Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-04-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 15 avril 1885 15 avril 1885
Description : 1885/04/15 (A15,N4848). 1885/04/15 (A15,N4848).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7561302f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Quinzième année. — N° 4848
Prix du nui/ éro à Paris : 15 centimes — Départements : 20 centimes
Mercredi 15 Avril 1831
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RËDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue Cadet, 1S
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendus
- ABONNEMENTS -
DÉPARTEMENTS
Trois mois f8 »»
Six mois. 32 »»
Un au 82 t)),
PARIS
Trois mois. 13 »»
Six mois. 25 MM
Un an. 50 »»
Supplément p* l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
Les ahonnemts partent des l6r et 15 de chaque mois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et C.
- 6, place de la Bourse, 6
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Admiuistraleur
±6, rue Cadet, t-3
Les Lettres non affranchies seront refusées :
EN VENTE A LONDRES
A la librairie JPetitjean
39, OLD COMPTON STREET ( SOHO)
ET DANS SES SUCCURSALES
37, Charlotte Street, Fitzroy Square
Et 15, Tichberne Street, (Café Monico. 2d.)
Bourse de Paris
YEtJTE BOURSE DU som'
80/0 77 20, 22, 15, 37, 27.
I¡. fj20¡O. 107*85,77,95.
Turc. 15 CO 75,70.
Banque Ottomane. 539 27, 536 87, 540.
Extérieure 56 9/16, 13/16, 3/4.
Egyptienne. 308 75, 308 12, 310.
Hongrois 76 1/8,
Actions Rio. 240, 235, 240.
BULLETIN
La situation anglo-russe reste la même,
et jusqu'à ce que la réponse du général
Komaroff parvienne à Saint-Pétersbourg,
c'est-à-dire avant plusieurs jours, on ne
doit prévoir aucun changement. Les pré-
paratifs militaires sont toujours poussés
avec la plus grande activité, et c'est là ce
qui prouve qu'on ajoute peu de foi, à Lon-
dres comme à Saint-Pétersbourg, aux
bruits de médiation qui continuent de
courir et qu'il suffit jusqu'à nouvel ordre
de signaler. La médiation de l'Allemagne
est considérée dans plusieurs cercles poli-
tiques comme la meilleure solution du
conflit ouvert en Asie centrale. Mais ce
u'est ni dans les cercles anglais ni dans
les cercles russes que cette opinion a
çours.
La Gazette de Cologne dément toute
médiation de l'empereur Guillaume et
déclare que « le prince de Bismarck a eu,
comme honnête courtier, trop de désa-
gréments pour souhaiter d'une façon par-
ticulière de jouer encore le rôle ingrat et
difficile de médiateur désintéressé». Une
correspondance de Berlin adressée au
Times annonce que l'empereur Guillaume
a eu une entrevue avec le prince Bolgo-
rouki, mais ajoute que la nouvelle d'une
intervention de l'Allemagne est des moins
vraisemblables, car depuis 1870 la politi-
que de l'Allemagne a été guidée par «le
principe de la non intervention dans les
affaires de ses voisins ».
Pendant la guerre russo-turque, le
prince de Bismarck 'est rigoureusement
maintenu dans cette attitude d'officielle
neutralité, et rien n'indique qu'il rompe
prochainement avec cette politique. Il est
possible seulement que le chancelier se
joigne aux puissances signataires du traité
de Berlin pour adresser de pacifiques re-
montrances à la Russie qui a fortifié Ba-
toum, contrairement à l'article 59 de ce
traité. Voici d'ailleurs, sur l'hypothèse de
la médiation d'une puissance continentale,
l'opinion du Times:
(CIl ne saurait être question de médiation.
Si la Russie consent à désavouer le géné-
ral Komaroff, à retirer ses troupes et à re-
mettre la délimitation de la frontière
afghane entre les mains des commissaires
nommés au début, une médiation devient
inutile. Si la Russie insiste pour justifier
son agression, nous ne pouvons consentir
à laisser une autre puissance décider ce
que nous devons faire dans une question
où sont engagés notre honneur et notre
influence en Orient. »
L'attitude de la Turquie, dans le cas où
la guerre éclaterait entre l'Angleterre et la
Russie, fait également l'objet des commen-
taires les plus variés dans la presse d'Eu-
rope et dans les cercles diplomatiques. Le
Standard publie, à ce propos, une corres-
pondance de Constantinople où il est dit
en substance que si, à cette heure, la Tur-
quie hésite eneore entre l'alliance an-
glaise et l'alliance russe, le premier coup
de canon qui annoncerait réouverture de
la guerre entre les troupes de Komaroff et
colles du général Lumsden la déciderait à
so mettre du côté de l'Angleterre, malgré
le ressentiment qu'elle éprouve des af-
faires d'Egypte et l'esprit d'hostilité non
déguisé qui règne dans les sphères gouver-
nementales de la Turquie contre M. Glads-
tone. La Turquie accepterait l'alliance an-
glaise dans le double espoir de reconqué-
rir les possessions perdues par elle dans
la dernière guerre et de se voir libérer
de l'indemnité qu'elle paie à la Russie.
A la Chambre des communes, M. Glads-
tone répondant à sir Stafford Northcote, a
dit,hier qu'il n'a reçu du général Lumsden
aucune confirmation d'un nouveau mou-
vement en avant des Russes, mais qu'il a
reçu une communication de Saint-Péters-
bourg dans laquelle se trouve incidem-
ment renouvelée l'assurance qu'aucun
mouvement semblable n'aura lieu sur les
ordres du gouvernement russe.
A la Chambre des lords, sur la motion
de lord Granville, l'adresse en réponse au
message de la reine relatif à l'appel des
réserves a été adopté par acclamation.
Une dépêche de Souakim annonce que
les Italiens de Massaouah ont occupé Ara-
faly (Ansley Bay), et que le drapeau ita-
lien a été hissé à côté du drapeau égyptien.
On mande du Caire que le chef de la
police, craignant des troubles par suite de
la suppression du Bosphore égyptien, a
fait doubler les postes et consigner les
troupes.
Hier matin, M. Serrière, imprimeur du
Bosphore égyptien, a reçu avis qu'il pou-
vait rouvrir son imprimerie s'il consen-
tait à ne pas imprimer ce journal. M. Ser-
rière n'a pas accepté cette offre.
Il vient d'intenter un procès au gouver-
nement et il réclame des dommages-inté-
rêts. -
Examinant les propositions de M. Bar-
rère concernant le canal de Suez, telles
qu'elles ont été publiées par le Temps, le
Times s'exprime ainsi :
« Nous n'hésitons pas à déclarer que si
telles sont exactement les stipulations de
la convention proposée par M. Barrère, la
commission n'a pas compétence, même
pour les discuter; dans tous les cas, elles
ne sauraient être admises par l'Angle-
terre. »
QUESTION DU JOUR
L-: -1. .,
Les" programmes électoraux
Nous entrons dans l'ère des program-
mes. Il y en aura pour tous les goûts
et pour toutes les intelligences. Il y aura
des programmes clairs et des program-
mes obscurs, des programmes concis et
des programmes diffus, des program-
mes assez élastiques pour réunir dans
une ample coalition des candidats de
nuances infiniment variées et des pro-
grammes rigoureux comme une profes-
sion de foi religieuse revue par des in-
quisiteurs. Les uns ressembleront à une
collection de devises inscrites sur un
drapeau ou sur un monument : « Répu-
blique, liberté, progrès, stabilité, etc.»
Les autres auront l'air d'un cahier des
charges soigneusement élaboré par un
avoué défiant pour enchaîner un man-
dataire d'une fidélité douteuse; on y
stipulera toutes sortes de conditions et
d'obligations et les élus qui les auront
signés mèneront les affaires de l'Etat
comme un cheval mène une voiture,
bien attelés, sanglés, bridés et fouettés
au besoin.
On se met dès maintenant à la beso-
gne; les vacances de Pâques et la ses-
sion des conseils généraux rapprochent
les négociateurs et stimulent l'initiative.
Les électeurs influents cherchent des
candidats, et les candidats cherchent
des électeurs influents. On ne sait pas
au juste d'où part la première impul-
sion. Cela varie d'après les climats et
les tempéraments. Dans le département
de Seine-et-Oise, ce sont, paraît-il, les
électeurs qui se sont réveillés les pre-
miers. Quelques-uns se sont réunis, ont
formé un comité et rédigé un pro-
gramme : la liste viendra plus tard.
Voyons donc, en attendant mieux, en
quoi consiste ce programme qui repré-
sente les prémices d'une moisson abon-
dante et prochaine. Le voici dans toute
son étendue. On demande des députés
capables :.
1° D'assurer à la République une direction
libérale et prudente ;
2° De défendre les intérêts de l'agriculture,
cet élément essentiel de la prospérité natio-
nale. — Sans nier qu'il y ait plusieurs moyens
de venir en aide à l'agriculture, le comité ad-
met dès aujourd'hui que la majorité des can-
didats à proposer soit choisie parmi les parti-
sans des droits protecteurs ;
3° D'empêcher le gouvernement de se lan-
cer à la légère dans des aventures lointaines
et ruineuses, dont on ne prévoit ni l'issue ni
les résultats ;
4° D'apporter, dans la gestion des finances
de l'Etat, c'est-à-dire de l'argent des contri-
buables, la plus stricte économie ;
5° De respecter la liberté de conscience et
le libre exercice des différents cultes, sans
nersécution ni taquinerie ;
6° De développer l'instruction publique, en
respectant les droits incontestables de l'Etat,
mais sans en faire une arme de parti ;
7° D'assurer en un mot une politique ferme,
économe, résolue à sauvegarder les intérêts
de la France, en dirigeant la République dans
la voie de la paix à l'intérieur et à l'exté-
rieur.
Ce qui frappe tout d'abord, à la lec-
ture de ce document, c'est l'excellence
des intentions : libéralisme, prudence,
économie, fermeté, ce sont là des ver-
tus que tout électeur attend de ses dé-
putés, que tout candidat promet et se
flatte sincèrement de cultiver. Personne
ne s'engage à être prodigue, téméraire
ou flottant. Tant qu'on reste dans le va-
gue et dans les épithètes, les partis ne
se distinguent les uns des autres que par
des nuances de style. Il faut mettre des
lunettes pour ne pas confondre un libé-
ral avec un autoritaire, et pour deviner
que deux hommes qui tiennent à peu
près le même langage obéissent à des
tendances diamétralement contraires.
Par exemple, le numéro 6 du program-
me que nous avons sous les yeux est ainsi
conçu : « Développer l'instruction pu-
blique, en respectant les droits incon-
testables de l'Etat, mais sans en faire
une arme de parti. » Cela veut dire,
pour qui sait lire entre les lignes, que
dans la pensée des auteurs de cette
pièce le développement de l'instruction
publique menace de devenir une arme
de parti, et qu'il est temps d'arrêter la
République sur la pente de l'intolé-
rance
Supposez qu'on ait un peu autrement
arrangé ces mêmes mots, et qu'on en
ait seulement changé un : « Développer
l'instruction publique, sans en faire une
arme de parti, mais en revendiquant les
droits incontestables de l'Etat », et le
lecteur verra sans peine qu'il s'agit
d'augmenter l'influence que le gouver-
nement se flatte, peut-être à tort,
d'exercer sur l'opinion des générations
futures au moyen des écoles.
L'article qui condamne « les aventu-
res lointaines et ruineuses, dont on ne
prévoit ni l'issue ni les résultats », a
presque l'air d'une naïveté, tant il est
clair que pas un député ne viendrait
proposer à une Chambre de se lancer à
I l'aveugle dans de folles entreprises ; on
croit toujours, quand on part, savoir où
l'on va : la question est de savoir si l'on
ne se trompe pas. Mais les rédacteurs
du programme de Seine-et-Oise ne sont
pas des émules de Joseph Prudhomme,
et leur promesse pour l'avenir comporte
un blâme énergique, quoique indirect,
pour le passé.
En somme, ce document pourrait,
sans trahison, être traduit ainsi :
« Le gouvernement de la République
suit depuis quelque temps une direction
illibérale et imprudente ; l'expédition du
Tonkin est une aventure ruineuse ; on
gaspille l'argent des contribuables ; on
taquine trop les catholiques ; on fait de
l'instruction publique une arme départi;
on suit une politique querelleuse à l'in-
térieur, belliqueuse au dehors. C'est
pourquoi il est temps de changer d'ins-
piration et, par conséquent, de per-
sonnel. »
Ce programme, très inoffensif en ap-
parence, est donc en réalité, pour qui
se donne la peine de l'interpréter, un
programme d'opposition. Peut-être eut-
il été plus sage de le dire plus claire-
ment. Le suffrage universel a peu de
goût pour l'ironie fine, pour l'allusion
discrète, pour les circonlocutions qui
enveloppent délicatement la condamna-
tion du vice dans l'éloge de la vertu. Il
aime qu'on appelle un chat un chat, et
il ne comprend rien aux subtilités du
langage parlementaire. Un programme
électoral ne doit pas être rédigé dans
le même style qu'un ordre du jour de la
Chambre des députés. Telle expression
qui veut dire au Palais-Bourbon : « Que
le ministère s'en aille! » n'est plus, dans
une affiche ou dans une réunion popu-
laire, qu'une phrase banale ou un
rébus.
Le programme de Seine-et-Oise a un
autre défaut : il est trop négatif. Sauf
en ce qui concerne les droits protec-
teurs, qui d'ailleurs sont votés, on ne
promet aux électeurs qu'une meilleure
politique : on ne leur promet aucune
réforme, aucune amélioration législa-
tive, aucun remaniement des Codes ou
des impôts. C'est un manifeste stricte-
ment conservateur. On pourrait tenir
tout ce qu'il annonce sans voter une
seule loi en quatre ans, à l'exception
du budget annuel. Les questions pen-
dantes, comme celle du service mili-
taire, ne sont pas abordées.
Il faut quelque chose de plus à une
démocratie qui est jeune, entreprenante,
éprise de progrès et de changement,
peut-être à l'excès, mais qui à coup sur
ne se corrigera pas en trois mois. Prê-
cher philosophiquement les vertus dont
la majorité actuelle est accusée de man-
quer, c'est bien ; encore serait-il bon
de rédiger en quelques mots le prospec-
tus des quatre sessions législatives pour
lesquelles on va solliciter un mandat.
Vous serez prudents, économes, libé-
raux, tolérants. A merveille. Et que
ferez-vous pour remplir le vide des
séances ? Avez-vous des idées, des pro-
jets ? Votre seule ambition est-elle de
mettre la France au régime ? C'est peut-
être fort sage ; mais ce n'est pas assez
pour nous séduire.
LETTRE DE M. JULES FERRY
AU « RÉPUBLICAIN DE L'ISÈRE »
Dans une lettre adressée à M. Jules Ferry
le 31 mars dernier, c'est-à-dire le lendemain
de la chute de son cabinet, le rédacteur en
chef du Républicain de l'Isère exprimait à
l'ancien président du conseil ses sympathies
et ses regrets. M. Jules Ferry a répondu par
la lettre suivante :
A Monsieur Claude, rédacteur en chef du
Républicain de l'Isère, Grenoble.
Paris, 12 avril 1885.
Monsieur, .,
Les sentiments que vous avez bien voulu
m'exprimer, au nom du Républicain de VI-
sère, par votre lettre du 31 mars, m'ont
profondément touché. Vous m'avez con-
servé votre confiance, et j'ai le droit de dire
que les événements vous justifient.
A présent, il faut aider à vivre le cabi-
net nouveau ; sa politique ne peut être que
celle du cabinet tombé. C'est en effet celle
de la grande majorité du pays républi-
cain, qui l'appuyait depuis plus de deux
ans et ne souffrirait pas qu'on en chan-
geât.
Avec mes remerciements, recevez, mon-
sieur, l'assurance de mes sentiments de
cordialité républicaine et d'entier dévoue-
ment. JULES FERRY.
LA PAIX AVEC LA CHINE
La Chine s'exécute. Le gouvernement a
reçu du ministre de France une dépêche
datée du 13 avril tout à fait rassurante.
La Gazette de Pékin publiera aujour-
d'hui même un décret indiquant les me-
sures qui ont été édictées par le gouver-
nement chinois en vue de l'évacuation du
Tonkin. Le vice-roi de Canton a reçu par
le télésrranhe le texte de ce décret. En
même temps, ordre était donné d'envoyer
le commissaire des douanes de Canton et
un mandarin à Hanoï pour se concerter
avec le général Brière de l'Isle au sujet du
retrait des troupes chinoises.
D'après les derniers renseignements, le
commandant du corps expéditionnaire a
dû concentrer des forces considérables sur
tous les points voisins de ceux que les ar-
mées du Yunnan et du Quang-Si occupent
en ce moment et vont évacuer, conformé-
ment aux dispositions des préliminaires
de paix.
Il paraît à peu près certain que la Chine
ne soulèvera aucune difficulté à la der-
nière heure. Les commandants des forces
chinoises seront officiellement prévenus
des dates d'évacuation que le décret inséré
dans la Gazette de Pékin doit fixer exacte-
ment.
En ce qui concerne les troupes réguliè-
res, tout donne à penser que l'évacuation
s'effectuera à l'heure dite et sans obstacle.
Les irréguliers, c'est-à-dire les Pavillons-
Noirs, se soumettront moins aisément aux
ordres venus de Pékin. De leur côté, il y a
d'assez sérieuses difficultés. A ce sujet,
divers moyens ont été proposés pour con-
traindre ou amener Lu-Vinh-Phuoc à se
retirer.
La cour de Pékin lui aurait déjà conféré,
paraît-il: un titre de baron avec le gouver-
nement d'une province comme apanage-
Eit~G~r~~t'M~et TeRté est un assez
joli lot pour un chef de bandes : il est à
croire que Lu-Vinh-Phuoc s'en contentera,
si tant est que la cour de Pékin lui ait
réellement offert comme compensation à
sa vie aventureuse titres, honneurs et pro-
fits.
Mais restent les bandesqui peuvent bien
ne pas s'accommoder de cette patrie distri-
butive. Convient-il de leur donner la
chasse vers le nord du Tonkin et de les
refouler sur la rive droite du fleuve Rouge,
sauf à les parquer dans le territoire mon-
tagneux qui leur serait concédé moyen-
nant certaines conditions ?
Cette solution a été proposée et écartée.
On a reconnu qu'elle présentait plus d'un
inconvénient.Le premier serait la nécessité
de faire une nouvelle expédition dans le
Haut-Tonkin ; le second serait de donner
une sorte de consécration à l'existence de
ces bandes et un droit d'asile sur les rives
mêmes du fleuve.
Finalement on s'en tiendrait à ce moyen
plus simple : la France les prendrait à sa
solde et les encadrerait dans les régiments
tonkinois.
On pense que, n'ayant plus rien à espé-
rer du gouvernement de Pékin, ni argent
ni protection, les Pavillons-Noirs accepte-
ront ce modus vivendi.
Je ne réponds pas qu'ils deviennent du
jour au lendemain des soldats bien disci-
plinés C'est affaire de temps. Les Kabyles
ont foui ni et fournissent d'excellents con-
tingents à l'armée d'Afrique. Peut-être en
sera-t-jll de même des Pavillons-Noirs
transformés en tirailleurs tonkinois. Cette
transformation n'est pas impossible, à ce
qu'il me semble, pourvu qu'elle soit ten-
tée avec une grande prudence et certains
tempéraments, surtout pendant la période
d'organisation.
C'esl*ene expérience à faire.
Louis HENRIQUE.
- ———————
NOUVELLES DE CHINE
DÉPÊCHES OFFICIELLES
Le ministre de la guerre -a reçu cette nuit
deux dépêches du général Brière de l'Isle, qui
avait été informé de la nomination du général
de Courcy.
Première dépêche : w
Hanoï, 13 avril, 5 h. 5, soir.
Mon patriotisme se réjouit des résolutions
prises par le gouvernement : ma personna-
lité n'est rien en face de l'intérêt du pays.
Je prendrais avec plaisir le commandement
de la première division, surtout si le comman-
dement de la deuxième est donné au général
de Négrier.
De Négrier sera à cheval dans quinze jours.
La deuxième dépêche, datée de Hanoï, 7 h.
30 soir, est relative à des demandes de maté-
riel et constate que rien de nouveau ne s'est
produit au Tonkin.
★ *âr
L'amiral Courbet télégraphie ce qui suit :
Maxung, 10 avril.
ai reçu vos télégrammes du 7 avril. Au
nom de l'escadre et du corps expéditionnaire,
je remercie l'amiral Peyron de sa bienveil-
lance. Je félicite l'amiral Galiber et je lui
donne l'assurance de notre entier dévouement.
COURBET.
LE MARQUIS TSENG
On nous mande de Londres que le marquis
Tseng manifeste le désir de venir gérer de
nouveau la légation de Chine à Paris.
Li-Fong-Pao, qui a rempli les fonctions
d'ambassadeur de Chine à Paris dans la pé-
riode qui s'est écoulée entre la convention du
11 mai et le bombardement de Fou-Tcheou,
doit embarquer à Brindisi dimanche prochain
sur le paquebot anglais pour rentrer en
Chine. Son départ, annoncé depuis assez long-
temps, avait été différé par une maladie de
sa femme.
LES RENFORTS
Le Liban, le Thibet et le Chéribon, navires
affrétés à destination du Tonkin, sont arrivés
de Marseille à Toulon. Ils commencent au-
jourd'hui leur chargement.
Le 11e bataillon de chasseurs, en résidence
à Alençon, est désigné pour former la réserve
du corps expéditionnaire au Tonkin. Ce ba-
taillon partira de France en même temps que
les généraux de Courcy, commandant en
chef, et Warnet, chef d'état-major général.
Le général de Courcy partira le 30 avril sur
l'Amazone.
LES PRÉLIMINAIRES DE PAIX
On sait que M. Jules Ferry a déclaré, dans
une lettre adressée au Times, qu'il avait reçu
communication, à la date du 7 avril, et une
demi-heure avant la séance dans laquelle de-
vait être lue aux deux Chambres la déclara-
tion du nouveau cabinet, d'une dépêche de
M. Hart qui annonçait l'édit impérial rendu
à Pékin le 6 avril et ordonnant, conformé-
ment au protocole signé par M. Billot, l'exé-
cution du traité de Tientsin et l'évacuation du
Tonkin.
M. Jules Ferry ayant ajouté qu'il en avait
informé par le téléphone, après M. le prési-
dent de la République, le président du conseil
au Palais-Bourbon et le ministre des affaires
étrangères au Sénat, quelques instants avant
l'ouverture de la séance, plusieurs journaux
ont paru s'étonner du silence que le nouveau
ministère a gardé sur le décret du gouverne-
ment chinois.
Nous croyons savoir que M. de Freycinet,
dès son arrivée au ministère des affaires
étrangères, télégraphia au consul de France
à Tientsin pour lui demander des renseigne-
ments sur la teneur exacte de ce décret.
-. La réponse du consul, datée du 9 avril, ne
parvint que le 10 au quai d'Orsay, et c'est
ainsi qu'il fut impossible au nouveau -cabinet
de s'expliquer catégoriquement sur la ques-
tion des préliminaires de paix devant la com-
mission de la Chambre chargée d'examiner
les crédits pour le service du Tonkin.
Il est vrai que M. Jules Ferry avait indiqué,
par le téléphone, à MM. Brisson et de Freyci-
net, le sens de la dépêche de M. Hart, mais le
nouveau cabinet considéra qu'il ne pouvait
donner à cette dépêche le caractère d'une
communication officielle tant que nos agents
diplomatiques en Chine ne lui avaient pas si-
gnalé la publication du décret impérial. Or
ce décret qui, d'après certains journaux, aurait
paru dès le 6 avril, ne sera publié dans la
Gazette officielle de Pékin qu'aujôurd hui 14
avril, ainsi que l'annonce une dépêche de M.
Patenôtre, ministre de France à Shanghaï.
Ce décret ratifie la convention de Tientsin
du 11 mai 1884 et stipule. que le commence-
ment de l'évacuation du Tonkin et la fin de
l'évacuation auront lieu à des dates échelon-
nées dans les mois d'avril, de mai et jusqu'au
4 juin.
*-* t V
Le commandant Baux, dont nous avons an-
noncé hier la nomination au grade de contre-
amiral, commande la Triomphante depuis l'ou-
verture des hostilités et a rendu dans toute
la campagne les plus grands services. Il a
pris part aux opérations de la rivière Min, et
son arrivée devant Fou-Tcheou avec un na-
vire du tirant de la Triomphante est un fait
d'armes des plus glorieux.
———————— ————————
CE QU'IL FAUT CRAINDRE
S'il fallait en croire les invalides de
l'ordre moral, le parti républicain serait
terrifié des résultats des élections de di-
manche. Quelques nominations de con-
seillers généraux monarchistes faites dans
des départements inféodés aux idées d'au-
trefois suffiraient à nous épouvanter. Les
hommes du 16 Mai nous menacent de
leurs béquilles, le passé va mettre un faux-
nez pour dissimuler son manque de flair
et la réaction à la tête de bois va relever
la tête. « Fondons partout des comités,
s'écrient les feuilles réactionnaires. A nous
les capitalistes ! A nous les conférenciers !
Imitons M. Pouyer-Quertier, M. Estance-
lin, M. Gallal Faisons déborder sur la
province les flots de notre éloquence venr
geresse! Organisons-nous pour la lutte.
Combattre est un plaisir. Partons pour les
départements ; nos ennemis y mordront la
poussière et, comme on dit dans le Petit
Faust, ça les fera mourir ! »
Les vieux partis, comme les vieilles
gens, se font facilement illusion sur les
forces qu'ils peuvent déployer. Quand la
monarchie et ceux qui la soutiennent par-
lent de recommencer le i6 Mai, on croi-
rait entendre M. et Mme Denis parler de
recommencer leurs exploits de 1701.
M. Lavedan a beau, sous un pseu-
donyme, se poser en petit volcan, il ne
soulève qu'une vague poussière. M. de
Broglie est à peu près aussi militant qu'un
portrait de famille. Tout ce monde est vieil-
lot et démodé. C'est le bric-à-brac de la po-
litique. Il ne reste de lui que l'agaçant
souvenir du mal qu'il a fait au pays, des
tracasseries dont il a été l'agent, des jus-
tes colères et des impitoyables railleries
qu'il a soulevées. L'ordre moral, les sup-
pressions de journaux, les immolations
de fonctionnaires, les chassés-croisésd'ins-
tituteurs, l'impertinence érigée en système
gouvernemental, l'hypocrisie cléricale souf-
flant ses décisions au pouvoir, les Pascal,
les Ducros, les Doncieux, les Tracy se mo-
quant de leurs administrés et s'acharnant
même sur les cadavres, tout cela n'est
plus qu'une page burlesque de la comédie
de la mort. Tout cela ne se ressuscite pas.
Ne craignons donc pas les réactionnai-
res d'antan : ce pays les a mis à la porte et
ne leur rouvrira pas les salons du pouvoir.
La danger n'est pas là. Si nous devons
craindre quelqu'un, craignons-nous nous-
mêmes.
Craignons, par l'ardeur de nos luttes en-
tre les diverses fractions du parti républi-
cain, de nous déconsider mutuellement.
Craignons de nous diviser, non sur des
principes, mais sur des questions person-
nelles.
Craignons,, si nous devons solliciter les
suffrages de nos concitoyens, de leur faire
des promesses que nous ne pourrons pas
tenir.
Craignons l'emphase des programmes,
le vide des formules, les déceptions de
l'absolu, les lendemains de l'illusion. -
Craignons, si le pays nous fait l'honneur
de nous envoyer au Parlement, de perdre
notre temps en intrigues de couloirs, en
luttes de groupes, en discussions byzanti-
nes, en interpellations inutiles ou dange-
reuses, en longs discours dignes des avo-
cassons qui s'essaient dans l'art oratoire,
mais indignes d'hommes sérieux.
Craignons les surprises de la colère ou
de l'enthousiasme, les blâmes irréfléchis,
les applaudissements trop prompts, les
fréquents renversements de ministères,
les crises politiques qui se prolongent
pour l'unique satisfaction des ambitieux.
Craignons tout ce qui déconsidère les
républicains sincères, tout ce qui nuit à
la stabilité républicaine, tout ce qui arrête
les affaires, tout ce qui trouble la patrie,
tout ce qui nous affaiblit vis-à-vis de l'en-
nemi du dehors.
Quant à craindre un retour offensif de
M. de Fourtou, c'est une naïveté que nous
ne saurions avoir. L'ordre moral est trop
vieux pour être dangereux. Il est trop ré-
cent pour n'être plus odieux et ridicule.
P. F.
——————— ———————
La Question des agents de change
Nous recevons d'un de nos abonnés la
lettre suivante, que l'intérêt de la ques-
tion qui se pose dans le monde des af-
faires nous engage à publier :
Paris, le 14 avril 1885.
Monsieur le rédacteur,
Vous êtes bien informé en parlant de la
campagne qui se prépare contre la liberté de
la coulisse. Il est en effet question, comme
d'une conséquence de la loi promulguée ces
jours-ci et reconnaissant les « dettes de jeu»,
c'est-à-dire les marchés à terme, de suppri-
mer in tolérance dont iouit le marché libre.
- "'---- ---- - -
D'après les projets dont on parle, les agents
de change, seuls, auraient qualité pour servir
d'intermédiaires entre les vendeurs et les
acheteurs à terme, et la jurisprudence qui,
presque toujours, se montre défavorable à la
coulisse, quand il s'agit de règlements entre
les maisons de coulisse et leurs clients, s'ag-
graverait d'une interdiction formelle pour
celles-là d'opérer des transactions au compte
de ceux-ci.
Ce serait là une véritable révolution dans
les habitudes de la pince de Paris, et, csrrwïs
remerciant d'avoir soulevé, le premier, cette
grave question dans la presse, je viens, au
nom d'un certain nombre d'intéressés, vous
demander de ne pas la laisser sans une dis-
cussion approfondie.
Il ne m'appartient pas, monsieur le rédac-
teur, de vous exposer nos idées à ce propos.
Je pense seulement que si le privilège- des
agents de change, consacré par la loi, est
fort respectable, d'autant plus qu'ils l'ont
acheté fort cher, il convient à un journal tel
que le vôtre, -dévoué à la cause de l'intérêt
public, de chercher quel est cet intérêt.
Est-il matériellement possible, d'ailleurs,
de supprimer la coulisse, c'est-à-dire nombre
de maisons sérieuses, parmi lesquelles on
compte nos principaux établissements de
crédit, qui font des affaires à terme pour leur
clientèle et suffisent à peine aux besoins
du public ?
L'augmentation des charges d'agents se-
rait, pour le moins, indispensable, et dans
une proportion tout autre que ce qui a été
fait déjà.
Cette augmentation même résoudrait-elle
la difficulté, et le monopole étendu à un plus
grand nombre d'agents suffirait-il pour ré-
pondre aux besoins de la place et du public ?
J'appelle votre attention sur cette ques-
tion, que vous avez bien eu raison de quali-
fier de « grave ».
Recevez, monsieur le rédacteur en chef,
l'assurance de mes sentiments les meil-
leurs.
Un de vos vieux abonnés,
G. R.
Notre correspondant a raison de nous
engager à discuter la question soulevée
ces jours-ci.
Nous le ferons avec la plus grande im-
partialité, et prêts à accueillir et à publier
les avis et communications que nous pour-
rons recevoir à ce sujet.
Nous devons ajouter que le Soir affirme
que « la nouvelle, donnée par le X/Xc
Siècle, de mesures qui allaient être prises
contre la coulisse, est inexacte ».
Nous n'avons pas dit que des mesures
allaient être prises.
Nous avons dit que la question était re-
mise sur le tapis, et nous maintenons no-
tre information.
Session des Conseils généraux
Nous avons signalé, hier, l'ouverture de
la session des conseils généraux ; jusqu'à
présent, rien d'anormal ne s'est produit
au sein de nos assemblées départementa-
les ; leurs membres, sauf quelques rares
exceptions, semblent ne se préoccuper
que des affaires d'intérêt local. De tous les
points de la France, des vœux patriotiques
sont partis à l'adresse de notre brave ar-
mée du Tonkin : sur ce point, l'unanimité
a été complète.
Quelques conseils généraux ont souhaité
la bienvenue au nouveau cabinet, celui de
l'Hérault par exemple; d'autres ont ré-
clamé la mise en accusation du précédent
ministère; mais ces manifestations sont
restées sans écho.
A Lyon, M. Gay a déposé un vœu en
faveur de l'amnistie; dans l'Oise, c'est M.
Chevot, vice-président, qui occupait le
fauteuil présidentiel en l'absence du duc'
d'Aumale, forcé de s'absenter.
Dans les Vosges, on annonce l'arrivée
de M. Ferry qui doit passer quelques jours
à Epinal pour prendre part aux travaux du
conseil. Il ne serait pas impossible que
l'ancien président du conseil saisît cette
occasion pour prononcer un important
discours.
En Algérie, le conseil général sur la pro-
position de M. Aumerat, a émis le vœu
que le crédit de quarante millions attribué
à l'Algérie sur la caisse des chemins vici-
naux fût intégralement maintenu ; il a dé-
cidé que cette résolution serait immédia-
tement télégraphiée aux conseils généraux
d'Oran et de Constantine.
Comme on le voit, la session d'avril ne
présente pas grand intérêt au point de vue
politique ; c'est une session d'affaires. Il
ne faut pas cependant oublier que les élec-
tions approchent, et qu'il est important
pour le parti républicain de concentrer ses
moyens d'action et de se concerter sur ce
qu'il y a à faire. u
Nous espérons que les conseils généraux
aviseront et prendront les mesures néces-
saires pour aider au groupement des for-
ces républicaines.
C'est la tâche qui s'impose par-dessus
tout au moment où la lutte électorale va
commencer.
L.D.
.——————— ——————
Le Gaulois et le Figaro ont la spécialité
de recevoir du Tonkin des nouvelles ex-
traordinaires, qu'ils agrémentent l'un et
l'autre de commentaires parfois étranges.
L'un, le Figaro, annonce que le ministre
de la guerre aurait soumis au conseil des
ministres les conclusions du conseil de la
guerre (il écrit même « un conseil de
guerre », ce qui n'est pas la même chose)
au sujet des dernières opérations de la
deuxième brigade du Tonkin. Les conclu-
sions seraient celles-ci : le général Brière
de l'Isle a manqué de sang-froid, et le gé-
néral de Négrier aurait eu tort de s'éloi-
gner de sa base d'opérations avec un ef-
fectif trop faible et sans approvisionne-
ments suffisants en vivres et en muni-
tions.
A cette assertion, l'agence Havas oppose
un démenti formel. « Ces nouvelles sont,
dit-elle, dénuées de tout fondement. »
Ce n'était vraiment pas nécessaire. Il est
de toute évidence que le ministre de la
guerre ne peut pas avoir reçu à l'heure
présente des rapports circonstanciés sur
les incidents qui ont motivé la retraite de
Langson.
Au tour du Gaulois. Celui-ci avait été
frappé comme nous des termes peu cor-
rects de la dépêche publiée avant-hier par
l'agence Havas et qui contenait ce membre
de phrase : « remise du commandement
Prix du nui/ éro à Paris : 15 centimes — Départements : 20 centimes
Mercredi 15 Avril 1831
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RËDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue Cadet, 1S
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendus
- ABONNEMENTS -
DÉPARTEMENTS
Trois mois f8 »»
Six mois. 32 »»
Un au 82 t)),
PARIS
Trois mois. 13 »»
Six mois. 25 MM
Un an. 50 »»
Supplément p* l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
Les ahonnemts partent des l6r et 15 de chaque mois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et C.
- 6, place de la Bourse, 6
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Admiuistraleur
±6, rue Cadet, t-3
Les Lettres non affranchies seront refusées :
EN VENTE A LONDRES
A la librairie JPetitjean
39, OLD COMPTON STREET ( SOHO)
ET DANS SES SUCCURSALES
37, Charlotte Street, Fitzroy Square
Et 15, Tichberne Street, (Café Monico. 2d.)
Bourse de Paris
YEtJTE BOURSE DU som'
80/0 77 20, 22, 15, 37, 27.
I¡. fj20¡O. 107*85,77,95.
Turc. 15 CO 75,70.
Banque Ottomane. 539 27, 536 87, 540.
Extérieure 56 9/16, 13/16, 3/4.
Egyptienne. 308 75, 308 12, 310.
Hongrois 76 1/8,
Actions Rio. 240, 235, 240.
BULLETIN
La situation anglo-russe reste la même,
et jusqu'à ce que la réponse du général
Komaroff parvienne à Saint-Pétersbourg,
c'est-à-dire avant plusieurs jours, on ne
doit prévoir aucun changement. Les pré-
paratifs militaires sont toujours poussés
avec la plus grande activité, et c'est là ce
qui prouve qu'on ajoute peu de foi, à Lon-
dres comme à Saint-Pétersbourg, aux
bruits de médiation qui continuent de
courir et qu'il suffit jusqu'à nouvel ordre
de signaler. La médiation de l'Allemagne
est considérée dans plusieurs cercles poli-
tiques comme la meilleure solution du
conflit ouvert en Asie centrale. Mais ce
u'est ni dans les cercles anglais ni dans
les cercles russes que cette opinion a
çours.
La Gazette de Cologne dément toute
médiation de l'empereur Guillaume et
déclare que « le prince de Bismarck a eu,
comme honnête courtier, trop de désa-
gréments pour souhaiter d'une façon par-
ticulière de jouer encore le rôle ingrat et
difficile de médiateur désintéressé». Une
correspondance de Berlin adressée au
Times annonce que l'empereur Guillaume
a eu une entrevue avec le prince Bolgo-
rouki, mais ajoute que la nouvelle d'une
intervention de l'Allemagne est des moins
vraisemblables, car depuis 1870 la politi-
que de l'Allemagne a été guidée par «le
principe de la non intervention dans les
affaires de ses voisins ».
Pendant la guerre russo-turque, le
prince de Bismarck 'est rigoureusement
maintenu dans cette attitude d'officielle
neutralité, et rien n'indique qu'il rompe
prochainement avec cette politique. Il est
possible seulement que le chancelier se
joigne aux puissances signataires du traité
de Berlin pour adresser de pacifiques re-
montrances à la Russie qui a fortifié Ba-
toum, contrairement à l'article 59 de ce
traité. Voici d'ailleurs, sur l'hypothèse de
la médiation d'une puissance continentale,
l'opinion du Times:
(CIl ne saurait être question de médiation.
Si la Russie consent à désavouer le géné-
ral Komaroff, à retirer ses troupes et à re-
mettre la délimitation de la frontière
afghane entre les mains des commissaires
nommés au début, une médiation devient
inutile. Si la Russie insiste pour justifier
son agression, nous ne pouvons consentir
à laisser une autre puissance décider ce
que nous devons faire dans une question
où sont engagés notre honneur et notre
influence en Orient. »
L'attitude de la Turquie, dans le cas où
la guerre éclaterait entre l'Angleterre et la
Russie, fait également l'objet des commen-
taires les plus variés dans la presse d'Eu-
rope et dans les cercles diplomatiques. Le
Standard publie, à ce propos, une corres-
pondance de Constantinople où il est dit
en substance que si, à cette heure, la Tur-
quie hésite eneore entre l'alliance an-
glaise et l'alliance russe, le premier coup
de canon qui annoncerait réouverture de
la guerre entre les troupes de Komaroff et
colles du général Lumsden la déciderait à
so mettre du côté de l'Angleterre, malgré
le ressentiment qu'elle éprouve des af-
faires d'Egypte et l'esprit d'hostilité non
déguisé qui règne dans les sphères gouver-
nementales de la Turquie contre M. Glads-
tone. La Turquie accepterait l'alliance an-
glaise dans le double espoir de reconqué-
rir les possessions perdues par elle dans
la dernière guerre et de se voir libérer
de l'indemnité qu'elle paie à la Russie.
A la Chambre des communes, M. Glads-
tone répondant à sir Stafford Northcote, a
dit,hier qu'il n'a reçu du général Lumsden
aucune confirmation d'un nouveau mou-
vement en avant des Russes, mais qu'il a
reçu une communication de Saint-Péters-
bourg dans laquelle se trouve incidem-
ment renouvelée l'assurance qu'aucun
mouvement semblable n'aura lieu sur les
ordres du gouvernement russe.
A la Chambre des lords, sur la motion
de lord Granville, l'adresse en réponse au
message de la reine relatif à l'appel des
réserves a été adopté par acclamation.
Une dépêche de Souakim annonce que
les Italiens de Massaouah ont occupé Ara-
faly (Ansley Bay), et que le drapeau ita-
lien a été hissé à côté du drapeau égyptien.
On mande du Caire que le chef de la
police, craignant des troubles par suite de
la suppression du Bosphore égyptien, a
fait doubler les postes et consigner les
troupes.
Hier matin, M. Serrière, imprimeur du
Bosphore égyptien, a reçu avis qu'il pou-
vait rouvrir son imprimerie s'il consen-
tait à ne pas imprimer ce journal. M. Ser-
rière n'a pas accepté cette offre.
Il vient d'intenter un procès au gouver-
nement et il réclame des dommages-inté-
rêts. -
Examinant les propositions de M. Bar-
rère concernant le canal de Suez, telles
qu'elles ont été publiées par le Temps, le
Times s'exprime ainsi :
« Nous n'hésitons pas à déclarer que si
telles sont exactement les stipulations de
la convention proposée par M. Barrère, la
commission n'a pas compétence, même
pour les discuter; dans tous les cas, elles
ne sauraient être admises par l'Angle-
terre. »
QUESTION DU JOUR
L-: -1. .,
Les" programmes électoraux
Nous entrons dans l'ère des program-
mes. Il y en aura pour tous les goûts
et pour toutes les intelligences. Il y aura
des programmes clairs et des program-
mes obscurs, des programmes concis et
des programmes diffus, des program-
mes assez élastiques pour réunir dans
une ample coalition des candidats de
nuances infiniment variées et des pro-
grammes rigoureux comme une profes-
sion de foi religieuse revue par des in-
quisiteurs. Les uns ressembleront à une
collection de devises inscrites sur un
drapeau ou sur un monument : « Répu-
blique, liberté, progrès, stabilité, etc.»
Les autres auront l'air d'un cahier des
charges soigneusement élaboré par un
avoué défiant pour enchaîner un man-
dataire d'une fidélité douteuse; on y
stipulera toutes sortes de conditions et
d'obligations et les élus qui les auront
signés mèneront les affaires de l'Etat
comme un cheval mène une voiture,
bien attelés, sanglés, bridés et fouettés
au besoin.
On se met dès maintenant à la beso-
gne; les vacances de Pâques et la ses-
sion des conseils généraux rapprochent
les négociateurs et stimulent l'initiative.
Les électeurs influents cherchent des
candidats, et les candidats cherchent
des électeurs influents. On ne sait pas
au juste d'où part la première impul-
sion. Cela varie d'après les climats et
les tempéraments. Dans le département
de Seine-et-Oise, ce sont, paraît-il, les
électeurs qui se sont réveillés les pre-
miers. Quelques-uns se sont réunis, ont
formé un comité et rédigé un pro-
gramme : la liste viendra plus tard.
Voyons donc, en attendant mieux, en
quoi consiste ce programme qui repré-
sente les prémices d'une moisson abon-
dante et prochaine. Le voici dans toute
son étendue. On demande des députés
capables :.
1° D'assurer à la République une direction
libérale et prudente ;
2° De défendre les intérêts de l'agriculture,
cet élément essentiel de la prospérité natio-
nale. — Sans nier qu'il y ait plusieurs moyens
de venir en aide à l'agriculture, le comité ad-
met dès aujourd'hui que la majorité des can-
didats à proposer soit choisie parmi les parti-
sans des droits protecteurs ;
3° D'empêcher le gouvernement de se lan-
cer à la légère dans des aventures lointaines
et ruineuses, dont on ne prévoit ni l'issue ni
les résultats ;
4° D'apporter, dans la gestion des finances
de l'Etat, c'est-à-dire de l'argent des contri-
buables, la plus stricte économie ;
5° De respecter la liberté de conscience et
le libre exercice des différents cultes, sans
nersécution ni taquinerie ;
6° De développer l'instruction publique, en
respectant les droits incontestables de l'Etat,
mais sans en faire une arme de parti ;
7° D'assurer en un mot une politique ferme,
économe, résolue à sauvegarder les intérêts
de la France, en dirigeant la République dans
la voie de la paix à l'intérieur et à l'exté-
rieur.
Ce qui frappe tout d'abord, à la lec-
ture de ce document, c'est l'excellence
des intentions : libéralisme, prudence,
économie, fermeté, ce sont là des ver-
tus que tout électeur attend de ses dé-
putés, que tout candidat promet et se
flatte sincèrement de cultiver. Personne
ne s'engage à être prodigue, téméraire
ou flottant. Tant qu'on reste dans le va-
gue et dans les épithètes, les partis ne
se distinguent les uns des autres que par
des nuances de style. Il faut mettre des
lunettes pour ne pas confondre un libé-
ral avec un autoritaire, et pour deviner
que deux hommes qui tiennent à peu
près le même langage obéissent à des
tendances diamétralement contraires.
Par exemple, le numéro 6 du program-
me que nous avons sous les yeux est ainsi
conçu : « Développer l'instruction pu-
blique, en respectant les droits incon-
testables de l'Etat, mais sans en faire
une arme de parti. » Cela veut dire,
pour qui sait lire entre les lignes, que
dans la pensée des auteurs de cette
pièce le développement de l'instruction
publique menace de devenir une arme
de parti, et qu'il est temps d'arrêter la
République sur la pente de l'intolé-
rance
Supposez qu'on ait un peu autrement
arrangé ces mêmes mots, et qu'on en
ait seulement changé un : « Développer
l'instruction publique, sans en faire une
arme de parti, mais en revendiquant les
droits incontestables de l'Etat », et le
lecteur verra sans peine qu'il s'agit
d'augmenter l'influence que le gouver-
nement se flatte, peut-être à tort,
d'exercer sur l'opinion des générations
futures au moyen des écoles.
L'article qui condamne « les aventu-
res lointaines et ruineuses, dont on ne
prévoit ni l'issue ni les résultats », a
presque l'air d'une naïveté, tant il est
clair que pas un député ne viendrait
proposer à une Chambre de se lancer à
I l'aveugle dans de folles entreprises ; on
croit toujours, quand on part, savoir où
l'on va : la question est de savoir si l'on
ne se trompe pas. Mais les rédacteurs
du programme de Seine-et-Oise ne sont
pas des émules de Joseph Prudhomme,
et leur promesse pour l'avenir comporte
un blâme énergique, quoique indirect,
pour le passé.
En somme, ce document pourrait,
sans trahison, être traduit ainsi :
« Le gouvernement de la République
suit depuis quelque temps une direction
illibérale et imprudente ; l'expédition du
Tonkin est une aventure ruineuse ; on
gaspille l'argent des contribuables ; on
taquine trop les catholiques ; on fait de
l'instruction publique une arme départi;
on suit une politique querelleuse à l'in-
térieur, belliqueuse au dehors. C'est
pourquoi il est temps de changer d'ins-
piration et, par conséquent, de per-
sonnel. »
Ce programme, très inoffensif en ap-
parence, est donc en réalité, pour qui
se donne la peine de l'interpréter, un
programme d'opposition. Peut-être eut-
il été plus sage de le dire plus claire-
ment. Le suffrage universel a peu de
goût pour l'ironie fine, pour l'allusion
discrète, pour les circonlocutions qui
enveloppent délicatement la condamna-
tion du vice dans l'éloge de la vertu. Il
aime qu'on appelle un chat un chat, et
il ne comprend rien aux subtilités du
langage parlementaire. Un programme
électoral ne doit pas être rédigé dans
le même style qu'un ordre du jour de la
Chambre des députés. Telle expression
qui veut dire au Palais-Bourbon : « Que
le ministère s'en aille! » n'est plus, dans
une affiche ou dans une réunion popu-
laire, qu'une phrase banale ou un
rébus.
Le programme de Seine-et-Oise a un
autre défaut : il est trop négatif. Sauf
en ce qui concerne les droits protec-
teurs, qui d'ailleurs sont votés, on ne
promet aux électeurs qu'une meilleure
politique : on ne leur promet aucune
réforme, aucune amélioration législa-
tive, aucun remaniement des Codes ou
des impôts. C'est un manifeste stricte-
ment conservateur. On pourrait tenir
tout ce qu'il annonce sans voter une
seule loi en quatre ans, à l'exception
du budget annuel. Les questions pen-
dantes, comme celle du service mili-
taire, ne sont pas abordées.
Il faut quelque chose de plus à une
démocratie qui est jeune, entreprenante,
éprise de progrès et de changement,
peut-être à l'excès, mais qui à coup sur
ne se corrigera pas en trois mois. Prê-
cher philosophiquement les vertus dont
la majorité actuelle est accusée de man-
quer, c'est bien ; encore serait-il bon
de rédiger en quelques mots le prospec-
tus des quatre sessions législatives pour
lesquelles on va solliciter un mandat.
Vous serez prudents, économes, libé-
raux, tolérants. A merveille. Et que
ferez-vous pour remplir le vide des
séances ? Avez-vous des idées, des pro-
jets ? Votre seule ambition est-elle de
mettre la France au régime ? C'est peut-
être fort sage ; mais ce n'est pas assez
pour nous séduire.
LETTRE DE M. JULES FERRY
AU « RÉPUBLICAIN DE L'ISÈRE »
Dans une lettre adressée à M. Jules Ferry
le 31 mars dernier, c'est-à-dire le lendemain
de la chute de son cabinet, le rédacteur en
chef du Républicain de l'Isère exprimait à
l'ancien président du conseil ses sympathies
et ses regrets. M. Jules Ferry a répondu par
la lettre suivante :
A Monsieur Claude, rédacteur en chef du
Républicain de l'Isère, Grenoble.
Paris, 12 avril 1885.
Monsieur, .,
Les sentiments que vous avez bien voulu
m'exprimer, au nom du Républicain de VI-
sère, par votre lettre du 31 mars, m'ont
profondément touché. Vous m'avez con-
servé votre confiance, et j'ai le droit de dire
que les événements vous justifient.
A présent, il faut aider à vivre le cabi-
net nouveau ; sa politique ne peut être que
celle du cabinet tombé. C'est en effet celle
de la grande majorité du pays républi-
cain, qui l'appuyait depuis plus de deux
ans et ne souffrirait pas qu'on en chan-
geât.
Avec mes remerciements, recevez, mon-
sieur, l'assurance de mes sentiments de
cordialité républicaine et d'entier dévoue-
ment. JULES FERRY.
LA PAIX AVEC LA CHINE
La Chine s'exécute. Le gouvernement a
reçu du ministre de France une dépêche
datée du 13 avril tout à fait rassurante.
La Gazette de Pékin publiera aujour-
d'hui même un décret indiquant les me-
sures qui ont été édictées par le gouver-
nement chinois en vue de l'évacuation du
Tonkin. Le vice-roi de Canton a reçu par
le télésrranhe le texte de ce décret. En
même temps, ordre était donné d'envoyer
le commissaire des douanes de Canton et
un mandarin à Hanoï pour se concerter
avec le général Brière de l'Isle au sujet du
retrait des troupes chinoises.
D'après les derniers renseignements, le
commandant du corps expéditionnaire a
dû concentrer des forces considérables sur
tous les points voisins de ceux que les ar-
mées du Yunnan et du Quang-Si occupent
en ce moment et vont évacuer, conformé-
ment aux dispositions des préliminaires
de paix.
Il paraît à peu près certain que la Chine
ne soulèvera aucune difficulté à la der-
nière heure. Les commandants des forces
chinoises seront officiellement prévenus
des dates d'évacuation que le décret inséré
dans la Gazette de Pékin doit fixer exacte-
ment.
En ce qui concerne les troupes réguliè-
res, tout donne à penser que l'évacuation
s'effectuera à l'heure dite et sans obstacle.
Les irréguliers, c'est-à-dire les Pavillons-
Noirs, se soumettront moins aisément aux
ordres venus de Pékin. De leur côté, il y a
d'assez sérieuses difficultés. A ce sujet,
divers moyens ont été proposés pour con-
traindre ou amener Lu-Vinh-Phuoc à se
retirer.
La cour de Pékin lui aurait déjà conféré,
paraît-il: un titre de baron avec le gouver-
nement d'une province comme apanage-
Eit~G~r~~t'M~et TeRté est un assez
joli lot pour un chef de bandes : il est à
croire que Lu-Vinh-Phuoc s'en contentera,
si tant est que la cour de Pékin lui ait
réellement offert comme compensation à
sa vie aventureuse titres, honneurs et pro-
fits.
Mais restent les bandesqui peuvent bien
ne pas s'accommoder de cette patrie distri-
butive. Convient-il de leur donner la
chasse vers le nord du Tonkin et de les
refouler sur la rive droite du fleuve Rouge,
sauf à les parquer dans le territoire mon-
tagneux qui leur serait concédé moyen-
nant certaines conditions ?
Cette solution a été proposée et écartée.
On a reconnu qu'elle présentait plus d'un
inconvénient.Le premier serait la nécessité
de faire une nouvelle expédition dans le
Haut-Tonkin ; le second serait de donner
une sorte de consécration à l'existence de
ces bandes et un droit d'asile sur les rives
mêmes du fleuve.
Finalement on s'en tiendrait à ce moyen
plus simple : la France les prendrait à sa
solde et les encadrerait dans les régiments
tonkinois.
On pense que, n'ayant plus rien à espé-
rer du gouvernement de Pékin, ni argent
ni protection, les Pavillons-Noirs accepte-
ront ce modus vivendi.
Je ne réponds pas qu'ils deviennent du
jour au lendemain des soldats bien disci-
plinés C'est affaire de temps. Les Kabyles
ont foui ni et fournissent d'excellents con-
tingents à l'armée d'Afrique. Peut-être en
sera-t-jll de même des Pavillons-Noirs
transformés en tirailleurs tonkinois. Cette
transformation n'est pas impossible, à ce
qu'il me semble, pourvu qu'elle soit ten-
tée avec une grande prudence et certains
tempéraments, surtout pendant la période
d'organisation.
C'esl*ene expérience à faire.
Louis HENRIQUE.
- ———————
NOUVELLES DE CHINE
DÉPÊCHES OFFICIELLES
Le ministre de la guerre -a reçu cette nuit
deux dépêches du général Brière de l'Isle, qui
avait été informé de la nomination du général
de Courcy.
Première dépêche : w
Hanoï, 13 avril, 5 h. 5, soir.
Mon patriotisme se réjouit des résolutions
prises par le gouvernement : ma personna-
lité n'est rien en face de l'intérêt du pays.
Je prendrais avec plaisir le commandement
de la première division, surtout si le comman-
dement de la deuxième est donné au général
de Négrier.
De Négrier sera à cheval dans quinze jours.
La deuxième dépêche, datée de Hanoï, 7 h.
30 soir, est relative à des demandes de maté-
riel et constate que rien de nouveau ne s'est
produit au Tonkin.
★ *âr
L'amiral Courbet télégraphie ce qui suit :
Maxung, 10 avril.
ai reçu vos télégrammes du 7 avril. Au
nom de l'escadre et du corps expéditionnaire,
je remercie l'amiral Peyron de sa bienveil-
lance. Je félicite l'amiral Galiber et je lui
donne l'assurance de notre entier dévouement.
COURBET.
LE MARQUIS TSENG
On nous mande de Londres que le marquis
Tseng manifeste le désir de venir gérer de
nouveau la légation de Chine à Paris.
Li-Fong-Pao, qui a rempli les fonctions
d'ambassadeur de Chine à Paris dans la pé-
riode qui s'est écoulée entre la convention du
11 mai et le bombardement de Fou-Tcheou,
doit embarquer à Brindisi dimanche prochain
sur le paquebot anglais pour rentrer en
Chine. Son départ, annoncé depuis assez long-
temps, avait été différé par une maladie de
sa femme.
LES RENFORTS
Le Liban, le Thibet et le Chéribon, navires
affrétés à destination du Tonkin, sont arrivés
de Marseille à Toulon. Ils commencent au-
jourd'hui leur chargement.
Le 11e bataillon de chasseurs, en résidence
à Alençon, est désigné pour former la réserve
du corps expéditionnaire au Tonkin. Ce ba-
taillon partira de France en même temps que
les généraux de Courcy, commandant en
chef, et Warnet, chef d'état-major général.
Le général de Courcy partira le 30 avril sur
l'Amazone.
LES PRÉLIMINAIRES DE PAIX
On sait que M. Jules Ferry a déclaré, dans
une lettre adressée au Times, qu'il avait reçu
communication, à la date du 7 avril, et une
demi-heure avant la séance dans laquelle de-
vait être lue aux deux Chambres la déclara-
tion du nouveau cabinet, d'une dépêche de
M. Hart qui annonçait l'édit impérial rendu
à Pékin le 6 avril et ordonnant, conformé-
ment au protocole signé par M. Billot, l'exé-
cution du traité de Tientsin et l'évacuation du
Tonkin.
M. Jules Ferry ayant ajouté qu'il en avait
informé par le téléphone, après M. le prési-
dent de la République, le président du conseil
au Palais-Bourbon et le ministre des affaires
étrangères au Sénat, quelques instants avant
l'ouverture de la séance, plusieurs journaux
ont paru s'étonner du silence que le nouveau
ministère a gardé sur le décret du gouverne-
ment chinois.
Nous croyons savoir que M. de Freycinet,
dès son arrivée au ministère des affaires
étrangères, télégraphia au consul de France
à Tientsin pour lui demander des renseigne-
ments sur la teneur exacte de ce décret.
-. La réponse du consul, datée du 9 avril, ne
parvint que le 10 au quai d'Orsay, et c'est
ainsi qu'il fut impossible au nouveau -cabinet
de s'expliquer catégoriquement sur la ques-
tion des préliminaires de paix devant la com-
mission de la Chambre chargée d'examiner
les crédits pour le service du Tonkin.
Il est vrai que M. Jules Ferry avait indiqué,
par le téléphone, à MM. Brisson et de Freyci-
net, le sens de la dépêche de M. Hart, mais le
nouveau cabinet considéra qu'il ne pouvait
donner à cette dépêche le caractère d'une
communication officielle tant que nos agents
diplomatiques en Chine ne lui avaient pas si-
gnalé la publication du décret impérial. Or
ce décret qui, d'après certains journaux, aurait
paru dès le 6 avril, ne sera publié dans la
Gazette officielle de Pékin qu'aujôurd hui 14
avril, ainsi que l'annonce une dépêche de M.
Patenôtre, ministre de France à Shanghaï.
Ce décret ratifie la convention de Tientsin
du 11 mai 1884 et stipule. que le commence-
ment de l'évacuation du Tonkin et la fin de
l'évacuation auront lieu à des dates échelon-
nées dans les mois d'avril, de mai et jusqu'au
4 juin.
*-* t V
Le commandant Baux, dont nous avons an-
noncé hier la nomination au grade de contre-
amiral, commande la Triomphante depuis l'ou-
verture des hostilités et a rendu dans toute
la campagne les plus grands services. Il a
pris part aux opérations de la rivière Min, et
son arrivée devant Fou-Tcheou avec un na-
vire du tirant de la Triomphante est un fait
d'armes des plus glorieux.
———————— ————————
CE QU'IL FAUT CRAINDRE
S'il fallait en croire les invalides de
l'ordre moral, le parti républicain serait
terrifié des résultats des élections de di-
manche. Quelques nominations de con-
seillers généraux monarchistes faites dans
des départements inféodés aux idées d'au-
trefois suffiraient à nous épouvanter. Les
hommes du 16 Mai nous menacent de
leurs béquilles, le passé va mettre un faux-
nez pour dissimuler son manque de flair
et la réaction à la tête de bois va relever
la tête. « Fondons partout des comités,
s'écrient les feuilles réactionnaires. A nous
les capitalistes ! A nous les conférenciers !
Imitons M. Pouyer-Quertier, M. Estance-
lin, M. Gallal Faisons déborder sur la
province les flots de notre éloquence venr
geresse! Organisons-nous pour la lutte.
Combattre est un plaisir. Partons pour les
départements ; nos ennemis y mordront la
poussière et, comme on dit dans le Petit
Faust, ça les fera mourir ! »
Les vieux partis, comme les vieilles
gens, se font facilement illusion sur les
forces qu'ils peuvent déployer. Quand la
monarchie et ceux qui la soutiennent par-
lent de recommencer le i6 Mai, on croi-
rait entendre M. et Mme Denis parler de
recommencer leurs exploits de 1701.
M. Lavedan a beau, sous un pseu-
donyme, se poser en petit volcan, il ne
soulève qu'une vague poussière. M. de
Broglie est à peu près aussi militant qu'un
portrait de famille. Tout ce monde est vieil-
lot et démodé. C'est le bric-à-brac de la po-
litique. Il ne reste de lui que l'agaçant
souvenir du mal qu'il a fait au pays, des
tracasseries dont il a été l'agent, des jus-
tes colères et des impitoyables railleries
qu'il a soulevées. L'ordre moral, les sup-
pressions de journaux, les immolations
de fonctionnaires, les chassés-croisésd'ins-
tituteurs, l'impertinence érigée en système
gouvernemental, l'hypocrisie cléricale souf-
flant ses décisions au pouvoir, les Pascal,
les Ducros, les Doncieux, les Tracy se mo-
quant de leurs administrés et s'acharnant
même sur les cadavres, tout cela n'est
plus qu'une page burlesque de la comédie
de la mort. Tout cela ne se ressuscite pas.
Ne craignons donc pas les réactionnai-
res d'antan : ce pays les a mis à la porte et
ne leur rouvrira pas les salons du pouvoir.
La danger n'est pas là. Si nous devons
craindre quelqu'un, craignons-nous nous-
mêmes.
Craignons, par l'ardeur de nos luttes en-
tre les diverses fractions du parti républi-
cain, de nous déconsider mutuellement.
Craignons de nous diviser, non sur des
principes, mais sur des questions person-
nelles.
Craignons,, si nous devons solliciter les
suffrages de nos concitoyens, de leur faire
des promesses que nous ne pourrons pas
tenir.
Craignons l'emphase des programmes,
le vide des formules, les déceptions de
l'absolu, les lendemains de l'illusion. -
Craignons, si le pays nous fait l'honneur
de nous envoyer au Parlement, de perdre
notre temps en intrigues de couloirs, en
luttes de groupes, en discussions byzanti-
nes, en interpellations inutiles ou dange-
reuses, en longs discours dignes des avo-
cassons qui s'essaient dans l'art oratoire,
mais indignes d'hommes sérieux.
Craignons les surprises de la colère ou
de l'enthousiasme, les blâmes irréfléchis,
les applaudissements trop prompts, les
fréquents renversements de ministères,
les crises politiques qui se prolongent
pour l'unique satisfaction des ambitieux.
Craignons tout ce qui déconsidère les
républicains sincères, tout ce qui nuit à
la stabilité républicaine, tout ce qui arrête
les affaires, tout ce qui trouble la patrie,
tout ce qui nous affaiblit vis-à-vis de l'en-
nemi du dehors.
Quant à craindre un retour offensif de
M. de Fourtou, c'est une naïveté que nous
ne saurions avoir. L'ordre moral est trop
vieux pour être dangereux. Il est trop ré-
cent pour n'être plus odieux et ridicule.
P. F.
——————— ———————
La Question des agents de change
Nous recevons d'un de nos abonnés la
lettre suivante, que l'intérêt de la ques-
tion qui se pose dans le monde des af-
faires nous engage à publier :
Paris, le 14 avril 1885.
Monsieur le rédacteur,
Vous êtes bien informé en parlant de la
campagne qui se prépare contre la liberté de
la coulisse. Il est en effet question, comme
d'une conséquence de la loi promulguée ces
jours-ci et reconnaissant les « dettes de jeu»,
c'est-à-dire les marchés à terme, de suppri-
mer in tolérance dont iouit le marché libre.
- "'---- ---- - -
D'après les projets dont on parle, les agents
de change, seuls, auraient qualité pour servir
d'intermédiaires entre les vendeurs et les
acheteurs à terme, et la jurisprudence qui,
presque toujours, se montre défavorable à la
coulisse, quand il s'agit de règlements entre
les maisons de coulisse et leurs clients, s'ag-
graverait d'une interdiction formelle pour
celles-là d'opérer des transactions au compte
de ceux-ci.
Ce serait là une véritable révolution dans
les habitudes de la pince de Paris, et, csrrwïs
remerciant d'avoir soulevé, le premier, cette
grave question dans la presse, je viens, au
nom d'un certain nombre d'intéressés, vous
demander de ne pas la laisser sans une dis-
cussion approfondie.
Il ne m'appartient pas, monsieur le rédac-
teur, de vous exposer nos idées à ce propos.
Je pense seulement que si le privilège- des
agents de change, consacré par la loi, est
fort respectable, d'autant plus qu'ils l'ont
acheté fort cher, il convient à un journal tel
que le vôtre, -dévoué à la cause de l'intérêt
public, de chercher quel est cet intérêt.
Est-il matériellement possible, d'ailleurs,
de supprimer la coulisse, c'est-à-dire nombre
de maisons sérieuses, parmi lesquelles on
compte nos principaux établissements de
crédit, qui font des affaires à terme pour leur
clientèle et suffisent à peine aux besoins
du public ?
L'augmentation des charges d'agents se-
rait, pour le moins, indispensable, et dans
une proportion tout autre que ce qui a été
fait déjà.
Cette augmentation même résoudrait-elle
la difficulté, et le monopole étendu à un plus
grand nombre d'agents suffirait-il pour ré-
pondre aux besoins de la place et du public ?
J'appelle votre attention sur cette ques-
tion, que vous avez bien eu raison de quali-
fier de « grave ».
Recevez, monsieur le rédacteur en chef,
l'assurance de mes sentiments les meil-
leurs.
Un de vos vieux abonnés,
G. R.
Notre correspondant a raison de nous
engager à discuter la question soulevée
ces jours-ci.
Nous le ferons avec la plus grande im-
partialité, et prêts à accueillir et à publier
les avis et communications que nous pour-
rons recevoir à ce sujet.
Nous devons ajouter que le Soir affirme
que « la nouvelle, donnée par le X/Xc
Siècle, de mesures qui allaient être prises
contre la coulisse, est inexacte ».
Nous n'avons pas dit que des mesures
allaient être prises.
Nous avons dit que la question était re-
mise sur le tapis, et nous maintenons no-
tre information.
Session des Conseils généraux
Nous avons signalé, hier, l'ouverture de
la session des conseils généraux ; jusqu'à
présent, rien d'anormal ne s'est produit
au sein de nos assemblées départementa-
les ; leurs membres, sauf quelques rares
exceptions, semblent ne se préoccuper
que des affaires d'intérêt local. De tous les
points de la France, des vœux patriotiques
sont partis à l'adresse de notre brave ar-
mée du Tonkin : sur ce point, l'unanimité
a été complète.
Quelques conseils généraux ont souhaité
la bienvenue au nouveau cabinet, celui de
l'Hérault par exemple; d'autres ont ré-
clamé la mise en accusation du précédent
ministère; mais ces manifestations sont
restées sans écho.
A Lyon, M. Gay a déposé un vœu en
faveur de l'amnistie; dans l'Oise, c'est M.
Chevot, vice-président, qui occupait le
fauteuil présidentiel en l'absence du duc'
d'Aumale, forcé de s'absenter.
Dans les Vosges, on annonce l'arrivée
de M. Ferry qui doit passer quelques jours
à Epinal pour prendre part aux travaux du
conseil. Il ne serait pas impossible que
l'ancien président du conseil saisît cette
occasion pour prononcer un important
discours.
En Algérie, le conseil général sur la pro-
position de M. Aumerat, a émis le vœu
que le crédit de quarante millions attribué
à l'Algérie sur la caisse des chemins vici-
naux fût intégralement maintenu ; il a dé-
cidé que cette résolution serait immédia-
tement télégraphiée aux conseils généraux
d'Oran et de Constantine.
Comme on le voit, la session d'avril ne
présente pas grand intérêt au point de vue
politique ; c'est une session d'affaires. Il
ne faut pas cependant oublier que les élec-
tions approchent, et qu'il est important
pour le parti républicain de concentrer ses
moyens d'action et de se concerter sur ce
qu'il y a à faire. u
Nous espérons que les conseils généraux
aviseront et prendront les mesures néces-
saires pour aider au groupement des for-
ces républicaines.
C'est la tâche qui s'impose par-dessus
tout au moment où la lutte électorale va
commencer.
L.D.
.——————— ——————
Le Gaulois et le Figaro ont la spécialité
de recevoir du Tonkin des nouvelles ex-
traordinaires, qu'ils agrémentent l'un et
l'autre de commentaires parfois étranges.
L'un, le Figaro, annonce que le ministre
de la guerre aurait soumis au conseil des
ministres les conclusions du conseil de la
guerre (il écrit même « un conseil de
guerre », ce qui n'est pas la même chose)
au sujet des dernières opérations de la
deuxième brigade du Tonkin. Les conclu-
sions seraient celles-ci : le général Brière
de l'Isle a manqué de sang-froid, et le gé-
néral de Négrier aurait eu tort de s'éloi-
gner de sa base d'opérations avec un ef-
fectif trop faible et sans approvisionne-
ments suffisants en vivres et en muni-
tions.
A cette assertion, l'agence Havas oppose
un démenti formel. « Ces nouvelles sont,
dit-elle, dénuées de tout fondement. »
Ce n'était vraiment pas nécessaire. Il est
de toute évidence que le ministre de la
guerre ne peut pas avoir reçu à l'heure
présente des rapports circonstanciés sur
les incidents qui ont motivé la retraite de
Langson.
Au tour du Gaulois. Celui-ci avait été
frappé comme nous des termes peu cor-
rects de la dépêche publiée avant-hier par
l'agence Havas et qui contenait ce membre
de phrase : « remise du commandement
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7561302f/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7561302f/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7561302f/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7561302f/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7561302f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7561302f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7561302f/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest