Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-08-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 24 août 1894 24 août 1894
Description : 1894/08/24 (A24,N8257). 1894/08/24 (A24,N8257).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7562485c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANKÉE. — N« 8,257 - LE NUMÉRO CINQ CENTIMES > - VENDREDI 24 AOUT 1894
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A l'occasion des vacances, nous ap-
pelons tout spécialement l'attention sur
la magnifique bicyclette offerte en prime
par le XIXe Siècle.
Voir à la 3* page.
FROPOSJMOHÏS
; Le mort de M. Carnot a produit par-
tout une douloureuse impression qui
n'est pas près de s'effacer. On le voit
ÇII ce moment même dans toutes les
itqiaaifestations dont la réunion des con-
seils généraux est l'occasion. Il n'est
presque pas une de ces assemblées dans
laquelle le président n'ait consacré un
paragraphe de son discours d'ouver-
ture au drame de Lyon, et ce dernier
témoignage de respect a partout été
souligné par une approbation générale.
Dans cette disposition des esprits,
lorsque le deuil est encore dans tous les
Cœurs et que l'opinion publique est una-
nime à flétrir le plus absurde comme le
plus odieux des crimes, on n'a pas de
peine à comprendre la réprobation qui
s'attache à toute parole approuvant Ca-
èerio ou injurieuse pour la mémoire du
regretté président. Il y a là plus qu'un
froissement des sentiments de toute la
nation : c'est un véritable outrage que
l'on fait à notre douleur.
Il semble cependant qu'avant de s'in-
digner de quelques propos, il serait
sage de rechercher dans quelles cir-
constances ils ont été tenus et d'en ap-
précier la valeur. La cour d'assises de
la Seine a eu à juger, ces jours der-
niers, deux individus auxquels le par-
quet reprochait des paroles parfaite-
ment inconvenantes, nous n'hésitons
pas à le reconnaître. Mais, vraiment, le
jury a eu la main lourde à leur égard.
Six mois de prison et cinquante francs
d'amende, tel paraît être le tarif, et l'on
ne peut s'empêcher de le trouver un
peu élevé.
Si ces individus avaient tenu leurs
propos en sachant ce qu'ils disaient, il
ne nous viendrait assurément pas à l'es-
prit de faire aucune réflexion sur leur
cas. On pourrait penser que, dans l'ani-
mation d'une discussion, ils n'ont pas
pesé leur parole, qu'ils ne connaissaient
pas les subtilités de la langue française
comme un académicien ; mais toutes ces
considérations, qui peuvent justifier une
atténuation de pénalité, ne parvien-
draient cependant pas à effacer la res-
ponsabilité et par conséquent à motiver
une absolution.
Dans les deux cas qui nous occupent,
il n'en était pas ainsi. Les témoins sont
unanimes à reconnaître qu'au moment
où ils ont tenu les propos pour lesquels
ils comparaissaient devant le jury, l'un
comme l'autre des accusés étaient parfai-
tement ivres. Nous voulons bien qu'au
point de vue moral ce n'est pas une
raison déterminante pour l'indulgence.
L'ivresse publique est elle-même un
délit et il ne viendra à l'esprit de per-
sonne de réclamer le prix Montyon pour
les pochards. Néanmoins, il faut tenir
compte dans une certaine mesure des
circonstances et, puisque l'ivresse abo-
lit l'usage de la raison, ne pas réprimer
le délit commis par un homme en état
d'irresponsabilité temporaire comme le
délit prémédité ou accompli, du moins
en toute connaissance de cause.
Ce n'est pas seulement la sévérité du
jury qui nous paraît excessive surtout
lorsqu'on la rapproche de certains au-
tres verdicts dont l'indulgence étonne.
Comment ne pas être surpris, en effet,
que quelques paroles d'ivrogne moti-
vent une condamnation si forte, lorsque
chaque jour le jury acquitte les filles-
mères qui ont commis des. crimes bien
autrement caractérisés en étranglant,
de propos parfaitement délibéré, leurs
enfants ? Mais le président des assises
et aussi l'avocat général nous paraissent
avoir quelque peu manqué de mesure.
Dans la première affaire surtout, celle
d'Emile Moschetto, le président est sorti
de son rôle de directeur impartial des
débats et il a pris à tâche de charger
l'accusé ou d'intimider les témoins dont
la déposition ne lui était pas défavora-
ble.
Une brave femme vient déclarer qu'elle
est prête à reprendre l'accusé comme
ouvrier, et aussitôt l'avocat général lui
jette cette question : « Etes-vous Fran-
çaise ? » Et le président souligne en re-
prenant : « Vous ne paraissez pas com-
prendre la question de M. l'avocat gé-
néral. Vous ne savez donc pas les pro-
pos que Moschetto a tenus relativement
à l'assassinat du vénéré président ? »
Un autre témoin, marchand de vin,
excuse Moschetto de ne pas s'être ac-
quitté envers lui d'une petite dette : « Il
m'aurait payé, dit-il, s'il avait été moins
faible pour le travail. » Et le témoin
précise que Moschetto n'est pas doué
d'une très bonne santé. Nouvelle inter-
vention du président qui s'écrie : « Com-
ment pouvez-vous apprécier le travail
de Moschetto? Vous n'êtes pas ajusteur.
Parlez-nous de tonneaux et de vins ; ne
nous parlez par de choses que vous ne
connaissez pas ! »
De son côté, l'avocat général, avec
une imprudence de langage qui pour-
rait, avoir des conséquences regrettables
a fait, dans son réquisitoire, une allu-
sion à la nationalité de l'accusé, « natio-
nalité qui, en la circonstance, est une
cause de plus grande culpabilité ».
Véritablement, nous ne croyons pas
que les hommes les plus indignés de
l'assassinat de M. Carnot aient pu se
sentir bien outragés par les quelques
propos relevés contre les deux accusés,
tandis que les sentiments de justice et
d'impartialité sont froissés par l'achar-
nement des magistrats à l'égard des
deux ivrognes. Une punition plus lé-
gère, eût paru suffisante. Puisque,
dit-on, il y a un bon Dieu spécial pour
les ivrognes, on peut regretter, sans
manquer de respect à la mémoire de M.
Carnot, qu'il n'ait pas accompagné ses
clients devant le jury et qu'il n'ait pas
inspiré à celui-ci comme aux magis-
trats plus d'indulgence et de charité.
CONFIDENCES SUGGESTIVES
M. Charles Dupuy continue à faire re-
tentir le gong de la publicité des échos de
sa colique hepatique. Il a reçu un rédac-
teur du Journal auquel il a déclaré qu'il
« avait été obligé de rester, tous ces jours
derniers, soit couché, soit assis sur un
rond atmosphérique ».
Oui, nous en sommes là que le chef du
gouvernement, de bonne foi sans doute,
croit utile de faire savoir au monde qu'il
passe une partie de ses après-midi assis
sur un rond atmosphérique.
D'après le rédacteur du Journal, « le
courage de M. Dupuy » sur ce rond atmos-
phérique « est vraiment admirable ».
Encore une fois, nous n'inventons rien,
nous copions ; mais une chose nous in-
quiète : quelle expression pourrait bien
employer le rédacteur du Journal pour
vanter le courage du soldat affrontant
modestement, simplement, sans cette ex-
travagante débauche de réclame, une mort
prob, parfois certaine?
Ce est d'ailleurs pas au rédacteur du
Journal, c'est au rédacteur du Figaro, à
M. Chincholle, que M. Dupuy réserve ses
confidences les plus suggestives. A M.
Chincholle il a révélé que le médecin lui
avait permis de manger un peu de veau,
puis qu'il s'était levé pour recevoir mon-
seigneur l'évêque de Perpignan : « J'aime
beaucoup, a-t-il dit à M. Chincholle, cau-
ser avec les évêques, parce qu'ils sont à
un degré supérieur des hommes de gou-
vernement ; ils savent ce qu'ils veillent et
le font bien, avec une onction qui doit être
une leçon pour tous les hommes au pou-
voir. »
On se demandait précisément où l'on
pourrait trouver des hommes de gouver-
nement. M. Dupuy a résolu le problème :
les vrais hommes de gouvernement sont
les évêques. Nous avons eu le gouverne-
ment des curés ; ne désepérons pas d'avoir
un jour, avec l'esprit nouveau, le gouver-
nement des évêques.
En attendant, M. Dupuy, de l'aveu
même de ses amis, est en train de se ren-
dre complètement ridicule.
LA TÊTE DE CASERIO
Lyon, 22 août.
La tête de Caserio aurait été, le jour même de
l'exécution retirée de l'ossuaire du cimetière de la
Guillotière et transportée à la Faculté de médecine,
dans le laboratoire du docteur Lacassagne où le
moulage' a été pris.
ALEXANDRE III
Saint-Pétersbourg, 22 août.
L'empereur est légèrement souffrant de l'in-
fluenza. Son état n'inspire aucune inquiétude et
son indisposition résulte simplement des fatigues
des manœuvres du camp de Krasnoë-Selo, aux-
quelles il a pris une part active, et aussi de la der-
nière revue qu'il a passée le 20 août.
NAUFRAGES
Guernesey, 22 août.
Le vapeur Lennard, allant de Goole à Jersey avec
un chargement de charbon, a chaviré et fait nau-
frage la nuit dernière.
Le second, un ingénieur et le chauffeur se sont
noyés.
Saint-John, 22 août.
Hier, pendant les régates, le yacht Primrose,
incapable de lutter contre la violence de la tem-
pête, a sombré.
Les huit personnes qui le montaient ont péri.
TERRIBLE INCENDIE
Messine, 22 août.
Un incendie a éclaté à l'établissement pyrotech-
nique de Lanza pendant des préparatifs qu on fai-
sait pour une fête de la Croix-Rouge.
Il y a eu deux morts et cinq blessés. Parmi
ces derniers se trouve le propriétaire de l'éta-blis-
moment
LWilIHÂT DE CEMPDIS
BEAUCOUP DÈ BRUIT POUR PEU
DE CHOSE
L'éducation des pupilles de la Seine. —
La méthode américaine. — La Mar-
seillaise de la paix. — Une plage
pudibonde
Il y a quelques années, un philanthrope,
M. Prévost, qui avait fait construire à Cem-
puis, dans le département de l'Oise, de vastes
âtiments destinés à recevoir des vieillards et
des orphelins, mourait, après avoir légué sa
propriété au département de la Seine.
Le conseil général affecta cet établissement,
connu dans le pays sous le nom d'orphelinat
Prevost, à l'éducation de jeunes enfants des
deux sexes et en confia la direction à un ins-
pecteur primaire, M. Robin, fortement imbu
d'idées très personnelles sur io meilleur
moyen d'élever la jeunesse.
1 Depuis quelques jours, un certain bruit
s'est fait dans la presse autour de l'orphe
linat de Cempuis. Des accusations diverses
se sont produites et, comme la méthode de
M. Robin ° pour but fondamental l'éducation
en commun des petites filles et des jeunes
garçons, il est facile de concevoir qu'au nom-
bre des griefs accumulés contre l'orphelinat
de Cempuis et son directeur, figure l'accusa-
tion de flagrante immoralité.
D'autres charges ont été relevées. Non seu-
lement les enfants, a-t-on dit, ne reçoivent à
Cempuis aucune éducation religieuse, mais
on leur apprend que l'idée de patrie est une
de ces bonnes blagues au nombre desquelles
le feu président Cartier rangeait notamment
la propriété, la famille et autres balançoires.
Avant de nous faire l'échq d'attaques par-
ticulièrement violentes, et par cela même sus-
pectes, il nous a paru équitable de nous ren-
seigner à diverses sources.
Ce qui demeure des critiques, après en-
quête, est d'ailleurs suffisamment intéressant
pour qu'il y ait lieu d'exposer comment, à
Cempuis, dans un établissement appartenant
au conseil général, on entend l'éducation des
pupilles du département de la Seine.
UN DIRECTEUR POSITIVISTE
En ce qui concerne l'enseignement religieux
le directeur n'hésisite pas à reconnaître que
ses élèves, en effet, n'en reçoivent absolument
aucun. Et voici les raisons qu'il donne :
- J'appartiens, déclare M. Robin, à l'école
positiviste ; je considère que l'idée de Dieu est
un produit de l'imagination sans aucun fon-
dement scientifique n'offrant, aucune utilité
pratique et qui, au contraire, a été la source
de tous nos maux.
Ceci n'est, en réalité, que la traduction à
peu près littérale du vers bien connu de Lu-
crèce :
Tantum relligio potuit svçadere malorum
On pourrait objecter, sans doute, que le
poète latin n'exerçait pas, comme M. Robin,
l'état de maître de pension à l'usage d'orphe-
lins sans fortune, et que, partant, il possedait
toute liberté pour dire leur fait, en vers, aux
.dieux de l'Olympe.
M. Robin lui, s'exprime en prose; H est posi-
tiviste et le proclame ; c'est son droit absolu.
Quand à l'instruction religieuse, comme,elle
est absente du programme homologué par le
conseil général de la Seine, c'est en bonne
justice à l'assemblée départementale et non
au directeur de Cempuis, agréé par elle, qu'il
conviendrait de s'en prendre si l'éducation
qu'on reçoit à l'orphelinat est laïque au su-
prême degré.
Laissons donc ce grief et passons aux accu-
sations qui ne sauraient pas plus laisser in-
différents les partisans de l'éducation positi-
viste que ceux attachés aux idées spiritua-
listes.
ADAM ET ETE *
— A Cempuis, déclarëm les accusateurs, il
existe une promiscuité révoltante. Filles et
garçons non seulement travaillent, jouent,
sont nourris, mais encore ils se. baignent
en commun, et même dans le costume som-
maire d'Adam et Eve au paradis terrestre.
Cela est à peu près exact (sauf pour les ca-
leçons de bain, il y en a), mais il convient
d'ajouter que les dortoirs) cependant, sont
distincts et que les enfants des deux sexes
élevés à Cempuis sont, pour la plupart, de
jeunes enfants âgés au minimum de quatre
ans et de seize ans au plus.
M. Robin justifie d'ailleurs sa méthode —
un peu nouvelle en France, mais pratiquée
généralement en Amérique — par les raisons
suivantes:
— Ne comprenez-vous pas, dit-il, que ce
qui fait la pourriture de l'enfant, c'est la
chanson grivoise, les allusions polissonnes, l'i-
gnorance ? Ici, oui, tous nos enfants savent
très bien comment s'accomplit la génération,
de même qu'ils savent que le pollen féconde
le pistil et que l'acide sulfurique rougit la
teinture de tournesol. Quel danger voit-on à
cela?
Si l'on veut bien considérer que, dans les
campagnes et, en ville, dans les aggloméra-
tions ouvrières, les susceptibilités de la pu-
deur ne sont pas les mêmes que celles en
honneur dans les classes riches, — lesquelles
ne sont pas d'ailleurs toujours pour cela
d'une moralité supérieure — on peut admet-
tre que les inspecteurs et l'inspectrice géné-
rale des écoles, Mme Kergomard, membre du
conseil supérieur de l'instruction publique,
sœur d'Elisée Reclus, n'aient pas cru devoir
critiquer la méthode d'éducation en com-
mun, exempte de toute hypocrisie, que M.
Rokyin préconise.
L'HYMNE NATIONAL ROBIN
Sur un point, toutefois, il paraît impossible
d'admettre que le directeur de Cempuis, ci-
toyen de l'univers avant d'être citoyen fran-
çais, enseigne à ses élèves que la patrie n'est
qu'un vain mot.
Volontiers M. Robin, qui, sans doute, a
des lettres, proclamerait que là seulement
est la patrie où la vie est douce : Ubi bene,
ibi patria.
Le directeur d'une maison d'éducation n'a
pas à faire prévaloir ses idées philosophiques
personnelles, et la Marseillaise de la paix,
qu'il fait chanter à ses pensionnaires, outre
qu'elle laisse à désirer comme valeur intrin-
sèquement poétique, nous paraît absolument
déplacée dans un orphelinat où de jeunes
garçons, quelques annees après l'avoir quitté,
auront à satisfaire au service militaire.
A titre d'échantillon, voici le premier cou-
plet de l'hymne national cher à M. Robin :
De l'universelle patrie
Puisse venir le jour rêvé !
De la paix, de la paix chérie
Le rameau sauveur est levé 1 (bis)
On entendra, vers lus frontières,
Les peuples, se tendant les bras,
Crier : Il n'est plus de soldats !
Soyons unis, nous sommes frères.
Refrain
Plus d'armes, citoyens !
Rompez vos bataillons,
Chantez, chantons,
Et que la paix féconde nos sillons 1
La paix est certainement une chose excel"
lente, mais M. Robin se mêle, à n'en pas dou-
ter, de choses qui ne le regardent nulle-
ment.
SUR LA PLAGE DE MERS
Enfin (car ce n'est pas tout, mais la note,
ici, devient heureusement comique), une des
grosses colères qu'a soulevées M. Robin, c'est
la colère des gens de Mers.
Mers ? Eh bien, oui, Mers, une petite plage
de famille qui fait face au Tréport et qui est
proche de Cempuis. Désireux de distraire ses
elèves en les fortifiant, M. Robin, pendant les
vacances, se transporte avec tout son per-
sonnel sur les bords de la mer.
Il a fait construire une grande baraque où
les enfants campent en ce moment. La nuit
ils dorment - les filles d'un côté, les garçons
de l'autre, — mais le jour, dame, ils prennent
des bains quand la mer est bonne. Or, les bai-
gneurs de Mers, qui viennent pour beaucoup
de Paris, sont chatouilleux à un point tel
qu'on a quelque peine à le croire.
Il faut, pour se baigner à Mers, justifier
d'un certificat de bonne vie et mœurs. L'auto-
rité ne plaisante pas.
C'est la seule plage du littoral où, pour les
cabines, il y ait le côté des hommes et le côté
des dames. Même en produisant son contrat
de mariage, il est impossible de passer un
costume de bain dans une cabine, nous ne
dirons pas commune avec son « épouse »,
mais même dans une cabine voisine de celle
où votre moitié se dévêt.
La mer, qui n'aime pas les plaisanteries,
ne s'est pas encore laissé diviser en ladies
and gentlemen. Les deux sexes se retrouvent
sous la lame et nous en avons vu, de nos
yeux vu, la semaine dernière, qui batifolaient
quelque peu.
Or, il paraît que les Cempuis (c'est ainsi
que l'on nomme à Mers les pupilles de la
Seine), il paraît, disons-nous, que les Cem-
puis, innocents et jeunes, n'ont pas toujours
eu des costumes d'une tartufferie suffi-
sante.
La plage de Mers s'est émue. Et c'est peut-
être bien de cette émotion. excessive qu'est
née la guerre récemment déclarée à l'orpheli-
nat de Cempuis.
Tout n'y va pas, évidemment, le mieux du
monde ; mais des nombreux griefs relevés
contre le directeur et sa méthode, le moins
sérieux paraît bien être, en bonne justice, le
grief d' « immoralité ».
La Guerre entre la Chine et le Japon
Une dépêche de source anglaise signale une
rencontre qui aurait eu lieu à Ping-Yang, sur
la route de Séoul à la frontière de Chine.
Voici ce télégramme dont il ne faut, bien
entendu, accepter les renseignements que
sous bénéfice d'inventaire:
« Shanghaï, 22 août.
» Le général Tieo, commandant la division
de Feng-Tien, télégraphie que vendredi les
Chinois ont attaqué les Japonais à Ping-
Yang et les ont repoussés sur Chung-Ho, à
la distance de onze milles, en leur infligeant
de grosses pertes.
» Les Chinois ont encore attaqué les Japo-
nais samedi et les ont chassés de Chung-Ho.
Les pertes des Japonais ont encore été très
fortes.
» On s'attendait à une nouvelle bataille au-
jourd'hui.
» La flotte japonaise prend ses dispositions
dans le golfe du Petchili -
» Les ministres britannique, russe et ita-
lien, sont arrivés à Cheefoo. »
Une autre dépêche, également de source
anglaise, donne de nouveaux détails sur la
perte du Kowshung :
« Sanghaï, 22 août.
» Il est établi maintenant que le comman-
dant du Naniwa a ordonné de tirer sur les
Chinois-après avoir coulé le Kowshung. La
canonnière française Lion, la canonnière
allemande Iltis et le croiseur-torpilleur Por-
poïse ont recueilli 240 soldats chinois ; mais
les Japonais n'en ont sauvé aucun.
» L'amiral Freemantle réunit actuellement
les documents rétablissant les faits dans leur
vérité, afin de les envoyer à l'amirauté à
Londres. »
Voici, en outre, quelques autres dépêches
relatives à la guerre :
« Londres, 22 août.
» Hier mardi, au Parlement britannique,
la question de la neutralité chinoise à l'égard
des ports japonais ouverts par les traités a été
soulevée. Sir Edward Grey, sous-secrétaire
aux affaires étrangères, s'est refusé à répon-
dre aux questions du député Hozier sur ce su-
jet, en expliquant « qu il est désirable, dans
les circonstances actuelles, de ne s'occuper
des éventualités que quand elles se produi-
sent et de ne pas se lier d'avance par des ar-
rangements mûrement médités ».
« Wilhelmshaven, 22 août.
» On dit qu'un quatrième croiseur alle-
mand va être envoyé dans l'Extrême-Orient,
où se rendent déjà les croiseurs Arcona, Ma-
rie et l'Alexandrine.
» Ce quatrième croiseur sera Y Irène ou le
Gefion. A bord de ce navire s'embarquera un
contre-amiral, qui prendra le commandement
de l'escadre des croiseurs allemands de l'Ex-
trême-Orient »
, « Cologne, 22 août.
» D'après la Gazette de Cologne, l'emprunt
japonais de 60 millions de dollars aurait été
souscrit deux fois. »
« Washington, 22 août.
» M. Tateno, ministre du Japon aux Etats-
Unis, a déclaré que le Japon n'avait aucun
besoin de canons, d'armes, d'argent et de con-
tingents étrangers. »
Mentionnons pour finir, mais sous toutes
réserves, une dépêche de source allemande
que le New-York Herald emprunte au Stan-
dard et qui attribue au comte Ito le langage
suivant
« Le Japon a les mêmes intérêts que la
Russie à l'achèvement du chemin de fer
transsibérien pour l'expédition de ses pro-
duits en Europe. Conséquemment, il ne s op-
poserait 'pas à ce que la Russie occupât le
port coreen de Port-Lazaref, qui serait une
excellente tête de ligne pour le chemin de
fer. »
Cette déclaration du premier ministre japo-
nais est naturellement citée comme une preuve
que le gouvernement mikadonal s'efforcerait
de se concilier la bonne volonté de la Russie,
afin de pouvoir accomplir ses desseins en
Corée.
LA SANTÉ DE M. DUPUY
Vernet-les-Bains, 22 août.
La santé du président du conseil recommence à
devenir bien meilleure, bien qu'il souffre encore de
temps en temps de rapides douleurs.
Le président a pu rester habillé hier dans sa
chambre, où il a reçu quelques courtes visites.
La nuit qui vient de s'écouler a été très bonne ;
M. Dupuy a pu dormir d'un boa sommeil.
Tablettes fin Progras
LA BALANÇOIRE MAGIQUE
Il n'est personne, — au moins parmi
ceux (si ce n'est pas la majorité, il ne doit
s'en falloir guère) qui lisent les journaux,
— il n'est personne, dis-je, qui n'ait en-
tendu parler peu ou prou de la fameuse
Merry-go-Round, l'une des principales
« attractions » de l'Exposition de Chi-
cago.
Imaginez, sous la forme d'une roue
géante dressée verticalement entre deux
immenses pylônes métalliques supportant
un essieu propoptionné, l'une de ces bi-
zarres machines qui, dans les fêtes forai-
nes, servent à donner aux amateurs d'é-
motions originales la poignante mais in-
nocente illusion d'une chute dans le vide.
L'idée n'était pas neuve assurément, mais
jamais encore elle n'avait été réalisée, ni
même conçue sur une aussi prodigieuse
échelle.
La roue (l'organe essentiel), mue, natu-
rellement, par la vapeur, ne mesurait pas
moins de 80 mètres de diamètre, tandis
que chacune des 36 nacelles suspendues
par des joints à la Cardan tout autour de
la circonférence pouvait contenir 40 per-
sonnes — soit, en tout, un train de 1,440
voyageurs, tournant en rond, entre ciel et
terre, sur le pied de 15 mètres à la mi-
nute, avec toutes les surprises amalga-
mées et toutes les joies confondues de l'as-
cension aéronautique et du saut en pro-
fondeur.
— Comment ça va-t-il ?
— Pas trop mal jusqu'ici, pourvu que
ça dure 1
- Telle fut, à en croire une vieille légende,
la conversation à l'impromptu qui s'en-
gagea certain jour au passage — ou, pour
mieux dire, au vol — entre un bon bour-
geois qui fumait sa pipe, commodément
accoudé au ballon du second étage, et un
infortuné zingueur en train de dégringo-
ler du haut du toit.
Avec la Merry-go-Round, « ça durait »
— le temps de tomber en douceur de
quatre-vingts mètres,quelque chose comme
quatre maisons de cinq étages superpo-
sées - t ça ne coûtait qu'un demi-dollar
par personne et par culbute.
Ce sport original et cyclopéen était pour
ravir les Yankees, si fortement férus du
besoin d'expérimenter in animâ vili les
lois et les affres de la pesanteur, qu'ils
avaient rêvé naguère une mécanique per-
mettant de précipiter, sans choc et sans
piril, de la hauteur de la tour Eiffel, sur
un matelas d'eau suffisamment épais,
tout un lot de chrétiens blottis à l'inté-
rieur d'un obus étanche et capitonné ! De-
puis quinze mois l'ingénieur Ferris, à qui
revient l'honneur d'avoir conçu et réalisé
l'idée de cette roue colossale et troublante,
a gagné une fortune — ou deux.
Sur ce — naturellement — les Anglais
se sont piqués au jeu, et l'on édifie en ce
moment, à Earl's Court, une roue tour-
nante qui aura cent mètres de diamètre
et pourra véhiculer seize cents voyageurs
à la fois.
Quand les Américains l'ont su, ce fut
pour eux lin terrible crève-cœur. Décidé-
ment, l'oncle Sam allait perdre le record;
quelle honte et quelle pitié 1 Mais on ne
prend pas aisément l'oncle Sam sans vert.
Ne pouvant guère faire plus grand que
John Bull, il a songé — et réussi — à faire
plus étrange encore. C'est ainsi qu'est née
la balançoire diabolique, imaginée par M.
Amariah Lake, de Pleasantville (New-Jer-
sey) et qui a fait fureur tout cet hiver à la
grande foire — Midwinter Fair - de
San-Francisco.
Supposez que, debout ou assis sur une
escarpolette, vous vous donniee assez d'é-
lan pour décrire, grâce à la force centri-
fuge, uncercle complet autour de la barre
de suspension transversale. Voilà vrai-
ment une sensation qui n'est pas banale.
Eh bien t c'est cette sensation, revue, cor-
rigée, et considérablement amplifiée, que
M. Lake donne à tous ceux qui le désirent,
non plus à l'aide d'un méchant tabouret
suspendu à deux cordes flottantes, mais
au moyen d'une cabine oscillatoire, agen-
cée comme comme un salon et pouvant
renfermer quinze ou vingt personnes à la
fois.
Tout à fait, on le voit, mais sur une
bien plus grande échelle et avec des raf-
finements invraisemblables, le tonneau
roulant connu sous le nom prétentieux de
« chemin de l'amour », qu'on voit à la
foire au pain d'épice. il y a cependant une
différence. Dans (ou sur) le « chemin de
l'amour », les patients pivotent effective-
ment cul par-dessus tête, tant et si bien
qu'il faut prendre la-précaution préalable
de les attacher sur leurs bancs, et, si ce
sont des dames, de ficeler par en bas leurs
jupes dont l'indiscrète envolée pourrait
scandaliser M. Bérenger, s'il venait par
hasard à passer par là. Si même le voyage
durait un peu plus longtemps, .Je mal de
mer pourrait s'ensuivra. Avec la balan-
çoire magique, au contraire, la culbute
n'est qu'ùne « frime », un trompe-l'œil,
une mystification.
C'est même là le côté le plus curieux de
l'histoire. -
La vérité est que l'escarpolette demeure
parfaitement immobile. Ce qui n'empêche
pas les gens qu'on y a introduits d'en des-
cendre avec la conviction absolue qu'ils ont
plusieurs fois de suite pirouetté la tête en
bas, à grande volée, comme une pierre
dans la poche d'une fronde, avec aussi,
par conséquent, toutes les émotions an-
goissantes que doit comporter un pareil
tour de force.
Rien, en fin de compte, de plus facile à
comprendre.
Tout le monde sait que, quand on est
en chemin de fer, s'il vient à passer un
autre train sur la voie parallèle, on finit
par ne plus savoir si l'on avance ou si l'on
recule. On perd absolument, en tout cas,
l'exacte notion des vitesses relatives. C'est
précisément cette illusion — la même, au
surplus, qui nous abuse sur la réalité du
mouvement de la terre dans l'espace et de
sa rotation sur elle-même — dont l'ingé-
nieur américain a su tirer parti avec un
art merveilleux.
Voici comment il procède :
Les amateurs sont introduits, par four-
nées de quinze dans une pièce conforta-
blement meublée, avec tables, chaises,
tentures, tableaux, dressoirs chargés de
vaiselle, étagères pleines de bibelots et
jusqu'à une lampe allumée. A mi-hauteur
du plafond, une forte traverse repliée en
forme d'arbre doublement coudé, réunit
les deux parois opposées. C'est à cette tra-
verse qu'est suspendue, par de solides an-
neaux et tout un jeu de haubans, la mys-
térieuse balançoire où l'on fait asseoir les
personnes. Immédiatement après, l'impré-
sario imprime un léger mouvement de va-
et-vient au système, qui commence à se
balancer comme une escarpolette ordi-
naire, puis il sort en fermant la porte à
clef.
C'est à partir de ce moment que l'hallu-
cination commence. Le mouvement de
va-et-vient semble, en effet, s'accentuer
de plus en plus, dans des proportions de
plus en plus inquiétantes, jusqu'à ce que
les « balancés » en arrivent à s'imaginer
fermement décrire une série de tours com-
plets — ce qui ne laisse pas de donner la
chair de poule aux plus impassibles. Puis
après quelques-unes de ces girations
vertigineuses, l'amplitude des oscillations
diminue, le mouvement se ralentit peu à
peu, et cesse, enfin, tout à fait. La séance
est terminée. On rouvre la porte et les
gens s'en vont, hébétés, étourdis, émer-
veillés tout frémissants encore de sur-
prise, d'épouvante et aussi de fierté, car
ils sont convaincus qu'ils viennent d'ac-
complir quelque chose d'héroïque et de
fabuleux.
Il n'en est rien cependant, comme bien
on Pense, et ils ont à peine bougé. C'est la
pièce elle-même, la boîte oblongue qui est
la chambre, avec ses tapis, ses murailles
et son mobilier qui, machinée en consé-
quence, a pivoté d'une pièce autour de
l'axe auquel ils demeuraient bourgeoise-
ment suspendus. Seulement, ils se sont fi-
guré qu'ilournaient,absolument comme,
en wagon, l'on se figure que les poteaux
télégraphiques se précipitent à la rencon-
tre du tra'n. Et l'illusion, parait-il, est si
forte, que ceux-là même qui sont au, cou-
rant du « truc » s'y laissentprendrecomme
les camarades et se cramponnent instinc-
tivement de toutes leurs forces à leurs
sièges, ou au bras de leurs voisins, de
peur d'être précipités dans le vide.
peur
Il va de soi que tous les objets qui or-
nent la chambre sont solidement fixés par
des attaches invisibles. Quant à la lampe,
qui vous a de faux airs de lampe à pétrole,
elle renferme tout simplement un globe
à incandescence, dissimulé sous l'abat-
iour.
* On ne saurait rêver rien de plus ingé-
nieux ni de plus amusant que cette com-
binaison paradoxale, qui a été réalisée, à
en croire la chronique d'outré-mer, avec
une perfection inouïe. Je ne doute pas que
l'escarpolette magique ne traverse bien-
tôt l'Océan et ne vienne recevoir à Paris
la suprême consécration dont aucune œu-
vre nouvelle ne saurait se passer. J'y ap-
plaudis d'avance.
Ce n'est qu'un grand joujou, je le veux
bien, mais c'est un joujou qui, en outre de
sa valeur industrielle et mécanique, con-
tient une leçon sui generis d'une incal-
culable profondeur et d'une portée philo-
sophique immense. N'est-ce pas la dé-
monstration la plus suggestive et la plus
flagrante de la nécessité qui s'impose à
tous de se défier du témoignage des sens,
sujets à tant d'erreurs, et même des affir-
mations de la raison raisonnante? Nom-
bre d'hommes de génie, depuis Bacon et
Descartes jusqu'à Herbert Spencer, ont
écrit là-dessus de gros livres qui, pour en-
seigner la sagesse, ne vaudront jamais
cette mécanique tourbillonnaire. Go
ahead 1
Raoul Lucet.
LES BLÂMES DE M. FÉLIX FAURE
Beaucoup de journaux s'efforcent de re-
chercher quels sont les fonctionnaires de la
marine dans les -ports qui auraient reçu un
blâme officiel de M. Félix Faure, ministre de
la marine, au cours de la tournée qu'il vient
d'accomplir.
D'après nos renseignements, ces blâmes vi-
seraient l'organisation défectueuse et le con-
trôle de certains services et non leurs chefs,
couverts par la responsabilité indiscutable
des préfets maritimes. Cette responsabilité
pourra, dans le cas particulier, retomber sur
les majors généraux. Car les observations sé-
vèrement exprimées par le ministre s'appli-
queraient, assure-t-on, non seulement à l'em-
ploi des approvisionnements de réserve, mais
aussi au matériel des bâtiments-écoles.
M. Félix Faure a également remarqué que
les prescriptions du règlement édicté le 15 dé-
cembre dernier par l'amiral Lefèvre étaient
restées lettre morte dans trois arrondissements
maritimes sur cinq !
Ce règlement supprimait le privilège des
tours d'embarquement et d'autres faveurs
dont l'abus était criant.
CONDAMNATION A MORT
Constantina, 22 août.
A la dernière séance du conseil de guerre, la
nommé Vuillerme, détenu dans les ateliers de Ira*
vaux publics à Bône, comparaissait comme témoin
vaux publics à Bône, com Laer tt e, prdvenu d'évasion
dans l'affaire d'un nommé Lettre, prévenu d évasion
et de désertion.
Lorsque le président interrogea Vuillerme, ce.
lui-ci, au lieu de répondre, arracha un bouton de sa
tunique et le lui lança à la figure, disant aux mem-
bres du conseil :
— Vous êtes tous de sales voyous !
Séance tenante, Vuillerme a été condamné A
mort.
LES
DÉNONCIATIONS CALOMNIEUSES
Nîmes, 22 août.
Le maire de Lédenoh, M. Froment, avait été dé-
noncé au parquet ces jours derniers comme ayant
fait, en présence de plusieurs personnes, l'apolo-
gie de l'assassinat de M. Carnot. Mais, à la suite
d'une enquête, il a été établi qu'il venait d'être
l'objet d'une dénonciation calomnieuse.
M. Froment va poursuivre devant les tribunaux
ses délateurs, dès que le parquet les lui aura fait
connaîtra
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pelons tout spécialement l'attention sur
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par le XIXe Siècle.
Voir à la 3* page.
FROPOSJMOHÏS
; Le mort de M. Carnot a produit par-
tout une douloureuse impression qui
n'est pas près de s'effacer. On le voit
ÇII ce moment même dans toutes les
itqiaaifestations dont la réunion des con-
seils généraux est l'occasion. Il n'est
presque pas une de ces assemblées dans
laquelle le président n'ait consacré un
paragraphe de son discours d'ouver-
ture au drame de Lyon, et ce dernier
témoignage de respect a partout été
souligné par une approbation générale.
Dans cette disposition des esprits,
lorsque le deuil est encore dans tous les
Cœurs et que l'opinion publique est una-
nime à flétrir le plus absurde comme le
plus odieux des crimes, on n'a pas de
peine à comprendre la réprobation qui
s'attache à toute parole approuvant Ca-
èerio ou injurieuse pour la mémoire du
regretté président. Il y a là plus qu'un
froissement des sentiments de toute la
nation : c'est un véritable outrage que
l'on fait à notre douleur.
Il semble cependant qu'avant de s'in-
digner de quelques propos, il serait
sage de rechercher dans quelles cir-
constances ils ont été tenus et d'en ap-
précier la valeur. La cour d'assises de
la Seine a eu à juger, ces jours der-
niers, deux individus auxquels le par-
quet reprochait des paroles parfaite-
ment inconvenantes, nous n'hésitons
pas à le reconnaître. Mais, vraiment, le
jury a eu la main lourde à leur égard.
Six mois de prison et cinquante francs
d'amende, tel paraît être le tarif, et l'on
ne peut s'empêcher de le trouver un
peu élevé.
Si ces individus avaient tenu leurs
propos en sachant ce qu'ils disaient, il
ne nous viendrait assurément pas à l'es-
prit de faire aucune réflexion sur leur
cas. On pourrait penser que, dans l'ani-
mation d'une discussion, ils n'ont pas
pesé leur parole, qu'ils ne connaissaient
pas les subtilités de la langue française
comme un académicien ; mais toutes ces
considérations, qui peuvent justifier une
atténuation de pénalité, ne parvien-
draient cependant pas à effacer la res-
ponsabilité et par conséquent à motiver
une absolution.
Dans les deux cas qui nous occupent,
il n'en était pas ainsi. Les témoins sont
unanimes à reconnaître qu'au moment
où ils ont tenu les propos pour lesquels
ils comparaissaient devant le jury, l'un
comme l'autre des accusés étaient parfai-
tement ivres. Nous voulons bien qu'au
point de vue moral ce n'est pas une
raison déterminante pour l'indulgence.
L'ivresse publique est elle-même un
délit et il ne viendra à l'esprit de per-
sonne de réclamer le prix Montyon pour
les pochards. Néanmoins, il faut tenir
compte dans une certaine mesure des
circonstances et, puisque l'ivresse abo-
lit l'usage de la raison, ne pas réprimer
le délit commis par un homme en état
d'irresponsabilité temporaire comme le
délit prémédité ou accompli, du moins
en toute connaissance de cause.
Ce n'est pas seulement la sévérité du
jury qui nous paraît excessive surtout
lorsqu'on la rapproche de certains au-
tres verdicts dont l'indulgence étonne.
Comment ne pas être surpris, en effet,
que quelques paroles d'ivrogne moti-
vent une condamnation si forte, lorsque
chaque jour le jury acquitte les filles-
mères qui ont commis des. crimes bien
autrement caractérisés en étranglant,
de propos parfaitement délibéré, leurs
enfants ? Mais le président des assises
et aussi l'avocat général nous paraissent
avoir quelque peu manqué de mesure.
Dans la première affaire surtout, celle
d'Emile Moschetto, le président est sorti
de son rôle de directeur impartial des
débats et il a pris à tâche de charger
l'accusé ou d'intimider les témoins dont
la déposition ne lui était pas défavora-
ble.
Une brave femme vient déclarer qu'elle
est prête à reprendre l'accusé comme
ouvrier, et aussitôt l'avocat général lui
jette cette question : « Etes-vous Fran-
çaise ? » Et le président souligne en re-
prenant : « Vous ne paraissez pas com-
prendre la question de M. l'avocat gé-
néral. Vous ne savez donc pas les pro-
pos que Moschetto a tenus relativement
à l'assassinat du vénéré président ? »
Un autre témoin, marchand de vin,
excuse Moschetto de ne pas s'être ac-
quitté envers lui d'une petite dette : « Il
m'aurait payé, dit-il, s'il avait été moins
faible pour le travail. » Et le témoin
précise que Moschetto n'est pas doué
d'une très bonne santé. Nouvelle inter-
vention du président qui s'écrie : « Com-
ment pouvez-vous apprécier le travail
de Moschetto? Vous n'êtes pas ajusteur.
Parlez-nous de tonneaux et de vins ; ne
nous parlez par de choses que vous ne
connaissez pas ! »
De son côté, l'avocat général, avec
une imprudence de langage qui pour-
rait, avoir des conséquences regrettables
a fait, dans son réquisitoire, une allu-
sion à la nationalité de l'accusé, « natio-
nalité qui, en la circonstance, est une
cause de plus grande culpabilité ».
Véritablement, nous ne croyons pas
que les hommes les plus indignés de
l'assassinat de M. Carnot aient pu se
sentir bien outragés par les quelques
propos relevés contre les deux accusés,
tandis que les sentiments de justice et
d'impartialité sont froissés par l'achar-
nement des magistrats à l'égard des
deux ivrognes. Une punition plus lé-
gère, eût paru suffisante. Puisque,
dit-on, il y a un bon Dieu spécial pour
les ivrognes, on peut regretter, sans
manquer de respect à la mémoire de M.
Carnot, qu'il n'ait pas accompagné ses
clients devant le jury et qu'il n'ait pas
inspiré à celui-ci comme aux magis-
trats plus d'indulgence et de charité.
CONFIDENCES SUGGESTIVES
M. Charles Dupuy continue à faire re-
tentir le gong de la publicité des échos de
sa colique hepatique. Il a reçu un rédac-
teur du Journal auquel il a déclaré qu'il
« avait été obligé de rester, tous ces jours
derniers, soit couché, soit assis sur un
rond atmosphérique ».
Oui, nous en sommes là que le chef du
gouvernement, de bonne foi sans doute,
croit utile de faire savoir au monde qu'il
passe une partie de ses après-midi assis
sur un rond atmosphérique.
D'après le rédacteur du Journal, « le
courage de M. Dupuy » sur ce rond atmos-
phérique « est vraiment admirable ».
Encore une fois, nous n'inventons rien,
nous copions ; mais une chose nous in-
quiète : quelle expression pourrait bien
employer le rédacteur du Journal pour
vanter le courage du soldat affrontant
modestement, simplement, sans cette ex-
travagante débauche de réclame, une mort
prob, parfois certaine?
Ce est d'ailleurs pas au rédacteur du
Journal, c'est au rédacteur du Figaro, à
M. Chincholle, que M. Dupuy réserve ses
confidences les plus suggestives. A M.
Chincholle il a révélé que le médecin lui
avait permis de manger un peu de veau,
puis qu'il s'était levé pour recevoir mon-
seigneur l'évêque de Perpignan : « J'aime
beaucoup, a-t-il dit à M. Chincholle, cau-
ser avec les évêques, parce qu'ils sont à
un degré supérieur des hommes de gou-
vernement ; ils savent ce qu'ils veillent et
le font bien, avec une onction qui doit être
une leçon pour tous les hommes au pou-
voir. »
On se demandait précisément où l'on
pourrait trouver des hommes de gouver-
nement. M. Dupuy a résolu le problème :
les vrais hommes de gouvernement sont
les évêques. Nous avons eu le gouverne-
ment des curés ; ne désepérons pas d'avoir
un jour, avec l'esprit nouveau, le gouver-
nement des évêques.
En attendant, M. Dupuy, de l'aveu
même de ses amis, est en train de se ren-
dre complètement ridicule.
LA TÊTE DE CASERIO
Lyon, 22 août.
La tête de Caserio aurait été, le jour même de
l'exécution retirée de l'ossuaire du cimetière de la
Guillotière et transportée à la Faculté de médecine,
dans le laboratoire du docteur Lacassagne où le
moulage' a été pris.
ALEXANDRE III
Saint-Pétersbourg, 22 août.
L'empereur est légèrement souffrant de l'in-
fluenza. Son état n'inspire aucune inquiétude et
son indisposition résulte simplement des fatigues
des manœuvres du camp de Krasnoë-Selo, aux-
quelles il a pris une part active, et aussi de la der-
nière revue qu'il a passée le 20 août.
NAUFRAGES
Guernesey, 22 août.
Le vapeur Lennard, allant de Goole à Jersey avec
un chargement de charbon, a chaviré et fait nau-
frage la nuit dernière.
Le second, un ingénieur et le chauffeur se sont
noyés.
Saint-John, 22 août.
Hier, pendant les régates, le yacht Primrose,
incapable de lutter contre la violence de la tem-
pête, a sombré.
Les huit personnes qui le montaient ont péri.
TERRIBLE INCENDIE
Messine, 22 août.
Un incendie a éclaté à l'établissement pyrotech-
nique de Lanza pendant des préparatifs qu on fai-
sait pour une fête de la Croix-Rouge.
Il y a eu deux morts et cinq blessés. Parmi
ces derniers se trouve le propriétaire de l'éta-blis-
moment
LWilIHÂT DE CEMPDIS
BEAUCOUP DÈ BRUIT POUR PEU
DE CHOSE
L'éducation des pupilles de la Seine. —
La méthode américaine. — La Mar-
seillaise de la paix. — Une plage
pudibonde
Il y a quelques années, un philanthrope,
M. Prévost, qui avait fait construire à Cem-
puis, dans le département de l'Oise, de vastes
âtiments destinés à recevoir des vieillards et
des orphelins, mourait, après avoir légué sa
propriété au département de la Seine.
Le conseil général affecta cet établissement,
connu dans le pays sous le nom d'orphelinat
Prevost, à l'éducation de jeunes enfants des
deux sexes et en confia la direction à un ins-
pecteur primaire, M. Robin, fortement imbu
d'idées très personnelles sur io meilleur
moyen d'élever la jeunesse.
1 Depuis quelques jours, un certain bruit
s'est fait dans la presse autour de l'orphe
linat de Cempuis. Des accusations diverses
se sont produites et, comme la méthode de
M. Robin ° pour but fondamental l'éducation
en commun des petites filles et des jeunes
garçons, il est facile de concevoir qu'au nom-
bre des griefs accumulés contre l'orphelinat
de Cempuis et son directeur, figure l'accusa-
tion de flagrante immoralité.
D'autres charges ont été relevées. Non seu-
lement les enfants, a-t-on dit, ne reçoivent à
Cempuis aucune éducation religieuse, mais
on leur apprend que l'idée de patrie est une
de ces bonnes blagues au nombre desquelles
le feu président Cartier rangeait notamment
la propriété, la famille et autres balançoires.
Avant de nous faire l'échq d'attaques par-
ticulièrement violentes, et par cela même sus-
pectes, il nous a paru équitable de nous ren-
seigner à diverses sources.
Ce qui demeure des critiques, après en-
quête, est d'ailleurs suffisamment intéressant
pour qu'il y ait lieu d'exposer comment, à
Cempuis, dans un établissement appartenant
au conseil général, on entend l'éducation des
pupilles du département de la Seine.
UN DIRECTEUR POSITIVISTE
En ce qui concerne l'enseignement religieux
le directeur n'hésisite pas à reconnaître que
ses élèves, en effet, n'en reçoivent absolument
aucun. Et voici les raisons qu'il donne :
- J'appartiens, déclare M. Robin, à l'école
positiviste ; je considère que l'idée de Dieu est
un produit de l'imagination sans aucun fon-
dement scientifique n'offrant, aucune utilité
pratique et qui, au contraire, a été la source
de tous nos maux.
Ceci n'est, en réalité, que la traduction à
peu près littérale du vers bien connu de Lu-
crèce :
Tantum relligio potuit svçadere malorum
On pourrait objecter, sans doute, que le
poète latin n'exerçait pas, comme M. Robin,
l'état de maître de pension à l'usage d'orphe-
lins sans fortune, et que, partant, il possedait
toute liberté pour dire leur fait, en vers, aux
.dieux de l'Olympe.
M. Robin lui, s'exprime en prose; H est posi-
tiviste et le proclame ; c'est son droit absolu.
Quand à l'instruction religieuse, comme,elle
est absente du programme homologué par le
conseil général de la Seine, c'est en bonne
justice à l'assemblée départementale et non
au directeur de Cempuis, agréé par elle, qu'il
conviendrait de s'en prendre si l'éducation
qu'on reçoit à l'orphelinat est laïque au su-
prême degré.
Laissons donc ce grief et passons aux accu-
sations qui ne sauraient pas plus laisser in-
différents les partisans de l'éducation positi-
viste que ceux attachés aux idées spiritua-
listes.
ADAM ET ETE *
— A Cempuis, déclarëm les accusateurs, il
existe une promiscuité révoltante. Filles et
garçons non seulement travaillent, jouent,
sont nourris, mais encore ils se. baignent
en commun, et même dans le costume som-
maire d'Adam et Eve au paradis terrestre.
Cela est à peu près exact (sauf pour les ca-
leçons de bain, il y en a), mais il convient
d'ajouter que les dortoirs) cependant, sont
distincts et que les enfants des deux sexes
élevés à Cempuis sont, pour la plupart, de
jeunes enfants âgés au minimum de quatre
ans et de seize ans au plus.
M. Robin justifie d'ailleurs sa méthode —
un peu nouvelle en France, mais pratiquée
généralement en Amérique — par les raisons
suivantes:
— Ne comprenez-vous pas, dit-il, que ce
qui fait la pourriture de l'enfant, c'est la
chanson grivoise, les allusions polissonnes, l'i-
gnorance ? Ici, oui, tous nos enfants savent
très bien comment s'accomplit la génération,
de même qu'ils savent que le pollen féconde
le pistil et que l'acide sulfurique rougit la
teinture de tournesol. Quel danger voit-on à
cela?
Si l'on veut bien considérer que, dans les
campagnes et, en ville, dans les aggloméra-
tions ouvrières, les susceptibilités de la pu-
deur ne sont pas les mêmes que celles en
honneur dans les classes riches, — lesquelles
ne sont pas d'ailleurs toujours pour cela
d'une moralité supérieure — on peut admet-
tre que les inspecteurs et l'inspectrice géné-
rale des écoles, Mme Kergomard, membre du
conseil supérieur de l'instruction publique,
sœur d'Elisée Reclus, n'aient pas cru devoir
critiquer la méthode d'éducation en com-
mun, exempte de toute hypocrisie, que M.
Rokyin préconise.
L'HYMNE NATIONAL ROBIN
Sur un point, toutefois, il paraît impossible
d'admettre que le directeur de Cempuis, ci-
toyen de l'univers avant d'être citoyen fran-
çais, enseigne à ses élèves que la patrie n'est
qu'un vain mot.
Volontiers M. Robin, qui, sans doute, a
des lettres, proclamerait que là seulement
est la patrie où la vie est douce : Ubi bene,
ibi patria.
Le directeur d'une maison d'éducation n'a
pas à faire prévaloir ses idées philosophiques
personnelles, et la Marseillaise de la paix,
qu'il fait chanter à ses pensionnaires, outre
qu'elle laisse à désirer comme valeur intrin-
sèquement poétique, nous paraît absolument
déplacée dans un orphelinat où de jeunes
garçons, quelques annees après l'avoir quitté,
auront à satisfaire au service militaire.
A titre d'échantillon, voici le premier cou-
plet de l'hymne national cher à M. Robin :
De l'universelle patrie
Puisse venir le jour rêvé !
De la paix, de la paix chérie
Le rameau sauveur est levé 1 (bis)
On entendra, vers lus frontières,
Les peuples, se tendant les bras,
Crier : Il n'est plus de soldats !
Soyons unis, nous sommes frères.
Refrain
Plus d'armes, citoyens !
Rompez vos bataillons,
Chantez, chantons,
Et que la paix féconde nos sillons 1
La paix est certainement une chose excel"
lente, mais M. Robin se mêle, à n'en pas dou-
ter, de choses qui ne le regardent nulle-
ment.
SUR LA PLAGE DE MERS
Enfin (car ce n'est pas tout, mais la note,
ici, devient heureusement comique), une des
grosses colères qu'a soulevées M. Robin, c'est
la colère des gens de Mers.
Mers ? Eh bien, oui, Mers, une petite plage
de famille qui fait face au Tréport et qui est
proche de Cempuis. Désireux de distraire ses
elèves en les fortifiant, M. Robin, pendant les
vacances, se transporte avec tout son per-
sonnel sur les bords de la mer.
Il a fait construire une grande baraque où
les enfants campent en ce moment. La nuit
ils dorment - les filles d'un côté, les garçons
de l'autre, — mais le jour, dame, ils prennent
des bains quand la mer est bonne. Or, les bai-
gneurs de Mers, qui viennent pour beaucoup
de Paris, sont chatouilleux à un point tel
qu'on a quelque peine à le croire.
Il faut, pour se baigner à Mers, justifier
d'un certificat de bonne vie et mœurs. L'auto-
rité ne plaisante pas.
C'est la seule plage du littoral où, pour les
cabines, il y ait le côté des hommes et le côté
des dames. Même en produisant son contrat
de mariage, il est impossible de passer un
costume de bain dans une cabine, nous ne
dirons pas commune avec son « épouse »,
mais même dans une cabine voisine de celle
où votre moitié se dévêt.
La mer, qui n'aime pas les plaisanteries,
ne s'est pas encore laissé diviser en ladies
and gentlemen. Les deux sexes se retrouvent
sous la lame et nous en avons vu, de nos
yeux vu, la semaine dernière, qui batifolaient
quelque peu.
Or, il paraît que les Cempuis (c'est ainsi
que l'on nomme à Mers les pupilles de la
Seine), il paraît, disons-nous, que les Cem-
puis, innocents et jeunes, n'ont pas toujours
eu des costumes d'une tartufferie suffi-
sante.
La plage de Mers s'est émue. Et c'est peut-
être bien de cette émotion. excessive qu'est
née la guerre récemment déclarée à l'orpheli-
nat de Cempuis.
Tout n'y va pas, évidemment, le mieux du
monde ; mais des nombreux griefs relevés
contre le directeur et sa méthode, le moins
sérieux paraît bien être, en bonne justice, le
grief d' « immoralité ».
La Guerre entre la Chine et le Japon
Une dépêche de source anglaise signale une
rencontre qui aurait eu lieu à Ping-Yang, sur
la route de Séoul à la frontière de Chine.
Voici ce télégramme dont il ne faut, bien
entendu, accepter les renseignements que
sous bénéfice d'inventaire:
« Shanghaï, 22 août.
» Le général Tieo, commandant la division
de Feng-Tien, télégraphie que vendredi les
Chinois ont attaqué les Japonais à Ping-
Yang et les ont repoussés sur Chung-Ho, à
la distance de onze milles, en leur infligeant
de grosses pertes.
» Les Chinois ont encore attaqué les Japo-
nais samedi et les ont chassés de Chung-Ho.
Les pertes des Japonais ont encore été très
fortes.
» On s'attendait à une nouvelle bataille au-
jourd'hui.
» La flotte japonaise prend ses dispositions
dans le golfe du Petchili -
» Les ministres britannique, russe et ita-
lien, sont arrivés à Cheefoo. »
Une autre dépêche, également de source
anglaise, donne de nouveaux détails sur la
perte du Kowshung :
« Sanghaï, 22 août.
» Il est établi maintenant que le comman-
dant du Naniwa a ordonné de tirer sur les
Chinois-après avoir coulé le Kowshung. La
canonnière française Lion, la canonnière
allemande Iltis et le croiseur-torpilleur Por-
poïse ont recueilli 240 soldats chinois ; mais
les Japonais n'en ont sauvé aucun.
» L'amiral Freemantle réunit actuellement
les documents rétablissant les faits dans leur
vérité, afin de les envoyer à l'amirauté à
Londres. »
Voici, en outre, quelques autres dépêches
relatives à la guerre :
« Londres, 22 août.
» Hier mardi, au Parlement britannique,
la question de la neutralité chinoise à l'égard
des ports japonais ouverts par les traités a été
soulevée. Sir Edward Grey, sous-secrétaire
aux affaires étrangères, s'est refusé à répon-
dre aux questions du député Hozier sur ce su-
jet, en expliquant « qu il est désirable, dans
les circonstances actuelles, de ne s'occuper
des éventualités que quand elles se produi-
sent et de ne pas se lier d'avance par des ar-
rangements mûrement médités ».
« Wilhelmshaven, 22 août.
» On dit qu'un quatrième croiseur alle-
mand va être envoyé dans l'Extrême-Orient,
où se rendent déjà les croiseurs Arcona, Ma-
rie et l'Alexandrine.
» Ce quatrième croiseur sera Y Irène ou le
Gefion. A bord de ce navire s'embarquera un
contre-amiral, qui prendra le commandement
de l'escadre des croiseurs allemands de l'Ex-
trême-Orient »
, « Cologne, 22 août.
» D'après la Gazette de Cologne, l'emprunt
japonais de 60 millions de dollars aurait été
souscrit deux fois. »
« Washington, 22 août.
» M. Tateno, ministre du Japon aux Etats-
Unis, a déclaré que le Japon n'avait aucun
besoin de canons, d'armes, d'argent et de con-
tingents étrangers. »
Mentionnons pour finir, mais sous toutes
réserves, une dépêche de source allemande
que le New-York Herald emprunte au Stan-
dard et qui attribue au comte Ito le langage
suivant
« Le Japon a les mêmes intérêts que la
Russie à l'achèvement du chemin de fer
transsibérien pour l'expédition de ses pro-
duits en Europe. Conséquemment, il ne s op-
poserait 'pas à ce que la Russie occupât le
port coreen de Port-Lazaref, qui serait une
excellente tête de ligne pour le chemin de
fer. »
Cette déclaration du premier ministre japo-
nais est naturellement citée comme une preuve
que le gouvernement mikadonal s'efforcerait
de se concilier la bonne volonté de la Russie,
afin de pouvoir accomplir ses desseins en
Corée.
LA SANTÉ DE M. DUPUY
Vernet-les-Bains, 22 août.
La santé du président du conseil recommence à
devenir bien meilleure, bien qu'il souffre encore de
temps en temps de rapides douleurs.
Le président a pu rester habillé hier dans sa
chambre, où il a reçu quelques courtes visites.
La nuit qui vient de s'écouler a été très bonne ;
M. Dupuy a pu dormir d'un boa sommeil.
Tablettes fin Progras
LA BALANÇOIRE MAGIQUE
Il n'est personne, — au moins parmi
ceux (si ce n'est pas la majorité, il ne doit
s'en falloir guère) qui lisent les journaux,
— il n'est personne, dis-je, qui n'ait en-
tendu parler peu ou prou de la fameuse
Merry-go-Round, l'une des principales
« attractions » de l'Exposition de Chi-
cago.
Imaginez, sous la forme d'une roue
géante dressée verticalement entre deux
immenses pylônes métalliques supportant
un essieu propoptionné, l'une de ces bi-
zarres machines qui, dans les fêtes forai-
nes, servent à donner aux amateurs d'é-
motions originales la poignante mais in-
nocente illusion d'une chute dans le vide.
L'idée n'était pas neuve assurément, mais
jamais encore elle n'avait été réalisée, ni
même conçue sur une aussi prodigieuse
échelle.
La roue (l'organe essentiel), mue, natu-
rellement, par la vapeur, ne mesurait pas
moins de 80 mètres de diamètre, tandis
que chacune des 36 nacelles suspendues
par des joints à la Cardan tout autour de
la circonférence pouvait contenir 40 per-
sonnes — soit, en tout, un train de 1,440
voyageurs, tournant en rond, entre ciel et
terre, sur le pied de 15 mètres à la mi-
nute, avec toutes les surprises amalga-
mées et toutes les joies confondues de l'as-
cension aéronautique et du saut en pro-
fondeur.
— Comment ça va-t-il ?
— Pas trop mal jusqu'ici, pourvu que
ça dure 1
- Telle fut, à en croire une vieille légende,
la conversation à l'impromptu qui s'en-
gagea certain jour au passage — ou, pour
mieux dire, au vol — entre un bon bour-
geois qui fumait sa pipe, commodément
accoudé au ballon du second étage, et un
infortuné zingueur en train de dégringo-
ler du haut du toit.
Avec la Merry-go-Round, « ça durait »
— le temps de tomber en douceur de
quatre-vingts mètres,quelque chose comme
quatre maisons de cinq étages superpo-
sées - t ça ne coûtait qu'un demi-dollar
par personne et par culbute.
Ce sport original et cyclopéen était pour
ravir les Yankees, si fortement férus du
besoin d'expérimenter in animâ vili les
lois et les affres de la pesanteur, qu'ils
avaient rêvé naguère une mécanique per-
mettant de précipiter, sans choc et sans
piril, de la hauteur de la tour Eiffel, sur
un matelas d'eau suffisamment épais,
tout un lot de chrétiens blottis à l'inté-
rieur d'un obus étanche et capitonné ! De-
puis quinze mois l'ingénieur Ferris, à qui
revient l'honneur d'avoir conçu et réalisé
l'idée de cette roue colossale et troublante,
a gagné une fortune — ou deux.
Sur ce — naturellement — les Anglais
se sont piqués au jeu, et l'on édifie en ce
moment, à Earl's Court, une roue tour-
nante qui aura cent mètres de diamètre
et pourra véhiculer seize cents voyageurs
à la fois.
Quand les Américains l'ont su, ce fut
pour eux lin terrible crève-cœur. Décidé-
ment, l'oncle Sam allait perdre le record;
quelle honte et quelle pitié 1 Mais on ne
prend pas aisément l'oncle Sam sans vert.
Ne pouvant guère faire plus grand que
John Bull, il a songé — et réussi — à faire
plus étrange encore. C'est ainsi qu'est née
la balançoire diabolique, imaginée par M.
Amariah Lake, de Pleasantville (New-Jer-
sey) et qui a fait fureur tout cet hiver à la
grande foire — Midwinter Fair - de
San-Francisco.
Supposez que, debout ou assis sur une
escarpolette, vous vous donniee assez d'é-
lan pour décrire, grâce à la force centri-
fuge, uncercle complet autour de la barre
de suspension transversale. Voilà vrai-
ment une sensation qui n'est pas banale.
Eh bien t c'est cette sensation, revue, cor-
rigée, et considérablement amplifiée, que
M. Lake donne à tous ceux qui le désirent,
non plus à l'aide d'un méchant tabouret
suspendu à deux cordes flottantes, mais
au moyen d'une cabine oscillatoire, agen-
cée comme comme un salon et pouvant
renfermer quinze ou vingt personnes à la
fois.
Tout à fait, on le voit, mais sur une
bien plus grande échelle et avec des raf-
finements invraisemblables, le tonneau
roulant connu sous le nom prétentieux de
« chemin de l'amour », qu'on voit à la
foire au pain d'épice. il y a cependant une
différence. Dans (ou sur) le « chemin de
l'amour », les patients pivotent effective-
ment cul par-dessus tête, tant et si bien
qu'il faut prendre la-précaution préalable
de les attacher sur leurs bancs, et, si ce
sont des dames, de ficeler par en bas leurs
jupes dont l'indiscrète envolée pourrait
scandaliser M. Bérenger, s'il venait par
hasard à passer par là. Si même le voyage
durait un peu plus longtemps, .Je mal de
mer pourrait s'ensuivra. Avec la balan-
çoire magique, au contraire, la culbute
n'est qu'ùne « frime », un trompe-l'œil,
une mystification.
C'est même là le côté le plus curieux de
l'histoire. -
La vérité est que l'escarpolette demeure
parfaitement immobile. Ce qui n'empêche
pas les gens qu'on y a introduits d'en des-
cendre avec la conviction absolue qu'ils ont
plusieurs fois de suite pirouetté la tête en
bas, à grande volée, comme une pierre
dans la poche d'une fronde, avec aussi,
par conséquent, toutes les émotions an-
goissantes que doit comporter un pareil
tour de force.
Rien, en fin de compte, de plus facile à
comprendre.
Tout le monde sait que, quand on est
en chemin de fer, s'il vient à passer un
autre train sur la voie parallèle, on finit
par ne plus savoir si l'on avance ou si l'on
recule. On perd absolument, en tout cas,
l'exacte notion des vitesses relatives. C'est
précisément cette illusion — la même, au
surplus, qui nous abuse sur la réalité du
mouvement de la terre dans l'espace et de
sa rotation sur elle-même — dont l'ingé-
nieur américain a su tirer parti avec un
art merveilleux.
Voici comment il procède :
Les amateurs sont introduits, par four-
nées de quinze dans une pièce conforta-
blement meublée, avec tables, chaises,
tentures, tableaux, dressoirs chargés de
vaiselle, étagères pleines de bibelots et
jusqu'à une lampe allumée. A mi-hauteur
du plafond, une forte traverse repliée en
forme d'arbre doublement coudé, réunit
les deux parois opposées. C'est à cette tra-
verse qu'est suspendue, par de solides an-
neaux et tout un jeu de haubans, la mys-
térieuse balançoire où l'on fait asseoir les
personnes. Immédiatement après, l'impré-
sario imprime un léger mouvement de va-
et-vient au système, qui commence à se
balancer comme une escarpolette ordi-
naire, puis il sort en fermant la porte à
clef.
C'est à partir de ce moment que l'hallu-
cination commence. Le mouvement de
va-et-vient semble, en effet, s'accentuer
de plus en plus, dans des proportions de
plus en plus inquiétantes, jusqu'à ce que
les « balancés » en arrivent à s'imaginer
fermement décrire une série de tours com-
plets — ce qui ne laisse pas de donner la
chair de poule aux plus impassibles. Puis
après quelques-unes de ces girations
vertigineuses, l'amplitude des oscillations
diminue, le mouvement se ralentit peu à
peu, et cesse, enfin, tout à fait. La séance
est terminée. On rouvre la porte et les
gens s'en vont, hébétés, étourdis, émer-
veillés tout frémissants encore de sur-
prise, d'épouvante et aussi de fierté, car
ils sont convaincus qu'ils viennent d'ac-
complir quelque chose d'héroïque et de
fabuleux.
Il n'en est rien cependant, comme bien
on Pense, et ils ont à peine bougé. C'est la
pièce elle-même, la boîte oblongue qui est
la chambre, avec ses tapis, ses murailles
et son mobilier qui, machinée en consé-
quence, a pivoté d'une pièce autour de
l'axe auquel ils demeuraient bourgeoise-
ment suspendus. Seulement, ils se sont fi-
guré qu'ilournaient,absolument comme,
en wagon, l'on se figure que les poteaux
télégraphiques se précipitent à la rencon-
tre du tra'n. Et l'illusion, parait-il, est si
forte, que ceux-là même qui sont au, cou-
rant du « truc » s'y laissentprendrecomme
les camarades et se cramponnent instinc-
tivement de toutes leurs forces à leurs
sièges, ou au bras de leurs voisins, de
peur d'être précipités dans le vide.
peur
Il va de soi que tous les objets qui or-
nent la chambre sont solidement fixés par
des attaches invisibles. Quant à la lampe,
qui vous a de faux airs de lampe à pétrole,
elle renferme tout simplement un globe
à incandescence, dissimulé sous l'abat-
iour.
* On ne saurait rêver rien de plus ingé-
nieux ni de plus amusant que cette com-
binaison paradoxale, qui a été réalisée, à
en croire la chronique d'outré-mer, avec
une perfection inouïe. Je ne doute pas que
l'escarpolette magique ne traverse bien-
tôt l'Océan et ne vienne recevoir à Paris
la suprême consécration dont aucune œu-
vre nouvelle ne saurait se passer. J'y ap-
plaudis d'avance.
Ce n'est qu'un grand joujou, je le veux
bien, mais c'est un joujou qui, en outre de
sa valeur industrielle et mécanique, con-
tient une leçon sui generis d'une incal-
culable profondeur et d'une portée philo-
sophique immense. N'est-ce pas la dé-
monstration la plus suggestive et la plus
flagrante de la nécessité qui s'impose à
tous de se défier du témoignage des sens,
sujets à tant d'erreurs, et même des affir-
mations de la raison raisonnante? Nom-
bre d'hommes de génie, depuis Bacon et
Descartes jusqu'à Herbert Spencer, ont
écrit là-dessus de gros livres qui, pour en-
seigner la sagesse, ne vaudront jamais
cette mécanique tourbillonnaire. Go
ahead 1
Raoul Lucet.
LES BLÂMES DE M. FÉLIX FAURE
Beaucoup de journaux s'efforcent de re-
chercher quels sont les fonctionnaires de la
marine dans les -ports qui auraient reçu un
blâme officiel de M. Félix Faure, ministre de
la marine, au cours de la tournée qu'il vient
d'accomplir.
D'après nos renseignements, ces blâmes vi-
seraient l'organisation défectueuse et le con-
trôle de certains services et non leurs chefs,
couverts par la responsabilité indiscutable
des préfets maritimes. Cette responsabilité
pourra, dans le cas particulier, retomber sur
les majors généraux. Car les observations sé-
vèrement exprimées par le ministre s'appli-
queraient, assure-t-on, non seulement à l'em-
ploi des approvisionnements de réserve, mais
aussi au matériel des bâtiments-écoles.
M. Félix Faure a également remarqué que
les prescriptions du règlement édicté le 15 dé-
cembre dernier par l'amiral Lefèvre étaient
restées lettre morte dans trois arrondissements
maritimes sur cinq !
Ce règlement supprimait le privilège des
tours d'embarquement et d'autres faveurs
dont l'abus était criant.
CONDAMNATION A MORT
Constantina, 22 août.
A la dernière séance du conseil de guerre, la
nommé Vuillerme, détenu dans les ateliers de Ira*
vaux publics à Bône, comparaissait comme témoin
vaux publics à Bône, com Laer tt e, prdvenu d'évasion
dans l'affaire d'un nommé Lettre, prévenu d évasion
et de désertion.
Lorsque le président interrogea Vuillerme, ce.
lui-ci, au lieu de répondre, arracha un bouton de sa
tunique et le lui lança à la figure, disant aux mem-
bres du conseil :
— Vous êtes tous de sales voyous !
Séance tenante, Vuillerme a été condamné A
mort.
LES
DÉNONCIATIONS CALOMNIEUSES
Nîmes, 22 août.
Le maire de Lédenoh, M. Froment, avait été dé-
noncé au parquet ces jours derniers comme ayant
fait, en présence de plusieurs personnes, l'apolo-
gie de l'assassinat de M. Carnot. Mais, à la suite
d'une enquête, il a été établi qu'il venait d'être
l'objet d'une dénonciation calomnieuse.
M. Froment va poursuivre devant les tribunaux
ses délateurs, dès que le parquet les lui aura fait
connaîtra
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