Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-12-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 décembre 1885 20 décembre 1885
Description : 1885/12/20 (A15,N5096). 1885/12/20 (A15,N5096).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560820s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Quinzième amiée. — M' 509(5 Prix du numéro a Jfarls<16 centimes - l^parUJiiitîiits ; zu titmtlW Dimanche tu Décembre 1660
LE - SIV IÈ■■■ CL■■■I E■■■
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue Cad.e"t, 4L6I
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Et 15, Tichborne Street, (Cafô Monfco. 2d.)
NOUVELLES
PRIMES GRl fUITES
DU
XIXe SIÈCLE
A l'occasion du renouvelle-
ment de fin décembre, le plus
important de toute l'année, l'ad-
ministration du XIXe SIÈCLE
vient d'augmenter considérable-
ment le nombre et l'importance
des primes offertes à ses abon-
nés.
Nous donnons ci-dessous le
détail de ces primes.
Tout souscripteur nouveau qui
s'abonne pour UNE ANNÉE et tout
abonné ancien qui renouvelle pour
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à Paris, et de 15 francs à Londres.
Port et emballage : 3 francs.
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s'abonne pour SIX mois, et tout
abonné aneien qui renouvelle pour
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demande, à l'un des ouvrages sui-
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ORIGINES DU THÉATRE EN FRANCE
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Tout souscripteur nouveau qui
s'abonnera pour TROIS mois aura
droit à deux volumes de la collec-
tion Dentu, à choisir dans le ca-
talogue que nous publions à la fin
du journal.
NOTA. — Ceux de nos souscripteurs
dont l'abonnement est en cours n'ont
droit à ces primes qu'à la condition
denvoyer par anticipation le montant
de leur renouvellement.
Les frais de port doivent être ajoutés
au montant de l'abonnement.
MM. les Souscripteurs dont l'abonne-
ment expire le 31 décembre sont priés
de le renouveler avant le 29 courant, s'ils
ne veulent pas éprouver de retard dans
Venvoi du journal.
Bourse de Paris
PETITE BOURSE DU SOIR
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4 1/2 0/0 109 25.
Turc. 14 35, 33.
Rio Tinto 281 25, 282 50.
Extérieure 53 5/8.
Hongrois 8111/32,5/16,7/16.
SOMMAIRE
Élections du 27 décembre. — HENRI Fou-
QUIER.
Question du jour (Sommes-nous en déca-
dence?).— 4»
Journée de Paris — JACQUES RAFFEY.
Courrier de la Chambre. — Louis DESFORGES.
Courrier du Sénat. — A. LANDRIN.
Informations particulières.
Une lettre de M. Jules Pérry.
Nouvelles coloniales.
Petites Chroniques (le Bal d'hier). — HENRY
CROIXVBT.
Bulletin de l'étranger.
Informations.
Revue de la presse. — NAOHBTTa.
Bibliographie.
Courrier de la Bourse. — H. t. FAUO.
Faits divers. — JEAN VALU^RB.
Soirées parisiennes. — EMILE MIiINDJIL.
Courrier des théâtres. - GEORGES FJnDJlAU.
Le Roman d'un grand-duc.-COMTB AFANASI
ELECTIONS 1)127 MCiMIIIi
Voici l'appel adressé par l'Union de la
presse républicaine à la population de
Paris :
Citoyens,
La République traverse aujourd'hui une
crise nouvelle. La stabilité gouvernemen-
tale est menacée par les habitudes d'oppo-
sition systématique d'une partie de ses
défenseurs ; son prestige et ses intérêts
extérieurs sont compromis par une politi-
que sans prévoyance et sans fierté, qui
doit le plus clair de ses forces au concours
des réactionnaires.
Cette situation dictait aux journaux ré-
publicains leur devoir.
Au 18 octobre, en face des monarchistes
ligués dans tous les départements, ils ont
fait bon marché de leurs dissentiments.
Ils se retrouvent d'accord aujourd'hui
pour défendre les idées essentielles sur
lesquelles repose le gouvernement d'une
grande nation démocratique.
La politique qu'ils veulent, c'est, au
dedans, celle qui, substituant aux querel-
les de personnes la mise en œuvre des
réformes, travaille courageusement à faire
passer dans les lois tous les progrès sanc-
tionnés par l'opinion publique, et place
au premier rang de ces préoccupations
les intérêts solidaires du commerce, de
l'industrie et du travail.
La politique qu'ils veulent, c'est, au de-
hors, celle qui, soucieuse de la paix et mé-
nagère de nos ressources, n'est pas moins
ardemment éprise de l'honneur, de la force
et de la grandeur de la patrie ; c'est celle
qui ne renonce pas légèrement à des avan-
tages achetés au prix de l'or et du sang de
la France, et qui ne consent volontaire-
ment à aucune humiliation nationale.
Inspirés par ces idées supérieures à
toutes les dissidences de personnes et de
groupes, les journaux républicains ont fait
appel au patriotisme d'hommes déjà ho-
norés, à des titres divers, des suffrages de
leurs concitoyens, et ils vous proposent
les candidatures des citoyens :
DÉROULÈDE.
PAUL DEVÈS, ancien ministre, avocat
à la cour de Paris.
MUZET.
RANC, ancien député.
GREPPO, ancien député.
LEVEILLÉ, professeur de droit, ancien
président du conseil général de la Seine.
Nous avons voulu que cet appel fût
simple, court et énergique.
Il n'y a pas, à l'heure présente, à cher-
cher la perfection idéale et l'universa-
lité des solutions politiques et sociales
dans les programmes électoraux.
En face d'une situation difficile, d'un
danger éventuel que les républicains les
plus sages et les plus fermes ne nient
plus, nous devons chercher à-constituer
fortement un parti de gouvernement
dans le pays et dans la Chambre.
Paris est avec nous parce qu'il est
républicain comme nous le sommes.
Il est encore avec nous parce que,
convaincu de la nécessité d'étudier les
questions sociales et de résoudre celles
qui sont mûres, il n'est pas pour cela
socialiste, si on veut entendre par ce
mot l'adhésion aux doctrines des hom-
mes qui prétendent imposer leurs solu-
tions douteuses par la force.
Paris est également avec nous quand
nous défendons 'l'honneur du drapeau
et la tradition nationale. Il sait qu'une
honte subie, recherchée même par la
République, resterait sur elle à tout ja-
mais et lui serait reprochée par ceux-là
surtout qui paraissent la souhaiter au-
jourd'hui. La liste que nous avons faite
répond à ces préoccupations d'intérêt
politique et d honneur national. Nous
n'en avons pas eu d'autres. ,
HlNaY FgutfuiBiu
QUESTION DU JOUR
Sommes-nous en décadence?
Je ne sais si l'on a assez insisté sur le
contraste qui éclate entre l'hésitation
de la France à garder ses conquêtes et
la résolution avec laquelle les Anglais
viennent de mettre la main sur la Bir-
manie. Pendant qu'une puissante coali-
tion parlementaire nous menace d'une
reculade sans exemple dans l'histoire,
nos voisins, qui ont pourtant assez à
faire en Egypte et ailleurs, ont jugé le
moment favorable pour arrondir leur
empire des Indes et pour renverser un
de ces trônes asiatiques, depuis long-
temps vermoulus, qui n'attendent pour
s'écrouler qu'un coup bien porté.
Il est vrai que les Anglais ont rencon-
tré fort peu d'obstacles dans leur entre-
prise. Peut-être n'aurions-nous pas eu
beaucoup plus à faire si nous avions
dès le début frappé à la tête, si nous
avions chargé Rivière d'aller à Hué met-
tre la main sur le roi et ses mandarins
et d'organiser le protectorat français
comme en Tunisie, au lieu d'expédier
successivement des troupes au Tonkin.
Mais nos amis d'outre-Manche ont sur
nous un avantage : ils savent ce qu'ils
veulent et ils le disent, sans perdre
leur temps à chercher des détours. Ils
conduisent une conquête comme une
opération de guerre et non comme un
drame dont on retarde le dénouement
pour le préparer à loisir, afin que les
spectateurs l'acceptent sans protester.
Remarquons que les Anglais n'ont pas
fait difficulté de motiver l'invasion de la
Birmanie par les griefs d'une compa-
gnie commerciale. Ils estiment que la
puissance britannique peut être légiti-
mement employée à soutenir les inté-
rêts britanniques. Ils ne connaissent
pas la sotte pudeur de ceux de nos
hommes d'Etat qui s'indignent à la pen-
sée qu'un Français puisse profiter des
victoires françaises, ni la sotte fierté
des hommes de guerre qui, comme
certain ex-gouverneur de la Cochin-
chine, tiennent les marchands pour une
caste inférieure, dont les vœux ne doi-
vent jamais être écoutés. C'est une
compagnie de marchands qui a fondé
dans l'Inde l'empire le plus peuplé du
monde après la Chine, et les Anglais sa-
vent que l'esprit d'entreprise des parti-
culiers et des sociétés contribue beau-
coup plus à la prospérité nationale que
les règlements des bureaucrates ou les
déclamations des démagogues. Ils se
garderaient bien de proclamer à la face
du monde que tout homme qui veut
s'enrichir est un dangereux intrigant,
que tout pionnier qui va chercher for-
tune au loin mérite d'être d'abord
contrecarré et ensuite injurié. Si Col-
bert revenait au monde, l'amiral Du-
perré le traiterait de « mercanti » et M.
Pelletan le dénoncerait comme le pa-
tron des brasseurs d'affaires.
Il ne faut pas s'étonner, quand on voit
un pareil esprit régner dans les hautes
sphères de l'administration et de la po-
litique, que la France tienne sur ce
globe une place relativement décrois-
sante. Au dix-huitième siècle, nous dis-
putions à l'Angleterre le premier rang
parmi les puissances maritimes, com-
merciales et coloniales ; sans les sottises
et les faiblesses de Louis XV, nous l'au-
rions peut-être emporté sur nos rivaux.
Aujourd'hui, c'est un axiome pour beau-
coup de Français, qui se croient sans
doute patriotes, que nous sommes inca
pables de fonder une colonie, de gou-
verner une possession lointaine et de.
tirer le moindre parti de nos acquisi-
tions. On dit que les Anglais font bien
de prendre la Birmanie, puisqu'ils sau-
ront l'exploiter, et que nous aurions
tort de nous établir au Tonkin, puisque
nous laisserons les étrangers profiter de
nos dépenses et accaparer le marché ou-
vert par nos soldats.
Il serait temps d'en finir avec cette
rengaine agaçante. Le commerce de nos
colonies n'est pas monopolisé par les
étrangers. Ce qui leur donne parfois
l'avantage sur nos nationaux, c'est qu'ils
ont des consuls pour les protéger, tan-
dis que nos fonctionnaires s'appliquent
le plus souvent à décourager les Fran-
çais qui vont tenter la fortune au de-
hors. Si l'esprit d'entreprise est quelque
peu en décadence chez nous, ce n'est 1
pas que le manque de hardiesse soit un
défaut inhérent à notre race ; c'est que
nos gouvernements n'ont presque ja-
mais travaillé qu'à nous empêcher de
nous étendre. Relisons un peu notre
histoire. Nous avons implanté dans l'A-
mérique du Nord la population la plus
féconde et la plus résistante qui soit au
monde : les Canadiens français. Nous
avons créé à Saint-Domingue la colonie
la plus riche qui ait jamais existé. C'était
incontestablement, avant la Révolution
française, l'établissement le plus floris-
sant que des Européens eussent fondé
dans les pays chauds. Nous avons dé-
couvert et appliqué les premiers, dans
l'Inde, la méthode à suivre pour sou-
mettre à peu de frais et gouverner uti-
lement des nations asiatiques : les An-
glais reconnaissent volontiers ce qu'ils
doivent à l'exemple de Dupleix.
Faut-il admettre que nous soyons en
pleine décadence, que nous ne soyons
plus bons qu'à nous quereller entre
nous, qu'à exploiter de notre mieux no-
tre territoire * rétréci, et qu'à gagner
un peu d'argent en vendant du plaisir
aux étrangers qui viennent s'amuser
chez nous? Que M. Pelletan et ses ému-
les se résignent à cette démission; qu'ils
proclament, si cela leur plaît, notre im-
puissance définitive et irrémédiable,
notre infériorité invincible vis-à-vis de
tous les rivaux qui viendront nous faire
concurrence même dans nos posses-
sions. Tout le monde en France n'ac-
cepte pas sans réplique et sans appel
un arrêt si dur. Tout le monde n'admet
pas que nous soyons incapables de gou-
verner quinze millions d'Asiatiques,
quand les Anglais en gouvernent deux
cent cinquante millions à côté de nous,
et qu'il nous faille plus de soldats pour
faire la police du Tonkin qu'ils n'en ont
pour garder tout l'Hindoustan.
Certes il y a eu des fautes commi-
ses. et tout le monde le reconnaît. Il
n'en est point d'ailleurs que la presse
n'ait signalée à temps ; il n'en est guère
qui n'aient été inspiréos par la crainte
de donner prise à la rhétorique de cette
opposition qui exploite aujourd'hui tou-
tes les erreurs de nos gouvernants pour
battre en brèche la République et ré-
clamer une reculade. Mais jamais, jus-
qu'à M. Pelletan, on n'avait enteadu
un rapporteur parlementaire, organe of-
ficiel quoique provisoire d'une Assem-
blée française, affirmer aussi énergi-
quement que nous sommes un peuple
fini, sans énergie et sans ressort.
Ce sera peut-être vrai si nous nous
laissons aller à le croire.
*
On songe déjà aux ordres du jour
qui pourront être présentés à la suite
de la discussion sur le Tonkin, commen-
çant demain.
Il y aura l'ordre du jour de confiance,
l'ordre du jour de défiance et l'ordre
du jour de confiance conditionnelle.
C'est à la rédaction de celui-ci que
travaillent déjà les députés trop habiles
qui veulent rester possibles comme mi-
nistres ou hommes de gouvernement et,
en même temps, flatter l'Extrême-Gau-
che et certains groupes d'électeurs plus
bruyants que nombreux.
Il va de soi que nous comptons sur
l'honnêteté du ministère pour n'accep-
ter qu'un ordre du jour sans équivoque.
Cette discussion sur le Tonkin, com-
plète, loyale, sans réticence, en pleine
lumière, voilà des mois que nous l'at-
tendons et que nous la réclamons. En-
fin on s'expliquera en liberté ; enfin on
verra ce qu'il y a au fond de la conduite
du général Campenon ; enfin on déchi-
rera les voiles mal à propos jetés sur la
vérité 1
Cette discussion est admirablement
préparée par le rapport de M. Camille
Pelletan.
Nous avons donné déjà l'essentiel de
ce rapport, habile en certaines parties,
soigné de style, venimeux d'intentions,
et si long que, l'encre manquant au rap-
porteur, il a trempé sa plume dans la
bile et le fiel. Il n'y a pas à commenter
cette œuvre. La lettre de M. J. Ferry
dit assez de quelle façon la vérité y
est traitée. C'est la besogne d'un polé-
miste de mauvaise foi, et non celle d'un
citoyen et d'un représentant du pays
comprenant la responsabilité qui lui in-
combe. Le talent n'y fait pas défaut,
mais ce n'est pas le talent si honnête et
si noble de Pelletan le père ! C'est une
autre façon, qui nous amuse, comme di-
lettanti, dans les journaux, et qui nous
étonne et nous afflige à la tribune fran-
çaise.
Ce qui manque surtout au rapport de
M. Camille Pelletan, c'est la crânerie.
il est, pour employer. un mot qui fait
songer à Molière, un « évacuateur »
timide, presque honteux. Il recule de-
vant ses conclusions. Serait-ce une con-
cession faite à M. Clémenceau ?
On raconte même que celui-ci, qui
touche au pouvoir, trouve son rédacteur
en chef fort compromettant et on ajoute
en souriant, dans les couloirs, que M.
C. Pelletan, qui, pour maintes raisons,
n'est pas du Dois dont on fait les minis-
tres, n'est pas fâché de retarder l'heure
où, M. Clémenceau étant ministre, la
Justice ne sera plus qu'un simple jour-
nal d'officieux tenus à accorder les fa-
veurs gouvernementales que certains
de ses candidats ont promises avec
largesse !
H. F.
lA JOURNEE DE PARIS
L'AFFAIRE MERCIER-HÉBERT. - On
sait quels incidents se sont produits au
Gagne-Petit, depuis quelque temps déjà.
M. Mercier, fondateur de ce journal, ayant
manifesté l'intention d'en prendre la direction
enjolive à côté du rédacteur en chef, M. Lié-
bert, celui-ci s'y opposa de toutes ses forces.
Le tribunal fut saisi du différend.
M. Liébert se plaignait notamment que M.
Mercier, profitant de son absence, eût fait
procéder au déménagement de tous les
meubles, livres et papiers à son usage et
qu'il les eût fait transporter dans une autre
pièce en même temps qu'il ordonnait de pein-
dre sur la porte du cabinet précédemment oc-
cupé par le rédacteur en chef le mot « di-
rection ».
M. liébert assigna donc M. Mercier devant
le tribunal civil pour lui faire faire dérense de
prendre le titre de directeur du journal le
Gagne-Petit et l'obliger à faire enlever l'ins-
cription mise par lui sur la porte du cabinet
en question.
M. Liébert demandait en outre à rester en
possession du cabinet qu'il avait toujours
occupé.
Le 12 août dernier intervint un jugement
par défaut qui donna tort à M. Mercier.
M. Mercier forma opposition à ce jugement
et déclina la compétence du tribunal civil en
prétendant qu'il s'agissait, entre M. Liébert et
lui, de contestations à raison d'une entre-
prise commerciale.
M. Liébcrt, do son côté, soutenait qu'il n'avait
pas fait d'acte de commerce en prenant la ré-
daction d'un journal à l'administration du-
quel il est resté complètement étranger. Le
contrat qui la lie à M. Mercier est, préten-
dait-il, un contrat purement civil et le tribu-
nal civil est compétent pour connaître des
difficultés qui divisent les parties en cause.
Le jugement rendu vendredi intéresse tous
les journalistes. Le voici en entier :
Le tribunal,
En la forme, reçoit Mercier opposant au ju-
gement du i2 août 1885, et statuant sur l'ex-
ception d'incompétence par lui proposée ;
Attendu que le concours apporté par Lié-
bert en qualité de rédacteur en chef du jour-
nal le Gagne-Petit consiste principalement
dans une collaboration personnelle à la ré-
daction du journal, dans le contrôle qu'il
exerce sur les articles des autres rédacteurs
et dans la direction générale qu'il imprimo' à
la ligne politique du journal ;
Attendu que ce concours, œuvre de sa
plume et de son intelligence, prêté moyen-
nant une rétribution déterminée, ne consti-
tue de sa part qu'un louage d'industrie et non
un acte de commerce ;
Qu'il importe peu que la rétribution qui lui est
assurée, tlxée à un chiffre minimum de 24,000
francs par an, puisse s'élever avec le tirage
du journal ; que cet avantage n'établit entre
lui et l'administration du Gagne-Petit ni une
participation ni une association qui soient de
nature à modifier le caractère essentiellement
civil du contrat ;
Attendu qu'il n'importe davantage que Lié-
bert se soit réservé le droit de choisir ses ré-
dactours et de fixer leurs appointements ;
Que cotte clause, qui a pour objet de main-
tenir son autorité sur des collaborateurs dont
il est responsable, limite en même temps l'é-
tendue des engagements qu'il peut imposer
de ce chef à l'administration du journal et
réserve à cette dernière le soin exclusif de les
payer ;
Qu'ainsi, et encore sur'ce point, les fonc-
tions de Liébert se trouvent complètement
distinctes et séparées de celles relatives à
l'exploitation et à l'administration du journal ;
Qu'elles n'ont aucun rapport avec ces der-
nières, ne lui permettent aucune ingérence
dans la partie commerciale de l'entreprise et
ne sauraient, par suite, être assimilées à cel-
les de commis ou do facteur, dans le sens de
l'article 634 du Code de commerce ;
Par ces motifs :
Dit Mercier purement et simplement mal
fondé en ses conclusions à fin d'incompé-
tence ;
Se déclare compétent, retient la cause et
renvoie les parties à trois semaines pour être
plaidé au fond ;
Condamne Mercier aux dépens de l'incident.
Mais ce jugement rendu, vendredi soir, avait
été précédé d'un événement tout à fait im-
prévu.
Par acte extra-judiciaire, M. Mercier avait
signifié à M. Liébert l'ordre de vider les lieux,
et le rédacteur en chef, tout en protestant, s'y
était résigné, en obtenant toutefois d'insé-
rer la note suivante dans le numéro d'hier :
A la suite d'un grave désaccord qui s'est
élevé entre M. Paul Mercier, propriétaire du
journal, et moi, — désaccord relatif à l'inter-
prétation du traité qui nous lie et que les tri-
bunaux jugeront, car ils en sont saisis, — je
me trouve matériellement contraint d'aban-
donner aujourd'hui même les fonctions de
rédacteur en chef et de gérant politique du
Gagne-Petit.
Je ne le ferai point sans remercier d'abord
ici les collaborateurs dévoués qui ont bien
voulu s'adjoindre à moi quand j'ai organisé la
rédaction du Gagne-Petit, et qui, depuis lors,
ont mis au service du journal tant de talent
et tant de zèle.
Je dois aussi de chauds remerciements aux
nombreux lecteurs qui m'ont honoré de leur
estime et soutenu de leur bienveillance. Je
les prie de vouloir bien accepter l'expression
de ma gratitude.
Euo. LIÉnERT.
Paris, 18 décembre 1885.
Il y aura donc procès. On connaît les griefs
de M. Liébert; voici d'autre part les raisons
invoquées par M. Mercier. Le rédacteur en
chef du Gagne-Petil aurait, lors de la fonda-
tion du journal, imposé à M. Mercier un traité
d'après lequel ils étaient liés l'un à l'autre
pour dix années, et en tout cas jusqu'à ce que
le capital fixé, fort élevé, cinq cent mille francs,
fût entièrement absorbé.
M. Liébert comptait évidemment que le
succès viendrait avant cette échéance et que
des rentrées suffisantes reculeraient indéfini-
ment la date où la clause de séparation pour-
rait être invoquée.
M. Mercier soutient que le capital en ques-
tion est épuisé, et c'est là-dessus qu'il fonde
son action.
La rédaction qui avait suivi M. Liébert au
Gagne-Petit, dont la fondation était résolue
dès l'année dernière, ne s'est point faite soli-
daire de son rédacteur en chef. Elle demeure
au journal si, comme il semblerait résulter
des incidents que je viens de raconter, un nou-
veau capital constitué lui permet de continuer
à paraître.
m.
♦ *
M. PESSARD ET LE NATIONAL. — Plu-
sieurs journaux ont annoncé hier que M. Pes-
sard avait donné ou devait donner sa démis-
sion de directeur du National.
Le Temps a démenti cette nouvelle, dont le
National lui-même n'a pas dit un mot.
Il faut donc la tenir au moins, en tout état
de cause, pour prématurée.
m
* *
SUR LE BOULEVARD. — Depuis quel-
ques jours on crie, sur le boulevard, deux
nouveaux canards dont l'un, intitulé la Cra-
vache, parait avoir été créé pour taquiner la
direction de l'Opéra. C'est peu grave.
Le second, l'Attaque, est « orné » d'un des-
sin représentant M. Grévy avec une femme
nue, soi-disant une république, sur (ses ge-
noux. Cela est inepte et profondément répu-
gnant.
J'espère qu'il n'y aura qu'une opinion là-
dessus, et que le préfet de police recevra
force compliments s'il jette cette boue à
l'égout.
*- 4'>
LE DISCOURS DE M. GOBLET. — De-
puis hier «brille» surles murs de Paris le dis-
cours que M. Goblet, ministre de l'instruction
publique et des cultes, a prononcé mardi der-
nier à la Chambre des députés, en réponse à
l'interpellation de M. de Baudry-d'Asson sur
la suspension de traitement de curés et de
desservants.
*
LE BAL DU TRIBUNAL DE COMMERCE.
— M. Grévy n'a pas assisté à la première fête
du Commerce. Dans la journée d'hier, M.
Alphand avait reçu lu lettre suivante du pré-
sident de la République :
« Monsieur le président,
» Je ne pourrai me rendre ce soir au bal du
tribunal de commerce.
» Je vous prie d'agréer mes excuses et mes
regrets ainsi que la sympathique expression
de ma haute considération.
» Signé : JULES GRÉVY. »
Une heure du matin - - Foule considérable:
2,500 personnes au moins. La circulation est
devenue impossible dans les galeries du pre-
mier étage. La grande salle du rez-de-
chaussée offre un aspect des plus curieux,
éclairée par des milliers de bougies d'une
centaine de lustres et par une trentaine de
foyers de lumière électrique.
On est arrivé à des effets de décoration et
d'arrangement des plus heureux, comme on
n'en avait pas encore vu : partout des fleurs,
provenant des serres de la ville; des tapisse-
ries magnifiques ornent tous les murs.
Nous remarquons : le préfet de la Seine,
MM. Dautresme, Herbette, Turquet, TaïebBey,
Detaille, Gervex, Clairin, Mmes Potocka, Gau-
thereau, Dautresme, tout le haut commerce ;
MM.Halphen, Hayem, Bernheim jeune, etc. ,e te.
Des mesures de police extraordinaires
avaient été prises ; dès dix heures la circula-
tion avait été suspendue dans toutes les rues
adjacentes; les omnibus et les tramways du
boulevard Sébastopol avaient interrompu
leur service dès dix heures.
«
* *
A VIS. - Le public pourra visiter aujour-
d'hui dimanche le palais du tribunal de com-
merce, tel qu'il était décoré pour le bal.
Prix d'entrée par personne : 50 centimes.
Ouverture des portes à midi. Fermeture des
portes à quatre heures.
Le produit des entrées sera exclusivement
réservé aux pauvres de Paris.
JACQUES RAFFEY.
-———————.
Nous n'avons pas voulu encombrer le
journal des nombreuses protestations rédi-
gées contre l'évacuation du Tonkin par les
chambres de commerce, syndicats, comités
ou cercles républicains.
Mais nous devons signaler particulière-
ment la protestation des filateurs et des
manufacturiers de l'Est réunis à Remire-
mont.
Le double point de vue patriotique et
industriel auquel se placent les protesta-
taires donnera peut-être à réfléchir aux
hommes qui ne craignent pas de faire
intervenir l'opinion de nos départements
frontières dans la discussion.
H. F.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Samedi, 19 décembre.
M. Anatole de La Forge occupe aujour-
d'hui le fauteuil présidentiel. M. Floquet
le lui a cédé pour prendre, avant la ba-
taille de lundi, un petit air de couloir. Le
président de la Chambre a voulu évidem-
ment s'assurer par lui-même des vérita-
bles dispositions d'esprit de ses collègues
pour le grand débat qui doit s'ouvrir sur
le Tonkin. C'est pour ces motifs que nous
rencontrons M. Floquet en simple redin-
gote, s'entretenant familièrement avec les
députés, les questionnant sur leurs in-
tentions, s'informant de la tournure que
devra prendre la discussion après-demain.
Simples mesures de précautions qu'on
ne saurait trop approuver chez un prési-
dent.
Pendant ce temps, M. de La Forge ouvre
la séance en faisant part à la Chambre du
décès de M. Lorois, député du Morbihan,
qui avait su conquérir l'estime de la
Chambre par sa courtoisie, sa loyauté et
par la fidélité à ses convictions.
M. Anatole de La Forge a rendu hom-
mage à un adversaire et tout le monde
a applaudi.
Nous passerons rapidement sur la ques-
tion que M. Paily adresse au ministre des
cultes, au sujet de l'église Saint-Martin, de
Marseille.
Les catholiques marseillais ont fait
dernièrement plusieurs manifestations
bruyantes à propos de la désaffectation
d'un vieil édifice religieux, désaffectation
rendue nécessaire pour le percement d'un
grand boulevard.
Le conseil municipal de Marseille a ce-
pendant accordé des indemnités, un ter-
rain, la construction d'une église provi-
soire : la question n'a pas fait un pas de
plus.
M. Goblet a répondu à M. Pally que l'af-
faire recevrait très promptement une so-
lution.
s
* «
La Chambre a continué ensuite la véri-
fication des pouvoirs. Les élections de la
Vendée ont été validées; celles des Lan-
des n'ont pas eu ce bonheur ; elles ont été
impitoyablement annulées.
Les Landes ont envoyé à la Chambre un
représentant militant et quelque peu
bruyant, M. Lambert de Sainte-Croix.
Nous n'étonnerons personne en disant
que M. Lambert de Sainte-Croix , qui est
sur le gril depuis un mois , trouve mau-
vais qu'on ait songé un seul instant à in-
valider son élection.
Aussi fallait-il voir avec quelle ardeur il
défendait sa cause et celle de ses
A l'entendre, tout se serait passé dans les
Landes de la façon la plus correcte et la
plus normale.
Dans tout ce qu'on lui reproche, il n'y
a pas de quoi fouetter un chat.
Ce n'est pas le clergé qui est coupable;
LE - SIV IÈ■■■ CL■■■I E■■■
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, rue Cad.e"t, 4L6I
Les Manuscrits non insérés ne. seront pas rendut
ABONNEMENTS
DEPARTEMENTS
Trois mois 10 "K
S::: mois. 32 »»
Un an. 02 U"
PARIS
Trois mois «3 »»
Six mois. 29 »»
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XIXe SIÈCLE
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ment de fin décembre, le plus
important de toute l'année, l'ad-
ministration du XIXe SIÈCLE
vient d'augmenter considérable-
ment le nombre et l'importance
des primes offertes à ses abon-
nés.
Nous donnons ci-dessous le
détail de ces primes.
Tout souscripteur nouveau qui
s'abonne pour UNE ANNÉE et tout
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mées sur papier de luxe et richement re-
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à Paris, et de 15 francs à Londres.
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Tout souscripteur nouveau qui
s'abonnera pour TROIS mois aura
droit à deux volumes de la collec-
tion Dentu, à choisir dans le ca-
talogue que nous publions à la fin
du journal.
NOTA. — Ceux de nos souscripteurs
dont l'abonnement est en cours n'ont
droit à ces primes qu'à la condition
denvoyer par anticipation le montant
de leur renouvellement.
Les frais de port doivent être ajoutés
au montant de l'abonnement.
MM. les Souscripteurs dont l'abonne-
ment expire le 31 décembre sont priés
de le renouveler avant le 29 courant, s'ils
ne veulent pas éprouver de retard dans
Venvoi du journal.
Bourse de Paris
PETITE BOURSE DU SOIR
3 0/0 80 26, 23.
4 1/2 0/0 109 25.
Turc. 14 35, 33.
Rio Tinto 281 25, 282 50.
Extérieure 53 5/8.
Hongrois 8111/32,5/16,7/16.
SOMMAIRE
Élections du 27 décembre. — HENRI Fou-
QUIER.
Question du jour (Sommes-nous en déca-
dence?).— 4»
Journée de Paris — JACQUES RAFFEY.
Courrier de la Chambre. — Louis DESFORGES.
Courrier du Sénat. — A. LANDRIN.
Informations particulières.
Une lettre de M. Jules Pérry.
Nouvelles coloniales.
Petites Chroniques (le Bal d'hier). — HENRY
CROIXVBT.
Bulletin de l'étranger.
Informations.
Revue de la presse. — NAOHBTTa.
Bibliographie.
Courrier de la Bourse. — H. t. FAUO.
Faits divers. — JEAN VALU^RB.
Soirées parisiennes. — EMILE MIiINDJIL.
Courrier des théâtres. - GEORGES FJnDJlAU.
Le Roman d'un grand-duc.-COMTB AFANASI
ELECTIONS 1)127 MCiMIIIi
Voici l'appel adressé par l'Union de la
presse républicaine à la population de
Paris :
Citoyens,
La République traverse aujourd'hui une
crise nouvelle. La stabilité gouvernemen-
tale est menacée par les habitudes d'oppo-
sition systématique d'une partie de ses
défenseurs ; son prestige et ses intérêts
extérieurs sont compromis par une politi-
que sans prévoyance et sans fierté, qui
doit le plus clair de ses forces au concours
des réactionnaires.
Cette situation dictait aux journaux ré-
publicains leur devoir.
Au 18 octobre, en face des monarchistes
ligués dans tous les départements, ils ont
fait bon marché de leurs dissentiments.
Ils se retrouvent d'accord aujourd'hui
pour défendre les idées essentielles sur
lesquelles repose le gouvernement d'une
grande nation démocratique.
La politique qu'ils veulent, c'est, au
dedans, celle qui, substituant aux querel-
les de personnes la mise en œuvre des
réformes, travaille courageusement à faire
passer dans les lois tous les progrès sanc-
tionnés par l'opinion publique, et place
au premier rang de ces préoccupations
les intérêts solidaires du commerce, de
l'industrie et du travail.
La politique qu'ils veulent, c'est, au de-
hors, celle qui, soucieuse de la paix et mé-
nagère de nos ressources, n'est pas moins
ardemment éprise de l'honneur, de la force
et de la grandeur de la patrie ; c'est celle
qui ne renonce pas légèrement à des avan-
tages achetés au prix de l'or et du sang de
la France, et qui ne consent volontaire-
ment à aucune humiliation nationale.
Inspirés par ces idées supérieures à
toutes les dissidences de personnes et de
groupes, les journaux républicains ont fait
appel au patriotisme d'hommes déjà ho-
norés, à des titres divers, des suffrages de
leurs concitoyens, et ils vous proposent
les candidatures des citoyens :
DÉROULÈDE.
PAUL DEVÈS, ancien ministre, avocat
à la cour de Paris.
MUZET.
RANC, ancien député.
GREPPO, ancien député.
LEVEILLÉ, professeur de droit, ancien
président du conseil général de la Seine.
Nous avons voulu que cet appel fût
simple, court et énergique.
Il n'y a pas, à l'heure présente, à cher-
cher la perfection idéale et l'universa-
lité des solutions politiques et sociales
dans les programmes électoraux.
En face d'une situation difficile, d'un
danger éventuel que les républicains les
plus sages et les plus fermes ne nient
plus, nous devons chercher à-constituer
fortement un parti de gouvernement
dans le pays et dans la Chambre.
Paris est avec nous parce qu'il est
républicain comme nous le sommes.
Il est encore avec nous parce que,
convaincu de la nécessité d'étudier les
questions sociales et de résoudre celles
qui sont mûres, il n'est pas pour cela
socialiste, si on veut entendre par ce
mot l'adhésion aux doctrines des hom-
mes qui prétendent imposer leurs solu-
tions douteuses par la force.
Paris est également avec nous quand
nous défendons 'l'honneur du drapeau
et la tradition nationale. Il sait qu'une
honte subie, recherchée même par la
République, resterait sur elle à tout ja-
mais et lui serait reprochée par ceux-là
surtout qui paraissent la souhaiter au-
jourd'hui. La liste que nous avons faite
répond à ces préoccupations d'intérêt
politique et d honneur national. Nous
n'en avons pas eu d'autres. ,
HlNaY FgutfuiBiu
QUESTION DU JOUR
Sommes-nous en décadence?
Je ne sais si l'on a assez insisté sur le
contraste qui éclate entre l'hésitation
de la France à garder ses conquêtes et
la résolution avec laquelle les Anglais
viennent de mettre la main sur la Bir-
manie. Pendant qu'une puissante coali-
tion parlementaire nous menace d'une
reculade sans exemple dans l'histoire,
nos voisins, qui ont pourtant assez à
faire en Egypte et ailleurs, ont jugé le
moment favorable pour arrondir leur
empire des Indes et pour renverser un
de ces trônes asiatiques, depuis long-
temps vermoulus, qui n'attendent pour
s'écrouler qu'un coup bien porté.
Il est vrai que les Anglais ont rencon-
tré fort peu d'obstacles dans leur entre-
prise. Peut-être n'aurions-nous pas eu
beaucoup plus à faire si nous avions
dès le début frappé à la tête, si nous
avions chargé Rivière d'aller à Hué met-
tre la main sur le roi et ses mandarins
et d'organiser le protectorat français
comme en Tunisie, au lieu d'expédier
successivement des troupes au Tonkin.
Mais nos amis d'outre-Manche ont sur
nous un avantage : ils savent ce qu'ils
veulent et ils le disent, sans perdre
leur temps à chercher des détours. Ils
conduisent une conquête comme une
opération de guerre et non comme un
drame dont on retarde le dénouement
pour le préparer à loisir, afin que les
spectateurs l'acceptent sans protester.
Remarquons que les Anglais n'ont pas
fait difficulté de motiver l'invasion de la
Birmanie par les griefs d'une compa-
gnie commerciale. Ils estiment que la
puissance britannique peut être légiti-
mement employée à soutenir les inté-
rêts britanniques. Ils ne connaissent
pas la sotte pudeur de ceux de nos
hommes d'Etat qui s'indignent à la pen-
sée qu'un Français puisse profiter des
victoires françaises, ni la sotte fierté
des hommes de guerre qui, comme
certain ex-gouverneur de la Cochin-
chine, tiennent les marchands pour une
caste inférieure, dont les vœux ne doi-
vent jamais être écoutés. C'est une
compagnie de marchands qui a fondé
dans l'Inde l'empire le plus peuplé du
monde après la Chine, et les Anglais sa-
vent que l'esprit d'entreprise des parti-
culiers et des sociétés contribue beau-
coup plus à la prospérité nationale que
les règlements des bureaucrates ou les
déclamations des démagogues. Ils se
garderaient bien de proclamer à la face
du monde que tout homme qui veut
s'enrichir est un dangereux intrigant,
que tout pionnier qui va chercher for-
tune au loin mérite d'être d'abord
contrecarré et ensuite injurié. Si Col-
bert revenait au monde, l'amiral Du-
perré le traiterait de « mercanti » et M.
Pelletan le dénoncerait comme le pa-
tron des brasseurs d'affaires.
Il ne faut pas s'étonner, quand on voit
un pareil esprit régner dans les hautes
sphères de l'administration et de la po-
litique, que la France tienne sur ce
globe une place relativement décrois-
sante. Au dix-huitième siècle, nous dis-
putions à l'Angleterre le premier rang
parmi les puissances maritimes, com-
merciales et coloniales ; sans les sottises
et les faiblesses de Louis XV, nous l'au-
rions peut-être emporté sur nos rivaux.
Aujourd'hui, c'est un axiome pour beau-
coup de Français, qui se croient sans
doute patriotes, que nous sommes inca
pables de fonder une colonie, de gou-
verner une possession lointaine et de.
tirer le moindre parti de nos acquisi-
tions. On dit que les Anglais font bien
de prendre la Birmanie, puisqu'ils sau-
ront l'exploiter, et que nous aurions
tort de nous établir au Tonkin, puisque
nous laisserons les étrangers profiter de
nos dépenses et accaparer le marché ou-
vert par nos soldats.
Il serait temps d'en finir avec cette
rengaine agaçante. Le commerce de nos
colonies n'est pas monopolisé par les
étrangers. Ce qui leur donne parfois
l'avantage sur nos nationaux, c'est qu'ils
ont des consuls pour les protéger, tan-
dis que nos fonctionnaires s'appliquent
le plus souvent à décourager les Fran-
çais qui vont tenter la fortune au de-
hors. Si l'esprit d'entreprise est quelque
peu en décadence chez nous, ce n'est 1
pas que le manque de hardiesse soit un
défaut inhérent à notre race ; c'est que
nos gouvernements n'ont presque ja-
mais travaillé qu'à nous empêcher de
nous étendre. Relisons un peu notre
histoire. Nous avons implanté dans l'A-
mérique du Nord la population la plus
féconde et la plus résistante qui soit au
monde : les Canadiens français. Nous
avons créé à Saint-Domingue la colonie
la plus riche qui ait jamais existé. C'était
incontestablement, avant la Révolution
française, l'établissement le plus floris-
sant que des Européens eussent fondé
dans les pays chauds. Nous avons dé-
couvert et appliqué les premiers, dans
l'Inde, la méthode à suivre pour sou-
mettre à peu de frais et gouverner uti-
lement des nations asiatiques : les An-
glais reconnaissent volontiers ce qu'ils
doivent à l'exemple de Dupleix.
Faut-il admettre que nous soyons en
pleine décadence, que nous ne soyons
plus bons qu'à nous quereller entre
nous, qu'à exploiter de notre mieux no-
tre territoire * rétréci, et qu'à gagner
un peu d'argent en vendant du plaisir
aux étrangers qui viennent s'amuser
chez nous? Que M. Pelletan et ses ému-
les se résignent à cette démission; qu'ils
proclament, si cela leur plaît, notre im-
puissance définitive et irrémédiable,
notre infériorité invincible vis-à-vis de
tous les rivaux qui viendront nous faire
concurrence même dans nos posses-
sions. Tout le monde en France n'ac-
cepte pas sans réplique et sans appel
un arrêt si dur. Tout le monde n'admet
pas que nous soyons incapables de gou-
verner quinze millions d'Asiatiques,
quand les Anglais en gouvernent deux
cent cinquante millions à côté de nous,
et qu'il nous faille plus de soldats pour
faire la police du Tonkin qu'ils n'en ont
pour garder tout l'Hindoustan.
Certes il y a eu des fautes commi-
ses. et tout le monde le reconnaît. Il
n'en est point d'ailleurs que la presse
n'ait signalée à temps ; il n'en est guère
qui n'aient été inspiréos par la crainte
de donner prise à la rhétorique de cette
opposition qui exploite aujourd'hui tou-
tes les erreurs de nos gouvernants pour
battre en brèche la République et ré-
clamer une reculade. Mais jamais, jus-
qu'à M. Pelletan, on n'avait enteadu
un rapporteur parlementaire, organe of-
ficiel quoique provisoire d'une Assem-
blée française, affirmer aussi énergi-
quement que nous sommes un peuple
fini, sans énergie et sans ressort.
Ce sera peut-être vrai si nous nous
laissons aller à le croire.
*
On songe déjà aux ordres du jour
qui pourront être présentés à la suite
de la discussion sur le Tonkin, commen-
çant demain.
Il y aura l'ordre du jour de confiance,
l'ordre du jour de défiance et l'ordre
du jour de confiance conditionnelle.
C'est à la rédaction de celui-ci que
travaillent déjà les députés trop habiles
qui veulent rester possibles comme mi-
nistres ou hommes de gouvernement et,
en même temps, flatter l'Extrême-Gau-
che et certains groupes d'électeurs plus
bruyants que nombreux.
Il va de soi que nous comptons sur
l'honnêteté du ministère pour n'accep-
ter qu'un ordre du jour sans équivoque.
Cette discussion sur le Tonkin, com-
plète, loyale, sans réticence, en pleine
lumière, voilà des mois que nous l'at-
tendons et que nous la réclamons. En-
fin on s'expliquera en liberté ; enfin on
verra ce qu'il y a au fond de la conduite
du général Campenon ; enfin on déchi-
rera les voiles mal à propos jetés sur la
vérité 1
Cette discussion est admirablement
préparée par le rapport de M. Camille
Pelletan.
Nous avons donné déjà l'essentiel de
ce rapport, habile en certaines parties,
soigné de style, venimeux d'intentions,
et si long que, l'encre manquant au rap-
porteur, il a trempé sa plume dans la
bile et le fiel. Il n'y a pas à commenter
cette œuvre. La lettre de M. J. Ferry
dit assez de quelle façon la vérité y
est traitée. C'est la besogne d'un polé-
miste de mauvaise foi, et non celle d'un
citoyen et d'un représentant du pays
comprenant la responsabilité qui lui in-
combe. Le talent n'y fait pas défaut,
mais ce n'est pas le talent si honnête et
si noble de Pelletan le père ! C'est une
autre façon, qui nous amuse, comme di-
lettanti, dans les journaux, et qui nous
étonne et nous afflige à la tribune fran-
çaise.
Ce qui manque surtout au rapport de
M. Camille Pelletan, c'est la crânerie.
il est, pour employer. un mot qui fait
songer à Molière, un « évacuateur »
timide, presque honteux. Il recule de-
vant ses conclusions. Serait-ce une con-
cession faite à M. Clémenceau ?
On raconte même que celui-ci, qui
touche au pouvoir, trouve son rédacteur
en chef fort compromettant et on ajoute
en souriant, dans les couloirs, que M.
C. Pelletan, qui, pour maintes raisons,
n'est pas du Dois dont on fait les minis-
tres, n'est pas fâché de retarder l'heure
où, M. Clémenceau étant ministre, la
Justice ne sera plus qu'un simple jour-
nal d'officieux tenus à accorder les fa-
veurs gouvernementales que certains
de ses candidats ont promises avec
largesse !
H. F.
lA JOURNEE DE PARIS
L'AFFAIRE MERCIER-HÉBERT. - On
sait quels incidents se sont produits au
Gagne-Petit, depuis quelque temps déjà.
M. Mercier, fondateur de ce journal, ayant
manifesté l'intention d'en prendre la direction
enjolive à côté du rédacteur en chef, M. Lié-
bert, celui-ci s'y opposa de toutes ses forces.
Le tribunal fut saisi du différend.
M. Liébert se plaignait notamment que M.
Mercier, profitant de son absence, eût fait
procéder au déménagement de tous les
meubles, livres et papiers à son usage et
qu'il les eût fait transporter dans une autre
pièce en même temps qu'il ordonnait de pein-
dre sur la porte du cabinet précédemment oc-
cupé par le rédacteur en chef le mot « di-
rection ».
M. liébert assigna donc M. Mercier devant
le tribunal civil pour lui faire faire dérense de
prendre le titre de directeur du journal le
Gagne-Petit et l'obliger à faire enlever l'ins-
cription mise par lui sur la porte du cabinet
en question.
M. Liébert demandait en outre à rester en
possession du cabinet qu'il avait toujours
occupé.
Le 12 août dernier intervint un jugement
par défaut qui donna tort à M. Mercier.
M. Mercier forma opposition à ce jugement
et déclina la compétence du tribunal civil en
prétendant qu'il s'agissait, entre M. Liébert et
lui, de contestations à raison d'une entre-
prise commerciale.
M. Liébcrt, do son côté, soutenait qu'il n'avait
pas fait d'acte de commerce en prenant la ré-
daction d'un journal à l'administration du-
quel il est resté complètement étranger. Le
contrat qui la lie à M. Mercier est, préten-
dait-il, un contrat purement civil et le tribu-
nal civil est compétent pour connaître des
difficultés qui divisent les parties en cause.
Le jugement rendu vendredi intéresse tous
les journalistes. Le voici en entier :
Le tribunal,
En la forme, reçoit Mercier opposant au ju-
gement du i2 août 1885, et statuant sur l'ex-
ception d'incompétence par lui proposée ;
Attendu que le concours apporté par Lié-
bert en qualité de rédacteur en chef du jour-
nal le Gagne-Petit consiste principalement
dans une collaboration personnelle à la ré-
daction du journal, dans le contrôle qu'il
exerce sur les articles des autres rédacteurs
et dans la direction générale qu'il imprimo' à
la ligne politique du journal ;
Attendu que ce concours, œuvre de sa
plume et de son intelligence, prêté moyen-
nant une rétribution déterminée, ne consti-
tue de sa part qu'un louage d'industrie et non
un acte de commerce ;
Qu'il importe peu que la rétribution qui lui est
assurée, tlxée à un chiffre minimum de 24,000
francs par an, puisse s'élever avec le tirage
du journal ; que cet avantage n'établit entre
lui et l'administration du Gagne-Petit ni une
participation ni une association qui soient de
nature à modifier le caractère essentiellement
civil du contrat ;
Attendu qu'il n'importe davantage que Lié-
bert se soit réservé le droit de choisir ses ré-
dactours et de fixer leurs appointements ;
Que cotte clause, qui a pour objet de main-
tenir son autorité sur des collaborateurs dont
il est responsable, limite en même temps l'é-
tendue des engagements qu'il peut imposer
de ce chef à l'administration du journal et
réserve à cette dernière le soin exclusif de les
payer ;
Qu'ainsi, et encore sur'ce point, les fonc-
tions de Liébert se trouvent complètement
distinctes et séparées de celles relatives à
l'exploitation et à l'administration du journal ;
Qu'elles n'ont aucun rapport avec ces der-
nières, ne lui permettent aucune ingérence
dans la partie commerciale de l'entreprise et
ne sauraient, par suite, être assimilées à cel-
les de commis ou do facteur, dans le sens de
l'article 634 du Code de commerce ;
Par ces motifs :
Dit Mercier purement et simplement mal
fondé en ses conclusions à fin d'incompé-
tence ;
Se déclare compétent, retient la cause et
renvoie les parties à trois semaines pour être
plaidé au fond ;
Condamne Mercier aux dépens de l'incident.
Mais ce jugement rendu, vendredi soir, avait
été précédé d'un événement tout à fait im-
prévu.
Par acte extra-judiciaire, M. Mercier avait
signifié à M. Liébert l'ordre de vider les lieux,
et le rédacteur en chef, tout en protestant, s'y
était résigné, en obtenant toutefois d'insé-
rer la note suivante dans le numéro d'hier :
A la suite d'un grave désaccord qui s'est
élevé entre M. Paul Mercier, propriétaire du
journal, et moi, — désaccord relatif à l'inter-
prétation du traité qui nous lie et que les tri-
bunaux jugeront, car ils en sont saisis, — je
me trouve matériellement contraint d'aban-
donner aujourd'hui même les fonctions de
rédacteur en chef et de gérant politique du
Gagne-Petit.
Je ne le ferai point sans remercier d'abord
ici les collaborateurs dévoués qui ont bien
voulu s'adjoindre à moi quand j'ai organisé la
rédaction du Gagne-Petit, et qui, depuis lors,
ont mis au service du journal tant de talent
et tant de zèle.
Je dois aussi de chauds remerciements aux
nombreux lecteurs qui m'ont honoré de leur
estime et soutenu de leur bienveillance. Je
les prie de vouloir bien accepter l'expression
de ma gratitude.
Euo. LIÉnERT.
Paris, 18 décembre 1885.
Il y aura donc procès. On connaît les griefs
de M. Liébert; voici d'autre part les raisons
invoquées par M. Mercier. Le rédacteur en
chef du Gagne-Petil aurait, lors de la fonda-
tion du journal, imposé à M. Mercier un traité
d'après lequel ils étaient liés l'un à l'autre
pour dix années, et en tout cas jusqu'à ce que
le capital fixé, fort élevé, cinq cent mille francs,
fût entièrement absorbé.
M. Liébert comptait évidemment que le
succès viendrait avant cette échéance et que
des rentrées suffisantes reculeraient indéfini-
ment la date où la clause de séparation pour-
rait être invoquée.
M. Mercier soutient que le capital en ques-
tion est épuisé, et c'est là-dessus qu'il fonde
son action.
La rédaction qui avait suivi M. Liébert au
Gagne-Petit, dont la fondation était résolue
dès l'année dernière, ne s'est point faite soli-
daire de son rédacteur en chef. Elle demeure
au journal si, comme il semblerait résulter
des incidents que je viens de raconter, un nou-
veau capital constitué lui permet de continuer
à paraître.
m.
♦ *
M. PESSARD ET LE NATIONAL. — Plu-
sieurs journaux ont annoncé hier que M. Pes-
sard avait donné ou devait donner sa démis-
sion de directeur du National.
Le Temps a démenti cette nouvelle, dont le
National lui-même n'a pas dit un mot.
Il faut donc la tenir au moins, en tout état
de cause, pour prématurée.
m
* *
SUR LE BOULEVARD. — Depuis quel-
ques jours on crie, sur le boulevard, deux
nouveaux canards dont l'un, intitulé la Cra-
vache, parait avoir été créé pour taquiner la
direction de l'Opéra. C'est peu grave.
Le second, l'Attaque, est « orné » d'un des-
sin représentant M. Grévy avec une femme
nue, soi-disant une république, sur (ses ge-
noux. Cela est inepte et profondément répu-
gnant.
J'espère qu'il n'y aura qu'une opinion là-
dessus, et que le préfet de police recevra
force compliments s'il jette cette boue à
l'égout.
*- 4'>
LE DISCOURS DE M. GOBLET. — De-
puis hier «brille» surles murs de Paris le dis-
cours que M. Goblet, ministre de l'instruction
publique et des cultes, a prononcé mardi der-
nier à la Chambre des députés, en réponse à
l'interpellation de M. de Baudry-d'Asson sur
la suspension de traitement de curés et de
desservants.
*
LE BAL DU TRIBUNAL DE COMMERCE.
— M. Grévy n'a pas assisté à la première fête
du Commerce. Dans la journée d'hier, M.
Alphand avait reçu lu lettre suivante du pré-
sident de la République :
« Monsieur le président,
» Je ne pourrai me rendre ce soir au bal du
tribunal de commerce.
» Je vous prie d'agréer mes excuses et mes
regrets ainsi que la sympathique expression
de ma haute considération.
» Signé : JULES GRÉVY. »
Une heure du matin - - Foule considérable:
2,500 personnes au moins. La circulation est
devenue impossible dans les galeries du pre-
mier étage. La grande salle du rez-de-
chaussée offre un aspect des plus curieux,
éclairée par des milliers de bougies d'une
centaine de lustres et par une trentaine de
foyers de lumière électrique.
On est arrivé à des effets de décoration et
d'arrangement des plus heureux, comme on
n'en avait pas encore vu : partout des fleurs,
provenant des serres de la ville; des tapisse-
ries magnifiques ornent tous les murs.
Nous remarquons : le préfet de la Seine,
MM. Dautresme, Herbette, Turquet, TaïebBey,
Detaille, Gervex, Clairin, Mmes Potocka, Gau-
thereau, Dautresme, tout le haut commerce ;
MM.Halphen, Hayem, Bernheim jeune, etc. ,e te.
Des mesures de police extraordinaires
avaient été prises ; dès dix heures la circula-
tion avait été suspendue dans toutes les rues
adjacentes; les omnibus et les tramways du
boulevard Sébastopol avaient interrompu
leur service dès dix heures.
«
* *
A VIS. - Le public pourra visiter aujour-
d'hui dimanche le palais du tribunal de com-
merce, tel qu'il était décoré pour le bal.
Prix d'entrée par personne : 50 centimes.
Ouverture des portes à midi. Fermeture des
portes à quatre heures.
Le produit des entrées sera exclusivement
réservé aux pauvres de Paris.
JACQUES RAFFEY.
-———————.
Nous n'avons pas voulu encombrer le
journal des nombreuses protestations rédi-
gées contre l'évacuation du Tonkin par les
chambres de commerce, syndicats, comités
ou cercles républicains.
Mais nous devons signaler particulière-
ment la protestation des filateurs et des
manufacturiers de l'Est réunis à Remire-
mont.
Le double point de vue patriotique et
industriel auquel se placent les protesta-
taires donnera peut-être à réfléchir aux
hommes qui ne craignent pas de faire
intervenir l'opinion de nos départements
frontières dans la discussion.
H. F.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Samedi, 19 décembre.
M. Anatole de La Forge occupe aujour-
d'hui le fauteuil présidentiel. M. Floquet
le lui a cédé pour prendre, avant la ba-
taille de lundi, un petit air de couloir. Le
président de la Chambre a voulu évidem-
ment s'assurer par lui-même des vérita-
bles dispositions d'esprit de ses collègues
pour le grand débat qui doit s'ouvrir sur
le Tonkin. C'est pour ces motifs que nous
rencontrons M. Floquet en simple redin-
gote, s'entretenant familièrement avec les
députés, les questionnant sur leurs in-
tentions, s'informant de la tournure que
devra prendre la discussion après-demain.
Simples mesures de précautions qu'on
ne saurait trop approuver chez un prési-
dent.
Pendant ce temps, M. de La Forge ouvre
la séance en faisant part à la Chambre du
décès de M. Lorois, député du Morbihan,
qui avait su conquérir l'estime de la
Chambre par sa courtoisie, sa loyauté et
par la fidélité à ses convictions.
M. Anatole de La Forge a rendu hom-
mage à un adversaire et tout le monde
a applaudi.
Nous passerons rapidement sur la ques-
tion que M. Paily adresse au ministre des
cultes, au sujet de l'église Saint-Martin, de
Marseille.
Les catholiques marseillais ont fait
dernièrement plusieurs manifestations
bruyantes à propos de la désaffectation
d'un vieil édifice religieux, désaffectation
rendue nécessaire pour le percement d'un
grand boulevard.
Le conseil municipal de Marseille a ce-
pendant accordé des indemnités, un ter-
rain, la construction d'une église provi-
soire : la question n'a pas fait un pas de
plus.
M. Goblet a répondu à M. Pally que l'af-
faire recevrait très promptement une so-
lution.
s
* «
La Chambre a continué ensuite la véri-
fication des pouvoirs. Les élections de la
Vendée ont été validées; celles des Lan-
des n'ont pas eu ce bonheur ; elles ont été
impitoyablement annulées.
Les Landes ont envoyé à la Chambre un
représentant militant et quelque peu
bruyant, M. Lambert de Sainte-Croix.
Nous n'étonnerons personne en disant
que M. Lambert de Sainte-Croix , qui est
sur le gril depuis un mois , trouve mau-
vais qu'on ait songé un seul instant à in-
valider son élection.
Aussi fallait-il voir avec quelle ardeur il
défendait sa cause et celle de ses
A l'entendre, tout se serait passé dans les
Landes de la façon la plus correcte et la
plus normale.
Dans tout ce qu'on lui reproche, il n'y
a pas de quoi fouetter un chat.
Ce n'est pas le clergé qui est coupable;
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