Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-12-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 07 décembre 1890 07 décembre 1890
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Drx-neueellàe- annéè.- — N* 6,901
CINQ Centimes- Paris et Départements — CllfQ Centimes
DIMANCHE 7 DÉCEMBRE 1899
LE -
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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MMMMt! POLITIQUE
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M. PARNELL
Afin de parler convenablement de
M. Parnell et de la situation qui lui
est faite par sa récente condamnation
pour adultère, il faudrait que les écri-
vains français pussent se dégager en-
tièrement de leurs propres idées. Il
faut éviter aussi de se placer au point
de vue anglais. Celui-ci n'est pas
moins faux que le nôtre. La lutte est
vive entre l'Angleterre qui tient à con-
server toute sa prépondérance sur
l'île sœur, et l'Irlande qui travaille
depuis tant d'années à son affran-
chissement. Il n'est donc pas étonnant
que les Anglais tirent parti des fautes
commises par M. Parnell pour annihi-
ler son influence et détruire son au-
torité. Ils espèrent affaiblir ainsi, ou
arrêter, s'il est possible, le mouve-
ment nationaliste de l'Irlande.
Si l'on désire voir claire en cette
affaire, il faut en quelque sorte s'in-
troduire dans la personnalité d'un
Irlandais catholique. Cela n'est pas
aisé; je veux néanmoins le tenter,
parce que c'est la seule manière de
juger une question qui, en France, ne
pourrait même pas être posée.
Depuis plus de quinze ans, M. Par-
nell est le chef incontesté, le leader,
pour parler le langage d'outre-Man-
che, du parti nationaliste irlandais.
Non pas un leader à la façon des nô-
tres, c'est-à-dire un chef de groupe
abandonné dans les trois quarts des
circonstances par ses amis, mais un
chef doué d'une autorité telle que ses
décisions font loi pour son parti, qu'il
désigne ses candidats dans toutes les
élections, qu'il détient une caisse im-
portante destinée non seulement à
subvenir aux frais électoraux et à la
propagande, mais encore à indemni-
ser les députés de leurs voyages et de
leur séjour à Londres. Il doit son ti-
tre et ses pouvoirs à l'élection, et il
détient avec l'autorité le trésor de
guerre alimenté par les souscriptions
de tous les Irlandais d'Europe et
d'Amérique. L'un de ses lieutenants,
M. O'Kelly, disait l'autre jour: «Pour
les Irlandais du monde entier, Parnell
incarne l'âme irlandaise; il est notre
chef absolu et, en quelque sorte, lé-
gendaire. »
Jamais chef de parti n'a usé de ses
pouvoirs avec autant d'énergie et d'ha-
bileté, mais en même temps d'autocra-
tie, que M. Parnell. Cet ancien sports-
man, bel homme et jadis très élégant,
a toutes les allures d'un roi qui se se-
rait fait conspirateur. Si j'en crois
ce qui m'a été affirmé par des per-
sonnes très autorisées, on ne sait ja-
mais où il habite; ses partisans les
plus dévoués ne correspondent avec
lui que par l'intermédiaire de son se-
crétaire, et quand il se rend d'un point
à un autre de Londres, il change deux
ou trois fois de voiture pour dépister
la surveillance. On ne le voit qu'à la
Chambre des communes, où il parle
rarement, avec une grande réserve et
une extrême précision, mais sans
éclat oratoire. Toujours impassible et
absolument maître de lui-même, il a
su, par son inébranlable ténacité,
prendre un tel ascendant sur ses col-
lègues et sur l'Irlande tout entière,que
ses compatriotes l'appellent volontiers
« le roi sans couronne ».
Cette puissance dictatoriale est en-
core doublée d'une grande autorité
parlementaire, due à l'habileté qu'il
déploya quand il s'agit de faire pas-
ser ses compatriotes de l'état insur-
rectionnel à celui d'une opposition
constitutionnelle n'attendant plus que
des lois la liberté réclamée par l'Ir-
lande.
Un pouvoir aussi considérable ne
pouvait manquer de provoquer bien
des jalousies, des envies et des hai-
nes. Il obligeait l'homme qui l'exerce
à mener une vie privée d'autant plus
rigide qu'il ne pouvait pas ignorer le
pharisaïsme féroce de l'Angleterre.
Les exemples ne manquaient pas au-
tour de lui d'hommes d'Etat ayant
succombé sous le poids des erreurs de
la vie privée, et il avait été lui-même
obligé de se défendre auprès de M.
Gladstone des accusations d'adultère
dont il était l'objet.
M. Parnell n'avait pas seulement à
compter sous ce rapport avec la pu-
dibonderie protestante : il devait en-
core redouter la morale sincèrement
rigide des catholiques irlandais, et il
devait la craindre d'autant plus que
lui-même est protestant. On ne sait
pas assez en France combien est pro-
fonde la religion des Irlandais. Lors
du récent mariage de M. W. O'Brien,
les assistants furent frappés de la foi
sincère avec laquelle son collègue et
compatriote Dillon assistait à genoux
aux cérémonies religieuses.
M. Parnell n'ignorait certainement
pas les dangers qui le menaçaient, et
c'est peut-être pour y échapper qu'il
entourait sa vie de tant de mystère.
Aujourd'hui, quel que soit le motif
qui ait inspiré ses dénonciateurs, le
scandale est public. Les Français
sceptiques peuvent sourire aux fre-
daines de M. Parnell. Il n'en va pas
de même en Angleterre et en Irlande.
Les protestants anglais acablent le
pécheur de leur mépris, les catholi-
ques Irlandais rougissent de l'affront
fait à leur chef, et le parti libéral se
sépare bruyamment de lui. Tout cela
devait arriver.
Et maintenant que doit faire M. Par-
nell pour continuer à servir la cause
sacrée à laquelle il a consacré tant
d'années de sa vie ? La réponse à cette
question me paraît découler de tout
ce qui précède. S'il conserve la direc-
tion du parti nationaliste malgré l'op-
position de la majorité de ses collè-
gues et de la presque totalité du cler-
gé irlandais, il compromet peut-être
irrémédiablement le succès des pro-
chaines élections dont l'Irlande atten-
dait sa délivrance, et ramène son pays
à l'état révolutionnaire d'où il l'a fait
lui-même sortir.
Il est pénible pour lui de se voir en-
lever la direction de son parti à la
veille de la victoire, mais ne trouve-
rait-il pas dans cette même victoire la
consolation de son retour à la vie pri-
vée ? Qu'il laisse à l'histoire le soin de
le venger de l'injustice de ses conci-
toyens et de la fatalité qui seule a pu
le terrasser.
J.-L. de Lanessan.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
L'AFFAIRE PARNELL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULmR.
Londres, 5 décembre.
La réunion des députés irlandais a nom-
mé hier une députation chargée de deman-
der à M. Gladstone et aux autres chefs du
parti libéral si, oui ou non, ceux-ci s'engage-
raient, dans leur plan de home rule, à de-
mander que le Parlement spécial de l'Ir-
lande ait dans ses pouvoirs le contrôle de
la police et la législation agraire.
Dans le cas où cette assurance serait
donnée d'une façon non équivoque, M. Par-
nell, rassuré sur le sort de cause irlandaise,
consentirait à se retirer.
La députation a été reçue aujourd'hui
par M. Gladstone, avec lequel se trouvait
seulement M. Arnold Morley, député libé-
ral pour Nottingham.
A la suite de l'entrevue, la délégation a
communiqué à la réunion des députés ir-
landais le vœu émis par ce dernier que
les délégués conférassent avec lui seul.
L'autorisation a été donnée, et la réunion
s'est ajournée à demain pour apprendré le
résultat. -
LA CRISE ÉDILITAIRE A ROME
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 5 décembre. — Les rôles judiciaires
apprennent que, dans la première quinzaine
de décembre, trente-sept palais vont être mis
en vente pour cause de faiilite des construc-
teurs ou des propriétaires.
Ces trente-sept palais doivent être vendus
pour une somme de sept millions.
EXÉCUTION D'UN VIEILLARD
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Grenade, 5 décembre.
Ce matin a eu lieu l'exécution d'un vieil-
lard de soixante-quatorze ans, Miguel Mé-
dina, coupable d'avoir assassiné sa femme.
Dans la chapelle, dans le trajet de la pri-
son à l'échafaud, Medina a fait preuve d'un
calme extraordinaire. Arrivé sur la plate-
forme de l'échafaud, d'une voix forte il
s'est adressé au peuple en protestant de son
innocence. Puis, s'asseyant sur le tabouret
d'exécution, il a demandé au bourreau « de
lui servir une prompte et bonne mort". Il
a été" garrotté » rapidement.
Plus de vingt mille personnes assistaient
à cette exécution, qui est la première à Gre-
nade depuis vingt-sept ans.
Quelques personnes ayant insulté le bour-
reau ont été arrêtées.
M. CRISPI ET LES AVOCATS
DE ROME
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 5 décembre. - C'est aujourd'hui qu'é-
choit le cinquantième anniversaire de l'ins-
cription de M. Crispi sur le rôle des avo-
cats.
Le conseil de l'Ordre a décidé de lui présen-
ter les hommages du Forum romain dans une
adresse rédigée sur parchemin.
CANONS EN CUIVRE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 5 décembre.
Au ministère de la guerre italien on étu-
die sérieusement le projet du remplace-
ment des canons en acier par des canons
en bronze. L'emploi de la poudre sans fu-
mée, amenant une usure prématurée de
l'arme, motiverait cette transformation.
Le gouvernement italien savait que, à la
fonderie de Spandau, on avait commencé
depuis plusieurs mois la fabrication des
pièces de bronze en utilisant pour leur
fonte les anciens canons français. Les nou-
velles pièces ont même été essayées pen-
dant les manœuvres en Allemagne, et les
essais continuent encore dans certains régi-
ments d'artillerie.
Les procédés de fabrication du bronze
ont naturellement été modifiés et permet-
tent maintenant au métal de fournir une
résistance voisine de celle de l'acier. Le
modèle de bronze pèse moins que celui en
acier.
Toutes ces raisons ont déterminé le mi-
nistre italien à présenter un projet qui sera
réalisé dès qu'on pourra se procurer les
fonds nécessaires par des économies dans
le budget de la guerre. ,.<:..;
MB—
LE FROID EN ESPAGNE
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Valladolid, 5 décembre. — Le froid est si in-
tense que ce matin, au moment où on relevait
la garde, une sentinelle du « Polvorin » a été
trouvée morte de froid,
LES IMPOTS NOUVEAUX
VOTE DE L'IMPOT
SUR LES VALEURS MOBILIÈRES
Le budget des recettes à la Chambre.
— M. Jaluzot et les voitures-récla-
mes. — La surtaxe de 1 0/0 sur le
revenu des valeurs mobilières. —
La motion Leydet. - Le vote
final.
On en est enfin aux recettes. La Chambre
a commencé l'examen des ressources bud-
gétaires après avoir adopté, sans débat,
quelques dispositions encore relatives aux
caisses d'épargne, puis celles aussi qui con-
cernent la caisse d'épargne postale, dont le
taux d'intérêt sera de 3 0/0.
Avant d'aborder la discussion des nou-
veaux impôts proposés par M. Ronvier, il
a fallu statuer sur diverses ressources ima-
ginées par plusieurs députés.
Un boulangiste, M. Pontois, a conseillé la
prise par l'Etat, qui se chargerait de les
faire fructifier, des fonds qui sont laissés en
dépôt chez les notaires. « De cette façon,
disait M. Pontois, on aura une quarantaine
de millions qui permettront de boucler le
budget sans impôts nouveaux. » Inutile de
dire que cette bizarre invention a été
promptement écartée.
De son côté M. Leydet, enfourchant son
dada favori, a réclamé la suppression du
monopole que possède l'Etat pour la fabri-
cation des allumettes chimiques, et la li-
berté de fabrication avec un impôt dont la
perception se ferait au moyen de vignettes.
« Ce sera là donner, disait le député d'Aix,
de meilleures allumettes aux consomma-
teurs et, au Trésor, douze millions de plus,
bon an mal an. »
M. Rouvier a déclaré ces prévisions chi-
mériques et a prié la Chambre, qui l'a fait
malgré la très vive insistance de M. Leydet,
de repousser l'amendement. Notons pour-
tant que le ministre des finances a promis
de livrer quelque jour à la consommation
des allumettes merveilleuses, des allumettes
sans phosphore et qui ne prendront que
mieux pour cela. Acceptons-en l'augure et
passons.
Troisième proposition : celle de M. Ar-
mand Desprès qui veut frapper les affiches
murales peintes à raison de 10 francs le mè-
tre carré et les voitures-annonces à raison
de 10 francs le mètre cube, avec faculté de
réduire ces chiffres dans les petites loca-
lités.
M. Jaluzot a, comme on pouvait s'y atten-
dre, combattu cette surtaxe. Ce que c'est
que d'être à la fois député et orfèvre ! Il est
vrai qu'il s'est défendu de parler en cette
dernière qualité et qu'il s'est placé au point
de vue du petit commerce, seul destiné, se-
lon lui, à pâtir de l'impôt sur ce mode de
réclame. Il paraît, à l'en croire, que ce sont
les petits magasins qui seuls possèdent des
voitures-annonces.
C'est égal, M. Jaluzot a tout de même —
il l'avait déjà montré lors d'une discussion
sur les patentes — bien de la sollicitude
pour les petits commerçants !
Il n'empêche que le principe de la propo-
sition Després a été reconnu fort juste, et
que ladite proposition a été renvoyée à la
commission du budget, avec mandat de
rechercher quel est exactement le droit
qu'il convient d'imposer.
Le premier impôt de M. Rouvier
C'est alors qu'on en est arrivé au premier
des impôts nouveaux, à la création des-
quels M. Rouvier rêve de voir son nom at-
taché. Il s'agit de l'impôt sur le revenu des
valeurs mobilières, dont la taxe sera aug-
mentée de 1 0/0, c'est-à-dire portée de 3 à
h 0/0.
Cette surtaxe a tout d'abord été vivement
critiquée par M. Thévenet, qui a surtout
plaidé au nom des porteurs d'obligations
de chemins de fer, lesquels verront par là
leur revenu imposé de 9 0/0, taux vérita-
blement excessif au gré du député du
Rhône.
« Vous allez frapper l'épargne, s'est-il
écrié tout animé d'une sainte ardeur mora-
lisatrice, vous allez frapper l'épargne sans
atteindre la spéculation ! C'est pourtant
celle-ci qu'il faudrait viser. En tous cas,
cet impôt ne vaut rien : offrez-nous-en un
autre ! »
Voilà qui ne faisait pas l'affaire de M. Rou-
vier. Celui-ci tient à ses nouveaux impôts,
nécessaires — il n'a pas manqué de le ré-
péter — pour solder le prix de cette fa-
meuse incorporation qui demeurera la
grande pensée financière de son ministère.
Mais il tient surtout à celui qui doit frapper
les valeurs mobilières. C'est sur lui qu'il
compte en grande partie pour combler le
trou de 53 millions ouvert jusqu'à ces jours
derniers dans son budget, mais qui est déjà
un peu moins profond aujourd'hui, grâce
aux conversions récemment votées, et mal-
gré le ministre, du reste.
Empruntons à M. Rouvier les explications
qui suivent et qui fixeront nos lecteurs
sur la situation actuelle du budget :
M. le ministre. — Le projet du gouverne-
ment qui demandait des ressources impor-
tantes à la surélévation des droits sur l'alcool
a été remanié par la commission, qui vous a
proposé, pour réaliser les 53 millions néces-
saires, les quatre dispositions suivantes :
Elle demaude 16,500,000 francs à l'augmenta-
tion de 1 0/0 sur l'impôt des valeurs mobiliè-
res; 12 millions aux spécialités pharmaceu-
tiques ; 8,700,000 francs au remaniement de la
taxe sur les pétroles, et 16,500,000 francs aux
alcools, dont elle relève la taxe de 11 francs.
C'était un total de 53,700,000 francs.
Mais, depuis, vous avez voté la conversion
des obligations trentenaires et des bons de
liquidation, qui permettra de réduire le chif-
fre des ressources à trouver, car elle donne
une ressource de 15 millions. Il reste en chif-
fre s ronds 37 millions à chercher.
L'œuvre est donc presque à moitié faite. Le
gouvernement vous demande de l'achever.Vous
avez des propositions de ressources qui attei-
gnent 5ii millions, vous n'en avez besoin que de
37 ou 38, vous avez donc la liberté du choix.
Ces ressources peuvent même s'augmenter du
fait de diverses propositions de taxes qui vous
sont soumises.
Je vous demande seulement de nous fournir
les moyens d'accomplir notre œuvre. Ces
moyens, le gouvernement les demande plus
spécialement à deux des éléments de res-
sources qui vous sont proposés.
Le premier, c'est le relèvement de 1 0/0 sur
la taxe des valeurs mobilières ; le second, c'est
le relèvement de la taxe sur l'alcool. Tout ce
que vous voterez en dehors viendra naturelle-
ment en déduction du produit de ce dernier
relèvement, de même que nous lui demande-
rions la compensation de tout ce que vous
nous refuseriez.
On voit, par ce qui précède, que les pro-
duits pharmaceutiques et les pétroles pour-
ront vraisemblablement l'échapper.
Trop d'argent
C'est qu'es effet, après avoir longtemos
cherché tout d'abord où prendre les res-
sources qu'il lui fallait, voici que le mi-
nistre des finances donne à entendre qu'il
a, à présent, trop de ces ressources, qu'il n'en
sait plus que faire. Ce que c'est pourtant
que d'être né près de la Cannebière ! En
tout état de cause, M. Rouvier a eu tort de
prendre ainsi un petit air avantageux, car
si la Chambre a voté dés opérations qui lui
laissent un peu dé marge et qui permet-
tront peut-être de demander un peu moins
aux contribuables, ç'a été bien malgré le
ministre.
D'ailleurs M. Rouvier n'était pas au bout
de ses surprises. Un peu après, il eût pu
s'écrier, à la façon du personnage légen-
daire de la féerie : « Encore une ressource
dans mon assiette ! » Cette ressource, en
effet, a été conseillée à la Chambre, puis
bientôt adoptée par elle — toujours malgré
le ministre des finances qui, toujours éga-
lement, a été, après le vote, le premier à se
réjouir d'une aussi bonne aubaine. Décidé-
ment M. Rouvier est un ministre gai !
Voici comment les choses se sont pas-
sées : Après une petite manifestation de M.
Camille Dreyfus en faveur de l'impôt sur le
revenu, après une assez vive sortie de M.
Peytral contre les nouveaux impôts, y com-
pris celui sur les produits pharmaceuti-
ques (on sait que M. Peytral a été pharma-
cien), après tout cela et quelques autres
menues choses encore, M. Leydet a saisi la
Chambre d'une motion ainsi conçue :
JLa .Chambre invite le gouvernement à
faire état des recettes de l'exercice 1889,
conformément à la règle de la pénultième
année. »
Vous ne voyez peut-être pas bien com-
ment de cette formule assez rébarbative
peut naître un supplément de ressources.
Eh bien! ésoutez M. Leydet qui, s'inspirant
un peu de certaines considérations analo-
gues précédemment développées par M. de
Soubeyran, va l'expliquer brièvement :
M. Leydet. — M. le ministre des finances
disait, il y a quelques instants, qu'il suffisait
d'obtenir 35 millions d'impôts nouveaux, et je
lui ai demandé, de ma place, pourquoi la com-
mission du budget et le gouvernement n'a-
vaient pas appliqué le principe de la pénul-
tième année, c'est-à-dire fait état des recettes
de l'année 1889.
Ces recettes sont supérieures aux proposi-
tions de la commission du budget. Pourquoi?
Parce que, dit on, il a fallu défalquer certaines
recettes exceptionnelles provenant de l'Expo-
sition et des élections.
Sans doute, cette méthode se comprenait au
moment où le budget a été déposé, car on
pouvait ignorer alors si les recettes de 1890
atteindraient ou dépasseraient celles de 1889;
mais aujourd'hui, après dix mois, on peut
constater un excédent de plus de 53 millions
au profit de 1890. Pourquoi, dès lors, persister
à ne pas faire état des recettes de l'année
1889?
Je prie la Chambre de remarquer qu'il ne
s'agit pas ici de majorations: nous demandons
simplement qu'on fasse état exactement des
recettes de la pénultième année. (Applaudisse-
ments à gauche.)
Çes bienheureux excédents des recettes
réalisés sur les recettes prévues, la Cham-
bre ne pouvait pas les mal accueillir. M.
Rouvier a eu beau invoquer, et en cela il
n'avait peut-être pas tort, la nécessité de
ménager quelques disponibilités ultérieu-
res — ou, si vous préférez, de garder une
poire pour la soif, poire dont on ne peut
d'ailleurs pas trop supputer la grosseur à
l'heure qu'il est — M. Burdeau a eu beau
dénoncer la violation qu'on s'apprêtait à
commettre des règles les plus sûres de la
comptabilité publique, la motion Leydet,
appuyée par M. Camille Pelletan, a été vo-
tée par 3.45 voix contre 210.
La surtaxe adoptée
C'est ici que la scène devient d'un haut
comique.
M. le président. — En conséquence de ce
vote, il y a lieu de renvoyer à la commission,
et je pense que la Chambre veut arrêter là la
discussion. (Mouvements divers.)
M. Burdeau, rapporteur général. — Pour
ne pas retarder les travaux de la Chambre,
la commission pourrait donner immédiate-
ment le chiffre qui doit être ajouté aux re-
cettes et la disposition par articles. Elle est
ici, nous avons préparé ce travail d'avance.
(Rires. — Exclamations sur divers bancs. —
Bruit.)
Bonne commission, va! comme elle est
prévoyante et accommodante aussi !
Quant à M. Rouvier, il a encore mieux
pris la chose.
— C'est lâ millions de ressources supplé-
mentaires que nous donne M. Leydet, a-t-il
dit. Parfait ! Je vous ai dit tout à l'heure
qu'il nous restait à trouver 38 millions. Qui
de 38 ôle 12, reste 36. Eh bien ! accordez-
moi maintenant les 17 millons environ
que produira la surtaxe de 1 0/0 sur les va-
leurs mobilières. Comme cela, nous ne se-
rons plus loin de compte.
Et 291 voix contre 2A8 lui ont accordé en
effet cette surtaxe, créant ainsi tout au
moins un nouvel impôt. M. Rouvier se
frottait les mains avec énergie et il était
temps qu'on levât la séance, car il allait
monter au Capitole, oubliant qu'il avait
bien failli en être précipité, et il n'y a pas
longtemps !
RECEVEUR MUNICIPAL ARRÊTÉ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nevers, 5 décembre. — Le receveur munici-
pal Léger, en fonctions depuis onze ans, con-
vaincu de détournements s'élevant à prés de
70,OCO francs, a été arrêté hier et transféré à
la maison d'arrêt.
M. DE BISMARCK FRAUDEUR DU FISC
(DE NOTRE CORRESPONDANT PART'CULIKR)
Berlin, 5 décembre.
Depuis qu'il a été révélé que M. Lucius,
le ministre démissionnaire de l'agriculture
en Prusse, avait été dispensé d'une façon
quelconque de payer les droits de 3 0/0 sur
la valeur de sa terre de Ballhausen, con-
stituée en majorat lorsqu'il fut anobli par
Frédéric III, une vive campagne a été me-
née par la presse progressiste, la presse so-
cialiste, et même quelques journaux natio-
naux-libéraux, contre cette fraude ou cet
abus, et cette affaire devait être portée au
Reichstag par voie d'interpellation.
L'empereur a demandé un rapport spécial
sur cette affaire. Le majorat de M. Lucius
de Ballhausen étant d'une valeur de 8 mil-
lions de marcs, les droits dont le fisc a été
fraudé s'élèvent à 2A0,000 marcs (300,000
francs).
A l'occasion de cette affaire, M. de Bis-
marck a été pris à partie. On l'accuse, et il
n'a répondu ni directement ni indirecte-
ment, de s'être également dispensé ou fait
dispenser de payer les droits d'enregistre-
ment sur les divers majorats qu'il a consti-
tués à Friedrichsruhe, à Varzin, à Schœn-
liauscn, droits dont le total atteindrait un
million de francs. Il en sera question un
de ces iours au Reichstag.
CHRONIQUE
C'était l'année dernière, à l'Académie des
sciences. Il s'agissait d'un prix à donner.
Un ingénieur français des plus éminènts
était sur les rangs. Cet ingénieur est celui
qui à doté notre pays de la poudre sans
fumée. Le procédé avait été tenu secret,
et la raison en est simple : il serait
absurde à une nation de révéler aux au-
tres les moyens nouveaux d'attaque ou
de défense qu'elle a découverts et qu'elle
emploie. Il paraît que M. Joseph Ber-
trand, le secrétaire perpétuel de l'Acadé-
mie des sciences, s'éleva avec force contre
l'attribution d'un prix quelconque à un
procédé secret.
— Une préparation qui est tenue ca-
chée, dit-il, même quand c'est une pou-
dre de guerre, n'est pas un fait d'ordre
scientifique.
M. Charles Richet, qui, dans la Revue
scientifique, rapporte cette anecdote, rap-
proche le mot échappé à M. Joseph Ber-
trand de ce qui se passe aujourd'hui en
Allemagne, où le docteur Koch refuse
absolument de livrer le secret de sa lym-
phe mystérieuse.
C'est la première fois qu'un savant
donne ce fâcheux exemple. Jusqu'à cejour,
lorsqu'un homme de science, à quelque
nation qu'il appartînt, avait trouvé quel-
que fait d'importance médiocre ou
grande, il s'empressait de communiquer
le résultat de ses travaux. Il gardait pour
lui l'honneur de la découverte ; peut-être
même en tirait-il, s'il y avait lieu, quel-
que bénéfice pécuniaire, mais il ne ca-
chait pas les moyens à l'aide desquels il
était arrivé à son but.
« Quand l'immortel Jenner, dit M. Char-
les Richet, a trouvé la vaccine, il n'a pas
battu monnaie avec le cowpox, cette lym-
phe merveilleuse qui empêche la plus
hideuse des maladies de sévir sur les
hommes. Il a dit comment et où il l'obte-
nait, et il s'est contenté d'être un des
bienfaiteurs de l'humanité, estimant son
ambition satisfaite.
» Quand M. Pasteur a trouvé la vacci-
nation charbonneuse,il a indiqué avec une
précision minutieuse et dans les moin-
dres détails comment il préparait ce vac-
cin, et s'il faisait payer quelques centi-
mes la préparation obtenue, c'était à peu
près le prix du verre qu'on fournissait,
le laboratoire de l'Ecole normale n'étant
pas assez riche pour distribuer des fla-
cons dans l'univers entier. D'ailleurs,
rien n'était tenu secret, et chacun, à ses
risques et périls, avait le droit de prépa-
rer le même vaccin.»
M. Charles Richet dit que M. Pasteur
n'a de même fait aucun mystère du pro-
cédé qu'il mettait en œuvre pour guérir
la rage. L'illustre savant français a libre-
ment communiqué ses secrets de fabri-
cation, et il s'est fondé à Saint-Péters-
bourg, à Odessa, à Madrid, des établisse-
ments scientifiques où maintenant on
emploie ses moyens de vaccination.
M. Charles Richet ajoute que, même
quand il s'est agi de médicaments chimi-
ques, les procédés de préparation n'ont
pas été tenus secrets. Pelletier et Caven-
ton n'ont pas dissimulé les procédés à
l'aide desquels ils obtenaient le quinine
pur. C'eût été cependant une bien belle
occasion de retirer de leur découverte un
bénéfice assez légitime. -Mais, dit-il d'un
ton ironique, ils étaient des naïfs; ils ont
fait connaître leur mode de préparation,
si bien qu'actuellement les pharmaciens
allemands eux-mêmes peuvent, sans ef-
fort, en se servant des moyens que Pelle-
tier et Caventon leur ont enseignés, pré-
parer industriellement du sulfate de qui-
nine tout à fait pur.
C'étaient là les vieilles mœurs scienti-
fiques,auxquelles nous sommes demeurés
fidèles en France. Le docteur Koch est un
docteur fin de siècle, ou plutôt c'est un
docteur allemand. La seule raison qu'il
ait alléguée pour garder le silence, c'est
que sa méthode n'était pas complète et
que si elle était, dans l'état embryonnaire
où elle se trouve, pratiquée par des mains
maladroites, elle pourrait être extrême-
ment dangereuse.
Mais,à ce compte, jamais on ne lèverait
le voile d'une découverte scientifique,
car elle n'est jamais complète. Il va sans
dire que les résultats obtenus mènent à
d'autres résultats et que le progrès en
cette voie ne s'arrête jamais. Quand M.
Pasteur livra ses procédés de vaccin con-
tre la rage, il y avait encore beaucoup
d'obscurités et d'aléas dans la pratique
qu'on en pouvait faire. Mais il ju-
gea qu'il valait mieux que tous les
savants qu'intéressait la chose s'y missent
chacun de son côté et poursuivissent pour
leur propre compte les expériences com-
mencées. M. Koch ne peut pas avoir la
prétention d'être le seul qui, une fois en-
gagé sur la voie ouverte par lui, puisse y
pousser sans accident jusqu'au bout. Il
doit bien admettre qu'il y a de par le
monde, à Paris, à Londres, à New-York,
à Rome, à Moscou, à Vienne et à Munich,
des chimistes et des bactériologistes ca-
pables de répéter une expérience qu'on
leur indique par le menu, capables même
d'en faire le point de départ d'une décou-
verte nouvelle.
Le droit de priorité à la gloire n'en
resterait pas moins au docteur Koch.
C'est ainsi que toute l'histoire de l'élec-
tricité débute toujours par le nom de
Galvani. Mais comprenez-vous Galvani
ne voulant livrer au monde savant les
faits extraordinaires dont il avait été le
témoin que lorsque la science dont ils
ouvraient la perspective aurait été épui-
sée par lui? Vous imaginez-vous Da-
guerre et Niepce vendant les premières
épreuves de leurs photographies sans
vouloir révéler le principe de leur décou-
verte, sous prétexte que cette découverte
était encore dans l'enfance et qu'ils se
réservaient d'en pousser les résultats
L plus avant?
C'est ce que fait le docteur Koch. Il nt
veut point de cette collaboration qu
tous les savants de l'univers apportent a
un inventeur qui découvre une idée nou-
velle. Il tient à l'exploiter lui-même.
Et si par hasard le docteur Koch ve-
nait à être frappéd'un coup subit et mou-
rait avant d'avoir pu communiquer ses
procédés au monde savant ? Car enfin tout
est possible. Son secret mourrait dono
avec lui. Car on nous assure qu'aucun de
ceux qui travaillent, avec lui, à la fabri-
cation de cette précieuse lymphe n'en con-
naît ni tous les éléments, ni le dosage, ni
le tour de main. Le docteur a jalousement
gardé la recette pour lui tout seul.
Supposons encore qu'il ait approché
de la découverte réelle, qui est à faire,
et qu'il ne l'ait pas faite ; sait-on si le*
indications qu'il donnerait ne permet-
traient pas à quelque autre savant de
faire cette découverte, celle-là irrépro-
chable, qui arracherait à la souffrance e
à la mort des milliers d'êtres humains? ,
Avouez que cette obstination au silence
est assez peu chevaleresque, et nous pou-
vons bien le dire, sans vanité : elle n'est
pas française. Elle répugne à nos idées
sur le libéralisme de la science.
Tout ce qu'on a pu dire de mieux en fa.-&
veur du docteur allemand, c'est qu'il a eu
la main forcée. L'empereur lui a imposé la
silence, l'empereur a voulu garder poun
l'Allemagne le monopole de cette décou-
verte. Je doute qu'au temps même oùs
nous avions, nous aussi, un empereur;
M. Pasteur eût cédé à une injonction de
cette sorte. Je suis sûr, au moins, que
Napoléon n'eût jamais osé la faire : il eût;
craint de révolter la conscience publiqu
et de tomber sous le ridicule.
Le docteur Koch s'est rendu. Mais, qu'il
y prenne garde. Toutes les attentions1,
toutes les curiosités des savants des deux
mondes sont en ce moment tournées vers
la maladie qui a fait l'objet de ses recher-
ches et qu'il a puissamment contribué à
mettre à la mode. Il pourrait bien se faire
qu'un chimiste ou qu'un bactériologiste,
plus heureux que les autres, retrouvât paE
induction le fameux secret, et, comme ce
serait son droit, le publiât sous son nom.
Tout le bénéfice de la priorité scientifique
de la découverte serait perdu pour le
mystérieux docteur; il ne lui resterait
plus que l'Aigle-Noir, l'estime de son sou-
verain et le regret d'une action peu hono-
rable.
Francisque Sarcey.
MASSACRE EN CHINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 5 décembre. — On mande de Shang-
haï que des chrétiens auraient été massacréâ
dans la province de Szechnen.
Ces massacres auraient eu lieu pendant une
fête bouddhiste. Le nombre des victimes dé-
passerait vingt. Les cadavres auraient été je-
tés dans le Yang-Tse-Iviang.
LES CHEMINS PORTUGAIS
Une affaire du Crédit lyonnais. — La
liquidation commence. — Les diffi-
cultés subsistent.
On a pu lire ces jours derniers, dans les
journaux qui prennent leurs inspirations
au Crédit lyonnais, une note annonçant que
l'administration des Chemins portugais,
sentant que les charges qu'elle a assumées
pour l'exploitation de son réseau en Espa-
gne paralysent un peu son action, s'est ré-
solue, moyennant sacrifices, à faire quel-
ques rétrocessions qui lui procureraient
encore des économies.
Elle céderait la ligne de Madrid-Caceres
au Saragosse et l'Ouest de l'Espagne ait
Crédit mobilier français.
La note s'étend complaiseinment ensuite
sur les avantages que les obligations des
Chemins portugais retireraient de cette
combinaison et sur le profit qui en revien-
drait aux actionnaires.
Et pour bien appuyer cette nouvelle, on
a fait remonter en Bourse les actions des
Chemins portugais de U8Q à 535, à l'aide
d'une habile manœuvre.
Mais c'est le cas de demander : Qui troin"
pe-t-on ici ?
Qui l'on trompe ? Ce n'est pas difficile à
deviner : ce sont les capitalistes français,
auxquels on se prépare à faire, si possible
une nouvelle saignée.
La note que nous venons de citer recon-
naît complètement la justice des critiques
que nous avons adressées jadis à l'adminis-
tration des Chemins portugais.
Cette administration elle-même déclare
que les garanties d'intérêts qu'elle a con-
senties aux lignes de son réseau espagnol
sont devenues une charge qu'elle ne peut
plus supporter.
Çe qu'on ne dit pas
Mais ce qu'elle ne dit pas, et ce que pro-
clament tous les journaux portugais, c'est
que son matériel roulant et sa voie elle-e
même sont tombés dans un tel état de dé-
labrement que de nombreux accidents sa
produisent chaque jour.
Faute de fonds, on n'a pu renouveler les
traverses, et la ligne se trouve ainsi dans
l'impossibilité absolue de permettre la cir-
culation à des trains d'un certain ton-
nage.
Ce que ne dit pas la Compagnie,clest que,
ses recettes sont chaque année en nouvelle
diminution, c'est qu'elle ne donnerait plusfc
depuis longtemps, de dividendes et que le
service des obligations serait même com-
promis, si, par un jeu d'écritures, l'admi.
nistration ne faisait pas figurer au compte
de premier établissement les frais d'exploi-
tation et d'entretien journalier.
Ce que ne dit pas la Compagnie, enfin
c'est que le gouvernement portugais lui a
emprunté près de trois millions qu'il ne
peut pas lui rendre, et qu'aux termes des:
statuts il est en droit de faire verser dans
les caisses du Trésor toutes les disponibi-
lités de la Compagnie.
Or, dans l'état actuel de désarroi des fi-
nances du Portugal, un emploi de fonds
pareil est loin de présenter des garan-
ties sérieuses, pour ne point dire qu'il n'en
présente aucune.
Rien de changé
On ose parler de l'amélioration que prd-
curera aux obligataires et aux actionnai-
res la cession du réseau espagnol, alora
quç l'on ne dissimule pas qUQ cette cession
CINQ Centimes- Paris et Départements — CllfQ Centimes
DIMANCHE 7 DÉCEMBRE 1899
LE -
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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A. - EDOUARD PORTALIS
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M. PARNELL
Afin de parler convenablement de
M. Parnell et de la situation qui lui
est faite par sa récente condamnation
pour adultère, il faudrait que les écri-
vains français pussent se dégager en-
tièrement de leurs propres idées. Il
faut éviter aussi de se placer au point
de vue anglais. Celui-ci n'est pas
moins faux que le nôtre. La lutte est
vive entre l'Angleterre qui tient à con-
server toute sa prépondérance sur
l'île sœur, et l'Irlande qui travaille
depuis tant d'années à son affran-
chissement. Il n'est donc pas étonnant
que les Anglais tirent parti des fautes
commises par M. Parnell pour annihi-
ler son influence et détruire son au-
torité. Ils espèrent affaiblir ainsi, ou
arrêter, s'il est possible, le mouve-
ment nationaliste de l'Irlande.
Si l'on désire voir claire en cette
affaire, il faut en quelque sorte s'in-
troduire dans la personnalité d'un
Irlandais catholique. Cela n'est pas
aisé; je veux néanmoins le tenter,
parce que c'est la seule manière de
juger une question qui, en France, ne
pourrait même pas être posée.
Depuis plus de quinze ans, M. Par-
nell est le chef incontesté, le leader,
pour parler le langage d'outre-Man-
che, du parti nationaliste irlandais.
Non pas un leader à la façon des nô-
tres, c'est-à-dire un chef de groupe
abandonné dans les trois quarts des
circonstances par ses amis, mais un
chef doué d'une autorité telle que ses
décisions font loi pour son parti, qu'il
désigne ses candidats dans toutes les
élections, qu'il détient une caisse im-
portante destinée non seulement à
subvenir aux frais électoraux et à la
propagande, mais encore à indemni-
ser les députés de leurs voyages et de
leur séjour à Londres. Il doit son ti-
tre et ses pouvoirs à l'élection, et il
détient avec l'autorité le trésor de
guerre alimenté par les souscriptions
de tous les Irlandais d'Europe et
d'Amérique. L'un de ses lieutenants,
M. O'Kelly, disait l'autre jour: «Pour
les Irlandais du monde entier, Parnell
incarne l'âme irlandaise; il est notre
chef absolu et, en quelque sorte, lé-
gendaire. »
Jamais chef de parti n'a usé de ses
pouvoirs avec autant d'énergie et d'ha-
bileté, mais en même temps d'autocra-
tie, que M. Parnell. Cet ancien sports-
man, bel homme et jadis très élégant,
a toutes les allures d'un roi qui se se-
rait fait conspirateur. Si j'en crois
ce qui m'a été affirmé par des per-
sonnes très autorisées, on ne sait ja-
mais où il habite; ses partisans les
plus dévoués ne correspondent avec
lui que par l'intermédiaire de son se-
crétaire, et quand il se rend d'un point
à un autre de Londres, il change deux
ou trois fois de voiture pour dépister
la surveillance. On ne le voit qu'à la
Chambre des communes, où il parle
rarement, avec une grande réserve et
une extrême précision, mais sans
éclat oratoire. Toujours impassible et
absolument maître de lui-même, il a
su, par son inébranlable ténacité,
prendre un tel ascendant sur ses col-
lègues et sur l'Irlande tout entière,que
ses compatriotes l'appellent volontiers
« le roi sans couronne ».
Cette puissance dictatoriale est en-
core doublée d'une grande autorité
parlementaire, due à l'habileté qu'il
déploya quand il s'agit de faire pas-
ser ses compatriotes de l'état insur-
rectionnel à celui d'une opposition
constitutionnelle n'attendant plus que
des lois la liberté réclamée par l'Ir-
lande.
Un pouvoir aussi considérable ne
pouvait manquer de provoquer bien
des jalousies, des envies et des hai-
nes. Il obligeait l'homme qui l'exerce
à mener une vie privée d'autant plus
rigide qu'il ne pouvait pas ignorer le
pharisaïsme féroce de l'Angleterre.
Les exemples ne manquaient pas au-
tour de lui d'hommes d'Etat ayant
succombé sous le poids des erreurs de
la vie privée, et il avait été lui-même
obligé de se défendre auprès de M.
Gladstone des accusations d'adultère
dont il était l'objet.
M. Parnell n'avait pas seulement à
compter sous ce rapport avec la pu-
dibonderie protestante : il devait en-
core redouter la morale sincèrement
rigide des catholiques irlandais, et il
devait la craindre d'autant plus que
lui-même est protestant. On ne sait
pas assez en France combien est pro-
fonde la religion des Irlandais. Lors
du récent mariage de M. W. O'Brien,
les assistants furent frappés de la foi
sincère avec laquelle son collègue et
compatriote Dillon assistait à genoux
aux cérémonies religieuses.
M. Parnell n'ignorait certainement
pas les dangers qui le menaçaient, et
c'est peut-être pour y échapper qu'il
entourait sa vie de tant de mystère.
Aujourd'hui, quel que soit le motif
qui ait inspiré ses dénonciateurs, le
scandale est public. Les Français
sceptiques peuvent sourire aux fre-
daines de M. Parnell. Il n'en va pas
de même en Angleterre et en Irlande.
Les protestants anglais acablent le
pécheur de leur mépris, les catholi-
ques Irlandais rougissent de l'affront
fait à leur chef, et le parti libéral se
sépare bruyamment de lui. Tout cela
devait arriver.
Et maintenant que doit faire M. Par-
nell pour continuer à servir la cause
sacrée à laquelle il a consacré tant
d'années de sa vie ? La réponse à cette
question me paraît découler de tout
ce qui précède. S'il conserve la direc-
tion du parti nationaliste malgré l'op-
position de la majorité de ses collè-
gues et de la presque totalité du cler-
gé irlandais, il compromet peut-être
irrémédiablement le succès des pro-
chaines élections dont l'Irlande atten-
dait sa délivrance, et ramène son pays
à l'état révolutionnaire d'où il l'a fait
lui-même sortir.
Il est pénible pour lui de se voir en-
lever la direction de son parti à la
veille de la victoire, mais ne trouve-
rait-il pas dans cette même victoire la
consolation de son retour à la vie pri-
vée ? Qu'il laisse à l'histoire le soin de
le venger de l'injustice de ses conci-
toyens et de la fatalité qui seule a pu
le terrasser.
J.-L. de Lanessan.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
L'AFFAIRE PARNELL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULmR.
Londres, 5 décembre.
La réunion des députés irlandais a nom-
mé hier une députation chargée de deman-
der à M. Gladstone et aux autres chefs du
parti libéral si, oui ou non, ceux-ci s'engage-
raient, dans leur plan de home rule, à de-
mander que le Parlement spécial de l'Ir-
lande ait dans ses pouvoirs le contrôle de
la police et la législation agraire.
Dans le cas où cette assurance serait
donnée d'une façon non équivoque, M. Par-
nell, rassuré sur le sort de cause irlandaise,
consentirait à se retirer.
La députation a été reçue aujourd'hui
par M. Gladstone, avec lequel se trouvait
seulement M. Arnold Morley, député libé-
ral pour Nottingham.
A la suite de l'entrevue, la délégation a
communiqué à la réunion des députés ir-
landais le vœu émis par ce dernier que
les délégués conférassent avec lui seul.
L'autorisation a été donnée, et la réunion
s'est ajournée à demain pour apprendré le
résultat. -
LA CRISE ÉDILITAIRE A ROME
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 5 décembre. — Les rôles judiciaires
apprennent que, dans la première quinzaine
de décembre, trente-sept palais vont être mis
en vente pour cause de faiilite des construc-
teurs ou des propriétaires.
Ces trente-sept palais doivent être vendus
pour une somme de sept millions.
EXÉCUTION D'UN VIEILLARD
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Grenade, 5 décembre.
Ce matin a eu lieu l'exécution d'un vieil-
lard de soixante-quatorze ans, Miguel Mé-
dina, coupable d'avoir assassiné sa femme.
Dans la chapelle, dans le trajet de la pri-
son à l'échafaud, Medina a fait preuve d'un
calme extraordinaire. Arrivé sur la plate-
forme de l'échafaud, d'une voix forte il
s'est adressé au peuple en protestant de son
innocence. Puis, s'asseyant sur le tabouret
d'exécution, il a demandé au bourreau « de
lui servir une prompte et bonne mort". Il
a été" garrotté » rapidement.
Plus de vingt mille personnes assistaient
à cette exécution, qui est la première à Gre-
nade depuis vingt-sept ans.
Quelques personnes ayant insulté le bour-
reau ont été arrêtées.
M. CRISPI ET LES AVOCATS
DE ROME
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 5 décembre. - C'est aujourd'hui qu'é-
choit le cinquantième anniversaire de l'ins-
cription de M. Crispi sur le rôle des avo-
cats.
Le conseil de l'Ordre a décidé de lui présen-
ter les hommages du Forum romain dans une
adresse rédigée sur parchemin.
CANONS EN CUIVRE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 5 décembre.
Au ministère de la guerre italien on étu-
die sérieusement le projet du remplace-
ment des canons en acier par des canons
en bronze. L'emploi de la poudre sans fu-
mée, amenant une usure prématurée de
l'arme, motiverait cette transformation.
Le gouvernement italien savait que, à la
fonderie de Spandau, on avait commencé
depuis plusieurs mois la fabrication des
pièces de bronze en utilisant pour leur
fonte les anciens canons français. Les nou-
velles pièces ont même été essayées pen-
dant les manœuvres en Allemagne, et les
essais continuent encore dans certains régi-
ments d'artillerie.
Les procédés de fabrication du bronze
ont naturellement été modifiés et permet-
tent maintenant au métal de fournir une
résistance voisine de celle de l'acier. Le
modèle de bronze pèse moins que celui en
acier.
Toutes ces raisons ont déterminé le mi-
nistre italien à présenter un projet qui sera
réalisé dès qu'on pourra se procurer les
fonds nécessaires par des économies dans
le budget de la guerre. ,.<:..;
MB—
LE FROID EN ESPAGNE
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Valladolid, 5 décembre. — Le froid est si in-
tense que ce matin, au moment où on relevait
la garde, une sentinelle du « Polvorin » a été
trouvée morte de froid,
LES IMPOTS NOUVEAUX
VOTE DE L'IMPOT
SUR LES VALEURS MOBILIÈRES
Le budget des recettes à la Chambre.
— M. Jaluzot et les voitures-récla-
mes. — La surtaxe de 1 0/0 sur le
revenu des valeurs mobilières. —
La motion Leydet. - Le vote
final.
On en est enfin aux recettes. La Chambre
a commencé l'examen des ressources bud-
gétaires après avoir adopté, sans débat,
quelques dispositions encore relatives aux
caisses d'épargne, puis celles aussi qui con-
cernent la caisse d'épargne postale, dont le
taux d'intérêt sera de 3 0/0.
Avant d'aborder la discussion des nou-
veaux impôts proposés par M. Ronvier, il
a fallu statuer sur diverses ressources ima-
ginées par plusieurs députés.
Un boulangiste, M. Pontois, a conseillé la
prise par l'Etat, qui se chargerait de les
faire fructifier, des fonds qui sont laissés en
dépôt chez les notaires. « De cette façon,
disait M. Pontois, on aura une quarantaine
de millions qui permettront de boucler le
budget sans impôts nouveaux. » Inutile de
dire que cette bizarre invention a été
promptement écartée.
De son côté M. Leydet, enfourchant son
dada favori, a réclamé la suppression du
monopole que possède l'Etat pour la fabri-
cation des allumettes chimiques, et la li-
berté de fabrication avec un impôt dont la
perception se ferait au moyen de vignettes.
« Ce sera là donner, disait le député d'Aix,
de meilleures allumettes aux consomma-
teurs et, au Trésor, douze millions de plus,
bon an mal an. »
M. Rouvier a déclaré ces prévisions chi-
mériques et a prié la Chambre, qui l'a fait
malgré la très vive insistance de M. Leydet,
de repousser l'amendement. Notons pour-
tant que le ministre des finances a promis
de livrer quelque jour à la consommation
des allumettes merveilleuses, des allumettes
sans phosphore et qui ne prendront que
mieux pour cela. Acceptons-en l'augure et
passons.
Troisième proposition : celle de M. Ar-
mand Desprès qui veut frapper les affiches
murales peintes à raison de 10 francs le mè-
tre carré et les voitures-annonces à raison
de 10 francs le mètre cube, avec faculté de
réduire ces chiffres dans les petites loca-
lités.
M. Jaluzot a, comme on pouvait s'y atten-
dre, combattu cette surtaxe. Ce que c'est
que d'être à la fois député et orfèvre ! Il est
vrai qu'il s'est défendu de parler en cette
dernière qualité et qu'il s'est placé au point
de vue du petit commerce, seul destiné, se-
lon lui, à pâtir de l'impôt sur ce mode de
réclame. Il paraît, à l'en croire, que ce sont
les petits magasins qui seuls possèdent des
voitures-annonces.
C'est égal, M. Jaluzot a tout de même —
il l'avait déjà montré lors d'une discussion
sur les patentes — bien de la sollicitude
pour les petits commerçants !
Il n'empêche que le principe de la propo-
sition Després a été reconnu fort juste, et
que ladite proposition a été renvoyée à la
commission du budget, avec mandat de
rechercher quel est exactement le droit
qu'il convient d'imposer.
Le premier impôt de M. Rouvier
C'est alors qu'on en est arrivé au premier
des impôts nouveaux, à la création des-
quels M. Rouvier rêve de voir son nom at-
taché. Il s'agit de l'impôt sur le revenu des
valeurs mobilières, dont la taxe sera aug-
mentée de 1 0/0, c'est-à-dire portée de 3 à
h 0/0.
Cette surtaxe a tout d'abord été vivement
critiquée par M. Thévenet, qui a surtout
plaidé au nom des porteurs d'obligations
de chemins de fer, lesquels verront par là
leur revenu imposé de 9 0/0, taux vérita-
blement excessif au gré du député du
Rhône.
« Vous allez frapper l'épargne, s'est-il
écrié tout animé d'une sainte ardeur mora-
lisatrice, vous allez frapper l'épargne sans
atteindre la spéculation ! C'est pourtant
celle-ci qu'il faudrait viser. En tous cas,
cet impôt ne vaut rien : offrez-nous-en un
autre ! »
Voilà qui ne faisait pas l'affaire de M. Rou-
vier. Celui-ci tient à ses nouveaux impôts,
nécessaires — il n'a pas manqué de le ré-
péter — pour solder le prix de cette fa-
meuse incorporation qui demeurera la
grande pensée financière de son ministère.
Mais il tient surtout à celui qui doit frapper
les valeurs mobilières. C'est sur lui qu'il
compte en grande partie pour combler le
trou de 53 millions ouvert jusqu'à ces jours
derniers dans son budget, mais qui est déjà
un peu moins profond aujourd'hui, grâce
aux conversions récemment votées, et mal-
gré le ministre, du reste.
Empruntons à M. Rouvier les explications
qui suivent et qui fixeront nos lecteurs
sur la situation actuelle du budget :
M. le ministre. — Le projet du gouverne-
ment qui demandait des ressources impor-
tantes à la surélévation des droits sur l'alcool
a été remanié par la commission, qui vous a
proposé, pour réaliser les 53 millions néces-
saires, les quatre dispositions suivantes :
Elle demaude 16,500,000 francs à l'augmenta-
tion de 1 0/0 sur l'impôt des valeurs mobiliè-
res; 12 millions aux spécialités pharmaceu-
tiques ; 8,700,000 francs au remaniement de la
taxe sur les pétroles, et 16,500,000 francs aux
alcools, dont elle relève la taxe de 11 francs.
C'était un total de 53,700,000 francs.
Mais, depuis, vous avez voté la conversion
des obligations trentenaires et des bons de
liquidation, qui permettra de réduire le chif-
fre des ressources à trouver, car elle donne
une ressource de 15 millions. Il reste en chif-
fre s ronds 37 millions à chercher.
L'œuvre est donc presque à moitié faite. Le
gouvernement vous demande de l'achever.Vous
avez des propositions de ressources qui attei-
gnent 5ii millions, vous n'en avez besoin que de
37 ou 38, vous avez donc la liberté du choix.
Ces ressources peuvent même s'augmenter du
fait de diverses propositions de taxes qui vous
sont soumises.
Je vous demande seulement de nous fournir
les moyens d'accomplir notre œuvre. Ces
moyens, le gouvernement les demande plus
spécialement à deux des éléments de res-
sources qui vous sont proposés.
Le premier, c'est le relèvement de 1 0/0 sur
la taxe des valeurs mobilières ; le second, c'est
le relèvement de la taxe sur l'alcool. Tout ce
que vous voterez en dehors viendra naturelle-
ment en déduction du produit de ce dernier
relèvement, de même que nous lui demande-
rions la compensation de tout ce que vous
nous refuseriez.
On voit, par ce qui précède, que les pro-
duits pharmaceutiques et les pétroles pour-
ront vraisemblablement l'échapper.
Trop d'argent
C'est qu'es effet, après avoir longtemos
cherché tout d'abord où prendre les res-
sources qu'il lui fallait, voici que le mi-
nistre des finances donne à entendre qu'il
a, à présent, trop de ces ressources, qu'il n'en
sait plus que faire. Ce que c'est pourtant
que d'être né près de la Cannebière ! En
tout état de cause, M. Rouvier a eu tort de
prendre ainsi un petit air avantageux, car
si la Chambre a voté dés opérations qui lui
laissent un peu dé marge et qui permet-
tront peut-être de demander un peu moins
aux contribuables, ç'a été bien malgré le
ministre.
D'ailleurs M. Rouvier n'était pas au bout
de ses surprises. Un peu après, il eût pu
s'écrier, à la façon du personnage légen-
daire de la féerie : « Encore une ressource
dans mon assiette ! » Cette ressource, en
effet, a été conseillée à la Chambre, puis
bientôt adoptée par elle — toujours malgré
le ministre des finances qui, toujours éga-
lement, a été, après le vote, le premier à se
réjouir d'une aussi bonne aubaine. Décidé-
ment M. Rouvier est un ministre gai !
Voici comment les choses se sont pas-
sées : Après une petite manifestation de M.
Camille Dreyfus en faveur de l'impôt sur le
revenu, après une assez vive sortie de M.
Peytral contre les nouveaux impôts, y com-
pris celui sur les produits pharmaceuti-
ques (on sait que M. Peytral a été pharma-
cien), après tout cela et quelques autres
menues choses encore, M. Leydet a saisi la
Chambre d'une motion ainsi conçue :
JLa .Chambre invite le gouvernement à
faire état des recettes de l'exercice 1889,
conformément à la règle de la pénultième
année. »
Vous ne voyez peut-être pas bien com-
ment de cette formule assez rébarbative
peut naître un supplément de ressources.
Eh bien! ésoutez M. Leydet qui, s'inspirant
un peu de certaines considérations analo-
gues précédemment développées par M. de
Soubeyran, va l'expliquer brièvement :
M. Leydet. — M. le ministre des finances
disait, il y a quelques instants, qu'il suffisait
d'obtenir 35 millions d'impôts nouveaux, et je
lui ai demandé, de ma place, pourquoi la com-
mission du budget et le gouvernement n'a-
vaient pas appliqué le principe de la pénul-
tième année, c'est-à-dire fait état des recettes
de l'année 1889.
Ces recettes sont supérieures aux proposi-
tions de la commission du budget. Pourquoi?
Parce que, dit on, il a fallu défalquer certaines
recettes exceptionnelles provenant de l'Expo-
sition et des élections.
Sans doute, cette méthode se comprenait au
moment où le budget a été déposé, car on
pouvait ignorer alors si les recettes de 1890
atteindraient ou dépasseraient celles de 1889;
mais aujourd'hui, après dix mois, on peut
constater un excédent de plus de 53 millions
au profit de 1890. Pourquoi, dès lors, persister
à ne pas faire état des recettes de l'année
1889?
Je prie la Chambre de remarquer qu'il ne
s'agit pas ici de majorations: nous demandons
simplement qu'on fasse état exactement des
recettes de la pénultième année. (Applaudisse-
ments à gauche.)
Çes bienheureux excédents des recettes
réalisés sur les recettes prévues, la Cham-
bre ne pouvait pas les mal accueillir. M.
Rouvier a eu beau invoquer, et en cela il
n'avait peut-être pas tort, la nécessité de
ménager quelques disponibilités ultérieu-
res — ou, si vous préférez, de garder une
poire pour la soif, poire dont on ne peut
d'ailleurs pas trop supputer la grosseur à
l'heure qu'il est — M. Burdeau a eu beau
dénoncer la violation qu'on s'apprêtait à
commettre des règles les plus sûres de la
comptabilité publique, la motion Leydet,
appuyée par M. Camille Pelletan, a été vo-
tée par 3.45 voix contre 210.
La surtaxe adoptée
C'est ici que la scène devient d'un haut
comique.
M. le président. — En conséquence de ce
vote, il y a lieu de renvoyer à la commission,
et je pense que la Chambre veut arrêter là la
discussion. (Mouvements divers.)
M. Burdeau, rapporteur général. — Pour
ne pas retarder les travaux de la Chambre,
la commission pourrait donner immédiate-
ment le chiffre qui doit être ajouté aux re-
cettes et la disposition par articles. Elle est
ici, nous avons préparé ce travail d'avance.
(Rires. — Exclamations sur divers bancs. —
Bruit.)
Bonne commission, va! comme elle est
prévoyante et accommodante aussi !
Quant à M. Rouvier, il a encore mieux
pris la chose.
— C'est lâ millions de ressources supplé-
mentaires que nous donne M. Leydet, a-t-il
dit. Parfait ! Je vous ai dit tout à l'heure
qu'il nous restait à trouver 38 millions. Qui
de 38 ôle 12, reste 36. Eh bien ! accordez-
moi maintenant les 17 millons environ
que produira la surtaxe de 1 0/0 sur les va-
leurs mobilières. Comme cela, nous ne se-
rons plus loin de compte.
Et 291 voix contre 2A8 lui ont accordé en
effet cette surtaxe, créant ainsi tout au
moins un nouvel impôt. M. Rouvier se
frottait les mains avec énergie et il était
temps qu'on levât la séance, car il allait
monter au Capitole, oubliant qu'il avait
bien failli en être précipité, et il n'y a pas
longtemps !
RECEVEUR MUNICIPAL ARRÊTÉ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nevers, 5 décembre. — Le receveur munici-
pal Léger, en fonctions depuis onze ans, con-
vaincu de détournements s'élevant à prés de
70,OCO francs, a été arrêté hier et transféré à
la maison d'arrêt.
M. DE BISMARCK FRAUDEUR DU FISC
(DE NOTRE CORRESPONDANT PART'CULIKR)
Berlin, 5 décembre.
Depuis qu'il a été révélé que M. Lucius,
le ministre démissionnaire de l'agriculture
en Prusse, avait été dispensé d'une façon
quelconque de payer les droits de 3 0/0 sur
la valeur de sa terre de Ballhausen, con-
stituée en majorat lorsqu'il fut anobli par
Frédéric III, une vive campagne a été me-
née par la presse progressiste, la presse so-
cialiste, et même quelques journaux natio-
naux-libéraux, contre cette fraude ou cet
abus, et cette affaire devait être portée au
Reichstag par voie d'interpellation.
L'empereur a demandé un rapport spécial
sur cette affaire. Le majorat de M. Lucius
de Ballhausen étant d'une valeur de 8 mil-
lions de marcs, les droits dont le fisc a été
fraudé s'élèvent à 2A0,000 marcs (300,000
francs).
A l'occasion de cette affaire, M. de Bis-
marck a été pris à partie. On l'accuse, et il
n'a répondu ni directement ni indirecte-
ment, de s'être également dispensé ou fait
dispenser de payer les droits d'enregistre-
ment sur les divers majorats qu'il a consti-
tués à Friedrichsruhe, à Varzin, à Schœn-
liauscn, droits dont le total atteindrait un
million de francs. Il en sera question un
de ces iours au Reichstag.
CHRONIQUE
C'était l'année dernière, à l'Académie des
sciences. Il s'agissait d'un prix à donner.
Un ingénieur français des plus éminènts
était sur les rangs. Cet ingénieur est celui
qui à doté notre pays de la poudre sans
fumée. Le procédé avait été tenu secret,
et la raison en est simple : il serait
absurde à une nation de révéler aux au-
tres les moyens nouveaux d'attaque ou
de défense qu'elle a découverts et qu'elle
emploie. Il paraît que M. Joseph Ber-
trand, le secrétaire perpétuel de l'Acadé-
mie des sciences, s'éleva avec force contre
l'attribution d'un prix quelconque à un
procédé secret.
— Une préparation qui est tenue ca-
chée, dit-il, même quand c'est une pou-
dre de guerre, n'est pas un fait d'ordre
scientifique.
M. Charles Richet, qui, dans la Revue
scientifique, rapporte cette anecdote, rap-
proche le mot échappé à M. Joseph Ber-
trand de ce qui se passe aujourd'hui en
Allemagne, où le docteur Koch refuse
absolument de livrer le secret de sa lym-
phe mystérieuse.
C'est la première fois qu'un savant
donne ce fâcheux exemple. Jusqu'à cejour,
lorsqu'un homme de science, à quelque
nation qu'il appartînt, avait trouvé quel-
que fait d'importance médiocre ou
grande, il s'empressait de communiquer
le résultat de ses travaux. Il gardait pour
lui l'honneur de la découverte ; peut-être
même en tirait-il, s'il y avait lieu, quel-
que bénéfice pécuniaire, mais il ne ca-
chait pas les moyens à l'aide desquels il
était arrivé à son but.
« Quand l'immortel Jenner, dit M. Char-
les Richet, a trouvé la vaccine, il n'a pas
battu monnaie avec le cowpox, cette lym-
phe merveilleuse qui empêche la plus
hideuse des maladies de sévir sur les
hommes. Il a dit comment et où il l'obte-
nait, et il s'est contenté d'être un des
bienfaiteurs de l'humanité, estimant son
ambition satisfaite.
» Quand M. Pasteur a trouvé la vacci-
nation charbonneuse,il a indiqué avec une
précision minutieuse et dans les moin-
dres détails comment il préparait ce vac-
cin, et s'il faisait payer quelques centi-
mes la préparation obtenue, c'était à peu
près le prix du verre qu'on fournissait,
le laboratoire de l'Ecole normale n'étant
pas assez riche pour distribuer des fla-
cons dans l'univers entier. D'ailleurs,
rien n'était tenu secret, et chacun, à ses
risques et périls, avait le droit de prépa-
rer le même vaccin.»
M. Charles Richet dit que M. Pasteur
n'a de même fait aucun mystère du pro-
cédé qu'il mettait en œuvre pour guérir
la rage. L'illustre savant français a libre-
ment communiqué ses secrets de fabri-
cation, et il s'est fondé à Saint-Péters-
bourg, à Odessa, à Madrid, des établisse-
ments scientifiques où maintenant on
emploie ses moyens de vaccination.
M. Charles Richet ajoute que, même
quand il s'est agi de médicaments chimi-
ques, les procédés de préparation n'ont
pas été tenus secrets. Pelletier et Caven-
ton n'ont pas dissimulé les procédés à
l'aide desquels ils obtenaient le quinine
pur. C'eût été cependant une bien belle
occasion de retirer de leur découverte un
bénéfice assez légitime. -Mais, dit-il d'un
ton ironique, ils étaient des naïfs; ils ont
fait connaître leur mode de préparation,
si bien qu'actuellement les pharmaciens
allemands eux-mêmes peuvent, sans ef-
fort, en se servant des moyens que Pelle-
tier et Caventon leur ont enseignés, pré-
parer industriellement du sulfate de qui-
nine tout à fait pur.
C'étaient là les vieilles mœurs scienti-
fiques,auxquelles nous sommes demeurés
fidèles en France. Le docteur Koch est un
docteur fin de siècle, ou plutôt c'est un
docteur allemand. La seule raison qu'il
ait alléguée pour garder le silence, c'est
que sa méthode n'était pas complète et
que si elle était, dans l'état embryonnaire
où elle se trouve, pratiquée par des mains
maladroites, elle pourrait être extrême-
ment dangereuse.
Mais,à ce compte, jamais on ne lèverait
le voile d'une découverte scientifique,
car elle n'est jamais complète. Il va sans
dire que les résultats obtenus mènent à
d'autres résultats et que le progrès en
cette voie ne s'arrête jamais. Quand M.
Pasteur livra ses procédés de vaccin con-
tre la rage, il y avait encore beaucoup
d'obscurités et d'aléas dans la pratique
qu'on en pouvait faire. Mais il ju-
gea qu'il valait mieux que tous les
savants qu'intéressait la chose s'y missent
chacun de son côté et poursuivissent pour
leur propre compte les expériences com-
mencées. M. Koch ne peut pas avoir la
prétention d'être le seul qui, une fois en-
gagé sur la voie ouverte par lui, puisse y
pousser sans accident jusqu'au bout. Il
doit bien admettre qu'il y a de par le
monde, à Paris, à Londres, à New-York,
à Rome, à Moscou, à Vienne et à Munich,
des chimistes et des bactériologistes ca-
pables de répéter une expérience qu'on
leur indique par le menu, capables même
d'en faire le point de départ d'une décou-
verte nouvelle.
Le droit de priorité à la gloire n'en
resterait pas moins au docteur Koch.
C'est ainsi que toute l'histoire de l'élec-
tricité débute toujours par le nom de
Galvani. Mais comprenez-vous Galvani
ne voulant livrer au monde savant les
faits extraordinaires dont il avait été le
témoin que lorsque la science dont ils
ouvraient la perspective aurait été épui-
sée par lui? Vous imaginez-vous Da-
guerre et Niepce vendant les premières
épreuves de leurs photographies sans
vouloir révéler le principe de leur décou-
verte, sous prétexte que cette découverte
était encore dans l'enfance et qu'ils se
réservaient d'en pousser les résultats
L plus avant?
C'est ce que fait le docteur Koch. Il nt
veut point de cette collaboration qu
tous les savants de l'univers apportent a
un inventeur qui découvre une idée nou-
velle. Il tient à l'exploiter lui-même.
Et si par hasard le docteur Koch ve-
nait à être frappéd'un coup subit et mou-
rait avant d'avoir pu communiquer ses
procédés au monde savant ? Car enfin tout
est possible. Son secret mourrait dono
avec lui. Car on nous assure qu'aucun de
ceux qui travaillent, avec lui, à la fabri-
cation de cette précieuse lymphe n'en con-
naît ni tous les éléments, ni le dosage, ni
le tour de main. Le docteur a jalousement
gardé la recette pour lui tout seul.
Supposons encore qu'il ait approché
de la découverte réelle, qui est à faire,
et qu'il ne l'ait pas faite ; sait-on si le*
indications qu'il donnerait ne permet-
traient pas à quelque autre savant de
faire cette découverte, celle-là irrépro-
chable, qui arracherait à la souffrance e
à la mort des milliers d'êtres humains? ,
Avouez que cette obstination au silence
est assez peu chevaleresque, et nous pou-
vons bien le dire, sans vanité : elle n'est
pas française. Elle répugne à nos idées
sur le libéralisme de la science.
Tout ce qu'on a pu dire de mieux en fa.-&
veur du docteur allemand, c'est qu'il a eu
la main forcée. L'empereur lui a imposé la
silence, l'empereur a voulu garder poun
l'Allemagne le monopole de cette décou-
verte. Je doute qu'au temps même oùs
nous avions, nous aussi, un empereur;
M. Pasteur eût cédé à une injonction de
cette sorte. Je suis sûr, au moins, que
Napoléon n'eût jamais osé la faire : il eût;
craint de révolter la conscience publiqu
et de tomber sous le ridicule.
Le docteur Koch s'est rendu. Mais, qu'il
y prenne garde. Toutes les attentions1,
toutes les curiosités des savants des deux
mondes sont en ce moment tournées vers
la maladie qui a fait l'objet de ses recher-
ches et qu'il a puissamment contribué à
mettre à la mode. Il pourrait bien se faire
qu'un chimiste ou qu'un bactériologiste,
plus heureux que les autres, retrouvât paE
induction le fameux secret, et, comme ce
serait son droit, le publiât sous son nom.
Tout le bénéfice de la priorité scientifique
de la découverte serait perdu pour le
mystérieux docteur; il ne lui resterait
plus que l'Aigle-Noir, l'estime de son sou-
verain et le regret d'une action peu hono-
rable.
Francisque Sarcey.
MASSACRE EN CHINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 5 décembre. — On mande de Shang-
haï que des chrétiens auraient été massacréâ
dans la province de Szechnen.
Ces massacres auraient eu lieu pendant une
fête bouddhiste. Le nombre des victimes dé-
passerait vingt. Les cadavres auraient été je-
tés dans le Yang-Tse-Iviang.
LES CHEMINS PORTUGAIS
Une affaire du Crédit lyonnais. — La
liquidation commence. — Les diffi-
cultés subsistent.
On a pu lire ces jours derniers, dans les
journaux qui prennent leurs inspirations
au Crédit lyonnais, une note annonçant que
l'administration des Chemins portugais,
sentant que les charges qu'elle a assumées
pour l'exploitation de son réseau en Espa-
gne paralysent un peu son action, s'est ré-
solue, moyennant sacrifices, à faire quel-
ques rétrocessions qui lui procureraient
encore des économies.
Elle céderait la ligne de Madrid-Caceres
au Saragosse et l'Ouest de l'Espagne ait
Crédit mobilier français.
La note s'étend complaiseinment ensuite
sur les avantages que les obligations des
Chemins portugais retireraient de cette
combinaison et sur le profit qui en revien-
drait aux actionnaires.
Et pour bien appuyer cette nouvelle, on
a fait remonter en Bourse les actions des
Chemins portugais de U8Q à 535, à l'aide
d'une habile manœuvre.
Mais c'est le cas de demander : Qui troin"
pe-t-on ici ?
Qui l'on trompe ? Ce n'est pas difficile à
deviner : ce sont les capitalistes français,
auxquels on se prépare à faire, si possible
une nouvelle saignée.
La note que nous venons de citer recon-
naît complètement la justice des critiques
que nous avons adressées jadis à l'adminis-
tration des Chemins portugais.
Cette administration elle-même déclare
que les garanties d'intérêts qu'elle a con-
senties aux lignes de son réseau espagnol
sont devenues une charge qu'elle ne peut
plus supporter.
Çe qu'on ne dit pas
Mais ce qu'elle ne dit pas, et ce que pro-
clament tous les journaux portugais, c'est
que son matériel roulant et sa voie elle-e
même sont tombés dans un tel état de dé-
labrement que de nombreux accidents sa
produisent chaque jour.
Faute de fonds, on n'a pu renouveler les
traverses, et la ligne se trouve ainsi dans
l'impossibilité absolue de permettre la cir-
culation à des trains d'un certain ton-
nage.
Ce que ne dit pas la Compagnie,clest que,
ses recettes sont chaque année en nouvelle
diminution, c'est qu'elle ne donnerait plusfc
depuis longtemps, de dividendes et que le
service des obligations serait même com-
promis, si, par un jeu d'écritures, l'admi.
nistration ne faisait pas figurer au compte
de premier établissement les frais d'exploi-
tation et d'entretien journalier.
Ce que ne dit pas la Compagnie, enfin
c'est que le gouvernement portugais lui a
emprunté près de trois millions qu'il ne
peut pas lui rendre, et qu'aux termes des:
statuts il est en droit de faire verser dans
les caisses du Trésor toutes les disponibi-
lités de la Compagnie.
Or, dans l'état actuel de désarroi des fi-
nances du Portugal, un emploi de fonds
pareil est loin de présenter des garan-
ties sérieuses, pour ne point dire qu'il n'en
présente aucune.
Rien de changé
On ose parler de l'amélioration que prd-
curera aux obligataires et aux actionnai-
res la cession du réseau espagnol, alora
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