Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-12-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 décembre 1885 23 décembre 1885
Description : 1885/12/23 (A15,N5099). 1885/12/23 (A15,N5099).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75608231
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Quinzième année. — N' 50U9 Pli* du numéro à^Paris ijiù centimes —* Départements : 20 centimes Mercredi 25 Décembre IÔÔO
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LE XIÏ SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédactloà
de 2 heures à minuit
1 e. ru© Cadet, 10
Les Manuscrits non insérés ne seront pets rendu
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mois 3*2 ,.,.
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PARIS
Trois mois. 18 »»
Six mois. 2C un
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Les abonDomt. partent des 1er et 15 de chaque mois
BégP*" vs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et G*
6, place de la Bourse, 6
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Adresser les Lettres et Mandats à l'Admlnlstratwis
16, rue Cadet, 16
La Lettres non affranchies seront refuséts
EN YENTE A LONDRES
A la librairie Fditjean
39, OLD COMPTON STREET (SOHO)
ET DANS SES SUCCURSALES
37, Charlotte Street, Fltzroy Square.
Et 15, Tlchborne Street, (Café MonIco. 2d )
NOUVELLES
PRIMES GRl TUITES
DU
XIXe SIÈCLE
A l'occasion du renouvelle-
ment de fin décembre, le plus
important de toute l'année, l'ad-
ministration du XIXe SIECLE
vient d'augmenter considérable.
ment le nombre et l'importance
des primes offertes à ses abon-
nés.
Nous donnons ci-dessous le
détail de ces primes.
Tout souscripteur nouveau qui
s'abonne pour UNE ANNÉE et tout
abonné ancien qui renouvelle pour
une durée égale ont droit, sur leur
demande, à l'un des deux ouvrages
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NATIONALES ET POPULAIRES
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LA
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timètres de hauteur sur 42 centimètres de
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mées sur papier de luxe et richement re-
liées. Son prix en librairie est de 50 francs
à Paris, et de 75 francs à Londres.
Port et emballage : 9 francs.
Tout souscripteur nouveau qui
s'abonne pour SIX MOIS, et tout
abonné ancien qui renouvelle pour
une durée égale, ont droit, sur leur
demande, à l'un des ouvrages sui-
vants i
Histoire du Costume au théâtre
DEPUIS LES
ORIGINES DU THÉATRE EN FRANCE
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PROMENADES
l'
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LA DERNIÈRE ÉGYPTE
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Tout souscripteur nouveau qui
s'abonnera pour TROIS mois aura
droit à deux volumes de la collec-
tion Dentu, à choisir dans le ca-
talogue que nous publions à la fin
du journal.
NOTA. — Ceux de nos souscripteurs
dont l'abonnement est en cours n'ont
droit à ces primes qu'à la condition
eTenvoyer par anticipation le montant
de leur renouvellement.
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au montant de l'abonnement.
Bourse de Paris
PETITE BOURSE DU SOIR
3 0/0 80 25, 22, 23.
Banque Ottomane. 502 50, 502 81.
Egypte. 321 25,321 87.
Rio Tinto 282 50.
Extérieure 53 21/32, 11/16.
Hongrois 819/16, 5/8.
ELECTIONS DU 21 DÉCEMBRE 1885
UNION DE LA PKESSJt RÉPUBLICAINE
DE LA r\.J..LE
LISTE DES CANDIDATS
MM.
P.DÉROULÈDE
PAUL DEVÈS
MUZET
MM.
RANG
GREPPO
LEVEILLÉ
Siècle, Echo de Paris, Gagne-Petit, Gil
Blas, Marseillaise, Mot d'Ordre, Opinion,
Paix, Paris, Petite République française,
Petites Nouvelles, Petite Banlieue, Répu-
blique française, XIXeSiècle, Soir, Temps,
Voltaire.
L'Union de la Presse républicaine fait
appel au dévouement de tous ses adhé-
rents et de ses amis politiques pour con-
tribuer, suivant la tradition démocratique,
aux frais de l'élection.
Les souscriptions sont reçues, soit au
bureau de notre journal, soit par les soins
de M. Malraison, trésorier, ii, rue Molière,
où le Comité se tient en permanence, tous
les jours, de 4 à 6 heures.
SOMMAIRE
Dernière heure.
Un parti de gouvernement. — HENRY Fou-
QUIER.
L'Allemagne au Tonkin. - P. DE REIMS.
Journée de Paris - JACQUES RAFFBY.
Le Triomphe de M. Cattiaux. - MARCEL
FOUQUIER.
La Paix à Madagascar.
Courrier de la Chambre.—Louis DBSFORGES.
Courrier du Sénat. — A. LANDRIN»
Informations particulières.
Nouvelles coloniales.
La Guerre. — Louis HENRIQUE.
Dépêches.
Bulletin de l'étranger.
Informations.
Revue de la presse. — NAoExm.
M. Spuller à Nuits.
Courrier de la Bourse. — H. L. F AURa.
Bibliographie.
Faits divers. — JEAN VALLIÊRE. -,
Soirées parisiennes. — EMILB MBNDBL.
Courrier des théâtres. — GEORGES FHYDBAU.
Le Roman d'un grand-duc.-COMTB AFANASI
DERNIÈRE HEURE
lin ordre du jour du prince
Alexandre
Sofia, 22 décembre.
Dans un ordre du jour, le prince an-
nonce à l'armée la conclusion de l'armis-
tice sur les bases posées parla commission
militaire internationale ; il félicite les
officiers et les soldats pour leur bravoure
et leur conduite exemplaire.
Il ajoute qu'il reconnaît avec gratitude
que l'armée bulgare est redevable des
succès qu'elle a remportés à la sollicitude
constante que l'empereur de Russie lui a
témoignée et au dévouement des instruc-
teurs russes qui ont développé chez les
soldats bulgares la discipline, la bravoure
et l'amour de la patrie, qualités et senti-
ments auxquels ils doivent la victoire.
M PARTI DE GOUVERNEMENT
1 La discussion sur la politique colo-
niale s'est continuée aujourd'hui, tou-
jours passionnée, moins intéressante
pourtant qu'hier. M. Passy a prononcé
un long réquisitoire contre les colonies,
qui nous a affligés autant que surpris. Il
paraît qu'un grand pays n'a pas besoin
de débouchés ni de possessions d'outre-
mer, et que l'Angleterre a fait une mau-
vaise affaire en succédant à la Hollande
et à l'Espagne dans l'hégémonie des
mers. C'est de l'économie politique, cela.!
Mais il y a tant d'économies politiques,
tant d opinions diverses dans cette
science compliquée qu'on peut en choi-
sir une autre que celle de M. Passy, ce
que nous faisons à regret. Quant à M.;
Pelletan, il a bien du talent, mais il pa-
raît qu'il n'en a pas assez encore pour
en garder quand il a tort. La conclusion
de la paix avec les Ho vas, paix honora-
ble, avantageuse, saluée avec enthou-
siasme par nos concitoyens de Bour-
bon, est venue porter un coup fatal à ses
arguments pessimistes. Et quand il a
voulu porter la discussion sur le terrain
électoral, il a dû reconnaître implicite
tement que si le pays a paru être avec
lui en certains endroits c'est que lé
pays a été trompé. Si Feringhea-Cam-
penon eût parlé quand c'était son de-
voir de ministre et d'homme politique
loyal, les choses se fussent passées au-
trement. Cela est si vrai que les radi-
caux d'Extrême-Gauche, à mesure que
la discussion du Tonkin avance, se
montrent de plus en plus inquiets et de
méchante humeur à propos de l'élection
de Paris.
Quoi qu'il en soit, il nous paraît cer-
tain que de la discussion sur le Tonkin
sortira une chose capitale : la constitu-
tion d'une majorité de gouvernement.
Depuis longtemps nous avions proclamé
la nécessité d'un parti de gouvernement
dans les Chambres et nous n'avions pas
caché que la Chambre, jeune, inexpéri-
mentée, toute chaude des luttes élec-
torales, pourrait bien être incapable de
l'effort de raison nécessaire pour le
groupement des esprits, abandon fait
des chimères comme des rancunes. Par
une ironie qui ressemble à une revan-
che de justice, il se trouve que cette
majorité de gouvernement, qui n'est pas
tout à fait la majorité du cabinet, pour
dire mieux, que le cabinet ne représente
pas tout à fait, il se trouve, dis-je, que
ce parti de gouvernement semble devoir
se reformer sur la question choisie jadis
par les oppositions coalisées pour le
dissoudre..
Quelles que soient leurs origines, les
hommes de gouvernement se retrouvent
aujourd'hui, mis en face d'une question
de politique nationale qu'il n'appartient
pas aux clubs de résoudre. Ils rentrent,
par un instinct sûr et noble, dans la
tradition française et ils y resteront.
Pour nous, qui n'avons peur d'aucune
réforme, nous ne redoutons personne
au pouvoir, à condition que nos minis-
tres seront sans compromission avec les
hommes sans patrie et les révolution-
naires. Nous ne nous amuserons ja-
mais à reprocher aux politiques qui
arrivent aux affaires d'en apprendre
les nécessités. Si, par exemple, nous
nous occupions de M. Goblet, ce ne
serait pas pour lui rappeler, même
en manière de plaisanterie, qu'il vient
d'appliquer aux curés un traitement
qu'il trouvait, il y a trois ans, ridicule
de leur faire subir. Nous serions plutôt
inquiets de voir le ministre qui, au-
jourd'hui, défend l'occupation du Ton-
kin, figurer par avance sur les listes
ministérielles que les évacuateurs fai-
saient circuler dans l'hypothèse de leur
victoire. Car une affaire nationale n'est
pas de celles sur qui il est légitime ou
indifférent de varier. Le vote des cré-
dits sera la pierre de touche des dépu-
tés qui peuvent être des hommes de
gouvernement et de ceux qui resteront
des fantaisistes ou des révolutionnaires
même pacifiques. Car le révolutionnaire
pacifique est une catégorie plus nom-
breuse qu'on ne pense et qui fleurit
chez nous plus que jamais. C'est une fa-
çon d'être de l'esprit d'opposition qui
persiste au pouvoir. Elle est particu-
lière aux hommes qui suivent les ins-
tincts plus que la raison, et qui sont
guidés par leur caractère plus que con-
duits par leur intelligence. Il y a parmi
eux de braves gens : mais, au pouvoir,
ces braves gens font plus de mal que
des scélérats, et livrent éternellement le
pays à l'anarchie ou à la réaction.
HENRY FOUQUlBR.
duo-
L'ALLEMAGNE AU TONKIN
De tous les arguments contre l'évacua-
tion du Tonkin portés à la tribune par
Mgr Freppel et M. Paul Bert, deux surtout
sont absolument décisifs. Il nous paraît
utile de les relever, étant à même d'en
confirmer l'exactitude.
Lès deux honorables députés de la
Droite et de la Gauche ont eu raison de
signaler à la Chambre l'éventualité d'une
occupation par l'Allemagne ou par l'An-
gleterre du Tonkin après notre évacua-
tion. Ils auraient pu aller plus loin et être
plus affirmatifs. Ils auraient pu nous mon-
trer tout au moins le gouvernement de
l'une de ces deux puissances, le gouver-
nement allemand, attentif, levant déjà sa
lourde main, tout prêt, le cas échéant, à
profiter de notre honteuse stupidité à la-
quelle il nous fait l'honneur de croire.
Ah ! comme elle ferait bien son affaire en
effet! ,.
Après nous avoir vus, avec nn plaisir
non dissimulé, aller au Tonkin; après
nous avoir même amicalement encouragés
à verser notre sang et nos trésors pour le
conquérir, il attend, la conquête faite, que
nous le lui abandonnions. Il assiste au dé-
bat ouvert sur cette question depuis des
mois; Il espère, et il espère tout haut, que
nous allons justifier son injurieuse clair-,
voyance et attester notre imbécillité aux
yeux de l'univers.
Sous l'Empire, nous avons donné dans
le piège que le prince de Bismarck nous a
tendu, en lui fournissant les moyens de
créer l'empire continental allemand avec
nos belles provinces d'Alsace-Lorraine.
Sous la République, allons-nous donner
dans un piège analogue, en le mettant à
même de fonder l'empire maritime alle-
mand avec nos riches possessions de l'Indo-
Chine? Cela ne s'appelle pas, comme on le
dit par euphémisme parlementaire, un
manque de patriotisme, c'est tout simple-
ment stupide. Et voilà où conduit l'esprit
de parti, de coterie, de mesquines person-
nalités.
Qu'ils seraient moins ardents dans la
poursuite de leur triste campagne, nos
évacuateurs, s'ils se souciaient un peu
plus de l'opinion qu'ils accréditent à l'é-
tranger sur le cas qu'il convient de faire,
en temps de République, des engagements
de la France, de la valeur de sa signature
et de la stabilité de ses institutions. M.
Paul Bert a traité ce côté de la question
avec une noble et mâle énergie. Il est de
ces moments où le vrai patriotisme con-
siste en effet à ne pas ménager les vérités
à ceux qui se montrent peu disposés à les
entendre, et nous sommes dans un de ces
moments.
Ici encore M. Panl Bert aurait pu aller
plus loin et être plus affirmatif. Ce qu'il a
supposé que l'on dirait de la France dans
le monde, si elle évacuait le Tonkin , nous
pouvons affirmer, nous, qu'on le dit dès
maintenant. Partout à l'étranger, dans les
i
chancelleries, dans les sphères diplomati-
ques, dans les cours, nos ennemis, consi-
dérant déjà comme faits accomplis notre
retraite du Tonkin, la violation du traité
j- de Tientsin et l'abandon de nos mission-
naires et de nos protégés, répètent à l'envi
que tout cela était facile à prévoir, qu'il
n'y a plus de France. Que ces prévisions
se réalisent, et ce que disent aujourd'hui
nos ennemis, demain nos amis eux-mé.
mes le diront.
Voilà donc quel serait le résultat du pro-
jet de nos évacuateurs : d'une part, dis-
crédit de la France dans le monde entier;
de l'autre, agrandissement, consolidation
définitive du grand empire d'Allemagne
par l'annexion du Tonkin, conquis au prix
de notre sang et de notre argent.
Puisque pour eux la question se résume
dans une question de millions, qu'ils éva-
luent en millions ce que ce double résul-
tat coûterait à la France.
P. DE REIMS.
LA JOURNÉE DE PARIS
NOEL A PARIS. — Les curés des princi-
pales paroisses de Paris se sont réunis à
l'Archevêché pour s'entendre sur les mesures
à prendre relativement à la célébration de la
fête de Noël.
Il a été décidé que rien ne serait changé
aux usages établis en ce qui concerne la
messe de minuit ; toutefois, pour conserver
à cette solennité un caractère purement reli-
gieux, plusieurs membres du clergé, parmi
lesquels le curé de la Madeleine, ont résolu
de supprimer cette année l'orchestre qui, d'or-
dinaire, se faisait entendre à cette céré-
monie.
Il a également été décidé qu'il n'y aurait
pas de messe de minuit à Notre-Dame.
Je ne sais si ces diverses mesures feront
que la nuit de Noël ait, à Paris, un caractère
plus religieux que par le passé ; mais, en
voyant les monceaux de boudin et de bou-
teilles de champagne s'élever à la devanture
des marchands de comestibles, je suis pris de
doute.
»
* *
LA FOIRE DU NOUVEL AN. - Les pe-
tites baraques du nouvel an ont fait hier ma-
tin leur apparition sur le boulevard.
C'est gênant, mais assez pittoresque. Quand
le « nouveau jouet de l'année » aura fait son
apparition, je vous en ferai part.
A
LES FÊTES DU COMMERCE. — Les
jouets, bonbons, étrenhes, livres, effets d'ha-
billement ne cessent d'arriver au palais de l'In-
dustrie, où les préparatifs de la fête de l'arbre
de Noël, organisée sous les auspices du comité
des fêtes de l'industrie et du commerce, se
poursuivent activement. Les dons offerts sont
déjà au nombre de plus de quatre mille. Cha-
cun porte, sur une étiquette, son numéro
d'ordre et le nom du donateur.
La répartition des quatre mille places of-
fertes aux élèves des écoles communa-
les de Paris est faite, au prorata de la po-
pulation scolaire, entre les vingt arrondisse-
ments. Deux mille garçons et deux mille fil-
les seront désignés par les maires, sur la pro-
position des directeurs et directrices. C'est
parmi les enfants ayant au moins huit ans et
n'ayant pas dépassé l'âge de treize ans que
seront choisis les élèves devant prendre part
à la distribution des dons.
Des mesures spéciales ont été prises et des
instructions ont été données aux maîtres pour
que la distribution ait lieu dans le plus grand
ordre.
fl
<*t *
L'EXPOSITION DES ENIREPRENEURS.
— Le ministre des travaux publics a ouvert
l'Exposition du syndicat des entrepreneurs de
travaux publics de France, qui a pour prési-
dent d'honneur M. de Lesseps.
Au lieu de réunir à grands frais de puis-
santes machines et un outillage difficile à
grouper et à transporter, les organisateurs
ont préféré exposer des dessins et des petits
modèles d'appareils, machines, etc., en usage
sur les, chantiers. >
Parmi les collections les plus intéressantes,*
il convient de citer une exposition rétrospec-
tive de l'outillage au dix-huitième siècle ; un
modèle du pont de Cubzac sur la Dordogne ;
une scierie en forêt ; différents modèles de
grandes dragues marines, des excavateurs,
des bateaux porteurs de déblais, des ponts
portatifs en acier, etc., différents modèles qui
attireront l'attention des plus connaisseurs. !
*
1
V ORPHELIN AT DES ARTS. - Très
brillante ouverture de la vente de charité de
l'Orphelinat des Arts dans la galerie de M.
Gfeorges Pâtit, 8, rue de Sèze.
Nous rappelons à nos lecteurs qu'elle se
continuera aujourd'hui et demain de une
heure à six et de huit à onze heures du soir.
Jeudi à neuf heures arbre de Noël et tombola.
Pendant les trois jours, orchestre dirigé par
M. Guyot.
A
*■ «
CLUB ALPIN. — La section de Paris du
Club alpin français se réunit ce soir à huit
heures et demie du soir, dans la grande salle
de l'hôtel de la Société de géographie. L'ordre
du jour de cette réunion est :
Le Canada, conférence de M. G. Déman-
ché ;
L Annam et le Tonkin, conférence de M.
Brau de Saint-Pol Lias.
* *
AU PALAIS. — La conférence des avocats
a discuté la question suivante :
« Toute personne qui, par ses recherches
personnelles, est arrivée à découvrir une suc-
cession ouverte au profit d'héritiers qui n'en
soupçonnaient pas l'existence, peut-elle va-
lablement stipuler, pour prix de sa révéla-
tion, une quote-part de la succession ? »
MM. Marcé et Leuilneux ont soutenu l'affir-
mative.
MM. Pâtissier et Thabaud-Deshoulières, la
négative.
Ministère public: M. Lecherbonnier.
La conférence a adopté l'affirmative.
La question à discuter le 4 janvier 1885 est
celle-ci :
« L'article 419 du Code pénal qui punit
l'emploi de moyens frauduleux pour amener
la hausse ou la baisse des denrées ou mar-
chandises, ou des papiers ou effets publics,
est-il applicable lorsque ces moyens fraudu-
leux portent sur les actions ou les obligations
des sociétés privées ? »
M. Lalou, rapporteur.
A
L'ARBRE DE lVOEL. - Rappelons que la
magnifique fête de l'arbre de Noël, organisée
chaque année par l'Association générale d'Al-
sace-Lorraine, aura lieu vendredi prochain à
une heure et demie à l'Hippodrome.
JACQUES RAFFEY.
«JpUi —
Nous avons demandé l'opinion des prin-
ces d'Orléans, des soldats d'Afrique et
d'Amérique, sur l'évacuation du Tonkin.
Nous pensions qu'un avis du général duc
d'Aumale, du colonel comte de Paris, ou
du colonel duc de Chartres, ou de l'amiral
prince de Joinville répondrait.
Faut-il prendre pour une réponse les
lignes suivantes du Soleil du Midi, rédigé
par un ancien commensal de M. le comte
de Paris?
Nous avons publié la dépêche relative à
l'opinion que le journal parisien le Monde
prête au comte de Paris sur la question du
Tonkin. Nous avons de bonnes raisons de
croire que ce journal n'a aucune qualité pour
Interpréter la pensée du prince, auquel il a
prêté ses propres sentiments.
Le triomphe de M. Cattiaux
M. Cattiaux n'était célèbre jusqu'ici que par
la largeur de son chapeau et la ferveur de
son mysticisme anti clérical. Et encore
ces derniers temps, M. Mesureur l'avait éclipsé
dans l'art ingénieux de laïciser les noms des
rues de Paris au moyen de calembours dont
a dû souvent rêver le joyeux compère Chris-
tian. Aussi méditait-il de prendre une re-
vanche éclatante, décisive, en vue sans doute
des prochaines élections de la Ville-Lumière.
Depuis quelque temps, il était sombre,
anxieux, taciturne même !
M. Cattiaux songeait à prendre une re-
vanche digne de son antique renom, à ren-
trer dans l'arène de l'Hôtel de Ville par un
coup de maître, à faire trembler devant le
sien le génie étonné de M. Mesureur et de
ses collègues qui chuchotaient déjà dans les
coins : a N'est-ce pas que Cattiaux baisse ? »
Depuis hier, c'est chose faite, et c'est une
question sans importance (les grands esprits
ont de telles coquetteries) qui a servi à M.
Cattiaux pour faire sentir le poids écrasant
de sa supériorité à ses rivaux éblouis et
éperdus.
On discutait la question de la création des
asiles de nuit, question dont M. Cattiaux
était rapporteur. Les asiles de nuit sont en
nombre insuffisant, il faut en ouvrir d'au-
tres, etc., telle était la thèse que défendait le
plus tranquillement du monde M. Cattiaux.
Le conseil ne se doutait nullement que quel-
que chose de grand allait se passer, et M.
Cattiaux souriait.
Mais, arrivé aux conclusions de son travail,
M. Cattiaux se redressa de toute sa hauteur,
et tragique, évoquant le souvenir des subli-
mes aïeux de la Convention , lut avec la
voix de Danton le projet qui suit :
« Le conseil,
» Reconnaissant que tout homme a non
seulement le droit, mais le devoir de vivre ;
« Considérant que toute richesse vient du
travail, et que l'organisation et la réglemen-
tation du travail, au lieu d'être une charge,
seraient une source de bien-être ;
» Attendu que la société s'est emparée de
la terre, de tout ce qu'elle produit et de ce
qu'elle renferme, et que, par conséquent,
1 homme n'ayant même plus le droit qu'ont
tous les animaux d'en recueillir les fruits, de
vivre de chasse et de pêche, elle a, par cela
même, le devoir absolu de pourvoir aux be-
soins des membres qui la composent. »
L'eflet produit était immense, l'émotion
était à son comble. M. Mesureur pâlissait et
l'on s'interrogeait avec effarement pour sa-
voir quelle grandiose résolution M. Cattiaux
allait proposer aux élus de la capitale , du
,haut de la tribune, d'où sa pensée rayonnait
au milieu de tous les éclairs du Sinaï. Et
M.Cattiaux, toujours majestueux et souriant,
ajouta ces simples mots :
Le baraquement construit l'année dernière
en vue de l'épidémie cholérique, au bastion
n° 43, sera provisoirement employé comme
asile de nuit. [
Ce que le conseil vota sur-le-champ. Et
quand M. Cattiaux eut regagné sa place, tou-
tes les mains se tendirent vers lui avec un
affectueux respect; et M. Mesureur, qui est
;un lettré, murmura en s'inclinant :
L'amitié d'un grand homme est un bienfait.
Mais M. Mesureur, averti par le sévère
regard de M. Cattiaux, n'alla pas plus loin !
MARCEL FOUQUIER.
LA PAIX A MADAGASCAR
Comme nos lecteurs le verront par le compte
rendu de la Chambre, la paix serait conclue
avec Madagascar.
Voici les déclarations faites par M. de Frey-
cinet au sujet du traité, dont le ministre n a
pas, toutefois, garanti absolument les termes :
Un résident français sera nommé à Ta-
nanarive. Il sera l'intermédiaire obligé des
relations de la reine de Madagascar avec
les puissances étrangères.
Des baux à durée indéterminée pour-
ront être consentis aux Français, sans que
le gouvernement hova puisse s'y opposer.
La France se réserve le droit d'occuper
la baie de Diego-Suarez.
Une somme de 10 millions sera payée
par le gouvernement hova et répartie par
les soins de la République française.
Tamatave sera occupé jusqu'à la conclu-
sion définitive de la paix.
La reine de Madagascar s'engage à trai-
ter les populations placées sous la protec-
tion de la France dans des conditions par-
ticulières, réglées d'accord avec la France.
Le gouvernement français n'intervien-
dra pas dans l'administration et se borner.
à agir par la voie des conseils.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Paris, le 22 décembre.
Comme on va le voir par ce qui suit,
cette deuxième journée consacrée à la dis-
cussion des crédits du Tonkin n'a pas été
très favorable aux partisans de l'évacua
tion; et bien que M. Pelletan ait donné de
sa personne, nous constatons avec plaisir
que la majorité gouvernementale grossit
de plus en plus au fur et à mesure que le
débat se déroule.
M. Frédéric Passy est monté le premier
à la tribune. L'honorable député a parlé
devant des bancs vides, car on savait d'a-
vance ce qu'il allait dire.
M. Passy est un apôtre de la médiation.
Mais puisque la médiation, dans le cas
présent, n'est guère possible, il préconise
« une évacuation intelligente et raisonna-
ble. »
Quant à la question de Madagascar, il
est d'avis qu'il faut se contenter « de hau-
tes garanties» et non « d'un protectorat ».
On va voir dans un instant qu'il eût été
prudent pour M. Frédéric Passy de s'abste-
nir de donner des leçons de diplomatie à
M. de Freycinet.
M. Ballue a succédé à M. Passy. Il a en-
visagé le débat au point de vue militaire
seulement. Pour lui, il faut un nombre de
soldats relativement restreint pour s'assu-
rer du protectorat. Si l'on n'est pas encore
parvenu à pacifier le pays, c'est à cause de
l'incertitude où l'on est sur les intentions
de la France.
« Si la France, ajoute M. Ballue, affirme
le maintien de ses droits, on verra tous les
ferments de révolte disparaître. »
M. Pelletan est alors venu défendre son
rapport. Le député des Bouches-du-Rhône
n'était pas hier en possession complète de
lui-même. Il est vrai que, depuis que la
discussion est ouverte, on a singulière-
ment entamé la provision d'arguments
pour et contre les crédits.
M. Pelletan a donc été obligé de repren-
dre ses discours antérieurs et de rééditer
les mêmes théories.
Il a été amené à faire l'aveu suivant,
qu'il est douloureux d'évacuer le Tonkin
et qu'il y a même du péril à procéder à
cette évacuation. Mais cette évacuation du
Tonkin qui est, en définitive, la seule so-
lution que M. Pelletan recommande, n'a
pas les conséquences qu'on lui attribue.
Le rapporteur a cité l'exemple de l'Angle-
terre et de la Russie qui ont évacué des
régions où elles s'étaient établies, et ce-
pendant, ajoute-t-il, aucun soulèvement
ne s'est produit.
Autre aveu de M. Camille Pelletan : « La
volonté nationale n'a pas parlé d'évacua-
tion aux dernières élections, mais elle
n'a pas indiqué de solution. »
A bout d'arguments, le rapporteur s'est
placé, en désespoir de cause, sur le ter-
rain financier : « Il y a un intérêt démo-
cratique à faire des économies et de bon-
nes finances, et voilà qu'on va chercher
des excédents budgétaires en Extrême-
Orient. »
M. Camille Pelletan a été applaudi avec
frénésie sur les bancs de la Droite. Il
semblait que le mot d'ordre avait été
donné ; à chaque fin de période, les applau-
dissements éclataient comme au théâtre
sur les bancs des claqueurs. A gauchi,
sans exagération aucune, soixante-dix dé-
putés au plus, ont donné leur approbation
au discours de M. Pelletan. S'il nous est
permis par conséquent de faire un petit
calcul de probabilités, nous pouvons avan-
cer qu'il y a, à la Chambre, cent quatre-
vingt députés à Droite et soixante-dix à
Gauche qui refuseront les crédits deman-
dés par le gouvernement.
sr
+ •*
D'ailleurs, après le discours de M. Pel-
letan, il s'est produit un incident qui a dû
singulièrement modifier les sentiments
des hésitants de la majorité, et qui, en
tout cas, a provoqué, nous avons pu nous
en rendre compte, un revirement subit
en faveur du gouvernement.
On a appris, à trois heures et demie, par
les dépêches affichées dans les couloirs,
que la paix était signée avec les Hovas.
M. Hubbard, rapporteur des crédits pour
Madagascar, a demandé aussitôt au mi-
nistre des affairée étrangères quelques ex-
plications sur ce fait important.
M. de Freycinet est alors monté à la
tribune et, au milieu d'un silence solen-
nel, a fait savoir au Parlement qu'un
traité de paix avait été signé entre les plé-
nipotentiaires français et les plénipoten-
tiaires hovas.
Le ministre des affaires étrangères a
ajouté qu'il pourrait en donner connais-
sance à la Chambre, mais sans en garantir
absolument les termes que le télégraphe
aura pu altérer.
Il a ensuite énuméré les différents avan-
tages obtenus par nous et il a ajouté :
« La Chambre sera sans doute unanime
pour reconnaître que le gouvernement, en
libellant ce projet de traité, s'est inspiré
des sentiments qu'elle avait manifestés
et a sauvegardé comme il convenait l'hon-
neur et les intérêts de la France. »
De tous les bancs républicains éclatent
des applaudissements enthousiastes; seule.
la Droite est muette ; quelques rires ironi-
ques partent de l'entourage de M. Cunéo,
mais un sévère rappel aux convenances de
M. de Freycinet suffit pour faire rentrer
les récalcitrants dans l'ordre.
M. le ministre des affaires étrangères
est revenu à son banc, au milieu d'une
véritable ovation.
Il était alors six heures ; M. Antonin Du-
bost s'élance à la tribune avec un volumi-
neux volume et sans nul doute avec un
discours non moins volumineux.
Une bordée de protestations a salué l'ap-
parition du député de l'Isère qui a jugé
bon de rebrousser chemin devant cette
unanimité de la Chambre !
I v Louis DESFORGBS.
f ,;:;
LE XIÏ SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédactloà
de 2 heures à minuit
1 e. ru© Cadet, 10
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Extérieure 53 21/32, 11/16.
Hongrois 819/16, 5/8.
ELECTIONS DU 21 DÉCEMBRE 1885
UNION DE LA PKESSJt RÉPUBLICAINE
DE LA r\.J..LE
LISTE DES CANDIDATS
MM.
P.DÉROULÈDE
PAUL DEVÈS
MUZET
MM.
RANG
GREPPO
LEVEILLÉ
Siècle, Echo de Paris, Gagne-Petit, Gil
Blas, Marseillaise, Mot d'Ordre, Opinion,
Paix, Paris, Petite République française,
Petites Nouvelles, Petite Banlieue, Répu-
blique française, XIXeSiècle, Soir, Temps,
Voltaire.
L'Union de la Presse républicaine fait
appel au dévouement de tous ses adhé-
rents et de ses amis politiques pour con-
tribuer, suivant la tradition démocratique,
aux frais de l'élection.
Les souscriptions sont reçues, soit au
bureau de notre journal, soit par les soins
de M. Malraison, trésorier, ii, rue Molière,
où le Comité se tient en permanence, tous
les jours, de 4 à 6 heures.
SOMMAIRE
Dernière heure.
Un parti de gouvernement. — HENRY Fou-
QUIER.
L'Allemagne au Tonkin. - P. DE REIMS.
Journée de Paris - JACQUES RAFFBY.
Le Triomphe de M. Cattiaux. - MARCEL
FOUQUIER.
La Paix à Madagascar.
Courrier de la Chambre.—Louis DBSFORGES.
Courrier du Sénat. — A. LANDRIN»
Informations particulières.
Nouvelles coloniales.
La Guerre. — Louis HENRIQUE.
Dépêches.
Bulletin de l'étranger.
Informations.
Revue de la presse. — NAoExm.
M. Spuller à Nuits.
Courrier de la Bourse. — H. L. F AURa.
Bibliographie.
Faits divers. — JEAN VALLIÊRE. -,
Soirées parisiennes. — EMILB MBNDBL.
Courrier des théâtres. — GEORGES FHYDBAU.
Le Roman d'un grand-duc.-COMTB AFANASI
DERNIÈRE HEURE
lin ordre du jour du prince
Alexandre
Sofia, 22 décembre.
Dans un ordre du jour, le prince an-
nonce à l'armée la conclusion de l'armis-
tice sur les bases posées parla commission
militaire internationale ; il félicite les
officiers et les soldats pour leur bravoure
et leur conduite exemplaire.
Il ajoute qu'il reconnaît avec gratitude
que l'armée bulgare est redevable des
succès qu'elle a remportés à la sollicitude
constante que l'empereur de Russie lui a
témoignée et au dévouement des instruc-
teurs russes qui ont développé chez les
soldats bulgares la discipline, la bravoure
et l'amour de la patrie, qualités et senti-
ments auxquels ils doivent la victoire.
M PARTI DE GOUVERNEMENT
1 La discussion sur la politique colo-
niale s'est continuée aujourd'hui, tou-
jours passionnée, moins intéressante
pourtant qu'hier. M. Passy a prononcé
un long réquisitoire contre les colonies,
qui nous a affligés autant que surpris. Il
paraît qu'un grand pays n'a pas besoin
de débouchés ni de possessions d'outre-
mer, et que l'Angleterre a fait une mau-
vaise affaire en succédant à la Hollande
et à l'Espagne dans l'hégémonie des
mers. C'est de l'économie politique, cela.!
Mais il y a tant d'économies politiques,
tant d opinions diverses dans cette
science compliquée qu'on peut en choi-
sir une autre que celle de M. Passy, ce
que nous faisons à regret. Quant à M.;
Pelletan, il a bien du talent, mais il pa-
raît qu'il n'en a pas assez encore pour
en garder quand il a tort. La conclusion
de la paix avec les Ho vas, paix honora-
ble, avantageuse, saluée avec enthou-
siasme par nos concitoyens de Bour-
bon, est venue porter un coup fatal à ses
arguments pessimistes. Et quand il a
voulu porter la discussion sur le terrain
électoral, il a dû reconnaître implicite
tement que si le pays a paru être avec
lui en certains endroits c'est que lé
pays a été trompé. Si Feringhea-Cam-
penon eût parlé quand c'était son de-
voir de ministre et d'homme politique
loyal, les choses se fussent passées au-
trement. Cela est si vrai que les radi-
caux d'Extrême-Gauche, à mesure que
la discussion du Tonkin avance, se
montrent de plus en plus inquiets et de
méchante humeur à propos de l'élection
de Paris.
Quoi qu'il en soit, il nous paraît cer-
tain que de la discussion sur le Tonkin
sortira une chose capitale : la constitu-
tion d'une majorité de gouvernement.
Depuis longtemps nous avions proclamé
la nécessité d'un parti de gouvernement
dans les Chambres et nous n'avions pas
caché que la Chambre, jeune, inexpéri-
mentée, toute chaude des luttes élec-
torales, pourrait bien être incapable de
l'effort de raison nécessaire pour le
groupement des esprits, abandon fait
des chimères comme des rancunes. Par
une ironie qui ressemble à une revan-
che de justice, il se trouve que cette
majorité de gouvernement, qui n'est pas
tout à fait la majorité du cabinet, pour
dire mieux, que le cabinet ne représente
pas tout à fait, il se trouve, dis-je, que
ce parti de gouvernement semble devoir
se reformer sur la question choisie jadis
par les oppositions coalisées pour le
dissoudre..
Quelles que soient leurs origines, les
hommes de gouvernement se retrouvent
aujourd'hui, mis en face d'une question
de politique nationale qu'il n'appartient
pas aux clubs de résoudre. Ils rentrent,
par un instinct sûr et noble, dans la
tradition française et ils y resteront.
Pour nous, qui n'avons peur d'aucune
réforme, nous ne redoutons personne
au pouvoir, à condition que nos minis-
tres seront sans compromission avec les
hommes sans patrie et les révolution-
naires. Nous ne nous amuserons ja-
mais à reprocher aux politiques qui
arrivent aux affaires d'en apprendre
les nécessités. Si, par exemple, nous
nous occupions de M. Goblet, ce ne
serait pas pour lui rappeler, même
en manière de plaisanterie, qu'il vient
d'appliquer aux curés un traitement
qu'il trouvait, il y a trois ans, ridicule
de leur faire subir. Nous serions plutôt
inquiets de voir le ministre qui, au-
jourd'hui, défend l'occupation du Ton-
kin, figurer par avance sur les listes
ministérielles que les évacuateurs fai-
saient circuler dans l'hypothèse de leur
victoire. Car une affaire nationale n'est
pas de celles sur qui il est légitime ou
indifférent de varier. Le vote des cré-
dits sera la pierre de touche des dépu-
tés qui peuvent être des hommes de
gouvernement et de ceux qui resteront
des fantaisistes ou des révolutionnaires
même pacifiques. Car le révolutionnaire
pacifique est une catégorie plus nom-
breuse qu'on ne pense et qui fleurit
chez nous plus que jamais. C'est une fa-
çon d'être de l'esprit d'opposition qui
persiste au pouvoir. Elle est particu-
lière aux hommes qui suivent les ins-
tincts plus que la raison, et qui sont
guidés par leur caractère plus que con-
duits par leur intelligence. Il y a parmi
eux de braves gens : mais, au pouvoir,
ces braves gens font plus de mal que
des scélérats, et livrent éternellement le
pays à l'anarchie ou à la réaction.
HENRY FOUQUlBR.
duo-
L'ALLEMAGNE AU TONKIN
De tous les arguments contre l'évacua-
tion du Tonkin portés à la tribune par
Mgr Freppel et M. Paul Bert, deux surtout
sont absolument décisifs. Il nous paraît
utile de les relever, étant à même d'en
confirmer l'exactitude.
Lès deux honorables députés de la
Droite et de la Gauche ont eu raison de
signaler à la Chambre l'éventualité d'une
occupation par l'Allemagne ou par l'An-
gleterre du Tonkin après notre évacua-
tion. Ils auraient pu aller plus loin et être
plus affirmatifs. Ils auraient pu nous mon-
trer tout au moins le gouvernement de
l'une de ces deux puissances, le gouver-
nement allemand, attentif, levant déjà sa
lourde main, tout prêt, le cas échéant, à
profiter de notre honteuse stupidité à la-
quelle il nous fait l'honneur de croire.
Ah ! comme elle ferait bien son affaire en
effet! ,.
Après nous avoir vus, avec nn plaisir
non dissimulé, aller au Tonkin; après
nous avoir même amicalement encouragés
à verser notre sang et nos trésors pour le
conquérir, il attend, la conquête faite, que
nous le lui abandonnions. Il assiste au dé-
bat ouvert sur cette question depuis des
mois; Il espère, et il espère tout haut, que
nous allons justifier son injurieuse clair-,
voyance et attester notre imbécillité aux
yeux de l'univers.
Sous l'Empire, nous avons donné dans
le piège que le prince de Bismarck nous a
tendu, en lui fournissant les moyens de
créer l'empire continental allemand avec
nos belles provinces d'Alsace-Lorraine.
Sous la République, allons-nous donner
dans un piège analogue, en le mettant à
même de fonder l'empire maritime alle-
mand avec nos riches possessions de l'Indo-
Chine? Cela ne s'appelle pas, comme on le
dit par euphémisme parlementaire, un
manque de patriotisme, c'est tout simple-
ment stupide. Et voilà où conduit l'esprit
de parti, de coterie, de mesquines person-
nalités.
Qu'ils seraient moins ardents dans la
poursuite de leur triste campagne, nos
évacuateurs, s'ils se souciaient un peu
plus de l'opinion qu'ils accréditent à l'é-
tranger sur le cas qu'il convient de faire,
en temps de République, des engagements
de la France, de la valeur de sa signature
et de la stabilité de ses institutions. M.
Paul Bert a traité ce côté de la question
avec une noble et mâle énergie. Il est de
ces moments où le vrai patriotisme con-
siste en effet à ne pas ménager les vérités
à ceux qui se montrent peu disposés à les
entendre, et nous sommes dans un de ces
moments.
Ici encore M. Panl Bert aurait pu aller
plus loin et être plus affirmatif. Ce qu'il a
supposé que l'on dirait de la France dans
le monde, si elle évacuait le Tonkin , nous
pouvons affirmer, nous, qu'on le dit dès
maintenant. Partout à l'étranger, dans les
i
chancelleries, dans les sphères diplomati-
ques, dans les cours, nos ennemis, consi-
dérant déjà comme faits accomplis notre
retraite du Tonkin, la violation du traité
j- de Tientsin et l'abandon de nos mission-
naires et de nos protégés, répètent à l'envi
que tout cela était facile à prévoir, qu'il
n'y a plus de France. Que ces prévisions
se réalisent, et ce que disent aujourd'hui
nos ennemis, demain nos amis eux-mé.
mes le diront.
Voilà donc quel serait le résultat du pro-
jet de nos évacuateurs : d'une part, dis-
crédit de la France dans le monde entier;
de l'autre, agrandissement, consolidation
définitive du grand empire d'Allemagne
par l'annexion du Tonkin, conquis au prix
de notre sang et de notre argent.
Puisque pour eux la question se résume
dans une question de millions, qu'ils éva-
luent en millions ce que ce double résul-
tat coûterait à la France.
P. DE REIMS.
LA JOURNÉE DE PARIS
NOEL A PARIS. — Les curés des princi-
pales paroisses de Paris se sont réunis à
l'Archevêché pour s'entendre sur les mesures
à prendre relativement à la célébration de la
fête de Noël.
Il a été décidé que rien ne serait changé
aux usages établis en ce qui concerne la
messe de minuit ; toutefois, pour conserver
à cette solennité un caractère purement reli-
gieux, plusieurs membres du clergé, parmi
lesquels le curé de la Madeleine, ont résolu
de supprimer cette année l'orchestre qui, d'or-
dinaire, se faisait entendre à cette céré-
monie.
Il a également été décidé qu'il n'y aurait
pas de messe de minuit à Notre-Dame.
Je ne sais si ces diverses mesures feront
que la nuit de Noël ait, à Paris, un caractère
plus religieux que par le passé ; mais, en
voyant les monceaux de boudin et de bou-
teilles de champagne s'élever à la devanture
des marchands de comestibles, je suis pris de
doute.
»
* *
LA FOIRE DU NOUVEL AN. - Les pe-
tites baraques du nouvel an ont fait hier ma-
tin leur apparition sur le boulevard.
C'est gênant, mais assez pittoresque. Quand
le « nouveau jouet de l'année » aura fait son
apparition, je vous en ferai part.
A
LES FÊTES DU COMMERCE. — Les
jouets, bonbons, étrenhes, livres, effets d'ha-
billement ne cessent d'arriver au palais de l'In-
dustrie, où les préparatifs de la fête de l'arbre
de Noël, organisée sous les auspices du comité
des fêtes de l'industrie et du commerce, se
poursuivent activement. Les dons offerts sont
déjà au nombre de plus de quatre mille. Cha-
cun porte, sur une étiquette, son numéro
d'ordre et le nom du donateur.
La répartition des quatre mille places of-
fertes aux élèves des écoles communa-
les de Paris est faite, au prorata de la po-
pulation scolaire, entre les vingt arrondisse-
ments. Deux mille garçons et deux mille fil-
les seront désignés par les maires, sur la pro-
position des directeurs et directrices. C'est
parmi les enfants ayant au moins huit ans et
n'ayant pas dépassé l'âge de treize ans que
seront choisis les élèves devant prendre part
à la distribution des dons.
Des mesures spéciales ont été prises et des
instructions ont été données aux maîtres pour
que la distribution ait lieu dans le plus grand
ordre.
fl
<*t *
L'EXPOSITION DES ENIREPRENEURS.
— Le ministre des travaux publics a ouvert
l'Exposition du syndicat des entrepreneurs de
travaux publics de France, qui a pour prési-
dent d'honneur M. de Lesseps.
Au lieu de réunir à grands frais de puis-
santes machines et un outillage difficile à
grouper et à transporter, les organisateurs
ont préféré exposer des dessins et des petits
modèles d'appareils, machines, etc., en usage
sur les, chantiers. >
Parmi les collections les plus intéressantes,*
il convient de citer une exposition rétrospec-
tive de l'outillage au dix-huitième siècle ; un
modèle du pont de Cubzac sur la Dordogne ;
une scierie en forêt ; différents modèles de
grandes dragues marines, des excavateurs,
des bateaux porteurs de déblais, des ponts
portatifs en acier, etc., différents modèles qui
attireront l'attention des plus connaisseurs. !
*
1
V ORPHELIN AT DES ARTS. - Très
brillante ouverture de la vente de charité de
l'Orphelinat des Arts dans la galerie de M.
Gfeorges Pâtit, 8, rue de Sèze.
Nous rappelons à nos lecteurs qu'elle se
continuera aujourd'hui et demain de une
heure à six et de huit à onze heures du soir.
Jeudi à neuf heures arbre de Noël et tombola.
Pendant les trois jours, orchestre dirigé par
M. Guyot.
A
*■ «
CLUB ALPIN. — La section de Paris du
Club alpin français se réunit ce soir à huit
heures et demie du soir, dans la grande salle
de l'hôtel de la Société de géographie. L'ordre
du jour de cette réunion est :
Le Canada, conférence de M. G. Déman-
ché ;
L Annam et le Tonkin, conférence de M.
Brau de Saint-Pol Lias.
* *
AU PALAIS. — La conférence des avocats
a discuté la question suivante :
« Toute personne qui, par ses recherches
personnelles, est arrivée à découvrir une suc-
cession ouverte au profit d'héritiers qui n'en
soupçonnaient pas l'existence, peut-elle va-
lablement stipuler, pour prix de sa révéla-
tion, une quote-part de la succession ? »
MM. Marcé et Leuilneux ont soutenu l'affir-
mative.
MM. Pâtissier et Thabaud-Deshoulières, la
négative.
Ministère public: M. Lecherbonnier.
La conférence a adopté l'affirmative.
La question à discuter le 4 janvier 1885 est
celle-ci :
« L'article 419 du Code pénal qui punit
l'emploi de moyens frauduleux pour amener
la hausse ou la baisse des denrées ou mar-
chandises, ou des papiers ou effets publics,
est-il applicable lorsque ces moyens fraudu-
leux portent sur les actions ou les obligations
des sociétés privées ? »
M. Lalou, rapporteur.
A
L'ARBRE DE lVOEL. - Rappelons que la
magnifique fête de l'arbre de Noël, organisée
chaque année par l'Association générale d'Al-
sace-Lorraine, aura lieu vendredi prochain à
une heure et demie à l'Hippodrome.
JACQUES RAFFEY.
«JpUi —
Nous avons demandé l'opinion des prin-
ces d'Orléans, des soldats d'Afrique et
d'Amérique, sur l'évacuation du Tonkin.
Nous pensions qu'un avis du général duc
d'Aumale, du colonel comte de Paris, ou
du colonel duc de Chartres, ou de l'amiral
prince de Joinville répondrait.
Faut-il prendre pour une réponse les
lignes suivantes du Soleil du Midi, rédigé
par un ancien commensal de M. le comte
de Paris?
Nous avons publié la dépêche relative à
l'opinion que le journal parisien le Monde
prête au comte de Paris sur la question du
Tonkin. Nous avons de bonnes raisons de
croire que ce journal n'a aucune qualité pour
Interpréter la pensée du prince, auquel il a
prêté ses propres sentiments.
Le triomphe de M. Cattiaux
M. Cattiaux n'était célèbre jusqu'ici que par
la largeur de son chapeau et la ferveur de
son mysticisme anti clérical. Et encore
ces derniers temps, M. Mesureur l'avait éclipsé
dans l'art ingénieux de laïciser les noms des
rues de Paris au moyen de calembours dont
a dû souvent rêver le joyeux compère Chris-
tian. Aussi méditait-il de prendre une re-
vanche éclatante, décisive, en vue sans doute
des prochaines élections de la Ville-Lumière.
Depuis quelque temps, il était sombre,
anxieux, taciturne même !
M. Cattiaux songeait à prendre une re-
vanche digne de son antique renom, à ren-
trer dans l'arène de l'Hôtel de Ville par un
coup de maître, à faire trembler devant le
sien le génie étonné de M. Mesureur et de
ses collègues qui chuchotaient déjà dans les
coins : a N'est-ce pas que Cattiaux baisse ? »
Depuis hier, c'est chose faite, et c'est une
question sans importance (les grands esprits
ont de telles coquetteries) qui a servi à M.
Cattiaux pour faire sentir le poids écrasant
de sa supériorité à ses rivaux éblouis et
éperdus.
On discutait la question de la création des
asiles de nuit, question dont M. Cattiaux
était rapporteur. Les asiles de nuit sont en
nombre insuffisant, il faut en ouvrir d'au-
tres, etc., telle était la thèse que défendait le
plus tranquillement du monde M. Cattiaux.
Le conseil ne se doutait nullement que quel-
que chose de grand allait se passer, et M.
Cattiaux souriait.
Mais, arrivé aux conclusions de son travail,
M. Cattiaux se redressa de toute sa hauteur,
et tragique, évoquant le souvenir des subli-
mes aïeux de la Convention , lut avec la
voix de Danton le projet qui suit :
« Le conseil,
» Reconnaissant que tout homme a non
seulement le droit, mais le devoir de vivre ;
« Considérant que toute richesse vient du
travail, et que l'organisation et la réglemen-
tation du travail, au lieu d'être une charge,
seraient une source de bien-être ;
» Attendu que la société s'est emparée de
la terre, de tout ce qu'elle produit et de ce
qu'elle renferme, et que, par conséquent,
1 homme n'ayant même plus le droit qu'ont
tous les animaux d'en recueillir les fruits, de
vivre de chasse et de pêche, elle a, par cela
même, le devoir absolu de pourvoir aux be-
soins des membres qui la composent. »
L'eflet produit était immense, l'émotion
était à son comble. M. Mesureur pâlissait et
l'on s'interrogeait avec effarement pour sa-
voir quelle grandiose résolution M. Cattiaux
allait proposer aux élus de la capitale , du
,haut de la tribune, d'où sa pensée rayonnait
au milieu de tous les éclairs du Sinaï. Et
M.Cattiaux, toujours majestueux et souriant,
ajouta ces simples mots :
Le baraquement construit l'année dernière
en vue de l'épidémie cholérique, au bastion
n° 43, sera provisoirement employé comme
asile de nuit. [
Ce que le conseil vota sur-le-champ. Et
quand M. Cattiaux eut regagné sa place, tou-
tes les mains se tendirent vers lui avec un
affectueux respect; et M. Mesureur, qui est
;un lettré, murmura en s'inclinant :
L'amitié d'un grand homme est un bienfait.
Mais M. Mesureur, averti par le sévère
regard de M. Cattiaux, n'alla pas plus loin !
MARCEL FOUQUIER.
LA PAIX A MADAGASCAR
Comme nos lecteurs le verront par le compte
rendu de la Chambre, la paix serait conclue
avec Madagascar.
Voici les déclarations faites par M. de Frey-
cinet au sujet du traité, dont le ministre n a
pas, toutefois, garanti absolument les termes :
Un résident français sera nommé à Ta-
nanarive. Il sera l'intermédiaire obligé des
relations de la reine de Madagascar avec
les puissances étrangères.
Des baux à durée indéterminée pour-
ront être consentis aux Français, sans que
le gouvernement hova puisse s'y opposer.
La France se réserve le droit d'occuper
la baie de Diego-Suarez.
Une somme de 10 millions sera payée
par le gouvernement hova et répartie par
les soins de la République française.
Tamatave sera occupé jusqu'à la conclu-
sion définitive de la paix.
La reine de Madagascar s'engage à trai-
ter les populations placées sous la protec-
tion de la France dans des conditions par-
ticulières, réglées d'accord avec la France.
Le gouvernement français n'intervien-
dra pas dans l'administration et se borner.
à agir par la voie des conseils.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Paris, le 22 décembre.
Comme on va le voir par ce qui suit,
cette deuxième journée consacrée à la dis-
cussion des crédits du Tonkin n'a pas été
très favorable aux partisans de l'évacua
tion; et bien que M. Pelletan ait donné de
sa personne, nous constatons avec plaisir
que la majorité gouvernementale grossit
de plus en plus au fur et à mesure que le
débat se déroule.
M. Frédéric Passy est monté le premier
à la tribune. L'honorable député a parlé
devant des bancs vides, car on savait d'a-
vance ce qu'il allait dire.
M. Passy est un apôtre de la médiation.
Mais puisque la médiation, dans le cas
présent, n'est guère possible, il préconise
« une évacuation intelligente et raisonna-
ble. »
Quant à la question de Madagascar, il
est d'avis qu'il faut se contenter « de hau-
tes garanties» et non « d'un protectorat ».
On va voir dans un instant qu'il eût été
prudent pour M. Frédéric Passy de s'abste-
nir de donner des leçons de diplomatie à
M. de Freycinet.
M. Ballue a succédé à M. Passy. Il a en-
visagé le débat au point de vue militaire
seulement. Pour lui, il faut un nombre de
soldats relativement restreint pour s'assu-
rer du protectorat. Si l'on n'est pas encore
parvenu à pacifier le pays, c'est à cause de
l'incertitude où l'on est sur les intentions
de la France.
« Si la France, ajoute M. Ballue, affirme
le maintien de ses droits, on verra tous les
ferments de révolte disparaître. »
M. Pelletan est alors venu défendre son
rapport. Le député des Bouches-du-Rhône
n'était pas hier en possession complète de
lui-même. Il est vrai que, depuis que la
discussion est ouverte, on a singulière-
ment entamé la provision d'arguments
pour et contre les crédits.
M. Pelletan a donc été obligé de repren-
dre ses discours antérieurs et de rééditer
les mêmes théories.
Il a été amené à faire l'aveu suivant,
qu'il est douloureux d'évacuer le Tonkin
et qu'il y a même du péril à procéder à
cette évacuation. Mais cette évacuation du
Tonkin qui est, en définitive, la seule so-
lution que M. Pelletan recommande, n'a
pas les conséquences qu'on lui attribue.
Le rapporteur a cité l'exemple de l'Angle-
terre et de la Russie qui ont évacué des
régions où elles s'étaient établies, et ce-
pendant, ajoute-t-il, aucun soulèvement
ne s'est produit.
Autre aveu de M. Camille Pelletan : « La
volonté nationale n'a pas parlé d'évacua-
tion aux dernières élections, mais elle
n'a pas indiqué de solution. »
A bout d'arguments, le rapporteur s'est
placé, en désespoir de cause, sur le ter-
rain financier : « Il y a un intérêt démo-
cratique à faire des économies et de bon-
nes finances, et voilà qu'on va chercher
des excédents budgétaires en Extrême-
Orient. »
M. Camille Pelletan a été applaudi avec
frénésie sur les bancs de la Droite. Il
semblait que le mot d'ordre avait été
donné ; à chaque fin de période, les applau-
dissements éclataient comme au théâtre
sur les bancs des claqueurs. A gauchi,
sans exagération aucune, soixante-dix dé-
putés au plus, ont donné leur approbation
au discours de M. Pelletan. S'il nous est
permis par conséquent de faire un petit
calcul de probabilités, nous pouvons avan-
cer qu'il y a, à la Chambre, cent quatre-
vingt députés à Droite et soixante-dix à
Gauche qui refuseront les crédits deman-
dés par le gouvernement.
sr
+ •*
D'ailleurs, après le discours de M. Pel-
letan, il s'est produit un incident qui a dû
singulièrement modifier les sentiments
des hésitants de la majorité, et qui, en
tout cas, a provoqué, nous avons pu nous
en rendre compte, un revirement subit
en faveur du gouvernement.
On a appris, à trois heures et demie, par
les dépêches affichées dans les couloirs,
que la paix était signée avec les Hovas.
M. Hubbard, rapporteur des crédits pour
Madagascar, a demandé aussitôt au mi-
nistre des affairée étrangères quelques ex-
plications sur ce fait important.
M. de Freycinet est alors monté à la
tribune et, au milieu d'un silence solen-
nel, a fait savoir au Parlement qu'un
traité de paix avait été signé entre les plé-
nipotentiaires français et les plénipoten-
tiaires hovas.
Le ministre des affaires étrangères a
ajouté qu'il pourrait en donner connais-
sance à la Chambre, mais sans en garantir
absolument les termes que le télégraphe
aura pu altérer.
Il a ensuite énuméré les différents avan-
tages obtenus par nous et il a ajouté :
« La Chambre sera sans doute unanime
pour reconnaître que le gouvernement, en
libellant ce projet de traité, s'est inspiré
des sentiments qu'elle avait manifestés
et a sauvegardé comme il convenait l'hon-
neur et les intérêts de la France. »
De tous les bancs républicains éclatent
des applaudissements enthousiastes; seule.
la Droite est muette ; quelques rires ironi-
ques partent de l'entourage de M. Cunéo,
mais un sévère rappel aux convenances de
M. de Freycinet suffit pour faire rentrer
les récalcitrants dans l'ordre.
M. le ministre des affaires étrangères
est revenu à son banc, au milieu d'une
véritable ovation.
Il était alors six heures ; M. Antonin Du-
bost s'élance à la tribune avec un volumi-
neux volume et sans nul doute avec un
discours non moins volumineux.
Une bordée de protestations a salué l'ap-
parition du député de l'Isère qui a jugé
bon de rebrousser chemin devant cette
unanimité de la Chambre !
I v Louis DESFORGBS.
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