Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-03-16
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 16 mars 1886 16 mars 1886
Description : 1886/03/16 (A17,N5181). 1886/03/16 (A17,N5181).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
lix-septièms année. — N* 5181 Prix du numéro à Paris : ta centimes — Départements : 20 centimes Mardi 16 mars 1886
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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Extérieure. 581/8, 1/16,1/8.
Hongrois 84 5/16, 11/32.
SOMMAIRE
Bulletin — Louis HENRIQUE.
Informations particulières.
La Crise irlandaise.
Le Vote de l'ordre du jour. — A.-E. P.
Séance de la Chambre. — Docteur RALPH.
Séance du Sénat. - H. VINCENT.
Coulisses parlementaires.
Le Scrutin d'hier.
Nouvelles de l'étranger.
Echos du jour. — BRICHANTEAU.
La Presse aujourlejour.- P.-P. DEJUINNE.
Paullde Saint-Victor. - MARCEL FOUQUIEB.
Conseil municipal.
Courrier de la Bourse. - H. Li Fioxi.
Le Sport du jour. - FAVELLRS.
Gazette du Palais. - Me GERVAST.
La Température.
Faits divers. — JEAN ViLijùaz.
Courrier des théâtres. — EMILE MENDEL.
Feuilleton (Américaine). — GEORGES Bou-
TELLEAU.
BULLETIN
L'interpellation de M. Camélinat sur les
événements de Decazeville a occupé une
partie de la séance d'hier. La Chambre a
adopté, par 379 voix contre 100, l'ordre du
jour présenté par MM. Barodet, Remoiville
et Steeg, présidents des trois groupes de
la majorité républicaine.
Le Sénat a repris la seconde délibération
du projet de loi sur l'organisation de l'en-
seignement primaire et a remis la discus-
sion à jeudi.
Le transport Corrèze a mouillé hier en
rade de Toulon, venant de Madagascar,
avec 249 passagers.
M. Gladstone, quoique souffrant, se met
en mesure d'apporter au Parlement, selon
la promesse faite, le programme de la nou-
velle Constitution irlandaise. Il a donné
connaissance samedi, au conseil des mi-
nistres, du plan de réformes qu'il a conçu
et qu'il s'est engagé à déposer le 1er avril
à la Chambre des communes.
Le Standard fait connaître quelques-
uns des principaux points de ce projet,
sans toutefois assumer la responsabilité
de ses informations.
Si l'organe conservateur estbien informé,
voici quelle serait l'économie du plan éla-
boré par M. Gladstone.
Le projet comporterait la création d'un
Corps législatif siégeant à Dublin et for-
mant une assemblée unique, établie sur
le principe de la représentation des mino-
rités. Il est bien spécifié qu'aucune modi-
fication ne pourra être apportée à cette
dernière condition sans l'assentiment du
Parlement impérial.
L'Irlande continuerait à envoyer des dé-
putés au Parlement impérial, non pas pro-
portionnellement au chiffre de sa popula-
tion, mais d'après celui de sa quote-part
de contribution aux revenus de l'empire.
Cette contribution devant être d'environ
trois millions, le nombre des représen-
tants irlandais à Westminster serait d'une
trentaine.
La police irlandaise serait placée sous
le contrôle du Parlement irlandais : elle
ne serait pas armée.
L'intervention des forces impériales se-
rait prévue pour les cas où il serait néces-
saire d'assurer la sécurité des personnes
et des propriétés.
Le Parlement irlandais n'aurait pas dans
fes attributions le droit de frapper d'im-
pôts les marchandises anglaises, d'enta-
mer des négociations avec les puissances
étrangères, d'employer ses revenus à favo-
riser un culte quelconque, d'édicter des
mesures portant atteinte à la validité des
contrats.
L'heure n'est point venue d'examiner
par le détail la valeur de ces réformes.
Nous aurons occasion de revenir sur cette
importante question, qui passionne l'opi-
nion publique de l'autre côté de la Manche.
Disons seulement qu'il parait avéré que le
projet de M. Gladstone sera le point de dé-
part d'un remaniement ministériel.
A la Chambre des communes, lord Be-
resford a appelé l'attention du gouverne-
ment sur le grand nombre des ouvriers
sans travail, et demandé qu'une résolution
soit prise pour déclarer qu'il convient ac-
tuellement de suspendre le fonds d'amor-
tissement ou de créer des annuités à
terme, afin d'en employer le produit à la
mise en état de la flotte pour assurer la
sécurité de l'empire.
Lord Beresford n'est pas partisan de la
construction de grands cuirassés. Il en
donne deux raisons : la première, c'est que
la France a cessé de construire des vais-
seaux de ce genre; et la seconde qu'il est
plus utile d'employer les deniers de l'Etat
a augmenter le nombre des croiseurs et
des bateaux-torpilles.
L'orateur désire en outre voir réorgani-
ser la réserve navale, afin que sa force se
rapproche de celle de la France.
Il conclut en demandant qu'un crédit
de 5,577,000 livres sterling soit affecté
à la construction de croiseurs et de torpil-
leurs.
Les nouvelles d'Andorre sont un peu
confuses. De Perpignan, on télégraphie que
l'affaire est en voie d'apaisement. A Bourg-
Madame, on a reçu des avis moins rassu-
rants. Quelques partisans de l'évêque oc-
cupent encore San-Julia, dit-on; l'abbé Es-
cola, un ancien colonel carliste, le viguier
épiscopal et les principaux partisans de
l'évêque sont à Seo-d'Urgel, où ils parais-
sent vouloir enrôler des étrangers afin de
grossir le nombre de leurs partisans et
de tenter un nouveau mouvement.
Il ne serait pas autrement surprenant
que cette échauffourée sans importance
servît de prétexte à une manifestation car-
liste aux approches de la période électo-
rale. Le fait n'est pas sans précédent : en
1873 l'évêque d'Urgel avait ouvertement
pactisé avec les bandes carlistes. Mais ceci
regarde surtout l'Espagne; ce qui nous
intéresse, c'est l'insulte faite au représen-
tant de la France. Si minuscule que soit
la République d'Andorre, il devient néces-
saire de couper court à ses velléités de ré-
bellion avec accompagnement de voies
de fait et de menaces de mort.
Louis HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Le rapatriement des troupes du Tonkin
M. Clémenceau et ses collègues de la dépu-
tation du Var ont eu hier une entrevue avec
M. Lockroy, ministre du commerce et de l'in-
dustrie, au sujet du débarquement des troupes
qui reviennent du Tonkin.
Voici quelles sont les dispositions prises
dans l'intérêt de la salubrité publique à Toulon
et à Marseille :
« Tous les navires arrivant de l'Extrême-
Orient débarqueront leurs passagers à Port-
Cros ;
» Les cholériques seront envoyés dans l'île
de Bagaud;
» Les convalescents de toutes maladies au-
tres que le choléra seront conduits à l'hôpital
de Porquerolles. »
Election législative du Morbihan
Inscrits : 130,036. — Votants : 62,222.
M. Emile Lorois, monarchiste. 56.099 Elu
Voix diverses. 6.385
Il s'agissait de remplacer M. Edouard Lorois,
député décédé récemment. M. Edouard Lorois
avait été élu, le 4 octobre dernier, le quatrième
sur la liste conservatrice du Morbihan. Il y avait
eu 97,694 votants. M. Lorois avait obtenu 60,417
voix. Le premier candidat de la liste républi-
caine en avait obtenu 37,797.
M. Emile Lorois, l'élu d'hier, est le frère du dé-
puté décédé.
Elections de conseillers généraux
Plusieurs élections de conseillers généraux
ont eu lieu également dimanche.
Dans le canton de Barneville (Manche), le
docteur Lecannellier, républicain, maire de
Barneville, a été élu conseiller général, en
remplacement de M. Foubert, par 1,572 voix.
Dans le département des Deux-Sèvres, pour
ie deuxiène canton de Saint-Maixent, M. Hays,
filateur, conseiller municipal de Saint-Maixent,
républicain, a été élu sans concurrent par
1,454 voix, en remplacement de M. Goguet,
sénateur, décédé.
Le scrutin de ballottage pour le canton de
Neufchâtel (Seine-Inférieure) a donné le ré-
sultat suivant :
M. de Janzé, conservateur, a été élu par
1,683 voix contre 910 à M. Turquet, républi-
cain.
Manœuvres de montagne
Les manœuvres de montagne seront éten-
dues, cette année, à la région des Pyrénées.
Sept compagnies du 17e corps d'armée ma-
nœuvreront entre les vallées de la Tet et du
Tech.
LA CRISE IRLANDAISE
Jamais un peuple entier n'a attendu la
réponse d'un oracle avec autant d'impa-
tience et d'anxiété que l'Angleterre en
éprouve dans l'attente du projet de M.
Gladstone sur l'Irlande. On dit que le
premier ministre de la reine a exposé ce
projet samedi dernier en conseil, et di-
verses indiscrétions, d'ailleurs contra-
dictoires, ont déjà prétendu révéler au
public britannique les grandes lignes
supposées de ce plan mystérieux. On
comprend aisément que cet habile homme
d'Etat, malgré la hardiesse croissante
de son esprit, hésite à livrer aux disputes
du Parlement et de la presse la solution
qu'il aura enfin choisie : il peut compter
avec assurance sur une explosion d'indi-
gnation de la part de ses adversaires,
de la part de quelques-uns de ses amis
politiques, à moins qu'il ne préfère
braver le mécontentement des Irlandais
en ne leur offrant qu'une satisfaction
illusoire et incomplète, ce qui est peu
probable.
On aurait pris pour un fou celui qui
aurait prédit, il y a seulement trois ou
quatre ans, qu'un premier ministre de
la reine Victoria proposerait en 1886
d'accorder à l'Irlande un Parlement sé-
paré. L'évolution s'est accomplie rapi-
dement, mais par degrés. C'est M. Glads-
tone lui-même qui est entré dans la
voie des concessions radicales et qui a
posé en principe que le véritable moyen
de rétablir dans l'île-sœur l'ordre et la
paix était de tenir compte des griefs de
la population irlandaise. Il a présenté
pour y parvenir des lois passablement
révolutionnaires, et il les a fait adopter.
En intervenant comme il l'a fait dans les
rapports entre propriétaires et tenan-
ciers, le Parlement britannique recon-
naissait que les souffrances séculaires
de l'Irlande tiennent à des causes pro-
fondes, que peut faire disparaître une
administration simplement honnête et
vigilante. On commençait ainsi à dé-
faire l'œuvre de la conquête.
Lors des élections générales, qui ont
eu lieu à peu près en même temps que
chez nous, les conservateurs ont fait aux
Irlandais des avances qui ne pouvaient
qu'accroître la puissance de M. Parnell
et préparer les esprits à de nouvelles
concessions. Mais la force de volonté et
le merveilleux courage intellectuel de M.
Gladstone ont seuls pu accepter et faire
accepter, au moins à une partie de la
nation anglaise, l'idée de cette capitu-
lation suprême : la séparation législa-
tive des deux îles, l'établissement d'un
Parlement à Dublin. Car il ne s'agit
plus d'un Parlement semblable à celui
que Pitt supprima en créant l'union, et
qui n'était que l'organe d'une minorité,
que le docile instrument du cabinet de
Londres ; il s'agit d'une Chambre qui
représenterait le peuple irlandais tel
qu'il est, c'est-à-dire avec ses passions,
ses intérêts et ses croyances, intérêts
contraires à ceux des propriétaires an-
glais, croyances hostiles au protestan-
tisme.
Sans doute l'Irlande ne formerait pas
un royaume à part, avec une représen-
tation diplomatique, une armée et une
marine; mais elle aurait sa législation,
son administration, sa police. Les An-
glais ont bien pu donner une indépen-
dance égale et même plus considérable
à un grand nombre de colonies, mais ce
sont des colonies dont on envisage sans
trop d'effroi la future émancipation. Ce
sont des colonies anglaises où la race
britannique est assuré de la prépondé-
rance. Le Parlement irlandais se com-
posera en majorité d'enfants d'une au-
tre race. Le peuple qu'il représentera,
et pour lequel il fera des lois, n'est pas
une portion détachée du peuple anglais.
Les colons anglais seront en minorité
à Dublin, et c'est probablement contre
eux qu'on voudra légiférer, car ils re-
présentent la conquête, l'oppression sé-
culaire, la domination de l'étranger.
Là est la difficulté dont M. Gladstone
peut triompher sur le papier, à laquelle
on peut donner une solution législative,
mais qui ne subsistera pas moins dans
les faits.
La conquête anglaise a exproprié les
Irlandais; ceux-ci veulent reprendre la
terre, exproprier à leur tour ceux qu'ils
considèrent comme des spoliateurs. Les
électeurs tle M. Parnell ne tiennent sans
doute pas à avoir une flotte, une armée
et des ambassadeurs ; on ne les mécon-
tentera pas en leur refusant l'indépen-
dance absolue. Ce qu'ils réclament, c'est
la possession du sol, et le home rule
n'est pour eux qu'un moyen d'y par-
venir. Si le projet de M. Gladstone
interdit au Parlement irlandais de faire
des lois portant atteinte à la propriété,
la concession sera insuffisante et la lutte
recommencera ; s'il ne donne pas cette
garantie aux Anglais qui ont des pro-
priétés en Irlande, aux descendants des
colons établis par Cromwell et des lords
enrichis par Guillaume III, les Anglais
de la grande île entendront à travers
le canal Saint-Georges les cris de dé-
tresse de leurs frères, victimes des lois
de revanche.
Nous avons quelque peine à croire
au succès d'une tentative aussi har-
die. Pour qu'elle fût seulement pos-
sible, il a fallu la naissance et le déve-
loppement, en Angleterre même, d'une
démocratie assez avancée pour rompre
avec tous les préjugés nationaux; il a
fallu que les libéraux et les conserva-
teurs se fissent équilibre au point de
subir l'arbitrage de M. Parnell ; il a fallu
qu'un homme d'Etat de premier ordre
fût, à soixante-quinze ans, le plus résolu
des novateurs. Mais, pour que l'expé-
rience réussisse, il faudrait supposer en
outre que les Irlandais seront modérés,
ou que les Anglais reculeront les limi-
tes de la résignation chrétienne. Ces
deux hypothèses sont médiocrement
vraisemblables.
Quoi qu'il en soit, nous allons pro-
chainement assister à une discussion
mémorable. Avant même que le projet
de M. Gladstone soit adopté et mis en
pratique, les esprits seront plus trou-
blés qu'ils ne l'ont été en Angleterre
depuis la Révolution, c'est-à-dire de-
puis deux siècles. Les conservateurs
jetteront feu et flamme ; le parti libéral
sera entamé, et le gouvernement devra
plus que jamais s'appuyer sur les inté-
rêts et les sentiments démocratiques
pour compenser à gauche les pertes
qu'il aura faites sur sa droite. La Cham-
bre des lords ne cèdera pas sans une
pression énergique ; si elle résiste, elle
risquera d'être emportée par la tempête,
entrainant dans sa chute tout le vieil
édifice de la Constitution britannique.
Avant peu, les nouvelles de Londres de-
viendront intéressantes.
00
LE VOTE DE L'ORDRE DU JOUR
La Chambre avait refusé samedi la
priorité à un ordre du jour de MM. Le-
tellier et Etienne ainsi conçu :
La Chambre, prenant acte des déclarations du
gouvernement, confiante dans l'initiative qu'il
prendra d'une revision de la législation sur les
mines, passe à l'ordre du jour.
Elle avait refusé de la même ma-
nière l'ordre du jour suivant de M. Er-
nest Lefèvre :
La Chambre, comptant sur la fermeté du gou-
vernement pour faire valoir les droits de. l'Etat,
et convaincue de la nécessité de réformer la lé-
gislation sur les mines, pour mieux assurer les
droits des travailleurs, passe à l'ordre du jour.
Enfin elle s'était prononcé contre
celui de MM. Maurice Faure et Viette,
disant :
La Chambre, convaincue de la nécessité de re-
viser la législation minière afin de sauvegarder
les droits de l'Etat pour la conservation des mines
et pour améliorer la condition des ouvriers mi-
neurs, prenant acte des déclarations du gouver-
nement et confiante dans son initiative, passe à
l'ordre du jour.
Hier lundi, elle a été appelée à voter
sur l'ordre du jour dont voici le texte :
La Chambre, confiante dans la résolution du
gouvernement d'introduire dans la législation
des mines les améliorations nécessaires, et con-
vaincue qu'il saura s'inspirer du besoin de sau-
vegarder les droits de l'Etat et les intérêts du
travail, passe à l'ordre du jour.
Entre cet ordre du jour et les précé-
dents, il n'y a pas de différence appré-
ciable. La Chambre a voté hier exacte-
ment la même chose que ce qu'elle avait
refusé de voter deux jours auparavant.
Comment s'est produit ce revirement?
Que s'esi-il passé du samedi au lundi?
Une chose bien simple. Les Gauches se
sont entendues hier avant la séance.
L'ordre du jour présenté, au lieu d'être
signé d'un membre de l'Union des Gau-
ches ou d'un membre de l'Extrême-
Gauche, était signé des présidents des
trois groupes de Gauche, de M. Baro-
det pour l'Extrême-Gauche, de M. Re-
moiville pour la Gauche radicale et de
M. Steeg pour l'Union des Gauches.
Il n'en a pas fallu davantage pour
qu'il fût voté par l'unanimité des répu-
blicains.
Maintenant il faut espérer qu'à l'ave-
nir, au lieu de s'entendre pour réparer
le gâchis, on s'entendra pour l'éviter.
C'est le seul moyen que la Droite ne
prenne pas dans la Chambre une in-
fluence néfaste et que les discussions
les plus importantes n'aboutissent pas
à un résultat négatif.
A.-E. P.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
La grève de Decazeville. — Les
tarifs de chemins de fer.
Tout est bien qui finit bien. La Cham-
bre est enfin sortie de l'interpellation sur
la grève de Decazeville, et elle en est sor-
tie par un ordre du jour qui dit, en vérité,
tout ce qu'on peut dire sous cette formule.
La Droite n'a pas peu contribué à l'ai-
der à terminer cette délicate affaire, et
tant que la Droite ne servira comme hier
qu'à forcer la Gauche de serrer les coudes,
nous n'aurons pas trop à nous plaindre
de sa présence dans le Parlement.
En effet, on était encore arrivé à une
heure, sinon avec l'envie de batailler, du
moins avec des hésitations, des scrupules,
des réticences qui n'étaient pas de nature
à donner un vote solide et compact. Bien
que l'on eût appris au Palais-Bourbon le
résultat du travail auquel s'étaient livrés
dans la matinée les bureaux des Gauches,
bien que l'on sût que le gouvernement ac-
ceptait l'ordre du jour préparé par les bu-
reaux, il y avait encoie des esprits in-
quiets qui, ne se souvenant pas que le
mieux est parfois l'ennemi du bien, son-
geaient à amender le nouvel amendement.
On discutaillait dans les groupes réunis
pour sanctionner l'ordre du jour. Deux
heures sonnaient, et les députés ne sor-
taient pas des salles destinées aux réu-
nions intimes, et la séance ne s'ouvrait
pas.
Les soldats restaient l'arme au pied dans
la salle des Pas-Perdus, attendant un pré-
sident qui ne paraissait point. Ce fait ex-
ceptionnel, spécial aux jours de crise pou-
vait faire craindre de nombreux embarras.
Mais quelques députés qui avaient jugé
bon de venir prendre un peu l'air et de
flairer les nouvelles apprirent que, de son
côté, la Droite se réunissait pour formuler
un ordre du jour. On en donnait même le
texte. Il y était question de rappeler la né-
cessité de sauvegarder « le maintien de
l'ordre et la liberté du travail », comme si
la République était impuissante à sauve-
garder l'un et l'autre.
La manœuvre que les ennemis de la Ré-
publique cachaient derrière une pareille
rédaction, leur espérance de semer des
inquiétudes au moyen d'un ordre du jour
réunissant 180 voix au milieu des votes
négatifs émis jusqu'alors, tout cela était
trop clair pour ne pas imposer de sérieux
devoirs à la Gauche.
Ceux qui avaient vu ces préparatifs, ren-
trant dans leurs groupes, annoncèrent que
la Droite ne se contentait plus de chercher,
comme samedi, à rendre tous les scrutins
inutiles, qu'elle voulait aussi dire son
mot pour faire son œuvre, toujours la
même, pour répandre le bruit que l'ordre
et le travail sont menacés. Là-dessus, les
dernières résistances se sont dissipées.
Ceux qui voulaient encore alambiquer ont
compris qu'il n'était pas patriotique de le
faire, et l'on est entré enfin en séance
avec une demi-heure de retard.
* *
Pour la forme, M. Floquet rappelle
qu'on en était resté samedi à l'ordre du
jour de M. Levrey. Mais M. Levrey s'em-
presse de retirer sa rédaction, et il ne
reste plus en présence que deux ordres
du jour : celui de la Gauche et celui de la
Droite.
Le premier, signé par MM. Barodet,
Remoiville et Steeg, ne dit que ce qu'il
faut dire. Il exprime « la confiance de la
Chambre dans la résolution du gouverne-
ment d'introduire dans la législation des
mines les améliorations nécessaires ». Il
exprime « la conviction que le gouverne-
ment saura s'inspirer du besoin de sauve-
garder les droits de l'Etat et les intérêts
du travail ». Si la Droite était vraiment
conservatrice, elle voterait ce texte, car
nul ne peut songer à abandonner les
droits de l'Etat, et « les intérêts du tra.
vail » visent aussi bien ceux qui donnent
leurs bras à une affaire que ceux qui lui
donnent leur intelligence ou leur argent.
Mais la Droite a un ordre du jour poli-
tique, signé par MM. Jonglez et de Mackau.
Sous cette déclaration « qu'en cas de grève
le gouvernement ne doit intervenir que
pour assurer le maintien de l'ordre et la
liberté du travail », il blâme, pour le passé,
tout ce que le gouvernement a fait à De-
cazeville et exprime pour l'avenir de
noires appréhensions.
***
Aussi, sur un mot de M. de Freycinet
déclarant que le gouvernement accepte
l'ordre du jour de MM. Barodet, Remoi-
ville et Steeg, les Gauches se lèvent comme
un seul homme pour donner la priorité à
cet ordre du jour.
La Droite, stupéfaite de l'union qui se
déclare dans le camp républicain, reste
un moment silencieuse, et le président,
n'entendant plus rien, fait circuler les ur-
nes. On va finir. On va voter. Cependant
un membre de Droite, moins abasourdi
que les autres, se lève et réclame la pa-
role. Il l'obtient, quoiqu'il soit tard. C'est
M. Raoul Duval.
Le député de l'Eure n'est pas sans in-
telligence et ce n'est point un passionné.
Il a même fait plusieurs fois quelques pas
vers la République. Il est donc surprenant
de le voir se mettre au service de la Droite
en pareille circonstance. Mal lui en prend
d'ailleurs, car il fait un pauvre discours.
Il reprend d'abord la discussion des af-
faires de la Société de Decazeville, discus-
sion close, archi-close. Puis, revenant à
l'ordre du jour, il lui reproche d'être trop
vague.
A quoi M. de Freycinet réplique en lui
demandant s'il veut faire la réforme de la
législation minière par voie d'ordre du
jour. Ainsi appelé à la tribune, le prési-
dent du conseil en profite pour dire à la
Chambre qu'elle aura pleine liberté d'a-
mender le projet qui sera préparé par le
gouvernement, mais que ce projet sera
préparé suivant les règles du droit et de la
justice.
Vigoureusement applaudi par toutes les
Gauches, M. de Freycinet est remplacé
par M. Raoul Duval, dont la riposte em-
barrassée semble signifier : « Mettons que
je n'ai rien dit. » On vote, et par 379 voix
contre 100 l'ordre du jour de la Gauche
est voté. Voilà une majorité nettement
républicaine et fort compacte, ce nous
semble.
*
* *
On expédie ensuite quelques affaires
urgentes. Suivant la proposition de M.
Yves Guyot, on décide que la liste politi-
que et la liste municipale ne feront plus
désormais, à Paris comme ailleurs, qu'une
seule liste.
Entre temps, les nouveaux députés de
la Corse pénètrent dans la salle et sont
salués par les applaudissements partis de
la Gauche.
C'est du reste le dernier mouvement
qui marque la séance. Toute la fin s'écoule
dans un calme plat, somnifère. M. Flo-
quet appelle la suite du débat sur les ta-
rifs des chemins de fer, puis il se sauve
du fauteuil, laissant la place à M. Anatole
de La Forge. Les députés suivent leur pré-
sident, et il reste cinquante membres pour
écouter M. Félix Faure.
C'est ainsi, d'ailleurs, que cela se passe
en Angleterre pour les débats techniques,
et il n'y a pas de mal. Que ceux qui sont
intéressés à telle affaire restent, que les
autres attendent le tour de l'affaire qui les
intéresse. De la sorte, au moins, on a le
silence.
Avec peu de voix, avec un discours fort
diffus, trop touffu, M. Faure est écouté.
Naturellement il défend les conventions,
car il a fait partie du cabinet qui lés a
signées. Mais il malmène les chemins de
fer de l'Etat ; il se fait apostropher par M.
Etienne, dont il a été longtemps le compa-
gnon de groupe.
Sa défense des conventions et des tarifs
ne brille pas en somme par la logique. Il
commence par déclarer que nos tarifs sont
inférieurs à ceux des pays voisins. Puis,
voulant défendre les compagnies contre le
reproche d'avoir établi des tarifs de péné-
tration au profit des marchandises étran-
gères, il expose que c'est du point d'ori-
gine à la frontière que les marchandises
étrangères trouvent le plus bas tarif.
— Donc, lui crient en chœur les cin-
quante spécialistes qui écoutent, donc il
en coûte moins cher à l'étranger qu'en
France pour faire voyager les marchan-
dises !
Faisant toujours faux bond à la logique,
M. Félix Faure termine en rappelant qu un
abaissement de tarifs accroîtrait la garantie
d'intérêt payée par les contribuables. Donc
les conventions qui ont perpétué et ag-
gravé la garantie d'intérêt nont pas été
une œuvre parfaite.
La séance s'achève sur quelques obser-
vations de M. Rondeleux qui établit qu'en
somme il vaudrait mieux revenir à l'an-
cien tarif que de garder le nouveau. D'où
il suit que les conventions n'ont pas été
fort habilement négociées. On dit que M.
Raynal démontrera aujourd'hui 1 excel-
lence de son œuvre. Nous attendons.
Docteur RALPH.
SÉANCE DU SÉNAT
Il semblait que durant l'interminable
discussion du projet de loi sur l'organisa-
tion de l'enseignement primaire tous les
arguments pour ou contre eussent été de
part et d'autre épuisés, et quelques bons
esprits pensaient qu'en présence de la ma-
jorité compacte et résolue qui soutenait
le projet la minorité désarmerait. C'était
connaître mal l'invincible entêtement de
MM. les sénateurs de la Droite : la seconde
délibération sera aussi longue, aussi vive
que la première, et déjà les amendements
de M. Paris s'amoncellent autour de cha-
que article.
Tout d'abord M. Le Provost de Launay a
demandé l'ajournement de la discussion,
« dans le but de consulter préalablement
les conseils municipauxl » Serait-ce, mon-
sieur le marquis, une façon d'insinuer que
le Sénat n'est pas l'expression véritable et
sincère des volontés du pays? On le
pourrait croire à vous entendre affirmer
que les seuls démocrates du Parlement
siègent à droite, et non à gauche.
Mais ces explications de M. Le Provost
de Launay ne satisfont point ses collègues
et sur un mot de M. Goblet, qui semble
très décidé à soutenir énergiquement la
lutte, le Sénat repousse l'ajournement par
i76 voix contre 67.
La résolution de la Chambre haute est,
dès lors, évidente; mais M. Blavier, étant
de la famille des pires sourds que vous sa-
vez, feint de ne rien comprendre au vote
et, sons le fallacieux prétexte qu'un projet
complémentaire réglant l'organisation fi-
nancière de l'enseignement primaire a été
récemment déposé par le ministre, il vient
derechef demapder l'ajournement de la
discussion.
M. Goblet remonte à la tribune et pour
la seconde fois, par 177 voix contre 69, le
Sénat repousse l'ajournement.
Donc il faut discuter. tyais il n'y a rien
à dire sur les cinq premiers articles de la
loi qui règlent des dispositions générales,
et on les adopte à mains levées.
L'article 6 est ainsi conçu :
« L'enseignement est donné par des ins-
tituteurs dans les écoles de garçons, par
des institutrices dans les écoles defille,
dans les écoles maternelles, dans les éco-
les ou classes enfantines et dans les écoles
mixtes quant au sexe. »
Cette dernière disposition n'est pas du
goût de M. Chalamet : il voudrait que les
écoles mixtes puissent être confiées à des
instituteurs. D'ailleurs, à l'heure pré-
sente, ce sont des instituteurs qui tien-
nent la plupart de ces écoles, et personne
ne se plaint. Pourquoi changer? Le mieux
est l'ennemi du bien.
Mais M. Ferrouillat persiste, au nom de
la commission, à soutenir la rédaction de
l'article 6, et le Sénat docile refuse de
prendre en considération l'amendement
de M. Chalamet.
— Supprimez an moins les mots « quant
au sexe 1 » s'écrie l'honorable sénateur de
l'Ardèche.
L'observation est juste. « Quant au
sexe », évidemment, est inutile et, comme
M. Ferrouillat ne réclame pas, « quant au
sexe » est supprimé.
H. VINCENT.
Voici le texte de la réponse faite par M. de
Freycinet, président du conseil, aux observa-
tions présentées par M. Raoul Duval :
M. de Freyeinet, président du conseil. — Je
suis appelé à la tribune par un mot de M. Raoul
Duval ; M. Raoul Duval a prononcé le mot d'équi-
voque.
Qu'il me permette de lui dire que le gouverne-
ment, pas plus que la Chambre, n'a l'intention de
voter sur une équivoque. (Très bien 1 très bien ! à
gauche.)
M. Raoul Duval confond l'équivoque avec l'idée
générale exprimée dans l'ordre du jour, qui
énonce en principe une revision de la législation
minière. Un ordre du jour peut-il donc contenir
autre chose qu'une idée générale ?
Pour quiconque a étudié la législation sur les
mines, et cette étude a été celle de toute ma car-
minesd, 'ingénieur des mines, cette législation est
rière
si complexe qu'il -est chimérique de vouloir en
renfermer tous les éléments dans les termes d'un
ordre du jour..
Un ordre du jour n'a peut indiquer que la pen-
sée d'une revision, et cette pensée est ici formulée
dans cette double idée : préciser, fortifier les
droits de l'Etat (Très bien ! très bien ! à gauche)
sans porter atteinte au droit de propriété. (Inter-
ruption à droite. — Très bien ! très bien ! à
gauchol)
Mais toute propriété est soumise à des restric-
tions établies par les lois. La propriété ordinaire,
la propriété des chemins de fer, celle des mines
sont soumises à des restrictions différentes, sui-
vant la nature même de ces propriétés.
11 s'agit de reviser la loi de 1810, de préciser
les droits mal définis de l'Etat sur certains points;
il s'agit d'examiner si les conditions du travail,
telles qu'elles sont réglées par la loi actuelle, ré-
pondent aux nécessités de l'industrie depuis qua-
tre-vingts ans. (Très bien 1 très bien! à gauche.)
Eh bien ! la loi de 1810 ne répond pas à ces né-
cessités nouvelles.
M. Jolibois. — Acceptez-vous l'effet rétroactif?
M. le président du conseil. — Il ne s'agit pas
en ce moment de discuter la question de rétroac-
tivité, non plus qu'aucun point spécial.
Quand vous serez en présence du projet que le
gouvernement apportera; vous aurez votre liberté
entière de discussion. Soyez convaincus que le
gouvernement ne vous apportera qu'une loi con-
forme aux principes du droit et de la justice.
(Applaudissements à gauche.)
COULISSES PARLEMENTAIRES
Les négociations d'hier. — Les bnretax de
la Chambre. — L'impôt sur l'alcool. — Les
fournitures militaires. — L'institut Pas-
teur. — Le personnel de la Chambre. —
Organisation des colonies.
La journée de dimanche et la matinée
d'hier se sont passées en négociations entre
les chefs de la majorité républicaine.
Sur l'invitation de M. Steeg, président de
l'Union des gauches, les bureaux des trois
groupes de la majorité se sont réunis hier à
dix heures, et, après une courte discussion,
ont adopté un ordre du jour dont le texte a
été rédigé par M. Maurice Faure, député de la
Drôme.
MM. Steeg, Desmons et Maurice Faure se
sont rendus ensuite au ministère des affaires
étrangères et ont soumis à M. de Freycinet,
le texte adopté.
A une heure, les groupes de gauche se sont
réunis et ont à leur tour adopté l'ordre du
jour signé par les trois présidents : MM. Ba-
rodet, Remoiville et Steeg.
Enfin les ministres, avant de prendre séance,
avaient tenu un court conseil dans lequel il
fut décidé, sur la proposition de M. de Frey-
cinet, que l'ordre du jour en question serait
appuyé par le gouvernement.
n
.è
Le tirage au sort des bureaux de la Cham-
bre a eu lieu hier.
Cette opération avait une grande Impor-
tance en raison de la nomination très pro-
chaine de la commission du budget.
Voici comment sont répartis dans les onze
bureaux les anciens membres des dernières
commissions du budget.
1er bureau. — MM. Buyat, Levet, Thomson.
2e bureau. - MM. Jules Carret, Dautresme,
de Heredia.
3° bureau. - MM. Allain-Targé, Deluns-
Montaud, Albert Ferry, Henry Maret.
4e bureau. — MM. Blandin, Jullien, Ménard-
Dorian.
5e bureau. — MM. Boissy-d'Anglas, Casimir-
Perier, Fallières, Letellier, Méline.
6e bureau. — MM. Laisant, Martin-Feuillée,
Antonin Proust, Saint-Romme.
78 bureau. - MM. Boysset, Antonin Dubost,
de Lanessan, Arthur Leroy, Noiret, Papon,
Camille Pelletan, Rouvier, gaint-Prix, mar-
quis de Roys.
8e bureau. — MM. Andrieux, Ballue, Cavai-
gnac, Jules Roche.
9e bureau. — MM. Clémenceau, Reynal.
10° bureau. — MM. Henri Brisson, Cochery,
Laguerre, Wilson.
11e bureau. — MM. Félix Faure, Gerville-
Réache, Viette.
@n annonce déjà un grand nombre de can-
didatures nouvelles. Signalons celles de MM.
Camille Dreyfus, Déandreis, Ernest Lefèvre,
Spuller, Hubbard.
m
* .*
MM. Tfcrrel, député de l'Aude, et Salis, dé-
puté de l'Hérault, viennent d'adresser la let-
tre suivante à une soixantaine de leurs coUè.
gues : ,,'
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Egypte 350 93, 350 62, 350 93.
Rio Tinto 315, 314 37.
Extérieure. 581/8, 1/16,1/8.
Hongrois 84 5/16, 11/32.
SOMMAIRE
Bulletin — Louis HENRIQUE.
Informations particulières.
La Crise irlandaise.
Le Vote de l'ordre du jour. — A.-E. P.
Séance de la Chambre. — Docteur RALPH.
Séance du Sénat. - H. VINCENT.
Coulisses parlementaires.
Le Scrutin d'hier.
Nouvelles de l'étranger.
Echos du jour. — BRICHANTEAU.
La Presse aujourlejour.- P.-P. DEJUINNE.
Paullde Saint-Victor. - MARCEL FOUQUIEB.
Conseil municipal.
Courrier de la Bourse. - H. Li Fioxi.
Le Sport du jour. - FAVELLRS.
Gazette du Palais. - Me GERVAST.
La Température.
Faits divers. — JEAN ViLijùaz.
Courrier des théâtres. — EMILE MENDEL.
Feuilleton (Américaine). — GEORGES Bou-
TELLEAU.
BULLETIN
L'interpellation de M. Camélinat sur les
événements de Decazeville a occupé une
partie de la séance d'hier. La Chambre a
adopté, par 379 voix contre 100, l'ordre du
jour présenté par MM. Barodet, Remoiville
et Steeg, présidents des trois groupes de
la majorité républicaine.
Le Sénat a repris la seconde délibération
du projet de loi sur l'organisation de l'en-
seignement primaire et a remis la discus-
sion à jeudi.
Le transport Corrèze a mouillé hier en
rade de Toulon, venant de Madagascar,
avec 249 passagers.
M. Gladstone, quoique souffrant, se met
en mesure d'apporter au Parlement, selon
la promesse faite, le programme de la nou-
velle Constitution irlandaise. Il a donné
connaissance samedi, au conseil des mi-
nistres, du plan de réformes qu'il a conçu
et qu'il s'est engagé à déposer le 1er avril
à la Chambre des communes.
Le Standard fait connaître quelques-
uns des principaux points de ce projet,
sans toutefois assumer la responsabilité
de ses informations.
Si l'organe conservateur estbien informé,
voici quelle serait l'économie du plan éla-
boré par M. Gladstone.
Le projet comporterait la création d'un
Corps législatif siégeant à Dublin et for-
mant une assemblée unique, établie sur
le principe de la représentation des mino-
rités. Il est bien spécifié qu'aucune modi-
fication ne pourra être apportée à cette
dernière condition sans l'assentiment du
Parlement impérial.
L'Irlande continuerait à envoyer des dé-
putés au Parlement impérial, non pas pro-
portionnellement au chiffre de sa popula-
tion, mais d'après celui de sa quote-part
de contribution aux revenus de l'empire.
Cette contribution devant être d'environ
trois millions, le nombre des représen-
tants irlandais à Westminster serait d'une
trentaine.
La police irlandaise serait placée sous
le contrôle du Parlement irlandais : elle
ne serait pas armée.
L'intervention des forces impériales se-
rait prévue pour les cas où il serait néces-
saire d'assurer la sécurité des personnes
et des propriétés.
Le Parlement irlandais n'aurait pas dans
fes attributions le droit de frapper d'im-
pôts les marchandises anglaises, d'enta-
mer des négociations avec les puissances
étrangères, d'employer ses revenus à favo-
riser un culte quelconque, d'édicter des
mesures portant atteinte à la validité des
contrats.
L'heure n'est point venue d'examiner
par le détail la valeur de ces réformes.
Nous aurons occasion de revenir sur cette
importante question, qui passionne l'opi-
nion publique de l'autre côté de la Manche.
Disons seulement qu'il parait avéré que le
projet de M. Gladstone sera le point de dé-
part d'un remaniement ministériel.
A la Chambre des communes, lord Be-
resford a appelé l'attention du gouverne-
ment sur le grand nombre des ouvriers
sans travail, et demandé qu'une résolution
soit prise pour déclarer qu'il convient ac-
tuellement de suspendre le fonds d'amor-
tissement ou de créer des annuités à
terme, afin d'en employer le produit à la
mise en état de la flotte pour assurer la
sécurité de l'empire.
Lord Beresford n'est pas partisan de la
construction de grands cuirassés. Il en
donne deux raisons : la première, c'est que
la France a cessé de construire des vais-
seaux de ce genre; et la seconde qu'il est
plus utile d'employer les deniers de l'Etat
a augmenter le nombre des croiseurs et
des bateaux-torpilles.
L'orateur désire en outre voir réorgani-
ser la réserve navale, afin que sa force se
rapproche de celle de la France.
Il conclut en demandant qu'un crédit
de 5,577,000 livres sterling soit affecté
à la construction de croiseurs et de torpil-
leurs.
Les nouvelles d'Andorre sont un peu
confuses. De Perpignan, on télégraphie que
l'affaire est en voie d'apaisement. A Bourg-
Madame, on a reçu des avis moins rassu-
rants. Quelques partisans de l'évêque oc-
cupent encore San-Julia, dit-on; l'abbé Es-
cola, un ancien colonel carliste, le viguier
épiscopal et les principaux partisans de
l'évêque sont à Seo-d'Urgel, où ils parais-
sent vouloir enrôler des étrangers afin de
grossir le nombre de leurs partisans et
de tenter un nouveau mouvement.
Il ne serait pas autrement surprenant
que cette échauffourée sans importance
servît de prétexte à une manifestation car-
liste aux approches de la période électo-
rale. Le fait n'est pas sans précédent : en
1873 l'évêque d'Urgel avait ouvertement
pactisé avec les bandes carlistes. Mais ceci
regarde surtout l'Espagne; ce qui nous
intéresse, c'est l'insulte faite au représen-
tant de la France. Si minuscule que soit
la République d'Andorre, il devient néces-
saire de couper court à ses velléités de ré-
bellion avec accompagnement de voies
de fait et de menaces de mort.
Louis HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Le rapatriement des troupes du Tonkin
M. Clémenceau et ses collègues de la dépu-
tation du Var ont eu hier une entrevue avec
M. Lockroy, ministre du commerce et de l'in-
dustrie, au sujet du débarquement des troupes
qui reviennent du Tonkin.
Voici quelles sont les dispositions prises
dans l'intérêt de la salubrité publique à Toulon
et à Marseille :
« Tous les navires arrivant de l'Extrême-
Orient débarqueront leurs passagers à Port-
Cros ;
» Les cholériques seront envoyés dans l'île
de Bagaud;
» Les convalescents de toutes maladies au-
tres que le choléra seront conduits à l'hôpital
de Porquerolles. »
Election législative du Morbihan
Inscrits : 130,036. — Votants : 62,222.
M. Emile Lorois, monarchiste. 56.099 Elu
Voix diverses. 6.385
Il s'agissait de remplacer M. Edouard Lorois,
député décédé récemment. M. Edouard Lorois
avait été élu, le 4 octobre dernier, le quatrième
sur la liste conservatrice du Morbihan. Il y avait
eu 97,694 votants. M. Lorois avait obtenu 60,417
voix. Le premier candidat de la liste républi-
caine en avait obtenu 37,797.
M. Emile Lorois, l'élu d'hier, est le frère du dé-
puté décédé.
Elections de conseillers généraux
Plusieurs élections de conseillers généraux
ont eu lieu également dimanche.
Dans le canton de Barneville (Manche), le
docteur Lecannellier, républicain, maire de
Barneville, a été élu conseiller général, en
remplacement de M. Foubert, par 1,572 voix.
Dans le département des Deux-Sèvres, pour
ie deuxiène canton de Saint-Maixent, M. Hays,
filateur, conseiller municipal de Saint-Maixent,
républicain, a été élu sans concurrent par
1,454 voix, en remplacement de M. Goguet,
sénateur, décédé.
Le scrutin de ballottage pour le canton de
Neufchâtel (Seine-Inférieure) a donné le ré-
sultat suivant :
M. de Janzé, conservateur, a été élu par
1,683 voix contre 910 à M. Turquet, républi-
cain.
Manœuvres de montagne
Les manœuvres de montagne seront éten-
dues, cette année, à la région des Pyrénées.
Sept compagnies du 17e corps d'armée ma-
nœuvreront entre les vallées de la Tet et du
Tech.
LA CRISE IRLANDAISE
Jamais un peuple entier n'a attendu la
réponse d'un oracle avec autant d'impa-
tience et d'anxiété que l'Angleterre en
éprouve dans l'attente du projet de M.
Gladstone sur l'Irlande. On dit que le
premier ministre de la reine a exposé ce
projet samedi dernier en conseil, et di-
verses indiscrétions, d'ailleurs contra-
dictoires, ont déjà prétendu révéler au
public britannique les grandes lignes
supposées de ce plan mystérieux. On
comprend aisément que cet habile homme
d'Etat, malgré la hardiesse croissante
de son esprit, hésite à livrer aux disputes
du Parlement et de la presse la solution
qu'il aura enfin choisie : il peut compter
avec assurance sur une explosion d'indi-
gnation de la part de ses adversaires,
de la part de quelques-uns de ses amis
politiques, à moins qu'il ne préfère
braver le mécontentement des Irlandais
en ne leur offrant qu'une satisfaction
illusoire et incomplète, ce qui est peu
probable.
On aurait pris pour un fou celui qui
aurait prédit, il y a seulement trois ou
quatre ans, qu'un premier ministre de
la reine Victoria proposerait en 1886
d'accorder à l'Irlande un Parlement sé-
paré. L'évolution s'est accomplie rapi-
dement, mais par degrés. C'est M. Glads-
tone lui-même qui est entré dans la
voie des concessions radicales et qui a
posé en principe que le véritable moyen
de rétablir dans l'île-sœur l'ordre et la
paix était de tenir compte des griefs de
la population irlandaise. Il a présenté
pour y parvenir des lois passablement
révolutionnaires, et il les a fait adopter.
En intervenant comme il l'a fait dans les
rapports entre propriétaires et tenan-
ciers, le Parlement britannique recon-
naissait que les souffrances séculaires
de l'Irlande tiennent à des causes pro-
fondes, que peut faire disparaître une
administration simplement honnête et
vigilante. On commençait ainsi à dé-
faire l'œuvre de la conquête.
Lors des élections générales, qui ont
eu lieu à peu près en même temps que
chez nous, les conservateurs ont fait aux
Irlandais des avances qui ne pouvaient
qu'accroître la puissance de M. Parnell
et préparer les esprits à de nouvelles
concessions. Mais la force de volonté et
le merveilleux courage intellectuel de M.
Gladstone ont seuls pu accepter et faire
accepter, au moins à une partie de la
nation anglaise, l'idée de cette capitu-
lation suprême : la séparation législa-
tive des deux îles, l'établissement d'un
Parlement à Dublin. Car il ne s'agit
plus d'un Parlement semblable à celui
que Pitt supprima en créant l'union, et
qui n'était que l'organe d'une minorité,
que le docile instrument du cabinet de
Londres ; il s'agit d'une Chambre qui
représenterait le peuple irlandais tel
qu'il est, c'est-à-dire avec ses passions,
ses intérêts et ses croyances, intérêts
contraires à ceux des propriétaires an-
glais, croyances hostiles au protestan-
tisme.
Sans doute l'Irlande ne formerait pas
un royaume à part, avec une représen-
tation diplomatique, une armée et une
marine; mais elle aurait sa législation,
son administration, sa police. Les An-
glais ont bien pu donner une indépen-
dance égale et même plus considérable
à un grand nombre de colonies, mais ce
sont des colonies dont on envisage sans
trop d'effroi la future émancipation. Ce
sont des colonies anglaises où la race
britannique est assuré de la prépondé-
rance. Le Parlement irlandais se com-
posera en majorité d'enfants d'une au-
tre race. Le peuple qu'il représentera,
et pour lequel il fera des lois, n'est pas
une portion détachée du peuple anglais.
Les colons anglais seront en minorité
à Dublin, et c'est probablement contre
eux qu'on voudra légiférer, car ils re-
présentent la conquête, l'oppression sé-
culaire, la domination de l'étranger.
Là est la difficulté dont M. Gladstone
peut triompher sur le papier, à laquelle
on peut donner une solution législative,
mais qui ne subsistera pas moins dans
les faits.
La conquête anglaise a exproprié les
Irlandais; ceux-ci veulent reprendre la
terre, exproprier à leur tour ceux qu'ils
considèrent comme des spoliateurs. Les
électeurs tle M. Parnell ne tiennent sans
doute pas à avoir une flotte, une armée
et des ambassadeurs ; on ne les mécon-
tentera pas en leur refusant l'indépen-
dance absolue. Ce qu'ils réclament, c'est
la possession du sol, et le home rule
n'est pour eux qu'un moyen d'y par-
venir. Si le projet de M. Gladstone
interdit au Parlement irlandais de faire
des lois portant atteinte à la propriété,
la concession sera insuffisante et la lutte
recommencera ; s'il ne donne pas cette
garantie aux Anglais qui ont des pro-
priétés en Irlande, aux descendants des
colons établis par Cromwell et des lords
enrichis par Guillaume III, les Anglais
de la grande île entendront à travers
le canal Saint-Georges les cris de dé-
tresse de leurs frères, victimes des lois
de revanche.
Nous avons quelque peine à croire
au succès d'une tentative aussi har-
die. Pour qu'elle fût seulement pos-
sible, il a fallu la naissance et le déve-
loppement, en Angleterre même, d'une
démocratie assez avancée pour rompre
avec tous les préjugés nationaux; il a
fallu que les libéraux et les conserva-
teurs se fissent équilibre au point de
subir l'arbitrage de M. Parnell ; il a fallu
qu'un homme d'Etat de premier ordre
fût, à soixante-quinze ans, le plus résolu
des novateurs. Mais, pour que l'expé-
rience réussisse, il faudrait supposer en
outre que les Irlandais seront modérés,
ou que les Anglais reculeront les limi-
tes de la résignation chrétienne. Ces
deux hypothèses sont médiocrement
vraisemblables.
Quoi qu'il en soit, nous allons pro-
chainement assister à une discussion
mémorable. Avant même que le projet
de M. Gladstone soit adopté et mis en
pratique, les esprits seront plus trou-
blés qu'ils ne l'ont été en Angleterre
depuis la Révolution, c'est-à-dire de-
puis deux siècles. Les conservateurs
jetteront feu et flamme ; le parti libéral
sera entamé, et le gouvernement devra
plus que jamais s'appuyer sur les inté-
rêts et les sentiments démocratiques
pour compenser à gauche les pertes
qu'il aura faites sur sa droite. La Cham-
bre des lords ne cèdera pas sans une
pression énergique ; si elle résiste, elle
risquera d'être emportée par la tempête,
entrainant dans sa chute tout le vieil
édifice de la Constitution britannique.
Avant peu, les nouvelles de Londres de-
viendront intéressantes.
00
LE VOTE DE L'ORDRE DU JOUR
La Chambre avait refusé samedi la
priorité à un ordre du jour de MM. Le-
tellier et Etienne ainsi conçu :
La Chambre, prenant acte des déclarations du
gouvernement, confiante dans l'initiative qu'il
prendra d'une revision de la législation sur les
mines, passe à l'ordre du jour.
Elle avait refusé de la même ma-
nière l'ordre du jour suivant de M. Er-
nest Lefèvre :
La Chambre, comptant sur la fermeté du gou-
vernement pour faire valoir les droits de. l'Etat,
et convaincue de la nécessité de réformer la lé-
gislation sur les mines, pour mieux assurer les
droits des travailleurs, passe à l'ordre du jour.
Enfin elle s'était prononcé contre
celui de MM. Maurice Faure et Viette,
disant :
La Chambre, convaincue de la nécessité de re-
viser la législation minière afin de sauvegarder
les droits de l'Etat pour la conservation des mines
et pour améliorer la condition des ouvriers mi-
neurs, prenant acte des déclarations du gouver-
nement et confiante dans son initiative, passe à
l'ordre du jour.
Hier lundi, elle a été appelée à voter
sur l'ordre du jour dont voici le texte :
La Chambre, confiante dans la résolution du
gouvernement d'introduire dans la législation
des mines les améliorations nécessaires, et con-
vaincue qu'il saura s'inspirer du besoin de sau-
vegarder les droits de l'Etat et les intérêts du
travail, passe à l'ordre du jour.
Entre cet ordre du jour et les précé-
dents, il n'y a pas de différence appré-
ciable. La Chambre a voté hier exacte-
ment la même chose que ce qu'elle avait
refusé de voter deux jours auparavant.
Comment s'est produit ce revirement?
Que s'esi-il passé du samedi au lundi?
Une chose bien simple. Les Gauches se
sont entendues hier avant la séance.
L'ordre du jour présenté, au lieu d'être
signé d'un membre de l'Union des Gau-
ches ou d'un membre de l'Extrême-
Gauche, était signé des présidents des
trois groupes de Gauche, de M. Baro-
det pour l'Extrême-Gauche, de M. Re-
moiville pour la Gauche radicale et de
M. Steeg pour l'Union des Gauches.
Il n'en a pas fallu davantage pour
qu'il fût voté par l'unanimité des répu-
blicains.
Maintenant il faut espérer qu'à l'ave-
nir, au lieu de s'entendre pour réparer
le gâchis, on s'entendra pour l'éviter.
C'est le seul moyen que la Droite ne
prenne pas dans la Chambre une in-
fluence néfaste et que les discussions
les plus importantes n'aboutissent pas
à un résultat négatif.
A.-E. P.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
La grève de Decazeville. — Les
tarifs de chemins de fer.
Tout est bien qui finit bien. La Cham-
bre est enfin sortie de l'interpellation sur
la grève de Decazeville, et elle en est sor-
tie par un ordre du jour qui dit, en vérité,
tout ce qu'on peut dire sous cette formule.
La Droite n'a pas peu contribué à l'ai-
der à terminer cette délicate affaire, et
tant que la Droite ne servira comme hier
qu'à forcer la Gauche de serrer les coudes,
nous n'aurons pas trop à nous plaindre
de sa présence dans le Parlement.
En effet, on était encore arrivé à une
heure, sinon avec l'envie de batailler, du
moins avec des hésitations, des scrupules,
des réticences qui n'étaient pas de nature
à donner un vote solide et compact. Bien
que l'on eût appris au Palais-Bourbon le
résultat du travail auquel s'étaient livrés
dans la matinée les bureaux des Gauches,
bien que l'on sût que le gouvernement ac-
ceptait l'ordre du jour préparé par les bu-
reaux, il y avait encoie des esprits in-
quiets qui, ne se souvenant pas que le
mieux est parfois l'ennemi du bien, son-
geaient à amender le nouvel amendement.
On discutaillait dans les groupes réunis
pour sanctionner l'ordre du jour. Deux
heures sonnaient, et les députés ne sor-
taient pas des salles destinées aux réu-
nions intimes, et la séance ne s'ouvrait
pas.
Les soldats restaient l'arme au pied dans
la salle des Pas-Perdus, attendant un pré-
sident qui ne paraissait point. Ce fait ex-
ceptionnel, spécial aux jours de crise pou-
vait faire craindre de nombreux embarras.
Mais quelques députés qui avaient jugé
bon de venir prendre un peu l'air et de
flairer les nouvelles apprirent que, de son
côté, la Droite se réunissait pour formuler
un ordre du jour. On en donnait même le
texte. Il y était question de rappeler la né-
cessité de sauvegarder « le maintien de
l'ordre et la liberté du travail », comme si
la République était impuissante à sauve-
garder l'un et l'autre.
La manœuvre que les ennemis de la Ré-
publique cachaient derrière une pareille
rédaction, leur espérance de semer des
inquiétudes au moyen d'un ordre du jour
réunissant 180 voix au milieu des votes
négatifs émis jusqu'alors, tout cela était
trop clair pour ne pas imposer de sérieux
devoirs à la Gauche.
Ceux qui avaient vu ces préparatifs, ren-
trant dans leurs groupes, annoncèrent que
la Droite ne se contentait plus de chercher,
comme samedi, à rendre tous les scrutins
inutiles, qu'elle voulait aussi dire son
mot pour faire son œuvre, toujours la
même, pour répandre le bruit que l'ordre
et le travail sont menacés. Là-dessus, les
dernières résistances se sont dissipées.
Ceux qui voulaient encore alambiquer ont
compris qu'il n'était pas patriotique de le
faire, et l'on est entré enfin en séance
avec une demi-heure de retard.
* *
Pour la forme, M. Floquet rappelle
qu'on en était resté samedi à l'ordre du
jour de M. Levrey. Mais M. Levrey s'em-
presse de retirer sa rédaction, et il ne
reste plus en présence que deux ordres
du jour : celui de la Gauche et celui de la
Droite.
Le premier, signé par MM. Barodet,
Remoiville et Steeg, ne dit que ce qu'il
faut dire. Il exprime « la confiance de la
Chambre dans la résolution du gouverne-
ment d'introduire dans la législation des
mines les améliorations nécessaires ». Il
exprime « la conviction que le gouverne-
ment saura s'inspirer du besoin de sauve-
garder les droits de l'Etat et les intérêts
du travail ». Si la Droite était vraiment
conservatrice, elle voterait ce texte, car
nul ne peut songer à abandonner les
droits de l'Etat, et « les intérêts du tra.
vail » visent aussi bien ceux qui donnent
leurs bras à une affaire que ceux qui lui
donnent leur intelligence ou leur argent.
Mais la Droite a un ordre du jour poli-
tique, signé par MM. Jonglez et de Mackau.
Sous cette déclaration « qu'en cas de grève
le gouvernement ne doit intervenir que
pour assurer le maintien de l'ordre et la
liberté du travail », il blâme, pour le passé,
tout ce que le gouvernement a fait à De-
cazeville et exprime pour l'avenir de
noires appréhensions.
***
Aussi, sur un mot de M. de Freycinet
déclarant que le gouvernement accepte
l'ordre du jour de MM. Barodet, Remoi-
ville et Steeg, les Gauches se lèvent comme
un seul homme pour donner la priorité à
cet ordre du jour.
La Droite, stupéfaite de l'union qui se
déclare dans le camp républicain, reste
un moment silencieuse, et le président,
n'entendant plus rien, fait circuler les ur-
nes. On va finir. On va voter. Cependant
un membre de Droite, moins abasourdi
que les autres, se lève et réclame la pa-
role. Il l'obtient, quoiqu'il soit tard. C'est
M. Raoul Duval.
Le député de l'Eure n'est pas sans in-
telligence et ce n'est point un passionné.
Il a même fait plusieurs fois quelques pas
vers la République. Il est donc surprenant
de le voir se mettre au service de la Droite
en pareille circonstance. Mal lui en prend
d'ailleurs, car il fait un pauvre discours.
Il reprend d'abord la discussion des af-
faires de la Société de Decazeville, discus-
sion close, archi-close. Puis, revenant à
l'ordre du jour, il lui reproche d'être trop
vague.
A quoi M. de Freycinet réplique en lui
demandant s'il veut faire la réforme de la
législation minière par voie d'ordre du
jour. Ainsi appelé à la tribune, le prési-
dent du conseil en profite pour dire à la
Chambre qu'elle aura pleine liberté d'a-
mender le projet qui sera préparé par le
gouvernement, mais que ce projet sera
préparé suivant les règles du droit et de la
justice.
Vigoureusement applaudi par toutes les
Gauches, M. de Freycinet est remplacé
par M. Raoul Duval, dont la riposte em-
barrassée semble signifier : « Mettons que
je n'ai rien dit. » On vote, et par 379 voix
contre 100 l'ordre du jour de la Gauche
est voté. Voilà une majorité nettement
républicaine et fort compacte, ce nous
semble.
*
* *
On expédie ensuite quelques affaires
urgentes. Suivant la proposition de M.
Yves Guyot, on décide que la liste politi-
que et la liste municipale ne feront plus
désormais, à Paris comme ailleurs, qu'une
seule liste.
Entre temps, les nouveaux députés de
la Corse pénètrent dans la salle et sont
salués par les applaudissements partis de
la Gauche.
C'est du reste le dernier mouvement
qui marque la séance. Toute la fin s'écoule
dans un calme plat, somnifère. M. Flo-
quet appelle la suite du débat sur les ta-
rifs des chemins de fer, puis il se sauve
du fauteuil, laissant la place à M. Anatole
de La Forge. Les députés suivent leur pré-
sident, et il reste cinquante membres pour
écouter M. Félix Faure.
C'est ainsi, d'ailleurs, que cela se passe
en Angleterre pour les débats techniques,
et il n'y a pas de mal. Que ceux qui sont
intéressés à telle affaire restent, que les
autres attendent le tour de l'affaire qui les
intéresse. De la sorte, au moins, on a le
silence.
Avec peu de voix, avec un discours fort
diffus, trop touffu, M. Faure est écouté.
Naturellement il défend les conventions,
car il a fait partie du cabinet qui lés a
signées. Mais il malmène les chemins de
fer de l'Etat ; il se fait apostropher par M.
Etienne, dont il a été longtemps le compa-
gnon de groupe.
Sa défense des conventions et des tarifs
ne brille pas en somme par la logique. Il
commence par déclarer que nos tarifs sont
inférieurs à ceux des pays voisins. Puis,
voulant défendre les compagnies contre le
reproche d'avoir établi des tarifs de péné-
tration au profit des marchandises étran-
gères, il expose que c'est du point d'ori-
gine à la frontière que les marchandises
étrangères trouvent le plus bas tarif.
— Donc, lui crient en chœur les cin-
quante spécialistes qui écoutent, donc il
en coûte moins cher à l'étranger qu'en
France pour faire voyager les marchan-
dises !
Faisant toujours faux bond à la logique,
M. Félix Faure termine en rappelant qu un
abaissement de tarifs accroîtrait la garantie
d'intérêt payée par les contribuables. Donc
les conventions qui ont perpétué et ag-
gravé la garantie d'intérêt nont pas été
une œuvre parfaite.
La séance s'achève sur quelques obser-
vations de M. Rondeleux qui établit qu'en
somme il vaudrait mieux revenir à l'an-
cien tarif que de garder le nouveau. D'où
il suit que les conventions n'ont pas été
fort habilement négociées. On dit que M.
Raynal démontrera aujourd'hui 1 excel-
lence de son œuvre. Nous attendons.
Docteur RALPH.
SÉANCE DU SÉNAT
Il semblait que durant l'interminable
discussion du projet de loi sur l'organisa-
tion de l'enseignement primaire tous les
arguments pour ou contre eussent été de
part et d'autre épuisés, et quelques bons
esprits pensaient qu'en présence de la ma-
jorité compacte et résolue qui soutenait
le projet la minorité désarmerait. C'était
connaître mal l'invincible entêtement de
MM. les sénateurs de la Droite : la seconde
délibération sera aussi longue, aussi vive
que la première, et déjà les amendements
de M. Paris s'amoncellent autour de cha-
que article.
Tout d'abord M. Le Provost de Launay a
demandé l'ajournement de la discussion,
« dans le but de consulter préalablement
les conseils municipauxl » Serait-ce, mon-
sieur le marquis, une façon d'insinuer que
le Sénat n'est pas l'expression véritable et
sincère des volontés du pays? On le
pourrait croire à vous entendre affirmer
que les seuls démocrates du Parlement
siègent à droite, et non à gauche.
Mais ces explications de M. Le Provost
de Launay ne satisfont point ses collègues
et sur un mot de M. Goblet, qui semble
très décidé à soutenir énergiquement la
lutte, le Sénat repousse l'ajournement par
i76 voix contre 67.
La résolution de la Chambre haute est,
dès lors, évidente; mais M. Blavier, étant
de la famille des pires sourds que vous sa-
vez, feint de ne rien comprendre au vote
et, sons le fallacieux prétexte qu'un projet
complémentaire réglant l'organisation fi-
nancière de l'enseignement primaire a été
récemment déposé par le ministre, il vient
derechef demapder l'ajournement de la
discussion.
M. Goblet remonte à la tribune et pour
la seconde fois, par 177 voix contre 69, le
Sénat repousse l'ajournement.
Donc il faut discuter. tyais il n'y a rien
à dire sur les cinq premiers articles de la
loi qui règlent des dispositions générales,
et on les adopte à mains levées.
L'article 6 est ainsi conçu :
« L'enseignement est donné par des ins-
tituteurs dans les écoles de garçons, par
des institutrices dans les écoles defille,
dans les écoles maternelles, dans les éco-
les ou classes enfantines et dans les écoles
mixtes quant au sexe. »
Cette dernière disposition n'est pas du
goût de M. Chalamet : il voudrait que les
écoles mixtes puissent être confiées à des
instituteurs. D'ailleurs, à l'heure pré-
sente, ce sont des instituteurs qui tien-
nent la plupart de ces écoles, et personne
ne se plaint. Pourquoi changer? Le mieux
est l'ennemi du bien.
Mais M. Ferrouillat persiste, au nom de
la commission, à soutenir la rédaction de
l'article 6, et le Sénat docile refuse de
prendre en considération l'amendement
de M. Chalamet.
— Supprimez an moins les mots « quant
au sexe 1 » s'écrie l'honorable sénateur de
l'Ardèche.
L'observation est juste. « Quant au
sexe », évidemment, est inutile et, comme
M. Ferrouillat ne réclame pas, « quant au
sexe » est supprimé.
H. VINCENT.
Voici le texte de la réponse faite par M. de
Freycinet, président du conseil, aux observa-
tions présentées par M. Raoul Duval :
M. de Freyeinet, président du conseil. — Je
suis appelé à la tribune par un mot de M. Raoul
Duval ; M. Raoul Duval a prononcé le mot d'équi-
voque.
Qu'il me permette de lui dire que le gouverne-
ment, pas plus que la Chambre, n'a l'intention de
voter sur une équivoque. (Très bien 1 très bien ! à
gauche.)
M. Raoul Duval confond l'équivoque avec l'idée
générale exprimée dans l'ordre du jour, qui
énonce en principe une revision de la législation
minière. Un ordre du jour peut-il donc contenir
autre chose qu'une idée générale ?
Pour quiconque a étudié la législation sur les
mines, et cette étude a été celle de toute ma car-
minesd, 'ingénieur des mines, cette législation est
rière
si complexe qu'il -est chimérique de vouloir en
renfermer tous les éléments dans les termes d'un
ordre du jour..
Un ordre du jour n'a peut indiquer que la pen-
sée d'une revision, et cette pensée est ici formulée
dans cette double idée : préciser, fortifier les
droits de l'Etat (Très bien ! très bien ! à gauche)
sans porter atteinte au droit de propriété. (Inter-
ruption à droite. — Très bien ! très bien ! à
gauchol)
Mais toute propriété est soumise à des restric-
tions établies par les lois. La propriété ordinaire,
la propriété des chemins de fer, celle des mines
sont soumises à des restrictions différentes, sui-
vant la nature même de ces propriétés.
11 s'agit de reviser la loi de 1810, de préciser
les droits mal définis de l'Etat sur certains points;
il s'agit d'examiner si les conditions du travail,
telles qu'elles sont réglées par la loi actuelle, ré-
pondent aux nécessités de l'industrie depuis qua-
tre-vingts ans. (Très bien 1 très bien! à gauche.)
Eh bien ! la loi de 1810 ne répond pas à ces né-
cessités nouvelles.
M. Jolibois. — Acceptez-vous l'effet rétroactif?
M. le président du conseil. — Il ne s'agit pas
en ce moment de discuter la question de rétroac-
tivité, non plus qu'aucun point spécial.
Quand vous serez en présence du projet que le
gouvernement apportera; vous aurez votre liberté
entière de discussion. Soyez convaincus que le
gouvernement ne vous apportera qu'une loi con-
forme aux principes du droit et de la justice.
(Applaudissements à gauche.)
COULISSES PARLEMENTAIRES
Les négociations d'hier. — Les bnretax de
la Chambre. — L'impôt sur l'alcool. — Les
fournitures militaires. — L'institut Pas-
teur. — Le personnel de la Chambre. —
Organisation des colonies.
La journée de dimanche et la matinée
d'hier se sont passées en négociations entre
les chefs de la majorité républicaine.
Sur l'invitation de M. Steeg, président de
l'Union des gauches, les bureaux des trois
groupes de la majorité se sont réunis hier à
dix heures, et, après une courte discussion,
ont adopté un ordre du jour dont le texte a
été rédigé par M. Maurice Faure, député de la
Drôme.
MM. Steeg, Desmons et Maurice Faure se
sont rendus ensuite au ministère des affaires
étrangères et ont soumis à M. de Freycinet,
le texte adopté.
A une heure, les groupes de gauche se sont
réunis et ont à leur tour adopté l'ordre du
jour signé par les trois présidents : MM. Ba-
rodet, Remoiville et Steeg.
Enfin les ministres, avant de prendre séance,
avaient tenu un court conseil dans lequel il
fut décidé, sur la proposition de M. de Frey-
cinet, que l'ordre du jour en question serait
appuyé par le gouvernement.
n
.è
Le tirage au sort des bureaux de la Cham-
bre a eu lieu hier.
Cette opération avait une grande Impor-
tance en raison de la nomination très pro-
chaine de la commission du budget.
Voici comment sont répartis dans les onze
bureaux les anciens membres des dernières
commissions du budget.
1er bureau. — MM. Buyat, Levet, Thomson.
2e bureau. - MM. Jules Carret, Dautresme,
de Heredia.
3° bureau. - MM. Allain-Targé, Deluns-
Montaud, Albert Ferry, Henry Maret.
4e bureau. — MM. Blandin, Jullien, Ménard-
Dorian.
5e bureau. — MM. Boissy-d'Anglas, Casimir-
Perier, Fallières, Letellier, Méline.
6e bureau. — MM. Laisant, Martin-Feuillée,
Antonin Proust, Saint-Romme.
78 bureau. - MM. Boysset, Antonin Dubost,
de Lanessan, Arthur Leroy, Noiret, Papon,
Camille Pelletan, Rouvier, gaint-Prix, mar-
quis de Roys.
8e bureau. — MM. Andrieux, Ballue, Cavai-
gnac, Jules Roche.
9e bureau. — MM. Clémenceau, Reynal.
10° bureau. — MM. Henri Brisson, Cochery,
Laguerre, Wilson.
11e bureau. — MM. Félix Faure, Gerville-
Réache, Viette.
@n annonce déjà un grand nombre de can-
didatures nouvelles. Signalons celles de MM.
Camille Dreyfus, Déandreis, Ernest Lefèvre,
Spuller, Hubbard.
m
* .*
MM. Tfcrrel, député de l'Aude, et Salis, dé-
puté de l'Hérault, viennent d'adresser la let-
tre suivante à une soixantaine de leurs coUè.
gues : ,,'
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