Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-05-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 25 mai 1886 25 mai 1886
Description : 1886/05/25 (A17,N5250). 1886/05/25 (A17,N5250).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-septième année. — N* 5250
Prix du numéro à Paris : 15 centimes —r Départements : 20 centimes
Mardi 25 mai 1886
ï Ll1? !i YATI .AV ■ÇTÏf1? F
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDUCTION
J'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
1 G, rué GadLet, 16
Directeur politique :
A.-EDOUARD PORTALIS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois. i (1 »»
Six mois. 33 »»
Un an. 62 »>.
PARTS
irois mois. »»
Six mois 2.,., "M
Un an. *>« -
Supplément pr l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
Lesa.bonnemla partent des 1er et 15 de chaque mois
ADMINISTRATION
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ET DASS SES SUCCURSALES
RÉGISSEUUS T>* vrs'îs"ONCES :
MM. LAGRANGE, CERF ET C18
6, place de la Bourse, 6
BULLETIN
Aujourd'hui le Parlement reprend le
cours de ses séances, interrompues depuis
le 17 avril.
Une élection législative a eu lieu diman-
che dans Ille-et-Vilaine; les résultats n'en
ont été connus qu'hier; ils ne sont pas
conformes à nos désirs : le candidat mo-
narchiste, M. Carroo, a été élu contre M.
Martin, candidat républicain. La défection,
aussi imprévue qu'inexcusable, de quinze
mille électeurs, appartenant en grande par-
tie à l'opinion républicaine, explique am-
plement l'échec du candidat républicain.
Des élections ont eu lieu également di-
manche en Belgique et en Italie.
En Belgique, il s'agissait du renouvelle-
ment par moitié des conseils provinciaux
dans les neuf provinces du royaume. La
lutte, préparée de longue mf1Ïn entre les
cléricaux et les libéraux, a été ardente de
part et d'autre ; en fin de compte, la situa-
tion électorale est à peu près la même
qu'auparavant; la majorité reste aux clé-
ricaux dans cinq provinces. En revanche,
les progressistes ont gagné au premier
tour quatre sièges à Bruxelles contre les li-
béraux qui avaient réussi dimanche der-
nier à faire passer leur candidat, M. Buis.
Il convient d'ajouter que la composition
du corps électoral n'est pas la même dans
les deux cas. Les censitaires seuls pren-
nent part aux élections législatives ; une
catégorie spéciale, les capacitaires, est
admise au vote dans les élections provin-
ciales. Sûr de l'appoint que lui apporterait
cet élément nouveau, le parti progressiste
a répudié toute entente avec les libéraux,
et finalement il l'a emporté avec une ma-
jorité de quatre cents voix.
Quant aux élections générales pour le
renouvellement de la Chambre italienne,
elles ont donné des résultats favorables à
la politique de M. Depretis. Sur 457 dépu-
tés élus, 249 appartiennent au groupe mi-
nistériel. Plusieurs membres du cabinet
ont cependant échoué.
Parmi les nouveaux députés, les dépê-
ches signalent M. Cipriani, qui a joué un
rôle actif pendant la Commune de Paris et
qui a été expulsé de France il y a quelques
années. M. Cipriani a été élu dans deux
collèges.
Les nouvelles de Grèce paraissent meil-
leures. Des explications ont été échangées
entre le gouvernement hellénique et la
Porte; une convention a été conclue entre
les commandants des deux armées qui
ont repris l'une et l'autre leurs positions
respectives. De fait, il n'y a pas eu depuis
hier de nouvel engagement. Il y a plus :
le gouvernement hellénique a tenu à
donner un gage de ses dispositions paci-
fiques ; il a fait rendre un décret qui auto-
rise le licenciement des engagés volon-
taires et renvoie deux classes de réserve
dans ses foyers. Ce décret, qui a été publié
par le Journal officiel d'Athènes, est la
meilleure réponse que M. Tricoupis puisse
opposer aux insinuations malveillantes dont
les journaux anglais se sont fait les échos
complaisants. Aussi bien les Turcs ne peu-
vent tarder à imiter l'exemple qui leur est
donné par la Grèce. La situation du Trésor
ottoman est des plus précaires; le paie-
ment de la solde de l'armée se fait irrégu-
lièrement et le rapàtriement des troupes
concentrées en Epire occasionnera de
grosses dépenses auxquelles la Porte aura
peine à suffire.
Les dépêches anglaises insistent sur ces
difficultés d'ordre financier, qui pourraient
bien servir de prétexte à une demande
d'indemnité de guerre.
Quant à présent, et à s'en tenir à ce qui
apparaît, il y a dans ces difficultés mêmes
une raison de plus pour mettre un terme
à un état de choses également ruineux
pour la Grèce et la Turquie. Les puissan-
ces doivent le comprendre, mais il n'y pa-
raît guère, car elles restent dans une inac-
tion inexplicable et quelque peu inquié-
tante.
Louis HENRIQUE.
————————— ——————————
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier matin en
conseil de cabinet extraordinaire, sous la pré-
sidence de M. de Freycinet.
Le conseil s'est occupé des diverses ques-
tions sur la discussion desquelles le Parle-
ment aura à se prononcer.
M. Demôle, ministre de la justice, a informé
ses collègues qu'il s'était entendu avec M.
Delattre pour renvoyer au 10 juin la discus-
sion de son interpellation sur l'organisation
et le fonctionnement de l'administration ju-
diciaire.
M. Demôle a communiqué au conseil un
projet de loi réglant la situation des auditeurs
de deuxième classe au conseil d'Etat.
M. Baïhaut, ministre des travaux publics, a
lu le texte de son projet de loi tendant à mo-
difier toutes les dispositions de la législation
antérieure dos mines, et notamment les lois
de 1810 et 1830.
M. Develle, ministre de l'agriculture, d'ac-
cord avec MM. Sadi Carnot et Lockroy, dépo-
sera un projet de loi relatif à la surtaxe des
sucres, d'après les bases exposées à la com-
mission par M. Peytral, sous-secrétaire d'Etat
aux finances.
M. Granet, ministre des postes et télégra-
phes, déposera aujourd'hui sur le bureau de
a Chambre un projet r de loi portant approba-
tion de la convention conclue à Lisbonne re-
lativement aut colis postaux.
Le rapport sur l'emprunt
M. Sadi Carnot, ministre des finances, a
adressé à M. le président de la République
un rapport sur l'emprunt de 500 millions qui
a eu lieu le 10 mai courant.
Le Journal officiel publie ce rapport dont
nous extrayons le passage suivant :
« L'emprunta donc été souscrit, par 248,407
parties prenantes, 21 fois 1/5 environ. Le
nombre des souscripteurs avait été de 115,741
en 1884, lors de l'emprunt de 350 millions.
» Ce chiffre de 248,407 souscripteurs est,
d'ailleurs, loin de représenter le nombre réel
des personnes qui ont pris part à la souscrip-
tion. On se ferait une idée très inexacte du
véritable caractère de l'opération qui vient
d'être réalisée si on ne considérait comme
classées dès à présent que les rentes sous-
crites directement par les particuliers aux
guichets du Trésor, sans tenir compte, dans
une large mesure, des demandes importantes
présentées par les établissements de ban-
que.
» En effet, un nombre considérable de pe-
tits capitalistes ou de commerçants recourent,
pour lu gestion de leurs intérêts, à l'inter-
médiaire des institutions de crédit qui reçoi-
vent en dépôt leurs fonds et lenrs titres. En
fait, d'après les renseignements que j'ai pu
recueillir, le nombre des souscripteurs repré-
sentés par quatre des plus grosses souscrip-
tions dépasse 42,000.
» On voit par ce seul chiffre que , s'il est
impossible de se rendre un compte exact de
la portion de l'emprunt qui doit être, dès à
présent, considérée comme définitivement
classée ou, du moins, comme attribuée aux
petits capitalistes, cette portion comprend,
dans tous les cas, Indépendamment des de-
mandes individuelles dont le chiffre est donné
plus haut, une part considérable de souscrip-
tions présentées par les maisons de banque
et les établissements de crédit. »
L'épuration du personnel
M. Granet, ministre des postes et des télé-
graphes, continue l'épuration de son per-
sonnel. Tous les républicains applaudiront à
l'activité et à l'énergie de M. le ministre des
postes.
M. Granet a signé hier un nouveau mouvo-
ment portant sur les receveurs principaux,
les inspecteurs et les sous-inspecteurs des
départements.
Ce mouvement, qui intéresse vingt-six dé-
partements, comprend vingt-six mises en
disponibilité et neuf déplacements.
Parmi les mises en disponibilité les plus
importantes, nous pouvons citer :
MM. d'Aymard, inspecteur principal à Lyon;
Lombard, inspecteur à Avignon ; de Carné-
Tressesson, inspecteur à Rennes, et Cuny,
receveur principal à Dijon.
M. Granet et la surtaxe sur les blés
II est inexact que M. Granet ait écrit à Mar-
seille au sujet de l'abrogation de la loi de
1885 établissant une surtaxe sur les céréales.
M. Granet n'a pas abdiqué son droit de discuter
en conseil des ministres les mesures dont le
Parlement peut être saisi; mais il n'a pris au-
cun engagement tel que celui qui lui est prêté
par une dépêche de Marseille que nous pu-
blions plus loin, dépêche dont le Temps a
prix texte pour enregistrer les prétendues di-
visions du cabinet au point de vue économi-
que.
Les colis postaux
Le projet de loi dont M. Granet, ministre
des postes et télégraphes, a entretenu ses
collègues hier matin, est relatif à une con-
vention coaclue avec les compagnies de che-
mins de fer au sujet du transport des colis
postaux.
Cette convention a pour effet d'élever de
trois à cinq kilogrammes le poids de ces colis.
Elle établit un tarif unique de un franc par
colis postal.
Elle admet en outre :
1° Les envois contre remboursement jus-
qu'à concurrence de 500 francs par colis ;
2° La déclaration de la valeur des envols
avec garantie de la valeur déclarée ;
3° Moyennant une surtaxe de 50 0/0, les co-
lis dépassant un mètre cinquante dans un
sens quelconque ou exigeant des précautions
particulières.
Les colis postaux pourront être expédiés
de toutes les gares et de toutes les localités
correspondant avec les gares. Ils devront être
livrés à domicile.
LES ÉLECTIONS DU 23 MAI
Ille-et-Vilaine
Inscrits : 156,499. — Votants : 108,050
MM. Paul Carron, monarc.. 57 455 Elu
Louis MarLin, rép. 49.761
Divers. 741
Cette élection avait pour but de remplacer
M. Lelièvre, député, décédé. M. Lelièvro avait
été élu, au deuxième tour de scrutin, le 18
octobre, l'avant-dernier de la liste républi-
caine, par 63,947 voix. Le premier candidat
de la liste réactionnaire avait obtenu 59,544
voix. La victoire de M. Paul Carron n'est donc
due qu'à l'abstention de quinze mille républi-
cains Centre gauche, qui, désapprouvant cer-
tains points du programme de M. Martin , ont
laissé perdre un siège à la République.
Les électeurs du canton de Sceaux, avaient
à nommer un conseiller d'arrondissement en
remplacement de M. Hude, député de la
Seine, démissionnaire.
Voici les résultats de l'élection :
Inscrits : 12,103. — Votants : 5,358
MM. Sourdives. 2.624
Jallon 1.515
Albert Pétrol. 729
Halling. 453
(Ballottage)
——————————— ■■
QUESTIONS DU JOUR
De minimis.
On n'aime guère voir le Parlement
perdre son temps en amusettes, et
l'axiome qui recommande au préteur de
ne point s'occuper de vétilles a été con-
servé chez nous comme un legs de sa-
gesse de la vieille Rome. Il n'en existe
pas moins, dans nos mœurs parlemen-
taires actuelles, une tendance à mettre
en relief les infiniment petits de la poli-
tique. Nous assistons de temps à autre
à des débats qui prennent une séance
tout entière et quelquefois deux, dont
l'objet est si menu, si menu, qu'il en de-
vient presque invisible; c'est pour des
riens que la tribune retentit alors de
harangues aussi topiques que la plai-
doirie de l'Intimé sur le chien des Plai-
deul's: les heures passent et les ora-
teurs se succèdent, et l'on bâille sur les
bancs et dans les tribunes, et les secré-
taires-rédacteurs et les sténographes
accumulent les feuillets rapides que
l'imprimeur officiel attend; et ce n'est
pas tout, car il arrivera souvent que
nous nous croirons obligés, nous autres
journalistes, par devoir professionnel,
d'écrire des articles graves sur ces fa-
daises. Le public est tout plein de bon-
homie; il se résigne, jusqu'au moment
où il trouve pourtant qu'on lui sert à la
fin trop de balivernes. Voilà l'histoire de
bon nombre d'interpellations et de quan-
tité de propositions de loi.
Je revenais tout à l'heure à ces ré-
flexions qui, dans ,notre métier, nous
sont familières, en jetant les yeux sur
la proposition préparée pour le Sénat
par l'honorable M. Bozérian. Elle n'est
ni plus ni moins insignifiante que beau-
coup d'autres, quoique son auteur ait
pensé peut-être que l'ingéniosité de son
idée lui vaudrait des compliments; c'est
tout simplement le type du genre. Vous
avez pu lire de quoi il s'agit dans no-
tre journal d'hier. Vous connaissez le
cas de ce M. Sébline qui s'est fait élire
sénateur dans l'Aisne alors qu'il lui
manquait quelques mois (l'heureux
homme!) pour parfaire les quarante
ans d'âge sénatorial. L'élection de l'Aisne
a été annulée, cela va de soi. M. Sébline
a pris le parti de poser de nouveau sa
candidature avant que les quarante ans
fussent sonnés; ce n'est pas très cor-
rect de la part d'un ancien préfet, mais
enfin l'on n'y peut que faire, et il n'y a
point en pareil cas d'autre remède que
celui de casser et de casser encore l'é-
lection de l'aspirant quadragénaire jus-
qu'à ce qu'il ait dûment vieilli dans les
termes légaux. Seulement, on a calculé
que chaque élection sénatoriale coû-
tait une certaine somme d'argent à
l'Etat, à cause des indemnités de dé-
placement que la loi alloue aux élec-
teurs, sans parler de quelques menus
frais de paperasserie. Et M. Bozérian
s'est alors féru de cette idée : « Fai-
sons payer Sébline ! » Sa proposition de
loi, bien entendu, ne vise point nommé-
ment M. Sébline, mais dit en substance:
« Tout candidat qui se fera élire séna-
teur sans se trouver dans les conditions
d'éligibilité fixées par la loi rembour-
sera à l'Etat les frais de l'élection. »
Mon Dieu! je constate comme tout le
monde l'irrégularité du procédé de M.
Sébline, et je reconnais, si l'on veut,
que M. Bozérian a dû se donner mille
peines pour inventer la proposition dont
il est l'auteur. Mais que vou lez-vous? cela
n'empêche point la proposition Bozé-
rian de paraître un peu. - comment
pourrais-je dire?. - un peu puérile.
Un candidat se porte à une élection
sans être éligible ; eh bien ! le Sénat ou
la Chambre casse cette élection irré-
gulière et tout est dit. Ce n'est point, je
le répète, que je prenne parti pour M.
Sébline ; il n'est pas notre homme, et,
quand il serait notre homme, nous ne
l'en approuverions pas plus. Mais que
signifiera cette sorte d'amende? Pour
les gens qui auraient beaucoup d'ambi-
tion et assez de fortune, la loi Bozérian
n'aurait même aucune efficacité : elle
ne les empêcherait point de mettre le
corps électoral en mouvement, s'ils y
avaient intérêt, puisque ce ne se-
rait après tout qu'une question de bil-
lets de banque, à 30,000 francs environ
par élection annulée; c'est le chiffre
qu'on a donné pour l'Aisne. La loi Bo-
zérian serait donc la fameuse toile d'a-
raignée du proverbe athénien, qui n'ar-
rête que les moucherons, tandis que les
gros insectes volants passent au tra-
vers.
Remarquez, d ailleurs, que de pareils
incidents ne sont pas communs dans la
pratique électorale. Il y a quelques an-
nées, un fait à peu près semblable se
produisit en Corse, dans une élection
législative où M. Arène fut élu, n'ayant
pas vingt-cinq ans; l'élection fut annu-
lée. M. Arène fut élu de nouveau peu
de temps après dans les conditions lé-
gales, et rien cependant ne fut ébranlé
sur le sol de la République. Vous me
direz que ces fantaisies, quoique les
candidats y aient les électeurs pour
complices, sont irrégulières et blâma-
bles ; j'en tombe d'accord ; mais, d'autre
part, ceci ne détruit pas l'objection que
je présentais ci-dessus contre la propo-
sition Bozérian. Et puis enfin le mal est
aussi léger qu'il est rare. On peut objec-
ter encore que les électeurs ne se trou-
vent pas représentés durant l'intervalle
qui sépare l'annulation de l'élection
d'une convocation nouvelle. Je ne dis
pas non, mais c'est la conséquence iné-
vitable de toute annulation d'élection
quelconque, et, dans le cas spécial de
M. Sébline, les électeurs sénatoriaux de
l'Aisne auraient mauvaise grâce à se
plaindre, car ils savaient ce qu'ils fai-
saient, et ce qu'ils ont fait, ils l'ont bien
voulu.
Maintenant il se peut que quelque
lecteur trouve que je prends trop vive-
ment parti contre la proposition d'un
honorable sénateur animé des inten-
tions les plus louables. « Et quand on
la discuterait, cette proposition Bozé-
rian, quel mal cela ferait-il? » Je ne
prétends point que cela fera du mal en
soi, mais ce sera tout juste l'histoire du
soulier de lauvergnat : ça n'est pas
sale, mais ça tient de la place. Et, pour-
peu que l'on y songe un instant, on
trouvera que la remarque est juste, car
ce qui ralentit les travaux parlemen-
taires les plus intéressants, c'est Pen-
combrement de quantité de fadaises of-
ficiellement décorées du titre de propo-
sitions de loi. Au Sénat, on observe en
général plus de réserve qu'au Palais-
Bourbon, et les propositions du genre
de celle que je discute y sont assez rares;
mais à la Chambre il n'es t-pas, comme
on dit, fils de bonne mère..qui n'éprouve
le besoin de s'Illustrer en attachant son
nom à une proposition quelconque, gé-
néralement aussi mal étudiée que mal
présentée. Les commissions d'initiative
sont bonnes filles et ne refusent un rap-
port de prise en considération qu'aux
projets absolument baroques. La Cham-
bre, à mains levées, confirme les rap-
ports de ladite commission, sans doute
par esprit de politesse. Et alors ce n'est
pas seulement l'ordre du jour des séan-
ces publiques qui se trouve encombré
de cinquante questions qui n'y ont que
faire ; ce sont les commissions spéciales
quise multiplient dans des proportions
insensées, si bien qu'un seul député fait
souvent partie de sept ou huit commis-
sions à la fois, et que, par conséquent,
les commissions n'étant presque jamais
en nombre, on n'y travaille que peu ou
point, sans ordre et sans suite, sauf des
cas exceptionnels. Dans la commission
du budget même, pas plus tard que
l'an dernier, n'avons-nous pas vu, du
jour au lendemain, émettre des votes
absolument contradictoires parce que,
une partie des membres étant occupés
çà et là à d'autres affaires, la majorité
du mardi n'était plus la même que celle
du lundi ? C'est ainsi que l'on gâche la
besogne. Il faut donc éviter tout ce qui
fait perdre le temps. Eur,. LIÉ]IFRT.
EUG. LIÉBERT.
<
UNE FAUTE
Une élection législative a eu lieu di-
manche dernier dans Ille-et-Vilaine. Ceux
qui avaient souvenir du succès remporté
par les républicains au 4 et au 18 octobre
dernier et plus récemment au 14 février,
lorsque M. Le Hérissé fut élu sans concur-
rent, étaient en droit de considérer comme
certain que le candidat républicain l'em-
porterait dans la nouvelle élection sur son
compétiteur monarchiste. Il n'en a rien
été cependant et les journaux réaction-
naires, embouchant la trompêle, sonnent
déjà leurs plus joyeuses fanfares. A en-
tendre le Monde, l'imposante minorité du
4 octobre s'est changée en une impor-
tante majorité. « Le parti républicain est
vaincu. » — « C'est un véritable écrase-
ment pour les républicains ! » s'écrie le
Francais. Et le chœur de célébrer sur le
modé lyrique cette « éclatante victoire ».
Que le candidat conservateur soit élu,
c'est un fait indiscutable pour quiconque
a quelques notions d'arithmétique, et nous
ne prétendons pas le discuter. Mais les
causes de ce fait ne sont peut-être pas à
l'avantage des réactionnaires autant qu'on
voudrait le faire croire, et il n'est pas inu-
tile de les rechercher. Tout d'abord, il faut
constater que « l'imposante minorité du
4 octobre » n'a pas éprouvé les change-
ments annoncés par les feuilles monarchis-
tes. En octobre dernier, la liste monar-
chiste réunissait 59,500 voix. M. Carron en
a obtenu dimanche 57,500. Il y a donc eu
environ 2,000 abstentions parmi les monar-
chistes.
Mais, d'autre part, 14,000 électeurs qui
avaient voté pour la liste républicaine, en
octobre dernier, se sont abstenus avant-
hier. d'est à leur défection que le parti ré-
publicain est redevable de sa défaite. Ces
électeurs sont-ils en train d'accomplir une
évolution vers la droite? Rien ne permet
de le peuser, et les causes de leur indiffé-
rence électorale sont toutes différentes. La
responsabilité en incombe à quelques-uns
des députés du département qui ont op-
posé un non possumus inébranlable à la
candidature d'un républicain qui se pré-
sentait avec l'étiquette radicale. Ils ont af-
fecté de se désintéresser de l'élection; ils
ont fait dire et publier dans leurs journaux
qu'ils n'avaient pas de conseils à donner
au suffrage universel, et cela en termes
qui voulaient dire clairement qu'on invi-
tait les électeurs à s'abstenir.
Voilà comme certains membres de l'U-
nion des Gauches comprennent la politi-
que d'union. La leçon du 4 octobre est
déjà oubliée et, à la première occasion qui
se présente, il se trouve des républicains
pour retomber dans les fautes que nous
avons payées de la perte de cent sièges.
Nous admettons assurément - qu'il y ait
des nuances dans le parti républicain et
que toutes les candidatures ne donnent
pas également satisfaction à tout le monde.
S'il ny,avait pas de divergences, il serait
bien inutile de parler de concentration et
l'accord se ferait tout seul. C'est précisé-
ment, quand ces divergences se manifes-
tent et que les électeurs témoignent quel-
que hésitation à voter pour un candidat
qui ne leur agrée qu'imparfaitement que
les chefs du parti doivent intervenir et
rappeler le corps électoral à la stricte ob-
servation des principes d'union et de dis-
cipline. Qui donc, dans un département,
aurait plus d'autorité pour rallier les hési-
tants que ceux qui sont déjà. en possession
de la confiance publique, c'est-à-dire les
élus du suffrage universel? Ils jouissent
de cette confiance dans Ille-et-Vilaine et
la meilleure preuve, c'est que leurs con-
seils n'ont été que trop bien entendus. Le
parti réactionnaire n'a pas gagné une
seule voix. Néanmoins - il - l'emporte.
« Ce n'est qu'un siège perdu, dira-t-on
peut-être ; ce n'est pas une grosse affaire
et la majorité n'en sera pas affaiblie. »
Cela est vrai ; mais le même cas peut se
répéter dans d'autres départements. Des
républicains de nuances diverses peuvent,
par représailles, faire échec à un autre
candidat républicain et, pour le plaisir de
Satisfaire des rancunes particulières, mé-
-nager d'autres triomphes à la réaction. Si
bien qu'à continuer ainsi on arriverait
quelque jour à faire représenter à la
Chambre, par une majorité monarchiste,
un pays en majorité républicain.
Nous n'en sommes pas là, heureuse-
ment, et la « grande victoire » des réaction-
naires ne nous inspire aucune inquiétude;
mais elle nous donne l'occasion de mon-
trer aux républicains combien il est essen-
tiel d'en revenir résolument aux pratiques
de discipline et de concentration qui
avaient fait notre force depuis plusieurs
années, dont l'oubli a ranimé les espé-
rances du parti réactionnaire et qui peu-
vent seules assurer dans l'avenir notre
triomphe définitif. Nous voulons espérer
que cette nouvelle leçon ne sera pas per-
due.
-
M. René Goblet, ministre de l'instruc-
tion publique, a adressé au Temps la let-
tre suivante :
Paris, le 24 mai i886.
Monsieur le Directeur,
Je ne sais qui fournit au journal le Temps
des indiscrétions sur les délibérations du con-
seil des ministres.
Mais, bien que je n'aie pas l'habitude de
relever les appréciations injustes ou inexactes
dont je puis être l'objet, j'ai le devoir de vous
dire qu'en ce qui concerne la discussion du
projet de loi sur le recrutement vous avez été
absolument mal renseigné, tant sur le rôle
du ministre de la guerre que sur celui du mi-
nistre de l'instruction publique.
J'ai trop confiance dans votre loyauté pour
ne pas être convaincu que vous voudrez bien
tenir compte de cette rectification.
Agréez, monsieur le directeur, l'assurance
de mes sentiments distingués.
HRNÉ Goblet.
Voici le passage de l'information du
Temps qui est visé pàr la lettre de M. Go-
blet:
Le conseil s'est enfin occupé des disposi-
tions du projet de loi militaire du général
Boulanger, en ce qui concerne la situation
faite aux jeunes gens qui se vouent aux hau-
tes études.
Le ministre de l'instruction publique a de-
mandé un nouvel examen de cette partie du
projet et a insisté pour que, conformément
au vœu exprimé par le conseil général des
Facultés, le temps effectif du service miii-
litaire fût réduit à un an pour les jeunes gens
inscrits aux Facultés et Ecoles supérieures
de l'Etat.
Le ministre de la guerre n'a pas voulu con-
sentir à cette modification ; il a maintenu le
texte primitif de son projet, qui astreint à
deux ans de service les jeunes gens en ques-
tion, sous la condition de produire un diplôme
d'instruction militaire.
AFFAIRES DE GRÈCE
La circulaire de la Porte aux puissances
Constantinople, 23 mai. — Dans une circu-
laire aux puissances, la Porte réfute les allé-
gations de la Grèce d'après lesquelles les
troupes turques auraient tiré les premières.
La circulaire, après avoir démontré l'invrai-
semblance du fait, ajoute que, si la Grèce
fixe des dates pour le désarmement et le li-
cenciement de ses troupes, la Turquie s'em-
pressera de retirer ses propres forces aux
mêmes époques, pour les remettre sur le
pied de paix.
La Porte termine en exprimant le désir que
la question prenne fin le plus tôt possible.
Une nouvelle note de la Porte
Athènes, 2i mai, - Le représentant de la
Turquie a remisvhier une nouvelle note du
grand-vizir exprimant son étonnement que
les hostilités aient été reprise" après les as-
surances des deux gouvernements.
Cette note dit que la Porte a ordonné à
Evoub-Pacha de rester sur la défensive et
exprime le vœu que la Grèce prenne des me-
sures analogues.
L'entrevue des généraux des deux armées
doit avoir lieu à deux heures.
Pacification. — Renvoi des réserves.
Athènes, 24 mai. - La plupart des troupes
turques et des troupes grecques sont rentrées
dans leurs anciens cantonnement?.
Athènes, 24 mai. — Le Journal officiel pro-
mulgue le décret accordant aux volontaires
le droit de résilier leur engagement et pro-
nonçant le licenciement immédiat des ré-
serves des classes 1857 et 1858 et celui des
trois classes suivantes dans les huit jours.
Des mesures administratives règloront les
questions de détail.
LA VIE DE PARIS
J'imagine un étranger, cet Anglais voya-
geur que les écrivains du siècle dernier
prenaient volontiers pour compère de la
revue des mœurs de leur temps, ayant
été promener sa flânerie, dimanche,
sur les hauteurs du cimetière du Père-
Lachaise, d'où l'on a, d'ailleurs, une vue
admirable sur Paris. Il eût été étonné de
ce que nos mœurs politiques ont de vé-
ritablement bizarre. Tout d'abord, ce
sage n'eût pas manqué de remarquer,
pour peu qu'il ait suivi notre histoire
intérieure d'un peu près depuis vingt
ans, - ce que les étrangers font très
bien, - il eût remarqué, dis-je, que les
amis des communalistes de 1871 nous
ont demandé de voter l'amnistie pour ef-
facer le souvenir abominable de la
guerre civile, et que, dès l'amnistie vo-
tée, les communalistes ont instauré une
sorte de religion dont le culte célèbre
les plus détestables anniversaires. C'est
une de ces cérémonies qui a eu lieu di-
manche. Tout s'y est bien passé, si on
veut estimer que le désordre moral
n'est rien quand il n'engendre pas le dé-
sordre matériel. Donc, sous les arbres
frais et en face de la nature reverdie,
on a proclamé les beautés de la guerre
civile et caressé l'espoir de voir, un
jour proche, les citoyens de France
s'égorger entre eux. Mais, ceci dit, il
n'y a pas eu la moindre bousculade. Tout
a été en discours, prosopopées et tro-
pes de rhétorique, et, une fois encore,
la révolution n'est pas sortie des limites
de la littérature, où elle se complaît.
Notre voyageur eût encore appris
cette chose assez singulière : qu'il est
licite de demander dans un journal lu
par cent mille personnes la tête de cent
mille citoyens, mais qu'on tombe sous
le coup des lois si on exprime cette
opinion en promenant un morceau de
drap rouge que trois ou quatre mille
personnes verront à peine. Notez que
je ne blâme rien. Je constate, une fois
de plus, qu'avec le grand mot de droit
commun on n'est pas parvenu à ôter à
la presse une situation privilégiée. Ce
chiffon rouge, d'ailleurs, qu'il est interdit
de promener rue de la Roquette sous
les peines les plus sévères, on peut
librement l'étaler et le faire flotter au
vent dans l'enceinte d'un cimetière, et
il suffit qu'on soit entré dans le champ
de repos pour avoir le droit de faire du
tapage. Inconséquences, bizarreries, by-
zantinisme dont il ne faut pas se plain-
dre du reste, tant que les choses ne
tournent pas mal. Car notre pauvre
humanité vit de contradictions qui se
font contrepoids et l'harmonie sociale,
comme d'autres, est faite, de contrastes
et d'oppositions. 1
Mais, au milieu de ces désordres où
mon observateur eût pu remarquer que
les gens qui défeudent les lois par leur
métier et ceux qui font métier de tes
menacer se trouvaient placés, par un
compromis bien parisien, sur le pied
d'une touchante égalité, il s'est rencon-
tré — car tout arrive — un homme
qui a parlé une langue politique d'une
sagesse frappante. Cet homme, c'est un
révolutionnaire, M. Joffriu. Les révolu-
tionnaires des divers groupes - car les
groupes sont nombreux et les constella-
tions variées au ciel rouge de la Com-
mune — avaient eu recours à des pro-
cédés de collégiens pour montrer un
coin de drapeau rouge. Ils étaient en-
trés au cimetière sans bannières, portant
des couronnes sur des bâtons. Les cou-
ronnes déposées, ils ont sorti, qui de sa
poche profonde, qui d'un chapeau con-
sidérable, des morceaux d'étoffe rouge,
et ils les ont attachés sur des hampes.
Farce sans grandeur dont s'est indigné
M Joffrin. « Ce n'est pas subreptice-
ment, a-t-il dit, qu'un parti doit dé-
ployer son drapeau. Quand il le déploie,
il doit être en mesure de le défendre et
il ne doit pas s'exposer à voir ses en-
seignes consignées au poste voisin. »
En parlant ainsi, M. Joffrin a fait preuve
de beaucoup de bon sens et de beau-
coup de bon goût. Il a été dans la tra-
dition. Il a rappelé au sérieux des hom-
mes que la littérature et la gaminerie
parisiennes égarent constamment dans
la fantaisie.
La forme réglée et la périodicité qu'af-
fectent les cérémonies révolutionnaires
ne peuvent manquer de frapper les gens
attentifs. Les opinions les plus excen-
triques, laissées en toute liberté, tour-
nent à n'être plus que des hérésies, res-
pectées par le milieu qui ne les adopte
pas, comme il arrive en Amérique pour
les croyances singulières qui naissent
chaquejour. Encore a-t-on vu, ces temps
derniers, les révolutionnaires d'Améri-
que aux prises de la façon la plus grave
avec la police et la troupe. Une sorte de
brutalité, qui tient au pays l'a emporté
sur les usages tolérants de la liberté.
Chez nous, le parti révolutionnaire est
devenu une secte heureuse d'exister,
heureuse des banquets, des discours,
des cérémonies, des « fumisteries » fai-
tes à la police, de ses petits succès élec-
toraux (que nous avons faits), et qui ne
semble pas vouloir compromettre l'exer-
cice du droit de cité qu'elle a con-
quis. Ce que le cimetière du Père-La-
chaise a vu dimanche, c'est le désordre
discipliné et la fureur prudente.
Le socialisme révolutionnaire a ses
habitudes, ses chapelles, ses prébendes,
ses sinécures. Il se règle, se contient, et
ses chefs, comme tous les satisfaits,
ont perdu le bel enthousiasme de l'âge.
héroïque. Mme Michel a sa voiture qui
l'attend, sa journée faite, et l'inconnu,
ce grandiose et terrible inconnu des
temps d'autrefois, alors que dans cha-
que manifestation il y avait l'embryon
d'une révolution, n'existe plus. C'est
peut-être là une des preuves palpables
des bienfaits de la liberté. Les petits
ruisseaux, qu'on laisse couler tranquil-
lement, en leur donnant tout au plus un
peu de pente, ne trouvent pas d'obsta-
cle et ne deviennent pas torrents. La
cérémonie de la semaine sanglante finit
par être comme les messes solennelles
où l'on va par habitude, par curiosité,
ou pour témoigner d'une foi commode
qui ne vous demande plus de sacrifices.
HENRY FOUQUIER.
COULISSES PARLEMENTAIRES
La veille de la rentrée. — Les couloirs. — L'ex-
pulsion des princes. — Un projet de loi. —
La séance du 4 mars. — L'amendement Rivet.
— L'ordre du jour de Lanessan. — Une
phrase de M. de Freycinet. — La commis-
sion du budget. — La séance d'aujourd'lJui.-
L'ordre du jour de ia Chambre.
Les couloirs de la Chambre présentaient
hier une assez vive animation, — pour em-
ployer le cliché usuel. — Beaucoup de dépu-
tés sont encore dans leurs départements, mais
nous avons rencontré la plupart des membres
« influents » ou « importants » de la Cham-
bre. On pourrait même signaler la présence
de quelques sénateurs. Beaucoup de journa-
listes aussi.
Nous apercevons MM. CImenceau, Ranc,
Edouard Hervé, Rouvier, René Brice, Wilson,
Thomson, Etienne, Maurice Faure, etc.
En somme, une répétition générale sans
grand éclat d'ailleurs.
Le sujet de toutes les conversations, on s'en
doute, était l'expulsion des princes.
Si nous affirmions que le conseil des mi-
nistres ne s'est pas occupé de la question,
nous risquerions fort de nous attirer un dé-
menti de quelque confrère et cependant la
vérité est que le conseil d'hier — conseil de
cabinet — a servi à liquider les affaires cou-
rantes et à examiner les projets de loi qui se-
ront déposés sur le bureau des Chambres
tandis que la discussion des mesures à pren."
dre contre les prétendants, mesures récla-
mées par quelques-uns, était réservée pour
la réunion d'aujourd'hui, qui se tiendra &
l'Elysée sous la présidence de M. Jules Grévy.
Il était, en effet, impossible de trancher
une semblable affaire, difficile même de la
discuter, en dehors du premier magistrat de
la République. M. Grévy a, si nous sommes
bien informés, prié les ministres de ne s'oc-
cuper de la question des princes qu'en sa pré-
sence.
Chacun s'abordait néanmoins dans la salle
de la Paix avec cette même formule : « Qu'a
décidé le conseil ? »
La réponse unanime était celle-ci : « Les mi-
nistres ont juré le secret.» Le secret n'était
pas difficile à garder.
Les bruits les plus divers couraient au sujet
de l'attitude probable du cabinet. On affir-
mait notamment qu'un projet de loi serait
déposé à peu près analogue à l'amendoment
Barbey et à l'amendement Rivet. D'autres
soutenaient que la loi contiendrait purement
et simplement, après l'énoncé du droit supé-
Prix du numéro à Paris : 15 centimes —r Départements : 20 centimes
Mardi 25 mai 1886
ï Ll1? !i YATI .AV ■ÇTÏf1? F
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDUCTION
J'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
1 G, rué GadLet, 16
Directeur politique :
A.-EDOUARD PORTALIS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois. i (1 »»
Six mois. 33 »»
Un an. 62 »>.
PARTS
irois mois. »»
Six mois 2.,., "M
Un an. *>« -
Supplément pr l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
Lesa.bonnemla partent des 1er et 15 de chaque mois
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
16, rue GadLet, ILla
EN VENTE A LONDRES
A la liJ:>J.airie IPet-itjoan
39, Old CosirroN STREET (SOHO)
ET DASS SES SUCCURSALES
RÉGISSEUUS T>* vrs'îs"ONCES :
MM. LAGRANGE, CERF ET C18
6, place de la Bourse, 6
BULLETIN
Aujourd'hui le Parlement reprend le
cours de ses séances, interrompues depuis
le 17 avril.
Une élection législative a eu lieu diman-
che dans Ille-et-Vilaine; les résultats n'en
ont été connus qu'hier; ils ne sont pas
conformes à nos désirs : le candidat mo-
narchiste, M. Carroo, a été élu contre M.
Martin, candidat républicain. La défection,
aussi imprévue qu'inexcusable, de quinze
mille électeurs, appartenant en grande par-
tie à l'opinion républicaine, explique am-
plement l'échec du candidat républicain.
Des élections ont eu lieu également di-
manche en Belgique et en Italie.
En Belgique, il s'agissait du renouvelle-
ment par moitié des conseils provinciaux
dans les neuf provinces du royaume. La
lutte, préparée de longue mf1Ïn entre les
cléricaux et les libéraux, a été ardente de
part et d'autre ; en fin de compte, la situa-
tion électorale est à peu près la même
qu'auparavant; la majorité reste aux clé-
ricaux dans cinq provinces. En revanche,
les progressistes ont gagné au premier
tour quatre sièges à Bruxelles contre les li-
béraux qui avaient réussi dimanche der-
nier à faire passer leur candidat, M. Buis.
Il convient d'ajouter que la composition
du corps électoral n'est pas la même dans
les deux cas. Les censitaires seuls pren-
nent part aux élections législatives ; une
catégorie spéciale, les capacitaires, est
admise au vote dans les élections provin-
ciales. Sûr de l'appoint que lui apporterait
cet élément nouveau, le parti progressiste
a répudié toute entente avec les libéraux,
et finalement il l'a emporté avec une ma-
jorité de quatre cents voix.
Quant aux élections générales pour le
renouvellement de la Chambre italienne,
elles ont donné des résultats favorables à
la politique de M. Depretis. Sur 457 dépu-
tés élus, 249 appartiennent au groupe mi-
nistériel. Plusieurs membres du cabinet
ont cependant échoué.
Parmi les nouveaux députés, les dépê-
ches signalent M. Cipriani, qui a joué un
rôle actif pendant la Commune de Paris et
qui a été expulsé de France il y a quelques
années. M. Cipriani a été élu dans deux
collèges.
Les nouvelles de Grèce paraissent meil-
leures. Des explications ont été échangées
entre le gouvernement hellénique et la
Porte; une convention a été conclue entre
les commandants des deux armées qui
ont repris l'une et l'autre leurs positions
respectives. De fait, il n'y a pas eu depuis
hier de nouvel engagement. Il y a plus :
le gouvernement hellénique a tenu à
donner un gage de ses dispositions paci-
fiques ; il a fait rendre un décret qui auto-
rise le licenciement des engagés volon-
taires et renvoie deux classes de réserve
dans ses foyers. Ce décret, qui a été publié
par le Journal officiel d'Athènes, est la
meilleure réponse que M. Tricoupis puisse
opposer aux insinuations malveillantes dont
les journaux anglais se sont fait les échos
complaisants. Aussi bien les Turcs ne peu-
vent tarder à imiter l'exemple qui leur est
donné par la Grèce. La situation du Trésor
ottoman est des plus précaires; le paie-
ment de la solde de l'armée se fait irrégu-
lièrement et le rapàtriement des troupes
concentrées en Epire occasionnera de
grosses dépenses auxquelles la Porte aura
peine à suffire.
Les dépêches anglaises insistent sur ces
difficultés d'ordre financier, qui pourraient
bien servir de prétexte à une demande
d'indemnité de guerre.
Quant à présent, et à s'en tenir à ce qui
apparaît, il y a dans ces difficultés mêmes
une raison de plus pour mettre un terme
à un état de choses également ruineux
pour la Grèce et la Turquie. Les puissan-
ces doivent le comprendre, mais il n'y pa-
raît guère, car elles restent dans une inac-
tion inexplicable et quelque peu inquié-
tante.
Louis HENRIQUE.
————————— ——————————
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier matin en
conseil de cabinet extraordinaire, sous la pré-
sidence de M. de Freycinet.
Le conseil s'est occupé des diverses ques-
tions sur la discussion desquelles le Parle-
ment aura à se prononcer.
M. Demôle, ministre de la justice, a informé
ses collègues qu'il s'était entendu avec M.
Delattre pour renvoyer au 10 juin la discus-
sion de son interpellation sur l'organisation
et le fonctionnement de l'administration ju-
diciaire.
M. Demôle a communiqué au conseil un
projet de loi réglant la situation des auditeurs
de deuxième classe au conseil d'Etat.
M. Baïhaut, ministre des travaux publics, a
lu le texte de son projet de loi tendant à mo-
difier toutes les dispositions de la législation
antérieure dos mines, et notamment les lois
de 1810 et 1830.
M. Develle, ministre de l'agriculture, d'ac-
cord avec MM. Sadi Carnot et Lockroy, dépo-
sera un projet de loi relatif à la surtaxe des
sucres, d'après les bases exposées à la com-
mission par M. Peytral, sous-secrétaire d'Etat
aux finances.
M. Granet, ministre des postes et télégra-
phes, déposera aujourd'hui sur le bureau de
a Chambre un projet r de loi portant approba-
tion de la convention conclue à Lisbonne re-
lativement aut colis postaux.
Le rapport sur l'emprunt
M. Sadi Carnot, ministre des finances, a
adressé à M. le président de la République
un rapport sur l'emprunt de 500 millions qui
a eu lieu le 10 mai courant.
Le Journal officiel publie ce rapport dont
nous extrayons le passage suivant :
« L'emprunta donc été souscrit, par 248,407
parties prenantes, 21 fois 1/5 environ. Le
nombre des souscripteurs avait été de 115,741
en 1884, lors de l'emprunt de 350 millions.
» Ce chiffre de 248,407 souscripteurs est,
d'ailleurs, loin de représenter le nombre réel
des personnes qui ont pris part à la souscrip-
tion. On se ferait une idée très inexacte du
véritable caractère de l'opération qui vient
d'être réalisée si on ne considérait comme
classées dès à présent que les rentes sous-
crites directement par les particuliers aux
guichets du Trésor, sans tenir compte, dans
une large mesure, des demandes importantes
présentées par les établissements de ban-
que.
» En effet, un nombre considérable de pe-
tits capitalistes ou de commerçants recourent,
pour lu gestion de leurs intérêts, à l'inter-
médiaire des institutions de crédit qui reçoi-
vent en dépôt leurs fonds et lenrs titres. En
fait, d'après les renseignements que j'ai pu
recueillir, le nombre des souscripteurs repré-
sentés par quatre des plus grosses souscrip-
tions dépasse 42,000.
» On voit par ce seul chiffre que , s'il est
impossible de se rendre un compte exact de
la portion de l'emprunt qui doit être, dès à
présent, considérée comme définitivement
classée ou, du moins, comme attribuée aux
petits capitalistes, cette portion comprend,
dans tous les cas, Indépendamment des de-
mandes individuelles dont le chiffre est donné
plus haut, une part considérable de souscrip-
tions présentées par les maisons de banque
et les établissements de crédit. »
L'épuration du personnel
M. Granet, ministre des postes et des télé-
graphes, continue l'épuration de son per-
sonnel. Tous les républicains applaudiront à
l'activité et à l'énergie de M. le ministre des
postes.
M. Granet a signé hier un nouveau mouvo-
ment portant sur les receveurs principaux,
les inspecteurs et les sous-inspecteurs des
départements.
Ce mouvement, qui intéresse vingt-six dé-
partements, comprend vingt-six mises en
disponibilité et neuf déplacements.
Parmi les mises en disponibilité les plus
importantes, nous pouvons citer :
MM. d'Aymard, inspecteur principal à Lyon;
Lombard, inspecteur à Avignon ; de Carné-
Tressesson, inspecteur à Rennes, et Cuny,
receveur principal à Dijon.
M. Granet et la surtaxe sur les blés
II est inexact que M. Granet ait écrit à Mar-
seille au sujet de l'abrogation de la loi de
1885 établissant une surtaxe sur les céréales.
M. Granet n'a pas abdiqué son droit de discuter
en conseil des ministres les mesures dont le
Parlement peut être saisi; mais il n'a pris au-
cun engagement tel que celui qui lui est prêté
par une dépêche de Marseille que nous pu-
blions plus loin, dépêche dont le Temps a
prix texte pour enregistrer les prétendues di-
visions du cabinet au point de vue économi-
que.
Les colis postaux
Le projet de loi dont M. Granet, ministre
des postes et télégraphes, a entretenu ses
collègues hier matin, est relatif à une con-
vention coaclue avec les compagnies de che-
mins de fer au sujet du transport des colis
postaux.
Cette convention a pour effet d'élever de
trois à cinq kilogrammes le poids de ces colis.
Elle établit un tarif unique de un franc par
colis postal.
Elle admet en outre :
1° Les envois contre remboursement jus-
qu'à concurrence de 500 francs par colis ;
2° La déclaration de la valeur des envols
avec garantie de la valeur déclarée ;
3° Moyennant une surtaxe de 50 0/0, les co-
lis dépassant un mètre cinquante dans un
sens quelconque ou exigeant des précautions
particulières.
Les colis postaux pourront être expédiés
de toutes les gares et de toutes les localités
correspondant avec les gares. Ils devront être
livrés à domicile.
LES ÉLECTIONS DU 23 MAI
Ille-et-Vilaine
Inscrits : 156,499. — Votants : 108,050
MM. Paul Carron, monarc.. 57 455 Elu
Louis MarLin, rép. 49.761
Divers. 741
Cette élection avait pour but de remplacer
M. Lelièvre, député, décédé. M. Lelièvro avait
été élu, au deuxième tour de scrutin, le 18
octobre, l'avant-dernier de la liste républi-
caine, par 63,947 voix. Le premier candidat
de la liste réactionnaire avait obtenu 59,544
voix. La victoire de M. Paul Carron n'est donc
due qu'à l'abstention de quinze mille républi-
cains Centre gauche, qui, désapprouvant cer-
tains points du programme de M. Martin , ont
laissé perdre un siège à la République.
Les électeurs du canton de Sceaux, avaient
à nommer un conseiller d'arrondissement en
remplacement de M. Hude, député de la
Seine, démissionnaire.
Voici les résultats de l'élection :
Inscrits : 12,103. — Votants : 5,358
MM. Sourdives. 2.624
Jallon 1.515
Albert Pétrol. 729
Halling. 453
(Ballottage)
——————————— ■■
QUESTIONS DU JOUR
De minimis.
On n'aime guère voir le Parlement
perdre son temps en amusettes, et
l'axiome qui recommande au préteur de
ne point s'occuper de vétilles a été con-
servé chez nous comme un legs de sa-
gesse de la vieille Rome. Il n'en existe
pas moins, dans nos mœurs parlemen-
taires actuelles, une tendance à mettre
en relief les infiniment petits de la poli-
tique. Nous assistons de temps à autre
à des débats qui prennent une séance
tout entière et quelquefois deux, dont
l'objet est si menu, si menu, qu'il en de-
vient presque invisible; c'est pour des
riens que la tribune retentit alors de
harangues aussi topiques que la plai-
doirie de l'Intimé sur le chien des Plai-
deul's: les heures passent et les ora-
teurs se succèdent, et l'on bâille sur les
bancs et dans les tribunes, et les secré-
taires-rédacteurs et les sténographes
accumulent les feuillets rapides que
l'imprimeur officiel attend; et ce n'est
pas tout, car il arrivera souvent que
nous nous croirons obligés, nous autres
journalistes, par devoir professionnel,
d'écrire des articles graves sur ces fa-
daises. Le public est tout plein de bon-
homie; il se résigne, jusqu'au moment
où il trouve pourtant qu'on lui sert à la
fin trop de balivernes. Voilà l'histoire de
bon nombre d'interpellations et de quan-
tité de propositions de loi.
Je revenais tout à l'heure à ces ré-
flexions qui, dans ,notre métier, nous
sont familières, en jetant les yeux sur
la proposition préparée pour le Sénat
par l'honorable M. Bozérian. Elle n'est
ni plus ni moins insignifiante que beau-
coup d'autres, quoique son auteur ait
pensé peut-être que l'ingéniosité de son
idée lui vaudrait des compliments; c'est
tout simplement le type du genre. Vous
avez pu lire de quoi il s'agit dans no-
tre journal d'hier. Vous connaissez le
cas de ce M. Sébline qui s'est fait élire
sénateur dans l'Aisne alors qu'il lui
manquait quelques mois (l'heureux
homme!) pour parfaire les quarante
ans d'âge sénatorial. L'élection de l'Aisne
a été annulée, cela va de soi. M. Sébline
a pris le parti de poser de nouveau sa
candidature avant que les quarante ans
fussent sonnés; ce n'est pas très cor-
rect de la part d'un ancien préfet, mais
enfin l'on n'y peut que faire, et il n'y a
point en pareil cas d'autre remède que
celui de casser et de casser encore l'é-
lection de l'aspirant quadragénaire jus-
qu'à ce qu'il ait dûment vieilli dans les
termes légaux. Seulement, on a calculé
que chaque élection sénatoriale coû-
tait une certaine somme d'argent à
l'Etat, à cause des indemnités de dé-
placement que la loi alloue aux élec-
teurs, sans parler de quelques menus
frais de paperasserie. Et M. Bozérian
s'est alors féru de cette idée : « Fai-
sons payer Sébline ! » Sa proposition de
loi, bien entendu, ne vise point nommé-
ment M. Sébline, mais dit en substance:
« Tout candidat qui se fera élire séna-
teur sans se trouver dans les conditions
d'éligibilité fixées par la loi rembour-
sera à l'Etat les frais de l'élection. »
Mon Dieu! je constate comme tout le
monde l'irrégularité du procédé de M.
Sébline, et je reconnais, si l'on veut,
que M. Bozérian a dû se donner mille
peines pour inventer la proposition dont
il est l'auteur. Mais que vou lez-vous? cela
n'empêche point la proposition Bozé-
rian de paraître un peu. - comment
pourrais-je dire?. - un peu puérile.
Un candidat se porte à une élection
sans être éligible ; eh bien ! le Sénat ou
la Chambre casse cette élection irré-
gulière et tout est dit. Ce n'est point, je
le répète, que je prenne parti pour M.
Sébline ; il n'est pas notre homme, et,
quand il serait notre homme, nous ne
l'en approuverions pas plus. Mais que
signifiera cette sorte d'amende? Pour
les gens qui auraient beaucoup d'ambi-
tion et assez de fortune, la loi Bozérian
n'aurait même aucune efficacité : elle
ne les empêcherait point de mettre le
corps électoral en mouvement, s'ils y
avaient intérêt, puisque ce ne se-
rait après tout qu'une question de bil-
lets de banque, à 30,000 francs environ
par élection annulée; c'est le chiffre
qu'on a donné pour l'Aisne. La loi Bo-
zérian serait donc la fameuse toile d'a-
raignée du proverbe athénien, qui n'ar-
rête que les moucherons, tandis que les
gros insectes volants passent au tra-
vers.
Remarquez, d ailleurs, que de pareils
incidents ne sont pas communs dans la
pratique électorale. Il y a quelques an-
nées, un fait à peu près semblable se
produisit en Corse, dans une élection
législative où M. Arène fut élu, n'ayant
pas vingt-cinq ans; l'élection fut annu-
lée. M. Arène fut élu de nouveau peu
de temps après dans les conditions lé-
gales, et rien cependant ne fut ébranlé
sur le sol de la République. Vous me
direz que ces fantaisies, quoique les
candidats y aient les électeurs pour
complices, sont irrégulières et blâma-
bles ; j'en tombe d'accord ; mais, d'autre
part, ceci ne détruit pas l'objection que
je présentais ci-dessus contre la propo-
sition Bozérian. Et puis enfin le mal est
aussi léger qu'il est rare. On peut objec-
ter encore que les électeurs ne se trou-
vent pas représentés durant l'intervalle
qui sépare l'annulation de l'élection
d'une convocation nouvelle. Je ne dis
pas non, mais c'est la conséquence iné-
vitable de toute annulation d'élection
quelconque, et, dans le cas spécial de
M. Sébline, les électeurs sénatoriaux de
l'Aisne auraient mauvaise grâce à se
plaindre, car ils savaient ce qu'ils fai-
saient, et ce qu'ils ont fait, ils l'ont bien
voulu.
Maintenant il se peut que quelque
lecteur trouve que je prends trop vive-
ment parti contre la proposition d'un
honorable sénateur animé des inten-
tions les plus louables. « Et quand on
la discuterait, cette proposition Bozé-
rian, quel mal cela ferait-il? » Je ne
prétends point que cela fera du mal en
soi, mais ce sera tout juste l'histoire du
soulier de lauvergnat : ça n'est pas
sale, mais ça tient de la place. Et, pour-
peu que l'on y songe un instant, on
trouvera que la remarque est juste, car
ce qui ralentit les travaux parlemen-
taires les plus intéressants, c'est Pen-
combrement de quantité de fadaises of-
ficiellement décorées du titre de propo-
sitions de loi. Au Sénat, on observe en
général plus de réserve qu'au Palais-
Bourbon, et les propositions du genre
de celle que je discute y sont assez rares;
mais à la Chambre il n'es t-pas, comme
on dit, fils de bonne mère..qui n'éprouve
le besoin de s'Illustrer en attachant son
nom à une proposition quelconque, gé-
néralement aussi mal étudiée que mal
présentée. Les commissions d'initiative
sont bonnes filles et ne refusent un rap-
port de prise en considération qu'aux
projets absolument baroques. La Cham-
bre, à mains levées, confirme les rap-
ports de ladite commission, sans doute
par esprit de politesse. Et alors ce n'est
pas seulement l'ordre du jour des séan-
ces publiques qui se trouve encombré
de cinquante questions qui n'y ont que
faire ; ce sont les commissions spéciales
quise multiplient dans des proportions
insensées, si bien qu'un seul député fait
souvent partie de sept ou huit commis-
sions à la fois, et que, par conséquent,
les commissions n'étant presque jamais
en nombre, on n'y travaille que peu ou
point, sans ordre et sans suite, sauf des
cas exceptionnels. Dans la commission
du budget même, pas plus tard que
l'an dernier, n'avons-nous pas vu, du
jour au lendemain, émettre des votes
absolument contradictoires parce que,
une partie des membres étant occupés
çà et là à d'autres affaires, la majorité
du mardi n'était plus la même que celle
du lundi ? C'est ainsi que l'on gâche la
besogne. Il faut donc éviter tout ce qui
fait perdre le temps. Eur,. LIÉ]IFRT.
EUG. LIÉBERT.
<
UNE FAUTE
Une élection législative a eu lieu di-
manche dernier dans Ille-et-Vilaine. Ceux
qui avaient souvenir du succès remporté
par les républicains au 4 et au 18 octobre
dernier et plus récemment au 14 février,
lorsque M. Le Hérissé fut élu sans concur-
rent, étaient en droit de considérer comme
certain que le candidat républicain l'em-
porterait dans la nouvelle élection sur son
compétiteur monarchiste. Il n'en a rien
été cependant et les journaux réaction-
naires, embouchant la trompêle, sonnent
déjà leurs plus joyeuses fanfares. A en-
tendre le Monde, l'imposante minorité du
4 octobre s'est changée en une impor-
tante majorité. « Le parti républicain est
vaincu. » — « C'est un véritable écrase-
ment pour les républicains ! » s'écrie le
Francais. Et le chœur de célébrer sur le
modé lyrique cette « éclatante victoire ».
Que le candidat conservateur soit élu,
c'est un fait indiscutable pour quiconque
a quelques notions d'arithmétique, et nous
ne prétendons pas le discuter. Mais les
causes de ce fait ne sont peut-être pas à
l'avantage des réactionnaires autant qu'on
voudrait le faire croire, et il n'est pas inu-
tile de les rechercher. Tout d'abord, il faut
constater que « l'imposante minorité du
4 octobre » n'a pas éprouvé les change-
ments annoncés par les feuilles monarchis-
tes. En octobre dernier, la liste monar-
chiste réunissait 59,500 voix. M. Carron en
a obtenu dimanche 57,500. Il y a donc eu
environ 2,000 abstentions parmi les monar-
chistes.
Mais, d'autre part, 14,000 électeurs qui
avaient voté pour la liste républicaine, en
octobre dernier, se sont abstenus avant-
hier. d'est à leur défection que le parti ré-
publicain est redevable de sa défaite. Ces
électeurs sont-ils en train d'accomplir une
évolution vers la droite? Rien ne permet
de le peuser, et les causes de leur indiffé-
rence électorale sont toutes différentes. La
responsabilité en incombe à quelques-uns
des députés du département qui ont op-
posé un non possumus inébranlable à la
candidature d'un républicain qui se pré-
sentait avec l'étiquette radicale. Ils ont af-
fecté de se désintéresser de l'élection; ils
ont fait dire et publier dans leurs journaux
qu'ils n'avaient pas de conseils à donner
au suffrage universel, et cela en termes
qui voulaient dire clairement qu'on invi-
tait les électeurs à s'abstenir.
Voilà comme certains membres de l'U-
nion des Gauches comprennent la politi-
que d'union. La leçon du 4 octobre est
déjà oubliée et, à la première occasion qui
se présente, il se trouve des républicains
pour retomber dans les fautes que nous
avons payées de la perte de cent sièges.
Nous admettons assurément - qu'il y ait
des nuances dans le parti républicain et
que toutes les candidatures ne donnent
pas également satisfaction à tout le monde.
S'il ny,avait pas de divergences, il serait
bien inutile de parler de concentration et
l'accord se ferait tout seul. C'est précisé-
ment, quand ces divergences se manifes-
tent et que les électeurs témoignent quel-
que hésitation à voter pour un candidat
qui ne leur agrée qu'imparfaitement que
les chefs du parti doivent intervenir et
rappeler le corps électoral à la stricte ob-
servation des principes d'union et de dis-
cipline. Qui donc, dans un département,
aurait plus d'autorité pour rallier les hési-
tants que ceux qui sont déjà. en possession
de la confiance publique, c'est-à-dire les
élus du suffrage universel? Ils jouissent
de cette confiance dans Ille-et-Vilaine et
la meilleure preuve, c'est que leurs con-
seils n'ont été que trop bien entendus. Le
parti réactionnaire n'a pas gagné une
seule voix. Néanmoins - il - l'emporte.
« Ce n'est qu'un siège perdu, dira-t-on
peut-être ; ce n'est pas une grosse affaire
et la majorité n'en sera pas affaiblie. »
Cela est vrai ; mais le même cas peut se
répéter dans d'autres départements. Des
républicains de nuances diverses peuvent,
par représailles, faire échec à un autre
candidat républicain et, pour le plaisir de
Satisfaire des rancunes particulières, mé-
-nager d'autres triomphes à la réaction. Si
bien qu'à continuer ainsi on arriverait
quelque jour à faire représenter à la
Chambre, par une majorité monarchiste,
un pays en majorité républicain.
Nous n'en sommes pas là, heureuse-
ment, et la « grande victoire » des réaction-
naires ne nous inspire aucune inquiétude;
mais elle nous donne l'occasion de mon-
trer aux républicains combien il est essen-
tiel d'en revenir résolument aux pratiques
de discipline et de concentration qui
avaient fait notre force depuis plusieurs
années, dont l'oubli a ranimé les espé-
rances du parti réactionnaire et qui peu-
vent seules assurer dans l'avenir notre
triomphe définitif. Nous voulons espérer
que cette nouvelle leçon ne sera pas per-
due.
-
M. René Goblet, ministre de l'instruc-
tion publique, a adressé au Temps la let-
tre suivante :
Paris, le 24 mai i886.
Monsieur le Directeur,
Je ne sais qui fournit au journal le Temps
des indiscrétions sur les délibérations du con-
seil des ministres.
Mais, bien que je n'aie pas l'habitude de
relever les appréciations injustes ou inexactes
dont je puis être l'objet, j'ai le devoir de vous
dire qu'en ce qui concerne la discussion du
projet de loi sur le recrutement vous avez été
absolument mal renseigné, tant sur le rôle
du ministre de la guerre que sur celui du mi-
nistre de l'instruction publique.
J'ai trop confiance dans votre loyauté pour
ne pas être convaincu que vous voudrez bien
tenir compte de cette rectification.
Agréez, monsieur le directeur, l'assurance
de mes sentiments distingués.
HRNÉ Goblet.
Voici le passage de l'information du
Temps qui est visé pàr la lettre de M. Go-
blet:
Le conseil s'est enfin occupé des disposi-
tions du projet de loi militaire du général
Boulanger, en ce qui concerne la situation
faite aux jeunes gens qui se vouent aux hau-
tes études.
Le ministre de l'instruction publique a de-
mandé un nouvel examen de cette partie du
projet et a insisté pour que, conformément
au vœu exprimé par le conseil général des
Facultés, le temps effectif du service miii-
litaire fût réduit à un an pour les jeunes gens
inscrits aux Facultés et Ecoles supérieures
de l'Etat.
Le ministre de la guerre n'a pas voulu con-
sentir à cette modification ; il a maintenu le
texte primitif de son projet, qui astreint à
deux ans de service les jeunes gens en ques-
tion, sous la condition de produire un diplôme
d'instruction militaire.
AFFAIRES DE GRÈCE
La circulaire de la Porte aux puissances
Constantinople, 23 mai. — Dans une circu-
laire aux puissances, la Porte réfute les allé-
gations de la Grèce d'après lesquelles les
troupes turques auraient tiré les premières.
La circulaire, après avoir démontré l'invrai-
semblance du fait, ajoute que, si la Grèce
fixe des dates pour le désarmement et le li-
cenciement de ses troupes, la Turquie s'em-
pressera de retirer ses propres forces aux
mêmes époques, pour les remettre sur le
pied de paix.
La Porte termine en exprimant le désir que
la question prenne fin le plus tôt possible.
Une nouvelle note de la Porte
Athènes, 2i mai, - Le représentant de la
Turquie a remisvhier une nouvelle note du
grand-vizir exprimant son étonnement que
les hostilités aient été reprise" après les as-
surances des deux gouvernements.
Cette note dit que la Porte a ordonné à
Evoub-Pacha de rester sur la défensive et
exprime le vœu que la Grèce prenne des me-
sures analogues.
L'entrevue des généraux des deux armées
doit avoir lieu à deux heures.
Pacification. — Renvoi des réserves.
Athènes, 24 mai. - La plupart des troupes
turques et des troupes grecques sont rentrées
dans leurs anciens cantonnement?.
Athènes, 24 mai. — Le Journal officiel pro-
mulgue le décret accordant aux volontaires
le droit de résilier leur engagement et pro-
nonçant le licenciement immédiat des ré-
serves des classes 1857 et 1858 et celui des
trois classes suivantes dans les huit jours.
Des mesures administratives règloront les
questions de détail.
LA VIE DE PARIS
J'imagine un étranger, cet Anglais voya-
geur que les écrivains du siècle dernier
prenaient volontiers pour compère de la
revue des mœurs de leur temps, ayant
été promener sa flânerie, dimanche,
sur les hauteurs du cimetière du Père-
Lachaise, d'où l'on a, d'ailleurs, une vue
admirable sur Paris. Il eût été étonné de
ce que nos mœurs politiques ont de vé-
ritablement bizarre. Tout d'abord, ce
sage n'eût pas manqué de remarquer,
pour peu qu'il ait suivi notre histoire
intérieure d'un peu près depuis vingt
ans, - ce que les étrangers font très
bien, - il eût remarqué, dis-je, que les
amis des communalistes de 1871 nous
ont demandé de voter l'amnistie pour ef-
facer le souvenir abominable de la
guerre civile, et que, dès l'amnistie vo-
tée, les communalistes ont instauré une
sorte de religion dont le culte célèbre
les plus détestables anniversaires. C'est
une de ces cérémonies qui a eu lieu di-
manche. Tout s'y est bien passé, si on
veut estimer que le désordre moral
n'est rien quand il n'engendre pas le dé-
sordre matériel. Donc, sous les arbres
frais et en face de la nature reverdie,
on a proclamé les beautés de la guerre
civile et caressé l'espoir de voir, un
jour proche, les citoyens de France
s'égorger entre eux. Mais, ceci dit, il
n'y a pas eu la moindre bousculade. Tout
a été en discours, prosopopées et tro-
pes de rhétorique, et, une fois encore,
la révolution n'est pas sortie des limites
de la littérature, où elle se complaît.
Notre voyageur eût encore appris
cette chose assez singulière : qu'il est
licite de demander dans un journal lu
par cent mille personnes la tête de cent
mille citoyens, mais qu'on tombe sous
le coup des lois si on exprime cette
opinion en promenant un morceau de
drap rouge que trois ou quatre mille
personnes verront à peine. Notez que
je ne blâme rien. Je constate, une fois
de plus, qu'avec le grand mot de droit
commun on n'est pas parvenu à ôter à
la presse une situation privilégiée. Ce
chiffon rouge, d'ailleurs, qu'il est interdit
de promener rue de la Roquette sous
les peines les plus sévères, on peut
librement l'étaler et le faire flotter au
vent dans l'enceinte d'un cimetière, et
il suffit qu'on soit entré dans le champ
de repos pour avoir le droit de faire du
tapage. Inconséquences, bizarreries, by-
zantinisme dont il ne faut pas se plain-
dre du reste, tant que les choses ne
tournent pas mal. Car notre pauvre
humanité vit de contradictions qui se
font contrepoids et l'harmonie sociale,
comme d'autres, est faite, de contrastes
et d'oppositions. 1
Mais, au milieu de ces désordres où
mon observateur eût pu remarquer que
les gens qui défeudent les lois par leur
métier et ceux qui font métier de tes
menacer se trouvaient placés, par un
compromis bien parisien, sur le pied
d'une touchante égalité, il s'est rencon-
tré — car tout arrive — un homme
qui a parlé une langue politique d'une
sagesse frappante. Cet homme, c'est un
révolutionnaire, M. Joffriu. Les révolu-
tionnaires des divers groupes - car les
groupes sont nombreux et les constella-
tions variées au ciel rouge de la Com-
mune — avaient eu recours à des pro-
cédés de collégiens pour montrer un
coin de drapeau rouge. Ils étaient en-
trés au cimetière sans bannières, portant
des couronnes sur des bâtons. Les cou-
ronnes déposées, ils ont sorti, qui de sa
poche profonde, qui d'un chapeau con-
sidérable, des morceaux d'étoffe rouge,
et ils les ont attachés sur des hampes.
Farce sans grandeur dont s'est indigné
M Joffrin. « Ce n'est pas subreptice-
ment, a-t-il dit, qu'un parti doit dé-
ployer son drapeau. Quand il le déploie,
il doit être en mesure de le défendre et
il ne doit pas s'exposer à voir ses en-
seignes consignées au poste voisin. »
En parlant ainsi, M. Joffrin a fait preuve
de beaucoup de bon sens et de beau-
coup de bon goût. Il a été dans la tra-
dition. Il a rappelé au sérieux des hom-
mes que la littérature et la gaminerie
parisiennes égarent constamment dans
la fantaisie.
La forme réglée et la périodicité qu'af-
fectent les cérémonies révolutionnaires
ne peuvent manquer de frapper les gens
attentifs. Les opinions les plus excen-
triques, laissées en toute liberté, tour-
nent à n'être plus que des hérésies, res-
pectées par le milieu qui ne les adopte
pas, comme il arrive en Amérique pour
les croyances singulières qui naissent
chaquejour. Encore a-t-on vu, ces temps
derniers, les révolutionnaires d'Améri-
que aux prises de la façon la plus grave
avec la police et la troupe. Une sorte de
brutalité, qui tient au pays l'a emporté
sur les usages tolérants de la liberté.
Chez nous, le parti révolutionnaire est
devenu une secte heureuse d'exister,
heureuse des banquets, des discours,
des cérémonies, des « fumisteries » fai-
tes à la police, de ses petits succès élec-
toraux (que nous avons faits), et qui ne
semble pas vouloir compromettre l'exer-
cice du droit de cité qu'elle a con-
quis. Ce que le cimetière du Père-La-
chaise a vu dimanche, c'est le désordre
discipliné et la fureur prudente.
Le socialisme révolutionnaire a ses
habitudes, ses chapelles, ses prébendes,
ses sinécures. Il se règle, se contient, et
ses chefs, comme tous les satisfaits,
ont perdu le bel enthousiasme de l'âge.
héroïque. Mme Michel a sa voiture qui
l'attend, sa journée faite, et l'inconnu,
ce grandiose et terrible inconnu des
temps d'autrefois, alors que dans cha-
que manifestation il y avait l'embryon
d'une révolution, n'existe plus. C'est
peut-être là une des preuves palpables
des bienfaits de la liberté. Les petits
ruisseaux, qu'on laisse couler tranquil-
lement, en leur donnant tout au plus un
peu de pente, ne trouvent pas d'obsta-
cle et ne deviennent pas torrents. La
cérémonie de la semaine sanglante finit
par être comme les messes solennelles
où l'on va par habitude, par curiosité,
ou pour témoigner d'une foi commode
qui ne vous demande plus de sacrifices.
HENRY FOUQUIER.
COULISSES PARLEMENTAIRES
La veille de la rentrée. — Les couloirs. — L'ex-
pulsion des princes. — Un projet de loi. —
La séance du 4 mars. — L'amendement Rivet.
— L'ordre du jour de Lanessan. — Une
phrase de M. de Freycinet. — La commis-
sion du budget. — La séance d'aujourd'lJui.-
L'ordre du jour de ia Chambre.
Les couloirs de la Chambre présentaient
hier une assez vive animation, — pour em-
ployer le cliché usuel. — Beaucoup de dépu-
tés sont encore dans leurs départements, mais
nous avons rencontré la plupart des membres
« influents » ou « importants » de la Cham-
bre. On pourrait même signaler la présence
de quelques sénateurs. Beaucoup de journa-
listes aussi.
Nous apercevons MM. CImenceau, Ranc,
Edouard Hervé, Rouvier, René Brice, Wilson,
Thomson, Etienne, Maurice Faure, etc.
En somme, une répétition générale sans
grand éclat d'ailleurs.
Le sujet de toutes les conversations, on s'en
doute, était l'expulsion des princes.
Si nous affirmions que le conseil des mi-
nistres ne s'est pas occupé de la question,
nous risquerions fort de nous attirer un dé-
menti de quelque confrère et cependant la
vérité est que le conseil d'hier — conseil de
cabinet — a servi à liquider les affaires cou-
rantes et à examiner les projets de loi qui se-
ront déposés sur le bureau des Chambres
tandis que la discussion des mesures à pren."
dre contre les prétendants, mesures récla-
mées par quelques-uns, était réservée pour
la réunion d'aujourd'hui, qui se tiendra &
l'Elysée sous la présidence de M. Jules Grévy.
Il était, en effet, impossible de trancher
une semblable affaire, difficile même de la
discuter, en dehors du premier magistrat de
la République. M. Grévy a, si nous sommes
bien informés, prié les ministres de ne s'oc-
cuper de la question des princes qu'en sa pré-
sence.
Chacun s'abordait néanmoins dans la salle
de la Paix avec cette même formule : « Qu'a
décidé le conseil ? »
La réponse unanime était celle-ci : « Les mi-
nistres ont juré le secret.» Le secret n'était
pas difficile à garder.
Les bruits les plus divers couraient au sujet
de l'attitude probable du cabinet. On affir-
mait notamment qu'un projet de loi serait
déposé à peu près analogue à l'amendoment
Barbey et à l'amendement Rivet. D'autres
soutenaient que la loi contiendrait purement
et simplement, après l'énoncé du droit supé-
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