Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-04-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 28 avril 1885 28 avril 1885
Description : 1885/04/28 (A15,N4861). 1885/04/28 (A15,N4861).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Quinzième année. — N° 4861
Prix du numéro à Paris : 15 centimes — Départements : 20 centimes
Mardi 28 Avril 4885
.&
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ActiÓns Rio. 220.
Hongrois. 76 3/8, 1/2, 7/16.
BULLETIN
Aucune solution officielle n'est encore
intervenue à cette heure entre la France
et le gouvernement du khédive. Mais la
suspension des relations diplomatiques
paraît devoir amener à bref délai une ter-
minaison pacifique du différend, arrange-
ment tout en notre faveur. Essad-Pacha
a eu, comme on sait, une entrevue avec
M. de Freycinet au sujet de cette affaire
du Bosphore. M. de Freycinet aurait, dit-
on, nettement déclaré à l'ambassadeur de
la Porte qu'il considérait le gouvernement
khédivial comme seul responsable, aux
termes des firmans, de tout ce qui a trait
à l'organisation intérieure de l'Egypte.
Hier, M. Waddington s'estentretenu avec
lord Granville de l'affaire du Bosphore, et
le soir même, à la Chambre des com-
munes, lord Fitz-Maurice, répondant à
M. Bartlett, a dit que le gouvernement
anglais est à la veille d'arriver à un arran-
gement avec la France, arrangement qui
serait honorable pour les deux puissances
et aussi pour le khédive.
En attendant, M. Saint-René Taillan-
dier est à Alexandrie, où la colonie euro-
péenne lui a fait une réception enthou-
siaste. Au Caire et à Alexandrie, le bruit
court, en s'accréditant, que Nubar sera
obligé de donner sa démission.
Les nouvelles du conflit anglo-russe
sont contradictoires. Cependant l'hypo-
thèse d'une médiation de l'Allemagne n'a
que peu de partisans. Les préparatifs mi-
litaires sont poussés, de part et d'autre,
avec une activité plus grande que jamais.
L'agence Reuter publie l'information
suivante, que nous reproduisons sous tou-
tes réserves :
« La guerre entre l'Angleterre et la Rus-
sie est inévitable.
» On assure que le tzar partira aujour-
d'hui pour Moscou, d'où il lancera un
manifeste. »
L'impression pessimiste est celle qui
domine dans tous les cercles diplomati-
ques.D'ailleurs, en lisant les journaux an-
glais, on y constate aisément qu'ils ont
presque complètement perdu l'espoir d'un
arrangement pacifique. Voici ce qu'écrit
le I imes :
« Quoi qu'il en soit, l'échange de vues
entre la Russie et l'Angleterre ne sau-
rait continuer indéfiniment. La suspen-
sion des relations diplomatiques est deve-
nue presque inévitable, sans que le dé-
part des ambassadeurs implique le com-
mencement immédiat des hostilités. Il est
douteux que les nouvelles propositions
qui sont parties pour Saint-Pétersbourg
satisfassent la Russie. »
A la Chambre des communes, hier, M.
Gladstone, répondant à M. Gourley, qui de-
mandait au gouvernement s'il accepterait
la médiation des Etats-Unis, a opposé à
cette demande une fin de non-recevoir.
M. Gladstone a ajouté : « Nous sentons
profondément la responsabilité qui nous
incombe de conserver intact l'honneur du
pays, en même temps que notre devoir
d'user de tous les moyens pour éviter une
guerre. »
M. Gladstone, répondant à sir Stafford
Northcote, a déclaré que le général Lums-
den a chargé M. Stephen d'aller à Londres
porter à lord Granville les renseignements
les plus circonstanciés sur le combat du
30 mars.
La discussion s'est ensuite engagée sur
les crédits de onze millions de livres ster-
ling. M. O'Connor a déposé un amende-
ment tendant à la division des crédits.
Cet amendement a été combattu par M.
Gladstone, qui a dit que le gouvernement
ne veut nullement affecter au Soudan ces
crédits spéciaux, mais qu'il pourrait af-
fecter aux préparatifs spéciaux les crédits
demandés pour le Soudan.
L'amendement de M. O'Connor a été re-
jeté par 229 voix contre 186. Les conser-
vateurs ont voté pour l'amendement.
Après un long discours de M. Gladstone,
chaleureusement applaudi, le crédit de
onze millions de livres sterling a été
adopté sans discussion et à l'unanimité
par acclamation.
Des dépêches particulières de Constanti-
nople confirment la nouvelle que le con-
cours de la Turquie serait acquis à l'An-
gleterre.
Le gouvernement anglais aurait offert à
la Porte 4 millions de livres sterling pour
laisser, en cas de guerre, le libre passage
de la flotte britannique dans les Darda-
nelles.
Le journal persan Shems annonce d'après
des renseignements qui lui sont adressés
de Hérat, que depuis 1878 il existe entre
la Russie et la Perse un traité en vertu
duquel cette dernière puissance autorise
les Russes, en cas de guerre avec l'Angle-
terre, a passer sur son territoire et à se
porter sur Hérat par la vaPlée de l'Atrek.
On mande du fort Qu'Appelle au Stan-
dard qu'après plusieurs heures d'un com-
bat acharné Riel, le chef des métis cana-
diens insurgés, a été défait à Batouches et
a subi des pertes considérables.
QUESTION DU JOUR
L'amnistie
On avait annoncé, ces jours-ci, que
le conseil des ministres avait été saisi
de la question de l'amnistie. La chose a
été démentie ensuite et on nous a dit
que cette question ne viendrait sur le
tapis qu'au moment où les Chambres
seront de nouveau réunies, c'est-à-dire
dans quelques jours.
J'imagine que le ministère, qui laisse
courir toutes sortes de bruits contra-
dictoires à ce propos, ne sait pas en-
core très bien lui-même ce qu'il veut
faire ! C'est pourquoi il est encore utile,
d'exprimer sur ces matières délicates,
ce que nous croyons être l'opinion rai-
sonnée des républicains modérés et
hommes de gouvernement. Il est certain
que par humanité, par esprit de justice
et aussi par politique, au moment des
élections, il faut faire quelque chose
pour un assez grand nombre de con-
damnés politiques. Mais il faut bien
s'entendre sur ce quelque chose qui est
à faire et savoir mesurer la distance
profonde qui sépare l'amnistie de la
grâce.
Nous sommes, et ce n'est pas d'au-
jourd'hui, partisans résolus de grâces
nombreuses octroyées par l'Etat, et
nous ne sommes pas moins adversaires
résolus d'une nouvelle loi d'amnistie
proposée aux Chambres.
On sait la différence qui existe entre
l'amnistie et la grâce.
L'amnistie, philosophiquement, efface
jusqu'au souvenir des faits qui ont mo-
tivé la condamnation de l'amnistié. Lé-
galement, elle fait disparaître, sans au-
cune espèce de réserve, tous les effets
de cette condamnation.
Il n'en est pas ainsi de la grâce :
même s'étendant à un très grand nom-
bre de condamnés, la grâce reste une
mesure particulière à chacun d'eux.
Elle est le pardon de la peine, non l'ou-
bli du crime ou du délit. Elle se motive
par la bonne condùite de celui qui en
est l'objet. Elle n'abolit pas certains
effets légaux du jugement. Enfin l'am-
nistie est un acte 0 de politique et la
grâce un acte d'humanité.
Or, dans la situation actuelle, un acte
de clémence du gouvernement serait le
bienvenu, et le vote d'une amnistie par
la Chambre constituerait, à notre sens,
une grande faute. Si demain le ministère
proposait à M. le président de la Répu-
blique de remettre en liberté Mlle Louise
Michel, M. Emile Gauthier, M. Crié, un
certain nombre de journalistes ou d'ou-
vriers compromis dans les mouvements
socialistes, M.leprinceKropotkine, etc.,
nous applaudirions à cette initiative.
Elle serait approuvée, nous n'en dou-
tons pas, par le président de la Répu-
blique, dont la philanthropique bienveil-
lance s'étend trop volontiers sur des
criminels de droit commun vraiment
peu intéressants pour qu'il ne lui reste
pas une large dose d'indulgence à l'é-
gard de criminels politiques.
Mais, tout d'abord, la grâce ne dé-
sarme pas entièrement le pouvoir vis-à-
vis du gracié. Quand elle prend la forme
d'une simple remise de peine, elle peut
laisser subsister certaines interdictions
de droit. Elle permet encore, lorsqu'elle
s'applique à des étrangers de les faire
sortir de prison pour les reconduire a
la frontière, ce qui me paraît la mesure
la plus légitime du monde à l'égard
d'hommes d'une autre race qui viennent
prendre notre pays pour terrain de
leurs expériences révolutionnaires.
De plus, si *la grâce n'est pas un
amoindrissement pour qui la reçoit,
.elle n'est pas un piédestal. Il n'en
est malheureusement pas ainsi de l'am-
nistie. Lorsque, avec Gambetta, nous
avons défendu l'amnistie sans aucune
réticence, on nous disait - et M. Clé-
menceau doit s'en souvenir s'il garde
aussi bien la mémoire de ce qu'il dit
que la mémoire de ce qu'il entend, —
on nous disait que les amnistiés revien-
draient prendre place au foyer, ayant
oublié les maux qu'ils avaient souffert,
comme on nous demandait d'oublier
nous-mêmes les fautes ou les crimes
qu'ils avaient commis. Or il s'est trou-
vé nombre d'amnistiés qui n'avaient
rien oublié du tout et qui se sont fait
de simples titres électoraux des actes
motivant leur condamnation. Nous nous
doutions bien de la chose ! Mais, comme
dit le proverbe, « quand on se laisse
tromper deux fois « , uand on se laisse
tromper deux fois il faut en vouloir, la
première au trompeur, et la seconde à
soi seul ». Nous ne voulons pas faire
métier de dupe et par conséquent, prêts
au pardon, nous ne le sommes pas à la
comédie de l'oubli.
La grâce, d'ailleurs, octroyée par le
président de la République, servira po-
litiquement l'ensemble du parti républi-
cain. Si, au contraire, un vote d'amnis-
tie était demandé aux députés, il pour-
rait se faire que de très bons républi-
cains, rejetant cette mesure en leur
âme et conscience, soient dénoncés à
certains de leurs électeurs et contraints
peut-être à agir sans liberté et sans di-
gnité ou à voir exploiter contre eux la
sentimentalité du public.
Nous avions demandé au ministère
Ferry, alors même que certains jour-
naux intransigeants n'y pensaient guère,
la grâce du prince Kropotkine, qui est
un illuminé; celle de Mlle Michel, qui
est une brave femme, malgré ses fo-
lies ; celle de M. Gauthier, qui est peut-
être un repentant; celle de certains
journalistes entraînés par le métier et
celle de certains ouvriers égarés par
les utopistes.
Nous regrettons infiniment que le
cabinet précédent n'ait pas octroyé ces
grâces et nous demandons au nouveau
ministère d'en prendre l'initiative et
d'en étendre le nombre.
Mais l'octroi des grâces aux condam-
nés politiques ne doit jamais être un
acte de faiblesse, et pour qu'un cabi-
net puisse l'accomplir sans devenir sus-
pect aux uns et sans être méprisé des
autres il faut que par ses actes et ses
paroles il fasse clairement voir qu'il
obéit à une pensée d'humanité et qu'il
ne cède pas à une menace. Il doit éta-
blir, avant toute chose, sa fermeté ; et
il convient que, lorsqu'il laisse ouverts
les portes des prisons par où sortent
les condamnés qui se sont mis en ré-
volte contre la loi, on sache qu'il les
laisse également ouvertes pour y faire
entrer ceux qui seraient tentés de les
imiter.
HENRY FOUQUlER.
M. Clovis Hugues, comme plusieurs de
ses collègues de l'Extrême-Gauche, voyage
en ce moment. M. Giard vient de le pré-
senter à ses électeurs du Nord dans une
réunion à laquelle assistaient quatre mille
personnes. M. Clovis Huges a parlé de
l'utilité des bataillons scolaires, et à ce
propos le député-poète a passé en revue
bien des choses ; les diverses parties de
son discours ne sont reliées que par le fil
d'or de sa vagabonde fantaisie.
Parmi les choses qu'a dites M. Clovis
Hugues, il en est que nous estimons fort
sensées, mais qui ne sont pas pour plaire
à la Justice et aux doctrinaires de l'Ex-
trême-Gauche, comme sont M. C. Pelletan
et M. H. Rochefort. C'est ainsi que M. Clovis
Hugues a déclaré qu'il était heureux, bien
qu'ayant contribué à renverser M. J. Ferry,
de lui rendre hommage et de le remercier
au nom de la France républicaine pour
avoir accompli l'œuvre de l'instruction
gratuite, laïque' et obligatoire. Voici en
quels termes M. Clovis Hugues a proclamé
la nécessité de l'union des républicains.
Je disais tout à l'heure Jque dans quelques
départements la réact ion semblait lever la
tête. Si j'étais dans mon département, je vous
dirais : Repoussez les opportunistes, faisons
une liste aussi foncée que possible ; mais ici
je vous dirai : Unissez-vous: pas de désunion
au moment de la bataille; rappelez-vous le
16 Mai; la victoire est restée aux républicains
unis. (Applaudissements.)
Méfiez-vous de ceux qui viendront vous
présenter des listes élaborées en dehors de
vos comités; ne voyez en eux que des agents
provocateurs. (Longs applaudissements.)
Pas de récrimination, pas de question du
Tonkin. Allez à la victoire en employant
l'arme légale, c'est-à-dire le bulletin de vote.
Ce n'est pas M. Clovis Hugues qui aurait
conseillé l'abstention aux délégués radi-
caux de la Gironde, en face de la candida-
ture de M. le duc Decazes, comme l'a fait
un moment la Victoire, à qui la Justice a
donné, ce semble, son approbation tacite.
On voit aussi que M. Clovis Hugues est sin-
gulièrement plus modéré que bon nombre
de ses collègues de l'Extrême-Gauche, y
compris M. Maret, qui ne font aucune dif-
ficulté d'annoncer pour un jour prochain
leur descente dans la rue. Nous ne sau-
rions trop louer le sage et patriotique
langage de M. Clovis Hugues. Il a été
fort applaudi, nous le constatons avec
plaisir, ainsi qu'une aimable pièce de
vers de M. Clovis Hugues, la Petite Cousine,
que le député de Marseille a bien voulu
réciter après avoir prêché l'union néces-
saire des forces républicaines.
NOUVELLES PARLEMENTAIRES
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
La commission du budget
La réunion de la commission du budget,
qui reprenait, hier ses travaux interrompus
depuis le 9 avril, avait amené une quaran-
taine de députés dans les couloirs du Palais-
Bourbon.
On s'entretenait des élections sénatoriales
de dimanche et des prochaines élections lé-
gislatives. Les impressions rapportées par
les députés de leurs départements étaient
très favorables au succès de la cause répu-
blicaines. Il est dès à présent certain que les
idées d'union triompheront et que dans les
trois quarts des départements les républicains
se présenteront aux électeurs avec une liste
unique. Grâce à cette concentration des for-
ces, on peut s'attendre à un éclatant triom-
phe de la République. Le nombre des dépar-
tements dans lesquels le succès des candidats
républicains reste contesté ne dépasse pas
une dizaine.
Les trois sous-commissions du budget
étaient convoquées pour une heure et demie,
mais les commissaires étant arrivés en re-
tard, les sous-commissions n'ont pas pu déli-
bérer.
A deux heures, la commission générale a
siégé sous la présidence de M. Rouvier.
Etaient présents : MM. Ribot, Wilson, Co-
chery, Jules Roche, Baïhaut, Rousseau, de
Lanessan, Ballue, Carret, Silhol, Viette, Ro-
dât, Ch. Ferry, Escande, Jullien, Lepère,
Thomson, Peytral, Lelièvre, Labuze, Gerville-
Réache et Maunoury ; soit, avec le président,
M. Rouvier, vingt-trois membres.
La commission ne comptant plus que
trente et un membres, par suite de la nomi-
nation de M. Hérault et Cavaignac aux fonc-
tions de sous-secrétaires d'Etat, il s'ensuit que
pas à la séance.
Le président a constaté tout d'abord que
l'ensemble du projet de budget pour 1886,
avec les tableaux annexes, n'avait été dis-
iabué qwe le matin même aux membres de
Iw commission. Dans ces- conditions, ceux-ci
n'avaient pu les étudier pendant les va-
cances.
La discussion s'est ensuite engagée sur la
marche que la commission devra suivre dans
ses travaux.
M. Cochery a proposé d'examiner tout d'a-
bord le budget aes recettes, faisant valoir
qu'il importait de connaître le chiffre exact
des ressources financières avant de discuter
les dépenses.
MM. Rouvier et Jules Roche ont combattu
cette manière de procéder comme contraire
à tous les usages.
44 proposition de M. Cochery a été* par
suite écartée à une grande majorité.
M. Jules Roehe, rapporteur général, a été
seulement chargé d'aller trouver M. Sadi Car-
not, ministre des financés, pour l'inviter à se
rendre devant la commission à l'effet de lui
fournir des explications sur la situation finan-
cière en général.
M. Escande a demandé la mise en adjudica-
tion des bureaux de tabac. Il aurait voulu
que la commission s'appropriât les conclu-
sions d'un rapport déposé par lui l'année
dernière à ce sujet sur le bureau de la Cham-
bre. La commission a refusé de suivre M. Es-
cande dans cette voie.
M. Viette ayant déclaré pouvoir faire au-
jourd'hui son rapport verbal sur le budget de
l'agriculture, la commission s'est ajournée à
cette après-midi pour l'entendre. M. Viette a
eu dans la soirée une entrevue avec M. Her-
vé-Mangon, ministre de l'agriculture.
Demain mercredi, la commission entendra
le rapport de M. Saint-Prix sur le budget des
postes et télégraphes.
Jeudi elle entendra celui de M. Maunoury
sur le budget des cultes. M. Maunoury pro-
pose la suppression du crédit de 1,100,000 fr.
pour les chanoines, qui n'a été maintenu par
la Chambre au budget de 1885 qu'à une ma-
jorité de quelques voix.
M. Jules Roche, de son côté, se propose de
demander la suppression du crédit relatif auy
vicaires.
M. Rouvier, député des Bouches-du-
Rhône et ancien ministre du commerce,
s'gsLftendu ces jours-ci à Marseille, et iLa
prononcé un important discours dans les
salons du cercle de l'Athénée méridional.
Voici en quels termes la Provence répu-
blicaine rend compte de cette réunion :
L'ancien ministre du commerce a com-
mencé par déclarer que ce n'était pas le mo-
ment de rendre compte de son mandat ni de
fournir des explications. Ce qu'il faut à M.
Rouvier, ce qu'il demande, c'est la contro-
verse au grand jour, devant une nombreuse
réunion d'électeurs loyalement et librement
convoqués. Le jour de cette réunion viendra,
et M. Rouvier ne se dérobera à aucun des de-
voirs qui découlent de son mandat près d'ex-
pirer, mais dont il se propose de demander
le renouvellement.
Il espère, d'ailleurs, que la politique qu'il a
toujours suivie, politique qui a pour but la
consolidation de la République et son déve-
loppement dans le sens du progrès continu et
des réformes efficaces, triomphera dans un
avenir prochain, comme elle a triomphé dans
le passé et comme ello s'impose dans le
présent. Appelé à Paris par les obligations
que lui crée sa situation de président de la
commission du budget, M. Rouvier viendra,
en temps utile, se mettre à la disposition de
ses amis et de tous les électeurs du départe-
ment.
Ces paroles de M. Rouvier ont été très
applaudies.
»■ 1 ———————
A la suite du vote du 30 mars, le comité
central républicain de la première circons-
cription de Lyon avait publié un manifeste
blâmant les députés du Rhône d'avoir voté
contre M. Ferry. M. Ballue avait aussitôt
offert sa démission ; mais le comité, sans
l'accepter, s'était borné à inviter M. Ballue à
venir s'expliquer devant ses électeurs.
La réunion a eu lieu samedi soir en pré-
sence de 700 électeurs environ. M. Ballue a
déclaré que son vote est le résultat d'une vo-
lonté réfléchie. Jusqu'au 30 mars, il a soutenu
le ministère Ferry, parce qu'il était persuadé
que le ministère mènerait à bien l'expédition
du Tonkin.
Mais la dépêche qu'il faut regretter à tous
égards du général Brière de l'Isle a prouvé,
selon M. Ballue, que M. Ferry' n'avait pas pris
toutes les dispositions réclamées par notre
situation au Tonkin.
M. Ballue, en réponse à M. Dizin, a déclaré
qu'il ne « voulait pas accabler les vaincus» ;
mais il a ajouté que le ministère était coupa-
ble de négligence, et que le 30 mars il devait
être renversé, — peut-être pour revenir le
lendemain.
L'assemblée a adopté l'ordre du jour suivant :
« Le comité central de la première circons-
cription du Rhône, considérant que, malgré
les divergences de vues qui ont pu exister un
instant entre lui et son député M. Ballue, sur
une situation particulière, ce dernier n'en
conserve pas moins sa confiance, passe à
l'ordre du jour. »
-——————— ———————
NOUVELLES DE CHINE
Il est inexact que le ministre de la guerre
ait envoyé au colonel Herbinger l'ordre de
rentrer en France.
*
* *
Le ministre de la guerre a reçu hier le der-
nier courrier du Tonkin.
Ce courrier contient un rapport officiel qui
donne les détails se rapportant aux opéra-
tions de la colonne du général de Négrier
dans sa marche sur Langson, et à celles de
la brigade Giovanninelli devant Tuyen-Quan.
Ce rapport sera prochainement inséré dans
le Journal officiel.
* *
Par décision ministérielle du 24 avril 1885,
M. l'abbé de Boude (Adolphe) a été nommé au-
mônier militaire au corps du Tonkin.
LA FORTERESSE DE METZ
Metz, 26 avril.
Quand on n'a pas visité la nouvelle fron-
tière depuis la guerre de 1870, on ne peut
se figurer quelles modifications les tra-
vaux de fortification entrepris dans ces
dernières années ont apportées dans la
configuration nhvsiaue du navs. --
- De Montmédy à Bêifort sur le territoire
français, de Thionville à Strasbourg en
Alsace-Lorraine, on aurait peine à se re-
connaître. La plupart des collines ont été
dépouillées, pour la construction de forts,
des bois touffue qui les couronnaient jadis,
et l'on n'aperçoit plus de loin que leurs ci-
mes grises, tristes et dénudées.
Les arbres, coupés au ras du sol, bour-
geonnent et forment une vaste broussaille
à la place des grandes forêts d'autrefois.
Les coteaux, couverts de vignes et de jar-
dins, qui formaient, il y a quinze ans,
comme d'immenses nappes de verdure,
sont sillonnés aujourd'hui de lignes gri-
sâtres, routes militaires, plans inclines,
tranchées, excavations de toute sorte.
Dans les environs de Toul et de Verdun,
le spectacle est navrant ; il en est de même
à Metz. Tout autour de la ville, on a dé-
boisé des collines charmantes, on a détruit
des paysages ravissants, abattu les grands
arbres séculaires, rasé les maisonnettes,
enlevé les vignes, tout ce qui rendait au-
trefois si gai et si riant le pauvre pays
messin.
Partout des forts, des fortins, des redou-
tes, des batteries avancées, garnis de ca-
nons monstres et remplis d'une grouil-
lante population de soldats aux uniformes
multicolores, depuis le Prussien à la tu-
nique sombre jusqu'au Brunswickois noir
et malpropre, jusqu'au bleu Bavarois.
Les travaux de fortification de Metz sont
aujourd'hui complètement terminés. Ils
ont été commencés quelques années avant
la guerre de 1870 par le génie français, qui
avait entrepris la construction autour de
la place de cinq forts détachés. Les tra-
vaux étaient à peine commencés au mo-
ment de la déclaration de guerre.
Les Allemands ont conservé les disposi-
tions prises par les Français et ont conti-
nué les travaux entrepris par ceux-ci. En
outre, ils ont élevé quatre nouveaux forts
qui complètent le système défensif de la
place.
Metz est aujourd'hui la forteresse la
plus puissante de l'Europe avec sa double
enceinte bastionnée, sa ceinture d'ouvra-
ges formidables, ses immenses arsenaux,
ses nombreuses casernes.
Je laisse de côté pour aujourd'hui l'en-
ceinte bastionnée, sur laquelle j'aurai sans
doute l'occasion de revenir pendant le sé-
jour que je fais à Metz. Je ne veux vous
parler que des forts.
Ces forts sont, comme je le dis plus
haut, au nombre de neuf, quatre sur la
rive droite de la Moselle et cinq sur la rive
gauche.
Le plus important et le plus puissant
est le fort du prince Frédéric-Charles (fort
Saint-Quentin). Il est construit sur la col-
line la plus élevée des environs de Metz,
du côté de la France, à l'endroit même où,
d'après la tradition, étaient établies les
batteries de l'empereur Charles-Quint,
lors du siège mémorable de 1552.
De ce fort on domine toute la vallée de
la Moselle, depuis Thionville au nord jus-
qu'à Pont-à-Mousson au sud, et, à l'est,
on aperçoit les vastes plateaux de Grave-
lotte, de Mars-la-Tour, de Saint-Privat, où
se livrèrent les sanglantes batailles des
16 et 18 août 1870.
il II y a cinq ou six ans, je ne sais plus à
l'aide de quel subterfuge je parvins à pé-
nétrer dans le fort Saint-Quentin et à le par-
courir pendant une bonne heure. Bien en-
tendu, je me suis soigneusement gardé de
prendre des notes, pour ne pas éveiller les
soupçons des Allemands qui m'entou-
raient. Mais j'ai retenu de ma visite quel-
ques détails que je crois intéressants.
Ce qui m'a le plus frappé dans ce fort,
c'est la simplicité de la construction. La
défense extérieure consiste en un sim-
ple parapet de terre dont l'épaisseur rend
les fossés inutiles. Les canons sont dispo-
sés par couples ; entre chaque couple se
trouve une casemate pour abriter les ser-
vants de batterie.
Tous les bâtiments du fort, magasins et
casernes, sont complètement couverts de
terre et les portes en sont blindées. Enfin,
à l'extrémité ouest, se trouve une petite
tour de fer armée de deux gros canons qui
portent, si je ne me trompe, à 12 ou 15 ki-
lomètres, c'est-à-dire qui peuvent lancer
des projectiles sur le territoire français.
Le fort Saint-Quentin occupe une super-
ficie d'environ 1,800 mètres carrés, et peut
contenir une garnison de 3,000 hommes.
Les autres ouvrages extérieurs de Metz
sont moins importants. Sur la rive gauche
de la Moselle, du côté de France, nous
trouvons, en partant du nord, le fort
Saint-Eloy (fort Hindersin), commencé en
1879 et terminé à la fin de 1882 ; le fort de
Woippy (fort Kameke), construit en 1875 ;
le fort de Plappeville (fort Alvensleben) ;
le fort Mannstein, construit en 1872 sur
l'extrême frontière. Ces quatre forts ser-
vent d'appui au fort Saint-Quentin qu'ils
entourent.
Sur la rive droite de la Moselle, du côté
de l'Allemagne, le fort Saint-Julien (fort
Manteuffel) ; le fort des Bordes (fort Zas-
trow), construit près du champ de bataille
de Borny ; le fort de Queuleu (fortGoeben),
et le fort de Saint-Privat (fort prince de
Wurtemberg).
Aujourd'hui, avec sa ceinture de forts,
Metz forme un vaste camp retranché de
près de 30 kilomètres de tour, qui com-
prend, outre la ville, une quinzaine de
riches villages et un grand nombre de fer-
mes et de maisons isolées.
Ai-je besoin d'ajouter que Metz est im-
prenable et que, malgré leur nombre et
leur courage, les descendants des vain-
queurs de Sébastopol ne pourront jamais
rien, par la force, contre d'aussi formida-
bles obstacles ?
Metz sera rendue un jour à la France,
mais d'une autre façon.
JUSSY.
Autour de Tuyen-Quan
Le Journal officiel va publier prochaine-
ment le rapport du général Brière de l'Isle
sur les opérations de la première brigade
autour de Tuyen-Quan.
Nous recevons du Tonkin un récit très
intéressant de ces opérations et aussi la
relation émouvante du siège soutenu hé-
roïquement par la petite garnison de Tuyen-
Quan.
En raison de son étendue, nous ne pou-
vons publier qu& les parties les plus sail-
lantes de cette correspondance :
LA BATAILLE DE HAO-MOC
•
On cantonne le soir à quatre kilomètres
des positions chinoises. Des fusées sont tirées
pour annoncer notre arrivée à la garnison
bloquée.
Le 2 mars, à onze heures et demie, les
troupes font la grande halte ; nous sommes
en vue d'un fort chinois situé à environ trois
kilomètres de nous. L'endroit où nous nous
trouvons s'appelle Hao-Moc.
Le colonel Giovanninelli se porte en avant
pour reconnaître la position et prend ses dis-
positions pour le combat.
A une heure, l'artillerie étant en position
ouvre le feu contre les retranchements chi-
nois, masqués en grande partie par de hautes
herbes. Les Chinois ne répondent pas, n'ayant
rien à craindre derrière leurs fortifications.
En arrière et sur notre gauche sont des
flancs-gardes pour observer le terrain dans le
cas où l'ennemi chercherait à nous attaquer
de ce côté ; à droite, nous avons la rivière
Claire.
La compagnie Granier se porter eo-avant
en suivant la route ; elle arrive à-enrion 60
mètres du retranchement qui baraaÈlâ route
et qui est protégé par une patfcsadé de
bambous très solide. La batterùt Jourdy,
ainsi qu'une partie de la batterie 4>eWcau<ï,
sont placées sur un mamelon bordant la route;
elles tirent à 800 mètres ; un peu plus loin,
en arrière et sur le bord de la rivière, 2 piè-'
ces de la batterie Péricaud tirent à 1,200 mè-
tres sur les retranchements chinois touchant
la rivière. Les casemates des Chinois ne pa-
raissent pas atteintes par ce tir.
Le capitaine Granier déploie ses tirailleurs
tonkinois, mais à cause des petits piquets que
les Chinois ont plantés en terre on n'avance
guère ; cependant ils arrivent à vingt-cinq t
mètres des retranchements chinois, sans rien
voir, lorsque soudain une fusillade terrible
partie du retranchement jette à terre un tiers
de l'effectif de la compagnie qui ne bronche
pas, mais ne peut rien contre le feu d'un en-
nemi invisible. Le capitaine Granier reçoit six
balles dans ses vêtements sans être touché ; ;
des Chinois cachés dans les roseaux enlèvent
quelques tirailleurs tonkinois et leur coupent
la tête.
A quatre heures, la bataille est dans son
plein. Même à l'ambulance, où successive-
ment sont portés les blessés tonkinois, les
turcos, le capitaine Rollande, frappé mortel-
lement, et plusieurs autres officiers, on n'est
pas en sûreté ; les balles sifflent de tous côtés
et viennent casser les branches des arbres
sous lesquels nous nous trouvons.
Le colonel Giavanninelli, depuis le com-
mencement de l'engagement, accompagné de
son chef d'état-major, le commandant de La-
croix, et de ses deux officiers d'ordonnance
Schmit et de Beher, est partout, à droite, à
gauche, en arrière, se rendant compte de
tout et sachant profiter de tous les avantages
qui se présentent. A quatre heures, il vient
conférer avec le général en chef ; l'heure s'a-
vance, les Chinois tiennent toujours, et il
faut cependant, avant la chute du jour, les
forcer à quitter leurs retranchements. A cinq
heures, le bataillon Maillane rentre en ligne
suivi du bataillon Lambusais ; il faut coûte
que coûte enlever la position des Chinois.
Nos petits soldats fatigués et lourdcmont
chargés, s'avançaient tranquillement comme
à un jour de revue, les uns fumant tranquil-
lement leurs cigarettes ou leurs pipes, les
autres en causant de la façon la plus natu-
relle du monde et probablement de Lavenir.
Auboutd'un instant, ils disparaissent derrière
les hautes herbes ; ils n'ont pas encore pris
leur formation de combat que des blessés
sont portés en arrière.
L'artillerie augmente son tir, puis on en-
tend le clairon qui sonne la charge. Malheu-
sement nos braves soldats se buttent à une
palissade de bambous très solide qui les ar-
rête ; ils ne se découragent point ; il faut
vaincre ou mourir, car à douze kilomètres de
là leurs camarades les attendent et il faut
les délivrer.
Sous une pluie de plomb, à coups de crosse
de fusil et à dix mètres des meurtrières chi-
noises, ils cherchent à se frayer un passage ;
enfin quelques bambous cèdent. On saute
dans les retranchements. Les Chinois se font
tuer sur place. De part et d'autre, c'est un
combat acharné, sans pitié ni merci. Enfin, à
six heures et demie, nous étions maîtres des
retranchements et de tous les blockhauss-
taupinières, sauf un.
Il est sept heures, l'obscurité est complète,
le feu cesse de notre côté.
Le 3, à 6 heures, la fusillade reprend, mais
moins nourrie que la veille ; l'infanterie de
marine enlève le dernier fort, entièrement
miné, et que, soit oubli ou précipitation, les
Chinois n'ont point fait sauter. Tout autour
du fort, on trouve des barils de poudre d'en-
viron 45 kilog. reliés entre eux par des bam-
bous remplis également de poudre.
Ce n'est pas tout, cependant. Sur la gauche
de notre ligne, il reste quelques positions à
enlever. La colonne du colonel de Maussion,
en soutien la veille, se porte en avant ; elle
prend successivement deux forts de gauche à
l'assaut, malgré la résistance des Chinois qui,
craignant d'être tournés, abandonnent leurs
positions, déjà en partie évacuées pendant la
nuit. Dans un de ces forts, entouré d'une
forte palissade, une cinquantaine de Chinois
résistent à l'assaut d'une compagnie de tirail-
leurs algériens : chose peut-être unique, qua-
tre pièces de 80 de montagne, portées à dos
de mulet, sont montées sur le mamelon dA
mises en batterie à huit mètres des retran-
chements : elles tirent à mitraille; les Chi-
nois continuent la résistance ; mais bientôt ils
tombent jusqu'au dernier. Nos audacieux ar-
tilleurs, sous la conduite du capitaine Péri-
caud, n'ont qu'un homme de blessé très lé-
gèrement.
Les Chinois sont en déroute complète ; ils
fuient dans la montagne, la route est libre,
nous pouvons donc marcher sur Tuyen-Quan.
L'endroit où nous avons combattu se nomme
Hao-Moc, à environ mille mètres en avant de
Duoc.
Nous avons eu 463 hommes hors de com-
bat : 217 hommes d'infanterie de marine et
17 officiers ; 191 hommes des tirailleurs algé-
riens et 6 officiers ; une dizaine de soldats de
la légion, et le restant peut être réparti entre
les Tonkinois et quelques artilleurs.
Depuis que nous occupons le Tonkin, cette
affaire a été la plus chaude et la plus meur-
trière. Nous sommes à 7 kilomètres de Tuyen-
Quan.
A dix heures, l'état-major se porte en avant
pour rejoindre la tête de la colonne. Nous
longeons la rivière Claire jusqu'à Duoc, qui,
en cet endroit, est en partie barrée par des
jonques et de gros arbres.
A Duoc, il n'y a plus qup les restes d'une
pagode brûlée.
On marche vite, tout le monde a hâte d'ar-
river à Tuyen-Quan. Le pays devient de plus
en plus boisé. Nous franchissons le défilé de
Duoc, et enfin, à deux heures eHlemie, notre
avant-garde est en vue de Tuyen-Quan. Cette
nouvelle se répand instantanément dans
toute la colonne; on ne marche plus, on
court.
Le général avec son état-major se porte en
avant de la colonne. Nous débouchons dans
une plaine et à moins de trois kilomètres
nous voyons Tuyen-Quan. Toutes les fatigues
passées sont oubliées. Nous traversons un
ruisseau à deux kilomètaps sur la berge; une
compagnie de légionnaires porte les armes
aux troupes qui défilent.
Du sommet du mamelon de la citadelle de
Tuyen-Quan, la garnison tire une salve d'ar-
tillerie en l'honneur de ceux qui viennent te
délivrer.
A la porte de la citadelle, le brave comman-
Prix du numéro à Paris : 15 centimes — Départements : 20 centimes
Mardi 28 Avril 4885
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ActiÓns Rio. 220.
Hongrois. 76 3/8, 1/2, 7/16.
BULLETIN
Aucune solution officielle n'est encore
intervenue à cette heure entre la France
et le gouvernement du khédive. Mais la
suspension des relations diplomatiques
paraît devoir amener à bref délai une ter-
minaison pacifique du différend, arrange-
ment tout en notre faveur. Essad-Pacha
a eu, comme on sait, une entrevue avec
M. de Freycinet au sujet de cette affaire
du Bosphore. M. de Freycinet aurait, dit-
on, nettement déclaré à l'ambassadeur de
la Porte qu'il considérait le gouvernement
khédivial comme seul responsable, aux
termes des firmans, de tout ce qui a trait
à l'organisation intérieure de l'Egypte.
Hier, M. Waddington s'estentretenu avec
lord Granville de l'affaire du Bosphore, et
le soir même, à la Chambre des com-
munes, lord Fitz-Maurice, répondant à
M. Bartlett, a dit que le gouvernement
anglais est à la veille d'arriver à un arran-
gement avec la France, arrangement qui
serait honorable pour les deux puissances
et aussi pour le khédive.
En attendant, M. Saint-René Taillan-
dier est à Alexandrie, où la colonie euro-
péenne lui a fait une réception enthou-
siaste. Au Caire et à Alexandrie, le bruit
court, en s'accréditant, que Nubar sera
obligé de donner sa démission.
Les nouvelles du conflit anglo-russe
sont contradictoires. Cependant l'hypo-
thèse d'une médiation de l'Allemagne n'a
que peu de partisans. Les préparatifs mi-
litaires sont poussés, de part et d'autre,
avec une activité plus grande que jamais.
L'agence Reuter publie l'information
suivante, que nous reproduisons sous tou-
tes réserves :
« La guerre entre l'Angleterre et la Rus-
sie est inévitable.
» On assure que le tzar partira aujour-
d'hui pour Moscou, d'où il lancera un
manifeste. »
L'impression pessimiste est celle qui
domine dans tous les cercles diplomati-
ques.D'ailleurs, en lisant les journaux an-
glais, on y constate aisément qu'ils ont
presque complètement perdu l'espoir d'un
arrangement pacifique. Voici ce qu'écrit
le I imes :
« Quoi qu'il en soit, l'échange de vues
entre la Russie et l'Angleterre ne sau-
rait continuer indéfiniment. La suspen-
sion des relations diplomatiques est deve-
nue presque inévitable, sans que le dé-
part des ambassadeurs implique le com-
mencement immédiat des hostilités. Il est
douteux que les nouvelles propositions
qui sont parties pour Saint-Pétersbourg
satisfassent la Russie. »
A la Chambre des communes, hier, M.
Gladstone, répondant à M. Gourley, qui de-
mandait au gouvernement s'il accepterait
la médiation des Etats-Unis, a opposé à
cette demande une fin de non-recevoir.
M. Gladstone a ajouté : « Nous sentons
profondément la responsabilité qui nous
incombe de conserver intact l'honneur du
pays, en même temps que notre devoir
d'user de tous les moyens pour éviter une
guerre. »
M. Gladstone, répondant à sir Stafford
Northcote, a déclaré que le général Lums-
den a chargé M. Stephen d'aller à Londres
porter à lord Granville les renseignements
les plus circonstanciés sur le combat du
30 mars.
La discussion s'est ensuite engagée sur
les crédits de onze millions de livres ster-
ling. M. O'Connor a déposé un amende-
ment tendant à la division des crédits.
Cet amendement a été combattu par M.
Gladstone, qui a dit que le gouvernement
ne veut nullement affecter au Soudan ces
crédits spéciaux, mais qu'il pourrait af-
fecter aux préparatifs spéciaux les crédits
demandés pour le Soudan.
L'amendement de M. O'Connor a été re-
jeté par 229 voix contre 186. Les conser-
vateurs ont voté pour l'amendement.
Après un long discours de M. Gladstone,
chaleureusement applaudi, le crédit de
onze millions de livres sterling a été
adopté sans discussion et à l'unanimité
par acclamation.
Des dépêches particulières de Constanti-
nople confirment la nouvelle que le con-
cours de la Turquie serait acquis à l'An-
gleterre.
Le gouvernement anglais aurait offert à
la Porte 4 millions de livres sterling pour
laisser, en cas de guerre, le libre passage
de la flotte britannique dans les Darda-
nelles.
Le journal persan Shems annonce d'après
des renseignements qui lui sont adressés
de Hérat, que depuis 1878 il existe entre
la Russie et la Perse un traité en vertu
duquel cette dernière puissance autorise
les Russes, en cas de guerre avec l'Angle-
terre, a passer sur son territoire et à se
porter sur Hérat par la vaPlée de l'Atrek.
On mande du fort Qu'Appelle au Stan-
dard qu'après plusieurs heures d'un com-
bat acharné Riel, le chef des métis cana-
diens insurgés, a été défait à Batouches et
a subi des pertes considérables.
QUESTION DU JOUR
L'amnistie
On avait annoncé, ces jours-ci, que
le conseil des ministres avait été saisi
de la question de l'amnistie. La chose a
été démentie ensuite et on nous a dit
que cette question ne viendrait sur le
tapis qu'au moment où les Chambres
seront de nouveau réunies, c'est-à-dire
dans quelques jours.
J'imagine que le ministère, qui laisse
courir toutes sortes de bruits contra-
dictoires à ce propos, ne sait pas en-
core très bien lui-même ce qu'il veut
faire ! C'est pourquoi il est encore utile,
d'exprimer sur ces matières délicates,
ce que nous croyons être l'opinion rai-
sonnée des républicains modérés et
hommes de gouvernement. Il est certain
que par humanité, par esprit de justice
et aussi par politique, au moment des
élections, il faut faire quelque chose
pour un assez grand nombre de con-
damnés politiques. Mais il faut bien
s'entendre sur ce quelque chose qui est
à faire et savoir mesurer la distance
profonde qui sépare l'amnistie de la
grâce.
Nous sommes, et ce n'est pas d'au-
jourd'hui, partisans résolus de grâces
nombreuses octroyées par l'Etat, et
nous ne sommes pas moins adversaires
résolus d'une nouvelle loi d'amnistie
proposée aux Chambres.
On sait la différence qui existe entre
l'amnistie et la grâce.
L'amnistie, philosophiquement, efface
jusqu'au souvenir des faits qui ont mo-
tivé la condamnation de l'amnistié. Lé-
galement, elle fait disparaître, sans au-
cune espèce de réserve, tous les effets
de cette condamnation.
Il n'en est pas ainsi de la grâce :
même s'étendant à un très grand nom-
bre de condamnés, la grâce reste une
mesure particulière à chacun d'eux.
Elle est le pardon de la peine, non l'ou-
bli du crime ou du délit. Elle se motive
par la bonne condùite de celui qui en
est l'objet. Elle n'abolit pas certains
effets légaux du jugement. Enfin l'am-
nistie est un acte 0 de politique et la
grâce un acte d'humanité.
Or, dans la situation actuelle, un acte
de clémence du gouvernement serait le
bienvenu, et le vote d'une amnistie par
la Chambre constituerait, à notre sens,
une grande faute. Si demain le ministère
proposait à M. le président de la Répu-
blique de remettre en liberté Mlle Louise
Michel, M. Emile Gauthier, M. Crié, un
certain nombre de journalistes ou d'ou-
vriers compromis dans les mouvements
socialistes, M.leprinceKropotkine, etc.,
nous applaudirions à cette initiative.
Elle serait approuvée, nous n'en dou-
tons pas, par le président de la Répu-
blique, dont la philanthropique bienveil-
lance s'étend trop volontiers sur des
criminels de droit commun vraiment
peu intéressants pour qu'il ne lui reste
pas une large dose d'indulgence à l'é-
gard de criminels politiques.
Mais, tout d'abord, la grâce ne dé-
sarme pas entièrement le pouvoir vis-à-
vis du gracié. Quand elle prend la forme
d'une simple remise de peine, elle peut
laisser subsister certaines interdictions
de droit. Elle permet encore, lorsqu'elle
s'applique à des étrangers de les faire
sortir de prison pour les reconduire a
la frontière, ce qui me paraît la mesure
la plus légitime du monde à l'égard
d'hommes d'une autre race qui viennent
prendre notre pays pour terrain de
leurs expériences révolutionnaires.
De plus, si *la grâce n'est pas un
amoindrissement pour qui la reçoit,
.elle n'est pas un piédestal. Il n'en
est malheureusement pas ainsi de l'am-
nistie. Lorsque, avec Gambetta, nous
avons défendu l'amnistie sans aucune
réticence, on nous disait - et M. Clé-
menceau doit s'en souvenir s'il garde
aussi bien la mémoire de ce qu'il dit
que la mémoire de ce qu'il entend, —
on nous disait que les amnistiés revien-
draient prendre place au foyer, ayant
oublié les maux qu'ils avaient souffert,
comme on nous demandait d'oublier
nous-mêmes les fautes ou les crimes
qu'ils avaient commis. Or il s'est trou-
vé nombre d'amnistiés qui n'avaient
rien oublié du tout et qui se sont fait
de simples titres électoraux des actes
motivant leur condamnation. Nous nous
doutions bien de la chose ! Mais, comme
dit le proverbe, « quand on se laisse
tromper deux fois « , uand on se laisse
tromper deux fois il faut en vouloir, la
première au trompeur, et la seconde à
soi seul ». Nous ne voulons pas faire
métier de dupe et par conséquent, prêts
au pardon, nous ne le sommes pas à la
comédie de l'oubli.
La grâce, d'ailleurs, octroyée par le
président de la République, servira po-
litiquement l'ensemble du parti républi-
cain. Si, au contraire, un vote d'amnis-
tie était demandé aux députés, il pour-
rait se faire que de très bons républi-
cains, rejetant cette mesure en leur
âme et conscience, soient dénoncés à
certains de leurs électeurs et contraints
peut-être à agir sans liberté et sans di-
gnité ou à voir exploiter contre eux la
sentimentalité du public.
Nous avions demandé au ministère
Ferry, alors même que certains jour-
naux intransigeants n'y pensaient guère,
la grâce du prince Kropotkine, qui est
un illuminé; celle de Mlle Michel, qui
est une brave femme, malgré ses fo-
lies ; celle de M. Gauthier, qui est peut-
être un repentant; celle de certains
journalistes entraînés par le métier et
celle de certains ouvriers égarés par
les utopistes.
Nous regrettons infiniment que le
cabinet précédent n'ait pas octroyé ces
grâces et nous demandons au nouveau
ministère d'en prendre l'initiative et
d'en étendre le nombre.
Mais l'octroi des grâces aux condam-
nés politiques ne doit jamais être un
acte de faiblesse, et pour qu'un cabi-
net puisse l'accomplir sans devenir sus-
pect aux uns et sans être méprisé des
autres il faut que par ses actes et ses
paroles il fasse clairement voir qu'il
obéit à une pensée d'humanité et qu'il
ne cède pas à une menace. Il doit éta-
blir, avant toute chose, sa fermeté ; et
il convient que, lorsqu'il laisse ouverts
les portes des prisons par où sortent
les condamnés qui se sont mis en ré-
volte contre la loi, on sache qu'il les
laisse également ouvertes pour y faire
entrer ceux qui seraient tentés de les
imiter.
HENRY FOUQUlER.
M. Clovis Hugues, comme plusieurs de
ses collègues de l'Extrême-Gauche, voyage
en ce moment. M. Giard vient de le pré-
senter à ses électeurs du Nord dans une
réunion à laquelle assistaient quatre mille
personnes. M. Clovis Huges a parlé de
l'utilité des bataillons scolaires, et à ce
propos le député-poète a passé en revue
bien des choses ; les diverses parties de
son discours ne sont reliées que par le fil
d'or de sa vagabonde fantaisie.
Parmi les choses qu'a dites M. Clovis
Hugues, il en est que nous estimons fort
sensées, mais qui ne sont pas pour plaire
à la Justice et aux doctrinaires de l'Ex-
trême-Gauche, comme sont M. C. Pelletan
et M. H. Rochefort. C'est ainsi que M. Clovis
Hugues a déclaré qu'il était heureux, bien
qu'ayant contribué à renverser M. J. Ferry,
de lui rendre hommage et de le remercier
au nom de la France républicaine pour
avoir accompli l'œuvre de l'instruction
gratuite, laïque' et obligatoire. Voici en
quels termes M. Clovis Hugues a proclamé
la nécessité de l'union des républicains.
Je disais tout à l'heure Jque dans quelques
départements la réact ion semblait lever la
tête. Si j'étais dans mon département, je vous
dirais : Repoussez les opportunistes, faisons
une liste aussi foncée que possible ; mais ici
je vous dirai : Unissez-vous: pas de désunion
au moment de la bataille; rappelez-vous le
16 Mai; la victoire est restée aux républicains
unis. (Applaudissements.)
Méfiez-vous de ceux qui viendront vous
présenter des listes élaborées en dehors de
vos comités; ne voyez en eux que des agents
provocateurs. (Longs applaudissements.)
Pas de récrimination, pas de question du
Tonkin. Allez à la victoire en employant
l'arme légale, c'est-à-dire le bulletin de vote.
Ce n'est pas M. Clovis Hugues qui aurait
conseillé l'abstention aux délégués radi-
caux de la Gironde, en face de la candida-
ture de M. le duc Decazes, comme l'a fait
un moment la Victoire, à qui la Justice a
donné, ce semble, son approbation tacite.
On voit aussi que M. Clovis Hugues est sin-
gulièrement plus modéré que bon nombre
de ses collègues de l'Extrême-Gauche, y
compris M. Maret, qui ne font aucune dif-
ficulté d'annoncer pour un jour prochain
leur descente dans la rue. Nous ne sau-
rions trop louer le sage et patriotique
langage de M. Clovis Hugues. Il a été
fort applaudi, nous le constatons avec
plaisir, ainsi qu'une aimable pièce de
vers de M. Clovis Hugues, la Petite Cousine,
que le député de Marseille a bien voulu
réciter après avoir prêché l'union néces-
saire des forces républicaines.
NOUVELLES PARLEMENTAIRES
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
La commission du budget
La réunion de la commission du budget,
qui reprenait, hier ses travaux interrompus
depuis le 9 avril, avait amené une quaran-
taine de députés dans les couloirs du Palais-
Bourbon.
On s'entretenait des élections sénatoriales
de dimanche et des prochaines élections lé-
gislatives. Les impressions rapportées par
les députés de leurs départements étaient
très favorables au succès de la cause répu-
blicaines. Il est dès à présent certain que les
idées d'union triompheront et que dans les
trois quarts des départements les républicains
se présenteront aux électeurs avec une liste
unique. Grâce à cette concentration des for-
ces, on peut s'attendre à un éclatant triom-
phe de la République. Le nombre des dépar-
tements dans lesquels le succès des candidats
républicains reste contesté ne dépasse pas
une dizaine.
Les trois sous-commissions du budget
étaient convoquées pour une heure et demie,
mais les commissaires étant arrivés en re-
tard, les sous-commissions n'ont pas pu déli-
bérer.
A deux heures, la commission générale a
siégé sous la présidence de M. Rouvier.
Etaient présents : MM. Ribot, Wilson, Co-
chery, Jules Roche, Baïhaut, Rousseau, de
Lanessan, Ballue, Carret, Silhol, Viette, Ro-
dât, Ch. Ferry, Escande, Jullien, Lepère,
Thomson, Peytral, Lelièvre, Labuze, Gerville-
Réache et Maunoury ; soit, avec le président,
M. Rouvier, vingt-trois membres.
La commission ne comptant plus que
trente et un membres, par suite de la nomi-
nation de M. Hérault et Cavaignac aux fonc-
tions de sous-secrétaires d'Etat, il s'ensuit que
pas à la séance.
Le président a constaté tout d'abord que
l'ensemble du projet de budget pour 1886,
avec les tableaux annexes, n'avait été dis-
iabué qwe le matin même aux membres de
Iw commission. Dans ces- conditions, ceux-ci
n'avaient pu les étudier pendant les va-
cances.
La discussion s'est ensuite engagée sur la
marche que la commission devra suivre dans
ses travaux.
M. Cochery a proposé d'examiner tout d'a-
bord le budget aes recettes, faisant valoir
qu'il importait de connaître le chiffre exact
des ressources financières avant de discuter
les dépenses.
MM. Rouvier et Jules Roche ont combattu
cette manière de procéder comme contraire
à tous les usages.
44 proposition de M. Cochery a été* par
suite écartée à une grande majorité.
M. Jules Roehe, rapporteur général, a été
seulement chargé d'aller trouver M. Sadi Car-
not, ministre des financés, pour l'inviter à se
rendre devant la commission à l'effet de lui
fournir des explications sur la situation finan-
cière en général.
M. Escande a demandé la mise en adjudica-
tion des bureaux de tabac. Il aurait voulu
que la commission s'appropriât les conclu-
sions d'un rapport déposé par lui l'année
dernière à ce sujet sur le bureau de la Cham-
bre. La commission a refusé de suivre M. Es-
cande dans cette voie.
M. Viette ayant déclaré pouvoir faire au-
jourd'hui son rapport verbal sur le budget de
l'agriculture, la commission s'est ajournée à
cette après-midi pour l'entendre. M. Viette a
eu dans la soirée une entrevue avec M. Her-
vé-Mangon, ministre de l'agriculture.
Demain mercredi, la commission entendra
le rapport de M. Saint-Prix sur le budget des
postes et télégraphes.
Jeudi elle entendra celui de M. Maunoury
sur le budget des cultes. M. Maunoury pro-
pose la suppression du crédit de 1,100,000 fr.
pour les chanoines, qui n'a été maintenu par
la Chambre au budget de 1885 qu'à une ma-
jorité de quelques voix.
M. Jules Roche, de son côté, se propose de
demander la suppression du crédit relatif auy
vicaires.
M. Rouvier, député des Bouches-du-
Rhône et ancien ministre du commerce,
s'gsLftendu ces jours-ci à Marseille, et iLa
prononcé un important discours dans les
salons du cercle de l'Athénée méridional.
Voici en quels termes la Provence répu-
blicaine rend compte de cette réunion :
L'ancien ministre du commerce a com-
mencé par déclarer que ce n'était pas le mo-
ment de rendre compte de son mandat ni de
fournir des explications. Ce qu'il faut à M.
Rouvier, ce qu'il demande, c'est la contro-
verse au grand jour, devant une nombreuse
réunion d'électeurs loyalement et librement
convoqués. Le jour de cette réunion viendra,
et M. Rouvier ne se dérobera à aucun des de-
voirs qui découlent de son mandat près d'ex-
pirer, mais dont il se propose de demander
le renouvellement.
Il espère, d'ailleurs, que la politique qu'il a
toujours suivie, politique qui a pour but la
consolidation de la République et son déve-
loppement dans le sens du progrès continu et
des réformes efficaces, triomphera dans un
avenir prochain, comme elle a triomphé dans
le passé et comme ello s'impose dans le
présent. Appelé à Paris par les obligations
que lui crée sa situation de président de la
commission du budget, M. Rouvier viendra,
en temps utile, se mettre à la disposition de
ses amis et de tous les électeurs du départe-
ment.
Ces paroles de M. Rouvier ont été très
applaudies.
»■ 1 ———————
A la suite du vote du 30 mars, le comité
central républicain de la première circons-
cription de Lyon avait publié un manifeste
blâmant les députés du Rhône d'avoir voté
contre M. Ferry. M. Ballue avait aussitôt
offert sa démission ; mais le comité, sans
l'accepter, s'était borné à inviter M. Ballue à
venir s'expliquer devant ses électeurs.
La réunion a eu lieu samedi soir en pré-
sence de 700 électeurs environ. M. Ballue a
déclaré que son vote est le résultat d'une vo-
lonté réfléchie. Jusqu'au 30 mars, il a soutenu
le ministère Ferry, parce qu'il était persuadé
que le ministère mènerait à bien l'expédition
du Tonkin.
Mais la dépêche qu'il faut regretter à tous
égards du général Brière de l'Isle a prouvé,
selon M. Ballue, que M. Ferry' n'avait pas pris
toutes les dispositions réclamées par notre
situation au Tonkin.
M. Ballue, en réponse à M. Dizin, a déclaré
qu'il ne « voulait pas accabler les vaincus» ;
mais il a ajouté que le ministère était coupa-
ble de négligence, et que le 30 mars il devait
être renversé, — peut-être pour revenir le
lendemain.
L'assemblée a adopté l'ordre du jour suivant :
« Le comité central de la première circons-
cription du Rhône, considérant que, malgré
les divergences de vues qui ont pu exister un
instant entre lui et son député M. Ballue, sur
une situation particulière, ce dernier n'en
conserve pas moins sa confiance, passe à
l'ordre du jour. »
-——————— ———————
NOUVELLES DE CHINE
Il est inexact que le ministre de la guerre
ait envoyé au colonel Herbinger l'ordre de
rentrer en France.
*
* *
Le ministre de la guerre a reçu hier le der-
nier courrier du Tonkin.
Ce courrier contient un rapport officiel qui
donne les détails se rapportant aux opéra-
tions de la colonne du général de Négrier
dans sa marche sur Langson, et à celles de
la brigade Giovanninelli devant Tuyen-Quan.
Ce rapport sera prochainement inséré dans
le Journal officiel.
* *
Par décision ministérielle du 24 avril 1885,
M. l'abbé de Boude (Adolphe) a été nommé au-
mônier militaire au corps du Tonkin.
LA FORTERESSE DE METZ
Metz, 26 avril.
Quand on n'a pas visité la nouvelle fron-
tière depuis la guerre de 1870, on ne peut
se figurer quelles modifications les tra-
vaux de fortification entrepris dans ces
dernières années ont apportées dans la
configuration nhvsiaue du navs. --
- De Montmédy à Bêifort sur le territoire
français, de Thionville à Strasbourg en
Alsace-Lorraine, on aurait peine à se re-
connaître. La plupart des collines ont été
dépouillées, pour la construction de forts,
des bois touffue qui les couronnaient jadis,
et l'on n'aperçoit plus de loin que leurs ci-
mes grises, tristes et dénudées.
Les arbres, coupés au ras du sol, bour-
geonnent et forment une vaste broussaille
à la place des grandes forêts d'autrefois.
Les coteaux, couverts de vignes et de jar-
dins, qui formaient, il y a quinze ans,
comme d'immenses nappes de verdure,
sont sillonnés aujourd'hui de lignes gri-
sâtres, routes militaires, plans inclines,
tranchées, excavations de toute sorte.
Dans les environs de Toul et de Verdun,
le spectacle est navrant ; il en est de même
à Metz. Tout autour de la ville, on a dé-
boisé des collines charmantes, on a détruit
des paysages ravissants, abattu les grands
arbres séculaires, rasé les maisonnettes,
enlevé les vignes, tout ce qui rendait au-
trefois si gai et si riant le pauvre pays
messin.
Partout des forts, des fortins, des redou-
tes, des batteries avancées, garnis de ca-
nons monstres et remplis d'une grouil-
lante population de soldats aux uniformes
multicolores, depuis le Prussien à la tu-
nique sombre jusqu'au Brunswickois noir
et malpropre, jusqu'au bleu Bavarois.
Les travaux de fortification de Metz sont
aujourd'hui complètement terminés. Ils
ont été commencés quelques années avant
la guerre de 1870 par le génie français, qui
avait entrepris la construction autour de
la place de cinq forts détachés. Les tra-
vaux étaient à peine commencés au mo-
ment de la déclaration de guerre.
Les Allemands ont conservé les disposi-
tions prises par les Français et ont conti-
nué les travaux entrepris par ceux-ci. En
outre, ils ont élevé quatre nouveaux forts
qui complètent le système défensif de la
place.
Metz est aujourd'hui la forteresse la
plus puissante de l'Europe avec sa double
enceinte bastionnée, sa ceinture d'ouvra-
ges formidables, ses immenses arsenaux,
ses nombreuses casernes.
Je laisse de côté pour aujourd'hui l'en-
ceinte bastionnée, sur laquelle j'aurai sans
doute l'occasion de revenir pendant le sé-
jour que je fais à Metz. Je ne veux vous
parler que des forts.
Ces forts sont, comme je le dis plus
haut, au nombre de neuf, quatre sur la
rive droite de la Moselle et cinq sur la rive
gauche.
Le plus important et le plus puissant
est le fort du prince Frédéric-Charles (fort
Saint-Quentin). Il est construit sur la col-
line la plus élevée des environs de Metz,
du côté de la France, à l'endroit même où,
d'après la tradition, étaient établies les
batteries de l'empereur Charles-Quint,
lors du siège mémorable de 1552.
De ce fort on domine toute la vallée de
la Moselle, depuis Thionville au nord jus-
qu'à Pont-à-Mousson au sud, et, à l'est,
on aperçoit les vastes plateaux de Grave-
lotte, de Mars-la-Tour, de Saint-Privat, où
se livrèrent les sanglantes batailles des
16 et 18 août 1870.
il II y a cinq ou six ans, je ne sais plus à
l'aide de quel subterfuge je parvins à pé-
nétrer dans le fort Saint-Quentin et à le par-
courir pendant une bonne heure. Bien en-
tendu, je me suis soigneusement gardé de
prendre des notes, pour ne pas éveiller les
soupçons des Allemands qui m'entou-
raient. Mais j'ai retenu de ma visite quel-
ques détails que je crois intéressants.
Ce qui m'a le plus frappé dans ce fort,
c'est la simplicité de la construction. La
défense extérieure consiste en un sim-
ple parapet de terre dont l'épaisseur rend
les fossés inutiles. Les canons sont dispo-
sés par couples ; entre chaque couple se
trouve une casemate pour abriter les ser-
vants de batterie.
Tous les bâtiments du fort, magasins et
casernes, sont complètement couverts de
terre et les portes en sont blindées. Enfin,
à l'extrémité ouest, se trouve une petite
tour de fer armée de deux gros canons qui
portent, si je ne me trompe, à 12 ou 15 ki-
lomètres, c'est-à-dire qui peuvent lancer
des projectiles sur le territoire français.
Le fort Saint-Quentin occupe une super-
ficie d'environ 1,800 mètres carrés, et peut
contenir une garnison de 3,000 hommes.
Les autres ouvrages extérieurs de Metz
sont moins importants. Sur la rive gauche
de la Moselle, du côté de France, nous
trouvons, en partant du nord, le fort
Saint-Eloy (fort Hindersin), commencé en
1879 et terminé à la fin de 1882 ; le fort de
Woippy (fort Kameke), construit en 1875 ;
le fort de Plappeville (fort Alvensleben) ;
le fort Mannstein, construit en 1872 sur
l'extrême frontière. Ces quatre forts ser-
vent d'appui au fort Saint-Quentin qu'ils
entourent.
Sur la rive droite de la Moselle, du côté
de l'Allemagne, le fort Saint-Julien (fort
Manteuffel) ; le fort des Bordes (fort Zas-
trow), construit près du champ de bataille
de Borny ; le fort de Queuleu (fortGoeben),
et le fort de Saint-Privat (fort prince de
Wurtemberg).
Aujourd'hui, avec sa ceinture de forts,
Metz forme un vaste camp retranché de
près de 30 kilomètres de tour, qui com-
prend, outre la ville, une quinzaine de
riches villages et un grand nombre de fer-
mes et de maisons isolées.
Ai-je besoin d'ajouter que Metz est im-
prenable et que, malgré leur nombre et
leur courage, les descendants des vain-
queurs de Sébastopol ne pourront jamais
rien, par la force, contre d'aussi formida-
bles obstacles ?
Metz sera rendue un jour à la France,
mais d'une autre façon.
JUSSY.
Autour de Tuyen-Quan
Le Journal officiel va publier prochaine-
ment le rapport du général Brière de l'Isle
sur les opérations de la première brigade
autour de Tuyen-Quan.
Nous recevons du Tonkin un récit très
intéressant de ces opérations et aussi la
relation émouvante du siège soutenu hé-
roïquement par la petite garnison de Tuyen-
Quan.
En raison de son étendue, nous ne pou-
vons publier qu& les parties les plus sail-
lantes de cette correspondance :
LA BATAILLE DE HAO-MOC
•
On cantonne le soir à quatre kilomètres
des positions chinoises. Des fusées sont tirées
pour annoncer notre arrivée à la garnison
bloquée.
Le 2 mars, à onze heures et demie, les
troupes font la grande halte ; nous sommes
en vue d'un fort chinois situé à environ trois
kilomètres de nous. L'endroit où nous nous
trouvons s'appelle Hao-Moc.
Le colonel Giovanninelli se porte en avant
pour reconnaître la position et prend ses dis-
positions pour le combat.
A une heure, l'artillerie étant en position
ouvre le feu contre les retranchements chi-
nois, masqués en grande partie par de hautes
herbes. Les Chinois ne répondent pas, n'ayant
rien à craindre derrière leurs fortifications.
En arrière et sur notre gauche sont des
flancs-gardes pour observer le terrain dans le
cas où l'ennemi chercherait à nous attaquer
de ce côté ; à droite, nous avons la rivière
Claire.
La compagnie Granier se porter eo-avant
en suivant la route ; elle arrive à-enrion 60
mètres du retranchement qui baraaÈlâ route
et qui est protégé par une patfcsadé de
bambous très solide. La batterùt Jourdy,
ainsi qu'une partie de la batterie 4>eWcau<ï,
sont placées sur un mamelon bordant la route;
elles tirent à 800 mètres ; un peu plus loin,
en arrière et sur le bord de la rivière, 2 piè-'
ces de la batterie Péricaud tirent à 1,200 mè-
tres sur les retranchements chinois touchant
la rivière. Les casemates des Chinois ne pa-
raissent pas atteintes par ce tir.
Le capitaine Granier déploie ses tirailleurs
tonkinois, mais à cause des petits piquets que
les Chinois ont plantés en terre on n'avance
guère ; cependant ils arrivent à vingt-cinq t
mètres des retranchements chinois, sans rien
voir, lorsque soudain une fusillade terrible
partie du retranchement jette à terre un tiers
de l'effectif de la compagnie qui ne bronche
pas, mais ne peut rien contre le feu d'un en-
nemi invisible. Le capitaine Granier reçoit six
balles dans ses vêtements sans être touché ; ;
des Chinois cachés dans les roseaux enlèvent
quelques tirailleurs tonkinois et leur coupent
la tête.
A quatre heures, la bataille est dans son
plein. Même à l'ambulance, où successive-
ment sont portés les blessés tonkinois, les
turcos, le capitaine Rollande, frappé mortel-
lement, et plusieurs autres officiers, on n'est
pas en sûreté ; les balles sifflent de tous côtés
et viennent casser les branches des arbres
sous lesquels nous nous trouvons.
Le colonel Giavanninelli, depuis le com-
mencement de l'engagement, accompagné de
son chef d'état-major, le commandant de La-
croix, et de ses deux officiers d'ordonnance
Schmit et de Beher, est partout, à droite, à
gauche, en arrière, se rendant compte de
tout et sachant profiter de tous les avantages
qui se présentent. A quatre heures, il vient
conférer avec le général en chef ; l'heure s'a-
vance, les Chinois tiennent toujours, et il
faut cependant, avant la chute du jour, les
forcer à quitter leurs retranchements. A cinq
heures, le bataillon Maillane rentre en ligne
suivi du bataillon Lambusais ; il faut coûte
que coûte enlever la position des Chinois.
Nos petits soldats fatigués et lourdcmont
chargés, s'avançaient tranquillement comme
à un jour de revue, les uns fumant tranquil-
lement leurs cigarettes ou leurs pipes, les
autres en causant de la façon la plus natu-
relle du monde et probablement de Lavenir.
Auboutd'un instant, ils disparaissent derrière
les hautes herbes ; ils n'ont pas encore pris
leur formation de combat que des blessés
sont portés en arrière.
L'artillerie augmente son tir, puis on en-
tend le clairon qui sonne la charge. Malheu-
sement nos braves soldats se buttent à une
palissade de bambous très solide qui les ar-
rête ; ils ne se découragent point ; il faut
vaincre ou mourir, car à douze kilomètres de
là leurs camarades les attendent et il faut
les délivrer.
Sous une pluie de plomb, à coups de crosse
de fusil et à dix mètres des meurtrières chi-
noises, ils cherchent à se frayer un passage ;
enfin quelques bambous cèdent. On saute
dans les retranchements. Les Chinois se font
tuer sur place. De part et d'autre, c'est un
combat acharné, sans pitié ni merci. Enfin, à
six heures et demie, nous étions maîtres des
retranchements et de tous les blockhauss-
taupinières, sauf un.
Il est sept heures, l'obscurité est complète,
le feu cesse de notre côté.
Le 3, à 6 heures, la fusillade reprend, mais
moins nourrie que la veille ; l'infanterie de
marine enlève le dernier fort, entièrement
miné, et que, soit oubli ou précipitation, les
Chinois n'ont point fait sauter. Tout autour
du fort, on trouve des barils de poudre d'en-
viron 45 kilog. reliés entre eux par des bam-
bous remplis également de poudre.
Ce n'est pas tout, cependant. Sur la gauche
de notre ligne, il reste quelques positions à
enlever. La colonne du colonel de Maussion,
en soutien la veille, se porte en avant ; elle
prend successivement deux forts de gauche à
l'assaut, malgré la résistance des Chinois qui,
craignant d'être tournés, abandonnent leurs
positions, déjà en partie évacuées pendant la
nuit. Dans un de ces forts, entouré d'une
forte palissade, une cinquantaine de Chinois
résistent à l'assaut d'une compagnie de tirail-
leurs algériens : chose peut-être unique, qua-
tre pièces de 80 de montagne, portées à dos
de mulet, sont montées sur le mamelon dA
mises en batterie à huit mètres des retran-
chements : elles tirent à mitraille; les Chi-
nois continuent la résistance ; mais bientôt ils
tombent jusqu'au dernier. Nos audacieux ar-
tilleurs, sous la conduite du capitaine Péri-
caud, n'ont qu'un homme de blessé très lé-
gèrement.
Les Chinois sont en déroute complète ; ils
fuient dans la montagne, la route est libre,
nous pouvons donc marcher sur Tuyen-Quan.
L'endroit où nous avons combattu se nomme
Hao-Moc, à environ mille mètres en avant de
Duoc.
Nous avons eu 463 hommes hors de com-
bat : 217 hommes d'infanterie de marine et
17 officiers ; 191 hommes des tirailleurs algé-
riens et 6 officiers ; une dizaine de soldats de
la légion, et le restant peut être réparti entre
les Tonkinois et quelques artilleurs.
Depuis que nous occupons le Tonkin, cette
affaire a été la plus chaude et la plus meur-
trière. Nous sommes à 7 kilomètres de Tuyen-
Quan.
A dix heures, l'état-major se porte en avant
pour rejoindre la tête de la colonne. Nous
longeons la rivière Claire jusqu'à Duoc, qui,
en cet endroit, est en partie barrée par des
jonques et de gros arbres.
A Duoc, il n'y a plus qup les restes d'une
pagode brûlée.
On marche vite, tout le monde a hâte d'ar-
river à Tuyen-Quan. Le pays devient de plus
en plus boisé. Nous franchissons le défilé de
Duoc, et enfin, à deux heures eHlemie, notre
avant-garde est en vue de Tuyen-Quan. Cette
nouvelle se répand instantanément dans
toute la colonne; on ne marche plus, on
court.
Le général avec son état-major se porte en
avant de la colonne. Nous débouchons dans
une plaine et à moins de trois kilomètres
nous voyons Tuyen-Quan. Toutes les fatigues
passées sont oubliées. Nous traversons un
ruisseau à deux kilomètaps sur la berge; une
compagnie de légionnaires porte les armes
aux troupes qui défilent.
Du sommet du mamelon de la citadelle de
Tuyen-Quan, la garnison tire une salve d'ar-
tillerie en l'honneur de ceux qui viennent te
délivrer.
A la porte de la citadelle, le brave comman-
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