Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1892-08-16
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 août 1892 16 août 1892
Description : 1892/08/16 (A22,N7519). 1892/08/16 (A22,N7519).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560511s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
Vingt-deuxième N* î 8
CINQ Centimes — Paris et Départements — CINQ Centimes MARDI 16 AOUT 1893
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tÉMCTtOtt ET IDBIIISTMTIW -'': ,;
14S, Rue :MÕD.
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HEUREUXSYMPTOMES
1 Allons-nous assister à une orienta-
tion nouvelle de notre politique colo-
niale, à une heureuse transformation
des mœurs publiques quand il s'agit
d'expéditions lointaines ? Ce qui s'est
passé au départ du lieutenant Mizon,
qui reprend avec une si vaillante, ar-
deur la route du lac Tchad, serait de
nature à nous le faire espérer.
Il faut bien le reconnaître, jusqu'à
présent nos explorateurs n'étaient
guère habitués à compter que sur eux-
ïnômes ou sur le gouvernement. Sans
doute, on les accueille très chaleureu-
sement au retour, on leur offre des
banquets et des médailles commémo-
ratives ; quelquefois, l'Etat encourage
et subventionne leurs entreprises, et
quand elles réussissent on se trouve
inopinément doté d'une colonie nou-
velle qui pique au bon endroit l'amour-
propre national. Mais c'est à peu près
l'unique satisfaction qu'on en puisse
attendre.
Les établissements coloniaux qui
doivent tout à l'Etat s'habituent aisé-
ment à ne compter que sur l'Etat seul,
et on ne tarde pas à .s'apercevoir qu'ils
n'ontaucune raison d'être en dehors
de ce puissant patronage. C'est une
occasion précieuse de créer quelques
employés de plus et d'installer dans
un ministère un bureau qui se livrera,
comme les autres, a l'exportation des
fonctionnaires dont la métropole tient
A se débarrasser.
Il ne faut pas chercher ailleurs la
cause des attaques dont la politique
coloniale a été si souvent l'objet. Les
colonies qui ne semblent créées que
pour faire vivre les bureaucrates sont
irrémédiablement condamnées par l'o-
pinion. Aussi doit-on se réjouir de
tout ce qui prépare un changement
complet de système et un avenir nou-
veau.
Si le lieutenant Mizon part cette
fois mieux outillé, mieux armé pour
accomplir sa tâche, ce n'est pas à
l'Etat seul qu'il le doit. Il a trouvé, à
côté du monde officiel, le concours
inestimable* clé l'industrie et du com-
iherce français. De très importantes
maisons lui ont fait parvenir, à titre
gracieux, de grandes quantités de
marchandises qui lui permettront d'en-
trer plus facilement en relations avec
les indigènes, et aussi de fonder entre
le Niger et le Tchad un comptoir d'é-
change pour nos produits et ceux de
l'intérieur. Il s'est trouvé près de deux
cents maisons pour répondre à l'appel
du Comité de l'Afrique française. On
cite un gros industriel qui a donné à
lui seul pour 30,000 francs de mar-
chandises.
Ce n'est donc pas à la conquête
d'une renommée stérile que marche
jpn ce moment le lieutenant Mizon, et
il paraît très préoccupé lui-même des
résultats tangibles de l'expédition qui
commence.
« Le but de ma nouvelle mission,
ècrit-il, est avant tout de créer un
mouvement commercial français dans
le Soudan central, et ce qui montre à
quel point on s'intéresse maintenant
aux choses d'Afrique, c'est qu'il m'a
fallu trouver deux vapeurs, l'un de
120, l'autre dé 80 tonneaux, pour por-
ter jusqu'à Yola les nombreux ballots
de matériel qdi m'ont été remis. »
La Compagnie anglaise du Niger
joue vraiment de malheur : elle n'a pas
réussi à faire assassiner notre intré-
pide explorateur, et elle lui a com-
muniqué en revanche une forte dose
de ce sens pratique à l'aide duquel
il espère la battre sur le terrain des
affaires
Il importe de ne pas oublier, en
effet, que si la colonisation anglaise
et en ces derniers temps, la colonisa-
tion allemande ont fait des progrès si
rapides, c'est qu'elles ne sont pas
l'œuvre de la bureaucratie, mais de la
Tiche bourgeoisie des deux pays. C'est
une maison de Brème qui a fondé le
vanlaralalld. Au Zanzibar et sur la
côte de Guinée, les négociants alle-
mands ont précédé le pavillon germa-
nique et les fonctionnaires qui le pro-
tègent aujourd'hui.L'intervention offi-
cielle des agents de l'Etat se borne à
défendre les intérêts économiques qui
existent, qui ont pris racine dans les
pays lointains. Il ne viendrait à per-
sonne l'idée baroque de mettre la
charrue devant les bœufs et d'appointer
des consuls et des résidents en des ré-
gions où nous n'avons pas le moindre
comptoir à défendre.
Trop longtemps, chez nous, les en-
treprises lointaines n'ont été qu'un
sujet de thèses soutenues ou combat-
tues à un point de vue également spé-
culatif par autant de colonisateurs en
chambre. Il vaut mieux, comme vient
de le faire le comité de l'Afrique fran-
çaise, y intéresser la partie la plus
laborieuse de la nation, le monde des
industriels et des commerçants,qui ne
e contentent pas de la viande creuse
des discours et réclament en affaires
une nourriture plus substantielle.
L'accord qui s'est établi entre eux et
le lieutenant Mizon est d'un bon au-
gure. Njoiis attendons de sa nouvelle
expédition mieux qu'un beau chapitre
à ajouter aux explorations célèbres.
Dans ce domaine aussi, l'âge héroïque
touche à sa fin.
André Balz.
Le XIX. - SIECLE publiera demain la
« Chroniaue D. nar M. Paul Ginisty
ELECTION SÉNATORIALE
''?t DE LA CORSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Ajaccio, 1A août.
La lutte sera intéressante dimanche pro-
chain. :
Trois candidats se disputent le siège sé-
natorial laissé vftçant par le décès de M. Mo-
relli :
M. le docteur Pitti-Ferrandi, un dé-
mocrate comme on l'entend ici, un prati-
cien expérimenté et un ami tout particulier
du député de Sartène ; -
M. Muraccioli, un simple métreur sur nos
routes nationales, rapidement enrichi dans
l'affaire de Panamaqul n'est rien par lui-
:
même. , ": - -
Il est le candidat du haut clergé du dé-
partement, représenté par M. le chanoine
Casanelli, nereu de l'évêque de ce nom.
Le troisième candidat est M. Delombre,
un ami personnel de M. Rouvier qui a fait
sienne cette candidature.
M. Delombre est, en outre, patronné par
M. de Casablanca, sénateur.
Il est complètement étranger à notre dé-
partement et à nos intérêts. Aussi arrive-
t-il les poches remplies des plus alléchantes
promesses. '*
Ainsi, le chanoine Casanelli serait pro-
chainement pourvu d'un évêché, moyen-
nant quoi son neveu, M. Muraccioli, se dé-
sisterait en faveur de M. Delombre.
D'autre part, on raconte que M. le séna-
teur Péraldi, fatigué des luttes politiques,
quitterait prochainement le Luxembourg
et recevrait une large compensation dans
l'administration des finances.
Dans un département qui a eu tant de
peine à se ràllier frauchement à la Répu-
blique, on en revient aux candidatures of-
ficielles.
L'intervention presque directe de M. Rou-
vier dans nos affaires n'est pas faite pour
amener l'apaisement dans un pays encore
trop divisé et trop agité.
FÊTE SOCIALISTE
Rpubaix, th août. — Grande fête socialiste
aujourd'hui à Roubaix, où on a inauguré, en
compagnie d'un grand nombre de socialistes
venus tout exprès de Belgique, le local de la
Paix » sur le boulevard de Belfort.
Après une allocution du maire et un long
discours de l'adjoint, M. Anseele, chef du parti
socialiste gantois, a pris la parole.
M. Anseele, après avoir remercié les socia-
listes roubaisiens de leur accueil, a exprimé
l'espoir que le. suffrage universel serait pro-
clamé en Belgique en 1891. et que les socialis-
tes gantois pourraient alors inviter les socia-
listes roubaisiens à fêter avec eux leur succès
à l'hôtel de ville.
Un .concert et une conférence ont été ensuite
donnés au théâtre Deschamps.
Quatre brigades de gendarmerie avaient été
envoyées à Roubaix, mais tout s'est passé dans
un grand calme.
MINEURS ET FORÇATS
New-York, 1A août.
Les mineurs de Tracy-City (Etat du Ten-
nessee), mécontents de l'emploi des forçats
dans les mines appartenant a la Compagnie
de charbon et de chemins de fer du Ten-
nesssee, ont incendié hier matin les bâti-
ments dans lesquels les forçats sont dé-
tenus.
Ils firent ensuite monter les forçats dans
un train, et, le revolver au poing, obligè-
rent les employés du chemin de fer à lais-
ser partir le convoi.
A quelque distance de Tracy-City, les
forçats coupèrent le train en deux et cher-
chèrent à s'échapper. Des coups de revolver
furent échangés.
Il y a eu un tué et un blessé.
On n'a jusqu'à présent aucun détail, la
ligne télégraphique ayant été coupée par
les mineurs.
LE CHOLÉRA
Saint-Pétersbourg* lit août. - D'après des
renseignements officiels, 13 personnes sont
mortes hier du choléra à Saint-Pétersbourg,
et S à Moscou le 15.
LES MINEURS BELGES
Bruxelles, lh août.
Le congrès national des mineurs belges,
réuni cet après-midi à Frameries, a voté en
principe, après une longue discussion, la grève
générale pour le cas où la Constituante se
montrerait hostile à l'institution du suffrage
universel.
UN COUP DE TRANCHET
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Bordeaux, AU octobre.
La semaine dernière, se déroulait devant
la cour d'assises un gros procès de détour-
nement d'héritage.
Un sieur Chapoulié, cordonnier, avait été
le dénonciateur de cette affaire, qui se ter-
mina du reste par l'acquittement des pré-
venus, les allégations de Chapoulié ayant
été reconnues mensongères.
A la sortie de l'audience, Chapoulié fut
hué par la foule, qui lui aurait fait un
mauvais parti sans l'intervention de la po-
lice.
Depuis, Chapoulié était l'objet du mépris
non déguisé de ses voisins, qui ne se gê-
naient pas pour l'invectiver. Parmi ses en-
nemis, l'un des plus acharnés était sans
contredit Henri Fournier, commis de ma-
gasin et marchand ambulant, qui vit avec
une femme sur le compte de laquelle Cha-
poulié a tenu souvent des propos ordu-
riers.
Hier soir, à huit heures, Fournier passa,
légèrement pris de boisson, devant la de-
meure de Chapoulié. Une querelle s'enga-
gea entre les deux hommes. Fournier ayant
porté un coup de pied à Chapoulié, celui-ci,
randissant un tranchet de cordonnier,
frappa Fournier en pleine poitrine, lui fai-
sant une blessure des plus graves.
Arrêté, le meurtrier n'a manifesté au-
cune émotion.
DIX SERPENTS ÉCHAPPÉS
D'UNE MÉNAGERIE
- - Evreux, lh août. - Dix serpents python se
sont échappés cette nuit d'une petite ména-
gerie installée à la foire de Saint-Taurin, à
Evreux. On a pu.en reprendre six ce matin;
les autres se dissimulent probablement sous
quelcfuè baraque de la foire. Ce fait a produit
une certaine &aotioa daas le puiJUc.
A WESTMINSTER
LA PROCÉDURE PARLEMENTAIRE
EN ANGLETERRE
A la Chambre des communes. - Le
cérémonial des séances. — L'éti-
quette et les bizarreries de la
loi. —Ce qu'est le cabinet.
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, J3 août.
Le nouveau Parlement — le treizième de-
puis l'avènement au trône de la reine Vic-
toria - vient de se réunir pour renverser
le cabinet de lord Salisbury.
En attendant que M. Gladstone ait fini de
constituer son ministère, le moment n'est
peut-être pas inopportun polir donner aux
lecteurs du X/Xe Siècle un aperçu de ce
qu'est, en Angleterre, le système parlemen-
taire.
Les siècles passés ont laissé, ici, une si
forte empreinte dans les institutions comme
dans les usages, que la curiosité trouve tou-
jours à se satisfaire quand on les examine
de près.
Nous avons déjà eu occasion de raconter,
dans un précédent article, quelle était la
procédure électorale, et l'on a pu voir
alors combien cette procédure différait de
celle des autres pays.
Nous nous occuperons aujourd'hui de ce
qu'on peut appeler la procédure législative,
et l'on verra que de ce côté comme de
l'autre tout diffère également de l'idée
qu'on se fait d'ordinaire du parlementa-
risme.
Le cabinet
C'est ainsi, par exemple, que rien dans la
Constitution ou, pour mieux dire, dans l'en-
semble des actes et des plUS qui formant ce
qu'on appelle la Constitution, ne reconnaît
et ne règle les pouvoirs du conseil de ca-
binet.
Le gouvernement même du pavs est in-
connu de la loi.
C'est l'histoire seule qui peut donner une
explication de cette étrange anomalie.
Les rois d'Angleterre se sont toujours
fait assister d'un conseil privé. Mais, Ce con-
seil étant devenu trop vaste, les souverains
s'entouraient dans leur cabinet, — c'est
même de là qu'est venu le mot, — d'un
petit nombre de leurs principaux minis.
tres. Ceux-ci finirent par accaparer tout
le pouvoir exécutif, sans qu'on songeât
jamais à faire régler leurs attributions par
un acte.
Il en résulte que les noms des ministres
ne sont jamais annoncés officiellement au
public et qu'il n'est tenu aucun procès-
verbal de leurs réunions et de leurs ré-
solutions.
Le président du conseil s'entoure du
nombre de collègues qu'il veut, car on
peut être nommé membre du cabinet sans
avoir de portefeuille spécial.
Quoi qu'il en soit, les principaux minis-
tres sont ; le premier lord de la trésorerie,
le lord haut chancelier ou conseiller du
ministère de la loi, le lord garde du sceau
privé, le chancelier de l'Echiquier ou mi-
nistre spécial des finances, le secrétaire
d'Etat au département de l'intérieur, le se-
crétaire d'Etat pour les affaires étrangères,
le secrétaire d'Etat pour les Indes, le secré-
taire d'Etat au département' de la guerre,
le secrétaire d'Etat des colonies, le maître
général des postes, le premier lord de
l'amirauté ou ministre de la marine, le
président du Board of trade ou ministre
du commerce, le président du bureau du
gouvernement local, sorte de ministère de
l'assistance et de l'hygiène, et, enfin, le
vice-président du conseil d'éducation, ou
ministre de l'instructiou publique.
Si des ministères on passe au Parlement,
tout nous y semblera aussi étrange, aussi
éloigné de nos habitudes.
La ssdle des séances
A Westminster, rien, en effet, .ne rappelle
le Palais-Bourbon. On ne voit pas dans le
foyer, qui correspond à notre salle de la Paix,
ce bruit, cette animation qui règnent d'or-
dinaire dans nos couloirs. Ici, tout est froid,
tout est calme, tout est correct. Personne
ne fume. Quelques députés se promènent
en causant et voilà tout !
La salle des séances offre le même con-
traste. Elle ressemble, à s'y méprendre, à
une église anglicane. C'est une salle rec-
tangulaire, .relativement très petite et toute
lambrissée dé chêne. Au fond;, adossée au
mur, s'élève une espèce de chaire gothique.
C'est ce qui constitue le fauteuil présiden-
tiel. m
D'autres fauteuils très confortables,à dos-
siers de cuir vert s'étendent sur trois côtés,
autour d'une grande table massive qui oc-
cupe le milieu de la salle. Ce sont les bancs
des députés.
Enfin, au-dessus de la chaire du « spea-
ker », autrement dit du président, se trouve
une longue galerie réservée aux reporters ;
et, derrière elle, une sorte de loge grillée
forme la tribune des dames.
Les députés anglais n'ont ni pupitre ni
tribune. Bien mieux, ils n'ont même pas
de stalles personnelles, et il n'y a que deux
cents sièges pour 670 honorables.
L'arrivée du speaker.
Le cérémonial des séances — car en An-
gleterre tout se fait avec cérémonie — n'est
pas moins surprenant.
C'est d'ordinaire à quatre heures que
commencent les débats. Le président, en
grand costume - robe noire et perruque —
arrive précédé de deux huissiers et suivi
d'un porte-queue, d'un chapelain et de
trois secrétaires, tandis que sur son passage
des policemen crient sans cesse : Hats od !
(chapeau bas!).
Dès que le speaker a pris place dans sa
chaire, le sergent d'armes, en habit de cour,
dépose sur la table une lourde masse de
vermeil, symbole de l'autorité présiden-
tielle, et va se placer au milieu de la salle,
désignant ainsi, par sa présence, une
« barre » imaginaire.
De leur côté, les secrétaires, — the clèrks
at the table ou commis de la table, comme
on les appelle, — s'assoient aux pieds du
président et le chapelain, en surplis, récite
des prières pour la reine, la famille royale
et les « fidèles communes ».
Pendant ce temps, les députés vont et
viennent dans la salle où ils choisissent
leur fauteuil. Tant pis pour les retardatai-
res ; ils en seront réduits à se réfugier dans
une des deux galeries latérales. Tous gar-
dent leur chapeau sur la tête et conser-
vent leur canne ou leur parapluie à la
main.
Les ministres se placent à la droite du
speaker sur le banc le plus rapproché de la
table, et les députés de la majorité occupent
les fauteuils derrière eux.
lin lace se tient l opposition et au fond
les indépendants, qu'on désigne sous le
nom de 1 gens de below the grangway — de
par-delà le couloir.
Le premier ministre, est de droit 'lecule,.
of the HQTÏIQ — chef de la Chambre. Le lea-
der de l'opposition est, lui, nommé par un
vote de la gauche pour toute la durée de la
législature.
L'ordre des débats
Les lois d'intérêt local et la lecture des
pétitions font le menu ordinaire du début
de la séance.
Le mardi et le vendredi sont consacrés
aux « notices de motions M, le lundi et le
jeudi aux lois présentées par le gouverne-
ment, et le vendredi aux bills d'origine in
dividuelle.
Lorsqu'on arrive au moment du scrutin,
la Chambre « se partage ». Ceux qui votent
pour le bill vont dans un couloir; ceux
qui votent contre, dans un autre. Des scru-
tateurs sont désignés pour vérifier le nom-
bre des membres de chaque côté, et c'est le
speaker qui prononce le résultat.
Le speaker ne doit pas voter, sauf quand
la Chambre est partagée également. IL a
alors - voix prépondérante.
Quand un bill a été adopté par la Cham-
bre des communes, le secrétaire l'envoie à
la Chambre des lords en écrivant au dos
en vieux français: « Soit ballé aux sei-
gneurs », et quand la Chambre des lords l'a
voté à son tour, la reine le sanctionne, sui-
vant les cas, par l'une de ces trois formu-
les r « La reyne le veut ", ou : « Soit fait
comme il est désiré », ou encore : « La
reyne remercie ses bons sujets, accepte
leur bénévolence et ainsi le veut. »
La Chambre des communes a sur la
Chambre des lords à peu près les mêmes
avantages que la Chambre des députés sur
le Sénat. Elle a l'initiative en matière d'ou-
vertures de crédits et de créations d'im-
pôts. Les bills relatifs à la « taxation » du
pays ne peuvent même pas être changés
ou amendés par, la Chambre des lords :
celle-ci peut seulement les rejeter en tota-
lité ou les adopter tels qu'ils arrivent des
Communes.
L'étiquette parlementaire
Une peut d'ailleurs être fait allusion
dans une des deux Chambres à ce qui s'est
passé dans l'autre sans manquer à l'éti-
quette parlementaire. Cette étiquette va
plus loin encore : elle interdit de mention-
ner dans un discours une discussion qui a
eu lieu au cours de la session.
C'est ce même principe qui fait que l'ora-
teur ne doit jamais s'adresser à ses collè-
gues. Il parle de sa place au président, et
s'il s'écartait du règlement, celui-ci ne
manquerait pas de l'avertir qu'il va se voir
dans l'obligation de le nommer — nome
him — selon l'expression consacrée, peine
qui entraîne toujours la censure de la
Chambre.
Un ignore a ailleurs les applaudissements
à Westminster. Cela n'est pas de bon goût.
Hearl Hear ! (Ecoutez! Ecoutez!) ou No!
No! (Non! Non!) sont les seules marques
d'approbation ou de désapprobation qu'on
se permet de donner.
- L'étiquette ne s'en tient pas là. Elle est
poussée a un tel point que les délibérations
du Parlement sont censées secrètes.
Bien que le public soit admis à suivre
les débats et que les sténographes des jour-
naux soient toujours-là pour les publier in-
extenso, il est entendu en effet, par suite
d'une bizarre fiction, que la présence du
public et des sténographes doit rester igno-
rée.
La publication des comptes rendus des
séances de là Chambre resté, pour" la loi
anglaise, un véritable délit. Mais, bien en-
tendu, c'est un délit qu'on ne poursuit plus,
La question de l'indemnité et du
serment.
Les députés n'ont point d'indemnité. On
dit que quelques membres du nouveau
Parlement ont l'intention de déposer un
bill pour en réclamer une.
En attendant, il n'y a que le président
qui touche un traitement annuel de 5,000
livres sterling qui se transforme en une
pension de 100,000 francs à l'expiration de
ses fonctions.
Nous aurons tout dit quand nous aurons
ajouté qu'avant de prendre possession de
leurs sièges, les députés sont tenus à faire
le serment suivant : «Moi, (X.), je promets
d'être fidèle et loyal vis-à-vis de la reine
Victoria, ses héritiers et successeurs recon-
nus par la loi. Dieu me garde ! »
Grâce à l'énergique opposition de feu
Bradlaught, on peut maintenant remplacer
le serment par une simple déclaration.
On voit que nous n'avions pas tout à fait
tort de dire, au début de cet article, que le
parlementarisme en France ne peut don-
ner aucune idée de ce qu'est le parlemen-
tarisme en Angleterre.
AU MAROC
Tanger, U. août. — Les troupes du chérif ont
attaqué hier matin les Angheras en tournant les
crêtes, et les ont mis en fuite.
LA VELOCIPÉDIE EN ALSACE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, 1A août.
Le kreis-direktor de l'arrondissement de
Mulhouse, M. de Sommer, faisant fonctions
de directeur de police, vient de prendre
un arrêté qui ne comprend pas moins de
dix-huit articles encombrant deux grandes
colonnes de journal format du XIXe Siècle.
Cet arrêté, réellement draconien, oblige
chaque cycliste à se faire délivrer une
carte de propriétaire de machine. Il lui
sera interdit de prêter son vélocipède, at-
tendu que la carte porte son nom et un
numéro d'ordre, reproduit sur la machine
en chiffres hauts de deux à trois centimè-
tres, soit devant ou derrière, bien en vue.
Tout cavalier dont le nom ne répond pas
au signalement inscrit sur la carte sera
poursuivi, sans préjudice des poursuites à
intenter au propriétaire de la machine
dont le numéro d'ordre est reproduit sur
registre à la direction de police. Tout
étranger séjournant plus de cinq jours à
Mulhouse et dans le territoire environnant
sera astreint à faire sa déclaration de pos-
session et d'usage de vélocipède.
Les signaux autres que la cloche sont in-
terdits. Tout cycliste dont la monture ef-
fraie les animaux doit descendre de ma-
chine et conduire celle-ci jusqu'à ce qu'il
les ait dépassés d'au moins trente pas. Il doit
garder la largeur de un mètre entre lui et
les personnes où les voitures qu'il dé-
passe.
L'arrêté rappelle enfin qu'il est formelle-
ment défendu, en vertu du règlement gé-
néral concernant la police des chemins de
fer allemands, d'avoir des verres rouges ou
verts à la lanterne; la marche de plusieurs
trains près des passages à niveau ayant
été troublée ou arrêtée par le feu trans-
mis par ces verres (indiquant l'arrêt ou le
ralentissement).
Enfin les courses de vitesse, les recorà.:.-
les marches accélérées aux carrefours et
sorties de «ont formellement prohi-
,oé:h ;
CHRONIQUE
Les statisticiens me font toujours rire.
En voici un dont les journaux nous ap-
portent aujourd'hui la découverte : il
s'est livré, à ce qu'il paraît, à de longs
calculs, et il est arrivé à cette conclusion,
qu'à Pans, en moyenne, on prenait un
bain par tête tous les deux. ans. Il est vrai
que ce chiffre est adouci en d'autres
feuilles, où l'on déclare qu'on prend à
Paris deux bains par tête chaque année.
Vous trouverez cette information gra-
vement insérée en belle place dans les
journaux, sans un commentaire, sans un
doute. L'infaillible science a parlé : il
n'est pris à Paris qu'un bain par tête tous
les deux ans. Les Anglais et les Alle-
mands vont lire cette statistique, la re-
produire dans leurs journaux, et vous
imagnez les inductions qu'ils ne man-
queront pas d'en tirer sur la propreté
des Français.
Il est admis, en effet, qu'à Paris on se
lave plus qu'en aucune autre ville de
France. Ils concluront que, s'il y a par
tête un bain tous les deux ans à Paris, il
n'y en a qu'un par tête tous les dix ans
en province. Que voulez-vous qu'on ré-
ponde à ce raisonnement ? Il est juste au
fond. ;
Mais c'est le fait d'où il part que je vou-
drais voir un peu mieux prouvé. Ces
statistiques me rappellent celles du pré-
fet de Gondinet dans le Panache. Vous
n'avez pas oublié comme Geoffroy était
plaisant quand il voulait, par respect
pour la statistique administrative, ma-
rier dix hommes un quart avec douze
femmes trois cinquièmes.
Comment diantre le savant ou soi-di-
sant tel qui a communiqué le chiffre
aux journaux est-il arrivé à ce résultat
fantastique? Il est allé sans doute dans
les établissements de bains de la capitale,
et il leur a demandé combien de bains
icliauds chacun d'eux délivrait par année.
Il a pris le chiffre de la population pari-
sienne. Il a divisé ce chiffre par celui du
nombre de bains donnés; il a constitué
une moyenne, et voilà! Mais il y a
un certain nombre de personnes qui
ont chez elles, à Paris, une installation
de bains et qui en prennent deux ou trois
par semaine, quelques-unes même
tous les jours. Le statisticien en a-t-il
tenu compte? Beaucoup d'autres, si elles
n'ont pas un véritable cabinet de bains à
domicile, se sont fait arranger, à la ma-
nière anglaise, un tub avec douche, et,
s'armant d'épongés, se lavent de haut en
bas tous les matins. Elles ne vont point
aux établissements de bains,dont les pros-
miscuités leur déplaisent.
La population parisienne, comme tou-
tes les populations du monde, compte un
nombre considérable d'enfants. Ces en-
fants, au moins dans la classe aisée, et
même, je crois,. dans les milieux ou-
vriers, sont baignés tous les jours, soit
dans une petite baignoire en zinc, soit
dans une terrine. Le statisticien s'en
est-il préoccupé? Voilà beaucoup de bains
dont il n'a pas enflé son chiffre.
Dans tous les établissements d'instruc-
tion publique, depuis une dizaine d'an-
nées, il y a des installations de bains, et
les enfants sont obligés de s'y rendre une
fois au moins tous les quinze jours, quand
ils ne le demandent pas eux-mêmes.
On m'assure que c'est une habitude gé-
nérale chez les ouvriers parisiens qui tra-
vaillent à des ouvrages salissants, comme
les maçons, les zingueurs, les forgerons
et tant d'autres, de se récurer. à fond tou-
tes les semaines, sans préjudice des soins
de toilette quotidiens, qui sont plus som-
-maires. Ils ne vont pas aux baL. v qui coû-
tent assez cher; il y en a de granits, je
le sais, mais qui doivent être encornbi 5«,
et il ne veulent pas attendre. Un baquet,
l'eau de la pompe du logis, un morceau
de savon et une serviette : il ne leur en
faut pas davantage pour se nettoyer des
pieds à la tête, pour sortir de là nets
comme des sous blancs.
Peut-être ne savez-vous plus ce que
c'est qu'un sou blanc et d'où vient cette
comparaison? Je vous en félicite; c'est
que vous êtes moins vieux que moi. En
mon enfance, il y avait encore des sous
blancs qui reluisaient au soleil. On nous
contait (je ne sais pas si le fait est vrai)
que ces sous avaient été fabriqués au
temps de la Révolution avec le bronze
des cloches, et que dans ce bronze il en-
trait des parcelles d'argent qui avaient
donné ce brillant aux sous. Ce qu'il y a
de certain, c'est que plus ils s'usaient, plus
ils étaient jolis à voir. De là la locution
qui était familière il y a une soixantaine
d'années : propre comme un sou blanc.
On disait même par abréviation : propre
comme un sou. Les sous sont devenus
très laids et très sales, et le mot est resté.
Mais il n e tardera pas à disparaître.
Les habitudes de propreté ont fait de
grands progrès à Paris, non pas seule-
ment dans la classe moyenne, mais aussi
chez les ouvriers. L'école laïque y est
pour beaucoup. Les instituteurs et insti-
tutrices agissent depuis des années sur
les enfants par de bons conseils d'hy-
giène; ils leur font honte de la saleté, ils
les plient lentement à admettre, ne fût-ce
que par raison de santé, la nécessité de
lavages périodiques et complets. Ces en-
seignements ont porté fruit; ils ont été
secondés par une distribution plus abon-
dante d'eau dans les maisons.
Vous n'avez pas vu le temps où l'on
n'avait au logis, pour la consomma-
tion, que les deux voies d'eau montées
par l'auvergnat du coin. Cette époque
n'est pas si lointaine, puisque Labiche
en a gardé le souvenir dans son immor-
telle fantaisie: le Misanthrope etVAuver-
gnat. Il était tout naturel qu'alors on
économisât une eau qui coûtait si cher.
On se trempait le bout du nez dans une
de ces petites cuvettes dont la province
a gardé la tradition, et la toilette était
faite. Au reste, vous savez que le grand
roi, dans toute sa gloire, ne se débar-
bouillait pas autrement. Le grand sei-
gIlr :fIui avait l'honneur de présider
au pçtz*i 'Içyçr dii monarque lui présen-
tait la serviette, qu'il avait légèrement
mouillée; Louis XIV s'en frottait le vi-
sage et coiffait sa perruque. Nous avons,
par les mémoires de son médecin Vallot,
tout le détail de ses journées: il prenait
trois lavements par semaine, mais jamais
îl n'y est question de bains. Plaignons
Mlle de Lavallière et Mme de Montes-
pan..
— Ah! sire, disait la belle Gabrielle à
Henri IV, qui, lui aussi, avait le tort de
ne pas diluer dans de forts lavages une
odeur forte et déplaisante, ah! sire, si
vous n'étiez pas le roi!
Il n'est aujourd'hui de si humble me
nage qui n'ait son robinet et qui ne dis-
pose, pour un abonnement très modique
(trop coûteux ene 'ore),de la quantité d'eau
nécessaire pour tenir propre non seule-
ment la vaisselle, mais les corps de la
maison.
Quil y ait encore de ce côté beau
coup de préjugés à vaincre et de progrès
a accomplir, je ne le nie pas. Mais il est
absurde de présenter les Parisiens comme
des animaux malpropres, qui iguorent
l'usage de l'eau. La critique serait peut-
être juste si elle portait sur certains mi-
lieux provinciaux.
Je me souviendrai toujours du mot
d'un sous-préfet, devant qui l'on parlait
de supprimer la revision, parce que
c'était une une cérémonie qui portait at-
teinte à la pudeur publique.
— .Ah! grand dieu ! s'écria-t-il, sup-
primer la revision! Mais vous voulea.
donc que nos hommes ne se lavent pas
même une fois dans leur vie !
Et il nous conta que dans sa circons-
cription il y avait encore nombre de jeu-
nes gens qui n'avaient jamais eu jusque-',-'
là l'idée de laver leurs pieds, ni leurs
jambes ni le reste, et qui ne se résignaient
à cette douloureuse nécessité que par res-
pect pour le représentant de l'autorité,
pour M. le sous-préfet.
— Et encore, ajouta-t-il, quelques-uns
arrivent-ils tout cuirassés de la crasse
accumulée et durcie par les ans. Ils n'ont
pu se résoudre à prendre un bain.
Ces mœurs sfpvages s'en iront peu à
peu. Elles ont déjà, en grande partie,
quoi qu'en disent MM.les statisticiens, dis
paru de la civilisation parisienne. Elles
ne seront plus qu'un mythe quand la
municipalité aura répandu partout l'eau
à profusion.
Francisque SarcY';:,(;,
AU DAHOMEY
BilSEIEIEBEITS RETtSOSPECTIFS
LerÓi Carnot. — C'est le lapin qui 4
commencé. — Les pillages et les
meurtres de Behanzin. — Les
premiers engagements. 1
(DE NOTUE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Marseille, th août.
Nous extrayons de lettres reçues par un
négociant de notre ville qui possède des
comptoirs au Dahomey les renseignements
suivants :
Porto-Novo, 15 juillet.
Behanzin, devant l'attitude énergique du
colonel Dodds et voulant, comme toujours,
gagner du temps, écrivit le 12 juillet une
lettre au colonel Dodds. Voici en substance
les termes de cette lettre :
Mon frère le roi Carnot n'agit pas avec la
même sincérité et la même franchise que j'ai
toujours montrées. J'ai toujours favorisé
l'influence française dans mon territoire;
les maisons Cyp. Fabre et Mantes,avec les-
quelles mon père Glé-Glé entretenait d'ex-
cellentes relations, m'ont fait un devoir de
suivre ces traditions.
Un jour, mon frère Carnot violant le
traité de Whydah, 30 octobre 1890, a voulu
s'emparer du royaume de mes pères.
J'ai toujours respecté le traité qui me lie
à vous et qui a été signé de ma main avec
le père Dorgère, mais je me suis réservé le
droit — droit qui ne m'a jamais été con-
testé — de gouverner comme je l'enten-
dais mon pays.
Vous voulez aujourd'hui. me le prendre :
vous n'y réussirez pas. Fort de l'appui de
l'Allemagne et de l'Angleterre, je vous chas-
serai dé mon royaume.
Dahomey-Dahomey.
Signé : ADJÈKE-KONDO BEHANZIN.
(Les derniers termes de cette lettre sont
textuels. )
M. Ballay, gouverneur général des Riviè-
res-du-Sud, qui avait eu connaissance de
cette lettre, s'empressa de l'expédier à M.'
Jamais,sous-secrétaire des colonies. Devant
les menaces du fougueux roitelet, le blocus
fut déclaré, et, le 18 juillet, les factoreries
françaises cessaient tout commerce.Le 20,la
situation n'était plus tenable. Le 21 au ma-
tin, on nous annonçait que les villages de
Danou-Agounou, Ketin et Késounou avaient
été pillés et saccagés par une bande de
1,800 guerriers qui avaient envahi les vil-
lages aux cris ae : Dahomey! Dahomey!
Le 22, S,000 guerriers étaient signalés à
Avabodji, menaçant Aguégué.
Les maisons françaisas
Ce jour-là, nous recevions la lettre sui-
vante des chefs des maisons C. Fabre et
Mantes frères.
Cette lettre est datée de Porto-Novo :
a A messieurs les agents'des factoreries G*
Fabve, Régis Mauvel et Roms y.
Nous venons de recevoir communica-
tion officielle de M. le gouverneur, qui, ,
avant son départ, a bien voulu nous avertir
que la France prépare une expédition dé-
finitive et très prochaine contre le Daho-
mey, et dans ce but des troupes vont arri-
ver. Mais, en attendant, comme Kotonou et
Porto-Novo sont menacés, les avisos en
station, sous les ordres du capitaine de
vaisseau Reynier, assureront la sécurité de
la côte. Ceux qui sont en station au Séné-
gal ont reçu l'ordre de rallier Kotonou avec
toutes les troupes disponibles pour renfor-
cer les garnisons des deux points. Le"
avisos devront arriver le 18 ou le 19.
Il est à craindre que le roi du Dahomey,
en voyant l'arrivée de ces renforts, ne se
doute de quelque chose, ne s'empare des
Français résidant au Dahomey.
Il n'est plus possible d'arrêter l'action
engagée, lés ordres étant venus de France;
de même" il n'est plus en notre pouvoir de
« vous aider à quitter le pays; c est à vous,
« par conséquent, qu'il appartient de vous
« concerter pour choisir les moye lS d £
« fuite les plus pratiques. Dès que vous
« &€vez en sécurité, le colonel Dodds corn
« mènera les hostilités
CINQ Centimes — Paris et Départements — CINQ Centimes MARDI 16 AOUT 1893
., or- ~~tMB Mttt -NMBBBBt ~NBN ) M~~BF N ~NBBB~M~~MNt
..,
tÉMCTtOtt ET IDBIIISTMTIW -'': ,;
14S, Rue :MÕD.
- PARIS : >' ~"V':
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1M boréaux de poste.
HEUREUXSYMPTOMES
1 Allons-nous assister à une orienta-
tion nouvelle de notre politique colo-
niale, à une heureuse transformation
des mœurs publiques quand il s'agit
d'expéditions lointaines ? Ce qui s'est
passé au départ du lieutenant Mizon,
qui reprend avec une si vaillante, ar-
deur la route du lac Tchad, serait de
nature à nous le faire espérer.
Il faut bien le reconnaître, jusqu'à
présent nos explorateurs n'étaient
guère habitués à compter que sur eux-
ïnômes ou sur le gouvernement. Sans
doute, on les accueille très chaleureu-
sement au retour, on leur offre des
banquets et des médailles commémo-
ratives ; quelquefois, l'Etat encourage
et subventionne leurs entreprises, et
quand elles réussissent on se trouve
inopinément doté d'une colonie nou-
velle qui pique au bon endroit l'amour-
propre national. Mais c'est à peu près
l'unique satisfaction qu'on en puisse
attendre.
Les établissements coloniaux qui
doivent tout à l'Etat s'habituent aisé-
ment à ne compter que sur l'Etat seul,
et on ne tarde pas à .s'apercevoir qu'ils
n'ontaucune raison d'être en dehors
de ce puissant patronage. C'est une
occasion précieuse de créer quelques
employés de plus et d'installer dans
un ministère un bureau qui se livrera,
comme les autres, a l'exportation des
fonctionnaires dont la métropole tient
A se débarrasser.
Il ne faut pas chercher ailleurs la
cause des attaques dont la politique
coloniale a été si souvent l'objet. Les
colonies qui ne semblent créées que
pour faire vivre les bureaucrates sont
irrémédiablement condamnées par l'o-
pinion. Aussi doit-on se réjouir de
tout ce qui prépare un changement
complet de système et un avenir nou-
veau.
Si le lieutenant Mizon part cette
fois mieux outillé, mieux armé pour
accomplir sa tâche, ce n'est pas à
l'Etat seul qu'il le doit. Il a trouvé, à
côté du monde officiel, le concours
inestimable* clé l'industrie et du com-
iherce français. De très importantes
maisons lui ont fait parvenir, à titre
gracieux, de grandes quantités de
marchandises qui lui permettront d'en-
trer plus facilement en relations avec
les indigènes, et aussi de fonder entre
le Niger et le Tchad un comptoir d'é-
change pour nos produits et ceux de
l'intérieur. Il s'est trouvé près de deux
cents maisons pour répondre à l'appel
du Comité de l'Afrique française. On
cite un gros industriel qui a donné à
lui seul pour 30,000 francs de mar-
chandises.
Ce n'est donc pas à la conquête
d'une renommée stérile que marche
jpn ce moment le lieutenant Mizon, et
il paraît très préoccupé lui-même des
résultats tangibles de l'expédition qui
commence.
« Le but de ma nouvelle mission,
ècrit-il, est avant tout de créer un
mouvement commercial français dans
le Soudan central, et ce qui montre à
quel point on s'intéresse maintenant
aux choses d'Afrique, c'est qu'il m'a
fallu trouver deux vapeurs, l'un de
120, l'autre dé 80 tonneaux, pour por-
ter jusqu'à Yola les nombreux ballots
de matériel qdi m'ont été remis. »
La Compagnie anglaise du Niger
joue vraiment de malheur : elle n'a pas
réussi à faire assassiner notre intré-
pide explorateur, et elle lui a com-
muniqué en revanche une forte dose
de ce sens pratique à l'aide duquel
il espère la battre sur le terrain des
affaires
Il importe de ne pas oublier, en
effet, que si la colonisation anglaise
et en ces derniers temps, la colonisa-
tion allemande ont fait des progrès si
rapides, c'est qu'elles ne sont pas
l'œuvre de la bureaucratie, mais de la
Tiche bourgeoisie des deux pays. C'est
une maison de Brème qui a fondé le
vanlaralalld. Au Zanzibar et sur la
côte de Guinée, les négociants alle-
mands ont précédé le pavillon germa-
nique et les fonctionnaires qui le pro-
tègent aujourd'hui.L'intervention offi-
cielle des agents de l'Etat se borne à
défendre les intérêts économiques qui
existent, qui ont pris racine dans les
pays lointains. Il ne viendrait à per-
sonne l'idée baroque de mettre la
charrue devant les bœufs et d'appointer
des consuls et des résidents en des ré-
gions où nous n'avons pas le moindre
comptoir à défendre.
Trop longtemps, chez nous, les en-
treprises lointaines n'ont été qu'un
sujet de thèses soutenues ou combat-
tues à un point de vue également spé-
culatif par autant de colonisateurs en
chambre. Il vaut mieux, comme vient
de le faire le comité de l'Afrique fran-
çaise, y intéresser la partie la plus
laborieuse de la nation, le monde des
industriels et des commerçants,qui ne
e contentent pas de la viande creuse
des discours et réclament en affaires
une nourriture plus substantielle.
L'accord qui s'est établi entre eux et
le lieutenant Mizon est d'un bon au-
gure. Njoiis attendons de sa nouvelle
expédition mieux qu'un beau chapitre
à ajouter aux explorations célèbres.
Dans ce domaine aussi, l'âge héroïque
touche à sa fin.
André Balz.
Le XIX. - SIECLE publiera demain la
« Chroniaue D. nar M. Paul Ginisty
ELECTION SÉNATORIALE
''?t DE LA CORSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Ajaccio, 1A août.
La lutte sera intéressante dimanche pro-
chain. :
Trois candidats se disputent le siège sé-
natorial laissé vftçant par le décès de M. Mo-
relli :
M. le docteur Pitti-Ferrandi, un dé-
mocrate comme on l'entend ici, un prati-
cien expérimenté et un ami tout particulier
du député de Sartène ; -
M. Muraccioli, un simple métreur sur nos
routes nationales, rapidement enrichi dans
l'affaire de Panamaqul n'est rien par lui-
:
même. , ": - -
Il est le candidat du haut clergé du dé-
partement, représenté par M. le chanoine
Casanelli, nereu de l'évêque de ce nom.
Le troisième candidat est M. Delombre,
un ami personnel de M. Rouvier qui a fait
sienne cette candidature.
M. Delombre est, en outre, patronné par
M. de Casablanca, sénateur.
Il est complètement étranger à notre dé-
partement et à nos intérêts. Aussi arrive-
t-il les poches remplies des plus alléchantes
promesses. '*
Ainsi, le chanoine Casanelli serait pro-
chainement pourvu d'un évêché, moyen-
nant quoi son neveu, M. Muraccioli, se dé-
sisterait en faveur de M. Delombre.
D'autre part, on raconte que M. le séna-
teur Péraldi, fatigué des luttes politiques,
quitterait prochainement le Luxembourg
et recevrait une large compensation dans
l'administration des finances.
Dans un département qui a eu tant de
peine à se ràllier frauchement à la Répu-
blique, on en revient aux candidatures of-
ficielles.
L'intervention presque directe de M. Rou-
vier dans nos affaires n'est pas faite pour
amener l'apaisement dans un pays encore
trop divisé et trop agité.
FÊTE SOCIALISTE
Rpubaix, th août. — Grande fête socialiste
aujourd'hui à Roubaix, où on a inauguré, en
compagnie d'un grand nombre de socialistes
venus tout exprès de Belgique, le local de la
Paix » sur le boulevard de Belfort.
Après une allocution du maire et un long
discours de l'adjoint, M. Anseele, chef du parti
socialiste gantois, a pris la parole.
M. Anseele, après avoir remercié les socia-
listes roubaisiens de leur accueil, a exprimé
l'espoir que le. suffrage universel serait pro-
clamé en Belgique en 1891. et que les socialis-
tes gantois pourraient alors inviter les socia-
listes roubaisiens à fêter avec eux leur succès
à l'hôtel de ville.
Un .concert et une conférence ont été ensuite
donnés au théâtre Deschamps.
Quatre brigades de gendarmerie avaient été
envoyées à Roubaix, mais tout s'est passé dans
un grand calme.
MINEURS ET FORÇATS
New-York, 1A août.
Les mineurs de Tracy-City (Etat du Ten-
nessee), mécontents de l'emploi des forçats
dans les mines appartenant a la Compagnie
de charbon et de chemins de fer du Ten-
nesssee, ont incendié hier matin les bâti-
ments dans lesquels les forçats sont dé-
tenus.
Ils firent ensuite monter les forçats dans
un train, et, le revolver au poing, obligè-
rent les employés du chemin de fer à lais-
ser partir le convoi.
A quelque distance de Tracy-City, les
forçats coupèrent le train en deux et cher-
chèrent à s'échapper. Des coups de revolver
furent échangés.
Il y a eu un tué et un blessé.
On n'a jusqu'à présent aucun détail, la
ligne télégraphique ayant été coupée par
les mineurs.
LE CHOLÉRA
Saint-Pétersbourg* lit août. - D'après des
renseignements officiels, 13 personnes sont
mortes hier du choléra à Saint-Pétersbourg,
et S à Moscou le 15.
LES MINEURS BELGES
Bruxelles, lh août.
Le congrès national des mineurs belges,
réuni cet après-midi à Frameries, a voté en
principe, après une longue discussion, la grève
générale pour le cas où la Constituante se
montrerait hostile à l'institution du suffrage
universel.
UN COUP DE TRANCHET
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Bordeaux, AU octobre.
La semaine dernière, se déroulait devant
la cour d'assises un gros procès de détour-
nement d'héritage.
Un sieur Chapoulié, cordonnier, avait été
le dénonciateur de cette affaire, qui se ter-
mina du reste par l'acquittement des pré-
venus, les allégations de Chapoulié ayant
été reconnues mensongères.
A la sortie de l'audience, Chapoulié fut
hué par la foule, qui lui aurait fait un
mauvais parti sans l'intervention de la po-
lice.
Depuis, Chapoulié était l'objet du mépris
non déguisé de ses voisins, qui ne se gê-
naient pas pour l'invectiver. Parmi ses en-
nemis, l'un des plus acharnés était sans
contredit Henri Fournier, commis de ma-
gasin et marchand ambulant, qui vit avec
une femme sur le compte de laquelle Cha-
poulié a tenu souvent des propos ordu-
riers.
Hier soir, à huit heures, Fournier passa,
légèrement pris de boisson, devant la de-
meure de Chapoulié. Une querelle s'enga-
gea entre les deux hommes. Fournier ayant
porté un coup de pied à Chapoulié, celui-ci,
randissant un tranchet de cordonnier,
frappa Fournier en pleine poitrine, lui fai-
sant une blessure des plus graves.
Arrêté, le meurtrier n'a manifesté au-
cune émotion.
DIX SERPENTS ÉCHAPPÉS
D'UNE MÉNAGERIE
- - Evreux, lh août. - Dix serpents python se
sont échappés cette nuit d'une petite ména-
gerie installée à la foire de Saint-Taurin, à
Evreux. On a pu.en reprendre six ce matin;
les autres se dissimulent probablement sous
quelcfuè baraque de la foire. Ce fait a produit
une certaine &aotioa daas le puiJUc.
A WESTMINSTER
LA PROCÉDURE PARLEMENTAIRE
EN ANGLETERRE
A la Chambre des communes. - Le
cérémonial des séances. — L'éti-
quette et les bizarreries de la
loi. —Ce qu'est le cabinet.
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, J3 août.
Le nouveau Parlement — le treizième de-
puis l'avènement au trône de la reine Vic-
toria - vient de se réunir pour renverser
le cabinet de lord Salisbury.
En attendant que M. Gladstone ait fini de
constituer son ministère, le moment n'est
peut-être pas inopportun polir donner aux
lecteurs du X/Xe Siècle un aperçu de ce
qu'est, en Angleterre, le système parlemen-
taire.
Les siècles passés ont laissé, ici, une si
forte empreinte dans les institutions comme
dans les usages, que la curiosité trouve tou-
jours à se satisfaire quand on les examine
de près.
Nous avons déjà eu occasion de raconter,
dans un précédent article, quelle était la
procédure électorale, et l'on a pu voir
alors combien cette procédure différait de
celle des autres pays.
Nous nous occuperons aujourd'hui de ce
qu'on peut appeler la procédure législative,
et l'on verra que de ce côté comme de
l'autre tout diffère également de l'idée
qu'on se fait d'ordinaire du parlementa-
risme.
Le cabinet
C'est ainsi, par exemple, que rien dans la
Constitution ou, pour mieux dire, dans l'en-
semble des actes et des plUS qui formant ce
qu'on appelle la Constitution, ne reconnaît
et ne règle les pouvoirs du conseil de ca-
binet.
Le gouvernement même du pavs est in-
connu de la loi.
C'est l'histoire seule qui peut donner une
explication de cette étrange anomalie.
Les rois d'Angleterre se sont toujours
fait assister d'un conseil privé. Mais, Ce con-
seil étant devenu trop vaste, les souverains
s'entouraient dans leur cabinet, — c'est
même de là qu'est venu le mot, — d'un
petit nombre de leurs principaux minis.
tres. Ceux-ci finirent par accaparer tout
le pouvoir exécutif, sans qu'on songeât
jamais à faire régler leurs attributions par
un acte.
Il en résulte que les noms des ministres
ne sont jamais annoncés officiellement au
public et qu'il n'est tenu aucun procès-
verbal de leurs réunions et de leurs ré-
solutions.
Le président du conseil s'entoure du
nombre de collègues qu'il veut, car on
peut être nommé membre du cabinet sans
avoir de portefeuille spécial.
Quoi qu'il en soit, les principaux minis-
tres sont ; le premier lord de la trésorerie,
le lord haut chancelier ou conseiller du
ministère de la loi, le lord garde du sceau
privé, le chancelier de l'Echiquier ou mi-
nistre spécial des finances, le secrétaire
d'Etat au département de l'intérieur, le se-
crétaire d'Etat pour les affaires étrangères,
le secrétaire d'Etat pour les Indes, le secré-
taire d'Etat au département' de la guerre,
le secrétaire d'Etat des colonies, le maître
général des postes, le premier lord de
l'amirauté ou ministre de la marine, le
président du Board of trade ou ministre
du commerce, le président du bureau du
gouvernement local, sorte de ministère de
l'assistance et de l'hygiène, et, enfin, le
vice-président du conseil d'éducation, ou
ministre de l'instructiou publique.
Si des ministères on passe au Parlement,
tout nous y semblera aussi étrange, aussi
éloigné de nos habitudes.
La ssdle des séances
A Westminster, rien, en effet, .ne rappelle
le Palais-Bourbon. On ne voit pas dans le
foyer, qui correspond à notre salle de la Paix,
ce bruit, cette animation qui règnent d'or-
dinaire dans nos couloirs. Ici, tout est froid,
tout est calme, tout est correct. Personne
ne fume. Quelques députés se promènent
en causant et voilà tout !
La salle des séances offre le même con-
traste. Elle ressemble, à s'y méprendre, à
une église anglicane. C'est une salle rec-
tangulaire, .relativement très petite et toute
lambrissée dé chêne. Au fond;, adossée au
mur, s'élève une espèce de chaire gothique.
C'est ce qui constitue le fauteuil présiden-
tiel. m
D'autres fauteuils très confortables,à dos-
siers de cuir vert s'étendent sur trois côtés,
autour d'une grande table massive qui oc-
cupe le milieu de la salle. Ce sont les bancs
des députés.
Enfin, au-dessus de la chaire du « spea-
ker », autrement dit du président, se trouve
une longue galerie réservée aux reporters ;
et, derrière elle, une sorte de loge grillée
forme la tribune des dames.
Les députés anglais n'ont ni pupitre ni
tribune. Bien mieux, ils n'ont même pas
de stalles personnelles, et il n'y a que deux
cents sièges pour 670 honorables.
L'arrivée du speaker.
Le cérémonial des séances — car en An-
gleterre tout se fait avec cérémonie — n'est
pas moins surprenant.
C'est d'ordinaire à quatre heures que
commencent les débats. Le président, en
grand costume - robe noire et perruque —
arrive précédé de deux huissiers et suivi
d'un porte-queue, d'un chapelain et de
trois secrétaires, tandis que sur son passage
des policemen crient sans cesse : Hats od !
(chapeau bas!).
Dès que le speaker a pris place dans sa
chaire, le sergent d'armes, en habit de cour,
dépose sur la table une lourde masse de
vermeil, symbole de l'autorité présiden-
tielle, et va se placer au milieu de la salle,
désignant ainsi, par sa présence, une
« barre » imaginaire.
De leur côté, les secrétaires, — the clèrks
at the table ou commis de la table, comme
on les appelle, — s'assoient aux pieds du
président et le chapelain, en surplis, récite
des prières pour la reine, la famille royale
et les « fidèles communes ».
Pendant ce temps, les députés vont et
viennent dans la salle où ils choisissent
leur fauteuil. Tant pis pour les retardatai-
res ; ils en seront réduits à se réfugier dans
une des deux galeries latérales. Tous gar-
dent leur chapeau sur la tête et conser-
vent leur canne ou leur parapluie à la
main.
Les ministres se placent à la droite du
speaker sur le banc le plus rapproché de la
table, et les députés de la majorité occupent
les fauteuils derrière eux.
lin lace se tient l opposition et au fond
les indépendants, qu'on désigne sous le
nom de 1 gens de below the grangway — de
par-delà le couloir.
Le premier ministre, est de droit 'lecule,.
of the HQTÏIQ — chef de la Chambre. Le lea-
der de l'opposition est, lui, nommé par un
vote de la gauche pour toute la durée de la
législature.
L'ordre des débats
Les lois d'intérêt local et la lecture des
pétitions font le menu ordinaire du début
de la séance.
Le mardi et le vendredi sont consacrés
aux « notices de motions M, le lundi et le
jeudi aux lois présentées par le gouverne-
ment, et le vendredi aux bills d'origine in
dividuelle.
Lorsqu'on arrive au moment du scrutin,
la Chambre « se partage ». Ceux qui votent
pour le bill vont dans un couloir; ceux
qui votent contre, dans un autre. Des scru-
tateurs sont désignés pour vérifier le nom-
bre des membres de chaque côté, et c'est le
speaker qui prononce le résultat.
Le speaker ne doit pas voter, sauf quand
la Chambre est partagée également. IL a
alors - voix prépondérante.
Quand un bill a été adopté par la Cham-
bre des communes, le secrétaire l'envoie à
la Chambre des lords en écrivant au dos
en vieux français: « Soit ballé aux sei-
gneurs », et quand la Chambre des lords l'a
voté à son tour, la reine le sanctionne, sui-
vant les cas, par l'une de ces trois formu-
les r « La reyne le veut ", ou : « Soit fait
comme il est désiré », ou encore : « La
reyne remercie ses bons sujets, accepte
leur bénévolence et ainsi le veut. »
La Chambre des communes a sur la
Chambre des lords à peu près les mêmes
avantages que la Chambre des députés sur
le Sénat. Elle a l'initiative en matière d'ou-
vertures de crédits et de créations d'im-
pôts. Les bills relatifs à la « taxation » du
pays ne peuvent même pas être changés
ou amendés par, la Chambre des lords :
celle-ci peut seulement les rejeter en tota-
lité ou les adopter tels qu'ils arrivent des
Communes.
L'étiquette parlementaire
Une peut d'ailleurs être fait allusion
dans une des deux Chambres à ce qui s'est
passé dans l'autre sans manquer à l'éti-
quette parlementaire. Cette étiquette va
plus loin encore : elle interdit de mention-
ner dans un discours une discussion qui a
eu lieu au cours de la session.
C'est ce même principe qui fait que l'ora-
teur ne doit jamais s'adresser à ses collè-
gues. Il parle de sa place au président, et
s'il s'écartait du règlement, celui-ci ne
manquerait pas de l'avertir qu'il va se voir
dans l'obligation de le nommer — nome
him — selon l'expression consacrée, peine
qui entraîne toujours la censure de la
Chambre.
Un ignore a ailleurs les applaudissements
à Westminster. Cela n'est pas de bon goût.
Hearl Hear ! (Ecoutez! Ecoutez!) ou No!
No! (Non! Non!) sont les seules marques
d'approbation ou de désapprobation qu'on
se permet de donner.
- L'étiquette ne s'en tient pas là. Elle est
poussée a un tel point que les délibérations
du Parlement sont censées secrètes.
Bien que le public soit admis à suivre
les débats et que les sténographes des jour-
naux soient toujours-là pour les publier in-
extenso, il est entendu en effet, par suite
d'une bizarre fiction, que la présence du
public et des sténographes doit rester igno-
rée.
La publication des comptes rendus des
séances de là Chambre resté, pour" la loi
anglaise, un véritable délit. Mais, bien en-
tendu, c'est un délit qu'on ne poursuit plus,
La question de l'indemnité et du
serment.
Les députés n'ont point d'indemnité. On
dit que quelques membres du nouveau
Parlement ont l'intention de déposer un
bill pour en réclamer une.
En attendant, il n'y a que le président
qui touche un traitement annuel de 5,000
livres sterling qui se transforme en une
pension de 100,000 francs à l'expiration de
ses fonctions.
Nous aurons tout dit quand nous aurons
ajouté qu'avant de prendre possession de
leurs sièges, les députés sont tenus à faire
le serment suivant : «Moi, (X.), je promets
d'être fidèle et loyal vis-à-vis de la reine
Victoria, ses héritiers et successeurs recon-
nus par la loi. Dieu me garde ! »
Grâce à l'énergique opposition de feu
Bradlaught, on peut maintenant remplacer
le serment par une simple déclaration.
On voit que nous n'avions pas tout à fait
tort de dire, au début de cet article, que le
parlementarisme en France ne peut don-
ner aucune idée de ce qu'est le parlemen-
tarisme en Angleterre.
AU MAROC
Tanger, U. août. — Les troupes du chérif ont
attaqué hier matin les Angheras en tournant les
crêtes, et les ont mis en fuite.
LA VELOCIPÉDIE EN ALSACE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, 1A août.
Le kreis-direktor de l'arrondissement de
Mulhouse, M. de Sommer, faisant fonctions
de directeur de police, vient de prendre
un arrêté qui ne comprend pas moins de
dix-huit articles encombrant deux grandes
colonnes de journal format du XIXe Siècle.
Cet arrêté, réellement draconien, oblige
chaque cycliste à se faire délivrer une
carte de propriétaire de machine. Il lui
sera interdit de prêter son vélocipède, at-
tendu que la carte porte son nom et un
numéro d'ordre, reproduit sur la machine
en chiffres hauts de deux à trois centimè-
tres, soit devant ou derrière, bien en vue.
Tout cavalier dont le nom ne répond pas
au signalement inscrit sur la carte sera
poursuivi, sans préjudice des poursuites à
intenter au propriétaire de la machine
dont le numéro d'ordre est reproduit sur
registre à la direction de police. Tout
étranger séjournant plus de cinq jours à
Mulhouse et dans le territoire environnant
sera astreint à faire sa déclaration de pos-
session et d'usage de vélocipède.
Les signaux autres que la cloche sont in-
terdits. Tout cycliste dont la monture ef-
fraie les animaux doit descendre de ma-
chine et conduire celle-ci jusqu'à ce qu'il
les ait dépassés d'au moins trente pas. Il doit
garder la largeur de un mètre entre lui et
les personnes où les voitures qu'il dé-
passe.
L'arrêté rappelle enfin qu'il est formelle-
ment défendu, en vertu du règlement gé-
néral concernant la police des chemins de
fer allemands, d'avoir des verres rouges ou
verts à la lanterne; la marche de plusieurs
trains près des passages à niveau ayant
été troublée ou arrêtée par le feu trans-
mis par ces verres (indiquant l'arrêt ou le
ralentissement).
Enfin les courses de vitesse, les recorà.:.-
les marches accélérées aux carrefours et
sorties de «ont formellement prohi-
,oé:h ;
CHRONIQUE
Les statisticiens me font toujours rire.
En voici un dont les journaux nous ap-
portent aujourd'hui la découverte : il
s'est livré, à ce qu'il paraît, à de longs
calculs, et il est arrivé à cette conclusion,
qu'à Pans, en moyenne, on prenait un
bain par tête tous les deux. ans. Il est vrai
que ce chiffre est adouci en d'autres
feuilles, où l'on déclare qu'on prend à
Paris deux bains par tête chaque année.
Vous trouverez cette information gra-
vement insérée en belle place dans les
journaux, sans un commentaire, sans un
doute. L'infaillible science a parlé : il
n'est pris à Paris qu'un bain par tête tous
les deux ans. Les Anglais et les Alle-
mands vont lire cette statistique, la re-
produire dans leurs journaux, et vous
imagnez les inductions qu'ils ne man-
queront pas d'en tirer sur la propreté
des Français.
Il est admis, en effet, qu'à Paris on se
lave plus qu'en aucune autre ville de
France. Ils concluront que, s'il y a par
tête un bain tous les deux ans à Paris, il
n'y en a qu'un par tête tous les dix ans
en province. Que voulez-vous qu'on ré-
ponde à ce raisonnement ? Il est juste au
fond. ;
Mais c'est le fait d'où il part que je vou-
drais voir un peu mieux prouvé. Ces
statistiques me rappellent celles du pré-
fet de Gondinet dans le Panache. Vous
n'avez pas oublié comme Geoffroy était
plaisant quand il voulait, par respect
pour la statistique administrative, ma-
rier dix hommes un quart avec douze
femmes trois cinquièmes.
Comment diantre le savant ou soi-di-
sant tel qui a communiqué le chiffre
aux journaux est-il arrivé à ce résultat
fantastique? Il est allé sans doute dans
les établissements de bains de la capitale,
et il leur a demandé combien de bains
icliauds chacun d'eux délivrait par année.
Il a pris le chiffre de la population pari-
sienne. Il a divisé ce chiffre par celui du
nombre de bains donnés; il a constitué
une moyenne, et voilà! Mais il y a
un certain nombre de personnes qui
ont chez elles, à Paris, une installation
de bains et qui en prennent deux ou trois
par semaine, quelques-unes même
tous les jours. Le statisticien en a-t-il
tenu compte? Beaucoup d'autres, si elles
n'ont pas un véritable cabinet de bains à
domicile, se sont fait arranger, à la ma-
nière anglaise, un tub avec douche, et,
s'armant d'épongés, se lavent de haut en
bas tous les matins. Elles ne vont point
aux établissements de bains,dont les pros-
miscuités leur déplaisent.
La population parisienne, comme tou-
tes les populations du monde, compte un
nombre considérable d'enfants. Ces en-
fants, au moins dans la classe aisée, et
même, je crois,. dans les milieux ou-
vriers, sont baignés tous les jours, soit
dans une petite baignoire en zinc, soit
dans une terrine. Le statisticien s'en
est-il préoccupé? Voilà beaucoup de bains
dont il n'a pas enflé son chiffre.
Dans tous les établissements d'instruc-
tion publique, depuis une dizaine d'an-
nées, il y a des installations de bains, et
les enfants sont obligés de s'y rendre une
fois au moins tous les quinze jours, quand
ils ne le demandent pas eux-mêmes.
On m'assure que c'est une habitude gé-
nérale chez les ouvriers parisiens qui tra-
vaillent à des ouvrages salissants, comme
les maçons, les zingueurs, les forgerons
et tant d'autres, de se récurer. à fond tou-
tes les semaines, sans préjudice des soins
de toilette quotidiens, qui sont plus som-
-maires. Ils ne vont pas aux baL. v qui coû-
tent assez cher; il y en a de granits, je
le sais, mais qui doivent être encornbi 5«,
et il ne veulent pas attendre. Un baquet,
l'eau de la pompe du logis, un morceau
de savon et une serviette : il ne leur en
faut pas davantage pour se nettoyer des
pieds à la tête, pour sortir de là nets
comme des sous blancs.
Peut-être ne savez-vous plus ce que
c'est qu'un sou blanc et d'où vient cette
comparaison? Je vous en félicite; c'est
que vous êtes moins vieux que moi. En
mon enfance, il y avait encore des sous
blancs qui reluisaient au soleil. On nous
contait (je ne sais pas si le fait est vrai)
que ces sous avaient été fabriqués au
temps de la Révolution avec le bronze
des cloches, et que dans ce bronze il en-
trait des parcelles d'argent qui avaient
donné ce brillant aux sous. Ce qu'il y a
de certain, c'est que plus ils s'usaient, plus
ils étaient jolis à voir. De là la locution
qui était familière il y a une soixantaine
d'années : propre comme un sou blanc.
On disait même par abréviation : propre
comme un sou. Les sous sont devenus
très laids et très sales, et le mot est resté.
Mais il n e tardera pas à disparaître.
Les habitudes de propreté ont fait de
grands progrès à Paris, non pas seule-
ment dans la classe moyenne, mais aussi
chez les ouvriers. L'école laïque y est
pour beaucoup. Les instituteurs et insti-
tutrices agissent depuis des années sur
les enfants par de bons conseils d'hy-
giène; ils leur font honte de la saleté, ils
les plient lentement à admettre, ne fût-ce
que par raison de santé, la nécessité de
lavages périodiques et complets. Ces en-
seignements ont porté fruit; ils ont été
secondés par une distribution plus abon-
dante d'eau dans les maisons.
Vous n'avez pas vu le temps où l'on
n'avait au logis, pour la consomma-
tion, que les deux voies d'eau montées
par l'auvergnat du coin. Cette époque
n'est pas si lointaine, puisque Labiche
en a gardé le souvenir dans son immor-
telle fantaisie: le Misanthrope etVAuver-
gnat. Il était tout naturel qu'alors on
économisât une eau qui coûtait si cher.
On se trempait le bout du nez dans une
de ces petites cuvettes dont la province
a gardé la tradition, et la toilette était
faite. Au reste, vous savez que le grand
roi, dans toute sa gloire, ne se débar-
bouillait pas autrement. Le grand sei-
gIlr :fIui avait l'honneur de présider
au pçtz*i 'Içyçr dii monarque lui présen-
tait la serviette, qu'il avait légèrement
mouillée; Louis XIV s'en frottait le vi-
sage et coiffait sa perruque. Nous avons,
par les mémoires de son médecin Vallot,
tout le détail de ses journées: il prenait
trois lavements par semaine, mais jamais
îl n'y est question de bains. Plaignons
Mlle de Lavallière et Mme de Montes-
pan..
— Ah! sire, disait la belle Gabrielle à
Henri IV, qui, lui aussi, avait le tort de
ne pas diluer dans de forts lavages une
odeur forte et déplaisante, ah! sire, si
vous n'étiez pas le roi!
Il n'est aujourd'hui de si humble me
nage qui n'ait son robinet et qui ne dis-
pose, pour un abonnement très modique
(trop coûteux ene 'ore),de la quantité d'eau
nécessaire pour tenir propre non seule-
ment la vaisselle, mais les corps de la
maison.
Quil y ait encore de ce côté beau
coup de préjugés à vaincre et de progrès
a accomplir, je ne le nie pas. Mais il est
absurde de présenter les Parisiens comme
des animaux malpropres, qui iguorent
l'usage de l'eau. La critique serait peut-
être juste si elle portait sur certains mi-
lieux provinciaux.
Je me souviendrai toujours du mot
d'un sous-préfet, devant qui l'on parlait
de supprimer la revision, parce que
c'était une une cérémonie qui portait at-
teinte à la pudeur publique.
— .Ah! grand dieu ! s'écria-t-il, sup-
primer la revision! Mais vous voulea.
donc que nos hommes ne se lavent pas
même une fois dans leur vie !
Et il nous conta que dans sa circons-
cription il y avait encore nombre de jeu-
nes gens qui n'avaient jamais eu jusque-',-'
là l'idée de laver leurs pieds, ni leurs
jambes ni le reste, et qui ne se résignaient
à cette douloureuse nécessité que par res-
pect pour le représentant de l'autorité,
pour M. le sous-préfet.
— Et encore, ajouta-t-il, quelques-uns
arrivent-ils tout cuirassés de la crasse
accumulée et durcie par les ans. Ils n'ont
pu se résoudre à prendre un bain.
Ces mœurs sfpvages s'en iront peu à
peu. Elles ont déjà, en grande partie,
quoi qu'en disent MM.les statisticiens, dis
paru de la civilisation parisienne. Elles
ne seront plus qu'un mythe quand la
municipalité aura répandu partout l'eau
à profusion.
Francisque SarcY';:,(;,
AU DAHOMEY
BilSEIEIEBEITS RETtSOSPECTIFS
LerÓi Carnot. — C'est le lapin qui 4
commencé. — Les pillages et les
meurtres de Behanzin. — Les
premiers engagements. 1
(DE NOTUE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Marseille, th août.
Nous extrayons de lettres reçues par un
négociant de notre ville qui possède des
comptoirs au Dahomey les renseignements
suivants :
Porto-Novo, 15 juillet.
Behanzin, devant l'attitude énergique du
colonel Dodds et voulant, comme toujours,
gagner du temps, écrivit le 12 juillet une
lettre au colonel Dodds. Voici en substance
les termes de cette lettre :
Mon frère le roi Carnot n'agit pas avec la
même sincérité et la même franchise que j'ai
toujours montrées. J'ai toujours favorisé
l'influence française dans mon territoire;
les maisons Cyp. Fabre et Mantes,avec les-
quelles mon père Glé-Glé entretenait d'ex-
cellentes relations, m'ont fait un devoir de
suivre ces traditions.
Un jour, mon frère Carnot violant le
traité de Whydah, 30 octobre 1890, a voulu
s'emparer du royaume de mes pères.
J'ai toujours respecté le traité qui me lie
à vous et qui a été signé de ma main avec
le père Dorgère, mais je me suis réservé le
droit — droit qui ne m'a jamais été con-
testé — de gouverner comme je l'enten-
dais mon pays.
Vous voulez aujourd'hui. me le prendre :
vous n'y réussirez pas. Fort de l'appui de
l'Allemagne et de l'Angleterre, je vous chas-
serai dé mon royaume.
Dahomey-Dahomey.
Signé : ADJÈKE-KONDO BEHANZIN.
(Les derniers termes de cette lettre sont
textuels. )
M. Ballay, gouverneur général des Riviè-
res-du-Sud, qui avait eu connaissance de
cette lettre, s'empressa de l'expédier à M.'
Jamais,sous-secrétaire des colonies. Devant
les menaces du fougueux roitelet, le blocus
fut déclaré, et, le 18 juillet, les factoreries
françaises cessaient tout commerce.Le 20,la
situation n'était plus tenable. Le 21 au ma-
tin, on nous annonçait que les villages de
Danou-Agounou, Ketin et Késounou avaient
été pillés et saccagés par une bande de
1,800 guerriers qui avaient envahi les vil-
lages aux cris ae : Dahomey! Dahomey!
Le 22, S,000 guerriers étaient signalés à
Avabodji, menaçant Aguégué.
Les maisons françaisas
Ce jour-là, nous recevions la lettre sui-
vante des chefs des maisons C. Fabre et
Mantes frères.
Cette lettre est datée de Porto-Novo :
a A messieurs les agents'des factoreries G*
Fabve, Régis Mauvel et Roms y.
Nous venons de recevoir communica-
tion officielle de M. le gouverneur, qui, ,
avant son départ, a bien voulu nous avertir
que la France prépare une expédition dé-
finitive et très prochaine contre le Daho-
mey, et dans ce but des troupes vont arri-
ver. Mais, en attendant, comme Kotonou et
Porto-Novo sont menacés, les avisos en
station, sous les ordres du capitaine de
vaisseau Reynier, assureront la sécurité de
la côte. Ceux qui sont en station au Séné-
gal ont reçu l'ordre de rallier Kotonou avec
toutes les troupes disponibles pour renfor-
cer les garnisons des deux points. Le"
avisos devront arriver le 18 ou le 19.
Il est à craindre que le roi du Dahomey,
en voyant l'arrivée de ces renforts, ne se
doute de quelque chose, ne s'empare des
Français résidant au Dahomey.
Il n'est plus possible d'arrêter l'action
engagée, lés ordres étant venus de France;
de même" il n'est plus en notre pouvoir de
« vous aider à quitter le pays; c est à vous,
« par conséquent, qu'il appartient de vous
« concerter pour choisir les moye lS d £
« fuite les plus pratiques. Dès que vous
« &€vez en sécurité, le colonel Dodds corn
« mènera les hostilités
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