Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1892-08-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 23 août 1892 23 août 1892
Description : 1892/08/23 (A22,N7526). 1892/08/23 (A22,N7526).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vîngt-deuxîême année. — N* 7,526
CINQ Centimes — paris et Départements - CINQ Centimes
MARDI âB AOUT 1892
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9 mois, 6 francs.
AttitllC llI
On n'est pas, à la Gazette de France,
ennemi d'une douce gaîté, et les para-
doxes les plus hardis ne sont pas pour
affaroucher le bataillon sacré des
royalistes intransigeants. La retraite
du marquis de Breteuil a été accueillie
avec une véritable joie par ce petit
clan, qui reste réfractaire à la politi-
que de ralliement comme il était de-
meuré insensible aux beautés du bou-
langisme. Plus les forces de l'opposi-
tion diminuent et plus on s'y montre
satisfait. Le jour où le suffrage uni-
versel aura balayé dans les Chambres,
dans les conseils généraux et dans les
conseils municipaux le dernier tenant
de la monarchie, la joie des royalistes
de cette école ne connaîtra plus de
borne, car ils estimeront avec une
gravité imperturbable que le retour de
la monarchie est imminent. On a, dans
ce cénacle, la "certitude" que ci l'idée
monarchique, dégagée des éléments
césariens et n'importequistes qui com-
promettaient son action et dénatu-
raient son programme, apparaîtra
comme une nécessité sociale et comme
la sauvegarde suprême des intérêts
conservateurs et des libertés publi-
ques ».
Quant au choix des preuves a l'appui
de ces opinions, c'est un chapitre sur
lequel on n'est pas très exigeant. Il
suffit, par exemple, qu'une « notabi-
lité » royaliste, dont la notoriété,
peut-être très grande dans les bu-
reaux de la Gazette, n'a sûrement pas
rayonné au dehors, prononce devant
quelques amis de province une allo-
cution, pour que l'on transforme cette
petite fête de famille en une «magni-
fique manifestation qui prouve la vi-
talité du parti royaliste M.
Ah ! certes, on a proclamé bien haut,
dans cette réunion d'Auch dont on
nous donne un compte rendu fort dé-
veloppé, que l'on n'était pas décou-
ragé et que rien ne justifierait le dé-
couragement. « Nous avons, s'est écrié
l'un des orateurs, un roi qui résume
en sa personne auguste tous les
droits, et notre fidélité pour lui est le
prolongement glorieux de celle que
nous avons eue pour Henri V. Ce roi
est résolu à tout faire pour nous
affranchir, nous sauver, nous relever.
Rien ne l'arrê era. » On a eu de dures
paroles pour ceux qui abandonnent la
lutte, pour ceux qui abritent l'aposta-
sie derrière l'autorité pontificale, et
d'amères ironiespour ceux qui, ayant le
plus contesté l'infaillibilité doctrinale
du pape, voudraient imposer, « con-
trairement à la doctrine même du con-
cile du Vatican et aux déclarations de
Pie IX et de Léon XIII, son infaillibi-
lité politique. » L'un des orateurs a
même émis cet aphorisme profond :
« Un drapeau que l'on cache n'est
plus qu'un mouchoir de poche. »
Tout cela est bel et bon et nous ai-
mons à voir ériger en principe,
comme il convient, la loyauté politi-
que, la fermeté des convictions, l'i-
naltérable dévouement à la cause dont
on s'est constitué le champion. Mais ce
n'est pas la première fois que nous
entendons ce langage. Avant les ora-
teurs d'Auch, d'autres royalistes,
d'une notoriété plus grande, en avaient
dit tout autant. Il y a quelques an-
nées c'était leducd'Audiffret-Pasquier
qui, dans un discours célèbre, disait
aux monarchistes qu'il fallait aller au
combat visières levées et enseignes
déployées. La Gazette de France con-
sacre chaque jour tout ce qu'elle a
d'énergie à soutenir cette même doc-
trine et à exposer que le parti roya-
liste n'a d'autre moyen de retenir ses
adhérents ou de faire des recrues nou-
velles qu'en opposant avec une cons-
tance infatigable son drapeau au dra-
peau républicain. Il n'est pas jusqu'au
comte de Paris qui, à diverses repri-
ses, n'ait soutenu cette doctrine ; et
ces jours derniers encore, la Corres-
pondance nationale émettait le regret
que le marquis de Breteuil se fût re-
tiré de la lutte « au moment où le
besoin de combattants tels que lui est
particulièrement ressenti », au lieu
d'attendre les élections de 1893, «pour
obtenir du corps électoral, en posant
nettement la question, une réponse
décisives. Et, en remontant de quel-
ques mois en arrière, on pourrait rap-
peler encore les déclarations de la
droite royaliste et les notes de la
Correspondance nationale où l'on ré-
pondait au pape, conseillant l'accep-
tation de la forme républicaine, par
une affirmation du droit des monar-
chistes de lutter pour leurs principes.
Par malheur, toutes ces revendica-
tions sont restées platoniques et les
actes n'ont guère répondu aux pa-
roles. Nous yons eu l'union conser-
vatrice et ti&iïrs avons eu le boulangis-
me qui pourraient difficilement passer
pour des affirmations bien fières de
la foi royaliste; et dernièrement en-
core, lorsque, nous emparant de
certaines déclarations des monarchis-
tes, nous demandions si, aux pro-
chaines élections, nous aurions enfin
en face de nous des adversaires dé-
ployant leur drapeau, M. Ferdinand
Duval s'empressa de nous répondre
que, la question constitutionnelle ne
devant pas être posée, il n'y aurait
pas lieu de pratiquer une politique
différente de l'union conservatrice.
Depuis lors, nous avons eu les élec-
tions aux conseils généraux et nous
n'avons pas entendu dire que nulle
part on ait voulu profiter de cette oc-
casion pour tenter en faveur de la
monarchie un plébiscite analogue à
celui qui a si mal réussi au boulan-
gisme. Nous n'avons jamais vu non
plus que le groupe des royalistes in-
transigeants ait prêché d'exemple en
opposant aux candidats conservateurs
des candidats ouvertement monar-
chistes. La Gazette de France et ceux
qui, avec elle, proclament si haut
« qu'un drapeau que l'on cache n'est
plus qu'un mouchoir de poche », sont-
ils disposés à prendre cette fois l'ini-
tiative de cette lutte loyale? S'ils ne
le font pas, ils nous confirmeront dans
cette pensée que, suivant le cas, on a
dans le parti royaliste deux attitudes.
Devant les amis, on confesse sa foi
pour se faire de la réclame à soi-
même et pour échauffer leur zèle ;
mais devant le suffrage universel, on
met une sourdine à son ardeur, sa-
chant fort bien qu'il suffit de crier
Vive le Roi ! pour éloigner les élec-
teurs. Plus on a parlé haut avant les
élections, plus est saisissant le silence
que l'on a observé au moment décisif,
et ce n'est pas lui qui peut, aux yeux
du pays, donner au parti royaliste un
grand prestige.
le XIXe SIECLE publiera demain la
m Chronique », par M. Paul Ginisty.
ÉLECTIONS SÉNATORIALES
DROME
Premier tour de scrutin
Inscrits : 756. - Votants : 7h3.
MM. Laurens, conseiller général,
maire de Nyons,, républ. 30dvoix
Chevandier, député de Die,
républicain. 307
Maurice Faure, député deVa-
lence, républicain. 127
Deuxième tour de scrutin
MM. Chevandier, député. 387 Elu.
Laurens, maire de Nyons. 36J4
fil s'agissait d'élire un sénateur par suite du
décès de M. Numa Baragnon, sénateur inamo-
vible. Au renouvellement de janvier 1885, M.
Loubet fut élu sénateur de la Drôme, au pre-
mier tour de scrutin, par hoe voix sur 753 vo-
tants.]
Vif incident
Valence, 21 août.
L'élection sénatoriale a été marquée par
un incident regrettable.
Au deuxième tour de scrutin, M. Maurice
Faure ayant fait apposer sur la porte de la
salle de vote une affiche par laquelle il dé-
clarait se désister en faveur de M. Chevan-
dier, le troisième candidat, M. Laurens,
suivi de quelques-uns de ses amis, arracha
cette affiche.
Les partisans de M. Chevandier protestè-
rent. Des coups de canne furent échangés ;
la police dut intervenir pour rétablir l'or-
dre. Le juge d'instruction et le procureur
de la République sont sur les lieux.
On craint que cette bagarre ne se renou-
velle dans la soirée.
CORSE
Inscrits : 766. -Votants : 755
MM. Muraccioli, ancien entrepre-
neur à Panama, conseiller
général, républicain. 383 Elu.
Pitti-Ferrandi, conseiller gé-
néral, républicain. 372
[Il s'agissait de remplacer M. Morelli, répu-
blicain, décédé, qui avait été nommé, le 13 jan-
vier 1889, au troisième tour par 363 voix con-
tre 356 à M. Pitti-Ferrandi.]
L'élu sifflé
Ajaccio, 21 août.
En sortant de l'hôtel de la préfecture, où
avait eu lieu l'élection, M. Muraccioli, le
nouvel élu, passait devant le café du Roi,
Jérôme, lorsqu'une bordée de sifflets partit
de la terrasse du café. Une légère bouscu-
lade se produisit; mais grâce au sang-froid
de quelques personnes qui s'interposèrent
aussitôt, le calme ne tarda pas à être réta-
bli.
L'élection de M. Muraccioli, nommé avec
dix voix de majorité, soulève de nombreu-
ses protestations. On se plaint de l'inter-
vention de l'administration préfectorale en
faveur du candidat plusieurs fois million-
naire.
LE NOUVEAU MINISTÈRE SERBE
Belgrade, 21 août. — Le nouveau ministère
est composé de la façon suivante :
Présidence et affaires étrangères : M. Ava-
koumovitch.
Guerre : le général Bogitchevitch.
Finances: M. Stoianovitch, jusqu a présent
chef de la direction des chemins de fer.
Travaux publics : M. Alkovtsitch, qui était
recteur de l'Université.
Cui tes et instruction publique : M. le profes-
seur Jean BochlwvJtch.
Intérieur ; M. l'avocat Ribarats.
Justice : M. l'avocat Velitchkovitch.
Commerce : M. Gvosditch.
La liste ministérielle ci-dessus a été acceptée
par les régents, et le décret portant nomina-
tion de ces ministres sera publié demain au
Journal officiel.
L'ÉTAT DE SIÈGE EN BOLIVIE
New-York, SI août. - Une dépêche de Val-
paraiso au Neiv-York Hérald annonce que M.
Baptista, le nouveau président de la Bolivie, a
proclamé dans tout Je pays l'état de siège,
dans la crainte que le général Camacho n'or-
ganise une révolution,
LA
SAISON DES EXAMENS
LES CANDIDATS ET LA CANICULE
A quoi sert le Champ de Mars.-L'abus
des recommandations.—Un truc
ingénieux pour les sup-
primer
Pour être candidat, on n'en est pas moins
homme ou sur le point de le devenir, et la
perspective de s'appesantir sur un texte
quelconque pendant les heures les plus
èhaudes de ces journées sénégaliennes jus-
tifie amplement ce nom « d'épreuves » don-
né aux exercices auxquels se livre depuis
deux mois la jeunesse des deux sexes.'
Il faut croire cependant que le métier a
des grâces cachées et des compensations
bien douces, puisqu'on voit grossir d'année
en année aux portes de la Sorbonne la
théorie des aspirants et des aspirantes en
quête du moindre morceau de parchemin.
Après la joie d'être officier d'Académie, il
semble qu'il n'y en ait pas de plus grande
au monde que d'arriver au baccalauréat,
ce qui est du reste infiniment plus diffi-
cile.
On ne trouve plus assez de juges pour
juger une telle multitude, on ne trouve
plus de locaux assez vastes pour la con-
tenir; et en attendant qu'on utilise les
plaines de la Champagne ou de la Beauce,
on a dû, cette année, mettre à contribu-
tion le Champ de Mars.
Les architectes qui ont édifié les palais
qui font face au Trocadéro ne s'imaginaient
pas quel service ils allaient rendre à l'exa-
minomanie nationale.
Comme en Chine
Nous n'avons plus rien à envier aux let-
trés du Céleste-Empire. Nous avons, nous
aussi, notre palais des examens. Ceux que
la canicule n'a pas écartés du Champ de
Mars ont pu voir dernièrement, alignés
dans la galerie de 30 mètres, 1,200 ou 1,500
candidats au baccalauréat qui suaient à
grosses gouttes sur les obscurités de Tite-
Live ou de Tacite, en dépit de la belle lu-
mière que les coupoles d'azur tendre leur
versaient d'aplomb sur la tête.
Grâce à ce système, on a pu en vingt
heures « nettoyer » une masse de potaches
qui autrefois, pendant trois semaines, se
seraient succédé par petits paquets dans
les modestes amphithéâtres des Facultés.
Mince de piston !
Autre réforme qui n'est pas sans char-
mes : Il est désormais impossible de recom-
mander le moindre cancre à la bienveil-
lance de ses juges. - -
Dieu sait si l'on usait autrefois de l'encre
et des voitures pour aller relancer les pro-
fesseurs en faveur de ces bons jeunes gens
« bien méritants mais si timides. » Dès leur
inscription, les candidats étaient répartis
en séries et la liste des professeurs chargés
de faire subir les examens de chaque série
était, plusieurs jours à l'avance, affichée en
cour de Sorbonne. De là, dans l'escalier
des examinateurs, un interminable va-et-
vient de parents et de quémandeurs prêts à
harponner au passage l'infortuné assez mal
inspiré pour rentrer chez lui en temps
d'examens.
Adieu paniers, vendanges sont faites!
Pour le baccalauréat du moins, la recom-
mandation n'est plus qu'un souvenir his-
torique, C'est un genre de littérature épis-
tolaire en train de disparaître, comme l'o-
raison funèbre et la tragédie.
Aujourd'hui, les jurys sont désignés au
moment même où l'on entre en séance.
Une heure avant, le professeur ignore
encore qui il va juger, et le candidat qui
va le juger.
Pour la galerie
On devrait bien, pendant qu'on est en
veine, supprimer ou restreindre aux seuls
intéressés la publicité des examens, qui
n'offre aucune garantie et n'est le plus sou-
vent qu'un trompe-l'œil.
La plupart des curieux sont absolument
incapables d'apprécier la valeur des épreu-
ves. Ils manquent du reste des éléments
d'information que possède le professeur
et leur présence a souvent un double in-
convénient.
D'abord, ils contribuent à troubler le
candidat qui, brusquement arraché de sa
classe et transporté dans la pleine lumière
du forum, est enclin à débiter des sottises
dont il rougit l'instant d'après. En outre, ils
faussent quelque peu la nature même de
l'examen en incitant le juge à parler pour
le public, à chercher par-dessus la tête du
patient des succès d'amour-propre à bon
marché, ou dont le candidat fait tous les
frais. Plusieurs professeurs de Sorbonne
sont restés légendaires sur ce chapitre. —
« Je passe tout à l'heure avec Caro, disait
un candidat très nerveux à son professeur,
qu'est-ce que je vais lui dire ? — Mon ami,
écoutez-le et vous êtes reçu. » Neuf fois sur
dix le moyen réussissait.
On a très justement écarté le public des
examens imposés aux jeunes filles. Il n'y a
pas de raisons sérieuses pour perpétuer ail-
leurs ces exercices de mauvaise rhétorique
qui ont fait leur temps.
COURRIER DE MADAGASCAR
Arrivée de l' « Amazone ». — Notre
situation à Madagascar.
toz NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlsa)
Marseille, 21 août.
Le paquebot Amazone, des Messageries-
Maritimes, courrier de Maurice, la Réu-
nion et Zanzibar, est arrivé ce matin avec
172 passagers, parmi lesquels M. Prisette,
capitaine d'artillerie, venant de la Réu-
nion, Coudon-Villebrode, trésorier-payeur
à Tamatave, Valat, capitaine de frégate,
Mornet, lieutenant de vaisseau, 1A quar-
tiers-maîtres et marins, plus 6 seconds-
maîtres, Montignault, capitaine d'infante-
rie de marine, Pouquet, lieutenant, venant
de Diégo-Suarez, et M. Fleury, consul de
Belgique à Zanzibar.
Le navire a rapatrié 50 soldats de l'infan-
terie de marine rentrant pour rétablir leur
santé fortement altérée par le climat fié-
vreux de Madagascar.
Familles rapatriées
A bord, j'ai remarqué aussi la présence
de onze familles françaises que le résident
supérieur fait retourner en France.
Ces braves gens qui avaient quitté leur
pays avec de sérieuses économies, croyaient
qu'à Madagascar et à la Réunion, avec
l'argent qu'ils avaient, ils allaient faire
une fortune. Leur désillusion a été com-
plète, et à bord même, les passagers ont dû
se cotiser pour venir au secours de leur
misère.
Notre situation
Les nouvelles apportées par le courrier,
qui a fait une très heureuse traversée, sur
notre situation à Madagascar, sont loin
d'être des plus satisfaisantes. Les.fièvres et
la dyssenterie déciment les troupes de
notre corps d'occupation. A Tamatave, à
Tananarive, ainsi qu'à Diégo-Suarez, les
hôpitaux sont encombrés de malades. Les
soins nécessaire&même font défaut.
La reine des Malgaches, se sentant soute-
nue par les Anglais, continue à le prendre
de haut avec nous ; il ne se passe pas de jour
sans qu'elle ne nous fasse sentir le peu de
Cas qu'elle fait de nous. Les commerçants
français liquident leurs affaires qui n'ont
pas été prospères et s'empressent de rentrer
en France.
Il ne se passe pas de semaine sans qu'on
apprenne que quelques maisons de nos
compatriotes aient été pillées par des sol-
dats malgaches, trop heureux s'ils parvien-
nent à échapper aux coups de ces misé-
rables.
Des brigands de la cote Ouest ont visité
ers la fin de juin le village de Faname-
hana, situé au sud-ouest de Fianarantsoa.
Toutes les cases y compris celle qui
sert d'église aux Pères, ont été mises au
pillage : cinq personnes auraient été tuées
et plus de soixante femmes et enfants em-
menés en captivité. Les brigands se sont
retirés avant que l'autorité locale ait eu le
temps d'intervenir.
Il serait temps d'agir, si nous ne voulons
pas que les Anglais ne nous mettent à la
porte.
TENTATIVE D'ASSASSINAT
Cahors, SI août.
Une tentative d'assassinat vient d'être
commise à Leyme (Lot) dans les circons-
tances suivantes :
M , ; Girles, ancien premier commis des
contributions indirectes, revenant d'un vil-
lage assez éloigné de sa commune, fut ac-
costé par un individu qui le salua par son
nom et, lui parlant comme à une connais-
sance, lui demanda cinquante francs ou
tout au moins le contenu de son porte-
monnaie.
Devant l'attitude menaçante de cet
homme, M. Girles remit son porte-mon-
naie, et l'inconnu s'éloigna en disant :
« Vous me rendez un grand service, je suis
un honnête homme et dans quelques jours
je vous rembourserai. »
M. Girles, intimidé, se tut. Jeudi dernier,
à dix heures du soir, M. Girles, passant dans
un bois, se trouva en présence du même
étranger qui l'invita comme précédemment
à lui remettre 50 francs.
Cette fois, M. Girles sortit son revolver,
mais le voleur se précipita sur lui, le dé-
sarma et lui tira à bout portant trois coups
de feu. Les balles ne pénétrèrent point, la
charge de poudre étant trop faible et les
cartouches très anciennes.
M. Girles perdit connaissance et ne re-
vint à lui qu'à cinq heures du matin.
Quand il reprit ses sens, il se trouva dans
une bruyère, a 60 mètres du lieu du crime,
et totalement dévalisé.
Recueilli par des habitants, il a donné
des détails précis sur son agresseur qui ne
tardera sans, doute pas à être découvert.
CHRONIQUE
Vous navez. pas oublié sans doute les
réflexions de quelques-uns de mes cor-
respondants sur la façon dont les campa-
gnes se dépeuplent en France au profit
des villes. J'ai depuis reçu bien d'autres
lettres, presque toutes curieuses, et tou-
tes pleines de petits faits comme les
aimait Stendhal, vrais et probants. Je les
espace pour ne pas fatiguer le lecteur, qui
veut dans la chronique une grande va-
riété de sujets. Il faut pourtant que je
rende aujourd'hui la parole à ce maire de
village qui le premier chez nous a éveillé
cette question. Au reste, il n'y a aucune
raison de ne pas le nommer. C'est le maire
de Montchenu, une petite commune de la
Drôme.
Je ne le connais pas; mais, sapristi, je
fais mon compliment à la commune de
Montchenu : elle possède un maire qui
n'est pas seulement un fin laboureur
mais un maître épistolier; j'ai rarement
vu prose plus ferme, plus nette, plus in-
cisive. Ah! en voilà un qui sait ce qu'il
veut dire et qui le dit à la française,
avec précision et bonne humeur!
Je suis par malheur obligé de choisir
dans sa seconde lettre, qui est plus lon-
gue que la première, — trop courte pour
moi ; mais une chronique de journal doit
se serrer dans l'espace qui lui est réservé.
«. Je m'étais permis, m'écrit le maire
de Montchenu, de gourmander messieurs
les publicistes de ce qu'ils appuyaient,
dans d'excellentes intentions, je le recon-
nais, les réclamations de ces beaux em-
ployés en rupture de charrue, et j'ajou-
tais que plus vous augmenteriez les ap-
pointements de ces messieurs, plus vous
exciteriez la jeunesse campagnarde à
laisser là bœufs, vaches et cochons, sauf
le respect que je vous dois. Allant jus-
qu'au bout de mon raisonnement, je
trouvais et je trouve encore mauvais que
des gaillards qui nous ont quittés pour
gagner davantage, et certainement pour
travailler moins, viennent maintenant se
plaindre de n'être point assez payés et
même de mourir de faim, eux qui, avant
d'entrer dans leur administration ou pu-
blique ou privée, non sans avoir fait
agir, pour y parvenir, toutes les influen-
ces cantonales ou départementales qu'ils
purent mettre en mouvement, savaient
fort bien, après tout, à combien s'élèverait
leur traitement.
A cela, votre Vendéen nous répond par
le récit de ses malheurs.
C'est l'inondation qui les a fait fuir,
lui, son père, sa mère, ses frères, ses on-
cles, ses tantes ! Pour lui, voilà la cause
de la dépopulation des campagnes. Comme
si, mon brave homme, depuis que la cam-
pagne existe, il n'y avait pas toujours eu,
chaque année, des inondations, des grê-
les, des pluies quelquefois interminables,
et des sécheresses sans fin, comme celle
dont nous souffrons cette année, des ge-
lées à fendre pierres et bois, sans comp-
ter l'armée des cryptogames, mildew,
pourridée, maladie des pommes de terre
et des betteraves ; puis les cohortes de
sales petites bêtes, phylloxéra, cochylis,
pyrale, et le diable !
Certes, s'il fallait fuir à chaque fléau
qui tombe d'ici. de là, un peu uartout, et
l'on ne peut pas dire au petit bonheur,
il y a longtemps qu'il n'y aurait plus do
campagne.
Et puis, mon cher maître, n'avez-vous
pas fait la réflexion que le père db ce
brave Vendéen a pu vendre sa maison et
ses deux petits champs dix mille francs.
Peste ! des champs à quatre mille francs
pièce! car, à la campagne, vous le savez
sans doute, les maisons rurales comptent
pour peu de chose. Chez moi, ces deux
petits champs représenteraient dix hec-
tares de bonnes terres labourables. Si le
Vendéen a pu vendre à ce prix sa pro-
priété, c'est qu'elle le valait. Où est le cul-
tivateur qui débourserait tant d'argent
pour un terre inculte et périodiquement
inondée ? S'il s'est trouvé un paysan pour
l'acheter, c'est qu'il voulait la faire va-
loir. D'où je conclus que notre brave Ven-
déen n'avait pas su ou voulu en tirer
parti.
Quant à votre Normand, c'est une autre
affaire. J'avoue que celui-là m'agace da-
vantage encore. Que vient-il nous chanter
de la campagne, celui-là? Est-ce là un
paysan paysannant? Est-ce là le vrai cul-
tivateur? Votre tisserand flamand n'a pas
voix au chapitre campagnard. Il se trouve
à peu près dans la même situation que
nos ouvriers en soie des environs de no-
tre Lyon, lesquels ont quitté cette ville
pour aller travailler de leur métier et
vivre à meilleur compte à la campagne.
Fort bien pour leur industrie ! Mais je
veux que l'Isère et le Rhône m'emportent
si cela a été bien fameux pour nous, cul-
tivateurs !
Ce Normand se plaint encore que les
ouvriers belges viennent lui ôter le binage
des betteraves! Mais si les propriétaires
des betteraves normandes ou flamandes les
font piocher, biner et sarcler par des bras
belges, c'est que sans aucun doute les ou-
vriers belges font de meilleure besogne et à
meilleur marché. Ils se retirent, ajoute
notre Normand, avec un petit pécule,
qu'ils emportent chez eux; ils peuvent
donc, avec ce salaire, vivre et même faire
des économies !. »
Le maire de Montchenu, continuant de
causer avec moi, aborde une autre ques-
tion : c'est qu'à la campagne on ne peut
pas payer les ouvriers agricoles aussi cher
que dans l'industrie.
«Cependant, ajoute-t-il, vous habitants
des villes, vous vous plaignez sans cesse
que la vie soit hors de prix. Cela est pos-
sible ; mais ce n'est pas nous qui en som-
mes cause. Consultez les mercuriales ;
vous verrez que jamais on n'a vendu le
blé meilleur marché que depuis quelques
années.
» Il y a trente ans, j?avais alors vingt-
cinq ans, et j'étais déjà maître de maison.
Je vendais mon blé de M à 26 fr. l'hecto-
litre, tandis que depuis dix ans, je ne
l'ai jamais vendu plus de 18 franco et
quelquefois 16. Les poulets valent tou-
jours chez nous trente sous pièce, les
moutons 18 francs. »
1 Le maire poursuit cette; énumératioEh,
• montrant qu'aucun des produits de la
terre n'a haussé de prix depuis trente
ans et que quelques-uns ont baissé au
contraire. Le producteur vend tout moins
cher, le consommateur paie tout plus
cher, beaucoup plus cher ! La conclu-
sion ?
« C'est tout simplement qu'on vous
vole, messieurs de la ville. C'est que les
intermédiaires font leur main. Achetez-
nous directement, vous y aurez avantage
et nous y gagnerons; et nous pourrons
offrir à nos ouvriers des salaires plus
élevés, des salaires tout au moins égaux
à ceux qu'ils espèrent dans l'industrie ou
même dans le fonctionnariat.
» Sur ce, mon cher maître, je prends
congé de vous. Songez que je suis forcé,
pour vous écrire, de prendre sur mon
repos,du dimanche. Je ne suis pas, comme
vous le supposez peut-être, un cultiva-
teur amateur. Levé dès quatre heures du
matin, je ne prends par jour d'autre re-
pos que deux ou trois heures, pour dé-
jeuner, lire mes journaux et expédier
ma correspondance la plus pressée. Le
dimanche même n'est pas pour moi un
jour absolument libre. Je suis maire, et
maire mairant, comme je suis cultiva-
teur cultivant. C'est le dimanche qu'on
marie chez nous.
» Ah ! à propos, votre Vendéen nous con-
tait que ses tantes ou ses sœurs étaient
bien malheureuses d'avoir quitté la cam-
pagne. Voilà deux mois que je demande
à tous les échos des environs, qui me ré-
pondent flûte ! une femme ou une fille de
ferme. Si le Dauphiné pouvait offrir
quelque consolation à l'une de ces pau-
vres Vendéennes, je lui propose de venir
me trouver. Car il me manque, à mon
faire-valoir, un serre-file (sic) féminin, ce
qui est bien ennuyeux.
» J'ai écrit au maire de Saint-Gervais
pour lui dire que si quelqu'une de ses
malheureuses sinistrées était sans abri et
sans ressources, je lui offrais une place
chez moi. J'ai mis un timbre dans la
lettre. Pas de réponse. Et vous ne voulez
pas que je sois impatienté. Je ne peux
pourtant pas faire tout moi-même) traire
mes vaches et mes chèvres!. »
Mais voilà ! ce n'est pas amusant de
traire les vaches! le travail des champs
est dur, et personne ne le veut plus faire!
Comment sortirons-nous de là ?
Francisque Sarcey.
LA FIN DE LAVATER
Lavater, le fameux Lavater que tout le
monde a rencontré dans les rues de Paris
criant : « La bonne aventure ! Qui veut son
horoscope ! voilà Lavater!" a été envoyé hier
à l'asile de Charenton par les soins de M.
Brunet,commissaire de police deVincennes.
Lavater — ou plutôt de son véritable
nom Louis Gé, demeurant à Issy — s'était
présenté devant ce magistrat en lui disant :
— Vous n'ignorez pas, monsieur le com-
missaire, que le soleil est tombé sur la
terre. L'un de ses rayons m'a perforé le
crâne et me brûle le cerveau. Je vous prie
de convoquer les pompiers de la localité,
afin d'éteindre les flammes qui me brillent.
Le pauvre Lavater était devenu fou subi-
tement*
DEUX MONUMENTS
DE METZ A BATILLY
Répétition générale de la revue prus«
sienne. — Les portraits de Guil-
laume II. — La statue de Ney.
— Un modeste monument
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL )
Mete, O août.
JT e viens de faire, dans la demi-teinte de
l'aube crevant, le trajet de Metz à Batilly à
travers le vaste ossuaire où dorment les
cinquante mille hommes tombés en 1870,
dans les heurts sanglants des 16 et 18 août.
Autour de moi, dans la campagne, il y a
des bruits de troupes en marche. Les rou-
tes sonnent sous les pas lourds et cadencés
ou geignent sous la piaffe des chevaux et le
roulement des canons. Les masses de ver-
dures se piquent des étincelles que le so-
leil levant allume à la canule des casques
et à la pointe des baïonnettes ; et, émer-
geant de la mer blonde des blés dans la
brume aurorale, on voit flotter les bande-
reles noires et blanches, accrochées à la
lame des dragons bavarois.
C'est la garnison de Metz qui s'en va —
par la fraîcheur crépusculaire — faire à
Frescaty, une « répétition générale" de 'la
revue qui sera passée le mois prochain
par l'empereur.
Toute la ville est pleine, du reste, de ce
voyage impérial. A la vitrine des photo-
graphes, des papetiers, des marchands
d'estampes, s'étale le portrait de Guil-
laume II : de face, de profil, de trois quarts
à pied, à cheval et en voiture! Tantôt en
cuirassier blanc, tantôt en hussard rouge,
tantôt en chasseur de Lutzow, en uhlan, en
uniforme russe, autrichien, italien ou an-
glais! Voire en « capitaine de vaisseau"
lisant la Bible à ses matelots (sic) ou en
simple père de famille faisant risette à ses
enfants !
J'ai rencontré par les rues force corps de
musique d'un aspect formidable. Il v a là
des instruments dont la vue seule donne la
chair de poule : des cuivres qui déroulent
des anneaux et évasent des gueules de py-
thons, des bassons monstrueux, des flûtes
mastodontales, des trompettes à faire crou-
ler les murs d'une nouvelle Jéricho ! Pour
quels Lohengrins ou pour quels Pcirsifals
Tubalcaïn a-t-il forgé toute cette chaudron-
nerie, ô mon Dieu ! Il paraît que c'est pour
la grande retraite aux flambeaux qui sera
exécutée le soir de la revue. Ajoutez à ce
déchaînement d'harmonie trois cents tam-
bours au son aigre et autant de fifres au rire
aigu. En vérité, je vous le dis : il faut plain-
dre d'avance les oreilles — et les carreaux
— des Messins.
La statue de Guillaume
Sur l'Esplanade, un peu en arrière
du bronze de ce Michel Ney qui aima mieux
se laisser fusiller que de se réclamer de la
nationalité allemande, se dresse un pié-
destal qui, si j'en juge par ses proportions,
servira de base à quelque chose de colossal
et d'écrasant.
Ce piédestal attend la statue équestre de
Guillaume Ier. Celle de Ney lui tourne irré-
vérencieusement le dos. On ne pouvait
songer à les placer face à face. Avec son fu-
sil au poing, sa figure martiale et sa. pose
énergique, le héros de la Moskowa aurait
en l'air de crier : Oh ne passe pas ! au vain-
queur de Sadowa et de Sedàn.
L'inauguration de ce moment élevé à la
gloire de son aïeul, — et comme un cachet
apposé par le conquérant sur sa conquête,
— sera, dit-on ici, une occasion pour
Guillaume II de parler surtout de lui-même
et de se couronner de quelqaes fleurs de
rhétorique.
A Erfurth, Napoléon faisait jouer Talma
devant un parterre de rois. A Metz, le Il
septembre, le fils de Frédéric-le-Sage dis-
courra devant un auditoire de monarques
à la suite et de principicules annexés. Il
ne semble point qu'il les tienne autrement
que pour des comparses médiocrement
amusants.
— Où casera-t-on les hôtes de Votre Ma-
jesté à Urville ? lui demandait le grand-ma-
réchal de la cour.
— Mes hôtes resteront à Metz : je viens à
Urville pour me @ distraire, et je prétends
n'y être. ennuyé par personne.
On affirme même ici que le jeune sou-
verain se serait servi d'un mot beaucoup
plus malsonnant qu'ennuyé et qui n'aurait
guère son équivalent que dans Cambronne.
Dans tous les cas, les roïs de Bavière, de
Saxe et de Wurtemberg, ainsi que nombre
de grands-ducs ejusdem farinai, logeront à
Metz à leurs frais.
Sens pratique et économie mêlés!
Pour les Français
Me voici à Batilly, un village perdu
dans la plaine où eut lieu le choc des deux
armées.
Sur le côté d'une route poudreuse, chauf-
fée à blanc par le soleil, un très modeste
monument, qui ressemble à une fontaine
Wallace, surmonté d'une croix de Lorraine,
avec, sur la face principale, l'inscription :
Aux. soldats morts pour la patrie !
et, sur ses faces latérales :
LE GÉNÉRAL COMTE DE GESLIx.-L'œuvRE
DES TOMBES FRANÇAISES
LE CONSEIL GÉNÉRAL DE MEURTHE-ET-MOSELLE
Plus loin, sous un bouquet d'arbres, de-
vant une vieille église aux pierres ridées et
branlantes, un autel rustique fait de mousse
et de drapeaux et un catafalque succinct
sur lequel sont jetés une tunique, des épau-
lettes de laine et un képi de fantassin. Cette
simplicité ne manque ni d'éloquence ni de
grandeur. On dit la messe là en plein air,
sous l'âpre chaleur de midi, pour le repos
des âmes vaillantes qui n'ont pas failli au-
trefois dans la tempête de fer et de feu. Là,
point de régiments massés et saluant de
leurs hourrahs de triomphe leur vieux kai-
ser victorieux. Point de souverains, de clo-
ches, de musiques, de canons. Pas même
l'ombre de l'ombre d'un reporter! Un mil-
lier de paysans endimanchés, nombre d'of-
ficiers et de soldats de la garnison de Ver-
dun, tous les ecclésiastiques des environs,
un peloton de douaniers et quelques mes-
sieurs officiels à écharpes et à galons. Mais
des larmes dans tous les yeux, du recueil
lement sur tous les visages et de l'émotion
dans tous les cœurs.
Je ne vous dis rien des discours pronon-
cés. Non point qu'il n'y ait été dit d'excel-
lentes choses. Mais, songez donc, par une
température à faire durcir des œufs entre
cuir et flanelle!
Et puis parlez-moi de ces braves paysan-
nes des villages annexés, qui vous sau-
taient gaillardement au cou du premier
troupier qu'elles rencontraient et qui vous
l'embrassaient à pleines lèvres sur les deux
joues ,comme si c'était la France, leur mere
qu'elles serraient dans cette etreinte.
Voilà qui en dit plus long que la grande
loquence de MM. Méziéres ou Volland 1
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MARDI âB AOUT 1892
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15 jours, 1 fr. 60.
A mois, 3 francs.
9 mois, 6 francs.
AttitllC llI
On n'est pas, à la Gazette de France,
ennemi d'une douce gaîté, et les para-
doxes les plus hardis ne sont pas pour
affaroucher le bataillon sacré des
royalistes intransigeants. La retraite
du marquis de Breteuil a été accueillie
avec une véritable joie par ce petit
clan, qui reste réfractaire à la politi-
que de ralliement comme il était de-
meuré insensible aux beautés du bou-
langisme. Plus les forces de l'opposi-
tion diminuent et plus on s'y montre
satisfait. Le jour où le suffrage uni-
versel aura balayé dans les Chambres,
dans les conseils généraux et dans les
conseils municipaux le dernier tenant
de la monarchie, la joie des royalistes
de cette école ne connaîtra plus de
borne, car ils estimeront avec une
gravité imperturbable que le retour de
la monarchie est imminent. On a, dans
ce cénacle, la "certitude" que ci l'idée
monarchique, dégagée des éléments
césariens et n'importequistes qui com-
promettaient son action et dénatu-
raient son programme, apparaîtra
comme une nécessité sociale et comme
la sauvegarde suprême des intérêts
conservateurs et des libertés publi-
ques ».
Quant au choix des preuves a l'appui
de ces opinions, c'est un chapitre sur
lequel on n'est pas très exigeant. Il
suffit, par exemple, qu'une « notabi-
lité » royaliste, dont la notoriété,
peut-être très grande dans les bu-
reaux de la Gazette, n'a sûrement pas
rayonné au dehors, prononce devant
quelques amis de province une allo-
cution, pour que l'on transforme cette
petite fête de famille en une «magni-
fique manifestation qui prouve la vi-
talité du parti royaliste M.
Ah ! certes, on a proclamé bien haut,
dans cette réunion d'Auch dont on
nous donne un compte rendu fort dé-
veloppé, que l'on n'était pas décou-
ragé et que rien ne justifierait le dé-
couragement. « Nous avons, s'est écrié
l'un des orateurs, un roi qui résume
en sa personne auguste tous les
droits, et notre fidélité pour lui est le
prolongement glorieux de celle que
nous avons eue pour Henri V. Ce roi
est résolu à tout faire pour nous
affranchir, nous sauver, nous relever.
Rien ne l'arrê era. » On a eu de dures
paroles pour ceux qui abandonnent la
lutte, pour ceux qui abritent l'aposta-
sie derrière l'autorité pontificale, et
d'amères ironiespour ceux qui, ayant le
plus contesté l'infaillibilité doctrinale
du pape, voudraient imposer, « con-
trairement à la doctrine même du con-
cile du Vatican et aux déclarations de
Pie IX et de Léon XIII, son infaillibi-
lité politique. » L'un des orateurs a
même émis cet aphorisme profond :
« Un drapeau que l'on cache n'est
plus qu'un mouchoir de poche. »
Tout cela est bel et bon et nous ai-
mons à voir ériger en principe,
comme il convient, la loyauté politi-
que, la fermeté des convictions, l'i-
naltérable dévouement à la cause dont
on s'est constitué le champion. Mais ce
n'est pas la première fois que nous
entendons ce langage. Avant les ora-
teurs d'Auch, d'autres royalistes,
d'une notoriété plus grande, en avaient
dit tout autant. Il y a quelques an-
nées c'était leducd'Audiffret-Pasquier
qui, dans un discours célèbre, disait
aux monarchistes qu'il fallait aller au
combat visières levées et enseignes
déployées. La Gazette de France con-
sacre chaque jour tout ce qu'elle a
d'énergie à soutenir cette même doc-
trine et à exposer que le parti roya-
liste n'a d'autre moyen de retenir ses
adhérents ou de faire des recrues nou-
velles qu'en opposant avec une cons-
tance infatigable son drapeau au dra-
peau républicain. Il n'est pas jusqu'au
comte de Paris qui, à diverses repri-
ses, n'ait soutenu cette doctrine ; et
ces jours derniers encore, la Corres-
pondance nationale émettait le regret
que le marquis de Breteuil se fût re-
tiré de la lutte « au moment où le
besoin de combattants tels que lui est
particulièrement ressenti », au lieu
d'attendre les élections de 1893, «pour
obtenir du corps électoral, en posant
nettement la question, une réponse
décisives. Et, en remontant de quel-
ques mois en arrière, on pourrait rap-
peler encore les déclarations de la
droite royaliste et les notes de la
Correspondance nationale où l'on ré-
pondait au pape, conseillant l'accep-
tation de la forme républicaine, par
une affirmation du droit des monar-
chistes de lutter pour leurs principes.
Par malheur, toutes ces revendica-
tions sont restées platoniques et les
actes n'ont guère répondu aux pa-
roles. Nous yons eu l'union conser-
vatrice et ti&iïrs avons eu le boulangis-
me qui pourraient difficilement passer
pour des affirmations bien fières de
la foi royaliste; et dernièrement en-
core, lorsque, nous emparant de
certaines déclarations des monarchis-
tes, nous demandions si, aux pro-
chaines élections, nous aurions enfin
en face de nous des adversaires dé-
ployant leur drapeau, M. Ferdinand
Duval s'empressa de nous répondre
que, la question constitutionnelle ne
devant pas être posée, il n'y aurait
pas lieu de pratiquer une politique
différente de l'union conservatrice.
Depuis lors, nous avons eu les élec-
tions aux conseils généraux et nous
n'avons pas entendu dire que nulle
part on ait voulu profiter de cette oc-
casion pour tenter en faveur de la
monarchie un plébiscite analogue à
celui qui a si mal réussi au boulan-
gisme. Nous n'avons jamais vu non
plus que le groupe des royalistes in-
transigeants ait prêché d'exemple en
opposant aux candidats conservateurs
des candidats ouvertement monar-
chistes. La Gazette de France et ceux
qui, avec elle, proclament si haut
« qu'un drapeau que l'on cache n'est
plus qu'un mouchoir de poche », sont-
ils disposés à prendre cette fois l'ini-
tiative de cette lutte loyale? S'ils ne
le font pas, ils nous confirmeront dans
cette pensée que, suivant le cas, on a
dans le parti royaliste deux attitudes.
Devant les amis, on confesse sa foi
pour se faire de la réclame à soi-
même et pour échauffer leur zèle ;
mais devant le suffrage universel, on
met une sourdine à son ardeur, sa-
chant fort bien qu'il suffit de crier
Vive le Roi ! pour éloigner les élec-
teurs. Plus on a parlé haut avant les
élections, plus est saisissant le silence
que l'on a observé au moment décisif,
et ce n'est pas lui qui peut, aux yeux
du pays, donner au parti royaliste un
grand prestige.
le XIXe SIECLE publiera demain la
m Chronique », par M. Paul Ginisty.
ÉLECTIONS SÉNATORIALES
DROME
Premier tour de scrutin
Inscrits : 756. - Votants : 7h3.
MM. Laurens, conseiller général,
maire de Nyons,, républ. 30dvoix
Chevandier, député de Die,
républicain. 307
Maurice Faure, député deVa-
lence, républicain. 127
Deuxième tour de scrutin
MM. Chevandier, député. 387 Elu.
Laurens, maire de Nyons. 36J4
fil s'agissait d'élire un sénateur par suite du
décès de M. Numa Baragnon, sénateur inamo-
vible. Au renouvellement de janvier 1885, M.
Loubet fut élu sénateur de la Drôme, au pre-
mier tour de scrutin, par hoe voix sur 753 vo-
tants.]
Vif incident
Valence, 21 août.
L'élection sénatoriale a été marquée par
un incident regrettable.
Au deuxième tour de scrutin, M. Maurice
Faure ayant fait apposer sur la porte de la
salle de vote une affiche par laquelle il dé-
clarait se désister en faveur de M. Chevan-
dier, le troisième candidat, M. Laurens,
suivi de quelques-uns de ses amis, arracha
cette affiche.
Les partisans de M. Chevandier protestè-
rent. Des coups de canne furent échangés ;
la police dut intervenir pour rétablir l'or-
dre. Le juge d'instruction et le procureur
de la République sont sur les lieux.
On craint que cette bagarre ne se renou-
velle dans la soirée.
CORSE
Inscrits : 766. -Votants : 755
MM. Muraccioli, ancien entrepre-
neur à Panama, conseiller
général, républicain. 383 Elu.
Pitti-Ferrandi, conseiller gé-
néral, républicain. 372
[Il s'agissait de remplacer M. Morelli, répu-
blicain, décédé, qui avait été nommé, le 13 jan-
vier 1889, au troisième tour par 363 voix con-
tre 356 à M. Pitti-Ferrandi.]
L'élu sifflé
Ajaccio, 21 août.
En sortant de l'hôtel de la préfecture, où
avait eu lieu l'élection, M. Muraccioli, le
nouvel élu, passait devant le café du Roi,
Jérôme, lorsqu'une bordée de sifflets partit
de la terrasse du café. Une légère bouscu-
lade se produisit; mais grâce au sang-froid
de quelques personnes qui s'interposèrent
aussitôt, le calme ne tarda pas à être réta-
bli.
L'élection de M. Muraccioli, nommé avec
dix voix de majorité, soulève de nombreu-
ses protestations. On se plaint de l'inter-
vention de l'administration préfectorale en
faveur du candidat plusieurs fois million-
naire.
LE NOUVEAU MINISTÈRE SERBE
Belgrade, 21 août. — Le nouveau ministère
est composé de la façon suivante :
Présidence et affaires étrangères : M. Ava-
koumovitch.
Guerre : le général Bogitchevitch.
Finances: M. Stoianovitch, jusqu a présent
chef de la direction des chemins de fer.
Travaux publics : M. Alkovtsitch, qui était
recteur de l'Université.
Cui tes et instruction publique : M. le profes-
seur Jean BochlwvJtch.
Intérieur ; M. l'avocat Ribarats.
Justice : M. l'avocat Velitchkovitch.
Commerce : M. Gvosditch.
La liste ministérielle ci-dessus a été acceptée
par les régents, et le décret portant nomina-
tion de ces ministres sera publié demain au
Journal officiel.
L'ÉTAT DE SIÈGE EN BOLIVIE
New-York, SI août. - Une dépêche de Val-
paraiso au Neiv-York Hérald annonce que M.
Baptista, le nouveau président de la Bolivie, a
proclamé dans tout Je pays l'état de siège,
dans la crainte que le général Camacho n'or-
ganise une révolution,
LA
SAISON DES EXAMENS
LES CANDIDATS ET LA CANICULE
A quoi sert le Champ de Mars.-L'abus
des recommandations.—Un truc
ingénieux pour les sup-
primer
Pour être candidat, on n'en est pas moins
homme ou sur le point de le devenir, et la
perspective de s'appesantir sur un texte
quelconque pendant les heures les plus
èhaudes de ces journées sénégaliennes jus-
tifie amplement ce nom « d'épreuves » don-
né aux exercices auxquels se livre depuis
deux mois la jeunesse des deux sexes.'
Il faut croire cependant que le métier a
des grâces cachées et des compensations
bien douces, puisqu'on voit grossir d'année
en année aux portes de la Sorbonne la
théorie des aspirants et des aspirantes en
quête du moindre morceau de parchemin.
Après la joie d'être officier d'Académie, il
semble qu'il n'y en ait pas de plus grande
au monde que d'arriver au baccalauréat,
ce qui est du reste infiniment plus diffi-
cile.
On ne trouve plus assez de juges pour
juger une telle multitude, on ne trouve
plus de locaux assez vastes pour la con-
tenir; et en attendant qu'on utilise les
plaines de la Champagne ou de la Beauce,
on a dû, cette année, mettre à contribu-
tion le Champ de Mars.
Les architectes qui ont édifié les palais
qui font face au Trocadéro ne s'imaginaient
pas quel service ils allaient rendre à l'exa-
minomanie nationale.
Comme en Chine
Nous n'avons plus rien à envier aux let-
trés du Céleste-Empire. Nous avons, nous
aussi, notre palais des examens. Ceux que
la canicule n'a pas écartés du Champ de
Mars ont pu voir dernièrement, alignés
dans la galerie de 30 mètres, 1,200 ou 1,500
candidats au baccalauréat qui suaient à
grosses gouttes sur les obscurités de Tite-
Live ou de Tacite, en dépit de la belle lu-
mière que les coupoles d'azur tendre leur
versaient d'aplomb sur la tête.
Grâce à ce système, on a pu en vingt
heures « nettoyer » une masse de potaches
qui autrefois, pendant trois semaines, se
seraient succédé par petits paquets dans
les modestes amphithéâtres des Facultés.
Mince de piston !
Autre réforme qui n'est pas sans char-
mes : Il est désormais impossible de recom-
mander le moindre cancre à la bienveil-
lance de ses juges. - -
Dieu sait si l'on usait autrefois de l'encre
et des voitures pour aller relancer les pro-
fesseurs en faveur de ces bons jeunes gens
« bien méritants mais si timides. » Dès leur
inscription, les candidats étaient répartis
en séries et la liste des professeurs chargés
de faire subir les examens de chaque série
était, plusieurs jours à l'avance, affichée en
cour de Sorbonne. De là, dans l'escalier
des examinateurs, un interminable va-et-
vient de parents et de quémandeurs prêts à
harponner au passage l'infortuné assez mal
inspiré pour rentrer chez lui en temps
d'examens.
Adieu paniers, vendanges sont faites!
Pour le baccalauréat du moins, la recom-
mandation n'est plus qu'un souvenir his-
torique, C'est un genre de littérature épis-
tolaire en train de disparaître, comme l'o-
raison funèbre et la tragédie.
Aujourd'hui, les jurys sont désignés au
moment même où l'on entre en séance.
Une heure avant, le professeur ignore
encore qui il va juger, et le candidat qui
va le juger.
Pour la galerie
On devrait bien, pendant qu'on est en
veine, supprimer ou restreindre aux seuls
intéressés la publicité des examens, qui
n'offre aucune garantie et n'est le plus sou-
vent qu'un trompe-l'œil.
La plupart des curieux sont absolument
incapables d'apprécier la valeur des épreu-
ves. Ils manquent du reste des éléments
d'information que possède le professeur
et leur présence a souvent un double in-
convénient.
D'abord, ils contribuent à troubler le
candidat qui, brusquement arraché de sa
classe et transporté dans la pleine lumière
du forum, est enclin à débiter des sottises
dont il rougit l'instant d'après. En outre, ils
faussent quelque peu la nature même de
l'examen en incitant le juge à parler pour
le public, à chercher par-dessus la tête du
patient des succès d'amour-propre à bon
marché, ou dont le candidat fait tous les
frais. Plusieurs professeurs de Sorbonne
sont restés légendaires sur ce chapitre. —
« Je passe tout à l'heure avec Caro, disait
un candidat très nerveux à son professeur,
qu'est-ce que je vais lui dire ? — Mon ami,
écoutez-le et vous êtes reçu. » Neuf fois sur
dix le moyen réussissait.
On a très justement écarté le public des
examens imposés aux jeunes filles. Il n'y a
pas de raisons sérieuses pour perpétuer ail-
leurs ces exercices de mauvaise rhétorique
qui ont fait leur temps.
COURRIER DE MADAGASCAR
Arrivée de l' « Amazone ». — Notre
situation à Madagascar.
toz NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlsa)
Marseille, 21 août.
Le paquebot Amazone, des Messageries-
Maritimes, courrier de Maurice, la Réu-
nion et Zanzibar, est arrivé ce matin avec
172 passagers, parmi lesquels M. Prisette,
capitaine d'artillerie, venant de la Réu-
nion, Coudon-Villebrode, trésorier-payeur
à Tamatave, Valat, capitaine de frégate,
Mornet, lieutenant de vaisseau, 1A quar-
tiers-maîtres et marins, plus 6 seconds-
maîtres, Montignault, capitaine d'infante-
rie de marine, Pouquet, lieutenant, venant
de Diégo-Suarez, et M. Fleury, consul de
Belgique à Zanzibar.
Le navire a rapatrié 50 soldats de l'infan-
terie de marine rentrant pour rétablir leur
santé fortement altérée par le climat fié-
vreux de Madagascar.
Familles rapatriées
A bord, j'ai remarqué aussi la présence
de onze familles françaises que le résident
supérieur fait retourner en France.
Ces braves gens qui avaient quitté leur
pays avec de sérieuses économies, croyaient
qu'à Madagascar et à la Réunion, avec
l'argent qu'ils avaient, ils allaient faire
une fortune. Leur désillusion a été com-
plète, et à bord même, les passagers ont dû
se cotiser pour venir au secours de leur
misère.
Notre situation
Les nouvelles apportées par le courrier,
qui a fait une très heureuse traversée, sur
notre situation à Madagascar, sont loin
d'être des plus satisfaisantes. Les.fièvres et
la dyssenterie déciment les troupes de
notre corps d'occupation. A Tamatave, à
Tananarive, ainsi qu'à Diégo-Suarez, les
hôpitaux sont encombrés de malades. Les
soins nécessaire&même font défaut.
La reine des Malgaches, se sentant soute-
nue par les Anglais, continue à le prendre
de haut avec nous ; il ne se passe pas de jour
sans qu'elle ne nous fasse sentir le peu de
Cas qu'elle fait de nous. Les commerçants
français liquident leurs affaires qui n'ont
pas été prospères et s'empressent de rentrer
en France.
Il ne se passe pas de semaine sans qu'on
apprenne que quelques maisons de nos
compatriotes aient été pillées par des sol-
dats malgaches, trop heureux s'ils parvien-
nent à échapper aux coups de ces misé-
rables.
Des brigands de la cote Ouest ont visité
ers la fin de juin le village de Faname-
hana, situé au sud-ouest de Fianarantsoa.
Toutes les cases y compris celle qui
sert d'église aux Pères, ont été mises au
pillage : cinq personnes auraient été tuées
et plus de soixante femmes et enfants em-
menés en captivité. Les brigands se sont
retirés avant que l'autorité locale ait eu le
temps d'intervenir.
Il serait temps d'agir, si nous ne voulons
pas que les Anglais ne nous mettent à la
porte.
TENTATIVE D'ASSASSINAT
Cahors, SI août.
Une tentative d'assassinat vient d'être
commise à Leyme (Lot) dans les circons-
tances suivantes :
M , ; Girles, ancien premier commis des
contributions indirectes, revenant d'un vil-
lage assez éloigné de sa commune, fut ac-
costé par un individu qui le salua par son
nom et, lui parlant comme à une connais-
sance, lui demanda cinquante francs ou
tout au moins le contenu de son porte-
monnaie.
Devant l'attitude menaçante de cet
homme, M. Girles remit son porte-mon-
naie, et l'inconnu s'éloigna en disant :
« Vous me rendez un grand service, je suis
un honnête homme et dans quelques jours
je vous rembourserai. »
M. Girles, intimidé, se tut. Jeudi dernier,
à dix heures du soir, M. Girles, passant dans
un bois, se trouva en présence du même
étranger qui l'invita comme précédemment
à lui remettre 50 francs.
Cette fois, M. Girles sortit son revolver,
mais le voleur se précipita sur lui, le dé-
sarma et lui tira à bout portant trois coups
de feu. Les balles ne pénétrèrent point, la
charge de poudre étant trop faible et les
cartouches très anciennes.
M. Girles perdit connaissance et ne re-
vint à lui qu'à cinq heures du matin.
Quand il reprit ses sens, il se trouva dans
une bruyère, a 60 mètres du lieu du crime,
et totalement dévalisé.
Recueilli par des habitants, il a donné
des détails précis sur son agresseur qui ne
tardera sans, doute pas à être découvert.
CHRONIQUE
Vous navez. pas oublié sans doute les
réflexions de quelques-uns de mes cor-
respondants sur la façon dont les campa-
gnes se dépeuplent en France au profit
des villes. J'ai depuis reçu bien d'autres
lettres, presque toutes curieuses, et tou-
tes pleines de petits faits comme les
aimait Stendhal, vrais et probants. Je les
espace pour ne pas fatiguer le lecteur, qui
veut dans la chronique une grande va-
riété de sujets. Il faut pourtant que je
rende aujourd'hui la parole à ce maire de
village qui le premier chez nous a éveillé
cette question. Au reste, il n'y a aucune
raison de ne pas le nommer. C'est le maire
de Montchenu, une petite commune de la
Drôme.
Je ne le connais pas; mais, sapristi, je
fais mon compliment à la commune de
Montchenu : elle possède un maire qui
n'est pas seulement un fin laboureur
mais un maître épistolier; j'ai rarement
vu prose plus ferme, plus nette, plus in-
cisive. Ah! en voilà un qui sait ce qu'il
veut dire et qui le dit à la française,
avec précision et bonne humeur!
Je suis par malheur obligé de choisir
dans sa seconde lettre, qui est plus lon-
gue que la première, — trop courte pour
moi ; mais une chronique de journal doit
se serrer dans l'espace qui lui est réservé.
«. Je m'étais permis, m'écrit le maire
de Montchenu, de gourmander messieurs
les publicistes de ce qu'ils appuyaient,
dans d'excellentes intentions, je le recon-
nais, les réclamations de ces beaux em-
ployés en rupture de charrue, et j'ajou-
tais que plus vous augmenteriez les ap-
pointements de ces messieurs, plus vous
exciteriez la jeunesse campagnarde à
laisser là bœufs, vaches et cochons, sauf
le respect que je vous dois. Allant jus-
qu'au bout de mon raisonnement, je
trouvais et je trouve encore mauvais que
des gaillards qui nous ont quittés pour
gagner davantage, et certainement pour
travailler moins, viennent maintenant se
plaindre de n'être point assez payés et
même de mourir de faim, eux qui, avant
d'entrer dans leur administration ou pu-
blique ou privée, non sans avoir fait
agir, pour y parvenir, toutes les influen-
ces cantonales ou départementales qu'ils
purent mettre en mouvement, savaient
fort bien, après tout, à combien s'élèverait
leur traitement.
A cela, votre Vendéen nous répond par
le récit de ses malheurs.
C'est l'inondation qui les a fait fuir,
lui, son père, sa mère, ses frères, ses on-
cles, ses tantes ! Pour lui, voilà la cause
de la dépopulation des campagnes. Comme
si, mon brave homme, depuis que la cam-
pagne existe, il n'y avait pas toujours eu,
chaque année, des inondations, des grê-
les, des pluies quelquefois interminables,
et des sécheresses sans fin, comme celle
dont nous souffrons cette année, des ge-
lées à fendre pierres et bois, sans comp-
ter l'armée des cryptogames, mildew,
pourridée, maladie des pommes de terre
et des betteraves ; puis les cohortes de
sales petites bêtes, phylloxéra, cochylis,
pyrale, et le diable !
Certes, s'il fallait fuir à chaque fléau
qui tombe d'ici. de là, un peu uartout, et
l'on ne peut pas dire au petit bonheur,
il y a longtemps qu'il n'y aurait plus do
campagne.
Et puis, mon cher maître, n'avez-vous
pas fait la réflexion que le père db ce
brave Vendéen a pu vendre sa maison et
ses deux petits champs dix mille francs.
Peste ! des champs à quatre mille francs
pièce! car, à la campagne, vous le savez
sans doute, les maisons rurales comptent
pour peu de chose. Chez moi, ces deux
petits champs représenteraient dix hec-
tares de bonnes terres labourables. Si le
Vendéen a pu vendre à ce prix sa pro-
priété, c'est qu'elle le valait. Où est le cul-
tivateur qui débourserait tant d'argent
pour un terre inculte et périodiquement
inondée ? S'il s'est trouvé un paysan pour
l'acheter, c'est qu'il voulait la faire va-
loir. D'où je conclus que notre brave Ven-
déen n'avait pas su ou voulu en tirer
parti.
Quant à votre Normand, c'est une autre
affaire. J'avoue que celui-là m'agace da-
vantage encore. Que vient-il nous chanter
de la campagne, celui-là? Est-ce là un
paysan paysannant? Est-ce là le vrai cul-
tivateur? Votre tisserand flamand n'a pas
voix au chapitre campagnard. Il se trouve
à peu près dans la même situation que
nos ouvriers en soie des environs de no-
tre Lyon, lesquels ont quitté cette ville
pour aller travailler de leur métier et
vivre à meilleur compte à la campagne.
Fort bien pour leur industrie ! Mais je
veux que l'Isère et le Rhône m'emportent
si cela a été bien fameux pour nous, cul-
tivateurs !
Ce Normand se plaint encore que les
ouvriers belges viennent lui ôter le binage
des betteraves! Mais si les propriétaires
des betteraves normandes ou flamandes les
font piocher, biner et sarcler par des bras
belges, c'est que sans aucun doute les ou-
vriers belges font de meilleure besogne et à
meilleur marché. Ils se retirent, ajoute
notre Normand, avec un petit pécule,
qu'ils emportent chez eux; ils peuvent
donc, avec ce salaire, vivre et même faire
des économies !. »
Le maire de Montchenu, continuant de
causer avec moi, aborde une autre ques-
tion : c'est qu'à la campagne on ne peut
pas payer les ouvriers agricoles aussi cher
que dans l'industrie.
«Cependant, ajoute-t-il, vous habitants
des villes, vous vous plaignez sans cesse
que la vie soit hors de prix. Cela est pos-
sible ; mais ce n'est pas nous qui en som-
mes cause. Consultez les mercuriales ;
vous verrez que jamais on n'a vendu le
blé meilleur marché que depuis quelques
années.
» Il y a trente ans, j?avais alors vingt-
cinq ans, et j'étais déjà maître de maison.
Je vendais mon blé de M à 26 fr. l'hecto-
litre, tandis que depuis dix ans, je ne
l'ai jamais vendu plus de 18 franco et
quelquefois 16. Les poulets valent tou-
jours chez nous trente sous pièce, les
moutons 18 francs. »
1 Le maire poursuit cette; énumératioEh,
• montrant qu'aucun des produits de la
terre n'a haussé de prix depuis trente
ans et que quelques-uns ont baissé au
contraire. Le producteur vend tout moins
cher, le consommateur paie tout plus
cher, beaucoup plus cher ! La conclu-
sion ?
« C'est tout simplement qu'on vous
vole, messieurs de la ville. C'est que les
intermédiaires font leur main. Achetez-
nous directement, vous y aurez avantage
et nous y gagnerons; et nous pourrons
offrir à nos ouvriers des salaires plus
élevés, des salaires tout au moins égaux
à ceux qu'ils espèrent dans l'industrie ou
même dans le fonctionnariat.
» Sur ce, mon cher maître, je prends
congé de vous. Songez que je suis forcé,
pour vous écrire, de prendre sur mon
repos,du dimanche. Je ne suis pas, comme
vous le supposez peut-être, un cultiva-
teur amateur. Levé dès quatre heures du
matin, je ne prends par jour d'autre re-
pos que deux ou trois heures, pour dé-
jeuner, lire mes journaux et expédier
ma correspondance la plus pressée. Le
dimanche même n'est pas pour moi un
jour absolument libre. Je suis maire, et
maire mairant, comme je suis cultiva-
teur cultivant. C'est le dimanche qu'on
marie chez nous.
» Ah ! à propos, votre Vendéen nous con-
tait que ses tantes ou ses sœurs étaient
bien malheureuses d'avoir quitté la cam-
pagne. Voilà deux mois que je demande
à tous les échos des environs, qui me ré-
pondent flûte ! une femme ou une fille de
ferme. Si le Dauphiné pouvait offrir
quelque consolation à l'une de ces pau-
vres Vendéennes, je lui propose de venir
me trouver. Car il me manque, à mon
faire-valoir, un serre-file (sic) féminin, ce
qui est bien ennuyeux.
» J'ai écrit au maire de Saint-Gervais
pour lui dire que si quelqu'une de ses
malheureuses sinistrées était sans abri et
sans ressources, je lui offrais une place
chez moi. J'ai mis un timbre dans la
lettre. Pas de réponse. Et vous ne voulez
pas que je sois impatienté. Je ne peux
pourtant pas faire tout moi-même) traire
mes vaches et mes chèvres!. »
Mais voilà ! ce n'est pas amusant de
traire les vaches! le travail des champs
est dur, et personne ne le veut plus faire!
Comment sortirons-nous de là ?
Francisque Sarcey.
LA FIN DE LAVATER
Lavater, le fameux Lavater que tout le
monde a rencontré dans les rues de Paris
criant : « La bonne aventure ! Qui veut son
horoscope ! voilà Lavater!" a été envoyé hier
à l'asile de Charenton par les soins de M.
Brunet,commissaire de police deVincennes.
Lavater — ou plutôt de son véritable
nom Louis Gé, demeurant à Issy — s'était
présenté devant ce magistrat en lui disant :
— Vous n'ignorez pas, monsieur le com-
missaire, que le soleil est tombé sur la
terre. L'un de ses rayons m'a perforé le
crâne et me brûle le cerveau. Je vous prie
de convoquer les pompiers de la localité,
afin d'éteindre les flammes qui me brillent.
Le pauvre Lavater était devenu fou subi-
tement*
DEUX MONUMENTS
DE METZ A BATILLY
Répétition générale de la revue prus«
sienne. — Les portraits de Guil-
laume II. — La statue de Ney.
— Un modeste monument
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL )
Mete, O août.
JT e viens de faire, dans la demi-teinte de
l'aube crevant, le trajet de Metz à Batilly à
travers le vaste ossuaire où dorment les
cinquante mille hommes tombés en 1870,
dans les heurts sanglants des 16 et 18 août.
Autour de moi, dans la campagne, il y a
des bruits de troupes en marche. Les rou-
tes sonnent sous les pas lourds et cadencés
ou geignent sous la piaffe des chevaux et le
roulement des canons. Les masses de ver-
dures se piquent des étincelles que le so-
leil levant allume à la canule des casques
et à la pointe des baïonnettes ; et, émer-
geant de la mer blonde des blés dans la
brume aurorale, on voit flotter les bande-
reles noires et blanches, accrochées à la
lame des dragons bavarois.
C'est la garnison de Metz qui s'en va —
par la fraîcheur crépusculaire — faire à
Frescaty, une « répétition générale" de 'la
revue qui sera passée le mois prochain
par l'empereur.
Toute la ville est pleine, du reste, de ce
voyage impérial. A la vitrine des photo-
graphes, des papetiers, des marchands
d'estampes, s'étale le portrait de Guil-
laume II : de face, de profil, de trois quarts
à pied, à cheval et en voiture! Tantôt en
cuirassier blanc, tantôt en hussard rouge,
tantôt en chasseur de Lutzow, en uhlan, en
uniforme russe, autrichien, italien ou an-
glais! Voire en « capitaine de vaisseau"
lisant la Bible à ses matelots (sic) ou en
simple père de famille faisant risette à ses
enfants !
J'ai rencontré par les rues force corps de
musique d'un aspect formidable. Il v a là
des instruments dont la vue seule donne la
chair de poule : des cuivres qui déroulent
des anneaux et évasent des gueules de py-
thons, des bassons monstrueux, des flûtes
mastodontales, des trompettes à faire crou-
ler les murs d'une nouvelle Jéricho ! Pour
quels Lohengrins ou pour quels Pcirsifals
Tubalcaïn a-t-il forgé toute cette chaudron-
nerie, ô mon Dieu ! Il paraît que c'est pour
la grande retraite aux flambeaux qui sera
exécutée le soir de la revue. Ajoutez à ce
déchaînement d'harmonie trois cents tam-
bours au son aigre et autant de fifres au rire
aigu. En vérité, je vous le dis : il faut plain-
dre d'avance les oreilles — et les carreaux
— des Messins.
La statue de Guillaume
Sur l'Esplanade, un peu en arrière
du bronze de ce Michel Ney qui aima mieux
se laisser fusiller que de se réclamer de la
nationalité allemande, se dresse un pié-
destal qui, si j'en juge par ses proportions,
servira de base à quelque chose de colossal
et d'écrasant.
Ce piédestal attend la statue équestre de
Guillaume Ier. Celle de Ney lui tourne irré-
vérencieusement le dos. On ne pouvait
songer à les placer face à face. Avec son fu-
sil au poing, sa figure martiale et sa. pose
énergique, le héros de la Moskowa aurait
en l'air de crier : Oh ne passe pas ! au vain-
queur de Sadowa et de Sedàn.
L'inauguration de ce moment élevé à la
gloire de son aïeul, — et comme un cachet
apposé par le conquérant sur sa conquête,
— sera, dit-on ici, une occasion pour
Guillaume II de parler surtout de lui-même
et de se couronner de quelqaes fleurs de
rhétorique.
A Erfurth, Napoléon faisait jouer Talma
devant un parterre de rois. A Metz, le Il
septembre, le fils de Frédéric-le-Sage dis-
courra devant un auditoire de monarques
à la suite et de principicules annexés. Il
ne semble point qu'il les tienne autrement
que pour des comparses médiocrement
amusants.
— Où casera-t-on les hôtes de Votre Ma-
jesté à Urville ? lui demandait le grand-ma-
réchal de la cour.
— Mes hôtes resteront à Metz : je viens à
Urville pour me @ distraire, et je prétends
n'y être. ennuyé par personne.
On affirme même ici que le jeune sou-
verain se serait servi d'un mot beaucoup
plus malsonnant qu'ennuyé et qui n'aurait
guère son équivalent que dans Cambronne.
Dans tous les cas, les roïs de Bavière, de
Saxe et de Wurtemberg, ainsi que nombre
de grands-ducs ejusdem farinai, logeront à
Metz à leurs frais.
Sens pratique et économie mêlés!
Pour les Français
Me voici à Batilly, un village perdu
dans la plaine où eut lieu le choc des deux
armées.
Sur le côté d'une route poudreuse, chauf-
fée à blanc par le soleil, un très modeste
monument, qui ressemble à une fontaine
Wallace, surmonté d'une croix de Lorraine,
avec, sur la face principale, l'inscription :
Aux. soldats morts pour la patrie !
et, sur ses faces latérales :
LE GÉNÉRAL COMTE DE GESLIx.-L'œuvRE
DES TOMBES FRANÇAISES
LE CONSEIL GÉNÉRAL DE MEURTHE-ET-MOSELLE
Plus loin, sous un bouquet d'arbres, de-
vant une vieille église aux pierres ridées et
branlantes, un autel rustique fait de mousse
et de drapeaux et un catafalque succinct
sur lequel sont jetés une tunique, des épau-
lettes de laine et un képi de fantassin. Cette
simplicité ne manque ni d'éloquence ni de
grandeur. On dit la messe là en plein air,
sous l'âpre chaleur de midi, pour le repos
des âmes vaillantes qui n'ont pas failli au-
trefois dans la tempête de fer et de feu. Là,
point de régiments massés et saluant de
leurs hourrahs de triomphe leur vieux kai-
ser victorieux. Point de souverains, de clo-
ches, de musiques, de canons. Pas même
l'ombre de l'ombre d'un reporter! Un mil-
lier de paysans endimanchés, nombre d'of-
ficiers et de soldats de la garnison de Ver-
dun, tous les ecclésiastiques des environs,
un peloton de douaniers et quelques mes-
sieurs officiels à écharpes et à galons. Mais
des larmes dans tous les yeux, du recueil
lement sur tous les visages et de l'émotion
dans tous les cœurs.
Je ne vous dis rien des discours pronon-
cés. Non point qu'il n'y ait été dit d'excel-
lentes choses. Mais, songez donc, par une
température à faire durcir des œufs entre
cuir et flanelle!
Et puis parlez-moi de ces braves paysan-
nes des villages annexés, qui vous sau-
taient gaillardement au cou du premier
troupier qu'elles rencontraient et qui vous
l'embrassaient à pleines lèvres sur les deux
joues ,comme si c'était la France, leur mere
qu'elles serraient dans cette etreinte.
Voilà qui en dit plus long que la grande
loquence de MM. Méziéres ou Volland 1
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