Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-12-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 décembre 1885 28 décembre 1885
Description : 1885/12/28 (A15,N5104). 1885/12/28 (A15,N5104).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75608283
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
yumaeme année. — N 5104
Prix dUhttméro a,Paris : iô centime» — JJépartements : 20 centimes
Lundi 2» Décembre IÛÔO
LE XlTIIX 171 SIECLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
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de 2 heures à minuit
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du journal.
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dont Cabonnement est en cours n'ont
droit à ces primes qu'à la condition
tt- envoyer par anticipation le montant
de leur renouvellement.
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au montant de l'abonnement.
ELECTIONS LMIATIffl
du 87 décembre
SCRUTIN DE BALLOTTAGE
Résultats connus à deux heures du matin
(374 sections)
Inscrits : 263,608. — Votants : 165,311
LISTE DE L'ALLIANCE RÉPUBLICAINE
MM. Déroulède. 53.381
Ranc. 49.829
Greppo. 49.014
Paul Devès. 48.658
Muzet. 48.282
Léveillé. 48.265
LISTE RADICALE
MM. Labordère. 68.725
Maillard. 67.802
Millerand 67.448
De Douville-Maillefeu 66.861
Achard. 66.424
Brialou. 64.904
LISTE RÉACTIONNAIRE
MM. Hervé 46.198
Du Barail 45.767
Cochin. 45.730
Calla 45.564
Ferdinand Duval. 45.348
Vacherot. 44.900
SOMMAIRE .-
Le Congrès. — HBNRY FOUQUlKB.
Contes du dimanche (Un « Bleu ». — HUGUBS
LB Roux.
Journée de Paris — JACQUBS RAFFBT.
Informations particulières.
La Guerre (Dépêches).
Bulletin de l'étranger.
Mouvement administratif.
Informations.
Revue de la presse. - NACHETT*.
Courrier hebdomadaire de la Bourse. —
H. LB FAURE.
Bibliographie.
Tribunaux. — M* GKRVASY.
Faits divers. — JEAN VÀIXIRRK.
Courrier des théâtres. — GEORGES FBYDIAU.
Le Roman d'un grand-duc.—COMTE AFANASI
00
LE CONGRÈS
Le Congrès se réunit aujourd'hui à
Versailles.
Il est probable qu'aucun incident ne
se produira et. que nous assisterons à
une simple cérémonie.
Tout fait prévoir que M. Grévy sera
renommé sans concurrent, que l'on op-
posera la question préalable à la Droite
qui veut lire un papier de protestation,
et qu'après quelques cris la séance
sera levée sans encombre.
Cependant il est également à craindre
qu'un certain nombre de voix se perdis-
sent sur des candidats qui n'ont pas
posé leur candidature, il est vrai, mais
qui ne seraient pas fâchés de prendre
date.
Parmi ces candidats qui voudraient
bien être déclarés papabili, - comme
on dit, au conclave, des cardinaux, —
on citait M. Brisson, M. Duclerc, M. de
Freycinet.
M. Brisson, par la lettre que nous
donnons plus bas, décline la candida-
ture. Son passage aux affaires ne parait
pas de nature à avoir facilité ses ambi-
tions. H conseille donc de voter pour M.
Grévy, non sans quelque mélancolie.
Tel l'évêque de Florence, à qui Charles
d'Anjou envoya dix mille écus d'or et
qui, dit le chroniqueur florentin, les mit
sur sa table, les compta et les contem-
pla longuement avant de les renvoyer.
Très aimé au Sénat, M. Duclerc a
refusé également, avec sa netteté et sa
grâce de vieux Parisien aimable, toute
manifestation en sa faveur.
Quant à M. de Freycinet, nous avons
dit déjà son attitude. Il attend, se ré-
servant pour une heure où il faudra,
pour choisir un président, consulter
l'Europe sans presque faire attention aux
questions de parti. Il ne se compromet
avec aucun et a déjà pris, en se main-
tenant aux affaires étrangères, son rôle
de candidat diplomatique.
La réélection de M. Grévy est donc
certaine. Il est seulement indispensable
qu'elle se fasse au premier tour et que
la première magistrature du pays ne
soit pas affaiblie chez nous, comme le
sont, hélas ! tous les pouvoirs publics.
Nous ne saurions trop recommander
l'union aux républicains.
C'est à Versailles que se tient le Con-
grès.
Je voudrais que ce lieu évoquât pour
nos hommes politiques des souvenirs
d'où partirait une leçon.
C'est dans cette salle de Versailles
que la République, trois ou quatre fois
menacée, a été sauvée et votée, à force
de sagesse, de raison, de discipline.
Voilà ce que ne doivent pas oublier
les imprudents qui voudraient nous
pousser aux aventures, sans compren-
dre que la forme républicaine n'est pas
un dogme et que le suffrage universel
n'hésite jamais à se dégager, étant sou-
verain, quand il sent ses intérêts com-
promis.
Un gouvernement qui maintienne la
tradition et garde l'honneur national,
qui assure l'ordre de la façon la plus
absolue et qui, par-dessus tout, permette
à chacun de faire ses affaires, voilà ce
que veut le gros des électeurs.
Qui n'entend pas ces choses ne se
rend aucun compte de la politique pos-
sible dans une démocratie ayant le suf-
frage universel à sa base.
C'est sur ce programme que la Répu-
blique a été fondée par Thiers et sauvée
par Gambetta.
Puisse le court séjour que nos dépu-
tés vont faire à Versailles leur rappe-
ler ce souvenir, qui doit être la leçon de
l'heure présente !
HENRY FOUQUlER.
M. Brisson a adressé la lettre suivante a
un député de ses amis :
Paris, 27 décembre 1885.
Mon cher ami,
Vous me demandez mon opinion sur la con-
duite à tenir demain au Congrès pour l'élec-
tion du président de la République.
Deux nécessités impérieuses dominent, sui-
vant moi, la question.
Les républicains de l'Assemblée nationale
doivent éviter tout ce qui risquerait de don-
ner à la Droite une influence sérieuse sur le
choix du président.
Ils doivent donc, dès le premier tour, porter
leurs voix sur un seul candidat afin de lui
donner, pour l'exercice de cette haute magis-
trature, la plus grande autorité.
Ces deux propositions se lient ; elles tran-
chent, en même temps, la question person-
nelle que vous me posez et que je croyais
superflue. Une candidature nouvelle jetterait
la division parmi les républicains, amènerait
peut-être un second tour de. scrutin, donnerait
alors à la Droite une occasion que nous ne
devons pas lui laisser. Je décline donc toute
candidature à la présidence de la Républi-
que. Laissez-moi finir ma tâche, comme je
lai commencée, en recommandant l'accord
aux républicains de toute nuance.
Votre affectueusement dévoué.
HENRI BRISSON.
———.————
CONTES DU DIMANCHE
Un « Bleu »
La cour de la caserne est pleine d'une
rumeur de champ de foire. Sur toute la
façade des deux bâtisses, dans le cadre
des fenêtres béantes, s'étagent les képis
rouges, derrière une première rangée
d'uniformes. Devant les écuries, les dra-
gons au pansage se retournent la brosse
à la main, et, près des locaux discipli-
naires, un groupe de cuisiniers, chargés
de gamelles, s'arrête en observation.
Par la grande porte de Saint-Cloùd,
celle qui ouvre sur le parc, une cen-
taine d'hommes en blouse entrent con-
duits par un adjudant. Quatre sergents
les encadrent. Ce sont les conscrits de
l'année, les bleus qui débarquent.
A leur vue, une immense huée s'est
élancée des fenêtres. On siffle, on tré-
pigne , on applaudit. Et déjà dans la
troupe épeurée les hommes de la classe
font leur choix, désignent les victimes
des farces qui pendant les premiers
mois égaieront l'abrutissement des
chambrées.
Un conscrit, entre tous, sert de cible
aux quolibets. C'est un grand gars, vêtu
en Breton d'opéra-comique, avec un
feutre d'ignorantin, une veste courte,
un pantalon de zouave. Soit qu'il mé-
prise les brailleurs ou qu'il ne com-
prenne point le français, il ne semble
pas entendre ces injures. Il tient haute
comme un saint-sacrement sa tête à
cheveux longs, qui dépasse toutes les
casquettes. -
Cependant l'adjudant s'est tourné
avec un geste furieux vers les hurle-
ments des fenêtres. Le tapage s'apaise,
on range les conscrits sur deux ligues,
et, selon les vides des compagnies,
l'officier répartit les recrues entre les
sergents de semaine :
— Deuxième du deux ! sergent Du-
pré. Deux hommes : Taboureau et Heur-
tevent.
— Troisième du deux ! sergent Gra-
ziani. Un homme : Yves Kerléadec.
A l'appel de son nom, le colosse sort
du rang, et, les bras ballants, à grandes
enjambées, il se laisse conduire par le
petit sergent qui l'emmène d'un air ra-
geur.
Un mauvais coucheur, ce sergent
Graziani, susceptible comme tous les
hommes de taille exiguë, et, avec cela,
rancunier comme les gens de son pays.
Bien'sûr, c'est pour lui faire une niche
que l'adjudant a colloqué cet homme-là
dans sa compagnie. A côté de ce géant
du Nord, le petit Corse se sent rapetissé,
ridicule, microscopique. Il a beau se
dresser sur ses ergots, bomber sa tuni-
que, le pompon de son shako n'atteint
pas l'épaule du bleu. Et, dans la néces-
sité de passer ainsi flanqué sous l'obser-
vation des fenêtres, la colère tortille
les coins mauvais de sa bouche et fait
trembler sa moustache sur ses dents
jaunes.
Et l'accueil tumultueux de la cham-
brée, le rappel battu sur les quarts en
fer-blanc, la bousculade pour voir le
cercle qui l'enferme lui et son conscrit,
comme un nain et un géant de foire
exhibés à la parade, — tout cela n'est
pas pour remettre Graziani de bonne
humeur. Il sent bien que la moitié des
quolibets qui pleuvent sont pour lui. Il
n'ose ni s emporter ni punir, et lâche-
ment il pactise avec les brimeurs.
— Eh bien, les enfants, crie-t-il de sa
voix fêlée par l'école d'intonation, le
bleu est-il à votre goût ? Avance un peu,
toi I Yves Kerle. Kerléa. Kerléadec !
achève-t-il enfin en consultant la feuille
que l'adjudant lui a remise.
— De Ploërmel? demande une voix.
Et toute la chambrée mise en gaieté
par ce nom étrange répète sur l'air des
« Lampions » : « Léadec. Léadec. »
— Inutile de vous le recommander,
n'est-ce pas ? ajoute le sergent en cli-
gnant de l'œil. Déniaisez-le le plus vite
possible.
Et prenant le conscrit par le coude, il
l'entraîne vers une fenêtre pour lui mon-
trer son chalit posé sur les petits tré-
taux de fer.
— Voilà ta paillasse, Breton. Tant pis
pour toi si tes pieds dépassent. Je te
fourrerai au bloc. Mesurez-le un peu, les
enfants, pour voir.
Quatre hommes se précipitent sur le
conscrit. On le couche de force sur la
planche à dormir, qui se renverse avec
le matelas et la couverture grise. Le
Breton roule à terre avec ses agresseurs;
mais, vite remis de sa surprise, il s'em-
pare du soldat qui le serre de plus près
et le couche à terre, sous son genou.
Alors un cri s'élève. Le vaincu est un
homme de la classe. C'est un déshon-
neur pour toute la compagnie de le
laisser ainsi râlant, à la merci de ce
bleu. Et une vingtaine de soldats se
précipitent sur le Breton, lui arrachent
son adversaire.
Cette fois la résistance est inutile. Le
conscrit ne bouge plus, mais il souffle
comme un cheval tombé sous le bran-
card. Il ne comprend ni ce que ces
hommes disent, ni pourquoi ils le mal-
traitent. Soudain ses yeux rencontrent
les prunelles brillantes et dures du
Corse qui ricane en montrant ses dents
jaunes. Il comprend qu'on le brutalise
ainsi pour complaire au chef, et il lance
au sous-off un regard si chargé de haine
que le petit sergent n'est pas rassuré.
Il fait le brave pourtant et, surexcité
par les cris, le désir de venger ses ran-
cunes hargneuses de bout d'homme, il
crie au milieu du tumulte :
— Il résiste 1 Passez-le à tabac !
Aussitôt le lit est culbuté et Kerléadec,
malgré ses ruades, brutalement jeté sur
une couverture. Des bras vigoureux
l'enlèvent d'un violent effort, et sous
le coup d'une poussée qui vient comme
de terre, sans qu'il puisse se raccrocher
à rien ni reprendre son équilibre, le
Breton se sent lancer en l'air, les pieds
plus haut que la tête.
En avant les brosses et les godil-
lots ! Oh ! la chute douloureuse sur
tous ces objets rudes qui ajoutent
à sa torture, lui meurtrissent la face,
les côtes et les mains ! Cela dure
des minutes longues, terribles, jus-
qu'à ce qu'une paire de bras lassés lâ-
che un bout de couverture et que le
grand corps du Breton évanoui roule sur
le plancher
Six mois plus tard.
Le bleu est de garde à la prison ci-
vile, fusil chargé, baïonnette au canon.
A minuit, le poste vient relever le fac-
tionnaire.
Le sergent Graziani commande. Il
s'approche de la sentinelle pour lui de-
mander le mot d'ordre :
— Qui vive 1 crie le soldat en croisant
la baïonnette.
— France ! répond Graziani à voix
basse.
Le fusil ne se relève point. Mais la
sentinelle faisant un pas en avant, la
lumière d'un bec de gaz lui éclaire la fi-
gure, et le sergent reconnaît Kerléadec
qui marche sur lui.
La pointe de 'la baïonnette n'est plus
qu'à un pouce de sa tunique. Le sergent
a le temps d'avoir peur, de comprendre
que c'est fini.
'-.Diot murmure-t-il en ouvrant les
bras. .;
Et,, renversé par un heurt en pleine
poitrine, il voit encore ayant de mourir
Kerléadec redressé, qui essuie la baïon-
nette sanglante au pan relevé de sa tu-
nicrue.
," HUGUES LE Roux.
LA JOURNEE DE PARIS
LES JOURNALISTES DÉCORÊS. — Au
nom des journalistes qui sont nommés che-
valiers de la Légion d'honneur, il faut ajouter
celui 4e M. Albert SabaUer, rédacteur politi-
que au Temps.
«
LE CAVEAU. — La Société du Caveau,
fondée en i737 par Panard, Collé et PIron,
continuée par Béranger, Désangiers et Ar-
mand Gouffé, vient de constituer son bureau
pour 1886.
Sont nommés :
Président : Charles Vincent ; vice-prési-
dents : Eugène Grangé et Bourdelin; secré-
taire général : Louis Piesse. — Les autres
officiers sont Mouton-Dufratsse, Henry Le-
comte, A. Roy et Descors.
L 'OEUVRE DE TASSAERT. — L'exposi-
tion de l'oeuvre de Tassaert s'ouvre aujour-
d'hui lundi, à la galerie Georges Petit, pour la
presse. Le public sera admis à visiter l'Expo-
sition le mardi 29.
«
A L'ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.
Le concours Achille Le Clère a donné lieu à
l'envoi de vingt-six esquisses, parmi lesquelles
ont été admises au concours définitif celles
qui portent les numéros 2, C, 7, 8, 15, 17, 18,
20, 21, 22, 24, 25 et 26.
L'Académie a rendu le jugement du con-
cours Rossini.
Le poème remis aux compositeurs concur-
rents était Armide, de M. Emile Moreau. Sur
quinze partitions, une seule avait été réser-
vée. L'Académie a décidé hier que le poème
de M. Emile Moreau serait remis au concours
pour l'année prochaine.
AU LOUVRE. — On vient d'exposer dans
la salle Chaudet un buste du sculpteur Du-
mont, représentant la mère de cet artiste ; ce
buste remarquable a été donné par Mme Au-
guste Dumont et placé dans une vitrine.
Dans la salle Rude, on vient également d'ex-
poser, à la place du Spartacus, le Génie de la
Liberté, œuvre en bronze du sculpteur sus-
nommé.
«
* *
MORT D'AMAURY DUVAL. — Le peintre
Amaury Duval vient de mourir subitement.
Amaury Duval, élève d'Ingres, a décoré l'é-
glise de Saint-Germain-en-Laye, la chapelle
de la Vierge à Saint-Germain-l'Auxerrois, une
autre chapelle à Saint-Merry, etc.
Le Luxembourg a de lui un tableau, la
Jeune Fille sortant du bain, d'une facture
assez pénible et assez rèche. Le talent d'A-
maury Duval, tout de composition et de pure
forme, peut être jugé par cette toile, car le
peintre fut toujours égal à lui-même, sans
rien de ces imprévus qui rapprochent les artis-
tes du génie, alors même que l'ensemble
reste médiocre.
JACQUES RAFFEY.
INFORMl TIONS PARTICULIÈRES
L'élection présidentielle
Les couloirs du Palais-Bourbon présen-
taient hier l'animation des jours de séance.
Les groupes de Droite et de Gauche de-
vaient délibérer sur les candidatures à la
présidence 'de la République; aussi un
grand nombre de députés et de sénateurs
avaient-ils, en dépit du beau temps, passé
le pont de la Concorde.
En arrivant à trois heures dans la salle
des Pas-Perdus, on nous annonce que le
désarroi est complet dans le parti répu-
blicain, que la réélection de M. Grévy est
très compromise et que ses concurrents
réussiront tout au moins à le mettre en
ballottage au premier tour de scrutin. M.
Brisson, ajoutait-on, est définitivement
candidat. Il aura pour lui toutes les voix
de l'ancienne Union républicaine. D'autre
part, une démarche a été faite, hier matin,
auprès de M. de Freycinet. L'honorable
ministre des affaires étrangères a déclaré
aux membres du Parlemenl qui venaient
le solliciter de laisser poser sa candida-
ture à la présidence de la République :
« Si M. Grévy est seul candidat, je n'en-
tends pas diviser le parti républicain;
mais si M. Brisson rompt l'unité, je re-
prends à mon tour toute ma liberté d'ac-
tion et je vous autorise à le dire à nos
amis. »
Cela faisait trois candidatures, et on
s'est mis aussitôt à disserter sur les chan-
ces probables de chacune d'elles.
Pendant ce temps, la réunion des dépu-
tés qui ont voté les crédits pour le Tonkin
délibérait dans le neuvième bureau. La
réunion, présidée par M. Develle, ne
comptait qu'une centaine de membres.
Nous avons annoncé hier qu'elle avait pour
but de rechercher les voies et moyens
propres à constituer dans la Chambre une
majorité de gouvernement; mais la tenue
du Congrès dominant toutes les préoccu-
pations du moment, la discussion ne de-
vait pas tarder à dévier.
Le débat a cependant porté tout d'abord
sur la question indiquée sur les lettres de
convocation.
M. Lockroy a exprimé l'avis que la réu-
nion n'avait pas qualité pour délibérer.
Ses promoteurs auraient dû convoquer
tous les députés républicains sans distin-
guer entre ceux qui ont voté pour et ceux
qui ont voté contre les crédits du Tonkin.
Le scrutin de jeudi soir n'a pas constitué
une majorité de gouvernement. Il ne peut
y avoir de majorité de gouvernement dans
la Chambre en dehors de l'Extrême-Gau-
che. On ne peut donc délibérer utilement,
sauf dans une réunion plénière des Gau-
ches.
M. Lockroy a conclu en proposant à l'as-
semblée de décider qu'elle n'avait pas
mandat pour délibérer.
Après une discussion à laquelle ont prid
part MM. Viger, Rouvier, de Sonnier, etc.,
la proposition de M. Lockroy a été adoptée
à l'unanimité.
M. Jaurès a soumis alors à la réunion
une nouvelle proposition. N'y a-t-il pas
lieu de convoquer pour demain matin à
Versailles, avant le Congrès, une assem-
blée plénière de tous les sénateurs et dé-
putés républicains, en vue de s'entendre
sur le nom du candidat à la présidence de
la République ?
La réunion a répondu non, presque à
l'unanimité, à la motion de M. Jaurès. On
a fait valoir que les questions de personnes
étaient d'un ordre trop délicat pour être
discutées publiquement.
En conséquence, la réunion s'est séparée
sans avoir pris aucune résolution. Sur les
cent députés qui assistaient à la délibéra-
tion, une dizaine tout au plus ont exprimé
ou approuvé des déclarations hostiles à la
candidature de M. Jules Grévy. La grande
majorité était favorable à la réélection du
président de la République.
Quant à la réunion plénière des Gauches
qui devait être tenue à l'issue de la réu-
nion des députés ayant voté les crédits,
elle n'a pu avoir lieu, M. Lockroy, prési-
dent du bureau des réunions plénières,
n'ayant pas été informé du désir de ses
collègues.
En revanche, une réunion plénière des
Droites a eu lieu à trois heures dans le lo-
cal du septième bureau.
En voici le procès-verbal :
La réunion plénière des Droites, qui était
très nombreuse, a adopté à l'unanimité la pro-
testation qui lui a été soumise et a donné ses
pleins pouvoirs aux membres de son bureau,
au sujet de la conduite à tenir dans le scru-
tin de l'élection du président de la Répu-
blique.
La protestation des Droites a été rédi-
gée par une sous-commission composée
de trois sénateurs : MM. Batbie, Chesne-
long et Audren de Kerdrel, et de quatre
députés : MM. Jolibois, de Cassagnac, de
Mackau et de La Rochefoucauld-Bisaccia.
Ce document est conforme aux indications
que nous avons déjà données. Il est cer-
tain que le président de l'Assemblée na-
tionale n'en permettra pas la lecture.
Toutefois, les Droites, ainsi que nous
l'avions fait prévoir, ne se retireront pas
du Congrès.
Elles ont décidé, dans leur réunion d'hier,
de voter au premier tour de scrutin pour
l'amiral Dompierre d'Hornoy. Au second
tour, si un second tour a lieu, ce qui ne
parait pas probable, elles porteraient leurs
suffrages sur un des candidats républicains
en présence ou s'abstiendraient purement
et simplement.
En résumé, il n'y a qu'une seule can-
didature sérieuse à la présidence de la Ré-
publique, celle de M. Jules Grévy. D'a-
près les impressions recueillies, hier
soir au Palais-Bourbon, M. Jules Grévy
réunirait, au premier tour de scrutin, 150
voix de sénateurs et 300 à 310 voix de dé-
puté, soit une majorité de 450 à 460 voix
sur 840 votants. Il n'y aurait donc pas de
ballottage. L'amiral Dompierre-d'Hornoy
réunirait les 245 voix de Droite. Il y au-
rait une cinquantaine de voix égarées sur
les noms de MM. Brisson, de Freycinet,
Le Royer, Ferry et Duclerc.
Remarquons que MM. Le Royer et Ferry
ne sont pas candidats, que M. de Freycinet
n'est que candidat éventuel et que MM.
Brisson et Duclere ont décliné la candida-
ture.
Comme il faut tout prévoir, ajoutons
que de nombreux rendez-vous ont été pris
pour ce matin à Versailles et que les ad-
versaires de la candidature de M. Jules
Grévy déclaraient, hier soir, qu'ils ne se
tenaient pas encore pour battus. Mais nous
ne croyons pas au succès ni même au
demi-succès de ces manœuvres.
—————— ———————
Il parait qu'une « chaire de poison » --c'est
l'Univers qui annonce cette terrifiante nou-
velle — va être créée prochainement à la
Sorbonne. Et, de peur de n'être pas compris,
l'Univers ajoute : « Quand nous disons : « chaire
» de poison », c'est chaire d'histoire de la Ré-
volution française que dit le conseil muni-
cipal. »
Le conseil municipal s'exprime clairement.
L'Univers use de métaphores obscures, mais
nobles. L'immortel juré que Courrier nous a
dépeint comme le type éternel de la niaise-
rie dans la solennité, M. Arthur Bertrand, li-
braire, n'aurait pas su mieux dire que la
pieuse feuille. M. Arthur Bertrand n'aurait-
il pas été jaloux aussi de la phrase qui suit
et qui aurait fait la joie de Flaubert, grand
collectionneur de ces « énormités » joyeuses :
« Que deviendrait la République si la Révo-
lution, sa mère, cessait d'être un temple my-
thologique, gardé par des dragons aux lan-
gues de feu ? »
Le duc d'Orléans, qui recommandait dans
son testament au comte de Paris d'être le
« serviteur passionné, exclusif, de la Révolu-
tion », était-il donc un « dragon aux langues
de feu ? »
On serait curieux de connaître là-dessus
l'opinion d'un des écrivains au langage flam-
boyant qui gardent avec tant de vigilance la
petite chapelle de l'Univers.
M. F.
Nous relevons dans le mouvement ad-
ministratif publié hier au Journal offictel
la nomination, à la sous-préfecture d'Arcis-
sur-Aube, de « M. Henry Gautier, publi-
ciste ». M. Henry Gautier, rédacteur de la
France depuis cinq ans, est un de nos
plus aimables confrères. Il a toujours ap-
porté dans l'exercice de sa profession beau-
coup de conscience, d'activité, et il y avait
fort bien réussi. En le félicitant, nous ne
pouvons que lui souhaiter d'être aussi bon
fonctionnaire qu'il a été bon journaliste.
LA GUERRE
DÉPÊCHES
L'ATTITUDE DE LA PORTE
Varna, 27 décembre.
La date éloignée fixée pour la fin de l'ar-
mistice a causé ici une impression défavora-
ble. La Porte y voit une preuve du désir
qu'ont certaines puissances de retarder la so-
lution pour arriver à un arrangement con-
traire aux vues de la Turquie.
La Porte a télégraphié, le 23 décembre,
une nouvelle circulaire où elle signale l'état
précaire de la Roumélie, l'inquiétude des es-
prits et les sacrifices pécuniaires qui lui se-
ront imposés par suite de la prolongation de
la crise ; elle insiste de nouveau pour que
les puissances se concertent dans le but de
mettre fin à la crise le plus tôt possible.
Une nouvelle conférence se réunira peut-
être dans une vingtaine de jours, sur la de-
mande de la Porte.
Le bruit court, d'autre part, que Madjid-
Pacha a été chargé de négocier une entente
directe avec le prince Alexandre.
CRISE MINISTÉRIELLE A BELGRADE
Vienne, 27 déeembre.
On mande de Belgrade que la plupart des
ministres, y compris M. Garaschanine, se sont
prononcés pour la reprise des hostilités à
l'expiration de l'armistice.
Deux ministres seulement y sont opposés
et ont déclaré que l'amitié de l'Autriche doit
être la base de la politique serbe.
Cette question sera tranchée au retour du
roi.
Un changement ministériel paraît inévi-
table. 9
MECONTENTEMENT EN SERBIE
Belgrade, 27 décembre.
Les partisans du prince Karageorgevitch se
remuent beaucoup.
Le général Horvatovics et le ministre de la
guerre réclament la démission do M. Petro-
vics, ministre des finances, à cause de cer-
taines irrégularités dans son administration.
Prix dUhttméro a,Paris : iô centime» — JJépartements : 20 centimes
Lundi 2» Décembre IÛÔO
LE XlTIIX 171 SIECLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
l'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16. rue GadLet, ±3
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendra
ABONNEMENTS
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ment de fin décembre, le plus
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vient d'augmenter considérable-
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du journal.
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dont Cabonnement est en cours n'ont
droit à ces primes qu'à la condition
tt- envoyer par anticipation le montant
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ELECTIONS LMIATIffl
du 87 décembre
SCRUTIN DE BALLOTTAGE
Résultats connus à deux heures du matin
(374 sections)
Inscrits : 263,608. — Votants : 165,311
LISTE DE L'ALLIANCE RÉPUBLICAINE
MM. Déroulède. 53.381
Ranc. 49.829
Greppo. 49.014
Paul Devès. 48.658
Muzet. 48.282
Léveillé. 48.265
LISTE RADICALE
MM. Labordère. 68.725
Maillard. 67.802
Millerand 67.448
De Douville-Maillefeu 66.861
Achard. 66.424
Brialou. 64.904
LISTE RÉACTIONNAIRE
MM. Hervé 46.198
Du Barail 45.767
Cochin. 45.730
Calla 45.564
Ferdinand Duval. 45.348
Vacherot. 44.900
SOMMAIRE .-
Le Congrès. — HBNRY FOUQUlKB.
Contes du dimanche (Un « Bleu ». — HUGUBS
LB Roux.
Journée de Paris — JACQUBS RAFFBT.
Informations particulières.
La Guerre (Dépêches).
Bulletin de l'étranger.
Mouvement administratif.
Informations.
Revue de la presse. - NACHETT*.
Courrier hebdomadaire de la Bourse. —
H. LB FAURE.
Bibliographie.
Tribunaux. — M* GKRVASY.
Faits divers. — JEAN VÀIXIRRK.
Courrier des théâtres. — GEORGES FBYDIAU.
Le Roman d'un grand-duc.—COMTE AFANASI
00
LE CONGRÈS
Le Congrès se réunit aujourd'hui à
Versailles.
Il est probable qu'aucun incident ne
se produira et. que nous assisterons à
une simple cérémonie.
Tout fait prévoir que M. Grévy sera
renommé sans concurrent, que l'on op-
posera la question préalable à la Droite
qui veut lire un papier de protestation,
et qu'après quelques cris la séance
sera levée sans encombre.
Cependant il est également à craindre
qu'un certain nombre de voix se perdis-
sent sur des candidats qui n'ont pas
posé leur candidature, il est vrai, mais
qui ne seraient pas fâchés de prendre
date.
Parmi ces candidats qui voudraient
bien être déclarés papabili, - comme
on dit, au conclave, des cardinaux, —
on citait M. Brisson, M. Duclerc, M. de
Freycinet.
M. Brisson, par la lettre que nous
donnons plus bas, décline la candida-
ture. Son passage aux affaires ne parait
pas de nature à avoir facilité ses ambi-
tions. H conseille donc de voter pour M.
Grévy, non sans quelque mélancolie.
Tel l'évêque de Florence, à qui Charles
d'Anjou envoya dix mille écus d'or et
qui, dit le chroniqueur florentin, les mit
sur sa table, les compta et les contem-
pla longuement avant de les renvoyer.
Très aimé au Sénat, M. Duclerc a
refusé également, avec sa netteté et sa
grâce de vieux Parisien aimable, toute
manifestation en sa faveur.
Quant à M. de Freycinet, nous avons
dit déjà son attitude. Il attend, se ré-
servant pour une heure où il faudra,
pour choisir un président, consulter
l'Europe sans presque faire attention aux
questions de parti. Il ne se compromet
avec aucun et a déjà pris, en se main-
tenant aux affaires étrangères, son rôle
de candidat diplomatique.
La réélection de M. Grévy est donc
certaine. Il est seulement indispensable
qu'elle se fasse au premier tour et que
la première magistrature du pays ne
soit pas affaiblie chez nous, comme le
sont, hélas ! tous les pouvoirs publics.
Nous ne saurions trop recommander
l'union aux républicains.
C'est à Versailles que se tient le Con-
grès.
Je voudrais que ce lieu évoquât pour
nos hommes politiques des souvenirs
d'où partirait une leçon.
C'est dans cette salle de Versailles
que la République, trois ou quatre fois
menacée, a été sauvée et votée, à force
de sagesse, de raison, de discipline.
Voilà ce que ne doivent pas oublier
les imprudents qui voudraient nous
pousser aux aventures, sans compren-
dre que la forme républicaine n'est pas
un dogme et que le suffrage universel
n'hésite jamais à se dégager, étant sou-
verain, quand il sent ses intérêts com-
promis.
Un gouvernement qui maintienne la
tradition et garde l'honneur national,
qui assure l'ordre de la façon la plus
absolue et qui, par-dessus tout, permette
à chacun de faire ses affaires, voilà ce
que veut le gros des électeurs.
Qui n'entend pas ces choses ne se
rend aucun compte de la politique pos-
sible dans une démocratie ayant le suf-
frage universel à sa base.
C'est sur ce programme que la Répu-
blique a été fondée par Thiers et sauvée
par Gambetta.
Puisse le court séjour que nos dépu-
tés vont faire à Versailles leur rappe-
ler ce souvenir, qui doit être la leçon de
l'heure présente !
HENRY FOUQUlER.
M. Brisson a adressé la lettre suivante a
un député de ses amis :
Paris, 27 décembre 1885.
Mon cher ami,
Vous me demandez mon opinion sur la con-
duite à tenir demain au Congrès pour l'élec-
tion du président de la République.
Deux nécessités impérieuses dominent, sui-
vant moi, la question.
Les républicains de l'Assemblée nationale
doivent éviter tout ce qui risquerait de don-
ner à la Droite une influence sérieuse sur le
choix du président.
Ils doivent donc, dès le premier tour, porter
leurs voix sur un seul candidat afin de lui
donner, pour l'exercice de cette haute magis-
trature, la plus grande autorité.
Ces deux propositions se lient ; elles tran-
chent, en même temps, la question person-
nelle que vous me posez et que je croyais
superflue. Une candidature nouvelle jetterait
la division parmi les républicains, amènerait
peut-être un second tour de. scrutin, donnerait
alors à la Droite une occasion que nous ne
devons pas lui laisser. Je décline donc toute
candidature à la présidence de la Républi-
que. Laissez-moi finir ma tâche, comme je
lai commencée, en recommandant l'accord
aux républicains de toute nuance.
Votre affectueusement dévoué.
HENRI BRISSON.
———.————
CONTES DU DIMANCHE
Un « Bleu »
La cour de la caserne est pleine d'une
rumeur de champ de foire. Sur toute la
façade des deux bâtisses, dans le cadre
des fenêtres béantes, s'étagent les képis
rouges, derrière une première rangée
d'uniformes. Devant les écuries, les dra-
gons au pansage se retournent la brosse
à la main, et, près des locaux discipli-
naires, un groupe de cuisiniers, chargés
de gamelles, s'arrête en observation.
Par la grande porte de Saint-Cloùd,
celle qui ouvre sur le parc, une cen-
taine d'hommes en blouse entrent con-
duits par un adjudant. Quatre sergents
les encadrent. Ce sont les conscrits de
l'année, les bleus qui débarquent.
A leur vue, une immense huée s'est
élancée des fenêtres. On siffle, on tré-
pigne , on applaudit. Et déjà dans la
troupe épeurée les hommes de la classe
font leur choix, désignent les victimes
des farces qui pendant les premiers
mois égaieront l'abrutissement des
chambrées.
Un conscrit, entre tous, sert de cible
aux quolibets. C'est un grand gars, vêtu
en Breton d'opéra-comique, avec un
feutre d'ignorantin, une veste courte,
un pantalon de zouave. Soit qu'il mé-
prise les brailleurs ou qu'il ne com-
prenne point le français, il ne semble
pas entendre ces injures. Il tient haute
comme un saint-sacrement sa tête à
cheveux longs, qui dépasse toutes les
casquettes. -
Cependant l'adjudant s'est tourné
avec un geste furieux vers les hurle-
ments des fenêtres. Le tapage s'apaise,
on range les conscrits sur deux ligues,
et, selon les vides des compagnies,
l'officier répartit les recrues entre les
sergents de semaine :
— Deuxième du deux ! sergent Du-
pré. Deux hommes : Taboureau et Heur-
tevent.
— Troisième du deux ! sergent Gra-
ziani. Un homme : Yves Kerléadec.
A l'appel de son nom, le colosse sort
du rang, et, les bras ballants, à grandes
enjambées, il se laisse conduire par le
petit sergent qui l'emmène d'un air ra-
geur.
Un mauvais coucheur, ce sergent
Graziani, susceptible comme tous les
hommes de taille exiguë, et, avec cela,
rancunier comme les gens de son pays.
Bien'sûr, c'est pour lui faire une niche
que l'adjudant a colloqué cet homme-là
dans sa compagnie. A côté de ce géant
du Nord, le petit Corse se sent rapetissé,
ridicule, microscopique. Il a beau se
dresser sur ses ergots, bomber sa tuni-
que, le pompon de son shako n'atteint
pas l'épaule du bleu. Et, dans la néces-
sité de passer ainsi flanqué sous l'obser-
vation des fenêtres, la colère tortille
les coins mauvais de sa bouche et fait
trembler sa moustache sur ses dents
jaunes.
Et l'accueil tumultueux de la cham-
brée, le rappel battu sur les quarts en
fer-blanc, la bousculade pour voir le
cercle qui l'enferme lui et son conscrit,
comme un nain et un géant de foire
exhibés à la parade, — tout cela n'est
pas pour remettre Graziani de bonne
humeur. Il sent bien que la moitié des
quolibets qui pleuvent sont pour lui. Il
n'ose ni s emporter ni punir, et lâche-
ment il pactise avec les brimeurs.
— Eh bien, les enfants, crie-t-il de sa
voix fêlée par l'école d'intonation, le
bleu est-il à votre goût ? Avance un peu,
toi I Yves Kerle. Kerléa. Kerléadec !
achève-t-il enfin en consultant la feuille
que l'adjudant lui a remise.
— De Ploërmel? demande une voix.
Et toute la chambrée mise en gaieté
par ce nom étrange répète sur l'air des
« Lampions » : « Léadec. Léadec. »
— Inutile de vous le recommander,
n'est-ce pas ? ajoute le sergent en cli-
gnant de l'œil. Déniaisez-le le plus vite
possible.
Et prenant le conscrit par le coude, il
l'entraîne vers une fenêtre pour lui mon-
trer son chalit posé sur les petits tré-
taux de fer.
— Voilà ta paillasse, Breton. Tant pis
pour toi si tes pieds dépassent. Je te
fourrerai au bloc. Mesurez-le un peu, les
enfants, pour voir.
Quatre hommes se précipitent sur le
conscrit. On le couche de force sur la
planche à dormir, qui se renverse avec
le matelas et la couverture grise. Le
Breton roule à terre avec ses agresseurs;
mais, vite remis de sa surprise, il s'em-
pare du soldat qui le serre de plus près
et le couche à terre, sous son genou.
Alors un cri s'élève. Le vaincu est un
homme de la classe. C'est un déshon-
neur pour toute la compagnie de le
laisser ainsi râlant, à la merci de ce
bleu. Et une vingtaine de soldats se
précipitent sur le Breton, lui arrachent
son adversaire.
Cette fois la résistance est inutile. Le
conscrit ne bouge plus, mais il souffle
comme un cheval tombé sous le bran-
card. Il ne comprend ni ce que ces
hommes disent, ni pourquoi ils le mal-
traitent. Soudain ses yeux rencontrent
les prunelles brillantes et dures du
Corse qui ricane en montrant ses dents
jaunes. Il comprend qu'on le brutalise
ainsi pour complaire au chef, et il lance
au sous-off un regard si chargé de haine
que le petit sergent n'est pas rassuré.
Il fait le brave pourtant et, surexcité
par les cris, le désir de venger ses ran-
cunes hargneuses de bout d'homme, il
crie au milieu du tumulte :
— Il résiste 1 Passez-le à tabac !
Aussitôt le lit est culbuté et Kerléadec,
malgré ses ruades, brutalement jeté sur
une couverture. Des bras vigoureux
l'enlèvent d'un violent effort, et sous
le coup d'une poussée qui vient comme
de terre, sans qu'il puisse se raccrocher
à rien ni reprendre son équilibre, le
Breton se sent lancer en l'air, les pieds
plus haut que la tête.
En avant les brosses et les godil-
lots ! Oh ! la chute douloureuse sur
tous ces objets rudes qui ajoutent
à sa torture, lui meurtrissent la face,
les côtes et les mains ! Cela dure
des minutes longues, terribles, jus-
qu'à ce qu'une paire de bras lassés lâ-
che un bout de couverture et que le
grand corps du Breton évanoui roule sur
le plancher
Six mois plus tard.
Le bleu est de garde à la prison ci-
vile, fusil chargé, baïonnette au canon.
A minuit, le poste vient relever le fac-
tionnaire.
Le sergent Graziani commande. Il
s'approche de la sentinelle pour lui de-
mander le mot d'ordre :
— Qui vive 1 crie le soldat en croisant
la baïonnette.
— France ! répond Graziani à voix
basse.
Le fusil ne se relève point. Mais la
sentinelle faisant un pas en avant, la
lumière d'un bec de gaz lui éclaire la fi-
gure, et le sergent reconnaît Kerléadec
qui marche sur lui.
La pointe de 'la baïonnette n'est plus
qu'à un pouce de sa tunique. Le sergent
a le temps d'avoir peur, de comprendre
que c'est fini.
'-.Diot murmure-t-il en ouvrant les
bras. .;
Et,, renversé par un heurt en pleine
poitrine, il voit encore ayant de mourir
Kerléadec redressé, qui essuie la baïon-
nette sanglante au pan relevé de sa tu-
nicrue.
," HUGUES LE Roux.
LA JOURNEE DE PARIS
LES JOURNALISTES DÉCORÊS. — Au
nom des journalistes qui sont nommés che-
valiers de la Légion d'honneur, il faut ajouter
celui 4e M. Albert SabaUer, rédacteur politi-
que au Temps.
«
LE CAVEAU. — La Société du Caveau,
fondée en i737 par Panard, Collé et PIron,
continuée par Béranger, Désangiers et Ar-
mand Gouffé, vient de constituer son bureau
pour 1886.
Sont nommés :
Président : Charles Vincent ; vice-prési-
dents : Eugène Grangé et Bourdelin; secré-
taire général : Louis Piesse. — Les autres
officiers sont Mouton-Dufratsse, Henry Le-
comte, A. Roy et Descors.
L 'OEUVRE DE TASSAERT. — L'exposi-
tion de l'oeuvre de Tassaert s'ouvre aujour-
d'hui lundi, à la galerie Georges Petit, pour la
presse. Le public sera admis à visiter l'Expo-
sition le mardi 29.
«
A L'ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.
Le concours Achille Le Clère a donné lieu à
l'envoi de vingt-six esquisses, parmi lesquelles
ont été admises au concours définitif celles
qui portent les numéros 2, C, 7, 8, 15, 17, 18,
20, 21, 22, 24, 25 et 26.
L'Académie a rendu le jugement du con-
cours Rossini.
Le poème remis aux compositeurs concur-
rents était Armide, de M. Emile Moreau. Sur
quinze partitions, une seule avait été réser-
vée. L'Académie a décidé hier que le poème
de M. Emile Moreau serait remis au concours
pour l'année prochaine.
AU LOUVRE. — On vient d'exposer dans
la salle Chaudet un buste du sculpteur Du-
mont, représentant la mère de cet artiste ; ce
buste remarquable a été donné par Mme Au-
guste Dumont et placé dans une vitrine.
Dans la salle Rude, on vient également d'ex-
poser, à la place du Spartacus, le Génie de la
Liberté, œuvre en bronze du sculpteur sus-
nommé.
«
* *
MORT D'AMAURY DUVAL. — Le peintre
Amaury Duval vient de mourir subitement.
Amaury Duval, élève d'Ingres, a décoré l'é-
glise de Saint-Germain-en-Laye, la chapelle
de la Vierge à Saint-Germain-l'Auxerrois, une
autre chapelle à Saint-Merry, etc.
Le Luxembourg a de lui un tableau, la
Jeune Fille sortant du bain, d'une facture
assez pénible et assez rèche. Le talent d'A-
maury Duval, tout de composition et de pure
forme, peut être jugé par cette toile, car le
peintre fut toujours égal à lui-même, sans
rien de ces imprévus qui rapprochent les artis-
tes du génie, alors même que l'ensemble
reste médiocre.
JACQUES RAFFEY.
INFORMl TIONS PARTICULIÈRES
L'élection présidentielle
Les couloirs du Palais-Bourbon présen-
taient hier l'animation des jours de séance.
Les groupes de Droite et de Gauche de-
vaient délibérer sur les candidatures à la
présidence 'de la République; aussi un
grand nombre de députés et de sénateurs
avaient-ils, en dépit du beau temps, passé
le pont de la Concorde.
En arrivant à trois heures dans la salle
des Pas-Perdus, on nous annonce que le
désarroi est complet dans le parti répu-
blicain, que la réélection de M. Grévy est
très compromise et que ses concurrents
réussiront tout au moins à le mettre en
ballottage au premier tour de scrutin. M.
Brisson, ajoutait-on, est définitivement
candidat. Il aura pour lui toutes les voix
de l'ancienne Union républicaine. D'autre
part, une démarche a été faite, hier matin,
auprès de M. de Freycinet. L'honorable
ministre des affaires étrangères a déclaré
aux membres du Parlemenl qui venaient
le solliciter de laisser poser sa candida-
ture à la présidence de la République :
« Si M. Grévy est seul candidat, je n'en-
tends pas diviser le parti républicain;
mais si M. Brisson rompt l'unité, je re-
prends à mon tour toute ma liberté d'ac-
tion et je vous autorise à le dire à nos
amis. »
Cela faisait trois candidatures, et on
s'est mis aussitôt à disserter sur les chan-
ces probables de chacune d'elles.
Pendant ce temps, la réunion des dépu-
tés qui ont voté les crédits pour le Tonkin
délibérait dans le neuvième bureau. La
réunion, présidée par M. Develle, ne
comptait qu'une centaine de membres.
Nous avons annoncé hier qu'elle avait pour
but de rechercher les voies et moyens
propres à constituer dans la Chambre une
majorité de gouvernement; mais la tenue
du Congrès dominant toutes les préoccu-
pations du moment, la discussion ne de-
vait pas tarder à dévier.
Le débat a cependant porté tout d'abord
sur la question indiquée sur les lettres de
convocation.
M. Lockroy a exprimé l'avis que la réu-
nion n'avait pas qualité pour délibérer.
Ses promoteurs auraient dû convoquer
tous les députés républicains sans distin-
guer entre ceux qui ont voté pour et ceux
qui ont voté contre les crédits du Tonkin.
Le scrutin de jeudi soir n'a pas constitué
une majorité de gouvernement. Il ne peut
y avoir de majorité de gouvernement dans
la Chambre en dehors de l'Extrême-Gau-
che. On ne peut donc délibérer utilement,
sauf dans une réunion plénière des Gau-
ches.
M. Lockroy a conclu en proposant à l'as-
semblée de décider qu'elle n'avait pas
mandat pour délibérer.
Après une discussion à laquelle ont prid
part MM. Viger, Rouvier, de Sonnier, etc.,
la proposition de M. Lockroy a été adoptée
à l'unanimité.
M. Jaurès a soumis alors à la réunion
une nouvelle proposition. N'y a-t-il pas
lieu de convoquer pour demain matin à
Versailles, avant le Congrès, une assem-
blée plénière de tous les sénateurs et dé-
putés républicains, en vue de s'entendre
sur le nom du candidat à la présidence de
la République ?
La réunion a répondu non, presque à
l'unanimité, à la motion de M. Jaurès. On
a fait valoir que les questions de personnes
étaient d'un ordre trop délicat pour être
discutées publiquement.
En conséquence, la réunion s'est séparée
sans avoir pris aucune résolution. Sur les
cent députés qui assistaient à la délibéra-
tion, une dizaine tout au plus ont exprimé
ou approuvé des déclarations hostiles à la
candidature de M. Jules Grévy. La grande
majorité était favorable à la réélection du
président de la République.
Quant à la réunion plénière des Gauches
qui devait être tenue à l'issue de la réu-
nion des députés ayant voté les crédits,
elle n'a pu avoir lieu, M. Lockroy, prési-
dent du bureau des réunions plénières,
n'ayant pas été informé du désir de ses
collègues.
En revanche, une réunion plénière des
Droites a eu lieu à trois heures dans le lo-
cal du septième bureau.
En voici le procès-verbal :
La réunion plénière des Droites, qui était
très nombreuse, a adopté à l'unanimité la pro-
testation qui lui a été soumise et a donné ses
pleins pouvoirs aux membres de son bureau,
au sujet de la conduite à tenir dans le scru-
tin de l'élection du président de la Répu-
blique.
La protestation des Droites a été rédi-
gée par une sous-commission composée
de trois sénateurs : MM. Batbie, Chesne-
long et Audren de Kerdrel, et de quatre
députés : MM. Jolibois, de Cassagnac, de
Mackau et de La Rochefoucauld-Bisaccia.
Ce document est conforme aux indications
que nous avons déjà données. Il est cer-
tain que le président de l'Assemblée na-
tionale n'en permettra pas la lecture.
Toutefois, les Droites, ainsi que nous
l'avions fait prévoir, ne se retireront pas
du Congrès.
Elles ont décidé, dans leur réunion d'hier,
de voter au premier tour de scrutin pour
l'amiral Dompierre d'Hornoy. Au second
tour, si un second tour a lieu, ce qui ne
parait pas probable, elles porteraient leurs
suffrages sur un des candidats républicains
en présence ou s'abstiendraient purement
et simplement.
En résumé, il n'y a qu'une seule can-
didature sérieuse à la présidence de la Ré-
publique, celle de M. Jules Grévy. D'a-
près les impressions recueillies, hier
soir au Palais-Bourbon, M. Jules Grévy
réunirait, au premier tour de scrutin, 150
voix de sénateurs et 300 à 310 voix de dé-
puté, soit une majorité de 450 à 460 voix
sur 840 votants. Il n'y aurait donc pas de
ballottage. L'amiral Dompierre-d'Hornoy
réunirait les 245 voix de Droite. Il y au-
rait une cinquantaine de voix égarées sur
les noms de MM. Brisson, de Freycinet,
Le Royer, Ferry et Duclerc.
Remarquons que MM. Le Royer et Ferry
ne sont pas candidats, que M. de Freycinet
n'est que candidat éventuel et que MM.
Brisson et Duclere ont décliné la candida-
ture.
Comme il faut tout prévoir, ajoutons
que de nombreux rendez-vous ont été pris
pour ce matin à Versailles et que les ad-
versaires de la candidature de M. Jules
Grévy déclaraient, hier soir, qu'ils ne se
tenaient pas encore pour battus. Mais nous
ne croyons pas au succès ni même au
demi-succès de ces manœuvres.
—————— ———————
Il parait qu'une « chaire de poison » --c'est
l'Univers qui annonce cette terrifiante nou-
velle — va être créée prochainement à la
Sorbonne. Et, de peur de n'être pas compris,
l'Univers ajoute : « Quand nous disons : « chaire
» de poison », c'est chaire d'histoire de la Ré-
volution française que dit le conseil muni-
cipal. »
Le conseil municipal s'exprime clairement.
L'Univers use de métaphores obscures, mais
nobles. L'immortel juré que Courrier nous a
dépeint comme le type éternel de la niaise-
rie dans la solennité, M. Arthur Bertrand, li-
braire, n'aurait pas su mieux dire que la
pieuse feuille. M. Arthur Bertrand n'aurait-
il pas été jaloux aussi de la phrase qui suit
et qui aurait fait la joie de Flaubert, grand
collectionneur de ces « énormités » joyeuses :
« Que deviendrait la République si la Révo-
lution, sa mère, cessait d'être un temple my-
thologique, gardé par des dragons aux lan-
gues de feu ? »
Le duc d'Orléans, qui recommandait dans
son testament au comte de Paris d'être le
« serviteur passionné, exclusif, de la Révolu-
tion », était-il donc un « dragon aux langues
de feu ? »
On serait curieux de connaître là-dessus
l'opinion d'un des écrivains au langage flam-
boyant qui gardent avec tant de vigilance la
petite chapelle de l'Univers.
M. F.
Nous relevons dans le mouvement ad-
ministratif publié hier au Journal offictel
la nomination, à la sous-préfecture d'Arcis-
sur-Aube, de « M. Henry Gautier, publi-
ciste ». M. Henry Gautier, rédacteur de la
France depuis cinq ans, est un de nos
plus aimables confrères. Il a toujours ap-
porté dans l'exercice de sa profession beau-
coup de conscience, d'activité, et il y avait
fort bien réussi. En le félicitant, nous ne
pouvons que lui souhaiter d'être aussi bon
fonctionnaire qu'il a été bon journaliste.
LA GUERRE
DÉPÊCHES
L'ATTITUDE DE LA PORTE
Varna, 27 décembre.
La date éloignée fixée pour la fin de l'ar-
mistice a causé ici une impression défavora-
ble. La Porte y voit une preuve du désir
qu'ont certaines puissances de retarder la so-
lution pour arriver à un arrangement con-
traire aux vues de la Turquie.
La Porte a télégraphié, le 23 décembre,
une nouvelle circulaire où elle signale l'état
précaire de la Roumélie, l'inquiétude des es-
prits et les sacrifices pécuniaires qui lui se-
ront imposés par suite de la prolongation de
la crise ; elle insiste de nouveau pour que
les puissances se concertent dans le but de
mettre fin à la crise le plus tôt possible.
Une nouvelle conférence se réunira peut-
être dans une vingtaine de jours, sur la de-
mande de la Porte.
Le bruit court, d'autre part, que Madjid-
Pacha a été chargé de négocier une entente
directe avec le prince Alexandre.
CRISE MINISTÉRIELLE A BELGRADE
Vienne, 27 déeembre.
On mande de Belgrade que la plupart des
ministres, y compris M. Garaschanine, se sont
prononcés pour la reprise des hostilités à
l'expiration de l'armistice.
Deux ministres seulement y sont opposés
et ont déclaré que l'amitié de l'Autriche doit
être la base de la politique serbe.
Cette question sera tranchée au retour du
roi.
Un changement ministériel paraît inévi-
table. 9
MECONTENTEMENT EN SERBIE
Belgrade, 27 décembre.
Les partisans du prince Karageorgevitch se
remuent beaucoup.
Le général Horvatovics et le ministre de la
guerre réclament la démission do M. Petro-
vics, ministre des finances, à cause de cer-
taines irrégularités dans son administration.
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