Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-05-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
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Description : 15 mai 1886 15 mai 1886
Description : 1886/05/15 (A17,N5240). 1886/05/15 (A17,N5240).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
Bix-sepueme année. — N* 5240
ftpât du numéro A Parai : 15 centime* — Départements ; 1M centmwas
Samedi 15 mai 1886
LE XIX" , J' SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN ,'"
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SOMMAIHjS
BULLETIN. — Louis Henrique.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES.
QUESTIONS DU JOUR. — Eug. Liébert.
« CONSPUEZ CHATIN! »
À L'ÉCOLE DE PHARMACIE. - A. C.
AU « PETIT JOURNAL ».
CHRONIQUE. — Raotil Lucet.
Nos SOLDATS APORT-CROS. — Dr V. du Claux.
AFFAIRES DE GRÈCB.
ECHOS DU. JOUR. — Brichanteau.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER.
NOUVELLES COLONIALES.
LES GRÈVES. •
BULLETIN MARITIME ET MILITAIP.H.
LA PRESSE AU JOUR LE JOUR.-P.-P. Dejuinne-
UN CYCLONE A MADRID.
GAZETTE DU PALAIS. — Me Gervasy.
COURRIER DE LA BOURSE. — H. Le Faure.
PETITE BOURSE DU SOIR.
RENSEIGNEMENTS COMMERCIAUX.
LA TEMPÉRATURE.
FAITS DIVERS.
AVIS ET COMMUNICATIONS.
LE SPORT DU JOUR. — Turba.
COURRIER DES THÉÂTRES. — Emile Mendel.
FEUILLETON. — Gustave Toudouze.
BULLETIN
Le Journal officiel a publié hier un
décret rendu sur la proposition du mi-
nistre de la guerre et qui réglemente le
cérémonial à observer pour la remise de
leurs insignes aux militaires nommés ou
promus dans la Légion d'honneur.
A la suite des troubles qui se sont pro-
duits à l'ouverture des cours de l'Ecole de
pharmacie, M. le ministre de l'instruction
publique a pris un arrêté qui ferme l'Ecole.
Les nouvelles de Grèce sont peu impor-
tantes. La Chambre hellénique est convo-
quée en session extraordinaire pour le
22 mai. Détail assez curieux : le gouver-
nement a dû demander la suspension du
blocus en faveur des bâtiments grecs sur
lesquels prendront passage un certain
nombre de députés pour se rendre à Athè-
nes. Cette autorisation a été accordée,
cela va sans dire, par le commandant en
chef de l'escadre internationale, qui n'est
autre que le duc d'Edimbourg.
Ainsi que nous le faisions remarquer
hier, la constitution du cabinet Valvis a
été favorablement accueillie par les diffé-
rentes puissances et aussi par la popula-
tion grecque. L'impression générale à
Athènes est que toute idée belliqueuse a
disparu. D'après un télégramme d'hier,
les partis sont pénétrés de l'urgence qu'il
y a à désarmer. On espère que les puis-
sances vont rappeler la flotte combinée.
Un télégramme de Berlin du même jour-
nal constate également que dans les cer-
cles politiques allemands on voit dans l'a-
vènement du nouveau ministère la meil-
leure garantie du désarmement.
Depuis que la question grecque est à
l'ordre du jour, on a parlé à mainte re-
prise de l'annexion de la Crète à l'Angle-
terre, en vertu d'un accord secret conclu
entre le gouvernement britannique et la
Porte ottomane. Les Crétois, en dépit de
toutes les belles paroles que leur prodiguent
les agents anglais, dédaignent l'honneur de
devenir sujets de l'impératrice des Indes.
Ils ont répondu aux avances qui leur ont
été faites officieusement que « depuis l'an-
nexion de Chypre ils n'avaient plus con-
fiance dans l'Angleterre ».
Cette raison n'est pas pour embarrasser
nos voisins, passés maîtres dans l'art de
commander la confiance à coups de canon.
Encore faut-il trouver un prétexte avoua-
ble. Or, si la Grèce désarme, — et cela ne
fait pas de doute, — la paix est assurée.
Plus de conflit, plus d'intervention, plus
de courtage. Lord Rosebery doit avoir de
bonnes raisons de regretter M. Delyannis
dont la politique aventureuse servait peut-
être ses desseins secrets.
t LOUIS HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
L'exportation française
Un groupe d'importants industriels fran-
çais ont été présentés hier à M. de Freycinet
par M. Prévet, député. Ces messieurs ont
entretenu M. le président du conseil de la
constitution d'un syndicat national d'exporta-
tion, destiné à étendre notre commerce à l'é-
tranger à l'aide de magasins généraux de
consignation.
Ils ont demandé à M. de Freycinet de vou-
loir bien envoyer à nos agents à l'étranger, et
particulièrement en Egypte, des instructions
précises pour faciliter la réalisation de leur
projet.
M. de Freycinet, montranttoute sa sollici-
tude pour les intérêts de l'industrie et du
commerce, a promis d'envoyer à nos agents
en Egypte les instructions précises qui lui
étaient demandées. Il a fait remarquer que
les commerçants et les industriels avaient
trop souvent le tort de ne réclamer qu'une
protection générale, sans Indiquer les points
spéciaux sur lesquels ils demandent le con-
cours du gouvernement. Il a remercié les
personnes présentes d'être sorties des géné-
ralités et les a engagées à tenir à l'avenir
l'administration des affaires étrangères au
courant de toutes les difficultés qui pourraient
survenir et qu'il serait en son pouvoir d'a-
planir.
Ce n'est pas, en effet, par des instructions
générales, mais bien par des indications net-
tes et visant des faits particuliers, que le
gouvernement peut, par ses agents, défendre
utilement les intérêts de nos nationaux.
L'élection sénatoriale de l'Aisne
On avait annoncé que M. Sandrique, dé-
puté, devait se présenter, contre M. Sébline,
au siège sénatorial vacant dans le départe-
ment de l'Aisne.
L'honorable député a, en effet. été sollicité,
, mais il a décliné toute candidature.
M. Sébline sera donc seul candidat à l'élec-
tion de dimanche. Mais comme il n'aura pas
atteint, le 16 mai, l'âge exigible par la loi
(quarante ans), sa seconde élection, comme
la première, sera invalidée par le Sénat. Il y
.aura donc nécessité de refaire une troisième
et dernière élection dans le mois qui suivra
l'invalidation.
M. Sébline étant résolu à se représenter,
s'fi est réélu son mandat cette fois lui sera
confirmé. M. Sébline aura en effet quarante
ans dans la première quinzaine de juin, tan-
dis que la nouvelle convocation des électeurs
sénatoriaux ne pourra avoir lieu avant la fin
du mois de juin, au plus tôt.
La grève de Decazeville
M. Baïhaut, ministre des travaux publics,
a reçu hier matin plusieurs membres du
conseil d'administration de la Compagnie des
houillères de l'Aveyron. Ces messieurs ont
formellement déclaré au ministre que la
Compagnie ne pouvait accepter l'arbitrage
de M. Laur dans les conditions où cet arbi-
trage lui avait été proposé.
La législation minière
M. Baïhaut, ministre des travaux publics,
met la dernière main au projet de loi ayant
pour objet de modifier la loi de 1810 sur les
mines.
Le ministre a quotidiennement, à ce sujet,
des entrevues avec des ingénieurs des mines
et les directeurs compétents du ministère des
travaux publics.
Le projet de loi sera déposé sur le bureau
de la Chambre dans le commencement du
mois de juin.
Les traités de commerce
Les négociations relatives à l'arrangement
commercial à conclure entre la France et la
Corée se poursuivent dans de bonnes condi-
tions. D'ici à une huitaine de jours, les bases
du traité franco-coréen seront arrêtées.
Les négociateurs sont les deux signataires
du traité franco-chinois : M. Cogordan, pour
la France, et Li-Hong-Chang, pour la Chine.
D'autre part, on se rappelle que, sur la de-
mande du gouvernement roumain, les négo-
ciations relatives à un traité de commerce
franco-roumain avait été reprises dernière-
ment.
La question concernant le régime des blés,
qui avait fait échouer les premières négocia-
tions, ayant été résolue, tout fait prévoir que
cette nouvelle tentative aboutira.
C'est M. de Coutouly, ministre de France à
Bucharest, qui représente notre gouverne-
ment. Le chargé de pouvoirs de la Rouma-
nie est M. Phérékyde.
QUESTIONS DU JOUR
Le droit de chasse
La Justice publie une pétition adres-
sée à la Chambre des députés, au sujet
de la chasse, par un certain nombre de
cultivateurs de Seine-et-Marne et Seine-
et-Oise. Voilà des voix qui ont peu de
chance d'être entendues à l'heure qu'il
est, quoique leurs réclamations soient
justes; elles seront étouffées, j'en ai
peur, car sur ce point les préjugés sont
violents dans nos assemblées parlemen-
taires. Mettez la question de la chasse à
l'ordre du jour, instantanément vous
terrez disparaître les partis politiques:
il n'y aura plus ni républicains radi-
caux, ni républicains opportunistes, ni
royalistes, ni bonapartistes de l'une ou
l'autre branche, ni voltairiens, ni cléri-
caux ; tous chasseurs !
Aussi serais-je très surpris si la Cham-
bre accueillait avec bienveillance une
pétition qui heurtera bien des préjugés.
Les préjugés ont beau n'être que des
préjugés, ils sont souvent plus forts
que la vérité, la raison, l'évidence mê-
me. Pour revenir à nos bons cultiva-
teurs, ils se prononcent avec une viva-
cité qui n'est pas exempte d'emphase
contre la loi « toute féodale » de 1844.
Le mot prête aux plaisanteries, car la
loi de 1844 n'est pas féodale: elle est
tout bonnement bourgeoise. Mais ce qui
est incontestable et bien dit, c'est qu'elle
a été faite « au détriment de ceux qui
cultivent la terre ». Les pétitionnaires
demandent donc d'être protégés contre
les dégâts du gibier, et, si on leur ob-
jecte qu'ils en pourraient être indemni-
sés par les tribunaux, ils répondent que
les procès sont longs, la procédure coû-
teuse et l'indemnité dérisoire. En ré-
sumé, ils réclament : 1° l'abrogation de
la loi de 1844, qui est aujourd'hui notre
Code en matière de chasse ; 2° la pro-
mulgation d'une loi nouvelle permet-
tant au cultivateur de se débarrasser du
gibier en tout temps et par tous moyens;
3° que les propriétaires de grandes chas-
ses soient astreints à les enclore et, par
conséquent, à nourrir leur gibier chez
eux. Il y a une quatrième proposition
concernant un impôt à établir sur les
grandes chasses ; mais ceci est une ques-
tion d'un ordre différent, qui n'a rien à
voir avec le reste.
Quiconque, n'étant point chasseur à
outrance, voudra prendre la peine d'exa-
miner la loi de 1844 d'un peu près,
reconnaîtra qu'elle est mauvaise parce
que ses auteurs se sont placés à un point
de vue faux ; ils ont songé exclusivement
à la conservation du gibier. Ils ont rai-
sonné comme si les propriétés rurales
n'étaient destinées qu'à pourvoir au
plaisir des chasseurs, les intérêts de
l'agriculture ne venant qu'en seconde
ligne. Cela est curieusement réglé par
une série d'articles de la loi qui sem-
blent dire le plus naturellement du
monde : « Tout pour le gibier, rien pour
la récolte. » Le droit de propriété, que
nous considérons comme le plus ab-
solu de tous les droits, est entièrement
méconnu : il est interdit de chasser sur
son propre fonds sans permis de chasse ;
il est interdit, même avec un permis de
chasse, d'y chasser en toute saison et à
toute heure. La protection de la loi s'é-
tend en réalité jusqu'aux animaux nui-
sibles, par les mille entraves que les
arrêtés des préfets, en vertu de cette
même loi, apportent à la destruction
des pigeons ramiers, corbeaux, pies, etc.,
et il devient même difficile d'aller tuer
un renard ou un sanglier, par la peur
qu'on a des gendarmes ; car ceux-ci,
sans en demander plus long, dressent
procès-verbal contre les gens qui se
promènent avec un fusil sans permis de
chasse. Puis il y a des préfets à théo-
ries, qui classeront, par exemple, les
corbeaux dans la catégorie des oiseaux
utiles, parce que les corbeaux détrui-
sent des vers blancs : cela est vrai,
mais d'autre part ils dévastent les
meules durant tout l'hiver. Je ne sais s'il
y a compensation, mais je voudrais bien
qu'on laissât au moins le cultivateur
juge de ses intérêts et que charbon-
nier fût. maître chez soi. Bref, la loi de
1844 est l'objet d'une véritable animad-
versioa dans nos campagnes, et je re-
grette de ne pas disposer de plus de
place pour m'étendre, avec preuves à
l'appui, sur ce sujet.
Aussi est-il tombé déjà une pluie con-
tinue de pétitions au Palais-Bourbon,
depuis qu'il y siège des Assemblées ré-
publicaines. Mais il n'en a été tenu au-
cun compte. La précédente législature
en avait reçu de quoi plusieurs fois rem-
plir des douzaines de corbeilles et les
avait, d'ailleurs, envoyées religieuse-
ment à la commission dite de la chasse.
Mais cette commission ne leur fit pas
même l'honneur d'une analyse de quinze
lignes, sous prétexte qu'elle élaborait
elle-même un projet magnifique ; les pé-
titions furent dédaigneusement men-
tionnées au bout du rapport, et ce fut
tout. Quant au projet des commissions,
il fut tout bonnement ridicule, partant
toujours du principe faux que la conser-
vation du gibier doit primer toute autre
considération et ne donnant, par consé-
quent, aucune espèce de satisfaction
à l'agriculture. J'ai eu sous les yeux les
diverses propositions émanées de l'ini-
tiative parlementaire, - Labitte (qui est
mort sénateur), Deluns-Montaud, etc. —
Elles se valent toutes, et la grande idée,
l'idée mère, est d'abaisser le prix du
permis de chasse à 10 francs, de créer
des tickets de chasse à trente ou qua-
rante sous pour le dimanche, etc. Pur
enfantillage. Aux élections de 1885, les
cultivateurs ont encore demandé aux
candidats, quand ils l'ont pu, la réforme
de la loi sur la chasse ; mais ils ont été
plus gênés qu'autrefois à cet égard par
le scrutin de liste, qui a pour effet de
laisser presque absolument aux mains
des comités urbains la rédaction des
programmes. On n'a obtenu, d'ailleurs,
de la plupart des candidats questionnés
sur ce point que des promesses vagues.
C'est pourquoi je doute fort que la
réforme à accomplir nous vienne de la
législature actuelle. Cette réforme pour-
rait tenir tout entière en un seul article
portant simplement que le droit de
chasse fait partie du droit de propriété.
Je ne voudrais point d'autre règle, car
cela dit tout. Le gibier qui se trouve sur
un territoire vous appartenant devrait
être à votre entière discrétion ; ce de-
vrait être votre droit absolu, sans per-
mis, sans impôt spécial, sans conditions,
de le conserver ou de le détruire, ou de
louer à qui vous voudrez et à telles con-
ditions que vous voudrez l'autorisation
de venir le chasser sur vos terres. Cette
affirmation pure et simple du droit de
propriété n'entraîne pas, bien entendu,
la liberté du braconnage : c'est tout le
contraire, et du principe même de pro-
priété se trouvera déduite naturelle-
ment cette conséquence qu'il n'est pas
plus permis d'aller tirer des perdreaux
chez le voisin que d'aller y cueillir des
poires. A ce point de vue, gardes cham-
pêtres et gardes particuliers exerceront
leurs fonctions exactement comme sous
le régime actuel, sauf qu'ils n'auront pas
à s'enquérir si l'individu pris en flagrant
délit de chasse, c'est-à-dire de vol, a un
permis de chasse ou non, puisque nous
supposons qu'il n'y aurait plus de permis
de chasse. > /:' "1
Je ne sais pourquoi ces idées, si con-
servatrices au bout du compte, parais-
sent affreusement révolutionnaires à la
grande confrérie de Saint-Hubert. Je
ne fais guère qu'emprunter les conclu-
sions de Vivien, l'auteur des Etudes ad-
rninz'stratives, ancien conseiller d'Etat
sous la monarchie de Juillet, si je ne
me trompe, qui fut un esprit sérieux et
instruit, pas radical du tout, mais plutôt
porté, dans la circonstance, à prendre
en considération les intérêts de l'agri-
culture que les satisfactions des chas-
seurs. Si pourtant on se donnait la
peine d'y réfléchir un peu, si peu que
ce fût, on arriverait vite à constater
que les plaisirs des chasseurs ne souf-
friraient guère de la réforme demandée
dans la pétition des gens de Seine-et-
Marne et Seine-et-Oise. Ce n'est pas
snr les grandes routes que l'on trouve
du gibier, et ce n'est guère davantage
dans Jes parcelles non gardées de
champ, de bois, de prairie ou de vigne des
petits propriétaires ruraux ; il y a là tout
au plus quelques coups de fusil à tirer
pendant la semaine de l'ouverture, et
puis c'est à peu près tout. Où donc est
le gibier? Dans les propriétés gardées.
Eh bien! en supposant que la réforme
souhaitée par les cultivateurs s'accom-
plisse, qui donc empêchera d'avoir des
propriétés gardées après comme avant,
puisque c'est justement le principe même
de la propriété que nous demandons à
la loi de consacrer intégralement?
Il y a aussi l'objection économique :
« Mais nous manquerons de gibier ! »
Je viens de montrer justement qu'il y
aura du gibier tout de même si les pro-
priétaires de chasses veulent prendre le
soin de le conserver ; mais il faut bien
admettre qu'il y en aura moins puisque,
si les cultivateurs demandent le droit
de chasse chez eux, c'est assurément
pour en détruire. Eh bien ! que voulez-
vous ? on remplacera les perdreaux
manquants par des pigeons ou des
poulets, et nous n'en dînerons point
sensiblement plus mal. Reste 4 savoir
d'ailleurs,— et je croiç me souvenir
que la question a été traitée autrefois
déjà dans l'Economiste de M. P. Leroy.,
Beaulieu, mais je n'ai pas le numéro
sous la main, — reste à savoir si le gi-
hier, qui s'entretient au détriment de
notre production agricole, ne coûte pas
beaucoup plus qu'il ne rapporte. Il faut
bien que cela soit, car enfin ce n'est pas
en l'air que les cultivateurs se plaignent.
On n'a pas besoin de lunettes pour cons-
tater l'énormité des ravages quand on
se promène dans des champs visités par
des lapins! J'en reviens, d'ailleurs, au
droit de propriété qui passe avant tout,
qui devrait être sacré, et qui, par une
anomalie étrange dans notre législation
qui a fait de ce droit de propriété une
sorte de dogme, est absolument mé-
connu du moment qu'il s'agit d'alimen-
ter le carnier du chasseur. A regarder
les choses de près, cela semble incroya-
ble. Il resterait à régler aussi, cela va
de soi, la difficulté financière provenant
de la perte que produirait, dans la caisse
de l'Etat et dans les caisses municipa-
les, le produit des permis de chasse. Le
problème n'est pas insoluble; mais on
ne peut prendre à la fois la question par
tous les bouts.
EUG. LIÉBERT.
Un journal du soir a posé au ministère
de la marine et des colonies là question
8uj3r$nte :
« Est-il vrai que l'administration de la
marine confie l'emploi de délégué des tra-
vaux publics à Dakar (Sénégal) à un sieur
Goldenstein, Prussien de naissance, ne
possédant même pas ses lettres de natu-
ralisation ? 1)
Le fait est parfaitement exact. La per-
sonne dont il s'agit a été nommée à une
fonction importante dans le service des
travaux publics, à Dakar, au moment même
où un agent, détaché du ministère des tra-
vaux publics au Sénégal, restait plusieurs
mois sans emploi et sans traitement, par
suite de la suppression des crédits afférents
aux chemins de fer du Haut-Sénégal.
Par quelles influences un sujet allemand
a-t-il été préféré à un fonctionnaire fran-
çais?
Il n'y a guère que le sous-directeur des
colonies qui pourrait fournir des indica-
tions sur ce choix extraordinaire.
Quant au ministre et au sous-secrétaire
d'Etat d'alors, il est à peine besoin d'ajou-
ter qu'on ne les a pas édifiés sur la natio-
nalité du candidat préféré, pas plus sans
doute qu'ils n'ont connu certaine mission
sur la côte occidentale d'Afrique, dont
l'histoire curieuse est actuellement sou-
mise à la haute appréciation de M. l'ami-
ral Aube.
Il y aurait un rapprochement intéressant
à établir entre la sollicitude dont l'adminis-
tration des colonies a fait preuve à l'égard
d'un Allemand et la rigueur sans nom
qu'elle a déployée contre un brave et di-
gne Français, ancien officier supérieur de
l'armée, que trente-cinq années de loyaux
et éclatants services n'ont pu protéger
contre les persécutions d'un fonctionnaire
malveillant autant que maladroit.
Nous voulons croire que ni M. l'amiral
Aube ni M. de La Porte ne sont d'humeur
à tolérer plus longtemps les actes arbi-
traires qui se commettent sous leur cou-
vert et à leur insu.
L. H.
■ ■ r -
« CONSPUEZ CHATIN I »
Les troubles qui s'étaient produits der-
nièrement à l'Ecole de pharmacie et qui
avaient motivé la suspension du cours de
M. Chatin se sont renouvelés à la reprise
du cours, ainsi que nous l'avons dit hier,
et ont eu pour résultat de faire fermer
temporairement l'Ecole. Des griefs de di-
verse nature ont été invoqués contre M.
Chatin, comme directeur de l'Ecole et
comme professeur. Mais ces griefs ont été
examinés par le conseil supérieur de ren-
seignement et par le ministre et il est à
croire qu'ils ont été jugés mal fondés,
puisque la démission de M. Chatin a été
refusée.
Quoi qu'il en soit, les élèves en phar-
macie ont donné en cette circonstance un
exemple fâcheux, et ils feront bien d'em-
ployer les loisirs que leur procure la fer-
meture de l'Ecole à réfléchir sur l'étran-
geté de leur prétention de vouloir imposer
leur volonté au gouvernement et au con-
seil supérieur de l'enseignement, composé
d'hommes éminents, tels que M. Berthe-
lot, qui en est le président.
Les étudiants ont communiqué aux jour-
naux une protestation dans laquelle ils dé-
clarent que, « si des rixes ont eu lieu, c'est
simplement parce que des agents provo-
cateurs, qui n'ont jamais appartenu à l'E-
cateurs, été introduits dans l'amphithéâtre
cole, ont été introduits dans l'amphithéâtre
pour applaudir M. Chatin» et que «si la po-
lice n'était pas entrée dans l'Ecole, les ma-
nifestations qui se sont produites sur la
voie publique n'auraient pas eu lieu ».
La corrélation qui existe entre les deux
termes de cette phrase nous échappe.
L'explication ne suffit du reste pas à nous
faire comprendre pourquoi, dans l'intérieur
de l'Ecole, les élèves prenaient les échelles
pour monter à l'assaut de l'amphithéâtre.
La bagarre provoquée par tous ces inci-
dents a été assez sérieuse. Quelques per-
-sonnes ont reçu des blessures graves.
Il devient difficile de considérer cette
affaire comme une simple échauffourée de
jeunes gens. Au lieu de se trouver pour
avertis par la première suspension du
cours, ils sont revenus avec l'intention
bien arrêtée de « faire du boucan » et de
« conspuer Chatin ». Ce n'est pas précisé-
ment dans le but de perfectionner les jeu-
nes citoyens dans l'art d'imiter le cri des
animaux que les cours de l'Ecole de phar-
macie sont créés, et l'administration su.
périeure ne saurait tolérer ces scènes de
désordre ni s'incliner devant les antipa-
thies ou ls rancunes des étudiants. Con-
clusion : l'Ecole est fermée et les étudiants
subissent dans leurs études un temps
d'arrêt qui leur est préjudiciable. La pro-
pagande par le fait ne réussit pas mieux en
pharmacie qu'en politique. Après l'expé-
rience qu'ils sont en train d'en faire, les
étudiants comprendront sans doute que le
mieux est de prottter qes lQns de lauu
professeurs, sauf à faire valoir leurs griefs,
s'ils en ont,'dans les formes régulières, et
à compter moins sur la violence que sur
le bon droit.
:, ,
A L'ÉCOLE DE PHARMACIE
A la suite des événements qui se sont pas-
sés à l'Ecole de pharmacie, un certain nombre
d'étudiants se sont réunis et ont rédigé la
protestation suivante :
« Les étudiants en pharmacie protestent
contre les mesures vexatoires que le direc-
teur de l'Ecole a prises contre eux. Ils dé-
clarent que si des rixes ont eu lieu, c'est
simplement parce que des agents provoca-
teurs, qui n'ont jamais appartenu à l'Ecole,
ont été introduits dans l'amphithéâtre pour
applaudir M. Chatin.
» Ils déclarent que le professeur de l'Ecole
de Montpellier qui a été blessé ne l'a été
qae parce que, non content de s'en tenir à
son rôle de claquenr, il est tombé à bras ra-
courcis sur un des leurs.
» Ils déclarent en outre que, si la police
n'était pas entrée dans l'Ecole, les manifesta-
tions qui se sont produites sur la vole publi-
que n'auraient pas eu lieu.
» Un groupe d'étudiants en phartaacie. n
D'un autre côté, la protestation suivante a
été rédigé par les élèves de M. Chatin :
« Les soussignés, élèves de M. le profes-
seur Chatin, qui ont assisté à son cours le
13 mai 1886, protestent énergiquement contre
les manifestations inconvenantes d'une par-
tie seulement de l'auditoire, manifestation
qui portent atteinte à la liberté du profes-
sorat.
» Ils adressent en outre le témoignage de
leur affectueuse sympathie à M. le docteur
Flahaut, professeur à la Faculté des sciences
de Montpellier, qui assistait à cette leçon et
qui a été blessé par les manifestants. »
M. Chatin s'est rendu au ministère de l'in-
struction publique afin de rendre compte à M.
Goblet des faits dont l'Ecole de pharmacie a
été le théâtre.
A sa rentrée à l'Ecole, M. Chatin a eu un
entretien avec M. Gréard, vice-recteur de
l'Académie de Paris.
Au cours de leurs manifestations, les élè-
ves ont acclamé M. Riche, professeur de chi-
mie, et M. Bonis, professeur de toxicologie.
Comme nous l'avons annoncé, le ministre
de l'instruction publique a pris un arrêté aux
termes duquel l'Ecole de pharmacie est fer-
mée temporairement.
Voici le texte de cet arrêté :
« Par arrêté en date du 13 mai 1886 et par
application de l'article 44 du décret du 28 dé-
cembre 1885, M. le ministre de l'instruction
publique et des beaux-arts a fermé tempo-
rairement l'Ecole supérieure de pharmacie.
» Aux termes de l'article précité, pendant
la durée de la fermeture, tous les actes rela-
tifs aux études et aux examens sont suspen-
dus et les étudiants ne peuvent prendre d'in-
criptions ni subir d'examen dans aucune autre
Faculté ou Ecole. -
» Paris, 14 mai 1886. »
Hier encore, vers deux heures et demie, des
troubles ont eu lieu devant l'Ecole de phar-
macie. ;
M. Chatin, s'étant rendu au secrétafiat, a été
accueilli, par les cris. de: « A mort Chatin!
Conspuez-le ! Démission ! M
Les manifestants, au nombre de 250 envi-
ron, ont pendant une demi-heure fait du ta-
page, puis se sont dispersés.
Aucune arrestation n'a été faite.
A. C.
; —,
AU « PETIT JOURNAL >
Il est assurément permis à tout le
monde de ne pas connaître jusque dans
ses plus petits détails le mécanisme de
notre organisation militaire. Mais, quand
on ignore ces détails, le plus simple bon
sens indique que l'on doit s'abstenir de
prétendre à les discuter et à les modifier.
Telle n'est point, paraît-il, l'opinion de
Thomas Grimm qui vient de diriger les
critiques les plus regrettables contre les
nouvelles institutions de notre armée,
après avoir déclaré d'ailleurs qu'il n'a ja-
mais été ni soldat, ni réserviste, ni terri-
torial. Il n'eût point fait cet aveu, aq sur-
plus, que son incôinpétence aurait éclaté
au grand jour, tant il a entassé d'erreurs
dans les trois articles publiés par le Petit
Journal sur cette question.
Thomas Grimm n'est point partisan des
appels de réservistes et de territoriaux. Il
les combat avec acharnement. Et saas hé-
siter il prend pour arguments à l'appui
de sa thèse les contre-vérités les plus cho-
quantes. -
« Le système actuel, dit-il, n'est avanta-
geux qu aux beaux fils qui du volontariat
d'un an passent & des convocations dans
la caserne voisine, tandis que les pauvres
diables vont très loin : les Bretons en
Franche-Comté et les Lorrains dans le
Midi. »
Que l'on attaque l'engagement condition-
nel d'un an dans ce qu il a d'abusif, rien
de mieux, et nous serons les premiers à
soutenir cet effort. Mais que l'on aille jus-
qu'à lui reprocher de prolonger ses abus
jusqu'au service dans la réserve ou dans
l'armée territoriale, c'est excessif, surtout
au moment où le conseil général des Fa-
cultés de l'académie de Paris vient de
faire une déclaration qui comporte la
complète transformation de ce privilège.
Que l'on se permette enfin d'établir un
parallèle absolument faux entre les char-
ges imposées, en qualité de réservistes,
aux « beaux, fils » et aux «pauvres dia-
bles », c'est dépasser les bornes, et nous
ne pouvons nous dispenser de protester
avec la plus grande énergie. Non, Thomas
Grimm, les réservistes bretons ne sont
envoyés en Franche-Comté, pas plus que
les Lorrains dans le Midi. Quand vous avez
fait cette comparaison, ou vous ignoriez
les principes qui président aux appels des
réservistes et, dans ce cas, vous auriez
mieux fait de vous abstenir, ou vous con-
naissiez ces principes, et alors vous avez
commis un acte blâmable.
Aussi, quand vous vous écriez : « Nous
avons avec nous le peuple; nous sommes
les interprètes des intérêts sacrés de la
patrie, » on ne peut vous croire, car le
peuple, qui chaque année répond aux ap-
pels de la réserve et (Je l'armée territoriale,
sait fort ien, que les convocations se font
dans l'étendue de la subdivision militaire
du domicile légal de chaque appelé.
Vos lecteurs, qui sont nombreW\,lnal..
heureusement pour eux, ont dû bien
rire de vos assertions erronées et de vos
stupéfiantes divagations, ',
Nous qui prenons plus au sérieux ces
élucubrations, nous ne pouvons que nous
lamenter lorsque nous vous voyons pro-
clamer « que les rénnions annuelles de
réservistes et de territoriaux n'ont pas fait
avancer d'un pas le problème toujours re-
doutable d'une mobilisation rapide en
temps de guerre ; qu'elles n'ont apporté
aucun progrès à l'instruction militaire des
libérés ; qu'elles n'ont en rien fortifié les
principes de discipline sous les armes. »
Qu'en savez-vous ?
Où sont vos termes de comparaison
pour ce qui concerne la discipline et l'ins-
truction?
Vous auriez bien dû nous mettre à même
de les apprécier, à moins que, dans votre
infaillibilité, vous ne considériez vos af-
firmations comme parole d'évangile.
Mais s'il vous était permis de contester
ces deux résultats particuliers, quelque in-
contestables qu'ils soient, il faut décidé-
ment que vous ne sachiez rien des choses
que vous prétendez étudier et enseigner
pour avoir osé émettre cette étrange pro-
position que les appels annuels des réser-
vistes et des territoriaux sont inutiles à
la mobilisation.
Ah ! vraiment !
Ne savez-vous donc pas non plus ce
qu'estla mobilisation? Ignorez-vous qu'elle
exige avant tout la préparation et la célé-
rité ? Mais vous êtes le seul à soutenir en
France que la mobilisation ne se fera pas
avec plus de promptitude en cas de guerre,
quand les réservistes et les territoriaux
auront déjà appris, par les convocations
du temps de paix, le chemin qu'ils doi-
vent prendre pour répondre à l'appel de la
patrie en danger !
Nous vous le répétons, vous faites une
œuvre malsaine en tenant ce langage ; de
même, quand vous osez écrire qu' « avec
de bons cadres de sous-officiers tout est
possible, y compris la diminution des
effectifs des officiers ».
Votre thèse était déplorable, antipatrio-
tique. Vous l'avez maladroitement em-
pruntée aux programmes électoraux de la
réaction. Dans ceux-ci, du moins, elle
était présentée simplement, mais avec
habileté, comme un allègement des char-
ges militaires que nous a léguées l'Em-
pire. En la reprenant, vous avez voulu
l'accompagner de considérations justifica-
tives, mais vous n'avez employé comme
arguments que des erreurs de fait ou de
doctrine.
Triste besogne qui, nous n'en doutons
pas, sera sévèrement jugée par les lec-
teurs du Petit Journal.
CHRONIQUE
QUO NON ASCENDAM?
Si telle n'est pas la devise de M. Eif-
fel, il faut reconnaître qu'à nul mieux
qu'à lui elle ne saurait convenir.
C'est M. Eiffel qui a conçu et dressé
le plan de cette tour-de 300 mètres qui
doit servir de portique au palais de
l'Exposition de 1889. Le projet est à la
veille d'aboutir. MM. Lockroy, Chris-
tophle, Alphand, ont émis un avis fa-
vorable, et la commission chargée par
le gouvernement d'étudier l'affaire en
détail n'opposera pas son veto.
Si les prévisions de M. Eiffel se réa-
lisent, avant le premier janvier 1887
nous verrons jaillir de terre, à l'entrée
du Champ-de-Mars, les assises de ce
monument auprès duquel les sept mer-
veilles de la légende n'auront été que
bibelots d'étagère. ( -
Ce n'est pas seulement en France que
l'entreprise passionne l'opinion. Les
journaux étrangers sont remplis à ce
propos de renseignements, d'apprécié
tions, de pronostics où l'admiration
n'exclut pas le dépit. Il nous revient,
d'autre part, de Russie, d'Egypte,
d'Amérique et jusque de l'Extrême-
Orient, que, partout, il y a des gens qui
s'apprêtent à faire le voyage rien que
pour jouir du spectacle. La tour Eiffel
va nous valoir, en 1889, cent mille v'cU
leurs de plus.
Sait-on bien que le Panthéon n'a que
79 mètres; le dôme des Inyiiides 105;
la cathédrale de Strasbourg 142; la
pyramide de Chéops, 146; Tobélisque
de Washington, - le plus haut monu-
ment actuel du globe, - 169 m. 25 ? Se
représente-t-on que la tour en ques-
tion sera quelque chose comme cinq
fois les tours de Notre-Dame, et que les
maisons à six étages feront auprès
d'elle l'effet d'un kiosque à côté de la
colonne de Juillet?
Cela valait — vraiment - qu'on en
parlât.
Je suis donc donc allé frapper à la
porte de M. Eiffel qui m'a, du reste,
reçu avec une affabilité et une rondeur
exquises.
- Je viens vous demander quelques
renseignements au sujet de cette tour
géante qui doit porter si haut (sans ca-
lembour) l'éclat de votre nom.
- Rien de plus simple. La question
est peut-être un peu complexe, un peu
ardue; mais, avec un crayon et une
feuille de papier, on peut toujours ex-
pliquer n importe quoi à n'importe qui
dans n importe quelle langue.
®>. joignant illico la pratique à la
théorie, mon interlocuteur a déroulé
sous mes yeux un immense plan photo-
graphique dont les marges blanches lui
allaient servir, durant toute la durée de
1 interviewy à souligner et à commen-
ter, par des croquis à main levée, sa dé-
monstration familière.
La tour Eiffel se compose essentiel-
lement de quatre montants, formant les
arêtes d'une pyramide quadrangulaire
et réunis à la partie inférieure par un
arc monumental de 80 mètres d'ouver-
ture sur 50 mètres de hauteur.
L'écartement des pieds des montants
— dont chacun a 24 mètres de côté, la
largeur d'un boulevard! — est de 100
mètres d'axe eu axe. Chaque montant
ftpât du numéro A Parai : 15 centime* — Départements ; 1M centmwas
Samedi 15 mai 1886
LE XIX" , J' SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN ,'"
RÉDACTION
iPadresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue Cadet, 1G
Directeur politique :
A.-'EDOUARD PORTALIS
ABONNEMENTS
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Trois mois — 48 »»
Six mois. 32 »'1
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PARIS
Trois mois. t 3 118
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Supplément pr l'Etranger Europe) ! fr. par trimestre
Les abonnera" partent des lpr et 15 -le chaque mois
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SOMMAIHjS
BULLETIN. — Louis Henrique.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES.
QUESTIONS DU JOUR. — Eug. Liébert.
« CONSPUEZ CHATIN! »
À L'ÉCOLE DE PHARMACIE. - A. C.
AU « PETIT JOURNAL ».
CHRONIQUE. — Raotil Lucet.
Nos SOLDATS APORT-CROS. — Dr V. du Claux.
AFFAIRES DE GRÈCB.
ECHOS DU. JOUR. — Brichanteau.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER.
NOUVELLES COLONIALES.
LES GRÈVES. •
BULLETIN MARITIME ET MILITAIP.H.
LA PRESSE AU JOUR LE JOUR.-P.-P. Dejuinne-
UN CYCLONE A MADRID.
GAZETTE DU PALAIS. — Me Gervasy.
COURRIER DE LA BOURSE. — H. Le Faure.
PETITE BOURSE DU SOIR.
RENSEIGNEMENTS COMMERCIAUX.
LA TEMPÉRATURE.
FAITS DIVERS.
AVIS ET COMMUNICATIONS.
LE SPORT DU JOUR. — Turba.
COURRIER DES THÉÂTRES. — Emile Mendel.
FEUILLETON. — Gustave Toudouze.
BULLETIN
Le Journal officiel a publié hier un
décret rendu sur la proposition du mi-
nistre de la guerre et qui réglemente le
cérémonial à observer pour la remise de
leurs insignes aux militaires nommés ou
promus dans la Légion d'honneur.
A la suite des troubles qui se sont pro-
duits à l'ouverture des cours de l'Ecole de
pharmacie, M. le ministre de l'instruction
publique a pris un arrêté qui ferme l'Ecole.
Les nouvelles de Grèce sont peu impor-
tantes. La Chambre hellénique est convo-
quée en session extraordinaire pour le
22 mai. Détail assez curieux : le gouver-
nement a dû demander la suspension du
blocus en faveur des bâtiments grecs sur
lesquels prendront passage un certain
nombre de députés pour se rendre à Athè-
nes. Cette autorisation a été accordée,
cela va sans dire, par le commandant en
chef de l'escadre internationale, qui n'est
autre que le duc d'Edimbourg.
Ainsi que nous le faisions remarquer
hier, la constitution du cabinet Valvis a
été favorablement accueillie par les diffé-
rentes puissances et aussi par la popula-
tion grecque. L'impression générale à
Athènes est que toute idée belliqueuse a
disparu. D'après un télégramme d'hier,
les partis sont pénétrés de l'urgence qu'il
y a à désarmer. On espère que les puis-
sances vont rappeler la flotte combinée.
Un télégramme de Berlin du même jour-
nal constate également que dans les cer-
cles politiques allemands on voit dans l'a-
vènement du nouveau ministère la meil-
leure garantie du désarmement.
Depuis que la question grecque est à
l'ordre du jour, on a parlé à mainte re-
prise de l'annexion de la Crète à l'Angle-
terre, en vertu d'un accord secret conclu
entre le gouvernement britannique et la
Porte ottomane. Les Crétois, en dépit de
toutes les belles paroles que leur prodiguent
les agents anglais, dédaignent l'honneur de
devenir sujets de l'impératrice des Indes.
Ils ont répondu aux avances qui leur ont
été faites officieusement que « depuis l'an-
nexion de Chypre ils n'avaient plus con-
fiance dans l'Angleterre ».
Cette raison n'est pas pour embarrasser
nos voisins, passés maîtres dans l'art de
commander la confiance à coups de canon.
Encore faut-il trouver un prétexte avoua-
ble. Or, si la Grèce désarme, — et cela ne
fait pas de doute, — la paix est assurée.
Plus de conflit, plus d'intervention, plus
de courtage. Lord Rosebery doit avoir de
bonnes raisons de regretter M. Delyannis
dont la politique aventureuse servait peut-
être ses desseins secrets.
t LOUIS HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
L'exportation française
Un groupe d'importants industriels fran-
çais ont été présentés hier à M. de Freycinet
par M. Prévet, député. Ces messieurs ont
entretenu M. le président du conseil de la
constitution d'un syndicat national d'exporta-
tion, destiné à étendre notre commerce à l'é-
tranger à l'aide de magasins généraux de
consignation.
Ils ont demandé à M. de Freycinet de vou-
loir bien envoyer à nos agents à l'étranger, et
particulièrement en Egypte, des instructions
précises pour faciliter la réalisation de leur
projet.
M. de Freycinet, montranttoute sa sollici-
tude pour les intérêts de l'industrie et du
commerce, a promis d'envoyer à nos agents
en Egypte les instructions précises qui lui
étaient demandées. Il a fait remarquer que
les commerçants et les industriels avaient
trop souvent le tort de ne réclamer qu'une
protection générale, sans Indiquer les points
spéciaux sur lesquels ils demandent le con-
cours du gouvernement. Il a remercié les
personnes présentes d'être sorties des géné-
ralités et les a engagées à tenir à l'avenir
l'administration des affaires étrangères au
courant de toutes les difficultés qui pourraient
survenir et qu'il serait en son pouvoir d'a-
planir.
Ce n'est pas, en effet, par des instructions
générales, mais bien par des indications net-
tes et visant des faits particuliers, que le
gouvernement peut, par ses agents, défendre
utilement les intérêts de nos nationaux.
L'élection sénatoriale de l'Aisne
On avait annoncé que M. Sandrique, dé-
puté, devait se présenter, contre M. Sébline,
au siège sénatorial vacant dans le départe-
ment de l'Aisne.
L'honorable député a, en effet. été sollicité,
, mais il a décliné toute candidature.
M. Sébline sera donc seul candidat à l'élec-
tion de dimanche. Mais comme il n'aura pas
atteint, le 16 mai, l'âge exigible par la loi
(quarante ans), sa seconde élection, comme
la première, sera invalidée par le Sénat. Il y
.aura donc nécessité de refaire une troisième
et dernière élection dans le mois qui suivra
l'invalidation.
M. Sébline étant résolu à se représenter,
s'fi est réélu son mandat cette fois lui sera
confirmé. M. Sébline aura en effet quarante
ans dans la première quinzaine de juin, tan-
dis que la nouvelle convocation des électeurs
sénatoriaux ne pourra avoir lieu avant la fin
du mois de juin, au plus tôt.
La grève de Decazeville
M. Baïhaut, ministre des travaux publics,
a reçu hier matin plusieurs membres du
conseil d'administration de la Compagnie des
houillères de l'Aveyron. Ces messieurs ont
formellement déclaré au ministre que la
Compagnie ne pouvait accepter l'arbitrage
de M. Laur dans les conditions où cet arbi-
trage lui avait été proposé.
La législation minière
M. Baïhaut, ministre des travaux publics,
met la dernière main au projet de loi ayant
pour objet de modifier la loi de 1810 sur les
mines.
Le ministre a quotidiennement, à ce sujet,
des entrevues avec des ingénieurs des mines
et les directeurs compétents du ministère des
travaux publics.
Le projet de loi sera déposé sur le bureau
de la Chambre dans le commencement du
mois de juin.
Les traités de commerce
Les négociations relatives à l'arrangement
commercial à conclure entre la France et la
Corée se poursuivent dans de bonnes condi-
tions. D'ici à une huitaine de jours, les bases
du traité franco-coréen seront arrêtées.
Les négociateurs sont les deux signataires
du traité franco-chinois : M. Cogordan, pour
la France, et Li-Hong-Chang, pour la Chine.
D'autre part, on se rappelle que, sur la de-
mande du gouvernement roumain, les négo-
ciations relatives à un traité de commerce
franco-roumain avait été reprises dernière-
ment.
La question concernant le régime des blés,
qui avait fait échouer les premières négocia-
tions, ayant été résolue, tout fait prévoir que
cette nouvelle tentative aboutira.
C'est M. de Coutouly, ministre de France à
Bucharest, qui représente notre gouverne-
ment. Le chargé de pouvoirs de la Rouma-
nie est M. Phérékyde.
QUESTIONS DU JOUR
Le droit de chasse
La Justice publie une pétition adres-
sée à la Chambre des députés, au sujet
de la chasse, par un certain nombre de
cultivateurs de Seine-et-Marne et Seine-
et-Oise. Voilà des voix qui ont peu de
chance d'être entendues à l'heure qu'il
est, quoique leurs réclamations soient
justes; elles seront étouffées, j'en ai
peur, car sur ce point les préjugés sont
violents dans nos assemblées parlemen-
taires. Mettez la question de la chasse à
l'ordre du jour, instantanément vous
terrez disparaître les partis politiques:
il n'y aura plus ni républicains radi-
caux, ni républicains opportunistes, ni
royalistes, ni bonapartistes de l'une ou
l'autre branche, ni voltairiens, ni cléri-
caux ; tous chasseurs !
Aussi serais-je très surpris si la Cham-
bre accueillait avec bienveillance une
pétition qui heurtera bien des préjugés.
Les préjugés ont beau n'être que des
préjugés, ils sont souvent plus forts
que la vérité, la raison, l'évidence mê-
me. Pour revenir à nos bons cultiva-
teurs, ils se prononcent avec une viva-
cité qui n'est pas exempte d'emphase
contre la loi « toute féodale » de 1844.
Le mot prête aux plaisanteries, car la
loi de 1844 n'est pas féodale: elle est
tout bonnement bourgeoise. Mais ce qui
est incontestable et bien dit, c'est qu'elle
a été faite « au détriment de ceux qui
cultivent la terre ». Les pétitionnaires
demandent donc d'être protégés contre
les dégâts du gibier, et, si on leur ob-
jecte qu'ils en pourraient être indemni-
sés par les tribunaux, ils répondent que
les procès sont longs, la procédure coû-
teuse et l'indemnité dérisoire. En ré-
sumé, ils réclament : 1° l'abrogation de
la loi de 1844, qui est aujourd'hui notre
Code en matière de chasse ; 2° la pro-
mulgation d'une loi nouvelle permet-
tant au cultivateur de se débarrasser du
gibier en tout temps et par tous moyens;
3° que les propriétaires de grandes chas-
ses soient astreints à les enclore et, par
conséquent, à nourrir leur gibier chez
eux. Il y a une quatrième proposition
concernant un impôt à établir sur les
grandes chasses ; mais ceci est une ques-
tion d'un ordre différent, qui n'a rien à
voir avec le reste.
Quiconque, n'étant point chasseur à
outrance, voudra prendre la peine d'exa-
miner la loi de 1844 d'un peu près,
reconnaîtra qu'elle est mauvaise parce
que ses auteurs se sont placés à un point
de vue faux ; ils ont songé exclusivement
à la conservation du gibier. Ils ont rai-
sonné comme si les propriétés rurales
n'étaient destinées qu'à pourvoir au
plaisir des chasseurs, les intérêts de
l'agriculture ne venant qu'en seconde
ligne. Cela est curieusement réglé par
une série d'articles de la loi qui sem-
blent dire le plus naturellement du
monde : « Tout pour le gibier, rien pour
la récolte. » Le droit de propriété, que
nous considérons comme le plus ab-
solu de tous les droits, est entièrement
méconnu : il est interdit de chasser sur
son propre fonds sans permis de chasse ;
il est interdit, même avec un permis de
chasse, d'y chasser en toute saison et à
toute heure. La protection de la loi s'é-
tend en réalité jusqu'aux animaux nui-
sibles, par les mille entraves que les
arrêtés des préfets, en vertu de cette
même loi, apportent à la destruction
des pigeons ramiers, corbeaux, pies, etc.,
et il devient même difficile d'aller tuer
un renard ou un sanglier, par la peur
qu'on a des gendarmes ; car ceux-ci,
sans en demander plus long, dressent
procès-verbal contre les gens qui se
promènent avec un fusil sans permis de
chasse. Puis il y a des préfets à théo-
ries, qui classeront, par exemple, les
corbeaux dans la catégorie des oiseaux
utiles, parce que les corbeaux détrui-
sent des vers blancs : cela est vrai,
mais d'autre part ils dévastent les
meules durant tout l'hiver. Je ne sais s'il
y a compensation, mais je voudrais bien
qu'on laissât au moins le cultivateur
juge de ses intérêts et que charbon-
nier fût. maître chez soi. Bref, la loi de
1844 est l'objet d'une véritable animad-
versioa dans nos campagnes, et je re-
grette de ne pas disposer de plus de
place pour m'étendre, avec preuves à
l'appui, sur ce sujet.
Aussi est-il tombé déjà une pluie con-
tinue de pétitions au Palais-Bourbon,
depuis qu'il y siège des Assemblées ré-
publicaines. Mais il n'en a été tenu au-
cun compte. La précédente législature
en avait reçu de quoi plusieurs fois rem-
plir des douzaines de corbeilles et les
avait, d'ailleurs, envoyées religieuse-
ment à la commission dite de la chasse.
Mais cette commission ne leur fit pas
même l'honneur d'une analyse de quinze
lignes, sous prétexte qu'elle élaborait
elle-même un projet magnifique ; les pé-
titions furent dédaigneusement men-
tionnées au bout du rapport, et ce fut
tout. Quant au projet des commissions,
il fut tout bonnement ridicule, partant
toujours du principe faux que la conser-
vation du gibier doit primer toute autre
considération et ne donnant, par consé-
quent, aucune espèce de satisfaction
à l'agriculture. J'ai eu sous les yeux les
diverses propositions émanées de l'ini-
tiative parlementaire, - Labitte (qui est
mort sénateur), Deluns-Montaud, etc. —
Elles se valent toutes, et la grande idée,
l'idée mère, est d'abaisser le prix du
permis de chasse à 10 francs, de créer
des tickets de chasse à trente ou qua-
rante sous pour le dimanche, etc. Pur
enfantillage. Aux élections de 1885, les
cultivateurs ont encore demandé aux
candidats, quand ils l'ont pu, la réforme
de la loi sur la chasse ; mais ils ont été
plus gênés qu'autrefois à cet égard par
le scrutin de liste, qui a pour effet de
laisser presque absolument aux mains
des comités urbains la rédaction des
programmes. On n'a obtenu, d'ailleurs,
de la plupart des candidats questionnés
sur ce point que des promesses vagues.
C'est pourquoi je doute fort que la
réforme à accomplir nous vienne de la
législature actuelle. Cette réforme pour-
rait tenir tout entière en un seul article
portant simplement que le droit de
chasse fait partie du droit de propriété.
Je ne voudrais point d'autre règle, car
cela dit tout. Le gibier qui se trouve sur
un territoire vous appartenant devrait
être à votre entière discrétion ; ce de-
vrait être votre droit absolu, sans per-
mis, sans impôt spécial, sans conditions,
de le conserver ou de le détruire, ou de
louer à qui vous voudrez et à telles con-
ditions que vous voudrez l'autorisation
de venir le chasser sur vos terres. Cette
affirmation pure et simple du droit de
propriété n'entraîne pas, bien entendu,
la liberté du braconnage : c'est tout le
contraire, et du principe même de pro-
priété se trouvera déduite naturelle-
ment cette conséquence qu'il n'est pas
plus permis d'aller tirer des perdreaux
chez le voisin que d'aller y cueillir des
poires. A ce point de vue, gardes cham-
pêtres et gardes particuliers exerceront
leurs fonctions exactement comme sous
le régime actuel, sauf qu'ils n'auront pas
à s'enquérir si l'individu pris en flagrant
délit de chasse, c'est-à-dire de vol, a un
permis de chasse ou non, puisque nous
supposons qu'il n'y aurait plus de permis
de chasse. > /:' "1
Je ne sais pourquoi ces idées, si con-
servatrices au bout du compte, parais-
sent affreusement révolutionnaires à la
grande confrérie de Saint-Hubert. Je
ne fais guère qu'emprunter les conclu-
sions de Vivien, l'auteur des Etudes ad-
rninz'stratives, ancien conseiller d'Etat
sous la monarchie de Juillet, si je ne
me trompe, qui fut un esprit sérieux et
instruit, pas radical du tout, mais plutôt
porté, dans la circonstance, à prendre
en considération les intérêts de l'agri-
culture que les satisfactions des chas-
seurs. Si pourtant on se donnait la
peine d'y réfléchir un peu, si peu que
ce fût, on arriverait vite à constater
que les plaisirs des chasseurs ne souf-
friraient guère de la réforme demandée
dans la pétition des gens de Seine-et-
Marne et Seine-et-Oise. Ce n'est pas
snr les grandes routes que l'on trouve
du gibier, et ce n'est guère davantage
dans Jes parcelles non gardées de
champ, de bois, de prairie ou de vigne des
petits propriétaires ruraux ; il y a là tout
au plus quelques coups de fusil à tirer
pendant la semaine de l'ouverture, et
puis c'est à peu près tout. Où donc est
le gibier? Dans les propriétés gardées.
Eh bien! en supposant que la réforme
souhaitée par les cultivateurs s'accom-
plisse, qui donc empêchera d'avoir des
propriétés gardées après comme avant,
puisque c'est justement le principe même
de la propriété que nous demandons à
la loi de consacrer intégralement?
Il y a aussi l'objection économique :
« Mais nous manquerons de gibier ! »
Je viens de montrer justement qu'il y
aura du gibier tout de même si les pro-
priétaires de chasses veulent prendre le
soin de le conserver ; mais il faut bien
admettre qu'il y en aura moins puisque,
si les cultivateurs demandent le droit
de chasse chez eux, c'est assurément
pour en détruire. Eh bien ! que voulez-
vous ? on remplacera les perdreaux
manquants par des pigeons ou des
poulets, et nous n'en dînerons point
sensiblement plus mal. Reste 4 savoir
d'ailleurs,— et je croiç me souvenir
que la question a été traitée autrefois
déjà dans l'Economiste de M. P. Leroy.,
Beaulieu, mais je n'ai pas le numéro
sous la main, — reste à savoir si le gi-
hier, qui s'entretient au détriment de
notre production agricole, ne coûte pas
beaucoup plus qu'il ne rapporte. Il faut
bien que cela soit, car enfin ce n'est pas
en l'air que les cultivateurs se plaignent.
On n'a pas besoin de lunettes pour cons-
tater l'énormité des ravages quand on
se promène dans des champs visités par
des lapins! J'en reviens, d'ailleurs, au
droit de propriété qui passe avant tout,
qui devrait être sacré, et qui, par une
anomalie étrange dans notre législation
qui a fait de ce droit de propriété une
sorte de dogme, est absolument mé-
connu du moment qu'il s'agit d'alimen-
ter le carnier du chasseur. A regarder
les choses de près, cela semble incroya-
ble. Il resterait à régler aussi, cela va
de soi, la difficulté financière provenant
de la perte que produirait, dans la caisse
de l'Etat et dans les caisses municipa-
les, le produit des permis de chasse. Le
problème n'est pas insoluble; mais on
ne peut prendre à la fois la question par
tous les bouts.
EUG. LIÉBERT.
Un journal du soir a posé au ministère
de la marine et des colonies là question
8uj3r$nte :
« Est-il vrai que l'administration de la
marine confie l'emploi de délégué des tra-
vaux publics à Dakar (Sénégal) à un sieur
Goldenstein, Prussien de naissance, ne
possédant même pas ses lettres de natu-
ralisation ? 1)
Le fait est parfaitement exact. La per-
sonne dont il s'agit a été nommée à une
fonction importante dans le service des
travaux publics, à Dakar, au moment même
où un agent, détaché du ministère des tra-
vaux publics au Sénégal, restait plusieurs
mois sans emploi et sans traitement, par
suite de la suppression des crédits afférents
aux chemins de fer du Haut-Sénégal.
Par quelles influences un sujet allemand
a-t-il été préféré à un fonctionnaire fran-
çais?
Il n'y a guère que le sous-directeur des
colonies qui pourrait fournir des indica-
tions sur ce choix extraordinaire.
Quant au ministre et au sous-secrétaire
d'Etat d'alors, il est à peine besoin d'ajou-
ter qu'on ne les a pas édifiés sur la natio-
nalité du candidat préféré, pas plus sans
doute qu'ils n'ont connu certaine mission
sur la côte occidentale d'Afrique, dont
l'histoire curieuse est actuellement sou-
mise à la haute appréciation de M. l'ami-
ral Aube.
Il y aurait un rapprochement intéressant
à établir entre la sollicitude dont l'adminis-
tration des colonies a fait preuve à l'égard
d'un Allemand et la rigueur sans nom
qu'elle a déployée contre un brave et di-
gne Français, ancien officier supérieur de
l'armée, que trente-cinq années de loyaux
et éclatants services n'ont pu protéger
contre les persécutions d'un fonctionnaire
malveillant autant que maladroit.
Nous voulons croire que ni M. l'amiral
Aube ni M. de La Porte ne sont d'humeur
à tolérer plus longtemps les actes arbi-
traires qui se commettent sous leur cou-
vert et à leur insu.
L. H.
■ ■ r -
« CONSPUEZ CHATIN I »
Les troubles qui s'étaient produits der-
nièrement à l'Ecole de pharmacie et qui
avaient motivé la suspension du cours de
M. Chatin se sont renouvelés à la reprise
du cours, ainsi que nous l'avons dit hier,
et ont eu pour résultat de faire fermer
temporairement l'Ecole. Des griefs de di-
verse nature ont été invoqués contre M.
Chatin, comme directeur de l'Ecole et
comme professeur. Mais ces griefs ont été
examinés par le conseil supérieur de ren-
seignement et par le ministre et il est à
croire qu'ils ont été jugés mal fondés,
puisque la démission de M. Chatin a été
refusée.
Quoi qu'il en soit, les élèves en phar-
macie ont donné en cette circonstance un
exemple fâcheux, et ils feront bien d'em-
ployer les loisirs que leur procure la fer-
meture de l'Ecole à réfléchir sur l'étran-
geté de leur prétention de vouloir imposer
leur volonté au gouvernement et au con-
seil supérieur de l'enseignement, composé
d'hommes éminents, tels que M. Berthe-
lot, qui en est le président.
Les étudiants ont communiqué aux jour-
naux une protestation dans laquelle ils dé-
clarent que, « si des rixes ont eu lieu, c'est
simplement parce que des agents provo-
cateurs, qui n'ont jamais appartenu à l'E-
cateurs, été introduits dans l'amphithéâtre
cole, ont été introduits dans l'amphithéâtre
pour applaudir M. Chatin» et que «si la po-
lice n'était pas entrée dans l'Ecole, les ma-
nifestations qui se sont produites sur la
voie publique n'auraient pas eu lieu ».
La corrélation qui existe entre les deux
termes de cette phrase nous échappe.
L'explication ne suffit du reste pas à nous
faire comprendre pourquoi, dans l'intérieur
de l'Ecole, les élèves prenaient les échelles
pour monter à l'assaut de l'amphithéâtre.
La bagarre provoquée par tous ces inci-
dents a été assez sérieuse. Quelques per-
-sonnes ont reçu des blessures graves.
Il devient difficile de considérer cette
affaire comme une simple échauffourée de
jeunes gens. Au lieu de se trouver pour
avertis par la première suspension du
cours, ils sont revenus avec l'intention
bien arrêtée de « faire du boucan » et de
« conspuer Chatin ». Ce n'est pas précisé-
ment dans le but de perfectionner les jeu-
nes citoyens dans l'art d'imiter le cri des
animaux que les cours de l'Ecole de phar-
macie sont créés, et l'administration su.
périeure ne saurait tolérer ces scènes de
désordre ni s'incliner devant les antipa-
thies ou ls rancunes des étudiants. Con-
clusion : l'Ecole est fermée et les étudiants
subissent dans leurs études un temps
d'arrêt qui leur est préjudiciable. La pro-
pagande par le fait ne réussit pas mieux en
pharmacie qu'en politique. Après l'expé-
rience qu'ils sont en train d'en faire, les
étudiants comprendront sans doute que le
mieux est de prottter qes lQns de lauu
professeurs, sauf à faire valoir leurs griefs,
s'ils en ont,'dans les formes régulières, et
à compter moins sur la violence que sur
le bon droit.
:, ,
A L'ÉCOLE DE PHARMACIE
A la suite des événements qui se sont pas-
sés à l'Ecole de pharmacie, un certain nombre
d'étudiants se sont réunis et ont rédigé la
protestation suivante :
« Les étudiants en pharmacie protestent
contre les mesures vexatoires que le direc-
teur de l'Ecole a prises contre eux. Ils dé-
clarent que si des rixes ont eu lieu, c'est
simplement parce que des agents provoca-
teurs, qui n'ont jamais appartenu à l'Ecole,
ont été introduits dans l'amphithéâtre pour
applaudir M. Chatin.
» Ils déclarent que le professeur de l'Ecole
de Montpellier qui a été blessé ne l'a été
qae parce que, non content de s'en tenir à
son rôle de claquenr, il est tombé à bras ra-
courcis sur un des leurs.
» Ils déclarent en outre que, si la police
n'était pas entrée dans l'Ecole, les manifesta-
tions qui se sont produites sur la vole publi-
que n'auraient pas eu lieu.
» Un groupe d'étudiants en phartaacie. n
D'un autre côté, la protestation suivante a
été rédigé par les élèves de M. Chatin :
« Les soussignés, élèves de M. le profes-
seur Chatin, qui ont assisté à son cours le
13 mai 1886, protestent énergiquement contre
les manifestations inconvenantes d'une par-
tie seulement de l'auditoire, manifestation
qui portent atteinte à la liberté du profes-
sorat.
» Ils adressent en outre le témoignage de
leur affectueuse sympathie à M. le docteur
Flahaut, professeur à la Faculté des sciences
de Montpellier, qui assistait à cette leçon et
qui a été blessé par les manifestants. »
M. Chatin s'est rendu au ministère de l'in-
struction publique afin de rendre compte à M.
Goblet des faits dont l'Ecole de pharmacie a
été le théâtre.
A sa rentrée à l'Ecole, M. Chatin a eu un
entretien avec M. Gréard, vice-recteur de
l'Académie de Paris.
Au cours de leurs manifestations, les élè-
ves ont acclamé M. Riche, professeur de chi-
mie, et M. Bonis, professeur de toxicologie.
Comme nous l'avons annoncé, le ministre
de l'instruction publique a pris un arrêté aux
termes duquel l'Ecole de pharmacie est fer-
mée temporairement.
Voici le texte de cet arrêté :
« Par arrêté en date du 13 mai 1886 et par
application de l'article 44 du décret du 28 dé-
cembre 1885, M. le ministre de l'instruction
publique et des beaux-arts a fermé tempo-
rairement l'Ecole supérieure de pharmacie.
» Aux termes de l'article précité, pendant
la durée de la fermeture, tous les actes rela-
tifs aux études et aux examens sont suspen-
dus et les étudiants ne peuvent prendre d'in-
criptions ni subir d'examen dans aucune autre
Faculté ou Ecole. -
» Paris, 14 mai 1886. »
Hier encore, vers deux heures et demie, des
troubles ont eu lieu devant l'Ecole de phar-
macie. ;
M. Chatin, s'étant rendu au secrétafiat, a été
accueilli, par les cris. de: « A mort Chatin!
Conspuez-le ! Démission ! M
Les manifestants, au nombre de 250 envi-
ron, ont pendant une demi-heure fait du ta-
page, puis se sont dispersés.
Aucune arrestation n'a été faite.
A. C.
; —,
AU « PETIT JOURNAL >
Il est assurément permis à tout le
monde de ne pas connaître jusque dans
ses plus petits détails le mécanisme de
notre organisation militaire. Mais, quand
on ignore ces détails, le plus simple bon
sens indique que l'on doit s'abstenir de
prétendre à les discuter et à les modifier.
Telle n'est point, paraît-il, l'opinion de
Thomas Grimm qui vient de diriger les
critiques les plus regrettables contre les
nouvelles institutions de notre armée,
après avoir déclaré d'ailleurs qu'il n'a ja-
mais été ni soldat, ni réserviste, ni terri-
torial. Il n'eût point fait cet aveu, aq sur-
plus, que son incôinpétence aurait éclaté
au grand jour, tant il a entassé d'erreurs
dans les trois articles publiés par le Petit
Journal sur cette question.
Thomas Grimm n'est point partisan des
appels de réservistes et de territoriaux. Il
les combat avec acharnement. Et saas hé-
siter il prend pour arguments à l'appui
de sa thèse les contre-vérités les plus cho-
quantes. -
« Le système actuel, dit-il, n'est avanta-
geux qu aux beaux fils qui du volontariat
d'un an passent & des convocations dans
la caserne voisine, tandis que les pauvres
diables vont très loin : les Bretons en
Franche-Comté et les Lorrains dans le
Midi. »
Que l'on attaque l'engagement condition-
nel d'un an dans ce qu il a d'abusif, rien
de mieux, et nous serons les premiers à
soutenir cet effort. Mais que l'on aille jus-
qu'à lui reprocher de prolonger ses abus
jusqu'au service dans la réserve ou dans
l'armée territoriale, c'est excessif, surtout
au moment où le conseil général des Fa-
cultés de l'académie de Paris vient de
faire une déclaration qui comporte la
complète transformation de ce privilège.
Que l'on se permette enfin d'établir un
parallèle absolument faux entre les char-
ges imposées, en qualité de réservistes,
aux « beaux, fils » et aux «pauvres dia-
bles », c'est dépasser les bornes, et nous
ne pouvons nous dispenser de protester
avec la plus grande énergie. Non, Thomas
Grimm, les réservistes bretons ne sont
envoyés en Franche-Comté, pas plus que
les Lorrains dans le Midi. Quand vous avez
fait cette comparaison, ou vous ignoriez
les principes qui président aux appels des
réservistes et, dans ce cas, vous auriez
mieux fait de vous abstenir, ou vous con-
naissiez ces principes, et alors vous avez
commis un acte blâmable.
Aussi, quand vous vous écriez : « Nous
avons avec nous le peuple; nous sommes
les interprètes des intérêts sacrés de la
patrie, » on ne peut vous croire, car le
peuple, qui chaque année répond aux ap-
pels de la réserve et (Je l'armée territoriale,
sait fort ien, que les convocations se font
dans l'étendue de la subdivision militaire
du domicile légal de chaque appelé.
Vos lecteurs, qui sont nombreW\,lnal..
heureusement pour eux, ont dû bien
rire de vos assertions erronées et de vos
stupéfiantes divagations, ',
Nous qui prenons plus au sérieux ces
élucubrations, nous ne pouvons que nous
lamenter lorsque nous vous voyons pro-
clamer « que les rénnions annuelles de
réservistes et de territoriaux n'ont pas fait
avancer d'un pas le problème toujours re-
doutable d'une mobilisation rapide en
temps de guerre ; qu'elles n'ont apporté
aucun progrès à l'instruction militaire des
libérés ; qu'elles n'ont en rien fortifié les
principes de discipline sous les armes. »
Qu'en savez-vous ?
Où sont vos termes de comparaison
pour ce qui concerne la discipline et l'ins-
truction?
Vous auriez bien dû nous mettre à même
de les apprécier, à moins que, dans votre
infaillibilité, vous ne considériez vos af-
firmations comme parole d'évangile.
Mais s'il vous était permis de contester
ces deux résultats particuliers, quelque in-
contestables qu'ils soient, il faut décidé-
ment que vous ne sachiez rien des choses
que vous prétendez étudier et enseigner
pour avoir osé émettre cette étrange pro-
position que les appels annuels des réser-
vistes et des territoriaux sont inutiles à
la mobilisation.
Ah ! vraiment !
Ne savez-vous donc pas non plus ce
qu'estla mobilisation? Ignorez-vous qu'elle
exige avant tout la préparation et la célé-
rité ? Mais vous êtes le seul à soutenir en
France que la mobilisation ne se fera pas
avec plus de promptitude en cas de guerre,
quand les réservistes et les territoriaux
auront déjà appris, par les convocations
du temps de paix, le chemin qu'ils doi-
vent prendre pour répondre à l'appel de la
patrie en danger !
Nous vous le répétons, vous faites une
œuvre malsaine en tenant ce langage ; de
même, quand vous osez écrire qu' « avec
de bons cadres de sous-officiers tout est
possible, y compris la diminution des
effectifs des officiers ».
Votre thèse était déplorable, antipatrio-
tique. Vous l'avez maladroitement em-
pruntée aux programmes électoraux de la
réaction. Dans ceux-ci, du moins, elle
était présentée simplement, mais avec
habileté, comme un allègement des char-
ges militaires que nous a léguées l'Em-
pire. En la reprenant, vous avez voulu
l'accompagner de considérations justifica-
tives, mais vous n'avez employé comme
arguments que des erreurs de fait ou de
doctrine.
Triste besogne qui, nous n'en doutons
pas, sera sévèrement jugée par les lec-
teurs du Petit Journal.
CHRONIQUE
QUO NON ASCENDAM?
Si telle n'est pas la devise de M. Eif-
fel, il faut reconnaître qu'à nul mieux
qu'à lui elle ne saurait convenir.
C'est M. Eiffel qui a conçu et dressé
le plan de cette tour-de 300 mètres qui
doit servir de portique au palais de
l'Exposition de 1889. Le projet est à la
veille d'aboutir. MM. Lockroy, Chris-
tophle, Alphand, ont émis un avis fa-
vorable, et la commission chargée par
le gouvernement d'étudier l'affaire en
détail n'opposera pas son veto.
Si les prévisions de M. Eiffel se réa-
lisent, avant le premier janvier 1887
nous verrons jaillir de terre, à l'entrée
du Champ-de-Mars, les assises de ce
monument auprès duquel les sept mer-
veilles de la légende n'auront été que
bibelots d'étagère. ( -
Ce n'est pas seulement en France que
l'entreprise passionne l'opinion. Les
journaux étrangers sont remplis à ce
propos de renseignements, d'apprécié
tions, de pronostics où l'admiration
n'exclut pas le dépit. Il nous revient,
d'autre part, de Russie, d'Egypte,
d'Amérique et jusque de l'Extrême-
Orient, que, partout, il y a des gens qui
s'apprêtent à faire le voyage rien que
pour jouir du spectacle. La tour Eiffel
va nous valoir, en 1889, cent mille v'cU
leurs de plus.
Sait-on bien que le Panthéon n'a que
79 mètres; le dôme des Inyiiides 105;
la cathédrale de Strasbourg 142; la
pyramide de Chéops, 146; Tobélisque
de Washington, - le plus haut monu-
ment actuel du globe, - 169 m. 25 ? Se
représente-t-on que la tour en ques-
tion sera quelque chose comme cinq
fois les tours de Notre-Dame, et que les
maisons à six étages feront auprès
d'elle l'effet d'un kiosque à côté de la
colonne de Juillet?
Cela valait — vraiment - qu'on en
parlât.
Je suis donc donc allé frapper à la
porte de M. Eiffel qui m'a, du reste,
reçu avec une affabilité et une rondeur
exquises.
- Je viens vous demander quelques
renseignements au sujet de cette tour
géante qui doit porter si haut (sans ca-
lembour) l'éclat de votre nom.
- Rien de plus simple. La question
est peut-être un peu complexe, un peu
ardue; mais, avec un crayon et une
feuille de papier, on peut toujours ex-
pliquer n importe quoi à n'importe qui
dans n importe quelle langue.
®>. joignant illico la pratique à la
théorie, mon interlocuteur a déroulé
sous mes yeux un immense plan photo-
graphique dont les marges blanches lui
allaient servir, durant toute la durée de
1 interviewy à souligner et à commen-
ter, par des croquis à main levée, sa dé-
monstration familière.
La tour Eiffel se compose essentiel-
lement de quatre montants, formant les
arêtes d'une pyramide quadrangulaire
et réunis à la partie inférieure par un
arc monumental de 80 mètres d'ouver-
ture sur 50 mètres de hauteur.
L'écartement des pieds des montants
— dont chacun a 24 mètres de côté, la
largeur d'un boulevard! — est de 100
mètres d'axe eu axe. Chaque montant
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