Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-12-08
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 08 décembre 1890 08 décembre 1890
Description : 1890/12/08 (A19,N6902). 1890/12/08 (A19,N6902).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
p'x-neuviême année. — N" 6,902 CINQ Centimes Parle et Départementio CIIVQ Centimes LUNDI 8 DÉCEMBRE W9Ô
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Miracle llétairc
La discussion du budget aura été
féconde en coups de théâtre, on pour-
rait presque dire en miracles. On ra-
conte que Moïse faisait jaillir l'eau des
rochers du désert par un seul coup de
baguette. Il suffit à la Chambre de
frapper les caisses de l'Etat pour y
amener l'or en telle abondance qu'on
ne sait plus qu'en faire et qu'il faut
se garer contre cette inondation im-
prévue. En entassant impôts sur im-
pôts, en frappant d'une surtaxe l'al-
cool et le pétrole, en imposant les spé-
cialités pharmaceutiques, le ministre
des finances et la commission du bud-
get arrivaient très péniblement à join-
dre les deux bouts. Tous ces projets
de surtaxe sont abandonnés; il n'y a
même pas eu besoin d'en engager la
discussion. A peine a-t-il été néces-
saire de maintenir la surtaxe de 1 0/0
sur les valeurs mobilières et de de-
mander un modeste supplément de
ressources à un impôt sur les affiches
murales. Tout le reste, soit vingt et
un millions, a surgi tout seul à l'ap-
pel de la Chambre, par la seule vertu
de l'adoption de l'amendement Ley-
det.
En établissant son projet de bud-
get, M. Rouvier s'était conformé aux
règles ordinaires. Il avait pris pour
base de ses évaluations de recettes les
recettes réalisées en 1889, mais en les
réduisant des plus-values motivées
par l'Exposition et par les élections.
Or, il s'est produit ce fait que, sans
exposition et sans élections, les recet-
tes réalisées en 1890 n'ont pas été in-
férieures à celles de l'année précé-
dente. Les résultats de ce dernier
exercice n'étaient naturellement pas
connus au moment où le projet de
budget fut préparé, c'est-à-dire en
février dernier. Ils le sont en grande
partie aujourd'hui, et c'est sur cette
connaissance que M. Leydet s'est ap-
puyé pour demander à la Chambre
de tenir compte de cet accroissement
de recettes. La Chambre s'est rangée
-' cet avis et c'est ainsi qu'ont ap-
paru les 91 millions de ressources
nouvelles.
Le procédé est assez ingénieux;
mais, en réalité, ce n'est guère autre
chose qu'une majoration de recettes
sur le papier. C'est un expédient avec
lequel nous avons jadis fait connais-
sance, au temps où M. Léon Say était
ministre des finances, et l'on se sou-
vient que les résultats n'en ont pas
été heureux. C'était le cas pour M.
Rouvier de mettre la Chambre en
garde contre un entraînement et de
signaler les dangers éventuels de cet
équilibre fictif; c'était le cas de faire
valoir la prudence avec laquelle il
avait préparé le budget et de faire
appel à la prudence de la Cham-
bre..
Mais il fallait en même temps la
mettre en demeure de voter les im-
pôts nouveaux, sans lesquels ni M.
Rouvier ni la commission du budget
n'avait vu le moyen d'équilibrer le
budget, et demander les impôts, c'é-
tait perdre le bénéfice du vote de
confiance de jeudi, c'était recommen-
cer la bataille et peut-être s'exposer
à quitter le ministère des finances.
Devant cette pensée, M. Rouvier a
reculé plein d'effroi. Il a abandonné
les dernières bases de son budget,
comme il avait abandonné les autres.
Une fois de plus, il a répété le légen-
daire : « Puisque je suis leur chef, il
faut bien que je les suive », sans s'in-
quiéter de la lourde responsabilité
qu'il assume en gérant avec cette in-
curie les finances nationales.
Il ne peut lui suffire, pour se déga-
ger, d'arguer de la volonté de la
Chambre. Celle- ci fait ce qu'elle peut
pour respecter ses engagements. Elle
a promis au pays de ne pas augmen-
ter les impôts et elle travaille de son
mieux à tenir sa promesse. Mais elle
est inexpérimentée. Beaucoup de ses
membres, non seulement débutent
comme députés, mais ne font que
d'entrer dans la vie politique et ils
ont un véritable apprentissage à faire.
Ils auraient eu besoin d'être dirigés,
d'être à chaque instant éclairés sur
les conséquences , des votes qu'ils
étaient appelés à émettre. Ce guide
leur a manqué ; ils n'ont trouvé en
face d'eux qu'un ministre toujours
prêt à dire : « Faites ce que vous vou-
drez, je suis à vos ordres. » Ils ont
fait ce qu'ils ont voulu, et ce n'est pas
brillant, car peut-être aucun budget
n'aura mérité autant que celui-ci le
nom de budget d'expédients.
Pour le mettre debout, la Chambre
a pris toutes les ressources et tablé
sur des prévisions hypothétiques. Cela
peut réussir pour une fois. Mais, main-
tenant que toutes les disponibilités
certaines et incertaines sont absor-
bées, il ne faut pas compter sur les
orêrues jnnvens DOUT équilibrer les
budgets de l'avenir, même sur le pa-
pier. Les difficultés sont éloignées;
elles ne sont pas résolues. Mais qu'im-
porte à M. Rouvier? Il conserve son
portefeuille. N'est-ce pas, pour lui, la
meilleure des solutions?
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
a Chronique o, par Francisque Sarcey.
LE CARDINAL LAVIGERIE
ET LA RÉPUBLIQUE
Le cardinal Lavigerie vient de faire pu-
blier dans les journaux d'Alger une note
qui peut être considérée comme une recu-
lade et comme une concession à l'esprit
d'intransigeance dont reste animé le monde
clérical. Il affirme qu'en conseillant aux ca-
tholiques de se soumettre à la forme ré-
publicaine, il n'a jamais eu l'idée de
leur conseiller d'accepter tous les ac-
tes des républicains. « Prêter une telle
pensée à un évêque, dit-il, est une in-
famie ». Son adhésion est exclusivement
politique." Au point de vue religieux, il en-
tend conserver le droit de s'opposer à tous
les actes de persécution et de faire appel à
tous les catholiques ralliés à la forme ac-
tuelle du gouvernement pour s'unir à lui
dans ce but. »
Ce que le cardinal Lavigerie appelle des
actes de persécution, c'est sans doute la loi
sur l'instruction primaire et la loi militaire.
Il serait bon qu'il s'expliquât catégorique-
ment et qu'il dît si, en acceptant la Répu-
blique, il entend accepter les deux grandes
lois républicaines, celles que les cléricaux
n'ont cessé d'appeler « la loi scélérate » et
« la loi maudite ».
RUBENS INÉDITS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER.
Zurich, 6 décembre.
On vient de découvrir, dans le château d'Ot-
tendorf, habité autrefois par le prince Biron
de Courlande, des vitraux d'une grande beauté,
qu'on attribue à Rubens. Les experts estiment
la valeur de chacun d'eux à cinquante mille
francs.
LES COLONIES ALLEMANDES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 6 décembre.
La situation coloniale de l'Allemagne n'est
pas satisfaisante.
Des dépêches de l'Ouest africain démontrent
que le désordre règne dans la colonie. Les
forces militaires allemandes se composent
dans cette région d'environ sept cents Souda-
niens recrutés par le commandant de Wis-
mann.
Le prochain budget demande quelques cré-
dits, peu élevés du reste, pour organiser plus
sérieusement ces troupes et de façon à garan-
tir le recrutement de leurs cadres d'officiers
et de sous-officiers allemands. La construc-
tion de plusieurs établissements, particulière-
ment de casernes et d'hôpitaux, est néces-
saire.
Dans les autres colonies de l'empire, la dé-
fense est assurée par quelques troupes indi-
gènes insignifiantes, généralement sous la
direction d'un sous-officier instructeur et sous
le commandement du résident colonial.
Les forces principales de ces colonies sont
les équipages des « stationnaires ».
PROCÈS A SCANDALE
(un NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 6 décembre. — Dans la première quin-
zaine de janvier aura lieu a Rome le procès
intenté à M. Fioravanti, le directeur de la re-
cette municipale, accusé d'avoir commis des
détournements pour une somme supérieure à
un million de francs.
Le procès aura une grande importance par
les révélations que M. Fioravanti a promis de
faire contre-de hauts personnages de Rome,
qui seraient impliqués dans l'affaire.
MORT D'UN CARTOGRAPHE CÉLÈBRE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, 6 décembre.
La maison Justus Perthes, de Gotha, vient
de perdre son cartographe, M. Berghaus.
Cette mort sera vivement ressentie, non
seulement par la maison Justus Perthes,
mais encore par le gouvernement allemand
et par le grand état-major de Berlin. C'est
en effet à M. Berghaus qu'étaient confiés,
depuis 1865, les travaux de cartographie
politique et militaire. Les levés de plans,
de terrains et de régions que le gouver-
nement se procurait par ses espions étaient
confiés à M. Berghaus. C'est à lui que sont
dues les cartes d'état-major, grâce aux-
quelles les Allemands marchèrent si sûre-
ment d'étapes en étapes à travers la France
pendant la guerre franco-allemande'
LOURDES ET LE VATICAN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 6 décembre. — Après de longues an-
nées de discussion, la congrégation des Rites
a décidé de fixer au 11 février la célébration
de l'apparition de la Vierge et des miracles
de Lourdes.
LES ASSASSINATS EN ALLEMAGNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Breslau, 6 décembre.
Les crimes à sensation se multiplient en
Allemagne dans des proportions tout à fait
anormales.
Ainsi, on signale de Hermsdorf un triple
assassinat commis par un ancien chimiste
de Berlin, Karl Haens*,l, sur son père et les
deux servantes de ce uernier,
- Du moins on suppose que le fils Haensel
est l'auteur du crime, car on a trouvé dans
le logis des habits ensanglantés lui appar-
tenant, tandis que lui-même a disparu. On
suppose qu'il a franchi la frontière et qu'il
s'est réfugié soit en Russie soit en Autriche-
Hongrie.
SUICIDE D'UN ANCIEN SOUS-PRÉFET
M. Charles de Gourlet, qui avait été sous-
préfet, puis commissaire central à Lyon,
s'est suicidé avant-hier, dans son apparte-
ment de la rue de Turin.
L'ancien sous-préfet s'est tiré un coup
de revolver au cœur.
Ce suicide est atribué au chagrin que
M. de Gourlet avait éprouvé à la suite de la
perte de sa situation.
Il laisse un fils officier d'infanterie.
LE BUDGET BOUCLÉ
A DEUX DOIGTS D'UN NOUVEL
ABIME
Les conséquences de la motion Leydet
et de l'amendement Després. — La
taxe sur les affiches peintes. —
Le dégrèvement de la grande
vitesse. - Un nouveau
trou. — M. Rouvier
sauvé à quatre voix
de majorité.
Cette Chambre est décidément bien cu-
rieuse! Hier, à quatre heures, elle avait son
budget bouclé, et à sept heures et demie,
cet équilibre financier si péniblement ob-
tenu semblait de nouveau furieusement
compromis. Il n'y a toutefois pas eu de
casse, mais il s'en est fallu de bien peu,
d'un déplacement de trois voix.
La séance a commencé très tard. On at-
tendait en effet que la commission eût fini
de délibérer sur la motion Leydet — vous
savez bien, cette fameuse motion par la-
quelle il sera fait état des excédents des
recettes réalisées sur les recettes prévues
en prenant pour base le budget de 1889 —
et aussi sur l'amendement Després, relatif
à un impôt sur les affiches murales pein-
tes.
La commission est enfin arrivée, et son
rapporteur général a fait connaître les dé-
cisions qu'elle avait prises.
Il parait que cette motion Leydet doit
donner bien plus encore qu'on n'en atten-
dait. La veille, on avait parlé dé le mil-
lions : hier, on a présenté ce chiffre exact et
coquet de 21,926,000 francs.
M. Durdeau.- Si l'on ajoute ce chiffre aux
recettes déjà votées par la Chambre et au pro-
duit de la surtaxe de 1 0/0 sur le revenu des
valeurs mobilières, on arrive à un total de
recettes de 3,161,792,000 fr.
Il n'échappera pas à la Chambre que cette
façon d'évaluer les recettes comporterait de
sérieux inconvénients si elle devait constituer
un précédent. (Très bien! très bien!)
Les dépenses, d'autre part, s'élevaient à 3
milliards 176 millions 909,000 francs.
Les divers votes de la Chambre ont aug-
menté ces dépenses de A millions en chiffres
ronds et leur ont fait subir en revanche, par
deux opérations de conversion et par un ajour-
nement de certains amortissements, une ré-
duction de 15 millions 200,000 fr. D'où il ressort
une diminution nette de Il millions 700,000 fr.,
qui ramène les dépenses à 3 milliards 16Ji mil-
lions 882,000 fr.
Si l'on rapproche ce chiffre de celui des re-
cettes, on trouve qu'il reste, pour faire l'équi-
libre du budget, un écart de 3 millions 83,000 fr.
Eh bien 1 voyez l'heureuse fortune ! L'a-
mendement Després est venu juste à point
nommé pour fournir cette dernière somme
— et même un tout petit peu plus :
M. Durdeau. — Le gouvernement vous pro-
pose de combler cet écart en adoptant la pro-
position de M. Després en ce qui concerne
les affiches permanentes avec un tarif a la
fois suffisant et modéré. Cette proposition est
regardée comme apportant au Trésor une res-
source de 3 millions 500,000 fr., qui laisse
ainsi le budget avec un excédent de recettes
de ^13,000 fr.
Un mot maintenant sur la taxe proposée par
M. Després :
Cette taxe visait les affiches murales pein-
tes et permanentes, les voitures portant des
annonces, les affiches abritées et préservées
contre la dégradation.
pour la première catégorie, nous avons
abaissé le taux proposé par M. Després et nous
avons établi un tarif gradué d'après l'impor-
tance des localités, savoir : 1 franc par mètre
carré pour les communes inférieures à 2,500
habitants; 2 fr., de 2,MO à A0,000 habitants;
3 fr., de ou au-dessus de JW),000 habitants; Afr.,
à Paris.
Deux chiffres pour montrer les effets du ta-
rif :
Un établissement industriel, dont les bé-
nèfices connus atteignent 2 millions, aura à
payer environ 200,000 fr. On ne peut pas aller
au delà.
Quant aux voitures-annonces et aux affi-
ches abritées, on les laisse tranquilles pour
l'instant, puisqu'aussi bien il n'est plus be-
soin de ressources nouvelles. Mais le gou-
vernement a promis d'étudier un projet
destiné à les imposer dans d'équitables li-
mites.
Allégresse générale
En attendant, voici la grosse affaire bud-
gétaire à peu près régiée. Tout le monde
paraît enchanté, et M. Rouvier se frotte les
mains sans se douter des ennuis que l'heure
suivante lui réserve.
L'amendement Després soulève pourtant
quelques objections. Il est possible, en effet,
que ceux qui ont fait peindre des annonces
murales refusent à la fois de payer le
droit et de les enlever. Qui les fera dispa-
raître alors, et sera-ce aux frais de l'Etat ?
C'est ce que vient dire M. Cuneo d'Ornano,
mais on le conspue. M. Terrier, qui vient
présenter une observation analogue, est un
peu mieux écouté.
Mais l'affaire est visiblement dans le sac.
Et, en effet, 31 voix contre 180 adoptent
d'enthousiasme les trois millions et demi
apportés par le docteur Després.
Quant aux impôts nouveaux proposés par
M. Rouvier, en dehors de celui sur les va-
leurs mobilières, il n'y a plus à s'en occu-
per : ils seraient sans objet. On les raye
donc d'un trait de plume et voilà comment
les spécialités pharmaceutiques, les pétro-
les et l'alcool demeurent indemnes, au
moins quant à présent.
Il reste encore bon nombre -d'amende-
ments, mais il est facile de prévoir à ce mo-
ment qu'ils n'auront pas la vie dure. Aussi
quelques-uns de ces amendements sont
prudemment abandonnés parleurs auteurs.
M. Moreau (du Nord) s'obstine pourtant à
demander qu'on soumette à un droit de
timbre les titres des fonds d'Etat étrangers:
il ne parvient à réunir que 66 voix con-
tre h05.
M. Camille Dreyfus, lui, a un amende-
ment de principe: il voudrait qu'on inscri-
vît dans la loi de finances une invitation
au gouvernement d'avoir à présenter un
projet d'impôt « sur toutes les sources de
revenus M.
— Mon Dieu! si vous y tenez absolument!
lui répond M. Rouvier. Mais une telle dis-
position ne serait guère à sa place dans la
loi de finances.
M. Dreyfus insiste, et M. Rouvier, beau-
coup moins coulant que la première fois,
dit qu'il veut bien promettre d'étudier les
moyens de réformer l'assiette de l'impôt
dans un sens démocratique, mais que « ja-
mais il ne déposera un projet d'impôt sur
le - revenu - ».
On vote, et M. Dreyfus est battu, mais seu-
lement par 285 voix contre 336. Voilà pour
M. Rouvier une victoire évidemment due
aux voix de la Droite. - -
- L'amendement Pelletan
Tout marchait pourtant bien jusqu'alors,
mais voici venir M. Pelletan qui, jusqu'à
1. dernière heure de cette discussi## 4*
budget, aura été vraiment pour M. Rouvier
un bien redoutable adversaire.
Le député des Bouches-du-Rhône vient
soutenir l'amendement que voici:
Est abrogé l'article 19 de la loi du 16 sep-
tembre 1871 établissant une taxe additionnelle
de 10 0/0 :
19 Sur le prix des places des voyageurs trans-
portés par voitures publiques, par bateaux à
vapeur et autres consacrés au public;
2° Sur le prix des transports de bagages et
messageries à grande vitesse par les mêmes
voies.
- Malgré tout, dit M. Pelletan, le budget
actuel contiendra A6 millions de charges
nouvelles pour les contribuables. Nous de-
vons donc à ceux-ci, sous peine de nous
exposer au reproche de perpétuer les bud-
gets d'attente, la juste compensation d'une
réforme un peu substantielle. Décidons
qu'à partir du 1er juillet de l'an prochain
les transports par grande vitesse seront dé-
grevés. Rien de plus favorable pour l'agri-
culture et l'industrie nationales qui, au
point de vue de la facilité et du prix des
communications, sont dans un déplorable
état d'infériorité par rapporta leurs rivales
étrangères. Nous ne tarderons pas d'ail-
leurs à y retrouver nore compte : l'aug-
mentation du trafic correspond toujours à
l'abaissement des tarifs. Il nous en coûtera
25 millions pour le dernier semestre de
1891.Eh bien ! on les trouvera, dût-on faire
peut-être le futur emprunt un peu plus
fort.
Là-dessus, vive réplique de M. Burdeau.
« La Chambre ne voudra pas se lancer dans
une voie aussi aventureuse et, aléatoire.
Mieux vaut essayer de dégrever la grande
vitesse par une entente entre le gouverne-
ment et les compagnies. Ce sera plus pra-
tique et moins risqué. »
Et pour finir, l'argument attendu : « Vous
venez de réaliser l'équilibre du budget. Cet
équilibre, allez-vous tout aussitôt le dé-
truire en creusant un gros trou de A6 mil-
lions ? » Car, pour M. Burdeau, il s'agit
non de 25 millions, mais de JS.
L'amendement Pelletan trouve alors un
auxiliaire assez imprévu en M. Baïhaut.
C'était le signe de la défection au moins de
quelques opportunistes. La situation deve-
nait grave et M. Rouvier l'a compris.
Le ministre s'est formellement engagé à
introduire dans le budget suivant, celui de
1892, le dégrèvement de la grande vitesse,
en le réalisant d'accord avec les Compa-
gnies.
Mais, comme il sentait que cette promesse
lointaine ne portait pas trop, il est monté
sur ses grands chevaux, essayant presque
le coup de la question de confiance qui lui
avait réussi deux jours auparavant:
M. Rouvier. — Au nom du gouvernement,
je prends l'engagement de vous apporter cette
solution avec le budget de 1892; je ne puis faire
une telle réforme en imposant le déficit au
budget actuel. (Très bien! très bien 1)
Nous proposez-vous des ressources ? Mettez-
vous à notre disposition les sommes néces-
saires 1
Proposez-vous d'augmenter l'emprunt? Je
ne puis croire que vous puissiez vouloir ainsi
compromettre votre renom de financier sé-
rieux I
Vous proposez-vous d'ouvrir de nouveau la
discussion du budget? Entre nous deux elle
se résoudrait en un monologue, car mes for-
ces physiques ne peuvent aller plus loin 1
Comment! Nous voilà arrivés à la fin de
cette discussion, nous avons à peu près bou-
clé le budget, nous croyons que tout est ter-
miné, et tout serait à recommencer!
Vive réplique de M. Pelletan, qui proteste
contre le système illusoire des ajourne-
ments indéfinis. M. Rouvier ne tenait pas
pas en place pendant que parlait son anta-
goniste, et il a fallu, à plusieurs reprises,
que le président du conseil, assis à côté de
lui, s'employât à le calmer.
Enfin les urnes circulent. Le ministre des
finances comptait, cette fois encore, sur le
concours de la droite, toujours prête à se
montrer de bonne composition, surtout
quand il s'agit d'affaires intéressant les
grandes compagnies.
Déception ! Une bonne partie de la droite
vote blanc, — c'est-à-dire pour l'amende-
ment Pelletan.
Il y a pointage. L'émotion est grande. On
commence à reparler dans les couloirs et
des douzièmes provisoires et de la démis-
ssion de M. Rouvier.
Enfin, vers huit heures du soir, on pro-
clame le résultat. L'amendement est re-
poussé à quatre voix de majorité : 233 con-
re 229.
Notez qu'une trentaine de droitiers ont
pourtant voté pour le cabinet.
C'est égal M. Rouvier l'a échappé belle !
Enfin, l'essentiel c'est qu'on puisse mainte-
nant entrevoir, sauf nouvel accroc toute-
fois, la fin de la pénible discussion de ce
budget de 1891.
MENDELSOHN TOUJOURS A MAZAS
Un de nos confrères trop pressé a an-
noncé la mise en liberté de M. Mendel-
sohn.
La nouvelle est inexacte. La victime de
MM. Lozé et Guillot est toujours à Mazas et
y restera tant qu'il plaira à ces extraordi-
naires représentants de la police et de l'ins-
truction judiciaire de l'y laisser.
M. Mendelsohn avait adressé au juge
d'inquisition Guillot une requête tendant
à sa mise en liberté tout au moins provi-
soire, sous caution. Cette demande a été
rejetée.
M. Mendelsohn a interjetté appel de cette
ordonnance, c'est la chambre des mises en
accusation qui aura à statuer sur sa re-
quête.
- Mais jusque-là, MM. Lozé et Guillot ne
lâcheront pas celui qu'ils appellent sans
aucune espèce de preuves le « complice de
Padlewski ».
M. Guillot, d'ailleurs, ne déclare-t-il pas
que, pour lui, les preuves matérielles
n'ont aucune importance « du moment
qu'il a la preuve morale ",ce qui est le ren-
versement de toutes les théories acceptées
dans les nations civilisées. Sa conviction
à lui, Guillot, cela suffit.
Il a tenu ce raisonnement : « Si Padlewski
a pu quitter Paris et gagner l'étranger,
c'est qu'il avait de l'argent et cet argent n'a
pu lui être remis que par Mendelsohn. »
Et toutes les protestations de Mendelsohn
viennent se briser contre l'idée fixe de
M. Torquemada.
—à——
LE TRAITÉ DU DAHOMEY
La commission chargée d'examiner le traité
du Dahomey s'est constituée hier.
Elle a nommé l'amiral Vallon président et
M. Martinon secrétaire.
L'exposé des opinions a confirmé que la
commission, à l'unanimité moins deux voix,
est favorable à la ratification du traité.
- Bile enterïdralà semaine prochaine les mi-
nistres de la marine et des affaires étrangères
et le sous-sçciétaire d'L, tae dü colonies.
CHRONIQUE
Personne n'a traversé la- Savoiesa»»faire
le pèlerinage des Charmettes, la mémoire
toute pleine des pages des Confessions de
J.-J. Rousseau. On vous y montre, pour
une redevance modeste, le clavecin de
Mme de Warens dans le salon du rez-de-
chaussée, et la porte-fenêtre donnant sur
un petit jardin où, d'après le gardien, qui
ne se pique pas de littérature, « madame
attendait monsieur quand il était en re-
tard ». Je me souviens de cette expression,
qui m'avait bien amusé, pour évoquer
certaines phases de la liaison de Jean-
Jacques et de la belle baronne, à laquelle
le grand Genevois a donné la célébrité au
prix de l'honneur et qu'il a peinte « avec
son air caressant et tendre, son regard
très doux et son sourire angélique".
Rousseau qualifié ingénument du titre de
« monsieur » par un brave homme igno-
rant les roueries du langage parisien, le
mot était tout à fait drôle.
Tous les ans, quand vient la belle sai-
son, la petite maison, dont deux pièces
seulement sont visibles, est assaillie par
des légions de touristes qui évoquent les
amours de Rousseau et son initiation ,
timentale. Ils revoient, par la -. pensée^
d'après les descriptions en-flammées du
philosophe, cette madame de 'Varens,,,,de
qui il a dit « qu'il était impossible de
rencontrer une plus belle tête, un plus
beau sein, de plus belles mains et de plus
beaux bras. » Avec une peu d'imagina-
tion, il leur semble que son ombre lé-
gère va passer au milieu des charmilles.
Ah! que les érudits sont de terribles
hommes! Un-magistrat de Chambéry, M.
Mugnier, qui est formidablement docu-
menté, paraît s'être acharné à ôter toute
poésie à la légende de Mme de Warens.
Ce magistrat sévère vient, on le dirait, de
requérir contre elle. devant la postérité.
Il est impitoyable pour celle que Rous-
seau appelait « sa chère maman ». Le
ciel préserve les personnages auxquels
l'histoire a fait une petite place d'avoir
un magistrat pour historien ! M. Mugnier
a transformé en prévenue, devant l'opi-
nion, la tendre et indulgente amie de
Jean-Jacques, douée, par la nature, d'un
tempérament expansif. Françoise-Louise
de La Tour, femme de Warens, comme
on dit en termes judiciaires, passe, avec
ce conseiller, implacable, dans une étude
qui ressemble à une instruction, un mau-
vais quart d'heure ! ;
La « mille fois chère maman » n'est-
elle pas transformée par M. Mugnier en
une espionne politique et en une femme
d'affaires trafiquant de sODcrédit, se pro-
curant des ressources par tous les moyens?
Il se peut qu'il ait raison, mais c'est
dommage, et ceux qui gardent quelque
attendrissement pour les figures de fem-
mes illustrées par l'amour éprouveront
quelque dépit. Le charme du visage en
plus, Mme de Warens devient, avec ce fé-
roce magistrat, une sorte de Mme Limou-
zin. Encore M. Mugnier ne veut-il même
pas que la locataire célèbre des Char-
mettes ait été aussi belle que la dessine
Rousseau. Il s'en prend surtout, le moins
galamment du monde, à sa gorge, dont il
déclare le développement excessif, à sa
taille trop courte, à son embonpoint. Ah !
il n'est pas « madrigalesque » du tout, ce
magistrat-là!
Oui, une espionne pour le compte du
roi de Sardaigne, voilà ce que fait M.
Mugnier de la pauvre Mme de Warens,
que le jardinier des Charmettes appelle
toujours « Madame", tout court, comme
si près d'un siècle et demi n'avait pas
passé sur elle. Il la montre — et il nous
cite des billets de sa main, hélas ! —
sollicitant des audiences à la cour pour
donner à qui de droit « des éclaircisse-
ments sur des choses de conséquence et
qui regardent la sûreté de l'Etat », et il
est question, dans ces mêmes billets, de
demandes d'augmentation de sa pension;
il la suit en de mytérieux voyages, qui
laissent deviner la recherche de secrets
politiques; il explique la faveur dont elle
continuait à jouir à Turin, par les servi-
ces qu'elle rendait; et la saisie de sa
maison, après sa mort, sous le prétexte
chimérique d'un droit fiscal, n'aurait été
qu'une mesure de précaution du gouver-
nement sarde pour empêcher de com-
promettants papiers de s'égarer.
Et femme d'affaires, aussi, et d'intri-
gues ! Elle offre, par exemple, à un inté-
ressé de lui procurer une pièce qui se
trouve dans les bureaux d'un ministre,
de la faire enlever promptement, grâce à
ses relations (on pourrait employer le
mot de « complices »). Mais elle débat,
avec son correspondant, le prix de sa
complaisance : « Si vous ne m'envoyez
pas la somme que je vous demande, rien
ne peut réussir ! » Mme de Warens est
prise là en flagrant délit, et voilà une
lettre bien fâcheuse pour sa mémoire,
avec cette formule, d'une cavalière phi-
losophie, qui résume son opinion que
tout doit se payer : « Rien ne sort de rien ÏM
Et, auparavant, en combien d'aven-
tures industrielles ne se lance-t-elle pas :
dans des opérations de mines, de ter-
rains, de maisons, opérations soutenues
à l'aide d'expédients hasardeux, de « tri-
potages » sur les actions des sociétés dans
lesquelles elle entre en vendant les pro-
tections dont elle peut disposer. Son ima-
gination féconde lui fournit sans cesse
de nouveaux moyens de lutter contre la
ruine menaçante. Durant le temps même
de la protection qu'elle accorde à Rous-
seau, elle est à la tète d'une fabrique de
savon, et ce sont démarches sur démar-
ches auprès du conseil de ville de Cham-
béry pour obtenir le privilège de la
veute. Mmede Warens, celle dont Rous-
seau, se rappelant le souvenir sur la fin
de sou existence, à l'occasion d'un an-ni-
corsaire, disait que, « longtemps avant
de la Dosséder, il ne vivait qu'ea elle et
par elle », fabricante de savon! Ce sont
bien là de ces cruautés des érudits qui
s'attaquent aux légendes ! — « Une
maison isolée au penchant d'un vallon
fut notre asile ; c'est là que, dans- l'espace -
: de quatre ou cinq ans, j'ai joui d'un
siècle de bonheur pur et plein. » Ainsi'
parle Jean-Jacques, écouté par la posté*
rite, — et un chercheur obstiné et patient
nous met prosaïquement sous les yeux :
des comptes, des factures, de vilains
chiffres, des bilans de situation de fa-
briques, quand ce ne sont pas de louches
petits iers, de ;
petits papiers, de l'aimable femme dont
les faiblesses ne nous trouvaient point
sévères. Pauvre. Mme de Warens ! Quels
gêneurs que ces enquêteurs et ces fure-
teurs d'archives, épris de scrupuleuse
vérité, qui s'entêtent à arracher tous les
voiles et à montrer, dans leur humanité
vulgairej les personnages que notre ima-
gination aime à entourer de quelque
prestige !
Paul Ginisty.
OBSÈQUES DE M. GAMBETTA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nice, 6 décembre.
Les obsèques du père de Gambetta son'
fixées à demain, dix heures.
M. Léria est attendu ce soir par le rapide
de cinq heures. :
Voici les membres de la famille qui sont
présents :
M. et Mme Léris-Gambetta ; M. Gambetta,
frère du défunt ; Mlle Gambetta, sa nièce,
qui est religieuse; Mme Laroque, une au-
tre de ses nièces, et M. Laroque.
Un petit-fils de M. Gambetta, M. Juinof
Gambetta, actuellement maréchal des lo-
gis aux chasseurs d'Afrique, à Saïda, est
également attendu.
L'inhumation aura lieu au cimetière du
Château, dans le caveau où reposent déjà
la tante Massabic, Mme Gambetta mère et
le grand orateur.
Les restes du fils
Nous avons annoncé, dans notre dernier
numéro, que les amis de Gambetta son-
geaient à faire une démarche auprès de
M. et Mme Léris, afin qu'ils permettent le
transfert à Paris des cendres du patriote,
les uns penchant pour le Panthéon, les au-
tres pour Ville-d'Avray.
M. Reinach dément à ce propos qu'il
doive prendre l'initiative d'une proposition
relative au transfert au Panthéon.
Si cette mesure devait être prise, elle de-
vrait l'être, selon lui, par le gouvernement.
Son sentiment est que les restes de Gam-
betta devraient être transportés à VUle-
d'Avray.
LES LÉPREUX
ET MISS AMY FOWLER
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTJCUUEa)
Londres, 6 décembre.- Une jeune Anglaise,
miss Amy Fowler, fille d'un pasteur protestant
de Batb, qui a étudié la médecine à Paris
dans le cours de M. Pasteur, et qui s'est dé-
vouée aux lépreux de l'Océanie sous le nom
de sœur Rose-Gertrude a visité, à Iololmï.
Keane, le condamné à mort qui eut à choisit
entre la peine capitale et l'inoculation de la
lèpre. Il préféra vivre et fut inoculé trois fois.
A l'heure qu'il est, il est à la mort, soigné pat
la jeune Anglaise.
L'AFFAIRE PARNELL-GLADSTONE
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 6 décembre.
Les membres du parti irlandais se sont
réunis aujourd'hui à une heure, toujours
sous la présidence de M. Parnell, pour dé-
libérer sur la réponse faite par M. Glad-
stone aux questions qui lui ont été adres-
sées hier par une délégation du parti.
Dans cette réponse, qui est évasive, M.
Gladstone dit qu'aussitôt que les députés
irlandais auront réglé la question de di-
rection de leur parti de manière à lui per-
mettre de renouer ses anciens rapports, il
souhaite entrer comme autrefois en rela-
tions confidentielles sur la question du
home raie et les points de détail qu'elle
soulève.
M. Gladstone, qui a écrit après avoir pris
l'avis de ses collègues, termine en décla-
rant qu'il a toujours le désir de fairQ
adopter le home raale.
La réunion irlandaise a été très agitée.
Une vive discussion s'est engagée sur une
motion de M. Kenny, partisan de M. Par-
nell, demandant que les délégués qui ont
interviewé M. Gladstone présentent un rap-
port écrit de cet interview.
MM. Sexton, Healy et plusieurs autres dé-
putés ont déclaré que cette motion tend
simplement à faire de l'obstruction. Un rap-
port écrit n'est pas nécessaire. Si, disent-
ils, le président ne voulait pas faire termi-
ner la discussion, il aurait dû recourir à
d'autres moyens.
A cinq heures, M. Parnell refusant de pro-
noncer la clôture du débat, A5 membres
quittent la salle et vont tenir séance dans
un autre local.
L'AFFAIRE REDON
(DE NOTBB CORRESPONDANT PAaTICULlER)
-. Madrid, 6 décembre.
On dit ici que le ministre des affaireg
étrangères a signé l'extradition de Redon
et que le gouvernement espagnol attendra
que la santé du malheureux soit rétablie
avant de le transférer en France.
[Cette dépêche semblerait faire croire que la
gouvernement français a demandé l'extradi-
tion. Or, on nous affirme que notre gouverne-
ment n'a fait aucune démarche en ce sens
Tout cela est bien contradictoire.]
UNE GROSSE FAILLITE
(D'UN CORRESPONDANT)
New-York, 6 décembre.
On annonce de la Nouvelle-Orléans la
faillite d'une grande industrie cotonnière
(la troisième d Amérique par ordre d'im.
portance).
Le passif est de 21/2 millions, l'actif est
est évalué à 3 millions de. dollars. -
-. Les embârrâs de la maison provenaient,
de la récente dépression du marché finan-i
ci#*, ainsi que de la baisse du coton. Ella
était intéressée dans 35 à 30 plantations éct
£Q&q. -. -
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Miracle llétairc
La discussion du budget aura été
féconde en coups de théâtre, on pour-
rait presque dire en miracles. On ra-
conte que Moïse faisait jaillir l'eau des
rochers du désert par un seul coup de
baguette. Il suffit à la Chambre de
frapper les caisses de l'Etat pour y
amener l'or en telle abondance qu'on
ne sait plus qu'en faire et qu'il faut
se garer contre cette inondation im-
prévue. En entassant impôts sur im-
pôts, en frappant d'une surtaxe l'al-
cool et le pétrole, en imposant les spé-
cialités pharmaceutiques, le ministre
des finances et la commission du bud-
get arrivaient très péniblement à join-
dre les deux bouts. Tous ces projets
de surtaxe sont abandonnés; il n'y a
même pas eu besoin d'en engager la
discussion. A peine a-t-il été néces-
saire de maintenir la surtaxe de 1 0/0
sur les valeurs mobilières et de de-
mander un modeste supplément de
ressources à un impôt sur les affiches
murales. Tout le reste, soit vingt et
un millions, a surgi tout seul à l'ap-
pel de la Chambre, par la seule vertu
de l'adoption de l'amendement Ley-
det.
En établissant son projet de bud-
get, M. Rouvier s'était conformé aux
règles ordinaires. Il avait pris pour
base de ses évaluations de recettes les
recettes réalisées en 1889, mais en les
réduisant des plus-values motivées
par l'Exposition et par les élections.
Or, il s'est produit ce fait que, sans
exposition et sans élections, les recet-
tes réalisées en 1890 n'ont pas été in-
férieures à celles de l'année précé-
dente. Les résultats de ce dernier
exercice n'étaient naturellement pas
connus au moment où le projet de
budget fut préparé, c'est-à-dire en
février dernier. Ils le sont en grande
partie aujourd'hui, et c'est sur cette
connaissance que M. Leydet s'est ap-
puyé pour demander à la Chambre
de tenir compte de cet accroissement
de recettes. La Chambre s'est rangée
-' cet avis et c'est ainsi qu'ont ap-
paru les 91 millions de ressources
nouvelles.
Le procédé est assez ingénieux;
mais, en réalité, ce n'est guère autre
chose qu'une majoration de recettes
sur le papier. C'est un expédient avec
lequel nous avons jadis fait connais-
sance, au temps où M. Léon Say était
ministre des finances, et l'on se sou-
vient que les résultats n'en ont pas
été heureux. C'était le cas pour M.
Rouvier de mettre la Chambre en
garde contre un entraînement et de
signaler les dangers éventuels de cet
équilibre fictif; c'était le cas de faire
valoir la prudence avec laquelle il
avait préparé le budget et de faire
appel à la prudence de la Cham-
bre..
Mais il fallait en même temps la
mettre en demeure de voter les im-
pôts nouveaux, sans lesquels ni M.
Rouvier ni la commission du budget
n'avait vu le moyen d'équilibrer le
budget, et demander les impôts, c'é-
tait perdre le bénéfice du vote de
confiance de jeudi, c'était recommen-
cer la bataille et peut-être s'exposer
à quitter le ministère des finances.
Devant cette pensée, M. Rouvier a
reculé plein d'effroi. Il a abandonné
les dernières bases de son budget,
comme il avait abandonné les autres.
Une fois de plus, il a répété le légen-
daire : « Puisque je suis leur chef, il
faut bien que je les suive », sans s'in-
quiéter de la lourde responsabilité
qu'il assume en gérant avec cette in-
curie les finances nationales.
Il ne peut lui suffire, pour se déga-
ger, d'arguer de la volonté de la
Chambre. Celle- ci fait ce qu'elle peut
pour respecter ses engagements. Elle
a promis au pays de ne pas augmen-
ter les impôts et elle travaille de son
mieux à tenir sa promesse. Mais elle
est inexpérimentée. Beaucoup de ses
membres, non seulement débutent
comme députés, mais ne font que
d'entrer dans la vie politique et ils
ont un véritable apprentissage à faire.
Ils auraient eu besoin d'être dirigés,
d'être à chaque instant éclairés sur
les conséquences , des votes qu'ils
étaient appelés à émettre. Ce guide
leur a manqué ; ils n'ont trouvé en
face d'eux qu'un ministre toujours
prêt à dire : « Faites ce que vous vou-
drez, je suis à vos ordres. » Ils ont
fait ce qu'ils ont voulu, et ce n'est pas
brillant, car peut-être aucun budget
n'aura mérité autant que celui-ci le
nom de budget d'expédients.
Pour le mettre debout, la Chambre
a pris toutes les ressources et tablé
sur des prévisions hypothétiques. Cela
peut réussir pour une fois. Mais, main-
tenant que toutes les disponibilités
certaines et incertaines sont absor-
bées, il ne faut pas compter sur les
orêrues jnnvens DOUT équilibrer les
budgets de l'avenir, même sur le pa-
pier. Les difficultés sont éloignées;
elles ne sont pas résolues. Mais qu'im-
porte à M. Rouvier? Il conserve son
portefeuille. N'est-ce pas, pour lui, la
meilleure des solutions?
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
a Chronique o, par Francisque Sarcey.
LE CARDINAL LAVIGERIE
ET LA RÉPUBLIQUE
Le cardinal Lavigerie vient de faire pu-
blier dans les journaux d'Alger une note
qui peut être considérée comme une recu-
lade et comme une concession à l'esprit
d'intransigeance dont reste animé le monde
clérical. Il affirme qu'en conseillant aux ca-
tholiques de se soumettre à la forme ré-
publicaine, il n'a jamais eu l'idée de
leur conseiller d'accepter tous les ac-
tes des républicains. « Prêter une telle
pensée à un évêque, dit-il, est une in-
famie ». Son adhésion est exclusivement
politique." Au point de vue religieux, il en-
tend conserver le droit de s'opposer à tous
les actes de persécution et de faire appel à
tous les catholiques ralliés à la forme ac-
tuelle du gouvernement pour s'unir à lui
dans ce but. »
Ce que le cardinal Lavigerie appelle des
actes de persécution, c'est sans doute la loi
sur l'instruction primaire et la loi militaire.
Il serait bon qu'il s'expliquât catégorique-
ment et qu'il dît si, en acceptant la Répu-
blique, il entend accepter les deux grandes
lois républicaines, celles que les cléricaux
n'ont cessé d'appeler « la loi scélérate » et
« la loi maudite ».
RUBENS INÉDITS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER.
Zurich, 6 décembre.
On vient de découvrir, dans le château d'Ot-
tendorf, habité autrefois par le prince Biron
de Courlande, des vitraux d'une grande beauté,
qu'on attribue à Rubens. Les experts estiment
la valeur de chacun d'eux à cinquante mille
francs.
LES COLONIES ALLEMANDES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 6 décembre.
La situation coloniale de l'Allemagne n'est
pas satisfaisante.
Des dépêches de l'Ouest africain démontrent
que le désordre règne dans la colonie. Les
forces militaires allemandes se composent
dans cette région d'environ sept cents Souda-
niens recrutés par le commandant de Wis-
mann.
Le prochain budget demande quelques cré-
dits, peu élevés du reste, pour organiser plus
sérieusement ces troupes et de façon à garan-
tir le recrutement de leurs cadres d'officiers
et de sous-officiers allemands. La construc-
tion de plusieurs établissements, particulière-
ment de casernes et d'hôpitaux, est néces-
saire.
Dans les autres colonies de l'empire, la dé-
fense est assurée par quelques troupes indi-
gènes insignifiantes, généralement sous la
direction d'un sous-officier instructeur et sous
le commandement du résident colonial.
Les forces principales de ces colonies sont
les équipages des « stationnaires ».
PROCÈS A SCANDALE
(un NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 6 décembre. — Dans la première quin-
zaine de janvier aura lieu a Rome le procès
intenté à M. Fioravanti, le directeur de la re-
cette municipale, accusé d'avoir commis des
détournements pour une somme supérieure à
un million de francs.
Le procès aura une grande importance par
les révélations que M. Fioravanti a promis de
faire contre-de hauts personnages de Rome,
qui seraient impliqués dans l'affaire.
MORT D'UN CARTOGRAPHE CÉLÈBRE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, 6 décembre.
La maison Justus Perthes, de Gotha, vient
de perdre son cartographe, M. Berghaus.
Cette mort sera vivement ressentie, non
seulement par la maison Justus Perthes,
mais encore par le gouvernement allemand
et par le grand état-major de Berlin. C'est
en effet à M. Berghaus qu'étaient confiés,
depuis 1865, les travaux de cartographie
politique et militaire. Les levés de plans,
de terrains et de régions que le gouver-
nement se procurait par ses espions étaient
confiés à M. Berghaus. C'est à lui que sont
dues les cartes d'état-major, grâce aux-
quelles les Allemands marchèrent si sûre-
ment d'étapes en étapes à travers la France
pendant la guerre franco-allemande'
LOURDES ET LE VATICAN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 6 décembre. — Après de longues an-
nées de discussion, la congrégation des Rites
a décidé de fixer au 11 février la célébration
de l'apparition de la Vierge et des miracles
de Lourdes.
LES ASSASSINATS EN ALLEMAGNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Breslau, 6 décembre.
Les crimes à sensation se multiplient en
Allemagne dans des proportions tout à fait
anormales.
Ainsi, on signale de Hermsdorf un triple
assassinat commis par un ancien chimiste
de Berlin, Karl Haens*,l, sur son père et les
deux servantes de ce uernier,
- Du moins on suppose que le fils Haensel
est l'auteur du crime, car on a trouvé dans
le logis des habits ensanglantés lui appar-
tenant, tandis que lui-même a disparu. On
suppose qu'il a franchi la frontière et qu'il
s'est réfugié soit en Russie soit en Autriche-
Hongrie.
SUICIDE D'UN ANCIEN SOUS-PRÉFET
M. Charles de Gourlet, qui avait été sous-
préfet, puis commissaire central à Lyon,
s'est suicidé avant-hier, dans son apparte-
ment de la rue de Turin.
L'ancien sous-préfet s'est tiré un coup
de revolver au cœur.
Ce suicide est atribué au chagrin que
M. de Gourlet avait éprouvé à la suite de la
perte de sa situation.
Il laisse un fils officier d'infanterie.
LE BUDGET BOUCLÉ
A DEUX DOIGTS D'UN NOUVEL
ABIME
Les conséquences de la motion Leydet
et de l'amendement Després. — La
taxe sur les affiches peintes. —
Le dégrèvement de la grande
vitesse. - Un nouveau
trou. — M. Rouvier
sauvé à quatre voix
de majorité.
Cette Chambre est décidément bien cu-
rieuse! Hier, à quatre heures, elle avait son
budget bouclé, et à sept heures et demie,
cet équilibre financier si péniblement ob-
tenu semblait de nouveau furieusement
compromis. Il n'y a toutefois pas eu de
casse, mais il s'en est fallu de bien peu,
d'un déplacement de trois voix.
La séance a commencé très tard. On at-
tendait en effet que la commission eût fini
de délibérer sur la motion Leydet — vous
savez bien, cette fameuse motion par la-
quelle il sera fait état des excédents des
recettes réalisées sur les recettes prévues
en prenant pour base le budget de 1889 —
et aussi sur l'amendement Després, relatif
à un impôt sur les affiches murales pein-
tes.
La commission est enfin arrivée, et son
rapporteur général a fait connaître les dé-
cisions qu'elle avait prises.
Il parait que cette motion Leydet doit
donner bien plus encore qu'on n'en atten-
dait. La veille, on avait parlé dé le mil-
lions : hier, on a présenté ce chiffre exact et
coquet de 21,926,000 francs.
M. Durdeau.- Si l'on ajoute ce chiffre aux
recettes déjà votées par la Chambre et au pro-
duit de la surtaxe de 1 0/0 sur le revenu des
valeurs mobilières, on arrive à un total de
recettes de 3,161,792,000 fr.
Il n'échappera pas à la Chambre que cette
façon d'évaluer les recettes comporterait de
sérieux inconvénients si elle devait constituer
un précédent. (Très bien! très bien!)
Les dépenses, d'autre part, s'élevaient à 3
milliards 176 millions 909,000 francs.
Les divers votes de la Chambre ont aug-
menté ces dépenses de A millions en chiffres
ronds et leur ont fait subir en revanche, par
deux opérations de conversion et par un ajour-
nement de certains amortissements, une ré-
duction de 15 millions 200,000 fr. D'où il ressort
une diminution nette de Il millions 700,000 fr.,
qui ramène les dépenses à 3 milliards 16Ji mil-
lions 882,000 fr.
Si l'on rapproche ce chiffre de celui des re-
cettes, on trouve qu'il reste, pour faire l'équi-
libre du budget, un écart de 3 millions 83,000 fr.
Eh bien 1 voyez l'heureuse fortune ! L'a-
mendement Després est venu juste à point
nommé pour fournir cette dernière somme
— et même un tout petit peu plus :
M. Durdeau. — Le gouvernement vous pro-
pose de combler cet écart en adoptant la pro-
position de M. Després en ce qui concerne
les affiches permanentes avec un tarif a la
fois suffisant et modéré. Cette proposition est
regardée comme apportant au Trésor une res-
source de 3 millions 500,000 fr., qui laisse
ainsi le budget avec un excédent de recettes
de ^13,000 fr.
Un mot maintenant sur la taxe proposée par
M. Després :
Cette taxe visait les affiches murales pein-
tes et permanentes, les voitures portant des
annonces, les affiches abritées et préservées
contre la dégradation.
pour la première catégorie, nous avons
abaissé le taux proposé par M. Després et nous
avons établi un tarif gradué d'après l'impor-
tance des localités, savoir : 1 franc par mètre
carré pour les communes inférieures à 2,500
habitants; 2 fr., de 2,MO à A0,000 habitants;
3 fr., de ou au-dessus de JW),000 habitants; Afr.,
à Paris.
Deux chiffres pour montrer les effets du ta-
rif :
Un établissement industriel, dont les bé-
nèfices connus atteignent 2 millions, aura à
payer environ 200,000 fr. On ne peut pas aller
au delà.
Quant aux voitures-annonces et aux affi-
ches abritées, on les laisse tranquilles pour
l'instant, puisqu'aussi bien il n'est plus be-
soin de ressources nouvelles. Mais le gou-
vernement a promis d'étudier un projet
destiné à les imposer dans d'équitables li-
mites.
Allégresse générale
En attendant, voici la grosse affaire bud-
gétaire à peu près régiée. Tout le monde
paraît enchanté, et M. Rouvier se frotte les
mains sans se douter des ennuis que l'heure
suivante lui réserve.
L'amendement Després soulève pourtant
quelques objections. Il est possible, en effet,
que ceux qui ont fait peindre des annonces
murales refusent à la fois de payer le
droit et de les enlever. Qui les fera dispa-
raître alors, et sera-ce aux frais de l'Etat ?
C'est ce que vient dire M. Cuneo d'Ornano,
mais on le conspue. M. Terrier, qui vient
présenter une observation analogue, est un
peu mieux écouté.
Mais l'affaire est visiblement dans le sac.
Et, en effet, 31 voix contre 180 adoptent
d'enthousiasme les trois millions et demi
apportés par le docteur Després.
Quant aux impôts nouveaux proposés par
M. Rouvier, en dehors de celui sur les va-
leurs mobilières, il n'y a plus à s'en occu-
per : ils seraient sans objet. On les raye
donc d'un trait de plume et voilà comment
les spécialités pharmaceutiques, les pétro-
les et l'alcool demeurent indemnes, au
moins quant à présent.
Il reste encore bon nombre -d'amende-
ments, mais il est facile de prévoir à ce mo-
ment qu'ils n'auront pas la vie dure. Aussi
quelques-uns de ces amendements sont
prudemment abandonnés parleurs auteurs.
M. Moreau (du Nord) s'obstine pourtant à
demander qu'on soumette à un droit de
timbre les titres des fonds d'Etat étrangers:
il ne parvient à réunir que 66 voix con-
tre h05.
M. Camille Dreyfus, lui, a un amende-
ment de principe: il voudrait qu'on inscri-
vît dans la loi de finances une invitation
au gouvernement d'avoir à présenter un
projet d'impôt « sur toutes les sources de
revenus M.
— Mon Dieu! si vous y tenez absolument!
lui répond M. Rouvier. Mais une telle dis-
position ne serait guère à sa place dans la
loi de finances.
M. Dreyfus insiste, et M. Rouvier, beau-
coup moins coulant que la première fois,
dit qu'il veut bien promettre d'étudier les
moyens de réformer l'assiette de l'impôt
dans un sens démocratique, mais que « ja-
mais il ne déposera un projet d'impôt sur
le - revenu - ».
On vote, et M. Dreyfus est battu, mais seu-
lement par 285 voix contre 336. Voilà pour
M. Rouvier une victoire évidemment due
aux voix de la Droite. - -
- L'amendement Pelletan
Tout marchait pourtant bien jusqu'alors,
mais voici venir M. Pelletan qui, jusqu'à
1. dernière heure de cette discussi## 4*
budget, aura été vraiment pour M. Rouvier
un bien redoutable adversaire.
Le député des Bouches-du-Rhône vient
soutenir l'amendement que voici:
Est abrogé l'article 19 de la loi du 16 sep-
tembre 1871 établissant une taxe additionnelle
de 10 0/0 :
19 Sur le prix des places des voyageurs trans-
portés par voitures publiques, par bateaux à
vapeur et autres consacrés au public;
2° Sur le prix des transports de bagages et
messageries à grande vitesse par les mêmes
voies.
- Malgré tout, dit M. Pelletan, le budget
actuel contiendra A6 millions de charges
nouvelles pour les contribuables. Nous de-
vons donc à ceux-ci, sous peine de nous
exposer au reproche de perpétuer les bud-
gets d'attente, la juste compensation d'une
réforme un peu substantielle. Décidons
qu'à partir du 1er juillet de l'an prochain
les transports par grande vitesse seront dé-
grevés. Rien de plus favorable pour l'agri-
culture et l'industrie nationales qui, au
point de vue de la facilité et du prix des
communications, sont dans un déplorable
état d'infériorité par rapporta leurs rivales
étrangères. Nous ne tarderons pas d'ail-
leurs à y retrouver nore compte : l'aug-
mentation du trafic correspond toujours à
l'abaissement des tarifs. Il nous en coûtera
25 millions pour le dernier semestre de
1891.Eh bien ! on les trouvera, dût-on faire
peut-être le futur emprunt un peu plus
fort.
Là-dessus, vive réplique de M. Burdeau.
« La Chambre ne voudra pas se lancer dans
une voie aussi aventureuse et, aléatoire.
Mieux vaut essayer de dégrever la grande
vitesse par une entente entre le gouverne-
ment et les compagnies. Ce sera plus pra-
tique et moins risqué. »
Et pour finir, l'argument attendu : « Vous
venez de réaliser l'équilibre du budget. Cet
équilibre, allez-vous tout aussitôt le dé-
truire en creusant un gros trou de A6 mil-
lions ? » Car, pour M. Burdeau, il s'agit
non de 25 millions, mais de JS.
L'amendement Pelletan trouve alors un
auxiliaire assez imprévu en M. Baïhaut.
C'était le signe de la défection au moins de
quelques opportunistes. La situation deve-
nait grave et M. Rouvier l'a compris.
Le ministre s'est formellement engagé à
introduire dans le budget suivant, celui de
1892, le dégrèvement de la grande vitesse,
en le réalisant d'accord avec les Compa-
gnies.
Mais, comme il sentait que cette promesse
lointaine ne portait pas trop, il est monté
sur ses grands chevaux, essayant presque
le coup de la question de confiance qui lui
avait réussi deux jours auparavant:
M. Rouvier. — Au nom du gouvernement,
je prends l'engagement de vous apporter cette
solution avec le budget de 1892; je ne puis faire
une telle réforme en imposant le déficit au
budget actuel. (Très bien! très bien 1)
Nous proposez-vous des ressources ? Mettez-
vous à notre disposition les sommes néces-
saires 1
Proposez-vous d'augmenter l'emprunt? Je
ne puis croire que vous puissiez vouloir ainsi
compromettre votre renom de financier sé-
rieux I
Vous proposez-vous d'ouvrir de nouveau la
discussion du budget? Entre nous deux elle
se résoudrait en un monologue, car mes for-
ces physiques ne peuvent aller plus loin 1
Comment! Nous voilà arrivés à la fin de
cette discussion, nous avons à peu près bou-
clé le budget, nous croyons que tout est ter-
miné, et tout serait à recommencer!
Vive réplique de M. Pelletan, qui proteste
contre le système illusoire des ajourne-
ments indéfinis. M. Rouvier ne tenait pas
pas en place pendant que parlait son anta-
goniste, et il a fallu, à plusieurs reprises,
que le président du conseil, assis à côté de
lui, s'employât à le calmer.
Enfin les urnes circulent. Le ministre des
finances comptait, cette fois encore, sur le
concours de la droite, toujours prête à se
montrer de bonne composition, surtout
quand il s'agit d'affaires intéressant les
grandes compagnies.
Déception ! Une bonne partie de la droite
vote blanc, — c'est-à-dire pour l'amende-
ment Pelletan.
Il y a pointage. L'émotion est grande. On
commence à reparler dans les couloirs et
des douzièmes provisoires et de la démis-
ssion de M. Rouvier.
Enfin, vers huit heures du soir, on pro-
clame le résultat. L'amendement est re-
poussé à quatre voix de majorité : 233 con-
re 229.
Notez qu'une trentaine de droitiers ont
pourtant voté pour le cabinet.
C'est égal M. Rouvier l'a échappé belle !
Enfin, l'essentiel c'est qu'on puisse mainte-
nant entrevoir, sauf nouvel accroc toute-
fois, la fin de la pénible discussion de ce
budget de 1891.
MENDELSOHN TOUJOURS A MAZAS
Un de nos confrères trop pressé a an-
noncé la mise en liberté de M. Mendel-
sohn.
La nouvelle est inexacte. La victime de
MM. Lozé et Guillot est toujours à Mazas et
y restera tant qu'il plaira à ces extraordi-
naires représentants de la police et de l'ins-
truction judiciaire de l'y laisser.
M. Mendelsohn avait adressé au juge
d'inquisition Guillot une requête tendant
à sa mise en liberté tout au moins provi-
soire, sous caution. Cette demande a été
rejetée.
M. Mendelsohn a interjetté appel de cette
ordonnance, c'est la chambre des mises en
accusation qui aura à statuer sur sa re-
quête.
- Mais jusque-là, MM. Lozé et Guillot ne
lâcheront pas celui qu'ils appellent sans
aucune espèce de preuves le « complice de
Padlewski ».
M. Guillot, d'ailleurs, ne déclare-t-il pas
que, pour lui, les preuves matérielles
n'ont aucune importance « du moment
qu'il a la preuve morale ",ce qui est le ren-
versement de toutes les théories acceptées
dans les nations civilisées. Sa conviction
à lui, Guillot, cela suffit.
Il a tenu ce raisonnement : « Si Padlewski
a pu quitter Paris et gagner l'étranger,
c'est qu'il avait de l'argent et cet argent n'a
pu lui être remis que par Mendelsohn. »
Et toutes les protestations de Mendelsohn
viennent se briser contre l'idée fixe de
M. Torquemada.
—à——
LE TRAITÉ DU DAHOMEY
La commission chargée d'examiner le traité
du Dahomey s'est constituée hier.
Elle a nommé l'amiral Vallon président et
M. Martinon secrétaire.
L'exposé des opinions a confirmé que la
commission, à l'unanimité moins deux voix,
est favorable à la ratification du traité.
- Bile enterïdralà semaine prochaine les mi-
nistres de la marine et des affaires étrangères
et le sous-sçciétaire d'L, tae dü colonies.
CHRONIQUE
Personne n'a traversé la- Savoiesa»»faire
le pèlerinage des Charmettes, la mémoire
toute pleine des pages des Confessions de
J.-J. Rousseau. On vous y montre, pour
une redevance modeste, le clavecin de
Mme de Warens dans le salon du rez-de-
chaussée, et la porte-fenêtre donnant sur
un petit jardin où, d'après le gardien, qui
ne se pique pas de littérature, « madame
attendait monsieur quand il était en re-
tard ». Je me souviens de cette expression,
qui m'avait bien amusé, pour évoquer
certaines phases de la liaison de Jean-
Jacques et de la belle baronne, à laquelle
le grand Genevois a donné la célébrité au
prix de l'honneur et qu'il a peinte « avec
son air caressant et tendre, son regard
très doux et son sourire angélique".
Rousseau qualifié ingénument du titre de
« monsieur » par un brave homme igno-
rant les roueries du langage parisien, le
mot était tout à fait drôle.
Tous les ans, quand vient la belle sai-
son, la petite maison, dont deux pièces
seulement sont visibles, est assaillie par
des légions de touristes qui évoquent les
amours de Rousseau et son initiation ,
timentale. Ils revoient, par la -. pensée^
d'après les descriptions en-flammées du
philosophe, cette madame de 'Varens,,,,de
qui il a dit « qu'il était impossible de
rencontrer une plus belle tête, un plus
beau sein, de plus belles mains et de plus
beaux bras. » Avec une peu d'imagina-
tion, il leur semble que son ombre lé-
gère va passer au milieu des charmilles.
Ah! que les érudits sont de terribles
hommes! Un-magistrat de Chambéry, M.
Mugnier, qui est formidablement docu-
menté, paraît s'être acharné à ôter toute
poésie à la légende de Mme de Warens.
Ce magistrat sévère vient, on le dirait, de
requérir contre elle. devant la postérité.
Il est impitoyable pour celle que Rous-
seau appelait « sa chère maman ». Le
ciel préserve les personnages auxquels
l'histoire a fait une petite place d'avoir
un magistrat pour historien ! M. Mugnier
a transformé en prévenue, devant l'opi-
nion, la tendre et indulgente amie de
Jean-Jacques, douée, par la nature, d'un
tempérament expansif. Françoise-Louise
de La Tour, femme de Warens, comme
on dit en termes judiciaires, passe, avec
ce conseiller, implacable, dans une étude
qui ressemble à une instruction, un mau-
vais quart d'heure ! ;
La « mille fois chère maman » n'est-
elle pas transformée par M. Mugnier en
une espionne politique et en une femme
d'affaires trafiquant de sODcrédit, se pro-
curant des ressources par tous les moyens?
Il se peut qu'il ait raison, mais c'est
dommage, et ceux qui gardent quelque
attendrissement pour les figures de fem-
mes illustrées par l'amour éprouveront
quelque dépit. Le charme du visage en
plus, Mme de Warens devient, avec ce fé-
roce magistrat, une sorte de Mme Limou-
zin. Encore M. Mugnier ne veut-il même
pas que la locataire célèbre des Char-
mettes ait été aussi belle que la dessine
Rousseau. Il s'en prend surtout, le moins
galamment du monde, à sa gorge, dont il
déclare le développement excessif, à sa
taille trop courte, à son embonpoint. Ah !
il n'est pas « madrigalesque » du tout, ce
magistrat-là!
Oui, une espionne pour le compte du
roi de Sardaigne, voilà ce que fait M.
Mugnier de la pauvre Mme de Warens,
que le jardinier des Charmettes appelle
toujours « Madame", tout court, comme
si près d'un siècle et demi n'avait pas
passé sur elle. Il la montre — et il nous
cite des billets de sa main, hélas ! —
sollicitant des audiences à la cour pour
donner à qui de droit « des éclaircisse-
ments sur des choses de conséquence et
qui regardent la sûreté de l'Etat », et il
est question, dans ces mêmes billets, de
demandes d'augmentation de sa pension;
il la suit en de mytérieux voyages, qui
laissent deviner la recherche de secrets
politiques; il explique la faveur dont elle
continuait à jouir à Turin, par les servi-
ces qu'elle rendait; et la saisie de sa
maison, après sa mort, sous le prétexte
chimérique d'un droit fiscal, n'aurait été
qu'une mesure de précaution du gouver-
nement sarde pour empêcher de com-
promettants papiers de s'égarer.
Et femme d'affaires, aussi, et d'intri-
gues ! Elle offre, par exemple, à un inté-
ressé de lui procurer une pièce qui se
trouve dans les bureaux d'un ministre,
de la faire enlever promptement, grâce à
ses relations (on pourrait employer le
mot de « complices »). Mais elle débat,
avec son correspondant, le prix de sa
complaisance : « Si vous ne m'envoyez
pas la somme que je vous demande, rien
ne peut réussir ! » Mme de Warens est
prise là en flagrant délit, et voilà une
lettre bien fâcheuse pour sa mémoire,
avec cette formule, d'une cavalière phi-
losophie, qui résume son opinion que
tout doit se payer : « Rien ne sort de rien ÏM
Et, auparavant, en combien d'aven-
tures industrielles ne se lance-t-elle pas :
dans des opérations de mines, de ter-
rains, de maisons, opérations soutenues
à l'aide d'expédients hasardeux, de « tri-
potages » sur les actions des sociétés dans
lesquelles elle entre en vendant les pro-
tections dont elle peut disposer. Son ima-
gination féconde lui fournit sans cesse
de nouveaux moyens de lutter contre la
ruine menaçante. Durant le temps même
de la protection qu'elle accorde à Rous-
seau, elle est à la tète d'une fabrique de
savon, et ce sont démarches sur démar-
ches auprès du conseil de ville de Cham-
béry pour obtenir le privilège de la
veute. Mmede Warens, celle dont Rous-
seau, se rappelant le souvenir sur la fin
de sou existence, à l'occasion d'un an-ni-
corsaire, disait que, « longtemps avant
de la Dosséder, il ne vivait qu'ea elle et
par elle », fabricante de savon! Ce sont
bien là de ces cruautés des érudits qui
s'attaquent aux légendes ! — « Une
maison isolée au penchant d'un vallon
fut notre asile ; c'est là que, dans- l'espace -
: de quatre ou cinq ans, j'ai joui d'un
siècle de bonheur pur et plein. » Ainsi'
parle Jean-Jacques, écouté par la posté*
rite, — et un chercheur obstiné et patient
nous met prosaïquement sous les yeux :
des comptes, des factures, de vilains
chiffres, des bilans de situation de fa-
briques, quand ce ne sont pas de louches
petits iers, de ;
petits papiers, de l'aimable femme dont
les faiblesses ne nous trouvaient point
sévères. Pauvre. Mme de Warens ! Quels
gêneurs que ces enquêteurs et ces fure-
teurs d'archives, épris de scrupuleuse
vérité, qui s'entêtent à arracher tous les
voiles et à montrer, dans leur humanité
vulgairej les personnages que notre ima-
gination aime à entourer de quelque
prestige !
Paul Ginisty.
OBSÈQUES DE M. GAMBETTA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nice, 6 décembre.
Les obsèques du père de Gambetta son'
fixées à demain, dix heures.
M. Léria est attendu ce soir par le rapide
de cinq heures. :
Voici les membres de la famille qui sont
présents :
M. et Mme Léris-Gambetta ; M. Gambetta,
frère du défunt ; Mlle Gambetta, sa nièce,
qui est religieuse; Mme Laroque, une au-
tre de ses nièces, et M. Laroque.
Un petit-fils de M. Gambetta, M. Juinof
Gambetta, actuellement maréchal des lo-
gis aux chasseurs d'Afrique, à Saïda, est
également attendu.
L'inhumation aura lieu au cimetière du
Château, dans le caveau où reposent déjà
la tante Massabic, Mme Gambetta mère et
le grand orateur.
Les restes du fils
Nous avons annoncé, dans notre dernier
numéro, que les amis de Gambetta son-
geaient à faire une démarche auprès de
M. et Mme Léris, afin qu'ils permettent le
transfert à Paris des cendres du patriote,
les uns penchant pour le Panthéon, les au-
tres pour Ville-d'Avray.
M. Reinach dément à ce propos qu'il
doive prendre l'initiative d'une proposition
relative au transfert au Panthéon.
Si cette mesure devait être prise, elle de-
vrait l'être, selon lui, par le gouvernement.
Son sentiment est que les restes de Gam-
betta devraient être transportés à VUle-
d'Avray.
LES LÉPREUX
ET MISS AMY FOWLER
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTJCUUEa)
Londres, 6 décembre.- Une jeune Anglaise,
miss Amy Fowler, fille d'un pasteur protestant
de Batb, qui a étudié la médecine à Paris
dans le cours de M. Pasteur, et qui s'est dé-
vouée aux lépreux de l'Océanie sous le nom
de sœur Rose-Gertrude a visité, à Iololmï.
Keane, le condamné à mort qui eut à choisit
entre la peine capitale et l'inoculation de la
lèpre. Il préféra vivre et fut inoculé trois fois.
A l'heure qu'il est, il est à la mort, soigné pat
la jeune Anglaise.
L'AFFAIRE PARNELL-GLADSTONE
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 6 décembre.
Les membres du parti irlandais se sont
réunis aujourd'hui à une heure, toujours
sous la présidence de M. Parnell, pour dé-
libérer sur la réponse faite par M. Glad-
stone aux questions qui lui ont été adres-
sées hier par une délégation du parti.
Dans cette réponse, qui est évasive, M.
Gladstone dit qu'aussitôt que les députés
irlandais auront réglé la question de di-
rection de leur parti de manière à lui per-
mettre de renouer ses anciens rapports, il
souhaite entrer comme autrefois en rela-
tions confidentielles sur la question du
home raie et les points de détail qu'elle
soulève.
M. Gladstone, qui a écrit après avoir pris
l'avis de ses collègues, termine en décla-
rant qu'il a toujours le désir de fairQ
adopter le home raale.
La réunion irlandaise a été très agitée.
Une vive discussion s'est engagée sur une
motion de M. Kenny, partisan de M. Par-
nell, demandant que les délégués qui ont
interviewé M. Gladstone présentent un rap-
port écrit de cet interview.
MM. Sexton, Healy et plusieurs autres dé-
putés ont déclaré que cette motion tend
simplement à faire de l'obstruction. Un rap-
port écrit n'est pas nécessaire. Si, disent-
ils, le président ne voulait pas faire termi-
ner la discussion, il aurait dû recourir à
d'autres moyens.
A cinq heures, M. Parnell refusant de pro-
noncer la clôture du débat, A5 membres
quittent la salle et vont tenir séance dans
un autre local.
L'AFFAIRE REDON
(DE NOTBB CORRESPONDANT PAaTICULlER)
-. Madrid, 6 décembre.
On dit ici que le ministre des affaireg
étrangères a signé l'extradition de Redon
et que le gouvernement espagnol attendra
que la santé du malheureux soit rétablie
avant de le transférer en France.
[Cette dépêche semblerait faire croire que la
gouvernement français a demandé l'extradi-
tion. Or, on nous affirme que notre gouverne-
ment n'a fait aucune démarche en ce sens
Tout cela est bien contradictoire.]
UNE GROSSE FAILLITE
(D'UN CORRESPONDANT)
New-York, 6 décembre.
On annonce de la Nouvelle-Orléans la
faillite d'une grande industrie cotonnière
(la troisième d Amérique par ordre d'im.
portance).
Le passif est de 21/2 millions, l'actif est
est évalué à 3 millions de. dollars. -
-. Les embârrâs de la maison provenaient,
de la récente dépression du marché finan-i
ci#*, ainsi que de la baisse du coton. Ella
était intéressée dans 35 à 30 plantations éct
£Q&q. -. -
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