Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-10-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 27 octobre 1890 27 octobre 1890
Description : 1890/10/27 (A19,N6860). 1890/10/27 (A19,N6860).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Dix-neuvième année. -— N° 6,860 ., CINQ Centimes Paris et Départements - CINQ Centimes
( <-,
LUNDI 27 OCTOBRE 1890 ,,
A VA .;. ;
JOURNAL RPUBLICAIN,
t »Itt RÉDACTION
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PARIS
PlifClftfR POLITIQUE
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, DEI 18SION 1
Ce qui fut le boulangisme a la fin
qu'il méritait. Après le « Bonsoir, mes-
sieurs" des royalistes, après les révé-
lations venues de toutes parts sur la
provenance de l'argent et sur la coa-
lition nouée avec les prétendants et
avec les états-majors monarchistes,
voici la grande brouille entre « le
chef" et ses lieutenants. On a vu hier
les principaux passages d'une lettre
de M. Naquet, rectifiant, en ce qui le
concerne, les allégations du général
Boulanger et s'étonnant à son tour de
ces surprenants oublis de mémoire que
tant d'autres avaient déjà constatés à
tant de reprises depuis la lointaine
affaire des lettres au duc d'Aumale.
Les boulangistes criaient alors à la
calomnie, et voici qu'aujourd'hui M.
Nacruet répond au général « que - ce
qu'il dit est faux, — pour ne pas em-
ployer une plus dure expression M. —
A son tour, il refuse de croire aux
économies de sous-lieutenant ; il op-
pose la modicité des ressources avouées
au « luxe princier", les affirmations
récentes aux déclarations anciennes ;
il reproche au général sa « chute hon-
teuse M ; il l'accuse d'essayer d'entraî-
ner ses anciens amis avec lui, et, après
les avoir perdus politiquement, de
chercher à leur enlever l'honneur.
C'est une rupture complète, à grand
fracas, et après laquelle rien ne peut
plus subsister de commun entre celui
qui rédigea le discours de Tours et
celui qui le prononça.
Mais ce n'est pas la seule lettre que
M, Naquet livre à la publicité. Nous
en avons une autre qu'il vient d'adres-
ser au directeur du Rosier de Marie, au
sujet de la collaboration donnée par
lui à cette pieuse feuille, collabora-
tion révélée ici même par son ancien
secrétaire et affirmée tout récemment
encore par M. Drumont, sur le témoi-
gnage de M. Le Hérissé. M. Naquet
persiste à nier cette collaboration. Il
se défend d'avoir fourni des articles
que le caractère de cette feuille ne lui
aurait pas permis d'accepter. La rai-
son n'est pas très probante. Si M. Na-
quet avait donné des articles au Rosier
de Marie, il les aurait sans doute rédi-
gés de façon à ce qu'ils pussent être
acceptés, et, du moment où ils auraient
rempli cette condition et où ils n'au-
raient pas porté la signature de leur
auteur, rien n'en aurait empêché l'in-
sertion. C'est même parce que ces ar-
ticles n'étaient pas en contradiction
avec le caractère de la feuille cléricale
et parce qu'ils ne portaient pas la si-
gnature de M. Naquet, que la révéla-
tion est intéressante.
Entre les versions contradictoires,
entre les affirmations des uns et les
dénégations des autres, on choisira;
mais il est un point sur lequel il n'y a
pas de doute. M. Naquet écrit à son
« cher commandeur Lautier », rédac-
teur en chef du Rosier de Marie : « Pen-
dant la campagne boulangiste, vous
vous étiez résolument placé sur le ter-
rain de la conciliation nationale. Si
avoir suivi cette politique commune
c'est avoir été collaborateurs, nous l'a-
vons été. Nous avons, en effet, tra-
vaillé chacun dans notre sphère à
cette œuvre d'apaisement et de récon-
ciliation nationale. »
Ce n'est pas tout à fait le langage
que les boulangistes, et M. Naquet en
particulier, tenaient à Paris durant la
campagne électorale. Ils n'avouaient
pas alors leur collaboration avec les
cléricaux; ils se défendaient même
d'avoir rien de commun avec eux, et
l'on se souvient encore de la vivacité
avec laquelle M. Naquet s'indignait,
lors de la discussion sur son élection,
qu'on signalât des faits de pression
cléricale et qu'on voulût le faire pas-
ser pour un protégé des catholiques.
La chose ne paraît-elle pas aujour-
d'hui toute naturelle? Cléricaux et
boulangistes « collaboraient »; ils tra-
vaillaient de concert. Quoi d'étonnant
si ceux-là ont voté pour ceux-ci ?
Mais ce qui paraît si simple aujour-
d'hui que M. Naquet lui-même ne
songe pas à envelopper l'aveu de
quelques circonlocutions était beau-
coup moins simple au moment des
élections générales et même au mo-
ment de la secondé élection de M. Na-
quet. Toutes les révélations sur le
boulangisme ne s'étaient pas produi-
tes; aucun aveu n'avait été fait. On
démentait avec rage tout ce que les
adversaires du boulangisme affir-
maient ; on les traitait de misérables
calomniateurs. Aujourd'hui on avoue
que l'on a trompé les électeurs, que
l'on a été plus loin dans la voie des
subterfuges et de l'hypocrisie que les
ennemis les plus acharnés ne l'avaient
dit, et, sauf des exceptions aussi che-
valeresques que rares, on se sépare
du chef sous la bannière duquel on se
présentait alors. Non seulement on se
sépare de lui, mais on proclame bien
haut son ÎndiguLte; on ne dissimule
ni son déshonneur ni le mépris qu'on
éprouve pour lui. Est-ce que tout cela
ne crée pas une situation nouvelle?
Est-ce qu'après avoir trompé les élec-
teurs en leur dissimulant le véritable
caractère de la campagne que l'on
poursuivait, on se croit libre de se jouer
d'eux en abandonnant, sans autre
forme de procès, le parti que l'on
présentait alors comme destiné à as-
surer le salut du pays? Cela est inad-
missible. Puisque les dispositions des
élus ont changé et que les équivoques
d'antan ont disparu, il faut que les
électeurs puissent donner leur avis et
dire si leurs dispositions n'ont pas
subi aussi de modifications.
Le XIX" SIECLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey.
LA FÊTE DE M. DE MOLTKE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 25 octobre.
Il est déjà arrivé pour le feld-maréchal
de Moltke un grand nombre de lettres et de
télégrammes de félicitation, d'adresses et
de présents, envoyés par plusieurs souve-
rains et par beaucoup de villes et d'associa-
tions
On remarque en particulier un magnifi-
que vase offert par le roi de Saxe et un su-
perbe bouquet de fleurs envoyé par la ville
de Brème.
Dans les années précédentes, M. de Moltke
passait l'anniversaire de sa naissance dans
sa propriété de Kreisau, en Silésie. Il ne
voyait ce jour-là que les membres peu
nombreux de sa famille, ses deux neveux
et les enfants de l'un d'eux.
Les visiteurs, amis et simples curieux, qui
se présentaient aujourd'hui à sa porte, re-
cevaient invariablement cette réponse :
—Son Excellence le feld-maréchal est parti
dans les bois au point du jour, et, comme
il a emporté son déjeuner, il ne reviendra
pas avant la nuit.
Retraite aux flambeaux
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 25 octobre.
Les fêtes du jubilé du maréchal de Moltke
ont commencé ce soir par une retraite aux
flambeaux. Vingt-cinq mille personnes en-
viron ont défilé sous les fenêtres de l'hôtel
de l'état-major, qui est situé sur la place
et la rue qui portent le nom du maréchal et
où M. de Moltke a repris son ancien loge-
ment.
Plusieurs chars allégoriques ont été ac-
clamés par la population. On a surtout re-
marqué ceux qui représentaient le maré-
chal aux différentes étapes de sa carrière,
et celui de 1' « Ange de la Paix ».
Sur l'ordre de l'empereur, les musiques
militaires de Berlin, Potsdam et Spandau
prêtaient leur concours à la fête et jouaient
le Wacht am Rhein et autres morceaux
populaires, repris en chœur par la foule.
UNE NATION EN RUINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 25 octobre.
Voici, d'après un document officiel, quel-
ques données qui jettent un jour très vif
sur la misère dans certaines parties de l'I-
talie : -
D'après cette statistique, il se trouve dans
la péninsule 336 communes sans cimetière,
qui placent leurs morts simplement dans
les souterrains de leurs églises.
Plus de 200,000 hommes sont logés dans
des caves absolument malsaines; 9,000 hom-
mes habitent des cavernes creusées dans les
rochers. Dans 1,700 communes)les habitants
ne mangent de pain que les jours de fête ;
h,695 communes s'abstiennent totalement
de viande.
Il existe 600 communes dans lesquelles il
est impossible d'obtenir des secours médi-
caux ; le nombre des communes infestées
par la malaria est de 10A, et l'on compte
110,000 Italiens qui souffrent de la pella-
gre. -"
Enfin, dans un autre genre, il y a, sur
100 habitants, 63 qui ne savent ni lire ni
écrire.
L'ENTENTE ANGLO-ITALIENNE
Le prince de Galles en Italie
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 25 octobre.
Il résulte d'informations émanant de la
Consultà que les négociations avec l'Angle-
terre seront reprises sur la base sui-
vante :
Les troupes italiennes seront autorisées à
occuper Kassala, mais seulement dans le
cas d'opérations contre les derviches, sans
autre engagement.
L'entente est donc certaine.
Le roi a écrit dernièrement au prince de
Galles, qui aurait accepté prochainement
un voyage officiel en Italie. De grandes
fêtes auraient lieu à cette occasion en son
honneur.
JOUEURS D'ÉCHECS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 25 octobre.
Un match a été arrangé récemment entre
deux des plus forts joueurs d'échecs du
monde, MM. Steinitz et Tchigorine. M. Stei-
nitz habitant New-York, et M. Tchigorine
Saint-Pétersbourg, le match se fait par télé-
graphe. Les deux premiers coups viennent
d'être indiqués par le joueur russe.
Les enjeux ont été déposés chez MM. de
Rothschild, à Vienne.
TEMPÊTE ET NAUFRAGE
(D'UN CORRESPONDANT)
Ostende, 25 octobre.
Une tempête très violente sévit depuis
plusieurs jours sur la côte. ,
Le brick norvégien Militus a coulé à l'est
de Blanckenbergh.
L'équipage a été sauvé.
Un brick allemand s'est échoué et brisé
à Oost-Dunkej-que.
Tous les efforts faits pour sauver l'équi-
page or/t été inutiles. Neuf personnes ont
péri'%
Le corps du capitaine ét "celui d\\D.lU,'(e-
w ont été jetés à la cÔte.
LA CATASTROPHE
DE SAINT-ÉTIENNE
LE RAPPORT DE M. DUMAY
Les résultats de l'enquête parlemen-
taire. — Les arguments des ingé-
nieurs. — Comment M. Dumay
établit leur culpabilité. —
Une proposition de loi
sur les mines.
, On se souvient qu'à la suite de l'explosion
qui, le 29 juillet dernier, coûtait la vie à
plus de cent mineurs dans les puits de Vil-
lebœuf, à Saint-Etienne, la Chambre char-
gea, sur la demande de MM. Maujan et Sou-
het, une commission parlementaire de onze
membres de procéder à une enquête sur
les causes de cette terrible catastrophe.
Au mois d'août, les onze commissaires se
rendirent à Saint-Etienne ; ils visitèrent les
puits, recueillirent les dépositions des ingé-
nieurs et des ouvriers et confièrent à l'un
d'eux, M. Dumay, député de Paris, le soin
de consigner dans un rapport toutes les
constatations qu'ils avaient été amenés à
faire.
M. Dumay a terminé son rapport. Il en a
donné lecture hier à ses collègues de la
commission.
Une longue discussion s'est aussitôt en-
gagée, et, finalement, les conclusions de M.
Dumay ont été adoptées, malgré l'opposi-
tion de M. le docteur Després. On s'est bor-
né à adoucir les termes un peu vifs dans
lesquels ces conclusions étaient expri-
mées.
Les causes de la catastrophe
Tel qu'il est, son rapport ne contient pas
moins de 12 chapitres. Dans chacun d'eux
M. Dumay étudie les divers côtés de la
question. Mais, sans contredit, le plus im-
portant de tous est celui où le député de
Paris répond à cette interrogation : « Com-
ment a pu se produire l'explosion de gri-
sou? »
Il s'efforce de détruire un à un tous les
arguments à l'aide desquels les ingénieurs
de l'Etat et des mines de Villebeuf essaient
de se disculper de la lourde responsabilité
qui leur incombe.
D'abord les ingénieurs avaient prétendu
que l'explosion avait été provoquée par
l'imprudence d'un ouvrier. Ensuite, lors-
qu'ils ont vu que ce moyen de défense leur
échappait, ils ont mis sur le compte de la
malveillance la cause de la catastrophe.
— C'était, prétendaient-ils, un ouvrier
qui, en se suicidant d'un coup de revolver,
avait déterminé l'explosion de grisou.
M. Dumay s'est enquis du fait auprès de
tous les ouvriers qui se trouvaient dans la
mine le 99 juillet et qui en ont été quittes
pour des blessures plus ou moins graves ;
aucun d'eux n'a confirmé ce dire.
Y a-t-il eu imprudence ?
Il restait à établir qu'il n'y avait pas eu
imprudence.
Les ingénieurs appuyaient leur version
sur ce fait qu'une lampe avait été trouvée
sans verre à l'endroit même où l'explosion
s'était produite.
« Voilà, s'écrièrent-ils, la cause de l'acci-
dent. Un ouvrier aura, pour une raison ou
pour une autre, démonté sa lampe ; le
feu se sera communiqué au grisou. Tout
est expliqué. »
Or, les lampes ne peuvent s'ouvrir qu'au
moyen d'une clef spéciale qu'un mineur
serait incapable de fabriquer. Il faut pour
cela, en effet, plusieurs instrument de pré-
cision, un tarau notamment, et de plus, à
quelques dixièmes de millimètre près, une
clef ne pourrait pas fonctionner.
On ne saurait donc admettre, dit M. Du-
may, que ce soit un ouvrier qui ait ôté le
verre de cette lampe.
Comment alors le fait s'est-il produit ?
Après de minutieuses recherches, on a
reconnu que le système de lampes em-
ployé dans les mines de Villebeuf n'em-
pêchait pas tout contact du grisou avec le
feu.
Il faudrait que les verres fussent d'une
forme cylindrique absolue et qu'il n'y eût
entre eux et les cheminées de toile métalli-
que qui les surmontent aucune solution de
continuité.
Malheureusement, beaucoup ne réunis-
sent pas toutes ces qualités, et on a cons-
taté qu'il suffisait, dans ce cas, soit d'une
chaleur trop intense, soit de quelques
gouttes d'eau pour faire éclater le verre.
C'est ainsi que M. Dumay réfute les argu-
ments des ingénieurs.
La négligence de la Compagnie et des
ingénieurs de l'Etat.
Nous n'entrerons pas dans tous les dé-
tails du rapport, mais nous ne pouvons
passer sous silence la découverte faite par
M. Dumay lui-même, dans les mines de
Villebeuf, d'une galerie abandonnée qu'on
n'avait pas remblayée par mesure d'écono-
mie. C'était, dit le rapporteur, un vérita-
ble réservoir à grisou.
Il est certain, en effet, que bien des me-
sures de précaution n'ont pas été prises,
notamment en ce qui concerne les pous-
sières de charbon, et que, sans la négli-
gence dont ont fait preuve et les ingénieur
de l'Etat et les ingénieurs des mines de Vil-
lebeuf, on aurait pu éviter de grands mal-
heurs.
M. Dumay témoigne cependant d'un peu
d'indulgence vis-à-vis des ingénieurs de la
Compagnie de Villebeuf, car, dit-il, les
vrais coupables dans cette affaire, ce sont,
avec les ingénieurs de l'Etat, les adminis-
trateurs de la Compagnie qui, dans l'es-
poir de réaliser de plus gros bénéfices,
exigeaient de leurs ingénieurs le moins de
dépense possibles, et, par cela même, les
mettaient dans la nécessité de ne pas faire
les travaux nécessaires.
Les conclusions
Bien entendu, ce rapport ne comporte
aucune sanction légale. Il conclut simple-
ment que « l'état de la mine était mauvais
par suite de parcimonie ou de négligence
de la direction de la mine et considère la
responsabilité du service du contrôle de
l'Etat comme engagée ».
Et il invite « le ministre à faire observer
« strictement les règlements existants et
» les précautions recommandées dans les
» Principes à consulter (1) pour l'exploita-
» tion des mines grisouteuses @ et à expéri-
» mentor les inventions nées à la suite de
» ces accidents. »
r C'est donc, tout au plus, un vœu que la
Chambre peut émettre à ce sujet.
Les tribunaux ont d'ailleurs été saisis
de la question.
(1) Ouvrage officiel qui fait, povu* ainsi dire,
loi en matière de mines.
Le gouvernement, qui s'était opposé à
l'enquête parlementaire, n'a pas voulu at-
tendre que celle-ci eût terminé sa mission
pour déférer les coupables à la justice.
Mais l'enquête judiciaire, comme l'enquête
administrative, ne relève pas contre eux
tous les faits contenus dans le rapport de
M. Dumay et dont nous venons de donner
une très succincte énumération.
Une proposition sur l'aérage des
mines.
Quoi qu'il en soit, M. Dumay se propose,
aussitôt après la discussion de son rapport,
de soumettre à la Chambre une proposition
de loi « tendant à rendre obligatoire, pour
les compagnies minières, l'emploi, à chaque
puits, d'un « compresseur d'air ».
— C'est seulement par l'air, dit-il, qu'on
peut combattre le grisou. C'est un fait établi
aujourd'hui.
Il est donc du devoir du Parlement d'o-
bliger les compagnies à aérer leurs mines
pour éviter le retour de semblables catas-
trophes.
L'ÉLECTION DE SAINT-FLOUR
La sous-commission qui étudie le dossier
de l'élection de Saint-Flour avait décidé,
dans sa dernière séance, de laisser au 8e
bureau tout entier le soin d'entendre M.
Mary-Raynaud. Mais, sur les instances de
celui-ci, elle est revenue sur cette décision.
Elle entendra jeudi prochain les explica-
tions de M. Mary-Raynaud, lequel a, paraît-
il, besoin de ce délai pour réunir les pièces
à l'aide desquelles il prétend prouver la
à
nullité des condamnations qui le rendent
inéligible.
La satisfaction qui vient d'être accordée
à M. Mary-Raynaud n'est d'ailleurs que
platonique.-Quand même il arriverait à
prouver la nullité de ces condamnations,
ni la sous-commission, ni le 8e bureau, ni
la Chambre ne peut rectifier les arrêts qui
ont frappé ce financier, ni effacer de son
casier judiciaire les condamnations qui le
rendent légalement inéligible.
ARRESTATION D'UN PERSONNAGE
ITALIEN
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 25 octobre.
M. Laguasso, avocat, ancien secrétaire
des affaires coloniales à Massouah, vient
d'être mis en état d'arrestation. Il était de
retour en Italie depuis le mois de mai 1890.
Il est accusé de concussions qui se seraient
élevées à un demi-million de francs.
LA COUR DES COMPTES
La commission du budget s'est occupée
hier du projet relatif à l'aliénation des ter-
rains de la Cour des comptes. Elle a en-
tendu un rapport verbal de M. Antonin
Proust, qui est partisan de l'aliénation des
terrains, et diverses observations de M.
Riotteau, qui a fait partie d'une précédente
commission et qui estime qu'une somme
de quatre millions serait suffisante pour
réparer les ruines et remettre la Cour des
comptes en possession de son immeuble.
La commission a décidé d'entendre les mi-
nistres des finances et des travaux pu-
blics.
Il y a encore de beaux jours pour la forêt
du quai d'Orsay.
CHRONIQUE
« Puisque votre journal s'occupe volon-
tiers de questions sociales, m'écrit une
dame, membre de l'Œuvre des libérées
de Saint-Lazare, parlez donc un jour de
ce que nous faisons. Non, certes, que nous
songions à tirer vanité de nos efforts,
mais pour nous amener de nouvelles
adhésions, car, plus nous serons de bon-
nes volontés réunies, plus nous pourrons
faire de bien. » Et je me suis volontiers
rendu à cette invitation.
« — Nous vous ferons assister, m'a
dit ma correspondante, qui est une
des plus actives parmi ces femmes dé-
vouées qui font de la charité vaillante,
de la charité de combat, pour ainsi par-
ler, nous vous ferons assister, dans notre
secrétariat, installé place Dauphine, en
une vieille maison historique de Paris
habitée jadis par Mme Roland, à un des
cruels défilés des pauvres âmes en détresse
qui viennent se confier à nous. Mais il
faut que vous sachiez auparavant ce que
nous tentons, ce que, Dieu merci! nous
arrivons souvent à réaliser. Ce que nous
voulons, c'est le relèvement de la femme
qu'une première faute n'a pas pervertie
et qu'une première condamnation n'a pas
jetée tout à fait dans le mal. Il est néces-
saire de retenir cette malheureuse au
bord de l'abîme quand sa peine est ter-
minée, qu'on l'a notée d'infamie ; nous
lui montrons que tout n'est pas perdu
pour elle, qu'elle peut se réhabiliter à ses
propres yeux. »
Mais l'œuvre fait mieux, depuis que les
dames de son comité peuvent visiter les
détenues au Dépôt et pendant leur pré-
vention. Elle réussit fréquemment, au
cas d'une faute légère, à leur éviter cette
première condamnation qui, même mi-4
nime, est terrible, parce qu'elle pèse sur
toute une vie.
L'œuvre est bien connue aujourd'hui
dans les prisons. Autrefois, il fallait
presque convaincre ces misérables qu'on
ne souhaitait que leur venir en aide : le
malheur les rendait farouches et défiantes
de tout. A présent, ce sont elles qui sol-
licitent l'appui de la société, qui se réfu-
gient en son assistance. Les dames patron-
nesses qui visitent les prisons trouvent
toujours, chaque fois qu'elles arrivent,
des lettres à leur adresse, implorant leur
secours. Cette visite, la secrétaire la fait
tous les jours au Dépôt, car une inter-
vention rapide est indispensable pour
empêcher, quand on le peut, la compa-
rution en justice.
Pour les condamnées ayant fait leur
temps et qui sortent, accablées, de pri-
son, l'œuvre a deux asiles où ellé leur
donne le temps de se reprendre, de se
recueillir, de s'attacher à, des résolutions
courageuses, tandis qu'on leur cberche
du travail. L'un de ces asiles est particu-
lièrement consacré aux femmes qui ont
un enfant, car les enfants, innocentes
victimes de la faute de leur mère, sont
l'objet des préoccupations constantes de
la société. C'est une fondation de MmeBo-
gelot, qui a succédé, dans la direction de
l'œuvre, à la fondatrice, Mlle de Grand-
pré. Tout ce bien se fait, en somme, avec
peu d'argent, grâce au dévouement de
tous. Je vois, dans le dernier rapport,
qu'on a suffi à toutes les dépenses d'une
année avec un peu moins de vingt-quatre
mille francs. Mais on n'épargne point les
démarches I
Ce sont des exemples de ces véritables
sauvetages qui peuvent faire comprendre
les services que rend l'œuvre. C'est, un
jour, une malheureuse receveuse des
postes qui, dans un instant d'affolement,
emprunte, pour payer une dette criarde,
une petite somme à la caisse dont elle a
la* garde. Une inspection imprévue cons-
tate le déficit. Si elle pouvait restituer
cette somme, une révocation serait, sans
doute, sa seule punition. Mais comment ?
Elle fait vainement appel à des parents.
Elle n'obtient d'eux aucun secours. L'ar-
gent sur lequel elle comptait pour rem-
bourser ce qu'elle avait pris, dans une
heure critique, ne lui arrive pas. Il faut
sévir contre elle. Le détournement des
deniers de l'Etat est prévu par de sévères
articles du Code. Elle est condamnée, elle
fait son temps, et, quand elle est rendue
à la liberté, elle est si effarée, elle se sent
si bien perdue à jamais, qu'elle cherche à
se tuer. L'œuvre intervient, on s'occupe
d'elle avec sollicitude, on lui rend le cou-
rage de vivre. Mais elle a des scrupules
de loyauté : elle prévient qu'elle n'accep-
tera aucun emploi sans avoir dit, la pre-
mière, qui elle est, car elle ne supporte-
rait pas la honte d'un reproche. On s'in-
génie pour elle, et on finit par lui trouver
un emploi. Elle est aujourd'hui institu-
trice en Angleterre.
Une autre de ces lamentables histoires:
Une femme, une ouvrière, vit avec un
homme qui lui a promis de l'épouser,
mais qui meurt brusquement, la laissant
enceinte. Elle est seule, sans ressources,
désespérée. Elle a la faiblesse d'écouter
un entreprenant ami de son amant, qui
le remplace bientôt. La liaison dure deux
ans : un second enfant est né. La charge
paraît lourde à l'individu, il cherche à
l'esquiver par un abandon. La femme le
supplie de ne pas la quitter, le menace
de « faire une folie M, s'il s'en va. Il ré-
pond : « Fais ce que tu voudras! »
Puis, cette folie, elle la commet, en
effet — tragiquement. Lès enfants, elle
ne pourra les nourrir. Ne vaut-il pas
mieux qu'ils meurent avec elle ? Et elle
allume un réchaud de charbon. On ar-
rive à temps pour la sauver, elle et un
des petits. L'autre est déjà mort. Le jury,
sévère cette fois-là, la condamne assez
durement ; elle est envoyée à la maison
de Clermont. C'est là qu'une dame pa-
tronnesse de l'œuvre la rencontre ; elle
s'intéresse à elle. N'a-t-elle pas été plus
malheureuse que coupable ? Elle se met
en rapport avec l'homme, très troublé de
ce qui est arrivé. On lui fait comprendre
quelle part de responsabilité il a dans
cette douloureuse affaire. On le chapitre
si bien qu'il promet de se charger de l'en-
fant survivant et qu'on l'amène bientôt à
épouser, dans la prison même, l'infortu-
née qu'il avait réduite au désespoir. Peu
de temps après, on obtient la grâce de
celle-ci. Le ménage vit heureux, à pré-
sent.
Je ne crains pas d'avoir l'air de racon-
ter des petites histoires édifiantes de mo-
rale en action. Il faut penser à ce que
des résultats pareils ont exig é, de la part
des dames de FCEuvre, d'énergie, de té-
nacité, de courageuse charité. Une autre
fois, c'est une fillette qui est séduite par
un abominable chenapan de Montmar-
tre, bientôt arrêté pour vol. Elle est ar-
rêtée, elle aussi, comme complice, et
condamnée à quelques jours de prison.
Sa peine finie,' on va l'inscrire d'office
sur les registres de la préfecture comme
fille publique. Ici encore l'Œuvre inter-
vient, arrive à empêcher cette inscrip-
tion, sauve la malheureuse de la fange
où elle va rouler, la réconcilie avec sa
famille, lui rend la possibilité d'une
existence honorable. Sans cette interven-
tion, elle était perdue. Et cette petite
saltimbanque, vraie bohémienne, farou-
che, sorte de sauvagesse, ne connaissant
pas même la valeur de l'argent (ce qui
est bien, n'est-ce pas, le dernier degré de
la sauvagerie !), qui tue un homme, un
jour, avec un bâton. L'OEuvre larecueille
dans un de ses asiles, dompte patiem-
ment cette étrange nature, l'assouplit,
l'éduque, arrive à faire d'elle une bonne
ouvrière. Jamais personne ne lui avait
témoigné d'intérêt. Elle ne comprenait
pas, d'abord, pourquoi on prenait soin
d'elle.
Près de neuf cents femmes sont annuel-
lement secourues, assistées, relevées, pla-
cées. Assurément, il y a des déceptions,
et pour quelques-unes le salut n'est pas
définitif, mais ces rechutes sont, en
somme, relativement rares.
Un grand point a été obtenu, grâce aux
efforts de l'Œuvre : l'affreuse promiscuité
de Saint-Lazare n'existe plus, qui rendait
la contagion trop facile entre détenues de
toute catégorie. Suivant les délits com-
mis, on sait que les femmes sont aujour-
d'hui internées à Clernlont,à Doullens ou
à Nanterre. L'Œuvre a combattu long-
temps pour obtenir cette séparation si
importante.
rt — Avouez, me dit mon interlocutrice
avec son sourire de vaillante femme, que
nous avons bien travaillé, depuis vingt
ans que nous combattons contre le mal
et la misère ; mais, en fait de charité, on
ne fait jamais assez, vous le verrez bien
quand vous irez voir de près nos « clien-
tes M, et c'est pour cela qu'il faut qu'on
s'jntéresse à nous !» -
Paul Ginisty.
LES CADAVRES DORES
CHEZ LE DOCTEUR GANNAL
-
La saumure électrique. — L'art de 1 a-
venir.- La conservation des belles-
mères.— L'explosion des grands
hommes.
II se fait grand bruit, depuis quarante-
huit heures, autour d'un prétendu nou-
veau système de métallisation des cada-
vres.
On sait qu'en trempant un objet quel-
conque dans un bain contenant des sels de
métal et en faisant agir une batterie élec-
trique mise en contact avec cet objet, ont
obtient un dépôt galvanique ou métallique
qui recouvre la surface de la matière plon-
gée dans le bain.
Supposons qu'il s'agisse d'enduire de mé-
tal de cuivre, par exemple, une statuette do
plâtre.
Afin de rendre le gypse bon conducteur
de l'électricité, on commence par badi-
geonner la statuette avec de la plomba-
gine, ou par la recouvrir d'une solution
concentrée de nitrate d'argent qu'on répar-
tit très également sur toute la surface au
moyen d'un bain chimique.
Il suffit alors de procéder comme il a été
dit plus haut, pour obtenir sur la statuette
une couche de cuivre qui, s'appliquant
comme une poussière dure, l'enveloppera
sans détruire les détails ou la finesse dit
modelé. Il se formera donc une carcasse da
métal à laquelle on pourra à volonté don-
ner une épaisseur suffisante pour résistée
à des chocs violents, et l'on aura ainsi une
statue plus ou moins indestructible. V
Les statues de l'avenir
Le docteur Variot, qui a tenté d'appliquer
ce procédé à la métallisation du corps hu-
main, aurait, parait-il, admirablement
réussi, et doit présenter sous peu à l'Aca.-,
démie des sciences un moutard doré.
On entrevoit sans peine les horizons nou..
veaux qu'une pareille industrie ouvrirait à
l'humanité. Du coup, les cimetières devien- ,
nent inutiles, l'incinération est supprimée
et les sculpteurs cessent de coopérer à l'in-
dustrie des pompes funèbres.
Un grand homme meurt-il : on le dore
ou l'argente suivant son mérite, et l'on
place cette statue « vivante » sur un pié-
destal. Quant aux parents, on se borne 3
les bronzer, et la maîtresse enlevée à la
fleur de l'âge, le père mort après quarante
ans de loyaux services administratifs, la
belle-mère terrassée par les ans remplacent,
sur nos consoles ou nos cheminées, la Vé-
nus de Milo, le Penseur de Michel-Ange et
la pendule.
Malheureusement, la confiance du doc-
teur Variot, dont la personnalité est ici hors
de cause, nous a laissé fort sceptique. Nous
avons soumis le cas au docteur Gannal, qui
a continué à appliquer les procédés d'em-
baumement inventés par son père, et dont
une étude très intéressante sur « la mort
réelle et la mort apparente » vient d'être
couronnée par l'Académie.
Le premier inventeur
Au moment où nous nous présentons rue
de Seine, l'éminent praticien travaille dans
son laboratoire. Il se met néanmoins à no..
tre disposition avec une bonne grâce Par-:
faite.
— La clientèle a donné ces jours-ci, nous
dit-il, et c'est le premier mot que j'entends
de cette fameuse découverte qui, du reste,
n'est pas neuve.
Il a longtemps qu'on a essayé les moyens
de suppléer à l'embaumement par des pro-
cédés supprimant le ratatinage. Les pre-
miers travaux en ce genre sont d'un Fran-
çais, Soier, qui obtint, vers 18hO, des résul-
tats très remarquables. Vous allez du reste
pouvoir en juger.
Et le docteur nous montre une tête de
mouton qui fut métallisée à cette époque.
La laine a été remplacée par une véritable
toison de cuivre qui présente toutes ses
aspérités et ses moindres finesses. Les cor-
nes seules, n'ayant pas été incrustées, ont,
en se desséchant, fait craquer et tomber lq
couche légère qui les recouvrait.
Le prisonnier pour dettes
— Je vais vous montrer quelque chose
de plus intéressant, continue notre inter-
locuteur. Et il nous fait passer dans un ca.
binet tout « embaumé » de senteurs aro-
matiques, où nous apercevons un jeune
enfant de bronze.
— Il y a un être humain là-dessous, nous
dit le docteur, et les circonstances daDs les-
quelles j'en suis devenu propriétaire sont
assez drôles.
Un Parisien veuf avait perdu un enfant
qu'il adorait. Il le fit embaumer par mon
père, et, comme il ne voulait pas s'en sé-
parer, il écarta les croque-morts au mo-
ment de la mise en bière et plaça une bû..
che dans le cercueil.
Peu de temps après, il se remaria, et,
craignant que sa femme n'ouvrît un joux
l'armoire où reposait le marmot, il mit ce
dernier dans un fiacre et vint chez mon
père qu'il n'avait pas encore payé et qui ne
lui avait rien réclamé, le forçant à accepter
ce gage d'un nouveau genre.
C'était à peu près au moment où l'on par-
lait des travaux de Soier, et ce dernier le
métallisa sur la demande de mon père,
qui se trouva ainsi en possession d'un su-
jet « gannalisé et galvanisé 7.
Les difficultés du problème
C'est le seul corps entier sur lequei
Soier ait opéré.
Or, regardez bien. L'enfant est habIllé.
La chemise n'a pas bougé et peut résister à
plusieurs siècles. Mais voyez la figure et
toutes les parties où le métal a été appli-
qué directement sur la peau. Les chaIrs
se sont resserrées et la pellicule métallique
qui les recouvrait, venant à manquer de
support, s'écaille et tombe. 1
Vous me direz que l'on peut remédier à
cet inconvénient en donnant à la couche
une épaisseur suffisante. Mais alors vous
empâtez, vous supprimez tous les détails,
vous modifiez les traits et votre bonhomme,
n'est plus qu'une ébauche mal dégrossie.
C'est ce qui est arrivé lorsqu'on a voulu, il
y a quelques années, silicatiser les statues
ou bas-reliefs de pierre. Et on y a re-
noncé.
Un dilemme
Voilà ce qui se produit qua.'id on opéra
sur des corps embaumés.
Mais, sans connaître les procédés nou-
veaux, je crois pouvoir affirmer qu'il ne
faut pas songer à en galvaniser d'autres.
A moins en effet de les recouvrir d'une
cuirasse ayant l'épaisseur d'un canonrloa
gae produits par la décomposition de notre
carcasse auront vite fait tout sauter.. Plrf
( <-,
LUNDI 27 OCTOBRE 1890 ,,
A VA .;. ;
JOURNAL RPUBLICAIN,
t »Itt RÉDACTION
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PARIS
PlifClftfR POLITIQUE
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Téléphone : 20.289 bit.
, DEI 18SION 1
Ce qui fut le boulangisme a la fin
qu'il méritait. Après le « Bonsoir, mes-
sieurs" des royalistes, après les révé-
lations venues de toutes parts sur la
provenance de l'argent et sur la coa-
lition nouée avec les prétendants et
avec les états-majors monarchistes,
voici la grande brouille entre « le
chef" et ses lieutenants. On a vu hier
les principaux passages d'une lettre
de M. Naquet, rectifiant, en ce qui le
concerne, les allégations du général
Boulanger et s'étonnant à son tour de
ces surprenants oublis de mémoire que
tant d'autres avaient déjà constatés à
tant de reprises depuis la lointaine
affaire des lettres au duc d'Aumale.
Les boulangistes criaient alors à la
calomnie, et voici qu'aujourd'hui M.
Nacruet répond au général « que - ce
qu'il dit est faux, — pour ne pas em-
ployer une plus dure expression M. —
A son tour, il refuse de croire aux
économies de sous-lieutenant ; il op-
pose la modicité des ressources avouées
au « luxe princier", les affirmations
récentes aux déclarations anciennes ;
il reproche au général sa « chute hon-
teuse M ; il l'accuse d'essayer d'entraî-
ner ses anciens amis avec lui, et, après
les avoir perdus politiquement, de
chercher à leur enlever l'honneur.
C'est une rupture complète, à grand
fracas, et après laquelle rien ne peut
plus subsister de commun entre celui
qui rédigea le discours de Tours et
celui qui le prononça.
Mais ce n'est pas la seule lettre que
M, Naquet livre à la publicité. Nous
en avons une autre qu'il vient d'adres-
ser au directeur du Rosier de Marie, au
sujet de la collaboration donnée par
lui à cette pieuse feuille, collabora-
tion révélée ici même par son ancien
secrétaire et affirmée tout récemment
encore par M. Drumont, sur le témoi-
gnage de M. Le Hérissé. M. Naquet
persiste à nier cette collaboration. Il
se défend d'avoir fourni des articles
que le caractère de cette feuille ne lui
aurait pas permis d'accepter. La rai-
son n'est pas très probante. Si M. Na-
quet avait donné des articles au Rosier
de Marie, il les aurait sans doute rédi-
gés de façon à ce qu'ils pussent être
acceptés, et, du moment où ils auraient
rempli cette condition et où ils n'au-
raient pas porté la signature de leur
auteur, rien n'en aurait empêché l'in-
sertion. C'est même parce que ces ar-
ticles n'étaient pas en contradiction
avec le caractère de la feuille cléricale
et parce qu'ils ne portaient pas la si-
gnature de M. Naquet, que la révéla-
tion est intéressante.
Entre les versions contradictoires,
entre les affirmations des uns et les
dénégations des autres, on choisira;
mais il est un point sur lequel il n'y a
pas de doute. M. Naquet écrit à son
« cher commandeur Lautier », rédac-
teur en chef du Rosier de Marie : « Pen-
dant la campagne boulangiste, vous
vous étiez résolument placé sur le ter-
rain de la conciliation nationale. Si
avoir suivi cette politique commune
c'est avoir été collaborateurs, nous l'a-
vons été. Nous avons, en effet, tra-
vaillé chacun dans notre sphère à
cette œuvre d'apaisement et de récon-
ciliation nationale. »
Ce n'est pas tout à fait le langage
que les boulangistes, et M. Naquet en
particulier, tenaient à Paris durant la
campagne électorale. Ils n'avouaient
pas alors leur collaboration avec les
cléricaux; ils se défendaient même
d'avoir rien de commun avec eux, et
l'on se souvient encore de la vivacité
avec laquelle M. Naquet s'indignait,
lors de la discussion sur son élection,
qu'on signalât des faits de pression
cléricale et qu'on voulût le faire pas-
ser pour un protégé des catholiques.
La chose ne paraît-elle pas aujour-
d'hui toute naturelle? Cléricaux et
boulangistes « collaboraient »; ils tra-
vaillaient de concert. Quoi d'étonnant
si ceux-là ont voté pour ceux-ci ?
Mais ce qui paraît si simple aujour-
d'hui que M. Naquet lui-même ne
songe pas à envelopper l'aveu de
quelques circonlocutions était beau-
coup moins simple au moment des
élections générales et même au mo-
ment de la secondé élection de M. Na-
quet. Toutes les révélations sur le
boulangisme ne s'étaient pas produi-
tes; aucun aveu n'avait été fait. On
démentait avec rage tout ce que les
adversaires du boulangisme affir-
maient ; on les traitait de misérables
calomniateurs. Aujourd'hui on avoue
que l'on a trompé les électeurs, que
l'on a été plus loin dans la voie des
subterfuges et de l'hypocrisie que les
ennemis les plus acharnés ne l'avaient
dit, et, sauf des exceptions aussi che-
valeresques que rares, on se sépare
du chef sous la bannière duquel on se
présentait alors. Non seulement on se
sépare de lui, mais on proclame bien
haut son ÎndiguLte; on ne dissimule
ni son déshonneur ni le mépris qu'on
éprouve pour lui. Est-ce que tout cela
ne crée pas une situation nouvelle?
Est-ce qu'après avoir trompé les élec-
teurs en leur dissimulant le véritable
caractère de la campagne que l'on
poursuivait, on se croit libre de se jouer
d'eux en abandonnant, sans autre
forme de procès, le parti que l'on
présentait alors comme destiné à as-
surer le salut du pays? Cela est inad-
missible. Puisque les dispositions des
élus ont changé et que les équivoques
d'antan ont disparu, il faut que les
électeurs puissent donner leur avis et
dire si leurs dispositions n'ont pas
subi aussi de modifications.
Le XIX" SIECLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey.
LA FÊTE DE M. DE MOLTKE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 25 octobre.
Il est déjà arrivé pour le feld-maréchal
de Moltke un grand nombre de lettres et de
télégrammes de félicitation, d'adresses et
de présents, envoyés par plusieurs souve-
rains et par beaucoup de villes et d'associa-
tions
On remarque en particulier un magnifi-
que vase offert par le roi de Saxe et un su-
perbe bouquet de fleurs envoyé par la ville
de Brème.
Dans les années précédentes, M. de Moltke
passait l'anniversaire de sa naissance dans
sa propriété de Kreisau, en Silésie. Il ne
voyait ce jour-là que les membres peu
nombreux de sa famille, ses deux neveux
et les enfants de l'un d'eux.
Les visiteurs, amis et simples curieux, qui
se présentaient aujourd'hui à sa porte, re-
cevaient invariablement cette réponse :
—Son Excellence le feld-maréchal est parti
dans les bois au point du jour, et, comme
il a emporté son déjeuner, il ne reviendra
pas avant la nuit.
Retraite aux flambeaux
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 25 octobre.
Les fêtes du jubilé du maréchal de Moltke
ont commencé ce soir par une retraite aux
flambeaux. Vingt-cinq mille personnes en-
viron ont défilé sous les fenêtres de l'hôtel
de l'état-major, qui est situé sur la place
et la rue qui portent le nom du maréchal et
où M. de Moltke a repris son ancien loge-
ment.
Plusieurs chars allégoriques ont été ac-
clamés par la population. On a surtout re-
marqué ceux qui représentaient le maré-
chal aux différentes étapes de sa carrière,
et celui de 1' « Ange de la Paix ».
Sur l'ordre de l'empereur, les musiques
militaires de Berlin, Potsdam et Spandau
prêtaient leur concours à la fête et jouaient
le Wacht am Rhein et autres morceaux
populaires, repris en chœur par la foule.
UNE NATION EN RUINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 25 octobre.
Voici, d'après un document officiel, quel-
ques données qui jettent un jour très vif
sur la misère dans certaines parties de l'I-
talie : -
D'après cette statistique, il se trouve dans
la péninsule 336 communes sans cimetière,
qui placent leurs morts simplement dans
les souterrains de leurs églises.
Plus de 200,000 hommes sont logés dans
des caves absolument malsaines; 9,000 hom-
mes habitent des cavernes creusées dans les
rochers. Dans 1,700 communes)les habitants
ne mangent de pain que les jours de fête ;
h,695 communes s'abstiennent totalement
de viande.
Il existe 600 communes dans lesquelles il
est impossible d'obtenir des secours médi-
caux ; le nombre des communes infestées
par la malaria est de 10A, et l'on compte
110,000 Italiens qui souffrent de la pella-
gre. -"
Enfin, dans un autre genre, il y a, sur
100 habitants, 63 qui ne savent ni lire ni
écrire.
L'ENTENTE ANGLO-ITALIENNE
Le prince de Galles en Italie
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 25 octobre.
Il résulte d'informations émanant de la
Consultà que les négociations avec l'Angle-
terre seront reprises sur la base sui-
vante :
Les troupes italiennes seront autorisées à
occuper Kassala, mais seulement dans le
cas d'opérations contre les derviches, sans
autre engagement.
L'entente est donc certaine.
Le roi a écrit dernièrement au prince de
Galles, qui aurait accepté prochainement
un voyage officiel en Italie. De grandes
fêtes auraient lieu à cette occasion en son
honneur.
JOUEURS D'ÉCHECS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 25 octobre.
Un match a été arrangé récemment entre
deux des plus forts joueurs d'échecs du
monde, MM. Steinitz et Tchigorine. M. Stei-
nitz habitant New-York, et M. Tchigorine
Saint-Pétersbourg, le match se fait par télé-
graphe. Les deux premiers coups viennent
d'être indiqués par le joueur russe.
Les enjeux ont été déposés chez MM. de
Rothschild, à Vienne.
TEMPÊTE ET NAUFRAGE
(D'UN CORRESPONDANT)
Ostende, 25 octobre.
Une tempête très violente sévit depuis
plusieurs jours sur la côte. ,
Le brick norvégien Militus a coulé à l'est
de Blanckenbergh.
L'équipage a été sauvé.
Un brick allemand s'est échoué et brisé
à Oost-Dunkej-que.
Tous les efforts faits pour sauver l'équi-
page or/t été inutiles. Neuf personnes ont
péri'%
Le corps du capitaine ét "celui d\\D.lU,'(e-
w ont été jetés à la cÔte.
LA CATASTROPHE
DE SAINT-ÉTIENNE
LE RAPPORT DE M. DUMAY
Les résultats de l'enquête parlemen-
taire. — Les arguments des ingé-
nieurs. — Comment M. Dumay
établit leur culpabilité. —
Une proposition de loi
sur les mines.
, On se souvient qu'à la suite de l'explosion
qui, le 29 juillet dernier, coûtait la vie à
plus de cent mineurs dans les puits de Vil-
lebœuf, à Saint-Etienne, la Chambre char-
gea, sur la demande de MM. Maujan et Sou-
het, une commission parlementaire de onze
membres de procéder à une enquête sur
les causes de cette terrible catastrophe.
Au mois d'août, les onze commissaires se
rendirent à Saint-Etienne ; ils visitèrent les
puits, recueillirent les dépositions des ingé-
nieurs et des ouvriers et confièrent à l'un
d'eux, M. Dumay, député de Paris, le soin
de consigner dans un rapport toutes les
constatations qu'ils avaient été amenés à
faire.
M. Dumay a terminé son rapport. Il en a
donné lecture hier à ses collègues de la
commission.
Une longue discussion s'est aussitôt en-
gagée, et, finalement, les conclusions de M.
Dumay ont été adoptées, malgré l'opposi-
tion de M. le docteur Després. On s'est bor-
né à adoucir les termes un peu vifs dans
lesquels ces conclusions étaient expri-
mées.
Les causes de la catastrophe
Tel qu'il est, son rapport ne contient pas
moins de 12 chapitres. Dans chacun d'eux
M. Dumay étudie les divers côtés de la
question. Mais, sans contredit, le plus im-
portant de tous est celui où le député de
Paris répond à cette interrogation : « Com-
ment a pu se produire l'explosion de gri-
sou? »
Il s'efforce de détruire un à un tous les
arguments à l'aide desquels les ingénieurs
de l'Etat et des mines de Villebeuf essaient
de se disculper de la lourde responsabilité
qui leur incombe.
D'abord les ingénieurs avaient prétendu
que l'explosion avait été provoquée par
l'imprudence d'un ouvrier. Ensuite, lors-
qu'ils ont vu que ce moyen de défense leur
échappait, ils ont mis sur le compte de la
malveillance la cause de la catastrophe.
— C'était, prétendaient-ils, un ouvrier
qui, en se suicidant d'un coup de revolver,
avait déterminé l'explosion de grisou.
M. Dumay s'est enquis du fait auprès de
tous les ouvriers qui se trouvaient dans la
mine le 99 juillet et qui en ont été quittes
pour des blessures plus ou moins graves ;
aucun d'eux n'a confirmé ce dire.
Y a-t-il eu imprudence ?
Il restait à établir qu'il n'y avait pas eu
imprudence.
Les ingénieurs appuyaient leur version
sur ce fait qu'une lampe avait été trouvée
sans verre à l'endroit même où l'explosion
s'était produite.
« Voilà, s'écrièrent-ils, la cause de l'acci-
dent. Un ouvrier aura, pour une raison ou
pour une autre, démonté sa lampe ; le
feu se sera communiqué au grisou. Tout
est expliqué. »
Or, les lampes ne peuvent s'ouvrir qu'au
moyen d'une clef spéciale qu'un mineur
serait incapable de fabriquer. Il faut pour
cela, en effet, plusieurs instrument de pré-
cision, un tarau notamment, et de plus, à
quelques dixièmes de millimètre près, une
clef ne pourrait pas fonctionner.
On ne saurait donc admettre, dit M. Du-
may, que ce soit un ouvrier qui ait ôté le
verre de cette lampe.
Comment alors le fait s'est-il produit ?
Après de minutieuses recherches, on a
reconnu que le système de lampes em-
ployé dans les mines de Villebeuf n'em-
pêchait pas tout contact du grisou avec le
feu.
Il faudrait que les verres fussent d'une
forme cylindrique absolue et qu'il n'y eût
entre eux et les cheminées de toile métalli-
que qui les surmontent aucune solution de
continuité.
Malheureusement, beaucoup ne réunis-
sent pas toutes ces qualités, et on a cons-
taté qu'il suffisait, dans ce cas, soit d'une
chaleur trop intense, soit de quelques
gouttes d'eau pour faire éclater le verre.
C'est ainsi que M. Dumay réfute les argu-
ments des ingénieurs.
La négligence de la Compagnie et des
ingénieurs de l'Etat.
Nous n'entrerons pas dans tous les dé-
tails du rapport, mais nous ne pouvons
passer sous silence la découverte faite par
M. Dumay lui-même, dans les mines de
Villebeuf, d'une galerie abandonnée qu'on
n'avait pas remblayée par mesure d'écono-
mie. C'était, dit le rapporteur, un vérita-
ble réservoir à grisou.
Il est certain, en effet, que bien des me-
sures de précaution n'ont pas été prises,
notamment en ce qui concerne les pous-
sières de charbon, et que, sans la négli-
gence dont ont fait preuve et les ingénieur
de l'Etat et les ingénieurs des mines de Vil-
lebeuf, on aurait pu éviter de grands mal-
heurs.
M. Dumay témoigne cependant d'un peu
d'indulgence vis-à-vis des ingénieurs de la
Compagnie de Villebeuf, car, dit-il, les
vrais coupables dans cette affaire, ce sont,
avec les ingénieurs de l'Etat, les adminis-
trateurs de la Compagnie qui, dans l'es-
poir de réaliser de plus gros bénéfices,
exigeaient de leurs ingénieurs le moins de
dépense possibles, et, par cela même, les
mettaient dans la nécessité de ne pas faire
les travaux nécessaires.
Les conclusions
Bien entendu, ce rapport ne comporte
aucune sanction légale. Il conclut simple-
ment que « l'état de la mine était mauvais
par suite de parcimonie ou de négligence
de la direction de la mine et considère la
responsabilité du service du contrôle de
l'Etat comme engagée ».
Et il invite « le ministre à faire observer
« strictement les règlements existants et
» les précautions recommandées dans les
» Principes à consulter (1) pour l'exploita-
» tion des mines grisouteuses @ et à expéri-
» mentor les inventions nées à la suite de
» ces accidents. »
r C'est donc, tout au plus, un vœu que la
Chambre peut émettre à ce sujet.
Les tribunaux ont d'ailleurs été saisis
de la question.
(1) Ouvrage officiel qui fait, povu* ainsi dire,
loi en matière de mines.
Le gouvernement, qui s'était opposé à
l'enquête parlementaire, n'a pas voulu at-
tendre que celle-ci eût terminé sa mission
pour déférer les coupables à la justice.
Mais l'enquête judiciaire, comme l'enquête
administrative, ne relève pas contre eux
tous les faits contenus dans le rapport de
M. Dumay et dont nous venons de donner
une très succincte énumération.
Une proposition sur l'aérage des
mines.
Quoi qu'il en soit, M. Dumay se propose,
aussitôt après la discussion de son rapport,
de soumettre à la Chambre une proposition
de loi « tendant à rendre obligatoire, pour
les compagnies minières, l'emploi, à chaque
puits, d'un « compresseur d'air ».
— C'est seulement par l'air, dit-il, qu'on
peut combattre le grisou. C'est un fait établi
aujourd'hui.
Il est donc du devoir du Parlement d'o-
bliger les compagnies à aérer leurs mines
pour éviter le retour de semblables catas-
trophes.
L'ÉLECTION DE SAINT-FLOUR
La sous-commission qui étudie le dossier
de l'élection de Saint-Flour avait décidé,
dans sa dernière séance, de laisser au 8e
bureau tout entier le soin d'entendre M.
Mary-Raynaud. Mais, sur les instances de
celui-ci, elle est revenue sur cette décision.
Elle entendra jeudi prochain les explica-
tions de M. Mary-Raynaud, lequel a, paraît-
il, besoin de ce délai pour réunir les pièces
à l'aide desquelles il prétend prouver la
à
nullité des condamnations qui le rendent
inéligible.
La satisfaction qui vient d'être accordée
à M. Mary-Raynaud n'est d'ailleurs que
platonique.-Quand même il arriverait à
prouver la nullité de ces condamnations,
ni la sous-commission, ni le 8e bureau, ni
la Chambre ne peut rectifier les arrêts qui
ont frappé ce financier, ni effacer de son
casier judiciaire les condamnations qui le
rendent légalement inéligible.
ARRESTATION D'UN PERSONNAGE
ITALIEN
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 25 octobre.
M. Laguasso, avocat, ancien secrétaire
des affaires coloniales à Massouah, vient
d'être mis en état d'arrestation. Il était de
retour en Italie depuis le mois de mai 1890.
Il est accusé de concussions qui se seraient
élevées à un demi-million de francs.
LA COUR DES COMPTES
La commission du budget s'est occupée
hier du projet relatif à l'aliénation des ter-
rains de la Cour des comptes. Elle a en-
tendu un rapport verbal de M. Antonin
Proust, qui est partisan de l'aliénation des
terrains, et diverses observations de M.
Riotteau, qui a fait partie d'une précédente
commission et qui estime qu'une somme
de quatre millions serait suffisante pour
réparer les ruines et remettre la Cour des
comptes en possession de son immeuble.
La commission a décidé d'entendre les mi-
nistres des finances et des travaux pu-
blics.
Il y a encore de beaux jours pour la forêt
du quai d'Orsay.
CHRONIQUE
« Puisque votre journal s'occupe volon-
tiers de questions sociales, m'écrit une
dame, membre de l'Œuvre des libérées
de Saint-Lazare, parlez donc un jour de
ce que nous faisons. Non, certes, que nous
songions à tirer vanité de nos efforts,
mais pour nous amener de nouvelles
adhésions, car, plus nous serons de bon-
nes volontés réunies, plus nous pourrons
faire de bien. » Et je me suis volontiers
rendu à cette invitation.
« — Nous vous ferons assister, m'a
dit ma correspondante, qui est une
des plus actives parmi ces femmes dé-
vouées qui font de la charité vaillante,
de la charité de combat, pour ainsi par-
ler, nous vous ferons assister, dans notre
secrétariat, installé place Dauphine, en
une vieille maison historique de Paris
habitée jadis par Mme Roland, à un des
cruels défilés des pauvres âmes en détresse
qui viennent se confier à nous. Mais il
faut que vous sachiez auparavant ce que
nous tentons, ce que, Dieu merci! nous
arrivons souvent à réaliser. Ce que nous
voulons, c'est le relèvement de la femme
qu'une première faute n'a pas pervertie
et qu'une première condamnation n'a pas
jetée tout à fait dans le mal. Il est néces-
saire de retenir cette malheureuse au
bord de l'abîme quand sa peine est ter-
minée, qu'on l'a notée d'infamie ; nous
lui montrons que tout n'est pas perdu
pour elle, qu'elle peut se réhabiliter à ses
propres yeux. »
Mais l'œuvre fait mieux, depuis que les
dames de son comité peuvent visiter les
détenues au Dépôt et pendant leur pré-
vention. Elle réussit fréquemment, au
cas d'une faute légère, à leur éviter cette
première condamnation qui, même mi-4
nime, est terrible, parce qu'elle pèse sur
toute une vie.
L'œuvre est bien connue aujourd'hui
dans les prisons. Autrefois, il fallait
presque convaincre ces misérables qu'on
ne souhaitait que leur venir en aide : le
malheur les rendait farouches et défiantes
de tout. A présent, ce sont elles qui sol-
licitent l'appui de la société, qui se réfu-
gient en son assistance. Les dames patron-
nesses qui visitent les prisons trouvent
toujours, chaque fois qu'elles arrivent,
des lettres à leur adresse, implorant leur
secours. Cette visite, la secrétaire la fait
tous les jours au Dépôt, car une inter-
vention rapide est indispensable pour
empêcher, quand on le peut, la compa-
rution en justice.
Pour les condamnées ayant fait leur
temps et qui sortent, accablées, de pri-
son, l'œuvre a deux asiles où ellé leur
donne le temps de se reprendre, de se
recueillir, de s'attacher à, des résolutions
courageuses, tandis qu'on leur cberche
du travail. L'un de ces asiles est particu-
lièrement consacré aux femmes qui ont
un enfant, car les enfants, innocentes
victimes de la faute de leur mère, sont
l'objet des préoccupations constantes de
la société. C'est une fondation de MmeBo-
gelot, qui a succédé, dans la direction de
l'œuvre, à la fondatrice, Mlle de Grand-
pré. Tout ce bien se fait, en somme, avec
peu d'argent, grâce au dévouement de
tous. Je vois, dans le dernier rapport,
qu'on a suffi à toutes les dépenses d'une
année avec un peu moins de vingt-quatre
mille francs. Mais on n'épargne point les
démarches I
Ce sont des exemples de ces véritables
sauvetages qui peuvent faire comprendre
les services que rend l'œuvre. C'est, un
jour, une malheureuse receveuse des
postes qui, dans un instant d'affolement,
emprunte, pour payer une dette criarde,
une petite somme à la caisse dont elle a
la* garde. Une inspection imprévue cons-
tate le déficit. Si elle pouvait restituer
cette somme, une révocation serait, sans
doute, sa seule punition. Mais comment ?
Elle fait vainement appel à des parents.
Elle n'obtient d'eux aucun secours. L'ar-
gent sur lequel elle comptait pour rem-
bourser ce qu'elle avait pris, dans une
heure critique, ne lui arrive pas. Il faut
sévir contre elle. Le détournement des
deniers de l'Etat est prévu par de sévères
articles du Code. Elle est condamnée, elle
fait son temps, et, quand elle est rendue
à la liberté, elle est si effarée, elle se sent
si bien perdue à jamais, qu'elle cherche à
se tuer. L'œuvre intervient, on s'occupe
d'elle avec sollicitude, on lui rend le cou-
rage de vivre. Mais elle a des scrupules
de loyauté : elle prévient qu'elle n'accep-
tera aucun emploi sans avoir dit, la pre-
mière, qui elle est, car elle ne supporte-
rait pas la honte d'un reproche. On s'in-
génie pour elle, et on finit par lui trouver
un emploi. Elle est aujourd'hui institu-
trice en Angleterre.
Une autre de ces lamentables histoires:
Une femme, une ouvrière, vit avec un
homme qui lui a promis de l'épouser,
mais qui meurt brusquement, la laissant
enceinte. Elle est seule, sans ressources,
désespérée. Elle a la faiblesse d'écouter
un entreprenant ami de son amant, qui
le remplace bientôt. La liaison dure deux
ans : un second enfant est né. La charge
paraît lourde à l'individu, il cherche à
l'esquiver par un abandon. La femme le
supplie de ne pas la quitter, le menace
de « faire une folie M, s'il s'en va. Il ré-
pond : « Fais ce que tu voudras! »
Puis, cette folie, elle la commet, en
effet — tragiquement. Lès enfants, elle
ne pourra les nourrir. Ne vaut-il pas
mieux qu'ils meurent avec elle ? Et elle
allume un réchaud de charbon. On ar-
rive à temps pour la sauver, elle et un
des petits. L'autre est déjà mort. Le jury,
sévère cette fois-là, la condamne assez
durement ; elle est envoyée à la maison
de Clermont. C'est là qu'une dame pa-
tronnesse de l'œuvre la rencontre ; elle
s'intéresse à elle. N'a-t-elle pas été plus
malheureuse que coupable ? Elle se met
en rapport avec l'homme, très troublé de
ce qui est arrivé. On lui fait comprendre
quelle part de responsabilité il a dans
cette douloureuse affaire. On le chapitre
si bien qu'il promet de se charger de l'en-
fant survivant et qu'on l'amène bientôt à
épouser, dans la prison même, l'infortu-
née qu'il avait réduite au désespoir. Peu
de temps après, on obtient la grâce de
celle-ci. Le ménage vit heureux, à pré-
sent.
Je ne crains pas d'avoir l'air de racon-
ter des petites histoires édifiantes de mo-
rale en action. Il faut penser à ce que
des résultats pareils ont exig é, de la part
des dames de FCEuvre, d'énergie, de té-
nacité, de courageuse charité. Une autre
fois, c'est une fillette qui est séduite par
un abominable chenapan de Montmar-
tre, bientôt arrêté pour vol. Elle est ar-
rêtée, elle aussi, comme complice, et
condamnée à quelques jours de prison.
Sa peine finie,' on va l'inscrire d'office
sur les registres de la préfecture comme
fille publique. Ici encore l'Œuvre inter-
vient, arrive à empêcher cette inscrip-
tion, sauve la malheureuse de la fange
où elle va rouler, la réconcilie avec sa
famille, lui rend la possibilité d'une
existence honorable. Sans cette interven-
tion, elle était perdue. Et cette petite
saltimbanque, vraie bohémienne, farou-
che, sorte de sauvagesse, ne connaissant
pas même la valeur de l'argent (ce qui
est bien, n'est-ce pas, le dernier degré de
la sauvagerie !), qui tue un homme, un
jour, avec un bâton. L'OEuvre larecueille
dans un de ses asiles, dompte patiem-
ment cette étrange nature, l'assouplit,
l'éduque, arrive à faire d'elle une bonne
ouvrière. Jamais personne ne lui avait
témoigné d'intérêt. Elle ne comprenait
pas, d'abord, pourquoi on prenait soin
d'elle.
Près de neuf cents femmes sont annuel-
lement secourues, assistées, relevées, pla-
cées. Assurément, il y a des déceptions,
et pour quelques-unes le salut n'est pas
définitif, mais ces rechutes sont, en
somme, relativement rares.
Un grand point a été obtenu, grâce aux
efforts de l'Œuvre : l'affreuse promiscuité
de Saint-Lazare n'existe plus, qui rendait
la contagion trop facile entre détenues de
toute catégorie. Suivant les délits com-
mis, on sait que les femmes sont aujour-
d'hui internées à Clernlont,à Doullens ou
à Nanterre. L'Œuvre a combattu long-
temps pour obtenir cette séparation si
importante.
rt — Avouez, me dit mon interlocutrice
avec son sourire de vaillante femme, que
nous avons bien travaillé, depuis vingt
ans que nous combattons contre le mal
et la misère ; mais, en fait de charité, on
ne fait jamais assez, vous le verrez bien
quand vous irez voir de près nos « clien-
tes M, et c'est pour cela qu'il faut qu'on
s'jntéresse à nous !» -
Paul Ginisty.
LES CADAVRES DORES
CHEZ LE DOCTEUR GANNAL
-
La saumure électrique. — L'art de 1 a-
venir.- La conservation des belles-
mères.— L'explosion des grands
hommes.
II se fait grand bruit, depuis quarante-
huit heures, autour d'un prétendu nou-
veau système de métallisation des cada-
vres.
On sait qu'en trempant un objet quel-
conque dans un bain contenant des sels de
métal et en faisant agir une batterie élec-
trique mise en contact avec cet objet, ont
obtient un dépôt galvanique ou métallique
qui recouvre la surface de la matière plon-
gée dans le bain.
Supposons qu'il s'agisse d'enduire de mé-
tal de cuivre, par exemple, une statuette do
plâtre.
Afin de rendre le gypse bon conducteur
de l'électricité, on commence par badi-
geonner la statuette avec de la plomba-
gine, ou par la recouvrir d'une solution
concentrée de nitrate d'argent qu'on répar-
tit très également sur toute la surface au
moyen d'un bain chimique.
Il suffit alors de procéder comme il a été
dit plus haut, pour obtenir sur la statuette
une couche de cuivre qui, s'appliquant
comme une poussière dure, l'enveloppera
sans détruire les détails ou la finesse dit
modelé. Il se formera donc une carcasse da
métal à laquelle on pourra à volonté don-
ner une épaisseur suffisante pour résistée
à des chocs violents, et l'on aura ainsi une
statue plus ou moins indestructible. V
Les statues de l'avenir
Le docteur Variot, qui a tenté d'appliquer
ce procédé à la métallisation du corps hu-
main, aurait, parait-il, admirablement
réussi, et doit présenter sous peu à l'Aca.-,
démie des sciences un moutard doré.
On entrevoit sans peine les horizons nou..
veaux qu'une pareille industrie ouvrirait à
l'humanité. Du coup, les cimetières devien- ,
nent inutiles, l'incinération est supprimée
et les sculpteurs cessent de coopérer à l'in-
dustrie des pompes funèbres.
Un grand homme meurt-il : on le dore
ou l'argente suivant son mérite, et l'on
place cette statue « vivante » sur un pié-
destal. Quant aux parents, on se borne 3
les bronzer, et la maîtresse enlevée à la
fleur de l'âge, le père mort après quarante
ans de loyaux services administratifs, la
belle-mère terrassée par les ans remplacent,
sur nos consoles ou nos cheminées, la Vé-
nus de Milo, le Penseur de Michel-Ange et
la pendule.
Malheureusement, la confiance du doc-
teur Variot, dont la personnalité est ici hors
de cause, nous a laissé fort sceptique. Nous
avons soumis le cas au docteur Gannal, qui
a continué à appliquer les procédés d'em-
baumement inventés par son père, et dont
une étude très intéressante sur « la mort
réelle et la mort apparente » vient d'être
couronnée par l'Académie.
Le premier inventeur
Au moment où nous nous présentons rue
de Seine, l'éminent praticien travaille dans
son laboratoire. Il se met néanmoins à no..
tre disposition avec une bonne grâce Par-:
faite.
— La clientèle a donné ces jours-ci, nous
dit-il, et c'est le premier mot que j'entends
de cette fameuse découverte qui, du reste,
n'est pas neuve.
Il a longtemps qu'on a essayé les moyens
de suppléer à l'embaumement par des pro-
cédés supprimant le ratatinage. Les pre-
miers travaux en ce genre sont d'un Fran-
çais, Soier, qui obtint, vers 18hO, des résul-
tats très remarquables. Vous allez du reste
pouvoir en juger.
Et le docteur nous montre une tête de
mouton qui fut métallisée à cette époque.
La laine a été remplacée par une véritable
toison de cuivre qui présente toutes ses
aspérités et ses moindres finesses. Les cor-
nes seules, n'ayant pas été incrustées, ont,
en se desséchant, fait craquer et tomber lq
couche légère qui les recouvrait.
Le prisonnier pour dettes
— Je vais vous montrer quelque chose
de plus intéressant, continue notre inter-
locuteur. Et il nous fait passer dans un ca.
binet tout « embaumé » de senteurs aro-
matiques, où nous apercevons un jeune
enfant de bronze.
— Il y a un être humain là-dessous, nous
dit le docteur, et les circonstances daDs les-
quelles j'en suis devenu propriétaire sont
assez drôles.
Un Parisien veuf avait perdu un enfant
qu'il adorait. Il le fit embaumer par mon
père, et, comme il ne voulait pas s'en sé-
parer, il écarta les croque-morts au mo-
ment de la mise en bière et plaça une bû..
che dans le cercueil.
Peu de temps après, il se remaria, et,
craignant que sa femme n'ouvrît un joux
l'armoire où reposait le marmot, il mit ce
dernier dans un fiacre et vint chez mon
père qu'il n'avait pas encore payé et qui ne
lui avait rien réclamé, le forçant à accepter
ce gage d'un nouveau genre.
C'était à peu près au moment où l'on par-
lait des travaux de Soier, et ce dernier le
métallisa sur la demande de mon père,
qui se trouva ainsi en possession d'un su-
jet « gannalisé et galvanisé 7.
Les difficultés du problème
C'est le seul corps entier sur lequei
Soier ait opéré.
Or, regardez bien. L'enfant est habIllé.
La chemise n'a pas bougé et peut résister à
plusieurs siècles. Mais voyez la figure et
toutes les parties où le métal a été appli-
qué directement sur la peau. Les chaIrs
se sont resserrées et la pellicule métallique
qui les recouvrait, venant à manquer de
support, s'écaille et tombe. 1
Vous me direz que l'on peut remédier à
cet inconvénient en donnant à la couche
une épaisseur suffisante. Mais alors vous
empâtez, vous supprimez tous les détails,
vous modifiez les traits et votre bonhomme,
n'est plus qu'une ébauche mal dégrossie.
C'est ce qui est arrivé lorsqu'on a voulu, il
y a quelques années, silicatiser les statues
ou bas-reliefs de pierre. Et on y a re-
noncé.
Un dilemme
Voilà ce qui se produit qua.'id on opéra
sur des corps embaumés.
Mais, sans connaître les procédés nou-
veaux, je crois pouvoir affirmer qu'il ne
faut pas songer à en galvaniser d'autres.
A moins en effet de les recouvrir d'une
cuirasse ayant l'épaisseur d'un canonrloa
gae produits par la décomposition de notre
carcasse auront vite fait tout sauter.. Plrf
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