ça, tout de go, ils ont deviné en M. Mathau
un fraudeur, il faut leur donner de Favance-
ment, les décorer ou les exposer sous Verre
comme des objets rares.
S'ils ont machiné toute cette histoire avec
le faux M. Perret, inconnu 18, avenue d'Or-
léans, ce sont deux misérables qui ont odieu-
sement abusé de la candeur d'un brave gar-
çon pour s'en faire des rentes et qui méritent
une sévère punition.
C'est là un dUemme, comme disait M. Du-
puy du temps où il n'avait pas de coliques,
dans lequel nous enfermons une administra-
tion qui met les gens à contribution d'une fa-
çon par trop indirecte.
LA PRiSai DE LA SAUTÉ
Treize cents cellules nouvelles
Les confectionneurs qui emploient à des
travaux divers les détenus du quartier com-
mun de la Santé viennent d'être avisés qu'à
partir du 15 février prochain leurs contrats se-
raient résiliés, le quartier commun devant
disparaître.
On va le remplacer par un nouveau et vaste
quartier cellulaire dans lequel il n'y aura pas
moins de treize cents cellules. Non seulement
les bâtiments existants seront complètement
utilisés à cet effet, mais encore on construira
des cellules dans fe sous-sol. Elles seront
©çJpArées par des arreaux de verre qui servi-
ront de pavage aux chemins de ronde.
La prison de la Santé, ainsi transformée,
servira de maison de détention préventive et
de dépôt des condamnés aux travaux forcés
et à mort.
Dès que les travaux seront terminés, c'est
devant la Santé qu'auront lieu les exécutions
capitales. Comme la rue de la Santé est très
étroite, devant la porte du pénitencier seta
édifié un petit square, sur l'emplacement du
débit de vin actuellement occupé par M. DeI-
pouy. C'est là que se dressera la guillotine
quand besoin sera.
SJazas et la Grande-Roquette doivent être
démolis, on le sait. Sur le terrain de Màzas,
la Compagnie des chemins- de fer de Lyon va
construire un vaste bâtiment pour ses bu-
reaux. m
Les individus condamnés à des peines de
moins d'un an par les tribunaux de la Seine
les accompliront dans la nouvelle prison qui
sera construite à Fresnes.
La Receastraction de l'Opéra-COmique
Enfin reconstruit ! — Nouveaux proJets. —
M. Carvalho et la ville de Paris.
Les travaux de fondation de l'Opéra-Comi-
que, commencés depuis quelques mois, vont
marcîfer un train d'enfer. Un différend avec
la Ville qui s'opposait au déplacement d'un
égout s i. Lié rue Marivaux, les avait retardés.
Cette difficulté vient d'être aplanie, et ils
vieniiout de prendre une activité d'autant plus
grande que l'architecte s'est engagé à finir le
théâtre au 1er juillet 1896.
La musique française
Dans le projet adopté, il n'est pas question
d'une façade Sur le boulevard. Une emprise
de 5 mètres sera faite sur la place Boïeldieu ;
mais,malgré celala salle sera plus petite: des
corridors de dégagement plus vastes seront
établis, et l'architecte a été dans l'obligation
de ménager, entre le mur de fond du théâtre
et celui des maisons formant façade sur le
boulevard, une courette d'isolement de deux
mètres de largeur.
Dans deux ans, l'Opéra-Comique déména-
gera donc de nouveau. Que fera la Ville de
son immeuble de la place du Châtelet ?
Quand après l'incendie, après les pourpar-
lers engages avec le domaine de la Ville, l'O-
péra-Comique est venu s'y installer, de tou-
tes parts des prophéties de mauvais présage
ont salué son-exode : « C'est la ruine, c'est la
mort ! » Or, c'est au bord de l'eau qu'il a fait
les plus belles recettes. Et ce sont justement
les œuvres du répertoire, que d'anciens disent
usées, qui ont donné les plus fructueuses
soirées.
Ce qui prouve que dans ce quartier de bour-
geois, de boutiquiers, de commerçants, il y a
un public nombreux amateur de la vieille
musique française.
Le théâtre lyrique
Aussi M. Carvalho l'a-t-il bien compris,car
il est en ce moment en train de préparer un
projet de théâtre lyrique qui va être soumis
au conseil municipal à sa rentrée. La salle
reprendrait son ancien nom, dont la Ville est
propriétaire à la suite de l'expropriation du
boulevard du Crime
D demande à la ville de Paris qui a fait
plusieurs essais infructueux de théâtre popu-
laire, de l'aider et de montrer l'intérêt qu'elle
port» à l'instruction et l'amusement des clas-
ses populaires en diminuant le prix du loyer
— ce serait une forme de subvention qui ne
comporterait pas le redoutable cahier des
charges. D jouerait avec une troupe de jeunes
ayant le brio et l'entrain, certaines pièces
populaires de l'ancien répertoire. H suivrait
fa fortune de l'Opéra-Comique à la salle Fa-
vart reconstruite et laisserait à son fils le
soin de dirirer la nouvelle entreprise.
L'oeuvr-e est intéressante et a chance de
réussir.
MOUVEMENT ADMINISTRATIF
Le mouvement administratif nécessité par
la démission de M. EdmonclRobert, préfet de
l'Isère, qui se présente à l'élection législative
de Nogent-sur-Seine en remplacement de M.
Casimir-Periez, a été signé par le président
de la République.
M. Edmond Robert sera remplacé à Greho-
ble par M. Roger, préfet de la Corrêze.
Voici, d'après nos renseignements particu-
liers, comment ce mouvement serait com-
plété :
M. Roger serait remplacé comme préfet de
Tulle par M. Pascal, sous-préfet de Coutan-
ces.
M. Regnault, sous-préfet de Vienne, ancien
chef du secrétariat particulier du ministre de
l'intérieur avec M. Raynal, serait nommé sous-
préfet de Coutances.
M. Nicolet, secrétaire général de la préfec-
ture du Puy-de-Dôme, serait nommé sous-
préfet de Vienne.
M. Beaucaire, ancien sous-chef du cabinet
du ministre de l'intérieur, serait nommé se-
crétaire général de la préfecture du Puy-de-
Dôme.
M. Renault, conseiller de préfecture de la
Vendée, serait nommé conseiller de préfecture
de l'Ain.
M. Laforest, licencié endroit, serait nomme
conseiller de préfecture de la Vendée.
CHRONIQUE
UN ARRÊT A RETENIR
La scène se passe dans une école de
l'Ariège. C'est l'heure de la récréation, que
surveille le directeur assisté de ses deux
adjoints. Presque tous les bambins jouent
aux barres, à l'exception de quelques phi-
losophes qui se reposent sous les tilleuls
et préfèrent regarder la partie. Mais il
n'est, comme on dit, pire eau que l'eau
qui dort. Parmi ces gaillards qui font les
bons apôtres, il y en a au moins deux qui
guettent l'occasion de quelque mauvais
coup. Ils ont fabriqué une flèche de papier
armée à son extrémité d'une plume de
fer.
Oh f l'engin n'est pas bien gros et tient
facilement dans le creux de la main. Tou-
tes les fois que les surveillants s'appro-
chent, on le cache avec soin. Mais dès
qu'ils ont le dos tourné, on le lance au pe-
tit bonheur sur les camarades, histoire de
s'amuser un brin.
Il arriva ce qui arrive infailliblement
avec ces jeux-là. La flèche, épargnant les
imprudents, alla frapper dans l'œil un
pauvre innocent qui jouait aux barres.
Ce n'était pas assurément la faute des
maîtres, et quand, à leur place, tous les
pères de famille de la terre eussent sur-
veillé la récréation, je suis sûr que l'acci-
dent se serait produit tout de même. Mais
vous vous figurez aisément la douleur et
l'irritation des parents de la petite vic-
time. Que, sur le moment même, ils aient
cru à la négligence du directeur et de ses
adjoints, qu'ils les aient cités en justice
comme civilement responsables d'un acci-
dent aussi déplorable, il n'y aurait pas lieu
de s'en étonner.
Ce qui est plus singulier, c'est qu'ils
aient attendu trois ans pour le faire. Oui,
l'accolent dont je vous parle a eu lieu
dans PAriège en 1889 et c'est trois ans
après seulement que la famille se ravisa
.et intenta un procès à l'instituteur. Peut-
être que le tribunal de première instance
de Foix était en droit de temporiser à son
tour. D pouvait se dire que, si le père avait
médité trois ans sur sa demande en dom-
mages-intérêts, il n'y avait aucun incon-
vénient à le faire attendre quelques jours
de plus, afin de ne juger que sur pièces et
à bon escient. Si jamais les chefs immé-
diats du directeur de l'école devaient être
consultés, c'était assurément dans cette
circonstance. Mais le tribunal de Foix
passa outre et s'empressa de condamner
l'instituteur à payer quatre cents francs
de dommages-intérêts et la moitié des
frais du procès.
Ce malheureux, qui se croit injustement
frappé, demande alors au ministère les
moyens d'interjeter appel ou une indem-
nite pour le couvrir des frais et dépens
que lui impose le jugement du tribunal de
Foix. Efforts inutiles ! Il y a plus. Alors
qu'on lui refuse l'assistance publique, on
s'empresse de l'accorder à son adversaire.
Il faut que ce soient les instituteurs et insti-
tutrices du département qui se cotisent
pour lui permettre d'aller en appel.
Crâce à cette solidarité touchante, il
vient heureusement d'arriver au terme de
ses tribulations. La cour de Toulouse a
rendu en sa faveur un arrêt très explicite
sur les limites de la responsabilité du maî-
tre dans la surveillance des enfants qui lui
sont confiés.
Sans doute, le maître est là pour empê-
cher les accidents, mais il n'a pas le don
d'ubiquité ni de prescience. Allez donc de-
viner et prévenir toutes les fantaisies qui
peuvent passer dans la cervelle d'une
soixantaine de galopins qui s'ébattent au-
tour de vous !.
Dans cette affaire, par exemple, on s'ap-
puyait, pour accabler le malheureux di-
recteur, sur l'article du règlement scolaire
qui défend aux élèves d'emporter des plu-
mes enrécréation. Mais le petit drôle s'é-
tait bien gardé de les montrer, ses plu-
mes. Fallait-il fouiller toute la classe
pour s'assurer que le règlement était res-
pecté ? L'aurait-on fait, que ces mâtins-là
se seraient empressés de trouver quelque
autre jeu tout aussi dangereux que le
premier.
L'arrêt a donc mis l'instituteur hors de
cause, en reconnaissant « qu'il n'avait pu
empêcher le fait au sujet duquel on invo-
quait contre lui la présomption de respon-
sabilité édictée par l'article 1384. »
Cet article-là, il faut le dire, branle très
sérieusement dans le manche, après nom-
bre d'affaires comme celles-ci qui ont for-
tement ému le personnel enseignant.
Ces jours-ci, le conseil départemental de
l'Aveyron en a fait le siège en règle et a
groupé avec soin tous les arguments qui
militent en faveur d'une modification m-
dispensable du Code civil.
Parmi toutes les raisons qu'il invoque,
il y en a une qui nous a particulièrement
frappé. Autrefois l'école publique n'était
pas obligatoire. Le maître pouvait ren-
voyer les mauvais drôles dont il redoutait
les frasques. Mais aujourd'hui l'instituteur
n'est-il pas obligé d'accepter tous les en-
fants, quels que soient leur caractère et
leur éducation antérieure? Le règlement
des écoles publiques admet en principe
l'exclusion temporaire des enfants vicieux,
insubordonnés ; mais, dans la pratique,
c'est une autre paire de manches, et il faut
la croix et la bannière pour se débarrasser
d'un mauvais garnement. Remarquez que
les directeurs d'école ne choisissent pas
davantage leurs collaborateurs, les insti-
tuteurs adjoints.
N'y a-t-il pas lieu d'admettre alors, avec
le conseil départemental de l'Aveyron, que
le Code civil ne pou vait,dans l'article 1384,
avoir en vue les instituteurs tels qu'ils
sont en 1894, mais bien des précepteurs
qui acceptent librement la garde, l'éduca-
tion et la surveillance d'enfants d'un par-
ticulier, ou les maîtres d'école du bon
vieux temps qui recevaient dans les clas-
ses qui bon leur semblait et s'adjoignaient
des collaborateurs de leur choix. Les
fonctions du maître sont déjà par elles-
mêmes assez pénibles et ingrates. Avec la
responsabilité pénale dont les menace et
maudit article du Code civil, elles devien-
draient aussi dangereuses que le métier
d'anarchiste.
André Balz.
L'ÉCHARPE DE GAMBETTA
A propos de M. Tibara
M. Tibara, le gérant de la Petite Républ.
que dont il est assez fortement question en ce
moment à propos des poursuites intentées à
M. Goullé, est le garçon de bureau de jour-
nal que son cumul avec la fonction périlleuse
de gerant a certainement forcé de changer —
du moins en apparence - le plus souvent
d'opinion.
Il est à la Petite République française de-
puis la fondation en 1876 ; il a donc connu
comme directeurs de son journal Gambetta.
MM. Joseph Reinach, de Roussen, Ranc.
Lannes de Montebello, Albiot, Andrieux
Montés, d'Hubert, Lalou, Bloch, Sembat el
finalement Millerand.
Il y a eu sans doute quelques nuances entre
la façon de voir de ces hommes politiques»
M. Tibara, qui fut condamné, après là
Commune, à deux années de pontons, est,
chose curieuse, le possesseur de l'écharpe de
député de Gambetta, aux derniers moments
duquel il assista. Il conserve aussi du "grancl
homme la ceinture qu'il portait quand il fit
l'ascension en ballon qui lui permit de quitter
Paris pour se rendre à Tours.
Jamais M. Tibara, quelles qu'aient été les
offres que lui ont fait des collectionneutsl.
n'a consenti à se dessaisir de ces deux rtto
liques.
L'ART .AU LUXEMBOURG
On vient de placer dans le jardin du Luxem-
bourg, près de la grille qui donne rue d'Assas,
au beau milieu d'un superbe massif de fleurer.
une fontaine composée d'un affreux bassin en
ciment et d'une borne en fonte peinte en
rouge, comme on peut en contempler le long
des grandes routes.
C'est d'un effet délicieux et nous ne pou-
vons que féliciter le pâtissier qui est chargé
d'orner le jardin du Luxembourg du goût
dont il a fait preuve en choisissant dans le
coquet assortiment de bornes-fontaines que
la Compagnie générale des eaux met à la
disposition des délicats.
Un artiste dans le besoin - ils sont rares,
il est vrai — auquel- on aurait fait la com-
mande d'une fontaine, aurait peut-être édifié
quelque chose de joli, de peu banal et de
neuf ; dans ces conditions, il valait mieux
s'adresser à la Compagnie des eaux, qui met
le public à l'abri des surprises.
LE GRIEN D'WEÏ JMl lMiS
UN DRAME JUDICIAIRE
L'humoriste qui a dit que ce qu'il y a de
meilleur dans l'homme c'est le chien ne pré-
voyait évidemment pas le chien de l'auteur du
Demi-Monde, un chien auquel la gendarmerie
de Marly-le-Roi, dans sa rigide impartialit
croit pouvoir donner le qualificatif de « har-
gneux » en raison même des familiarités dé-
placées qu'il se permet avec les curés de la
localité et les architectes-experts près les tri-
bunaux.
LE RAPPORT DE LA GENDARMERIE
Le 6 n$i 1892, le maréchal des logis Charles
Ricard et le gendarme à pied Théodore Ri-.
che, tous deux en résidence à Marly-le-Roi,
rédigeaient le rapport suivant :
Nous, soussignés, rapportons qu'hier 5 mai, 4
sept heures du soir, étant à notre caserne, s'est
présenté à nous le nommé Chenevière Hippolyte-,
âgéde vingt et un ans, géomètre, demeurant chez
ses parents, rue de la Gare, numéro 8, à Marly,
qui nous a fait la déclaration suivante :
« Il y a un quart d'heure environ, je me trouvais
» dans la rue de la Gare avec mon chien que je
» tenais en laisse et je n'étais plus qu'à quelques
» métrés de notre habitation, lorsqu'un chien noir,
» de fcrrte taille, appartenant à M. Alexandre Dtr-
» mas, est sorti de la cour de son maître et, sans
» provocation de ma part, s'est élancé sur moi et
» m'a mordu au bras droit. Il m'a également d&
» chiré, sur une longueur de vingt-cmq centime.
» très, la manche droite de mon paletot, de mon gi.
» let de laine et de ma chemise.
» Les dames Bordas et Buet, mes voisines, on
» été témoins de ce fait.
« Ce chien est réputé hargneux, vu qu'il s'est
» déjà jeté sur plusieurs passants, notamment sur
» M. le curé de Marly-le-Roi, auquel il a déchiré
» sa soutane, un jour qu'il passait dans la rue, il
» y a six semaines environ. *
» Je porte plainte pour que des poursuites soient
» relevees contre le maître de ce chien et aussi pour
» que des mesures de précaution soient prises au
» sujet de cet animal hargneux. »
Nous avons constaté de visu que les mancheg
droites du paletot, du gilet de laine et do la chemise
du plaignant étaient déchirées sur une longueur de
vingt-cinq centimètres, en outre deux petites plaies
sur le bras droit paraissant être le résultat d'une
morsure (ci-joint le certificat délivré par M. le doc*
teur Broussin).
Nous avons acquis la certitude que ledit chien
a déchiré légèrement la soutane de M. le curé d6
Marly-le-Roi, il y a six semaines environ, un jour
que le prêtre passait devant chez M. Dumas.
Nous nous sommes rendus au domicile de M.
Dumas Alexandre, âgé de soixante-huit ans, homme
de lettres, demeurant rue Champflory, à Marly-le-
Roi (Seine-et-Oise) ; la concierge nous a déclaré quû
M. Dumas était parti le matin à Paris pour plu-
sieurs jours et qu'il avait donné l'ordre, avant son
départ, d'enfermer le chien en question pour évites
d'autres accidents.
Nous avons invité ladite concierge à informel
M. Alexandre Dumas que le nommé Chennevièra
persistant dans sa plainte, nous rédigerions contre
lui procès-verbal.
lu Nous devons faire connaître qu'à la suite de ce
qui était arrivé à M. le curé de Marlv, M Alexan-
dre Dumas avait été invité par les soins de l'auto-
rité locale à tenir son chien à l'attache. -
Me RENARD
L'affaire, qui avait donné lieu à un rapport
si circonstancié, n'en resta naturellement
pas là.
M. Alexandre Dumas fut cité à comparaître
en simple police, sous l'inculpation d'avoir
laissé divaguer son chien.
L'auteur dramatique, se sentant inapte 4
mener à bonne fin cette pièce judiciaire, sa
rendit, sa citation sous le bras, chez Me Au-
guste Renard, clerc d'huissier, et sollicita sa
collaboration.
Me Renard, qui prépare un volume sur les
Citations des autres, lut la feuille de papier
timbré et accepta de mettre l'affaire au point.
Il libella alors les conclusions suivantes,
qu'il développa très éloquemment devant
M. le juge de paix Laurence :
Attendu qu'au moment de la querelle survac
nue entre le chien de Chenevière et celui de Du-
mas, ce dernier chien se trouvait devant la porta
d'entrée de son maître et n'était par conséquent
pas en état de divagation
Qu'en outre, si les habitudes du chien de Du-
mas dénotent chez lui une certaine fougue et un..
ardeur naturelle chez un chien jeune et vigoureur..
il ne s'en sait pas qu'il soit un animal féroce et
malfaisant;
Attendu true dans l'espèce, le chien de Chent-
vière s'est jeté sur celui de Dumas avec provoea., n
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