Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-08-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 août 1894 03 août 1894
Description : 1894/08/03 (A24,N8236). 1894/08/03 (A24,N8236).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
VINGT-QUATRIÈME ANNÉE. - N- 8,235 - LE NUMÉRO CINQ CENTIMES * /VENDREDI 3 AOUT 1894
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1 mois. 3 francs
2 mois. 6 francs
Dans mme-M
La Corée est le Maroc de l'Extrême-
Orient, c'est-à-dire un pays dont l'indé-
pendance précaire n'a été sauvegardée
jusqu'à présent que par les rivalités
des convoitises.
Le gouvernement y est à la fois fé-
roce et impuissant, hostile à toute civi-
lisation, mûr en un mot pour subir une
révolution ou une conquête.
Si la question n'intéressait que les
hommes de la race jaune, nous pour-
rions assister avec plus de curiosité que de
sollicitude à la marche des événements;
peu nous importerait la domination, à
Séoul, des Chinois ou des Japonais.
Dans les deux cas, un progrès relatif
triompherait en Corée.
Mais,derrière des Asiatiques,on trouve
toujours la main d'une puissance étran-
gère, et nous ne devons pas perdre de
vue la lutte sourde mais incessante qui
se poursuit dans cette partie du monde
entre la Russie et l'Angleterre. Tout
ceci est un incident de la bataille entre
la baleine et l'éléphant, comme disait
M. de Bismarck.
Les marchandises russes arrivent par
terre sur ce gigantesque marché où
elles font concurrence aux produits
britanniques apportés par des vaisseaux.
D'une façon constante, on remarque,
dans l'Extrême-Orient, l'antagonisme
entre les intérêts de la Russie et de
F Angleterre, et on prévoit que, tôt ou
.ard, un choc se produira.
Les Russes, maîtres de Vladivostock,
4ui est un superbe arsenal militaire,
pourraient dominer dans ces mers, si
leurs navires n'étaient pas bloqués par
les glaces pendant les mois d'hiver.
Or les ports de la Corée, qui est limi-
trophe de leurs possessions du fleuve
Amour, ne gèlent jamais. Ils rêvent
donc d'établir sur divers points mariti-
mes de la presqu'île coréenne leur pro-
tectorat, sinon leur domination.
Les Anglais, de leur côté, fidèles à la
politique de « la part du lion », veulent
s'installer d'une façon définitive à Port-
Hamilton, où ils ont concentré une es-
cadre puissante.
Là est le danger, si on ne réussit pas
à éteindre l'incendie que les Chinois et
les Japonais sont en train d'allumer.
Malgré l'énorme différence des forces
numériques entre la Chine, avec ses
400 millions d'habitants, et le Japon qui
n'en compte que 40 millions, l'issue
d'une guerre serait douteuse, parce que
les opérations sur terre devraient être
précédées de transports de soldats par
mer, et les deux marines se valent à
peu près.
- Quand on regarde la carte, en effet, on
voit que le golfe du Pe-tchi-li a l'aspect
des pinces ouvertes d'un homard. Sur
le versant gauche se trouve le fleuve du
Peï-ho qui conduit à Tien-Tsin, d'où on
va à Pékin. Sur le versant droit se trouve
la Corée.
Mais pour aller de Tien-Tsin, qui est
le grand quartier général du vice-roi. le
célèbre Li-Hung-Chang, en Corée, la
route est longue, impraticable pour une
armée, car elle est fermée par une
chaîne de montagnes.
Les Chinois sont donc obligés d'en-
voyer leurs troupes par des bâtiments,
et on sait combien esf difficile ce genre
d'opérations, un navire chargé de sol-
dats étant hors d'état de combattre heu-
reusement le moindre torpilleur.
Dans un délai rapproché, l'Europe
saura probablement à quoi s'en tenir
sur les conséquences du conflit; car la
voix de la Russie est écoutée d'ordi-
naire à Pékin, de même qu'au Japon on
fait cas des conseils de l'Angleterre.
Lors de l'expédition du général Mon-
tauban, en 1860, c'est le général Igna-
tieff, alors ambassadeur du tsar, qui dé-
noua une situation devenue fort embar-
rassante, malgré l'occupation de Pékin
par nos bataillons victorieux.
Nous avions pu pénétrer dans la ca-
pitale du Céleste-Empire et planter le
drapeau tricolore sur quelques palais
impériaux, mais nous ne trouvions
personne avec qui traiter.
La saison avançait. Le froid allait
faire prendre les approches du Peï-ho
et rendre nécessaire le départ des navi-
res qui avaient amené l'expédition
franco-anglaise. On ne savait à quel
parti s'arrêter.
Ce fut le général Ignatieff qui réussit
à convaincre la famille impériale de la
nécessité de faire la paix. Il rassura les
alarmes du prince Kung, oncle de l'em-
pereur, qui n'osait pas venir négocier
personnellement parce qu'il redoutait un
guet-apens. Grâce à lui, nous pouvons
nous en aller avec les honneurs de la
guerre, emportant sinon des avantages
matériels au moins un peu de prestige
moral, qui nous sert encore au bout de
trente-trois ans dans cette partie du
monde.
Quoique le métier de prophète soit
ingrat et que le hasard bouleverse sans
cesse les prévisions humaines, on peut
dire que l'Angleterre et la Russie n'ont
pas là des intérêts immédiats assez con-
sidérables pour renoncer à la politique
d'ajournement acceptée, aux Indes, de
part et d'autre.
Quand on sait attendre, en se regar-
dant par-dessus l'Afghanistan, qui est
un tampon momentané seulement, on
ne se presse pas en Corée.
Il faut l'espérer et le souhaiter; car
le jour où le monde verra éclater une
vraie lutte, nul ne pourra se demander
sans effroi sur quel point de notre pla-
nète éclatera le dernier obus. Tout de-
viendra possible et tout sera probable.
lisait.
SOTTISE ET CYNISME
Il v a des députés qui ont une manière tout
à fait extraordinaire d'expliquer à leurs élec-
teurs pourquoi ils ont voté la loi Dupuy-Gué-
rin, dite « contre les anarchistes ». Exemple :
Un député d'un arrondissement du Centre pu-
blie dans son journal, sous sa signature, un
article où il dit qu'il a voté la loi « parce
qu'elle a été .attaquée avec violence par tous
les ennemis de la République », et parmi les
ennemis de la République ayant attaqué la
loi avec violence il cite notamment MM. de
de Mun, Maillé, de la Rochefoucauld.
On ne saurait en vérité être plus maladroi-
tement de mauvaise foi.
La vérité est que M. de la Rochefoucauld
n'a nullement combattu la loi et qu'il n'a pas
davantage voté contre, étant en congé.
M. de Maillé n'a pas non plus attaqué la
loi et n'a pas non plus voté contre : il s'est
abstenu.
Quant à M. de Mun, il faut vraiment avoir
du cynisme pour affirmer qu'il a combattu la
loi, alors qu'il a été, de notoriété publique, un
de ses plus chauds défenseurs et qu'il a voté
pour. Son vote a même donné lieu à des po-
lémiques retentissantes.
Pendant qu'il y était, pourquoi l'honnête
député n'a-t-il pas cité aussi M. de Mackau?
Il fait bien partie, celui-là, de la fine fleur des
monarchistes qui ont été boulangistes, ce qui
ne l'a pas empêché de voter la loi avec son
ami de Mun.
LA GUILLOTINE A LIMOGES
M. Deibler a quitté Paris hier soir à onze
heures, gare d'Orléans, emmenant avec lui
les bois de justice.
Il se rend à Limoges, où il va procéder de-
main à l'exécution de l'assassin Boucharei-
chas, condamné à mort une première fois à Li-
moges, puis à Tulle, l'arrêt ayant été cassé
pour vice de forme. Bouchareichas avait tué,
pour le voler, son maître, M. Hervy.
L'assassin n'a que dix-sept ans.
LES EXPROPRIATIONS
DE LA RUE RÉAUMUR
Une nouvelle session du jury d'expropria-
tion pour la rue Réaumur s'est ouverte lundi.
Un premier jugement portant sur dix-huit
affaires a été rendu hier. Le voici :
Expropriés Offres Allocations
Rue Thévenot, 5
VveFournier,propriét. 62.272 100.000
Mennot, garçon de ma-
gasin 600 600
Flandrin, cordonnier à
façon. 380 1.650
Hue, fabric. de soie et
fleurs artificielles. 1.000 2.350
Verde, tourneur-méca-
nicien. 10.200 38.450
Rue Thévenot, 28
Parisot, propriétaire.. 160.000 218.000
Cadoux, vins et hôtel
meublé. 35.500 72.000
Bourguignon, menuis. 29.000
R.des P.-Carreaux, 18
Gaumel, propriétaire.. 128.000 178.000
Aulogé, march. de vin. 15.000 45.000
Henry, encadreur. 2.000 4.000
Evrard, fruitier. 3.500 8.100
R.des P.-Carreaux, 20
Devaux, propriétaire.. 106.000 146.000
Fayou, principal locat. 5.000 10.000
Richard, mardi, devin. 14.000 25.000
R.desP.-Carreaux,22
Poujoule,crémier ,hôtel
meublé. 16.000 54.000
R.desP.-Carreaux,24
Moulin, propriétaire.. 324.900 424.500
Poix, frang. de châles. 3.500 5.000
LE PROCÈS CASERIO
Lyon, 1er août.
Le bruit court que Caserio sera transféré
dans la nuit de la prison Saint-Paul au Pa-
lais de Justice, où il comparaîtra demain
matin à neuf heures devant la cour d'as-
sises.
Vingt-neuf témoins seront entendus au pro-
cès ; parmi ceux-ci, on cite les généraux Bo-
rius et Voisin et M. Gailleton, maire de
Lyon.
La matinée sera consacrée tout entière à
l'interrogatoire ; une vingtaine de témoins se-
ront entendus dans l'après-midi.
A l'audience de vendredi matin, on épuisera
les dépositions des témoins et l'on entendra
le réquisitoire. A la reprise, M. le bâtonnier
Dubreuil présentera la défense de l'accusé.
Le verdict sera ensuite rendu. -4 -
ENCORE LES OMNIBUS !
A QUAND LA GREVE DES VOYAGEURS ?
De plus fort en plus fort. — Suppression
des omnibus de la gare Saint-Lazare.
- La justice en voitures.
La Compagnie générale des omnibus qui,
non contente de tyranniser ses employés, s'a-
charne, avec une inconscience incompréhen-
sible, à molester le public, vient d'imaginer
un nouveau moyen « d'embêter » les Pari-
siens. Et ses prétentions ont été consacrées par
nos bons magistrats qui ont rendu à son pro-
fit une sentence dont la cocasserie pourra ser-
vir de criterium à Behanzin pour apprécier
l'état de notre civilisation.
LES OMNIBUS DES GARES
Il n'est pas un Parisien de Paris ou de la
banlieue qui n'emploie les omnibus spéciaux
— exploites par les Messageries nationales et
la Compagnie parisienne de transport — fai-
sant le service de la place de la République,
de l'Hôtel de Ville, des Halles et du Bon-Mar-
ché à la gare Saint-Lazare. Ces omnibus pré-
sentent pour le public des avantages que la
Compagnie générale ne s'est jamais préoccu-
pée de lui offrir.
1° Leurs tarifs sont moins élevés : 15 et 20
centimes.
2° L'impériale est couverte, et depuis long-
temps l'intérieur est chauffé en hiver.
3o Les départs s'effectuent à des heures
concordant avec les horaires des trains.
Ces entreprises ont fatalement prospéré, et
elles transportent aujourd'hui une moyenne
de 20,000 voyageurs par jour.
Ce succès a agacé M. Boulanger. Un beau
jour, l'omnipotent président du conseil d'ad-
ministration de la Compagnie des omnibus
a fait constater par huissier qu'un certain
nombre de voyageurs descendus dès omni-
bus spéciaux dans la cour de la gare Saint-
Lazare ne prenaient pas le train. Il a vu
dans ce fait une concurrence illicite à son
monopole, et il a cherché aux sociétés rivales
une véritable querelle d'Allemand.
LE DROIT DES COMPAGNIES
Le droit de ces dernières semble bien éta-
bli.
La loi de 1794 a proclamé la liberté de l'in-
dustrie des transports, liberté qui n'a pu être
abrogée par le traité particulier intervenu en
1860 entre la ville de Paris et la Compagnie
des omnibus.
En 1851, le préfet de police rend une or-
donnance « concernant le service des voitu-
res faisant spécialement le transport en com-
mun des voyageurs partant ou arrivant par
les chemins de fer». Et, lorsque neuf ans plus
tard, c'est-à-dire en 1860, la Compagnie géné-
rale traite avec le préfet de la Seine, ce der-
nier a bien soin de stipuler que le monopole
ne s'applique pas aux omnibus spéciaux des
gares. On lit, en ee, en tête du traité la
clause suivante :
Cette concession ne comprend pas le service des
voitures faisant le transport en commun des
voyageurs partant ou arrivant par les chemins de
fer.
L'ordonnance de 1851 avait pour but de
réglementer la circulation et d'obtenir la sé-
curité de la rue ; on ne pouvait voir dans les
termes de son titre que nous venons do citer
aucune intention de limiter une concurrence
à la Compagnie générale, puisque cette der-
nière n'existait pas.
La Compagnie générale, avec cette mau-
vaise foi insigne qu'elle a affichée dans ses
démêlés avec le syndicat de ses employés, a
feint de penser autrement. Et, profitant de ce
que dans l'article de son traité cité plus haut,
on a copié les termes figurant au titre de l'or-
donnance « voyageurs partant ou arrivant
par les chemins de fer », elle vient dire aux
Messageries nationales.
— Quand vos clients en descendant d'om-
nibus sortent de la cour de la gare et vont se
promener dans les rues avoisinantes au lieu
de partir par le train, vous contrevenez à l'or-
donnance et vous faites une concurrence illi-
cite à mon monopole.
LE TRIOMPHE DE L'ABSURDE
Or, voici la seule obligation, imposée aux
entrepreneurs de voitures spéciales par l'or-
donnance de 1851 :
Art. 13. — Il est défendu aux cochers ou con-
ducteurs de déposer, EN SE RENDANT AUX GARES,
des voyageurs sur la voie publique.
Au retour, ET EN DEHORS DES GARES, ils ne pour-
ront admettre de voyageurs dans leurs voitures.
Les compagnies observent scrupuleusement
ce règlement, et on conçoit que quand le voya-
geur est sorti de leur voiture à l'arrivée aux
gares, elles ne peuvent l'empoigner par le
bras et le forcer à monter dans un train.
— Arrangez-vous comme vous voudrez, ré-
pond M. Boulanger. Nous exigeons que tout
voyageur descendu d'une de vos voitures dans
la cour de la gare prenne le train.
Cette prétention stupide a été consacrée
— nos lecteurs le savent — d'abord par le tri-
bunal de commerce de la Seine, et il y a
quelques jours par la cour d'appel qui en-
joint aux Messageries nationales d'orga-
niser son contrôle comme elle l'entendra,
et la condamnant à 20 francs d'amende
envers la Compagnie générale pour tout voya-
geur transporté par les omnibus spéciaux
qui n'aura pas pris le train.
Voilà comment l'on raisonne, à notre épo-
que, dans la magistrature française !
LE BOUT DE L'OREILLE
Veut-on connaître maintenant les princi-
paux motifs qui ont pu déterminer la Com-
pagnie générale à soulever cette chicane gros-
sière ? Ils sont très simples à formuler.
La compagnie ne subit certainement qu'un
préjudice insignifiant, en admettant que ce
préjudice existe. Les voitures des lignes
Wagram-Bas tille et Gare Saint-Lazare-Place
Saint-Michel, dont le trajet est, sur un certain
parcours, analogue aux omnibus spéciaux
des Halles, de la Bourse du Commerce et du
Bon-Marché sont toujours pleines. La Com-
pagnie générale ne perd donc ici aucun voya-
geur.
D'autre part, les voitures de la ligne Place
de la République-Gare Saint-Lazare, la plus
importante des lignes spéciales, suivent un
itinéraire direct (par les grands boulevards et
la rue Aubert ou la Chaussée-d'Antin) que la
Compagnie générale n'offre sur aucune de ces
lignes.
A plusieurs reprises, il est vrai, en 1893
pour la dernière fois, la Compagnie générale
a demandé l'autorisation d'établir une ligne
allant de la place de la République à la gare
Saint-Lazare. Le conseil municipal le lui a
refusé pour deux raisons :
1° Que la population parisienne trouvait
toute satisfaction dans les services déjà exis-
tants des Transports et des Messageries.
20 Que le pareours était trop faible pour
justifier la perception ordinaire de 30 centi-
mes.
On demandait, en conséquence, à la Com-
pagnie d'établir une ligne de la gare Saint-
Lazare à la place de la République et de la
nr^oopw jusqu'à la gare de Lyon. M. Bou-
langer jugeant la seconde partie du parcours
trop peu rémunératrice; a refusé d'établir le
service dans ces conditions.
La Compagnie générale ne subit donc au-
cun dommage. La vérité est qu'elle est vexée
de voir des entreprises libres faire mieux
qu'elle et à meilleur marché.
e. Elle craint, en outre, les réformes aux-
quelles elle devra se résigner par suite des
réclamations que lui valent les comparaisons
faites entre son service et celui des autres
entreprises. N'oublions pas, en effet, que si
les omnibus sont aujourd'hui chauffés, on le
doit aux voitures de la gare Saint-Lazare qui
ont pris l'initiative de cette amélioration, et
dont on invoque encore l'exemple quand on
demande à la Compagnie générale d'avoir des
impériales couvertes.
LA GRÉVE DES VOYAGEURS
Les Messageries nationales et les Trans-
ports parisiens vont se pourvoir en cassa-
tion contre l'arrêt de la cour. Mais ce pour-
voi n'est pas suspensif et si la Compagnie
générale signifie l'arrêt, il sera exécutoire.
Comme le contrôle imposé par la « justice»
est impossible, les autres'compagnies cesse-
ront immédiatement leur service. Attendons-
nous donc un beau matin à ne plus trouver
d'omnibus dans la cour de la gare Saint-
Lazare.
Si alors les voyageurs privés de leur
moyen ordinaire de transport renversaient
les omnibus de la Compagnie générale,
comme la chose eut lieu lors de la grève
nous nous demandons qui s'en plaindrait.
LE DUEL DRUMONT-D'EL VA
Bruxelles, 1" août.
Une dépêche de Rosendaël annonce que MM.
Drumont et d'Elva se sont battus cette après-
midi près de Rosendaël.
M. Drumont a été légèrement blessé à la cuisse
gauche. t 1 t. t d
Les adversaires et les témoins avaient déjeuné à
l'hôtel du Cygne avant de se rendre sur le ter-
rain.
LE WAGON PRÉSIDENTIEL
Le compartiment de M. Casimir-Perier
Lar-Compagnie des wagons-lits met la der-
nière main à une voiture de luxe qu'elle sa
propose de présenter àTElysée pour servir à
M. Casimir-Perier lors de ses voyages prési-
dentiels, et nous croyons savoir que pour la
[première fois le président, qui en a approuvé
"les projets, en fera usage pour se rendre le 20
septembre à Châteaudun.
Cette voiture, la plus longue de celles qui
aient jusqu'ici été construites, a une lon-
gueur de 18 mètres 66 et est montée sur deux
« boggies » ou chariots possédant une triple
suspension dont l'effet est d'annuler et d'évi-
ter toute vibration, mouvement de lacet,
cahot, soubresaut, provenant de l'irrégula-
rité des voies, de telle sorte que les voya-
geurs ne ressentent aucune des incommodités
occasionnées par les véhicules ordinaires des
chemins de fer.
La caisse a une longueur de 17 mètres 16,
et l'écartement des « boggies » est de 12
mètres.
Toute chargée, c'est-à-dire prêts à partir, la
voiture pèse 31,750 kilos.
Si l'extérieur n'a guère, quant à l'ornemen-
tation, de différence avec les autres voitures
de la compagnie qu'un feston doré qui court
au-dessus des portières, l'intérieur mérite tout
au contraire une mention spéciale.
Nous montons dans la voiture par un des
deux marchepieds qui se trouvent à chacune
de ses extrémités et dont la palette inférieure
est mobile pour que, relevée, elle ne puisse
venir dans le gabarit des compagnies de che-
mins de fer. Nous entrons alors dans un fu-
moir-terrasse que dix châssis à glace éclai-
rent ; deux divans havane, une fumeuse, une
console en forment l'ameublement ; au pla-
fond se trouvent de délicates et fines peintu-
res sur toile.
Le salon qui fait suite au fumoir a 3 m. 90
de longueur sur 2 m. 65 de largeur ; deux
grands canapés en peluche mauve sont placés
latéralement le long des cloisons de la caisse,
une table en acajou à articulations les sé-
pare ; aux angles sont deux larges fauteuils
et deux chaises fumeuses ; enfin une biblio-
thèque surmontée d'une superbe pendule
Louis XV orne la cloison qui sépare le s-alon
du reste de la voiture.
Dix glaces éclairent cette salle ; deux d'en-,
tre elles, celles du milieu, ont 1 m. 50 de lar-
geur sur 1 m. 04 de hauteur et permettent de
découvrir sur tous les points le paysage qui
se déroule. Au plafond, de très jolies peintu-
res.
Ce salon communique au couloir qui des-
sert toutes les autres parties de la voiture.
Par ce couloir, on parvient à la chambre à
coucher,dont les boiseries en acajou sont d'un
style sobre et d'une exécution parfaite. Un lit
dont la couverture est en peluche verte y est
placé dans le sens de la longueur de la voi-
ture et, par conséquent, dans la direction de
la marche du train, Un cabinet de toilette est
contigu à la chambre à coucher.
Le lavabo comprend une cuvette en argent,
montée sur marbre griotte d'Italie; la de-
vanture est en acajou. Un fauteuil à man-
chettes, recouvert en maroquin capitonné, dis-
simule habilement un water-closet. Le carre-
lage est en marbre noir et blanc.
Puis viennent trois compartiments pour
une, deux et quatre personnes, avec banquet-
tes recouvertes en peluche verte formant
siège pour le jour et pouvant se transformer
en lits pour la nuit. Un cabinet de toilette
leur est adjoint ainsi qu'un water-closet.
Le couloir qui part du salon aboutit à l'au-
tre extrémité du wagon, et là se trouve une
nouvelle entrée où est placé un siège capi-
tonné en maroquin brun, destiné au person-
nel de la compagnie.
La voiture est chauffée au moyen d'une
chaudière à basse pression alimentant une
double conduite thermo-syphon, placée le
long des cloisons latérales de la voiture et
qui permet de donner la température voulue.
Des réservoirs à eau sont dissimulés dans la
partie supérieure de la voiture et alimentent
les cabinets de toilette, les water-cloaets et
la chaudière.
Dans toutes les pièces des rideaux et des
stores ornent les châssis ; la lumière électri-
que y est installée au moyen d'accumula-
teurs et une durée de vingt heures est assu-
rée à vingt-trois lampes de trente volts.
Disons, en outre, que la voiture est munie
d'un frein à air comprimé automatique et
modérable, ainsi que d'un frein à vide et
d'un frein à main, ,-
UN HÉRITAGE DE 37 MILLIONS
y a une quinzaine al Montpellier, 1er août.
Il y a une quinzaine d'années, un nommé De-
lannes, d'origine française, rédacteur au journal le
Times, mourait en Angleterre, laissant un héritage
évalué à 37 millions environ. La succession était
en déshérence ; or, un employé aux pompes funè-
bres de Montpellier, nommé Delannes, vient d'être
informé par un généalogiste qu'il £ tjû( l'nniqnq hë-
ïiUij4.9ÇfiRejpiiÊwe» --v -
TaMettes du Progrès
AU SÉNÉGAL
S'il est difficile d'écrire l'histoire, il
n'est pas moins scabreux d'écrire la géo-
graphie.
Voilà une formule (je l'écris quelquefois,
mais je la pense toujours) qui n'est peut-
être pas aussi paradoxale qu'elle en a l'air.
Experto crede.
Sans doute, les faits sont les faits, et en
sa qualité de science objective et descrip-
tive, c'est-à-dire basée non pas sur des
hypothèses, mais sur des choses vues, la
geographie ne devrait — théoriquement
— comporter qu'une très faible part d'in-
certitude et d'imprécision. Le malheur est
qu'il ne suffit pas d'enregistrer les faits.
Ce serait déjà là peut-être une œuvre
passablement délicate, l'œil faux étant une
infirmité au moins aussi fréquente que
l'oreille dito. Mais ce n'est pas tout. Après
avoir constaté les faits, il reste encore à
les interpréter, à en dégager le sens po-
sitif et la morale profonde. C'est là sur-
tout que l'observateur s'embarrasse.
Bref, ni plus ni moins que l'histoire, qui
est dans le temps ce que la géographie est
dans l'espace, la géographie persiste à
ressembler à un chaos de contradictions.
Je le constatais l'autre jour à l'occasion de
l'émigration projetée de l'industrie « mo-
rutière » des mers arctiques vers les côtes
africaines. La logique immanente des cir-
constances m'oblige à le constater dere-
chef aujourd'hui — toujours à propos du
continent noir.
Que faut-il exactement penser du climat
et (précisément en fonction du climat) de
l'avenir économique de l'Afrique occiden-
tale en général et du Sénégal en particu-
lier? Il peut sembler à priori que rien
n'est plus simple que de répondre à cette
question d'une façon péremptoire, des
milliers de braves gens de toute opinion
et de tout rang pouvant être, après y être
allés voir, appelés en consultation. Du
diable, cependant, si dans la réalité cela
marché tout seul.
A en croire la légende, contresignée
par une foule d'écrivains dont quelques-
uns ne laissaient pas d'avoir un joli
brin de plume au bout des doigts, « Séné-
gal » et « enfer » seraient deux expres-
sions géographiques à peu près synony-
- mes. Imaginez un sol aride et ingrat, ici
calciné jusqu'au tuf par un soleil atroce,
là saturé d'eaux stagnantes d'où s'épan-
chent à la ronde, sans trêve ni merci, des
torrents de vapeurs putrides, un pays de
désolation, suant la fièvre à fermentation
continue et tout à fait incapable de nour-
rir autre chose que des plantes rabougries,
inutilisables ou toxiques, des serpents ve-
nimeux, des bêtes féroces et des nègres
plus féroces encore. Tel serait le Sénégal,
tantôt un désert @ et tantôt un cloaque
où rîen ne prospère à part les pires
fléaux où les Européens sont condamnés
à s'étioler piteusement et sans profit,
quand ils ne crèvent pas comme mouches
d'anémie, de misère et de spleen — un
enfer, en un mot, où c'est folie de vouloir
implanter par force, en dépit de l'hostilité
de la nature, du ciel, de la terre et des
hommes, une civilisation mort-née.
A ceux qui penseraient que j'exagère,
je conseille de lire le livre, fort palpitant
d'ailleurs, et plutôt écrit de bonne encre,
que certain littérateur bien connu, tombé
depuis dans la politique, M. Vigné d'Oc-
ton, député de l'Hérault, publia naguère
sous ce titre dépouillé d'artifice : La Terre
de mort. Il y a là-dedans certain récit
d'une promenade en chemin de fer entre
Dakar et Saint-Louis, c'est-à-dire à tra-
vers le Cayor, à travers la partie la plus
accessible et la plus. sympathique du
Sénégal, qui est pour donner la chair de
poule aux plus résignés. Et notez que M.
Vigné d'Octon ne parle pas par ouï-dire.
Ancien médecin de la marine, il raconte
ce qu'il a vu, — ou ce qu'il a cru voir, —
et son livre n'est qu'un bouquet d'impres-
sions personnelles recueillies au jour le
jour, pendant de longues années, sur
place.
En revanche si je voulais, à cette alar-
mante déposition de M. le docteur Tant-
Pis, opposer les optimistes attestations,
non moins formelles, d'autres témoins qui
eux aussi invoquent, après un plus long
séjour, des souvenirs vécus, tout le jour-
nal y passerait. Faut-il rappeler, par exem-
pt, que dans son Journal d'une Pari-
sienne au Soudan, la charmante jeune
femme de notre excellent confrère Paul
Bonnetain (lequel, pourtant, je vous prie
de le croire, n'est pas ce qu'on appelle un
bénisseur), une petite personne toute mi-
gnonne et toute frêle, mal faite apparem-
ment pour les rudes hasards de la
« brousse », se garde bien de faire montre
d'autant de sévérité.
Personne, assurément, ne s'aventure-
rait à nous présenter le Sénégal comme
un pays de Cocagne. M'est avis cepen-
dant que, là comme ailleurs, est modus in
rebus. Sans doute, je ne suis jamais allé
au Sénégal, quoique ce voyage — sept ou
huit jours de traversée à bord de paque-
bots confortables — n'ait rien de supé-
rieurement rébarbatif. Mais s'il ne fallait
jamais disserter que des choses qu'on a
vues de ses propres yeux, ouïes de ses pro-
pres oreilles, reniflées de ses propres na-
rines, frôlées de sa propre peau, le champ
de l'action écrite ou verbale d'un chacun
se trouverait singulièrement resteint. Et,
puisque je dois juger quand même sur des
informations étrangères, pourquoi serais-
je tenu de prêter croyance exclusive aux
informations pessimistes, de préférence
aux autres.
Eh bien! j'ai comme une vague idée
que le Sénégal pourrait bien n'être guère
plus malsain, en dépit de sa diabolique
réputation, que certains faubourgs de
Paris, ni même plus désagréable. Il y fait
chaud, parbleu I Mais, comme on s'y at-
tend, ce n'est pas une surprise. Il n'y a
qu'à se précautionner en conséquence.
Sans doute encore, les mauvaises fièvres
Wv sont rares, d v
jusqu'à la jaune. Mais en outre que le sul..
fate de quinine n'est pas fait pour les
chiens, on avouera que notre fièvre ty-
phoïde, notre diphtérie, notre tuberculose,
toutes nos endémies métropolitaines,n'ont
pas grand'chose à reprocher au vomitQ
negro de là-bas.
Faudrait-il donc abandonner Rome à
cause du voisinage, non moins suspect,
des fameux marais Pontins ? Reste, il est
vrai, l'anémie des tropiques, qui n'est
pas, du reste, l'apanage du Sénégal, puis-
qu'elle sévit également aux Indes, que
MM. les Anglais ne déserteront pas pour
si peu de si tôt. Simple question d'hygiène
et de régime, d'autant plus facile à ré-
soudre que ni les légumes, ni les vivres
frais, ni les vins généreux, ni la glace ne
font aujourd'hui défaut aux Sénégaliens.
La vérité est que si le Sénégal a ses in-
convénients réels — car il en est des pays
comme des hommes, aucun n'est parfait
— on peut tout de même y vivre, voire
même y bien vivre, y faire souche et for-
tune. Au fur et à mesure que nous allons
et que l'extension croissante de la civili-
sation modifie le milieu, cette possibilité
se confirme et s'accentue. Non seulement
l'homme se fait à la terre, mais la terre se
fait à l'homme ; le climat lui-même s'hu-
manise. Il se produit, toutes proportions
gardées, au Sénégal ce qui s'est produit
dans la plaine de la Mitidja, aux portes
d'Alger, qui passait autrefois, non sans
raison, pour un foyer de pestilence et
qui, pour devenir le délicieux jardin et le
sanatorium qu'elle est aujourd'hui, a dû
dévorer les ossements de trois généra-
tions de disciplinaires.
Toujours est-il que je sais des tas de
braves gens qui, après être une première
fois allés au Sénégal à leur corps défen-
dant, n'ont rien de plus pressé, une fois
libres, que d'y retourner et d'y planter
leur tente. C'est donc, apparemment, que
le séjour de ce prétendu enfer n'est pas
absolument dénué de charmes. Je sais
même certains de ces émigrés volontaires
qui, poussant l'enthousiasme jusqu'au pro-
sélytisme, se livrent à une propagande ef-
frénée et remuent ciel et terre pour ame-
ner là-bas les bras et les capitaux de
France.
Tel est le cas de M. Léon Verdier, avqué
défenseur à Dakar, qui a pris la peiite de
rédiger dans ce but tout un volumineux
mémoire, dont le manuscrit que j'ai là,
sous les yeux, m'a justement inspiré cette
« tablette ». M. Léon Verdier a une foi
absolue — et communicative — dans l'a-
venir du Sénégal, où il est fixé à demeure
depuis une vingtaine d'années et qui garde
toutes ses tendresses.
Sa foi, d'ailleurs, n'est pas une foi pla-
tonique, c'est une foi militante, car M.
Léon Verdier est de ceux qui se font un
devoir de vivre leurs programmes et de
mettre immédiatement leurs théories en
pratique. Installé à Sébikoutane, précisé..
ment à la marge de cette voie ferrrée dont
M. Vigné d'Octon garde un si lamentable
souvenir, dans un vaste domaine qui est
comme un champ d'expériences et une le-
çon de choses, il s'évertue depuis long-
temps à démontrer par le fait, à ses risques
et périls, la possibilité de créer au Sénégal
des entreprises agricoles aussi lucratives
que passionnantes. Il paraît avoir réussi.
J'ai rarement lu, en tout cas, rien de plus
séduisant ni de plus topique que les des-
criptions un peu naïves - mais combien do-
cumentées — qu'il donne de son œuvre, à -
laquelle l'administration coloniale vient
— enfin ! — de se décider à accorder quel-
ques menus encouragements.
Tarabin, tarabas t Comme c'est ardu,
tout de même, subtil et compliqué, d'écrire
la géographie ! Tout dépend, en effet, de
l'état d'âme du géographe, de son humeur,
de sa tournure d'esprit, de ses pensées de
derrière la tête et de la couleur des lu-
nettes à travers lesquelles il contemple leï
hommes et les choses. TVhat a pity !
Raoul Lucet.
PROCES ROMANESQUE
LA COMTESSE DE MENIBUS EST-ELLB
LA MÈRE DE SON ENFANT ?
Paule-Marie-Georgette-Diane Hellouin de Me-
nibus, déclarée à la mairie du huitième ar-
rondissement de Paris, le 8 septembre 1892,
est-elle la fille de M. le comte et de Mme la
comtesse de Menibus, née Paule Ducos ?
A cette question M. et Mme de Menibus ré-
pondent oui énergiquement.
Avec non moins d'énergie M. Ducos, père
de Mme la comtesse de Menibus, ex-commer-
çant à Bordeaux, archi-millionnaire, ré-
pond:
— Non, cette enfant n'est pas l'enfant de ma
fille qui, en 1892, a simulé une grossesse et un
accouchement.
Aussi M. Ducos réclame-t-il du tribunal
civil un jugement déclarant que la jeune
Paule-Marie-Georgette-Diane Hellouin de Me-
nibus a été inscrite à tort sur les registres de
l'état civil comme fille de M. le comte et de
Mme la comtesse de Menibus.
L'affaire est venue hier à l'audience de la
première chambre du tribunal civil de la
Seine, présidée par M. Baudoin.
LA PLAIDOIRIE DE Me ALBERT
MARTIN
Me Albert Martin s'est présenté au nom de
M. Ducos.
Voici un résumé de sa plaidoirie :
M. Ducos, ancien négociant en bois à Bor
deaux, est âgé aujourd'hui de soixante.
quinze ans. Sa santé est très ébranlée, à la
suite des chagrins que lui ont fait éprouver
les excès et les folies de sa fille, Mme de
Menibus.
Reste veuf avec deux filles — l'une actuel-
lement Madame de Ménibus, l'autre Madame
Berges, mariée à un architecte parisien-
le commerçant bordelais se consacra à l'é-
ducation de ses enfants. Il entoura sa fille aî-
née, Paule,d'une affection vraiment mater-
nelle. Il la maria en 1871 à un honorable né-
gociant, M. Tandonnet. Le ménage ne fut
pas heureux. Bientôt la séparation de corps
était prononcée entre les époux, et en 18oi
Madame Tandonnet obtenait la transforma-
tion de cette séparation de corps en divorce.
Libre, la jeune femme vint à Paris où elle
mena la vie à grandes guides.
Dans les hasards de son existence, elle eut
l'occasion de se lier avec des personnages coq^
J~a~
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ture » à raison de :
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8 jours 50 centimes
ETRANGER
15 jours 1 fr. 60
1 mois. 3 francs
2 mois. 6 francs
Dans mme-M
La Corée est le Maroc de l'Extrême-
Orient, c'est-à-dire un pays dont l'indé-
pendance précaire n'a été sauvegardée
jusqu'à présent que par les rivalités
des convoitises.
Le gouvernement y est à la fois fé-
roce et impuissant, hostile à toute civi-
lisation, mûr en un mot pour subir une
révolution ou une conquête.
Si la question n'intéressait que les
hommes de la race jaune, nous pour-
rions assister avec plus de curiosité que de
sollicitude à la marche des événements;
peu nous importerait la domination, à
Séoul, des Chinois ou des Japonais.
Dans les deux cas, un progrès relatif
triompherait en Corée.
Mais,derrière des Asiatiques,on trouve
toujours la main d'une puissance étran-
gère, et nous ne devons pas perdre de
vue la lutte sourde mais incessante qui
se poursuit dans cette partie du monde
entre la Russie et l'Angleterre. Tout
ceci est un incident de la bataille entre
la baleine et l'éléphant, comme disait
M. de Bismarck.
Les marchandises russes arrivent par
terre sur ce gigantesque marché où
elles font concurrence aux produits
britanniques apportés par des vaisseaux.
D'une façon constante, on remarque,
dans l'Extrême-Orient, l'antagonisme
entre les intérêts de la Russie et de
F Angleterre, et on prévoit que, tôt ou
.ard, un choc se produira.
Les Russes, maîtres de Vladivostock,
4ui est un superbe arsenal militaire,
pourraient dominer dans ces mers, si
leurs navires n'étaient pas bloqués par
les glaces pendant les mois d'hiver.
Or les ports de la Corée, qui est limi-
trophe de leurs possessions du fleuve
Amour, ne gèlent jamais. Ils rêvent
donc d'établir sur divers points mariti-
mes de la presqu'île coréenne leur pro-
tectorat, sinon leur domination.
Les Anglais, de leur côté, fidèles à la
politique de « la part du lion », veulent
s'installer d'une façon définitive à Port-
Hamilton, où ils ont concentré une es-
cadre puissante.
Là est le danger, si on ne réussit pas
à éteindre l'incendie que les Chinois et
les Japonais sont en train d'allumer.
Malgré l'énorme différence des forces
numériques entre la Chine, avec ses
400 millions d'habitants, et le Japon qui
n'en compte que 40 millions, l'issue
d'une guerre serait douteuse, parce que
les opérations sur terre devraient être
précédées de transports de soldats par
mer, et les deux marines se valent à
peu près.
- Quand on regarde la carte, en effet, on
voit que le golfe du Pe-tchi-li a l'aspect
des pinces ouvertes d'un homard. Sur
le versant gauche se trouve le fleuve du
Peï-ho qui conduit à Tien-Tsin, d'où on
va à Pékin. Sur le versant droit se trouve
la Corée.
Mais pour aller de Tien-Tsin, qui est
le grand quartier général du vice-roi. le
célèbre Li-Hung-Chang, en Corée, la
route est longue, impraticable pour une
armée, car elle est fermée par une
chaîne de montagnes.
Les Chinois sont donc obligés d'en-
voyer leurs troupes par des bâtiments,
et on sait combien esf difficile ce genre
d'opérations, un navire chargé de sol-
dats étant hors d'état de combattre heu-
reusement le moindre torpilleur.
Dans un délai rapproché, l'Europe
saura probablement à quoi s'en tenir
sur les conséquences du conflit; car la
voix de la Russie est écoutée d'ordi-
naire à Pékin, de même qu'au Japon on
fait cas des conseils de l'Angleterre.
Lors de l'expédition du général Mon-
tauban, en 1860, c'est le général Igna-
tieff, alors ambassadeur du tsar, qui dé-
noua une situation devenue fort embar-
rassante, malgré l'occupation de Pékin
par nos bataillons victorieux.
Nous avions pu pénétrer dans la ca-
pitale du Céleste-Empire et planter le
drapeau tricolore sur quelques palais
impériaux, mais nous ne trouvions
personne avec qui traiter.
La saison avançait. Le froid allait
faire prendre les approches du Peï-ho
et rendre nécessaire le départ des navi-
res qui avaient amené l'expédition
franco-anglaise. On ne savait à quel
parti s'arrêter.
Ce fut le général Ignatieff qui réussit
à convaincre la famille impériale de la
nécessité de faire la paix. Il rassura les
alarmes du prince Kung, oncle de l'em-
pereur, qui n'osait pas venir négocier
personnellement parce qu'il redoutait un
guet-apens. Grâce à lui, nous pouvons
nous en aller avec les honneurs de la
guerre, emportant sinon des avantages
matériels au moins un peu de prestige
moral, qui nous sert encore au bout de
trente-trois ans dans cette partie du
monde.
Quoique le métier de prophète soit
ingrat et que le hasard bouleverse sans
cesse les prévisions humaines, on peut
dire que l'Angleterre et la Russie n'ont
pas là des intérêts immédiats assez con-
sidérables pour renoncer à la politique
d'ajournement acceptée, aux Indes, de
part et d'autre.
Quand on sait attendre, en se regar-
dant par-dessus l'Afghanistan, qui est
un tampon momentané seulement, on
ne se presse pas en Corée.
Il faut l'espérer et le souhaiter; car
le jour où le monde verra éclater une
vraie lutte, nul ne pourra se demander
sans effroi sur quel point de notre pla-
nète éclatera le dernier obus. Tout de-
viendra possible et tout sera probable.
lisait.
SOTTISE ET CYNISME
Il v a des députés qui ont une manière tout
à fait extraordinaire d'expliquer à leurs élec-
teurs pourquoi ils ont voté la loi Dupuy-Gué-
rin, dite « contre les anarchistes ». Exemple :
Un député d'un arrondissement du Centre pu-
blie dans son journal, sous sa signature, un
article où il dit qu'il a voté la loi « parce
qu'elle a été .attaquée avec violence par tous
les ennemis de la République », et parmi les
ennemis de la République ayant attaqué la
loi avec violence il cite notamment MM. de
de Mun, Maillé, de la Rochefoucauld.
On ne saurait en vérité être plus maladroi-
tement de mauvaise foi.
La vérité est que M. de la Rochefoucauld
n'a nullement combattu la loi et qu'il n'a pas
davantage voté contre, étant en congé.
M. de Maillé n'a pas non plus attaqué la
loi et n'a pas non plus voté contre : il s'est
abstenu.
Quant à M. de Mun, il faut vraiment avoir
du cynisme pour affirmer qu'il a combattu la
loi, alors qu'il a été, de notoriété publique, un
de ses plus chauds défenseurs et qu'il a voté
pour. Son vote a même donné lieu à des po-
lémiques retentissantes.
Pendant qu'il y était, pourquoi l'honnête
député n'a-t-il pas cité aussi M. de Mackau?
Il fait bien partie, celui-là, de la fine fleur des
monarchistes qui ont été boulangistes, ce qui
ne l'a pas empêché de voter la loi avec son
ami de Mun.
LA GUILLOTINE A LIMOGES
M. Deibler a quitté Paris hier soir à onze
heures, gare d'Orléans, emmenant avec lui
les bois de justice.
Il se rend à Limoges, où il va procéder de-
main à l'exécution de l'assassin Boucharei-
chas, condamné à mort une première fois à Li-
moges, puis à Tulle, l'arrêt ayant été cassé
pour vice de forme. Bouchareichas avait tué,
pour le voler, son maître, M. Hervy.
L'assassin n'a que dix-sept ans.
LES EXPROPRIATIONS
DE LA RUE RÉAUMUR
Une nouvelle session du jury d'expropria-
tion pour la rue Réaumur s'est ouverte lundi.
Un premier jugement portant sur dix-huit
affaires a été rendu hier. Le voici :
Expropriés Offres Allocations
Rue Thévenot, 5
VveFournier,propriét. 62.272 100.000
Mennot, garçon de ma-
gasin 600 600
Flandrin, cordonnier à
façon. 380 1.650
Hue, fabric. de soie et
fleurs artificielles. 1.000 2.350
Verde, tourneur-méca-
nicien. 10.200 38.450
Rue Thévenot, 28
Parisot, propriétaire.. 160.000 218.000
Cadoux, vins et hôtel
meublé. 35.500 72.000
Bourguignon, menuis. 29.000
R.des P.-Carreaux, 18
Gaumel, propriétaire.. 128.000 178.000
Aulogé, march. de vin. 15.000 45.000
Henry, encadreur. 2.000 4.000
Evrard, fruitier. 3.500 8.100
R.des P.-Carreaux, 20
Devaux, propriétaire.. 106.000 146.000
Fayou, principal locat. 5.000 10.000
Richard, mardi, devin. 14.000 25.000
R.desP.-Carreaux,22
Poujoule,crémier ,hôtel
meublé. 16.000 54.000
R.desP.-Carreaux,24
Moulin, propriétaire.. 324.900 424.500
Poix, frang. de châles. 3.500 5.000
LE PROCÈS CASERIO
Lyon, 1er août.
Le bruit court que Caserio sera transféré
dans la nuit de la prison Saint-Paul au Pa-
lais de Justice, où il comparaîtra demain
matin à neuf heures devant la cour d'as-
sises.
Vingt-neuf témoins seront entendus au pro-
cès ; parmi ceux-ci, on cite les généraux Bo-
rius et Voisin et M. Gailleton, maire de
Lyon.
La matinée sera consacrée tout entière à
l'interrogatoire ; une vingtaine de témoins se-
ront entendus dans l'après-midi.
A l'audience de vendredi matin, on épuisera
les dépositions des témoins et l'on entendra
le réquisitoire. A la reprise, M. le bâtonnier
Dubreuil présentera la défense de l'accusé.
Le verdict sera ensuite rendu. -4 -
ENCORE LES OMNIBUS !
A QUAND LA GREVE DES VOYAGEURS ?
De plus fort en plus fort. — Suppression
des omnibus de la gare Saint-Lazare.
- La justice en voitures.
La Compagnie générale des omnibus qui,
non contente de tyranniser ses employés, s'a-
charne, avec une inconscience incompréhen-
sible, à molester le public, vient d'imaginer
un nouveau moyen « d'embêter » les Pari-
siens. Et ses prétentions ont été consacrées par
nos bons magistrats qui ont rendu à son pro-
fit une sentence dont la cocasserie pourra ser-
vir de criterium à Behanzin pour apprécier
l'état de notre civilisation.
LES OMNIBUS DES GARES
Il n'est pas un Parisien de Paris ou de la
banlieue qui n'emploie les omnibus spéciaux
— exploites par les Messageries nationales et
la Compagnie parisienne de transport — fai-
sant le service de la place de la République,
de l'Hôtel de Ville, des Halles et du Bon-Mar-
ché à la gare Saint-Lazare. Ces omnibus pré-
sentent pour le public des avantages que la
Compagnie générale ne s'est jamais préoccu-
pée de lui offrir.
1° Leurs tarifs sont moins élevés : 15 et 20
centimes.
2° L'impériale est couverte, et depuis long-
temps l'intérieur est chauffé en hiver.
3o Les départs s'effectuent à des heures
concordant avec les horaires des trains.
Ces entreprises ont fatalement prospéré, et
elles transportent aujourd'hui une moyenne
de 20,000 voyageurs par jour.
Ce succès a agacé M. Boulanger. Un beau
jour, l'omnipotent président du conseil d'ad-
ministration de la Compagnie des omnibus
a fait constater par huissier qu'un certain
nombre de voyageurs descendus dès omni-
bus spéciaux dans la cour de la gare Saint-
Lazare ne prenaient pas le train. Il a vu
dans ce fait une concurrence illicite à son
monopole, et il a cherché aux sociétés rivales
une véritable querelle d'Allemand.
LE DROIT DES COMPAGNIES
Le droit de ces dernières semble bien éta-
bli.
La loi de 1794 a proclamé la liberté de l'in-
dustrie des transports, liberté qui n'a pu être
abrogée par le traité particulier intervenu en
1860 entre la ville de Paris et la Compagnie
des omnibus.
En 1851, le préfet de police rend une or-
donnance « concernant le service des voitu-
res faisant spécialement le transport en com-
mun des voyageurs partant ou arrivant par
les chemins de fer». Et, lorsque neuf ans plus
tard, c'est-à-dire en 1860, la Compagnie géné-
rale traite avec le préfet de la Seine, ce der-
nier a bien soin de stipuler que le monopole
ne s'applique pas aux omnibus spéciaux des
gares. On lit, en ee, en tête du traité la
clause suivante :
Cette concession ne comprend pas le service des
voitures faisant le transport en commun des
voyageurs partant ou arrivant par les chemins de
fer.
L'ordonnance de 1851 avait pour but de
réglementer la circulation et d'obtenir la sé-
curité de la rue ; on ne pouvait voir dans les
termes de son titre que nous venons do citer
aucune intention de limiter une concurrence
à la Compagnie générale, puisque cette der-
nière n'existait pas.
La Compagnie générale, avec cette mau-
vaise foi insigne qu'elle a affichée dans ses
démêlés avec le syndicat de ses employés, a
feint de penser autrement. Et, profitant de ce
que dans l'article de son traité cité plus haut,
on a copié les termes figurant au titre de l'or-
donnance « voyageurs partant ou arrivant
par les chemins de fer », elle vient dire aux
Messageries nationales.
— Quand vos clients en descendant d'om-
nibus sortent de la cour de la gare et vont se
promener dans les rues avoisinantes au lieu
de partir par le train, vous contrevenez à l'or-
donnance et vous faites une concurrence illi-
cite à mon monopole.
LE TRIOMPHE DE L'ABSURDE
Or, voici la seule obligation, imposée aux
entrepreneurs de voitures spéciales par l'or-
donnance de 1851 :
Art. 13. — Il est défendu aux cochers ou con-
ducteurs de déposer, EN SE RENDANT AUX GARES,
des voyageurs sur la voie publique.
Au retour, ET EN DEHORS DES GARES, ils ne pour-
ront admettre de voyageurs dans leurs voitures.
Les compagnies observent scrupuleusement
ce règlement, et on conçoit que quand le voya-
geur est sorti de leur voiture à l'arrivée aux
gares, elles ne peuvent l'empoigner par le
bras et le forcer à monter dans un train.
— Arrangez-vous comme vous voudrez, ré-
pond M. Boulanger. Nous exigeons que tout
voyageur descendu d'une de vos voitures dans
la cour de la gare prenne le train.
Cette prétention stupide a été consacrée
— nos lecteurs le savent — d'abord par le tri-
bunal de commerce de la Seine, et il y a
quelques jours par la cour d'appel qui en-
joint aux Messageries nationales d'orga-
niser son contrôle comme elle l'entendra,
et la condamnant à 20 francs d'amende
envers la Compagnie générale pour tout voya-
geur transporté par les omnibus spéciaux
qui n'aura pas pris le train.
Voilà comment l'on raisonne, à notre épo-
que, dans la magistrature française !
LE BOUT DE L'OREILLE
Veut-on connaître maintenant les princi-
paux motifs qui ont pu déterminer la Com-
pagnie générale à soulever cette chicane gros-
sière ? Ils sont très simples à formuler.
La compagnie ne subit certainement qu'un
préjudice insignifiant, en admettant que ce
préjudice existe. Les voitures des lignes
Wagram-Bas tille et Gare Saint-Lazare-Place
Saint-Michel, dont le trajet est, sur un certain
parcours, analogue aux omnibus spéciaux
des Halles, de la Bourse du Commerce et du
Bon-Marché sont toujours pleines. La Com-
pagnie générale ne perd donc ici aucun voya-
geur.
D'autre part, les voitures de la ligne Place
de la République-Gare Saint-Lazare, la plus
importante des lignes spéciales, suivent un
itinéraire direct (par les grands boulevards et
la rue Aubert ou la Chaussée-d'Antin) que la
Compagnie générale n'offre sur aucune de ces
lignes.
A plusieurs reprises, il est vrai, en 1893
pour la dernière fois, la Compagnie générale
a demandé l'autorisation d'établir une ligne
allant de la place de la République à la gare
Saint-Lazare. Le conseil municipal le lui a
refusé pour deux raisons :
1° Que la population parisienne trouvait
toute satisfaction dans les services déjà exis-
tants des Transports et des Messageries.
20 Que le pareours était trop faible pour
justifier la perception ordinaire de 30 centi-
mes.
On demandait, en conséquence, à la Com-
pagnie d'établir une ligne de la gare Saint-
Lazare à la place de la République et de la
nr^oopw jusqu'à la gare de Lyon. M. Bou-
langer jugeant la seconde partie du parcours
trop peu rémunératrice; a refusé d'établir le
service dans ces conditions.
La Compagnie générale ne subit donc au-
cun dommage. La vérité est qu'elle est vexée
de voir des entreprises libres faire mieux
qu'elle et à meilleur marché.
e. Elle craint, en outre, les réformes aux-
quelles elle devra se résigner par suite des
réclamations que lui valent les comparaisons
faites entre son service et celui des autres
entreprises. N'oublions pas, en effet, que si
les omnibus sont aujourd'hui chauffés, on le
doit aux voitures de la gare Saint-Lazare qui
ont pris l'initiative de cette amélioration, et
dont on invoque encore l'exemple quand on
demande à la Compagnie générale d'avoir des
impériales couvertes.
LA GRÉVE DES VOYAGEURS
Les Messageries nationales et les Trans-
ports parisiens vont se pourvoir en cassa-
tion contre l'arrêt de la cour. Mais ce pour-
voi n'est pas suspensif et si la Compagnie
générale signifie l'arrêt, il sera exécutoire.
Comme le contrôle imposé par la « justice»
est impossible, les autres'compagnies cesse-
ront immédiatement leur service. Attendons-
nous donc un beau matin à ne plus trouver
d'omnibus dans la cour de la gare Saint-
Lazare.
Si alors les voyageurs privés de leur
moyen ordinaire de transport renversaient
les omnibus de la Compagnie générale,
comme la chose eut lieu lors de la grève
nous nous demandons qui s'en plaindrait.
LE DUEL DRUMONT-D'EL VA
Bruxelles, 1" août.
Une dépêche de Rosendaël annonce que MM.
Drumont et d'Elva se sont battus cette après-
midi près de Rosendaël.
M. Drumont a été légèrement blessé à la cuisse
gauche. t 1 t. t d
Les adversaires et les témoins avaient déjeuné à
l'hôtel du Cygne avant de se rendre sur le ter-
rain.
LE WAGON PRÉSIDENTIEL
Le compartiment de M. Casimir-Perier
Lar-Compagnie des wagons-lits met la der-
nière main à une voiture de luxe qu'elle sa
propose de présenter àTElysée pour servir à
M. Casimir-Perier lors de ses voyages prési-
dentiels, et nous croyons savoir que pour la
[première fois le président, qui en a approuvé
"les projets, en fera usage pour se rendre le 20
septembre à Châteaudun.
Cette voiture, la plus longue de celles qui
aient jusqu'ici été construites, a une lon-
gueur de 18 mètres 66 et est montée sur deux
« boggies » ou chariots possédant une triple
suspension dont l'effet est d'annuler et d'évi-
ter toute vibration, mouvement de lacet,
cahot, soubresaut, provenant de l'irrégula-
rité des voies, de telle sorte que les voya-
geurs ne ressentent aucune des incommodités
occasionnées par les véhicules ordinaires des
chemins de fer.
La caisse a une longueur de 17 mètres 16,
et l'écartement des « boggies » est de 12
mètres.
Toute chargée, c'est-à-dire prêts à partir, la
voiture pèse 31,750 kilos.
Si l'extérieur n'a guère, quant à l'ornemen-
tation, de différence avec les autres voitures
de la compagnie qu'un feston doré qui court
au-dessus des portières, l'intérieur mérite tout
au contraire une mention spéciale.
Nous montons dans la voiture par un des
deux marchepieds qui se trouvent à chacune
de ses extrémités et dont la palette inférieure
est mobile pour que, relevée, elle ne puisse
venir dans le gabarit des compagnies de che-
mins de fer. Nous entrons alors dans un fu-
moir-terrasse que dix châssis à glace éclai-
rent ; deux divans havane, une fumeuse, une
console en forment l'ameublement ; au pla-
fond se trouvent de délicates et fines peintu-
res sur toile.
Le salon qui fait suite au fumoir a 3 m. 90
de longueur sur 2 m. 65 de largeur ; deux
grands canapés en peluche mauve sont placés
latéralement le long des cloisons de la caisse,
une table en acajou à articulations les sé-
pare ; aux angles sont deux larges fauteuils
et deux chaises fumeuses ; enfin une biblio-
thèque surmontée d'une superbe pendule
Louis XV orne la cloison qui sépare le s-alon
du reste de la voiture.
Dix glaces éclairent cette salle ; deux d'en-,
tre elles, celles du milieu, ont 1 m. 50 de lar-
geur sur 1 m. 04 de hauteur et permettent de
découvrir sur tous les points le paysage qui
se déroule. Au plafond, de très jolies peintu-
res.
Ce salon communique au couloir qui des-
sert toutes les autres parties de la voiture.
Par ce couloir, on parvient à la chambre à
coucher,dont les boiseries en acajou sont d'un
style sobre et d'une exécution parfaite. Un lit
dont la couverture est en peluche verte y est
placé dans le sens de la longueur de la voi-
ture et, par conséquent, dans la direction de
la marche du train, Un cabinet de toilette est
contigu à la chambre à coucher.
Le lavabo comprend une cuvette en argent,
montée sur marbre griotte d'Italie; la de-
vanture est en acajou. Un fauteuil à man-
chettes, recouvert en maroquin capitonné, dis-
simule habilement un water-closet. Le carre-
lage est en marbre noir et blanc.
Puis viennent trois compartiments pour
une, deux et quatre personnes, avec banquet-
tes recouvertes en peluche verte formant
siège pour le jour et pouvant se transformer
en lits pour la nuit. Un cabinet de toilette
leur est adjoint ainsi qu'un water-closet.
Le couloir qui part du salon aboutit à l'au-
tre extrémité du wagon, et là se trouve une
nouvelle entrée où est placé un siège capi-
tonné en maroquin brun, destiné au person-
nel de la compagnie.
La voiture est chauffée au moyen d'une
chaudière à basse pression alimentant une
double conduite thermo-syphon, placée le
long des cloisons latérales de la voiture et
qui permet de donner la température voulue.
Des réservoirs à eau sont dissimulés dans la
partie supérieure de la voiture et alimentent
les cabinets de toilette, les water-cloaets et
la chaudière.
Dans toutes les pièces des rideaux et des
stores ornent les châssis ; la lumière électri-
que y est installée au moyen d'accumula-
teurs et une durée de vingt heures est assu-
rée à vingt-trois lampes de trente volts.
Disons, en outre, que la voiture est munie
d'un frein à air comprimé automatique et
modérable, ainsi que d'un frein à vide et
d'un frein à main, ,-
UN HÉRITAGE DE 37 MILLIONS
y a une quinzaine al Montpellier, 1er août.
Il y a une quinzaine d'années, un nommé De-
lannes, d'origine française, rédacteur au journal le
Times, mourait en Angleterre, laissant un héritage
évalué à 37 millions environ. La succession était
en déshérence ; or, un employé aux pompes funè-
bres de Montpellier, nommé Delannes, vient d'être
informé par un généalogiste qu'il £ tjû( l'nniqnq hë-
ïiUij4.9ÇfiRejpiiÊwe» --v -
TaMettes du Progrès
AU SÉNÉGAL
S'il est difficile d'écrire l'histoire, il
n'est pas moins scabreux d'écrire la géo-
graphie.
Voilà une formule (je l'écris quelquefois,
mais je la pense toujours) qui n'est peut-
être pas aussi paradoxale qu'elle en a l'air.
Experto crede.
Sans doute, les faits sont les faits, et en
sa qualité de science objective et descrip-
tive, c'est-à-dire basée non pas sur des
hypothèses, mais sur des choses vues, la
geographie ne devrait — théoriquement
— comporter qu'une très faible part d'in-
certitude et d'imprécision. Le malheur est
qu'il ne suffit pas d'enregistrer les faits.
Ce serait déjà là peut-être une œuvre
passablement délicate, l'œil faux étant une
infirmité au moins aussi fréquente que
l'oreille dito. Mais ce n'est pas tout. Après
avoir constaté les faits, il reste encore à
les interpréter, à en dégager le sens po-
sitif et la morale profonde. C'est là sur-
tout que l'observateur s'embarrasse.
Bref, ni plus ni moins que l'histoire, qui
est dans le temps ce que la géographie est
dans l'espace, la géographie persiste à
ressembler à un chaos de contradictions.
Je le constatais l'autre jour à l'occasion de
l'émigration projetée de l'industrie « mo-
rutière » des mers arctiques vers les côtes
africaines. La logique immanente des cir-
constances m'oblige à le constater dere-
chef aujourd'hui — toujours à propos du
continent noir.
Que faut-il exactement penser du climat
et (précisément en fonction du climat) de
l'avenir économique de l'Afrique occiden-
tale en général et du Sénégal en particu-
lier? Il peut sembler à priori que rien
n'est plus simple que de répondre à cette
question d'une façon péremptoire, des
milliers de braves gens de toute opinion
et de tout rang pouvant être, après y être
allés voir, appelés en consultation. Du
diable, cependant, si dans la réalité cela
marché tout seul.
A en croire la légende, contresignée
par une foule d'écrivains dont quelques-
uns ne laissaient pas d'avoir un joli
brin de plume au bout des doigts, « Séné-
gal » et « enfer » seraient deux expres-
sions géographiques à peu près synony-
- mes. Imaginez un sol aride et ingrat, ici
calciné jusqu'au tuf par un soleil atroce,
là saturé d'eaux stagnantes d'où s'épan-
chent à la ronde, sans trêve ni merci, des
torrents de vapeurs putrides, un pays de
désolation, suant la fièvre à fermentation
continue et tout à fait incapable de nour-
rir autre chose que des plantes rabougries,
inutilisables ou toxiques, des serpents ve-
nimeux, des bêtes féroces et des nègres
plus féroces encore. Tel serait le Sénégal,
tantôt un désert @ et tantôt un cloaque
où rîen ne prospère à part les pires
fléaux où les Européens sont condamnés
à s'étioler piteusement et sans profit,
quand ils ne crèvent pas comme mouches
d'anémie, de misère et de spleen — un
enfer, en un mot, où c'est folie de vouloir
implanter par force, en dépit de l'hostilité
de la nature, du ciel, de la terre et des
hommes, une civilisation mort-née.
A ceux qui penseraient que j'exagère,
je conseille de lire le livre, fort palpitant
d'ailleurs, et plutôt écrit de bonne encre,
que certain littérateur bien connu, tombé
depuis dans la politique, M. Vigné d'Oc-
ton, député de l'Hérault, publia naguère
sous ce titre dépouillé d'artifice : La Terre
de mort. Il y a là-dedans certain récit
d'une promenade en chemin de fer entre
Dakar et Saint-Louis, c'est-à-dire à tra-
vers le Cayor, à travers la partie la plus
accessible et la plus. sympathique du
Sénégal, qui est pour donner la chair de
poule aux plus résignés. Et notez que M.
Vigné d'Octon ne parle pas par ouï-dire.
Ancien médecin de la marine, il raconte
ce qu'il a vu, — ou ce qu'il a cru voir, —
et son livre n'est qu'un bouquet d'impres-
sions personnelles recueillies au jour le
jour, pendant de longues années, sur
place.
En revanche si je voulais, à cette alar-
mante déposition de M. le docteur Tant-
Pis, opposer les optimistes attestations,
non moins formelles, d'autres témoins qui
eux aussi invoquent, après un plus long
séjour, des souvenirs vécus, tout le jour-
nal y passerait. Faut-il rappeler, par exem-
pt, que dans son Journal d'une Pari-
sienne au Soudan, la charmante jeune
femme de notre excellent confrère Paul
Bonnetain (lequel, pourtant, je vous prie
de le croire, n'est pas ce qu'on appelle un
bénisseur), une petite personne toute mi-
gnonne et toute frêle, mal faite apparem-
ment pour les rudes hasards de la
« brousse », se garde bien de faire montre
d'autant de sévérité.
Personne, assurément, ne s'aventure-
rait à nous présenter le Sénégal comme
un pays de Cocagne. M'est avis cepen-
dant que, là comme ailleurs, est modus in
rebus. Sans doute, je ne suis jamais allé
au Sénégal, quoique ce voyage — sept ou
huit jours de traversée à bord de paque-
bots confortables — n'ait rien de supé-
rieurement rébarbatif. Mais s'il ne fallait
jamais disserter que des choses qu'on a
vues de ses propres yeux, ouïes de ses pro-
pres oreilles, reniflées de ses propres na-
rines, frôlées de sa propre peau, le champ
de l'action écrite ou verbale d'un chacun
se trouverait singulièrement resteint. Et,
puisque je dois juger quand même sur des
informations étrangères, pourquoi serais-
je tenu de prêter croyance exclusive aux
informations pessimistes, de préférence
aux autres.
Eh bien! j'ai comme une vague idée
que le Sénégal pourrait bien n'être guère
plus malsain, en dépit de sa diabolique
réputation, que certains faubourgs de
Paris, ni même plus désagréable. Il y fait
chaud, parbleu I Mais, comme on s'y at-
tend, ce n'est pas une surprise. Il n'y a
qu'à se précautionner en conséquence.
Sans doute encore, les mauvaises fièvres
Wv sont rares, d v
jusqu'à la jaune. Mais en outre que le sul..
fate de quinine n'est pas fait pour les
chiens, on avouera que notre fièvre ty-
phoïde, notre diphtérie, notre tuberculose,
toutes nos endémies métropolitaines,n'ont
pas grand'chose à reprocher au vomitQ
negro de là-bas.
Faudrait-il donc abandonner Rome à
cause du voisinage, non moins suspect,
des fameux marais Pontins ? Reste, il est
vrai, l'anémie des tropiques, qui n'est
pas, du reste, l'apanage du Sénégal, puis-
qu'elle sévit également aux Indes, que
MM. les Anglais ne déserteront pas pour
si peu de si tôt. Simple question d'hygiène
et de régime, d'autant plus facile à ré-
soudre que ni les légumes, ni les vivres
frais, ni les vins généreux, ni la glace ne
font aujourd'hui défaut aux Sénégaliens.
La vérité est que si le Sénégal a ses in-
convénients réels — car il en est des pays
comme des hommes, aucun n'est parfait
— on peut tout de même y vivre, voire
même y bien vivre, y faire souche et for-
tune. Au fur et à mesure que nous allons
et que l'extension croissante de la civili-
sation modifie le milieu, cette possibilité
se confirme et s'accentue. Non seulement
l'homme se fait à la terre, mais la terre se
fait à l'homme ; le climat lui-même s'hu-
manise. Il se produit, toutes proportions
gardées, au Sénégal ce qui s'est produit
dans la plaine de la Mitidja, aux portes
d'Alger, qui passait autrefois, non sans
raison, pour un foyer de pestilence et
qui, pour devenir le délicieux jardin et le
sanatorium qu'elle est aujourd'hui, a dû
dévorer les ossements de trois généra-
tions de disciplinaires.
Toujours est-il que je sais des tas de
braves gens qui, après être une première
fois allés au Sénégal à leur corps défen-
dant, n'ont rien de plus pressé, une fois
libres, que d'y retourner et d'y planter
leur tente. C'est donc, apparemment, que
le séjour de ce prétendu enfer n'est pas
absolument dénué de charmes. Je sais
même certains de ces émigrés volontaires
qui, poussant l'enthousiasme jusqu'au pro-
sélytisme, se livrent à une propagande ef-
frénée et remuent ciel et terre pour ame-
ner là-bas les bras et les capitaux de
France.
Tel est le cas de M. Léon Verdier, avqué
défenseur à Dakar, qui a pris la peiite de
rédiger dans ce but tout un volumineux
mémoire, dont le manuscrit que j'ai là,
sous les yeux, m'a justement inspiré cette
« tablette ». M. Léon Verdier a une foi
absolue — et communicative — dans l'a-
venir du Sénégal, où il est fixé à demeure
depuis une vingtaine d'années et qui garde
toutes ses tendresses.
Sa foi, d'ailleurs, n'est pas une foi pla-
tonique, c'est une foi militante, car M.
Léon Verdier est de ceux qui se font un
devoir de vivre leurs programmes et de
mettre immédiatement leurs théories en
pratique. Installé à Sébikoutane, précisé..
ment à la marge de cette voie ferrrée dont
M. Vigné d'Octon garde un si lamentable
souvenir, dans un vaste domaine qui est
comme un champ d'expériences et une le-
çon de choses, il s'évertue depuis long-
temps à démontrer par le fait, à ses risques
et périls, la possibilité de créer au Sénégal
des entreprises agricoles aussi lucratives
que passionnantes. Il paraît avoir réussi.
J'ai rarement lu, en tout cas, rien de plus
séduisant ni de plus topique que les des-
criptions un peu naïves - mais combien do-
cumentées — qu'il donne de son œuvre, à -
laquelle l'administration coloniale vient
— enfin ! — de se décider à accorder quel-
ques menus encouragements.
Tarabin, tarabas t Comme c'est ardu,
tout de même, subtil et compliqué, d'écrire
la géographie ! Tout dépend, en effet, de
l'état d'âme du géographe, de son humeur,
de sa tournure d'esprit, de ses pensées de
derrière la tête et de la couleur des lu-
nettes à travers lesquelles il contemple leï
hommes et les choses. TVhat a pity !
Raoul Lucet.
PROCES ROMANESQUE
LA COMTESSE DE MENIBUS EST-ELLB
LA MÈRE DE SON ENFANT ?
Paule-Marie-Georgette-Diane Hellouin de Me-
nibus, déclarée à la mairie du huitième ar-
rondissement de Paris, le 8 septembre 1892,
est-elle la fille de M. le comte et de Mme la
comtesse de Menibus, née Paule Ducos ?
A cette question M. et Mme de Menibus ré-
pondent oui énergiquement.
Avec non moins d'énergie M. Ducos, père
de Mme la comtesse de Menibus, ex-commer-
çant à Bordeaux, archi-millionnaire, ré-
pond:
— Non, cette enfant n'est pas l'enfant de ma
fille qui, en 1892, a simulé une grossesse et un
accouchement.
Aussi M. Ducos réclame-t-il du tribunal
civil un jugement déclarant que la jeune
Paule-Marie-Georgette-Diane Hellouin de Me-
nibus a été inscrite à tort sur les registres de
l'état civil comme fille de M. le comte et de
Mme la comtesse de Menibus.
L'affaire est venue hier à l'audience de la
première chambre du tribunal civil de la
Seine, présidée par M. Baudoin.
LA PLAIDOIRIE DE Me ALBERT
MARTIN
Me Albert Martin s'est présenté au nom de
M. Ducos.
Voici un résumé de sa plaidoirie :
M. Ducos, ancien négociant en bois à Bor
deaux, est âgé aujourd'hui de soixante.
quinze ans. Sa santé est très ébranlée, à la
suite des chagrins que lui ont fait éprouver
les excès et les folies de sa fille, Mme de
Menibus.
Reste veuf avec deux filles — l'une actuel-
lement Madame de Ménibus, l'autre Madame
Berges, mariée à un architecte parisien-
le commerçant bordelais se consacra à l'é-
ducation de ses enfants. Il entoura sa fille aî-
née, Paule,d'une affection vraiment mater-
nelle. Il la maria en 1871 à un honorable né-
gociant, M. Tandonnet. Le ménage ne fut
pas heureux. Bientôt la séparation de corps
était prononcée entre les époux, et en 18oi
Madame Tandonnet obtenait la transforma-
tion de cette séparation de corps en divorce.
Libre, la jeune femme vint à Paris où elle
mena la vie à grandes guides.
Dans les hasards de son existence, elle eut
l'occasion de se lier avec des personnages coq^
J~a~
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