TINGT-QUATRIÈME ANNÉE. — N" 8,258 LE NUMÉRO CINQ CENTIMES SAMEDI 25 AOUT 1894
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A l'occasion des vacances, nous ap-
pelons tout spécialement l'attention sur
la magnifique bicyclette offerte en prime
par le XIXe Siècle.
Voir à la 4e page.
LA MARINE
11 11 ;
En attendant que la commission ex-
Ira-parlementaire chargée de faire une
enquête sur notre marine ait achevé ses
investigations, que nous supposons très
patientes et que nous voulons espérer
très complètes, l'administration de la
rue Royale fait parler encore d'elle. Ce
sont les blâmes officiels infligés par le
ministre actuel, M. Félix Faure, à la
Suite de sa tournée d'inspection, aux
services des approvisionnements de ré-
serve. Ce sont aussi les renseignements
an peu tardifs, mais fort édifiants, que
nous fournit, sur l'expédition du Da-
homey, le rapport du général Dodds,
dont le Figaro a publié des extraits.
On se souvient de l'émotion qui se
manifesta à la Chambre lorsqu'on ap-
pris les démêlés du commandant Ter-
rillon et du capitaine de vaisseau Four-
nier, celui-ci refusant, en vertu d'ins-
tructions du ministre de la marine, de
venir au secours du chef de corps expé-
ditionnaire. Le ministre de la marine,
qui était alors M. Barbey, céda la place
à M. Cavaignac qui devait, conformé-
ment aux volontés de la Chambre, assu-
rer l'unité de commandement. Quelques
jours à peine s'étaient écoulés que les
bureaux de la rue Royale avaient
« chambré » le nouveau ministre et que
celui-ci émettait l'avis que l'unité de
commandement était irréalisable et que
le mieux était de laisser la marine et
l'infanterie aller chacune de son côté et
se quereller entre elles, plutôt que de
combiner leurs efforts contre l'en-
nemi.
M. Cavaignac fut renversé, la Cham-
bre n'ayant pas été convaincue par ses
arguments, et M. Burdeau lui succéda.
Par ses soins, l'unité de commande-
ment fut enfin réalisée et le colonel
Dodds eut sous ses ordres toutes les
troupes faisant partie de l'expédition du
Dahomey. Il n'y a pas à rappeler com-
ment cet officier s'acquitta de la mis-
sion qui lui avait été confiée. Mais ce
\qui est intéressant, c'est de voir com-
ment, malgré l'énergie du ministre de
la marine, l'administration de la rue
Royale le seconda dans l'accomplisse-
ment de sa tâche.
A la date du 25 juin, la campagne
d'automne est résolue et des demandes
précises .sont faites au ministère de la
marine « pour le personnel et pour le
matériel nécessaires, ainsi que pour les
dates auquelles il devait être satisfait
aux besoins de chaque catégorie ». Et
Je général Dodds aj oute : « Pour des
causes diverses qu'on n'a pas à appré-
cier ici, mais dont on peut seulement
énumérer les résultats, ces désirs ne
furènt point entièrement satisfaits. »
Nous empruntons au rapport du gé-
néral Dodds la relation de quelques-uns
jde ces mécomptes :
On avait dès le mois de mars demandé
l'envoi des vivres pour le 1er juillet, afin
qu'on pût les monter à l'avance dans le nord,
avant que les moyens de transport fussent ac-
caparés par les troupes. Ces vivres ne com-
mencèrent à être débarqués à Kotonou que
lle 21 août, de telle sorte que le désir exprimé
par le général Dodds, au moment de son dé-
jpart pour le Dahomey, de trouver le 1er sep-
tembre quatie mois de vivres dans les postes
du nord, ne put être satisfait.
De plus il fallut, dès le 1er août, la farine
manquant par suite de ce retard dans les en-
vois de France, remplacer trois jours sur
quatre le pain par du biscuit, et consommer
ainsi prématurément ce qu'on voulait envoyer
dans le nord pour commencer au moins, si-
non constituer entièrement les dépôts de vivres
destinés à la concentration. Jusqu'à la fin
d'octobre on tut dans une véritable pénurie
de biscuit.
C'est donc dix semaines de retard
dans la réception de ces vivres, et non
seulement les soldats déjà débilités par
le climat sont soumis à un régime
défavorable, mais, les approvisionne-
ments de vivres n'étant pas réunis, l'ex-
pédition pouvait être rendue impossi -
ble. Même incurie pour le vin. Le gé-
néral Dodds constate que le Maranhao,
arrivant le 30 novembre avec trois mois
de vivres, n'apporta pas de vin ; il fallut,
pour se procurer cette denrée indispen-
sable aux Européens, surtout en co-
lonne, acheter d'ofnce tout ce qu'on
put trouver sur la côte, c'est-à-dire
dans les magasins des Anglais et des
Allemands établis dans ces parages.
Si l'alimentation était l'objet de soins
aussi minutieux, l'outillage n'avait rien
à lui envier :
Dans les corps de troupes, l'outil essentiel
était le coupe-coupe ; il eût été désirable d'en
munir chaque homme, au moins dans les
compagnies noires. Les demandes faites pour
constiuer l'approvisionnement nécessaire n'é-
taient pas encore satisfaites. Ces outils ar-
rivèrent seulement le 30 janvier 1894.
Behanzin s'était rendu le 25.
Quant aux moyens de transport, le
général Dodds nous dit comment l'ad-
ministration vigilante de la rue Royale
y avait pourvu :
Tois cents mulets avaient été demandés
pour former les trains et convois. Il en fut
envoyé, en août, 280, chiffre qui, à la ri-
gueur, aurait pu suffire. Mais les bâts en-
voyés avec ces mulets se trouvèrent dépour-
vus d'accessoires sans lesquels ils étaient
inutilisables, et il fallut, au dernier moment,
modifier toute l'organisation préparée pour
les trains, improviser avec de vieilles pièces
des harnachements de voitures et réparer ces
voitures elles-mêmes pour pouvoir se mobi-
liser.
Les accessoires de bâts n'arrivèrent en effet
que vers la fin d'octobre..
Ne se croirait-on pas revenu aux
tristes jours de 1870, lorsque l'on expé-
diait des canons d'un calibres et des
obus d'un autre ou des fusils d'un mo-
dèle et des cartouches d'un autre sys-
tème? Quand on voit avec quelle incurie
l'administration de la rue Royale orga-
nise une expédition contre des sauvages
et que, par suite de ses fautes, elle risque
de nous mettreNen état d'infériorité à
l'égard des Dahoméens, on est bien au-
torisé à se demander ce qu'il advien-
drait dans une lutte contre des puissan-
ces européennes douées de quelque es-
prit de méthode et ayant pris leurs pré-
cautions. Est-ce que toutes les forces et
toutes les volontés viendront toujours se
briser contre l'inertie des bureaux de la
rue Royale? Est-ce qu'on laissera se per-
pétuer dans cette administration l'esprit
d'imprévoyance et d'incurie qui peut
nous conduire au désastre et qui, au
point où il est poussé, finit par ressem-
bler fort à l'esprit de trahison ?
L'Election de M. Dupuy en 1885
Nous parlions récemment des opérations
électorales de 1885 dans la Haute-Loire, qui
permirent à M. Ch. Dupuy, grâce au scrutin
de liste dont l'ingrat est aujourd'hui l'ennemi
acharné, de sortir de l'obscurité dans laquelle
il se lamentait.
Comme depuis lors les événements ont
marché pour lui et que sa mémoire pourrait
lui faire défaut, nous avons entrepris la tâche
de lui venir en aide et de lui permettre de dé-
couvrir la vérité et de la publier, au cas où la
fantaisie, peu probable, 1 en prendrait. Aussi
avons-nous recherché quelques-unes des per-
sonnes qui seraient à même de le renseigner
et de renseigner la justice, si elle avait la cu-
riosité d'ordonner une enquête qui ne man-
querait pas, sans doute, de donner des résul-
tats intéressants pour le cas où elle serait
conduite autrement que celle de Panama.
Voici donc quelques-unes des personnes que
nous avons retrouvées qui pourraient être
utilement consultées :
M. Mottet, fils du propriétaire du fameux
casino de la Villa des Fleurs d'Aix-les-Bains,
ex-maire de cette ville, ex-conseiller de la pré-
fecture du Puy, actuellement conseiller de
préfecture "à Grenoble ;
M. Claude Bernard, rien du célèbre physio-
logiste, ami personnel de M. Dupuy, conseil-
ler général du canton de Vorey (Haute-Loire),
aujourd'hui receveur particulier des finances
à Ruffec, en récompense des services électo-
raux rendus à son ami.
Nous pourrions encore citer M. Andr é
Bonnet, ancien conseiller de préfecture au
Puy, ex-sous-préfet de l'arrondissement d'Ys-
singeaux de 1889 à 1893. Mais le malheureux,
après avoir administré son arrondissement
pendant près de deux ans dans un état de
démence absolue, est actuellement mourant
dans une maison de santé de Lyon.
Pendant deux ans, l'arrondissement d'Ys-
singeaux fut absolument livré à un insensé.
M. Dupuy était devenu le suprême arbitre
du département. Aussi tous les intéressés
portaient-ils leurs jérémiades à ses pieds.
Mais comment pour celui-ci toucher à un ami
de 1885, et, de plus, neveu du sénateur Vissa-
guet ? Aussi, lorsque M. Dupuy fut, pour la
première fois, président du conseil, rien ne
fut-il changé à cet état. tant qu'il n'y eut
pas nécessité absolue. Cependant, lorsqu'ar-
rivèrent les élections de 1893, il fallut bien se
résigner à remplacer cet étrange sous-préfet,
parce que M. Néron, le candidat de M. Du-
puy, ne voulait pas s'exposer à dépenser
50,000 francs pour arriver à un échec.
M. Bonnet fut donc changé avec mille mé-
nagements et M. Néron fut élu.
Mais revenons aux opérations électorales
de 1885 et disons tout de suite qu'on trouve-
rait tous les renseignements utiles auprès du
doux M. Mercieca, exrsecrétaire général de la
préfecture du Puy, aujourd'hui attaché au
cabinet de M. le président du conseil en qua-
lité de chef dit premier bureau des secours
généraux. -
Inutile d'aller bien loin aujourd'hui.
M. GLADSTONE
, Londres, 23 août.
Il y a eu cette après-nudi un moment d'émo-
tion.
Le bruit s'est tout à coup répandu que M. Glad-
stone était mort subitement.
Des informations ayant été prises à Hawarden,
il a été répondu que l'illustre vieillard se portait
t merveille, - - •
LA
MORT D'UN BOURREAU
MONSIEUR DE BORDEAUX
Le mystérieux vieillard du cours de Vin-
cennes. - M. Henri Desmorest. — Sa
mort. — Le bourreau historien
et hygiéniste
Un bourreau est mort avant-hier à Paris.
Voilà un fait rare, même quand il s'agit d'un
ancien exécuteur des hautes œuvres, car, en
somme, les anciens bourreaux sont moins
nombreux que les anciens ministres et la
mort a rarement une occasion semblable à
s'offrir.
Celui qui a trépassé mercredi à Paris avait
fait partie de l'ancienne « bourreaucratie » de
France, quand tous les départements possé-
daient un bourreau. Il avait passé par bien
des transformations opérées dans l'organisa-
-tion de l'exécution des arrêts criminels, et
quand, le 25 novembre 1870, M. Crémieux,
par un décret, ne laissa subsister qu'un seul
bourreau pour toute la France et un autre
pour l'Algérie, il fendit du coup l'oreille aux
exécuteurs des vingt-six ressorts des cours
d'appel, et parmi eux se trouvait Henri Des-
morest, bourreau de Bordeaux, celui dont
nous avons à enregistrer la mort à 83 ans.
LES ANCIENNES ORGANISATIONS
S'il nous est impossible de raconter toutes
les phases par lesquelles la fonction de
bourreau a passé depuis le temps immémo-
rial qu'elle existe en France, nous pouvons
la reprendre à la Révolution :
Un décret de la Convention du 13 juin 1793
institua un bourreau par département.
Cela dura ainsi sous le premier Empire et
la Restauration.
Le 7 novembre 1832, une ordonnance de
Louis-Philippe réduisit le nombre des bour-
reaux de moitié. A cette époque, M. de Paris
gagnait 8,000 francs par an, M. de Bordeaux
4,000 seulement.
Le 9 mars, la République limita le nombre
des exécuteurs aux vingt-six ressorts des
cours Rappel et diminua leurs traitements.
M. de Paris ne gagna plus que 6,000 francs,
son collègue de Bordeaux 3,500; les autres
arrivaient au maximum à, 3,000 francs d'ap-
pointemants fixes.
Enfin, comme nous l'avons dit le 25 no-
vembre 1870 deux bourreaux seulement
furent conservés. Tous les autres furent mis
à la retraite. Ils moururent un à un, sans que
leur mort fût connue, pensons-nous, ou
signalée.
Celui qui eut le premier le monopole des
exécutions pour la France fut M. Heinden-
reich, bourreau d'Amiens, auquel succédèrent
M. Roch, fils et neveu de bourreaux, et enfin
M. Deibler, ancien exécuteur de Rennes,
gendre lui-même de M. Rasneux, bourreau
d'Algérie. On le voit, les exécuteurs sont des
enfants de la balle. Ils chassent de race.
L'AMI DES ENFANTS -
En 1872, M. Desmorest, l'ancien bourreau
de -Bordeaux, notre mort, vint s'installer à
Paris et alla habiter, 48, boulevard du Temple,
dans la maison où fut assassinée Mme la ba-
ronne Dellard. Son frère avait été bourreau
de Bourges. Il mourut quelques années après
la perte de son emploi, ne pouvant se faire à
l'inactivité, dit-on.
Nous avons peu de détails sur ce que fit
Henri Desmorest pendant les premières an-
nées qu'il habita Paris ; il vivait aussi retiré
qu'il vécut jusqu'à sa mort, cachant soigneu-
sement ses origines, ses anciennes et terribles
fonctions ; mais ce que nous pouvons dire et
ce qui est assez curieux, c'est que M. Desmo-
rest, dont le métier ne fut pas tendre cepen-
dant, se prit, dès sa mise en retraite, d'une
vive affection pour les enfants.
Nous le trouvons pendant plusieurs .années
membre actif de Y Académie d'hygiène contre
les maladies du premier dge et la mortalité
des nourrissons, académie dont le siège était
172, avenue Daumesnil, et qui avait pour pré-
sident le docteur Potin. M. Robert, du bibe-
ron, figurait dans le comité avec Desmorest
qui se donnait comme ancien comptable.
Quelle comptabilité tint-il,grands dieux 1
Qu'est devenue l'académie qui avait pour
but louable de vulgariser les préceptes d'hy-
giène concernant les enfants nouveau-nès,
nous n'en savons rien ; mais M. Desmorest
resta toujours l'ami des enfants. On va le
voir :
LE VIEUX DU COURS DE VINCENNES
En 1883, l'ancien bourreau alla habiter
cours de Vincennes, 16, un petit appartement
au deuxième étage, deux petites pièces au
fond d'un couloir dont il il fc de l'une sa cham-
bre à coucher, meublée d'un modeste lit d'a-
cajou, d'une toilette et de deux chaises ; l'au-
tre, garnie d'une table, d'une petite armoire,
d'un, fauteuil et de plusieurs malles, devait
lui servir de salle à manger.
Là encore, on ignora longtemps son ancien
métier. On le croyait ancien petit fonction-
naire, ayant une mi ace retraite de 1,300 francs
qu'il allait toucher "is les trimestres.
Pendant onze an a vie fut la même. Levé
de très bonne heu,;.. , Desmorest préparait
lui-même son café a lait, lisait quelques
journaux, puis écrirait longtemps.
Il allait alors aux provisions pour son
deuxième déjeuner et son dîner et rentrait se
remettre à ses écritures. Jamais il ne parlait
à persdnne, jamais il n'allait chez un mar-
chand de vin, jamais il ne recevait de visites
et pourtant il avait trois fils, morts en ces
derniers temps, et une bru, Mme Desmorest,
qui demeure rue des Vinaigriers.
Cependant un seul homme venait parfois
s'enfermer le soir avec le taciturne locataire,
un vieillard aussi, un ébéniste de l'avenue
Parmentier, connu par la concierge sous le
nom de M. Berger. Ce nom ne lui disait rien
et pourtant M. Bercer n'était autre que l'aide
en second de M. D^bler. - -
J1 y a un an, a propos d'un procès que M.
Desmorest eut avec une concierge du voisi-
nage, procès qu'il perdit, sa profession de
jadis fut révélée. Son antagoniste vint lui jeter
à la tête comme une injure.
M. Desmorest parut souffrir beaucoup d'être
démasqué, mais il nia, plaisanta même avec
ses concierges, de braves gens, sur le métier
qu'on lui prêtait. On le crut pour lui faire
plaisir, car, maintenant, on se doutait bien
de quelque chose.
Ses relations avec un aide du boureau d'a-
bord étaient suspectes, puis un jour que M.
Desmorest avait mal aux jambes -- il était
hydropique — son concierge l'accompagna
quand il alla toucher sa pension trimestrielle.
M. Desmorest s'en fut d'abord se faire délivrer
un mandat au bureau du domaine à l'Hôtel
de Ville, puis se rendit au .Palais de Justice
le toucher. Il veilla soigneusement à ce que
son compagnon ne pût lire le libellé du
mandat, et quand il Peut touché, les employés
chuchotèrent et le désignèrent curieusement.
Quelques jours avant l'exécution de Vail-
lant, encore, M. Desmorest parut très agité en
apprenant que les anarchistes menaçaient M.
Deibler ; il écrivit une longue lettre qu'il fit
mettre à la poste parson concierge à l'adresse
que voici:
Direction des affaires criminelles et des grâces.
Nécessité de service
Monsieur le garde des sceanx,
Bureau de la rue Cambon.
'Que contenait cette lettre ? Un plan de me-
sures à prendre pour protéger le bourreau et
sa machine, paraît-il.
Connu, M. Desmorest n'en resta pas moins
très estimé par ses co-locataires, les seules
personnes qui l'approchassent.
C'était « un charmant homme », nous dit
son concierge, un grand, beau vieillard, très
doux, très affahle, chez lui, il se livrait non
seulement à de longs travaux d'écriture,
mais encore à la préparation de secrètes mix-
tures qu'il donnait généreusement quand il
savait un enfant malade ou blessé dans le
quartier. Il en guerit plus d'un. presque mira-
culeusement, disent leurs parents.
SA MORT
La mort de M. Desmorest a été assez tou-
chante. Depuis six mois il souffrait fortement
de son hydropisie, se levait à peine, ne man-
geait plus, ne quittait son lit que pour faire
disparaître des papiers à la hâte, craignant
que la mort arrivant brusquement ne trahit
plus entièrement un incognito gardé pendant
plus de vingt ans.
A vat-hier matin, on l'entendit geindre,
appeler ; une voisine et son concierge arrivè-
rent. Il était levé, appuyé contre son lit, et il
dit :
— Donnez-moi un poignard, que je puisse
m'achever ; je souffre trop 1.
Puis il eut un mot énorme :
— Je voudrais que quelqu'un me donnât la
main, dit-il tristement.
Deux mains se tendirent vers lui, il les
serra et mourut.
On l'a enterré hier à midi au cimetière
d'Ivry, près du champ des morts où reposent
les suppliciés.
Derrière son cercueil marchaient son con-
cierge, sa femme, sa fille et la « demoiselle
du charcutier », nous a-t-on dit.
Ses papiers ont été pris par sa bru. Ils con-
tiennent, paraît-il, des documents très inté-
ressants sur les Samson et des observations
personnelles sur les condamnés à mort.
M. Desmorest était le dernier des bourreaux
de piovince.
L'AFFAIRE DE CEMPUIS
Au sujet de l'affaire de l'orphelinat de Cempuis
dont nous avons parlé dans notre dernier numéro,
nous .apprenons qu'une enquête va être faite con-
jointement par les soins du ministère de l'instruc-
tion pubfique et du ministère de l'intérieur.
LES DISPENSES DE L'ARTICLE 23
ET
LA DEUXIÈME PORTION
Justes réclamations des étudiants
Les bureaux du ministère de la guerre ont-
ils examiné sérieusement, dans toutes ses con-
séquences, la décision prise récemment par le
ministre de la guerre au sujet de la deuxième
portion du contingent créée après coup dans
les classes 1891,1892 et 1893?
Si oui, nous serions très reconnaissant au
général Mercier de vouloir bien faire connaî-
tre au public, le plus tôt possible, les mesures
qu'il a arrêtées en ce qui concerne les engagés
volontaires de trois et quatre ans que leur
numéro de tirage ferait classer dans la
deuxième portion.
Mais les engagés volontaires ne sont pas
seuls intéressés à la question. Les dis-
pensés de l'article 23 voudraient bien être
également fixés sur leur sort.
Prenons, par exemple, la catégorie des étu-
diants en droit.
Voici fcn jeune homme de vingt-trois ans,
licencié en droit, qui appartient à la classe
1891. L'année dernière, il a fait son année de
service militaire après avoir obtenu la dis-
pense au titre de l'article 23. D'après la déci-
sion ministérielle qui nous occupe, sont dis-
pensés d'une partie de leur service les « bons
numéros » de la classe 1891. Or, notre jeune
licencié se trouverait, de par son numéro de
tirage, appelé à bénéficier de la faveur accor-
dée à ses camarades.
Doit-il en jouir effectivement? Telle est la
question qui nous est posée de divers côtés et
que nous soumettons, à notre tour, à M. le
ministre de la guerre.
Dans les bureaux de recrutement où, cha-
cun sait cela, on n'est exactement renseigné
que lorsqu'on n'a rien à demander, nos cor-
respondants n'ont pu obtenir de réponse pré-
cise à cette question.
Il convient donc qu'une instruction minis-
térielle, visant ces différents cas de la façon la
plus précise, intervienne au plus tôt.
Il serait souverainement injuste d'incorpo-
rer à vingt-six ans, pour deux nouvelles an-
nées de service, un jeune homme que son bon
numéro aurait fait classer dans la deuxième
portion, mais qui, après avoir demandé la
dispense parce qu'il n'y avait pas de 2* por-
tion, tombe sous le coup de la loi s'il n'a pas
obtenu son diplôme de docteur à l'âge fixé.
La situation des étudiants en droit (et leurs
camarades des autres facultés sont dans le
même cas), aux prises avec les difficultés
actuelles du doctorat, n'est déjà pas si brillante
qu'on doive les priver, par-dessus le marché,
de la faveur dont jouissent les autres conscrits
de leur classe.
En un mot, les engagements pris vis-à-vis
de l'Etat par un grand nombre d'étudiants ne
l'ont été, nous le répétons, que parce qu'ils
avaient la certitude qu'il n'y aurait pas de
bons numéros.
Si le ministre se décide subitement — ce
qui est son droit — à établir une deuxième
portion, il est de toute justice que le contrat
passé entre l'Etat et les étudiants porteurs de
bons numéros soit annulé ipso facto et que ces
jeunes gens rentrent dans le droit commun.
H. Romaze.
UNE REINAUGURATION ATTRISfÊE
PAR UN ACCIDENT
Flessingue, 23 août.
La petite reine Wilhelmine et sa mère, la
reine régente, ont « réinauguré » aujourd'hui
— ce qui n'est pas une cérémonie très fré-
quente — la statue de l'amiral Ruyter, le
célèbre marin hollandais qui fut tué d'un
boulet de canon dans le combat que la flotte
française, commandée par Duquesne, livra à
la flotte hollandaise, le 22 avril 1676, près de
Syracuse.
Après un discours du bourgmestre, la reine
Wilhelmine a donné le signal de dévoiler la
statue et a déposé une couronne.
Pendant la cérémonie, 300 écoliers ont
chanté un hymne.
Le bourgmestre a offert à la raille, au nom
de la population de Flessingue, une ftiinia-
ture en argent de la statue.
Pendant les salves, une explosion s'est pro-
duite dans les magasins à charbon du vais- 1
seau de guerre S lier.
Sept matelots orrô été blessés mortellet.
LAVIEDEPARIS
Un incident vient de se pro duire dans
l'administration des colonies, sur lequel je
veux m'expliquer avec la plus grande li-
berté — et tant pis pour les pharisiens t
Un homme que je ne connais absolument
pas, dont même — je l'avoue — je lis le
nom pour la première fois, M. Dolisie, a
été nommé gouverneur. Cet homme, pa-
raît-il, est un excellent administrateur,
très correct, très intelligent, très coura-
geux surtout, ayant fait en Afrique des
expéditions où il a montré les plus viriles
qualités.
Cependant, arrivé dans la colonie où il
était envoyé, M. Dolisie a reçu un accueil
plus que froid des employés placés sous
ses ordres. Le mauvais accueil, la résis-
tance même se sont accentués jusqu'à dé-
générer en conflit. Ceci a nécessité des
explications et finalement les employés
de M. Dolisie ont déclaré qu'ils ne pou-
vaient accepter et respecter un chef qui
s'était rendu coupable d'un délit, d'un vol,
pour appeler les choses par leur nom.
Le crime de M. Dolisie, le voici. Il y a
quinze ou vingt ans, dans une école du
gouvernement, il avait pris à un camarade,
sans le lui dire, une très petite somme
d'argent, qui avait été d'ailleurs restituée
tout aussitôt. Je blâme l'acte, et il n'est pas
besoin de dire que je ne suis pas le moins
du monde partisan de la « reprise indivi-
duelle ». h ne l'ai pas pratiquée — quoi-
que, maintes fois, on l'ait pratiquée contre
moi, légalement ou non. Mais il convient
d'étudier les actes humains avant de les
juger d'une façon impitoyable.
Pourquoi un jeune homme de vingt ans
prend-il quelques louis, quelques francs
peut-être, dans le bureau d'un camarade ?
Ce n'est certes pas pour vivre dans l'oi-
siveté.
C'est, forcément, pour donner à une
femme, pour payer un dîner à une maî-
tresse ou pour régler une petite dette
criarde, se libérer d'un créancier dont on
exagère les droits, ou encore d'une dette
de Jeu où l'on tient que l'honneur est en-
gagé.
Bref, l'action, coupable en soi, peut être
entourée de je ne sais combien de circons-
tances atténuantes. Ce fut l'opinion des
hommes qui, n'ignorant pas cet incident,
nommèrent M. Dolisie. Ils savaient que
celui-ci, parti pour l'Afrique, s'impo-
sant une sorte d'expiation en se privant
des plaisirs de la vie de Paris, y avait fait
son devoir. Il avait payé sa dette à son
camarade tout de suite. S'il en avait con-
tracté une envers la société, comme on
dit, il l'avait payée aussi avec usure pen-
dant dix ans. Vraiment, on pouvait le
tenir pour quitte i
Plus je vais, plus je suis frappé de la
sauvagerie contemporaine en matière d'ar-
gent. Une colère me prend quand je re-
garde autour de moi et que je vois un tas
de gredins — oui, de gredins — qui sont
respectés parce qu'il ont touj ours eu de
l'argent et qui se font méprisants pour
ceux qui n'en ont pas ou, n,'en ayant plus,
s'en sont procuré parfois d'une façon in-
correcte. - * ,."
Mais, pharisiens abominables, ne savez-
vous pas ce que c'est que la misère, et la mi-
sère en redingote, la pire de toutes ? Imagi-
nez-vous ce que c'est pour un amoureux
de risquer de perdre une maîtresse adorée
faute de quelques @ louis pour dépenser
avec elle ? Ce que c'est que de n'avoir pas
gardé de quoi dîner et de voir, au jeu, la
fortune possible? Ce que c'est d'avoir un
être aimé malade et sans secours, d'avoir
un rêve de poète ou une nécessité de la
vie dépendant de quelques louis et l'oc-
casion de les prendre où on les trouve?
Je laisse de côté messieurs les employés
puritains qui s'insurgent contre M. Do-
lisie, sans même me demander si, parmi
ces rigides ronds-de-cuir, il n'en est pas
un qui ait trempé ses lèvres à un pot-
de-vin ou gratté quelques sommes, en
se faisant donner par « la princesse » plus
qu'elle ne devait donner? Je me tourne
vers les hautains et farouches pharisiens
que je connais, si cruels quand il s'agit
d'hommes qui ont porté la main sur le
coffre-fort plus saint que l'arche ou même
qui, sans avoir été jusque-là, commet-
tent le crime social d'avoir des dettes,
qu'ils finissent par payer trois ou quatre
fois, en' vertu de notre belle jurispru-
dence commerciale. Et ces pharisiens, je
les regarde bien en face. Nombre d'en-
tre eux sont honnêtes tout simplement
parce qu'ils sont riches. Héritiers avares
de grosses fortunes, ils ont tout eu sans
avoir eu rien à conquérir. Est-ce vrai-.
ment bien merveilleux qu'ils soient tou-
jours restés corrects et honnêtes? Peut-on
même leur accorder le droit de juger avec
trop de sévérité les hommes qui ont fait
quelque chute sur les chemins difficiles
par où ils n'ont pas eu à passer et où rien
ne dit qu'ils n'auraient pas glissé eux-
mêmes ?
D'autres de ces impitoyables ont fait
leur fortune eux-mêmes. Ce sont, géné-
ralement, les plus durs, ceux qui disent
volontiers: «Faites comme moi 1 » Eh bien,
mon cher monsieur, je félicite ceux qui
n'ont pas fait comme vous, et je les félicite
parfois même s'ils ont quelque peccadille
à leur passif. Car, vous, gentilhomme,
vous avez, pour de l'argent, vendu votre
nom -à la vanité sotte d'une riche petite
bourgeoise que vous n'aimez pas et, vous
étant vendu, vous n'avez pas tenu les
conditions du marché, la rendant malheu-
reuse et mangeant son argent avec des
filles.
Vous, vous avez exercé un de ces mé-
tiers d'hommes d'affaires où l'on s'enri-
chit par le jeu avec des cartes biseautées,
trompant jusqu'à vos amis, exploitant
tout avec âpreté et mauvaise foi. Vous,
vous avez vendu votre pensée. Vous, vous
avez profité des amours de votre femme.
Vous, vous avez refusé cent francs à un
ami désespéré, comme deux sous dans la
rue à un affamé. Vous avez été les cor-
rects, les honnêtes, les sages, les respec-
tés. a-vauj toujours une belle tenue^éiérj
gants, reluisants, comme des tigres qui
se sont passé la langue sur le poil. Mais
vous ne saurez jamais combien, au mi-
lieu du respect de la foule, de son admira-
tion parfois, vous êtes détestés, méprisés.
surtout par les philosophes, par ceux qui
mettent la vertu à sa place, dans le cœur,
et non où vous la mettez, dans le ventre t
Henry Fouquier.
LA PUBLICITÉ A LA BOURSE
Depuis quelques années, la régie du do.
maine de la ville de Paris a essayé de tirer
parti du palais de la Bourse, qui coûte gros
de réparations, d'entretien et de surveillance
et qui ne rapportait presque rien.
Elle a installé des strapontins, des tablettes,
des cabines téléphoniques, un buffet; elle
étudie en ce moment l'installation d'un ser-
vice de publicité dans la grande salle de la
corbeille.
On sait quel aspect 'odieux et funéraire ont
ces grands murs nus, ces pilastres où ban-
quiers, coulissiers et teneurs de carnet aigui-
sent leurs crayons.
Il va être installé, le long de ces pilastres,
des boiseries élégantes où, dans des cadres,
seront enchassées toutes les merveilles du
puff et de la réclame financière.
Cette décoration, qui peut être très élégante,
rapportera gros à la princesse, qui a tou-
jours besoin d'argent, et cachera les murs nua
et froids.
LA SANTÉ DE M. DUPUY
Vernet-les-Bains, 23 août.
L'état de M. Dupuy, président du conseil,
continue à s'améliorer.
Hier, M. Ch. Dupuy a eu encore une très
légère crise, causée par. la fatigue de la pre-
mière promenade qu'il a voulu faire dans le
parc devant l'hôtel de Portugal, et par la las-
situde occasionnée par les nombreuses visites
qui lui ont été faites.
Le président du conseil a reçu hier MM.
Gaussail, évêque de Perpignan, Lertora,
sous-préfet de Céret, et Vidal, sous-préfet de
Prades.
La nuit a été relativement très bonne et le«
douleurs n'ont pas reparu.
M. Dupuy partira incessamment pour nie"
sur-Tet. 1
Lettres d'un Vionx Ponte
RIEN DE CHANGÉ
Paris, 23 août 1894.
Monsieur le rédacteur,
Le « Vieux Ponte » va-t-il, comme vous
l'y conviez, vous adresser une nouvelle
série de lettres? Cela me parait douteux,
surtout si nous avons la fortune qu'un
clair soleil vienne réchauffer cette fin de
saison, vraiment trop humide et trop
froide. Il veut bien toutefois, puisque vous
croyez que cela peut intéresser vos lec-
teurs, profiter de la gracieuse hospitalité
que vous lui offrez pour examiner avec eux,
dans quelques lettres nouvelles, où en est à
l'heure actuelle, sous la présidence de M.
Casimir-Perier, la question des jeux en
France et pour montrer que je ne suis pas
mort.
Je dois d'abord constater, sans joie assu-
rément, mais aussi sans trop de mélancolie,
que les prévisions du « VieuxPonte » se sont*
de oint en point réalisées. N'avais-je pas
prédit que le gouvernement continuerait,
quoi qu'on pût dire et écrire, à couvrir
de sa protection le vol qui se pratique mé-
thodiquement et cyniquement dans les
cercles et Casinos ?
Mes « lettres du Vieux Ponte » ont eu,
qui ne le sait ? un retentissement énorme.
Tout le monde les a lues, tout le monde en
a parlé, beaucoup en parlent encore. Ce
brave « Vieux Ponte» sur ses vieux jours
est même devenu une sorte de personnage
célèb re, presque légendaire. Hanté parson
souvenir, un propriétaire de courses n'a-
t-il pas appelé « Vieux Ponte » un de
ses chevaux, dont je n'ai pas suivi la
carrière, mais qui, s'il me ressemble, n'a
jamais dû beaucoup gagner? L'autre jour
encore, le fameux Ârdisson, dont le « Vieux
Ponte » a conté naguère quelques-uns des
mémorables exploits, a fait imprimer le
premier volume de ses mémoires. Tout
de suite il s'est trouvé un chroniqueur
- Henry Bauër, je crois, dans l'Echo (le
Paris — pour reconnaître dans certains
chapitres de cet amusant volume, sur le-
quel je reviendrai, la touche du « Vieux
Ponte ». Tous les trucs des voleurs, le
« Vieux Ponte » les a dévoilés ; il a jta-
bli, preuves en main, la complicité de
la police et de la Sûreté générale ;
il a appelé « un chat un chat et Rol-
let un fripon » ; il a mis les noms sur
les visages et les points sur les i ; il a mon-
tré les tenanciers de maisons de jeux pas-
sant à leurs banquiers ordinaires ou tail-
lant eux-mêmes des banques avec des
cartes séquencées; il a révélé le secret et
donné le modèle de ces séquences, dont
quelques-unes, toujours en honneur, ont
justement mérité d'être appelées la Fou-
droyante la Terrible, etc.; il a décrit les
trucs employés dans tous les casinos par
les croupiers pour étouffer les jetons ; il a
raconté qu'à Luchon, durant une seule
saison, il en avait été étouffé pour plus de
700,000 francs. Aucun des faits avancés
par lui n'a été nié ni même contesté. Quel
a été le résultat ?
A Paris, le cercle d'Henry Bertrand, la
Betting-Club, a été fermé, et le Cercle da
la Presse, abandonné par les joueurs, a dû
fusionner avec le Washington qui est de-
venu le Cercle des Capucines, ce qui fait
au total deux tripots de moins. C'est peu
de chose ; pourtant c'est quelque chose.
Mais en province, dans les casinos de
villes d'eaux, il n'y a rien, absolument
rien de changé. Partout fonctionne de plus
belle ce jeu de voleurs à l'usage des petites
bourses qu'on appelle les « petits-chevaux ».
Dans beaucoup d'endroits, comme, par
exemple, à l'Eden-Théâtre de VLchy, chez
M. de Fontbrune, à Boulogne-suT-Mer,
chez les Curnier, etc., on joue les « petiîs<
chevaux » à tableaux avec minimum dd
15 francs et maximum de 20 francs, ce
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142, Rue MontmartM
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pelons tout spécialement l'attention sur
la magnifique bicyclette offerte en prime
par le XIXe Siècle.
Voir à la 4e page.
LA MARINE
11 11 ;
En attendant que la commission ex-
Ira-parlementaire chargée de faire une
enquête sur notre marine ait achevé ses
investigations, que nous supposons très
patientes et que nous voulons espérer
très complètes, l'administration de la
rue Royale fait parler encore d'elle. Ce
sont les blâmes officiels infligés par le
ministre actuel, M. Félix Faure, à la
Suite de sa tournée d'inspection, aux
services des approvisionnements de ré-
serve. Ce sont aussi les renseignements
an peu tardifs, mais fort édifiants, que
nous fournit, sur l'expédition du Da-
homey, le rapport du général Dodds,
dont le Figaro a publié des extraits.
On se souvient de l'émotion qui se
manifesta à la Chambre lorsqu'on ap-
pris les démêlés du commandant Ter-
rillon et du capitaine de vaisseau Four-
nier, celui-ci refusant, en vertu d'ins-
tructions du ministre de la marine, de
venir au secours du chef de corps expé-
ditionnaire. Le ministre de la marine,
qui était alors M. Barbey, céda la place
à M. Cavaignac qui devait, conformé-
ment aux volontés de la Chambre, assu-
rer l'unité de commandement. Quelques
jours à peine s'étaient écoulés que les
bureaux de la rue Royale avaient
« chambré » le nouveau ministre et que
celui-ci émettait l'avis que l'unité de
commandement était irréalisable et que
le mieux était de laisser la marine et
l'infanterie aller chacune de son côté et
se quereller entre elles, plutôt que de
combiner leurs efforts contre l'en-
nemi.
M. Cavaignac fut renversé, la Cham-
bre n'ayant pas été convaincue par ses
arguments, et M. Burdeau lui succéda.
Par ses soins, l'unité de commande-
ment fut enfin réalisée et le colonel
Dodds eut sous ses ordres toutes les
troupes faisant partie de l'expédition du
Dahomey. Il n'y a pas à rappeler com-
ment cet officier s'acquitta de la mis-
sion qui lui avait été confiée. Mais ce
\qui est intéressant, c'est de voir com-
ment, malgré l'énergie du ministre de
la marine, l'administration de la rue
Royale le seconda dans l'accomplisse-
ment de sa tâche.
A la date du 25 juin, la campagne
d'automne est résolue et des demandes
précises .sont faites au ministère de la
marine « pour le personnel et pour le
matériel nécessaires, ainsi que pour les
dates auquelles il devait être satisfait
aux besoins de chaque catégorie ». Et
Je général Dodds aj oute : « Pour des
causes diverses qu'on n'a pas à appré-
cier ici, mais dont on peut seulement
énumérer les résultats, ces désirs ne
furènt point entièrement satisfaits. »
Nous empruntons au rapport du gé-
néral Dodds la relation de quelques-uns
jde ces mécomptes :
On avait dès le mois de mars demandé
l'envoi des vivres pour le 1er juillet, afin
qu'on pût les monter à l'avance dans le nord,
avant que les moyens de transport fussent ac-
caparés par les troupes. Ces vivres ne com-
mencèrent à être débarqués à Kotonou que
lle 21 août, de telle sorte que le désir exprimé
par le général Dodds, au moment de son dé-
jpart pour le Dahomey, de trouver le 1er sep-
tembre quatie mois de vivres dans les postes
du nord, ne put être satisfait.
De plus il fallut, dès le 1er août, la farine
manquant par suite de ce retard dans les en-
vois de France, remplacer trois jours sur
quatre le pain par du biscuit, et consommer
ainsi prématurément ce qu'on voulait envoyer
dans le nord pour commencer au moins, si-
non constituer entièrement les dépôts de vivres
destinés à la concentration. Jusqu'à la fin
d'octobre on tut dans une véritable pénurie
de biscuit.
C'est donc dix semaines de retard
dans la réception de ces vivres, et non
seulement les soldats déjà débilités par
le climat sont soumis à un régime
défavorable, mais, les approvisionne-
ments de vivres n'étant pas réunis, l'ex-
pédition pouvait être rendue impossi -
ble. Même incurie pour le vin. Le gé-
néral Dodds constate que le Maranhao,
arrivant le 30 novembre avec trois mois
de vivres, n'apporta pas de vin ; il fallut,
pour se procurer cette denrée indispen-
sable aux Européens, surtout en co-
lonne, acheter d'ofnce tout ce qu'on
put trouver sur la côte, c'est-à-dire
dans les magasins des Anglais et des
Allemands établis dans ces parages.
Si l'alimentation était l'objet de soins
aussi minutieux, l'outillage n'avait rien
à lui envier :
Dans les corps de troupes, l'outil essentiel
était le coupe-coupe ; il eût été désirable d'en
munir chaque homme, au moins dans les
compagnies noires. Les demandes faites pour
constiuer l'approvisionnement nécessaire n'é-
taient pas encore satisfaites. Ces outils ar-
rivèrent seulement le 30 janvier 1894.
Behanzin s'était rendu le 25.
Quant aux moyens de transport, le
général Dodds nous dit comment l'ad-
ministration vigilante de la rue Royale
y avait pourvu :
Tois cents mulets avaient été demandés
pour former les trains et convois. Il en fut
envoyé, en août, 280, chiffre qui, à la ri-
gueur, aurait pu suffire. Mais les bâts en-
voyés avec ces mulets se trouvèrent dépour-
vus d'accessoires sans lesquels ils étaient
inutilisables, et il fallut, au dernier moment,
modifier toute l'organisation préparée pour
les trains, improviser avec de vieilles pièces
des harnachements de voitures et réparer ces
voitures elles-mêmes pour pouvoir se mobi-
liser.
Les accessoires de bâts n'arrivèrent en effet
que vers la fin d'octobre..
Ne se croirait-on pas revenu aux
tristes jours de 1870, lorsque l'on expé-
diait des canons d'un calibres et des
obus d'un autre ou des fusils d'un mo-
dèle et des cartouches d'un autre sys-
tème? Quand on voit avec quelle incurie
l'administration de la rue Royale orga-
nise une expédition contre des sauvages
et que, par suite de ses fautes, elle risque
de nous mettreNen état d'infériorité à
l'égard des Dahoméens, on est bien au-
torisé à se demander ce qu'il advien-
drait dans une lutte contre des puissan-
ces européennes douées de quelque es-
prit de méthode et ayant pris leurs pré-
cautions. Est-ce que toutes les forces et
toutes les volontés viendront toujours se
briser contre l'inertie des bureaux de la
rue Royale? Est-ce qu'on laissera se per-
pétuer dans cette administration l'esprit
d'imprévoyance et d'incurie qui peut
nous conduire au désastre et qui, au
point où il est poussé, finit par ressem-
bler fort à l'esprit de trahison ?
L'Election de M. Dupuy en 1885
Nous parlions récemment des opérations
électorales de 1885 dans la Haute-Loire, qui
permirent à M. Ch. Dupuy, grâce au scrutin
de liste dont l'ingrat est aujourd'hui l'ennemi
acharné, de sortir de l'obscurité dans laquelle
il se lamentait.
Comme depuis lors les événements ont
marché pour lui et que sa mémoire pourrait
lui faire défaut, nous avons entrepris la tâche
de lui venir en aide et de lui permettre de dé-
couvrir la vérité et de la publier, au cas où la
fantaisie, peu probable, 1 en prendrait. Aussi
avons-nous recherché quelques-unes des per-
sonnes qui seraient à même de le renseigner
et de renseigner la justice, si elle avait la cu-
riosité d'ordonner une enquête qui ne man-
querait pas, sans doute, de donner des résul-
tats intéressants pour le cas où elle serait
conduite autrement que celle de Panama.
Voici donc quelques-unes des personnes que
nous avons retrouvées qui pourraient être
utilement consultées :
M. Mottet, fils du propriétaire du fameux
casino de la Villa des Fleurs d'Aix-les-Bains,
ex-maire de cette ville, ex-conseiller de la pré-
fecture du Puy, actuellement conseiller de
préfecture "à Grenoble ;
M. Claude Bernard, rien du célèbre physio-
logiste, ami personnel de M. Dupuy, conseil-
ler général du canton de Vorey (Haute-Loire),
aujourd'hui receveur particulier des finances
à Ruffec, en récompense des services électo-
raux rendus à son ami.
Nous pourrions encore citer M. Andr é
Bonnet, ancien conseiller de préfecture au
Puy, ex-sous-préfet de l'arrondissement d'Ys-
singeaux de 1889 à 1893. Mais le malheureux,
après avoir administré son arrondissement
pendant près de deux ans dans un état de
démence absolue, est actuellement mourant
dans une maison de santé de Lyon.
Pendant deux ans, l'arrondissement d'Ys-
singeaux fut absolument livré à un insensé.
M. Dupuy était devenu le suprême arbitre
du département. Aussi tous les intéressés
portaient-ils leurs jérémiades à ses pieds.
Mais comment pour celui-ci toucher à un ami
de 1885, et, de plus, neveu du sénateur Vissa-
guet ? Aussi, lorsque M. Dupuy fut, pour la
première fois, président du conseil, rien ne
fut-il changé à cet état. tant qu'il n'y eut
pas nécessité absolue. Cependant, lorsqu'ar-
rivèrent les élections de 1893, il fallut bien se
résigner à remplacer cet étrange sous-préfet,
parce que M. Néron, le candidat de M. Du-
puy, ne voulait pas s'exposer à dépenser
50,000 francs pour arriver à un échec.
M. Bonnet fut donc changé avec mille mé-
nagements et M. Néron fut élu.
Mais revenons aux opérations électorales
de 1885 et disons tout de suite qu'on trouve-
rait tous les renseignements utiles auprès du
doux M. Mercieca, exrsecrétaire général de la
préfecture du Puy, aujourd'hui attaché au
cabinet de M. le président du conseil en qua-
lité de chef dit premier bureau des secours
généraux. -
Inutile d'aller bien loin aujourd'hui.
M. GLADSTONE
, Londres, 23 août.
Il y a eu cette après-nudi un moment d'émo-
tion.
Le bruit s'est tout à coup répandu que M. Glad-
stone était mort subitement.
Des informations ayant été prises à Hawarden,
il a été répondu que l'illustre vieillard se portait
t merveille, - - •
LA
MORT D'UN BOURREAU
MONSIEUR DE BORDEAUX
Le mystérieux vieillard du cours de Vin-
cennes. - M. Henri Desmorest. — Sa
mort. — Le bourreau historien
et hygiéniste
Un bourreau est mort avant-hier à Paris.
Voilà un fait rare, même quand il s'agit d'un
ancien exécuteur des hautes œuvres, car, en
somme, les anciens bourreaux sont moins
nombreux que les anciens ministres et la
mort a rarement une occasion semblable à
s'offrir.
Celui qui a trépassé mercredi à Paris avait
fait partie de l'ancienne « bourreaucratie » de
France, quand tous les départements possé-
daient un bourreau. Il avait passé par bien
des transformations opérées dans l'organisa-
-tion de l'exécution des arrêts criminels, et
quand, le 25 novembre 1870, M. Crémieux,
par un décret, ne laissa subsister qu'un seul
bourreau pour toute la France et un autre
pour l'Algérie, il fendit du coup l'oreille aux
exécuteurs des vingt-six ressorts des cours
d'appel, et parmi eux se trouvait Henri Des-
morest, bourreau de Bordeaux, celui dont
nous avons à enregistrer la mort à 83 ans.
LES ANCIENNES ORGANISATIONS
S'il nous est impossible de raconter toutes
les phases par lesquelles la fonction de
bourreau a passé depuis le temps immémo-
rial qu'elle existe en France, nous pouvons
la reprendre à la Révolution :
Un décret de la Convention du 13 juin 1793
institua un bourreau par département.
Cela dura ainsi sous le premier Empire et
la Restauration.
Le 7 novembre 1832, une ordonnance de
Louis-Philippe réduisit le nombre des bour-
reaux de moitié. A cette époque, M. de Paris
gagnait 8,000 francs par an, M. de Bordeaux
4,000 seulement.
Le 9 mars, la République limita le nombre
des exécuteurs aux vingt-six ressorts des
cours Rappel et diminua leurs traitements.
M. de Paris ne gagna plus que 6,000 francs,
son collègue de Bordeaux 3,500; les autres
arrivaient au maximum à, 3,000 francs d'ap-
pointemants fixes.
Enfin, comme nous l'avons dit le 25 no-
vembre 1870 deux bourreaux seulement
furent conservés. Tous les autres furent mis
à la retraite. Ils moururent un à un, sans que
leur mort fût connue, pensons-nous, ou
signalée.
Celui qui eut le premier le monopole des
exécutions pour la France fut M. Heinden-
reich, bourreau d'Amiens, auquel succédèrent
M. Roch, fils et neveu de bourreaux, et enfin
M. Deibler, ancien exécuteur de Rennes,
gendre lui-même de M. Rasneux, bourreau
d'Algérie. On le voit, les exécuteurs sont des
enfants de la balle. Ils chassent de race.
L'AMI DES ENFANTS -
En 1872, M. Desmorest, l'ancien bourreau
de -Bordeaux, notre mort, vint s'installer à
Paris et alla habiter, 48, boulevard du Temple,
dans la maison où fut assassinée Mme la ba-
ronne Dellard. Son frère avait été bourreau
de Bourges. Il mourut quelques années après
la perte de son emploi, ne pouvant se faire à
l'inactivité, dit-on.
Nous avons peu de détails sur ce que fit
Henri Desmorest pendant les premières an-
nées qu'il habita Paris ; il vivait aussi retiré
qu'il vécut jusqu'à sa mort, cachant soigneu-
sement ses origines, ses anciennes et terribles
fonctions ; mais ce que nous pouvons dire et
ce qui est assez curieux, c'est que M. Desmo-
rest, dont le métier ne fut pas tendre cepen-
dant, se prit, dès sa mise en retraite, d'une
vive affection pour les enfants.
Nous le trouvons pendant plusieurs .années
membre actif de Y Académie d'hygiène contre
les maladies du premier dge et la mortalité
des nourrissons, académie dont le siège était
172, avenue Daumesnil, et qui avait pour pré-
sident le docteur Potin. M. Robert, du bibe-
ron, figurait dans le comité avec Desmorest
qui se donnait comme ancien comptable.
Quelle comptabilité tint-il,grands dieux 1
Qu'est devenue l'académie qui avait pour
but louable de vulgariser les préceptes d'hy-
giène concernant les enfants nouveau-nès,
nous n'en savons rien ; mais M. Desmorest
resta toujours l'ami des enfants. On va le
voir :
LE VIEUX DU COURS DE VINCENNES
En 1883, l'ancien bourreau alla habiter
cours de Vincennes, 16, un petit appartement
au deuxième étage, deux petites pièces au
fond d'un couloir dont il il fc de l'une sa cham-
bre à coucher, meublée d'un modeste lit d'a-
cajou, d'une toilette et de deux chaises ; l'au-
tre, garnie d'une table, d'une petite armoire,
d'un, fauteuil et de plusieurs malles, devait
lui servir de salle à manger.
Là encore, on ignora longtemps son ancien
métier. On le croyait ancien petit fonction-
naire, ayant une mi ace retraite de 1,300 francs
qu'il allait toucher "is les trimestres.
Pendant onze an a vie fut la même. Levé
de très bonne heu,;.. , Desmorest préparait
lui-même son café a lait, lisait quelques
journaux, puis écrirait longtemps.
Il allait alors aux provisions pour son
deuxième déjeuner et son dîner et rentrait se
remettre à ses écritures. Jamais il ne parlait
à persdnne, jamais il n'allait chez un mar-
chand de vin, jamais il ne recevait de visites
et pourtant il avait trois fils, morts en ces
derniers temps, et une bru, Mme Desmorest,
qui demeure rue des Vinaigriers.
Cependant un seul homme venait parfois
s'enfermer le soir avec le taciturne locataire,
un vieillard aussi, un ébéniste de l'avenue
Parmentier, connu par la concierge sous le
nom de M. Berger. Ce nom ne lui disait rien
et pourtant M. Bercer n'était autre que l'aide
en second de M. D^bler. - -
J1 y a un an, a propos d'un procès que M.
Desmorest eut avec une concierge du voisi-
nage, procès qu'il perdit, sa profession de
jadis fut révélée. Son antagoniste vint lui jeter
à la tête comme une injure.
M. Desmorest parut souffrir beaucoup d'être
démasqué, mais il nia, plaisanta même avec
ses concierges, de braves gens, sur le métier
qu'on lui prêtait. On le crut pour lui faire
plaisir, car, maintenant, on se doutait bien
de quelque chose.
Ses relations avec un aide du boureau d'a-
bord étaient suspectes, puis un jour que M.
Desmorest avait mal aux jambes -- il était
hydropique — son concierge l'accompagna
quand il alla toucher sa pension trimestrielle.
M. Desmorest s'en fut d'abord se faire délivrer
un mandat au bureau du domaine à l'Hôtel
de Ville, puis se rendit au .Palais de Justice
le toucher. Il veilla soigneusement à ce que
son compagnon ne pût lire le libellé du
mandat, et quand il Peut touché, les employés
chuchotèrent et le désignèrent curieusement.
Quelques jours avant l'exécution de Vail-
lant, encore, M. Desmorest parut très agité en
apprenant que les anarchistes menaçaient M.
Deibler ; il écrivit une longue lettre qu'il fit
mettre à la poste parson concierge à l'adresse
que voici:
Direction des affaires criminelles et des grâces.
Nécessité de service
Monsieur le garde des sceanx,
Bureau de la rue Cambon.
'Que contenait cette lettre ? Un plan de me-
sures à prendre pour protéger le bourreau et
sa machine, paraît-il.
Connu, M. Desmorest n'en resta pas moins
très estimé par ses co-locataires, les seules
personnes qui l'approchassent.
C'était « un charmant homme », nous dit
son concierge, un grand, beau vieillard, très
doux, très affahle, chez lui, il se livrait non
seulement à de longs travaux d'écriture,
mais encore à la préparation de secrètes mix-
tures qu'il donnait généreusement quand il
savait un enfant malade ou blessé dans le
quartier. Il en guerit plus d'un. presque mira-
culeusement, disent leurs parents.
SA MORT
La mort de M. Desmorest a été assez tou-
chante. Depuis six mois il souffrait fortement
de son hydropisie, se levait à peine, ne man-
geait plus, ne quittait son lit que pour faire
disparaître des papiers à la hâte, craignant
que la mort arrivant brusquement ne trahit
plus entièrement un incognito gardé pendant
plus de vingt ans.
A vat-hier matin, on l'entendit geindre,
appeler ; une voisine et son concierge arrivè-
rent. Il était levé, appuyé contre son lit, et il
dit :
— Donnez-moi un poignard, que je puisse
m'achever ; je souffre trop 1.
Puis il eut un mot énorme :
— Je voudrais que quelqu'un me donnât la
main, dit-il tristement.
Deux mains se tendirent vers lui, il les
serra et mourut.
On l'a enterré hier à midi au cimetière
d'Ivry, près du champ des morts où reposent
les suppliciés.
Derrière son cercueil marchaient son con-
cierge, sa femme, sa fille et la « demoiselle
du charcutier », nous a-t-on dit.
Ses papiers ont été pris par sa bru. Ils con-
tiennent, paraît-il, des documents très inté-
ressants sur les Samson et des observations
personnelles sur les condamnés à mort.
M. Desmorest était le dernier des bourreaux
de piovince.
L'AFFAIRE DE CEMPUIS
Au sujet de l'affaire de l'orphelinat de Cempuis
dont nous avons parlé dans notre dernier numéro,
nous .apprenons qu'une enquête va être faite con-
jointement par les soins du ministère de l'instruc-
tion pubfique et du ministère de l'intérieur.
LES DISPENSES DE L'ARTICLE 23
ET
LA DEUXIÈME PORTION
Justes réclamations des étudiants
Les bureaux du ministère de la guerre ont-
ils examiné sérieusement, dans toutes ses con-
séquences, la décision prise récemment par le
ministre de la guerre au sujet de la deuxième
portion du contingent créée après coup dans
les classes 1891,1892 et 1893?
Si oui, nous serions très reconnaissant au
général Mercier de vouloir bien faire connaî-
tre au public, le plus tôt possible, les mesures
qu'il a arrêtées en ce qui concerne les engagés
volontaires de trois et quatre ans que leur
numéro de tirage ferait classer dans la
deuxième portion.
Mais les engagés volontaires ne sont pas
seuls intéressés à la question. Les dis-
pensés de l'article 23 voudraient bien être
également fixés sur leur sort.
Prenons, par exemple, la catégorie des étu-
diants en droit.
Voici fcn jeune homme de vingt-trois ans,
licencié en droit, qui appartient à la classe
1891. L'année dernière, il a fait son année de
service militaire après avoir obtenu la dis-
pense au titre de l'article 23. D'après la déci-
sion ministérielle qui nous occupe, sont dis-
pensés d'une partie de leur service les « bons
numéros » de la classe 1891. Or, notre jeune
licencié se trouverait, de par son numéro de
tirage, appelé à bénéficier de la faveur accor-
dée à ses camarades.
Doit-il en jouir effectivement? Telle est la
question qui nous est posée de divers côtés et
que nous soumettons, à notre tour, à M. le
ministre de la guerre.
Dans les bureaux de recrutement où, cha-
cun sait cela, on n'est exactement renseigné
que lorsqu'on n'a rien à demander, nos cor-
respondants n'ont pu obtenir de réponse pré-
cise à cette question.
Il convient donc qu'une instruction minis-
térielle, visant ces différents cas de la façon la
plus précise, intervienne au plus tôt.
Il serait souverainement injuste d'incorpo-
rer à vingt-six ans, pour deux nouvelles an-
nées de service, un jeune homme que son bon
numéro aurait fait classer dans la deuxième
portion, mais qui, après avoir demandé la
dispense parce qu'il n'y avait pas de 2* por-
tion, tombe sous le coup de la loi s'il n'a pas
obtenu son diplôme de docteur à l'âge fixé.
La situation des étudiants en droit (et leurs
camarades des autres facultés sont dans le
même cas), aux prises avec les difficultés
actuelles du doctorat, n'est déjà pas si brillante
qu'on doive les priver, par-dessus le marché,
de la faveur dont jouissent les autres conscrits
de leur classe.
En un mot, les engagements pris vis-à-vis
de l'Etat par un grand nombre d'étudiants ne
l'ont été, nous le répétons, que parce qu'ils
avaient la certitude qu'il n'y aurait pas de
bons numéros.
Si le ministre se décide subitement — ce
qui est son droit — à établir une deuxième
portion, il est de toute justice que le contrat
passé entre l'Etat et les étudiants porteurs de
bons numéros soit annulé ipso facto et que ces
jeunes gens rentrent dans le droit commun.
H. Romaze.
UNE REINAUGURATION ATTRISfÊE
PAR UN ACCIDENT
Flessingue, 23 août.
La petite reine Wilhelmine et sa mère, la
reine régente, ont « réinauguré » aujourd'hui
— ce qui n'est pas une cérémonie très fré-
quente — la statue de l'amiral Ruyter, le
célèbre marin hollandais qui fut tué d'un
boulet de canon dans le combat que la flotte
française, commandée par Duquesne, livra à
la flotte hollandaise, le 22 avril 1676, près de
Syracuse.
Après un discours du bourgmestre, la reine
Wilhelmine a donné le signal de dévoiler la
statue et a déposé une couronne.
Pendant la cérémonie, 300 écoliers ont
chanté un hymne.
Le bourgmestre a offert à la raille, au nom
de la population de Flessingue, une ftiinia-
ture en argent de la statue.
Pendant les salves, une explosion s'est pro-
duite dans les magasins à charbon du vais- 1
seau de guerre S lier.
Sept matelots orrô été blessés mortellet.
LAVIEDEPARIS
Un incident vient de se pro duire dans
l'administration des colonies, sur lequel je
veux m'expliquer avec la plus grande li-
berté — et tant pis pour les pharisiens t
Un homme que je ne connais absolument
pas, dont même — je l'avoue — je lis le
nom pour la première fois, M. Dolisie, a
été nommé gouverneur. Cet homme, pa-
raît-il, est un excellent administrateur,
très correct, très intelligent, très coura-
geux surtout, ayant fait en Afrique des
expéditions où il a montré les plus viriles
qualités.
Cependant, arrivé dans la colonie où il
était envoyé, M. Dolisie a reçu un accueil
plus que froid des employés placés sous
ses ordres. Le mauvais accueil, la résis-
tance même se sont accentués jusqu'à dé-
générer en conflit. Ceci a nécessité des
explications et finalement les employés
de M. Dolisie ont déclaré qu'ils ne pou-
vaient accepter et respecter un chef qui
s'était rendu coupable d'un délit, d'un vol,
pour appeler les choses par leur nom.
Le crime de M. Dolisie, le voici. Il y a
quinze ou vingt ans, dans une école du
gouvernement, il avait pris à un camarade,
sans le lui dire, une très petite somme
d'argent, qui avait été d'ailleurs restituée
tout aussitôt. Je blâme l'acte, et il n'est pas
besoin de dire que je ne suis pas le moins
du monde partisan de la « reprise indivi-
duelle ». h ne l'ai pas pratiquée — quoi-
que, maintes fois, on l'ait pratiquée contre
moi, légalement ou non. Mais il convient
d'étudier les actes humains avant de les
juger d'une façon impitoyable.
Pourquoi un jeune homme de vingt ans
prend-il quelques louis, quelques francs
peut-être, dans le bureau d'un camarade ?
Ce n'est certes pas pour vivre dans l'oi-
siveté.
C'est, forcément, pour donner à une
femme, pour payer un dîner à une maî-
tresse ou pour régler une petite dette
criarde, se libérer d'un créancier dont on
exagère les droits, ou encore d'une dette
de Jeu où l'on tient que l'honneur est en-
gagé.
Bref, l'action, coupable en soi, peut être
entourée de je ne sais combien de circons-
tances atténuantes. Ce fut l'opinion des
hommes qui, n'ignorant pas cet incident,
nommèrent M. Dolisie. Ils savaient que
celui-ci, parti pour l'Afrique, s'impo-
sant une sorte d'expiation en se privant
des plaisirs de la vie de Paris, y avait fait
son devoir. Il avait payé sa dette à son
camarade tout de suite. S'il en avait con-
tracté une envers la société, comme on
dit, il l'avait payée aussi avec usure pen-
dant dix ans. Vraiment, on pouvait le
tenir pour quitte i
Plus je vais, plus je suis frappé de la
sauvagerie contemporaine en matière d'ar-
gent. Une colère me prend quand je re-
garde autour de moi et que je vois un tas
de gredins — oui, de gredins — qui sont
respectés parce qu'il ont touj ours eu de
l'argent et qui se font méprisants pour
ceux qui n'en ont pas ou, n,'en ayant plus,
s'en sont procuré parfois d'une façon in-
correcte. - * ,."
Mais, pharisiens abominables, ne savez-
vous pas ce que c'est que la misère, et la mi-
sère en redingote, la pire de toutes ? Imagi-
nez-vous ce que c'est pour un amoureux
de risquer de perdre une maîtresse adorée
faute de quelques @ louis pour dépenser
avec elle ? Ce que c'est que de n'avoir pas
gardé de quoi dîner et de voir, au jeu, la
fortune possible? Ce que c'est d'avoir un
être aimé malade et sans secours, d'avoir
un rêve de poète ou une nécessité de la
vie dépendant de quelques louis et l'oc-
casion de les prendre où on les trouve?
Je laisse de côté messieurs les employés
puritains qui s'insurgent contre M. Do-
lisie, sans même me demander si, parmi
ces rigides ronds-de-cuir, il n'en est pas
un qui ait trempé ses lèvres à un pot-
de-vin ou gratté quelques sommes, en
se faisant donner par « la princesse » plus
qu'elle ne devait donner? Je me tourne
vers les hautains et farouches pharisiens
que je connais, si cruels quand il s'agit
d'hommes qui ont porté la main sur le
coffre-fort plus saint que l'arche ou même
qui, sans avoir été jusque-là, commet-
tent le crime social d'avoir des dettes,
qu'ils finissent par payer trois ou quatre
fois, en' vertu de notre belle jurispru-
dence commerciale. Et ces pharisiens, je
les regarde bien en face. Nombre d'en-
tre eux sont honnêtes tout simplement
parce qu'ils sont riches. Héritiers avares
de grosses fortunes, ils ont tout eu sans
avoir eu rien à conquérir. Est-ce vrai-.
ment bien merveilleux qu'ils soient tou-
jours restés corrects et honnêtes? Peut-on
même leur accorder le droit de juger avec
trop de sévérité les hommes qui ont fait
quelque chute sur les chemins difficiles
par où ils n'ont pas eu à passer et où rien
ne dit qu'ils n'auraient pas glissé eux-
mêmes ?
D'autres de ces impitoyables ont fait
leur fortune eux-mêmes. Ce sont, géné-
ralement, les plus durs, ceux qui disent
volontiers: «Faites comme moi 1 » Eh bien,
mon cher monsieur, je félicite ceux qui
n'ont pas fait comme vous, et je les félicite
parfois même s'ils ont quelque peccadille
à leur passif. Car, vous, gentilhomme,
vous avez, pour de l'argent, vendu votre
nom -à la vanité sotte d'une riche petite
bourgeoise que vous n'aimez pas et, vous
étant vendu, vous n'avez pas tenu les
conditions du marché, la rendant malheu-
reuse et mangeant son argent avec des
filles.
Vous, vous avez exercé un de ces mé-
tiers d'hommes d'affaires où l'on s'enri-
chit par le jeu avec des cartes biseautées,
trompant jusqu'à vos amis, exploitant
tout avec âpreté et mauvaise foi. Vous,
vous avez vendu votre pensée. Vous, vous
avez profité des amours de votre femme.
Vous, vous avez refusé cent francs à un
ami désespéré, comme deux sous dans la
rue à un affamé. Vous avez été les cor-
rects, les honnêtes, les sages, les respec-
tés. a-vauj toujours une belle tenue^éiérj
gants, reluisants, comme des tigres qui
se sont passé la langue sur le poil. Mais
vous ne saurez jamais combien, au mi-
lieu du respect de la foule, de son admira-
tion parfois, vous êtes détestés, méprisés.
surtout par les philosophes, par ceux qui
mettent la vertu à sa place, dans le cœur,
et non où vous la mettez, dans le ventre t
Henry Fouquier.
LA PUBLICITÉ A LA BOURSE
Depuis quelques années, la régie du do.
maine de la ville de Paris a essayé de tirer
parti du palais de la Bourse, qui coûte gros
de réparations, d'entretien et de surveillance
et qui ne rapportait presque rien.
Elle a installé des strapontins, des tablettes,
des cabines téléphoniques, un buffet; elle
étudie en ce moment l'installation d'un ser-
vice de publicité dans la grande salle de la
corbeille.
On sait quel aspect 'odieux et funéraire ont
ces grands murs nus, ces pilastres où ban-
quiers, coulissiers et teneurs de carnet aigui-
sent leurs crayons.
Il va être installé, le long de ces pilastres,
des boiseries élégantes où, dans des cadres,
seront enchassées toutes les merveilles du
puff et de la réclame financière.
Cette décoration, qui peut être très élégante,
rapportera gros à la princesse, qui a tou-
jours besoin d'argent, et cachera les murs nua
et froids.
LA SANTÉ DE M. DUPUY
Vernet-les-Bains, 23 août.
L'état de M. Dupuy, président du conseil,
continue à s'améliorer.
Hier, M. Ch. Dupuy a eu encore une très
légère crise, causée par. la fatigue de la pre-
mière promenade qu'il a voulu faire dans le
parc devant l'hôtel de Portugal, et par la las-
situde occasionnée par les nombreuses visites
qui lui ont été faites.
Le président du conseil a reçu hier MM.
Gaussail, évêque de Perpignan, Lertora,
sous-préfet de Céret, et Vidal, sous-préfet de
Prades.
La nuit a été relativement très bonne et le«
douleurs n'ont pas reparu.
M. Dupuy partira incessamment pour nie"
sur-Tet. 1
Lettres d'un Vionx Ponte
RIEN DE CHANGÉ
Paris, 23 août 1894.
Monsieur le rédacteur,
Le « Vieux Ponte » va-t-il, comme vous
l'y conviez, vous adresser une nouvelle
série de lettres? Cela me parait douteux,
surtout si nous avons la fortune qu'un
clair soleil vienne réchauffer cette fin de
saison, vraiment trop humide et trop
froide. Il veut bien toutefois, puisque vous
croyez que cela peut intéresser vos lec-
teurs, profiter de la gracieuse hospitalité
que vous lui offrez pour examiner avec eux,
dans quelques lettres nouvelles, où en est à
l'heure actuelle, sous la présidence de M.
Casimir-Perier, la question des jeux en
France et pour montrer que je ne suis pas
mort.
Je dois d'abord constater, sans joie assu-
rément, mais aussi sans trop de mélancolie,
que les prévisions du « VieuxPonte » se sont*
de oint en point réalisées. N'avais-je pas
prédit que le gouvernement continuerait,
quoi qu'on pût dire et écrire, à couvrir
de sa protection le vol qui se pratique mé-
thodiquement et cyniquement dans les
cercles et Casinos ?
Mes « lettres du Vieux Ponte » ont eu,
qui ne le sait ? un retentissement énorme.
Tout le monde les a lues, tout le monde en
a parlé, beaucoup en parlent encore. Ce
brave « Vieux Ponte» sur ses vieux jours
est même devenu une sorte de personnage
célèb re, presque légendaire. Hanté parson
souvenir, un propriétaire de courses n'a-
t-il pas appelé « Vieux Ponte » un de
ses chevaux, dont je n'ai pas suivi la
carrière, mais qui, s'il me ressemble, n'a
jamais dû beaucoup gagner? L'autre jour
encore, le fameux Ârdisson, dont le « Vieux
Ponte » a conté naguère quelques-uns des
mémorables exploits, a fait imprimer le
premier volume de ses mémoires. Tout
de suite il s'est trouvé un chroniqueur
- Henry Bauër, je crois, dans l'Echo (le
Paris — pour reconnaître dans certains
chapitres de cet amusant volume, sur le-
quel je reviendrai, la touche du « Vieux
Ponte ». Tous les trucs des voleurs, le
« Vieux Ponte » les a dévoilés ; il a jta-
bli, preuves en main, la complicité de
la police et de la Sûreté générale ;
il a appelé « un chat un chat et Rol-
let un fripon » ; il a mis les noms sur
les visages et les points sur les i ; il a mon-
tré les tenanciers de maisons de jeux pas-
sant à leurs banquiers ordinaires ou tail-
lant eux-mêmes des banques avec des
cartes séquencées; il a révélé le secret et
donné le modèle de ces séquences, dont
quelques-unes, toujours en honneur, ont
justement mérité d'être appelées la Fou-
droyante la Terrible, etc.; il a décrit les
trucs employés dans tous les casinos par
les croupiers pour étouffer les jetons ; il a
raconté qu'à Luchon, durant une seule
saison, il en avait été étouffé pour plus de
700,000 francs. Aucun des faits avancés
par lui n'a été nié ni même contesté. Quel
a été le résultat ?
A Paris, le cercle d'Henry Bertrand, la
Betting-Club, a été fermé, et le Cercle da
la Presse, abandonné par les joueurs, a dû
fusionner avec le Washington qui est de-
venu le Cercle des Capucines, ce qui fait
au total deux tripots de moins. C'est peu
de chose ; pourtant c'est quelque chose.
Mais en province, dans les casinos de
villes d'eaux, il n'y a rien, absolument
rien de changé. Partout fonctionne de plus
belle ce jeu de voleurs à l'usage des petites
bourses qu'on appelle les « petits-chevaux ».
Dans beaucoup d'endroits, comme, par
exemple, à l'Eden-Théâtre de VLchy, chez
M. de Fontbrune, à Boulogne-suT-Mer,
chez les Curnier, etc., on joue les « petiîs<
chevaux » à tableaux avec minimum dd
15 francs et maximum de 20 francs, ce
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