Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-04-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 28 avril 1886 28 avril 1886
Description : 1886/04/28 (A17,N5223). 1886/04/28 (A17,N5223).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7562006c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-septieme année. — N° 5223 Prix du numéro à Paris : 15 centimes — Départements: 20 centimes Mercredi 28 avril 1886
LË XIX SIÊCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue Cadet, 16
Directeur politique :
A.-EDOUARD PORTALIS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS 1
Trois mois. t 6 »»
Six mois. 32 H" 1
Un an. 62 »»
PARIS
Trois mois. 13 »»
Six inois 25 M"
Un an. 50 »»
Supplément pr l'Étranger 'Europe) 1 fr. par trimestre
- Les abonnemtB partent des 1er et 15 de chaque mois
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
16, rue Cadet, 6
EN VENTE A LONDRES
A la librairie JPetit jeaxi
39, OLD COMPTON STREET (SOHO)
f ET DANS SES SUCCURSALES
RÉGISSEURS D'ANNONCES :
MM. LAGRANGE, CERF ET CI
6, place de la Bourse, 6
MM. les Souscripteurs dont l'abon-
nement expire le 30 avril sont priés
de le renouveler au plus tôt, s'ils ne
veulent pas éprouver de retard dans
la réception du journal.
SO~~I~AII~E:
BULLETIN. - Louis Henrique.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES.
UN APPEL AUX ÉLECTEURS — A.-E. P.
L'AFFAIRE ROCHEFORT-DREYFUS.
MISE EN LIBERTÉ DE M. ROCHE.
LA POLITIQUE. — Docteur Ralph.
LA VIE DE PARIS. — Henry Fouquier.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER.
LES GRÈVES.
BULLETIN MARITIME ET MILITAIRE.
LES INCENDIÉS DE STRYJ.
ECHOS DU JOUR. - Brichanteau.
LA PRESSE AU JOUR LE JOUR.—P.-P. Dejuinne.
ACADÉMIE DES SCIENCES. — ACADÉMIE DE MÉ-
DECINE. — Dr V. du C.
GAZETTE DU PALAIS. — M6 Gervasy.
COURRIER DE LA BOURSE. - H. Le Faure.
PETITE BOURSE DU SOIR.
LA TEMPÉRATURE.
FAITS DIVERS.
LE SPORT DU JOUR.
COURRIER DES THÉÂTRES. — Emile Mendel.
PETITES NOUVELLES.
FEUILLETON. — Gustave Toudouze.
BULLETIN
Il vient de se produire en Grèce un inci-
dent aussi imprévu qu'imprûbable. Les re-
présentants des puissances ne se sont pas
contentés de la promesse faite par le gou-
vernement hellénique de procéder au dé-
sarmement, ils ont tenu à remettre entre
les mains de M. Delyannis l'ultimatum
dont ils étaient porteurs. Et, pour que rien
ne manquât à ce cérémonial réglé par
avance, les bâtiments de la flotte combi-
née, qui avaient pris le large, sont venus
s'embosser devant le Pirée.
Le prétexta de cette démonstration com-
minatoire est assez mal déguisé. Les re-
présentants des puissances ont prétendu
que l'adhésion de la Grèce ne répondait
point aux instructions de leurs gouverne-
ments respectifs. Il leur eût été loisible de
provoquer l'envoi de nouvelles instruc-
tions. M. de Mouy, chargé d'affaires de
France, les en pria ; il n'obtint qu'un re-
fus. Voilà des diplomates bien pressés.
Après avoir temporisé pendant trois mois,
ils ont apporté une hâte pour le moins
singulière à pousser les choses à l'extrê-
me. Ils autorisent, par leur attitude, les
commentaires les moins favorables. Déjà
les dépêches d'Athènes signalent l'impres-
sion fâcheuse produite par cet incident.
La foule, qui voit juste en général dans
les questions d'honneur naiional, ne se
gêne pas pour manifester tout haut son
mécontentement. Elle accuse, sans am-
bages, les représentants des puissances
d'avoir conçu un vif dépit de la tournure
pacifique qu'avaient prise les événements
sur la simple démarche amicale de la
France. L'empressement de M. Delyannis
à se rendre aux conseils de la France au-
rait paru un manque de déférence à l'égard
des cinq grandes puissances.
Voilà ce que l'on dit à Athènes et ce que
l'on est un peu en droit de penser ailleurs.
Il ne peut y avoir qu'une opinion sur l'at-
titude prise dans les circonstances que l'on
sait par les ministres étrangers : l'ultima-
tum était inutile.
Il est fort douteux que les puissances
donnent leur approbation à la conduite
tenue par leurs agents. Que peut répondre
M. Delyannis à cet ultimatum tardif? Il n'a
qu'à s'en référer à la réponse faite à la
France, réponse que les ministres accré-
dités à Athènes avaient reçue dans la
journée du 26 avril et quelques heures
avant l'envoi de l'ultimatum. Il ne pourra
que confirmer les engagements pris envers
la France au sujet de la démobilisation de
l'armée grecque.
On comprend que les divers gouverne-
ments intéressés dans le conflit turco-grec
suivent et surveillent même le désarme-
ment, qu'ils prennent leurs sûretés contre
des lenteurs calculées qu'il faut prévoir
par excès de prudence, mais qui nous pa-
raissent improbables parce qu'elles seraient
sans excuse.
Ce qu'on ne comprendrait pas, c'est que
par des rigueurs inutiles, par des mala-
dresses blâmables, les agents des puis-
sances fissent regretter à la Grèce l'acte de
soumission dont l'Europe, après tout, doit
lui tenir compte et lui savoir gré.
A l'heure actuelle, un résultat important
a été obtenu : le maintien de la paix est
assuré. La diplomatie n'a pas terminé son
œuvre, toutes les difficultés ne sont pas
aplanies; mais il serait souverainement
ridicule que la mauvaise humeur de cer-
tains agents, dépités de voir la France ob-
tenir par la persuasion ce que d'autres
n'ont pu obtenir par la force, que ce mau-
vais vouloir, disons-nous, remît tout en
question.
Le Journal officiel italien a publié hier
le décret royal prononçant la dissolution
de la Chambre. Les élections sont fixées,
comme nous l'avons dit, au 23 mai ; le
Parlement est convoqué pour le 10 juin.
Le décret de dissolution est précédé
d'un rapport au roi, contresigné par tous
les ministres, énumérant les réformes ac-
complies par la dernière législature.
L'énumération des réformes projetées
eût tenu plus de place dans le document
soumis au roi, si les ministres avaient
voulu la faire complète. Ils se sont bornés
à déplorer l'infécondité de la précédente
législature et la dislocation de la majorité
ministérielle, en exprimant l'espoir que
les prochaines élections donneront au
pouvoir « la force que les gouvernements
libres trouvent dans une majorité solide
et unie H.
En même temps que le Journal officiel
du royaume enregistrait le décret de dis-
solution, l'organe non moins officiel du
Vatican publiait, au sujet des élections
générales, une sorte de manifeste électo-
ral dont les conclusion a sont à citer :
« Nous croyons que sur cette vieille
terre d'Italie, où se sont déroulés tant
d'actes sublimes, cette population si intèl.
ligente, si bien douée et si bienveillante
malgré toutes les révolutions auraitun ave-
nir plein de bonheur devant elle si, aidée
par des hommes d'Etat sages et courageux,
elle pouvait être amenée à remonter vers
le commencement de ses destinées his-
toriques; si, au lieu d'entretenir l'antago-
nisme entre les deux pouvoirs, elle repre-
nait ses glorieuses traditions, réparait les
erreurs commises, replaçait le saint-siège
sur le pied de l'indépendance et ajoutait à
la gloire d'être une grande puissance l'as-
cendant de la papauté et les bienfaits de la
religion. »
Cet article, qui traduit fidèlement la
pensée de Léon XIII, a fait sensation dans
la capitale, au dire de notre correspon-
dant. La forme en est assez modérée pour
laisser croire à une tentative de réconcilia-
tion avec le royaume d'Italie; les conclu-
sions, par contre, sont trop nettes pour
qu'il soit impossible de se méprendre sur
la portée véritable de ce manifeste, qui
n'est ni plus ni moins qu'un mot d'ordre
donné aux catholiques fervents. L'empe-
reur d'Allemagne a fait sa paix avec le
saint-siège au prix de quelques conces-
sions. Il y a entre Léon XIII et le roi Hum-
bert le principe de l'unité italienne. Sur ce
terrain, il ne peut y avoir de transaction.
Louis HENRIQUE.
IHFDRHÀTIDHS PARTICULIÈRES
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier matin
en conseil à l'Elysée, sous la présidence de
M. Jules Grévy.
Par suite de l'absence de MM. Goblet, De-
môle, Sarrien, Sadi Carnot; Aube, Develle,
la délibération a été très courte.
M. de Freycinet a communiqué à ses col-
lègues l'heureux résultat de l'affaire grecque ;
M. Baïhaut a annoncé que les grévistes d'E-
pinac étaient descendus hier matin dans les
mines, anarchistes en tête; la grève peut
être considérée comme terminée.
M. Léon Say chez M. de Freycinet
M Léon Say, sénateur, président du con-
seil d'administration de la Compagnie des mi-
nes de Decazeville, a eu hier à deux heures
une entrevue avec M. de Freycinet, président
du conseil, et M. Baïhaut, ministre des tra-
vaux publics.
Disons de suite que, malgré les efforts de
MM. de Freycinet Mt Baïhaut, cette entrevue
ne paraît pas avoir produit un résultat effi-
cace. La situation reste à peu près la même;
quant à l'entrevue elle-même, elle a été très
cordiale.
Voici le compte rendu qui nous est com-
muniqué par l'agence Havas :
« L'entrevue, annoncée par quelques jour-
naux, entre les administrateurs de Decaze-
ville et les ministres des affaires étrangères
e* des travaux publics, a eu lieu aujourd'hui
à deux heures.
» Les ministres ne pouvaient avoir l'inten-
tion d'ouvrir des négociations avec la Compa-
gnie au nom des ouvriers, ni de lui donner
des directions pour la conduite de ses affaires
industrielles ; mais i s ont manifesté la crainte
qu'il n'existât quelque malentendu entre la
Compagnie et ses ouvriers au sujet du tarif
affiché le 26 février dernier, qui paraît avoir
été l'occasion de la grève.
» Les représentants de la Compagnie ont dé-
claré qu'ils n'avaient jamais connu avec pré-
cision les causes de la grève ; ils ne peuvent
pas, étant donnés les prix courants du com-
merce des houilles, relever le prix des salai-
res ; mais ils ne tiennent pas à imposer une
dis'ribution de ces salaires sous une forme
plutôt que sous une autre.
» Si le tarif du 26 février était un obstacle
à la reprise si désirée du travail, les adminis-
trateurs seraient tout prêts à rouvrir les
chantiers, en rétablissant les tarifs appliqués
dans les mines pendant le mois de février an-
térieurement à l'affiche du 26 ; mais ils ont
ajouté qu'ils ne seraient pas en mesure d'oc-
cuper autant d'ouvriers qu'auparavant, en
raison de la situation générale des affaires.
Les éliminations nécessaires seraient faites,
d'ailleurs, avec la plus grande impartialité. »
M. de Freycinet et M. Delyannis
M. de Freycinet, ministre des affaires étran-
gères, a reçu, hier matin, M. Nicolas Delyan-
nis, ministre de la Grèce à Paris.
L'entrevue a été des plus cordiales. M. De-
lyannis a félicité M. de Freycinet du résultat
de ses démarches auprès du gouvernement
hellénique et l'a remercié de ses efforts pour
le maintien de la paix en Orient.
Déplacements ministériels
Aux renseignements que nous avons déjà
donnés sur le voyage en Angleterre de M.
Lockroy, nous devons ajouter les détails sui-
vants :
Nos voisins ont organisé dans leur minis-
tère du commerce un bureau spécial dont le
but est de se tenir en communication directe
et constante avec les syndicats ouvriers, de
leur fournir tous les renseignements qu'ils
demandent sur l'industrie à laquelle ils se li-
vrent et de sauvegarder leurs intérêts dans
la mesure du possible. -
C'est de ce bureau qu'est sortie l'organisa-
tion des Trade's Unions, et c'est son fonction-
nement que veut étudier sur place netre mi-
nistre du commerce, afin d'en créer un sem-
blable chez nous.
En outre, M. Lockroy a l'intention de s'oc-
cuper également de la salubrité des ateliers
et des logements, du travail des femmes et
des enfants, des associations ouvrières, des
conseils de prud'hommes, et des écoles pro-
fessionnelles où les jeunes ouvriers étrangers
viendraient s'instruire.
Le ministre du commerce quittera Paris de-
main, après le conseil de cabinet. Il se rendra
directement à Londres.
L'Exposition de 1889
Le Journal officiel publiera vendredi ou sa-
medi un arrêté ministériel faisant connaître
les conditions définitives du concours pour
l'Exposition.
Le délai assigné à ce concours, qui aura
lieu pendant l'absence de M. Lockroy, expi-
rera le 25 mai, jour de la rentrée des Cham-
bres.
A propos de l'Exposition, ajoutons que tou-
tes les puissances y participeront. L'Améri-
que, la Suisse, la Prusse rhénane, l'Autriche
et la Russie ont déjà fait connaître leur adhé-
sion.
Le gouverneur du Congo
M. Jules Grévy a signé hier, à l'issue du
conseil des ministres, un décret aux termes
duquel M. Savorgnan de Brazza est nommé
commissaire général du gouvernement dans
le Congo français
M. de Brazza aura à ce titre, sous son auto-
rité, le lieutenant-gouverneur du Gabon. Il
pourra, en conséquence, déléguer ses pou-
voirs à l'un des résidents placés soas ses
ordres,
L'élection d'IIle-et-Vilaine
Le collège électoral du département d'me-
et-Vilaine est convoqué pour le 23 mai pro-
chain, à l'effet d'élire un député en rempla-
cement de M. Lelièvre, décédé.
L'amiral Aube
Nous avons annoncé que de pressantes dé-
marches étaient faites auprès de M. l'amiral
Aube afin de le décider à poser sa candida-
ture au conseil général de la Charente-Infé-
rieure pour le canton sud de Rochefort.
Nous apprenons que M. Paul Bethmont,
premier président de la cour des comptes,
conseiller sortant de ce canton, ne se repré-
sentera pas au renouvellement de juillet,
pour permettre au ministre de la marine de
recueillir sa succession.
Le traité de navigation avec l'Italie
Par suite de la dissolution du Parlement
italien, les négociations relatives à la conclu-
sion du traité de navigation franco-italien
sont ajournées.
M. Rouvier, député des Alpes-Maritimes,
qui avait été chargé, de concert avec M. De-
crais, de suivre ces négociations, ne retour-
nera pas, pour le moment, en Italie.
Les importations en France
Le tableau d'importation des marchandises
diverses en France accuse,, pendant le pre-
mier trimestre 1886, une forte dépression sur
les sucres, une diminution de 3 millions sur
les cafés, de 9 millions sur les graisses et de
7 millions sur les machines et les mécaniques.
Le commerce français a acheté à l'étranger
pour 141 millions de vin, au lieu de 85 mil-
lious, total de l'année dernière ; les fruits de
table comptent pour 29 millions, au lieu de
18 ; la morue pour 11 millions, au lieu de
6 millions et demi.
Les beurres, fromages et viandes importés
ont subi une légère augmentation.
0
UN APPEL AUX ÉLECTEURS
Deux journaux, dont l'un est dirigé
par une jolie femme qu'on dit très fan-
taisiste et l'autre par M. Henri Roche-
fort, ont publié hier un Appel aux élec-
teurs du département de la Seine si-
gné : le comité électoral socialiste, pour
les engager à voler pour M. Ernest
Roche et contre M. Alfred Gaulier. Des
raisons invoquées pour engager les élec-
teurs à déposer dans l'urne un bul-
letin au nom de M. Roche, nous n'avons
rien à dire : cela ne sort pas des lieux
communs de la phraséologie révolution-
naire. Il y est question des « vampires
de la spéculation industrielle », « de la
finance orléaniste », « des trafiquants à
la Léon Say), et de la nécessité d'« en
finir avec un radicalisme d'affiches »
qui n'est autre que le radicalisme de
tous les républicains qui refusent d'em-
boîter le pas derrière les fortes têtes du
collectivisme, marchant sous le com-
mandement de Mme Séverine et de M.
Henri Rochefort. Quant aux raisons
mises en avant pour détourner les élec-
teurs de la candidature Gaulier, elles
ont le mérite d'être peu nombreuses.
Il n'y en a que trois. La première, c'est
que M. Gaulier est un ancien rédacteur
de la République française; la seconde,
c'est qu' « il a été improvisé candidat en
dehors de toute consultation populaire»;
la troisième, c'est qu' « il est patronné
par le jéromiste Portalis et la bande en-
tière des oDoortunistes ».
Même dé la part de révolutionnaires,
il n'est guère sérieux de reprocher à
M. Gaulier d'avoir collaboré à la Répu.
blique française, quand tout le monde
sait que cette collaboration date d'une
époque où tous les républicains, sans
exception, étaient unis contre le 16 Mai
et acceptaient la direction de M. Gam-
betta. Quant au reproche d'avoir été
choisi en dehors de toute consultation
populaire, peut-on dire qu'il soit plus
fondé ? Voudrait-on nous indiquer le
moyen de consulter les 500,000 élec-
teurs du département de la Seine sur
le choix d'un candidat? La difficulté que
les électeurs participent au choix du
candidat n'est-elle pas un des incon-
vénients du scrutin de liste? Aurait-
on préféré et aurait-on trouvé plus
conforme aux principes démocratiques
que ceux que l'on qualifie élégamment
de « bande opportuniste » et qui
comprennent, avec la Justice, le Vol-
taire, la France et le XIXa Siècle,
eussent tiré dans un chapeau le nom
d'un candidat, comme les révolution-
naires l'ont fait pour M. Ernest Roche?
J'ignore qui se cache derrière la si-
gnature : le comité électoral socialiste,
ni qui a rédigé cet Appel aux électeurs;
mais je m'attendais à ce que Y Intransi-
geant m'appellerait jéromiste., au cours
de cette période électorale, comme M.
Dreyfus s'attendait à être appelé juif.
A supposer qu'il y ait des jéromistes,
M. Rochefort, dont par parenthèse
je n'ai cessé de prendre la défense
quand il était proscrit, sait très bien
qu'on pourraitle traiter d'orléaniste beau-
coup plus sérieusement qu'on ne peut me
traiter de jéromiste. Cela ne l'empêche
pas de temps à autre, quand il n'a rien
de mieux à dire, de m'appeler ainsi,
comme il appelle M. Jules Ferry assas-
sin et tous ceux qui soutiennent M.
Gaulier opportunistes. Ainsi que le di-
sait très justement encore M. Camille
Dreyfus, de la part de l'ex-dernier élu
de Paris, ces incartades ne tirent pas à
conséquence.
La seule chose intéressante en tout
ceci est de constater combien sont peu
sérieuses les raisons invoquées par les
révolutionnaires contre l'unique candi-
dature républicaine. Autrefois le parti
de la révolution sociale pouvait être pris
au sérieux et passer pour redoutable ;
mais, comme il fallait s'y attendre, la
politique révolutionnaire n'a pas tardé,
sous l'influence de M. Rochefort, à pren-
dre des allures de vaudeville. La fa-
meuse candidature de protestation pour-
rait bien n'être en fin de compte que la
candidature du cabotinage politique.
A.-E. P.
»
Le Gaulois, par la plume de M. J. Cor-
nély, se déclare pour la candidature
Fischer.
Voici la conclusion de son article :
Vous voyez donc bien que l'idée de proposer
M. Fischer comme candidat est non seule-
ment énergique et louable, mais encore tout
à fait politique, puisque, s'ils n'avaient pas le
nom de ce brave et courageux citoyen, les con-
servateurs catholiques qui voudraient voter
seraient obligés de voter pour M. Roche,
c'est-à-dire pour un lieutenant de M. Basly.
Fischer sera mon candidat.
LAîMre Rochefort-Dreyfus
A la suite de la polémique engagée
entre M. Camille Dreyfus, député de la
Seine, directeur de la Nation, et M. Henri
Rochefort, rédacteur en chef de Y Intransi-
geant, un échange de témoins a eu lieu.
Voici les procès-verbaux qui ont été ré-
digés par ces messieurs :
1° Lettre de MM. Launay et Lyon-Ale-
mand à M. Camille Dreyfus :
Mon cher ami,
M. Henri Rochefort vous ayant envoyé des
témoins, vous nous avez chargés de vous re-
présenter.
Nous nous sommes mis immédiatement en
rapport avec MM. Ayraud-Degeorge et Ernest
Vaughan, témoins de M. Rochefort, qui ont
revendiqué pour leur client la qualité
d'offensé, et par conséquent le choix des
armes.
Nous n'avons pas pu accepter cette manière
de voir, considérant que la polémique qui a
donné lieu à cet incident a été commencée
par M. Rochefort.
Après discussion, nous avons proposé à ces
messieurs de choisir un arbitre chargé exclu-
sivement de désigner l'offensé, le principe
de la rencontre ayant été mis dès le début
hors de contestation.
M. Rochefort, consulté par ses témoins et
après un premier refus, a accepté un arbitre,
mais à la condition que celui-ci ne serait pas
un républicain.
Consulté à votre tour, vous avez rejeté l'i-
dée de rendre un réactionnaire juge entre
deux républicains et, malgré notre insis-
tance, vous nous avez chargés d'abandonner
le choix des armes à M. Rochefort, sans tenir
compte de l'infériorité créée par votre myo-
pie dans un combat au pistolet.
M. Rochefort, malgré cette concession, a
voulu dicter lui-même, par l'entremise de ses
témoins, les conditions du combat.
Nous n'avons pas pu admettre cette exi-
gence. Nous avons alors proposé successive-
ment l'échange de deux balles à trente pas,
ou l'échange d'une balle à trente pas, et dans
le cas où il n'y aurait pas eu de résultat, une
reprise du combat à l'épée.
M Rochefort, consulté de nouveau par ses
témoins, a refusé ces conditions et maintenu
le duel au pistolet, au visé, avec un nombre
illimité de balles, jusqu'à ce qu'un des deux
adversaires ait été atteint.
Nous n'avons pas cru pouvoir prêter notre
concours à une rencontre de cette nature et
nous avons pris congé de MM. Ayraud-De-
george et Ernest Vaughan.
Nous vous prions donc, mon cher ami, de
considérer notre mission comme terminée et
de croire à nos meilleurs sentiments.
Louis LAUNAY.
TH.-LYON-ALEMAND.
2' Lettre de MM. Vaughan et Ayraud-
Degeorge à M. Henri Rochefort :
Mon cher ami,
Vous considérant comme gravement outragé
par un article publié dans le journal la Na-
tion du 26 avril, vous nous avez priés de de-
mander en votre nom à M. Camille Dreyfus,
auteur de cet article, une réparation par les
armes.
M. Dreyfus nous a mis en rapport avec
deux de ses amis, MM. Lyon-Alemand et
Louis Launay, qui vous ont tout d'abord con-
testé la qualité d'offensé et, après de lon-
gues discussions, ont fini par nous proposer
de soumettre à un arbitrage cette question
préjudicielles.
Bien que votre situation vis-à-vis de M.
Dreyfus nous parût des plus nettes, nous
avons cependant cru devoir accepter la déci-
cision d'une tierce personne; mais nous
avons demandé que l'arbitre fût choisi en
dehors des partis intéressés dans la polémi-
que qui a été le point de départ de cette af-
faire.
Après avoir consulté leur client, MM. Lyon-
Alemand et Louis Launay ont spontanément
renoncé à l'arbitrage et, reconnaissant votre
droit à une réparation, nous ont laissé le choix
des armes.
Vous nous aviez, cher ami, exprimé le dé-
sir que la rencontre fut extrêmement sé-
rieuse; vous ne pouviez admettre, nous aviez-
vous dit, que le combat finît sans que l'un
des deux adversaires fût hors de se dé-
fendre; et nous étions tombés d'accord avec
vous sur ce point.
C'est pourquoi nous avons proposé les con-
ditions suivantes :
La rencontre aurait lieu au pistolet de tir,
au visé ; — les adversaires seraient placés à
trente-cinq pas l'un de l'autre, avec faculté
d'avancer chacun de cinq pas ; le feu conti-
nuerait jusqu'à ce que l'un des deux combat-
tants fût atteint.
Bien que ces conditions n'eussent abso-
lument rien de contraire aux règles ordinai-
res du duel, elles n'ont cependant point
paru acceptables à MM. Louis Launay et
Lyon-Alemand, qui, de leur côté, nous ont
proposé les suivantes :
Le pistolet ; tir au commandement ; échange
de deux balles à trente pas ; — ou encore,
échange d'une senle balle, et, si aucun des
deux adversaires n'était blessé, continuation
du combat à l'épée.
Nous n'avons cru pouvoir adopter ni l'une
ni l'autre de ces propositions. En effet, dans
le premier cas, les adversaires étaient expo-
sés à quitter le terrain sans avoir obtenu au-
cun résultat ; et, dans la seconde hypoWse,
vous étiez amené à accepter, en fin de compte,
une arme que. de prime abord, nous avions
formellement refusée en votre nom. Il nous
était impossible de consentir à ce que vous
abandonniez ninsi le privilège que vous créait
votre qualité d'offensé.
D'autre part, MM. Lyon-Alemand et Louis
Launay ayant déclaré qu'ils n'accepteraient
pas d'autre conditions, les pourparlers ont dû
être rompus.
Recevez, cher ami, la nouvelle assurance
de notre vive et cordiale affection.
E. VAUGHAN
H. AYRAUD-DBGEORGB.
*M
MISE EN LIBERTÉ DE M. ROCHE
Le tribunal de Villefranche a accordé
hier matin 27 avril la liberté provisoire
sans caution à M. Ernest Roche qui a été
relaxé immédiatement.
C'est à la suite d'une requête qu'il a
adressée au tribunal de Villefranche et que
celui-ci a examinée en se déclarant compé-
tent que M. Roche a été mis en liberté.
Il est exact que M. Roche a refusé de
faire appel ou d'interjeter appel contre le
jugement rendu précédemment par le tri-
bunal de Villefranche.
M. Ernest Roche arrive ce matin à
Paris.
—————————— .——————————
LA POLITIQUE
Jamais la politique pure n'a tenu moins
de place que durant la session qui vient
de finir. On ne pourrait citer qu'un
seul débat où elle ait vraiment joué son
rôle et occupé le devant de la scène.
Nous doutons fort que, pendant la pro-
rogation des Chambres, elle sorte de
l'indifférence où elle est tombée. Ni la
session des conseils généraux ni les
discours que pourront prononcer cer-
tains ministres ne serviront à l'en tirer,
parce que les ministres comme les con-
seillers généraux parleront sans doute
avant tout de ce qui a remplacé la poli-
tique pure, des grands problèmes sou-
levés par la lutte économique. Ce phé-
nomène, spécial à notre fin de siècle,
nous ne saurions nous en plaindre, car
il a grandement contribué à rendre la
République inaccessible aux entreprises
de ses ennemis. Le pays s'est attaché à
la République comme à la seule forme
de gouvernement qui pût le protéger
contre ces luttes politiques où s'épuise
le meilleur de là force nationale.
Toutes les ressources dont la France
dispose, on veut les tourner désormais à
soutenir ce - poids -de la concurrence
étrangère qui menace si cruellement nos
marchés. Les problèmes économiques
dépassent de beaucoup les problèmes
politiques et il faut retourner absolu-
ment le mot fameux dont on se payait
depuis la Restauration, qui a servi plus
d'une fois d'oreiller à la paresse parle-
mentaire et qui a longtemps permis de
reléguer au second plan les débats tech-
niques. Il n'est plus temps de dire qu'il
suffit de faire de la bonne politique pour
avoir de bonnes finances. Il faut dire à
présent que pour faire de la bonne politi-
que il faut commencer par résoudre au
mieux des intérêts généraux ces nom-
breuses difficultés qui enserrent, qui
paralysent l'activité nationale.
La Chambre l'a compris, puisque,
dans sa première session de 1886, elle
n'a guère discuté que des questions éco-
nomiques ; puisque, avant de partir, elle
s'est fait déposer deux rapports qui
touchent aux points les plus aigus du
problème, aux droits de douane. Néan-
moins nous ne voudrions pas lui laisser
croire que dans cette voie nouvelle, où
elle est poussée par la force des cho-
ses, elle a fait preuve d'une expérience
consommée. Non certes, et il serait re-
grettable que dans la seconde session
on discutât les questions des sucres, du
bétail et des blés d'après la méthode
qui, durant la première session, a servi
à discuter les questions des chemins de
fer ou des mines. L'économie politique
ne se traite pas comme la politique
pure ; c'est une vérité dont les députés
auraient besoin de se convaincre tandis
qu'ils sont auprès de leurs électeurs.
Les idées générales qu'on acquiert sur
les bancs de l'école peuvent être un
bagage suffisant pour discuter les lois
quand elles ne visent que la politique
pure, et ce qui manque au bagage peut
être complété par la tactique parlemen-
taire, dont les secrets s'apprennent vite
dans les couloirs.
Mais, pour débattre des lois dont
chaque paragraphe peut faire perdre ou
gagner de l'argent à des milliers de tra-
vailleurs, il faut plus que des idées gé-
nérales, il faut plus que de vagues prin-
cipes recueillis dans des livres. Il faut
saisir sur l'heure même les pulsations
du pays, savoir exactement quelles sont,
à l'intérieur des frontières, les forces
en présence, et quelles sont, au delà
des frontières, les forces concurrentes.
Car si l'on tranchait des problèmes
comme ceux qu'on a rapportés le jour
du départ, en ayant l'œil fixé sur un
seul côté de la lutte, on s'exposerait à
commettre des injustices qui produi-
raient des ruines. C'est pourquoi, pen-
dant les six semaines de vacances qu'ils
se sont. données, les députés feront
bien de modifier le ton et la nature des
conversations qu'ils ont coutume d'avoir
avec leurs électeurs. Ce n'est plus de
politique pure qu'ils doivent parler. Ils
n'ont pas à chercher ces satisfecit qu'ils
aimaient autrefois à rapporter au Palais-
Bourbon, pour continuer ensuite avec
plus de vigueur la campagne engagée.
IL n'y a de campagne engagée au Pa-
lais-Bourbon que sur le terrain écono-
mique. La conduite à tenir, au point de
vue politique, est trop simple pour mé-
riter de longs entretiens, puisqu'elle
consiste uniquement à serrer les rangs
contre la Droite. Mais ce qui est moins
simple, moins clair, c'est la conduite à
tenir en face de ces problèmes écono-
miques qu'il faudra discuter, sur les-
quels il faudra voter dans quelques se-
maines. Si les députés, qu'ils nous pas-
sent l'expression, ne veulent pas patau-
ger comme ils l'ont fait, par exemple,
dans la question des tarifs, il est essen-
tiel qu'ils se renseignent exactement
sur les vrais besoins de l'agriculture et
de l'industrie, qu'ils pèsent exactement
la valeur des réclamations élevées au-
tour d'eux, qu'ils mettent en balance
les réclamations contradictoires, car tel
veut un droit protecteur où tel autre
n'en veut pas. Il est essentiel, en un
mot, de remplacer par une méthode et
des études précises le système de l'à
peu près, qui ne convenait qu'à la poli-
tique.
Docteur RALPH.
Le Salon — nos lecteurs savent déjà
cette bonne nouvelle — sera fait cette
année dans le XIXo Siècle par M. GUY
DE MAUPASSANT. Nous n'avons pas
à insister ici sur le talent de notre nou-
veau collaborateur, mais il nous parait
intéressant d'indiquer que cette critique
du Salon est la première que M. Guy de
Maupassant ait jamais écrite.
LA VIE DE PARIS
On s'est battu en duel, ces jours-ci,
avec assez d'entrain. Les journaux ont
publié les récits de trois ou quatre
rencontres qui se sont bien passées. Il
n'en est pas de même, malheureuse-
ment, de la rencontre qui a eu lieu en-
tre M. Drumont et M. Meyer, 'directeur
du Gaulois. Et cette affaire, dont nous
ne voulions pas parler, a fait un tel ta-
page, a motivé déjà tant d'articles et
tant de lettres, qu'il y aurait affectation
à ne pas en dire un mot, puisqu'elle a
fait l'objet de toutes les conversations.
L'irrégularité de la rencontre a été,
comme toujours, l'occasion, pour cer-
taines personnes, de tomber sur les
journalistes. J'en suis bien fâché pour
M. Meyer, qui a eu l'idée regrettable de
mettre la presse au service de la vanité
des gens du monde. Mais on m'a rap-
porté un propos caractéristique d'un
« gentilhomme » d'un grand cercle.
« Pourquoi diable, a dit ce seigneur, ces
gens-là se battent-ils? » Ces gens-là,
C'est nous-mêmes, messieurs, sans' nulle vanité.
Nous nous battons, parbleu ! parce que
cela nous convient, et ce n'est pas à
quelques douzaines d'aristocrates de
chrysocale' pour la plupart, tolérant
parmi eux des gens qui vendent ou ex-
ploitent leur nom, que nous demande-
rons des conseils d'honneur. Il est seu-
lement regrettable que le journaliste
qui a le plus fait pour flatter les gens
d'un certain monde soit justement celui
dont la conduite nous expose aux raille-
ries de ces messieurs. C'est très mal-
heureux.
Après la lettre de MM. A. Duruy et
A. Daudet, nos très estimés confrères, il
n'y a plus de doute à avoir sur l'incor-
rection de la rencontre qui a eu lieu en-
tre MM. Drumont et Meyer. Deux fois
celui-ci a paré avec la main gauche, et
les témoins estiment que, sans cette pa-
rade insolite, M. Drumont, au lieu d'ê-
tre assez gravement blessé, eût pu tou-
cher son adversaire. Que la parade fût
irrégulière, ceci est hors de doute : M.
Meyer l'a reconnu en s'excusant. La se-
conde fois comme la première, il a de-
mandé pardon de la liberté grande.
« Voilà qui me fait une belle jambe ! »
a pu répondre M. Drumont, la cuisse
traversée. Imaginez que le fer eût
frappé quelques centimètres plus haut,
dans l'aine ou le ventre, M. Drumont
était tué et M. Meyer en cour d'assises.
C'était une nouvelle affaire Dekeirel.
M. Meyer n'a pas. eu de chance. En
racontant sur lui — de quoi je le blâme
— des choses horribles, en l'accusant
de tout ce qu'il y a de plus déshonorant
pour un homme, en faisant peser sur lui
des soupçons que je ne saurais trouver
fondés tant ils sont graves, M. Drumont
a mis en question l'honneur de M. Meyer.
Celui-ci, que j'aurais voulu voir d'abord
intenter un procès, avec la faculté de faire
la preuve de l'inanité des accusations
portées contre lui, a eu recours à l'épée.
Et la rencontre, bien qu'il en soit sorti
vainqueur, aggrave sa situation devant
le public. Notez qu'il n'entre pas un
instant dans mon esprit l'idée que M.
Meyer a pu, de gaieté de cœur, aller sur
le terrain avec le parti-pris de ne pas
y être correct. Il faut admettre le « mou-
vement nerveux ». Mais quelle atroce
déveine que ce « mouvement nerveux »
ait pris M. Meyer alors que l'affaire
Dekeirel est encore chaude et que
dans le Gaulois même, parlant de cette
affaire, l'honorable M. de Pène avait ap-
précié la conduite de M. Dekeirel en
termes d'une telle sévérité que je ne
voudrais pas les reproduire ! Car, très
sincèrement, je suis enclin à plaindre
M. Meyer plus qu'à le blâmer.
Quant à la question spéciale d'es-
crime qui est au fond de tout cela, je
ne pense pas qu'il puisse y avoir de
doute. La faculté de parer avec la main
gauche est une facilité énorme donnée
à un combattant. C'est comme si, à
l'écarté, on connaissait une carte sur
cinq dans le jeu de son adversaire. Or
cette faculté est interdite par l'usage et
ne peut être rétablie que par une con-
vention expresse des témoins. Le duel
moderne est un duel réglé, ne l'oublions
pas. Jadis, ce qui était infiniment plus
logique, je l'accorde, on se battait avec
des seconds, non des témoins, et on se
battait comme on voulait. Chacun se
servait de ses armes à sa fantaisie, de
la pointe, du revers et du pommeau,
usité dans le corps à corps. Le coup de
pommeau sur la figure est enseigné dans
les vieux traités d'armes. Aujourd'hui,
la convention est que le combat sur le
terrain suit les règles de l'assaut à la
LË XIX SIÊCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue Cadet, 16
Directeur politique :
A.-EDOUARD PORTALIS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS 1
Trois mois. t 6 »»
Six mois. 32 H" 1
Un an. 62 »»
PARIS
Trois mois. 13 »»
Six inois 25 M"
Un an. 50 »»
Supplément pr l'Étranger 'Europe) 1 fr. par trimestre
- Les abonnemtB partent des 1er et 15 de chaque mois
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
16, rue Cadet, 6
EN VENTE A LONDRES
A la librairie JPetit jeaxi
39, OLD COMPTON STREET (SOHO)
f ET DANS SES SUCCURSALES
RÉGISSEURS D'ANNONCES :
MM. LAGRANGE, CERF ET CI
6, place de la Bourse, 6
MM. les Souscripteurs dont l'abon-
nement expire le 30 avril sont priés
de le renouveler au plus tôt, s'ils ne
veulent pas éprouver de retard dans
la réception du journal.
SO~~I~AII~E:
BULLETIN. - Louis Henrique.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES.
UN APPEL AUX ÉLECTEURS — A.-E. P.
L'AFFAIRE ROCHEFORT-DREYFUS.
MISE EN LIBERTÉ DE M. ROCHE.
LA POLITIQUE. — Docteur Ralph.
LA VIE DE PARIS. — Henry Fouquier.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER.
LES GRÈVES.
BULLETIN MARITIME ET MILITAIRE.
LES INCENDIÉS DE STRYJ.
ECHOS DU JOUR. - Brichanteau.
LA PRESSE AU JOUR LE JOUR.—P.-P. Dejuinne.
ACADÉMIE DES SCIENCES. — ACADÉMIE DE MÉ-
DECINE. — Dr V. du C.
GAZETTE DU PALAIS. — M6 Gervasy.
COURRIER DE LA BOURSE. - H. Le Faure.
PETITE BOURSE DU SOIR.
LA TEMPÉRATURE.
FAITS DIVERS.
LE SPORT DU JOUR.
COURRIER DES THÉÂTRES. — Emile Mendel.
PETITES NOUVELLES.
FEUILLETON. — Gustave Toudouze.
BULLETIN
Il vient de se produire en Grèce un inci-
dent aussi imprévu qu'imprûbable. Les re-
présentants des puissances ne se sont pas
contentés de la promesse faite par le gou-
vernement hellénique de procéder au dé-
sarmement, ils ont tenu à remettre entre
les mains de M. Delyannis l'ultimatum
dont ils étaient porteurs. Et, pour que rien
ne manquât à ce cérémonial réglé par
avance, les bâtiments de la flotte combi-
née, qui avaient pris le large, sont venus
s'embosser devant le Pirée.
Le prétexta de cette démonstration com-
minatoire est assez mal déguisé. Les re-
présentants des puissances ont prétendu
que l'adhésion de la Grèce ne répondait
point aux instructions de leurs gouverne-
ments respectifs. Il leur eût été loisible de
provoquer l'envoi de nouvelles instruc-
tions. M. de Mouy, chargé d'affaires de
France, les en pria ; il n'obtint qu'un re-
fus. Voilà des diplomates bien pressés.
Après avoir temporisé pendant trois mois,
ils ont apporté une hâte pour le moins
singulière à pousser les choses à l'extrê-
me. Ils autorisent, par leur attitude, les
commentaires les moins favorables. Déjà
les dépêches d'Athènes signalent l'impres-
sion fâcheuse produite par cet incident.
La foule, qui voit juste en général dans
les questions d'honneur naiional, ne se
gêne pas pour manifester tout haut son
mécontentement. Elle accuse, sans am-
bages, les représentants des puissances
d'avoir conçu un vif dépit de la tournure
pacifique qu'avaient prise les événements
sur la simple démarche amicale de la
France. L'empressement de M. Delyannis
à se rendre aux conseils de la France au-
rait paru un manque de déférence à l'égard
des cinq grandes puissances.
Voilà ce que l'on dit à Athènes et ce que
l'on est un peu en droit de penser ailleurs.
Il ne peut y avoir qu'une opinion sur l'at-
titude prise dans les circonstances que l'on
sait par les ministres étrangers : l'ultima-
tum était inutile.
Il est fort douteux que les puissances
donnent leur approbation à la conduite
tenue par leurs agents. Que peut répondre
M. Delyannis à cet ultimatum tardif? Il n'a
qu'à s'en référer à la réponse faite à la
France, réponse que les ministres accré-
dités à Athènes avaient reçue dans la
journée du 26 avril et quelques heures
avant l'envoi de l'ultimatum. Il ne pourra
que confirmer les engagements pris envers
la France au sujet de la démobilisation de
l'armée grecque.
On comprend que les divers gouverne-
ments intéressés dans le conflit turco-grec
suivent et surveillent même le désarme-
ment, qu'ils prennent leurs sûretés contre
des lenteurs calculées qu'il faut prévoir
par excès de prudence, mais qui nous pa-
raissent improbables parce qu'elles seraient
sans excuse.
Ce qu'on ne comprendrait pas, c'est que
par des rigueurs inutiles, par des mala-
dresses blâmables, les agents des puis-
sances fissent regretter à la Grèce l'acte de
soumission dont l'Europe, après tout, doit
lui tenir compte et lui savoir gré.
A l'heure actuelle, un résultat important
a été obtenu : le maintien de la paix est
assuré. La diplomatie n'a pas terminé son
œuvre, toutes les difficultés ne sont pas
aplanies; mais il serait souverainement
ridicule que la mauvaise humeur de cer-
tains agents, dépités de voir la France ob-
tenir par la persuasion ce que d'autres
n'ont pu obtenir par la force, que ce mau-
vais vouloir, disons-nous, remît tout en
question.
Le Journal officiel italien a publié hier
le décret royal prononçant la dissolution
de la Chambre. Les élections sont fixées,
comme nous l'avons dit, au 23 mai ; le
Parlement est convoqué pour le 10 juin.
Le décret de dissolution est précédé
d'un rapport au roi, contresigné par tous
les ministres, énumérant les réformes ac-
complies par la dernière législature.
L'énumération des réformes projetées
eût tenu plus de place dans le document
soumis au roi, si les ministres avaient
voulu la faire complète. Ils se sont bornés
à déplorer l'infécondité de la précédente
législature et la dislocation de la majorité
ministérielle, en exprimant l'espoir que
les prochaines élections donneront au
pouvoir « la force que les gouvernements
libres trouvent dans une majorité solide
et unie H.
En même temps que le Journal officiel
du royaume enregistrait le décret de dis-
solution, l'organe non moins officiel du
Vatican publiait, au sujet des élections
générales, une sorte de manifeste électo-
ral dont les conclusion a sont à citer :
« Nous croyons que sur cette vieille
terre d'Italie, où se sont déroulés tant
d'actes sublimes, cette population si intèl.
ligente, si bien douée et si bienveillante
malgré toutes les révolutions auraitun ave-
nir plein de bonheur devant elle si, aidée
par des hommes d'Etat sages et courageux,
elle pouvait être amenée à remonter vers
le commencement de ses destinées his-
toriques; si, au lieu d'entretenir l'antago-
nisme entre les deux pouvoirs, elle repre-
nait ses glorieuses traditions, réparait les
erreurs commises, replaçait le saint-siège
sur le pied de l'indépendance et ajoutait à
la gloire d'être une grande puissance l'as-
cendant de la papauté et les bienfaits de la
religion. »
Cet article, qui traduit fidèlement la
pensée de Léon XIII, a fait sensation dans
la capitale, au dire de notre correspon-
dant. La forme en est assez modérée pour
laisser croire à une tentative de réconcilia-
tion avec le royaume d'Italie; les conclu-
sions, par contre, sont trop nettes pour
qu'il soit impossible de se méprendre sur
la portée véritable de ce manifeste, qui
n'est ni plus ni moins qu'un mot d'ordre
donné aux catholiques fervents. L'empe-
reur d'Allemagne a fait sa paix avec le
saint-siège au prix de quelques conces-
sions. Il y a entre Léon XIII et le roi Hum-
bert le principe de l'unité italienne. Sur ce
terrain, il ne peut y avoir de transaction.
Louis HENRIQUE.
IHFDRHÀTIDHS PARTICULIÈRES
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier matin
en conseil à l'Elysée, sous la présidence de
M. Jules Grévy.
Par suite de l'absence de MM. Goblet, De-
môle, Sarrien, Sadi Carnot; Aube, Develle,
la délibération a été très courte.
M. de Freycinet a communiqué à ses col-
lègues l'heureux résultat de l'affaire grecque ;
M. Baïhaut a annoncé que les grévistes d'E-
pinac étaient descendus hier matin dans les
mines, anarchistes en tête; la grève peut
être considérée comme terminée.
M. Léon Say chez M. de Freycinet
M Léon Say, sénateur, président du con-
seil d'administration de la Compagnie des mi-
nes de Decazeville, a eu hier à deux heures
une entrevue avec M. de Freycinet, président
du conseil, et M. Baïhaut, ministre des tra-
vaux publics.
Disons de suite que, malgré les efforts de
MM. de Freycinet Mt Baïhaut, cette entrevue
ne paraît pas avoir produit un résultat effi-
cace. La situation reste à peu près la même;
quant à l'entrevue elle-même, elle a été très
cordiale.
Voici le compte rendu qui nous est com-
muniqué par l'agence Havas :
« L'entrevue, annoncée par quelques jour-
naux, entre les administrateurs de Decaze-
ville et les ministres des affaires étrangères
e* des travaux publics, a eu lieu aujourd'hui
à deux heures.
» Les ministres ne pouvaient avoir l'inten-
tion d'ouvrir des négociations avec la Compa-
gnie au nom des ouvriers, ni de lui donner
des directions pour la conduite de ses affaires
industrielles ; mais i s ont manifesté la crainte
qu'il n'existât quelque malentendu entre la
Compagnie et ses ouvriers au sujet du tarif
affiché le 26 février dernier, qui paraît avoir
été l'occasion de la grève.
» Les représentants de la Compagnie ont dé-
claré qu'ils n'avaient jamais connu avec pré-
cision les causes de la grève ; ils ne peuvent
pas, étant donnés les prix courants du com-
merce des houilles, relever le prix des salai-
res ; mais ils ne tiennent pas à imposer une
dis'ribution de ces salaires sous une forme
plutôt que sous une autre.
» Si le tarif du 26 février était un obstacle
à la reprise si désirée du travail, les adminis-
trateurs seraient tout prêts à rouvrir les
chantiers, en rétablissant les tarifs appliqués
dans les mines pendant le mois de février an-
térieurement à l'affiche du 26 ; mais ils ont
ajouté qu'ils ne seraient pas en mesure d'oc-
cuper autant d'ouvriers qu'auparavant, en
raison de la situation générale des affaires.
Les éliminations nécessaires seraient faites,
d'ailleurs, avec la plus grande impartialité. »
M. de Freycinet et M. Delyannis
M. de Freycinet, ministre des affaires étran-
gères, a reçu, hier matin, M. Nicolas Delyan-
nis, ministre de la Grèce à Paris.
L'entrevue a été des plus cordiales. M. De-
lyannis a félicité M. de Freycinet du résultat
de ses démarches auprès du gouvernement
hellénique et l'a remercié de ses efforts pour
le maintien de la paix en Orient.
Déplacements ministériels
Aux renseignements que nous avons déjà
donnés sur le voyage en Angleterre de M.
Lockroy, nous devons ajouter les détails sui-
vants :
Nos voisins ont organisé dans leur minis-
tère du commerce un bureau spécial dont le
but est de se tenir en communication directe
et constante avec les syndicats ouvriers, de
leur fournir tous les renseignements qu'ils
demandent sur l'industrie à laquelle ils se li-
vrent et de sauvegarder leurs intérêts dans
la mesure du possible. -
C'est de ce bureau qu'est sortie l'organisa-
tion des Trade's Unions, et c'est son fonction-
nement que veut étudier sur place netre mi-
nistre du commerce, afin d'en créer un sem-
blable chez nous.
En outre, M. Lockroy a l'intention de s'oc-
cuper également de la salubrité des ateliers
et des logements, du travail des femmes et
des enfants, des associations ouvrières, des
conseils de prud'hommes, et des écoles pro-
fessionnelles où les jeunes ouvriers étrangers
viendraient s'instruire.
Le ministre du commerce quittera Paris de-
main, après le conseil de cabinet. Il se rendra
directement à Londres.
L'Exposition de 1889
Le Journal officiel publiera vendredi ou sa-
medi un arrêté ministériel faisant connaître
les conditions définitives du concours pour
l'Exposition.
Le délai assigné à ce concours, qui aura
lieu pendant l'absence de M. Lockroy, expi-
rera le 25 mai, jour de la rentrée des Cham-
bres.
A propos de l'Exposition, ajoutons que tou-
tes les puissances y participeront. L'Améri-
que, la Suisse, la Prusse rhénane, l'Autriche
et la Russie ont déjà fait connaître leur adhé-
sion.
Le gouverneur du Congo
M. Jules Grévy a signé hier, à l'issue du
conseil des ministres, un décret aux termes
duquel M. Savorgnan de Brazza est nommé
commissaire général du gouvernement dans
le Congo français
M. de Brazza aura à ce titre, sous son auto-
rité, le lieutenant-gouverneur du Gabon. Il
pourra, en conséquence, déléguer ses pou-
voirs à l'un des résidents placés soas ses
ordres,
L'élection d'IIle-et-Vilaine
Le collège électoral du département d'me-
et-Vilaine est convoqué pour le 23 mai pro-
chain, à l'effet d'élire un député en rempla-
cement de M. Lelièvre, décédé.
L'amiral Aube
Nous avons annoncé que de pressantes dé-
marches étaient faites auprès de M. l'amiral
Aube afin de le décider à poser sa candida-
ture au conseil général de la Charente-Infé-
rieure pour le canton sud de Rochefort.
Nous apprenons que M. Paul Bethmont,
premier président de la cour des comptes,
conseiller sortant de ce canton, ne se repré-
sentera pas au renouvellement de juillet,
pour permettre au ministre de la marine de
recueillir sa succession.
Le traité de navigation avec l'Italie
Par suite de la dissolution du Parlement
italien, les négociations relatives à la conclu-
sion du traité de navigation franco-italien
sont ajournées.
M. Rouvier, député des Alpes-Maritimes,
qui avait été chargé, de concert avec M. De-
crais, de suivre ces négociations, ne retour-
nera pas, pour le moment, en Italie.
Les importations en France
Le tableau d'importation des marchandises
diverses en France accuse,, pendant le pre-
mier trimestre 1886, une forte dépression sur
les sucres, une diminution de 3 millions sur
les cafés, de 9 millions sur les graisses et de
7 millions sur les machines et les mécaniques.
Le commerce français a acheté à l'étranger
pour 141 millions de vin, au lieu de 85 mil-
lious, total de l'année dernière ; les fruits de
table comptent pour 29 millions, au lieu de
18 ; la morue pour 11 millions, au lieu de
6 millions et demi.
Les beurres, fromages et viandes importés
ont subi une légère augmentation.
0
UN APPEL AUX ÉLECTEURS
Deux journaux, dont l'un est dirigé
par une jolie femme qu'on dit très fan-
taisiste et l'autre par M. Henri Roche-
fort, ont publié hier un Appel aux élec-
teurs du département de la Seine si-
gné : le comité électoral socialiste, pour
les engager à voler pour M. Ernest
Roche et contre M. Alfred Gaulier. Des
raisons invoquées pour engager les élec-
teurs à déposer dans l'urne un bul-
letin au nom de M. Roche, nous n'avons
rien à dire : cela ne sort pas des lieux
communs de la phraséologie révolution-
naire. Il y est question des « vampires
de la spéculation industrielle », « de la
finance orléaniste », « des trafiquants à
la Léon Say), et de la nécessité d'« en
finir avec un radicalisme d'affiches »
qui n'est autre que le radicalisme de
tous les républicains qui refusent d'em-
boîter le pas derrière les fortes têtes du
collectivisme, marchant sous le com-
mandement de Mme Séverine et de M.
Henri Rochefort. Quant aux raisons
mises en avant pour détourner les élec-
teurs de la candidature Gaulier, elles
ont le mérite d'être peu nombreuses.
Il n'y en a que trois. La première, c'est
que M. Gaulier est un ancien rédacteur
de la République française; la seconde,
c'est qu' « il a été improvisé candidat en
dehors de toute consultation populaire»;
la troisième, c'est qu' « il est patronné
par le jéromiste Portalis et la bande en-
tière des oDoortunistes ».
Même dé la part de révolutionnaires,
il n'est guère sérieux de reprocher à
M. Gaulier d'avoir collaboré à la Répu.
blique française, quand tout le monde
sait que cette collaboration date d'une
époque où tous les républicains, sans
exception, étaient unis contre le 16 Mai
et acceptaient la direction de M. Gam-
betta. Quant au reproche d'avoir été
choisi en dehors de toute consultation
populaire, peut-on dire qu'il soit plus
fondé ? Voudrait-on nous indiquer le
moyen de consulter les 500,000 élec-
teurs du département de la Seine sur
le choix d'un candidat? La difficulté que
les électeurs participent au choix du
candidat n'est-elle pas un des incon-
vénients du scrutin de liste? Aurait-
on préféré et aurait-on trouvé plus
conforme aux principes démocratiques
que ceux que l'on qualifie élégamment
de « bande opportuniste » et qui
comprennent, avec la Justice, le Vol-
taire, la France et le XIXa Siècle,
eussent tiré dans un chapeau le nom
d'un candidat, comme les révolution-
naires l'ont fait pour M. Ernest Roche?
J'ignore qui se cache derrière la si-
gnature : le comité électoral socialiste,
ni qui a rédigé cet Appel aux électeurs;
mais je m'attendais à ce que Y Intransi-
geant m'appellerait jéromiste., au cours
de cette période électorale, comme M.
Dreyfus s'attendait à être appelé juif.
A supposer qu'il y ait des jéromistes,
M. Rochefort, dont par parenthèse
je n'ai cessé de prendre la défense
quand il était proscrit, sait très bien
qu'on pourraitle traiter d'orléaniste beau-
coup plus sérieusement qu'on ne peut me
traiter de jéromiste. Cela ne l'empêche
pas de temps à autre, quand il n'a rien
de mieux à dire, de m'appeler ainsi,
comme il appelle M. Jules Ferry assas-
sin et tous ceux qui soutiennent M.
Gaulier opportunistes. Ainsi que le di-
sait très justement encore M. Camille
Dreyfus, de la part de l'ex-dernier élu
de Paris, ces incartades ne tirent pas à
conséquence.
La seule chose intéressante en tout
ceci est de constater combien sont peu
sérieuses les raisons invoquées par les
révolutionnaires contre l'unique candi-
dature républicaine. Autrefois le parti
de la révolution sociale pouvait être pris
au sérieux et passer pour redoutable ;
mais, comme il fallait s'y attendre, la
politique révolutionnaire n'a pas tardé,
sous l'influence de M. Rochefort, à pren-
dre des allures de vaudeville. La fa-
meuse candidature de protestation pour-
rait bien n'être en fin de compte que la
candidature du cabotinage politique.
A.-E. P.
»
Le Gaulois, par la plume de M. J. Cor-
nély, se déclare pour la candidature
Fischer.
Voici la conclusion de son article :
Vous voyez donc bien que l'idée de proposer
M. Fischer comme candidat est non seule-
ment énergique et louable, mais encore tout
à fait politique, puisque, s'ils n'avaient pas le
nom de ce brave et courageux citoyen, les con-
servateurs catholiques qui voudraient voter
seraient obligés de voter pour M. Roche,
c'est-à-dire pour un lieutenant de M. Basly.
Fischer sera mon candidat.
LAîMre Rochefort-Dreyfus
A la suite de la polémique engagée
entre M. Camille Dreyfus, député de la
Seine, directeur de la Nation, et M. Henri
Rochefort, rédacteur en chef de Y Intransi-
geant, un échange de témoins a eu lieu.
Voici les procès-verbaux qui ont été ré-
digés par ces messieurs :
1° Lettre de MM. Launay et Lyon-Ale-
mand à M. Camille Dreyfus :
Mon cher ami,
M. Henri Rochefort vous ayant envoyé des
témoins, vous nous avez chargés de vous re-
présenter.
Nous nous sommes mis immédiatement en
rapport avec MM. Ayraud-Degeorge et Ernest
Vaughan, témoins de M. Rochefort, qui ont
revendiqué pour leur client la qualité
d'offensé, et par conséquent le choix des
armes.
Nous n'avons pas pu accepter cette manière
de voir, considérant que la polémique qui a
donné lieu à cet incident a été commencée
par M. Rochefort.
Après discussion, nous avons proposé à ces
messieurs de choisir un arbitre chargé exclu-
sivement de désigner l'offensé, le principe
de la rencontre ayant été mis dès le début
hors de contestation.
M. Rochefort, consulté par ses témoins et
après un premier refus, a accepté un arbitre,
mais à la condition que celui-ci ne serait pas
un républicain.
Consulté à votre tour, vous avez rejeté l'i-
dée de rendre un réactionnaire juge entre
deux républicains et, malgré notre insis-
tance, vous nous avez chargés d'abandonner
le choix des armes à M. Rochefort, sans tenir
compte de l'infériorité créée par votre myo-
pie dans un combat au pistolet.
M. Rochefort, malgré cette concession, a
voulu dicter lui-même, par l'entremise de ses
témoins, les conditions du combat.
Nous n'avons pas pu admettre cette exi-
gence. Nous avons alors proposé successive-
ment l'échange de deux balles à trente pas,
ou l'échange d'une balle à trente pas, et dans
le cas où il n'y aurait pas eu de résultat, une
reprise du combat à l'épée.
M Rochefort, consulté de nouveau par ses
témoins, a refusé ces conditions et maintenu
le duel au pistolet, au visé, avec un nombre
illimité de balles, jusqu'à ce qu'un des deux
adversaires ait été atteint.
Nous n'avons pas cru pouvoir prêter notre
concours à une rencontre de cette nature et
nous avons pris congé de MM. Ayraud-De-
george et Ernest Vaughan.
Nous vous prions donc, mon cher ami, de
considérer notre mission comme terminée et
de croire à nos meilleurs sentiments.
Louis LAUNAY.
TH.-LYON-ALEMAND.
2' Lettre de MM. Vaughan et Ayraud-
Degeorge à M. Henri Rochefort :
Mon cher ami,
Vous considérant comme gravement outragé
par un article publié dans le journal la Na-
tion du 26 avril, vous nous avez priés de de-
mander en votre nom à M. Camille Dreyfus,
auteur de cet article, une réparation par les
armes.
M. Dreyfus nous a mis en rapport avec
deux de ses amis, MM. Lyon-Alemand et
Louis Launay, qui vous ont tout d'abord con-
testé la qualité d'offensé et, après de lon-
gues discussions, ont fini par nous proposer
de soumettre à un arbitrage cette question
préjudicielles.
Bien que votre situation vis-à-vis de M.
Dreyfus nous parût des plus nettes, nous
avons cependant cru devoir accepter la déci-
cision d'une tierce personne; mais nous
avons demandé que l'arbitre fût choisi en
dehors des partis intéressés dans la polémi-
que qui a été le point de départ de cette af-
faire.
Après avoir consulté leur client, MM. Lyon-
Alemand et Louis Launay ont spontanément
renoncé à l'arbitrage et, reconnaissant votre
droit à une réparation, nous ont laissé le choix
des armes.
Vous nous aviez, cher ami, exprimé le dé-
sir que la rencontre fut extrêmement sé-
rieuse; vous ne pouviez admettre, nous aviez-
vous dit, que le combat finît sans que l'un
des deux adversaires fût hors de se dé-
fendre; et nous étions tombés d'accord avec
vous sur ce point.
C'est pourquoi nous avons proposé les con-
ditions suivantes :
La rencontre aurait lieu au pistolet de tir,
au visé ; — les adversaires seraient placés à
trente-cinq pas l'un de l'autre, avec faculté
d'avancer chacun de cinq pas ; le feu conti-
nuerait jusqu'à ce que l'un des deux combat-
tants fût atteint.
Bien que ces conditions n'eussent abso-
lument rien de contraire aux règles ordinai-
res du duel, elles n'ont cependant point
paru acceptables à MM. Louis Launay et
Lyon-Alemand, qui, de leur côté, nous ont
proposé les suivantes :
Le pistolet ; tir au commandement ; échange
de deux balles à trente pas ; — ou encore,
échange d'une senle balle, et, si aucun des
deux adversaires n'était blessé, continuation
du combat à l'épée.
Nous n'avons cru pouvoir adopter ni l'une
ni l'autre de ces propositions. En effet, dans
le premier cas, les adversaires étaient expo-
sés à quitter le terrain sans avoir obtenu au-
cun résultat ; et, dans la seconde hypoWse,
vous étiez amené à accepter, en fin de compte,
une arme que. de prime abord, nous avions
formellement refusée en votre nom. Il nous
était impossible de consentir à ce que vous
abandonniez ninsi le privilège que vous créait
votre qualité d'offensé.
D'autre part, MM. Lyon-Alemand et Louis
Launay ayant déclaré qu'ils n'accepteraient
pas d'autre conditions, les pourparlers ont dû
être rompus.
Recevez, cher ami, la nouvelle assurance
de notre vive et cordiale affection.
E. VAUGHAN
H. AYRAUD-DBGEORGB.
*M
MISE EN LIBERTÉ DE M. ROCHE
Le tribunal de Villefranche a accordé
hier matin 27 avril la liberté provisoire
sans caution à M. Ernest Roche qui a été
relaxé immédiatement.
C'est à la suite d'une requête qu'il a
adressée au tribunal de Villefranche et que
celui-ci a examinée en se déclarant compé-
tent que M. Roche a été mis en liberté.
Il est exact que M. Roche a refusé de
faire appel ou d'interjeter appel contre le
jugement rendu précédemment par le tri-
bunal de Villefranche.
M. Ernest Roche arrive ce matin à
Paris.
—————————— .——————————
LA POLITIQUE
Jamais la politique pure n'a tenu moins
de place que durant la session qui vient
de finir. On ne pourrait citer qu'un
seul débat où elle ait vraiment joué son
rôle et occupé le devant de la scène.
Nous doutons fort que, pendant la pro-
rogation des Chambres, elle sorte de
l'indifférence où elle est tombée. Ni la
session des conseils généraux ni les
discours que pourront prononcer cer-
tains ministres ne serviront à l'en tirer,
parce que les ministres comme les con-
seillers généraux parleront sans doute
avant tout de ce qui a remplacé la poli-
tique pure, des grands problèmes sou-
levés par la lutte économique. Ce phé-
nomène, spécial à notre fin de siècle,
nous ne saurions nous en plaindre, car
il a grandement contribué à rendre la
République inaccessible aux entreprises
de ses ennemis. Le pays s'est attaché à
la République comme à la seule forme
de gouvernement qui pût le protéger
contre ces luttes politiques où s'épuise
le meilleur de là force nationale.
Toutes les ressources dont la France
dispose, on veut les tourner désormais à
soutenir ce - poids -de la concurrence
étrangère qui menace si cruellement nos
marchés. Les problèmes économiques
dépassent de beaucoup les problèmes
politiques et il faut retourner absolu-
ment le mot fameux dont on se payait
depuis la Restauration, qui a servi plus
d'une fois d'oreiller à la paresse parle-
mentaire et qui a longtemps permis de
reléguer au second plan les débats tech-
niques. Il n'est plus temps de dire qu'il
suffit de faire de la bonne politique pour
avoir de bonnes finances. Il faut dire à
présent que pour faire de la bonne politi-
que il faut commencer par résoudre au
mieux des intérêts généraux ces nom-
breuses difficultés qui enserrent, qui
paralysent l'activité nationale.
La Chambre l'a compris, puisque,
dans sa première session de 1886, elle
n'a guère discuté que des questions éco-
nomiques ; puisque, avant de partir, elle
s'est fait déposer deux rapports qui
touchent aux points les plus aigus du
problème, aux droits de douane. Néan-
moins nous ne voudrions pas lui laisser
croire que dans cette voie nouvelle, où
elle est poussée par la force des cho-
ses, elle a fait preuve d'une expérience
consommée. Non certes, et il serait re-
grettable que dans la seconde session
on discutât les questions des sucres, du
bétail et des blés d'après la méthode
qui, durant la première session, a servi
à discuter les questions des chemins de
fer ou des mines. L'économie politique
ne se traite pas comme la politique
pure ; c'est une vérité dont les députés
auraient besoin de se convaincre tandis
qu'ils sont auprès de leurs électeurs.
Les idées générales qu'on acquiert sur
les bancs de l'école peuvent être un
bagage suffisant pour discuter les lois
quand elles ne visent que la politique
pure, et ce qui manque au bagage peut
être complété par la tactique parlemen-
taire, dont les secrets s'apprennent vite
dans les couloirs.
Mais, pour débattre des lois dont
chaque paragraphe peut faire perdre ou
gagner de l'argent à des milliers de tra-
vailleurs, il faut plus que des idées gé-
nérales, il faut plus que de vagues prin-
cipes recueillis dans des livres. Il faut
saisir sur l'heure même les pulsations
du pays, savoir exactement quelles sont,
à l'intérieur des frontières, les forces
en présence, et quelles sont, au delà
des frontières, les forces concurrentes.
Car si l'on tranchait des problèmes
comme ceux qu'on a rapportés le jour
du départ, en ayant l'œil fixé sur un
seul côté de la lutte, on s'exposerait à
commettre des injustices qui produi-
raient des ruines. C'est pourquoi, pen-
dant les six semaines de vacances qu'ils
se sont. données, les députés feront
bien de modifier le ton et la nature des
conversations qu'ils ont coutume d'avoir
avec leurs électeurs. Ce n'est plus de
politique pure qu'ils doivent parler. Ils
n'ont pas à chercher ces satisfecit qu'ils
aimaient autrefois à rapporter au Palais-
Bourbon, pour continuer ensuite avec
plus de vigueur la campagne engagée.
IL n'y a de campagne engagée au Pa-
lais-Bourbon que sur le terrain écono-
mique. La conduite à tenir, au point de
vue politique, est trop simple pour mé-
riter de longs entretiens, puisqu'elle
consiste uniquement à serrer les rangs
contre la Droite. Mais ce qui est moins
simple, moins clair, c'est la conduite à
tenir en face de ces problèmes écono-
miques qu'il faudra discuter, sur les-
quels il faudra voter dans quelques se-
maines. Si les députés, qu'ils nous pas-
sent l'expression, ne veulent pas patau-
ger comme ils l'ont fait, par exemple,
dans la question des tarifs, il est essen-
tiel qu'ils se renseignent exactement
sur les vrais besoins de l'agriculture et
de l'industrie, qu'ils pèsent exactement
la valeur des réclamations élevées au-
tour d'eux, qu'ils mettent en balance
les réclamations contradictoires, car tel
veut un droit protecteur où tel autre
n'en veut pas. Il est essentiel, en un
mot, de remplacer par une méthode et
des études précises le système de l'à
peu près, qui ne convenait qu'à la poli-
tique.
Docteur RALPH.
Le Salon — nos lecteurs savent déjà
cette bonne nouvelle — sera fait cette
année dans le XIXo Siècle par M. GUY
DE MAUPASSANT. Nous n'avons pas
à insister ici sur le talent de notre nou-
veau collaborateur, mais il nous parait
intéressant d'indiquer que cette critique
du Salon est la première que M. Guy de
Maupassant ait jamais écrite.
LA VIE DE PARIS
On s'est battu en duel, ces jours-ci,
avec assez d'entrain. Les journaux ont
publié les récits de trois ou quatre
rencontres qui se sont bien passées. Il
n'en est pas de même, malheureuse-
ment, de la rencontre qui a eu lieu en-
tre M. Drumont et M. Meyer, 'directeur
du Gaulois. Et cette affaire, dont nous
ne voulions pas parler, a fait un tel ta-
page, a motivé déjà tant d'articles et
tant de lettres, qu'il y aurait affectation
à ne pas en dire un mot, puisqu'elle a
fait l'objet de toutes les conversations.
L'irrégularité de la rencontre a été,
comme toujours, l'occasion, pour cer-
taines personnes, de tomber sur les
journalistes. J'en suis bien fâché pour
M. Meyer, qui a eu l'idée regrettable de
mettre la presse au service de la vanité
des gens du monde. Mais on m'a rap-
porté un propos caractéristique d'un
« gentilhomme » d'un grand cercle.
« Pourquoi diable, a dit ce seigneur, ces
gens-là se battent-ils? » Ces gens-là,
C'est nous-mêmes, messieurs, sans' nulle vanité.
Nous nous battons, parbleu ! parce que
cela nous convient, et ce n'est pas à
quelques douzaines d'aristocrates de
chrysocale' pour la plupart, tolérant
parmi eux des gens qui vendent ou ex-
ploitent leur nom, que nous demande-
rons des conseils d'honneur. Il est seu-
lement regrettable que le journaliste
qui a le plus fait pour flatter les gens
d'un certain monde soit justement celui
dont la conduite nous expose aux raille-
ries de ces messieurs. C'est très mal-
heureux.
Après la lettre de MM. A. Duruy et
A. Daudet, nos très estimés confrères, il
n'y a plus de doute à avoir sur l'incor-
rection de la rencontre qui a eu lieu en-
tre MM. Drumont et Meyer. Deux fois
celui-ci a paré avec la main gauche, et
les témoins estiment que, sans cette pa-
rade insolite, M. Drumont, au lieu d'ê-
tre assez gravement blessé, eût pu tou-
cher son adversaire. Que la parade fût
irrégulière, ceci est hors de doute : M.
Meyer l'a reconnu en s'excusant. La se-
conde fois comme la première, il a de-
mandé pardon de la liberté grande.
« Voilà qui me fait une belle jambe ! »
a pu répondre M. Drumont, la cuisse
traversée. Imaginez que le fer eût
frappé quelques centimètres plus haut,
dans l'aine ou le ventre, M. Drumont
était tué et M. Meyer en cour d'assises.
C'était une nouvelle affaire Dekeirel.
M. Meyer n'a pas. eu de chance. En
racontant sur lui — de quoi je le blâme
— des choses horribles, en l'accusant
de tout ce qu'il y a de plus déshonorant
pour un homme, en faisant peser sur lui
des soupçons que je ne saurais trouver
fondés tant ils sont graves, M. Drumont
a mis en question l'honneur de M. Meyer.
Celui-ci, que j'aurais voulu voir d'abord
intenter un procès, avec la faculté de faire
la preuve de l'inanité des accusations
portées contre lui, a eu recours à l'épée.
Et la rencontre, bien qu'il en soit sorti
vainqueur, aggrave sa situation devant
le public. Notez qu'il n'entre pas un
instant dans mon esprit l'idée que M.
Meyer a pu, de gaieté de cœur, aller sur
le terrain avec le parti-pris de ne pas
y être correct. Il faut admettre le « mou-
vement nerveux ». Mais quelle atroce
déveine que ce « mouvement nerveux »
ait pris M. Meyer alors que l'affaire
Dekeirel est encore chaude et que
dans le Gaulois même, parlant de cette
affaire, l'honorable M. de Pène avait ap-
précié la conduite de M. Dekeirel en
termes d'une telle sévérité que je ne
voudrais pas les reproduire ! Car, très
sincèrement, je suis enclin à plaindre
M. Meyer plus qu'à le blâmer.
Quant à la question spéciale d'es-
crime qui est au fond de tout cela, je
ne pense pas qu'il puisse y avoir de
doute. La faculté de parer avec la main
gauche est une facilité énorme donnée
à un combattant. C'est comme si, à
l'écarté, on connaissait une carte sur
cinq dans le jeu de son adversaire. Or
cette faculté est interdite par l'usage et
ne peut être rétablie que par une con-
vention expresse des témoins. Le duel
moderne est un duel réglé, ne l'oublions
pas. Jadis, ce qui était infiniment plus
logique, je l'accorde, on se battait avec
des seconds, non des témoins, et on se
battait comme on voulait. Chacun se
servait de ses armes à sa fantaisie, de
la pointe, du revers et du pommeau,
usité dans le corps à corps. Le coup de
pommeau sur la figure est enseigné dans
les vieux traités d'armes. Aujourd'hui,
la convention est que le combat sur le
terrain suit les règles de l'assaut à la
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Auteurs similaires Abbaye Saint Martial Abbaye Saint Martial /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Abbaye Saint Martial" or dc.contributor adj "Abbaye Saint Martial")abbé Lebeuf abbé Lebeuf /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "abbé Lebeuf" or dc.contributor adj "abbé Lebeuf")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7562006c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7562006c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7562006c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7562006c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7562006c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7562006c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7562006c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest