Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-01-02
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 janvier 1886 02 janvier 1886
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7561892k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-septième année. — N° 5109 Prix du numéro à Paris : 15 centimes - Départements : 20 centimes bamedi-Dimanche t-6 Janvier 'lhtj
LE XIX* SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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Les Lettres non affranchies seront refuser
EN VENTE A LONDRES
A la lib:rai:rie Petitjean
39, OLD COMPTON STREET (SOHO)
ET DANS SES SUCCURSALES
87, Charlotte Street, Fltzroy Square,
Et 15, Tlchborne Street, (Café Monico. 2d )
NOUVELLES
PRIMES GRl fUITES
DU
XIXe SIÈCLE
A l'occasion du renouvelle-
ment de fin décembre, le plus
important de toute l'année, l'ad-
ministration du XIXe SIECLE
vient d'augmenter considérable-
ment le nombre et l'importance
des primes offertes à ses abon-
nés.
Nous donnons ci-dessous le
détail de ces primes.
Tout souscripteur nouveau qui
s'abonne pour UNE ANNÉE et tout
abonné ancien qui renouvelle pour
une durée égale ont droit, sur leur
demande, à l'un des deux ouvrages
ci-dessous »
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NATIONALES ET POPULAIRES
DE FRANCE
Edition Garnier frères
Deux beaux volumes grand in-8°,
reliés, illustrés de 50 gravures sur
acier et de nombreuses vignettes.
Comprenant plus de 1,200 chan-
sons de nos auteurs les plus popu-
laires.
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TEXTE ANGLAIS DE COLERIDGE
TRADUIT PAR
Auguste Barbier
ILLUSTRATIONS DE GUSTAVE DORÉ
Ce superbe volume, qui mesure 51 cen-
timètres de hauteur sur 42 centimètres de
largeur, comprend 40 planches de GUSTAVE
DORÉ, irréprochablement gravées, impri-
mées sur papier de luxe et richement re-
liées. Son prix en librairie est de 50 francs
à Paris, et de 75 francs à Londres.
Port et emballage : 3 francs.
Tout souscripteur nouveau qui
s'abonne pour SIX MOIS, et tout
abonné ancien qui renouvelle pour
une durée égale, ont droit, sur leur
demande, à l'un des ouvrages sui-
vants 1
Histoire du Costume au llieàtre
DEPUIS LES
ORIGINES DU THÉATRE EN FRANCE
JUSQU'A NOS JOURS
Par M. Adolphe JuLien
Avec vingt-sept gravures et neuf des-
sins originaux, reliure riche, ouvrage
qui vaut en librairie 30 francs.
LES
PROMENADES
JAPONAISES
Par M. Emile Guimet
Avec de nombreux dessins, d'après
nature, par FÉLIX PCGAMEY, reliure ri-
che, ouvrage valant en librairie 30 fr.
LA DERNIERE ÉGYPTE
Texte et dessins de M. LUDOVIC LEPIC,
teliure riche, de même valeur.
Ces trois ouvrages ont tous trois le même
mérite : texte savant, intéressant, scienti-
fique et amusant, illustrations pittoresques
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plat en chromo, vue de 56 grandes com-
positions en couleur, par
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de EUG. LE MOUEL, 1 vol. in-8° oblong,
richement cartonné, pleine toile, fers
spéciaux, 32 compositions en couleur.
Emballage et port : 1 fr. 50 par volume.
Tout souscripteur nouveau qui
s'abonnera pour TROIS mois aura
droit à deux volumes de la collec-
tion Dentu, à choisir dans le ca-
talogue que nous publions à la fin
du journal.
NOTA. — Ceux de nos souscripteurs
dont l'abonnement est en cours n'ont
droit à ces primes qu'à la condition
a envoyer par anticipation le montant
de leur renouvellement.
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au montant de l'abonnement.
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Lots turcs.. , , 35 75.
Egypte. 324 68, 323 75, 324 68.
Extérieure 54 7/8,29/32, 7/8.
Panama 412 50, 413 75.
Hongrois. 823/4.
SOMMAIRE
Dernière heure.
Question du jour (Avis à mes concitoyens).
- P.
Un Anniversaire. — HENRY FOUQUIER.
Journée de Paris — JACQUES RAFFEY.
La Circulaire de M. de Freycinet. - Louis
HENRIQUE.
Nouvelles coloniales.
Bulletin de l'étranger.
Informations.
Les Décorations du i sr janvier.
Petites Chroniques (Un malfaiteur). -
HENRY CROIXVET.
Revue de la preHse. — NAOHBTTJI.
La Malle des Indes.
La France à l'Bxposition d'Anvers. -
FERDINAND MERLET.
La Température.
Courrier de la Bourse. — H. Li PAtmm.
Bibliographie.
Tribunaux. — Me GERVASY. ,
Nouvelles judiciaires.
Faits divers. — JEAN VALLÏ&RK.
Courrier des théâtres. - GEORGES FBYDBXU.
Feuilleton (Une Veillée de Noël).- L.-P. SAU-
GON.
DERNIÈRE HEURE
La situation ministérielle
M. de Freycinet a repris hier les démar-
ches interrompues par les réceptions offi-
cielles du jour de l'an. Dans la matinée, il
a reçu la visite de plusieurs membres du
cabinet démissionnaire, notamment MM.
Goblet, Sarrien, Sadi Carnot, etc. Dans
l'après-midi, il a conféré avec un certain
nombre de personnalités de la Chambre
et du Sénat.
Contrairement aux informations pu-
bliées par certains journaux, M. de Frey-
cinet n'a offert aucun portefeuille. La mis-
sion qu'il a reçue du président de la Répu-
blique ne comporte pas d'offres de cette
nature.
Nous croyons savoir que le ministre
des affaires étrangères a eu l'occasion de
s'entretenir avec des députés appartenant
à toutes les fractions de la majorité répu-
blicaine.
Conformément à la demande qu'il a
faite au président de la République, M. de
Freycinet ne mettra que demain lundi M.
Jules Grévy au courant du résultat de ses
démarches.
Avant de retourner à l'Elysée, M. de
Freycinet aura une nouvelle entrevue
avec M. Floquet, qui joint tous ses efforts
à ceux du ministre des affaires étrangères
pour arriver à une prompte solution de la
crise actuelle.
Mais nous persistons à penser que M. de
Freycinet ne veut former un cabinet qu'a-
près avoir reçu, des principaux députés des
diverses nuances républicaines, des enga-
gements formels permettant à son œuvre
d'être de durée.
L'agression de Rodez
L'Aveyron républicain publie le récit
d'une agression brutale dont le rédacteur
en chef de ce journal, M. L. Vemière, vient
d'être victime.
Les deux fils du maire de Rodez se sont
présentés dans les bureaux de rédaction
de VAveyron et, sans provocation, se sont
livrés sur la personne de M. Vernière à des
voies de fait qui relèvent des tribunaux.
L'Aveyron républicain publiait depuis
quelque temps une série d'articles inti-
tulé : « le Dossier de M. Palous, maire de
odez. »
L'émotion produite par cet événement
dans le département est considérable.
Mouvement earllste
D'après les journaux, des carlistes in-
fluents ont demandé à don Carlos de les
autoriser à prendre part à la lutte électo-
rale, tandis que d'autres veulent s'abstenir
pour témoigner de leurs préférences en fa-
veur d'un appel à la violence.
QUESTION DU JOUR
Avis à mes concitoyens
Je ne sais si je me trompe ; étant
naturellement optimiste, je peux fort
bien prendre mon rêve pour une réalité ;
mais il me semble que nous sommes en
train de guérir de la politique. L'année
1886 nous trouve en pleine crise mi-
nistérielle, et cette crise nous laisse
froids. On dit que les affaires ne vont
pas pour cela plus mal ; on signale même
une certaine tendance à l'amélioration.
Faut-il aller jusqu'à croire que la va-
cance des portefeuilles soit le commen-
cement de la prospérité publique ? Cons-
tatons du moins que le pays se montre
peu ému et attend sans anxiété la nou-
velle d'un dénouement qui ne peut pas
manquer. Il y aura toujours des minis-
tres, et beaucoup de gens estiment que
la différence entre un ministre et un
autre n'est pas assez grande pour qu'on
s'en préoccupe outre mesure.
Ainsi, tandis que les hommes d'Etat
s'agitent, l'attention du pays se détourne
d'eux. Je ne voudrais - pas qu'on allât
jusqu'à l'indifférence, qui ferait la partie
trop belle aux charlatans et aux malfai-
teurs, mais un peu de désillusion nous
ferait grand bien. Voilà bien des an-
nées, et même quelques siècles , que
nous attendons de l'Etat et de ses re-
présentants la guérison de tous nos
maux, la fortune, le bonheur et même
des leçons de goût artistique et litté-
raire. Si nous nous mettions à faire nos
affaires nous-mêmes? Si nous bannis-
sions décidément de nos calculs cet élé-
ment qui ne cesse de les fausser?
Quoi! direz-vous, ne demanderez-vous
point de réformes? Nous en demande-
rons, chers concitoyens, mais nous n'y
compterons pas. Et voyez combien les
choses iraient mieux le jour où chacun
s'arrangerait pour tirer le meilleur parti
possible de ses moyens, sans espérer
que le gouvernement lui - rende jamais
d'autres services que ceux qui consis-
tent à maintenir l'ordre, à rendre la
justice et à faire porter nos lettres. Les
jeunes gens ne carresseront plus l'es-
poir d'entrer dans les fonctions publi-
ques et chercheront des professions
plus sûrement utiles. Les industriels ne
songeront plus qu'à fabriquer, les négo-
ciants qu'à vendre, les cultivateurs qu'à
récolter, les prêtres qu'à prier Dieu, les
instituteurs qu'à bien enseigner ; cha-
cun fera son métier bien mieux qu'au-
jourd'hui, et la prospérité générale ré-
sultera d'un redoublement d'activité de
la part des individus.
Vous êtes commerçant, et vous vous
plaignez, comme tous vos confrères, de
la stagnation des affaires, de l'instabi-
lité gouvernementale, de la décadence
de l'exportation française, de l'insuffisan-
ce de nos institutions consulaires. Que
ne vous mettez-vous plus vigoureuse-
ment à l'œuvre pour lutter contre la
mauvaise fortune, et surtout contre la
concurrence de vos rivaux étrangers?
Vous avez essayé de vous concerter avec
ceux qui pensent et qui souffrent comme
vous pour avoir des candidats et les
faire passer. C'est à merveille : mais
pendant que vous gémissez les Alle-
mands courent le monde, s'associent
pour s'ouvrir des débouchés, font cir-
cul er de port en port des navires char-
gés d'échantillons. Ils s'apprêtent même,
dit-on, à profiter de la pacification du
Tonkin pour écouler les produits de
leur industrie sur le marché que nos
soldats auront ouvert. Si nous avions
dépensé en vue du commerce la dixième
partie du talent et de l'intelligence que
nous avons gaspillés à propos de cette
expédition, nous serions en mesure de
rendre notre conquête fructueuse. Mais
tout le monde discute sur l'utilité des
colonies, et personne ne songe à les
utiliser.
On a écrit des articles par centaines
sur la réforme des consulats ; si les né-
gociants français, au lieu de suggérer
des idées au pouvoir, s'avisaient de se
passer de lui, s'ils se cotisaient pour
rétribuer des agents commerciaux bien
choisis, s'ils recueillaient eux-mêmes
les renseignements qu'ils demandent au
ministre et dont ils ne tiennent guère
compte quand on les leur donne, ils ne
seraient pas si aisément battus par
leurs rivaux. La vraie réforme, celle qui
permet d'attendre patiemment toutes les
autres, et au besoin de ne pas les at-
tendre, c'est celle que les intéressés ap-
pliquent dans leurs propres méthodes.
Etes-vous cultivateur ? Je sais tout ce
que vous pourrez dire sur la dureté des
temps, sur la protection qui vous man-
que, sur la crise que traverse l'agricul-
ture nationale. Peut-être espérez-vous
l'allégement des impôts, l'élévation des
droits de douane ; vous travaillez avec
zèle à obtenir de vos députés la pro-
messe d'une intervention législative en
votre faveur. Que n'employez-vous votre
zèle à mieux étudier les conditions par-
ticulières de votre industrie, la trans-
formation de l'outillage et des procédés,
les progrès accomplis en Angleterre et
en Allemagne ? Que ne formez-vous avec
vos voisins des syndicats pour l'exécu-
tion de certains travaux d'intérêt com-
mun, "pour le contrôle des engrais chi-
miques et des semences, pour la créa-
tion de laboratoires et de champs
d'expérience, pour la vente au dehors
des produits qui peuvent être exportés,
pour l'emploi industriel des matières
premières que vous êtes en mesure de
fournir, pour l'organisation du crédit
mutuel?
Il y a des Français par centaines de
mille qui ne font pas tout ce qu'ils
pourraient, parce qu'ils espèrent une
réforme, une loi, un décret qui les dis-
pensent de redoubler d'efforts. Ce sont
des ouvriers qui négligent d'économiser
quand ils en auraient le moyen, parce
qu'ils comptent sur l'avènement du so-
cialisme ; des industriels qui ne renou-
vellent pas leur outillage parce qu'on
leur a promis un tarif protecteur ; des
négociants qui se croisent les bras jus-
qu'à ce que les Chambres aient trouvé le
moyen de mettre fin à la crise; des cul-
tivateurs qui gémissent plus qu'ils ne
s'instruisent, et qui forment des ligues
pour faire élire des candidats au lieu de
former des associations pour améliorer
les conditions de leur travail, sans par-
ler des avocats qui songent plus à leurs
discours politiques qu'à leurs plaidoi-
ries, et des curés qui se préoccupent du
succès des monarchistes plus que du
salut de leurs ouailles. Otez à tous ces
Français l'espérance qu'ils fondent sur
les bienfaits du gouvernement et de la
législation, guérissez-les de la politique
et de ses rêves, et ils feront leurs affai-
res tout aussi bien que les Américains
qui se résignent à être gouvernés par
des. politiciens de troisième ordre, mais
qui ne laissent pas de s'enrichir et de
faire sans cesse des progrès, parce qu'ils
ont pris l'habitude de les faire eux-
mêmes.
*
-- ———————
UN ANNIVERSAIRE
Ceux des amis de Gambetta que quelque
devoir ne retenait pas à Paris ont célé-
bré jeudi l'anniversaire de sa mort.
C'est dans la petite maison des Jardies,
à Ville-d'Avray, que le pèlerinage s'est
rendu. Le logis est resté tel que nous
l'avons décrit ici même, avec son petit
salon bourgeois, sa chambre modeste
et le lit mortuaire, qui disparaissait
sous les fleurs. Il est inutile de dire les
noms de ceux qui ont pu aller s'inscrire
à l'humble maison du grand citoyen. On
y a vu la plupart de ses amis et de ses
compagnons de lutte, et, quel que grand
qu'en fût le nombre, il n'est rien à côté de
la foule de ceux qui étaient de cœur avec
eux. Car, si la cérémonie intime, amicale,
a gardé son caractère de tristesse pri-
vée, si l'hommage du souvenir a été
d'abord apporté à Gambetta, ami sûr et
incomparable, ce souvenir s'impose par
les circonstauces à ceux qui ne connais-
saient de lui que l'homme public. C'est à
mesure que les événements ont marché
qu'on a mieux senti la perte que la Répu-
blique avait faite. Il n'est personne qui ne
reconnaisse aujourd'hui combien Gam-
betta a manqué pour prévenir les divi-
sions du parti républicain, pour faire du
premier essai du scrutin de liste une vic-
toire au lieu d'une défaite, et combien il
manque aujourd'hui pour parer aux dan-
gers nés de cette défaite. Il était avant
tout, avec ses qualités merveilleuses et
même avec ses défauts qui avaient de la
grâce, l'homme qui savait trouver et
donner un mot d'ordre pour son parti.
Lui vivant, les uns n'auraient pas eu tant
d'audace, les autres tant d'hésitations.
C'était une intelligence droite et clai-
re, échauffée encore et illuminée par
un grand cœur. Le vide qu'il a laissé
parmi nous reste toujours le même,
et je doute qu'on le puisse com-
bler autrement qu'en revenant à sa tra-
dition de sagesse, de fermeté et aussi
d'indulgence et d'union. C'est en don-
nant à la politique républicaine une
grande et noble visée, telle qu'il en
avait, une ambition sage et désintéres-
sée des questions de personne, qu'on
nous sauvera de l'émiettement des idées
et des ambitions particulières qui nous
perdent et nous livrent à nos ennemis.
HENRY FOUQUIER.
LA JOURNEE DE PARIS
LES RÉCEPTIONS OFFiCIELLES. —
Aux réceptions du 1er janvier à l'Elysée, af-
fluénce plus considérable que les années pré-
cédentes, beaucoup de personnes ayant tenu
à féliciter le président de la République de
sa récente réélection.
Aucun incident à signaler.
Le matin, à dix heures, le président de la
République, ayant auprès de lui les ministres
et les officiers de sa maison militaire, a reçu
successivement les présidents et les bureaux
présidentiels du Sénat et de la Chambre, les
sénateurs et les députés.
A onze heures, M. Grévy est allé rendre
leurs visites aur présidents du Sénat et de la
Chambre.
Les ministres ont déjeuné, suivant l'usage
de chaque année, chez le président de la Ré-
publique.
Le cercle diplomatique s'est tenu à une
heure et demie. Tous les chefs de mission
étaient présents, à l'exception de lord Lyons,
actuellement à Londres, qui était représenté
par le secrétaire de l'ambassade britannique,
sir J. Walsham.
Le nonce, en si qualité de doyen, a félicité
le président de la République au nom du
corps diplomatique. Voici l'allocution pro-
noncée par Mgr di Rende*:
« Monsieur le président,
» Je suis doublement heureux d'être cette
année l'interprète des sentiments du corps
diplomatique envers votre illustre personne,
car nous ne vous offrons pas seulement nos
vœux pour l'année qui commence, mais, au
lendemain du jour où les destinées de la na-
tion vous ont été confiées de nouveau, nous
sentons le devoir de vous exprimer nos res-
pectueuses et sincères félicitations, et nous
voulons que nos souhaits s'étendent à toute
cette période nouvelle que vous allez parcou-
rir. Vous connaissez trop bien les sentiments
qui nous animent pour qu'il soit nécessaîre
d'énumérer les vœux que nous formons et
d'en préciser la nature ; ils sont tous pour la
paix et la prospérité de la France. Aussi som-
mes-nous assurés que vous daignerez les
agréer comme des souhaits qui vous sont per-
sonnels et comme le gage de notre dévoue-
ment respectueux envers vous. »
Le président de la République a répondu :
a Je suis profondément touché des senti-
ments que le corps diplomatique m'exprime
en termes si obligeants par l'organe de son
éminent interprète. Je le remercie des félici-
tations qu'il m'adresse et des vœux qu'il forme
pour la France ; elle n'y peut mieux répondre
qu'en s'appliquant toujours à maintenir les
bonnes relations qu'elle entretient avec les
puissances que le corps diplomatique repré-
sente si dignement. »
Les réceptions ont été terminées à trois
heures.
Le président de la République a reçu jeudi,
à l'occasion du renouvellement de l'année, M.
Richard, coadjuteur de M. le cardinal Guibert,
archevêque de Paris, ce dernier n'ayant pu, à
cause du mauvais état de sa santé, se ren-
dre, suivant son habitude, au palais de l'Ely-
sée.
Suivant l'usage, M. Poubelle, préfet de la
Seine, a reçu hier , à deux heures , et
M. Gragnon, préfet de police, à, dix heures,
les fonctionnaires dépendant de leurs servi-
ces respectifs.
Des félicitations ont été adressées à ceux de
ces fonctionnaires qui viennent d'être déco-
rés.
«
+"<*
LES RÉCOMPENSES HONORIFIQUES
DU 1er JANVIER. — Parmi les décorations
attribuées par le ministre du commerce aux
négociants français qui ont participé à l'Ex-
position d'Anvers, il en est quelques-unes
qui nous causent un vif plaisir. Georges
Charpentier, l'éditeur de Zola, de Goncourt,
de Daudet, l'homme charmant dont tout le
monde estime le caractère et l'esprit, est sur
la liste ainsi que M. Marrou, le maître fer-
ronnier de Rouen, le ciseleur délicat à qui
nous devons des chefs-d'œuvre dignes des
meilleures époques de l'art; M. Jumeau, le
créateur du bébé ravissant qui fait la joie de
nos petites filles, et la nôtre par-dessus le
marché, car rendre heureux les enfants, c'est
du bonheur que nous nous donnons.
Les lecteurs du XIXe Siècle trouveront plus
loin la liste des « rubans violets », autrement
dit les décorations académiques.
Il y en d'étonnantes et de vraiment singu-
lières. On voit des hommes de la valeur d'Ar-
mand Silvestre et de Jacques Normand associés
à des personnages qui étaient déjà suffisam-
ment ridicules sans la « distinction » dont
on les accable.
Heureusement, les nominations de MM.
Krebs et Renard, les inventeurs des ballons
dirigeables, de notre ami et confrère Emile
Cère, Pougin, Febvre, de la Comédie-Fran-
çaise, et Carré, co-directeur du Vaudeville,
remettent un peu de cet étonnement.
M
•# «
NOTRE AMBASSADEUR A VIENNE. -
M. Foucher de Careil a quitté Paris mardi soir
pour rejoindre son poste.
Il avait été informé que l'empereur et l'im-
pératriche d'Autriche ne devaient point se
trouver à Vienne le lIr janvier. Mais une. dé-
pêche l'ayant prévenu mardi matin que l'em-
pereur et l'impératrice étaient, au contraire,
revenus de Gœdoeloe, et que Leurs Majestés
recevraient officiellement les représentants
des puissances étrangères, M. Foucher de
Careil s'est empressé de retourner à Vienne.
m
♦ *
UNE STATUE A PARMENTIER. — La
Société nationale d'encouragement pour l'a-
griculture a ouvert une souscription qui per-
mettrait d'élever une statue à Parmentier
et de perpétuer ainsi le souvenir de l'intro-
duction en Europe de la pomme de terre.
Le ministre de l'agriculture a informé la
Société qu'il s'inscrivait pour une somme de
1,000 francs. Le ministre pourrait sans incon-
vénient ajouter mille autre francs pour ten-
ter les cultivateurs et les engager à recher-
cher les moyens pratiques d'obtenir, en
France, une pomme de terre mangeable.
K
•*
CONFÉRENCE SUR LA POLITIQUE
COLONIALE. - Hier soir a eu lieu, à la salle
des Capucines, la conférence que nous avons
annoncée sur la politique coloniale.
Un mot du conférencier.
M. le baron Michel est un ancien officier de
vaisseau qui a commencé sa carrière mari-
time en Crimée. Il a été quelque temps rece-
veur général ; depuis de longues années, il
s'est adonné à l'étude des questions colonia-
les. Il y a quelques mois, il était envoyé en
mission par le ministre du commerce en Aus-
tralie.
A cette compétence spéciale que lui donne
les connaissances du pays dont il parle, M. le
baron Michel ajoute une grande précision de
langage ; sa parole est claire ; il sait trou-
ver la note gaie au milieu des démonstra-
tions les plus arides et parsème son discours
d'anecdotes piquantes dont il a été le plus
souvent le héros au cours de ea carrière de
marin et de voyageur.
Le sujet de la conférence était exactement
celui-ci : la Politique coloniale devant le
Parlement. En quelques traits, M. le baron
Michel a analysé rapidement la longue dis-
cussion qui s'est ouverte récemment devant
la Chambre à propos des crédits du Tonkin
et de Madagascar. Mais ce n'était là qu'un
hors-d'œuvre. Le conférencier a surtout in-
sisté sur ce qui a manqué dans tous les dis-
cours dont la question du Tonkin et de Mada-
gascar a fourni le thème.
Pourquoi sommes-nous allés au Tonkin?
Pourquoi avons-nous revendiqué nos droits
sur Madagascar? Simplement parce que nous
avons une marine de guerre à qui il faut as-
surer, en cas de conflit avec une puissance
maritime, des dépôts de charbon, des centres
de ravitaillement et des chantiers de répara-
tions.
Nous sommes en Cochinchine parce que les
Anglais sont dans l'Inde; nous sommes allés
au Tonkin comme les Anglais sont allés quel-
ques mois plus tard en Birmanie. Il y a pour-
tant cette différence entre les Anglais et nous
que l'Angleterre suit une politique coloniale
conçue d'après un plan méthodique, tandis
que la France marche par soubresauts et par
à-coups.
Il y en a une autre essentielle que M. le
baron Michel a pris soin de souligner. Les
Anglais laissent à leurs colonies une autono-
mie presque complète et à leurs colons le
droit de s'enrichir et une grande somme d'in-
dépendance. L'administration française des
colonies procède autrement ; pour elle, les
colons sont de simples tripoteurs suspects
par définition et les colonies des pays qu'il
faut assimiler coûte que coûte aux départe-
ments, à force de règlements conçus à Paris
et grâce à une armée de fonctionnaires im-
bus du même esprit d'uniformité.
Cet aperçu avait un intérêt particulier d'ac-
tualité et le conférencier a été vivement ap-
plaudi par son auditoire d'élite. Espérons
qu'il sera entendu par le futur ministre des
colonies.
LES FÊTES DU COMMERCE. — En rai-
son du grand succès obtenu pendant la jour-
née du 1er janvier, le comité des Fêtes du
commerce parisien a décidé qu'une seconde
grande fête de nuit aura lieu dimanche 3 jan-
vier.
Les portes du palais de l'Industrie resteront
ouverte de midi à minuit.
Prix d'entrée : deux francs.
Les enfants au-dessus de cinq ans et portés
sur les bras ne paient pas de droit au guichet
d'entrée.
Il sera délivré un billet de tombola à tous
les enfants.
A trois heures, tirage de la tombola au pied
de l'Arbre de Noël.
Les lots gagnés doivent être immédiatement
retirés.
Bals d'enfants, jeux divers, musique mili-
taire, représentation sur le théâtre de Noël,
séance de prestidigitation, la troupe Loyal,
les clowns Gay, pendant la fête de jour, de
deux à six heures.
A trois heures, sur l'un des parquets de la
danse, grand assaut d'armes, sous la prési-
dence de M. Waskiewicz, par MM. Paul Ruzé,
Frey, Raynaud, Gailhard,. Beltenfeld, Ad. Ruzé,
Denis, Varille, Mégée, IUrchoffer, Midelair,
Hissard, Louis Chartier, Rouleau, etc.
Le soir, de huit heures à minuit, orchestre
sous la direction de M. de Sivry ; représenta-
tions sur le théâtre de Noël; deux ballets, la
troupe Loyal et les clowns Gay au parquet de
la danse ; l'orchestre des Tziganes, sous la di-
rection de M. Martin Rigo, au pied de l'Arbre
de Noël.
A dix heures, sur le théâtre de Noël, le Pas-
sant, comédie en un acte et en vers de M.
François Coppée, jouée par Mmes Marie Co-
lombier et Hadamard, de l'Odéon.
JACQUES RAFFEY.
LA CIRCULAIRE DE M. DE FREYCINET
On connaît assez mal en France l'atti-
tude prise par le gouvernement français
dans la question des Balkans; tout au
moins n'avait-on que des indications va-
gues sur les vues personnelles que l'ho-
norable M. de Freycinet avait cherché à
faire prévaloir dans la conférence de
Constantinople dès le début de l'insurrec-
tion rouméliote et après l'entrée des Ser-
bes en Bulgarie. 1
M. de Freycinet s'est chargé de faire la
lumière sur ce côté de notre politique
étrangère et a adressé à nos agents diplo-
matiques une longue circulaire qui, datée
du 3 décembre, a été, paraît-il, télégra-
phiée hier de Vienne à un journal du
soir.
Il y a dans les événements qui se dé-
roulent dans la péninsule des Balkans
trois périodes distinctes : la révolution de
Roumélie ; la déclaration de guerre de la
Serbie ; l'intervention de la Porte en Rou-
mélie.
L'honorable ministre des affaires étran-
gères, dans la circulaire qui nous occupe,
rappelle quelle a été l'attitude du gouver-
nement français dès qu'il a eu connais-
sance du mouvement rouméliote du 18
septembre.
« Le lendemain, dit M. de Freycinet, je
chargeais nos représentants auprès des
grandes puissances de leur signaler
l'urgence qu'il y aurait à recommander
aux Etats voisins de s'abstenir de toute
manifestation qui serait de nature à avoir
des contre-coups sur d'autres parties de
l'empire ottoman, et sans attendre leur.
répcwse, qui d'ailleurs ne nous paraissait
pas douteuse, nous adressions des instruc-
tions dans ce sens à nos agents à Belgra-
de, à Athènes et même à Bucharest, quoi-
que la prudence du gouvernement rou-
main nous donnât de ce côté une sécurité
beaucoup plus grande. »
Quelques jours plus tard, le gouverne-
ment français suggérait l'idée d'une en-
tente entre les puissances en vue d'écarter
les périls imminents et de préparer les
éléments d'une solution satisfaisante.
Cette idée a pris corps dans une propo-
sition de la Russie qui invitait les ambas-
sadeurs des puissances à Constantinople à
se réunir à bref délai pour convenir d'un
langage identique à tenir à la Porte et au
prince de Bulgarie. »
Le gouvernement français était prêt à
toute éventualité et M. de Freycinet l'indi-
que en un langage très précis.
« Depuis le 29 septembre, M. de Noailles
était en possession d'instructions détail-
lées. Le gouvernement de la République
était dès lors préparé à entrer dans le vif
de la question. Ne pouvant être suspects
de tiédeur dans nos sentiments à l'égard
de l'empire ottoman, dont nous avons tou-
jours désiré la consolidation et la prospé-
rité, nous n'avons pas pensé qu'il fût né-
cessaire de renfermer la recherche des
solutions dans le cercle des palliatifs in-
suffisants pour le maintien de la paix gé-
nérale. M. de Noailles était en conséquence
autorisé à se rallier à la majorité de ses
collègues, si cette majorité se prononçait
dans le sens de satisfactions à donner aux
aspirations des populations rouniéliotes.
Mais nous entendions que, loin de tourner
au préjudice des intérêts vitaux de l'em-
pire ottoman, les amendements à intro-
duire dans le régime établi par le traité de
Berlin eussent au contraire pour résultat
de contribuer à l'affermissement de ses
droits et de son autorité ; tels seraient par
exemple la réglemeutation pratique de
l'occupation militaire des Balkans et le
payement régulier du tribut bulgare, tou-
tes stipulations qui sont restées jusqu'ici
à l'état de lettre morte. »
Ces vues ne furent pas adoptées par
suite de circonstances sur lesquelles il n'y
a pas à insister. Après des tiraillements,
des attermoiements peu justifiés , la
pseudo-conférence s'en tint à une note
« destinée à rappeler le prince de Bulgarie
et les populations rouméliotes au senti-
ment de leurs devoirs envers la Turquie ».
Cette note tardive et laborieuse ne fut
communiquée à la Porte que le 14 et pro-
duisit l'effet qu'on pouvait attendre de cet
appel platonique à la modération. Dès le
13 octobre, le ministre des affaires étran-
gères avait « signalé les dangers de ces
attermoiements préliminaires ». L'événe-
ment justifia ses appréhensions. Le mou-
vement rouméliote allait se. propageant et
les Etals voisins, sauf b. Roumanie, ne
faisaient point mystère de leurs senti-
ments belliqueux.
C'est alors qu'apparut la nécessité de
convoquer une conférence qui aurait mis-
sion de chercher la solution des difficultés
« surgies dans la Roumélie orientale, cette
solution devant avoir essetiellement pour
LE XIX* SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rixe Cadet, le
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendu»
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Trois mois i Q »»
Bernois. 32 J»)
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Six mois. 25 »»
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Les abonnemt8 partent des 1er et 15 de chaque mois
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Adresser les Lettres et Mandats à i' £ .Jmlnlstrateiw
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Les Lettres non affranchies seront refuser
EN VENTE A LONDRES
A la lib:rai:rie Petitjean
39, OLD COMPTON STREET (SOHO)
ET DANS SES SUCCURSALES
87, Charlotte Street, Fltzroy Square,
Et 15, Tlchborne Street, (Café Monico. 2d )
NOUVELLES
PRIMES GRl fUITES
DU
XIXe SIÈCLE
A l'occasion du renouvelle-
ment de fin décembre, le plus
important de toute l'année, l'ad-
ministration du XIXe SIECLE
vient d'augmenter considérable-
ment le nombre et l'importance
des primes offertes à ses abon-
nés.
Nous donnons ci-dessous le
détail de ces primes.
Tout souscripteur nouveau qui
s'abonne pour UNE ANNÉE et tout
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à Paris, et de 75 francs à Londres.
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s'abonne pour SIX MOIS, et tout
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tion Dentu, à choisir dans le ca-
talogue que nous publions à la fin
du journal.
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dont l'abonnement est en cours n'ont
droit à ces primes qu'à la condition
a envoyer par anticipation le montant
de leur renouvellement.
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Lots turcs.. , , 35 75.
Egypte. 324 68, 323 75, 324 68.
Extérieure 54 7/8,29/32, 7/8.
Panama 412 50, 413 75.
Hongrois. 823/4.
SOMMAIRE
Dernière heure.
Question du jour (Avis à mes concitoyens).
- P.
Un Anniversaire. — HENRY FOUQUIER.
Journée de Paris — JACQUES RAFFEY.
La Circulaire de M. de Freycinet. - Louis
HENRIQUE.
Nouvelles coloniales.
Bulletin de l'étranger.
Informations.
Les Décorations du i sr janvier.
Petites Chroniques (Un malfaiteur). -
HENRY CROIXVET.
Revue de la preHse. — NAOHBTTJI.
La Malle des Indes.
La France à l'Bxposition d'Anvers. -
FERDINAND MERLET.
La Température.
Courrier de la Bourse. — H. Li PAtmm.
Bibliographie.
Tribunaux. — Me GERVASY. ,
Nouvelles judiciaires.
Faits divers. — JEAN VALLÏ&RK.
Courrier des théâtres. - GEORGES FBYDBXU.
Feuilleton (Une Veillée de Noël).- L.-P. SAU-
GON.
DERNIÈRE HEURE
La situation ministérielle
M. de Freycinet a repris hier les démar-
ches interrompues par les réceptions offi-
cielles du jour de l'an. Dans la matinée, il
a reçu la visite de plusieurs membres du
cabinet démissionnaire, notamment MM.
Goblet, Sarrien, Sadi Carnot, etc. Dans
l'après-midi, il a conféré avec un certain
nombre de personnalités de la Chambre
et du Sénat.
Contrairement aux informations pu-
bliées par certains journaux, M. de Frey-
cinet n'a offert aucun portefeuille. La mis-
sion qu'il a reçue du président de la Répu-
blique ne comporte pas d'offres de cette
nature.
Nous croyons savoir que le ministre
des affaires étrangères a eu l'occasion de
s'entretenir avec des députés appartenant
à toutes les fractions de la majorité répu-
blicaine.
Conformément à la demande qu'il a
faite au président de la République, M. de
Freycinet ne mettra que demain lundi M.
Jules Grévy au courant du résultat de ses
démarches.
Avant de retourner à l'Elysée, M. de
Freycinet aura une nouvelle entrevue
avec M. Floquet, qui joint tous ses efforts
à ceux du ministre des affaires étrangères
pour arriver à une prompte solution de la
crise actuelle.
Mais nous persistons à penser que M. de
Freycinet ne veut former un cabinet qu'a-
près avoir reçu, des principaux députés des
diverses nuances républicaines, des enga-
gements formels permettant à son œuvre
d'être de durée.
L'agression de Rodez
L'Aveyron républicain publie le récit
d'une agression brutale dont le rédacteur
en chef de ce journal, M. L. Vemière, vient
d'être victime.
Les deux fils du maire de Rodez se sont
présentés dans les bureaux de rédaction
de VAveyron et, sans provocation, se sont
livrés sur la personne de M. Vernière à des
voies de fait qui relèvent des tribunaux.
L'Aveyron républicain publiait depuis
quelque temps une série d'articles inti-
tulé : « le Dossier de M. Palous, maire de
odez. »
L'émotion produite par cet événement
dans le département est considérable.
Mouvement earllste
D'après les journaux, des carlistes in-
fluents ont demandé à don Carlos de les
autoriser à prendre part à la lutte électo-
rale, tandis que d'autres veulent s'abstenir
pour témoigner de leurs préférences en fa-
veur d'un appel à la violence.
QUESTION DU JOUR
Avis à mes concitoyens
Je ne sais si je me trompe ; étant
naturellement optimiste, je peux fort
bien prendre mon rêve pour une réalité ;
mais il me semble que nous sommes en
train de guérir de la politique. L'année
1886 nous trouve en pleine crise mi-
nistérielle, et cette crise nous laisse
froids. On dit que les affaires ne vont
pas pour cela plus mal ; on signale même
une certaine tendance à l'amélioration.
Faut-il aller jusqu'à croire que la va-
cance des portefeuilles soit le commen-
cement de la prospérité publique ? Cons-
tatons du moins que le pays se montre
peu ému et attend sans anxiété la nou-
velle d'un dénouement qui ne peut pas
manquer. Il y aura toujours des minis-
tres, et beaucoup de gens estiment que
la différence entre un ministre et un
autre n'est pas assez grande pour qu'on
s'en préoccupe outre mesure.
Ainsi, tandis que les hommes d'Etat
s'agitent, l'attention du pays se détourne
d'eux. Je ne voudrais - pas qu'on allât
jusqu'à l'indifférence, qui ferait la partie
trop belle aux charlatans et aux malfai-
teurs, mais un peu de désillusion nous
ferait grand bien. Voilà bien des an-
nées, et même quelques siècles , que
nous attendons de l'Etat et de ses re-
présentants la guérison de tous nos
maux, la fortune, le bonheur et même
des leçons de goût artistique et litté-
raire. Si nous nous mettions à faire nos
affaires nous-mêmes? Si nous bannis-
sions décidément de nos calculs cet élé-
ment qui ne cesse de les fausser?
Quoi! direz-vous, ne demanderez-vous
point de réformes? Nous en demande-
rons, chers concitoyens, mais nous n'y
compterons pas. Et voyez combien les
choses iraient mieux le jour où chacun
s'arrangerait pour tirer le meilleur parti
possible de ses moyens, sans espérer
que le gouvernement lui - rende jamais
d'autres services que ceux qui consis-
tent à maintenir l'ordre, à rendre la
justice et à faire porter nos lettres. Les
jeunes gens ne carresseront plus l'es-
poir d'entrer dans les fonctions publi-
ques et chercheront des professions
plus sûrement utiles. Les industriels ne
songeront plus qu'à fabriquer, les négo-
ciants qu'à vendre, les cultivateurs qu'à
récolter, les prêtres qu'à prier Dieu, les
instituteurs qu'à bien enseigner ; cha-
cun fera son métier bien mieux qu'au-
jourd'hui, et la prospérité générale ré-
sultera d'un redoublement d'activité de
la part des individus.
Vous êtes commerçant, et vous vous
plaignez, comme tous vos confrères, de
la stagnation des affaires, de l'instabi-
lité gouvernementale, de la décadence
de l'exportation française, de l'insuffisan-
ce de nos institutions consulaires. Que
ne vous mettez-vous plus vigoureuse-
ment à l'œuvre pour lutter contre la
mauvaise fortune, et surtout contre la
concurrence de vos rivaux étrangers?
Vous avez essayé de vous concerter avec
ceux qui pensent et qui souffrent comme
vous pour avoir des candidats et les
faire passer. C'est à merveille : mais
pendant que vous gémissez les Alle-
mands courent le monde, s'associent
pour s'ouvrir des débouchés, font cir-
cul er de port en port des navires char-
gés d'échantillons. Ils s'apprêtent même,
dit-on, à profiter de la pacification du
Tonkin pour écouler les produits de
leur industrie sur le marché que nos
soldats auront ouvert. Si nous avions
dépensé en vue du commerce la dixième
partie du talent et de l'intelligence que
nous avons gaspillés à propos de cette
expédition, nous serions en mesure de
rendre notre conquête fructueuse. Mais
tout le monde discute sur l'utilité des
colonies, et personne ne songe à les
utiliser.
On a écrit des articles par centaines
sur la réforme des consulats ; si les né-
gociants français, au lieu de suggérer
des idées au pouvoir, s'avisaient de se
passer de lui, s'ils se cotisaient pour
rétribuer des agents commerciaux bien
choisis, s'ils recueillaient eux-mêmes
les renseignements qu'ils demandent au
ministre et dont ils ne tiennent guère
compte quand on les leur donne, ils ne
seraient pas si aisément battus par
leurs rivaux. La vraie réforme, celle qui
permet d'attendre patiemment toutes les
autres, et au besoin de ne pas les at-
tendre, c'est celle que les intéressés ap-
pliquent dans leurs propres méthodes.
Etes-vous cultivateur ? Je sais tout ce
que vous pourrez dire sur la dureté des
temps, sur la protection qui vous man-
que, sur la crise que traverse l'agricul-
ture nationale. Peut-être espérez-vous
l'allégement des impôts, l'élévation des
droits de douane ; vous travaillez avec
zèle à obtenir de vos députés la pro-
messe d'une intervention législative en
votre faveur. Que n'employez-vous votre
zèle à mieux étudier les conditions par-
ticulières de votre industrie, la trans-
formation de l'outillage et des procédés,
les progrès accomplis en Angleterre et
en Allemagne ? Que ne formez-vous avec
vos voisins des syndicats pour l'exécu-
tion de certains travaux d'intérêt com-
mun, "pour le contrôle des engrais chi-
miques et des semences, pour la créa-
tion de laboratoires et de champs
d'expérience, pour la vente au dehors
des produits qui peuvent être exportés,
pour l'emploi industriel des matières
premières que vous êtes en mesure de
fournir, pour l'organisation du crédit
mutuel?
Il y a des Français par centaines de
mille qui ne font pas tout ce qu'ils
pourraient, parce qu'ils espèrent une
réforme, une loi, un décret qui les dis-
pensent de redoubler d'efforts. Ce sont
des ouvriers qui négligent d'économiser
quand ils en auraient le moyen, parce
qu'ils comptent sur l'avènement du so-
cialisme ; des industriels qui ne renou-
vellent pas leur outillage parce qu'on
leur a promis un tarif protecteur ; des
négociants qui se croisent les bras jus-
qu'à ce que les Chambres aient trouvé le
moyen de mettre fin à la crise; des cul-
tivateurs qui gémissent plus qu'ils ne
s'instruisent, et qui forment des ligues
pour faire élire des candidats au lieu de
former des associations pour améliorer
les conditions de leur travail, sans par-
ler des avocats qui songent plus à leurs
discours politiques qu'à leurs plaidoi-
ries, et des curés qui se préoccupent du
succès des monarchistes plus que du
salut de leurs ouailles. Otez à tous ces
Français l'espérance qu'ils fondent sur
les bienfaits du gouvernement et de la
législation, guérissez-les de la politique
et de ses rêves, et ils feront leurs affai-
res tout aussi bien que les Américains
qui se résignent à être gouvernés par
des. politiciens de troisième ordre, mais
qui ne laissent pas de s'enrichir et de
faire sans cesse des progrès, parce qu'ils
ont pris l'habitude de les faire eux-
mêmes.
*
-- ———————
UN ANNIVERSAIRE
Ceux des amis de Gambetta que quelque
devoir ne retenait pas à Paris ont célé-
bré jeudi l'anniversaire de sa mort.
C'est dans la petite maison des Jardies,
à Ville-d'Avray, que le pèlerinage s'est
rendu. Le logis est resté tel que nous
l'avons décrit ici même, avec son petit
salon bourgeois, sa chambre modeste
et le lit mortuaire, qui disparaissait
sous les fleurs. Il est inutile de dire les
noms de ceux qui ont pu aller s'inscrire
à l'humble maison du grand citoyen. On
y a vu la plupart de ses amis et de ses
compagnons de lutte, et, quel que grand
qu'en fût le nombre, il n'est rien à côté de
la foule de ceux qui étaient de cœur avec
eux. Car, si la cérémonie intime, amicale,
a gardé son caractère de tristesse pri-
vée, si l'hommage du souvenir a été
d'abord apporté à Gambetta, ami sûr et
incomparable, ce souvenir s'impose par
les circonstauces à ceux qui ne connais-
saient de lui que l'homme public. C'est à
mesure que les événements ont marché
qu'on a mieux senti la perte que la Répu-
blique avait faite. Il n'est personne qui ne
reconnaisse aujourd'hui combien Gam-
betta a manqué pour prévenir les divi-
sions du parti républicain, pour faire du
premier essai du scrutin de liste une vic-
toire au lieu d'une défaite, et combien il
manque aujourd'hui pour parer aux dan-
gers nés de cette défaite. Il était avant
tout, avec ses qualités merveilleuses et
même avec ses défauts qui avaient de la
grâce, l'homme qui savait trouver et
donner un mot d'ordre pour son parti.
Lui vivant, les uns n'auraient pas eu tant
d'audace, les autres tant d'hésitations.
C'était une intelligence droite et clai-
re, échauffée encore et illuminée par
un grand cœur. Le vide qu'il a laissé
parmi nous reste toujours le même,
et je doute qu'on le puisse com-
bler autrement qu'en revenant à sa tra-
dition de sagesse, de fermeté et aussi
d'indulgence et d'union. C'est en don-
nant à la politique républicaine une
grande et noble visée, telle qu'il en
avait, une ambition sage et désintéres-
sée des questions de personne, qu'on
nous sauvera de l'émiettement des idées
et des ambitions particulières qui nous
perdent et nous livrent à nos ennemis.
HENRY FOUQUIER.
LA JOURNEE DE PARIS
LES RÉCEPTIONS OFFiCIELLES. —
Aux réceptions du 1er janvier à l'Elysée, af-
fluénce plus considérable que les années pré-
cédentes, beaucoup de personnes ayant tenu
à féliciter le président de la République de
sa récente réélection.
Aucun incident à signaler.
Le matin, à dix heures, le président de la
République, ayant auprès de lui les ministres
et les officiers de sa maison militaire, a reçu
successivement les présidents et les bureaux
présidentiels du Sénat et de la Chambre, les
sénateurs et les députés.
A onze heures, M. Grévy est allé rendre
leurs visites aur présidents du Sénat et de la
Chambre.
Les ministres ont déjeuné, suivant l'usage
de chaque année, chez le président de la Ré-
publique.
Le cercle diplomatique s'est tenu à une
heure et demie. Tous les chefs de mission
étaient présents, à l'exception de lord Lyons,
actuellement à Londres, qui était représenté
par le secrétaire de l'ambassade britannique,
sir J. Walsham.
Le nonce, en si qualité de doyen, a félicité
le président de la République au nom du
corps diplomatique. Voici l'allocution pro-
noncée par Mgr di Rende*:
« Monsieur le président,
» Je suis doublement heureux d'être cette
année l'interprète des sentiments du corps
diplomatique envers votre illustre personne,
car nous ne vous offrons pas seulement nos
vœux pour l'année qui commence, mais, au
lendemain du jour où les destinées de la na-
tion vous ont été confiées de nouveau, nous
sentons le devoir de vous exprimer nos res-
pectueuses et sincères félicitations, et nous
voulons que nos souhaits s'étendent à toute
cette période nouvelle que vous allez parcou-
rir. Vous connaissez trop bien les sentiments
qui nous animent pour qu'il soit nécessaîre
d'énumérer les vœux que nous formons et
d'en préciser la nature ; ils sont tous pour la
paix et la prospérité de la France. Aussi som-
mes-nous assurés que vous daignerez les
agréer comme des souhaits qui vous sont per-
sonnels et comme le gage de notre dévoue-
ment respectueux envers vous. »
Le président de la République a répondu :
a Je suis profondément touché des senti-
ments que le corps diplomatique m'exprime
en termes si obligeants par l'organe de son
éminent interprète. Je le remercie des félici-
tations qu'il m'adresse et des vœux qu'il forme
pour la France ; elle n'y peut mieux répondre
qu'en s'appliquant toujours à maintenir les
bonnes relations qu'elle entretient avec les
puissances que le corps diplomatique repré-
sente si dignement. »
Les réceptions ont été terminées à trois
heures.
Le président de la République a reçu jeudi,
à l'occasion du renouvellement de l'année, M.
Richard, coadjuteur de M. le cardinal Guibert,
archevêque de Paris, ce dernier n'ayant pu, à
cause du mauvais état de sa santé, se ren-
dre, suivant son habitude, au palais de l'Ely-
sée.
Suivant l'usage, M. Poubelle, préfet de la
Seine, a reçu hier , à deux heures , et
M. Gragnon, préfet de police, à, dix heures,
les fonctionnaires dépendant de leurs servi-
ces respectifs.
Des félicitations ont été adressées à ceux de
ces fonctionnaires qui viennent d'être déco-
rés.
«
+"<*
LES RÉCOMPENSES HONORIFIQUES
DU 1er JANVIER. — Parmi les décorations
attribuées par le ministre du commerce aux
négociants français qui ont participé à l'Ex-
position d'Anvers, il en est quelques-unes
qui nous causent un vif plaisir. Georges
Charpentier, l'éditeur de Zola, de Goncourt,
de Daudet, l'homme charmant dont tout le
monde estime le caractère et l'esprit, est sur
la liste ainsi que M. Marrou, le maître fer-
ronnier de Rouen, le ciseleur délicat à qui
nous devons des chefs-d'œuvre dignes des
meilleures époques de l'art; M. Jumeau, le
créateur du bébé ravissant qui fait la joie de
nos petites filles, et la nôtre par-dessus le
marché, car rendre heureux les enfants, c'est
du bonheur que nous nous donnons.
Les lecteurs du XIXe Siècle trouveront plus
loin la liste des « rubans violets », autrement
dit les décorations académiques.
Il y en d'étonnantes et de vraiment singu-
lières. On voit des hommes de la valeur d'Ar-
mand Silvestre et de Jacques Normand associés
à des personnages qui étaient déjà suffisam-
ment ridicules sans la « distinction » dont
on les accable.
Heureusement, les nominations de MM.
Krebs et Renard, les inventeurs des ballons
dirigeables, de notre ami et confrère Emile
Cère, Pougin, Febvre, de la Comédie-Fran-
çaise, et Carré, co-directeur du Vaudeville,
remettent un peu de cet étonnement.
M
•# «
NOTRE AMBASSADEUR A VIENNE. -
M. Foucher de Careil a quitté Paris mardi soir
pour rejoindre son poste.
Il avait été informé que l'empereur et l'im-
pératriche d'Autriche ne devaient point se
trouver à Vienne le lIr janvier. Mais une. dé-
pêche l'ayant prévenu mardi matin que l'em-
pereur et l'impératrice étaient, au contraire,
revenus de Gœdoeloe, et que Leurs Majestés
recevraient officiellement les représentants
des puissances étrangères, M. Foucher de
Careil s'est empressé de retourner à Vienne.
m
♦ *
UNE STATUE A PARMENTIER. — La
Société nationale d'encouragement pour l'a-
griculture a ouvert une souscription qui per-
mettrait d'élever une statue à Parmentier
et de perpétuer ainsi le souvenir de l'intro-
duction en Europe de la pomme de terre.
Le ministre de l'agriculture a informé la
Société qu'il s'inscrivait pour une somme de
1,000 francs. Le ministre pourrait sans incon-
vénient ajouter mille autre francs pour ten-
ter les cultivateurs et les engager à recher-
cher les moyens pratiques d'obtenir, en
France, une pomme de terre mangeable.
K
•*
CONFÉRENCE SUR LA POLITIQUE
COLONIALE. - Hier soir a eu lieu, à la salle
des Capucines, la conférence que nous avons
annoncée sur la politique coloniale.
Un mot du conférencier.
M. le baron Michel est un ancien officier de
vaisseau qui a commencé sa carrière mari-
time en Crimée. Il a été quelque temps rece-
veur général ; depuis de longues années, il
s'est adonné à l'étude des questions colonia-
les. Il y a quelques mois, il était envoyé en
mission par le ministre du commerce en Aus-
tralie.
A cette compétence spéciale que lui donne
les connaissances du pays dont il parle, M. le
baron Michel ajoute une grande précision de
langage ; sa parole est claire ; il sait trou-
ver la note gaie au milieu des démonstra-
tions les plus arides et parsème son discours
d'anecdotes piquantes dont il a été le plus
souvent le héros au cours de ea carrière de
marin et de voyageur.
Le sujet de la conférence était exactement
celui-ci : la Politique coloniale devant le
Parlement. En quelques traits, M. le baron
Michel a analysé rapidement la longue dis-
cussion qui s'est ouverte récemment devant
la Chambre à propos des crédits du Tonkin
et de Madagascar. Mais ce n'était là qu'un
hors-d'œuvre. Le conférencier a surtout in-
sisté sur ce qui a manqué dans tous les dis-
cours dont la question du Tonkin et de Mada-
gascar a fourni le thème.
Pourquoi sommes-nous allés au Tonkin?
Pourquoi avons-nous revendiqué nos droits
sur Madagascar? Simplement parce que nous
avons une marine de guerre à qui il faut as-
surer, en cas de conflit avec une puissance
maritime, des dépôts de charbon, des centres
de ravitaillement et des chantiers de répara-
tions.
Nous sommes en Cochinchine parce que les
Anglais sont dans l'Inde; nous sommes allés
au Tonkin comme les Anglais sont allés quel-
ques mois plus tard en Birmanie. Il y a pour-
tant cette différence entre les Anglais et nous
que l'Angleterre suit une politique coloniale
conçue d'après un plan méthodique, tandis
que la France marche par soubresauts et par
à-coups.
Il y en a une autre essentielle que M. le
baron Michel a pris soin de souligner. Les
Anglais laissent à leurs colonies une autono-
mie presque complète et à leurs colons le
droit de s'enrichir et une grande somme d'in-
dépendance. L'administration française des
colonies procède autrement ; pour elle, les
colons sont de simples tripoteurs suspects
par définition et les colonies des pays qu'il
faut assimiler coûte que coûte aux départe-
ments, à force de règlements conçus à Paris
et grâce à une armée de fonctionnaires im-
bus du même esprit d'uniformité.
Cet aperçu avait un intérêt particulier d'ac-
tualité et le conférencier a été vivement ap-
plaudi par son auditoire d'élite. Espérons
qu'il sera entendu par le futur ministre des
colonies.
LES FÊTES DU COMMERCE. — En rai-
son du grand succès obtenu pendant la jour-
née du 1er janvier, le comité des Fêtes du
commerce parisien a décidé qu'une seconde
grande fête de nuit aura lieu dimanche 3 jan-
vier.
Les portes du palais de l'Industrie resteront
ouverte de midi à minuit.
Prix d'entrée : deux francs.
Les enfants au-dessus de cinq ans et portés
sur les bras ne paient pas de droit au guichet
d'entrée.
Il sera délivré un billet de tombola à tous
les enfants.
A trois heures, tirage de la tombola au pied
de l'Arbre de Noël.
Les lots gagnés doivent être immédiatement
retirés.
Bals d'enfants, jeux divers, musique mili-
taire, représentation sur le théâtre de Noël,
séance de prestidigitation, la troupe Loyal,
les clowns Gay, pendant la fête de jour, de
deux à six heures.
A trois heures, sur l'un des parquets de la
danse, grand assaut d'armes, sous la prési-
dence de M. Waskiewicz, par MM. Paul Ruzé,
Frey, Raynaud, Gailhard,. Beltenfeld, Ad. Ruzé,
Denis, Varille, Mégée, IUrchoffer, Midelair,
Hissard, Louis Chartier, Rouleau, etc.
Le soir, de huit heures à minuit, orchestre
sous la direction de M. de Sivry ; représenta-
tions sur le théâtre de Noël; deux ballets, la
troupe Loyal et les clowns Gay au parquet de
la danse ; l'orchestre des Tziganes, sous la di-
rection de M. Martin Rigo, au pied de l'Arbre
de Noël.
A dix heures, sur le théâtre de Noël, le Pas-
sant, comédie en un acte et en vers de M.
François Coppée, jouée par Mmes Marie Co-
lombier et Hadamard, de l'Odéon.
JACQUES RAFFEY.
LA CIRCULAIRE DE M. DE FREYCINET
On connaît assez mal en France l'atti-
tude prise par le gouvernement français
dans la question des Balkans; tout au
moins n'avait-on que des indications va-
gues sur les vues personnelles que l'ho-
norable M. de Freycinet avait cherché à
faire prévaloir dans la conférence de
Constantinople dès le début de l'insurrec-
tion rouméliote et après l'entrée des Ser-
bes en Bulgarie. 1
M. de Freycinet s'est chargé de faire la
lumière sur ce côté de notre politique
étrangère et a adressé à nos agents diplo-
matiques une longue circulaire qui, datée
du 3 décembre, a été, paraît-il, télégra-
phiée hier de Vienne à un journal du
soir.
Il y a dans les événements qui se dé-
roulent dans la péninsule des Balkans
trois périodes distinctes : la révolution de
Roumélie ; la déclaration de guerre de la
Serbie ; l'intervention de la Porte en Rou-
mélie.
L'honorable ministre des affaires étran-
gères, dans la circulaire qui nous occupe,
rappelle quelle a été l'attitude du gouver-
nement français dès qu'il a eu connais-
sance du mouvement rouméliote du 18
septembre.
« Le lendemain, dit M. de Freycinet, je
chargeais nos représentants auprès des
grandes puissances de leur signaler
l'urgence qu'il y aurait à recommander
aux Etats voisins de s'abstenir de toute
manifestation qui serait de nature à avoir
des contre-coups sur d'autres parties de
l'empire ottoman, et sans attendre leur.
répcwse, qui d'ailleurs ne nous paraissait
pas douteuse, nous adressions des instruc-
tions dans ce sens à nos agents à Belgra-
de, à Athènes et même à Bucharest, quoi-
que la prudence du gouvernement rou-
main nous donnât de ce côté une sécurité
beaucoup plus grande. »
Quelques jours plus tard, le gouverne-
ment français suggérait l'idée d'une en-
tente entre les puissances en vue d'écarter
les périls imminents et de préparer les
éléments d'une solution satisfaisante.
Cette idée a pris corps dans une propo-
sition de la Russie qui invitait les ambas-
sadeurs des puissances à Constantinople à
se réunir à bref délai pour convenir d'un
langage identique à tenir à la Porte et au
prince de Bulgarie. »
Le gouvernement français était prêt à
toute éventualité et M. de Freycinet l'indi-
que en un langage très précis.
« Depuis le 29 septembre, M. de Noailles
était en possession d'instructions détail-
lées. Le gouvernement de la République
était dès lors préparé à entrer dans le vif
de la question. Ne pouvant être suspects
de tiédeur dans nos sentiments à l'égard
de l'empire ottoman, dont nous avons tou-
jours désiré la consolidation et la prospé-
rité, nous n'avons pas pensé qu'il fût né-
cessaire de renfermer la recherche des
solutions dans le cercle des palliatifs in-
suffisants pour le maintien de la paix gé-
nérale. M. de Noailles était en conséquence
autorisé à se rallier à la majorité de ses
collègues, si cette majorité se prononçait
dans le sens de satisfactions à donner aux
aspirations des populations rouniéliotes.
Mais nous entendions que, loin de tourner
au préjudice des intérêts vitaux de l'em-
pire ottoman, les amendements à intro-
duire dans le régime établi par le traité de
Berlin eussent au contraire pour résultat
de contribuer à l'affermissement de ses
droits et de son autorité ; tels seraient par
exemple la réglemeutation pratique de
l'occupation militaire des Balkans et le
payement régulier du tribut bulgare, tou-
tes stipulations qui sont restées jusqu'ici
à l'état de lettre morte. »
Ces vues ne furent pas adoptées par
suite de circonstances sur lesquelles il n'y
a pas à insister. Après des tiraillements,
des attermoiements peu justifiés , la
pseudo-conférence s'en tint à une note
« destinée à rappeler le prince de Bulgarie
et les populations rouméliotes au senti-
ment de leurs devoirs envers la Turquie ».
Cette note tardive et laborieuse ne fut
communiquée à la Porte que le 14 et pro-
duisit l'effet qu'on pouvait attendre de cet
appel platonique à la modération. Dès le
13 octobre, le ministre des affaires étran-
gères avait « signalé les dangers de ces
attermoiements préliminaires ». L'événe-
ment justifia ses appréhensions. Le mou-
vement rouméliote allait se. propageant et
les Etals voisins, sauf b. Roumanie, ne
faisaient point mystère de leurs senti-
ments belliqueux.
C'est alors qu'apparut la nécessité de
convoquer une conférence qui aurait mis-
sion de chercher la solution des difficultés
« surgies dans la Roumélie orientale, cette
solution devant avoir essetiellement pour
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