Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-02-06
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 février 1886 06 février 1886
Description : 1886/02/06 (A17,N5143). 1886/02/06 (A17,N5143).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7561926x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-septième année. - N* 8143 Prîx au lluwen & tkara : 15 eeatàmel — J)%»Mmenta Ï 10 mtmm Samedi 0 février *1*60
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JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
1 ES. wxxgd Cadet, iQ
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rend.
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Trois mois i 3 »»
S~xmoia. 32 »»
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Trois mois. 18 es
Six mois. 25 »»
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Les aboDDemb partent des ter et 15 de chaque mois
légP*" Vs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et Ce
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16, rue Cadet, ±6
les Lettres non affranchies seront refusées
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39, OLD COMPTON STRBBT (SOHO)
ET DANS SBS SUCCURSALES
87, Charlotte Street, Fltiroy Square,
Et 15, Tichborne Street, (Café Monlco. 2d.)
MM. les Actionnaires de la Société ano-
nyme du XIXe SIÈCLE, journal politique
quotidien, sont convoqués en Assemblée
générale ordinaire et extraordinaire pour
le MARDI SEIZE FÉVRIER prochain, à
deux heures de relevée, au siège social,
16, rue Cadet, afln: 1° d'examiner et ap-
prouver s'il y a lieu les comptes de l'exer-
cice 1885; 2° de délibérer sur les objets
prévus dans les articles 33, 38, 48 et 50
des statuts.
Aux termes de l'article 33 des statuts,
tout possesseur de trois actions au moins
a le droit d'assister à l'Assemblée géné-
rale.
Le dépôt des titres devra être fait, au
siège social, avant le ONZE FEVRIER.
NE POURRONT FAIRE PARTIE
DE CETTE ASSEMBLÉE
ceux de MM. les Actionnaires qui n'au-
raient pas encore opéré l'échange de leurs
titres à raison de trois actions anciennes
pour une action nouvelle.
Cet échange a lieu tous les jours, le di-
manche excepté, chez MM. Le Dru, Heintz
et Ozanne, banquiers, 42, ruoNotre-Dame-
des-Victoires.
Nous appelons Cattention de nos lec-
teurs sur une nouvélle PRIME
GRATUITE que nous offrons
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nous disposons est limité.
(Voir à la 38 page la liste de nos
vrimes gratuites.)
AVIS
MM. les Souscripteurs dont Vabonne-
ment expire le 15 février sont priés
de le renouveler avant le 13, s'ils ne
veulent pas éprouver de retard dans
l'envoi du journal.
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PETITE BOURSE DU SOIR
3 0/0 81 45,37,45.
4 1/2 0/0 109 20,12, 22.
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Egypte 327 81, 327 50.
Rio Tinto. 267 50, 268 75.
Extérieure 55 3/4, 25/32.
Hongrois 81 1/4.
Panama 410, 411 87.
SOMMAIRE
Dernière heure.
Question du jour (la République et les prin-
ces). — HBNRY FOUQUIBR.
Journée de Paris — JACQUES RAFFBY.
Informations particulières.
Nouvelles coloniales.
Bulletin de l'étranger.
Informations.
Discours de M. Goblet.
Académie française.
Courrier de la Bourse. — H. La Fitni.
Le Sport du jour. — FÂVBLLBS.
Bibliographie.
La Température.
Faits divers. — JKAN VALLIÈRE.
Courrier des théâtres.— GEORGES ftTD£à'U.
Feuilleton (le Triomphe des femmes). -S.wf'f-
JUIRS.
DERNIÈRE HEURE
L'arre.tatlon de lassaimain de
H. Barrême
On assure que l'assassin mystérieux de
- M. Barrême, ou du moins un individu très
'Compromis dans cette affaire, a été arrêté
Irier à Batignolles, où il déjeunait avec
une femme, sa maîtresse.
A la préfecture de police, on nous a con-
firmé l'arrestation, mais sans vouloir four-
nir aucun autre renseignement.
Le grève de Saint-Quentin
Saint-Quentin, 5 février.
A midi, les grévistes ont cassé les vitres
et brisé les volets des usines et de la mai-
son d'habitation de MM. Bocart et Testart.
Toutes les troupes sont sur pied ; les au-
torités se tiennent en permanence dans le
faubourg d'Isle.
La réunion des grévistes n'a pas eu lieu,
la déclaration légale n'ayant pas été faite.
Il y a eu, à quatre heures, un com-
mencement d'émeute devant l'usine Bas-
quin.
Le commissaire central a reçu un coup
de pierre dans le côté gauche.
Plusieurs délégués ouvriers, animés de
sentiments de conciliation, se sont rendus
auprès d u préfet et du procureur général.
Cette entrevue n'a pas donné de résul-
tat.
tjuelqiaes arrestations ont été opérées.
L'aeeord tureo-bulgare
Constantinople, 5 février.
Les réponses des puissances relatives à
l'arrangement turco-bulgare sont généra-
lement favorables, sauf celle de la Russie
qui fait de8: réserves.
QUESTION DU JOUR
La République et les princes
La séance d'avant-hier a laissé der-
rière elle une agitation qui dure encore.
M. le comte Lanjuinais, qui n'a pas
gardé les opinions libérales de son père,
ni le tact parlementaire accompli qu'il
apportait aux choses de la politique, a
prpnoncé à la tribune une parole gros-
sièrement provocatrice. A vrai dire, je
n'en suis pas autrement fâché. Le parti
monarchiste a je ne sais quelle singu-
lière prétention à la correction, au bon
goût, à la politesse, soit dans la vie pu-
blique, soit dans la vie sociale. Il ne me
déplaît pas qu'on voie, par des exem-
ples éclatants, que les monarchistes
peuvent être, comme les autres, dé-
pourvus de tout sentiment des conve-
nances.
L'algarade de M. le comte Lanjuinais
ne lui a valu qu'une réprimande fort
douce et une légère punition, le rappel
à l'ordre. Quelques-uns ont trouvé que
ce n'était pas assez et ont demandé la
censure. Il se peut que la censure eût
été légitime : mais nous sommes en-
chantés qu'elle n'ait pas été prononcée.
Il est des cas où il est excellent de ré-
péter le mot célèbre : « Ce n'est rien, »
et M. Floquet a fait preuve de beaucoup
de sang-froid et de beaucoup d'habileté
en ne prenant pas au sérieux la parole
de M. le comte Lanjuinais.
C'est parce que nous croyons à l'ab-
solue impuissance des monarchistes qui,
en face d'un ministère résolu et d'un
autre homme que l'ex-président du con-
seil, fondront comme neige au soleil,
que nous voyons avec peine quelques
députés remettre sur le tapis la ques-
tion de l'expulsion des princes d'Or-
léans et des princes Bonaparte. Il y au-
rait, pour les expulser, toutes sortes de
raisons excellentes : et ni les d'Orléans,
proscripteurs de leur propre famille et
qui ont sur les mains le sang de leurs
parents, ni les Bonaparte, qui ont
exilé, fusillé, assassiné de toutes façons,
manquant, les uns et les autres, à la foi
jurée ; ni les d'Orléans ni les Bonaparte
ne pourraient se plaindre ni être plaints.
Pour en rester aux faits contempo-
rains, il est indéniable que les princes
d'Orléans ne sont pas fidèles à la parole
donnée à Thiers quand la loi d'exil fut
rapportée. Ils intriguent, cela n'est pas
douteux, avec une prudence cauteleuse,
économes de leur responsabilité et de
leur personne, comme de toutes choses.
Ils subventionnent des journaux, ce qui
a l'avantage de faire aller le commerce
du papier. Mais la démocratie républi-
caine a essayé une chose neuve, origi-
nale, généreuse. Elle a pensé qu'elle
pouvait, sans inconvénient, laisser vi-
vre sur le sol français les Français et
les demi-Français des familles royales
ou impériales.
A la proscription de 1815 et de 1852,
elle répond par la plus indulgente tolé-
rance. Les Bonaparte ont proscrit les
Orléans, les Orléans ont proscrit les
Bonaparte. Affaires de princes. La Ré-
publique ne proscrit personne. C'est une
marque de force qu'elle donne, et nous
ne voyons pas pourquoi elle se dépar-
tirait de la conduite tenue jusqu'ici. Les
princes, en vérité, entre l'un qui parle
trop et l'autre qui ne dit rien, n'ont pas
fait grand'chose à nos demi-échecs
électoraux. Ces échecs sont dus à nos
fautes, non à leur action.
Soyons sages, et nous nous moque-
rons bien d'eux, laissant l'un courre les
cerfs, l'autre se divertir, et un autre
encore goûter, en famille, la joie d'en-
tendre ses enfants parler avec leur
mère le plus pur allemand de la Teuto-
nie. Soumis aux lois, sous l'œil d'un
bon commissaire de police, que nos
prétendants soupent donc à Paris
comme, jadis, les prétendants soupaient
à Venise. Qu'ils portent, dans le privé,
tous les toasts qu'il leur plaira. Le char
est en plaine et roule, comme disait
Paul-Louis, et ce ne sont pas les petits
cailloux que leur pied timide pousse
sous les roues qui l'empêcheront d'a-
vancer !
HENRY FOUQUIER.
.———————— ————————
Au cours de la discussion de la loi sur
l'enseignement primaire au Sénat, M. le
ministre de l'instruction publique a pro-
noncé un fort beau discours, très ap-
plaudi, et qui, outre son intérêt politique,
a une véritable portée philosophique et
morale.
Nos lecteurs en trouveront plus loin les
principaux passages, que nous avons tenu
à mettre sous leurs yeux comme un exem-.
ple de ce que doit être le langage des vrais
hommes politiques lorsqu'ils consentent à
être autre chose et mieux que des politi-
ciens.
H. F.
Ibo
LA JOURNEE DE PARIS
LE DUEL MAGNIER-LEGRAND. - On
nous communique les procès-verbaux sui-
vants :
A la. suite d'un article injurieux paru dans
l'Evénement du jtudi 4 février, et jugé offen-
sant pour M. Legrand, M. Legrana a envoyé
ses témoins, MM. Jean Béraud et Maurice
Boulard de Villeneuve, à M. Magnier, pour lui
demander réparation.- M. Magnier a mis ces
messieurs en rapport avec ses témoiuSr MM.
E. Barroil fit Paul Deviiiers.
Une rencontre a été décidée pour aujour-
d'hui 5 février. Les conditions de la rencontre
sont les suivantes :
MM. E. Barroil et P. Devillers reconnaissent
à M. Legrand la qualité d'offensé. -
M. Legrand choisit l'épée avec gant à cris-
pin.
Chaque reprise sera de 4 minutes : chacun
des adversaires aura derrière lui un espace
de trente-deux mètres délimités.
Le terrain gagné restera acquis. Si l'un des
adversaires dépassait la limite de trente-deux
mètres en rompant, le duel serait arrêté im-
médiatement.
La rencontre aura lieu à la Celle-Saint-
Cloud à trois heures.
Le duel s'arrêtera lorsque l'un des combat-
tants sera, sur l'avis des médecins, dans l'im-
possibilité de continuer.
Fait à Paris, le 5 février 1886.
Pour M. Legrand :
JEAN BÉRAUD.
MAURICE BOULARD.
Pour M. Magnier :
E. BARROIL.
DR P. DEVILLERS.
• -
A la suite du procès-verbal précédent, la
rencontre a eu lieu dans le parc de Saint-
Cloud, à trois heures moins un quart.
Le combat a été acharné dès le début.
A la première reprise, qui a duré deux mi-
nutes à peine, les combattants s'étant enga-
gés à fond, le gant de M. Legrand et le plas-
tron de la chemise de M. Magnier ont été per-
forés presque en même temps.'
Dans cet engagement, l'épée de M. Magnier
a été faussée.
A la deuxième reprise, qui a été très
courte, M. Magnier a eu le pouce droit tra-
versé de part en part, malgré le gant de
salle, blessure reconnue sérieuse par les mé-
decins et rendant impossible la contiuuation
du combat.
Les témoins, rendant justice à l'attitude
parfaitement correcte des deux adversaires,
ont déclaré l'honneur satisfait.
Pour M. Legrand : Pour M. Magnier :
JEAN BÉRAUD." E. BARROIC.
MAURICE BOULARD. DR P. DBVILLBRB.
fi
•» <*
AFFAIRE DE DION-MAGNIER. — D'au-
tre part, M. Edmond Magnier a ainsi que nous
l'avons annoncé, chargé deux de ses amis,
MM. Corra et Théodore Cahu, d'aller deman-
der des explications à M. de Pêne, rédacteur
en chef du Gaulois, au sujet d'un article qui a
paru, le 3 février, dans ce journal. MM. Corra
et Théodore Cahu ont rendu compte de leur
mission dans la lettre que voici :
« Cher monsieur Magnier,
» Conformément à la mission dont vous
nous aviez chargés, nous nous sommes ren-
dus aujourd'hui, à deux heures, chez M. H. de
Pêne, rédacteur en chef du Gaulois, pour lui
demander des explications et au besoin une
réparation par les armes, au sujet de l'article
qu'il à publié dans le Gaulois d'hier 3 fé-
vrier.
» M. de Pène nous a répondu : « Je ne com-
» prends pas la demande de M. Magnier ; j'ai
» fait un article de généralités sur notre pro-
» fession ; je n'ai voulu viser aucune individua-
» lité quelconque ; le bruit fait autour du duel
» de M. Magnier avec M.de Dion m"a seulement
» servi de prétexte pour exprimer mamanière
» de comprendre le journalisme. »
» S'adressant à nous à titre de confrères,
M. de Pêne nous a exprimé ses sentiments de
bonne confraternité à votre égard, en nous
assurant qu'ils nesont nullement altérés par
les faits qui viennent de se produire ; il a ter-
miné en nous disant : « Vons me ferez le plus
» grand plaisir en transmettant cette conver-
» sation à M. Magnier. »
» Tel est en résumé, cher monsieur Ma-
gnier, l'entretien que nous avons eu avec M.
de Pêne, entretien qui met fin, vous le voyez,
à la mission dont vous nous aviez chargés vis-
à-vis de lui.
» Bien cordialement.
» E. CORRA.
» THÉODORE CAHU. » ¡
En même temps, MM. Corra et Cahu adres-
saient la lettre suivante à M. Arthur Meyer"
directeur du Gaulois :
« Paris, 4 février 1886.
» Monsieur le directeur et cher confrère,
» Chargés par notre ami M. Magnier de vous
demander des explications au sujet de l'initia-
tive que vous avez prise à son égard, au co-
mité de l'Association des journalistes, nous
nous sommes présentés aux bureaux du Gau-
- lois, aujourd'hui, à quatre heures et demie ;
on nous a dit que vous ne viendriez qu'à siX
heures; nous nous sommes représentés à ce
moment; nous vous avons attendu jusqu'à six
heures trois quarts et nous nous sommes re-
tirés en prévenant que nous restions aux bu-
reaux de l'Evénement jusqu'à sept heures et
demie pour attendre l'annonce de votre ar-
rivée.
» Ayant alors reçu l'avis que vous n'étiez
pas venu aux bureaux du Gaulois, et M. Ma-
gnier devant avoir demain une rencontre,
nous vous prions de considérer notre démar-
che comme ajournée jusqu'après l'issue de
cette rencontre.
M Agréez, monsieur le directeur et cher con-
frère, l'expression de nos sentiments distin-
gués.
» EMILE CORRA,
» THÉODORE CAHU.
Enfin on annonce que M. Thomeguex, le se-
cond témoin de M. de Dion, a constitué des
témoins pour les envoyer à M. Magnier, à l'is-
sue de la rencontre d'hier.
Si ces deux nouvelles affaires doivent se
terminer sur le terrain, il s'écoulera néces-
sairement un certain temps, puisque M. Ma-
gnier a une blessure qui le met en état d'in-
fériorité.
M. Galli déclare, dans une lettre au Gaulois,
qu'il n'a point l'intention de quitter la rédac-
tion de VEvénement.
s
♦ *
DINER MI41TAIRE A UÈLKSÊE. —
M. le président de la République a reçu hier
à dîner, comme nous l'avons annoncé, les
commandants de corps d'armée et les offi-
ciers généraux de l'armée de Paris.
Le général Boulanger, ministre de la
guerre, l'amiral Aube, ministre de la marine,
le général Plttié, chef de la maison militaire
de M. le président de la République, et tous
les officiers d'ordonnance de la présidence y
assistai eu t.
Le général Boulanger était placé en face
de M. le président de la République.
Ce dîner à été' suivi d'une réception ou-
verte, qui a été extrêmement brillante.
*
* <*
VENTE ARTISTIQUE. — La vente des
tableaux, aquarelles et pastels du peintre
Yon a eu lieu, à la salle 8 de l'hôtel Droubt,
devant un nombreux public d'amateurs.
Le total de la vente s'est élevé à 34,000 fi.
Le catalogue comprenait 76 numéros.
Les deux toiles principales, la Rafale et le
Trou aux éàrpes, ont été vendues, l'une,
1,530 francs et l'autre 1,620 francs.
Nous avons remarqué parmi les principaux
acquéreurs : Mme la baronne Salomon de
Rothschild, MM. Gauchez, Hertz, Cosson, Pon-
tremoli, Crawford, Bernier, Muret, Laurent.
«
» *
EXPOSITION PAUL BAUDRY. — L'As-
sociation des artistes peintres, sculpteurs, etc.,
ouvrira à l'Ecole des beaux-arts, le 1er avril,
une Exposition générale des œuvres de M.
Paul Baudry.
♦**
TOUJOURS Mlle LOUISE MICHEL. -
En voulant assister dans la même soirée à
plusieurs réunions, Mlle Louise Michel a fini
par exciter le mécontentement des curieux
qui viennent pour l'écouter, surtout quand
elle arrive aussi tard que jeudi à la salle
Molière où s'étaient réunies près de cinq cents
personnes.
Jusqu'à neuf heures et demie, l'assistance
avait patienté, amusée par un Auvergnat qui
s'était emparé de la tribune et s'évertuait à
prononcer.une sorte de discours.
Mais, vers dix heures, l'assemblée, lasse de
demander sur tous les airs : « Louise Michel ! »
commença à se fâcher.
Deux ou trois anarchistes essayèrent alors
de prendre la parole : aucun d'eux n'était
orateur, incapables de prononcer, un mot, ils
ne font que porter à son comble le vacarme
effroyable qui règne dans la salle. 1
, - Rendez-nous notre argent ! crie un ci-
toyen.
— Nos dix sous I Nos dix sous ! criait-on
en chœur.
Chacun se lève, gesticule, se précipite vers
la tribune d'où les anarchistes disparaissent
aussitôt.
On va pour chercher le caissier, qui est ra-
mené sur l'estrade non sans avoir cherché à
s'esquiver.
Il tient un petit sac de toile verte. « C'est la
caisse ! » crie la foule.
On ouvre le sac et on ne trouve que. cin-
quante-huit bulletins de contrôle !
Deux personnes viennent alors affirmer
qu'elles ont vu cet anarchiste mettre des piè-
ces de 2 et de 5 francs dans sa poche. Elles
rédigent même une déclaration à ce sujet et
la signent, pendant que la salle crie :
— C'est un voleur ! Ne le laissez pas sau-
ver 1 Fouillez-le! Conduisez-le chez le com-
missaire de police !
Enfin on apporte un tiroir qui renferme
5 fr. 05 en sous.
— Et nous sommes cinq cents ici qui avons
donné chacun 50 centimes ! dit le président.
— La différence, répond l'anarchiste, a
servi à payer la salle et les frais.
L'assistance vote alors l'ordre du jour sui-
vant :
« L'assemblée réunie salle Molière, le 4 fé-
vrier 1886, convoquée par voie d'affiches pour
entendre la citoyenne Louise Michel et le dé-
puté Basly,
» Après avoir attendu en vain jusqu'à dix
heures l'arrivée des orateurs, s'est trouvée
obligée de constituer un bureau de protesta-
tion. Aucun des orateurs ne s'étant présenté
à la demande du président, un délégué a été
chargé de demander la recette, de façon à en
opérer le remboursement. La caisse avait dis-
paru, sauf 5 fr. 05 .Cinq cents personnes ayant
versé 50 cent., c'est donc un abus de con-
fiance dont nous avons été victimes et contre
lequel nous mettons en garde tous les ci-
toyens qui voudraient assister à un6 réunion
de ce genre. »
Le vacarme était à son comble et l'on s'é-
tait quelque peu battu, quand Louise Michel
est arrivée. Elle a aussitôt débité son chape-
let révolutionnaire, que l'on commence à
connaître par cœur.
JACQUES RAFFEY.
INFORMATIONS PARTICULlÈRBS
L'expnision des prétendants
L'émotion produite dans le monde par-
lementaire par l'incident Lanjuinais et le
dépôt d'une proposition d'expulsion des
prétendants s'était, hier, beaucoup calmée.
Les auteurs de la proposition reconnais-
saient eux-mêmes qu'ils s'étaient trop
abandonnés à leur premier mouvement.
Deux ou trois des signataires auraient, en
outre, manifesté l'intention de retirer leur
signature. Parmi les députés qui n'ont
pas adhéré à la proposition, il n'y avait
qu'un avis : la question a été soulevée
d'une manière inopportune. Une loi d'ex-
pulsion ne se justifierait que si le gouver-
nement n'était pas suffisamment armé ou
si les prétendants s'étaient livrés à des
actes ouvertement inconstitutionnels. Or
les prétendants sont jusqu'à ce jour restés
dans la légalité, et si jamais ils voulaient
en sortir le gouvernement, usant des
droits supérieurs de police que la loi lui
accorde, pourrait prendre à leur égard des
mesures de rigueur que la majorité répu-
blicaine des deux Chambres ratifierait par
un vote unanime.
Toutefois, la question est posée, et il
est évident qu'on doit dès à présent se
préoccuper de trouver une solution. Le
gouvernement en délibérera dans le con-
seil des ministres qui sera tenu ce matin
à l'Elysée. Selon toutes probabilités, il
voudra, avant de prendre une résolution,
s'informer des dispositions des groupes de
la majorité. D'autant plus qu'il n'y a pas
urgence pour le ministère à se prononcer.
La proposition d'expulsion, ayant été ren-
voyée aux bureaux sans que l'urgence ait
été prononcée, sera soumise à la procé-
dure parlementaire ordinaire et ne vien-
dra en discussion devant la Chambre que
d'ici trois semaines à un mois.
L'Union des Gauches
Le nouveau groupe de l'Union des Gau-
ches s'est réuni hier. M. Steeg, en prenant
possession du fauteuil de la présidence a,
prononcé un discours dans lequel, après
avoir remercié ses collègues de l'honneur
qu'ils lui avaient fait, il a dit que le
groupe, en l'élisant président, avait ainsi
voulu donner son adhésion au discours
prononcé par lui dans la réunion prépa-
paratoire et à l'idée qui î l'vait inspiré :
celle de la formation d'une majorité gou-
vernementale.
M. Steeg a continué en examinant ce
qu'il convenait de faire pour atteindre ce
but. Repousser la politique de récrimina-
tion et de rancune; rechercher soigneu-
sement ce qui unit les républicains et
écarter ce qui les divise. Ce qu'il faut au-
jourd'hui , c'est l'apaisement et le travail.
Pour des législateurs, a-t-il dit, cela peut
se résumer ainsi : N'abusez pas des questions
et des interpellations; n'encombrez pas votre
ordre du jour de propositions prématurées ou
destinées à des débats retentissants et à un
échec final; faites des lois nécessaires.
Ces lois d'affaires, c'est le meilleur moyen
actuellement de faire de la bonne politique ;
déjà un certain nombre de lois de cet ordre
ont été déposées à la Chambre par le gouver-
nement ou par l'initiative parlementaire, et
d'autres les suivront. C'est ici que les mem-
bres du groupe peuvent être utiles en met-
tant leur compétence au service des bureaux
des commissions pour l'examen de ces lois.
C'est ainsi qu'on pourra réussir à grouper
un nombre sans cesse croissant de républi-
cains préférant le travail fécond aux agita-
tions bruyantes et que l'on verra se former
une majorité réfléchie et durable ; en dehors
de cette action dans le Parlement, on peut en
exercer une dans le pays.
M. Steeg a constaté ensuite que les
élections dernières avaient révélé une si-
tuation à laquelle il importe de remédier.
A ce propos, il s'est exprimé en ces ter-
mes :
D'une part, nous nous étions relâchés dans
notre propagande, et, d'autre part, nous
avons abordé la lutte sans une sérieuse orga-
nisation.
Ces deux torts proviennent d'une même
cause : nous nous étions endormis dans la
victoire ; nous comptions trop sur le succès ;
nous pensions la partie définitivement ga-
gnée ; nous ne prenions pas garde que nos
adversaires continuaeint à travailler, dans
l'ombre d'abord, et puis ouvertement.
Leurs anciens chefs, rendus pour la plupart
à la vie privée, avaient repris contre nous
cette œuvre de propagande incessante à la-
quelle nous nous étions livrés pendant tant
d'années et que nous avions peu à peu dé-
laissée ; de plus, ils étaient servis par un ré-
seau de comités et d'agents, par une organi-
sation ancienne et puissante, qu'ils ont su
facilement gagner à leurs desseins.
En terminant, M. Steeg a dit qu'il fallait
reprendre l'œuvre au point où on l'a quit
tée ; recommencer la propagande et grou-
per partout les forces vives de la démo-
cratie. Le mot d'ordre doit être l'organi-
sation du parti républicain; il faut faire
entendre ce mot d'ordre dans tous les dé-
partements. « Je ne doute pas, a ajouté
finalement M. Steeg, que, sur ce terrain
comme sur tous les autres, le succès ne
réponde à vos efforts. C'est la Républi-
que, c'est la démocratie qui en recueillera
les fruits. »
Après avoir entendu le discours de M.
Steeg, le groupe a décidé de mettre à l'or-
dre du jour de sa prochaine séance la
question de l'organisation de propagande
républicaine.
La Gaueh. radicale
La Gauche radicale s'est réunie hier pour
procéder à l'installation de son bureau. M.
Remoiville, en prenant possession du fau-
teuil présidentiel, a prononcé un discours
dans lequel, après avoir remercié ses col-
lègues, il s'est exprimé en ces termes :
Au début de cette législature, comme au
début de la précédente, une certaine opposi-
tion s'était manifestée contre le fractionne-
ment par groupes des républicains; on a dit
que ce fractionnement paralysait l'union des
diverses nuances, amenait des votes impré-
vus aboutissant à des renversements de cabi-
nets et exposant la république à l'action dis-
solvante d'une minorité anticonstitutionnelle,
toujours unie, pour faire obstacle à l'action
gouvernementale.
Je ne veux pas examiner la valeur des ar-
guments tirés de l'instabilité ministérielle
sons un régime républicain, mais je crois que
les raisons alléguées n'auraient de valeur que
s'il pouvait venir à la pensée d'hommes dé-
voués au même régime de se mettre systéma-
tiquement en opposition contre les minis-
tres, quels qu'ils soient ou quoi qu'ils fas-
sent.
Or telle n'a jamais été l'attitude d'une frao-
tion quelconque du parti républicain et, en
particulier, de la Gauche radicale, et l'exis-
tence des groupes n'a jamais empêché l'u-
nion de se faire, même sans concert préala-
ble, chaque fois qu'il s'est agi d'affirmer la
République.
Les difficultés sont nées de la conception
différente des moyens à employer pour con-
solider la République, par la réalisation de
réformes politiques, économiques, compati-
bles avec un régime démocratique.
Après avoir rappelé la formation du
nouveau groupe de l'Union des Gauches,
M. Remoiville a continué ainsi :
Si les paroles du président de ce groupe ont
été plus fidèlement rapportées, aucun pro-
gramme ne serait imposé ni même proposé
à ses membres, afin, paraît-il, d'arriver plus
facilement à former une majorité de gouver-
nement.
Kous pensons, au contraire, que la première
condition de stabilité d'un gouvernement ré-
publicain consiste à avoir pour base un pro-
gramme dont les grandes lignes, correspon-
dant aux indications du suffrage universel,
sont nettement déterminées.
C'est le véritable moyen de grouper les
forces républicaines et de les réunir dans une
action commune. Le mérite des citoyens pla-
cés en ce moment à la tête du gouvernement
est d'avoir pratiqué cette méthode et d'avoir
su indiquer les grandes lignes de son pro-
gramme dans une déclaration qui a été bien
accueillie par tous les républicains.
Cette déclaration, qui a clos l'ère de la po-
litique aventureuse au dehors, nous permet
d'espérer que l'action utile va succéder dans
toutes les branches à ce piétinement sur
place qui a produit l'énervement du pays et
la surprise du 4 octobre.
Elle est le minimum du programme que la
Gauche radicale a soutenu pendant la der-
nière législature, qui a obtenu l'assentiment
de la majorité du corps électoral et auquel
nous entendons rester fidèles.
Nous devons espérer qu'un programme qui
n'a pas effrayé les ministres actuels n'éloi-
gnera pas de nous des collègues qui, tout en
ne croyant pas à son utilité, sont autant que
nous disposés à accepter tout ce qui pourra
assurer l'affermissement et le bon fonction-
nement de nos institutions républicaines.
Tous nous serons heureux de nous rencon-
trer le plus souvent possible sur ce terrain
commun avec les républicains de toutes
nuances. i
Le groupe s'est ensuite occupé de la
proposition d'amnistie qui est à l'ordre du
jour de la séance d'aujourd'hui.
M. Leporché a exposé la nécessité de
soutenir le ministère, sans toutefois qu'il
soit nécessaire à celui-ci de poser à ce
sujet la question de confiance. Il votera le
passage à la discussion des articles, mais
s'opposera à l'adoption de chacun d'eux.
M. Remoiville a dit qu'il regrettait que
la proposition eût été détournée de son
sens primitif et étendue extraordinaire-
ment aux Arabes et à Cyvoct.
M. Boysset, et après lui M. Vergoin, ont
soutenu la même thèse et défendu les con-
damnés de Montceau-les-Mines.
M. Madier de Montjau a prononcé en-
suite un long discours. Il a commencé par
protester contre la signature de la propo-
sition par un groupe isolé, sans que celui-ci
ait consulté l'ensemble de la majorité ré-
publicaine.
Passant ensuite à la question telle qu'elle
se pose au point de vue parlementaire, il
a dit qu'il ne voyait pas pour le gouverne-
ment l'utilité de poser la question de con-
fiance. Examinant ensuite la proposition
en elle-même, il a demandé si cette me-
sure était nécessaire. M. Madier de Mont-
jau ne le croit pas. Il ne croit pas davan-
tage que le pays soit touché par cette
question.
Sur la proposition de M. Vergoin, le
groupe a décidé que son bureau se rendrait
auprès du. président du conseil pour lui
rendre compte de cette discussion.
A la présidence du conseil
MM. Remoiville, Lefebvre et Maurice
Faure, membres du bureau de la Gauche
radicale, ont été reçus hier, à cinq heures,
par M. de Freycinet.
Ils ont déclaré au président du conseil
que leur démarche était inspirée par le
désir de marcher d'accord avec le gouver-
nement sur la question de l'amnistie.
Après avoir exprimé l'avis que le cabinet
pourrait ne pas poser, en cette occasion,
la question de confiance, les délégués ont
demandé à M. de Freycinet si le gouver-
nement ne serait pas disposé à accepter
l'amnistie pour les seuls condamnés de
Montceau-les-Mines, qui n'ont pas commis
d'attentats contre les personnes, mais qui
ont pu être poussés à des excès par l'op-
pression cléricale.
M. de Freycinet a répondu qu'il tiendrait
compte des préoccupations de la Gauche
radicale et qu'il exposerait ce matin au
conseil la démarche faite auprès de lui.
M. de Freycinet a prié les délégués de
la Gauche radicale de vouloir bien se ren-
dre ce matin à l'issue du conseil, au mi.
nistère des affaires étrangères pour rece-
voir communication des résolutions défi-
nitives du conseil des ministres.
A une heure, les délégués rendront
compte à leur groupe des résultats de leur
nouvelle entrevue avec le président du
conseil.
Le groupe agricole
Le groupe agricole de la Chambre s'est
réuni hier pour s'occuper de la question
des viandes salées.
M. Jametel désire que les viandes salées
soient examinées avant d'entrer en France ;
l'importation serait permise sous la ré-
serve d'un examen des plus minutieux. On
réduirait ainsi l'importation aux viandes
de première qualité. L'usage du porc s'est
développé et il faut dans une certaine me-
sure protéger cette branche d'une petite
industrie. Quant aux représailles, elles ne
sont pas à craindre.
M. Turrel fait observer qu'il faut cepen-
dant tenir compte des représailles exercées
contre les vins du Midi. M. Dautresme,
ancien ministre du commerce, lui a ré-
pendu à ce sujet que l'introduction des
viandes salées ne serait permise qu'après
qu'on aura pris les mesures d'examen
préalable, et qu'on aura obtenu des com-
pensations de la part de l'Amérique.
M. Méline pense qu'il ne faut pas ac-
tuellement demander qu'on rapporte le
décret de prohibition, de peur de faire
ainsi, sans réciprocité, une faveur aux
Etats-Unis.
M. Gilbert désire que la question soit
vidée et que l'éleveur ne reste pas sous le
coup de cette législation essentiellement
mobile, qui résulte du décret prohibant
l'entrée des viandes salées par mesure
hygiénique.
M. C ré mieux déclare qu'il ne comprend
pas trop l'intérêt du producteur, puisque
le prix du porc a baissé.
M. de Jouvence, faitobserver que le cul-
tivateur vend plus de porcs et gagne da-
vantage tout en les vendant meilleur mar-
ché.
Sur la proposition de M. Ganault, le
groupe a décidé de déléguer plusieurs de
ses membres auprès du ministre du com-
merce, pour l'inviter à maintenir le décret
de prohibition. '-
Le groupe a entendu ensuite la lecture
de l'exposé des motifs et des articles de la
, .,_.--. 9 «
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
1 ES. wxxgd Cadet, iQ
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rend.
ABONNEMENTS
DEPARTEMENTS
Trois mois i 3 »»
S~xmoia. 32 »»
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PARIS
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Six mois. 25 »»
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Supplément pr l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
Les aboDDemb partent des ter et 15 de chaque mois
légP*" Vs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et Ce
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Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
16, rue Cadet, ±6
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Et 15, Tichborne Street, (Café Monlco. 2d.)
MM. les Actionnaires de la Société ano-
nyme du XIXe SIÈCLE, journal politique
quotidien, sont convoqués en Assemblée
générale ordinaire et extraordinaire pour
le MARDI SEIZE FÉVRIER prochain, à
deux heures de relevée, au siège social,
16, rue Cadet, afln: 1° d'examiner et ap-
prouver s'il y a lieu les comptes de l'exer-
cice 1885; 2° de délibérer sur les objets
prévus dans les articles 33, 38, 48 et 50
des statuts.
Aux termes de l'article 33 des statuts,
tout possesseur de trois actions au moins
a le droit d'assister à l'Assemblée géné-
rale.
Le dépôt des titres devra être fait, au
siège social, avant le ONZE FEVRIER.
NE POURRONT FAIRE PARTIE
DE CETTE ASSEMBLÉE
ceux de MM. les Actionnaires qui n'au-
raient pas encore opéré l'échange de leurs
titres à raison de trois actions anciennes
pour une action nouvelle.
Cet échange a lieu tous les jours, le di-
manche excepté, chez MM. Le Dru, Heintz
et Ozanne, banquiers, 42, ruoNotre-Dame-
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Rio Tinto. 267 50, 268 75.
Extérieure 55 3/4, 25/32.
Hongrois 81 1/4.
Panama 410, 411 87.
SOMMAIRE
Dernière heure.
Question du jour (la République et les prin-
ces). — HBNRY FOUQUIBR.
Journée de Paris — JACQUES RAFFBY.
Informations particulières.
Nouvelles coloniales.
Bulletin de l'étranger.
Informations.
Discours de M. Goblet.
Académie française.
Courrier de la Bourse. — H. La Fitni.
Le Sport du jour. — FÂVBLLBS.
Bibliographie.
La Température.
Faits divers. — JKAN VALLIÈRE.
Courrier des théâtres.— GEORGES ftTD£à'U.
Feuilleton (le Triomphe des femmes). -S.wf'f-
JUIRS.
DERNIÈRE HEURE
L'arre.tatlon de lassaimain de
H. Barrême
On assure que l'assassin mystérieux de
- M. Barrême, ou du moins un individu très
'Compromis dans cette affaire, a été arrêté
Irier à Batignolles, où il déjeunait avec
une femme, sa maîtresse.
A la préfecture de police, on nous a con-
firmé l'arrestation, mais sans vouloir four-
nir aucun autre renseignement.
Le grève de Saint-Quentin
Saint-Quentin, 5 février.
A midi, les grévistes ont cassé les vitres
et brisé les volets des usines et de la mai-
son d'habitation de MM. Bocart et Testart.
Toutes les troupes sont sur pied ; les au-
torités se tiennent en permanence dans le
faubourg d'Isle.
La réunion des grévistes n'a pas eu lieu,
la déclaration légale n'ayant pas été faite.
Il y a eu, à quatre heures, un com-
mencement d'émeute devant l'usine Bas-
quin.
Le commissaire central a reçu un coup
de pierre dans le côté gauche.
Plusieurs délégués ouvriers, animés de
sentiments de conciliation, se sont rendus
auprès d u préfet et du procureur général.
Cette entrevue n'a pas donné de résul-
tat.
tjuelqiaes arrestations ont été opérées.
L'aeeord tureo-bulgare
Constantinople, 5 février.
Les réponses des puissances relatives à
l'arrangement turco-bulgare sont généra-
lement favorables, sauf celle de la Russie
qui fait de8: réserves.
QUESTION DU JOUR
La République et les princes
La séance d'avant-hier a laissé der-
rière elle une agitation qui dure encore.
M. le comte Lanjuinais, qui n'a pas
gardé les opinions libérales de son père,
ni le tact parlementaire accompli qu'il
apportait aux choses de la politique, a
prpnoncé à la tribune une parole gros-
sièrement provocatrice. A vrai dire, je
n'en suis pas autrement fâché. Le parti
monarchiste a je ne sais quelle singu-
lière prétention à la correction, au bon
goût, à la politesse, soit dans la vie pu-
blique, soit dans la vie sociale. Il ne me
déplaît pas qu'on voie, par des exem-
ples éclatants, que les monarchistes
peuvent être, comme les autres, dé-
pourvus de tout sentiment des conve-
nances.
L'algarade de M. le comte Lanjuinais
ne lui a valu qu'une réprimande fort
douce et une légère punition, le rappel
à l'ordre. Quelques-uns ont trouvé que
ce n'était pas assez et ont demandé la
censure. Il se peut que la censure eût
été légitime : mais nous sommes en-
chantés qu'elle n'ait pas été prononcée.
Il est des cas où il est excellent de ré-
péter le mot célèbre : « Ce n'est rien, »
et M. Floquet a fait preuve de beaucoup
de sang-froid et de beaucoup d'habileté
en ne prenant pas au sérieux la parole
de M. le comte Lanjuinais.
C'est parce que nous croyons à l'ab-
solue impuissance des monarchistes qui,
en face d'un ministère résolu et d'un
autre homme que l'ex-président du con-
seil, fondront comme neige au soleil,
que nous voyons avec peine quelques
députés remettre sur le tapis la ques-
tion de l'expulsion des princes d'Or-
léans et des princes Bonaparte. Il y au-
rait, pour les expulser, toutes sortes de
raisons excellentes : et ni les d'Orléans,
proscripteurs de leur propre famille et
qui ont sur les mains le sang de leurs
parents, ni les Bonaparte, qui ont
exilé, fusillé, assassiné de toutes façons,
manquant, les uns et les autres, à la foi
jurée ; ni les d'Orléans ni les Bonaparte
ne pourraient se plaindre ni être plaints.
Pour en rester aux faits contempo-
rains, il est indéniable que les princes
d'Orléans ne sont pas fidèles à la parole
donnée à Thiers quand la loi d'exil fut
rapportée. Ils intriguent, cela n'est pas
douteux, avec une prudence cauteleuse,
économes de leur responsabilité et de
leur personne, comme de toutes choses.
Ils subventionnent des journaux, ce qui
a l'avantage de faire aller le commerce
du papier. Mais la démocratie républi-
caine a essayé une chose neuve, origi-
nale, généreuse. Elle a pensé qu'elle
pouvait, sans inconvénient, laisser vi-
vre sur le sol français les Français et
les demi-Français des familles royales
ou impériales.
A la proscription de 1815 et de 1852,
elle répond par la plus indulgente tolé-
rance. Les Bonaparte ont proscrit les
Orléans, les Orléans ont proscrit les
Bonaparte. Affaires de princes. La Ré-
publique ne proscrit personne. C'est une
marque de force qu'elle donne, et nous
ne voyons pas pourquoi elle se dépar-
tirait de la conduite tenue jusqu'ici. Les
princes, en vérité, entre l'un qui parle
trop et l'autre qui ne dit rien, n'ont pas
fait grand'chose à nos demi-échecs
électoraux. Ces échecs sont dus à nos
fautes, non à leur action.
Soyons sages, et nous nous moque-
rons bien d'eux, laissant l'un courre les
cerfs, l'autre se divertir, et un autre
encore goûter, en famille, la joie d'en-
tendre ses enfants parler avec leur
mère le plus pur allemand de la Teuto-
nie. Soumis aux lois, sous l'œil d'un
bon commissaire de police, que nos
prétendants soupent donc à Paris
comme, jadis, les prétendants soupaient
à Venise. Qu'ils portent, dans le privé,
tous les toasts qu'il leur plaira. Le char
est en plaine et roule, comme disait
Paul-Louis, et ce ne sont pas les petits
cailloux que leur pied timide pousse
sous les roues qui l'empêcheront d'a-
vancer !
HENRY FOUQUIER.
.———————— ————————
Au cours de la discussion de la loi sur
l'enseignement primaire au Sénat, M. le
ministre de l'instruction publique a pro-
noncé un fort beau discours, très ap-
plaudi, et qui, outre son intérêt politique,
a une véritable portée philosophique et
morale.
Nos lecteurs en trouveront plus loin les
principaux passages, que nous avons tenu
à mettre sous leurs yeux comme un exem-.
ple de ce que doit être le langage des vrais
hommes politiques lorsqu'ils consentent à
être autre chose et mieux que des politi-
ciens.
H. F.
Ibo
LA JOURNEE DE PARIS
LE DUEL MAGNIER-LEGRAND. - On
nous communique les procès-verbaux sui-
vants :
A la. suite d'un article injurieux paru dans
l'Evénement du jtudi 4 février, et jugé offen-
sant pour M. Legrand, M. Legrana a envoyé
ses témoins, MM. Jean Béraud et Maurice
Boulard de Villeneuve, à M. Magnier, pour lui
demander réparation.- M. Magnier a mis ces
messieurs en rapport avec ses témoiuSr MM.
E. Barroil fit Paul Deviiiers.
Une rencontre a été décidée pour aujour-
d'hui 5 février. Les conditions de la rencontre
sont les suivantes :
MM. E. Barroil et P. Devillers reconnaissent
à M. Legrand la qualité d'offensé. -
M. Legrand choisit l'épée avec gant à cris-
pin.
Chaque reprise sera de 4 minutes : chacun
des adversaires aura derrière lui un espace
de trente-deux mètres délimités.
Le terrain gagné restera acquis. Si l'un des
adversaires dépassait la limite de trente-deux
mètres en rompant, le duel serait arrêté im-
médiatement.
La rencontre aura lieu à la Celle-Saint-
Cloud à trois heures.
Le duel s'arrêtera lorsque l'un des combat-
tants sera, sur l'avis des médecins, dans l'im-
possibilité de continuer.
Fait à Paris, le 5 février 1886.
Pour M. Legrand :
JEAN BÉRAUD.
MAURICE BOULARD.
Pour M. Magnier :
E. BARROIL.
DR P. DEVILLERS.
• -
A la suite du procès-verbal précédent, la
rencontre a eu lieu dans le parc de Saint-
Cloud, à trois heures moins un quart.
Le combat a été acharné dès le début.
A la première reprise, qui a duré deux mi-
nutes à peine, les combattants s'étant enga-
gés à fond, le gant de M. Legrand et le plas-
tron de la chemise de M. Magnier ont été per-
forés presque en même temps.'
Dans cet engagement, l'épée de M. Magnier
a été faussée.
A la deuxième reprise, qui a été très
courte, M. Magnier a eu le pouce droit tra-
versé de part en part, malgré le gant de
salle, blessure reconnue sérieuse par les mé-
decins et rendant impossible la contiuuation
du combat.
Les témoins, rendant justice à l'attitude
parfaitement correcte des deux adversaires,
ont déclaré l'honneur satisfait.
Pour M. Legrand : Pour M. Magnier :
JEAN BÉRAUD." E. BARROIC.
MAURICE BOULARD. DR P. DBVILLBRB.
fi
•» <*
AFFAIRE DE DION-MAGNIER. — D'au-
tre part, M. Edmond Magnier a ainsi que nous
l'avons annoncé, chargé deux de ses amis,
MM. Corra et Théodore Cahu, d'aller deman-
der des explications à M. de Pêne, rédacteur
en chef du Gaulois, au sujet d'un article qui a
paru, le 3 février, dans ce journal. MM. Corra
et Théodore Cahu ont rendu compte de leur
mission dans la lettre que voici :
« Cher monsieur Magnier,
» Conformément à la mission dont vous
nous aviez chargés, nous nous sommes ren-
dus aujourd'hui, à deux heures, chez M. H. de
Pêne, rédacteur en chef du Gaulois, pour lui
demander des explications et au besoin une
réparation par les armes, au sujet de l'article
qu'il à publié dans le Gaulois d'hier 3 fé-
vrier.
» M. de Pène nous a répondu : « Je ne com-
» prends pas la demande de M. Magnier ; j'ai
» fait un article de généralités sur notre pro-
» fession ; je n'ai voulu viser aucune individua-
» lité quelconque ; le bruit fait autour du duel
» de M. Magnier avec M.de Dion m"a seulement
» servi de prétexte pour exprimer mamanière
» de comprendre le journalisme. »
» S'adressant à nous à titre de confrères,
M. de Pêne nous a exprimé ses sentiments de
bonne confraternité à votre égard, en nous
assurant qu'ils nesont nullement altérés par
les faits qui viennent de se produire ; il a ter-
miné en nous disant : « Vons me ferez le plus
» grand plaisir en transmettant cette conver-
» sation à M. Magnier. »
» Tel est en résumé, cher monsieur Ma-
gnier, l'entretien que nous avons eu avec M.
de Pêne, entretien qui met fin, vous le voyez,
à la mission dont vous nous aviez chargés vis-
à-vis de lui.
» Bien cordialement.
» E. CORRA.
» THÉODORE CAHU. » ¡
En même temps, MM. Corra et Cahu adres-
saient la lettre suivante à M. Arthur Meyer"
directeur du Gaulois :
« Paris, 4 février 1886.
» Monsieur le directeur et cher confrère,
» Chargés par notre ami M. Magnier de vous
demander des explications au sujet de l'initia-
tive que vous avez prise à son égard, au co-
mité de l'Association des journalistes, nous
nous sommes présentés aux bureaux du Gau-
- lois, aujourd'hui, à quatre heures et demie ;
on nous a dit que vous ne viendriez qu'à siX
heures; nous nous sommes représentés à ce
moment; nous vous avons attendu jusqu'à six
heures trois quarts et nous nous sommes re-
tirés en prévenant que nous restions aux bu-
reaux de l'Evénement jusqu'à sept heures et
demie pour attendre l'annonce de votre ar-
rivée.
» Ayant alors reçu l'avis que vous n'étiez
pas venu aux bureaux du Gaulois, et M. Ma-
gnier devant avoir demain une rencontre,
nous vous prions de considérer notre démar-
che comme ajournée jusqu'après l'issue de
cette rencontre.
M Agréez, monsieur le directeur et cher con-
frère, l'expression de nos sentiments distin-
gués.
» EMILE CORRA,
» THÉODORE CAHU.
Enfin on annonce que M. Thomeguex, le se-
cond témoin de M. de Dion, a constitué des
témoins pour les envoyer à M. Magnier, à l'is-
sue de la rencontre d'hier.
Si ces deux nouvelles affaires doivent se
terminer sur le terrain, il s'écoulera néces-
sairement un certain temps, puisque M. Ma-
gnier a une blessure qui le met en état d'in-
fériorité.
M. Galli déclare, dans une lettre au Gaulois,
qu'il n'a point l'intention de quitter la rédac-
tion de VEvénement.
s
♦ *
DINER MI41TAIRE A UÈLKSÊE. —
M. le président de la République a reçu hier
à dîner, comme nous l'avons annoncé, les
commandants de corps d'armée et les offi-
ciers généraux de l'armée de Paris.
Le général Boulanger, ministre de la
guerre, l'amiral Aube, ministre de la marine,
le général Plttié, chef de la maison militaire
de M. le président de la République, et tous
les officiers d'ordonnance de la présidence y
assistai eu t.
Le général Boulanger était placé en face
de M. le président de la République.
Ce dîner à été' suivi d'une réception ou-
verte, qui a été extrêmement brillante.
*
* <*
VENTE ARTISTIQUE. — La vente des
tableaux, aquarelles et pastels du peintre
Yon a eu lieu, à la salle 8 de l'hôtel Droubt,
devant un nombreux public d'amateurs.
Le total de la vente s'est élevé à 34,000 fi.
Le catalogue comprenait 76 numéros.
Les deux toiles principales, la Rafale et le
Trou aux éàrpes, ont été vendues, l'une,
1,530 francs et l'autre 1,620 francs.
Nous avons remarqué parmi les principaux
acquéreurs : Mme la baronne Salomon de
Rothschild, MM. Gauchez, Hertz, Cosson, Pon-
tremoli, Crawford, Bernier, Muret, Laurent.
«
» *
EXPOSITION PAUL BAUDRY. — L'As-
sociation des artistes peintres, sculpteurs, etc.,
ouvrira à l'Ecole des beaux-arts, le 1er avril,
une Exposition générale des œuvres de M.
Paul Baudry.
♦**
TOUJOURS Mlle LOUISE MICHEL. -
En voulant assister dans la même soirée à
plusieurs réunions, Mlle Louise Michel a fini
par exciter le mécontentement des curieux
qui viennent pour l'écouter, surtout quand
elle arrive aussi tard que jeudi à la salle
Molière où s'étaient réunies près de cinq cents
personnes.
Jusqu'à neuf heures et demie, l'assistance
avait patienté, amusée par un Auvergnat qui
s'était emparé de la tribune et s'évertuait à
prononcer.une sorte de discours.
Mais, vers dix heures, l'assemblée, lasse de
demander sur tous les airs : « Louise Michel ! »
commença à se fâcher.
Deux ou trois anarchistes essayèrent alors
de prendre la parole : aucun d'eux n'était
orateur, incapables de prononcer, un mot, ils
ne font que porter à son comble le vacarme
effroyable qui règne dans la salle. 1
, - Rendez-nous notre argent ! crie un ci-
toyen.
— Nos dix sous I Nos dix sous ! criait-on
en chœur.
Chacun se lève, gesticule, se précipite vers
la tribune d'où les anarchistes disparaissent
aussitôt.
On va pour chercher le caissier, qui est ra-
mené sur l'estrade non sans avoir cherché à
s'esquiver.
Il tient un petit sac de toile verte. « C'est la
caisse ! » crie la foule.
On ouvre le sac et on ne trouve que. cin-
quante-huit bulletins de contrôle !
Deux personnes viennent alors affirmer
qu'elles ont vu cet anarchiste mettre des piè-
ces de 2 et de 5 francs dans sa poche. Elles
rédigent même une déclaration à ce sujet et
la signent, pendant que la salle crie :
— C'est un voleur ! Ne le laissez pas sau-
ver 1 Fouillez-le! Conduisez-le chez le com-
missaire de police !
Enfin on apporte un tiroir qui renferme
5 fr. 05 en sous.
— Et nous sommes cinq cents ici qui avons
donné chacun 50 centimes ! dit le président.
— La différence, répond l'anarchiste, a
servi à payer la salle et les frais.
L'assistance vote alors l'ordre du jour sui-
vant :
« L'assemblée réunie salle Molière, le 4 fé-
vrier 1886, convoquée par voie d'affiches pour
entendre la citoyenne Louise Michel et le dé-
puté Basly,
» Après avoir attendu en vain jusqu'à dix
heures l'arrivée des orateurs, s'est trouvée
obligée de constituer un bureau de protesta-
tion. Aucun des orateurs ne s'étant présenté
à la demande du président, un délégué a été
chargé de demander la recette, de façon à en
opérer le remboursement. La caisse avait dis-
paru, sauf 5 fr. 05 .Cinq cents personnes ayant
versé 50 cent., c'est donc un abus de con-
fiance dont nous avons été victimes et contre
lequel nous mettons en garde tous les ci-
toyens qui voudraient assister à un6 réunion
de ce genre. »
Le vacarme était à son comble et l'on s'é-
tait quelque peu battu, quand Louise Michel
est arrivée. Elle a aussitôt débité son chape-
let révolutionnaire, que l'on commence à
connaître par cœur.
JACQUES RAFFEY.
INFORMATIONS PARTICULlÈRBS
L'expnision des prétendants
L'émotion produite dans le monde par-
lementaire par l'incident Lanjuinais et le
dépôt d'une proposition d'expulsion des
prétendants s'était, hier, beaucoup calmée.
Les auteurs de la proposition reconnais-
saient eux-mêmes qu'ils s'étaient trop
abandonnés à leur premier mouvement.
Deux ou trois des signataires auraient, en
outre, manifesté l'intention de retirer leur
signature. Parmi les députés qui n'ont
pas adhéré à la proposition, il n'y avait
qu'un avis : la question a été soulevée
d'une manière inopportune. Une loi d'ex-
pulsion ne se justifierait que si le gouver-
nement n'était pas suffisamment armé ou
si les prétendants s'étaient livrés à des
actes ouvertement inconstitutionnels. Or
les prétendants sont jusqu'à ce jour restés
dans la légalité, et si jamais ils voulaient
en sortir le gouvernement, usant des
droits supérieurs de police que la loi lui
accorde, pourrait prendre à leur égard des
mesures de rigueur que la majorité répu-
blicaine des deux Chambres ratifierait par
un vote unanime.
Toutefois, la question est posée, et il
est évident qu'on doit dès à présent se
préoccuper de trouver une solution. Le
gouvernement en délibérera dans le con-
seil des ministres qui sera tenu ce matin
à l'Elysée. Selon toutes probabilités, il
voudra, avant de prendre une résolution,
s'informer des dispositions des groupes de
la majorité. D'autant plus qu'il n'y a pas
urgence pour le ministère à se prononcer.
La proposition d'expulsion, ayant été ren-
voyée aux bureaux sans que l'urgence ait
été prononcée, sera soumise à la procé-
dure parlementaire ordinaire et ne vien-
dra en discussion devant la Chambre que
d'ici trois semaines à un mois.
L'Union des Gauches
Le nouveau groupe de l'Union des Gau-
ches s'est réuni hier. M. Steeg, en prenant
possession du fauteuil de la présidence a,
prononcé un discours dans lequel, après
avoir remercié ses collègues de l'honneur
qu'ils lui avaient fait, il a dit que le
groupe, en l'élisant président, avait ainsi
voulu donner son adhésion au discours
prononcé par lui dans la réunion prépa-
paratoire et à l'idée qui î l'vait inspiré :
celle de la formation d'une majorité gou-
vernementale.
M. Steeg a continué en examinant ce
qu'il convenait de faire pour atteindre ce
but. Repousser la politique de récrimina-
tion et de rancune; rechercher soigneu-
sement ce qui unit les républicains et
écarter ce qui les divise. Ce qu'il faut au-
jourd'hui , c'est l'apaisement et le travail.
Pour des législateurs, a-t-il dit, cela peut
se résumer ainsi : N'abusez pas des questions
et des interpellations; n'encombrez pas votre
ordre du jour de propositions prématurées ou
destinées à des débats retentissants et à un
échec final; faites des lois nécessaires.
Ces lois d'affaires, c'est le meilleur moyen
actuellement de faire de la bonne politique ;
déjà un certain nombre de lois de cet ordre
ont été déposées à la Chambre par le gouver-
nement ou par l'initiative parlementaire, et
d'autres les suivront. C'est ici que les mem-
bres du groupe peuvent être utiles en met-
tant leur compétence au service des bureaux
des commissions pour l'examen de ces lois.
C'est ainsi qu'on pourra réussir à grouper
un nombre sans cesse croissant de républi-
cains préférant le travail fécond aux agita-
tions bruyantes et que l'on verra se former
une majorité réfléchie et durable ; en dehors
de cette action dans le Parlement, on peut en
exercer une dans le pays.
M. Steeg a constaté ensuite que les
élections dernières avaient révélé une si-
tuation à laquelle il importe de remédier.
A ce propos, il s'est exprimé en ces ter-
mes :
D'une part, nous nous étions relâchés dans
notre propagande, et, d'autre part, nous
avons abordé la lutte sans une sérieuse orga-
nisation.
Ces deux torts proviennent d'une même
cause : nous nous étions endormis dans la
victoire ; nous comptions trop sur le succès ;
nous pensions la partie définitivement ga-
gnée ; nous ne prenions pas garde que nos
adversaires continuaeint à travailler, dans
l'ombre d'abord, et puis ouvertement.
Leurs anciens chefs, rendus pour la plupart
à la vie privée, avaient repris contre nous
cette œuvre de propagande incessante à la-
quelle nous nous étions livrés pendant tant
d'années et que nous avions peu à peu dé-
laissée ; de plus, ils étaient servis par un ré-
seau de comités et d'agents, par une organi-
sation ancienne et puissante, qu'ils ont su
facilement gagner à leurs desseins.
En terminant, M. Steeg a dit qu'il fallait
reprendre l'œuvre au point où on l'a quit
tée ; recommencer la propagande et grou-
per partout les forces vives de la démo-
cratie. Le mot d'ordre doit être l'organi-
sation du parti républicain; il faut faire
entendre ce mot d'ordre dans tous les dé-
partements. « Je ne doute pas, a ajouté
finalement M. Steeg, que, sur ce terrain
comme sur tous les autres, le succès ne
réponde à vos efforts. C'est la Républi-
que, c'est la démocratie qui en recueillera
les fruits. »
Après avoir entendu le discours de M.
Steeg, le groupe a décidé de mettre à l'or-
dre du jour de sa prochaine séance la
question de l'organisation de propagande
républicaine.
La Gaueh. radicale
La Gauche radicale s'est réunie hier pour
procéder à l'installation de son bureau. M.
Remoiville, en prenant possession du fau-
teuil présidentiel, a prononcé un discours
dans lequel, après avoir remercié ses col-
lègues, il s'est exprimé en ces termes :
Au début de cette législature, comme au
début de la précédente, une certaine opposi-
tion s'était manifestée contre le fractionne-
ment par groupes des républicains; on a dit
que ce fractionnement paralysait l'union des
diverses nuances, amenait des votes impré-
vus aboutissant à des renversements de cabi-
nets et exposant la république à l'action dis-
solvante d'une minorité anticonstitutionnelle,
toujours unie, pour faire obstacle à l'action
gouvernementale.
Je ne veux pas examiner la valeur des ar-
guments tirés de l'instabilité ministérielle
sons un régime républicain, mais je crois que
les raisons alléguées n'auraient de valeur que
s'il pouvait venir à la pensée d'hommes dé-
voués au même régime de se mettre systéma-
tiquement en opposition contre les minis-
tres, quels qu'ils soient ou quoi qu'ils fas-
sent.
Or telle n'a jamais été l'attitude d'une frao-
tion quelconque du parti républicain et, en
particulier, de la Gauche radicale, et l'exis-
tence des groupes n'a jamais empêché l'u-
nion de se faire, même sans concert préala-
ble, chaque fois qu'il s'est agi d'affirmer la
République.
Les difficultés sont nées de la conception
différente des moyens à employer pour con-
solider la République, par la réalisation de
réformes politiques, économiques, compati-
bles avec un régime démocratique.
Après avoir rappelé la formation du
nouveau groupe de l'Union des Gauches,
M. Remoiville a continué ainsi :
Si les paroles du président de ce groupe ont
été plus fidèlement rapportées, aucun pro-
gramme ne serait imposé ni même proposé
à ses membres, afin, paraît-il, d'arriver plus
facilement à former une majorité de gouver-
nement.
Kous pensons, au contraire, que la première
condition de stabilité d'un gouvernement ré-
publicain consiste à avoir pour base un pro-
gramme dont les grandes lignes, correspon-
dant aux indications du suffrage universel,
sont nettement déterminées.
C'est le véritable moyen de grouper les
forces républicaines et de les réunir dans une
action commune. Le mérite des citoyens pla-
cés en ce moment à la tête du gouvernement
est d'avoir pratiqué cette méthode et d'avoir
su indiquer les grandes lignes de son pro-
gramme dans une déclaration qui a été bien
accueillie par tous les républicains.
Cette déclaration, qui a clos l'ère de la po-
litique aventureuse au dehors, nous permet
d'espérer que l'action utile va succéder dans
toutes les branches à ce piétinement sur
place qui a produit l'énervement du pays et
la surprise du 4 octobre.
Elle est le minimum du programme que la
Gauche radicale a soutenu pendant la der-
nière législature, qui a obtenu l'assentiment
de la majorité du corps électoral et auquel
nous entendons rester fidèles.
Nous devons espérer qu'un programme qui
n'a pas effrayé les ministres actuels n'éloi-
gnera pas de nous des collègues qui, tout en
ne croyant pas à son utilité, sont autant que
nous disposés à accepter tout ce qui pourra
assurer l'affermissement et le bon fonction-
nement de nos institutions républicaines.
Tous nous serons heureux de nous rencon-
trer le plus souvent possible sur ce terrain
commun avec les républicains de toutes
nuances. i
Le groupe s'est ensuite occupé de la
proposition d'amnistie qui est à l'ordre du
jour de la séance d'aujourd'hui.
M. Leporché a exposé la nécessité de
soutenir le ministère, sans toutefois qu'il
soit nécessaire à celui-ci de poser à ce
sujet la question de confiance. Il votera le
passage à la discussion des articles, mais
s'opposera à l'adoption de chacun d'eux.
M. Remoiville a dit qu'il regrettait que
la proposition eût été détournée de son
sens primitif et étendue extraordinaire-
ment aux Arabes et à Cyvoct.
M. Boysset, et après lui M. Vergoin, ont
soutenu la même thèse et défendu les con-
damnés de Montceau-les-Mines.
M. Madier de Montjau a prononcé en-
suite un long discours. Il a commencé par
protester contre la signature de la propo-
sition par un groupe isolé, sans que celui-ci
ait consulté l'ensemble de la majorité ré-
publicaine.
Passant ensuite à la question telle qu'elle
se pose au point de vue parlementaire, il
a dit qu'il ne voyait pas pour le gouverne-
ment l'utilité de poser la question de con-
fiance. Examinant ensuite la proposition
en elle-même, il a demandé si cette me-
sure était nécessaire. M. Madier de Mont-
jau ne le croit pas. Il ne croit pas davan-
tage que le pays soit touché par cette
question.
Sur la proposition de M. Vergoin, le
groupe a décidé que son bureau se rendrait
auprès du. président du conseil pour lui
rendre compte de cette discussion.
A la présidence du conseil
MM. Remoiville, Lefebvre et Maurice
Faure, membres du bureau de la Gauche
radicale, ont été reçus hier, à cinq heures,
par M. de Freycinet.
Ils ont déclaré au président du conseil
que leur démarche était inspirée par le
désir de marcher d'accord avec le gouver-
nement sur la question de l'amnistie.
Après avoir exprimé l'avis que le cabinet
pourrait ne pas poser, en cette occasion,
la question de confiance, les délégués ont
demandé à M. de Freycinet si le gouver-
nement ne serait pas disposé à accepter
l'amnistie pour les seuls condamnés de
Montceau-les-Mines, qui n'ont pas commis
d'attentats contre les personnes, mais qui
ont pu être poussés à des excès par l'op-
pression cléricale.
M. de Freycinet a répondu qu'il tiendrait
compte des préoccupations de la Gauche
radicale et qu'il exposerait ce matin au
conseil la démarche faite auprès de lui.
M. de Freycinet a prié les délégués de
la Gauche radicale de vouloir bien se ren-
dre ce matin à l'issue du conseil, au mi.
nistère des affaires étrangères pour rece-
voir communication des résolutions défi-
nitives du conseil des ministres.
A une heure, les délégués rendront
compte à leur groupe des résultats de leur
nouvelle entrevue avec le président du
conseil.
Le groupe agricole
Le groupe agricole de la Chambre s'est
réuni hier pour s'occuper de la question
des viandes salées.
M. Jametel désire que les viandes salées
soient examinées avant d'entrer en France ;
l'importation serait permise sous la ré-
serve d'un examen des plus minutieux. On
réduirait ainsi l'importation aux viandes
de première qualité. L'usage du porc s'est
développé et il faut dans une certaine me-
sure protéger cette branche d'une petite
industrie. Quant aux représailles, elles ne
sont pas à craindre.
M. Turrel fait observer qu'il faut cepen-
dant tenir compte des représailles exercées
contre les vins du Midi. M. Dautresme,
ancien ministre du commerce, lui a ré-
pendu à ce sujet que l'introduction des
viandes salées ne serait permise qu'après
qu'on aura pris les mesures d'examen
préalable, et qu'on aura obtenu des com-
pensations de la part de l'Amérique.
M. Méline pense qu'il ne faut pas ac-
tuellement demander qu'on rapporte le
décret de prohibition, de peur de faire
ainsi, sans réciprocité, une faveur aux
Etats-Unis.
M. Gilbert désire que la question soit
vidée et que l'éleveur ne reste pas sous le
coup de cette législation essentiellement
mobile, qui résulte du décret prohibant
l'entrée des viandes salées par mesure
hygiénique.
M. C ré mieux déclare qu'il ne comprend
pas trop l'intérêt du producteur, puisque
le prix du porc a baissé.
M. de Jouvence, faitobserver que le cul-
tivateur vend plus de porcs et gagne da-
vantage tout en les vendant meilleur mar-
ché.
Sur la proposition de M. Ganault, le
groupe a décidé de déléguer plusieurs de
ses membres auprès du ministre du com-
merce, pour l'inviter à maintenir le décret
de prohibition. '-
Le groupe a entendu ensuite la lecture
de l'exposé des motifs et des articles de la
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