Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1892-07-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 juillet 1892 07 juillet 1892
Description : 1892/07/07 (A22,N7479). 1892/07/07 (A22,N7479).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560471q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
- 1
Vingt-deuxième année. — N° 7»A79
CINQ Centimes — Pans et Départements "CINQ Centimes
JEUDI 7 JUILLET 189
RÉDACTION ET ftDWIHISTRATIOII
<142, Rue Montmartre
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, ;;:
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UN CENTENAIRE
A côté de Valmy, dont le seul nom
nous fait luire 4evisiqns d'épopée, et
à côté du. septembredate de la
proclamation de la République, un
autre centenaire, sera célébré avec
éclat dans (jùelquôs semaines* Je veux
EarIer de la grande commémoration à
laquelle se dispose la Savoie en l'hon-
neur de sa première annexion à la
patrie française. Voilà deux ans que
tous les Savoyards, ceux de là-bas et
ceux de Paris, s'occupent d'organiser,
en souvenir de cet événement, une
démonstration qui marquera dans nos
annales comme une véritable fête du
patriotisme.
Dans ce splendide décor des monts,
des vallons et des lacs, la population
tout entière, mise en mouvement par
une seule pensée, se rappellera que
c'est à l'aurore même de la Républi-
que, au milieu des émotions les plus
puissantes qui aient secoué l'Europe
moderne, que la Savoie est devenue
partie intégrante de la terre de France.
Et comme prélude à cette évocation,;
une assemblée où figureront des mil-*
liers de Savoyards se tiendra, le 17
juillet, sous le dôme et le long d§ là
galerie centrale du palais du Cliamp
de Mars. M. Floquet présidera; le gou-
vernement sera présent ; le banquet,
car c'est d'un banquet qu'il s'agit —
se terminera par des toasts que d'in-
nombrables mains applaudiront; et
les organisateurs, qui ont été dirigés
par mon collègue Chautemps et par
M. Forni, dont je reparlerai tout à
l'heure, exulteront d'un contentement
légitime.
Les orateurs ne manqueront pas de
dire et de redire comment la Savoie
devint française. Ils feront d'autant
mieux d'insister là-dessus que la chose,
peut-être, n'est pas suffisamment con-
nue. Beaucoup s'imaginent que ce fut
là le résultat d'une conquête accomplie
pàr la force des armes. Rien, cepen-
dant, ne ressemble moins à la vérité.
Ce qui est arrivé, c'est que, sponta-
nément, dans une poussée où se con-
confondaient le sentiment des intérêts
traditionnels de la Savoie et l'amour
èelos chez ses enfants pour la Révolu-
tion naissante, ceux-ci se donnèrent à
la France.
Un décret de la Convention a enregis-
tré le fait, qui, semble-t-il, n'est pas
assez nettement relaté dans les livres
d'histoire destinés à la jeunesse. Voici
ce décret :
a La Convention,
m Après avoir reconnu que le vœu
yy libre et unanime du peuple souverain
yy de la Savoie, émis dans les assem-
« blées des communes, est de s'in-
"corporer à la République fran-
yy çaise;
yy Considérant que la nature, les
yy rapports et les intérêts respectifs
yy rendent cette réunion avantageuse
yy aux deux peuples ;
» Déclare qu'elle accepte la réunion
yy proposée, et que, dès ce moment, la
yy Savoie fait partie intégrante de la
yy République française. »
Le doyen de la Chambre, M. Pierre
Blanc, député de la Savoie, a souligné
l'événement dans le discours d'ouver-
ture qu'il prononça, le 10 novembre
1885, au milieu des acclamations de
ses collègues. « Nous sommes, disait
M. Blanc, les descendants de ces Allo-
bages qui, en 179, s'écriaient devant
l'Assemblée nationale : Nous venons à
toi, beau pays de France, parce que
tu es la liberté. »
Aujourd'hui, c'est M. Forni, déjà
nommé, qui met en relief, dans une
étude sincère et chaudement écrite,
les circonstances de la réunion de la
Savoie à la France en 1792. Avant lui,
en tête d'un livre sur les volontaires
\savoyards qui appartinrent aux ar-
mées de la Révolution, M. Folliet, dé-
puté de Thonon, avait reproduit ces
paroles prononcées le Z août 1793 à
la tribune de la Convention : « Il n'y a
pas un régiment en France où vous ne
trouviez des Savoisiens. »
Savoisien, soit dit en passant, n'est
qu'une sorte d'euphémisme substitué
à- Savoyard, qui est le vrai mot. Cette
dernière dénomination, inj ustement
disqualifiée, est souvent écartée comme
renfermant je ne sais quelle stupide
injure. Il faut la reprendre, la réhabi-
liter et la garder toute seule, car c'est
la bonne. On est Savoyard comme on
est Auvergnat, ou Breton, ou Nor-
mand. On compte, à travers les temps,
des Savoyards illustres qui ont honoré
leur pays et l'humanité. Je n'entends
pas, qu'on se rassure, me livrer à un
inventaire complaisant des gloires de
terroiredont la Savoie s'enorgueillit. Je
-citerai seulement trois noms, ceux de
François de Sales, de Berthollet et de
Dessaix, qui brillèrent dans les lettres,
les sciences et la guerre.
Donc les Savoyards sont d'accord
pour faire remonter à 179 la date de
de leur annexion décisive. Ils allèrent
ainsi du même coup à la France et à
la République. L'œuvre de 1815 a pu
tes détacher théoriquement, mais ils
ont jamais plus cessé d'appartenir
a la France par le cœur, comme dé
tout temps ils lui ont appartenu par
la race, parla langue, par la disposi-
tion géographique de leur province.
Quand, en 1860, ils revinrent, par un
vote unanime qui consacrait les stipu-
lations diplomatiques, à leur patrie
normale, leur joie fut immense de re-
prendre enfin, et pour toujours, leur
véritable place dans la constitution
dés peuples.
Aujourd'hui, les ambitions sans pu-
qtuljquièClosent au-delà des Alpes
iï6us montrent que le pays de là Sa-
voie est partagé d'avance, comme un
simple biscuit du même nom, par les
soins de la Triplice, cherchant à se
donner les faux airs d'une gendarme-
rie commise à la sécurité de l'Europe.
La partie méridionale reviendrait au
roi Humbert, afin que ce souverain à
qui le sang français a conquis un
royaume fût mis en possession du
berceau de ses aïeux. C'est, comme on
le voit, un petit arrangement pour
convenances de famille. Nous recon-
naissons là le sentimental Crispi.
Quant. à la Savoie septentrionale, la
Triplice à l'intention d'en faire hom-
mage à la Suisse, qui, au gré du Qui-
rinal, doit éprouver, bien qu'elle n'en
ait rien dit, le désir immodéré d'éten-
dre ainsi son territoire.
Telles sont les révélations, d'ailleurs
éventées, que nous apporte une bro-r
chure venue d'Italie et écrite sous la
dictée de M. Crispi par une plume of-
ficieuse. Dans cet écrit suggestif, il
est expliqué tout au long que la Suis-
se, sous peine d'être croquée par nous,
se reposera en toute confiance sur
l'Italie et l'Allemagne, ses protectrices
naturelles. L'auteur ajoute, il est
vrai, dans des formules vagues et si-
byllines, que cela n'aura d'effet que
pour un temps relativement court. Les
alliés, en donnant à la Confédération
un morceau de la Savoie, lui permet-
tront simplement de s'arrondir à
point. Mais l'heure fatale viendra où
la paix du monde aura pour gage né-
cessaire l'absorption de la Suisse par
les puissances coalisées. Les Italiens
et les Allemands, qui adorent l'Helvé-
tie, la croqueront un jour pour lui
garder des amis, comme Ugolin man-
geait ses enfants pour leur conserver
un père.
Au moment où cette prose guer-
rière est répandue à profusion par
toute l'Italie, le centenaire de l'an-
nexion de la Savoie arrive à propos.
Non pas qu'il y ait à s'attarder un
seul instant aux ambitions ridicules
qu'on voudrait inspirer à la Suisse,
car celle-ci, dont l'ilnique pensée est
do rester libre, sait à merveille qu'au-
cune nation n'a plus que nous d'affec-
tion sincère pour elle et de loyal res-
pect pour ses droits. Mais il est bon, il
est utile, en face de ces menées, qu'une
démonstration éloquente et solennelle
affirme aux yeux de tous l'indissolu-
bilité du lien qui attache, aussi étroi-
tement que les plus vieilles provinces,
la Savoie à la France.
Le monument, dû au ciseau de Fal-
guière, qui se dressera sur une place
de Chambery, afin d'éterniser la date
de l'annexion et les fêtes du cente-
naire, représente la Savoie sous les
traits d'une femme qui étreint, avec
une énergie inspirée, un drapeau fran-
çais. Cela veut dire que les fils de cette
terre de traditionnelle bravoure sau-
raient encore, comme ils l'ont fait dé-
jà en 1793 eten 1870, défendre jusqu'à
la mort l'intégrité de la patrie.
• Et ce que Falguière a figuré là, c'est
la vérité même.
Louis Terrier.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey-
L'AFFAIRE WILSON
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Loches, 5 juillet.
Les débats de l'affaire Wilson devant le
tribunal de police correctionnelle de Loches
commencent samedi prochain à neuf heures
du matin. Ils occuperont trois audiences
consécutives, celles de samedi, de dimanche
et de lundi.
Le tribunal sera présidé par M. Gaitet,
assisté de MM. Picot et Delsart, juge d'ins-
truction.
La prévention sera soutenue par M. le
procureur de la République Raoul Rosse.
M. Wilson sera défendu par Me Cléry ; M.
Leroux, le secrétaire du comité électoral
de M. Wilson, par Me Maurice Bernard.
Quatre-vingts témoins à charge et trente
témoins à décharge seront entendus aux
débats.
Un détail:
Au cours de l'instruction de l'affaire, M.
Wilson et M. Leroux n'ont été mandés
qu'une seule fois au cabinet de M. le juge
instructeur Delsart.
A la première question qui lui a été posée,
M. Wilson a répliqué :
— Je déclare que, usant de mon droit, je
ne crois pas devoir vous répondre.
Vingt-cinq questions ont alors été suc-
cessivement adressées au gendre de M.
Grévy qui, vingt-cinq fois, a déclaré qu'il
ne croyait pas devoir donner une réponse.
L'attitude de M. Leroux a été absolument
identique à celle de M. Wilson.
C'est à l'audience, dans l'interrogatoire
que leur fera subir M. Gaitet, que les deux
prévenus donneront des explications sur
les faits de corruption électorale qui leur
sont reprochés par la prévention.
LES
BIJOUX DU ROI D'ITALIE ÉGARÉS
- Berlin, 5 juillet.
Il paraît qu'une caisse contenant des perles,
des bijoux, des portraits, etc., et faisant par-
tie des bagages du roi d'Italie lors de son
voyage à Berlin, a été égarée en chemin de fer.
Un télégramme collectif a été adressé àce su-
jet A toutes les administrations de chemins de
fer. On rie sait encore si ces recherches ont
abouti, • ,.
LES
ELECTIONS., AWGlAISE-S
SIMPLE COUP D'ŒIL f-
Les premiers scrutins. — Les femmes
et les élections.— Série de bagarres.
Le suicide du convaincu. >
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres* î> juillet..
Le nouveau Parlement, — le treizième
depuis l'avènement au trône de la reine
Victoria, — se compose à l'heure actuelle
de 105 membres. *
Ces 105 députés se divisent en 53 conser-
vateurs et 11 libéraux unionistes, contre hO
gladstoniens et 1 représentant du parti ou-
vrier.
Ces premiers résultats paraissent extrê-
mement favorables à la cause de M. Glads-
tone, dont les partisans gagnent, tout
compte fait, neuf sièges.
Mais il ne faut pas oublier que, jusqu'à
présent, on ne connaît que les votes de
soixante-quatre circonscriptions urbaines.
En attendant, la campagne électorale se
poursuit avec un grand acharnement don-
nant lieu aux incidents les plus curieux.
Femmes politiques
Partout les femmes interviennent, ar-
dentes, passionnées, affrontant au besoin
les réunions publiques les plus mouvemen-
tées et allant, s'il le faut, jusqu'à soutenir
de leur parole la cause de leurs maris. à
moins que ce n'en soit un autre.
Certes, les femmes ont toujours pris, en
Angleterre, unelcertaine- part- aux choses de
la politique.
Ce n'est pas pour rien qu'il y a une reine
sur le .trône et sept pairesses à la Chambre
des lords.. - ; '0;
-
Mais, de même que les pairesses se se-
raient bien gardées de siéger, le rôle des
femmes dans la lutte des partis était tou-
jours discret, effacé, si l'on peut dire.
Aujourd'hui, tout est changé : elles parti-
cipent directement à la campagne électo-
rale.
C'est ainsi que pendant le voyage triom-
phal de M. Gladstone à Edimbourg, miss
Helen a répondu, à la place de son père
fatigué et souffrant, aux ovations de la foule
enthousiaste.
D'autres ont été plus loin encore.
Le télégraphe n'a-t-il pas raconté l'his-
toire de cette Mme Madeson qui, blessée au
cours d'une bagarre à Rochester,est allée dé-
fendre dans un meeting la candidature li-
bérale de son mari, jusqu'au moment où,
ses forces la trahissant, elle est tombée
évanouie?.
Le ménage Stanley
Mistress Stanley s'est montrée à Lambeth
non moins courageuse. Elle a prononcé
avant-hier un véritable discours en faveur
de son mari.
"Je suis sûr, a-t-elle dit notamment,
que vous accorderez votre confiance à M.
Stanley et que vous lui donnerez vos votes.
Je lui ai donné mon vote, moi, il y a deux
ans, dans l'abbaye de Westminster, et je
vous assure que je ne l'ai pas regretté. y
Ces effusions conjugales n'ont pas fait
rire les auditeurs; ils les ont écoutées sans
sourciller, et c'est à peine si, la veille, M.
Stanley, racontant lui aussi l'histoire de son
mariage, dans un meeting, a réussi à déri-
der l'assemblée :
ci La personne qui est aujourd'hui ma
femme, disait-il, était il y a deux ans une
gladstonienne acharnée. Justement alors
je lui faisais la cour, et je commençai sa
conversion en lui écrivant une.lettre ener-
gique de douze pages, l'adjurant d'abandon-
ner le drapeau de M. Gladstone, qui n'est
qu'un sophiste comme le home rule n'est
qu'une absurdité. Elle l'abandonna, et voilà
comment elle s'appelle aujourd'hui mis-
tress Stanley. »
En dépit de ces confidences vraiment
touchantes, M. et Mme Stanley n'en ont pas
moins été fort molestés par la foule qui a
attaqué leur voiture et bousculé l'illustre
explorateur, aux cris de : « A bas le roi
Café ! Vive le Great Old Man l Combien de
nègres avez-vous tués ? »
Mais l'histoire la plus amusante est in-
contestablement celle du comte et de la
comtesse de Carlisle.
Le comte, un fervent unioniste, ainsi que
son fils, le vicomte Mospeth, revient, pa-
raît-il, tout exprès de l'Inde pour réagircon-
tre l'influence de sa femme qui mène une
campagne très active en faveur dix home
rule.
; Après cela, n'est-ce pas? on peut tirer
l'échelle.
Scènes de violence
Des scènes de violence extraordinaires se
produisent journellement un peu partout
en Irlande.
Un train allant de Kilrush à Kilkee, et
transportant 308 personnes qui allaient as-
sister dans cette dernière localité à un
meeting, a été près de dérailler. On avait
enlevé les rails sur une longueur de quel-
ques mètres; heureusement le mécanicien
s'en est aperçu à temps.
A Waterford, le candidat nationaliste, M.
David Sheehy, a été gravement blessé par
une bande de parnellistes. A Limerick, les
parnellistes ont également accueilli à coups
de pierres M. William O'Brien.
M. William O'Brien a passé une nuit ex-
trêmement agitée, et son état n'est pas sans
inspirer de vives inquiétudes.
Des troubles se sont encore produits à
Listowel, à Nuvry et à Carrickmore.
A Carrickmore, le comte Plunkett, qui se
présente comme candidat parnelliste pour
le Mid-Fyron, a été fort maltraité.
Le comte s'était rendu à l'église, mais un
prêtre, le père Murphy, l'ayant aperçu, l'a-
postropha vivement, le traitant de vaurien.,
Voyant l'attitude du prêtre, les assistants
repoussèrent le comte Plunkett dans la cour
de l'église et le maltraitèrent, lui et les
siens, à coups de pieds et de pierres. Les
malheureux eurent toutes les peines à aller
jusqu'à leur voiture qu'ils atteignirent dans
le plus piteux état. Le père Murphy se con-
tenta de crier : Ne le tuez pas !
Il n'y a pas d'ailleurs qu'en Irlande où
les choses tournent au tragique.
A Southampton, un ouvrier a été tué
d'un coup de couteau, et, dans le Flint-
shire, l'alderman Lewis, candidat libéral, a
failli être lapidé.
A Craydon, un honorable négociant, M.
Jordan, a même été jusqu'au suicide. Cet
ardent gladstonien n'a pu résister au cha-
grin que lui a causé la victoire des conser-
vateurs dans sa circonscription. Il est ren-
tré chez lui et s'est immédiatement pendu.
Heureusement, on apporte en général moins
de conviction dans les passions politi-
ques.
LA SITUATION EN ESPAGNE
Madrid, 5 juillet., -" Le bruit qui àvaiteouru
que le maire de Madi-ld avait donné sa démis-
eoil n'est DAS confirmé.
Le ministre des finances est indisposé, mais
l'état de la santé du préfet est meilleur.
Les opérations de Bourse ont repris aujour-
d'hui. après que lecture fut faite devant les
agents de change du décret que publiera de-
main la Gaceta, décret suspendant l'impôt jus-
qu'à ce qu'un règlement soit publié.
Des troupes nombreuses sont arrivées à Ca-
laborra, ou quelquesarrèstâtioÚs ont éte.oPÓ:'
LE LIEUTENANT CHAMBON
Nou^ avons dit Mer que M.rle lieutenant
Chambon, du 20e dragons, poursuivi pour
violehces et voies de\fait sur MM. Morterol
et Texier, avait été aèquitté à la suite de la
plaidoirie de Me Millerand.
Nous apprenons que M. Chambon, qui
avait été affecté au 2e dragons, a demandé
à être envoyé au Dahomey. Il est probable
que sa demande sera accueillie favorable-
ment par le ministre de la guerre.
LYCÉE FRANCO-RUSSE
Les journaux russes annoncent la pro-
chaine arrivée à Paris de M. Outinaud, pro-
fesseur à l'Ecole de droit de Saint-Péters-
bourg, membre du comité pour la création
d'un lycée franco-russe en Russie.
Le gouvernement français a l'intention
d'allouer un million pour l'établissement
de ce lycée, sans préjudice des4 subsides
annuels * que le Parlement sera appelé à vo-
ter. Saint-Pétersbourg et Moscou se dis-
putent l'honneur de posséder le nouveau
lycée.
LE PUNCH DES TERRITORIAUX
La cérémonie n'aura pas lieu <
Depuis quelques années, 'la veille du
1A Juillet, les officiers de réserve et de l'ar-
mée territoriale avaient l'habitude d'offrir,
à l'hôtel Continental, un punch au ministre
de la guerre. Cette fête réunissait des mil-
liers d'officiers dans un commun hommage
au chef de l'armée, et ce punch colossal
était pour ainsi dire le « coup de l'étrier »
avant la grande solennité militaire du len-
demain.
Un certain nombre de nos lecteurs nous
demandent où en est l'organisation de cette
fête annuelle, et pourquoi nous n'en pu-
blions pas le programme, comme nous
avions l'habitude de le faire.
Renseignements pris, il paraît que cette
réunion n'aura pas lieu cette année. Pour-
quoi ? C'est ce qu'il est assez difficile de
savoir. En tout cas, les chefs de corps de
l'armée territoriale n'ont pas cru devoir en
prendre l'initiative.
Il avait été tout d'abord question d'une
grande fête qui serait donnée à l'occasion
du concours de tir de Satory, et celle du
punch avait été, en conséquence, réservée.
Bref, nous voici à la veille de la fête natio-
nale sans qu'aucune décision ait été prise
et il est trop tard maintenant, paraît-il,
pour organiser quoi que soit. -
C'est d'autant plus regrettable que 4ette
année nous verrons très probablement
pour la dernière fois les territoriaux défi-
ler à Longchamps. Avec la nouvelle loi, en
effet, qui fait repasser dans la réserve les
classes 1877, 1878 et 1879, il ne saurait y
avoir de convocation de l'armée territo-
riale avant 1895 ou 1896. Tout porte donc à
croire qu'à l'avenir les nouveaux régiments
de réserve remplaceront la brigade terri-
toriale sur l'hippodrome du bois de Bou-
logne.
LAVIEDEP ARIS
Il est fort question d'exécutions capi-
tales dans ce moment-ci. M. Deibler est
« en tournée". Il a commencé par Va-
lence, où l'on a supplicié l'Allemand as-
sassin Hadelt. Il doit aller ensuite à Mont-
pellier où deux autres assassins attendent
leur sort, ayant échoué dans une tenta-
tive d'évasion fort ingénieuse, essayée à
l'aide de fausses barbes, de limes et d'au-
tres objets qu'on leur avait fait tenir du
dehors, ce qui parait bien extraordinaire.
Enfin, M. Deibler se rendrait à Montbri-
son beaucoup plus tôt qu'on ne le croyait,
pour guillotiner Ravachol. Celui-ci, en
effet, a refusé de se pourvoir en cassation,
ce qui est excessivement rare, peut-être
même un cas unique chez un condamné
à mort. Les plus résolus tentent toujours
d'éloigner l'heure fatale, gardant une in-
destructible espérance d'échapper à leur
sort. La première quinzaine de juillet va
donc être une quinzaine terriblement oc-
cupée pour le bourreau.
Le fait est que les exécutions devien-
nent assez fréquentes chez nous. J'ai lu
dans un journal cette appréciation véri-
tablement drolatique que si le prési-
dent de la République n'usait pas sou-
vent du droit de grâce, clest parce que M.
le général Brugère l'en empêchait. Le gé-
néral aurait conclu un traité avec M. Dei-
bler, qui lui donnait la somme de cent
vingt-cinq francs par exécution ! Encore
que la matière soit assez macabre, j'aime
à noter, comme choses joyeuses, les ex-
travagances de l'esprit de parti. Elles doi-
vent nous apprendre à ne pas croire tout
d'abord à tout ce qu'on raconte des gens;
car le général n'est plus à l'Elysée et les
choses ne changent pas. La vérité est que,
tandis que M. Grévy était opposé à la
peine de mort (comme Louis-Philippe,
d'ailleurs, et Napoléon III), M. Carnot est
au moins indifférent sur la question et
fait simplement ce que la commission des
grâces lui demande de faire. Or, lorsque
le jury, qui est sensible comme on sait,
ne trouve pas de circonstances atténuan-
tes en faveur d'un criminel, c'est fort rare
que la commission des grâces lui en
trouve, et elle est alors d'avis que la jus-
tice suive son cours, ce qui a lieu.
L'Allemand Hadelt, qui a été guillotiné
hier matin à Valence, est mort avec cou-
rage. On sait que, s'étant fait recevoir
novice dans un couvent, il avait assassiné
l'économe, en disant pour sa défense que
celui-ci avait voulu attenter à sa pudeur.
La chose n'ayant pu être prouvée et ayant
même paru fort invraisemblable, ce sys-
tème de défense a aggravé aux yeux du
jury la culpabilité du novice. Ce novice
catholique, qui allait de couvent en cou-
vent, était en réalité protestant, et c'est
d'un pasteur de cette religion qu'il a reçu
les derniers secours avant d'aller à l'é-
çhafaud. Ce déisil complète l'inquiétante
et étrange physionomie de ce criminel. Il
y a de la sorte, dans le monde ecclésiasti-
que, un certain nombre de dangereux et
habiles aventuriers qui, sans en arriver
au crime qu'Hadelt a expié sur l'écha-
faud, font des escroqueries : prêtres défro-
qués ou interdits, faux catéchumènes,
comme le juif dont J.-J. Rousseau nous a
raconte dans ses Confessions la très peu
édifiante histoire. Lorsquecefespèces ne
font pas un scandale trop grand ou ne
commettent pas un crime trop éclatant et
trop grave, elles échappent presque tou-
jours au châtiment.
Les prêtres, les communautés, n'ai-
ment pas qu'on s'occupe de leurs af-
aires. Des procès dévoilant les trucs des
exploiteurs de la religion décourage-
raient les âmes pieuses. Si Hadelt n'a-
vait pas étranglé le père Ildefonse, il
aurait pu très probablement rapiner
longtemps en paix. Il est mort avec
courage, ai-je dit. C'est, de plus en plus,
le cassés criminels qui montent sur l'é-
chafaud. On s'habitue très bien, paraît-il,
à l'idée de la mort violente. Il suffit
d'ailleurs, pour s'en convaincre, d'évo-
quer le souvenir de la Terreur, où l'on
en était arrivé à braver littéralement l'é-
chafaud. On a établi que la plupart des
criminels sont des gens qui ont assisté à
une ou à plusieurs exécutions. Ce specta-
cle ne paraît pas du tout leur avoir ins-
piré de terreur.
Ces jours-ci, du reste, les journaux du
Tonkin nous ont donné le récit de la pre-
mière exécution faite avec la guillotine
dans notre colonie. C'était celle d'un
jeune Annaiiiite, - assassin et voleur. Non
seulement il est mort bravement, ce qui
est le propre des peuples de cette race
fataliste, mais encore les assistants pa-
raissent avoir trouvé très commode cette
façon rapide et sans douleur de passer de
vie à trépas. Si bien que les correspon-
dants sont amenés à penser que les
indigènes qui auraient quelque velléité
de crime y seraient plutôt encouragés par
la façon dont s'opère le châtiment qu'ils
n'en seraient effrayés.
Je ne serais pas étonné que, dans le
monde des criminels de chez nous, il s'en
trouvât bon nombre pour penser comme
les indigènes du Tonkin. Les criminalis-
tes les plus compétents en ces expérien-
ces assurent que lorsqu'un coupable
meurt bien, sans lâcheté, sa mort est
plutôt une excitation à risquer l'aventure
du crime. Ceci est si vrai que, dans un
temps où la presse était aux mains du
gouvernement, lorsqu'un grand criminel
montait sur l'échafaud, la préfecture ne
manquait jamais d'envoyer dans les jour-
naux un récit de ses derniers moments,
où on le montrait manquant de courage,
demandant grâce, en proie à la terreur,
alors même qu'il mourait très crâne-
ment.
Le mensonge à tout prendre, était
excusable, pouvant avoir de bons résul-
tats. Aujourd'hui, il n'est plus possible.
Les journaux n'ont pas de telles complai-
sances pour le pouvoir et ils disent les
choses comme elles sont. On peut donc con-
stater que presque tous les criminels meu-
rent a^çc fermeté, quelques-uns avec une
belle indifférence, si bien que le spectacle
de l'échafaud ne diminue pas le nombre
des crimes contre les personnes. Ce n'est
pas une raison, peut-être, pour suppri-
mer la peine de mort. Mais je ne suis pas
fâché de voir disparaître des discussions
qui ont lieu sur cette matière l'argument
un peu impatientant de l'exemplarité du
châtiment.
Henry Fouquier.
LE BANQUET MIZON
Le banquet offert hier au capitaine Mizon
dans les salons de l'hôtel Continental a été
extrêmement brillant. Plus de trois cents
personnes appartenant au monde de la po-
litique et du commerce avaient tenu a y
assister, et rarement banquet d'explorateur
a été plus sympathique.
La table était présidé par M. Etienne,
ayant à sa droite M. Cavaignac, ministre de
4a marine, et à sa gauche M. Mizon.
Nous avons remarqué le colonel Cha-
moin, représentant le président de la Ré-
publique, MM. Jules Ferry, Le Myre de Vi-
lers, Audiffret, député de la Loire; Del-
cassé, Deschanel, amiral Vallon, Poubelle,
préfet de la Seine ; Siegfried, Millevoye,
aint-Germain, député d'Oran; Leroy et la
plupart des députés appartenant au groupe
parlementaire colonial; commandant Mat-
tei, le premier explorateur du Niger ; Cou-
sin, directeur de la Politique coloniale; le
cheick Abou Naddara, etc., etc.
Au dessert, M. Etienne a prononcé un dis-
cours très applaudi dans lequel on a parti-
culièrement remarqué une allusion à la
présence de M. Jules Ferry et « aux deux
fleurons par lui ajoutés à notre domaine co-
lonial."
Ont ensuite pris la parole : le capitaine
Mizon, très ému ; M. Cavaignac, qui a an-
noncé que tout le temps passé en Afrique
par l'explorateur lui serait compté pour
l'avancement; Jamais, sous-secrétaire d'E-
tat aux colonies ; prince d'Arenberg,comme
toujours très humoristique ; Cheysson,prési-
dent de la Société de géographie ; Meuran,
de la Société de géographie commerciale
Thorel, président de la Société économi-
que industrielle ; amiral Vallon, très goûté
quand il a fait allusion au témoignage que
la Chambre vient de donner de sa confiance
dans la valeur de M. Cavaignac comme mi-
nistre. et même comme marin.
M. Oportun a parlé au nom du conseil
municipal de Paris.
Après lui, enfin, M. Jules Ferry, cédant
aux instances générales, a pris la parole.
Il a été très applaudi dans ce milieu ami.
LE CONGRES SOCIALISTE
DE SAINT-OUEN
Le gouvernement a décidé d'interdire le
congrès des conseils municipaux socialistes
que le conseil municipal de Saint-Ouen a pris
1 initiative de convoquer pour le mois de sep-
tembre prochain.
Le congrès devait se tenir, ainsi que nous
l'avons annoncé, les 11, 19 et 13 septembre. Le
conseil municipal de Saint-Ouen avait convo-
qué toutes les municipalités socialistes de
France, qui sont au nombre d'une vingtaine,
dans le but de former une sorte de fédération
et d'arrêter une ligne de conduite commune.
AU ZAMBÈZE
Lisbonne, 5 juillet. — Des nouvelles du Zam-
bèze confirment 1a mort du capitaine Gouvea,
tué par les indigènes révoltés
EXECUTION D'HADEL T
La guillotine à Valence. -Les derniers
mots du condamné.
(DE NOTRE CORKESPONDANT PAKTICUtlEltf
Valence, 5 juillet.
Ce maim, à quatre heures précises, a eu
lieu l'exécution dtf-Malhias Hadelt, qui, le
29 Octobre dernier, à-esassina le père IIde
fonse, caissier du cou'xpnt d'Aiguebêlle.
A deux heures du nià(in,;Ies- bois de jusv
tice étaient dressés en face des portes de la
maison d'arrêt de Valenèç, avenue de Cha-'
beuil ; les issues étaient gardées par deux
escadrons de hussards et deux batteries
d'artillerie à cheval. Le service d'ordre,
était fait par seize brigades de gendarmerie
et par la police municipale. *.
Le procureur de la République, le juge.
d'instruction, l'aumônier l'abbé Raymond,
le pasteur protestant Causse, sont arrivés à -
trois heures et la porte de la prison leur a
été ouverte.
Dans la cellule
M. Chaffois, gardien-chef de la prison,
pénétra le premier dans la cellule du con-
damné. Il lui dit:
— Hadelt, votre recours en grâce a été re-
jeté. Le moment suprême est arrivé.
Hadelt, qui était déjà réveillé, répondit
simplement Deo Gratias, ne paraissant
d'ailleurs aucunement surpris.
Il s'habilla sans l'aide de personne, mon-
trant un calme parfait et une résignation
complète.
M. Palomba, procureur de la République,
lui dit :
— Avez-vous quelque chose à dire, des
révélations à faire à la justice ?
— Non, répondit froidement Hadelt.
Puis il ajouta : -
— Je désire qu'on procède à l'autopsie da
mon cadavre.; on verra alors que je n'ai
jamais eu d'ulcère rond à l'estomac et que
je ne suis pas Hadelt.
On sait que l'assassin a toujours nié l'i-
dentité que lui attribue la justice et qu'il
refuse de dire son vrai nom.
Hadelt a refusé les secours de la religion
catholique, mais a accepté l'assistance d'un
pasteur protestant, M. Causse.
Après la levée d'écrou, Deibler a procédé
à la toilette de Hadelt. Pendant cette opé-
ration, le condamné est resté impassible.
Le pasteur lui a adressé plusieurs fois la
parole en allemand. Hadelt a répondu
d'une voix très faible, mais les traits de son
visage étaient restés les mêmes.
A ce moment M. Chauvet. médecin de la
prison, lui a offert un cordial en lui disant :
Buvez, cela vous donnera du courage. Ha-
delt a répondu : J'en aurai sans cela.
Il a communié dans le trajet de la prison
à la guillotine.
Devant la guillotine
A trois heures 55, après l'opération du li-
gottage et de la toilette, les portes ont été
ouvertes ; le condamné a descendu les trois
marches de la prison soutenu par les aides
du bourreau; il a levé la tête et, apercevant
en face de lui la terrible machine, il a
souri. Il s'est arrêté et, se retournant vers
les gardiens de la prison, il leur a dit : cJe
vous remercie, adieu! » ,
A ce moment, on a entendu le comman-
dement de « Portez armes! » Le pasteur
Causse a embrassé trois fois le condamné :
« Au revoir 1 e lui a dit Hadelt en souriant.
Les aides se sont emparés alors de lui et
l'ont placé sur la bascule. La tête roulait
dans le panier.
La foule, qui était très nombreuse, était
maintenue à plus de cent mètres du lieu du
supplice ; les toits des maisons environnan-
tes étaient couverts de curieux.
Le corps, escorté par la gendarmerie, a
été porte au cimetièré des suppliciés, puis,
après un simulacre d'inhumation, le cada-
vre a été transporté à l'hospice où l'on a
procédé à son autopsie.
En quittant la place, je demande à M.
Deibler:
— Allez-vous directement à Montbrison,
pour Ravachol?
— Mais pas du tout, me répond l'exécu-
teur, je rentre de suite à Paris, à moins que
d'ici à ce soir je ne reçoive des ordres.
M. Deibler et ses aides sont partis à7 h. 58
du soir par le train se dirigeant vers Saint-
Rambert, où ils doivent, dit-on, changer de
train pour se rendre à Montbrison.
L'acte de décès de Hadelt
Voici l'acte de décès rédigé par le greffier
des assises de la Drôme : 1
Hadelt Mathias, dit aussi Hardelt ou Ha-rtelt,
fils de François Hadelt et de Gertrude Gênai,
mort le 5 juillet 1893, à quatre heures du ma-
tin, profession de cordonnier, âgé de trente-
huit ans, natif de SarlouiS (Prusse rhénane),
domicilié à Valence momentanément.
L'EXÉCUTION DE RAVACHOL
Montbrison, 5 juillet.
L'exécution de Ravachol semble être dé-
finitivement fixée à demain matin.
Elle aurait lieu devant la prison, cet em..
placement étant plus facile à garder.
D'autre part, le sous-préfet a demandé
que l'exécution n'ait pas lieu devant la
sous-préfecture.
Les mesures d'ordre ont redoublé. Les
soldats ont tous de doubles cartouchières.
Quatre brigades de gendarmerie font un
service ininterrompu.
Aucun anarchiste n'a été signalé à Mont
brison.
Toutes les gares voisines sont surveillées.
AU DAHOMEY
Lagos, 5 juillet. — Les Dahoméens ont fait
une démonstration dans un village près de
Porto-Novo.
Trois canonnières avec des forces françaises
montent la lagune.
Un autre détachement a été envoyé par terre
pour chasser les indigènes.
LA VIE PARLEMENTAIRE
La clôture de là session
Le conseil des ministres s'est occupé hier
de la clôture de la session parlementai re.
L'intention du gouvernement, confirme
à celle des présidents des deux Chambres,
serait de prononcer la clôture le 13 juillet
au plus tard, afin de permettre aux séna-
teurs et députés de se rendre dans leur dé-
partements respectifs pour la période élec-
torale des conseils généraux.
Mais ce projet ne pourra se réaliser que
si les Chambres arrivent à statuer pour
cette date sur toutes les affaires dont la so-
lution doit intervenir avant leur sépara-
tion.
En dehors de la question de la Banque en.
cours de délibération, il y a à statuer sur
les quatre contributions directes, sur la loi
relative aux gardiens de la paix, sur la
prorogation, de la loi sur la marine mar-
chande et des droits sur les pétroles; enfin
il y a à discuter les interpellations sur ÀIOT
relations franco-espagnoles.
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UN CENTENAIRE
A côté de Valmy, dont le seul nom
nous fait luire 4evisiqns d'épopée, et
à côté du. septembredate de la
proclamation de la République, un
autre centenaire, sera célébré avec
éclat dans (jùelquôs semaines* Je veux
EarIer de la grande commémoration à
laquelle se dispose la Savoie en l'hon-
neur de sa première annexion à la
patrie française. Voilà deux ans que
tous les Savoyards, ceux de là-bas et
ceux de Paris, s'occupent d'organiser,
en souvenir de cet événement, une
démonstration qui marquera dans nos
annales comme une véritable fête du
patriotisme.
Dans ce splendide décor des monts,
des vallons et des lacs, la population
tout entière, mise en mouvement par
une seule pensée, se rappellera que
c'est à l'aurore même de la Républi-
que, au milieu des émotions les plus
puissantes qui aient secoué l'Europe
moderne, que la Savoie est devenue
partie intégrante de la terre de France.
Et comme prélude à cette évocation,;
une assemblée où figureront des mil-*
liers de Savoyards se tiendra, le 17
juillet, sous le dôme et le long d§ là
galerie centrale du palais du Cliamp
de Mars. M. Floquet présidera; le gou-
vernement sera présent ; le banquet,
car c'est d'un banquet qu'il s'agit —
se terminera par des toasts que d'in-
nombrables mains applaudiront; et
les organisateurs, qui ont été dirigés
par mon collègue Chautemps et par
M. Forni, dont je reparlerai tout à
l'heure, exulteront d'un contentement
légitime.
Les orateurs ne manqueront pas de
dire et de redire comment la Savoie
devint française. Ils feront d'autant
mieux d'insister là-dessus que la chose,
peut-être, n'est pas suffisamment con-
nue. Beaucoup s'imaginent que ce fut
là le résultat d'une conquête accomplie
pàr la force des armes. Rien, cepen-
dant, ne ressemble moins à la vérité.
Ce qui est arrivé, c'est que, sponta-
nément, dans une poussée où se con-
confondaient le sentiment des intérêts
traditionnels de la Savoie et l'amour
èelos chez ses enfants pour la Révolu-
tion naissante, ceux-ci se donnèrent à
la France.
Un décret de la Convention a enregis-
tré le fait, qui, semble-t-il, n'est pas
assez nettement relaté dans les livres
d'histoire destinés à la jeunesse. Voici
ce décret :
a La Convention,
m Après avoir reconnu que le vœu
yy libre et unanime du peuple souverain
yy de la Savoie, émis dans les assem-
« blées des communes, est de s'in-
"corporer à la République fran-
yy çaise;
yy Considérant que la nature, les
yy rapports et les intérêts respectifs
yy rendent cette réunion avantageuse
yy aux deux peuples ;
» Déclare qu'elle accepte la réunion
yy proposée, et que, dès ce moment, la
yy Savoie fait partie intégrante de la
yy République française. »
Le doyen de la Chambre, M. Pierre
Blanc, député de la Savoie, a souligné
l'événement dans le discours d'ouver-
ture qu'il prononça, le 10 novembre
1885, au milieu des acclamations de
ses collègues. « Nous sommes, disait
M. Blanc, les descendants de ces Allo-
bages qui, en 179, s'écriaient devant
l'Assemblée nationale : Nous venons à
toi, beau pays de France, parce que
tu es la liberté. »
Aujourd'hui, c'est M. Forni, déjà
nommé, qui met en relief, dans une
étude sincère et chaudement écrite,
les circonstances de la réunion de la
Savoie à la France en 1792. Avant lui,
en tête d'un livre sur les volontaires
\savoyards qui appartinrent aux ar-
mées de la Révolution, M. Folliet, dé-
puté de Thonon, avait reproduit ces
paroles prononcées le Z août 1793 à
la tribune de la Convention : « Il n'y a
pas un régiment en France où vous ne
trouviez des Savoisiens. »
Savoisien, soit dit en passant, n'est
qu'une sorte d'euphémisme substitué
à- Savoyard, qui est le vrai mot. Cette
dernière dénomination, inj ustement
disqualifiée, est souvent écartée comme
renfermant je ne sais quelle stupide
injure. Il faut la reprendre, la réhabi-
liter et la garder toute seule, car c'est
la bonne. On est Savoyard comme on
est Auvergnat, ou Breton, ou Nor-
mand. On compte, à travers les temps,
des Savoyards illustres qui ont honoré
leur pays et l'humanité. Je n'entends
pas, qu'on se rassure, me livrer à un
inventaire complaisant des gloires de
terroiredont la Savoie s'enorgueillit. Je
-citerai seulement trois noms, ceux de
François de Sales, de Berthollet et de
Dessaix, qui brillèrent dans les lettres,
les sciences et la guerre.
Donc les Savoyards sont d'accord
pour faire remonter à 179 la date de
de leur annexion décisive. Ils allèrent
ainsi du même coup à la France et à
la République. L'œuvre de 1815 a pu
tes détacher théoriquement, mais ils
ont jamais plus cessé d'appartenir
a la France par le cœur, comme dé
tout temps ils lui ont appartenu par
la race, parla langue, par la disposi-
tion géographique de leur province.
Quand, en 1860, ils revinrent, par un
vote unanime qui consacrait les stipu-
lations diplomatiques, à leur patrie
normale, leur joie fut immense de re-
prendre enfin, et pour toujours, leur
véritable place dans la constitution
dés peuples.
Aujourd'hui, les ambitions sans pu-
qtuljquièClosent au-delà des Alpes
iï6us montrent que le pays de là Sa-
voie est partagé d'avance, comme un
simple biscuit du même nom, par les
soins de la Triplice, cherchant à se
donner les faux airs d'une gendarme-
rie commise à la sécurité de l'Europe.
La partie méridionale reviendrait au
roi Humbert, afin que ce souverain à
qui le sang français a conquis un
royaume fût mis en possession du
berceau de ses aïeux. C'est, comme on
le voit, un petit arrangement pour
convenances de famille. Nous recon-
naissons là le sentimental Crispi.
Quant. à la Savoie septentrionale, la
Triplice à l'intention d'en faire hom-
mage à la Suisse, qui, au gré du Qui-
rinal, doit éprouver, bien qu'elle n'en
ait rien dit, le désir immodéré d'éten-
dre ainsi son territoire.
Telles sont les révélations, d'ailleurs
éventées, que nous apporte une bro-r
chure venue d'Italie et écrite sous la
dictée de M. Crispi par une plume of-
ficieuse. Dans cet écrit suggestif, il
est expliqué tout au long que la Suis-
se, sous peine d'être croquée par nous,
se reposera en toute confiance sur
l'Italie et l'Allemagne, ses protectrices
naturelles. L'auteur ajoute, il est
vrai, dans des formules vagues et si-
byllines, que cela n'aura d'effet que
pour un temps relativement court. Les
alliés, en donnant à la Confédération
un morceau de la Savoie, lui permet-
tront simplement de s'arrondir à
point. Mais l'heure fatale viendra où
la paix du monde aura pour gage né-
cessaire l'absorption de la Suisse par
les puissances coalisées. Les Italiens
et les Allemands, qui adorent l'Helvé-
tie, la croqueront un jour pour lui
garder des amis, comme Ugolin man-
geait ses enfants pour leur conserver
un père.
Au moment où cette prose guer-
rière est répandue à profusion par
toute l'Italie, le centenaire de l'an-
nexion de la Savoie arrive à propos.
Non pas qu'il y ait à s'attarder un
seul instant aux ambitions ridicules
qu'on voudrait inspirer à la Suisse,
car celle-ci, dont l'ilnique pensée est
do rester libre, sait à merveille qu'au-
cune nation n'a plus que nous d'affec-
tion sincère pour elle et de loyal res-
pect pour ses droits. Mais il est bon, il
est utile, en face de ces menées, qu'une
démonstration éloquente et solennelle
affirme aux yeux de tous l'indissolu-
bilité du lien qui attache, aussi étroi-
tement que les plus vieilles provinces,
la Savoie à la France.
Le monument, dû au ciseau de Fal-
guière, qui se dressera sur une place
de Chambery, afin d'éterniser la date
de l'annexion et les fêtes du cente-
naire, représente la Savoie sous les
traits d'une femme qui étreint, avec
une énergie inspirée, un drapeau fran-
çais. Cela veut dire que les fils de cette
terre de traditionnelle bravoure sau-
raient encore, comme ils l'ont fait dé-
jà en 1793 eten 1870, défendre jusqu'à
la mort l'intégrité de la patrie.
• Et ce que Falguière a figuré là, c'est
la vérité même.
Louis Terrier.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey-
L'AFFAIRE WILSON
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Loches, 5 juillet.
Les débats de l'affaire Wilson devant le
tribunal de police correctionnelle de Loches
commencent samedi prochain à neuf heures
du matin. Ils occuperont trois audiences
consécutives, celles de samedi, de dimanche
et de lundi.
Le tribunal sera présidé par M. Gaitet,
assisté de MM. Picot et Delsart, juge d'ins-
truction.
La prévention sera soutenue par M. le
procureur de la République Raoul Rosse.
M. Wilson sera défendu par Me Cléry ; M.
Leroux, le secrétaire du comité électoral
de M. Wilson, par Me Maurice Bernard.
Quatre-vingts témoins à charge et trente
témoins à décharge seront entendus aux
débats.
Un détail:
Au cours de l'instruction de l'affaire, M.
Wilson et M. Leroux n'ont été mandés
qu'une seule fois au cabinet de M. le juge
instructeur Delsart.
A la première question qui lui a été posée,
M. Wilson a répliqué :
— Je déclare que, usant de mon droit, je
ne crois pas devoir vous répondre.
Vingt-cinq questions ont alors été suc-
cessivement adressées au gendre de M.
Grévy qui, vingt-cinq fois, a déclaré qu'il
ne croyait pas devoir donner une réponse.
L'attitude de M. Leroux a été absolument
identique à celle de M. Wilson.
C'est à l'audience, dans l'interrogatoire
que leur fera subir M. Gaitet, que les deux
prévenus donneront des explications sur
les faits de corruption électorale qui leur
sont reprochés par la prévention.
LES
BIJOUX DU ROI D'ITALIE ÉGARÉS
- Berlin, 5 juillet.
Il paraît qu'une caisse contenant des perles,
des bijoux, des portraits, etc., et faisant par-
tie des bagages du roi d'Italie lors de son
voyage à Berlin, a été égarée en chemin de fer.
Un télégramme collectif a été adressé àce su-
jet A toutes les administrations de chemins de
fer. On rie sait encore si ces recherches ont
abouti, • ,.
LES
ELECTIONS., AWGlAISE-S
SIMPLE COUP D'ŒIL f-
Les premiers scrutins. — Les femmes
et les élections.— Série de bagarres.
Le suicide du convaincu. >
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres* î> juillet..
Le nouveau Parlement, — le treizième
depuis l'avènement au trône de la reine
Victoria, — se compose à l'heure actuelle
de 105 membres. *
Ces 105 députés se divisent en 53 conser-
vateurs et 11 libéraux unionistes, contre hO
gladstoniens et 1 représentant du parti ou-
vrier.
Ces premiers résultats paraissent extrê-
mement favorables à la cause de M. Glads-
tone, dont les partisans gagnent, tout
compte fait, neuf sièges.
Mais il ne faut pas oublier que, jusqu'à
présent, on ne connaît que les votes de
soixante-quatre circonscriptions urbaines.
En attendant, la campagne électorale se
poursuit avec un grand acharnement don-
nant lieu aux incidents les plus curieux.
Femmes politiques
Partout les femmes interviennent, ar-
dentes, passionnées, affrontant au besoin
les réunions publiques les plus mouvemen-
tées et allant, s'il le faut, jusqu'à soutenir
de leur parole la cause de leurs maris. à
moins que ce n'en soit un autre.
Certes, les femmes ont toujours pris, en
Angleterre, unelcertaine- part- aux choses de
la politique.
Ce n'est pas pour rien qu'il y a une reine
sur le .trône et sept pairesses à la Chambre
des lords.. - ; '0;
-
Mais, de même que les pairesses se se-
raient bien gardées de siéger, le rôle des
femmes dans la lutte des partis était tou-
jours discret, effacé, si l'on peut dire.
Aujourd'hui, tout est changé : elles parti-
cipent directement à la campagne électo-
rale.
C'est ainsi que pendant le voyage triom-
phal de M. Gladstone à Edimbourg, miss
Helen a répondu, à la place de son père
fatigué et souffrant, aux ovations de la foule
enthousiaste.
D'autres ont été plus loin encore.
Le télégraphe n'a-t-il pas raconté l'his-
toire de cette Mme Madeson qui, blessée au
cours d'une bagarre à Rochester,est allée dé-
fendre dans un meeting la candidature li-
bérale de son mari, jusqu'au moment où,
ses forces la trahissant, elle est tombée
évanouie?.
Le ménage Stanley
Mistress Stanley s'est montrée à Lambeth
non moins courageuse. Elle a prononcé
avant-hier un véritable discours en faveur
de son mari.
"Je suis sûr, a-t-elle dit notamment,
que vous accorderez votre confiance à M.
Stanley et que vous lui donnerez vos votes.
Je lui ai donné mon vote, moi, il y a deux
ans, dans l'abbaye de Westminster, et je
vous assure que je ne l'ai pas regretté. y
Ces effusions conjugales n'ont pas fait
rire les auditeurs; ils les ont écoutées sans
sourciller, et c'est à peine si, la veille, M.
Stanley, racontant lui aussi l'histoire de son
mariage, dans un meeting, a réussi à déri-
der l'assemblée :
ci La personne qui est aujourd'hui ma
femme, disait-il, était il y a deux ans une
gladstonienne acharnée. Justement alors
je lui faisais la cour, et je commençai sa
conversion en lui écrivant une.lettre ener-
gique de douze pages, l'adjurant d'abandon-
ner le drapeau de M. Gladstone, qui n'est
qu'un sophiste comme le home rule n'est
qu'une absurdité. Elle l'abandonna, et voilà
comment elle s'appelle aujourd'hui mis-
tress Stanley. »
En dépit de ces confidences vraiment
touchantes, M. et Mme Stanley n'en ont pas
moins été fort molestés par la foule qui a
attaqué leur voiture et bousculé l'illustre
explorateur, aux cris de : « A bas le roi
Café ! Vive le Great Old Man l Combien de
nègres avez-vous tués ? »
Mais l'histoire la plus amusante est in-
contestablement celle du comte et de la
comtesse de Carlisle.
Le comte, un fervent unioniste, ainsi que
son fils, le vicomte Mospeth, revient, pa-
raît-il, tout exprès de l'Inde pour réagircon-
tre l'influence de sa femme qui mène une
campagne très active en faveur dix home
rule.
; Après cela, n'est-ce pas? on peut tirer
l'échelle.
Scènes de violence
Des scènes de violence extraordinaires se
produisent journellement un peu partout
en Irlande.
Un train allant de Kilrush à Kilkee, et
transportant 308 personnes qui allaient as-
sister dans cette dernière localité à un
meeting, a été près de dérailler. On avait
enlevé les rails sur une longueur de quel-
ques mètres; heureusement le mécanicien
s'en est aperçu à temps.
A Waterford, le candidat nationaliste, M.
David Sheehy, a été gravement blessé par
une bande de parnellistes. A Limerick, les
parnellistes ont également accueilli à coups
de pierres M. William O'Brien.
M. William O'Brien a passé une nuit ex-
trêmement agitée, et son état n'est pas sans
inspirer de vives inquiétudes.
Des troubles se sont encore produits à
Listowel, à Nuvry et à Carrickmore.
A Carrickmore, le comte Plunkett, qui se
présente comme candidat parnelliste pour
le Mid-Fyron, a été fort maltraité.
Le comte s'était rendu à l'église, mais un
prêtre, le père Murphy, l'ayant aperçu, l'a-
postropha vivement, le traitant de vaurien.,
Voyant l'attitude du prêtre, les assistants
repoussèrent le comte Plunkett dans la cour
de l'église et le maltraitèrent, lui et les
siens, à coups de pieds et de pierres. Les
malheureux eurent toutes les peines à aller
jusqu'à leur voiture qu'ils atteignirent dans
le plus piteux état. Le père Murphy se con-
tenta de crier : Ne le tuez pas !
Il n'y a pas d'ailleurs qu'en Irlande où
les choses tournent au tragique.
A Southampton, un ouvrier a été tué
d'un coup de couteau, et, dans le Flint-
shire, l'alderman Lewis, candidat libéral, a
failli être lapidé.
A Craydon, un honorable négociant, M.
Jordan, a même été jusqu'au suicide. Cet
ardent gladstonien n'a pu résister au cha-
grin que lui a causé la victoire des conser-
vateurs dans sa circonscription. Il est ren-
tré chez lui et s'est immédiatement pendu.
Heureusement, on apporte en général moins
de conviction dans les passions politi-
ques.
LA SITUATION EN ESPAGNE
Madrid, 5 juillet., -" Le bruit qui àvaiteouru
que le maire de Madi-ld avait donné sa démis-
eoil n'est DAS confirmé.
Le ministre des finances est indisposé, mais
l'état de la santé du préfet est meilleur.
Les opérations de Bourse ont repris aujour-
d'hui. après que lecture fut faite devant les
agents de change du décret que publiera de-
main la Gaceta, décret suspendant l'impôt jus-
qu'à ce qu'un règlement soit publié.
Des troupes nombreuses sont arrivées à Ca-
laborra, ou quelquesarrèstâtioÚs ont éte.oPÓ:'
LE LIEUTENANT CHAMBON
Nou^ avons dit Mer que M.rle lieutenant
Chambon, du 20e dragons, poursuivi pour
violehces et voies de\fait sur MM. Morterol
et Texier, avait été aèquitté à la suite de la
plaidoirie de Me Millerand.
Nous apprenons que M. Chambon, qui
avait été affecté au 2e dragons, a demandé
à être envoyé au Dahomey. Il est probable
que sa demande sera accueillie favorable-
ment par le ministre de la guerre.
LYCÉE FRANCO-RUSSE
Les journaux russes annoncent la pro-
chaine arrivée à Paris de M. Outinaud, pro-
fesseur à l'Ecole de droit de Saint-Péters-
bourg, membre du comité pour la création
d'un lycée franco-russe en Russie.
Le gouvernement français a l'intention
d'allouer un million pour l'établissement
de ce lycée, sans préjudice des4 subsides
annuels * que le Parlement sera appelé à vo-
ter. Saint-Pétersbourg et Moscou se dis-
putent l'honneur de posséder le nouveau
lycée.
LE PUNCH DES TERRITORIAUX
La cérémonie n'aura pas lieu <
Depuis quelques années, 'la veille du
1A Juillet, les officiers de réserve et de l'ar-
mée territoriale avaient l'habitude d'offrir,
à l'hôtel Continental, un punch au ministre
de la guerre. Cette fête réunissait des mil-
liers d'officiers dans un commun hommage
au chef de l'armée, et ce punch colossal
était pour ainsi dire le « coup de l'étrier »
avant la grande solennité militaire du len-
demain.
Un certain nombre de nos lecteurs nous
demandent où en est l'organisation de cette
fête annuelle, et pourquoi nous n'en pu-
blions pas le programme, comme nous
avions l'habitude de le faire.
Renseignements pris, il paraît que cette
réunion n'aura pas lieu cette année. Pour-
quoi ? C'est ce qu'il est assez difficile de
savoir. En tout cas, les chefs de corps de
l'armée territoriale n'ont pas cru devoir en
prendre l'initiative.
Il avait été tout d'abord question d'une
grande fête qui serait donnée à l'occasion
du concours de tir de Satory, et celle du
punch avait été, en conséquence, réservée.
Bref, nous voici à la veille de la fête natio-
nale sans qu'aucune décision ait été prise
et il est trop tard maintenant, paraît-il,
pour organiser quoi que soit. -
C'est d'autant plus regrettable que 4ette
année nous verrons très probablement
pour la dernière fois les territoriaux défi-
ler à Longchamps. Avec la nouvelle loi, en
effet, qui fait repasser dans la réserve les
classes 1877, 1878 et 1879, il ne saurait y
avoir de convocation de l'armée territo-
riale avant 1895 ou 1896. Tout porte donc à
croire qu'à l'avenir les nouveaux régiments
de réserve remplaceront la brigade terri-
toriale sur l'hippodrome du bois de Bou-
logne.
LAVIEDEP ARIS
Il est fort question d'exécutions capi-
tales dans ce moment-ci. M. Deibler est
« en tournée". Il a commencé par Va-
lence, où l'on a supplicié l'Allemand as-
sassin Hadelt. Il doit aller ensuite à Mont-
pellier où deux autres assassins attendent
leur sort, ayant échoué dans une tenta-
tive d'évasion fort ingénieuse, essayée à
l'aide de fausses barbes, de limes et d'au-
tres objets qu'on leur avait fait tenir du
dehors, ce qui parait bien extraordinaire.
Enfin, M. Deibler se rendrait à Montbri-
son beaucoup plus tôt qu'on ne le croyait,
pour guillotiner Ravachol. Celui-ci, en
effet, a refusé de se pourvoir en cassation,
ce qui est excessivement rare, peut-être
même un cas unique chez un condamné
à mort. Les plus résolus tentent toujours
d'éloigner l'heure fatale, gardant une in-
destructible espérance d'échapper à leur
sort. La première quinzaine de juillet va
donc être une quinzaine terriblement oc-
cupée pour le bourreau.
Le fait est que les exécutions devien-
nent assez fréquentes chez nous. J'ai lu
dans un journal cette appréciation véri-
tablement drolatique que si le prési-
dent de la République n'usait pas sou-
vent du droit de grâce, clest parce que M.
le général Brugère l'en empêchait. Le gé-
néral aurait conclu un traité avec M. Dei-
bler, qui lui donnait la somme de cent
vingt-cinq francs par exécution ! Encore
que la matière soit assez macabre, j'aime
à noter, comme choses joyeuses, les ex-
travagances de l'esprit de parti. Elles doi-
vent nous apprendre à ne pas croire tout
d'abord à tout ce qu'on raconte des gens;
car le général n'est plus à l'Elysée et les
choses ne changent pas. La vérité est que,
tandis que M. Grévy était opposé à la
peine de mort (comme Louis-Philippe,
d'ailleurs, et Napoléon III), M. Carnot est
au moins indifférent sur la question et
fait simplement ce que la commission des
grâces lui demande de faire. Or, lorsque
le jury, qui est sensible comme on sait,
ne trouve pas de circonstances atténuan-
tes en faveur d'un criminel, c'est fort rare
que la commission des grâces lui en
trouve, et elle est alors d'avis que la jus-
tice suive son cours, ce qui a lieu.
L'Allemand Hadelt, qui a été guillotiné
hier matin à Valence, est mort avec cou-
rage. On sait que, s'étant fait recevoir
novice dans un couvent, il avait assassiné
l'économe, en disant pour sa défense que
celui-ci avait voulu attenter à sa pudeur.
La chose n'ayant pu être prouvée et ayant
même paru fort invraisemblable, ce sys-
tème de défense a aggravé aux yeux du
jury la culpabilité du novice. Ce novice
catholique, qui allait de couvent en cou-
vent, était en réalité protestant, et c'est
d'un pasteur de cette religion qu'il a reçu
les derniers secours avant d'aller à l'é-
çhafaud. Ce déisil complète l'inquiétante
et étrange physionomie de ce criminel. Il
y a de la sorte, dans le monde ecclésiasti-
que, un certain nombre de dangereux et
habiles aventuriers qui, sans en arriver
au crime qu'Hadelt a expié sur l'écha-
faud, font des escroqueries : prêtres défro-
qués ou interdits, faux catéchumènes,
comme le juif dont J.-J. Rousseau nous a
raconte dans ses Confessions la très peu
édifiante histoire. Lorsquecefespèces ne
font pas un scandale trop grand ou ne
commettent pas un crime trop éclatant et
trop grave, elles échappent presque tou-
jours au châtiment.
Les prêtres, les communautés, n'ai-
ment pas qu'on s'occupe de leurs af-
aires. Des procès dévoilant les trucs des
exploiteurs de la religion décourage-
raient les âmes pieuses. Si Hadelt n'a-
vait pas étranglé le père Ildefonse, il
aurait pu très probablement rapiner
longtemps en paix. Il est mort avec
courage, ai-je dit. C'est, de plus en plus,
le cassés criminels qui montent sur l'é-
chafaud. On s'habitue très bien, paraît-il,
à l'idée de la mort violente. Il suffit
d'ailleurs, pour s'en convaincre, d'évo-
quer le souvenir de la Terreur, où l'on
en était arrivé à braver littéralement l'é-
chafaud. On a établi que la plupart des
criminels sont des gens qui ont assisté à
une ou à plusieurs exécutions. Ce specta-
cle ne paraît pas du tout leur avoir ins-
piré de terreur.
Ces jours-ci, du reste, les journaux du
Tonkin nous ont donné le récit de la pre-
mière exécution faite avec la guillotine
dans notre colonie. C'était celle d'un
jeune Annaiiiite, - assassin et voleur. Non
seulement il est mort bravement, ce qui
est le propre des peuples de cette race
fataliste, mais encore les assistants pa-
raissent avoir trouvé très commode cette
façon rapide et sans douleur de passer de
vie à trépas. Si bien que les correspon-
dants sont amenés à penser que les
indigènes qui auraient quelque velléité
de crime y seraient plutôt encouragés par
la façon dont s'opère le châtiment qu'ils
n'en seraient effrayés.
Je ne serais pas étonné que, dans le
monde des criminels de chez nous, il s'en
trouvât bon nombre pour penser comme
les indigènes du Tonkin. Les criminalis-
tes les plus compétents en ces expérien-
ces assurent que lorsqu'un coupable
meurt bien, sans lâcheté, sa mort est
plutôt une excitation à risquer l'aventure
du crime. Ceci est si vrai que, dans un
temps où la presse était aux mains du
gouvernement, lorsqu'un grand criminel
montait sur l'échafaud, la préfecture ne
manquait jamais d'envoyer dans les jour-
naux un récit de ses derniers moments,
où on le montrait manquant de courage,
demandant grâce, en proie à la terreur,
alors même qu'il mourait très crâne-
ment.
Le mensonge à tout prendre, était
excusable, pouvant avoir de bons résul-
tats. Aujourd'hui, il n'est plus possible.
Les journaux n'ont pas de telles complai-
sances pour le pouvoir et ils disent les
choses comme elles sont. On peut donc con-
stater que presque tous les criminels meu-
rent a^çc fermeté, quelques-uns avec une
belle indifférence, si bien que le spectacle
de l'échafaud ne diminue pas le nombre
des crimes contre les personnes. Ce n'est
pas une raison, peut-être, pour suppri-
mer la peine de mort. Mais je ne suis pas
fâché de voir disparaître des discussions
qui ont lieu sur cette matière l'argument
un peu impatientant de l'exemplarité du
châtiment.
Henry Fouquier.
LE BANQUET MIZON
Le banquet offert hier au capitaine Mizon
dans les salons de l'hôtel Continental a été
extrêmement brillant. Plus de trois cents
personnes appartenant au monde de la po-
litique et du commerce avaient tenu a y
assister, et rarement banquet d'explorateur
a été plus sympathique.
La table était présidé par M. Etienne,
ayant à sa droite M. Cavaignac, ministre de
4a marine, et à sa gauche M. Mizon.
Nous avons remarqué le colonel Cha-
moin, représentant le président de la Ré-
publique, MM. Jules Ferry, Le Myre de Vi-
lers, Audiffret, député de la Loire; Del-
cassé, Deschanel, amiral Vallon, Poubelle,
préfet de la Seine ; Siegfried, Millevoye,
aint-Germain, député d'Oran; Leroy et la
plupart des députés appartenant au groupe
parlementaire colonial; commandant Mat-
tei, le premier explorateur du Niger ; Cou-
sin, directeur de la Politique coloniale; le
cheick Abou Naddara, etc., etc.
Au dessert, M. Etienne a prononcé un dis-
cours très applaudi dans lequel on a parti-
culièrement remarqué une allusion à la
présence de M. Jules Ferry et « aux deux
fleurons par lui ajoutés à notre domaine co-
lonial."
Ont ensuite pris la parole : le capitaine
Mizon, très ému ; M. Cavaignac, qui a an-
noncé que tout le temps passé en Afrique
par l'explorateur lui serait compté pour
l'avancement; Jamais, sous-secrétaire d'E-
tat aux colonies ; prince d'Arenberg,comme
toujours très humoristique ; Cheysson,prési-
dent de la Société de géographie ; Meuran,
de la Société de géographie commerciale
Thorel, président de la Société économi-
que industrielle ; amiral Vallon, très goûté
quand il a fait allusion au témoignage que
la Chambre vient de donner de sa confiance
dans la valeur de M. Cavaignac comme mi-
nistre. et même comme marin.
M. Oportun a parlé au nom du conseil
municipal de Paris.
Après lui, enfin, M. Jules Ferry, cédant
aux instances générales, a pris la parole.
Il a été très applaudi dans ce milieu ami.
LE CONGRES SOCIALISTE
DE SAINT-OUEN
Le gouvernement a décidé d'interdire le
congrès des conseils municipaux socialistes
que le conseil municipal de Saint-Ouen a pris
1 initiative de convoquer pour le mois de sep-
tembre prochain.
Le congrès devait se tenir, ainsi que nous
l'avons annoncé, les 11, 19 et 13 septembre. Le
conseil municipal de Saint-Ouen avait convo-
qué toutes les municipalités socialistes de
France, qui sont au nombre d'une vingtaine,
dans le but de former une sorte de fédération
et d'arrêter une ligne de conduite commune.
AU ZAMBÈZE
Lisbonne, 5 juillet. — Des nouvelles du Zam-
bèze confirment 1a mort du capitaine Gouvea,
tué par les indigènes révoltés
EXECUTION D'HADEL T
La guillotine à Valence. -Les derniers
mots du condamné.
(DE NOTRE CORKESPONDANT PAKTICUtlEltf
Valence, 5 juillet.
Ce maim, à quatre heures précises, a eu
lieu l'exécution dtf-Malhias Hadelt, qui, le
29 Octobre dernier, à-esassina le père IIde
fonse, caissier du cou'xpnt d'Aiguebêlle.
A deux heures du nià(in,;Ies- bois de jusv
tice étaient dressés en face des portes de la
maison d'arrêt de Valenèç, avenue de Cha-'
beuil ; les issues étaient gardées par deux
escadrons de hussards et deux batteries
d'artillerie à cheval. Le service d'ordre,
était fait par seize brigades de gendarmerie
et par la police municipale. *.
Le procureur de la République, le juge.
d'instruction, l'aumônier l'abbé Raymond,
le pasteur protestant Causse, sont arrivés à -
trois heures et la porte de la prison leur a
été ouverte.
Dans la cellule
M. Chaffois, gardien-chef de la prison,
pénétra le premier dans la cellule du con-
damné. Il lui dit:
— Hadelt, votre recours en grâce a été re-
jeté. Le moment suprême est arrivé.
Hadelt, qui était déjà réveillé, répondit
simplement Deo Gratias, ne paraissant
d'ailleurs aucunement surpris.
Il s'habilla sans l'aide de personne, mon-
trant un calme parfait et une résignation
complète.
M. Palomba, procureur de la République,
lui dit :
— Avez-vous quelque chose à dire, des
révélations à faire à la justice ?
— Non, répondit froidement Hadelt.
Puis il ajouta : -
— Je désire qu'on procède à l'autopsie da
mon cadavre.; on verra alors que je n'ai
jamais eu d'ulcère rond à l'estomac et que
je ne suis pas Hadelt.
On sait que l'assassin a toujours nié l'i-
dentité que lui attribue la justice et qu'il
refuse de dire son vrai nom.
Hadelt a refusé les secours de la religion
catholique, mais a accepté l'assistance d'un
pasteur protestant, M. Causse.
Après la levée d'écrou, Deibler a procédé
à la toilette de Hadelt. Pendant cette opé-
ration, le condamné est resté impassible.
Le pasteur lui a adressé plusieurs fois la
parole en allemand. Hadelt a répondu
d'une voix très faible, mais les traits de son
visage étaient restés les mêmes.
A ce moment M. Chauvet. médecin de la
prison, lui a offert un cordial en lui disant :
Buvez, cela vous donnera du courage. Ha-
delt a répondu : J'en aurai sans cela.
Il a communié dans le trajet de la prison
à la guillotine.
Devant la guillotine
A trois heures 55, après l'opération du li-
gottage et de la toilette, les portes ont été
ouvertes ; le condamné a descendu les trois
marches de la prison soutenu par les aides
du bourreau; il a levé la tête et, apercevant
en face de lui la terrible machine, il a
souri. Il s'est arrêté et, se retournant vers
les gardiens de la prison, il leur a dit : cJe
vous remercie, adieu! » ,
A ce moment, on a entendu le comman-
dement de « Portez armes! » Le pasteur
Causse a embrassé trois fois le condamné :
« Au revoir 1 e lui a dit Hadelt en souriant.
Les aides se sont emparés alors de lui et
l'ont placé sur la bascule. La tête roulait
dans le panier.
La foule, qui était très nombreuse, était
maintenue à plus de cent mètres du lieu du
supplice ; les toits des maisons environnan-
tes étaient couverts de curieux.
Le corps, escorté par la gendarmerie, a
été porte au cimetièré des suppliciés, puis,
après un simulacre d'inhumation, le cada-
vre a été transporté à l'hospice où l'on a
procédé à son autopsie.
En quittant la place, je demande à M.
Deibler:
— Allez-vous directement à Montbrison,
pour Ravachol?
— Mais pas du tout, me répond l'exécu-
teur, je rentre de suite à Paris, à moins que
d'ici à ce soir je ne reçoive des ordres.
M. Deibler et ses aides sont partis à7 h. 58
du soir par le train se dirigeant vers Saint-
Rambert, où ils doivent, dit-on, changer de
train pour se rendre à Montbrison.
L'acte de décès de Hadelt
Voici l'acte de décès rédigé par le greffier
des assises de la Drôme : 1
Hadelt Mathias, dit aussi Hardelt ou Ha-rtelt,
fils de François Hadelt et de Gertrude Gênai,
mort le 5 juillet 1893, à quatre heures du ma-
tin, profession de cordonnier, âgé de trente-
huit ans, natif de SarlouiS (Prusse rhénane),
domicilié à Valence momentanément.
L'EXÉCUTION DE RAVACHOL
Montbrison, 5 juillet.
L'exécution de Ravachol semble être dé-
finitivement fixée à demain matin.
Elle aurait lieu devant la prison, cet em..
placement étant plus facile à garder.
D'autre part, le sous-préfet a demandé
que l'exécution n'ait pas lieu devant la
sous-préfecture.
Les mesures d'ordre ont redoublé. Les
soldats ont tous de doubles cartouchières.
Quatre brigades de gendarmerie font un
service ininterrompu.
Aucun anarchiste n'a été signalé à Mont
brison.
Toutes les gares voisines sont surveillées.
AU DAHOMEY
Lagos, 5 juillet. — Les Dahoméens ont fait
une démonstration dans un village près de
Porto-Novo.
Trois canonnières avec des forces françaises
montent la lagune.
Un autre détachement a été envoyé par terre
pour chasser les indigènes.
LA VIE PARLEMENTAIRE
La clôture de là session
Le conseil des ministres s'est occupé hier
de la clôture de la session parlementai re.
L'intention du gouvernement, confirme
à celle des présidents des deux Chambres,
serait de prononcer la clôture le 13 juillet
au plus tard, afin de permettre aux séna-
teurs et députés de se rendre dans leur dé-
partements respectifs pour la période élec-
torale des conseils généraux.
Mais ce projet ne pourra se réaliser que
si les Chambres arrivent à statuer pour
cette date sur toutes les affaires dont la so-
lution doit intervenir avant leur sépara-
tion.
En dehors de la question de la Banque en.
cours de délibération, il y a à statuer sur
les quatre contributions directes, sur la loi
relative aux gardiens de la paix, sur la
prorogation, de la loi sur la marine mar-
chande et des droits sur les pétroles; enfin
il y a à discuter les interpellations sur ÀIOT
relations franco-espagnoles.
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