Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-12-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 décembre 1890 03 décembre 1890
Description : 1890/12/03 (A19,N6897). 1890/12/03 (A19,N6897).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
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Sur leur demande, tous nos nou-
veaux abonnés et lecteurs recevront
ce qui a paru de nos romans dont
nous venons de commencer la publi-
cation: JUSTICE, par Hector Malot,
et LE CAPITAINE LAROCHE, par
Alphonse Dumont.
L'ÉLECTION
DE QJGMNCOURT
Après le premier tour de scrutin
dans le dix-huitième arrondissement,
nous établissions par des chiffres in-
discutables que, même dans l'hypo-
thèse la plus favorable au général
Boulanger, la moitié de ceux qui
avaient voté pour lui aux élections
générales l'avaient abandonné et que,
par conséquent, les journaux qui dé-
fendent encore le boulangisme ne
pouvaient, sans une supercherie ex-
ceptionnellement grossière, revendi-
quer les abstentionnistes de la veille
comme leurs partisans.
Cette supercherie a cependant été
commise et même elle a été répétée di-
manche. Les journaux boulangistes ont
inscrit en caractères énormes le chiffre
de 10,725 abstentions, et, en addition-
nant ce nombre avec celui des voix
qui se sont portées sur M. Lunel et
M. Daumas, ils prétendent établir que
le programme du « parti national » a
obtenu dimanche 11,635 voix. Six
cents voix — à leur calcul — gagnées
en quinze jours, 3,320 en quatorze
mois, c'est un bel exemple de fécon-
dité et l'on n'aurait jamais supposé,
si ces journaux désintéressés dans la
question ne nous l'affirmaient, que le
boulangisme fût si prospère et si pro-
lifique.
Même malgré leur affirmation, no-
tre incrédulité subsiste. Nous voyons
bien que le nombre des abstentions a
un peu grossi d'un tour de scrutin à
l'autre. Mais le phénomène nous est
connu. Il se reproduit régulièrement
à toutes les élections, et nous serions
tout disposés à l'interpréter cette fois
contre le boulangisme. Il nous paraît
très vraisemblable qu'un certain nom-
bre d'électeurs n'ont pas voulu, au
premier tour, demeurer dans une ab-
stention qu'un parti politique consi-
dérait comme une adhésion à son
r< programme ». Ils ont voté unique-
ment pour bien établir qu'ils n'étaient
pas avec ce parti. Puis, cette protes-
tation matérielle une fois faite, ils ont
jugé inutile de la renouveler. Ils
avaient voté avec la certitude que le
premier tour de scrutin ne donnerait
pas de résultat; peu leur importait,
par conséquent, d'inscrire un nom ou
un autre sur leur bulletin. Avant-
hier, le scrutin devait donner un ré-
sultat. Ne se souciant pas de contri-
buer au succès d'un des candidats sé-
rieux dont aucun ne représentait peut-
être exactement leurs idées, ils se sont
désintéressés de la lutte.
Quant au gain effectif et indiscuta-
ble des boulangistes, il est assez mo-
deste. Au premier tour de scrutin, un
dissident, M. Lunel, avait posé sa
candidature, désavouée comme une
sorte d'acte de félonie par les organes
du parti, et il avait réuni 7ro voix.
Dimanche dernier, il y avait,parmi les
candidatures nouvelles qui avaient
surgi entre les deux tours, celle de M.
Daumas, soutenue par la Presse, la-
quelle ne paraissait plus absolument
convaincue de la signification de l'abs-
tention. M. Daumas a eu 588 voix,
mais M. Lunel n'en a plus eu que 303.
Ils en ont donc eu ensemble 890, ce
qui donne un gain de 120 voix au
parti républicain national ».
Malgré l'étalage qu'ils font du
chiffre des abstentions, malgré lestor- j
tures auxquelles ils soumettent l'arith-
métique, les derniers survivants du
boulangisme ne peuvent se faire à
eux-mêmes aucune illusion; ils ne
peuvent se refuser à l'évidence. La
meilleure preuve qu'ils sentent eux-
mêmes la partie perdue d'avance,
c'est qu'ils n'ont même pas engagé la
lutte, que Y Intransigeant a désavoué
la Presse qui avait, à la dernière
heure patronné la candidature de M.
Daumas. Si une chance de succès avait
apparu, le général Boulanger,qui jadis
écrivait aux électeurs de la Charente-
Inférieure : « Voter pour M. Déroulède
c'est voter pour moi », ne se fût pas fait
faute de présenter à Clignancourt un
candidat et de donner ainsi une forme
concrète à la vieille protestation
contre la proclamation de M. Joffrin
comme député.
Les boulangistes ont beau jeu à
railler le faible nombre des voix ob-
tenues par M. Lavy. Ils n'ont pas
voulu engager le combat. Hors de Cli-
gnancourt, l'élection n'a guère préoc-
cupé l'opinion publique. A Clignan-
court même, on ne s'est que faible-
ment passionné, le mandat législatif
étant plutôt disputé entre des hom-
- qu'entre des progranuiies bien
différents. Tout cela n'était pas fait
pour attirer les électeurs en masse au
scrutin, et l'on ne saurait s'étonner
que beaucoup soient restés indiffé-
rents. Mais si les boulangistes sont si
convaincus que les abstentionnistes
de Clignancourt sont avec eux, et s4ils
croient réellement aux. gains rapides
dont ils cherchent à nous éblouir, ils
ont un moyen bien simple de nous
contraindre à reconnaître leur erreur.
Ils n'ont pas voulu déposséder le gé-
néral Boulanger du siège que des
usurpateurs seuls lui ont ravi. A mer-
veille ! Mais il y a parmi eux plusieurs
députés de Paris. Qu'ils donnent leur
démission, comme certains de leurs
comités les ont, à diverses reprises et
vainement, sommés de le faire et qu'ils
se représentent. Cette fois,ils ne pour-
ront invoquer ni déférence pour leur
chef ni respect pour le verdict du
suffrage universel. La situation sera
entière et nous verrons quel sera le
résultat. Le procédé est facile à ap-
pliquer. Gageons qu'aucun ne se sou-
ciera d'en user.
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Le XIX" SIÈCLE publiera demain la
« Vie de Paris », par Henry Fouquièr.
EST-CE UN CANARD?
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 1er décembre.
Le Fanfulla publie une dépêche de Paris
annonçant que des malversations ont été
commises au ministère de la marine. Le
coupable serait un haut fonctionnaire du
ministère.
[Cette dépêche, sur laquelle nous faisons
toutes nos réserves, nous est parvenue tropr
tard pour que nous puissions savoir si nous
ne nous trouvons pas en présence d'un af-
freux canard italien.]
UNE NOUVELLE CHARTREUSE
(M NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nancy, 1er décembre.
Plusieurs religieux lorrains de la Char-
treuse de Bressonville, près de Nancy,
viennent de quitter leur monastère pour
se rendre à Haim, près Dusseldorf,en Alle-
magne.
Ils ont pour mission de relever une an-
tique Chartreuse en ruines qui se trouve
dans cette localité et qui date du onzième
siècle.
Les fonds pour entreprendre cette re-
construction sont fournis par la Char-
treuse française, qui se propose de fonder
là-bas une nouvelle colonie religieuse.
Le gouvernement allemand a accordé
l'autorisation sollicitée par les Char-
treux.
treux.
LES RÉFORMES AU BRÉSIL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTJCULIBR)
Rio-de-Janeiro, 1er décembre.
Les membres du gouvernement provi-
soire, dont les pouvoirs dictatoriaux
touchent à leur fin, ont mis à profit lesder-
nières semaines de leur règne absolu pour
édicter une foule de réformes de valeur di-
verse.
Un décret du gouvernement réglemente
l'évolution politique des anciennes pro-
vinces, devenues des Etats fédérés, et qui
sont, jusqu'à présent, gouvernées dictato-
rialement par les délégués du pouvoir cen-
tral. Les Assemblées provinciales seront
élues de la même manière et par les mê-
mes électeurs que le Congrès central, et au
scrutin de liste, qui annule l'opposition des
minorités. Leurs fonctions d'assemblées
constituantes seront limitées à voter sur le
projet de constitution qui leur sera pré-
senté par leurs gouvernants actuels, et à
élire le gouverneur et le sous-gouverneur
de l'Etat. Elles devront se réunir avant le
mois d'avril prochain, de façon à ce que le
Congrès national,qui commencera sa session
régulière en mai, se trouve en présence
d'Etats régulièrement constitués.
Le Congrès national, dans sa première
session qui va s'ouvrir, se bornera au vote
de la constitution fédérale qui lui sera pré-
sentée et à l'élection du président et du
vice-président de la République.
Parmi les décrets rendus dans les diffé-
rents départements ministériels, on signale
les réformes suivantes : le ministre de la
justice a aboli les galères et la peine de la
chaîne, auxquelles il substitue la prison
avec travail forcé; il abolit également les
peines perpétuelles et limite le maximum de
la prison à trente ans. Il a promulgué un
nouveau code pénal, une loi sur les failli-
tes, une loi sur l'enregistrement des mai-
sons de commerce, et une ;loi sur l'organi-
sation des tribunaux fédéraux, élaborées
par une commission nommée par lui.
Le ministre des finances adécrété le paie-
ment en or de l'intégralité des droits de
douane (jusqu'à présent l'or n'avait été
exigé que pour 20 0/0 du montant des
droits); ce décret est entré en vigueur au
15 novembre. Un nouveau tarif augmente
les droits sur toute une série d'articles.
Un autre décret-loi impose aux fonda-
teurs de sociétés par actions, qui, jusqu'à
présent, devaient être libérées de 10 0/0,
l'obligation du versement de 30 0/0 du ca-
pital nominal des actions pour que la so-
ciété puisse être constituée, et de hO 0/0
pour que les actions puissent être négo-
ciées en Bourse.
DOCUMENTS SUR LA LORRAINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Metz, 1er décembre.
Le directeur des archives de notre ville
vient d'acheter en Angleterre , pour le
compte du gouvernement allemand, une
collection de manuscrits et de documents
très importants datant du douzième et du
seizième siècle et se rapportant à l'histoire
de la Lorraine. Parmi les pièces nouvelle-
ment acquises se trouvent plusieurs bulles
de's papes Grégoire IX, Alexandre IX, Boni-
face VIII et Jean XIII.
D'un autre côté, le gouvernement alle-
mand a cherché en vain à se rendre pro-
priétaire de documents très importants se
rattachant à l'histoire de la Lorraine, qui
sont la possession du gouvernement fran-
çais et sont conservés à la Bibliothèquena-
tionale., ..:.. ; *. i ..,' - - :..,
BUDGET DES FINANCES
NOUVEAUX ÉCHBCS A M. ROVVŒR
La question de l'amortissement.—Con-
versions - ofii impôts nouvea 1"
Les amendements Soubeyran et
, Pelletan. — Les pensions de
retraite.
- La Chambre a continué hier l'examen du
budget du ministère des finances. De ce
budget, elle en a voté la moitié environ, —
sous réserve toutefois de quelques chapitres
dont l'établissement définitif est subor-
donné à la solution de diverses grosses
questions financières encore pendantes à
l'heure qu'il est.
Ces chapitres ainsi mis de côté ne sont
pas les moins importants, comme bien on
pense. Il en est quelques-uns qui ne passe-
ront pas sans donner à M. Rouvier une as-
sez forte tablature.
En attendant, dressons le bilan de la
séance d'hier : On a d'abord entendu un
discours de M. Léon Say en faveur de la
création,dans le budget,d'un fonds d'amor-
tissement un peu sérieux. M. Say propo-
sait d'ouvrir un chapitre à cet effet et d'y
inscrire, comme entrée de jeu, un crédit
un peu supérieur à vingt-sept millions.
Ç'a été-, d'ailleurs, une manifestation
toute platonique de la part du député du
centre-gauche ; car, après avoir assez lon-
guement exposé pourquoi un budget qui se
respecte doit être pourvu d'un amortisse-
ment convenable, - ce qui est aussi judi-
cieux que peu nouveau, — M. Say a retiré
son amendement afin de pouvoir le repré-
senter dans une meilleure occasion.
— Vingt-sept millions pour l'amortisse-
ment? lui avait auparavant répondu M.
Rouvier. Mais je les accepterais certes de
grand cœur! Seulement, il faudrait aug-
menter d'une somme à peu près égale les
impôts nouveaux qui sont à créer. Et j'au-
rai déjà bien assez de peine à obtenir de la
Chambre les nouvelles taxes que je me pro-
pose de lui demander !
- Cette dernière constatation est assuré-
ment mélancolique, mais elle prouve aussi
la clairvoyance du ministre des finances.
La Chambre, en effet, lui a montré tout
aussitôt, et par deux votes successifs, qu'il
lui répugne singulièrement d'augmenter
encore les charges qui pèsent sur les con-
tribuables et qu'elle ne s'y résignerait que
s'il n'y avait absolument plus aucun moyen
de faire autrement.
Or, ce moyen d'éviter les impôts, on le
lui a précisément suggéré et elle l'a accepté
bien vite, sans rien vouloir entendre des
protestations du ministre et de la commis-
sion.
Pas d'impôts
Le moyen en question ? M. Pelletan l'a-
vait indiqué déjà et M. le baron de Soubey-
ran l'a formulé de nouveau hier, de façon
assez précise :
M. de Soubeyran. — Je crois que ceux qui,
comme moi, pensent qu'il n'y a pas de néces-
sité de voter des impôts nouveaux doivent ac-
cepter la proposition de M. Pelletan, que j'ai
soutenue.
Par la conversion et la réduction de l'inté-
rêt, il est possible de trouver des ressources
qui viendront accroître celle;,, que vous avez
déjà dans le budget, en faisant 65 millions
d'économies et en votant 13 millions d'impôts
nouveaux.
Ce total de 78 millions nous fait espérer
que, pour 1891, vous pourrez boucler votre
budget en incorporant le budget extraordi-
dinaire de la guerre, ramené, bien entendu, à
85 millions.
M. le rapporteur nous a dit, l'autre jour,
qu'au point de vue de la conversion et de la
réduction d'intérêt, il serait bien d'accord
avec nous, s'il n'avait pas la crainte que
des questions contentieuses ne fussent soule-
vées.
Il ne peut pas y avoir de questions conten-
tieuses sur le chapitre 6 ; il ne peut y avoir au-
cun doute sur la possibilité de convertir. C'est
ce qui fait que nous tenons a ce que notre for-
mule soit adoptée, pour que la commission
du budget puisse nous proposer la conversion
des obligations trentenaires. (Très bien ! très
bien! à droite.)
Ces objections contentieuses, le rappor-
teur des finances, M. Raymond Poincaré,
qui les avait déjà indiquées samedi, les a
présentées de nouveau, faisant une fois de
plus applaudir l'extrême precision de sa
parole et la remarquable netteté de ses
argumentations.
Mais M. Pelletan est venu à la rescousse,
et comme M. de Softbeyran avait, à l'appui
de sa thèse, déposé un amendement ten-
dant à une réduction quelconque qui per-
mit à la Chambre de marquer sa volonté
de voir faire la conversion des obligations
trentenaires, cet amendement a été, mal-
gré M. Rouvier, malgré la commission,
pris en considération par 306 voix contre
216.
Pris en considération,venons-nous de dire,
et non pas voté encore au fond.1l faudra, en
effet, que la commission en délibère et que
la Chambre statue de nouveau, définitive-
ment cette fois. Pour ce qui est de la Cham-
bre, il est assez peu probable qu'elle se dé-
juge. L'intéressant sera de voir si la com-
mission et surtout si M. Rouvier capitule-
ront sur ce point.
Que le ministre capitule une fois de plus,
c'est chose bien probable. Que disons-nous?
Il a capitulé déjà.
M. Pelletan a en effet bientôt déposé un
nouvel amendement analogue à celui de
M. de Soubeyran. Il s'agissait de décider
également, par la réduction d'un crédit
quelconque, que la conversion serait faite
aussi pour les bons de liquidation.
On attendait sur ce point l'avis du mi-
nistre.
'— Le gouvernement n'apporte aucune
doctrine, s'est borné à répondre M. Rou-
doctrine, s'abstient de prendre part à cette
vier. Il
discussion.
Et c'est de nouveau M. Poincaré qui a
essayé de remonter le courant qui entraî-
nait la Chambre loin des conceptions finan-
cières du ministre. Vains efforts ! Comme
l'amendement Soubeyran, l'amendement
Pelletan a été pris en considération, et à
une majorité même un peu plus forte : 337
voix contre 19A.
Ainsi le principe des conversions triom-
phe sur toute la ligne. L'intérêt de la chose ?
Eh ! il est fort évident, et M. Pelletan l'a, au
cours du dçbat, indiqué d'un mot : « Il s'a-
git, a-t-il dit, de cesser de faire payer par
les contribuables un intérêt hors de toute
proportion aux capitalistes ! » Qui s'éton-
nerait après cela d apprendre que lesdites
conversions ont rencontré en M. Léon Say
un adversaire aussi ardent que, d'ailleurs,
peu écouté?
Pensions civiles et militaires
'La journée s'est close par le débat annuel
dont fait les irais une question intéressante
entre toutes : celle des pensions de retrai-
te. Un député de la droite, M. Arnous, s'est
plaint de la répartition défectueuse des
pensions civiles.
Quant aux pensions militaires, M. Letel-
r lier avait, par voie d'amendement, réclamé
[que les crédits qui y sont afferents-tussent
augmentes de trois millions, et pluis. Mais
[ le député d'Alger n'a pas insiste en faveur
de son amendement. Tout ce qu'il voulait,
à coup sûr, c'était provoquer de la part de
M. Rouvier les promesses suivantes, dont la
Chambre s'est contentée pour cette année :
H. le ministre. — Il s'agit d'unifier les re-
traites des officiers, des sous-officiers et sol-
dats, des douaniers, des gardes forestiers.
Même en trois étapes la dépense serait d'au
moins 25 millions; elle serait de 28 millions
si on voulait réaliser immédiatement l'unifica-
tion.
Comme le rappelait M. Letellier, il a bien
voulu me présenter les délégués des officiers
et sous-officiers, et je leur ai fait une décla-
ration qui s'adresse à toutes les catégories que
je viens d'énumérer.
J'ai dit à M. Letellier et à ses clients qu'il ne
me paraissait pas possible d'admettre en tota-
lité leur réclamation. Mais j'ai ajouté que le
gouvernement avait le devoir de tenir compte
des manifestations répétées de la volonté
de la Chambre. Deux fois elle a adopté des
amendements dans le sens de cette unifica-
tion.
J'ai déclaré que le gouvernement était dis-
posé à introduire au budget de 1892 une
somme, je ne dirai pas, comme M. Letellier,
considérable, mais suffisante pour des néces-
sités que je comprends comme lui et aux-
quelles le gouvernement tout entier s'est as-
socié.
On a toutefois insisté en ce qui concerne
les douaniers. Un amendement en leur fa-
veur, présenté, puis abandonné par M. Phi-
lipon, a été repris par M. Peytral ; mais 250
voix contre 221 l'ont écarté.
Après quelques mots de M. Montaut sur
les survivants des blessés de 18h8 et la por-
tion un peu trop congrue à laquelle ils
sont réduits, la Chambre a renvoyé à sa
séance d'aujourd'hui la suite du budget du
ministère des finances.
[Au début de la journée on avait invalidé, à
l'unanimité et sans phrases, M. Mary-Raynaud.
Les électeurs de Saint-Flour seront donc pro-
chainement convoqués. Notons aussi qu'un
député boulangiste, M. Gauthier (de Clagny), a
demandé à interpeller sur une interprétation
donnée par M. le préfet du Cantal à la loi du
17 juillet 1889 (loi sur les candidatures) lors de
la dernière élection de Saint-Flour. Cette in-
terpellation viendra après le budget, et aussi
après les autres interpellations déjà inscrites
avant elle.]
LE DÉNOMBREMENT DES ALLEMANDS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PAaTICULlER)
Berlin, 1er décembre.
Aujourd'hui a eu lieu, dans toute l'éten-
due de l'empire, le recensement quinquen-
nal delapopulation.Les bulletins de recense-
ment. ont porté le nom et la désignation de
toutes les personnes qui ont passé en un
lieu quelconque la nuit du 30 novembre au
1er décembre.
LES SCANDALES
DE LA MARINE
Les nominations de M. Barbey
Le conseil d'avancement, héritier de la
plus importante des attributions du con-
seil d'amirauté, vient de se réunir pour la
première fois et, du premier coup, il a
donné sa mesure. Le tableau qu'il a dressé
est digne des anciens. Nous voulons parler
de la liste des capitaines de frégate classés
définitivement pour le grade de capitaine
de vaisseau.
Le conseil a débuté en inscrivant au ta-
bleau le gendre de son président.
M. le commandant Rouvier, gendre de
l'amiral de Varennes, président du conseil
de classement, n'a que quarante-deux ans;
il est capitaine de frégate (lieutenant-colo-
nel) depuis le 23 décembre 1885, soit depuis
cinq ans.
M. Rouvier, qui sera capitaine de vais-
seau à quarante-trois ans, est de la promo-
tion de l'Ecole navale de 166A. Ses cama-
rades de la même promotion sont encore
lièutenants de vaisseau et ne passeront ca-
pitaines de frégate que dans quatre ou cinq
ans au plus.
Un fils d'archevêque
Après avoir acquitté sa dette envers son
président, le conseil s'est trouvé quelque
peu embarrassé par une candidature d'un
caractère trop exclusivement politique, pa-
tronnée par l'amiral Charles Duperré.
Celui-ci entreprit de persuader à ses col-
lègues qu'il serait très habile de mettre
cette année au tableau un officier porteur
d'un nom illustre, d'un nom républicain;
il ajouta que le ministre tenait particuliè-
rement à cette inscription, sur laquelle il
comptait pour amadouer la majorité répu-
blicaine de la Chambre, fort mal disposée
en sa faveur.
Mais un fâcheux ayant fait observer que
cet officier ne possédait, au point de vue
professionnel, aucun titre à la faveur et
que son inscription ferait scandale au moins
parmi les autres officiers, l'affaire n'alla pas
sans de longs tiraillements, et on nous as-
sure qu'il ne fallut rien moins que l'inter-
vention personnelle du ministre pour réu-
nir une majorité sur le nom de M. Jauré-
guiberry.
M. Jauréguiberry est encore plus jeune
que M. Rouvier. Né le 29 avril 1849, il a été
nommé capitaine de frégate à trente-cinq
ans à peine. L'année prochaine, il sera ca-
pitaine de vaisseau : à quarante-deux ans !
Vit-on jamais avancement plus vertigi-
neux ? M. l'amiral Jauréguiberry a rendu à
la patrie de grands services, nul ne le con-
teste ; mais il n'est peut-être pas très logi-
que de le récompenser, après sa mort, dans
la personne de son fils qui, lui, n'a encore
eu aucune occasion de se distinguer.
Un premier de promotion
Le dernier du tableau, mis là comme par
grâce, est M. le capitaine de frégate Cons-
tantin. Ce dernier est premier de promo-
tion, et de la promotion de 1856 encore,
c'est-à-dire que ce très brillant officier est
entré dans le cadre huit années avant MM.
Rouvier et Jauréguiberry qui, aujourd'hui,
lui passent devant le nez.
Est-ce assez typique ?
Nous n'avons pas besoin d'ajouter que
M. Constantin n'est ni fils, ni gendre, ni
neveu d'archevêque : il n'est que le pre-
mier de sa promotion.
Mais dans la marine actuelle, comme
dans le royaume du ciel, les premiers sont
les derniers et les derniers sont les pre-
miers* .., -: -
CHRONIQUE
La Société protectrice, des animaux se
désole de la peine que prennent les che-
vaux, dans çet « oafèr M qu'est pour eux
Paris, comme rassure un vieux diefon.
Elle vient d'avoir l'idée d'établir des sta- -
tions partout où il y a une côte un peu
rude à gravir, où les pauvres bêtes qui
traînent quelque lourd tombereau pour-
ront être désormais aidées par un che-
val de renfort, leur donnant, à la lettre,
« un coup de collier ». Le sort de ce che-
val de renfort ne sera peut-être pas des
plus enviables, entre nous. Mais, pour
lui, la Société estime sans doute qu'il
trouvera sa récompense dans la satisfac-
tion du devoir accompli.
Lidée est bonne, assurément. Mais,
malgré moi, toutes les fois que la Société
protectrice des animaux fait parler d'elle,
j'ai le mauvais goût de penser aux pau-
vres diables de simples humains qui au-
raient bien besoin, eux aussi, d'une as-
sistance charitable, et j'ai quelque dépit
à voir songer aux bêtes avant de songer
aux gens.
Je ne suis pas plus dur qu'un autre, et
s'il m'arrive de contempler dans la rue
quelque malheureux cheval contraint à
une tâche excessive, impuissant, en dé-
pit des coups de fouet qui cinglent son
échine, à tirer une voiture trop chargée,
j'éprouve une impression pénible. C'est
une scène du pavé coutumière. Les ba-
dauds s'arrêtent, font de la sensiblerie,
maudissent le charretier, qui n'est pour-
tant pas responsable de la parcimonie de
ses patrons qui n'emploient qu'un cheval
quand il en faudrait deux, donnent des
conseils plus ou moins pratiques. Un
rassemblement se forme; au besoin,
quelques passants complaisants poussent
à la roue.
Mais, pendant ce temps-là, fait-on at-
tention à quelque pauvre homme, fût-il
très âgé et débile, qui traîne, en suant et
soufflant, une voiture à bras dont le poids
l'écrase, ou qui porte quelque excessif
fardeau? Il n'a pas, lui, la ressource de
l'animal, qui est, en désespoir de cause,
de s'étendre, de refuser de bouger, de
demeurer indifférent à tout. Il faut qu'il
gagne le salaire dont il a besoin, et il n'a
pas le droit de ne pouvoir accomplir sa
besogne.Personne ne songe à le protéger,
lui, et à faire un procès au patron de
qui il dépend et qui abuse de sa rési-
gnation. Qu'il s'arrange, le pauvre hère,
que la crainte d'un renvoi force à tout
accepter! Il n'y a pas encore de société
qui veille sur le sort de ses pareils!
La sollicitude envers les animaux est
d'une charité raffinée. Mais j'ai l'entête-
ment d'estimer qu'elle ne devrait venir
qu'après la sollicitude envers les gens, et
il se mêle toujours quelque mélancolie à
ma satisfaction, quand je lis l'annonce
de quelque fondation nouvelle en faveur
des bêtes.
Malheureusement, nous sommes loin
d'avoir réalisé tout ce qui serait possible
pour le soulagement "des misères humai-
nes, et il y a je ne sais quelle ironie dans
ces descriptions complaisantes que fait la
Société protectrice de ses refuges pour les
chiens et les chats, où elle leur assure, —
elle le dit avec une fierté émue, — les
meilleurs traitements du monde. Ces
chiens et ces chats sont recueillis avec
tendresse, et des larmes viennent aux
yeux des souscripteurs de ces œuvres de
zoolâtrie en contemplant les roquets ga-
leux et les matous hargneux désormais
abrités et nourris à leurs frais.
Hélas! il y a des gueux qui les peuvent
enviera
On cherche àassurer à ces bêtes erran-
tes, après qu'on leur a rendu bonne appa-
rence, qu'elles ont de nouveau le poil
luisant et l'œil vif, un asile de plus lon-
gue durée; on fait des démarches pour
leur trouver des maîtres sensibles, on ne
les abandonne qu'après qu'on a bien ga-
ranti leur avenir. En un mot, on donne
l'exemple de tout ce qui serait à faire
pour les vaincus de la vie, pour les pa-
rias, pour les pauvres,—mais on se borne
à donner cet exemple.
Il me semble que, pour avoir tout à
fait l'opinion pour elle, la Société protec-
trice des animaux, quand elle prend une
initiative nouvelle, devrait, en quelque
sorte, acheter le droit de s'occuper des
bêtes en faisant, soit à l'Assistance pu-
blique, soit à une œuvre philanthro-
pique, un don proportionnel à l'impor-
tance de sa dépense. Sa conscience ne
serait-elle pas ainsi plus tranquille ? Per-
sonne ne songerait plus, alors, à lui mar-
chander la sympathie ; on ne se permet-
trait plus envers elle aucune raillerie, et
elle pourrait, en tout repos et en toute
sérénité, pourvoir, selon ses goûts et ses
inclinations, à l'amélioration du sort des
bêtes, fonder tous les hôpitaux d'animaux
qu'elle voudrait, arracher à l'équarisseur
les ânes les plus pelés, éviter la fourrière
aux chiens les plus hideux.
Mais, jusque-là, on gardera toujours
quelque gêne, comme en présence d'une
espèce de provocation, à entendre ces
grandes doléances sur la condition des
animaux, à être témoin de ces émotions
exagérées pour un coup de fouet reçu par
une rosse paresseuse, à voir dépenser,
sous un prétexte sentimental, de l'argent
qui pourrait être mieux employé en fa-
veur des misérables, un peu plus intéres-
sants, tout de même, que les clients à
quatre pattes de la bonne Société, laquelle
est, d'ailleurs, singulièrement tracassière
et processive. Elle ôtera sans remords,
cette digne Société, son gagne-pain à un
charretier qui a eu un mouvement d'im-
patience, en le brouillant avec son patron
ou en le faisant condamner; elle ne s'in-
quiétera pas de ce qu'il deviendra, elle le
contraindra au chômage, elle le jettera
peut-être dans la plus fâcheuse situation.
Cela lui est indifférent pourvu qu'eue se
soit donné le plaisir de faire acte d'auto.
riiérOn l'aimerait mieux d'humeur moins
batailleuse et se bornant à faire de Is
propagande, fort méritoire en effet, er
laveur de ses idées, en démontrant l'in-
térêt. JBêJJne qu.: l'on a à bien traiter lest
: i
A y "à quelc^ae' chose dragaçao&
; sï -débonnaire que l'on soit, quelque af-;
fection même que l'on ait pour les bêtes,
à entendre si bruyammùnt plaider la
cause des « pauvres chevaux » et des
« pauvres chiens M. Et les pauvres hommes,
donc !
cela me rappelle toujours la jolie his-
toire narrée par P.-J. Stahl. Il racontait à
une petite fille l'aventure du petit Chape-
ron-Rouge ; elle eut, tout à coup, une ex-
clamation de pitié.
- Ah ! dit le conteur, tu plains la mère-
grand, ou tu t'affliges sur les malheurs
du Chaperon-Rouge ?
— Non, fit l'enfant, c'est le loup qui me
fait de la peine. Il fallait qu'il eût bien
faim et bien froid pour se donner tant dE
soucis!
Paul Ginisty.
MONACO EN INTERDIT
Un journal russe annonce que le tsar
ému de»désastres pécuniaires et des ruinef
nombreuses que la roulétte a causés el
cause eMque jour dans les familles les plu* -
en vue de la Russie, a décidé d'interdire
formellement lé séjour de Monaco à tous
ses sujets.
Voilà qui ne va pas faire rire le prince-
croupier Bonaparte.
MOUVEMENT JUDICIAIRE
Le Journal officiel publie ce matin It
mouvement judiciaire suivant :
Sont nommés :
Président du tribunal de Rouen (Seine-
Inférieure), M. Berchon, conseiller nommé
à la cour d'appel de Lyon, en remplace-
ment de M. Jean, qui conserve, sur sa de-
mande, ses fonctions de conseiller à Lyon.
Substitut du procureur de la République
près le tribunal de Béziers (Hérault), M.
Casteill, substitut du procureur de la Ré,
publique près le siège de Villefranche, en
remplacement de M. Caralh.
Substitut du procureur de la République
près du tribunal de Villefranche (Aveyron),
M. Dizier, juge suppléant au siège de Per-
pignan, en remplacement de M. Casteill, qui
est nommé substitut du procureur de la
République à Béziers.
Juge suppléant au tribunal de pe ins-
tance de Nice (Alpes-Maritimes), M. Topin,
avocat, en remplacement de M. Pélissier,
qui a été nommé substitut du procureur de
la République.
Juge supplèant au tribunal de Nancj
(Meurthe-et-Moselle), M. Viriath, avocat, en
remplacement de M. Tulpain, qui a été
nommé juge.
Juge-suppléant au tribunal de Cha-
teaudun (Eure-et-Loir), M. Lévy, avocat, en
remplacement de M. Pasquet, qui a été
nommé substitut du procureur de la Répu-
blique.
Juge-suppléant au tribunal de Laon
(Aisne) M. Turquin, avocat, en remplace-
ment de M. Vinchon, qui a été nommé
iuse. -----
Juge-suppléant au tribunal de Vitry-le-
François (Marne), M. Brault, avocat, en
remplacement de M. Ledreux, décédé.
M. Deroussen de Florival, juge au tribu-
nal de Laon (Aisne), remplira au même
siège les fonctions de juge d'instruction, ea
remplacement de M. Dusanterre, qui a été
nommé juge à Vervins.
M. Sanelaigne, juge nommé au tribunal
de Sens (Yonne), remplira au même siège
les fonctions de juge d'instruction, en rem-
placement de M. Moussu, qui a été nommé
, président.
FEMMES ENLEVÉES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Bucarest, 1er décembre.
Le village de Lioubidja vient d'être le
théâtre d'un nouveau scandale, impuni na-
turellement.
Un certain Seïda Oukitch, avec douze de
ses compagnons, s'est introduit dans la mai-
son d'un nommé Spassitch et a enlevé la
fille de celui-ci, sous l'honnête prétexte de
la convertir à l'islamisme. Peu après, l'in-
fortunée parvint à s'enfuir et à regaguer le
domicile paternel.
Deux jours après,Oukiteh revint en force,
fit l'assaut de la maison, et non seulement
enleva la jeune fille, mais encore une
femme nouvellement mariée.
On n'a plus eu de nouvelles de ces infor-
tunées.
L'AFFAIRE PARNELL
(D'UN CORRESPONDANT}
Londres, 1er décembre.
La réunion des députés irlandais natio-
nalistes a eu lieu aujourd'hui, à midi.
Sur 86 membres dont se compose le
groupe, 7h députés irlandais étaient pré-
sents. Cinq sont en Amérique ; les sept au-
tres avaient envoyé leur adhésion en faveur
de M. Parnell.
Ce dernier était présent et présidait la
réunion.
Apiès une discussion assez vive sur
l'ordre du jour, M. Nolan a proposé l'ajour-
nement pour permettre aux députés de
consulter leurs électeurs.
M. Sexton a combattu cette proposition ;
il a demandé une décision immédiate pour
éviter une rupture avec le parti libéral. Il
a déclaré que la démission de M. Parnell
était absolument nécessaire pour assurer
le succès du home rule.
Après plusieurs discours pour et contre,
M. Parnell a pris la parole. Il a reproché vi-
vement aux députés présents, qui la se-
maine dernière l'ont choisi pour chef, de
réclamer maintenant sa démission. M. Par-
nell a déclaré, en terminant, que le peuple
irlandais était derrière lui et qu'il ne démis-
sionnerait jamais sur l'injonction de cette
réunion de ses collègues.
La discussion a alors été ajournée.
LES ANGLAIS
DANS L'AFRIQUE ORIENTALE
Zanzibar, i" décembre.-Le protectorat bri-
tannique a été officiellement proclamé à Vita
et sur la région située au nord de Kismayen.
Fumo-Bekari, le sultan de Yi tu, erre dans le
jpys ea iu&itif.
I-neut;.uw a. -:-.n- u.,-- ,,,an. -" P" 11(" JIHIft1 J .vrl\,inD',
, -
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Sur leur demande, tous nos nou-
veaux abonnés et lecteurs recevront
ce qui a paru de nos romans dont
nous venons de commencer la publi-
cation: JUSTICE, par Hector Malot,
et LE CAPITAINE LAROCHE, par
Alphonse Dumont.
L'ÉLECTION
DE QJGMNCOURT
Après le premier tour de scrutin
dans le dix-huitième arrondissement,
nous établissions par des chiffres in-
discutables que, même dans l'hypo-
thèse la plus favorable au général
Boulanger, la moitié de ceux qui
avaient voté pour lui aux élections
générales l'avaient abandonné et que,
par conséquent, les journaux qui dé-
fendent encore le boulangisme ne
pouvaient, sans une supercherie ex-
ceptionnellement grossière, revendi-
quer les abstentionnistes de la veille
comme leurs partisans.
Cette supercherie a cependant été
commise et même elle a été répétée di-
manche. Les journaux boulangistes ont
inscrit en caractères énormes le chiffre
de 10,725 abstentions, et, en addition-
nant ce nombre avec celui des voix
qui se sont portées sur M. Lunel et
M. Daumas, ils prétendent établir que
le programme du « parti national » a
obtenu dimanche 11,635 voix. Six
cents voix — à leur calcul — gagnées
en quinze jours, 3,320 en quatorze
mois, c'est un bel exemple de fécon-
dité et l'on n'aurait jamais supposé,
si ces journaux désintéressés dans la
question ne nous l'affirmaient, que le
boulangisme fût si prospère et si pro-
lifique.
Même malgré leur affirmation, no-
tre incrédulité subsiste. Nous voyons
bien que le nombre des abstentions a
un peu grossi d'un tour de scrutin à
l'autre. Mais le phénomène nous est
connu. Il se reproduit régulièrement
à toutes les élections, et nous serions
tout disposés à l'interpréter cette fois
contre le boulangisme. Il nous paraît
très vraisemblable qu'un certain nom-
bre d'électeurs n'ont pas voulu, au
premier tour, demeurer dans une ab-
stention qu'un parti politique consi-
dérait comme une adhésion à son
r< programme ». Ils ont voté unique-
ment pour bien établir qu'ils n'étaient
pas avec ce parti. Puis, cette protes-
tation matérielle une fois faite, ils ont
jugé inutile de la renouveler. Ils
avaient voté avec la certitude que le
premier tour de scrutin ne donnerait
pas de résultat; peu leur importait,
par conséquent, d'inscrire un nom ou
un autre sur leur bulletin. Avant-
hier, le scrutin devait donner un ré-
sultat. Ne se souciant pas de contri-
buer au succès d'un des candidats sé-
rieux dont aucun ne représentait peut-
être exactement leurs idées, ils se sont
désintéressés de la lutte.
Quant au gain effectif et indiscuta-
ble des boulangistes, il est assez mo-
deste. Au premier tour de scrutin, un
dissident, M. Lunel, avait posé sa
candidature, désavouée comme une
sorte d'acte de félonie par les organes
du parti, et il avait réuni 7ro voix.
Dimanche dernier, il y avait,parmi les
candidatures nouvelles qui avaient
surgi entre les deux tours, celle de M.
Daumas, soutenue par la Presse, la-
quelle ne paraissait plus absolument
convaincue de la signification de l'abs-
tention. M. Daumas a eu 588 voix,
mais M. Lunel n'en a plus eu que 303.
Ils en ont donc eu ensemble 890, ce
qui donne un gain de 120 voix au
parti républicain national ».
Malgré l'étalage qu'ils font du
chiffre des abstentions, malgré lestor- j
tures auxquelles ils soumettent l'arith-
métique, les derniers survivants du
boulangisme ne peuvent se faire à
eux-mêmes aucune illusion; ils ne
peuvent se refuser à l'évidence. La
meilleure preuve qu'ils sentent eux-
mêmes la partie perdue d'avance,
c'est qu'ils n'ont même pas engagé la
lutte, que Y Intransigeant a désavoué
la Presse qui avait, à la dernière
heure patronné la candidature de M.
Daumas. Si une chance de succès avait
apparu, le général Boulanger,qui jadis
écrivait aux électeurs de la Charente-
Inférieure : « Voter pour M. Déroulède
c'est voter pour moi », ne se fût pas fait
faute de présenter à Clignancourt un
candidat et de donner ainsi une forme
concrète à la vieille protestation
contre la proclamation de M. Joffrin
comme député.
Les boulangistes ont beau jeu à
railler le faible nombre des voix ob-
tenues par M. Lavy. Ils n'ont pas
voulu engager le combat. Hors de Cli-
gnancourt, l'élection n'a guère préoc-
cupé l'opinion publique. A Clignan-
court même, on ne s'est que faible-
ment passionné, le mandat législatif
étant plutôt disputé entre des hom-
- qu'entre des progranuiies bien
différents. Tout cela n'était pas fait
pour attirer les électeurs en masse au
scrutin, et l'on ne saurait s'étonner
que beaucoup soient restés indiffé-
rents. Mais si les boulangistes sont si
convaincus que les abstentionnistes
de Clignancourt sont avec eux, et s4ils
croient réellement aux. gains rapides
dont ils cherchent à nous éblouir, ils
ont un moyen bien simple de nous
contraindre à reconnaître leur erreur.
Ils n'ont pas voulu déposséder le gé-
néral Boulanger du siège que des
usurpateurs seuls lui ont ravi. A mer-
veille ! Mais il y a parmi eux plusieurs
députés de Paris. Qu'ils donnent leur
démission, comme certains de leurs
comités les ont, à diverses reprises et
vainement, sommés de le faire et qu'ils
se représentent. Cette fois,ils ne pour-
ront invoquer ni déférence pour leur
chef ni respect pour le verdict du
suffrage universel. La situation sera
entière et nous verrons quel sera le
résultat. Le procédé est facile à ap-
pliquer. Gageons qu'aucun ne se sou-
ciera d'en user.
----- -- - -- - -------- -----
Le XIX" SIÈCLE publiera demain la
« Vie de Paris », par Henry Fouquièr.
EST-CE UN CANARD?
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 1er décembre.
Le Fanfulla publie une dépêche de Paris
annonçant que des malversations ont été
commises au ministère de la marine. Le
coupable serait un haut fonctionnaire du
ministère.
[Cette dépêche, sur laquelle nous faisons
toutes nos réserves, nous est parvenue tropr
tard pour que nous puissions savoir si nous
ne nous trouvons pas en présence d'un af-
freux canard italien.]
UNE NOUVELLE CHARTREUSE
(M NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nancy, 1er décembre.
Plusieurs religieux lorrains de la Char-
treuse de Bressonville, près de Nancy,
viennent de quitter leur monastère pour
se rendre à Haim, près Dusseldorf,en Alle-
magne.
Ils ont pour mission de relever une an-
tique Chartreuse en ruines qui se trouve
dans cette localité et qui date du onzième
siècle.
Les fonds pour entreprendre cette re-
construction sont fournis par la Char-
treuse française, qui se propose de fonder
là-bas une nouvelle colonie religieuse.
Le gouvernement allemand a accordé
l'autorisation sollicitée par les Char-
treux.
treux.
LES RÉFORMES AU BRÉSIL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTJCULIBR)
Rio-de-Janeiro, 1er décembre.
Les membres du gouvernement provi-
soire, dont les pouvoirs dictatoriaux
touchent à leur fin, ont mis à profit lesder-
nières semaines de leur règne absolu pour
édicter une foule de réformes de valeur di-
verse.
Un décret du gouvernement réglemente
l'évolution politique des anciennes pro-
vinces, devenues des Etats fédérés, et qui
sont, jusqu'à présent, gouvernées dictato-
rialement par les délégués du pouvoir cen-
tral. Les Assemblées provinciales seront
élues de la même manière et par les mê-
mes électeurs que le Congrès central, et au
scrutin de liste, qui annule l'opposition des
minorités. Leurs fonctions d'assemblées
constituantes seront limitées à voter sur le
projet de constitution qui leur sera pré-
senté par leurs gouvernants actuels, et à
élire le gouverneur et le sous-gouverneur
de l'Etat. Elles devront se réunir avant le
mois d'avril prochain, de façon à ce que le
Congrès national,qui commencera sa session
régulière en mai, se trouve en présence
d'Etats régulièrement constitués.
Le Congrès national, dans sa première
session qui va s'ouvrir, se bornera au vote
de la constitution fédérale qui lui sera pré-
sentée et à l'élection du président et du
vice-président de la République.
Parmi les décrets rendus dans les diffé-
rents départements ministériels, on signale
les réformes suivantes : le ministre de la
justice a aboli les galères et la peine de la
chaîne, auxquelles il substitue la prison
avec travail forcé; il abolit également les
peines perpétuelles et limite le maximum de
la prison à trente ans. Il a promulgué un
nouveau code pénal, une loi sur les failli-
tes, une loi sur l'enregistrement des mai-
sons de commerce, et une ;loi sur l'organi-
sation des tribunaux fédéraux, élaborées
par une commission nommée par lui.
Le ministre des finances adécrété le paie-
ment en or de l'intégralité des droits de
douane (jusqu'à présent l'or n'avait été
exigé que pour 20 0/0 du montant des
droits); ce décret est entré en vigueur au
15 novembre. Un nouveau tarif augmente
les droits sur toute une série d'articles.
Un autre décret-loi impose aux fonda-
teurs de sociétés par actions, qui, jusqu'à
présent, devaient être libérées de 10 0/0,
l'obligation du versement de 30 0/0 du ca-
pital nominal des actions pour que la so-
ciété puisse être constituée, et de hO 0/0
pour que les actions puissent être négo-
ciées en Bourse.
DOCUMENTS SUR LA LORRAINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Metz, 1er décembre.
Le directeur des archives de notre ville
vient d'acheter en Angleterre , pour le
compte du gouvernement allemand, une
collection de manuscrits et de documents
très importants datant du douzième et du
seizième siècle et se rapportant à l'histoire
de la Lorraine. Parmi les pièces nouvelle-
ment acquises se trouvent plusieurs bulles
de's papes Grégoire IX, Alexandre IX, Boni-
face VIII et Jean XIII.
D'un autre côté, le gouvernement alle-
mand a cherché en vain à se rendre pro-
priétaire de documents très importants se
rattachant à l'histoire de la Lorraine, qui
sont la possession du gouvernement fran-
çais et sont conservés à la Bibliothèquena-
tionale., ..:.. ; *. i ..,' - - :..,
BUDGET DES FINANCES
NOUVEAUX ÉCHBCS A M. ROVVŒR
La question de l'amortissement.—Con-
versions - ofii impôts nouvea 1"
Les amendements Soubeyran et
, Pelletan. — Les pensions de
retraite.
- La Chambre a continué hier l'examen du
budget du ministère des finances. De ce
budget, elle en a voté la moitié environ, —
sous réserve toutefois de quelques chapitres
dont l'établissement définitif est subor-
donné à la solution de diverses grosses
questions financières encore pendantes à
l'heure qu'il est.
Ces chapitres ainsi mis de côté ne sont
pas les moins importants, comme bien on
pense. Il en est quelques-uns qui ne passe-
ront pas sans donner à M. Rouvier une as-
sez forte tablature.
En attendant, dressons le bilan de la
séance d'hier : On a d'abord entendu un
discours de M. Léon Say en faveur de la
création,dans le budget,d'un fonds d'amor-
tissement un peu sérieux. M. Say propo-
sait d'ouvrir un chapitre à cet effet et d'y
inscrire, comme entrée de jeu, un crédit
un peu supérieur à vingt-sept millions.
Ç'a été-, d'ailleurs, une manifestation
toute platonique de la part du député du
centre-gauche ; car, après avoir assez lon-
guement exposé pourquoi un budget qui se
respecte doit être pourvu d'un amortisse-
ment convenable, - ce qui est aussi judi-
cieux que peu nouveau, — M. Say a retiré
son amendement afin de pouvoir le repré-
senter dans une meilleure occasion.
— Vingt-sept millions pour l'amortisse-
ment? lui avait auparavant répondu M.
Rouvier. Mais je les accepterais certes de
grand cœur! Seulement, il faudrait aug-
menter d'une somme à peu près égale les
impôts nouveaux qui sont à créer. Et j'au-
rai déjà bien assez de peine à obtenir de la
Chambre les nouvelles taxes que je me pro-
pose de lui demander !
- Cette dernière constatation est assuré-
ment mélancolique, mais elle prouve aussi
la clairvoyance du ministre des finances.
La Chambre, en effet, lui a montré tout
aussitôt, et par deux votes successifs, qu'il
lui répugne singulièrement d'augmenter
encore les charges qui pèsent sur les con-
tribuables et qu'elle ne s'y résignerait que
s'il n'y avait absolument plus aucun moyen
de faire autrement.
Or, ce moyen d'éviter les impôts, on le
lui a précisément suggéré et elle l'a accepté
bien vite, sans rien vouloir entendre des
protestations du ministre et de la commis-
sion.
Pas d'impôts
Le moyen en question ? M. Pelletan l'a-
vait indiqué déjà et M. le baron de Soubey-
ran l'a formulé de nouveau hier, de façon
assez précise :
M. de Soubeyran. — Je crois que ceux qui,
comme moi, pensent qu'il n'y a pas de néces-
sité de voter des impôts nouveaux doivent ac-
cepter la proposition de M. Pelletan, que j'ai
soutenue.
Par la conversion et la réduction de l'inté-
rêt, il est possible de trouver des ressources
qui viendront accroître celle;,, que vous avez
déjà dans le budget, en faisant 65 millions
d'économies et en votant 13 millions d'impôts
nouveaux.
Ce total de 78 millions nous fait espérer
que, pour 1891, vous pourrez boucler votre
budget en incorporant le budget extraordi-
dinaire de la guerre, ramené, bien entendu, à
85 millions.
M. le rapporteur nous a dit, l'autre jour,
qu'au point de vue de la conversion et de la
réduction d'intérêt, il serait bien d'accord
avec nous, s'il n'avait pas la crainte que
des questions contentieuses ne fussent soule-
vées.
Il ne peut pas y avoir de questions conten-
tieuses sur le chapitre 6 ; il ne peut y avoir au-
cun doute sur la possibilité de convertir. C'est
ce qui fait que nous tenons a ce que notre for-
mule soit adoptée, pour que la commission
du budget puisse nous proposer la conversion
des obligations trentenaires. (Très bien ! très
bien! à droite.)
Ces objections contentieuses, le rappor-
teur des finances, M. Raymond Poincaré,
qui les avait déjà indiquées samedi, les a
présentées de nouveau, faisant une fois de
plus applaudir l'extrême precision de sa
parole et la remarquable netteté de ses
argumentations.
Mais M. Pelletan est venu à la rescousse,
et comme M. de Softbeyran avait, à l'appui
de sa thèse, déposé un amendement ten-
dant à une réduction quelconque qui per-
mit à la Chambre de marquer sa volonté
de voir faire la conversion des obligations
trentenaires, cet amendement a été, mal-
gré M. Rouvier, malgré la commission,
pris en considération par 306 voix contre
216.
Pris en considération,venons-nous de dire,
et non pas voté encore au fond.1l faudra, en
effet, que la commission en délibère et que
la Chambre statue de nouveau, définitive-
ment cette fois. Pour ce qui est de la Cham-
bre, il est assez peu probable qu'elle se dé-
juge. L'intéressant sera de voir si la com-
mission et surtout si M. Rouvier capitule-
ront sur ce point.
Que le ministre capitule une fois de plus,
c'est chose bien probable. Que disons-nous?
Il a capitulé déjà.
M. Pelletan a en effet bientôt déposé un
nouvel amendement analogue à celui de
M. de Soubeyran. Il s'agissait de décider
également, par la réduction d'un crédit
quelconque, que la conversion serait faite
aussi pour les bons de liquidation.
On attendait sur ce point l'avis du mi-
nistre.
'— Le gouvernement n'apporte aucune
doctrine, s'est borné à répondre M. Rou-
doctrine, s'abstient de prendre part à cette
vier. Il
discussion.
Et c'est de nouveau M. Poincaré qui a
essayé de remonter le courant qui entraî-
nait la Chambre loin des conceptions finan-
cières du ministre. Vains efforts ! Comme
l'amendement Soubeyran, l'amendement
Pelletan a été pris en considération, et à
une majorité même un peu plus forte : 337
voix contre 19A.
Ainsi le principe des conversions triom-
phe sur toute la ligne. L'intérêt de la chose ?
Eh ! il est fort évident, et M. Pelletan l'a, au
cours du dçbat, indiqué d'un mot : « Il s'a-
git, a-t-il dit, de cesser de faire payer par
les contribuables un intérêt hors de toute
proportion aux capitalistes ! » Qui s'éton-
nerait après cela d apprendre que lesdites
conversions ont rencontré en M. Léon Say
un adversaire aussi ardent que, d'ailleurs,
peu écouté?
Pensions civiles et militaires
'La journée s'est close par le débat annuel
dont fait les irais une question intéressante
entre toutes : celle des pensions de retrai-
te. Un député de la droite, M. Arnous, s'est
plaint de la répartition défectueuse des
pensions civiles.
Quant aux pensions militaires, M. Letel-
r lier avait, par voie d'amendement, réclamé
[que les crédits qui y sont afferents-tussent
augmentes de trois millions, et pluis. Mais
[ le député d'Alger n'a pas insiste en faveur
de son amendement. Tout ce qu'il voulait,
à coup sûr, c'était provoquer de la part de
M. Rouvier les promesses suivantes, dont la
Chambre s'est contentée pour cette année :
H. le ministre. — Il s'agit d'unifier les re-
traites des officiers, des sous-officiers et sol-
dats, des douaniers, des gardes forestiers.
Même en trois étapes la dépense serait d'au
moins 25 millions; elle serait de 28 millions
si on voulait réaliser immédiatement l'unifica-
tion.
Comme le rappelait M. Letellier, il a bien
voulu me présenter les délégués des officiers
et sous-officiers, et je leur ai fait une décla-
ration qui s'adresse à toutes les catégories que
je viens d'énumérer.
J'ai dit à M. Letellier et à ses clients qu'il ne
me paraissait pas possible d'admettre en tota-
lité leur réclamation. Mais j'ai ajouté que le
gouvernement avait le devoir de tenir compte
des manifestations répétées de la volonté
de la Chambre. Deux fois elle a adopté des
amendements dans le sens de cette unifica-
tion.
J'ai déclaré que le gouvernement était dis-
posé à introduire au budget de 1892 une
somme, je ne dirai pas, comme M. Letellier,
considérable, mais suffisante pour des néces-
sités que je comprends comme lui et aux-
quelles le gouvernement tout entier s'est as-
socié.
On a toutefois insisté en ce qui concerne
les douaniers. Un amendement en leur fa-
veur, présenté, puis abandonné par M. Phi-
lipon, a été repris par M. Peytral ; mais 250
voix contre 221 l'ont écarté.
Après quelques mots de M. Montaut sur
les survivants des blessés de 18h8 et la por-
tion un peu trop congrue à laquelle ils
sont réduits, la Chambre a renvoyé à sa
séance d'aujourd'hui la suite du budget du
ministère des finances.
[Au début de la journée on avait invalidé, à
l'unanimité et sans phrases, M. Mary-Raynaud.
Les électeurs de Saint-Flour seront donc pro-
chainement convoqués. Notons aussi qu'un
député boulangiste, M. Gauthier (de Clagny), a
demandé à interpeller sur une interprétation
donnée par M. le préfet du Cantal à la loi du
17 juillet 1889 (loi sur les candidatures) lors de
la dernière élection de Saint-Flour. Cette in-
terpellation viendra après le budget, et aussi
après les autres interpellations déjà inscrites
avant elle.]
LE DÉNOMBREMENT DES ALLEMANDS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PAaTICULlER)
Berlin, 1er décembre.
Aujourd'hui a eu lieu, dans toute l'éten-
due de l'empire, le recensement quinquen-
nal delapopulation.Les bulletins de recense-
ment. ont porté le nom et la désignation de
toutes les personnes qui ont passé en un
lieu quelconque la nuit du 30 novembre au
1er décembre.
LES SCANDALES
DE LA MARINE
Les nominations de M. Barbey
Le conseil d'avancement, héritier de la
plus importante des attributions du con-
seil d'amirauté, vient de se réunir pour la
première fois et, du premier coup, il a
donné sa mesure. Le tableau qu'il a dressé
est digne des anciens. Nous voulons parler
de la liste des capitaines de frégate classés
définitivement pour le grade de capitaine
de vaisseau.
Le conseil a débuté en inscrivant au ta-
bleau le gendre de son président.
M. le commandant Rouvier, gendre de
l'amiral de Varennes, président du conseil
de classement, n'a que quarante-deux ans;
il est capitaine de frégate (lieutenant-colo-
nel) depuis le 23 décembre 1885, soit depuis
cinq ans.
M. Rouvier, qui sera capitaine de vais-
seau à quarante-trois ans, est de la promo-
tion de l'Ecole navale de 166A. Ses cama-
rades de la même promotion sont encore
lièutenants de vaisseau et ne passeront ca-
pitaines de frégate que dans quatre ou cinq
ans au plus.
Un fils d'archevêque
Après avoir acquitté sa dette envers son
président, le conseil s'est trouvé quelque
peu embarrassé par une candidature d'un
caractère trop exclusivement politique, pa-
tronnée par l'amiral Charles Duperré.
Celui-ci entreprit de persuader à ses col-
lègues qu'il serait très habile de mettre
cette année au tableau un officier porteur
d'un nom illustre, d'un nom républicain;
il ajouta que le ministre tenait particuliè-
rement à cette inscription, sur laquelle il
comptait pour amadouer la majorité répu-
blicaine de la Chambre, fort mal disposée
en sa faveur.
Mais un fâcheux ayant fait observer que
cet officier ne possédait, au point de vue
professionnel, aucun titre à la faveur et
que son inscription ferait scandale au moins
parmi les autres officiers, l'affaire n'alla pas
sans de longs tiraillements, et on nous as-
sure qu'il ne fallut rien moins que l'inter-
vention personnelle du ministre pour réu-
nir une majorité sur le nom de M. Jauré-
guiberry.
M. Jauréguiberry est encore plus jeune
que M. Rouvier. Né le 29 avril 1849, il a été
nommé capitaine de frégate à trente-cinq
ans à peine. L'année prochaine, il sera ca-
pitaine de vaisseau : à quarante-deux ans !
Vit-on jamais avancement plus vertigi-
neux ? M. l'amiral Jauréguiberry a rendu à
la patrie de grands services, nul ne le con-
teste ; mais il n'est peut-être pas très logi-
que de le récompenser, après sa mort, dans
la personne de son fils qui, lui, n'a encore
eu aucune occasion de se distinguer.
Un premier de promotion
Le dernier du tableau, mis là comme par
grâce, est M. le capitaine de frégate Cons-
tantin. Ce dernier est premier de promo-
tion, et de la promotion de 1856 encore,
c'est-à-dire que ce très brillant officier est
entré dans le cadre huit années avant MM.
Rouvier et Jauréguiberry qui, aujourd'hui,
lui passent devant le nez.
Est-ce assez typique ?
Nous n'avons pas besoin d'ajouter que
M. Constantin n'est ni fils, ni gendre, ni
neveu d'archevêque : il n'est que le pre-
mier de sa promotion.
Mais dans la marine actuelle, comme
dans le royaume du ciel, les premiers sont
les derniers et les derniers sont les pre-
miers* .., -: -
CHRONIQUE
La Société protectrice, des animaux se
désole de la peine que prennent les che-
vaux, dans çet « oafèr M qu'est pour eux
Paris, comme rassure un vieux diefon.
Elle vient d'avoir l'idée d'établir des sta- -
tions partout où il y a une côte un peu
rude à gravir, où les pauvres bêtes qui
traînent quelque lourd tombereau pour-
ront être désormais aidées par un che-
val de renfort, leur donnant, à la lettre,
« un coup de collier ». Le sort de ce che-
val de renfort ne sera peut-être pas des
plus enviables, entre nous. Mais, pour
lui, la Société estime sans doute qu'il
trouvera sa récompense dans la satisfac-
tion du devoir accompli.
Lidée est bonne, assurément. Mais,
malgré moi, toutes les fois que la Société
protectrice des animaux fait parler d'elle,
j'ai le mauvais goût de penser aux pau-
vres diables de simples humains qui au-
raient bien besoin, eux aussi, d'une as-
sistance charitable, et j'ai quelque dépit
à voir songer aux bêtes avant de songer
aux gens.
Je ne suis pas plus dur qu'un autre, et
s'il m'arrive de contempler dans la rue
quelque malheureux cheval contraint à
une tâche excessive, impuissant, en dé-
pit des coups de fouet qui cinglent son
échine, à tirer une voiture trop chargée,
j'éprouve une impression pénible. C'est
une scène du pavé coutumière. Les ba-
dauds s'arrêtent, font de la sensiblerie,
maudissent le charretier, qui n'est pour-
tant pas responsable de la parcimonie de
ses patrons qui n'emploient qu'un cheval
quand il en faudrait deux, donnent des
conseils plus ou moins pratiques. Un
rassemblement se forme; au besoin,
quelques passants complaisants poussent
à la roue.
Mais, pendant ce temps-là, fait-on at-
tention à quelque pauvre homme, fût-il
très âgé et débile, qui traîne, en suant et
soufflant, une voiture à bras dont le poids
l'écrase, ou qui porte quelque excessif
fardeau? Il n'a pas, lui, la ressource de
l'animal, qui est, en désespoir de cause,
de s'étendre, de refuser de bouger, de
demeurer indifférent à tout. Il faut qu'il
gagne le salaire dont il a besoin, et il n'a
pas le droit de ne pouvoir accomplir sa
besogne.Personne ne songe à le protéger,
lui, et à faire un procès au patron de
qui il dépend et qui abuse de sa rési-
gnation. Qu'il s'arrange, le pauvre hère,
que la crainte d'un renvoi force à tout
accepter! Il n'y a pas encore de société
qui veille sur le sort de ses pareils!
La sollicitude envers les animaux est
d'une charité raffinée. Mais j'ai l'entête-
ment d'estimer qu'elle ne devrait venir
qu'après la sollicitude envers les gens, et
il se mêle toujours quelque mélancolie à
ma satisfaction, quand je lis l'annonce
de quelque fondation nouvelle en faveur
des bêtes.
Malheureusement, nous sommes loin
d'avoir réalisé tout ce qui serait possible
pour le soulagement "des misères humai-
nes, et il y a je ne sais quelle ironie dans
ces descriptions complaisantes que fait la
Société protectrice de ses refuges pour les
chiens et les chats, où elle leur assure, —
elle le dit avec une fierté émue, — les
meilleurs traitements du monde. Ces
chiens et ces chats sont recueillis avec
tendresse, et des larmes viennent aux
yeux des souscripteurs de ces œuvres de
zoolâtrie en contemplant les roquets ga-
leux et les matous hargneux désormais
abrités et nourris à leurs frais.
Hélas! il y a des gueux qui les peuvent
enviera
On cherche àassurer à ces bêtes erran-
tes, après qu'on leur a rendu bonne appa-
rence, qu'elles ont de nouveau le poil
luisant et l'œil vif, un asile de plus lon-
gue durée; on fait des démarches pour
leur trouver des maîtres sensibles, on ne
les abandonne qu'après qu'on a bien ga-
ranti leur avenir. En un mot, on donne
l'exemple de tout ce qui serait à faire
pour les vaincus de la vie, pour les pa-
rias, pour les pauvres,—mais on se borne
à donner cet exemple.
Il me semble que, pour avoir tout à
fait l'opinion pour elle, la Société protec-
trice des animaux, quand elle prend une
initiative nouvelle, devrait, en quelque
sorte, acheter le droit de s'occuper des
bêtes en faisant, soit à l'Assistance pu-
blique, soit à une œuvre philanthro-
pique, un don proportionnel à l'impor-
tance de sa dépense. Sa conscience ne
serait-elle pas ainsi plus tranquille ? Per-
sonne ne songerait plus, alors, à lui mar-
chander la sympathie ; on ne se permet-
trait plus envers elle aucune raillerie, et
elle pourrait, en tout repos et en toute
sérénité, pourvoir, selon ses goûts et ses
inclinations, à l'amélioration du sort des
bêtes, fonder tous les hôpitaux d'animaux
qu'elle voudrait, arracher à l'équarisseur
les ânes les plus pelés, éviter la fourrière
aux chiens les plus hideux.
Mais, jusque-là, on gardera toujours
quelque gêne, comme en présence d'une
espèce de provocation, à entendre ces
grandes doléances sur la condition des
animaux, à être témoin de ces émotions
exagérées pour un coup de fouet reçu par
une rosse paresseuse, à voir dépenser,
sous un prétexte sentimental, de l'argent
qui pourrait être mieux employé en fa-
veur des misérables, un peu plus intéres-
sants, tout de même, que les clients à
quatre pattes de la bonne Société, laquelle
est, d'ailleurs, singulièrement tracassière
et processive. Elle ôtera sans remords,
cette digne Société, son gagne-pain à un
charretier qui a eu un mouvement d'im-
patience, en le brouillant avec son patron
ou en le faisant condamner; elle ne s'in-
quiétera pas de ce qu'il deviendra, elle le
contraindra au chômage, elle le jettera
peut-être dans la plus fâcheuse situation.
Cela lui est indifférent pourvu qu'eue se
soit donné le plaisir de faire acte d'auto.
riiérOn l'aimerait mieux d'humeur moins
batailleuse et se bornant à faire de Is
propagande, fort méritoire en effet, er
laveur de ses idées, en démontrant l'in-
térêt. JBêJJne qu.: l'on a à bien traiter lest
: i
A y "à quelc^ae' chose dragaçao&
; sï -débonnaire que l'on soit, quelque af-;
fection même que l'on ait pour les bêtes,
à entendre si bruyammùnt plaider la
cause des « pauvres chevaux » et des
« pauvres chiens M. Et les pauvres hommes,
donc !
cela me rappelle toujours la jolie his-
toire narrée par P.-J. Stahl. Il racontait à
une petite fille l'aventure du petit Chape-
ron-Rouge ; elle eut, tout à coup, une ex-
clamation de pitié.
- Ah ! dit le conteur, tu plains la mère-
grand, ou tu t'affliges sur les malheurs
du Chaperon-Rouge ?
— Non, fit l'enfant, c'est le loup qui me
fait de la peine. Il fallait qu'il eût bien
faim et bien froid pour se donner tant dE
soucis!
Paul Ginisty.
MONACO EN INTERDIT
Un journal russe annonce que le tsar
ému de»désastres pécuniaires et des ruinef
nombreuses que la roulétte a causés el
cause eMque jour dans les familles les plu* -
en vue de la Russie, a décidé d'interdire
formellement lé séjour de Monaco à tous
ses sujets.
Voilà qui ne va pas faire rire le prince-
croupier Bonaparte.
MOUVEMENT JUDICIAIRE
Le Journal officiel publie ce matin It
mouvement judiciaire suivant :
Sont nommés :
Président du tribunal de Rouen (Seine-
Inférieure), M. Berchon, conseiller nommé
à la cour d'appel de Lyon, en remplace-
ment de M. Jean, qui conserve, sur sa de-
mande, ses fonctions de conseiller à Lyon.
Substitut du procureur de la République
près le tribunal de Béziers (Hérault), M.
Casteill, substitut du procureur de la Ré,
publique près le siège de Villefranche, en
remplacement de M. Caralh.
Substitut du procureur de la République
près du tribunal de Villefranche (Aveyron),
M. Dizier, juge suppléant au siège de Per-
pignan, en remplacement de M. Casteill, qui
est nommé substitut du procureur de la
République à Béziers.
Juge suppléant au tribunal de pe ins-
tance de Nice (Alpes-Maritimes), M. Topin,
avocat, en remplacement de M. Pélissier,
qui a été nommé substitut du procureur de
la République.
Juge supplèant au tribunal de Nancj
(Meurthe-et-Moselle), M. Viriath, avocat, en
remplacement de M. Tulpain, qui a été
nommé juge.
Juge-suppléant au tribunal de Cha-
teaudun (Eure-et-Loir), M. Lévy, avocat, en
remplacement de M. Pasquet, qui a été
nommé substitut du procureur de la Répu-
blique.
Juge-suppléant au tribunal de Laon
(Aisne) M. Turquin, avocat, en remplace-
ment de M. Vinchon, qui a été nommé
iuse. -----
Juge-suppléant au tribunal de Vitry-le-
François (Marne), M. Brault, avocat, en
remplacement de M. Ledreux, décédé.
M. Deroussen de Florival, juge au tribu-
nal de Laon (Aisne), remplira au même
siège les fonctions de juge d'instruction, ea
remplacement de M. Dusanterre, qui a été
nommé juge à Vervins.
M. Sanelaigne, juge nommé au tribunal
de Sens (Yonne), remplira au même siège
les fonctions de juge d'instruction, en rem-
placement de M. Moussu, qui a été nommé
, président.
FEMMES ENLEVÉES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Bucarest, 1er décembre.
Le village de Lioubidja vient d'être le
théâtre d'un nouveau scandale, impuni na-
turellement.
Un certain Seïda Oukitch, avec douze de
ses compagnons, s'est introduit dans la mai-
son d'un nommé Spassitch et a enlevé la
fille de celui-ci, sous l'honnête prétexte de
la convertir à l'islamisme. Peu après, l'in-
fortunée parvint à s'enfuir et à regaguer le
domicile paternel.
Deux jours après,Oukiteh revint en force,
fit l'assaut de la maison, et non seulement
enleva la jeune fille, mais encore une
femme nouvellement mariée.
On n'a plus eu de nouvelles de ces infor-
tunées.
L'AFFAIRE PARNELL
(D'UN CORRESPONDANT}
Londres, 1er décembre.
La réunion des députés irlandais natio-
nalistes a eu lieu aujourd'hui, à midi.
Sur 86 membres dont se compose le
groupe, 7h députés irlandais étaient pré-
sents. Cinq sont en Amérique ; les sept au-
tres avaient envoyé leur adhésion en faveur
de M. Parnell.
Ce dernier était présent et présidait la
réunion.
Apiès une discussion assez vive sur
l'ordre du jour, M. Nolan a proposé l'ajour-
nement pour permettre aux députés de
consulter leurs électeurs.
M. Sexton a combattu cette proposition ;
il a demandé une décision immédiate pour
éviter une rupture avec le parti libéral. Il
a déclaré que la démission de M. Parnell
était absolument nécessaire pour assurer
le succès du home rule.
Après plusieurs discours pour et contre,
M. Parnell a pris la parole. Il a reproché vi-
vement aux députés présents, qui la se-
maine dernière l'ont choisi pour chef, de
réclamer maintenant sa démission. M. Par-
nell a déclaré, en terminant, que le peuple
irlandais était derrière lui et qu'il ne démis-
sionnerait jamais sur l'injonction de cette
réunion de ses collègues.
La discussion a alors été ajournée.
LES ANGLAIS
DANS L'AFRIQUE ORIENTALE
Zanzibar, i" décembre.-Le protectorat bri-
tannique a été officiellement proclamé à Vita
et sur la région située au nord de Kismayen.
Fumo-Bekari, le sultan de Yi tu, erre dans le
jpys ea iu&itif.
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