Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-05-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 20 mai 1886 20 mai 1886
Description : 1886/05/20 (A17,N5245). 1886/05/20 (A17,N5245).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-septième année. — N* 5245
Prix du numéro à Paris : 15 centimes Départements : 20 centimes
Jeudi 20 mai 1886
I V YTYE CÏFPÏ V
JjJii Ai À UIJIIIJIJJJ
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
J'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue GadLet, 16
Directeur politique :
A.-EDOUARD PORTA LIS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois î 6 » »
Six mois. 32 »»
Un an. 62 ',
PARIS
Trois mois— 4 3 »»
Six mois, 2.*» >.»
Un ao. &o
Supplément p' l'Étranger < Europe) 1 tv. par trinifistpa
Les abo&seœ'-" parteut des 1" çt 15 du chaque mois
ADMINISTRATIF
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrâtes
16, rue Cadet, dLCS
EN VENTE A LONDRES
A la lilo î-air-i o j ©an
39, OLD COMPTON STREET (SOHO)
ET DANS SES SUCCURSALES
RÉGISSE uns D'ANNONCES:
MM. LAGRANGE, CERF ET C"
6, place de ia Bourse, 6
BULLETIN
Le Journal officiel a publié hier un dé-
cret portant nominations de juges de paix
et suppléants.
Le courrier de Chine, arrivé hier à Paris,
nous a apporté le texte de deux proclama-
tions adressées par M. Paul Bert à la po-
pulation française de l'Annam et du Ton-
kin et à l'armée d'occupation. On trouvera
plus loin ces documents.
La session parlementaire a été ouverte
hier en Grèce par le président du conseil,
M. Valvis.
Il paraît qu'en dépit des obstacles que
certains députés ont rencontrés pour se
rendre à Athènes la Chambre s'est trouvée
en nombre ; néanmoins la séance a été
levée après l'accomplissement des forma-
lités d'usage, et la Chambre s'est ajournée
à aujourd'hui. Elle procèdera à l'élection
du président. Ce n'est pas trop de vingt-qua-
tre heures pour se concerter sur les graves
résolutions à prendre.
L'ancienne majorité paraît disposée à
choisir M. Delyannis comme candidat ; ce-
pendant quelques tiraillements se sont
produits dans les rangs du parti ministé-
riel. On comprend de reste qu'il en soit
ainsi. Une manifestation de ce genre si-
gnifierait que la Chambre persiste dans la
politique belliqueuse inaugurée par M.
Delyannis et rendrait difficile une entente
avec les puissances.
Il est possible que M. Delyannis décline
l'offre qui lui sera faite et engage ses par-
tisans à voter pour M. Callifronas, qui ap-
partient au groupe de la majorité.
Quoi qu'il en soit, il paraît certain dès à
présent que M. Tricoupis, candidat de
l'opposition, n'a aucune chance.
Après l'élection du président, le gouver-
nement soumettra à la Chambre une pro-
position tendant à la démobilisation de
l'armée.
La question est de savoir quelle atti-
tude prendra la Chambre devant cette pro-
position. Les avis sur ce point sont par-
tagés.
D'après une dépêche du Times, le roi,
au cas où la proposition de désarmement
serait repoussée, offrirait au président de
la Chambre la mission de former un cabi-
net et urdonnerait la dissolution de l'as-
semblée.
D'après la correspondance du Daily
News, ce serait au contraire le cabinet
actuel qui procéderait à la dissolution de
la Chambre et à la démobilisation de l'ar-
mée. Entre ces deux versions sensible-
ment différentes, la seconde est la plus
vraisemblable. On conçoit difficilement
que M. Delyannis consente à prendre le
pouvoir dans les circonstances actuelles et,
tout en s'infligeant un démenti à lui-
même, éveille inutilement les suscepti-
bilités des puissances dans les circons-
tances pénibles que traverse la Grèce. Le
ministère actuel a assumé la responsabilité
du désarmement ; si la dissolution de la
Chambre est devenue indispensable, il est
naturel que cette tâche lui incombe.
Telle est la solution q Ji nous paraît in-
diquée par la logique des faits ; mais les
assemblées législatives obéissent quelque-
fois à leurs passions plutôt qu'à la raison.
Nous verrons bien si la Chambre helléni-
que se distingue par la sagesse de ses réso-
lutions.
Des bruits inquiétants ont été mis en
circulation par les journaux allemands au
sujet des relations entre la France et l'Al-
lemagne. Ces rumeurs ont pris naissance à
propos de l'augmentation des garnisons
d'Alsace-Lorraine. Il paraît certain que
l'administration militaire allemaude a le
projet de renforcer la cavalerie stationnée
sur le territoire du 15e corps d'armée et
qu'une demande de crédits supplémen-
taires sera déposée à cet effet auReichstag.
Faut-il conclure de là, comme le fait
avec sa mauvaise humeur accoutumée la
presse allemande, qu'un « refroidissement
sensible » s'est produit entre les cabinets
de Berlin et de Paris ? Le retour de M. de
Courcel a pu donner quelque semblant
de crédit à l'opinion des journaux alle-
mands; mais ce n'est qu'une apparence.
Il n'existe, quant à présent, aucun motif
le désaccord,encore moins de conflit, entre
l'Allemagne et la France. Les relations
entre les deux pays n'ont pas cessé d'être
ce qu'elles peuvent être, et il convient de
n'attacher qu'une importance relative aux
bruits qui ont pris naissance de l'autre
,ôté du Rhin.
LOUIS Hbnriqtjb.
.a*-
[NFORMATIONS PARTICULIERES
Déplacements ministériels
M. de La Porte, sous-secrétaire d'Etat aux
colonies, accompagné de M. Révoil, son chef
3e cabinet, partira vendredi soir pour le Havre
afin d'assister aux fêtes d'inauguration du
nouveau service des Transatlantiques qui au-
ront lieu samedi prochain dans cette ville.
Nous avons dit déjà que le ministre des pos-
tes et télégraphes y représenterait le gou-
vernement.
L'organisation du Congo
On sait que M. Savorgnan de Brazza, com-
missaire général du gouvernement français
au Congo, aura sous ses ordres un résident
général dont le siège sera sans doute à Libre-
ville.
C'est le doeteur Ballay qui sera vraisembla-
blement nommé résident général. Il aura
sous ses ordres un certain nombre de rési-
dents particuliers et de vice-résidents.
L'organisation du Congo et du Gabon né-
cessitera une dépense d'environ deux mil-
lions, c'est-à-dira 600,000 francs pour le Gabon
ît 1,400,000 francs pour le Congo.
Le rapport sur l'emprunt
M. Sadi Carnot, ministre des finances, sai-
sira la Chambre, dès la reprise des travaux
parlementaires, d'un rapport sur les opéra-
tions de l'emprunt de 500 millions qui a été
8mis le 10 mai.
Au ministère de l'intérieur
Le ministre de l'intérieur a reçu hier matin
les députés et sénateurs de la Corse, ainsi
que M. Laisant, député de la Seine.
M. Sarrien a également reçu les préfets de
rarn-et-Garonne, dès Hautes-Alpes, des Lan-
des, etc.
Au ministère des affaires étrangères
M. le comte de Mouy, ministre de France à
Athènes, arrivé hier à Paris, sera reçu au-
jourd'hui par M. de Freycinet.
M. le baron de Courcel, ambassadeur de
France à Berlin, arrivé cette nuit, aura égale-
ment une entrevue avec le ministre des af-
faires étrangères.
M. de Courcel ne rejoindra son poste que
dans la dernière semaine du mois prochain.
Droits sur les vins étrangers
On a dit que M. Sadi Carnot, ministre des
finances, avait l'intention de proposer une
augmentation des droits d'entrée sur les vins
étrangers.
Cette nouvelle a produit une assez vive
émotion chez les représentants en France
des grandes matsons vinicoles de l'étranger.
Hier matin, une commission composée de
MM. de Bellis, Olivero, Parilli et Sabino, a été
présentée à M. Lockroy par notre confrère M.
Lazzarini.
M. Lockroy a rassure la commission ita-
lienne sur les Intentions du gouvernement.
Il a dit que la question est actuellement sou-
mise a une commission d'étude près le mi-
nistère des finances; qu'elle est, en effet,
pour l'Italie d'une importance considérable,
et que, d'ailleurs, l'union économique de la
France et de l'Italie est désirable à divers
points de vue.
La commission italienne a 'remercié M.
Lockroy de ses bienveillantes assurances,
qui trouveront, a-t-elle dit, un écho sympa-
thique au delà des Alpes.
Un traité de commerce avec la Bolivie
On annonce l'arrivée à Paris de don Aniceto
Arce, ministre plénipotentiaire du gouverne-
ment bolivien, porteur d'un projet de traité
de commerce destiné à renouer nos relations
avec la Bolivie, interrompues depuis trente ans.
LA QUESTION DES PRINCES
La voilà remise sur le tapis, cette
question des princes, à la suite de la soi-
rée donnée l'autre jour par le comte de
Paris à l'occasion du mariage de sa fille.
Les journaux nous ont fait rénumération
de ceux qui assistaient à cette réception
et nos lecteurs se rappellent quelles ré-
flexions nous a inspirées la composition
de cette assistance. Il y avait là le même
monde de politiciens de canapé et d'oi-
sifs élégants qu'on voyait aux Tuileries,
à la fin de l'Empire, et qu'on a vu en-
suite à l'Elysée, chez le maréchal deMac-
Mahon; avec cela quelques artistes et
quelques hommes de lettres qu'on ne
fera jamais passer pour des conspira-
teurs, Arsène Houssaye par exemple;
enfin, le duc de Morny et M. Ju-
les Simon. Dans la rue, aucun ta-
page, absence complète de foule, pas
même de curieux. Quatre-vingts des as-
sistants, la plupart membres de la fa-
mille, ont été retenus à souper. Les au-
tres se sont retirés tranquillement sur
le coup de minuit et demi. Tout cela
n'était pas bien grave. Même avec la
meilleure volonté du monde, il était ma-
laisé de voir dans le verre d'eau sucrée,
ou même dans le souper offert par le
comte de Paris à un certain nombre de
ses amis, un danger pour la République.
Mais voilà qu'un rédacteur du Figaro,
M. Ph. de Grandlieu, s avise de recon-
naître dans M. Jules Simon, flanqué
du duc de Morny, de la marquise de
Galliffet, du baron de Rothschild et
des autres invités plus ou moins scep-
tiques du comte de Paris, « la France
croyante et monarchique, fortifiée dans
sa foi et ses espérances ». « On avait
là sous la main, ajoutait le rédacteur
du Figaro, que nous avons déjà cité
dans notre numéro de lundi dernier,
le personnel complet d'un grand gou-
vernement, avec ses princes, ses di-
plomates, ses pairs, ses députés, ses con-
seillers d'Etat, ses fonctionnaires, etc. »
Quand on comparait l'emphase de cet
article à la liste des invités du comte
de Paris, il y avait vraiment de quoi
rire ; mais quelques-uns de nos confrères
n'ont pas ri. La Lanterne s'est fâchée
tout rouge. Elle a publié un grand arti-
cle avec titre et sous-titres, donnant
comme nécessitée par l'intérêt de la Ré-
publique l'expulsion immédiate des prin-
ces. Nous nous attendions à trouver dans
ce réquisitoire quelques faits nouveaux,
de nature à justifier le réveil de cette
question qu'on croyait enterrée pour
quelque temps : notre attente a été trom-
pée. La Lanterne n'invoque aucun fait ;
toute sa bruyante argumentation est ba-
sée sur les quatre lignes écrites par le
solennel M. de Grandlieu dans le Figaro.
S'il n'avait pas plu à ce rédacteur de voir
dans les assistants de la soirée de la
rue de Varennes « le personnel d'un
vrai gouvernement », la question des
princes continuerait à sommeiller; mais,
du moment où il a vu cela, la Républi-
que est menacée. L'heure est venue
pour le gouvernement de se conformer
à l'ordre du jour voté par la Chambre
dans la séance du 6 mars dernier et
d'après lequel il est tenu de « prendre
contre les membres des familles qui
ont régné sur la France les mesures né-
cessitées par l'intérêt supérieur de la
République ».
Le Voltaire fait chorus avec la Lan-
terne. Dans un style qui, il faut le re-
connaître, ne le cède en rien sous le
rapport de la solennité à celui de M.
de Grandlieu, M. Germain Casse s'écrie :
qu' « il faut relever le gant qui nous est
jeté, il faut accepter le défi et ré-
pondre à cet acte d'audace (le verre
d'eau sucrée ou le souper?) par uneréso-
lution virile, qui fasse reculer les plus
entreprenants et rentrer dans l'ornière
les indécis. Je suis certain que le
gouvernement saura montrer qu'il com-
prend toute l'étendue de ses devoirs. »
Et, à l'appui de cette apostrophe, su-
perbe de virulence, quel argument
invoque M. Casse? Les deux lignes de
M. de Grandlieu, exactement comme la
Lanterne, ni plus ni moins. M. de Grand-
lieu peut être fier. Voilà qu'il suffit de
deux lignes de sa prose pour mettre en
émoi le parti républicain.
Combien naïfs étaient les braves gens
qui s'imaginaient que la Chambre allait,
dès la rentrée, se mettre sérieusement
à la besogne, ne plus s'attarder aux
discussions oiseuses et irritantes, voter
les lois utiles inscrites à son ordre du
jour et presser la discussion du bud-
get ! Ils comptaient sans les artisans
d'intrigues parlementaires qu'aucune
concession, aucune complaisance n'ont
jamais pu satisfaire et dont l'appé-
tit réclame périodiquement une nou-
velle crise ministérielle. Tous les moyens
leur sont bons pour faire de l'agitation
et pour créer au cabinet des - embarras,
même deux lignes du Figaro. Nous ai-
mons à croire que ni le gouvernement ni
la majorité républicaine ne se laisseront
prendre à ce nouveau piège. Si les princés
conspirent, qu'on les arrête, qu'on les
traduise devant les tribunaux, qu'on leur
applique en /lun mot ce droit commun
qu'on se fait si peu scrupule d'appliquer
à la presse, mais qu'on ne leur fasse
pas croire que nous avons peur d'eux,
qu'on ne leur donne pas l'auréole du
martyre et surtout qu'on ne vienne pas,
à propos d'un verre d'eau sucrée ou d'un
article de M. de Grandlieu, nous faire
la mauvaise plaisanterie de prétendre
que la République est en danger !
V A.-EDOUARD PORTALIS.
»
Les négociations de l'Autriche avec la
Roumanie pour la conclusion d'un traité
de commerce ont complètement échoué :
la Roumanie a refusé d'accorder à l'Au-
triche le traitement de la nation la plus
favorisée.
La Roumanie veut se créer une indus-
trie indépendante, et, pour y arriver, elle
compromet ses bonnes relations avec
l'Autriche; le fait, en lui-même, n'a qu'une
importance relative pour le lecteur fran-
çais ; mais, par une coïncidence fâcheuse,
la guerre de tarifs que se sont déclarée
les deux pays aura pour résultat de porter
atteinte à notre commerce d'exportation.
Le gouvernement roumain a invoqué,
pour motiver son refus, la nécessité où il
pourrait se trouver, en négociant un traité
de commerce avec la France, d'accorder à
celle-ci, pour certains articles, des tarifs
privilégiés qu'il ne saurait accorder à
l'Autriche, pour des produits similaires.
D'autre part, il a fait valoir que, s'il accor-
dait à l'Autriche le traitement de la na-
tion la plus favorisée, la France en profite-
rait indirectement. En effet, les mar-
chandises françaises importées en Rou-
manie passent presque toujours par
l'Autriche.
Ces marchandises sont des objets de
luxe qui supportent aisément les frais d'un
transport par voie de terre ; par contre,
les marchandises roumaines importées en
France sont des matières premières, des
produits qui ne peuvent supporter de gros
frais de transport, et elles sont expédiées
par mer, vid Braïla-Marseille. Si donc la
Roumanie dresse une barrière de droits de
douane entre elle et l'Autriche, nos mar-
chandises seront empêchées de - pénétrer
chez elle, tandis que ses produits conti-
nueront d'entrer librement chez nous.
C'est ainsi que notre commerce d'expor-
tation va être victime des mesures doua-
nières prises par la Roumanie contre l'Au-
triche.
La guerre de tarifs entre les deux pays
commencera le 1er juin.
A qui profitera-t-elle, — car la Rouma-
nie n'est pas encore en état de se sumre,
industriellement, à elle-même ? Elle profi-
tera à l'Allemagne qui a une porte grande
ouverte sur les marchés roumains. Il con-
vient d'ajouter que la Russie, qui ne né-
glige rien pour implanter son influence
dans la péninsule des Balkans, verra d'un
bon œil les relations politiques se refroi-
dir entre VAutriche et la Roumanie.
Proclamations de M. Paul Bert
A son arrivée au Tonkin, M. Paul Bert
a adressé les deux proclamations suivantes
à la population civile et à l'armée :
Aux Français de l'Annam et du Tonkin
Citoyens,
Chargé par le gouvernement de la Répu-
blique française de l'organisation de son pro-
tectorat sur l'Annam et le Tonkin, je fais ap-
pel à votre concours pour l'accomplissement
de cette œuvre de paix.
Les vertus guerrières de nos soldats ont ou-
vert à notre commerce et à notre industrie
un magnifique champ d'action. C'est à vous
qu'il appartient de 1 exploiter, pour le plus
grand bien de la France et de 1 Annam, dont
les intérêts sont désormais intimement et in-
dissolublement unis.
La bienveillance du gouvernement royal et
l'appui de mon administration sont acquis à
vos entreprises.
Je tiendrai à honneur non seulement de
vous assurer la sécurité, due à tous, mais de
vous aider par tous les moyens qu'autorisent
la justice et les traités.
A vous de faire, en vous aidant vous-mê-
mes, que tant de sacrifices consentis par la
patrie portent enfin leurs fruits * et que la
France récolte la moisson, qu'elle a fécondée
de son or et de son sang.
Vive la République!
Hanoï, le 8 avril 1886.
PAUL BERT,
Résident général en Annam et au Tonkin,
Membre de l'Institut.
Officiers, sous-officiers, soldats et marins,
Je vous apporte le salut affectueux et re-
connaissant de la patrie. Elle a souffert et
triomphé avec vous. Votre constance et
votre courage, que n'ont pu ébranler, à
4,000 lieues du sol sacré, ni les fatigues, ni
les combats, ni la maladie, l'ont émue et
enorgueillie. Elle a mis en vous sa confiance,
car vous vous êtes montrés et elle sait que
vous vous montrerez à la hauteur de tous les
devoirs.
Beaucoup d'entre vous vont revoir la terre
maternelle. Ils y recevront l'accueil mérité
par leurs vertus. Dans les villages" de Frânce
comme dans les douars d'Algérie, on attend
avec Impatience et l'on saluera avec respect
ceux qui Crilt affronté ensemble tant de périls
divers et mêlé fraternellement leur sang sur
les champs de bataille.
Ce sang et celui des morts glorieux n'aura
pas été versé en vain. Grâce à tant de sacri-
fices, la suprématie politique et morale de la
France est définitivement établie sur cette
terre si disputée. Les traités l'ont consacrée.
Vous avez bravement et utilement travaillé
pour la fortune et la grandeur de votre pays.
Sur ce sol même, un peuple honnête et la-
borieux vous devra la richesse qui suit la sé-
curité.
Car vos efforts héroïques ont pacifié ces
fertiles contrées. Cette paix, que votre pré-
sence assure, je l'emploierai à continuer
l'œuvre de réparation et d'organisatioa com-
mencée par les chefs qui avaient su vous con-
duire à la victoire.
Comme eux aussi, officiers, sous officiers,
soldats et marins, je me montrerai jaloux do
votre honneur et soucieux de votre bien-être.
Ma tâche sera facilitée par l'officier général
qui est appelé à me seconder, et dont vous
avez tous pu apprécier les éminentes qualités.
Quant à moi, par ma sollicitude et mon dé-
vouement pour vous, je veux me rendre di-
gne de l'honneur que m'a fait le gouverne-
ment de la République — honneur le plus
grand que j'aie reçu dans ma vie - en me
donnant le droit de vous parler au nom de la
France et de vous dire que vous avez bien
mérité d'elle.
Vive la République !
Hanoï, le 8 avril 1886.
Pi«L BERT,
Résident général en Annam et au Tonkin,
Membre de l'Institut.
———————————— ————————————
CHRONIQUE
Les spahis
Nous allons donc revoir à Paris des
spahis, ces cavaliers robustes dont le
manteau rouge ne peut guère laisser
les yeux indifférents, ces Arabes aux-
quels on a, Dieu merci 1 laissé un cos-
tume digne de leur plastique fierté. En
même temps que leurs noms sonores,
gardés intacts depuis des siècles, ils
vont apporter ici, dans les plis de leur
burnous éclatant, une évocation de
l'Afrique, de cette Afrique dont on a
toujours un peu la nostalgie, quand on
a vécu sous son ciel unique !
Quand nous assisterons aux prouesses
de témérité auxquelles ils vont se li-
vrer au carrousel du Champ-de-Mars,
plus d.'un Parisien ti.
plus d'un Parisien très sceptique se sen-
tira peut-être une petite émotion au
cœur. Eh ! ma foi, pourquoi ne pas
être un peu chauvin? « Ils n'en ont pas
en Angleterre, » dit une vieille chanson
railleuse qui célèbre nos vins couleur de
rubis. En regardant défiler ces soldats
au teint brûlé, nous pourrons nous
écrier : « Ils n'en ont pas. là-bas ! »
Je les ai vus de près, les spahis; j'ai
vécu avec eux, deux mois durant, dans
leurs bordjs d'Algérie, et dans cette
smala d'Aïn Guettar où, au point extrême
de nos possession, ils faisaient bonne
garde. Comment oublier le pittoresque
décor de leur camp, au bas du fort, avec
les tentes zébrées qui s'étendaient, et
les sloughis vigilants, aboyant au moin-
dre bruit de pas, et qu'on ne faisait taire
qu'en feignant de ramasser un caillou?
Et ce ciel, surtout, ce ciel qui reste dans
les yeux, donnant un relief prodigieux
aux choses, et qui produit une sorte de
griserie ?
De la terrasse du bordj, je suivais leurs
fantastiques exercices. Rien ne leur
semble impossible! Un de leurs jeux
consiste à lancer leur cheval au grand
galop : brusquement, ils l'arrêtent, ils le
font se coucher devant eux et, protégés
par ce rempart vivant, ils se mettent en
tirailleurs. Puis, lorsque l'ennemi sup-
posé arrive sur eux, ils remontent en
selle, d'un bond, et chargent à leur tour
avec une furie î.
Comment, aux premiers temps des
guerres d'Afrique, n'eussent-ils pas ins-
piré aux esprits aventureux le désir
éperdu de les suivre, ces spahis auda-
cieux, irrésistiblement beaux sous leur
uniforme oriental? Et des esprits d'élite
les suivirent en effet, ce Paul de Mo-
lènes entre autres, « ce chevalier du
moyen âge tombé dans notre temps»,
qui, selon le mot de Barbey d'Aure-
villy, aima la guerre comme on aime
une femme.
« Plus je vais, écrivait-il un jour,
plus je me sens au cœur appétit bizarre
de dangers, secrète envie de sentir en-
core le fer ou le plomb ouvrir mes
veines. »
Que de belles légendes militaires au-
tour de ce corps des spahis ! C'est d'a-
bord Yousouf, le romanesque Yousouf.
Un jour, à Constantine, ses hommes,
s'étant mutinés, avaient formé le projet
de le tuer. Instruit de ce qui se passait,
il leur annonça que, à leur tête, il allait
faire une sortie.
Il ordonne, en effet, d'abaisser le
pont-levis. Quand on a franchi les gla-
cis, il se retourne vers ses soldats.
-* Je sais, dit-il tranquillement, que
vous avez résolu de m'assassiner. Eh
bien, voici le moment propice ; frappez
donc!
Son sang-froid déconcerte les conju-
rés. Alors Yousouf s'approche de l'un
d'eux : « Eh quoi 1 toi, le grand me-
neur, tu restes impassible ? Tu ne don-
nes pas à tes camarades le signal de
l'attaque? Puisqu'il en est ainsi, c'est
moi qui vais commencer ! »
Et, d'un coup de pistolet, il lui fra-
casse la tête. Puis il jette l'arme, tire
son sabre et s'écrie : « Maintenant, à
l'ennemi! »
Deux heures après, il rentrait à Cons-
tantine avec cent prisonniers ennemis,
et ses hommes, ceux-là mêmes qui
avaient songé à se défaire de lu.i, em-
brassaient les plis de son manteau.
Un officier qui a laissé un renom im-
périssable aux spahis, c'est le colonel
Marey-Monge.
Les Arabes tremblaient devant lui ; il
n'avait à se reprocher, cependant, au-
cune cruauté, aucune violence ; mais,
pour eux, il incarnait la justice même.
Ceux qui ont commandé les spahis
ne les oublient pas. Une belle page de
notre histoire d'Afrique, qui eût de-
mandé à être illustrée par l'art, est la
mort du général Bouscaren.
A l'assaut de Laghouat, il se condui-
sit comme un simple soldat, mettant la
main à la pâte, comme on dit, et em-
porté par un furieux besoin de sabrer
en personne. Et, en effet, jetant sa fra-
gile épée de commandement, il avait
ramassé un long sabre qu'il rougissait
de sang. Il allait, il allait, pris d'une hé-
roïque folie, se retrouvant jeune comme
au temps de ses débuts snr le sol algé-
rien, entrainant son cheval à grands
coups d'éperon, les rênes entre ses
dents, pour avoir les deux mains libres.
Il était impossible qu'une balle ne vint
pas l'atteindre : il fut blessé, blessé à
mort.
On le transporta à l'ambulance et,
comme le chirurgien s'approchait de lui,
il lui demanda simplement :
— Ça y est?
Le médecin fit un signe douloureux
d'assentiment, car Bouscaren était de
ceux qu'on ne trompe pas, même par un
pieux mensonge.
Alors ce soldat, devant le lit duquel
on pleurait, eut une idée d'une crânerie
singulière. Il se fit habiller en spahi,
comme alors qu'il commandait le troi-
sième régiment, et c'est ainsi qu'il at-
tendit la fin, enveloppé dans son rouge
caban, dans le bel uniforme qu'il n'avait
quitté qu'avec regret, même pour les
étoiles de général. Il demanda une pipe
turque et il en tira une bouffée.
On les a retrouvés partout, les spahis,
en Italie, au Mexique, — et à Paris
où, resté dans la ville assiégée, un es-
cadron fit merveille. Comme ils grelo-
taient, cependant, les pauvres Arabes,
par ces froids horribles de décembre et
de janvier! Et au Tonkin!. Cela, c'est
l'histoire d'hier !
Dans la province de Constantine, il y
a un officier indigène de spahis célèbre :
c'est Ben-Dris. Il s'est fait naturaliser,
et il est capitaine. Il commandait, quand
je le rencontrai, la smala d'El-Meridj.
Si jamais j'ai regretté de n'être pas
peintre, c'est bien ce jour-là. Cette tête
expressive incarne la plus froide bra-
voure, et on lit sur son visage un poème
d'aventures.
Des aventures ! Il y en a encore à cou-
rir, autant qu'on en peut souhaiter, sur
cette terre attirante d'Afrique, à trois
jours du boulevard. Les spahis qui vont
arriver nous en apportent la vision et le
rêve !
PAUL GINISTY.
COULISSES P ARLEIENT AIRES
La commission du budget — L'arbitrage
et les grèves
La commission du budget s'est réunie hier
à deux heures sous la présidence de M. Rou-
vier. i4 membres sur 33 assistaient à la déli-
bération.
Les présidents des trois sous-commissions
ont rendu compte à la commission des tra-
vaux des rapporteurs provisoires.
Ces rapports ne seront définitivement ter-
minés que dans deux ou trois jours.
La commission s'est ensuite séparée en
s'ajournant à samedi pour prendre communi-
cation des rapports de MM. Burdeau sur le
budget de l'instruction publique et Andrieux
sur le budget des cultes.
M. Andrieux aura aujourd'hui une entrevue
avec le directeur des cultes.
A l'issue de la séance de la commission, la
première sous-commission a tenu une courte
séance dans laquelle M. Camille Dreyfus a
continué l'exposé de son rapport sur le bud-
get des finances.
M. Edouard Lockroy, ministre du commerce
et de l'industrie, élabore en ce moment un
projet de loi instituant l'arbitrage dans le but
de prévenir autant que possible les conflits
entre patrons et ouvriers. M. Lockroy s'est
inspiré pour la confection de ce projet des di-
verses législations étrangères, et particuliè-
ment de la législation anglaise, qu'il est allé
étudier sur place,il y a quelques jours, et au
sujet de laquelle il s'est entretenu avec plu-
sieurs hommes d'Etat anglais compétents
dans la matière.
Le projet de loi en question, à l'exemple
des lois étrangères, n'institue aucune sanc-
tion ; il trace une procédure simple et a sur-
tout pour objet d introduire et d'acclimater
chez nous la pratique de l'arbitrage, si effi-
cace en Angleterre.
Ce projet de loi, qui comporte environ six
articles, sera déposé, à la rentrée, sur le bu-
reau de la Chambre.
AFFAIRES DE GRÈCE
Ouverture de la session extraordinaire. — La
candidature de M. Delyannis. — La formation
d'un cabinet.
Athènes, 19 mai, midi. — L'élection du pré-
sident de la Chambre étant une question
d'une haute gravité, puisqu'elle doit indi-
quer les idées de la majorité, a été ajournée
à demain matin dix heures.
Les partisans de M. Delyannis l'ont choisi
comme candidat. Los partisans de M.Tricoupis
n'ont point encore désigné le leur.
On croit que M. Delyannis accepterait de
former un ministère de démobilisation, si la
Chambre lui maintenait sa confiance.
Les députés qui ont pris la parole pendant
la séance de la Chambre ont fait ressortir, en
termes modérés, la nécessité de mettre un
terme à la situation actuelle par la prompte
constitution d'un cabinet, immédiatement
après l'élection du président de la Chambre.
Les organes du parti Tricoupis ne croient
pas possible le retour de M. Delyannis au
pouvoir.
Il y a des tiraillements dans lès rangs de
l'anen parti ministériel. Cependant,, à teams
de défections possibles au dernier moment, la
candidature de M. Delyannis paraît devoir
l'emporter sur celle de M. Tricoupis.
Le ministère de la guerre prend des disposi-
tions pour ramener l'armée sur le pied de
paix.
Les navires formant le blocus ont saisi un
grand nombre de petits voiliers qu'ils ont con-
duits à MUo ou à Skiatos.
Le blocus de la flotte autrichienne
Vienne, 19 mai. — En réponse aux plaintes
que la Grèce lui a adressées, le gouvernement
austro-hongrois prétend que les navires im-
périaux avaient l'ordre d'observer simplement
les règles ordinaires des blocus. Quant aux
questions de détail, il appartenait à l'amiral
britannique de les régler, en sa qualité de
commandant en chef des Hottes alliées.
Du reste, il est établi que les nouvelles, de
source grecque, qui présentent la famine
comme imminente et dans les îles et sur la
côte, sont entachées d'exagération.
La paix en Orient
La Gazette de l'Allemagne du Nord estime
que la paix en Orient est désormais à l'abri
des troubles qu'aurait pu créer le chauvi-
nisme hellénique.
Pour la Gazette, il n'y a pas à craindre que
la Chambre se re j ettne aa nps as à craindre que
la Chambre se rejette dans la politique d'à
ventures de M. Delyannis.
En Crète
La Canée; 19 mai. — L'Assemblée crétoise
a voté une adresse aux consuls étrangers
pour affirmer qu'elle restera soumise aux
lois de la Sublime-Porte.
L'adresse exprime l'espoir que la Porte
tiendra compte à la Crète de son attitude et
augmentera ses privilèges.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
Le bill irlandais à la Chambre des commu-
nes. — Le marquis de Hartington à Brad-
ford. — Dénégations du marquis de Salis-
bury.
Londres, 18 mai. — La Chambre décide do
consacrer à la discussion du bill Irlandais
quatre jours par semaine.
M. Gladstone ayant proposé que le débat
sur la seconde lecture ait le pas sur toutes
les autres affaires, les mardis et les vendredis,
sir M. Beach demande quand sera terminée la
discussion. 1
M. Gladstone croit qu'elle occupera encore
la plus grande partie de la semaine pro-,
chaîne.
M. Shaw Lefèvre reprend le débat et de-
mande la seconde lecture.
L'orateur conclut en exprimant l'espoir que
l'adoption du bill développera les forces vraies
du pays.
Ce discours a été fréquemment applaudi
sur le3 bancs ministériels et sur ceux des par-
nellistes.
M. Chaplin prend la parole.
Il ne partage pas la manière de voir du
marquis de Salisbury au sujet d'une politique
basée sur des mesures coercitives pendant
vingt ans.
La question irlandaise demande une solu-
tion immédiate, mais le bill proposé par M.
Gladstone ne la résout pas définitivement.
M. Labouchère défend le bill. il proposa
qu'il soit voté en seconde lecture, puis en-
suite retiré.
M. Sullivan parle en faveur du bill et M.
Hambury le combat.
M. Playfair, en défendant le bill, fait obser-
ver que, si l'on proposait de voter l'autonomie
de l'Irlande, il n'y a pas trente libéraux à la
Chambre qui voteraient contre,
M. Elliot parle contre le bill.
La discussion est renvoyée à jeudi.
Londres, 19 mai. — Le marquis de Harting-
ton a pris la parole dans un grand meeting
autonomiste tenu hier soir à Bradford. Il a sou-
tenu que les projets du gouvernement relatifs
a l'Irlande étaient réprouvés par le pays et la
grande majorité du parti libéral, lequel ne
pouvait s'engager à donner son approbation à
un principe, c'est-à-dire à une résolution
abstraite, sans connaître les détails d'applica-
tion.
Londres, 19 mai. — Dans un grand meeting
tenu cette après-midi par la Primrose League,
le marquis de Salisbury a démenti certaines
paroles qu'on lui a prêtées : il n'est pas exact
qu'il ait recommandé d'user de mesures coer-
citives pendant vingt ans à l'égard de l'Irlande;
il n'est pas exact qu'il ait dit qu'il fallait faci-
liter, au moyen d'argent, l'émigration d'un
million d'Irlandais.
En Irlande
Londres, 19 mai. — Le correspondant de
l'Irish-Times annonce que le 9° régiment de
la milice de New-York, corps exclusivement
irlandais, a offert à la Ligue nationale de se
mettre entièrement à sa disposition pour
combattre les orangistes en cas de soulève-
ment dans l'Ulster.
Dublin, 19 mai. — La Ligue nationale a
tenu hier an meeting dans Sackvllle-Street.
M. Michaël Davitt présidait. ,
M. Davitt dit que, prenant en considération
la crise que traverse l'Irlande, la conduite du
peuple est admirable. Il ne craint pas que
M. Gladstone cède aux menaces de M. Cham-
berlain, car M. Gladstone sait bien que M.
Parnell et ses collègues et, derrière eux, les
Irlandais, ne souscriront jamais à un projet
de fédération. Le home rule ne permettra
pas qu'une province soit séparée du reste
de l'Irlande. On combattra plutôt, s'il le faut,
pendant une autre génération.
Le roi d Espagne
Madrid, 18 mai. — Les sénateurs ont prêté
serment sous la formule suivante :
« Rien n'étant encore décidé au sujet du
nom du nouveau roi, nous jurons fidélité et
obéissance au roi d'Espagne, successeur d'Al-
phonse XII. »
Madrid, 19 mai. — Le baptême du jeune roi
est fixé à samedi ; le roi recevra probable-
ment le nom de Ferdinand-Alphonse, mais la
reine n'a pas encore pris de décision défini-
tive à ce sujet.
Les intrigues carlistes
On mande de Madrid au Daily News:
« Depuis quelques jours, le gouvernement
espagnol est sur la trace de certaines intri-
gues républicaines et carlistes qui permet-
traient de craindre que l'ordre ne fût troublé
à l'occasion des couches de la reine. Ordre a
été donné aux autorités civiles et militaires
de redoubler de vigilance, particulièrement
dans le nord de l'Espagne.
» Les dépêches de Madrid ont été soumises à
une surveillance rigoureuse, de peur que l'on
n'envoyât dans les provinces un signal secret.
Si les carlistes prennent les armes, tous les
éléments démocratiques et libéraux se grou-
peront autour de la reine. »
On mande de Paris au même journal :
« Les chefs carlistes qui demeurent ici ont
tenu une réunion afin d'organiser, en Suisse
ou en Belgique, une assemblée à laquelle don
Carlos prendrait part. »
Venise, 19 mai. — Le journal catholique la
Dil-a" annonce le départ de don Carlos.
Prix du numéro à Paris : 15 centimes Départements : 20 centimes
Jeudi 20 mai 1886
I V YTYE CÏFPÏ V
JjJii Ai À UIJIIIJIJJJ
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
J'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue GadLet, 16
Directeur politique :
A.-EDOUARD PORTA LIS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
Trois mois î 6 » »
Six mois. 32 »»
Un an. 62 ',
PARIS
Trois mois— 4 3 »»
Six mois, 2.*» >.»
Un ao. &o
Supplément p' l'Étranger < Europe) 1 tv. par trinifistpa
Les abo&seœ'-" parteut des 1" çt 15 du chaque mois
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39, OLD COMPTON STREET (SOHO)
ET DANS SES SUCCURSALES
RÉGISSE uns D'ANNONCES:
MM. LAGRANGE, CERF ET C"
6, place de ia Bourse, 6
BULLETIN
Le Journal officiel a publié hier un dé-
cret portant nominations de juges de paix
et suppléants.
Le courrier de Chine, arrivé hier à Paris,
nous a apporté le texte de deux proclama-
tions adressées par M. Paul Bert à la po-
pulation française de l'Annam et du Ton-
kin et à l'armée d'occupation. On trouvera
plus loin ces documents.
La session parlementaire a été ouverte
hier en Grèce par le président du conseil,
M. Valvis.
Il paraît qu'en dépit des obstacles que
certains députés ont rencontrés pour se
rendre à Athènes la Chambre s'est trouvée
en nombre ; néanmoins la séance a été
levée après l'accomplissement des forma-
lités d'usage, et la Chambre s'est ajournée
à aujourd'hui. Elle procèdera à l'élection
du président. Ce n'est pas trop de vingt-qua-
tre heures pour se concerter sur les graves
résolutions à prendre.
L'ancienne majorité paraît disposée à
choisir M. Delyannis comme candidat ; ce-
pendant quelques tiraillements se sont
produits dans les rangs du parti ministé-
riel. On comprend de reste qu'il en soit
ainsi. Une manifestation de ce genre si-
gnifierait que la Chambre persiste dans la
politique belliqueuse inaugurée par M.
Delyannis et rendrait difficile une entente
avec les puissances.
Il est possible que M. Delyannis décline
l'offre qui lui sera faite et engage ses par-
tisans à voter pour M. Callifronas, qui ap-
partient au groupe de la majorité.
Quoi qu'il en soit, il paraît certain dès à
présent que M. Tricoupis, candidat de
l'opposition, n'a aucune chance.
Après l'élection du président, le gouver-
nement soumettra à la Chambre une pro-
position tendant à la démobilisation de
l'armée.
La question est de savoir quelle atti-
tude prendra la Chambre devant cette pro-
position. Les avis sur ce point sont par-
tagés.
D'après une dépêche du Times, le roi,
au cas où la proposition de désarmement
serait repoussée, offrirait au président de
la Chambre la mission de former un cabi-
net et urdonnerait la dissolution de l'as-
semblée.
D'après la correspondance du Daily
News, ce serait au contraire le cabinet
actuel qui procéderait à la dissolution de
la Chambre et à la démobilisation de l'ar-
mée. Entre ces deux versions sensible-
ment différentes, la seconde est la plus
vraisemblable. On conçoit difficilement
que M. Delyannis consente à prendre le
pouvoir dans les circonstances actuelles et,
tout en s'infligeant un démenti à lui-
même, éveille inutilement les suscepti-
bilités des puissances dans les circons-
tances pénibles que traverse la Grèce. Le
ministère actuel a assumé la responsabilité
du désarmement ; si la dissolution de la
Chambre est devenue indispensable, il est
naturel que cette tâche lui incombe.
Telle est la solution q Ji nous paraît in-
diquée par la logique des faits ; mais les
assemblées législatives obéissent quelque-
fois à leurs passions plutôt qu'à la raison.
Nous verrons bien si la Chambre helléni-
que se distingue par la sagesse de ses réso-
lutions.
Des bruits inquiétants ont été mis en
circulation par les journaux allemands au
sujet des relations entre la France et l'Al-
lemagne. Ces rumeurs ont pris naissance à
propos de l'augmentation des garnisons
d'Alsace-Lorraine. Il paraît certain que
l'administration militaire allemaude a le
projet de renforcer la cavalerie stationnée
sur le territoire du 15e corps d'armée et
qu'une demande de crédits supplémen-
taires sera déposée à cet effet auReichstag.
Faut-il conclure de là, comme le fait
avec sa mauvaise humeur accoutumée la
presse allemande, qu'un « refroidissement
sensible » s'est produit entre les cabinets
de Berlin et de Paris ? Le retour de M. de
Courcel a pu donner quelque semblant
de crédit à l'opinion des journaux alle-
mands; mais ce n'est qu'une apparence.
Il n'existe, quant à présent, aucun motif
le désaccord,encore moins de conflit, entre
l'Allemagne et la France. Les relations
entre les deux pays n'ont pas cessé d'être
ce qu'elles peuvent être, et il convient de
n'attacher qu'une importance relative aux
bruits qui ont pris naissance de l'autre
,ôté du Rhin.
LOUIS Hbnriqtjb.
.a*-
[NFORMATIONS PARTICULIERES
Déplacements ministériels
M. de La Porte, sous-secrétaire d'Etat aux
colonies, accompagné de M. Révoil, son chef
3e cabinet, partira vendredi soir pour le Havre
afin d'assister aux fêtes d'inauguration du
nouveau service des Transatlantiques qui au-
ront lieu samedi prochain dans cette ville.
Nous avons dit déjà que le ministre des pos-
tes et télégraphes y représenterait le gou-
vernement.
L'organisation du Congo
On sait que M. Savorgnan de Brazza, com-
missaire général du gouvernement français
au Congo, aura sous ses ordres un résident
général dont le siège sera sans doute à Libre-
ville.
C'est le doeteur Ballay qui sera vraisembla-
blement nommé résident général. Il aura
sous ses ordres un certain nombre de rési-
dents particuliers et de vice-résidents.
L'organisation du Congo et du Gabon né-
cessitera une dépense d'environ deux mil-
lions, c'est-à-dira 600,000 francs pour le Gabon
ît 1,400,000 francs pour le Congo.
Le rapport sur l'emprunt
M. Sadi Carnot, ministre des finances, sai-
sira la Chambre, dès la reprise des travaux
parlementaires, d'un rapport sur les opéra-
tions de l'emprunt de 500 millions qui a été
8mis le 10 mai.
Au ministère de l'intérieur
Le ministre de l'intérieur a reçu hier matin
les députés et sénateurs de la Corse, ainsi
que M. Laisant, député de la Seine.
M. Sarrien a également reçu les préfets de
rarn-et-Garonne, dès Hautes-Alpes, des Lan-
des, etc.
Au ministère des affaires étrangères
M. le comte de Mouy, ministre de France à
Athènes, arrivé hier à Paris, sera reçu au-
jourd'hui par M. de Freycinet.
M. le baron de Courcel, ambassadeur de
France à Berlin, arrivé cette nuit, aura égale-
ment une entrevue avec le ministre des af-
faires étrangères.
M. de Courcel ne rejoindra son poste que
dans la dernière semaine du mois prochain.
Droits sur les vins étrangers
On a dit que M. Sadi Carnot, ministre des
finances, avait l'intention de proposer une
augmentation des droits d'entrée sur les vins
étrangers.
Cette nouvelle a produit une assez vive
émotion chez les représentants en France
des grandes matsons vinicoles de l'étranger.
Hier matin, une commission composée de
MM. de Bellis, Olivero, Parilli et Sabino, a été
présentée à M. Lockroy par notre confrère M.
Lazzarini.
M. Lockroy a rassure la commission ita-
lienne sur les Intentions du gouvernement.
Il a dit que la question est actuellement sou-
mise a une commission d'étude près le mi-
nistère des finances; qu'elle est, en effet,
pour l'Italie d'une importance considérable,
et que, d'ailleurs, l'union économique de la
France et de l'Italie est désirable à divers
points de vue.
La commission italienne a 'remercié M.
Lockroy de ses bienveillantes assurances,
qui trouveront, a-t-elle dit, un écho sympa-
thique au delà des Alpes.
Un traité de commerce avec la Bolivie
On annonce l'arrivée à Paris de don Aniceto
Arce, ministre plénipotentiaire du gouverne-
ment bolivien, porteur d'un projet de traité
de commerce destiné à renouer nos relations
avec la Bolivie, interrompues depuis trente ans.
LA QUESTION DES PRINCES
La voilà remise sur le tapis, cette
question des princes, à la suite de la soi-
rée donnée l'autre jour par le comte de
Paris à l'occasion du mariage de sa fille.
Les journaux nous ont fait rénumération
de ceux qui assistaient à cette réception
et nos lecteurs se rappellent quelles ré-
flexions nous a inspirées la composition
de cette assistance. Il y avait là le même
monde de politiciens de canapé et d'oi-
sifs élégants qu'on voyait aux Tuileries,
à la fin de l'Empire, et qu'on a vu en-
suite à l'Elysée, chez le maréchal deMac-
Mahon; avec cela quelques artistes et
quelques hommes de lettres qu'on ne
fera jamais passer pour des conspira-
teurs, Arsène Houssaye par exemple;
enfin, le duc de Morny et M. Ju-
les Simon. Dans la rue, aucun ta-
page, absence complète de foule, pas
même de curieux. Quatre-vingts des as-
sistants, la plupart membres de la fa-
mille, ont été retenus à souper. Les au-
tres se sont retirés tranquillement sur
le coup de minuit et demi. Tout cela
n'était pas bien grave. Même avec la
meilleure volonté du monde, il était ma-
laisé de voir dans le verre d'eau sucrée,
ou même dans le souper offert par le
comte de Paris à un certain nombre de
ses amis, un danger pour la République.
Mais voilà qu'un rédacteur du Figaro,
M. Ph. de Grandlieu, s avise de recon-
naître dans M. Jules Simon, flanqué
du duc de Morny, de la marquise de
Galliffet, du baron de Rothschild et
des autres invités plus ou moins scep-
tiques du comte de Paris, « la France
croyante et monarchique, fortifiée dans
sa foi et ses espérances ». « On avait
là sous la main, ajoutait le rédacteur
du Figaro, que nous avons déjà cité
dans notre numéro de lundi dernier,
le personnel complet d'un grand gou-
vernement, avec ses princes, ses di-
plomates, ses pairs, ses députés, ses con-
seillers d'Etat, ses fonctionnaires, etc. »
Quand on comparait l'emphase de cet
article à la liste des invités du comte
de Paris, il y avait vraiment de quoi
rire ; mais quelques-uns de nos confrères
n'ont pas ri. La Lanterne s'est fâchée
tout rouge. Elle a publié un grand arti-
cle avec titre et sous-titres, donnant
comme nécessitée par l'intérêt de la Ré-
publique l'expulsion immédiate des prin-
ces. Nous nous attendions à trouver dans
ce réquisitoire quelques faits nouveaux,
de nature à justifier le réveil de cette
question qu'on croyait enterrée pour
quelque temps : notre attente a été trom-
pée. La Lanterne n'invoque aucun fait ;
toute sa bruyante argumentation est ba-
sée sur les quatre lignes écrites par le
solennel M. de Grandlieu dans le Figaro.
S'il n'avait pas plu à ce rédacteur de voir
dans les assistants de la soirée de la
rue de Varennes « le personnel d'un
vrai gouvernement », la question des
princes continuerait à sommeiller; mais,
du moment où il a vu cela, la Républi-
que est menacée. L'heure est venue
pour le gouvernement de se conformer
à l'ordre du jour voté par la Chambre
dans la séance du 6 mars dernier et
d'après lequel il est tenu de « prendre
contre les membres des familles qui
ont régné sur la France les mesures né-
cessitées par l'intérêt supérieur de la
République ».
Le Voltaire fait chorus avec la Lan-
terne. Dans un style qui, il faut le re-
connaître, ne le cède en rien sous le
rapport de la solennité à celui de M.
de Grandlieu, M. Germain Casse s'écrie :
qu' « il faut relever le gant qui nous est
jeté, il faut accepter le défi et ré-
pondre à cet acte d'audace (le verre
d'eau sucrée ou le souper?) par uneréso-
lution virile, qui fasse reculer les plus
entreprenants et rentrer dans l'ornière
les indécis. Je suis certain que le
gouvernement saura montrer qu'il com-
prend toute l'étendue de ses devoirs. »
Et, à l'appui de cette apostrophe, su-
perbe de virulence, quel argument
invoque M. Casse? Les deux lignes de
M. de Grandlieu, exactement comme la
Lanterne, ni plus ni moins. M. de Grand-
lieu peut être fier. Voilà qu'il suffit de
deux lignes de sa prose pour mettre en
émoi le parti républicain.
Combien naïfs étaient les braves gens
qui s'imaginaient que la Chambre allait,
dès la rentrée, se mettre sérieusement
à la besogne, ne plus s'attarder aux
discussions oiseuses et irritantes, voter
les lois utiles inscrites à son ordre du
jour et presser la discussion du bud-
get ! Ils comptaient sans les artisans
d'intrigues parlementaires qu'aucune
concession, aucune complaisance n'ont
jamais pu satisfaire et dont l'appé-
tit réclame périodiquement une nou-
velle crise ministérielle. Tous les moyens
leur sont bons pour faire de l'agitation
et pour créer au cabinet des - embarras,
même deux lignes du Figaro. Nous ai-
mons à croire que ni le gouvernement ni
la majorité républicaine ne se laisseront
prendre à ce nouveau piège. Si les princés
conspirent, qu'on les arrête, qu'on les
traduise devant les tribunaux, qu'on leur
applique en /lun mot ce droit commun
qu'on se fait si peu scrupule d'appliquer
à la presse, mais qu'on ne leur fasse
pas croire que nous avons peur d'eux,
qu'on ne leur donne pas l'auréole du
martyre et surtout qu'on ne vienne pas,
à propos d'un verre d'eau sucrée ou d'un
article de M. de Grandlieu, nous faire
la mauvaise plaisanterie de prétendre
que la République est en danger !
V A.-EDOUARD PORTALIS.
»
Les négociations de l'Autriche avec la
Roumanie pour la conclusion d'un traité
de commerce ont complètement échoué :
la Roumanie a refusé d'accorder à l'Au-
triche le traitement de la nation la plus
favorisée.
La Roumanie veut se créer une indus-
trie indépendante, et, pour y arriver, elle
compromet ses bonnes relations avec
l'Autriche; le fait, en lui-même, n'a qu'une
importance relative pour le lecteur fran-
çais ; mais, par une coïncidence fâcheuse,
la guerre de tarifs que se sont déclarée
les deux pays aura pour résultat de porter
atteinte à notre commerce d'exportation.
Le gouvernement roumain a invoqué,
pour motiver son refus, la nécessité où il
pourrait se trouver, en négociant un traité
de commerce avec la France, d'accorder à
celle-ci, pour certains articles, des tarifs
privilégiés qu'il ne saurait accorder à
l'Autriche, pour des produits similaires.
D'autre part, il a fait valoir que, s'il accor-
dait à l'Autriche le traitement de la na-
tion la plus favorisée, la France en profite-
rait indirectement. En effet, les mar-
chandises françaises importées en Rou-
manie passent presque toujours par
l'Autriche.
Ces marchandises sont des objets de
luxe qui supportent aisément les frais d'un
transport par voie de terre ; par contre,
les marchandises roumaines importées en
France sont des matières premières, des
produits qui ne peuvent supporter de gros
frais de transport, et elles sont expédiées
par mer, vid Braïla-Marseille. Si donc la
Roumanie dresse une barrière de droits de
douane entre elle et l'Autriche, nos mar-
chandises seront empêchées de - pénétrer
chez elle, tandis que ses produits conti-
nueront d'entrer librement chez nous.
C'est ainsi que notre commerce d'expor-
tation va être victime des mesures doua-
nières prises par la Roumanie contre l'Au-
triche.
La guerre de tarifs entre les deux pays
commencera le 1er juin.
A qui profitera-t-elle, — car la Rouma-
nie n'est pas encore en état de se sumre,
industriellement, à elle-même ? Elle profi-
tera à l'Allemagne qui a une porte grande
ouverte sur les marchés roumains. Il con-
vient d'ajouter que la Russie, qui ne né-
glige rien pour implanter son influence
dans la péninsule des Balkans, verra d'un
bon œil les relations politiques se refroi-
dir entre VAutriche et la Roumanie.
Proclamations de M. Paul Bert
A son arrivée au Tonkin, M. Paul Bert
a adressé les deux proclamations suivantes
à la population civile et à l'armée :
Aux Français de l'Annam et du Tonkin
Citoyens,
Chargé par le gouvernement de la Répu-
blique française de l'organisation de son pro-
tectorat sur l'Annam et le Tonkin, je fais ap-
pel à votre concours pour l'accomplissement
de cette œuvre de paix.
Les vertus guerrières de nos soldats ont ou-
vert à notre commerce et à notre industrie
un magnifique champ d'action. C'est à vous
qu'il appartient de 1 exploiter, pour le plus
grand bien de la France et de 1 Annam, dont
les intérêts sont désormais intimement et in-
dissolublement unis.
La bienveillance du gouvernement royal et
l'appui de mon administration sont acquis à
vos entreprises.
Je tiendrai à honneur non seulement de
vous assurer la sécurité, due à tous, mais de
vous aider par tous les moyens qu'autorisent
la justice et les traités.
A vous de faire, en vous aidant vous-mê-
mes, que tant de sacrifices consentis par la
patrie portent enfin leurs fruits * et que la
France récolte la moisson, qu'elle a fécondée
de son or et de son sang.
Vive la République!
Hanoï, le 8 avril 1886.
PAUL BERT,
Résident général en Annam et au Tonkin,
Membre de l'Institut.
Officiers, sous-officiers, soldats et marins,
Je vous apporte le salut affectueux et re-
connaissant de la patrie. Elle a souffert et
triomphé avec vous. Votre constance et
votre courage, que n'ont pu ébranler, à
4,000 lieues du sol sacré, ni les fatigues, ni
les combats, ni la maladie, l'ont émue et
enorgueillie. Elle a mis en vous sa confiance,
car vous vous êtes montrés et elle sait que
vous vous montrerez à la hauteur de tous les
devoirs.
Beaucoup d'entre vous vont revoir la terre
maternelle. Ils y recevront l'accueil mérité
par leurs vertus. Dans les villages" de Frânce
comme dans les douars d'Algérie, on attend
avec Impatience et l'on saluera avec respect
ceux qui Crilt affronté ensemble tant de périls
divers et mêlé fraternellement leur sang sur
les champs de bataille.
Ce sang et celui des morts glorieux n'aura
pas été versé en vain. Grâce à tant de sacri-
fices, la suprématie politique et morale de la
France est définitivement établie sur cette
terre si disputée. Les traités l'ont consacrée.
Vous avez bravement et utilement travaillé
pour la fortune et la grandeur de votre pays.
Sur ce sol même, un peuple honnête et la-
borieux vous devra la richesse qui suit la sé-
curité.
Car vos efforts héroïques ont pacifié ces
fertiles contrées. Cette paix, que votre pré-
sence assure, je l'emploierai à continuer
l'œuvre de réparation et d'organisatioa com-
mencée par les chefs qui avaient su vous con-
duire à la victoire.
Comme eux aussi, officiers, sous officiers,
soldats et marins, je me montrerai jaloux do
votre honneur et soucieux de votre bien-être.
Ma tâche sera facilitée par l'officier général
qui est appelé à me seconder, et dont vous
avez tous pu apprécier les éminentes qualités.
Quant à moi, par ma sollicitude et mon dé-
vouement pour vous, je veux me rendre di-
gne de l'honneur que m'a fait le gouverne-
ment de la République — honneur le plus
grand que j'aie reçu dans ma vie - en me
donnant le droit de vous parler au nom de la
France et de vous dire que vous avez bien
mérité d'elle.
Vive la République !
Hanoï, le 8 avril 1886.
Pi«L BERT,
Résident général en Annam et au Tonkin,
Membre de l'Institut.
———————————— ————————————
CHRONIQUE
Les spahis
Nous allons donc revoir à Paris des
spahis, ces cavaliers robustes dont le
manteau rouge ne peut guère laisser
les yeux indifférents, ces Arabes aux-
quels on a, Dieu merci 1 laissé un cos-
tume digne de leur plastique fierté. En
même temps que leurs noms sonores,
gardés intacts depuis des siècles, ils
vont apporter ici, dans les plis de leur
burnous éclatant, une évocation de
l'Afrique, de cette Afrique dont on a
toujours un peu la nostalgie, quand on
a vécu sous son ciel unique !
Quand nous assisterons aux prouesses
de témérité auxquelles ils vont se li-
vrer au carrousel du Champ-de-Mars,
plus d.'un Parisien ti.
plus d'un Parisien très sceptique se sen-
tira peut-être une petite émotion au
cœur. Eh ! ma foi, pourquoi ne pas
être un peu chauvin? « Ils n'en ont pas
en Angleterre, » dit une vieille chanson
railleuse qui célèbre nos vins couleur de
rubis. En regardant défiler ces soldats
au teint brûlé, nous pourrons nous
écrier : « Ils n'en ont pas. là-bas ! »
Je les ai vus de près, les spahis; j'ai
vécu avec eux, deux mois durant, dans
leurs bordjs d'Algérie, et dans cette
smala d'Aïn Guettar où, au point extrême
de nos possession, ils faisaient bonne
garde. Comment oublier le pittoresque
décor de leur camp, au bas du fort, avec
les tentes zébrées qui s'étendaient, et
les sloughis vigilants, aboyant au moin-
dre bruit de pas, et qu'on ne faisait taire
qu'en feignant de ramasser un caillou?
Et ce ciel, surtout, ce ciel qui reste dans
les yeux, donnant un relief prodigieux
aux choses, et qui produit une sorte de
griserie ?
De la terrasse du bordj, je suivais leurs
fantastiques exercices. Rien ne leur
semble impossible! Un de leurs jeux
consiste à lancer leur cheval au grand
galop : brusquement, ils l'arrêtent, ils le
font se coucher devant eux et, protégés
par ce rempart vivant, ils se mettent en
tirailleurs. Puis, lorsque l'ennemi sup-
posé arrive sur eux, ils remontent en
selle, d'un bond, et chargent à leur tour
avec une furie î.
Comment, aux premiers temps des
guerres d'Afrique, n'eussent-ils pas ins-
piré aux esprits aventureux le désir
éperdu de les suivre, ces spahis auda-
cieux, irrésistiblement beaux sous leur
uniforme oriental? Et des esprits d'élite
les suivirent en effet, ce Paul de Mo-
lènes entre autres, « ce chevalier du
moyen âge tombé dans notre temps»,
qui, selon le mot de Barbey d'Aure-
villy, aima la guerre comme on aime
une femme.
« Plus je vais, écrivait-il un jour,
plus je me sens au cœur appétit bizarre
de dangers, secrète envie de sentir en-
core le fer ou le plomb ouvrir mes
veines. »
Que de belles légendes militaires au-
tour de ce corps des spahis ! C'est d'a-
bord Yousouf, le romanesque Yousouf.
Un jour, à Constantine, ses hommes,
s'étant mutinés, avaient formé le projet
de le tuer. Instruit de ce qui se passait,
il leur annonça que, à leur tête, il allait
faire une sortie.
Il ordonne, en effet, d'abaisser le
pont-levis. Quand on a franchi les gla-
cis, il se retourne vers ses soldats.
-* Je sais, dit-il tranquillement, que
vous avez résolu de m'assassiner. Eh
bien, voici le moment propice ; frappez
donc!
Son sang-froid déconcerte les conju-
rés. Alors Yousouf s'approche de l'un
d'eux : « Eh quoi 1 toi, le grand me-
neur, tu restes impassible ? Tu ne don-
nes pas à tes camarades le signal de
l'attaque? Puisqu'il en est ainsi, c'est
moi qui vais commencer ! »
Et, d'un coup de pistolet, il lui fra-
casse la tête. Puis il jette l'arme, tire
son sabre et s'écrie : « Maintenant, à
l'ennemi! »
Deux heures après, il rentrait à Cons-
tantine avec cent prisonniers ennemis,
et ses hommes, ceux-là mêmes qui
avaient songé à se défaire de lu.i, em-
brassaient les plis de son manteau.
Un officier qui a laissé un renom im-
périssable aux spahis, c'est le colonel
Marey-Monge.
Les Arabes tremblaient devant lui ; il
n'avait à se reprocher, cependant, au-
cune cruauté, aucune violence ; mais,
pour eux, il incarnait la justice même.
Ceux qui ont commandé les spahis
ne les oublient pas. Une belle page de
notre histoire d'Afrique, qui eût de-
mandé à être illustrée par l'art, est la
mort du général Bouscaren.
A l'assaut de Laghouat, il se condui-
sit comme un simple soldat, mettant la
main à la pâte, comme on dit, et em-
porté par un furieux besoin de sabrer
en personne. Et, en effet, jetant sa fra-
gile épée de commandement, il avait
ramassé un long sabre qu'il rougissait
de sang. Il allait, il allait, pris d'une hé-
roïque folie, se retrouvant jeune comme
au temps de ses débuts snr le sol algé-
rien, entrainant son cheval à grands
coups d'éperon, les rênes entre ses
dents, pour avoir les deux mains libres.
Il était impossible qu'une balle ne vint
pas l'atteindre : il fut blessé, blessé à
mort.
On le transporta à l'ambulance et,
comme le chirurgien s'approchait de lui,
il lui demanda simplement :
— Ça y est?
Le médecin fit un signe douloureux
d'assentiment, car Bouscaren était de
ceux qu'on ne trompe pas, même par un
pieux mensonge.
Alors ce soldat, devant le lit duquel
on pleurait, eut une idée d'une crânerie
singulière. Il se fit habiller en spahi,
comme alors qu'il commandait le troi-
sième régiment, et c'est ainsi qu'il at-
tendit la fin, enveloppé dans son rouge
caban, dans le bel uniforme qu'il n'avait
quitté qu'avec regret, même pour les
étoiles de général. Il demanda une pipe
turque et il en tira une bouffée.
On les a retrouvés partout, les spahis,
en Italie, au Mexique, — et à Paris
où, resté dans la ville assiégée, un es-
cadron fit merveille. Comme ils grelo-
taient, cependant, les pauvres Arabes,
par ces froids horribles de décembre et
de janvier! Et au Tonkin!. Cela, c'est
l'histoire d'hier !
Dans la province de Constantine, il y
a un officier indigène de spahis célèbre :
c'est Ben-Dris. Il s'est fait naturaliser,
et il est capitaine. Il commandait, quand
je le rencontrai, la smala d'El-Meridj.
Si jamais j'ai regretté de n'être pas
peintre, c'est bien ce jour-là. Cette tête
expressive incarne la plus froide bra-
voure, et on lit sur son visage un poème
d'aventures.
Des aventures ! Il y en a encore à cou-
rir, autant qu'on en peut souhaiter, sur
cette terre attirante d'Afrique, à trois
jours du boulevard. Les spahis qui vont
arriver nous en apportent la vision et le
rêve !
PAUL GINISTY.
COULISSES P ARLEIENT AIRES
La commission du budget — L'arbitrage
et les grèves
La commission du budget s'est réunie hier
à deux heures sous la présidence de M. Rou-
vier. i4 membres sur 33 assistaient à la déli-
bération.
Les présidents des trois sous-commissions
ont rendu compte à la commission des tra-
vaux des rapporteurs provisoires.
Ces rapports ne seront définitivement ter-
minés que dans deux ou trois jours.
La commission s'est ensuite séparée en
s'ajournant à samedi pour prendre communi-
cation des rapports de MM. Burdeau sur le
budget de l'instruction publique et Andrieux
sur le budget des cultes.
M. Andrieux aura aujourd'hui une entrevue
avec le directeur des cultes.
A l'issue de la séance de la commission, la
première sous-commission a tenu une courte
séance dans laquelle M. Camille Dreyfus a
continué l'exposé de son rapport sur le bud-
get des finances.
M. Edouard Lockroy, ministre du commerce
et de l'industrie, élabore en ce moment un
projet de loi instituant l'arbitrage dans le but
de prévenir autant que possible les conflits
entre patrons et ouvriers. M. Lockroy s'est
inspiré pour la confection de ce projet des di-
verses législations étrangères, et particuliè-
ment de la législation anglaise, qu'il est allé
étudier sur place,il y a quelques jours, et au
sujet de laquelle il s'est entretenu avec plu-
sieurs hommes d'Etat anglais compétents
dans la matière.
Le projet de loi en question, à l'exemple
des lois étrangères, n'institue aucune sanc-
tion ; il trace une procédure simple et a sur-
tout pour objet d introduire et d'acclimater
chez nous la pratique de l'arbitrage, si effi-
cace en Angleterre.
Ce projet de loi, qui comporte environ six
articles, sera déposé, à la rentrée, sur le bu-
reau de la Chambre.
AFFAIRES DE GRÈCE
Ouverture de la session extraordinaire. — La
candidature de M. Delyannis. — La formation
d'un cabinet.
Athènes, 19 mai, midi. — L'élection du pré-
sident de la Chambre étant une question
d'une haute gravité, puisqu'elle doit indi-
quer les idées de la majorité, a été ajournée
à demain matin dix heures.
Les partisans de M. Delyannis l'ont choisi
comme candidat. Los partisans de M.Tricoupis
n'ont point encore désigné le leur.
On croit que M. Delyannis accepterait de
former un ministère de démobilisation, si la
Chambre lui maintenait sa confiance.
Les députés qui ont pris la parole pendant
la séance de la Chambre ont fait ressortir, en
termes modérés, la nécessité de mettre un
terme à la situation actuelle par la prompte
constitution d'un cabinet, immédiatement
après l'élection du président de la Chambre.
Les organes du parti Tricoupis ne croient
pas possible le retour de M. Delyannis au
pouvoir.
Il y a des tiraillements dans lès rangs de
l'anen parti ministériel. Cependant,, à teams
de défections possibles au dernier moment, la
candidature de M. Delyannis paraît devoir
l'emporter sur celle de M. Tricoupis.
Le ministère de la guerre prend des disposi-
tions pour ramener l'armée sur le pied de
paix.
Les navires formant le blocus ont saisi un
grand nombre de petits voiliers qu'ils ont con-
duits à MUo ou à Skiatos.
Le blocus de la flotte autrichienne
Vienne, 19 mai. — En réponse aux plaintes
que la Grèce lui a adressées, le gouvernement
austro-hongrois prétend que les navires im-
périaux avaient l'ordre d'observer simplement
les règles ordinaires des blocus. Quant aux
questions de détail, il appartenait à l'amiral
britannique de les régler, en sa qualité de
commandant en chef des Hottes alliées.
Du reste, il est établi que les nouvelles, de
source grecque, qui présentent la famine
comme imminente et dans les îles et sur la
côte, sont entachées d'exagération.
La paix en Orient
La Gazette de l'Allemagne du Nord estime
que la paix en Orient est désormais à l'abri
des troubles qu'aurait pu créer le chauvi-
nisme hellénique.
Pour la Gazette, il n'y a pas à craindre que
la Chambre se re j ettne aa nps as à craindre que
la Chambre se rejette dans la politique d'à
ventures de M. Delyannis.
En Crète
La Canée; 19 mai. — L'Assemblée crétoise
a voté une adresse aux consuls étrangers
pour affirmer qu'elle restera soumise aux
lois de la Sublime-Porte.
L'adresse exprime l'espoir que la Porte
tiendra compte à la Crète de son attitude et
augmentera ses privilèges.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
Le bill irlandais à la Chambre des commu-
nes. — Le marquis de Hartington à Brad-
ford. — Dénégations du marquis de Salis-
bury.
Londres, 18 mai. — La Chambre décide do
consacrer à la discussion du bill Irlandais
quatre jours par semaine.
M. Gladstone ayant proposé que le débat
sur la seconde lecture ait le pas sur toutes
les autres affaires, les mardis et les vendredis,
sir M. Beach demande quand sera terminée la
discussion. 1
M. Gladstone croit qu'elle occupera encore
la plus grande partie de la semaine pro-,
chaîne.
M. Shaw Lefèvre reprend le débat et de-
mande la seconde lecture.
L'orateur conclut en exprimant l'espoir que
l'adoption du bill développera les forces vraies
du pays.
Ce discours a été fréquemment applaudi
sur le3 bancs ministériels et sur ceux des par-
nellistes.
M. Chaplin prend la parole.
Il ne partage pas la manière de voir du
marquis de Salisbury au sujet d'une politique
basée sur des mesures coercitives pendant
vingt ans.
La question irlandaise demande une solu-
tion immédiate, mais le bill proposé par M.
Gladstone ne la résout pas définitivement.
M. Labouchère défend le bill. il proposa
qu'il soit voté en seconde lecture, puis en-
suite retiré.
M. Sullivan parle en faveur du bill et M.
Hambury le combat.
M. Playfair, en défendant le bill, fait obser-
ver que, si l'on proposait de voter l'autonomie
de l'Irlande, il n'y a pas trente libéraux à la
Chambre qui voteraient contre,
M. Elliot parle contre le bill.
La discussion est renvoyée à jeudi.
Londres, 19 mai. — Le marquis de Harting-
ton a pris la parole dans un grand meeting
autonomiste tenu hier soir à Bradford. Il a sou-
tenu que les projets du gouvernement relatifs
a l'Irlande étaient réprouvés par le pays et la
grande majorité du parti libéral, lequel ne
pouvait s'engager à donner son approbation à
un principe, c'est-à-dire à une résolution
abstraite, sans connaître les détails d'applica-
tion.
Londres, 19 mai. — Dans un grand meeting
tenu cette après-midi par la Primrose League,
le marquis de Salisbury a démenti certaines
paroles qu'on lui a prêtées : il n'est pas exact
qu'il ait recommandé d'user de mesures coer-
citives pendant vingt ans à l'égard de l'Irlande;
il n'est pas exact qu'il ait dit qu'il fallait faci-
liter, au moyen d'argent, l'émigration d'un
million d'Irlandais.
En Irlande
Londres, 19 mai. — Le correspondant de
l'Irish-Times annonce que le 9° régiment de
la milice de New-York, corps exclusivement
irlandais, a offert à la Ligue nationale de se
mettre entièrement à sa disposition pour
combattre les orangistes en cas de soulève-
ment dans l'Ulster.
Dublin, 19 mai. — La Ligue nationale a
tenu hier an meeting dans Sackvllle-Street.
M. Michaël Davitt présidait. ,
M. Davitt dit que, prenant en considération
la crise que traverse l'Irlande, la conduite du
peuple est admirable. Il ne craint pas que
M. Gladstone cède aux menaces de M. Cham-
berlain, car M. Gladstone sait bien que M.
Parnell et ses collègues et, derrière eux, les
Irlandais, ne souscriront jamais à un projet
de fédération. Le home rule ne permettra
pas qu'une province soit séparée du reste
de l'Irlande. On combattra plutôt, s'il le faut,
pendant une autre génération.
Le roi d Espagne
Madrid, 18 mai. — Les sénateurs ont prêté
serment sous la formule suivante :
« Rien n'étant encore décidé au sujet du
nom du nouveau roi, nous jurons fidélité et
obéissance au roi d'Espagne, successeur d'Al-
phonse XII. »
Madrid, 19 mai. — Le baptême du jeune roi
est fixé à samedi ; le roi recevra probable-
ment le nom de Ferdinand-Alphonse, mais la
reine n'a pas encore pris de décision défini-
tive à ce sujet.
Les intrigues carlistes
On mande de Madrid au Daily News:
« Depuis quelques jours, le gouvernement
espagnol est sur la trace de certaines intri-
gues républicaines et carlistes qui permet-
traient de craindre que l'ordre ne fût troublé
à l'occasion des couches de la reine. Ordre a
été donné aux autorités civiles et militaires
de redoubler de vigilance, particulièrement
dans le nord de l'Espagne.
» Les dépêches de Madrid ont été soumises à
une surveillance rigoureuse, de peur que l'on
n'envoyât dans les provinces un signal secret.
Si les carlistes prennent les armes, tous les
éléments démocratiques et libéraux se grou-
peront autour de la reine. »
On mande de Paris au même journal :
« Les chefs carlistes qui demeurent ici ont
tenu une réunion afin d'organiser, en Suisse
ou en Belgique, une assemblée à laquelle don
Carlos prendrait part. »
Venise, 19 mai. — Le journal catholique la
Dil-a" annonce le départ de don Carlos.
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