Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-11-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 27 novembre 1890 27 novembre 1890
Description : 1890/11/27 (A19,N6891). 1890/11/27 (A19,N6891).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560430s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Bix-neuviême année. — N° 6,891 - CINQ Centimes - Paris et Départements CINQ C61ltllïl63 JEUDI 27 NOVEMBRE 189&s,i
---- --. - "';P"2
-, JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
nue Montmartre
PARIS
TLTRCYSVR POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS I
PRIX DE L'ABONNEMENT :
bàmà, 61.; Siimois, IIL; Oiaa, 201
Départements — 71.; — 121.; — 241,
Bnion Postale — 9f. — 161; — 321
lM cabonnemtn'. partent des 1** et 15 de chaque moifc
télégraphique : XIXe SIÈCLE — P ARTS
Téléphone : 20.289 6.
> ■ .,.-.. t-s '-- r • :
! ADMINISTRATION
^142, Rue Montxnartra
- v PARIS.. i „
BÉfrISSEURS D'ANNONCES
MM. LA GRANGE, CERF et CM
0, plam dd la Bourse, 6
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Parif*.«r.7*. Wi"^ 6 1.; IÎIIMÎI, 11L; ha, 20 rj
Départements — 71.; — 421.; — 24 C.
Union Postale - 9L; — tlL; — 32f.
Le» abonnement* partent de* 1** et 15 de chaque noie
AdmM télégraphique : xixe SIÈCLE PiHTtt
Téléphone : 20.289 bit.
f
Aujourd'hui, le XIXe SIÈCLE com-
mence la publication de
JUSTICE
PAR M. HECTOR MALOT
JUSTICE est la suite et la conclusion
de CONSCIENCE. Nous sommes sûrs
que nos lecteurs nous sauront gré de
leur donner ces deux œuvres du maître
romancier.
Crispi trioibit
- -t
*
Comme nous avons prévu et an-
nonce le succès du ministère italien,
nous n'éprouvons aucun désappoin-
tement. A coup sûr, nous aurions été
heureux de voir cette jeune nation
manifester la volonté de se rappro-
cher de la France ; nous aurions été
heureux de voir tomber un cabinet
inféodé à l'Allemagne. Mais nous sa-
vions que nos désirs ne seraient pas
exaucés, que M. Crispi avait le vent
en poupe et que la Chambre nouvelle
différerait peu de l'ancienne. Il n'y a
eu de surprise pour personne. Il ne
nous reste qu'à chercher quel est le
sens véritable des élections du 23 no-
vembre, quelles en seront les consé-
quences.
Tout en faisant la part des influen-
ces gouvernementales et de la pres-
sion officielle, nous devons reconnaî-
tre que les Italiens ne sont pas aussi
mécontents que le supposaient ceux
qui les croyaient en proie à une crise
économique terrible. Sans doute leur
budget est en déficit, les impôts sont
lourds et la misère est grande. Mais
la majorité des électeurs ne trouve
pas cette situation intolérable, ou
n'estime pas qu'un changement de mi-
nistère soit le meilleur moyen d'y re-
médier. Ils ont jugé que le triomphe
de l'opposition compliquerait les cho-
ses, que la monarchie en serait ébran-
lée, et ils tiennent à la monarchie qui
est pour eux le symbole et la garantie
de l'uuité. Le vote de dimanche est un
vote essentiellement conservateur;
c'est en faisant passer Pextrême-gau-
che pour révolutionnaire, que les feuil-
les ministérielles ont entraîné les hé-
sitants. On a eu peur de faire un saut
dans l'inconnu.
Ajoutons que le personnel politique
n'est pas très nombreux, que l'oppo-
sition n'avait pas assez de candidats
capables d'inspirer confiance et que
le gouvernement bénéficiait de toutes
les influences que représentait l'an-
cienne majorité. Quand une coalition
intéressée a rallié presque tous les
anciens partis autour du pouvoir, il
faut du temps pour que l'opposition
se réorganise et se • donne un état-
major complet.
D'autre part, les Italiens ont voté
pour le maintien de la triple alliance.
Il serait puéril de contester ce résul-
tat ; il serait dangereux d'en mécon-
««•iu v W Ilo «Txvîont à clivioir
entre l'amitié de la France et l'inti-
mité avec l'Allemagne; ils ont choisi
la dernière. Nous ferons bien de nous
le tenir pour dit, au moins pendant
quelque temps. En cas de conflit eu-
ropéen, l'Italie nous serait hostile et
le gouvernement d'Humbert Ier ne ren-
contrerait aucune résistance sérieuse
le jour où il se déclarerait pour nos
ennemis. Si nous nous sommes fait
quelque illusion à cet égard, nous n'a-
vons qu'à y renoncer.
Peut-être même avons-nous expri-
mé trop hautement la sympathie,
pourtant bien naturelle, que nous
inspiraient les Italiens fidèles aux sou-
venirs de 1859. La seule apparence
d'une intervention française, si dis-
crète qu'elle fût, dans la lutte électo-
rale a fait tort à nos amis. C'est là
une question d'amour-propre. Comme
on accuse les Français d'avoir jadis
voulu dominer l'Italie, on est bien dé-
cidé à ne tenir compte de leurs con-
seils et de leurs vœux que pour faire
tout le contraire. Ce sentiment ne va
peut-être pas jusqu'à la haine, mais
c'est au moins de l'aigreur.
Si maintenant nous nous deman-
dons ce que va faire M. Crispi, la ré-
ponse qui se présente tout d'abord à
l'esprit est celle-ci : « Ce qu'il vou-
dra. » Il n'a aucune résistance à crain-
dre du Parlement. La nouvelle Cham-
bre sera aussi docile, aussi complai-
sante que l'ancienne. Cette complai-
sance même peut être un danger pour
un premier ministre plus absolu que
le favori d'un souverain absolu,
puisqu'il possèJe, en même temps que
la confiance du prince, celle du pays
légal. M. Guizot n'a jamais été si puis-
sant que l'est aujourd'hui M. Crii.
Il a devant lui cinq années d qlÍasi-
dictature et il sera tent a'en profi-
ter, ca,? il est assez vieux pour être
imJatient. S'il caresse un rêve, il
cherchera à le réaliser promptement;
un septuagénaire n'aime pas à atten-
dre.
Deux choses cependant nous rassu-
rent : la situation générale de l'Eu-
rope et la situation particulière de
l'Italie. La triple alliance, depuis la
chute de M. de Bismarck, est moins
offensive que quand ce grand joueur
tenait les cartes. On a chanté tant
d'hymnes à la paix, qu'on n'oserait
probablement la troubler à la légère.
Guillaume Il est tout occupé de sa po-
litique intérieure ; l'Autriche ne vou-
drait rien risquer. Si pétulant que soit
M. Crispi, il ne se hasardera pas à
faire le matamore si personne ne l'y
encourage. Sa fougue ne va pas jus-
qu'à l'imprudence, et, d'ailleurs, il ne
saurait forcer la main au roi Hum-
bert. Or, les princes de la maison de
Savoie ont toujours aimé à faire l'ap-
point d'une coalition, mais non pas à
jouer les enfants perdus. En deman-
dant aux électeurs italiens de se pro-
noncer pour la continuation de la tri-
ple alliance, les ministériels ont eu
soin de crier sur tous les tons qu'elle
est la garantie de la paix. Les élec-
teurs n'ont pas entendu autoriser une
politique de provocation.
On a aussi promis des économies, et
les économies sont incompatibles avec
les armements fiévreux qu'impose-
raient des desseins belliqueux. La ma-
jorité qui va se réunir à Rome est une
majorité disciplinée, mais les amis les
plus dévoués de M. Crispi pèseront
doucement sur lui pour l'engager à
ménager le contribuable déjà si
éprouvé et le crédit quelque peu
ébranlé. S'il voulait ajouter aux char-
ges du pays, la majorité témoignerait
au moins quelque tristesse et quelque
mauvaise humeur. C'est ainsi que la
majorité du Corps législatif, qui était
un modèle de docilité, a pourtant em-
pêché Napoléon III d'accomplir une
grande réforme militaire et a fait di-
minuer le contingent à la veille des
hostilités. -
Nous ne sommes donc pas plus in-
quiets aujourd'hui que nous ne l'é-
tions hier. Aujourd'hui, comme hier,
il faut veiller, mais non s'alarmer.
Le XIX" SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par Francisque Sarcey.
DÉMISSION DU MINISTRE
DES FINANCES PORTUGAIS
(D'UN CORRESPONDANT)
Lisbonne, 25 novembre.
M. Mello Gouveia a donné sa démission
de ministre des finances; il est remplacé
par M. Auguste José da Cunha, ancien mi-
nistre des finances dans le dernier minis-
tère progressiste, pair du royaume et direc-
teur de la Monnaie.
Depuis plusieurs jours, les journaux por-
tugais avaient annoncé qu'en présence des
inextricables difficultés financières qui se
dressaient devant lui, M. Mello Gouveiâ
avait résolu d'abandonner son portefeuille.
On dit que le gouvernement portugais
est dans l'impossibilité de payer des achats
de farine faits à l'étranger pour parer à
l'insuffisance de la récolte et prévenir la
disette.
,- '««)«!! !!!!-)!!!!!< -B<
UN ASSASSINAT A SENSATION
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
- - - SB novembre. .,--
Aujourd'hui, en plein jour, Mme Carcano,
bijoutière rue de Turin, a été assassinée dans
son magasin, qui a été dévalisé.
Les assassins n'ont pas été découverts.
L'EMPRUNT
On sait que la Chambre a décidé de dis-
cuter avant le budget des finances le projet
d'emprunt. Cette discussion viendra très
probablement demain ou après-demain.
La discussion durera vraisemblablement
deux ou trois séances. Jusqu'à cette heure
cependant il n'y a que trois orateurs ins-
crits : M. Félix Faure, républicain, MM. le
baron de Soubeyran et d'Aillières, de la
Droite. D'autres orateurs demanderont cer-
tainement la parole au cours de la discus-
sion. Le projet du gouvernement sera dé-
fendu par le ministre des finances et par
M. Burdeau, rapporteur général, au nom de
la commission du budget.
La discussion s'engagera sur les trois
points suivants : nécessité, type et quotité
de l'emprunt.
La Chambre parait décidée à trancher
affirmativement la première question ;
mais de nombreux amendements seront
déposés sur le type proposé et sur le chif-
fre. On demandera notamment d'employer
le 3 0/0 amortissable de préférence au type
3 0/0 perpétuel.
L'ÉVÊCHÉ DE GENÈVE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, S5 novembre.
Le Vatican vient de désigner le successeur
du cardinal Mermillod au siège épiscopal de
Genève et Lausanne. C'est l'abbé Jacoud, di-
recteur du séminaire de Fribourg, dont la
candidature est agréée par le Conseil fédéral.
CRISE ARGENTINE
Buenos-Ayres, 25 novembre.
Par suite de la crise financière, plusieurs
maisons de crédit ont fermé leurs guichets.
Une bagarre assez sérieuse a eu lieu à la
Bourse. La police a dû intervenir.
Le gouvernement est décidé à proposer à
la Chambre, en vue de l'équilibre du bud-
get, l'établissement de nouveaux impôts,
parmi lesquels figurerait l'income-tax. Il
demanderait également le paiement en or
de la totalité des droits de douane.
Un décret du président de la République
supprime l'inscription à la cote de la Bourse
de l'agio sur l'or et oblige les tireurs de
traites à coter en paoier le change sur 1 Eu-
rope. ;
LES PETITS EMPLOYÉS
, DES POSTES ET TÉLÉGRAPHES
LE PROJET DE M. JULES ROCHE
Les adversaires du projet.- Un facteuz
sous l'empire. — Les hautes payes.
— Retour du service militaire.
— Mauvais outillage.
C'est aujourd'hui que revient devant la
Chambre le budget des postes et télégra-
phes. La discussion sera vive. Aussi
croyons-nous devoir rappeler aussi rapi-
dement que possible les faits déjà établis.
A la suite du remarquable discours de M.
de Lanessan, la Chambre, faisant preuve
de bonne volonté, renvoyait à la commis-
sion du budget un amendement deman-
dant pour le personnel et l'outillage pos-
tal un crédit de deux millions et demi.
Le lendemain, M. Jules Roche, ministre
des postes depuis bien près d'un an, mais
dont les loisirs — il l'a déclaré lui-même à
la tribune — ne lui avaient pas permis de
s'occuper de cette importante administra-
tion, subitement pris d'un zèle denéophyte,
déposait une demande de crédit de trois
millions qu'il jugeait indispensable le jour
du dépôt et trop élevée de huit cent mille
francs le lendemain, après en avoir conféré
avec la commission du budget qui lui avait
manifesté sa mauvaise humeur.
L'intervention de M. Jules Roche dans
toute cette affaire devait être néfaste. Non
seulement il acceptait toutes les réductions
de crédit qu'on lui demandait, mais il ap-
portait, pour faire face à ces crédits, de
nouvelles taxes postales, alors qu'il existe
du fait de cette administration d'impor-
tantes plus-values. Le ministre du com-
merce demande : 1° que les valeurs à re-
couvrer impayées soient frappées d'une
taxe de dix centimes; 2° que les imprimés
taxés un, deux, trois et quatre centimes
soient tous augmentés d'un centime.
C'est une lourde charge pour le com-
merce,et un député des Bouches-du-Rhône,
M. Leydet, se prépare à combattre ce mau-
vais projet. 11 est inadmissible, en effet,
qu'après avoir joui pendant des années
d'un régime de taxes libéral, nous reve-
nions en arrière sans rime ni raison. En
étudiant d'ailleurs les règlements postaux,
le commerce pourra trouver le moyen d'é-
luder la taxe et il n'y manquera pas. Il n'est
pas douteux que la Chambre se refusera à
voter les nouvelles taxes de M.Jules Roche,
et il faudra bien alors revenir au système
de M. de Lanessan, le seul rationnel et le
seul pratique.
Le Parlement a manifesté hautement son
désir de venir au secours du personnel
postal et télégraphique. Il ne reviendra pas
sur ses bonnes intentions, car il y a de
réelles souffrances à soulager.
Les facteurs
Tout le monde les connaît, tout le monde
les aime, ces porteurs des bonnes et des
mauvaises nouvelles, mais tout le monde
ne sait pas, en les voyant gais et alertes,
quelle triste situation leur est faite. Il y a
en France 2/j,500 facteurs ruraux qui font
tous les jours en moyenne de trente à
trente-cinq kilomètres, et ils sont payés à
raison de sept centimes un quart par kilo-
mètre.
Mais pour que ces modestes fonction-
naires ne puissent pas arriver à un traite-
ment trop élevé, il y a une rétribution
maximum de 850 francs. C'est là un maigre
denier sans doute, mais combien n'ont pas
ce traitement, combien ne l'atteindront ja-
mais? la majorité! La plupart des facteurs
touchent six, sept, sept cent cinquante
francs par an, et c'est avec cette somme
qu'ils doivent vivre et faire vivre leur fa-
mille.
Je dois ajouter, pour être juste, qu'un
supplément de solde, connu sous le nom
de haute-paye, leur est donné après un
certain nombre d'années de service. Dès
son arrivée, M. de Selves s'est ému de la
situation des facteurs et il leur a accordé,
comme don de joyeux avènement, les
hautes-payes suivantes : 25 francs après
cinq ans de service, 50 francs après dix
ans, 100 francs après quinze ans, 150 francs
après vingt ans et 200 francs après vingt-
cinq ans.
Si misérable que soit encore la situation
des facteurs, la République a fait pour eux
d'énormes sacrifices. Nous avons gardé le
souvenir d'un facteur rural de la fin de
l'empire, qui desservait trois grandes com-
munes et dont les émoluments étaient de
250 francs. A cette époque, un facteur ma-
lade devait se faire remplacer à ses frais ;
aujourd'hui, c'est le Trésor qui paye son
successeur momentané.
Quoi qu'il en soit, il reste encore beau-
coup à faire pour les facteurs, et vraiment,
quand on connaît leurs desiderata, il faut
bien avouer qu'ils n'ont pas des prétentions
exagérées. Leur rêve serait la suppression
du traitement à base kilométrique et son
remplacement par un traitement fixe de
mille francs par an, avec augmentation
de cent francs tous les deux ans jusqu'au
maximum de quinze cents francs.
Les commis
Quant aux commis, à ceux que nous
voyons aux guichets des bureaux de poste,
affairés, pressés par un public souvent exi-
geant, leur situation n'est guère meilleure
que celle des facteurs. Les surnuméraires
entrent dans l'administration à dix-huit
ans. Ils font trois ans et demi et quatre ans
de surnumérariat. Ils partent sous les dra-
peaux à vingt et un ans, et avec l'ancienne
loi militaire ils rentraient à vingt-cinq ans,
après leur libération,surnuméraires comme
devant, avec la perspective d'attendre dix-
huit mois ou deux ans leur nomination de
commis à quinze cents francs. Là, ils font
une halte de cinq ans pour augmenter de
trois cents francs; de sorte qu'à trente ans,
mariés et pères de famille, les commis des
postes s'estiment heureux quand ils tou-
chent cent cinquante francs par mois.
Cette situation, M. de Lanessan l'a fait
connaître à la Chambre il y a huit jours, et
nous savons qu'il ne se lassera de la dénon-
cer que le jour où il aura obtenu pleine et
entière satisfaction.
Création de bureaux de poste
Mais ce n'est pas le personnel seulement
qui souffre de la pénurie des crédits, c'est
l'outillage qui fait défaut. Il existe à l'admi-
nistration des postes dix-huit cents de-
mandes, justifiées, reconnues fondées, de
bureaux de poste qui ne peuvent recevoir
de solution parce qu'il ne plaît pas au mi-
nistère des finances d'abandonner quelques
parcelles des bénéfices nets réalisés par le
service des postes.
Il y a plus, le personnel des agents dans
les bureaux est notoirement insuffisant, et
r le public, chacun l'a expérimenté pour son
compte, est obligé d'attendre vingt minu-
tes pour obtenir un timbre de quinze cen-
times. Il faudrait ouvrir un, deux, trois
guichets de plus, les clients le disent, le
crient bien haut; ils ne savent pas que tout
le personnel est sur pied et sur les dents
et qu'il donne en réalité plus de travail
qu'il ne peut.
Parlerons-nous de l'insuffisance notoire du
service électrique dans Paris? A quoi bon?
Tout le monde sait qu'un commissionnaire
va beaucoup plus vite que le petit bleu.
Il est inutile, d'ailleurs, d'insister sur des
faits connus de tous aujourd'hui et qu'il
importe au plus haut point de faire dispa-
raître. Nous sommes convaincus que la
Chambre, malgré la mauvaise volonté de
la commission du budget, du ministre des
finances et les variations inquiétantes de
M. Jules Roche, saura faire son devoir. Il
est nécessaire qu'un grand service public
comme les postes et les télégraphes soit à
la hauteur de la mission qui lui incombe,
et, pour cela, il faut lui en donner les
moyens.
LA DERNIÈRE ARRESTATION
DE M. LOZÉ
Grand remue-ménage, hier, à la préfec-
ture de police. Il ne s'agissait de rien moins
que de l'arrestation de Padlewski. Du moins
on le croyait, et M. Lozé, qui avait lancé
cette fois sa brigade des recherches politi-
ques, en était convaincu.
Naturellement, le Padlewski arrêté n'est
pas Padlewski. C'est un pauvre diable d'une
trentaine d'années, répondant assez mal au
signalement de l'assassin du général Sili-
verstoff.
En apprenant qu'on l'arrêtait comme tel,
il a protesté.
— Mais je suis Dombrowski! s'est-il écrié.
Je connais Padlewski, mais je n'ai assassiné
aucun général russe.
N'importe. Comme il portait des lunettes
bleues, ce qui est une preuve de culpabilité,
M. Guillot, qui dirige toute l'affaire avec
M. Lozé, l'a fait écrouer au Dépôt.
Dombrowski s'étant réclamé d'un cer-
tain nombre de personnes prêtes à dire
qui il est, M. Guillot a déclaré qu'il serait
temps de les interroger aujourd'hui.
En attendant, Dombrowski est au Dépôt
et Mendelsohn reste toujours à Mazas.
Quant à Padlewelii, pas de trace. Et il y a
huit jours que le général russe a été assas-
siné !
M. DE FREYCINET.
On nous demande ce que nous pensons
de la candidature de M. de Freycinet à
l'Académie française.
Nous le dirons sans ambages : nous
trouvons que cette candidature est une
faute de la part de ce très habile, d'au-
cuns disent trop habile homme d'Etat.
M. de Freycinet est ingénieur, membre
du Parlement, ministre de la guerre et
président du conseil. Il est tout ce qu'on
peut être en France quand on n'est pas
président de la République. Et s'il ne
l'est pas à la place de M. Carnot, dont il
était l'ancien en mathématiques et en
politique, ce n'est pas sa faute. Son échec
au Congrès de 1887 lui a été d'autant plus
sensible, qu'en dépit du flair qu'on lui
prête, il ne l'avait ni prévu ni fait prévoir
à ses amis.
Le voilà maintenant qui veut être aca-
démicien. C'est peut-être pousser un peu
loin l'amour du panache. JI nous semble,
et il semble à beaucoup de braves gens
que M. t de Freycinet aurait pu trouver
suffisant pour sa renommée d'être un bon
ministre de la guerre. L'est-il? Les uns
le disent, les autres soutiennent que ses
grandes qualités d'indécision ne sont pas
précisément celles qui conviennent à un
ministre, surtout à un ministre civil de
la guerre. La vérité, — hélas! nous en
avons grand'peur, — c'est que personne
ne devinera l'énigme de cet aimable
sphynx avant la terrible échéance qui
nous guette et qui, en attendant qu'elle
fonde sur nous, hypnotise la démocratie
française dans son statu quo. *
Ce qui est certain, c'est que, si on
peut être un grand littérateur sans
être académicien, témoin Alexandre Du-
mas père, Balzac, Zola et tant d'autres,
on peut être académicien tout en étant
un déplorable homme d'Etat. Jules Fa-
vre, Emile Ollivier furent académiciens ;
Carnot ne l'était pas. La seule chose que
prouve, en somme, la conquête des pal-
mes académiques, c'est qu'on a su se mé-
nager les faveurs de cet orléanisme bénin
qui a pour distingué représentant le duc
d'Aumale, auquel M. de Freycinet vient
précisément de rendre visite comme fu-
tur académicien, laissant sans doute au
vestiaire de Son Altesse Royale son mas-
que et sa qualité de ministre civil de la
guerre de la République française.
Les palmes qu'on décroche ainsi ne
sont pas celles qui peuvent consacrer la
gloire d'un organisateur de la défense
nationale. C'est la raison pour laquelle
nous aurions aimé voir M. de Freycinet
rester ce qu'il était. D'autres, à sa place,
s'en seraient contentés.
AUGUSTE BELMONT
Le banquier Auguste Belmont, dont nous
avons annoncé hier la mort soudaine, était
né en 1816, à Alzen, dans le Palatinat.
Il fit ses études à Francfort et entra
comme employé dans la maison de
Rothchild de cette ville, et plus tard dans
celle de Naples.
Il s'est établi à New-York en 1836, comme
banquier et comme agent des Rothschild.
Il fut consul général d'Autriche à New-York
de 18kk à 1850, et ministre des Etats-Unis à
La Haye de 185h à 1858.
Il avait présidé le comité démocratique
national, et avait été, pendant vingt ans,
président du Jockey-Club américain.
Il boitait fortement d'une balle reçue
dans sa jeunesse dans un duel dont une
femme était la cause.
Il laisse un fils, M. Perry Belmont, qui a
été membre du Congrès et ministre des
Etat-Unis en Espagne.
La maison Belmont et Cie était une des
banques les plus riches et les plus consi-
dérées de l'Amérique.
LAVIEDEPARIS
Il y a, dans la discussion du budget,
des questions qui touchent moins à la
politique proprement dite et aux affaires
qu'aux intérêts et aux plaisirs des Pari-
siens et de tous ceux qui viennent, de
tous les points du globe, goûter les dou-
ceurs de la vie de Paris. Ces questions
sont celles qui peuvent s'élever à propos
du budget des beaux-arts et, en particu-
lier, des théâtres. On s'attendait là-dessus
à quelque gros orage ; tout a fini en bo-
nace.
Il est vrai que la Chambre, toujours en
retard, en est réduite à expédier le bud-
get à la hâte, réglant un ministère par
jour, quand ce n'est pas deux! Dans de
telles conditions, il n'y avait pas lieu
d'espérer qu'elle prêtât la moindre atten-
tion à ceux qui seraient venus soulever
devant elle des discussions théoriques,
toujours assez longues et délicates et qui
n'ont pas toujours de sanction bien pré-
cise. Les critiques avisés ont rengaîné
leurs discours, ont réservé leurs observa-
tions pour plus tard. C'est tout au plus
si le bureau des théâtres, y compris la
censure, a reçu un petit assaut, auquel il
a résisté. On est rassuré à l'Opéra, —
pas trop, cependant, — à la Comédie-
Française et au Conservatoire.
Cependant, si on veut bien faire atten-
tion à ces débats, on voit que M. Michou,
avec son idée de supprimer les subven-
tions, gagne du terrain. Et il en gagnera
peut-être assez, d'ici à un an, quelque
maladroit que cet excellent homme soit
dans ses critiques, pour que tout le sys-
tème de la protection actuelle soit me-
nacé, à moins que les ministres n'aient
la bonne précaution de devancer les op-
posants en opérant eux-mêmes des ré-
formes. M. Bourgeois a eu l'esprit de le
faire. Il a modifié le règlement de l'Ecole
des Beaux-Arts dans le sens des vœux
que, depuis trente ans, la critique d'art
exprimait journellement. Peut-être en
fera-t-il de même sur d'autres questions,
en particulier sur celle de l'enseignement
du Conservatoire? S'il s'endormait trop
sur la victoire sans combat de cette an-
née, il s'exposerait, l'an qui vient et peut-
être avant, à des critiques qui ne sont
que trop justifiées par l'esprit de routine
qui règne encore aux Beaux-Arts, malgré
des efforts qu'ils faut constater.
On peut discuter sur la nécessité d'une
école professionnelle de l'Etat pour for-
mer des chanteurs et des comédiens. Il y
a des pays où il n'existe que des écoles
libres, d'autres où l'on ne trouve que des
instituts municipaux. On ferait utilement
des comparaisons entre les résultats ob-
tenus par ces divers systèmes. L'art a, de
nos jours surtout, des formes très multi-
ples, et M. Antoine, ces jours-ci, dans une
remarquable lettre adressée à M. Sarcey,
établissait avec assez de raison que le
Conservatoire ne prépare pas à toutes les
formes de l'art contemporain. Mais sans
aller jusqu'aux idées révolutionnaires en
fait d'art, en acceptant ce qui existe, en
songeant seulement à l'améliorer et non
à le détruire, on peut tenir pour certain
que l'organisation du Conservatoire est
ce qu'il y a de plus défectueux, aucuns
disent de plus sot.
On doit enseigner, là, la musique et l'art
dramatique. L'homme qui dirige la mai-
son doit donc, par définition, être com-
pétent dans les branches de l'art, fort di-
verses. Tel était le cas d'Auber. S'il était
musicien de profession, il était au moins
en fait de théâtre, un amateur très éclairé.
Il avait suivi, toute sa vie, les théâtres et
les acteurs. Son successeur actuel, M.
Ambroise Thomas, est un grand composi-
teur; mais je crois qu'on ne le calomnie
pas en disant qu'il se soucie de l'art dra-
matique, de la comédie, des drames et
du vaudeville, comme un poisson d'une
pomme. Il faudrait pourtant quelqu'un
qui filt là pour débrouiller les vo-
cations, encourager les bonnes et les
vraies, éclairer et, au besoin, décourager
les fausses. Ce quelqu'un n'existe pas.
Il y a bien des concours. Mais tout
le monde sait ce que les concours
ont d'incertain et de trompeur, quel-
les que soient la capacité et l'honnê-
teté des juges. Ce qui est essentiel, c'est
un homme qui soit là, passionné pour les
choses du théâtre, s'y connaissant et pou-
vant donner un bon conseil. Aussi vou-
lait-on, au Conservatoire, un directeur
des études dramatiques. Il n'y en a pas.
La seule autorité au-dessous du direc-
teur, qui plane dans les nuages et n'as-
siste jamais à une classe, c'est celle d'un
secrétaire général , qui ne se connaît
qu'aux choses d'administration et de dis-
pline et ne s'occupe des autres que par
un abus.
Les professeurs sont excellents. Ce sont,
on le sait, des artistes distingués de la
Comédie-Française. Mais, tout d'abord,
ils sont tous de la Comédie-Française. Ils
en ont les traditions, les qualités et les
défauts. De plus, à la façon dont sont ré-
glés les travaux, je doute qu'ils aient
même la possibilité de bien connaître les
élèves de leurs classes. Toutes les objec-
tions qu'on a, pendant longtemps, pré-
sentées contre le baccalauréat, l'examen
unique où le sort joue un rôle presque
décisif, objections qui ont fini par triom-
pher avec l'établissement des examens de
fin d'année et la division du baccalauréat,
peuvent être produites contre le système
des examens du Conservatoire.
Il est absurde qu'il n'y ait pas deux
classes : l'une de diction (la diction, c'est
la grammaire de l'acteur); l'autre de
composition dramatique. On devrait ne
pas pouvoir concourir pour la classe su-
périeure sans avoir passé par la classe
primaire et en être sorti avec un exa-
men suffisant. Il arrive constamment au-
jourd'hui que des élèves, qui n'ont aucune
espèce -d'autre mérite que,de posséder un
certain hùent d'imitation comparable à
celui des perroquets (genre de mérite quL
est fréquent surtout chez les femmes)L
apprennent une scène en « prenant des
intonations" à leur professeur, — cet
horrible mot est ordinaire au Conserva
toire, — il arrive constamment que ceg
élèves décrochent ou raccrochent un prix,
qu'on - me passe ce mot, - sans malice.
Et puis, quand ces artistes arrivent sur
une scène, jouent vraiment la comédie ou
le drame, on s'aperçoit qu'ils n'ont même
pas une bonne diction et que, quant à
composer un rôle, ils ne s'en doutent pas.
Il faut, pour tout dire d'un mot, rempla-
cer cette éducation, pour ainsi parier mé-
canique, par une instruction rationnelle.
Ces choses, avec les développements et
les innovations qu'elles comportent, il y
a — comme pour l'Ecole de Rome—trente
ans que nous les disons. Les Parisiens, qui
se plaignent avec raison des théâtres, et
les provinciaux qui, parfois, regrettent
les leurs, seraient ravis qu'on les enten-
dit enfin.
Henry Pouquier
NOUVELLE « ÉLECTROCUTION n
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
New-York, 25 novembre.
Les horreurs d'une exécution par l'élec- -
tricité vont prochainement se renouveler.
New-York. -
La cour suprême de Washington vient
de rendre un arrêt déclarant encore une
fois que ce mode d'exécution était stricte-
ment légal. L'assassin japonais Jugigo, dont
les défenseurs avaient soulevé cette ques-
tion de légalité, devra donc mourir de la
même mort que son prédécesseur Kemm-
1er.
LES COMPTES DE DEPOTS
Suspension de paiement de l'établis-
sement dépositaire. — Régime des
faillites.- Droits des déposants.
La chute de la maison Baring après celle
du Comptoir d'escompte, et les bruits qui
courent sur le Crédit lyonnais, ne sont pas
sans préoccuper vivement l'opinion publi-
que.
De toutes parts on nous demande quel
est le sort que la loi fait aux déposants d'un
établissement de crédit qui se met en sus-
pension de paiement.
Pourdonner uneréponse exacte et légale,
il faut distinguer la nature et la forme du
dépôt.
Dépôt de fonds
S'il s'agit d'espèces, or, argent ou billets
de banque, comme ce sont choses éminem-
ment fongibles, qui ne peuvent porter
aucune trace indélébile de propriétaire, el-
les tombent dans la masse de la faillite, et
cela avec d'autant plus de raison qu'en
général le dépôt est effectué contre l'enga-
gement par l'établissement dépositaire de
servir un intérêt quelconque sur le mon-
tant de la somme déposée.
Or, il découle naturellement de cette
obligation de payer un intérêt pour les
sommes confiées en dépôt l'autorisation
explicite de leur donner un emploi plus
ou moins temporaire, mais fructueux,
c'est-à-dire, en termes précis, de les elll
ployer aux affaires de la maison.
Les dépôts s'accumulent donc, et tant
que les affaires vont régulièrement, on se
sert de l'argent des derniers déposants pour
satisfaire aux demandes de remboursement
des déposants antérieurs. C'est ce qu'on ap-
pelle vulgairement découvrir Pierre pour
couvrir Paul.
Mais lorsque, par suite d'une panique
quelconque, les déposants suspendent leurs
versements et demandent au contraire à
être remboursés, les affaires s'arrêtent ef
tout craque.
Dépôt de titres
Quant aux titres ou valeurs confiés en
dépôt, ils doivent être remis intacts à leurs
propriétaires, qui en font la revendication,
mais à la condition expresse qu'ils se re- J
trouveront, au moment de la suspension 1
de paiement, en nature sous la chemise de
dépôt ou avec une mention indiquant quel
en est le véritable propriétaire.
Dans le cas contraire, c'est-à-dire s'ils
ont été détournés, ou si même les numéros
des titres trouvés sous la mention du dépôt
ne correspondent pas avec les numéros por-
tés sur le récépissé, les titres tombent-
dans la masse de la faillite.
Il résulte de cette situation légale, dans
l'un et l'autre cas, que les déposants n'ont
plus d'autre droit que de produire à la fail-
lite pour le montant de leur créance au jour
de la déclaration de suspension de paie-
ment et d'être payés au marc le franc.
Ce qui revient à dire qu'il ne leur reste
que l'espoir de recevoir, au bout d'un an
ou deux, quelquefois davantage, un divi- -
dende variait de un à cent pour cent de
leur créance, suivant les forces vives de la
liquidation.
- - .„ Comptes courants
Reste enfin les déposants en comptes cou-i
rants. Leur situation à eux est bien simple-
Tous les effets des comptes courants sont'
arrêtés par l'événement de la suspension,
de paiement du donneur de compte cou-
rant. Nous venons d'en voir un exemple
considérable dans la résolution du contrat !
de compte courant intervenu entre lamai-i
son Baring et le Portugal.
Si le déposant -en compte courant sa,
trouve débiteur au moment de la suspen-
sion de paiement, il est tenu de solder son
compte en bonnes espèces d'or ou d'argent
ayant cours légal, dans lepl us bref délai.
sans pouvoir faire valoir aucune compen
sation.
Si, au contraire, le déposant en compte
courant est créancier, iidevra produire ît
la faillite purement et simplement pour le
montant de sa créance et attendre, pendants
le délai que nous venons de rappeler, pour:
être payé en monnaie de faillite.
Ce sont là certainement des solutions peu
satisfaisantes, mais, enfin, c'est la loi.
Nous avons déjà demandé, nous deman..;t
dons encore qu'on la modifie ; mais, eu
attendant qu'elle le soit, nous avons le de-;.
voir de la mettre sous les yeux de nos lec-4
teurs, pour leur faire comprendre les périls!
des dépôts d'espèces, avec petit ou groy
intérêt, et même des dépôts de titres dansV
des établissements qui, sans avoir souci devj
la responsabilité qui leur incombe, noi
craignent pas de s'engager dans des opérai
tiems ; comme les emprunts portugais; e:
tant d'autres du même genre, dans les-*
quelles on a vu malheureusement trop sou-~'
vtüt fIgUrer le nom du Crédit lyonnais. ,
---- --. - "';P"2
-, JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
nue Montmartre
PARIS
TLTRCYSVR POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS I
PRIX DE L'ABONNEMENT :
bàmà, 61.; Siimois, IIL; Oiaa, 201
Départements — 71.; — 121.; — 241,
Bnion Postale — 9f. — 161; — 321
lM cabonnemtn'. partent des 1** et 15 de chaque moifc
télégraphique : XIXe SIÈCLE — P ARTS
Téléphone : 20.289 6.
> ■ .,.-.. t-s '-- r • :
! ADMINISTRATION
^142, Rue Montxnartra
- v PARIS.. i „
BÉfrISSEURS D'ANNONCES
MM. LA GRANGE, CERF et CM
0, plam dd la Bourse, 6
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Parif*.«r.7*. Wi"^ 6 1.; IÎIIMÎI, 11L; ha, 20 rj
Départements — 71.; — 421.; — 24 C.
Union Postale - 9L; — tlL; — 32f.
Le» abonnement* partent de* 1** et 15 de chaque noie
AdmM télégraphique : xixe SIÈCLE PiHTtt
Téléphone : 20.289 bit.
f
Aujourd'hui, le XIXe SIÈCLE com-
mence la publication de
JUSTICE
PAR M. HECTOR MALOT
JUSTICE est la suite et la conclusion
de CONSCIENCE. Nous sommes sûrs
que nos lecteurs nous sauront gré de
leur donner ces deux œuvres du maître
romancier.
Crispi trioibit
- -t
*
Comme nous avons prévu et an-
nonce le succès du ministère italien,
nous n'éprouvons aucun désappoin-
tement. A coup sûr, nous aurions été
heureux de voir cette jeune nation
manifester la volonté de se rappro-
cher de la France ; nous aurions été
heureux de voir tomber un cabinet
inféodé à l'Allemagne. Mais nous sa-
vions que nos désirs ne seraient pas
exaucés, que M. Crispi avait le vent
en poupe et que la Chambre nouvelle
différerait peu de l'ancienne. Il n'y a
eu de surprise pour personne. Il ne
nous reste qu'à chercher quel est le
sens véritable des élections du 23 no-
vembre, quelles en seront les consé-
quences.
Tout en faisant la part des influen-
ces gouvernementales et de la pres-
sion officielle, nous devons reconnaî-
tre que les Italiens ne sont pas aussi
mécontents que le supposaient ceux
qui les croyaient en proie à une crise
économique terrible. Sans doute leur
budget est en déficit, les impôts sont
lourds et la misère est grande. Mais
la majorité des électeurs ne trouve
pas cette situation intolérable, ou
n'estime pas qu'un changement de mi-
nistère soit le meilleur moyen d'y re-
médier. Ils ont jugé que le triomphe
de l'opposition compliquerait les cho-
ses, que la monarchie en serait ébran-
lée, et ils tiennent à la monarchie qui
est pour eux le symbole et la garantie
de l'uuité. Le vote de dimanche est un
vote essentiellement conservateur;
c'est en faisant passer Pextrême-gau-
che pour révolutionnaire, que les feuil-
les ministérielles ont entraîné les hé-
sitants. On a eu peur de faire un saut
dans l'inconnu.
Ajoutons que le personnel politique
n'est pas très nombreux, que l'oppo-
sition n'avait pas assez de candidats
capables d'inspirer confiance et que
le gouvernement bénéficiait de toutes
les influences que représentait l'an-
cienne majorité. Quand une coalition
intéressée a rallié presque tous les
anciens partis autour du pouvoir, il
faut du temps pour que l'opposition
se réorganise et se • donne un état-
major complet.
D'autre part, les Italiens ont voté
pour le maintien de la triple alliance.
Il serait puéril de contester ce résul-
tat ; il serait dangereux d'en mécon-
««•iu v W Ilo «Txvîont à clivioir
entre l'amitié de la France et l'inti-
mité avec l'Allemagne; ils ont choisi
la dernière. Nous ferons bien de nous
le tenir pour dit, au moins pendant
quelque temps. En cas de conflit eu-
ropéen, l'Italie nous serait hostile et
le gouvernement d'Humbert Ier ne ren-
contrerait aucune résistance sérieuse
le jour où il se déclarerait pour nos
ennemis. Si nous nous sommes fait
quelque illusion à cet égard, nous n'a-
vons qu'à y renoncer.
Peut-être même avons-nous expri-
mé trop hautement la sympathie,
pourtant bien naturelle, que nous
inspiraient les Italiens fidèles aux sou-
venirs de 1859. La seule apparence
d'une intervention française, si dis-
crète qu'elle fût, dans la lutte électo-
rale a fait tort à nos amis. C'est là
une question d'amour-propre. Comme
on accuse les Français d'avoir jadis
voulu dominer l'Italie, on est bien dé-
cidé à ne tenir compte de leurs con-
seils et de leurs vœux que pour faire
tout le contraire. Ce sentiment ne va
peut-être pas jusqu'à la haine, mais
c'est au moins de l'aigreur.
Si maintenant nous nous deman-
dons ce que va faire M. Crispi, la ré-
ponse qui se présente tout d'abord à
l'esprit est celle-ci : « Ce qu'il vou-
dra. » Il n'a aucune résistance à crain-
dre du Parlement. La nouvelle Cham-
bre sera aussi docile, aussi complai-
sante que l'ancienne. Cette complai-
sance même peut être un danger pour
un premier ministre plus absolu que
le favori d'un souverain absolu,
puisqu'il possèJe, en même temps que
la confiance du prince, celle du pays
légal. M. Guizot n'a jamais été si puis-
sant que l'est aujourd'hui M. Crii.
Il a devant lui cinq années d qlÍasi-
dictature et il sera tent a'en profi-
ter, ca,? il est assez vieux pour être
imJatient. S'il caresse un rêve, il
cherchera à le réaliser promptement;
un septuagénaire n'aime pas à atten-
dre.
Deux choses cependant nous rassu-
rent : la situation générale de l'Eu-
rope et la situation particulière de
l'Italie. La triple alliance, depuis la
chute de M. de Bismarck, est moins
offensive que quand ce grand joueur
tenait les cartes. On a chanté tant
d'hymnes à la paix, qu'on n'oserait
probablement la troubler à la légère.
Guillaume Il est tout occupé de sa po-
litique intérieure ; l'Autriche ne vou-
drait rien risquer. Si pétulant que soit
M. Crispi, il ne se hasardera pas à
faire le matamore si personne ne l'y
encourage. Sa fougue ne va pas jus-
qu'à l'imprudence, et, d'ailleurs, il ne
saurait forcer la main au roi Hum-
bert. Or, les princes de la maison de
Savoie ont toujours aimé à faire l'ap-
point d'une coalition, mais non pas à
jouer les enfants perdus. En deman-
dant aux électeurs italiens de se pro-
noncer pour la continuation de la tri-
ple alliance, les ministériels ont eu
soin de crier sur tous les tons qu'elle
est la garantie de la paix. Les élec-
teurs n'ont pas entendu autoriser une
politique de provocation.
On a aussi promis des économies, et
les économies sont incompatibles avec
les armements fiévreux qu'impose-
raient des desseins belliqueux. La ma-
jorité qui va se réunir à Rome est une
majorité disciplinée, mais les amis les
plus dévoués de M. Crispi pèseront
doucement sur lui pour l'engager à
ménager le contribuable déjà si
éprouvé et le crédit quelque peu
ébranlé. S'il voulait ajouter aux char-
ges du pays, la majorité témoignerait
au moins quelque tristesse et quelque
mauvaise humeur. C'est ainsi que la
majorité du Corps législatif, qui était
un modèle de docilité, a pourtant em-
pêché Napoléon III d'accomplir une
grande réforme militaire et a fait di-
minuer le contingent à la veille des
hostilités. -
Nous ne sommes donc pas plus in-
quiets aujourd'hui que nous ne l'é-
tions hier. Aujourd'hui, comme hier,
il faut veiller, mais non s'alarmer.
Le XIX" SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par Francisque Sarcey.
DÉMISSION DU MINISTRE
DES FINANCES PORTUGAIS
(D'UN CORRESPONDANT)
Lisbonne, 25 novembre.
M. Mello Gouveia a donné sa démission
de ministre des finances; il est remplacé
par M. Auguste José da Cunha, ancien mi-
nistre des finances dans le dernier minis-
tère progressiste, pair du royaume et direc-
teur de la Monnaie.
Depuis plusieurs jours, les journaux por-
tugais avaient annoncé qu'en présence des
inextricables difficultés financières qui se
dressaient devant lui, M. Mello Gouveiâ
avait résolu d'abandonner son portefeuille.
On dit que le gouvernement portugais
est dans l'impossibilité de payer des achats
de farine faits à l'étranger pour parer à
l'insuffisance de la récolte et prévenir la
disette.
,- '««)«!! !!!!-)!!!!!< -B<
UN ASSASSINAT A SENSATION
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
- - - SB novembre. .,--
Aujourd'hui, en plein jour, Mme Carcano,
bijoutière rue de Turin, a été assassinée dans
son magasin, qui a été dévalisé.
Les assassins n'ont pas été découverts.
L'EMPRUNT
On sait que la Chambre a décidé de dis-
cuter avant le budget des finances le projet
d'emprunt. Cette discussion viendra très
probablement demain ou après-demain.
La discussion durera vraisemblablement
deux ou trois séances. Jusqu'à cette heure
cependant il n'y a que trois orateurs ins-
crits : M. Félix Faure, républicain, MM. le
baron de Soubeyran et d'Aillières, de la
Droite. D'autres orateurs demanderont cer-
tainement la parole au cours de la discus-
sion. Le projet du gouvernement sera dé-
fendu par le ministre des finances et par
M. Burdeau, rapporteur général, au nom de
la commission du budget.
La discussion s'engagera sur les trois
points suivants : nécessité, type et quotité
de l'emprunt.
La Chambre parait décidée à trancher
affirmativement la première question ;
mais de nombreux amendements seront
déposés sur le type proposé et sur le chif-
fre. On demandera notamment d'employer
le 3 0/0 amortissable de préférence au type
3 0/0 perpétuel.
L'ÉVÊCHÉ DE GENÈVE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, S5 novembre.
Le Vatican vient de désigner le successeur
du cardinal Mermillod au siège épiscopal de
Genève et Lausanne. C'est l'abbé Jacoud, di-
recteur du séminaire de Fribourg, dont la
candidature est agréée par le Conseil fédéral.
CRISE ARGENTINE
Buenos-Ayres, 25 novembre.
Par suite de la crise financière, plusieurs
maisons de crédit ont fermé leurs guichets.
Une bagarre assez sérieuse a eu lieu à la
Bourse. La police a dû intervenir.
Le gouvernement est décidé à proposer à
la Chambre, en vue de l'équilibre du bud-
get, l'établissement de nouveaux impôts,
parmi lesquels figurerait l'income-tax. Il
demanderait également le paiement en or
de la totalité des droits de douane.
Un décret du président de la République
supprime l'inscription à la cote de la Bourse
de l'agio sur l'or et oblige les tireurs de
traites à coter en paoier le change sur 1 Eu-
rope. ;
LES PETITS EMPLOYÉS
, DES POSTES ET TÉLÉGRAPHES
LE PROJET DE M. JULES ROCHE
Les adversaires du projet.- Un facteuz
sous l'empire. — Les hautes payes.
— Retour du service militaire.
— Mauvais outillage.
C'est aujourd'hui que revient devant la
Chambre le budget des postes et télégra-
phes. La discussion sera vive. Aussi
croyons-nous devoir rappeler aussi rapi-
dement que possible les faits déjà établis.
A la suite du remarquable discours de M.
de Lanessan, la Chambre, faisant preuve
de bonne volonté, renvoyait à la commis-
sion du budget un amendement deman-
dant pour le personnel et l'outillage pos-
tal un crédit de deux millions et demi.
Le lendemain, M. Jules Roche, ministre
des postes depuis bien près d'un an, mais
dont les loisirs — il l'a déclaré lui-même à
la tribune — ne lui avaient pas permis de
s'occuper de cette importante administra-
tion, subitement pris d'un zèle denéophyte,
déposait une demande de crédit de trois
millions qu'il jugeait indispensable le jour
du dépôt et trop élevée de huit cent mille
francs le lendemain, après en avoir conféré
avec la commission du budget qui lui avait
manifesté sa mauvaise humeur.
L'intervention de M. Jules Roche dans
toute cette affaire devait être néfaste. Non
seulement il acceptait toutes les réductions
de crédit qu'on lui demandait, mais il ap-
portait, pour faire face à ces crédits, de
nouvelles taxes postales, alors qu'il existe
du fait de cette administration d'impor-
tantes plus-values. Le ministre du com-
merce demande : 1° que les valeurs à re-
couvrer impayées soient frappées d'une
taxe de dix centimes; 2° que les imprimés
taxés un, deux, trois et quatre centimes
soient tous augmentés d'un centime.
C'est une lourde charge pour le com-
merce,et un député des Bouches-du-Rhône,
M. Leydet, se prépare à combattre ce mau-
vais projet. 11 est inadmissible, en effet,
qu'après avoir joui pendant des années
d'un régime de taxes libéral, nous reve-
nions en arrière sans rime ni raison. En
étudiant d'ailleurs les règlements postaux,
le commerce pourra trouver le moyen d'é-
luder la taxe et il n'y manquera pas. Il n'est
pas douteux que la Chambre se refusera à
voter les nouvelles taxes de M.Jules Roche,
et il faudra bien alors revenir au système
de M. de Lanessan, le seul rationnel et le
seul pratique.
Le Parlement a manifesté hautement son
désir de venir au secours du personnel
postal et télégraphique. Il ne reviendra pas
sur ses bonnes intentions, car il y a de
réelles souffrances à soulager.
Les facteurs
Tout le monde les connaît, tout le monde
les aime, ces porteurs des bonnes et des
mauvaises nouvelles, mais tout le monde
ne sait pas, en les voyant gais et alertes,
quelle triste situation leur est faite. Il y a
en France 2/j,500 facteurs ruraux qui font
tous les jours en moyenne de trente à
trente-cinq kilomètres, et ils sont payés à
raison de sept centimes un quart par kilo-
mètre.
Mais pour que ces modestes fonction-
naires ne puissent pas arriver à un traite-
ment trop élevé, il y a une rétribution
maximum de 850 francs. C'est là un maigre
denier sans doute, mais combien n'ont pas
ce traitement, combien ne l'atteindront ja-
mais? la majorité! La plupart des facteurs
touchent six, sept, sept cent cinquante
francs par an, et c'est avec cette somme
qu'ils doivent vivre et faire vivre leur fa-
mille.
Je dois ajouter, pour être juste, qu'un
supplément de solde, connu sous le nom
de haute-paye, leur est donné après un
certain nombre d'années de service. Dès
son arrivée, M. de Selves s'est ému de la
situation des facteurs et il leur a accordé,
comme don de joyeux avènement, les
hautes-payes suivantes : 25 francs après
cinq ans de service, 50 francs après dix
ans, 100 francs après quinze ans, 150 francs
après vingt ans et 200 francs après vingt-
cinq ans.
Si misérable que soit encore la situation
des facteurs, la République a fait pour eux
d'énormes sacrifices. Nous avons gardé le
souvenir d'un facteur rural de la fin de
l'empire, qui desservait trois grandes com-
munes et dont les émoluments étaient de
250 francs. A cette époque, un facteur ma-
lade devait se faire remplacer à ses frais ;
aujourd'hui, c'est le Trésor qui paye son
successeur momentané.
Quoi qu'il en soit, il reste encore beau-
coup à faire pour les facteurs, et vraiment,
quand on connaît leurs desiderata, il faut
bien avouer qu'ils n'ont pas des prétentions
exagérées. Leur rêve serait la suppression
du traitement à base kilométrique et son
remplacement par un traitement fixe de
mille francs par an, avec augmentation
de cent francs tous les deux ans jusqu'au
maximum de quinze cents francs.
Les commis
Quant aux commis, à ceux que nous
voyons aux guichets des bureaux de poste,
affairés, pressés par un public souvent exi-
geant, leur situation n'est guère meilleure
que celle des facteurs. Les surnuméraires
entrent dans l'administration à dix-huit
ans. Ils font trois ans et demi et quatre ans
de surnumérariat. Ils partent sous les dra-
peaux à vingt et un ans, et avec l'ancienne
loi militaire ils rentraient à vingt-cinq ans,
après leur libération,surnuméraires comme
devant, avec la perspective d'attendre dix-
huit mois ou deux ans leur nomination de
commis à quinze cents francs. Là, ils font
une halte de cinq ans pour augmenter de
trois cents francs; de sorte qu'à trente ans,
mariés et pères de famille, les commis des
postes s'estiment heureux quand ils tou-
chent cent cinquante francs par mois.
Cette situation, M. de Lanessan l'a fait
connaître à la Chambre il y a huit jours, et
nous savons qu'il ne se lassera de la dénon-
cer que le jour où il aura obtenu pleine et
entière satisfaction.
Création de bureaux de poste
Mais ce n'est pas le personnel seulement
qui souffre de la pénurie des crédits, c'est
l'outillage qui fait défaut. Il existe à l'admi-
nistration des postes dix-huit cents de-
mandes, justifiées, reconnues fondées, de
bureaux de poste qui ne peuvent recevoir
de solution parce qu'il ne plaît pas au mi-
nistère des finances d'abandonner quelques
parcelles des bénéfices nets réalisés par le
service des postes.
Il y a plus, le personnel des agents dans
les bureaux est notoirement insuffisant, et
r le public, chacun l'a expérimenté pour son
compte, est obligé d'attendre vingt minu-
tes pour obtenir un timbre de quinze cen-
times. Il faudrait ouvrir un, deux, trois
guichets de plus, les clients le disent, le
crient bien haut; ils ne savent pas que tout
le personnel est sur pied et sur les dents
et qu'il donne en réalité plus de travail
qu'il ne peut.
Parlerons-nous de l'insuffisance notoire du
service électrique dans Paris? A quoi bon?
Tout le monde sait qu'un commissionnaire
va beaucoup plus vite que le petit bleu.
Il est inutile, d'ailleurs, d'insister sur des
faits connus de tous aujourd'hui et qu'il
importe au plus haut point de faire dispa-
raître. Nous sommes convaincus que la
Chambre, malgré la mauvaise volonté de
la commission du budget, du ministre des
finances et les variations inquiétantes de
M. Jules Roche, saura faire son devoir. Il
est nécessaire qu'un grand service public
comme les postes et les télégraphes soit à
la hauteur de la mission qui lui incombe,
et, pour cela, il faut lui en donner les
moyens.
LA DERNIÈRE ARRESTATION
DE M. LOZÉ
Grand remue-ménage, hier, à la préfec-
ture de police. Il ne s'agissait de rien moins
que de l'arrestation de Padlewski. Du moins
on le croyait, et M. Lozé, qui avait lancé
cette fois sa brigade des recherches politi-
ques, en était convaincu.
Naturellement, le Padlewski arrêté n'est
pas Padlewski. C'est un pauvre diable d'une
trentaine d'années, répondant assez mal au
signalement de l'assassin du général Sili-
verstoff.
En apprenant qu'on l'arrêtait comme tel,
il a protesté.
— Mais je suis Dombrowski! s'est-il écrié.
Je connais Padlewski, mais je n'ai assassiné
aucun général russe.
N'importe. Comme il portait des lunettes
bleues, ce qui est une preuve de culpabilité,
M. Guillot, qui dirige toute l'affaire avec
M. Lozé, l'a fait écrouer au Dépôt.
Dombrowski s'étant réclamé d'un cer-
tain nombre de personnes prêtes à dire
qui il est, M. Guillot a déclaré qu'il serait
temps de les interroger aujourd'hui.
En attendant, Dombrowski est au Dépôt
et Mendelsohn reste toujours à Mazas.
Quant à Padlewelii, pas de trace. Et il y a
huit jours que le général russe a été assas-
siné !
M. DE FREYCINET.
On nous demande ce que nous pensons
de la candidature de M. de Freycinet à
l'Académie française.
Nous le dirons sans ambages : nous
trouvons que cette candidature est une
faute de la part de ce très habile, d'au-
cuns disent trop habile homme d'Etat.
M. de Freycinet est ingénieur, membre
du Parlement, ministre de la guerre et
président du conseil. Il est tout ce qu'on
peut être en France quand on n'est pas
président de la République. Et s'il ne
l'est pas à la place de M. Carnot, dont il
était l'ancien en mathématiques et en
politique, ce n'est pas sa faute. Son échec
au Congrès de 1887 lui a été d'autant plus
sensible, qu'en dépit du flair qu'on lui
prête, il ne l'avait ni prévu ni fait prévoir
à ses amis.
Le voilà maintenant qui veut être aca-
démicien. C'est peut-être pousser un peu
loin l'amour du panache. JI nous semble,
et il semble à beaucoup de braves gens
que M. t de Freycinet aurait pu trouver
suffisant pour sa renommée d'être un bon
ministre de la guerre. L'est-il? Les uns
le disent, les autres soutiennent que ses
grandes qualités d'indécision ne sont pas
précisément celles qui conviennent à un
ministre, surtout à un ministre civil de
la guerre. La vérité, — hélas! nous en
avons grand'peur, — c'est que personne
ne devinera l'énigme de cet aimable
sphynx avant la terrible échéance qui
nous guette et qui, en attendant qu'elle
fonde sur nous, hypnotise la démocratie
française dans son statu quo. *
Ce qui est certain, c'est que, si on
peut être un grand littérateur sans
être académicien, témoin Alexandre Du-
mas père, Balzac, Zola et tant d'autres,
on peut être académicien tout en étant
un déplorable homme d'Etat. Jules Fa-
vre, Emile Ollivier furent académiciens ;
Carnot ne l'était pas. La seule chose que
prouve, en somme, la conquête des pal-
mes académiques, c'est qu'on a su se mé-
nager les faveurs de cet orléanisme bénin
qui a pour distingué représentant le duc
d'Aumale, auquel M. de Freycinet vient
précisément de rendre visite comme fu-
tur académicien, laissant sans doute au
vestiaire de Son Altesse Royale son mas-
que et sa qualité de ministre civil de la
guerre de la République française.
Les palmes qu'on décroche ainsi ne
sont pas celles qui peuvent consacrer la
gloire d'un organisateur de la défense
nationale. C'est la raison pour laquelle
nous aurions aimé voir M. de Freycinet
rester ce qu'il était. D'autres, à sa place,
s'en seraient contentés.
AUGUSTE BELMONT
Le banquier Auguste Belmont, dont nous
avons annoncé hier la mort soudaine, était
né en 1816, à Alzen, dans le Palatinat.
Il fit ses études à Francfort et entra
comme employé dans la maison de
Rothchild de cette ville, et plus tard dans
celle de Naples.
Il s'est établi à New-York en 1836, comme
banquier et comme agent des Rothschild.
Il fut consul général d'Autriche à New-York
de 18kk à 1850, et ministre des Etats-Unis à
La Haye de 185h à 1858.
Il avait présidé le comité démocratique
national, et avait été, pendant vingt ans,
président du Jockey-Club américain.
Il boitait fortement d'une balle reçue
dans sa jeunesse dans un duel dont une
femme était la cause.
Il laisse un fils, M. Perry Belmont, qui a
été membre du Congrès et ministre des
Etat-Unis en Espagne.
La maison Belmont et Cie était une des
banques les plus riches et les plus consi-
dérées de l'Amérique.
LAVIEDEPARIS
Il y a, dans la discussion du budget,
des questions qui touchent moins à la
politique proprement dite et aux affaires
qu'aux intérêts et aux plaisirs des Pari-
siens et de tous ceux qui viennent, de
tous les points du globe, goûter les dou-
ceurs de la vie de Paris. Ces questions
sont celles qui peuvent s'élever à propos
du budget des beaux-arts et, en particu-
lier, des théâtres. On s'attendait là-dessus
à quelque gros orage ; tout a fini en bo-
nace.
Il est vrai que la Chambre, toujours en
retard, en est réduite à expédier le bud-
get à la hâte, réglant un ministère par
jour, quand ce n'est pas deux! Dans de
telles conditions, il n'y avait pas lieu
d'espérer qu'elle prêtât la moindre atten-
tion à ceux qui seraient venus soulever
devant elle des discussions théoriques,
toujours assez longues et délicates et qui
n'ont pas toujours de sanction bien pré-
cise. Les critiques avisés ont rengaîné
leurs discours, ont réservé leurs observa-
tions pour plus tard. C'est tout au plus
si le bureau des théâtres, y compris la
censure, a reçu un petit assaut, auquel il
a résisté. On est rassuré à l'Opéra, —
pas trop, cependant, — à la Comédie-
Française et au Conservatoire.
Cependant, si on veut bien faire atten-
tion à ces débats, on voit que M. Michou,
avec son idée de supprimer les subven-
tions, gagne du terrain. Et il en gagnera
peut-être assez, d'ici à un an, quelque
maladroit que cet excellent homme soit
dans ses critiques, pour que tout le sys-
tème de la protection actuelle soit me-
nacé, à moins que les ministres n'aient
la bonne précaution de devancer les op-
posants en opérant eux-mêmes des ré-
formes. M. Bourgeois a eu l'esprit de le
faire. Il a modifié le règlement de l'Ecole
des Beaux-Arts dans le sens des vœux
que, depuis trente ans, la critique d'art
exprimait journellement. Peut-être en
fera-t-il de même sur d'autres questions,
en particulier sur celle de l'enseignement
du Conservatoire? S'il s'endormait trop
sur la victoire sans combat de cette an-
née, il s'exposerait, l'an qui vient et peut-
être avant, à des critiques qui ne sont
que trop justifiées par l'esprit de routine
qui règne encore aux Beaux-Arts, malgré
des efforts qu'ils faut constater.
On peut discuter sur la nécessité d'une
école professionnelle de l'Etat pour for-
mer des chanteurs et des comédiens. Il y
a des pays où il n'existe que des écoles
libres, d'autres où l'on ne trouve que des
instituts municipaux. On ferait utilement
des comparaisons entre les résultats ob-
tenus par ces divers systèmes. L'art a, de
nos jours surtout, des formes très multi-
ples, et M. Antoine, ces jours-ci, dans une
remarquable lettre adressée à M. Sarcey,
établissait avec assez de raison que le
Conservatoire ne prépare pas à toutes les
formes de l'art contemporain. Mais sans
aller jusqu'aux idées révolutionnaires en
fait d'art, en acceptant ce qui existe, en
songeant seulement à l'améliorer et non
à le détruire, on peut tenir pour certain
que l'organisation du Conservatoire est
ce qu'il y a de plus défectueux, aucuns
disent de plus sot.
On doit enseigner, là, la musique et l'art
dramatique. L'homme qui dirige la mai-
son doit donc, par définition, être com-
pétent dans les branches de l'art, fort di-
verses. Tel était le cas d'Auber. S'il était
musicien de profession, il était au moins
en fait de théâtre, un amateur très éclairé.
Il avait suivi, toute sa vie, les théâtres et
les acteurs. Son successeur actuel, M.
Ambroise Thomas, est un grand composi-
teur; mais je crois qu'on ne le calomnie
pas en disant qu'il se soucie de l'art dra-
matique, de la comédie, des drames et
du vaudeville, comme un poisson d'une
pomme. Il faudrait pourtant quelqu'un
qui filt là pour débrouiller les vo-
cations, encourager les bonnes et les
vraies, éclairer et, au besoin, décourager
les fausses. Ce quelqu'un n'existe pas.
Il y a bien des concours. Mais tout
le monde sait ce que les concours
ont d'incertain et de trompeur, quel-
les que soient la capacité et l'honnê-
teté des juges. Ce qui est essentiel, c'est
un homme qui soit là, passionné pour les
choses du théâtre, s'y connaissant et pou-
vant donner un bon conseil. Aussi vou-
lait-on, au Conservatoire, un directeur
des études dramatiques. Il n'y en a pas.
La seule autorité au-dessous du direc-
teur, qui plane dans les nuages et n'as-
siste jamais à une classe, c'est celle d'un
secrétaire général , qui ne se connaît
qu'aux choses d'administration et de dis-
pline et ne s'occupe des autres que par
un abus.
Les professeurs sont excellents. Ce sont,
on le sait, des artistes distingués de la
Comédie-Française. Mais, tout d'abord,
ils sont tous de la Comédie-Française. Ils
en ont les traditions, les qualités et les
défauts. De plus, à la façon dont sont ré-
glés les travaux, je doute qu'ils aient
même la possibilité de bien connaître les
élèves de leurs classes. Toutes les objec-
tions qu'on a, pendant longtemps, pré-
sentées contre le baccalauréat, l'examen
unique où le sort joue un rôle presque
décisif, objections qui ont fini par triom-
pher avec l'établissement des examens de
fin d'année et la division du baccalauréat,
peuvent être produites contre le système
des examens du Conservatoire.
Il est absurde qu'il n'y ait pas deux
classes : l'une de diction (la diction, c'est
la grammaire de l'acteur); l'autre de
composition dramatique. On devrait ne
pas pouvoir concourir pour la classe su-
périeure sans avoir passé par la classe
primaire et en être sorti avec un exa-
men suffisant. Il arrive constamment au-
jourd'hui que des élèves, qui n'ont aucune
espèce -d'autre mérite que,de posséder un
certain hùent d'imitation comparable à
celui des perroquets (genre de mérite quL
est fréquent surtout chez les femmes)L
apprennent une scène en « prenant des
intonations" à leur professeur, — cet
horrible mot est ordinaire au Conserva
toire, — il arrive constamment que ceg
élèves décrochent ou raccrochent un prix,
qu'on - me passe ce mot, - sans malice.
Et puis, quand ces artistes arrivent sur
une scène, jouent vraiment la comédie ou
le drame, on s'aperçoit qu'ils n'ont même
pas une bonne diction et que, quant à
composer un rôle, ils ne s'en doutent pas.
Il faut, pour tout dire d'un mot, rempla-
cer cette éducation, pour ainsi parier mé-
canique, par une instruction rationnelle.
Ces choses, avec les développements et
les innovations qu'elles comportent, il y
a — comme pour l'Ecole de Rome—trente
ans que nous les disons. Les Parisiens, qui
se plaignent avec raison des théâtres, et
les provinciaux qui, parfois, regrettent
les leurs, seraient ravis qu'on les enten-
dit enfin.
Henry Pouquier
NOUVELLE « ÉLECTROCUTION n
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
New-York, 25 novembre.
Les horreurs d'une exécution par l'élec- -
tricité vont prochainement se renouveler.
New-York. -
La cour suprême de Washington vient
de rendre un arrêt déclarant encore une
fois que ce mode d'exécution était stricte-
ment légal. L'assassin japonais Jugigo, dont
les défenseurs avaient soulevé cette ques-
tion de légalité, devra donc mourir de la
même mort que son prédécesseur Kemm-
1er.
LES COMPTES DE DEPOTS
Suspension de paiement de l'établis-
sement dépositaire. — Régime des
faillites.- Droits des déposants.
La chute de la maison Baring après celle
du Comptoir d'escompte, et les bruits qui
courent sur le Crédit lyonnais, ne sont pas
sans préoccuper vivement l'opinion publi-
que.
De toutes parts on nous demande quel
est le sort que la loi fait aux déposants d'un
établissement de crédit qui se met en sus-
pension de paiement.
Pourdonner uneréponse exacte et légale,
il faut distinguer la nature et la forme du
dépôt.
Dépôt de fonds
S'il s'agit d'espèces, or, argent ou billets
de banque, comme ce sont choses éminem-
ment fongibles, qui ne peuvent porter
aucune trace indélébile de propriétaire, el-
les tombent dans la masse de la faillite, et
cela avec d'autant plus de raison qu'en
général le dépôt est effectué contre l'enga-
gement par l'établissement dépositaire de
servir un intérêt quelconque sur le mon-
tant de la somme déposée.
Or, il découle naturellement de cette
obligation de payer un intérêt pour les
sommes confiées en dépôt l'autorisation
explicite de leur donner un emploi plus
ou moins temporaire, mais fructueux,
c'est-à-dire, en termes précis, de les elll
ployer aux affaires de la maison.
Les dépôts s'accumulent donc, et tant
que les affaires vont régulièrement, on se
sert de l'argent des derniers déposants pour
satisfaire aux demandes de remboursement
des déposants antérieurs. C'est ce qu'on ap-
pelle vulgairement découvrir Pierre pour
couvrir Paul.
Mais lorsque, par suite d'une panique
quelconque, les déposants suspendent leurs
versements et demandent au contraire à
être remboursés, les affaires s'arrêtent ef
tout craque.
Dépôt de titres
Quant aux titres ou valeurs confiés en
dépôt, ils doivent être remis intacts à leurs
propriétaires, qui en font la revendication,
mais à la condition expresse qu'ils se re- J
trouveront, au moment de la suspension 1
de paiement, en nature sous la chemise de
dépôt ou avec une mention indiquant quel
en est le véritable propriétaire.
Dans le cas contraire, c'est-à-dire s'ils
ont été détournés, ou si même les numéros
des titres trouvés sous la mention du dépôt
ne correspondent pas avec les numéros por-
tés sur le récépissé, les titres tombent-
dans la masse de la faillite.
Il résulte de cette situation légale, dans
l'un et l'autre cas, que les déposants n'ont
plus d'autre droit que de produire à la fail-
lite pour le montant de leur créance au jour
de la déclaration de suspension de paie-
ment et d'être payés au marc le franc.
Ce qui revient à dire qu'il ne leur reste
que l'espoir de recevoir, au bout d'un an
ou deux, quelquefois davantage, un divi- -
dende variait de un à cent pour cent de
leur créance, suivant les forces vives de la
liquidation.
- - .„ Comptes courants
Reste enfin les déposants en comptes cou-i
rants. Leur situation à eux est bien simple-
Tous les effets des comptes courants sont'
arrêtés par l'événement de la suspension,
de paiement du donneur de compte cou-
rant. Nous venons d'en voir un exemple
considérable dans la résolution du contrat !
de compte courant intervenu entre lamai-i
son Baring et le Portugal.
Si le déposant -en compte courant sa,
trouve débiteur au moment de la suspen-
sion de paiement, il est tenu de solder son
compte en bonnes espèces d'or ou d'argent
ayant cours légal, dans lepl us bref délai.
sans pouvoir faire valoir aucune compen
sation.
Si, au contraire, le déposant en compte
courant est créancier, iidevra produire ît
la faillite purement et simplement pour le
montant de sa créance et attendre, pendants
le délai que nous venons de rappeler, pour:
être payé en monnaie de faillite.
Ce sont là certainement des solutions peu
satisfaisantes, mais, enfin, c'est la loi.
Nous avons déjà demandé, nous deman..;t
dons encore qu'on la modifie ; mais, eu
attendant qu'elle le soit, nous avons le de-;.
voir de la mettre sous les yeux de nos lec-4
teurs, pour leur faire comprendre les périls!
des dépôts d'espèces, avec petit ou groy
intérêt, et même des dépôts de titres dansV
des établissements qui, sans avoir souci devj
la responsabilité qui leur incombe, noi
craignent pas de s'engager dans des opérai
tiems ; comme les emprunts portugais; e:
tant d'autres du même genre, dans les-*
quelles on a vu malheureusement trop sou-~'
vtüt fIgUrer le nom du Crédit lyonnais. ,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.84%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.84%.
- Auteurs similaires CYRILLE D'ALEXANDRIE CYRILLE D'ALEXANDRIE /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "CYRILLE D'ALEXANDRIE" or dc.contributor adj "CYRILLE D'ALEXANDRIE")MAXIME LE CONFESSEUR MAXIME LE CONFESSEUR /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "MAXIME LE CONFESSEUR" or dc.contributor adj "MAXIME LE CONFESSEUR") THÉODORET DE CYR THÉODORET DE CYR /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "THÉODORET DE CYR" or dc.contributor adj "THÉODORET DE CYR")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7560430s/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7560430s/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7560430s/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7560430s/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7560430s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7560430s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7560430s/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest