Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-03-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 22 mars 1885 22 mars 1885
Description : 1885/03/22 (A15,N4823). 1885/03/22 (A15,N4823).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Quinzième année. —AB—N° 4823 Prix du numéro à Paris 15 centimes - Départements: 20 centimes Dimanche 22 Mars 1885
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JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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Egypte. 349 37, 349 06, 349 37.
Hongrois 82, 825132, 118.
Actions Rio. 270, 272 50, 271 87.
Priorité. 405.
BULLETIN
Hier le Sénat, interrompant la discus-
sion des droit sur les céréales, a abordé
la discussion du budget, de retour de
la Chambre. On sait que la commission
a renoncé à tous les crédits rétablis ou
proposés par elle, sauf deux, le crédit
des bourses des séminaires et celui de la
.., Faculté théologique de Paris. Nos lecteurs
trouveront plus loin le résumé des dis-
+ cours prononcés par MM. J. Simon, Dau-
phin, rapporteur de la commission, et
L. Renault, La crainte d'un grave conflit
entre les deux Assemblées paraît écartée.
A la Chambre des communes, M.
Gladstone, répondant à sirStafford North-
cote, a déclaré que la Chambre devait se
prononcer sur le règlement de la ques-
tion égyptienne avant les vacances de
Pâques.
La discussion s'ouvrira probablement
mardi prochain.
Lord Fitz-Maurice a dit que le gouver-
nement n'avait pas reçu la nouvelle que
le pavillon allemand ait été hissé à
Samoa.
Cette nouvelle est cependant confir-
mée par une lettre d'un officier allemand,
qu'analyse le Standard. L'Allemagne a
saisi la partie des îles Samoa connue
sous le nom de territoire municipal,
parce que le roi Malitoa n'a pas rempli
- les engagements contractés par lui. C'est
le 23 janvier que le pavillon allemand
aurait été hissé sur le « territoire muni-
cipal ».A cette heure, il est probable que
la guerre civile a éclaté entre le roi Ma-
litoa et son ennemi le roi de l'île Savaï.
Zebehr-Pacha va être livré aux autorités
militaires anglaises à Malte. On assure
que la preuve est faite de sa complicité
avec le mahdi.
Le conflit anglo-russe se maintient dans
le statu quo. Mais le ton de la plupart des
journaux russes reste fort agressif et le
Post a reçu de Vienne la nouvelle qu'un
conseil de généraux se serait réuni der-
nièrement à Saint-Pétersbourg. Ce con-
seil aurait recommandé soit une retraite,
soit une marche en avant immédiate, et
surtout une marche en avant.
Une dépêche d'origine anglaise nous
apprend à la dernière heure qu'après
cinq heures de combat toutes les posi-
tions d'Osman Diguia ont été occupées,
et que les troupes de celui-ci ont subi
des pertes considérables.
Le Folkething danois a présenté au roi
une adresse dans laquelle il demande au
souverain le renvoi du ministère Estrup.
Dans dans cette adresse qui a été remise
au roi par M. Berg, président du Folke-
thing, et une délégation de douze autres
députés, les membres du Parlement ex-
posent les dangers que le conflit actuel
fait courir au pays et déclarent au roi
qu'il dépend de lui de laisser s'ouvrir
une nouvelle période de luttes plus dan-
gereuses que les précédentes, ou d'inau-
gurer une ère de travaux utiles à la na-
tion.
Une dépêche de Panama constate que
tout est tranquille dans cette ville; mais,
d'autre part, le bruit court qu'à Colon
le chef des insurgés a donné vingt-quatre
heures aux étrangers pour quitter la
ville.
QUESTION DU JOUR
Les Garanties
Le rapporteur de la commission des
trente-trois disait dans son réquisitoire
du 24 janvier 1882 : « Le scrutin de
liste introduit dans la Constitution, c'est
la campagne dissolutionniste ouverte
et près d'aboutir. » Quelques habiles
jouèrent si bien de ce spectre de la dis-
solution, que la Chambre, à peine née et
toute novice, recula. Revision et scru-
tin de liste furent renvoyés à la fin de
la législature. Cette fin est presque ar-
rivée, la revision est faite, le scrutin de
liste se présente maintenant tout seul,
fort de sa propre vertu et de l'adhésion
unanime du pays, dépouillé du terri-
fiant cortège ..de circonstances au mi-
lieu desquelles il s'avançait en 1882.
Il n'importe ! on entend encore des ré-
publicains répéter : « Méfions-nous ! Le
scrutin de liste voté, c'est la campagne
dissolutionniste ouverte et près d'a-
boutir. »
Ces républicains éternellement in-
quiets réclament une garantie, et contre
quoi réclament-ils cette garantie? Con-
tre le scrutin de liste, qui est leur ga-
rantie suprême. Etal d'esprit vraiment
bizarre I Ils sont, disent-ils, profondé-
» ment dévoués à la cause du scrutin de
liste. « Ils ont lutté et lutteront encore,
avec la plus grande énergie, s'il le faut,
pour le seul mode de scrutin conforme
à la doctrine républicaine. » Mais cette
loi de principe et de salut, qu'ils ont
dans les mains, qu'ils peuvent voter ce
soir, ne suffit pas à les rassurer, et,
bien plus, le scrutin de liste n'est point
pour eux la question du jour. Il s'agit
de savoir si le gouvernement ne profitera
pas du vote de la réforme électorale
pour abréger le mandat de la Chambre
et se réserver la dictature. « Aurons-
nous une garantie contre cette énor-
mité ? Toute la question est là. »
Ces esprits prévoyants semblent igno-
rer que contre les « énormités » il n'y
a pas et il n'y aura jamais de garantie.
Il faudrait une garantie énorme comme
ces énormités mêmes, ce qui est léga-
lement assez difficile. Mais enfin, pour
eux, toute la question est là. Ils ne se
plaisent nulle part autant que dans la
recherche des solutions impossibles. Le
problème n'est pas pour eux de réaliser
enfin cette réforme, promise au pays
par deux législatures successives, cette
réforme électorale qui semble le mieux
en rapport avec, le principe de la sou-
veraineté nationale et avec l'exercice
le plus large et le plus fécond du suf-
frage universel. Il faut avant tout con-
tre ce principe de la politique républi-
caine, il faut à ces républicains une
protection, il leur faut un garde-fou, et
ce garde-fou, c'est une date l Toute la
question est là !
Le parti républicain ne jouera pas le
scrutin de liste sur une question pa-
reille, on l'a déjà dit. S'il faut passer
par le caprice de ces jaloux adorateurs
des principes, on y passera. S'il faut
absolument une date, on la leur don-
nera. Mais il n'est pas inutile de voir
clairement que c'est un pur caprice. On
&e demande pourquoi la date est l'ac-
compagnement nécessaire du scrutin
de liste, quand elle ne le serait pas
du scrutin d'arrondissement; et pour
quelle raison mystérieuse ces penseurs
veulent appuyer à une date fixe la mise
en action du scrutin le plus puissant,
le plus libre, qui se défend amplement
par lui-même et qui remue tout un
grand peuple, alors qu'ils ne s'étaient
jamais avisés de réclamer cette date
pour les scrutins les plus étroits et les
plus précaires..
Sans doute le caprice est, de sa na-
ture, insondable.
On ne raisonne pas avec la peur, dit-
on ; on ne raisonne pas davantage avec
l'esprit de fantaisie. La date fixe est
inconstitutionnelle si elle vise à enchaî-
ner la prérogative définie par l'article 5
de la loi constitutionnelle du 25 février
1875 ; si elle ne l'enchaîne pas, elle est
superflue. M. Constans, rapporteur de
la commission, a dit dans son article
additionnel : « La réunion ordinaire des
collèges élecloraux pour l'élection de
la Chambre des députés a lieu le pre-
mier dimanche du mois d'octobre. »
Ordinaire est de trop, si la commis-
sion veut une date constante, fixée une
fois pour toutes. Mais le mot ordinaire
répond à tous les scrupules; il n'em-
pêche ni dissolution extraordinaire, ni
convocation exceptionnelle des collè-
ges électoraux. Alors, à quoi peut bien
servir -- l'article - additionnel? --
Puis, comment cette politique-borne
enchaînerait-elle à une date arbitraire-
ment choisie aujourd'hui la volonté de
toutes les Chambres futlures ? La loi que
vous aurez faite pour vous, si le Sénat
l'accepte, les Chambres suivantes la dé-
feront et la mettront à leur point. Aussi
M. Francis Charmes a-t-il déposé un
amendement tendant à réduire l'immu-
tabilité de cette date unique et sacrée
à un seul cas, le cas actuel. La Cham-
bre des 28 août et 4 septembre 1881
fixerait par une loi la date de son dé-
part. Les autres Chambres, après celle-
ci, en feraient autant. Chaque législa-
ture. se ferait une loi d'un jour: et c'est
là de la politique, de là politique répu-
blicaine et démocratique dans un pays
de suffrage universell
Nous ne connaissons, quant à nous,
qu'une garantie ; elle est dans le scru-
tin de liste lui-même, dans la forma-
tion d'un parti républicain puissant,
expérimenté, se pénétrant des vraies
notions de la politique et des vrais be-
soins de l'Etat, dans le développement
des mœurs libres, dans la confiance du
pays; Voilà la garantie ou les garan-
ties 1 Si vous les avez, — et vous pou-
vez les avoir, cela dépend absolument
de votre volonté, — vous avez tout, el
sans elles vous n'êtes sûrs de rien.
H. DIPASSE.
i^H^i
La lecture assidue des journaux n'est pas
toujours chose bien gaie.
Mais elle oftre des compensations.
Ainsi, c'est pour moi une joie toujours
grande de voir de quelle façon la Justice
rend compte des incidents où se trouvent
mêlés les révolutionnaires et les anarchistes.
C'est le comble de la prudence électorale !
Jugez-en par le compte rendu que je
trouve, en seconde page, dans l'organe de
M. Clémenceau, à propos de la journée du
18 mars : je donne le morceau textuel:
LES BANQUETS DU 18 MARS
A 1 occasion de l'anniversaire du i8 Mars,
une vingtaine de banquets ou de punchs
ont été donnés, parmi lesquels nous citerons
celui du lac Saint-Fargeau où les citoyens
Vaillant et Eudes ont pris la parole et où
quinze cents convives environ ont pris part -
celui de la salle Lévis, où le citoyen Lissa-
garay a lu un document politique, lecture
suivie d'un discours prononcé par un ouvrier;
celui de la salle Rivoli, présidé car le ci-
toyen Duc assisté des citoyens Derêure e
Franconie, etc., etc.
Au banquet du lac Saint-Fardeau, un in-
cident s'est produit qui a causé quelques
instants de trouble. Vers onze heures et de-
mie, un des convives, qui prenait des notes;
ayant été reconnu pour un agent de police,
a été violemment expulsé malgré sep pro-
testations. Un commissaire de police et des
agents sont intervenus pour protéger l'indi-
vidu chassé à qui, d'ailleurs, il n'A été fait
aucun mal.
- B.
A ce ton bonhomme, à cette sérénité in-
différente, dirait-on qu'il s'agit de l'anni-
versaire d'une révolution saaglante qui a
mis le pays et la République à deux doigts
de leur perte ?
Nous ne parlerions pas autrement d'un
banquet de pêcheurs à la ligne ou d'un an-
niversaire du Caveau !
Mais c'est trop d'habileté, et la Justice
n'arrivera pas aux élections sans être forcée
de dire si, oui ou non, elle est avec les révo-
lutionnaires ou avec leurs adversaires ?
H. F.
—————— -——————
LE PRIX DU PAIN
C'est une légitime préoccupation que celle
de savoir quel va être le prix du pain, qui,
ces jours-ci encore, était fort raisonnable
et à un taux inférieur à celui de la moyenne
des vingt dernières années.
Voyons d'abord ce qu'il devrait être.
Le Bulletin municipal officiel de la vîL'e'tlfr
Paris a pris la bonne habitude de publier
tous les quinze jours une évaluation du prix
normal du pain, établie d'après le prix des
farines dans la semaine précédente et le
coût régulier de la panification.
D'après ce calcul, le prix du quintal de
farine ayant été de 30 fr. 35 et les frais de
panification s'élevant à 12 fr. 25 (pour 130
kilogrammes de pain), le pain de qualité
courante ressort à 65 centimes les 2 kilo-
grammes.
Mais les boulangers, en divers lieux, l'ont
élevé à 70 et même 75 centimes.
Ce prix n'est pas justifié par les cours des
farines et ne le sera même pas par la taxe,
si elle est votée par le Sénat. Car cette taxe
ne grève le consommateur que d'une aug-
mentation infinitésimale.
Les boulangers ont essayé de profiter
d'un vote encore non définitif, et d'une
loi qui n'est pas appliquée encore, pour
augmenter leurs bénéfices.
C'était leur droit.
Mais l'opinion et la libre concurrence ne
sont pas de vains mots, et la ville de Paris,
en attendant d'autres mesures, lait bien de
mettre sous les yeux des citoyens les chif-
fres exacts, qui leur permettent de savoir
quelle est la valeur réelle du pain. »
Les boulangers ont compris déjà qu'il
fallait se montrer raisonnables.
Dans certains arrondissements, — le dix-
huitième par exemple, -ils avaienttenté de se
syndiquer pour maintenir le pain à 0 75.
Mais la libre concurrence a triomphé de
cette tentative de coalition et le pain a baissé
déjà et est revenu à 0 70, ce qui est encore
trop cher, eu égard même à la taxe nou-
velle. Je ne doute donc pas que le pro-
blème économique du prix du pain ne soit
résolu, à la satisfaction du public, par le
jeu d'une concurrence intelligente, sans
même qu'il soit besoin de recourir à la taxe
ou aux boulangeries municipales.
J. R.
LES ELECTIONS DE DEMAIN
N'oublions pas que quatre élections
municipales vont avoir lieu dimanche.
Il s'agit de remplacer M. G. Martin,
démissionnaire par suite de son élection
au Sénat, et MM. Boll, Deschamps et G.
Berry, invalidés.
Dans le treizième arrondissement (quar-
tier de la Gare), dont le représentant
était M. G. Martin, trois candidats sont
en présence : M. le docteur Navarre, ré-
publicain radical socialiste, qui avait été
déjà le concurrent de M. G. Martin en
1884 ; M. A. Gdullé, socialiste révolution-
naire, rédacteur du Cri du Peuple, et M.
Gaston, républicain radical.
Nos préférences sont pour ce dernier;
mais nous ne nous dissimulons pas la
force de la situation acquise par M. le
docteur Navarre.
Dans le dix-huitième arrondissement
(quartier de la Chapelle), M. Boll, répu-
blicain radical, conseiller sortant, a en
face de lui M. Blondeau ouvrier charron,
socialiste révolutionnaire, et M. Lefort,
candidat autonomiste.
Nous pensons que M. Boll l'emportera,
et nous le souhaitons, sur ses concur-
rents. Notre règle absolue, en matière
électorale, est de ne jamais conseiller
l'abstention et d'engager nos lecteurs à se
rallier sur le nom de l'homme qui s'é-
loigne le moins de nos idées, alors même
qu'elles n'ont pas un candidat qui les re-
présente, comme nous le voudrions tou-
jours.
Dans le cinquième arrondissement,
trois candidats sont en présence : M. Des-
champs, candidat autonomiste, dont l'élec-
tion a été invalidée; M. Camille Adam,
candidat ouvrier socialiste, et M. Albert
Le Roy, républicain radical.
Nous avons donné déjà le programme
de M. A. Le Roy.
S'il s'agissait d'une élection politique,
nous aurions beaucoup de réserves à faire
sur ce programme.
Mais il s'agit d'une élection munici-
pale et M. Albert Le Roy, par cela seul
qu'il se présente en s'engageant à rester
dans la limite du mandat municipal, de-
vient notre candidat.
Une importante réunion publique a eu
lieu, hier, au gymnase Mérat, où MM.
Deschamps et Le Roy se sont trouvés en
présence.
, La tenue a été uftl peu tumultueuse,
ce qui arrive trop souvent.
Mais, cependant, on a fini par voter un
ordre du jour acceptant la candidature
de M. Albert Le Roy comme « essentiel-
lement républicaine et conforme aux in-
térêts du quartier de la Sorbonne ».
Enfin, dans le quartier de la Chaussée-
d'Antin, une lutte des plus intéressantes
se trouve engagée entre M. Antony Ra-
tier et M. Georges Berry, invalidé. M.
Georges Berry est le candidat de la coa-
lition monarchique et réactionnaire, can-
didat un peu discuté et subi plus qu'ac-
cepté.
Les monarchistes corrects, les orléanis-
tes libéraux du Soleil, par exernple, ne
sont pas sans avoir eu quelque hésitation
en présence d'un candidat dont l'élec-
tion avait été « enlevée » par des moyens
de vaudeville qui ont fait la joie de
Paris.
On n'a oublié ni les concierges repré-
sentés comme propriétaires des immeu-
bles où ils tiraient le cordon, ni les
morts figurants sur les listes des comi-
tés, ni les « sans domicile » qui leur te-
naient compagnie.
Ah ! mon cher collègue Hervé, si un
candidat du gouvernement se fût pré-
senté dans. de telles conditions, jadis,
quand nous livrions bataille ensemble
contre U'Empire, quelle jolie campagne
noifs eussions faite contre lui !
Aujourd'hui, non sans vous être fait un
peu tirer l'oreille, vous sautez le pas : M.
Georges Berry est le candidat du Soleil!
C'est même dans le Soleil que nous trou-
vons le programme dernier de M.George
Berry.
Ce programme est fort adroit, et il n'y
est pas dit un mot de politique.
Si bien que M. Berry pourrait être
notre candidat, si nous ne savions deux
cboses: la première, c'est que, s'il ne parle
pas de politique aujourd'hui, il en a parlé
autrefois, pour témoigner d'une haine vio-
lente contre les institutions républicai-
nes; la seconde, c'est que son adversaire
fera, pour les intérêts du quartier, tout
ce que M. Berry pourrait faire, et au
nom des idées républicaines.
Tout le parti républicain s'est groupé
autour de M. Ratier, comme le constate la
lettre suivante, de M. Anatole de La
Forge :
1 - Paris, le 19 mars 1885.
Mon cher Antony Ratier,
En face d'un adversaire de la République,
les républicains de toutes nuances apparte-
nant au neuvième arrondissement soutien-
dront énergiquement votre candidature au
conseil municipal de Paris.
Vous connaissez mes sympathies pour
votre personne et mon estime pour votre
caractère ; c'est vous dire que je suis avec
vous de tout coeur.
, ANATOLE DE LA. FORGE.
L'union est donc indispensable entre
les républicains, entre tous les hommes
qui pensent que le moment est venu de
rendre M. Berry à la liberté d'allures fan-
taisistes dont il avait coutume et dont le
souvenir est vivant dans les réunions
publiques. -
Rappelons aux électeurs qui auraient
changé de domicile dans les divers quar-
tiers où l'on vote dimanche qu'ils ont le
droit de prendre encore part au vote, les
listes électorales n'étant arrêtées que le
premier avril; et à tous qu'ils ont le de-
voir de se rendre au scrutin, pour éviter
de fâcheuses et préjudiciables surprises.
HENRY FOUQUIER.
LE PARLEMENT
COURRIER DU SÉNAT
20 mars 1885.
Dès le début de la séance, les craintes
de conflit sont dissipées : on sent que
l'apaisement est fait dans les esprits, que
la majorité est décidée à la conciliation,
que la surexcitation du premier jour est
tombée et que les sénateurs, envisageant
la situation d'un esprit plus calme, ont
compris qu'il n'y avait pas lieu d'entre-
prendre nne lutte avec la Chambre sur
des questions d'intérêt secondaire.
Néanmoins les adversaires de toute
concession ne se découragent pas et
tentent d'énergiques efforts pour défen-
dre une cause désespérée.
M. de l'Angle-Beaumanoir parle le pre-
mier; vous savez bien, de l'Angle-Beau-
manoir, l'ancien préfet de l'ordre moral
célèbre par sa haine du cor de chasse?
Passons, c'est ce qu'il y a de mieux à
faire pour ce banal discours.
Personne ne jugeant que pareille ha-
rangue mérite de réplique, M. Jules Si-
mon, bien que défendant la même thèse,
succède à M. de l'Angle-Beaumanoir, et
avec lui le débat s'élève singulièrement.
De sa voix douce, insinuante, calme, M.
Jules Simon prend, paragraphe après pa-
ragraphe. le rapport de M. Dauphin, et
dans une série d'habiles arguments, ex-
posés et parés avec un art exquis qui suf-
fit souvent à masquer ce qu'ils ont de
spécieux, le démolit peu à peu. Non sans
raison, il reproche à M. le rapporteur
d'avoir essayé de justifier ses conclusions
par des considérations légales plus ou
moins discutables, au lieu d'invoquer le
seul argument topique qu'il eût dû em-
pleyer, la raison politique : « Après cha-
que chapitre, dit-il, M. le rapporteur,
pour nous engager à voter la radiation
de crédit, nous dit qu'il y a matière à
discussion. Le motif est étrange, car or-
dinairement, quand il y a matière à
discussion on ne vote pas, on discute 1 »
Et continuant, dans un persifflage spiri-
tuel qui met, je dois le dire, souvent les
rieurs de son côté, à battre en brèche
l'argumentation de M. Dauphin, M. Jules
Simon soutient que l'acceptation des
chiffres de la Chambre serait une abdi-
cation dissimulée, un renoncement aux
droits financiers reconnus au Sénat par
cet article 8 de la Constitution qu'on a
déjà tant de fois cherché inutilement à
abroger, et termine par cette phrase à
effet : « J'aime mieux un Sénat supprimé
qu'un Sénat annulé. »
La Droite applaudit ; le Centre et la
Gauche demeurent silencieux. M. Dau-
phin monte à la tribune.
Pas éloquent, M. Dauphin, et surtout
bien mal servi par la nature ; après la
voix presque musicale de M. Jules
Simon, il est pénible d'entendre la
voix étrange, inégale, dure de M. Dau-
phin, dont les intonations bizarres rap-
pellent de loin l'organe peu mélo-
dieux de Joly, le comique du Vaudeville.
M. Dauphin a été touché par l'argument
de M. Jules Simon ; il se défend avec
énergie d'avoir méconnu le caractère po-
litique du vote qu'il propose : « C'est de
la bonne politique que j'ai cru faire, s'é-
crie-t-il, et c'est parce que c'est de la
bonne politique que je le soutiens. »
Pendant une demi-heure, il parle, et
pendant une demi-heure on entend toutes
les minutes retentir la phrase sacramen-
telle : « Bonne politique ! bonne politi-
que ! » Puis il insiste sur la nécessité de
conserver les deux crédits maintenus
dans son rapport ; mais cette fois, il faut
l'avouer, il montré moins d'ardeur et
soutient la thèse avec une certaine mol-
lesse, en homme qui se sent battu d'a-
vance.
Les sénateurs sont fatigués; on sus-
pend la séance.
A la reprise, M. Halgan a la parole con-
tre le projet. Ah 1 pourquoi M. Halgan
n'est-il pas resté dans la Vendée ?
M. Léon Renaît lui succède : il est bref,
mais plein de feu, d'éloquence entraî-
nante. Il adjure le Sénat de ne pas ouvrir
un conflit à propos de divergences aussi
peu importantes; elles ne méritent pas
tout le bruit qu'elles provoquent, et le
Sénat, en acceptant ce que désire la
Chambre, sans exception, n'amoindrit
en rien son autorité; s'y arrêter serait de
la mesquinerie; le Sénat n'abdique pas,
mais il se réserve tout entier pour le
jour où des questions graves voudraient
une résolution virile.
Cette fois, c'est la Gauche qui applau-
dit, et le chiffre des approbations permet
d'apprécier le nombre des adhésions déjà
assurées à la doctrine soutenue par M.
Léon Renault. Si quelqu'un pouvait con-
server un doute sur l'issue du débat, ces
applaudissements répétés, qui s'étendent
de l'Extrême Gauche jusqu'aux derniers
rangs du Centre gauche, suffiraient à
l'édifier.
Honneur au courage malheureux ! Mal-
gré ces manifestations, M. Buffet, qui
s'est fait inscrire comme orateur, ne
renonce pas à se faire entendre. Sa
parole amère tombe de la tribune en
périodes sèches et froides. Sa thèse n'a
rien de bien nouveau:
« La question, dit-il, n'est pas de sa-
voir si les crédits supprimés par la Cham-
bre ont une importance telle qu'il soit
impossible de s'en passer, mais de savoir
si le Sénat veut abdiquer ; si la Chambre
des députés peut seule, de sa propre
volonté, abroger, sans le consentement
du Sénat une disposition légale, quelle
qu'elle soit. La Chambre, insinue-t-il, n'a
évidemment pas le droit d'abroger une
loi; elle n'a pas davantage le droit de la
mettre en sommeil, et le Sénat ne peut
faire aucune concession sur ce point sans
s'associer à une inégalité, sans dépasser
son propre pouvoir! »
M. Buffet n'est certes pas le premier
venu; d'habitude, il dépense beaucoup
de talent en faveur de causes détestables;
mais cette fois le terrain, probablement,
ne lui semble pas bon, car il manque de
verve, d'énergie, d'imprévu, et parvient
à peine à se faire écouter.
Du reste le Sénat en a çssez; tout le
monde est las de cette longue séance, et,
sans contestations, après le discours de
M. Buffet, on ajourne à demain la suite
de la discussion,
A. LANDRIN.
Nouvelles parlementaire !
CRAMBRE DES DEPUTÉS
Le scrutin de liste
Les couloirs du Palais-Bourbon étaient,
hier, presque complètement déserts. Le Sé-
nat siégeant seul, un grand nombre de dé-
putés s'étaient rendus au Luxembourg Dour
suivre le débat sur le budget modifié de
1885.
Les rares députés qui n'avaient Das dé-
serté le Palais-Bourbon ne s'entretenaient
que de la question du scrutin de liste. On
sait que la discussion de la proposition de
M. Constans continuera cette après-midi par
la fin du discours de M. Hémon. Il est pro-
bable que M. Waldeck-Rousseau, ministre
de l'intérieur, répondra à M. Hémon et sou-
tiendra énergiquement le principe du scrutin
de liste.
Après l'intervention du ministre de l'inté-
rieur, la discussion générale sera très vrai-
semblablement close, et la Chambre passera
à l'examen des articles de la proposition de
loi et des nombreux amendements qui s'y
réfèrent.
Le sentiment général parmi les membres
de la majorité républicaine de la Chambre
est toujours très favorable à l'adootion du
scrutin de liste.
Commission de Varmée
La commission de l'armée s'est réunie hier
sens la présidence de M. Mézières.
M. Lorois a défendu un amendement re-
latif aux hommes envoyés dans les compa-
gnies de discipline. Il prétend que l'article 10
de la loi ne sera jamais applicable.
M. Lorois voudrait distinguer les délits et
les peines; envover, suivant le cas, les uns
aux compagnies de discipline, les autres dans
les disciplinaires coloniaux.
Finalement une modification a été intro-
duite dans la suite dé l'article 10, sur la pro-
I position de M. Lorois : l'homme condamné
au corps est assimilé à l'homme condamné
avaut l'incorporation. Un article il le met
sur le même pied.
M. le docteur Javal a exposé ensuite un
amendement présenté par lui.
La population de la France, a-t-il dit, dimi-
nue dans une proportion effrayante. Cette
diminution tient à la diminution du nombre
d'enfants par famille et surtout à l'absten-
tion volontaire. La charge militaire est plus
lourde pour celui qui a plusieurs enfants.
< M. Javal propose en conséquence que cha-
que famille fournisse simplement un soldat
en temps de paix. ,
Cet amendement a été renoussé à l'una-
nimité. -,
Passant à la question ces non-disponibles,
la commission, sur la demande du gouverne-
ment, a placé dans la catégorie des non-dis-
ponibles les- fonctionnaires suivants : les mi-
nistres des cultes subventionnés par l'Etat ;
les professeurs titulaires des enseignements
supérieur, secondaire et primaire ; les pro-
viseurs, censeurs et économes des lycées et
les principaux des collèges.
La question des protêts
La commission de la Chambre chargée
d'examiner le projet de loi portant modifica-
tion à la législation sur les protêts a terminé
son travail. L'article 161 dû Code de com-
merce serait modifié de manière à rendre
plus impérative et plus efficace la présenta-
tion sans frais du billet le jour de l'échéance.
La modification de l'article 162 proposée par
le gouvernement et tendant à laisser àl'jhuis-
sier deux jours pour dresser le protêt a été
repoussée comme une aggravation. La com-
mission a également rejeté la modification
proposée à l'article 167, imposant au porteur
de l'effet protesté l'obligation d'aviser le
tireur dans les deux jours du protêt. Les
modifications proposées à l'article 174 et
tendant à la simplification des protêts ont
été adoptées. La création de clercs asser-
mentés chargés de suppléer les huissiers
dans l'accomplissement des protêts a été
approuvée. Enfin, sur la demande de M. le
ministre du commerce, la commission pro-
pose une disposition déclarant jours fériés
les lundis de Pâques et de la Pentecôte. M.
Remoiville, président de la commission, a
été nommé président.
Les récidivistes
La commission chargée d'examiner le pro-
jet de loi sur les récidivistes a accepté les
modifications qui ont été introduites par la
Sénat dans le projet primitivement voté par
la Chambre. Elle a décidé d'inviter les mi-
nistres de la marine et de l'intérieur à se
présenter mercredi prochain devant. elle
pour lui fournir quelques explications sur
les points suivants : lieux de relégation,
conditions dans lesquelles se trouveront les
relégués au point de vue de la liberté et du
travail, application de la surveillance de la
police aux relégués.
Les chemins de fer
Le ministre des travaux déposera proba-
blement, lundi prochain, sur le bureau de
la Chambre, le projet de loi relatif aux
1,600 kilomètres de lignes nouvelles, pré-
vues mais non dénommées par les dernières
conventions ave les grandes Compagnies de
chemins de fer.
Ce projet ne vise pas la Compagnie du
Nord, qui a obtenu, par les conventions, la
concession de toutes les lignes de son ré-
seau définitif. Il n'intéresse que les cinq au-
tres grandes Compagnies. La Compagnie de
Paris-Lyon-Méditerranée obtiendra à elle
seule, du fait du nouveau projet, la con-
cession de 600 nouveaux kilomètres de voie
ferrée.
L'assainissement de la Seine
La commission relative à l'utilisation agri-
cole des eaux d'égouts de Paris et à l'assai-
nissement de la Seine a tenu, hier, une
longue séance sous la présidence de M.
Hervé-Mangon.
La commission a arrêté l'ordre de ses tra-
vaux et décidé qu'elle procéderait à une en-
quête au cours de laquelle elle entendra un
certain nombre d'ingénieurs, d'auteurs de
projets ou contre-projets et diverses person-
nes compétentes.
Elle commencera par l'audition des parti-
sans du projet déposé par le gouvernement.
C'est ainsi qu'elle a fait convoquer pour
vendredi prochain MM. Alphand, Durand-
Claye et Deligny, ce dernier conseiller mu-
nicipal de Paris.
Dans une séance ultérieure, elle enten-
dra les adversaires du projet du gouverne-
ment, parmi lesquels MM. Journault et Fré-
déric Passy, députés ; M. de Mortillet, maire
de Saint-Germain, et le président du comité
de déiense.
La commission a décidé, en outre, de faire
elle-même une enquête sur place, de des-
cendre la Seine jusqu'à Poissy, pour consta-
ter le degré d'infection des eaux, et de vi-
siter successivement Gennevilliers, Achères
et les égouts de Paris.
Ce n'est que lorsque cette enquête sera
terminée que la commission discutera le
projet du gouvernement. -
Les Livres jaunes
La publication du Livre jaune relatif aux
affaires de Chine est retardée ; le ministère
attend l'arrivée de Londres de divers docu-
ments relatifs aux récentes saisies de navires
chargés de riz.
Quant au Livre jaune contenant les pièces
relatives aux atlaires égyptiennes, il sera
distribué, dans les premiers jours de la se-
maine prochaine, aux membres des deux
Chambres. -
SÉNAT
Le budget. de 1885
La discussion du budget modifié de 1885
avait amené, hier, une affluence inusitée
dans les couloirs du Luxembourg.
Tous les groupes de la majorité républi-
caine s'étaient réunis avant la séance pu-
blique pour arrêter leur ligne de conduite.
Au Centre gauche, MM. Claude (des Vos-
ges) et Foubert ont demandé que le groupe,
tout en maintenant les droits -du Sénat,
adoptât, par esprit de patriotisme, le bud-
get tel que la Chambre l'a voté en deuxième
lecture.
MM. de Marcère, Robert de Massy et de
Saint-Pierre ont, au contraire, insisté très
énergiquement pour qu'on maintînt les cré-
dits nécessaires au fonctionnement des lois
existantes.
Finalement le groupe a décidé, à une très
forte majorité, de maintenir les crédits ten-
dant à l'application d'une loi ou d'un décret-
loi. En cas de rejet, le groupe se rallierait
comme minimum de concession aux conclu-
sions du rapport Dauphin.
A la Gauche républicaine, après une lon-
gue discussion entre MM. Dauphin, Bozérian,
Mazeau, Barbey, Berlet, Charton, Oudet et
Humbert, on a adopté le texte d'une décla-
ration que le présidenl du groupe a été
i chargé de porter à la tribune.
Voici le texte de cette déclaration :
« Je viens, au nom d'un grand nombre de
mes collègues de ce côté de l'Assemblée,
expliquer en quelques mots le vote que
nous allons émettre. Nous entendons réser.
lot -i.
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l'adresser- au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
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Actions Rio. 270, 272 50, 271 87.
Priorité. 405.
BULLETIN
Hier le Sénat, interrompant la discus-
sion des droit sur les céréales, a abordé
la discussion du budget, de retour de
la Chambre. On sait que la commission
a renoncé à tous les crédits rétablis ou
proposés par elle, sauf deux, le crédit
des bourses des séminaires et celui de la
.., Faculté théologique de Paris. Nos lecteurs
trouveront plus loin le résumé des dis-
+ cours prononcés par MM. J. Simon, Dau-
phin, rapporteur de la commission, et
L. Renault, La crainte d'un grave conflit
entre les deux Assemblées paraît écartée.
A la Chambre des communes, M.
Gladstone, répondant à sirStafford North-
cote, a déclaré que la Chambre devait se
prononcer sur le règlement de la ques-
tion égyptienne avant les vacances de
Pâques.
La discussion s'ouvrira probablement
mardi prochain.
Lord Fitz-Maurice a dit que le gouver-
nement n'avait pas reçu la nouvelle que
le pavillon allemand ait été hissé à
Samoa.
Cette nouvelle est cependant confir-
mée par une lettre d'un officier allemand,
qu'analyse le Standard. L'Allemagne a
saisi la partie des îles Samoa connue
sous le nom de territoire municipal,
parce que le roi Malitoa n'a pas rempli
- les engagements contractés par lui. C'est
le 23 janvier que le pavillon allemand
aurait été hissé sur le « territoire muni-
cipal ».A cette heure, il est probable que
la guerre civile a éclaté entre le roi Ma-
litoa et son ennemi le roi de l'île Savaï.
Zebehr-Pacha va être livré aux autorités
militaires anglaises à Malte. On assure
que la preuve est faite de sa complicité
avec le mahdi.
Le conflit anglo-russe se maintient dans
le statu quo. Mais le ton de la plupart des
journaux russes reste fort agressif et le
Post a reçu de Vienne la nouvelle qu'un
conseil de généraux se serait réuni der-
nièrement à Saint-Pétersbourg. Ce con-
seil aurait recommandé soit une retraite,
soit une marche en avant immédiate, et
surtout une marche en avant.
Une dépêche d'origine anglaise nous
apprend à la dernière heure qu'après
cinq heures de combat toutes les posi-
tions d'Osman Diguia ont été occupées,
et que les troupes de celui-ci ont subi
des pertes considérables.
Le Folkething danois a présenté au roi
une adresse dans laquelle il demande au
souverain le renvoi du ministère Estrup.
Dans dans cette adresse qui a été remise
au roi par M. Berg, président du Folke-
thing, et une délégation de douze autres
députés, les membres du Parlement ex-
posent les dangers que le conflit actuel
fait courir au pays et déclarent au roi
qu'il dépend de lui de laisser s'ouvrir
une nouvelle période de luttes plus dan-
gereuses que les précédentes, ou d'inau-
gurer une ère de travaux utiles à la na-
tion.
Une dépêche de Panama constate que
tout est tranquille dans cette ville; mais,
d'autre part, le bruit court qu'à Colon
le chef des insurgés a donné vingt-quatre
heures aux étrangers pour quitter la
ville.
QUESTION DU JOUR
Les Garanties
Le rapporteur de la commission des
trente-trois disait dans son réquisitoire
du 24 janvier 1882 : « Le scrutin de
liste introduit dans la Constitution, c'est
la campagne dissolutionniste ouverte
et près d'aboutir. » Quelques habiles
jouèrent si bien de ce spectre de la dis-
solution, que la Chambre, à peine née et
toute novice, recula. Revision et scru-
tin de liste furent renvoyés à la fin de
la législature. Cette fin est presque ar-
rivée, la revision est faite, le scrutin de
liste se présente maintenant tout seul,
fort de sa propre vertu et de l'adhésion
unanime du pays, dépouillé du terri-
fiant cortège ..de circonstances au mi-
lieu desquelles il s'avançait en 1882.
Il n'importe ! on entend encore des ré-
publicains répéter : « Méfions-nous ! Le
scrutin de liste voté, c'est la campagne
dissolutionniste ouverte et près d'a-
boutir. »
Ces républicains éternellement in-
quiets réclament une garantie, et contre
quoi réclament-ils cette garantie? Con-
tre le scrutin de liste, qui est leur ga-
rantie suprême. Etal d'esprit vraiment
bizarre I Ils sont, disent-ils, profondé-
» ment dévoués à la cause du scrutin de
liste. « Ils ont lutté et lutteront encore,
avec la plus grande énergie, s'il le faut,
pour le seul mode de scrutin conforme
à la doctrine républicaine. » Mais cette
loi de principe et de salut, qu'ils ont
dans les mains, qu'ils peuvent voter ce
soir, ne suffit pas à les rassurer, et,
bien plus, le scrutin de liste n'est point
pour eux la question du jour. Il s'agit
de savoir si le gouvernement ne profitera
pas du vote de la réforme électorale
pour abréger le mandat de la Chambre
et se réserver la dictature. « Aurons-
nous une garantie contre cette énor-
mité ? Toute la question est là. »
Ces esprits prévoyants semblent igno-
rer que contre les « énormités » il n'y
a pas et il n'y aura jamais de garantie.
Il faudrait une garantie énorme comme
ces énormités mêmes, ce qui est léga-
lement assez difficile. Mais enfin, pour
eux, toute la question est là. Ils ne se
plaisent nulle part autant que dans la
recherche des solutions impossibles. Le
problème n'est pas pour eux de réaliser
enfin cette réforme, promise au pays
par deux législatures successives, cette
réforme électorale qui semble le mieux
en rapport avec, le principe de la sou-
veraineté nationale et avec l'exercice
le plus large et le plus fécond du suf-
frage universel. Il faut avant tout con-
tre ce principe de la politique républi-
caine, il faut à ces républicains une
protection, il leur faut un garde-fou, et
ce garde-fou, c'est une date l Toute la
question est là !
Le parti républicain ne jouera pas le
scrutin de liste sur une question pa-
reille, on l'a déjà dit. S'il faut passer
par le caprice de ces jaloux adorateurs
des principes, on y passera. S'il faut
absolument une date, on la leur don-
nera. Mais il n'est pas inutile de voir
clairement que c'est un pur caprice. On
&e demande pourquoi la date est l'ac-
compagnement nécessaire du scrutin
de liste, quand elle ne le serait pas
du scrutin d'arrondissement; et pour
quelle raison mystérieuse ces penseurs
veulent appuyer à une date fixe la mise
en action du scrutin le plus puissant,
le plus libre, qui se défend amplement
par lui-même et qui remue tout un
grand peuple, alors qu'ils ne s'étaient
jamais avisés de réclamer cette date
pour les scrutins les plus étroits et les
plus précaires..
Sans doute le caprice est, de sa na-
ture, insondable.
On ne raisonne pas avec la peur, dit-
on ; on ne raisonne pas davantage avec
l'esprit de fantaisie. La date fixe est
inconstitutionnelle si elle vise à enchaî-
ner la prérogative définie par l'article 5
de la loi constitutionnelle du 25 février
1875 ; si elle ne l'enchaîne pas, elle est
superflue. M. Constans, rapporteur de
la commission, a dit dans son article
additionnel : « La réunion ordinaire des
collèges élecloraux pour l'élection de
la Chambre des députés a lieu le pre-
mier dimanche du mois d'octobre. »
Ordinaire est de trop, si la commis-
sion veut une date constante, fixée une
fois pour toutes. Mais le mot ordinaire
répond à tous les scrupules; il n'em-
pêche ni dissolution extraordinaire, ni
convocation exceptionnelle des collè-
ges électoraux. Alors, à quoi peut bien
servir -- l'article - additionnel? --
Puis, comment cette politique-borne
enchaînerait-elle à une date arbitraire-
ment choisie aujourd'hui la volonté de
toutes les Chambres futlures ? La loi que
vous aurez faite pour vous, si le Sénat
l'accepte, les Chambres suivantes la dé-
feront et la mettront à leur point. Aussi
M. Francis Charmes a-t-il déposé un
amendement tendant à réduire l'immu-
tabilité de cette date unique et sacrée
à un seul cas, le cas actuel. La Cham-
bre des 28 août et 4 septembre 1881
fixerait par une loi la date de son dé-
part. Les autres Chambres, après celle-
ci, en feraient autant. Chaque législa-
ture. se ferait une loi d'un jour: et c'est
là de la politique, de là politique répu-
blicaine et démocratique dans un pays
de suffrage universell
Nous ne connaissons, quant à nous,
qu'une garantie ; elle est dans le scru-
tin de liste lui-même, dans la forma-
tion d'un parti républicain puissant,
expérimenté, se pénétrant des vraies
notions de la politique et des vrais be-
soins de l'Etat, dans le développement
des mœurs libres, dans la confiance du
pays; Voilà la garantie ou les garan-
ties 1 Si vous les avez, — et vous pou-
vez les avoir, cela dépend absolument
de votre volonté, — vous avez tout, el
sans elles vous n'êtes sûrs de rien.
H. DIPASSE.
i^H^i
La lecture assidue des journaux n'est pas
toujours chose bien gaie.
Mais elle oftre des compensations.
Ainsi, c'est pour moi une joie toujours
grande de voir de quelle façon la Justice
rend compte des incidents où se trouvent
mêlés les révolutionnaires et les anarchistes.
C'est le comble de la prudence électorale !
Jugez-en par le compte rendu que je
trouve, en seconde page, dans l'organe de
M. Clémenceau, à propos de la journée du
18 mars : je donne le morceau textuel:
LES BANQUETS DU 18 MARS
A 1 occasion de l'anniversaire du i8 Mars,
une vingtaine de banquets ou de punchs
ont été donnés, parmi lesquels nous citerons
celui du lac Saint-Fargeau où les citoyens
Vaillant et Eudes ont pris la parole et où
quinze cents convives environ ont pris part -
celui de la salle Lévis, où le citoyen Lissa-
garay a lu un document politique, lecture
suivie d'un discours prononcé par un ouvrier;
celui de la salle Rivoli, présidé car le ci-
toyen Duc assisté des citoyens Derêure e
Franconie, etc., etc.
Au banquet du lac Saint-Fardeau, un in-
cident s'est produit qui a causé quelques
instants de trouble. Vers onze heures et de-
mie, un des convives, qui prenait des notes;
ayant été reconnu pour un agent de police,
a été violemment expulsé malgré sep pro-
testations. Un commissaire de police et des
agents sont intervenus pour protéger l'indi-
vidu chassé à qui, d'ailleurs, il n'A été fait
aucun mal.
- B.
A ce ton bonhomme, à cette sérénité in-
différente, dirait-on qu'il s'agit de l'anni-
versaire d'une révolution saaglante qui a
mis le pays et la République à deux doigts
de leur perte ?
Nous ne parlerions pas autrement d'un
banquet de pêcheurs à la ligne ou d'un an-
niversaire du Caveau !
Mais c'est trop d'habileté, et la Justice
n'arrivera pas aux élections sans être forcée
de dire si, oui ou non, elle est avec les révo-
lutionnaires ou avec leurs adversaires ?
H. F.
—————— -——————
LE PRIX DU PAIN
C'est une légitime préoccupation que celle
de savoir quel va être le prix du pain, qui,
ces jours-ci encore, était fort raisonnable
et à un taux inférieur à celui de la moyenne
des vingt dernières années.
Voyons d'abord ce qu'il devrait être.
Le Bulletin municipal officiel de la vîL'e'tlfr
Paris a pris la bonne habitude de publier
tous les quinze jours une évaluation du prix
normal du pain, établie d'après le prix des
farines dans la semaine précédente et le
coût régulier de la panification.
D'après ce calcul, le prix du quintal de
farine ayant été de 30 fr. 35 et les frais de
panification s'élevant à 12 fr. 25 (pour 130
kilogrammes de pain), le pain de qualité
courante ressort à 65 centimes les 2 kilo-
grammes.
Mais les boulangers, en divers lieux, l'ont
élevé à 70 et même 75 centimes.
Ce prix n'est pas justifié par les cours des
farines et ne le sera même pas par la taxe,
si elle est votée par le Sénat. Car cette taxe
ne grève le consommateur que d'une aug-
mentation infinitésimale.
Les boulangers ont essayé de profiter
d'un vote encore non définitif, et d'une
loi qui n'est pas appliquée encore, pour
augmenter leurs bénéfices.
C'était leur droit.
Mais l'opinion et la libre concurrence ne
sont pas de vains mots, et la ville de Paris,
en attendant d'autres mesures, lait bien de
mettre sous les yeux des citoyens les chif-
fres exacts, qui leur permettent de savoir
quelle est la valeur réelle du pain. »
Les boulangers ont compris déjà qu'il
fallait se montrer raisonnables.
Dans certains arrondissements, — le dix-
huitième par exemple, -ils avaienttenté de se
syndiquer pour maintenir le pain à 0 75.
Mais la libre concurrence a triomphé de
cette tentative de coalition et le pain a baissé
déjà et est revenu à 0 70, ce qui est encore
trop cher, eu égard même à la taxe nou-
velle. Je ne doute donc pas que le pro-
blème économique du prix du pain ne soit
résolu, à la satisfaction du public, par le
jeu d'une concurrence intelligente, sans
même qu'il soit besoin de recourir à la taxe
ou aux boulangeries municipales.
J. R.
LES ELECTIONS DE DEMAIN
N'oublions pas que quatre élections
municipales vont avoir lieu dimanche.
Il s'agit de remplacer M. G. Martin,
démissionnaire par suite de son élection
au Sénat, et MM. Boll, Deschamps et G.
Berry, invalidés.
Dans le treizième arrondissement (quar-
tier de la Gare), dont le représentant
était M. G. Martin, trois candidats sont
en présence : M. le docteur Navarre, ré-
publicain radical socialiste, qui avait été
déjà le concurrent de M. G. Martin en
1884 ; M. A. Gdullé, socialiste révolution-
naire, rédacteur du Cri du Peuple, et M.
Gaston, républicain radical.
Nos préférences sont pour ce dernier;
mais nous ne nous dissimulons pas la
force de la situation acquise par M. le
docteur Navarre.
Dans le dix-huitième arrondissement
(quartier de la Chapelle), M. Boll, répu-
blicain radical, conseiller sortant, a en
face de lui M. Blondeau ouvrier charron,
socialiste révolutionnaire, et M. Lefort,
candidat autonomiste.
Nous pensons que M. Boll l'emportera,
et nous le souhaitons, sur ses concur-
rents. Notre règle absolue, en matière
électorale, est de ne jamais conseiller
l'abstention et d'engager nos lecteurs à se
rallier sur le nom de l'homme qui s'é-
loigne le moins de nos idées, alors même
qu'elles n'ont pas un candidat qui les re-
présente, comme nous le voudrions tou-
jours.
Dans le cinquième arrondissement,
trois candidats sont en présence : M. Des-
champs, candidat autonomiste, dont l'élec-
tion a été invalidée; M. Camille Adam,
candidat ouvrier socialiste, et M. Albert
Le Roy, républicain radical.
Nous avons donné déjà le programme
de M. A. Le Roy.
S'il s'agissait d'une élection politique,
nous aurions beaucoup de réserves à faire
sur ce programme.
Mais il s'agit d'une élection munici-
pale et M. Albert Le Roy, par cela seul
qu'il se présente en s'engageant à rester
dans la limite du mandat municipal, de-
vient notre candidat.
Une importante réunion publique a eu
lieu, hier, au gymnase Mérat, où MM.
Deschamps et Le Roy se sont trouvés en
présence.
, La tenue a été uftl peu tumultueuse,
ce qui arrive trop souvent.
Mais, cependant, on a fini par voter un
ordre du jour acceptant la candidature
de M. Albert Le Roy comme « essentiel-
lement républicaine et conforme aux in-
térêts du quartier de la Sorbonne ».
Enfin, dans le quartier de la Chaussée-
d'Antin, une lutte des plus intéressantes
se trouve engagée entre M. Antony Ra-
tier et M. Georges Berry, invalidé. M.
Georges Berry est le candidat de la coa-
lition monarchique et réactionnaire, can-
didat un peu discuté et subi plus qu'ac-
cepté.
Les monarchistes corrects, les orléanis-
tes libéraux du Soleil, par exernple, ne
sont pas sans avoir eu quelque hésitation
en présence d'un candidat dont l'élec-
tion avait été « enlevée » par des moyens
de vaudeville qui ont fait la joie de
Paris.
On n'a oublié ni les concierges repré-
sentés comme propriétaires des immeu-
bles où ils tiraient le cordon, ni les
morts figurants sur les listes des comi-
tés, ni les « sans domicile » qui leur te-
naient compagnie.
Ah ! mon cher collègue Hervé, si un
candidat du gouvernement se fût pré-
senté dans. de telles conditions, jadis,
quand nous livrions bataille ensemble
contre U'Empire, quelle jolie campagne
noifs eussions faite contre lui !
Aujourd'hui, non sans vous être fait un
peu tirer l'oreille, vous sautez le pas : M.
Georges Berry est le candidat du Soleil!
C'est même dans le Soleil que nous trou-
vons le programme dernier de M.George
Berry.
Ce programme est fort adroit, et il n'y
est pas dit un mot de politique.
Si bien que M. Berry pourrait être
notre candidat, si nous ne savions deux
cboses: la première, c'est que, s'il ne parle
pas de politique aujourd'hui, il en a parlé
autrefois, pour témoigner d'une haine vio-
lente contre les institutions républicai-
nes; la seconde, c'est que son adversaire
fera, pour les intérêts du quartier, tout
ce que M. Berry pourrait faire, et au
nom des idées républicaines.
Tout le parti républicain s'est groupé
autour de M. Ratier, comme le constate la
lettre suivante, de M. Anatole de La
Forge :
1 - Paris, le 19 mars 1885.
Mon cher Antony Ratier,
En face d'un adversaire de la République,
les républicains de toutes nuances apparte-
nant au neuvième arrondissement soutien-
dront énergiquement votre candidature au
conseil municipal de Paris.
Vous connaissez mes sympathies pour
votre personne et mon estime pour votre
caractère ; c'est vous dire que je suis avec
vous de tout coeur.
, ANATOLE DE LA. FORGE.
L'union est donc indispensable entre
les républicains, entre tous les hommes
qui pensent que le moment est venu de
rendre M. Berry à la liberté d'allures fan-
taisistes dont il avait coutume et dont le
souvenir est vivant dans les réunions
publiques. -
Rappelons aux électeurs qui auraient
changé de domicile dans les divers quar-
tiers où l'on vote dimanche qu'ils ont le
droit de prendre encore part au vote, les
listes électorales n'étant arrêtées que le
premier avril; et à tous qu'ils ont le de-
voir de se rendre au scrutin, pour éviter
de fâcheuses et préjudiciables surprises.
HENRY FOUQUIER.
LE PARLEMENT
COURRIER DU SÉNAT
20 mars 1885.
Dès le début de la séance, les craintes
de conflit sont dissipées : on sent que
l'apaisement est fait dans les esprits, que
la majorité est décidée à la conciliation,
que la surexcitation du premier jour est
tombée et que les sénateurs, envisageant
la situation d'un esprit plus calme, ont
compris qu'il n'y avait pas lieu d'entre-
prendre nne lutte avec la Chambre sur
des questions d'intérêt secondaire.
Néanmoins les adversaires de toute
concession ne se découragent pas et
tentent d'énergiques efforts pour défen-
dre une cause désespérée.
M. de l'Angle-Beaumanoir parle le pre-
mier; vous savez bien, de l'Angle-Beau-
manoir, l'ancien préfet de l'ordre moral
célèbre par sa haine du cor de chasse?
Passons, c'est ce qu'il y a de mieux à
faire pour ce banal discours.
Personne ne jugeant que pareille ha-
rangue mérite de réplique, M. Jules Si-
mon, bien que défendant la même thèse,
succède à M. de l'Angle-Beaumanoir, et
avec lui le débat s'élève singulièrement.
De sa voix douce, insinuante, calme, M.
Jules Simon prend, paragraphe après pa-
ragraphe. le rapport de M. Dauphin, et
dans une série d'habiles arguments, ex-
posés et parés avec un art exquis qui suf-
fit souvent à masquer ce qu'ils ont de
spécieux, le démolit peu à peu. Non sans
raison, il reproche à M. le rapporteur
d'avoir essayé de justifier ses conclusions
par des considérations légales plus ou
moins discutables, au lieu d'invoquer le
seul argument topique qu'il eût dû em-
pleyer, la raison politique : « Après cha-
que chapitre, dit-il, M. le rapporteur,
pour nous engager à voter la radiation
de crédit, nous dit qu'il y a matière à
discussion. Le motif est étrange, car or-
dinairement, quand il y a matière à
discussion on ne vote pas, on discute 1 »
Et continuant, dans un persifflage spiri-
tuel qui met, je dois le dire, souvent les
rieurs de son côté, à battre en brèche
l'argumentation de M. Dauphin, M. Jules
Simon soutient que l'acceptation des
chiffres de la Chambre serait une abdi-
cation dissimulée, un renoncement aux
droits financiers reconnus au Sénat par
cet article 8 de la Constitution qu'on a
déjà tant de fois cherché inutilement à
abroger, et termine par cette phrase à
effet : « J'aime mieux un Sénat supprimé
qu'un Sénat annulé. »
La Droite applaudit ; le Centre et la
Gauche demeurent silencieux. M. Dau-
phin monte à la tribune.
Pas éloquent, M. Dauphin, et surtout
bien mal servi par la nature ; après la
voix presque musicale de M. Jules
Simon, il est pénible d'entendre la
voix étrange, inégale, dure de M. Dau-
phin, dont les intonations bizarres rap-
pellent de loin l'organe peu mélo-
dieux de Joly, le comique du Vaudeville.
M. Dauphin a été touché par l'argument
de M. Jules Simon ; il se défend avec
énergie d'avoir méconnu le caractère po-
litique du vote qu'il propose : « C'est de
la bonne politique que j'ai cru faire, s'é-
crie-t-il, et c'est parce que c'est de la
bonne politique que je le soutiens. »
Pendant une demi-heure, il parle, et
pendant une demi-heure on entend toutes
les minutes retentir la phrase sacramen-
telle : « Bonne politique ! bonne politi-
que ! » Puis il insiste sur la nécessité de
conserver les deux crédits maintenus
dans son rapport ; mais cette fois, il faut
l'avouer, il montré moins d'ardeur et
soutient la thèse avec une certaine mol-
lesse, en homme qui se sent battu d'a-
vance.
Les sénateurs sont fatigués; on sus-
pend la séance.
A la reprise, M. Halgan a la parole con-
tre le projet. Ah 1 pourquoi M. Halgan
n'est-il pas resté dans la Vendée ?
M. Léon Renaît lui succède : il est bref,
mais plein de feu, d'éloquence entraî-
nante. Il adjure le Sénat de ne pas ouvrir
un conflit à propos de divergences aussi
peu importantes; elles ne méritent pas
tout le bruit qu'elles provoquent, et le
Sénat, en acceptant ce que désire la
Chambre, sans exception, n'amoindrit
en rien son autorité; s'y arrêter serait de
la mesquinerie; le Sénat n'abdique pas,
mais il se réserve tout entier pour le
jour où des questions graves voudraient
une résolution virile.
Cette fois, c'est la Gauche qui applau-
dit, et le chiffre des approbations permet
d'apprécier le nombre des adhésions déjà
assurées à la doctrine soutenue par M.
Léon Renault. Si quelqu'un pouvait con-
server un doute sur l'issue du débat, ces
applaudissements répétés, qui s'étendent
de l'Extrême Gauche jusqu'aux derniers
rangs du Centre gauche, suffiraient à
l'édifier.
Honneur au courage malheureux ! Mal-
gré ces manifestations, M. Buffet, qui
s'est fait inscrire comme orateur, ne
renonce pas à se faire entendre. Sa
parole amère tombe de la tribune en
périodes sèches et froides. Sa thèse n'a
rien de bien nouveau:
« La question, dit-il, n'est pas de sa-
voir si les crédits supprimés par la Cham-
bre ont une importance telle qu'il soit
impossible de s'en passer, mais de savoir
si le Sénat veut abdiquer ; si la Chambre
des députés peut seule, de sa propre
volonté, abroger, sans le consentement
du Sénat une disposition légale, quelle
qu'elle soit. La Chambre, insinue-t-il, n'a
évidemment pas le droit d'abroger une
loi; elle n'a pas davantage le droit de la
mettre en sommeil, et le Sénat ne peut
faire aucune concession sur ce point sans
s'associer à une inégalité, sans dépasser
son propre pouvoir! »
M. Buffet n'est certes pas le premier
venu; d'habitude, il dépense beaucoup
de talent en faveur de causes détestables;
mais cette fois le terrain, probablement,
ne lui semble pas bon, car il manque de
verve, d'énergie, d'imprévu, et parvient
à peine à se faire écouter.
Du reste le Sénat en a çssez; tout le
monde est las de cette longue séance, et,
sans contestations, après le discours de
M. Buffet, on ajourne à demain la suite
de la discussion,
A. LANDRIN.
Nouvelles parlementaire !
CRAMBRE DES DEPUTÉS
Le scrutin de liste
Les couloirs du Palais-Bourbon étaient,
hier, presque complètement déserts. Le Sé-
nat siégeant seul, un grand nombre de dé-
putés s'étaient rendus au Luxembourg Dour
suivre le débat sur le budget modifié de
1885.
Les rares députés qui n'avaient Das dé-
serté le Palais-Bourbon ne s'entretenaient
que de la question du scrutin de liste. On
sait que la discussion de la proposition de
M. Constans continuera cette après-midi par
la fin du discours de M. Hémon. Il est pro-
bable que M. Waldeck-Rousseau, ministre
de l'intérieur, répondra à M. Hémon et sou-
tiendra énergiquement le principe du scrutin
de liste.
Après l'intervention du ministre de l'inté-
rieur, la discussion générale sera très vrai-
semblablement close, et la Chambre passera
à l'examen des articles de la proposition de
loi et des nombreux amendements qui s'y
réfèrent.
Le sentiment général parmi les membres
de la majorité républicaine de la Chambre
est toujours très favorable à l'adootion du
scrutin de liste.
Commission de Varmée
La commission de l'armée s'est réunie hier
sens la présidence de M. Mézières.
M. Lorois a défendu un amendement re-
latif aux hommes envoyés dans les compa-
gnies de discipline. Il prétend que l'article 10
de la loi ne sera jamais applicable.
M. Lorois voudrait distinguer les délits et
les peines; envover, suivant le cas, les uns
aux compagnies de discipline, les autres dans
les disciplinaires coloniaux.
Finalement une modification a été intro-
duite dans la suite dé l'article 10, sur la pro-
I position de M. Lorois : l'homme condamné
au corps est assimilé à l'homme condamné
avaut l'incorporation. Un article il le met
sur le même pied.
M. le docteur Javal a exposé ensuite un
amendement présenté par lui.
La population de la France, a-t-il dit, dimi-
nue dans une proportion effrayante. Cette
diminution tient à la diminution du nombre
d'enfants par famille et surtout à l'absten-
tion volontaire. La charge militaire est plus
lourde pour celui qui a plusieurs enfants.
< M. Javal propose en conséquence que cha-
que famille fournisse simplement un soldat
en temps de paix. ,
Cet amendement a été renoussé à l'una-
nimité. -,
Passant à la question ces non-disponibles,
la commission, sur la demande du gouverne-
ment, a placé dans la catégorie des non-dis-
ponibles les- fonctionnaires suivants : les mi-
nistres des cultes subventionnés par l'Etat ;
les professeurs titulaires des enseignements
supérieur, secondaire et primaire ; les pro-
viseurs, censeurs et économes des lycées et
les principaux des collèges.
La question des protêts
La commission de la Chambre chargée
d'examiner le projet de loi portant modifica-
tion à la législation sur les protêts a terminé
son travail. L'article 161 dû Code de com-
merce serait modifié de manière à rendre
plus impérative et plus efficace la présenta-
tion sans frais du billet le jour de l'échéance.
La modification de l'article 162 proposée par
le gouvernement et tendant à laisser àl'jhuis-
sier deux jours pour dresser le protêt a été
repoussée comme une aggravation. La com-
mission a également rejeté la modification
proposée à l'article 167, imposant au porteur
de l'effet protesté l'obligation d'aviser le
tireur dans les deux jours du protêt. Les
modifications proposées à l'article 174 et
tendant à la simplification des protêts ont
été adoptées. La création de clercs asser-
mentés chargés de suppléer les huissiers
dans l'accomplissement des protêts a été
approuvée. Enfin, sur la demande de M. le
ministre du commerce, la commission pro-
pose une disposition déclarant jours fériés
les lundis de Pâques et de la Pentecôte. M.
Remoiville, président de la commission, a
été nommé président.
Les récidivistes
La commission chargée d'examiner le pro-
jet de loi sur les récidivistes a accepté les
modifications qui ont été introduites par la
Sénat dans le projet primitivement voté par
la Chambre. Elle a décidé d'inviter les mi-
nistres de la marine et de l'intérieur à se
présenter mercredi prochain devant. elle
pour lui fournir quelques explications sur
les points suivants : lieux de relégation,
conditions dans lesquelles se trouveront les
relégués au point de vue de la liberté et du
travail, application de la surveillance de la
police aux relégués.
Les chemins de fer
Le ministre des travaux déposera proba-
blement, lundi prochain, sur le bureau de
la Chambre, le projet de loi relatif aux
1,600 kilomètres de lignes nouvelles, pré-
vues mais non dénommées par les dernières
conventions ave les grandes Compagnies de
chemins de fer.
Ce projet ne vise pas la Compagnie du
Nord, qui a obtenu, par les conventions, la
concession de toutes les lignes de son ré-
seau définitif. Il n'intéresse que les cinq au-
tres grandes Compagnies. La Compagnie de
Paris-Lyon-Méditerranée obtiendra à elle
seule, du fait du nouveau projet, la con-
cession de 600 nouveaux kilomètres de voie
ferrée.
L'assainissement de la Seine
La commission relative à l'utilisation agri-
cole des eaux d'égouts de Paris et à l'assai-
nissement de la Seine a tenu, hier, une
longue séance sous la présidence de M.
Hervé-Mangon.
La commission a arrêté l'ordre de ses tra-
vaux et décidé qu'elle procéderait à une en-
quête au cours de laquelle elle entendra un
certain nombre d'ingénieurs, d'auteurs de
projets ou contre-projets et diverses person-
nes compétentes.
Elle commencera par l'audition des parti-
sans du projet déposé par le gouvernement.
C'est ainsi qu'elle a fait convoquer pour
vendredi prochain MM. Alphand, Durand-
Claye et Deligny, ce dernier conseiller mu-
nicipal de Paris.
Dans une séance ultérieure, elle enten-
dra les adversaires du projet du gouverne-
ment, parmi lesquels MM. Journault et Fré-
déric Passy, députés ; M. de Mortillet, maire
de Saint-Germain, et le président du comité
de déiense.
La commission a décidé, en outre, de faire
elle-même une enquête sur place, de des-
cendre la Seine jusqu'à Poissy, pour consta-
ter le degré d'infection des eaux, et de vi-
siter successivement Gennevilliers, Achères
et les égouts de Paris.
Ce n'est que lorsque cette enquête sera
terminée que la commission discutera le
projet du gouvernement. -
Les Livres jaunes
La publication du Livre jaune relatif aux
affaires de Chine est retardée ; le ministère
attend l'arrivée de Londres de divers docu-
ments relatifs aux récentes saisies de navires
chargés de riz.
Quant au Livre jaune contenant les pièces
relatives aux atlaires égyptiennes, il sera
distribué, dans les premiers jours de la se-
maine prochaine, aux membres des deux
Chambres. -
SÉNAT
Le budget. de 1885
La discussion du budget modifié de 1885
avait amené, hier, une affluence inusitée
dans les couloirs du Luxembourg.
Tous les groupes de la majorité républi-
caine s'étaient réunis avant la séance pu-
blique pour arrêter leur ligne de conduite.
Au Centre gauche, MM. Claude (des Vos-
ges) et Foubert ont demandé que le groupe,
tout en maintenant les droits -du Sénat,
adoptât, par esprit de patriotisme, le bud-
get tel que la Chambre l'a voté en deuxième
lecture.
MM. de Marcère, Robert de Massy et de
Saint-Pierre ont, au contraire, insisté très
énergiquement pour qu'on maintînt les cré-
dits nécessaires au fonctionnement des lois
existantes.
Finalement le groupe a décidé, à une très
forte majorité, de maintenir les crédits ten-
dant à l'application d'une loi ou d'un décret-
loi. En cas de rejet, le groupe se rallierait
comme minimum de concession aux conclu-
sions du rapport Dauphin.
A la Gauche républicaine, après une lon-
gue discussion entre MM. Dauphin, Bozérian,
Mazeau, Barbey, Berlet, Charton, Oudet et
Humbert, on a adopté le texte d'une décla-
ration que le présidenl du groupe a été
i chargé de porter à la tribune.
Voici le texte de cette déclaration :
« Je viens, au nom d'un grand nombre de
mes collègues de ce côté de l'Assemblée,
expliquer en quelques mots le vote que
nous allons émettre. Nous entendons réser.
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