Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-12-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 décembre 1885 27 décembre 1885
Description : 1885/12/27 (A15,N5103). 1885/12/27 (A15,N5103).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560827p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
UUluzieme année. - N 8403 Prix diCnuméro 6,Paris î la centime - Dtpattemenw ; al centlmea Dimanche 27 Décembic li»o
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, ru© Cadet, 1Q
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rend.
ABONNEMENTS
DEPARTEMENTS - .-.
Trois mois f(t »»
t!z mois 32 »»
Un an. 62 »»
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Trots mois. la »»
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Adresser les Lettres et Mandats à L Administrâtes
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talogue que nous publions à. la fin
du journal.
NOTA. — Ceux de nos souscrzpteurs
dont (abonnement est en cours n'ont
droit à ces primes qu'à la condition
a envoyer par anticipation le montant
de leur renouvellement.
Les frais de port doivent être ajoutés
au montant de l'abonnement.
ELECTIONS LEGISLA riVES
du 97 décembre
SCRUTIN DE BALLOTTAGE
Le comité de l'Union de la Presse ré-
publicaine de la Seine a adressé aux
électeurs la circulaire suivante :
Citoyens,
La République traverse aujourd'hui une
crise nouvelle. La stabilité gouvernemen-
tale est menacée par les habitudes d'oppo-
sition systématique d'une partie de ses
défenseurs; son prestige et ses intérêts
extérieurs sont compromis par une poli-
tique sans prévoyance et sans fierté, qui
doit le plus clair de ses forces au concours
des réactionnaires.
Cette situation dictait aux journaux ré-
publicains leur devoir. - -
Au i8 octobre, en face des monarchistes
ligués dans tous les départements, ils ont
fait bon marché de leurs dissentiments. Il
se retrouvent d'accord aujourd'hui poui
défendre les idées essentielles sur les-
quelles repose le gouvernement d'une
grande nation démocratique.
'- La politique qu'ils veulent, c'est, au de-
dans, celle qui, substituant aux querelles
de personnes la mise en œuvre des réfor-
mes, travaille courageusement à faire pas-
ser dans les lois tous les progrès sanction-
nés par l'opinion publique, et place au
premier rang de ses préoccupations les in-
térêts solidaires du commerce, de l'indus-
trie et du travail.
La politique qu'ils veulent, c'est, au de-
hors, celle qui, soucieuse de la paix et mé-
nagère de nos ressources, n'est pas moins
ardemment éprise de l'honneur, de la force
et de la grandeur de la patrie ; c'est celle
qui ne renonce pas légèrement à des avan-
tages achetés au prix de l'or et du sang de
la France, et qui ne consent volontaire-
ment à aucune humiliation nationale.
Inspirés par ces idées supérieures à tou-
tes les dissidences de personnes et de grou-
pés, les journaux républicains ont fait
appel au patriotisme d'hommes déjà hono-
rés, à des titres divers, des suffrages de
leurs concitoyens.
En réponse à une affiche de la der-
nière heure des candidats radicaux,
l'Union de la Presse républicaine a publié
un appel nouveau aux électeurs :
Citoyens,
C'est par quatre voix de majorité que la
Chambre a voté les crédits demandés par
le gouvernement de la République.
C'est par quatre voix de majorité qu'elle
a décidé de ne pas infliger à nos soldats
l'humiliation de battre en retraite en aban-
donnant des territoires arrosés de leur
sang.
es six députés que vous allez élire, au
lendemain de ce vote, sur quels banc les
enverrez-vous siéger?
Voulez-vous faire triompher la minorité
d'hier, formée de deux tiers de monar-
chistes et d'un tiers d'intransigeants ?
Votez alors pour les candidats de la
presse radicale socialiste.
Voulez-vous au contraire un gouverne-
ment stable, qui donne la sécurité du tra-
vail, un gouvernement soutenu par une
majorité exclusivement républicaine, un
gouvernement qui ne méconnaisse ni son
devoir à l'extérieur, qui est la garde du
drapeau, ni son devoir à l'intérieur, qui
est l'étude et l'application de toutes les ré-
formes pratiques ?
Votez alors pour la liste de l'Alliance ré-
publicaine. ,..:
Votez pour
P.DÉROULÈDE
PAULDEVES
MUZET ,
RANC
GREPPO
LEVEILLÉ
Ces candidats, une affiche de la dernière
heure essaye de vous les présenter comme
des partisans des privilèges cléricaux,;
comme des promoteurs d'impôts nouveaux,
comme des adversaires de Paris.
C'est là une triple calomnie dont le bon i
sens public fera justice et qu'il suffit de
repousser avec indignation.
Vive la République 1
.',-:' SOMMAIRE .-.
Il faut voter 1 — HENRT FOUQUIHR.
Question du jour (Mesriettrs de la Droite).
— ♦.
Journée de Paris — JACQUES RAFFHY.
Courrier du Sénat. — A. LAJSDRIN.
Informations particulières.
Un Acte de brutalité. - L. H.
La Guerre (Dépèches).
Bulletin de l'étranger.
Informations.
Les Livres d'étrennes. — HENRY FOUQUIER.
Revue de la presse. — NACHBTM.
Courrier de la Bourse. — H. L. FACR*.
Conseils du docteur. — Dr ZALEUSKY.
Bibliographie.
La Température.
Faits divers. — JEAN VALUARK.
Courrier des théâtres. — GEORGES FBYDBAU.
Le Roman d'un grand-duo.-COMTB AFANASI
IL FAUT VOTER!
C'est presque uniquement pour ré-
pondre à une tradition que j'adresse à
nos lecteurs ce conseil de la dernière
heure : IL FAUT VOTER !
Car nous sommes profondément con-
vaincus que chacun a conscience de la
gravité de l'heure présente, que chaque
citoyen a la notion complète du grand
devoir qui s'impose à lui.
En dehors même des questions de di-
gnité et d'honneur nationaux ; en dehors
du légitime amour-propre que les Pari-,
siens doivent mettre à ne pas être re-
présentés par des inconnus de province ;
en dehors de la répulsion des vieux ré-
publicains de Paris pour les hommes
qui mettent leur main dans la main des
ennemis de la République, la question
d'avoir une République de gouverne-
ment ou une République d'aventures
touche aux intérêts les plus directs de
chaque électeur.
Votez donc. Res tua agitur, selon le
vieux dicton. Ouvrier, il y va de la sû-
reté du salaire ; commerçant, il y va de
l'activité, et de la reprise des transac-
tions; industriel, il y va du crédit; tra-
vailleur de tout ordre, il y va de votre
travail. La République est le gouverne-
ment qui économise le plus de révolu-
tions : mais c'est à condition d'être sage.
Et qui nous répond de la sagesse d'hom-
mes qui s'allient à la Droite, se livrent à
elle, se font ses prisonniers pour satis-
faire une rancune ?
Votez donc, votez pour nos candidats,
pour de vieux serviteurs de la démo-
cratie qui ont su être énergiques dans
la bataille et prudents dans la victoire,
ce qui est toute la politique. Ces hom-
mes, dont deux ont été proscrit pour la
République, ont tous de longs états de
service. La reconnaissance seule devrait
les faire préférer à d'autres !
Une affiche de la dernière heure,
d'une habileté perfide, rappelle quel-
quesruns de leurs votes, en les dénatu-
rant. ,.
Il y a je ne sais quelle déloyauté à
rappeler que Ranc et Devès ont voté le
maintien du budget des cultes, sans
ajouter qu'ils admettent le principe de la
séparation, pensant seulement, avec la
majorité républicaine, qu'une telle réso-
lution, faite à une heure inopportune,
serait notre perte.
Il y a une déloyauté encore à repré-
senter le vote sur le Sénat comme at-
tentatoire au suffrage universel. N'est-il
pas à la base d'une élection à deux de-
gres i
Il y a une déloyauté à prétendre que
le vote des droits sur le blé, imposé par
les électeurs des campagnes, est une
charge pour l'ouvrier des villes, quand
on vote en même temps des dégrève-
ments d'impôts et des réformes d'octroi.
Sur cette loi, transitoire et nécessitée
par la crise agricole qui, en se prolon-
geant, nuirait à la République, remar-
quons, en passant, qu'un seul de nos
candidats s'est engagé, avec la majo-
rité républicaine. Et remarquons aussi
que, pour satisfaire ses électeurs pro-
tectionnistes de Picardie, M. de Dou-
ville-Maillefeu, gentilhomme intermit-
tent, s'est abstenu, ce qui est la pire
des conduites.
Remarquons encore que l'appel de
nos adversaires, visant les affaires du
Tonkin, est signé par dix journaux
dont le plus important est le Rappel.
Or le Rappel s'est prononcé avec la
dernière énergie contre les évacuateurs !
Voilà l'accord de nos adversaires. Ils
s'entendent entre eux comme ils s'en-
tendent avec la Droite, pour une néces-
sité du moment, pour satisfaire une ran-
cune ou une ambition, oublieux de la
discipline, de la tradition républicaines
qui doivent nous faire triompher.
HENRY FOUQUIBR.
nom
QUESTION DU JOUR
Messieurs de la Droite
On peut encore revehir sur le scrutin
de jeudi; on y reviendra longtemps.
Bleu on blanc, le bulletin que chaque
député a déposé ce soir-là dans l'urne
sera une pièce importante de son dos-
sier, plus importante sans doute que
beaucoup ne le croyaient. Un journa-
liste intransigeant construisait avant les
élections un « pilori » où il clouait les
noms de tous les membres de l'ancienne
Chambre qui n'avaient pas toujours voté
au gré de l'Extrême-Gauche. Le mot de
pilori est bien fort, et la métaphore cho-
quante pour les gens de goût, surtout
dans un temps où l'on n expose plus
même les criminels. Mais je connais
plus d'un Français qui a soigneusement
découpé dans son journal la liste des
représentants du peuple qui ont voté
contre les crédits, et qui s'est promis
de la consulter au besoin pour savoir
que penser des hommes d'aujourd'hui,
s'ils deviennent par hasard des hommes
de demain.
Mais il y a une distinction à faire
entre les députés de la Droite et ceux
de l'Extrême-Gauche. Pour ces derniers,
un grand nombre obéissaient à une con-
viction dès longtemps arrêtée, à un
principe fixe. Ce sont peut-être des sec-
taires, mais ce sont des sectaires de
bonne foi. L'idée de conquête leur fait
horreur, l'emploi de la force choque
leur religion humanitaire. Ils ne croient
qu'au rayonnement des doctrines; ils
n'admettent pas qu'un peuple puisse se
grandir à coups de canon. Ils sont pa-
reils à ces hérétiques de la Russie mo-
derne ou à ces chrétiens des premiers
siècles de l'Eglise pour qui c'était un
crime de verser le sang, même dans une
juste cause, et qui étaient prêts à mou-
rir martyrs de leur attachement aux
préceptes pacifiques de l'Evangile. Je
ne dis pas que tous les intransigeants
poussent aussi loin le dévouement à
leurs maximes de fraternité internatio-
nale; mais enfin ils ont des maximes,
une tradition, et c'est leur droit d'y
rester fidèles même dans une occasion
où leur vote est contraire à l'honneur
du pays.
Les monarchistes n'ont pas à alléguer
de pareilles excuses, et cependant ils ne
se sont pas divisés. Sur 176 votants de
la Droite, il n'y a eu qu'un homme, un
évêque, qui se soit montré patriote.
Tout le reste a sacrifié la dignité de la
France et la gloire du drapeau à une
passion de parti, ou plutôt à quelque
chose de plus bas qu'une passion, à un
intérêt de parti. Faisons, si vous y tenez,
la part de la myopie politique; admet-
tons qu'il y ait dans toute cette foule
passablement obscure et presque ano-
nyme quelques douzaines de moutons
irresponsables dont l'intelligence som-
meillante ne s'élève pas à la conception
de ce que c'est que la politique colo-
niale, du respect que méritent les enga-
gements contractés par la France. Ces
gens-là ont voté sur un mot d'ordre,
pour faire pièce au ministère, peut-être
même parce qu'on avait mis une phrase
sur le Tonkin dans la profession de foi
au bas de laquelle ils avaient déposé
leur signature tout comme leurs pères
y auraient mis une croix.
Mais enfin il faut bien admettre que
même dans cette Droite cléricale et mo-
narchiste les conscients sont en majo-
rité. La plupart sans doute ont fait leurs
études, ont assisté à un cours d'histoire.
On leur a dit que la France ne s'était
pas faite toute seule, qu'il avait fallu
pour former cette nation une politique
suivie, des guerres longues et coûteu-
ses, de la persévérance dans les des-
seins, de la constance dans les revers,
de la fermeté en face des obstacles. Ils
ont bien entendu leurs professeurs faire
une distinction entre les rois qui ont
agrandi le patrimoine national et ceux
qui l'ont amoindri, entre Louis XIV re-
culant nos frontières et Louis XV li-
vrant par indolence aux Anglais l'empire
des mers, le Canada et l'Inde. Ils n'i-
gnorent - pas absolument que la patrie
subsiste dans la succession des régimes
comme dans celle des dynasties, qu'il y
a entre les générations une certaine so-
lidarité, au moins devant l'étranger, que
Louis XVIII disait aux maréchaux de
l'Empire : « Quiconque a servi la France
m'a servi ; » que Berryer s'écriait : « Si
je suis royaliste, c'est parce que je suis
patriote. » Et, parmi ces royalistes qui
ne sont pas dépourvus de toute culture
intellectuelle, il ne s'en est trouvé qu'un
pour vouloir dégager l'honneur de la
France ; tout le reste s'empressait à
abaisser la patrie pour perdre la Répu-
blique. Voilà les royalistes de 1885, les
gens qui font des phrases sur Dugues-
clin, sur Jeanne d'Arc et sur Bayard,
les héritiers - des preux!
On avait prétendu que M. le comte de
Paris blâmait l'attitude de ses amis.
Quand on songeait qu'il est le fils de
ce duc d'Orléans, si Français, si jeune
de cœur, si amoureux de la gloire, on
trouvait assez naturel que ce préten-
dant n'eût pas envie de régner, même
en imagination, sur un peuple diminué.
On se trompait : pas un de ses fidèles
n'a manqué à la consigne de la recu-
lade et de la capitulation, pas un n'a
poussé devant cette conspiration de l'ef-
farement national un cri de révolte, n'a
même osé se révolter silencieusement,
pas un ne s'est dérobé au mot d'ordre :
« Faisons en sorte que la nation fran-
çaise ait d'elle-même une si petite idée,
se sente si bas, qu'elle songe à se faire
relever par un d'Orléans. »
Quant aux bonapartistes, je leur rap-
pellerai un petit fait qui montre com-
bien ils ont eux-mêmes dégénéré. En
1860, le ministre de l'instruction publi-
quf entrant dans la salle où se distri-
buaient les prix du concours général,
fut accueilli par un silence glacial. La
jeunesse des collèges protestait contre
la sottise de celui qui avait donné pour
sujet de vers latins, en rhétorique, l'é-
loge funèbre du roi Jérôme. M. Rouland
ne se laissa pas troubler ; dans son dis-
cours d'usage, il avait mis quelques
phrases sonores sur le rôle de la France
dont le drapeau, partout victorieux, por-
tait dans le monde entier la propagande
du progrès et de la civilisation. Il n'en
fallut pas plus pour rompre la glace, et
tous ces lycéens qui se piquaient de ré-
publicanisme ne purent s'empêcher
d'applaudir cordialement. On ne croyait
pas alors, dans les hautes régions im-
périales, que le moyen de se rendre po-
pulaire en France fût de prêcher le
renoncement et la fuite. On a changé
tout cela; il paraît que le dernier mot
de la sagesse politique, pour le parti
qui se flattait de représenter plus que
tout autre la tradition de la gloire mi-
litaire, c'est de voter la honte.
On n'oubliera pas ce bel exemple de
discipline donné par la coalition monar-
chique dans une question d'honneur na-
tional.
cf,
LA JOURNEE DE PARIS
LA FÊTE DU PALAIS DE L'INDUSTRIE.
—Aujourd'hui, au palais de l'Industrie, grande
fête.
Orchestre de M: de Sivry. Musique militaire.
Théâtre. Bals d'enfants. Jeux forains. Bouti-
ques de jouets, de bonbons et d'objets d'é-
trennes.
Les portes ouvriront à midi.
Prix d'entrée, deux francs. Les enfants au-
dessous de cinq ans, portés sur les bras, ne
paieront pas.
Il sera donné à chaque enfant un billet lui
donnant droit de participation à la tombola
qui sera tirée à trois heures au pied de l'Ar-
bre de Noël.
Le palais, chauffé, éclairé au gaz et à la
lumière électrique , restera ouvert jusqu'à
sept heures. Avis à tous les bébés et à leurs
parents.
lit
* «*
LES CHEVALIERS DU JOUR DE L'AN.
— Voici la liste des croix de chevalier de la
Légion d'honneur décernées par le ministère
de l'intérieur aux membres de la presse à
l'occasion du jour de l'an :
Sont nommés chevalier : MM. Adolphe
GaUle, ancien rédacteur de l'Opinion natio-
nale; Tavernier, rédacteur à Y Evénement;
Sereno, directeur du Petit Méridional, etMa-
thivet, rédacteur du Soir, ancien chef du ca-
binet du sous-secrétariat d'Etat au ministère
de la marine et des colonies, ancien secré-
taire de l'Union républicaine, et fort aimable
romancier dont le dernier livre, l'Assassin de
M. Le Doussat, a obtenu un succès vif et mé-
rité.
M. Hue, secrétaire de M. Allain-Targé, est
aussi nommé chevalier.
m
MARIAGE. — Il est beaucoup question du
mariage d'un de nos artistes peintres les plus
connus, M. G., avec la fille d'une richissime
étrangère.
On parle d'une dot de dix millions!
<
LA SOCJ TÉ PROTECTRICE DES ANI-
MAUX. — Tout dernièrement, des élections
ont eu lieu pour nommer le président et les
quinze membres du conseil d'administration
de la Société protectrice des animaux. Il y a
eu 317 votants.
La majorité absolue, qui était de 158, n'a
été atteinte que par quatorze candidats au
conseil d'administration.
Pour la présidence : M. Fery d'Esclands,
145 voix ; M. Decre, 157.
Mais voilà que 1 wcien conseil annule tou-
tes ces opérations et convoque, pour le 30, la
Société à l'élection nouvelle du président et
de tous les membres du conseil.
D'où protestation des élus, papier timbré
et appel au ministre. On en est là.
m
* +
UNE NOUVELLE STATION MÉTÉORO-
LOGIQUE. — L'observatoire de Montsouris
vient d'installer une station météorologique
dans l'ancienne caserne Lobau, annexe de
l'Hôtel de Ville, à une fenêtre nord de l'en-
tresol donnant sur la place François-Miron.
Il existe huit stations semblables dans Pa-
ris : place Denfert-Rochereau, rue de la Ba-
rouillère, à la mairie du 7° arrondissement,
au Pont-Neuf, rue Saint-Eleuthère, à Mont-
martre, au cimetière du Nord, aux Buttes-
Chaumont, au Père-Lachaise.
Outre ces neuf stations, il en existe une
autre dans le jardin d'irrigation , à Asnières.
Toutes ces stations sont pourvues d'instru-
ments donnant la température minima et
maxima, l'évaporation, l'humidité relative et
l'ozone.
*• «
UN SABRE HISTORIOUE. — Le musée
Carnavalet a acquis le sabre offert par le Di-
rectoire exécutif à Masséna, le 20 floréal an V,
quand il vint à Paris, envoyé par le général
Bonaparte, apporter les drapeaux conquis par
l'armée d'Italie et les préliminaires du traité
de Léoben.
Ce sabre est exposé dans la salle Liesville,
en pendant au curieux sabre des convention-
nels délégués aux armées.
a
4r •*
LES COMPLIMENTS TÉLÉGRAPHI-
QUES. — L'administration des télégraphes
des Pays-Bas vient de réduire le prix des té-
légrammes pour les personnes qui auront re-
cours à elle pour transmettre leurs souhaits
de nouvel an.
Ces télégrammes ne coûteront que vingt
centimes à l'expéditeur.
L'administration ne transmettra que le nom
du destinataire, le nom, le titre et l'indication
du domicile de l'expéditeur.
Le bureau de réception remplira au moyen
de ces données des formulaires, établis en
forme de cartes, qui seront remis à destina-
tion le même jour, tandis que les cartes de
visite expédiées par la poste subissent de
longs retards.
Ces télégrammes pourront être demandés
à partir du 31 décembre.
Quand donc une mesure semblable sera-
t-elle prise en France pour les billets de faire
part qui par la poste arrivent régulièrement
trop tard ?
JACQUES RAFFEY.
LE PARLEMENT
COURRIER DU SÉNAT
Paris, le 26 décembre.
Séance bizarre, où la discussion princi-
pale, la seule intéressante et importante,
n'a duré qu'une heure, tandis qu'un débat
sans utilité ni à-propos en occupait
trois ! ,
La seule question qui préoccupait au-
jourd'hui était les crédits du Tonkin;
mais, après leur dépôt par le ministre et
une suspension pour donner aux bureaux
le temps de se réunir et de nommer la
commission chargée de les examiner, il a
fallu attendre que cette commission ap-
portât son rapport, et M. Buffet a profité
de ce moment pour développer longue-
ment, compendieusement, avec des détails
infinis, une question au ministre des cul-
tes sur les suppressions de traitement des
ecclésiastiques qui combattent le gouver-
nement républicain.
Dire ce que M. Buffet a distillé de fiel
dans sa harangue serait impossible! Pas
une phrase qui ne contînt une énonciation
insultante, une attaque amère contre le
ministre des cultes ou le conseil d'Etat !
Car M. Buffet ne s'en prend pas seule-
ment au ministère, il embrasse dans sa
colère haineuse toutes les personnes qui
ont, à un titre quelconque, contribué à la
lutte contre les prêtres réactionnaires, et
il va jusqu'à accuser le conseil d'Etat d'a-
voir tronqué les textes du Concordat et
rendu un arrêt illégal, parce que ce tribu-
nal a décidé que le gouvernement a le
droit de suspendre les traitements ecclé-
siastiques!
Irrité du langage alternativement vio-
lent et perfide de M. Buffet, le ministre
des cultes, M. Goblet a voulu en finir une
fois avec cette question de suspensions de
traitements et a riposté à M. Buffet avec
autant de vivacité que de franchise. Après
avoir établi le droit absolu du gouverne-
ment d'agir comme il le fait et affirmé sa
résolution de continuer tant qu'il y aura
des prêtres qui oublieront leurs devoirs
de fonctionnaires, il a ajouté que, comme
M. Buffet, il trouvait d'ailleurs tous ces
conflits regrettables et qu'ils prouvaient,
une fois de plus, quel avantage il y aurait
pour tout le monde à séparer l'Eglise de
l'Etat.
Cet argument a paru jeter un froid sur
les Droites en lui montrant que toutes les
difficultés que ses amis du clergé cher-
chent à susciter aux républicains pour-
raient bien tourner mal pour eux et leur
susciter des désagréments plus graves
qu'il ne croit, et après une courte répli-
que de M. Buffet, l'incident a été clos.
Enfin on aborde la discussion si iroDa-
tiemment attendue.
M. Dauphin, rapporteur de la commis-
sion des crédits, monte à la tribune et lit
son rapport. Il prend la question de haut,
et sans s'arrêter à discuter les responsabi-
lités dans les faits relatif au Tonkin il
fait à grandes lignes le tableau de la situa-
tion actuelle et évoque la pensée de l'hon-
neur national qui suffit à interdire toute
hésitation même. « L'évacuation, dit-il,
serait une injure à nos braves troupes de
terre et de mer, et jamais vous ne la vote-
rez! »
Après un intermède de M. de l'Angle-
Beaumanoir qui ne mérite même pas d'ê-
tre mentionné, M. de Lareinty dit qu'il vo-
tera les crédits pour le Tonkin par patrio-
tisme, mais qu'il proteste -contre le traité
avec Madagascar parce qu'il fait abandon
« des droits séculaires de la France:
Cette bizarre assertion appelle à la tribune
M. de Freycinet qui rassure le Sénat à cet
égard et affirme que nos droits sont par-
faitement maintenus. En tout cas, ce n'est
pas le traité avec Madagascar qui est au-
jourd'hui en discussion, puisqu'on n'en a
même pas le texte officiel, mais les crédits
pour maintenir nos positions; si M. de La-
reinty veut que nous fassions la conquête
de Madagascar, qu'il propose le crédit de
50 ou 60 millions nécessaires; alors on
verra.
Mais il paraît que M. de Lareinty ne veut
rien voir, car il ne propose rien de ce genre
et se contente d'affirmer que ce traité fera
retomber Madagascar dans la barbarie !
Alors commence la série habituelle des
déclarations.
M. Lucien Brun et ses amis de la Droite
ne veulent pas refuser tous les crédits, mais
ne veulent pas non plus voter le projet du
gouvernement, de crainte d'avoir l'air de
donner un vote de confiance au ministère;
ils proposent de les réduirent à 60 mil-
lions.
Cet amendement est repoussé et les
leaders de la Droite déclarent alors qu'ils
voteront contre l'ensemble.
MM. Songeon, Dide, Martin, Claris et
Forcioli protestent, à leur tour, platoni-
quement contre l'expédition du Tonkin,
tout en ajoutant qu'ils voteront les cré-
dits.
On passe au vote et l'ensemble du pro-
jet est adopté par 225 voix contre 61.
La majorité est plus solide ici qu'à la
Chambre et le ministère peut être content
du résultat
A. LANDRIN.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES'
La situation ministérielle
Les ministres réunis hier matin en
conseil, à l'Elysée, ont décidé de rester
aux affaires jusqu'après l'élection du pré-
sident de la République. Leur-lettre de dé-
mission est dès à présent signée. M. Jules
Grévy l'a même déjà entre ses mains. Mais,
par suite d'une fiction constitutionnelle, la
remise de la démission ne sera officielle
que lorsque le Congrès aura terminé son
œuvre. D'ici là, tous les membres du cabi-
net conservent leurs portefeuilles. Il est
même à prévoir qu'un grand nombre d'en-
tre eux les conserveront après la dissolu-
tion de l'Assemblée nationale. Seul, l'ami-
ral Galiber a déclaré en conseil qu'il était
décidé à se retirer définitivement des af-
faires. Toutes les instances de ses collè-
gues pour le faire revenir sur sa détermi-
nation ont été infructueuses.
Lundi soir ou mardi matin au plus tard,
M. Jules Grévy, s'il est réélu président de
la République, ce qui paraît certain, man-
dera à l'Elysée M. Henri Brisson et le char-
gera de la mission de reconstituer le cabi-
net. Il convient de faire remarquer à, ce su-
jet que le chef de l'Etat ne peut pas procé-
der autrement. Il est de règle, en effet, que
le président de la République ne fasse ap-
pel au concours d'un autre personnage po-
litique pour la formation d'un nouveau ca-
binet que lorsque le président du cabinet
sortant a été mis en minorité devant la
Chambre. Or M. Henri Brisson n'a pas été
mis en minorité, et M. Jules Grévy est
trop respectueux des méthodes parlemen-
taires pour ne pas y conformer sa conduite
en cette occasion.
M. Brisson acceptera-t-il la mission de
former un nouveau gouvernement ?
Les membres du Parlement qui appro-
chent le président du conseil affirment
qu'il n'aspire qu'à la retraite et qu'il n'a
d'autre désir que de redevenir simple dé-
puté. Un fait remarquer, en outre, que la
nomination de M. Vacherie, cher du cabi-
net de la présidence du conseil, comme
maître de requêtes au conseil d'Etat, in-
dique suffisamment l'intention de M. Bris-
son de renoncer à la direction des affaires.
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, ru© Cadet, 1Q
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rend.
ABONNEMENTS
DEPARTEMENTS - .-.
Trois mois f(t »»
t!z mois 32 »»
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ment de fin décembre, le plus
important de toute l'année, l'ad-
ministration du XIXe SIECLE
vient d'augmenter considérable-
ment le nombre et l'importance
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nés.
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détail de ces primes.
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tion Dentu, à choisir dans le ca-
talogue que nous publions à. la fin
du journal.
NOTA. — Ceux de nos souscrzpteurs
dont (abonnement est en cours n'ont
droit à ces primes qu'à la condition
a envoyer par anticipation le montant
de leur renouvellement.
Les frais de port doivent être ajoutés
au montant de l'abonnement.
ELECTIONS LEGISLA riVES
du 97 décembre
SCRUTIN DE BALLOTTAGE
Le comité de l'Union de la Presse ré-
publicaine de la Seine a adressé aux
électeurs la circulaire suivante :
Citoyens,
La République traverse aujourd'hui une
crise nouvelle. La stabilité gouvernemen-
tale est menacée par les habitudes d'oppo-
sition systématique d'une partie de ses
défenseurs; son prestige et ses intérêts
extérieurs sont compromis par une poli-
tique sans prévoyance et sans fierté, qui
doit le plus clair de ses forces au concours
des réactionnaires.
Cette situation dictait aux journaux ré-
publicains leur devoir. - -
Au i8 octobre, en face des monarchistes
ligués dans tous les départements, ils ont
fait bon marché de leurs dissentiments. Il
se retrouvent d'accord aujourd'hui poui
défendre les idées essentielles sur les-
quelles repose le gouvernement d'une
grande nation démocratique.
'- La politique qu'ils veulent, c'est, au de-
dans, celle qui, substituant aux querelles
de personnes la mise en œuvre des réfor-
mes, travaille courageusement à faire pas-
ser dans les lois tous les progrès sanction-
nés par l'opinion publique, et place au
premier rang de ses préoccupations les in-
térêts solidaires du commerce, de l'indus-
trie et du travail.
La politique qu'ils veulent, c'est, au de-
hors, celle qui, soucieuse de la paix et mé-
nagère de nos ressources, n'est pas moins
ardemment éprise de l'honneur, de la force
et de la grandeur de la patrie ; c'est celle
qui ne renonce pas légèrement à des avan-
tages achetés au prix de l'or et du sang de
la France, et qui ne consent volontaire-
ment à aucune humiliation nationale.
Inspirés par ces idées supérieures à tou-
tes les dissidences de personnes et de grou-
pés, les journaux républicains ont fait
appel au patriotisme d'hommes déjà hono-
rés, à des titres divers, des suffrages de
leurs concitoyens.
En réponse à une affiche de la der-
nière heure des candidats radicaux,
l'Union de la Presse républicaine a publié
un appel nouveau aux électeurs :
Citoyens,
C'est par quatre voix de majorité que la
Chambre a voté les crédits demandés par
le gouvernement de la République.
C'est par quatre voix de majorité qu'elle
a décidé de ne pas infliger à nos soldats
l'humiliation de battre en retraite en aban-
donnant des territoires arrosés de leur
sang.
es six députés que vous allez élire, au
lendemain de ce vote, sur quels banc les
enverrez-vous siéger?
Voulez-vous faire triompher la minorité
d'hier, formée de deux tiers de monar-
chistes et d'un tiers d'intransigeants ?
Votez alors pour les candidats de la
presse radicale socialiste.
Voulez-vous au contraire un gouverne-
ment stable, qui donne la sécurité du tra-
vail, un gouvernement soutenu par une
majorité exclusivement républicaine, un
gouvernement qui ne méconnaisse ni son
devoir à l'extérieur, qui est la garde du
drapeau, ni son devoir à l'intérieur, qui
est l'étude et l'application de toutes les ré-
formes pratiques ?
Votez alors pour la liste de l'Alliance ré-
publicaine. ,..:
Votez pour
P.DÉROULÈDE
PAULDEVES
MUZET ,
RANC
GREPPO
LEVEILLÉ
Ces candidats, une affiche de la dernière
heure essaye de vous les présenter comme
des partisans des privilèges cléricaux,;
comme des promoteurs d'impôts nouveaux,
comme des adversaires de Paris.
C'est là une triple calomnie dont le bon i
sens public fera justice et qu'il suffit de
repousser avec indignation.
Vive la République 1
.',-:' SOMMAIRE .-.
Il faut voter 1 — HENRT FOUQUIHR.
Question du jour (Mesriettrs de la Droite).
— ♦.
Journée de Paris — JACQUES RAFFHY.
Courrier du Sénat. — A. LAJSDRIN.
Informations particulières.
Un Acte de brutalité. - L. H.
La Guerre (Dépèches).
Bulletin de l'étranger.
Informations.
Les Livres d'étrennes. — HENRY FOUQUIER.
Revue de la presse. — NACHBTM.
Courrier de la Bourse. — H. L. FACR*.
Conseils du docteur. — Dr ZALEUSKY.
Bibliographie.
La Température.
Faits divers. — JEAN VALUARK.
Courrier des théâtres. — GEORGES FBYDBAU.
Le Roman d'un grand-duo.-COMTB AFANASI
IL FAUT VOTER!
C'est presque uniquement pour ré-
pondre à une tradition que j'adresse à
nos lecteurs ce conseil de la dernière
heure : IL FAUT VOTER !
Car nous sommes profondément con-
vaincus que chacun a conscience de la
gravité de l'heure présente, que chaque
citoyen a la notion complète du grand
devoir qui s'impose à lui.
En dehors même des questions de di-
gnité et d'honneur nationaux ; en dehors
du légitime amour-propre que les Pari-,
siens doivent mettre à ne pas être re-
présentés par des inconnus de province ;
en dehors de la répulsion des vieux ré-
publicains de Paris pour les hommes
qui mettent leur main dans la main des
ennemis de la République, la question
d'avoir une République de gouverne-
ment ou une République d'aventures
touche aux intérêts les plus directs de
chaque électeur.
Votez donc. Res tua agitur, selon le
vieux dicton. Ouvrier, il y va de la sû-
reté du salaire ; commerçant, il y va de
l'activité, et de la reprise des transac-
tions; industriel, il y va du crédit; tra-
vailleur de tout ordre, il y va de votre
travail. La République est le gouverne-
ment qui économise le plus de révolu-
tions : mais c'est à condition d'être sage.
Et qui nous répond de la sagesse d'hom-
mes qui s'allient à la Droite, se livrent à
elle, se font ses prisonniers pour satis-
faire une rancune ?
Votez donc, votez pour nos candidats,
pour de vieux serviteurs de la démo-
cratie qui ont su être énergiques dans
la bataille et prudents dans la victoire,
ce qui est toute la politique. Ces hom-
mes, dont deux ont été proscrit pour la
République, ont tous de longs états de
service. La reconnaissance seule devrait
les faire préférer à d'autres !
Une affiche de la dernière heure,
d'une habileté perfide, rappelle quel-
quesruns de leurs votes, en les dénatu-
rant. ,.
Il y a je ne sais quelle déloyauté à
rappeler que Ranc et Devès ont voté le
maintien du budget des cultes, sans
ajouter qu'ils admettent le principe de la
séparation, pensant seulement, avec la
majorité républicaine, qu'une telle réso-
lution, faite à une heure inopportune,
serait notre perte.
Il y a une déloyauté encore à repré-
senter le vote sur le Sénat comme at-
tentatoire au suffrage universel. N'est-il
pas à la base d'une élection à deux de-
gres i
Il y a une déloyauté à prétendre que
le vote des droits sur le blé, imposé par
les électeurs des campagnes, est une
charge pour l'ouvrier des villes, quand
on vote en même temps des dégrève-
ments d'impôts et des réformes d'octroi.
Sur cette loi, transitoire et nécessitée
par la crise agricole qui, en se prolon-
geant, nuirait à la République, remar-
quons, en passant, qu'un seul de nos
candidats s'est engagé, avec la majo-
rité républicaine. Et remarquons aussi
que, pour satisfaire ses électeurs pro-
tectionnistes de Picardie, M. de Dou-
ville-Maillefeu, gentilhomme intermit-
tent, s'est abstenu, ce qui est la pire
des conduites.
Remarquons encore que l'appel de
nos adversaires, visant les affaires du
Tonkin, est signé par dix journaux
dont le plus important est le Rappel.
Or le Rappel s'est prononcé avec la
dernière énergie contre les évacuateurs !
Voilà l'accord de nos adversaires. Ils
s'entendent entre eux comme ils s'en-
tendent avec la Droite, pour une néces-
sité du moment, pour satisfaire une ran-
cune ou une ambition, oublieux de la
discipline, de la tradition républicaines
qui doivent nous faire triompher.
HENRY FOUQUIBR.
nom
QUESTION DU JOUR
Messieurs de la Droite
On peut encore revehir sur le scrutin
de jeudi; on y reviendra longtemps.
Bleu on blanc, le bulletin que chaque
député a déposé ce soir-là dans l'urne
sera une pièce importante de son dos-
sier, plus importante sans doute que
beaucoup ne le croyaient. Un journa-
liste intransigeant construisait avant les
élections un « pilori » où il clouait les
noms de tous les membres de l'ancienne
Chambre qui n'avaient pas toujours voté
au gré de l'Extrême-Gauche. Le mot de
pilori est bien fort, et la métaphore cho-
quante pour les gens de goût, surtout
dans un temps où l'on n expose plus
même les criminels. Mais je connais
plus d'un Français qui a soigneusement
découpé dans son journal la liste des
représentants du peuple qui ont voté
contre les crédits, et qui s'est promis
de la consulter au besoin pour savoir
que penser des hommes d'aujourd'hui,
s'ils deviennent par hasard des hommes
de demain.
Mais il y a une distinction à faire
entre les députés de la Droite et ceux
de l'Extrême-Gauche. Pour ces derniers,
un grand nombre obéissaient à une con-
viction dès longtemps arrêtée, à un
principe fixe. Ce sont peut-être des sec-
taires, mais ce sont des sectaires de
bonne foi. L'idée de conquête leur fait
horreur, l'emploi de la force choque
leur religion humanitaire. Ils ne croient
qu'au rayonnement des doctrines; ils
n'admettent pas qu'un peuple puisse se
grandir à coups de canon. Ils sont pa-
reils à ces hérétiques de la Russie mo-
derne ou à ces chrétiens des premiers
siècles de l'Eglise pour qui c'était un
crime de verser le sang, même dans une
juste cause, et qui étaient prêts à mou-
rir martyrs de leur attachement aux
préceptes pacifiques de l'Evangile. Je
ne dis pas que tous les intransigeants
poussent aussi loin le dévouement à
leurs maximes de fraternité internatio-
nale; mais enfin ils ont des maximes,
une tradition, et c'est leur droit d'y
rester fidèles même dans une occasion
où leur vote est contraire à l'honneur
du pays.
Les monarchistes n'ont pas à alléguer
de pareilles excuses, et cependant ils ne
se sont pas divisés. Sur 176 votants de
la Droite, il n'y a eu qu'un homme, un
évêque, qui se soit montré patriote.
Tout le reste a sacrifié la dignité de la
France et la gloire du drapeau à une
passion de parti, ou plutôt à quelque
chose de plus bas qu'une passion, à un
intérêt de parti. Faisons, si vous y tenez,
la part de la myopie politique; admet-
tons qu'il y ait dans toute cette foule
passablement obscure et presque ano-
nyme quelques douzaines de moutons
irresponsables dont l'intelligence som-
meillante ne s'élève pas à la conception
de ce que c'est que la politique colo-
niale, du respect que méritent les enga-
gements contractés par la France. Ces
gens-là ont voté sur un mot d'ordre,
pour faire pièce au ministère, peut-être
même parce qu'on avait mis une phrase
sur le Tonkin dans la profession de foi
au bas de laquelle ils avaient déposé
leur signature tout comme leurs pères
y auraient mis une croix.
Mais enfin il faut bien admettre que
même dans cette Droite cléricale et mo-
narchiste les conscients sont en majo-
rité. La plupart sans doute ont fait leurs
études, ont assisté à un cours d'histoire.
On leur a dit que la France ne s'était
pas faite toute seule, qu'il avait fallu
pour former cette nation une politique
suivie, des guerres longues et coûteu-
ses, de la persévérance dans les des-
seins, de la constance dans les revers,
de la fermeté en face des obstacles. Ils
ont bien entendu leurs professeurs faire
une distinction entre les rois qui ont
agrandi le patrimoine national et ceux
qui l'ont amoindri, entre Louis XIV re-
culant nos frontières et Louis XV li-
vrant par indolence aux Anglais l'empire
des mers, le Canada et l'Inde. Ils n'i-
gnorent - pas absolument que la patrie
subsiste dans la succession des régimes
comme dans celle des dynasties, qu'il y
a entre les générations une certaine so-
lidarité, au moins devant l'étranger, que
Louis XVIII disait aux maréchaux de
l'Empire : « Quiconque a servi la France
m'a servi ; » que Berryer s'écriait : « Si
je suis royaliste, c'est parce que je suis
patriote. » Et, parmi ces royalistes qui
ne sont pas dépourvus de toute culture
intellectuelle, il ne s'en est trouvé qu'un
pour vouloir dégager l'honneur de la
France ; tout le reste s'empressait à
abaisser la patrie pour perdre la Répu-
blique. Voilà les royalistes de 1885, les
gens qui font des phrases sur Dugues-
clin, sur Jeanne d'Arc et sur Bayard,
les héritiers - des preux!
On avait prétendu que M. le comte de
Paris blâmait l'attitude de ses amis.
Quand on songeait qu'il est le fils de
ce duc d'Orléans, si Français, si jeune
de cœur, si amoureux de la gloire, on
trouvait assez naturel que ce préten-
dant n'eût pas envie de régner, même
en imagination, sur un peuple diminué.
On se trompait : pas un de ses fidèles
n'a manqué à la consigne de la recu-
lade et de la capitulation, pas un n'a
poussé devant cette conspiration de l'ef-
farement national un cri de révolte, n'a
même osé se révolter silencieusement,
pas un ne s'est dérobé au mot d'ordre :
« Faisons en sorte que la nation fran-
çaise ait d'elle-même une si petite idée,
se sente si bas, qu'elle songe à se faire
relever par un d'Orléans. »
Quant aux bonapartistes, je leur rap-
pellerai un petit fait qui montre com-
bien ils ont eux-mêmes dégénéré. En
1860, le ministre de l'instruction publi-
quf entrant dans la salle où se distri-
buaient les prix du concours général,
fut accueilli par un silence glacial. La
jeunesse des collèges protestait contre
la sottise de celui qui avait donné pour
sujet de vers latins, en rhétorique, l'é-
loge funèbre du roi Jérôme. M. Rouland
ne se laissa pas troubler ; dans son dis-
cours d'usage, il avait mis quelques
phrases sonores sur le rôle de la France
dont le drapeau, partout victorieux, por-
tait dans le monde entier la propagande
du progrès et de la civilisation. Il n'en
fallut pas plus pour rompre la glace, et
tous ces lycéens qui se piquaient de ré-
publicanisme ne purent s'empêcher
d'applaudir cordialement. On ne croyait
pas alors, dans les hautes régions im-
périales, que le moyen de se rendre po-
pulaire en France fût de prêcher le
renoncement et la fuite. On a changé
tout cela; il paraît que le dernier mot
de la sagesse politique, pour le parti
qui se flattait de représenter plus que
tout autre la tradition de la gloire mi-
litaire, c'est de voter la honte.
On n'oubliera pas ce bel exemple de
discipline donné par la coalition monar-
chique dans une question d'honneur na-
tional.
cf,
LA JOURNEE DE PARIS
LA FÊTE DU PALAIS DE L'INDUSTRIE.
—Aujourd'hui, au palais de l'Industrie, grande
fête.
Orchestre de M: de Sivry. Musique militaire.
Théâtre. Bals d'enfants. Jeux forains. Bouti-
ques de jouets, de bonbons et d'objets d'é-
trennes.
Les portes ouvriront à midi.
Prix d'entrée, deux francs. Les enfants au-
dessous de cinq ans, portés sur les bras, ne
paieront pas.
Il sera donné à chaque enfant un billet lui
donnant droit de participation à la tombola
qui sera tirée à trois heures au pied de l'Ar-
bre de Noël.
Le palais, chauffé, éclairé au gaz et à la
lumière électrique , restera ouvert jusqu'à
sept heures. Avis à tous les bébés et à leurs
parents.
lit
* «*
LES CHEVALIERS DU JOUR DE L'AN.
— Voici la liste des croix de chevalier de la
Légion d'honneur décernées par le ministère
de l'intérieur aux membres de la presse à
l'occasion du jour de l'an :
Sont nommés chevalier : MM. Adolphe
GaUle, ancien rédacteur de l'Opinion natio-
nale; Tavernier, rédacteur à Y Evénement;
Sereno, directeur du Petit Méridional, etMa-
thivet, rédacteur du Soir, ancien chef du ca-
binet du sous-secrétariat d'Etat au ministère
de la marine et des colonies, ancien secré-
taire de l'Union républicaine, et fort aimable
romancier dont le dernier livre, l'Assassin de
M. Le Doussat, a obtenu un succès vif et mé-
rité.
M. Hue, secrétaire de M. Allain-Targé, est
aussi nommé chevalier.
m
MARIAGE. — Il est beaucoup question du
mariage d'un de nos artistes peintres les plus
connus, M. G., avec la fille d'une richissime
étrangère.
On parle d'une dot de dix millions!
<
LA SOCJ TÉ PROTECTRICE DES ANI-
MAUX. — Tout dernièrement, des élections
ont eu lieu pour nommer le président et les
quinze membres du conseil d'administration
de la Société protectrice des animaux. Il y a
eu 317 votants.
La majorité absolue, qui était de 158, n'a
été atteinte que par quatorze candidats au
conseil d'administration.
Pour la présidence : M. Fery d'Esclands,
145 voix ; M. Decre, 157.
Mais voilà que 1 wcien conseil annule tou-
tes ces opérations et convoque, pour le 30, la
Société à l'élection nouvelle du président et
de tous les membres du conseil.
D'où protestation des élus, papier timbré
et appel au ministre. On en est là.
m
* +
UNE NOUVELLE STATION MÉTÉORO-
LOGIQUE. — L'observatoire de Montsouris
vient d'installer une station météorologique
dans l'ancienne caserne Lobau, annexe de
l'Hôtel de Ville, à une fenêtre nord de l'en-
tresol donnant sur la place François-Miron.
Il existe huit stations semblables dans Pa-
ris : place Denfert-Rochereau, rue de la Ba-
rouillère, à la mairie du 7° arrondissement,
au Pont-Neuf, rue Saint-Eleuthère, à Mont-
martre, au cimetière du Nord, aux Buttes-
Chaumont, au Père-Lachaise.
Outre ces neuf stations, il en existe une
autre dans le jardin d'irrigation , à Asnières.
Toutes ces stations sont pourvues d'instru-
ments donnant la température minima et
maxima, l'évaporation, l'humidité relative et
l'ozone.
*• «
UN SABRE HISTORIOUE. — Le musée
Carnavalet a acquis le sabre offert par le Di-
rectoire exécutif à Masséna, le 20 floréal an V,
quand il vint à Paris, envoyé par le général
Bonaparte, apporter les drapeaux conquis par
l'armée d'Italie et les préliminaires du traité
de Léoben.
Ce sabre est exposé dans la salle Liesville,
en pendant au curieux sabre des convention-
nels délégués aux armées.
a
4r •*
LES COMPLIMENTS TÉLÉGRAPHI-
QUES. — L'administration des télégraphes
des Pays-Bas vient de réduire le prix des té-
légrammes pour les personnes qui auront re-
cours à elle pour transmettre leurs souhaits
de nouvel an.
Ces télégrammes ne coûteront que vingt
centimes à l'expéditeur.
L'administration ne transmettra que le nom
du destinataire, le nom, le titre et l'indication
du domicile de l'expéditeur.
Le bureau de réception remplira au moyen
de ces données des formulaires, établis en
forme de cartes, qui seront remis à destina-
tion le même jour, tandis que les cartes de
visite expédiées par la poste subissent de
longs retards.
Ces télégrammes pourront être demandés
à partir du 31 décembre.
Quand donc une mesure semblable sera-
t-elle prise en France pour les billets de faire
part qui par la poste arrivent régulièrement
trop tard ?
JACQUES RAFFEY.
LE PARLEMENT
COURRIER DU SÉNAT
Paris, le 26 décembre.
Séance bizarre, où la discussion princi-
pale, la seule intéressante et importante,
n'a duré qu'une heure, tandis qu'un débat
sans utilité ni à-propos en occupait
trois ! ,
La seule question qui préoccupait au-
jourd'hui était les crédits du Tonkin;
mais, après leur dépôt par le ministre et
une suspension pour donner aux bureaux
le temps de se réunir et de nommer la
commission chargée de les examiner, il a
fallu attendre que cette commission ap-
portât son rapport, et M. Buffet a profité
de ce moment pour développer longue-
ment, compendieusement, avec des détails
infinis, une question au ministre des cul-
tes sur les suppressions de traitement des
ecclésiastiques qui combattent le gouver-
nement républicain.
Dire ce que M. Buffet a distillé de fiel
dans sa harangue serait impossible! Pas
une phrase qui ne contînt une énonciation
insultante, une attaque amère contre le
ministre des cultes ou le conseil d'Etat !
Car M. Buffet ne s'en prend pas seule-
ment au ministère, il embrasse dans sa
colère haineuse toutes les personnes qui
ont, à un titre quelconque, contribué à la
lutte contre les prêtres réactionnaires, et
il va jusqu'à accuser le conseil d'Etat d'a-
voir tronqué les textes du Concordat et
rendu un arrêt illégal, parce que ce tribu-
nal a décidé que le gouvernement a le
droit de suspendre les traitements ecclé-
siastiques!
Irrité du langage alternativement vio-
lent et perfide de M. Buffet, le ministre
des cultes, M. Goblet a voulu en finir une
fois avec cette question de suspensions de
traitements et a riposté à M. Buffet avec
autant de vivacité que de franchise. Après
avoir établi le droit absolu du gouverne-
ment d'agir comme il le fait et affirmé sa
résolution de continuer tant qu'il y aura
des prêtres qui oublieront leurs devoirs
de fonctionnaires, il a ajouté que, comme
M. Buffet, il trouvait d'ailleurs tous ces
conflits regrettables et qu'ils prouvaient,
une fois de plus, quel avantage il y aurait
pour tout le monde à séparer l'Eglise de
l'Etat.
Cet argument a paru jeter un froid sur
les Droites en lui montrant que toutes les
difficultés que ses amis du clergé cher-
chent à susciter aux républicains pour-
raient bien tourner mal pour eux et leur
susciter des désagréments plus graves
qu'il ne croit, et après une courte répli-
que de M. Buffet, l'incident a été clos.
Enfin on aborde la discussion si iroDa-
tiemment attendue.
M. Dauphin, rapporteur de la commis-
sion des crédits, monte à la tribune et lit
son rapport. Il prend la question de haut,
et sans s'arrêter à discuter les responsabi-
lités dans les faits relatif au Tonkin il
fait à grandes lignes le tableau de la situa-
tion actuelle et évoque la pensée de l'hon-
neur national qui suffit à interdire toute
hésitation même. « L'évacuation, dit-il,
serait une injure à nos braves troupes de
terre et de mer, et jamais vous ne la vote-
rez! »
Après un intermède de M. de l'Angle-
Beaumanoir qui ne mérite même pas d'ê-
tre mentionné, M. de Lareinty dit qu'il vo-
tera les crédits pour le Tonkin par patrio-
tisme, mais qu'il proteste -contre le traité
avec Madagascar parce qu'il fait abandon
« des droits séculaires de la France:
Cette bizarre assertion appelle à la tribune
M. de Freycinet qui rassure le Sénat à cet
égard et affirme que nos droits sont par-
faitement maintenus. En tout cas, ce n'est
pas le traité avec Madagascar qui est au-
jourd'hui en discussion, puisqu'on n'en a
même pas le texte officiel, mais les crédits
pour maintenir nos positions; si M. de La-
reinty veut que nous fassions la conquête
de Madagascar, qu'il propose le crédit de
50 ou 60 millions nécessaires; alors on
verra.
Mais il paraît que M. de Lareinty ne veut
rien voir, car il ne propose rien de ce genre
et se contente d'affirmer que ce traité fera
retomber Madagascar dans la barbarie !
Alors commence la série habituelle des
déclarations.
M. Lucien Brun et ses amis de la Droite
ne veulent pas refuser tous les crédits, mais
ne veulent pas non plus voter le projet du
gouvernement, de crainte d'avoir l'air de
donner un vote de confiance au ministère;
ils proposent de les réduirent à 60 mil-
lions.
Cet amendement est repoussé et les
leaders de la Droite déclarent alors qu'ils
voteront contre l'ensemble.
MM. Songeon, Dide, Martin, Claris et
Forcioli protestent, à leur tour, platoni-
quement contre l'expédition du Tonkin,
tout en ajoutant qu'ils voteront les cré-
dits.
On passe au vote et l'ensemble du pro-
jet est adopté par 225 voix contre 61.
La majorité est plus solide ici qu'à la
Chambre et le ministère peut être content
du résultat
A. LANDRIN.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES'
La situation ministérielle
Les ministres réunis hier matin en
conseil, à l'Elysée, ont décidé de rester
aux affaires jusqu'après l'élection du pré-
sident de la République. Leur-lettre de dé-
mission est dès à présent signée. M. Jules
Grévy l'a même déjà entre ses mains. Mais,
par suite d'une fiction constitutionnelle, la
remise de la démission ne sera officielle
que lorsque le Congrès aura terminé son
œuvre. D'ici là, tous les membres du cabi-
net conservent leurs portefeuilles. Il est
même à prévoir qu'un grand nombre d'en-
tre eux les conserveront après la dissolu-
tion de l'Assemblée nationale. Seul, l'ami-
ral Galiber a déclaré en conseil qu'il était
décidé à se retirer définitivement des af-
faires. Toutes les instances de ses collè-
gues pour le faire revenir sur sa détermi-
nation ont été infructueuses.
Lundi soir ou mardi matin au plus tard,
M. Jules Grévy, s'il est réélu président de
la République, ce qui paraît certain, man-
dera à l'Elysée M. Henri Brisson et le char-
gera de la mission de reconstituer le cabi-
net. Il convient de faire remarquer à, ce su-
jet que le chef de l'Etat ne peut pas procé-
der autrement. Il est de règle, en effet, que
le président de la République ne fasse ap-
pel au concours d'un autre personnage po-
litique pour la formation d'un nouveau ca-
binet que lorsque le président du cabinet
sortant a été mis en minorité devant la
Chambre. Or M. Henri Brisson n'a pas été
mis en minorité, et M. Jules Grévy est
trop respectueux des méthodes parlemen-
taires pour ne pas y conformer sa conduite
en cette occasion.
M. Brisson acceptera-t-il la mission de
former un nouveau gouvernement ?
Les membres du Parlement qui appro-
chent le président du conseil affirment
qu'il n'aspire qu'à la retraite et qu'il n'a
d'autre désir que de redevenir simple dé-
puté. Un fait remarquer, en outre, que la
nomination de M. Vacherie, cher du cabi-
net de la présidence du conseil, comme
maître de requêtes au conseil d'Etat, in-
dique suffisamment l'intention de M. Bris-
son de renoncer à la direction des affaires.
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