Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-10-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 23 octobre 1890 23 octobre 1890
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
-Dix-neuviéme année. — N° 6,856
CINQ Centimes - Paris et Départements — CINQ Centimes
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JEUDI 53 OCTOBRE_
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
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A. - EDOUARD PORTALIS
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UNE INSURRECTION
MORALE
On vient d'inaugurer solennellement
à Navarin un monument consacré à
la mémoire des marins français qui
contribuèrent à l'affranchissement de
la Grèce par l'anéantissement de la
flotte turque. Plus de soixante ans ont
passé sur cet événement ; nous avons
traversé quelques révolutions; nous
avons fait la guerre de Crimée pour
défendre l'empire ottoman que nous
avions contribué à affaiblir. Les pas-
sions philhellènes qui animaient nos
pères du temps de la Restauration ont
eu le temps de s'apaiser et même de
disparaître, et nous assistons avec un
parfait sang-froid à la lutte des na-
tionalités et des religions en Orient.
Cependant on ne peut s'empêcher de
faire un rapprochement entre la cé-
rémonie de Navarin et l'espèce d'in-
surrection morale qui soulève en ce
moment les Grecs encore soumis à la
domination du sultan.
Ce qui se passe dans les Etats d'Ab-
doul-Hamid prouve que la question
d'Orient n'est pas encore définitive-
ment résolue et qu'il y a toujours
place de ce côté pour une agitation
dont le contre-coup peut intéresser
l'Europe entière.
On sait que le synode ou conseil
suprême de l'Eglise grecque en Tur-
quie vient de mettre tout l'empire en
interdit, comme les papes du moyen
âge mettaient en interdit les Etats
dont le souverain résistait à l'autorité
pontificale. Plus de fêtes, plus de
messes, plus de sacrements, sinon le
baptême et le viatique qui ne peuvent
attendre. Les mariages sont ajournés;
les funérailles sont célébrées sans
pompe, le deuil commun efface le
deuil privé. La vie religieuse est sus-
pendue. -
Un annonce que la Forte a l'inten-
tion de faire rouvrir d'office les égli-
ses fermées. On ne voit pas bien com-
ment cette mesure serait mise à exé-
cution. Obligera-t-on les prêtres à re-
vêtir malgré eux le costume sacer-
dotal, à dire, à chanter la messe ?
Obligera-t-on les fidèles à y assister,
les fiancés à se marier, les parents des
morts à leur faire des obsèques solen-
nelles? Si les Grecs se plaignent à
tort d'être persécutés, chargera-t-on
les gendarmes de leur prouver qu'ils
se trompent, et mettra-t-on les récal-
citrants en prison jusqu'à ce qu'ils
confessent qu'ils sont libres et même
bien traités? Etrange situation que
celle du gouvernement turc, réduit à
employer la rigueur pour consoler
ses sujets affligés et à les châtier pour
mettre fin à leur mécontentement.
M. Crispi, pour les besoins de sa
cause, déclarait l'autre jour que le
principe des nationalités a fait son
temps. Cela ne lui coûtait pas plus
que de nier qu'il fasse jour en plein
midi ; ce n'était guère plus vrai. Les
questions de nationalité sont encore
les plus délicates et les plus graves de
toutes, et d'un bout de l'Europe à
l'autre, de l'Irlande au Bosphore, ce
sont des nationalités opprimées qui
mettent en péril la paix intérieure et
la paix internationale. Mais c'est sur-
tout en Turquie que les nationalités
sont restées vivantes et irréductibles.
Les Turcs ont quelquefois opprimé
leurs sujets chrétiens, mais n'ont
guère cherché à les convertir. Dans
ces pays où la loi civile se confond
avec la loi religieuse, trois ou quatre
populations différentes peuvent res-
ter justaposées pendant de longs siè-
cles sans se mêler plus que l'eau et
l'huile. Les patriarches de Constan-
tinople ont été quelquefois fort mal
traités, même dans ce siècle où on en a
vu pendre ; mais ils sont demeurés les
chefs de l'Eglise grecque et leur au-
torité est demeurée le symbole de
l'unité nationale.
En accordant l'investiture aux évê-
ques bulgares de la Macédoine, la
Porte démembrait non seulement
l'Eglise qui a son chef au Phanar,
mais la nation qui se confond avec
cette Eglise. Nation sujette, souvent
humiliée, toujours réduite à une con-
dition inférieure, mais vivante et at-
tendant, avec une patience invinci-
ble, l'heure de la résurrection. Enle-
ver des provinces à l'autorité du pa-
triarche, c'est mutiler d'avance la fu-
ture Grande-Grèce. De là cette indi-
gnation qui nous étonne un peu, puis-
que les évêques bulgares professent la
même religion que les évêques hellè-
nes et tiennent même à garder le
même costume. Mais on se dit qu'au
jour de la liquidation finale, quand
la domination ottomane prendra fin
et rendra à leurs affinités naturelles
les éléments qu'elle a si longtemps
comprimés S ns les absorber; alors la
Macédoine, au lieu d'être grecque,
sera bulgare, et c'est là ce qui exas-
père le clergé grec de Turquie ; c'est
pour cela qu'il se déclare en état de
persécution et qu'il fait faire grève à
Dieu.
Nous n'avons pas à prendre parti
dans cette querelle. L?s Bulgares
nous seraient aussi sympathiques que
toute autre nationalité, s'ils n'étaient
en ce moment les clients dè tous nos
ennemis. Mais nous aurions tort de
n'accorder aucune attention à ces in-
cidents qui peuvent être des événe-
ments. Rappelons-nous l'insurrection
d'Herzégovine, qui était bien peu de
chose au début et qui a fini par chan-
ger entièrement le système des allian-
ces européennes, par brouiller la
Russie avec l'Allemagne et par inféo-
der l'Autriche au vainqueur de Sa-
dowa. Il ne faudrait pas grand'chose
pour rallumer de ce côté un incendie
dont les matériaux sont toujours
prêts, et qui sait jusqu'où il s'éten-
drait?
LES COMPTES
DU GÉNÉRAL BOULANGER
Un curieux document
Dans l'interview du général Boulanger
que nous avons publié avant-hier, on a
remarqué le passage où, après avoir dit
que les frais de propagande du comité
national ont été payés avec les trois mil-
lions de la duchesse d'Uzès, et les frais
électoraux des candidats du même comité
avec l'argent du comité des Droites, il
faisait cette déclaration :
Tout ce qui s'est fait à cet égard s'est fait en
dehors de moi, sans qu'il me fût rendu véri-
tablement des comptes. C'était l'affaire des
comités. Ce que j'aurais peut-être à dire, c'est
avec quelles ressources j'ai satisfait à mes
besoins personnels, pour prouver que je n'ai
pas eu recours aux subsides alloués au co-
mité. J'espère le faire prochainement, car je
réunis en ce moment les éléments qui me
permettront de m'expliquer sur ce sujet sans
crainte d'être démenti.
Le général Boulanger vient, en effet,
d'adresser à la personne qui venait de
l'aider à réunir les éléments dispersés
de sa comptabilité une lettre dans la-
quelle il prétend rendre ses comptes en
ce qui le concerne personnellement.
Nous publierons demain ce très curieux
document.
——M——a
L'ÉLECTION DE CLIGNANCOURT
C'est décidément le lenovembre que les élec-
teurs de la deuxième circonscription de Cli-
gnancourt nommeront leur député en rem-
placement de M. Joffrin.
Le décret de convocation paraît ce matin
au Journal officiel.
LE PROCHAIN DISCOURS DE CRISPI
A TURIN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Milan, 21 octobre.
Un journal publie une conversation que
M. Crispi a eue avec un député lombard. Le
premier ministre a fait les déclarations sui-
vantes :
«—Je voulais retarder les élections, en rai-
son du mauvais effet produit parles mesures
de Seismit-Doda au sujet des tarifs de con-
sommation, et de l'impôt sur les fabriques.
C'est Zanardelli qui a voulu les élections
immédiates. Je viens de faire signer par le
roi le décret de dissolution de la Chambre,
qui sera publié mardi.
» Oui, j'irai à Turin, mais il est inexact
que je parlerai sur la question sociale,
comme l'annoncent les journaux. Je pro-
noncerai à Turin un discours sur le pro-
gramme des élections.
» J'ai parlé des alliances à Florence; je ne
reviendrai pas là-dessus, mais je parlerai
des négociations avec l'Angleterre au sujet
de Kassala. C'est une question qui s'arran-
gera. On pense trouver un modus vivendi,
par exemple un article disant que l'occu-
pation de Kassala puisse avoir lieu par l'I-
talie ou par l'Angleterre, selon les circons-
tances, sans que cette occupation constitue
une possession de droit.
» Je parlerai de la question financière,
pour démontrer combien sont exagérées
les alarmes de ceux qui voudraient nous
faire croire que l'Italie est au bord de la
faillite. Je parlerai d'économies à introduire :
114 millions d'économies sur l'armée, 5 mil-
lions sur la marine, 13 millions sur les tra-
vaux publics. Je parlerai aussi de la réfor-
me des contributions, des questions ou-
vrières, des lois que je compte soutenir de-
vant la Chambre, notamment de celle de la
caisse des retraites pour la vieillesse, de celle
des invalides du travail, du développement
des sociétés coopératives.
» Enfin, en protestant de mon respect
pour tous les partis libéraux, je parlerai de
la nécessité de défendre les institutions.
» Je ne puis pas encore fixer la date du
banquet; elle dépendra de la tournure que
prendront les négociations avec l'Angle-
terre. »
LE DÉSASTRE NAVAL
DE LA FLOTTE ITALIENNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 21 octobre.
La plus pénible impression a été causée
dans toute l'Italie par la désastreuse tra-
versée de l'escadre de Gaëte à la Spezzia.
La perte, aujourd'hui certaine, du tor-
pilleur n° 105, la mise hors service du tor-
pilleur n° 62, les avaries de plusieurs na-
vires affectent vivement les Italiens, si fiers
de leur flotte. Ils ne veulent pas admettre
que leurs vaisseaux n'aient pas pu résister
à la tempête. Ils accusent l'amiral Lovera
di Maria de n'avoir pas donné assez tôt la
liberté des manœuvres à ses navires, c'est-
à-dire dès le début de la tempête, dont il
avait été prévenu par les sémaphores, qui
l'avertissaient du danger de pénétrer dans
le détroit de Piomtibo.
LA RÉGENCE EN HOLLANDE
(D'UNCORRESPONDANT)
La Haye, 21 octobre. — Le conseil des minis-
tres, ayant décidé que le roi n'était plus en état
de gouverner, à convoqué par un arrêté en
date d'aujourd'hui les tieus Chambres, afin de
se réunir en assemblée plénière le mardi ? oc-
tQprc1 4 deux heures.
AU SOUDAN -
CE QU'IL FAUT FAIRE
Les projets de Faidherbe. — La mission
Gallièni. — Nos adversaires. — Le
portrait de Samory. — Les
chefs musulmans.
Depuis quelque temps, les nouvelles qui
arrivent du Sénégal sont mauvaises. On
parle « d'une certaine agitation » dans les
régions musulmanes du bas et du moyen
Sénégal, et on dit que Samory et Ahmadou
entretiennent parmi leurs partisans une
fermentation de mauvais augure. Ce qui
est exact, c'est que le colonel Archinard,
après un très court séjour en France, eot
reparti plus vite qu'il ne le croyait.
Les lecteurs du XIXe Siècle ne seront
peut-être pas fâchés de connaître exacte-
ment ce qui se trame au Soudan, la politique
qu'on y suit, les adversaires que nous avons
à combattre, les progrès que nous y faisons
et au prix de quels efforts, pourquoi, en un
mot, depuis dix ans une colonne expédi-
tionnaire est envoyée chaque année dans
le Soudan ?
Les débuts d'une conquête
Vers 1879, nous en avions à peine terminé
avec les révoltes de tous les prophètes des
environs de Saint-Loui, et le Sénégal me-
naçait de devenir une contrée aussi paci-
fique que le département de Seine-et-Oise,
lorsque le général Brière de l'Isle, repre-
nant une idée que Faidherbe n'avait pas
eu le temps de mettre à exécution, résolut
de faire la conquête méthodique du pays
situé entre le Sénégal et le Niger.
L'œuvre une fois conçue, l'autorité mili-
taire en m en a rapidement l'exécution. Pour
en préparer les moyens, le capitaine Gal-
liéni fut chargé, au commencement de 1880,
d'une mission ayant pour but d'étudier le
tracé d'une voie ferrée entre Kayes et un
point favorable à trouver sur le Niger. En
même temps,il devait obtenir du sultan de
Ségou-Sigoro une alliance et la cession du
terrain nécessaire à l'établissement de la li-
gne et des forts qui la protégeraient.
Ahmadou, sultan de Ségou, fils del-liadj
Omar, l'infatigable adversaire de Faidherbe,
refusa de recevoir le capitaine Gallieni et
retint pendant dix mois la mission prison-
nière à Nango. Il avait compris quelles
étaient nos vues sur le Soudan et se refusait
à les favoriser.
Mais pour l'autorité militaire le prétexte
était trouvé, et Ahmadou rendit la liberté à
la mission quand il apprit qu'une colonne
expéditionnaire venait de s'emparer de
Kita et de Goubanko, situés sur la route du
Niger. Depuis cette époque, une colonne,
qui dépense annuellement environ deux
millions de francs, opère chaque année
contre nos deux ennemis Ahmadou et Sa-
mory. Depuis 1887, ce dernier, il est vrai,
a signé un traité par lequel il abandonnait
à la France la rive gauche du Niger et pla-
çait ses nombreux Etats sous notre protec-
torat, mais son attitude expectante ne dit
rien qui vaille.
Samory et Ahmadou
Samory est un puissant chef malinké,
dont l'empire,situé à l'est duFouta-Djallon,
s'étend jusqu'à Sierra-Leone et à la Répu-
blique de Liberia. Il a conquis en quelques
années le Baleya, le Kourbari-Dougou une
partie du Ouassoulou, détruit les villes de
Kankan et de Keniéra, étendu sa puissance
sur les deux rives du Haut-Niger et inquiété
Ahmadou lui-même dans Ségou.
Au physique, le général Faidherbe a tracé
de lui un portrait saisissant : « D'une haute
stature, maigre comme un ascète, la voix
chaude et vibrante, jouissant d'un grand
renom do sainteté, Samory a toutes les qua-
lités physiques et morales pour entraîner,
pour fanatiser des êtres aussi crédules et
aussi superstitieux que les nègres.
» Pour augmenter son prestige vis-à-vis
de ses fidèles, il se fait suivre de devins et
d'augures qui chantent ses vertus et sa
mission divine, annoncent les batailles et
prophétisent les victoires. »
C'est contre ce redoutable adversaire que
les colonels Borgnis-Desbordes et Frey eu-
rent à lutter pendant plusieurs années, et il
a fallu tout l'indomptable courage de ces
officiers d'élite et de leurs soldats pour lui
tenir tête.
Quant à Ahmadou, il est fils, nous l'avons
déjà dit, d'El-Hadj-Omar, notre plus mor-
tel ennemi, et il a hérité d'une partie de
son vaste empire et de toute sa. haine pour
les blancs.
Ses Etats s'étendent au nord de nos pos-
sessions, dans toute la région qui s'allonge
parallèlement à notre ligne des postes, de-
puis Koniakary, au-dessus de Médine et de
Bafoulabé, jusqu'à Ouessebougou. Depuis
six ans il est venu s'installer à Nioro, dans
le Kaarta, probablement pour être mieux à
portée de notre ligne de postes, qu'il es-
père inquiéter et peut-être couper un jour.
Avant cette époque, la capitale d'Ahmadou
était Ségou, située sur la rive droite du
Niger et séparée de Nioro et de ses Etats
par des territoires bambaras qui ne re-
connaissent pas sa souveraineté.
La dernière campagne
Exceptionnellement la campagne de 1888-
1889 avait été d'une tranquillité parfaite. Il
n'y avait pas eu à former de colonne expé-
ditionnaire. Mais,dans les derniers mois, le
commandant Archinard constatait certains
symptômes précurseurs d'un prochain sou-
lèvement. Les Peuhls et les Ouolofs du
Cayor et des environs de .saint-Louis dé-
sertaient pour venir grossir dans le Kaarta
les partisans d'Ahmadou.
Samory, dont l'attitude correcte cachait
une hostilité sourde, envoyait à Ahmadou
des présents, des captifs, des filles en ma-
riage. Nos alliés eux-mêmes, les Bamba-
ras, qui occupent la région située entre Sé-
gou et le Kaarta, exaspérés par les razzias
des Toucouieurs, menaçaient de nous aban-
donner puisque nous étions impuissants à
les protéger,
Dès le début de la campagne de 1889-1890,
l'hostilité d'Ahmadou s'accentuait: des vil-
lages étaient pillés dans le voisinage même
de Médine et de Kayes, les femmes et les
enfants étaient emmenés en captivité. Le
commandant Archinard crut devoir lui
adresser une lettre de remontrance. Le
sultan lui répondit que lui seul avait des
droits de souveraineté sur les pays que nous
prétendions occuper et qu'il ne nous re-
connaissait aucun droit, si ce n'est celui de
faire du commerce.
Une conspiration de tous les chefs mu-
sulmans devant amener un soulèvement
général était évidente. Le commandant su-
périeur résolut de frapper nos ennemis par
un grand coup d'audace. Il s'agissait de
s'emparer de Ségou.
Ségou est la ville sainte des populations
musulmanes de toutes les fractions du ter-
ritoire sénégalais. C'est une des grandes
cités riveraines du Niger, naguère encore
la capitale du vaste empire édifié par El-
Hadj-Omar, un centre commercial impor-
tant. Elle jouit d'une grande réputation
dans tout le Soudan. Nous ne raconterons
pas par le menu la campagne de 1889-
1890. Nous rappellerons pour mémoire la
prise de Ségou, d'Ouessebougou, de Konia-
kary, les combats de Kalé, de Fatalagui et
de Krikou, qui ont porté un coup sérieux
au prestige militaire d'Ahmadou.
Il n'en est pas moins vrai que nous som-
mes toujours sous le coup d'une insurrec-
tion générale des populations musulma-
nes, le jour où nous nous serons instal-
lés sérieusement jusqu'au Niger et où nous
voudrons aller au-delà, avec le lac Tchad
pour objectif.
Notre politique au Soudan
Notre politique au Soudan, depuis dix
ans, a-t-elle été la meilleure, la plus sage
qu'il y eût à suivre ? Il est bien difficile de
répondre à cette question. Cependant, il est
permis de croire que la politique de conci-
liation avec les chefs musulmans eût été
plus favorable à notre influence que la po-
litique de conquête, qui les irrite et les mé-
contente. C'est sur eux que..la France devait
s'appuyer et c'est avec eux qu'elle devait
marcher d'accord. Ces chefs jouissent d'une
influence légitime dans l'intérieur de l'Afri-
que. Leur intelligence est supérieure, leur
audace peu commune et leur caractère ne
manque ni d'énergie, ni de grandeur. Beau-
coup de bons esprits pensent que c'est seu-
lement en s'appuyant sur leur autorité que
nous parviendrons à nous maintenir sur
les bords du Niger.
Depuis dix ans, nous luttons sans relâ-
che ; nous avons conquis, il est vrai, de
vastes territoires, mais il suffit d'un acci-
dent pour nous les faire perdre, d'un sou-
lèvement général toujours possible pour
nous faire reculer. Les ambitieux ne man-
quent pas chez les peuples musulmans, et
les prophètes sont nombreux et remuants
dans ces régions. Un d'entre eux est à peine
disparu, qu'un autre apparaît, plus jeune,
plus audacieux, plus ardent, plus puissant,
et c'est la guerre, sans trêve, sans merci,
sans fin.
Maintenant que nous avons montré la
puissance de nos armes, il serait sage de
nous faire voir sous un jour conciliant.
Nous n'avons aucun intérêt à administrer
directement d'aussi vastes territoires; con-
tentons-nous d'un protectorat pacifique,
assurons aux musulmans que nous ne vou-
lons changer ni leur religion, ni leurs
mœurs, ni leurs coutumes, que nous 'ne
leur voulons aucun mal. Attendons tout du
temps et de l'exemple, et cette politique
produira plus d'effet que la. politique de
conquête. C'est celle qui a été suivie par
les Anglais dans l'Inde et c'est ainsi qu'ont
procédé tous les peuples colonisateurs.
UN TRUC COMMODE
Bien singulier','incident qui s'est produit
à propos du vote sur la proposition de M.
Hubbard. En séance, M. Floquet avait an-
noncé que l'urgence était repoussée par
2A6 voix contre 197, ce qui donnait au gou-
vernement une majorité de h9 voix.
Les chiffres rectifiés publiés au Journal
officiel sont les suivants : Contre l'urgence,
217 voix; pour l'urgence 203. La majorité
en faveur du gouvernement n'est plus que
de th voix.
Ce n'est pas seulement la vérification du
scrutin qui a opéré ce changement et qui a
grossi le nombre des partisans de l'urgence.
Quand il a été acquis qu'il y avait une ma-
jorité en faveur du gouvernement, certains
députés sont allés corriger leur vote. Les
uns ont transformé leur vote contre l'ur-
gence en abstention ; d'autres, plus auda-
cieux, ont converti en vote pour l'urgence
le premier vote qu'ils avaient émis contre.
De cette façon ils ont, aux yeux de leurs
électeurs, le bénéfice d'une inébranlable ri-
gidité de principes, en même temps qu'ils
donnent satisfaction au désir général de
stabilité ministérielle.
Pratique essentiellement commode et
toute pleine d'avantages. On ne peut même
lui faire qu'un reproche, c'est d'être trop
commode et de manquer de sincérité. C'est
aux députés à savoir, au moment où ils
votent, si leurs principes doivent incliner
leur rigidité devant des considérations cir-
constancielles ou s'ils doivent rester iné-
branlables, quelles que puissent être les
conséquences. Mais s'il paraît essentiel
qu'ils aientune opinion, étant nommés pour
cela, il paraît tout aussi important qu'ils
n'en aient qu'une. Les hôtes du Palais-
Bourbon doivent être des hommes politi-
ques et non pas des girouettes.
OU EST ALLÉ L'ARGENT?
[Nous avons reçu la lettre suivante :]
Paris, 21 octobre.
Monsieur Edouard Portalis,
Dans votre numéro du 21 octobre cou-
rant, je vois qu'un de vos rédacteurs a eu
un entretien avec le général Boulanger au
sujet de la question d'argent aux dernières
élections. Et à cet effet, j'ai l'honneur de
vous exposer que dans les « Coulisses bou-
langistes » il n'est pas question des victi-
mes qui ont exécuté des travaux et qui ne
sont pas encore réglée, et que toutes les
réclamations à cet égard restent sans sa-
tisfaction.
Je ne puis vous donner sur cette lettre la
correspondance échangée avec le comité
national qui s'est chargé de régler ces sortes
de frais et qui ne l'a pas fait; mais je de-
manderai ce que le comité a fait de l'ar-
gent.
Je vais vous dire en deux mots les tra-
vaux que j'ai été chargé d'exécuter pour le
compte dudit comité :
Le 23 juillet 89, je fus emmené dans le
canton de Sombernon (Côte-d'Or), pour
faire l'affichage de la candidature du géné-
ral Boulanger contre M. Spuller.
Je suis resté pour cette campagne dix
jours avec le docteur Carrillon, professeur
à l'école Jean-Baptiste-Say, à Auteuil.
Ce dernier a touché 1,000 fr. de M. Jolli-
vet. Il a gardé cet argent et maintenant,
depuis qu'il s'agit du règlement de cette
affaire, il est introuvable.
J'ai écrit à M. Naquet. M. Naquet m'a ré-
pondu par lettre que c'était M. Turquet qui
était chargé de régler cette affaire.
M. Turquet m'a répondu que l'on avait
abusé de son nom.
M. Chcvillon, ancien député de Marseille,
candidat aux élections générales ici, à Pa-
ris, ne m'a pas payé non plus. Je plaide
avec lui, en ce moment, à Marseille.
Veuillez agréer, etc. ,
ROBERT
i rue
LA VIE DE PARIS
Je ne connais pas de classe de gens qui
soit aujourd'hui de plus mauvaise hu.-
meur que la classe infortunée des criti-
ques dramatiques! Cette mauvaise hu-
meur est bien légitime, et la Cléopâtre
de M. Sardou nous fera tourner en bour-
riques, comme on dit. Voici tantôt huit
jours que ceci dure, huit jours et plus.
On avait d'abord, officieusement, il est
vrai, donné la date du 6 octobre pour la
première, puis ç'a été pour samedi, et,
alors officiellement, pour lundi. De lundi
la partie a été remise à mardi, à mercre-
di, à jeudi. Cette dernière date sera-
t-elle la bonne ? Et, en ouvrant le journal,
n'allons-nous pas voir indiquer un autre
jour?
Notez que cette première représentation
de Cléopâtre doit être précédée d'une
répétition générale, à laquelle sont ex-
clusivement convoqués, assure-t-on, les
critiques qui font le compte rendu du
lendemain. Je dis « assure-t-on », parce
que c'est toujours la même chose. Les ré-
pétitions générales, par définition, se font
à huis clos : puis, quand on y arrive, on
trouve une salle pleine où l'on a grand'-
peine à se placer. A la répétition du Dé-
puté Leveau, il n'y avait plus, au lever du
rideau, un seul strapontin qui ne fut oc-
cupé.
Nous partîmes cinq cents ; mais, par un prompt
1 renfort,
Nous nous trouvions trois mille en arrivant
1 au port.
Ce prompt renfort est constitué, dans la
plupart des théâtres, par les parents des
acteurs, les fournisseurs, les « amis du
théâtre », etc., etc., sans parler de mes-
dames les ouvreuses. Jusqu'à quel point
ce public est-il un bon public? C'est af-
faire aux auteurs et aux directeurs.
Quoi qu'il en soit, les critiques doivent
assister à cette répétition de Cléopâtre et
on nous a charitablement prévenus
qu'elle aurait lieu en deux reprises, une
l'après-midi, une le soir, la première
commençant à une heure et demie, la
seconde après dîner, sans qu'on pût ré-
pondre de l'heure à laquelle finirait l'une
ou l'autre. C'est la permanence du spec-
tacle, la séance de jour et la séance de
nuit, comme aux grandes époques de
crise la chose se passe au Parlement.
A défaut d'incident intéressant dans les
petits faits du jour, je ne suis pas fâché
d'avoir à apprendre à nos lecteurs ces
misères professionnelles et que, pour les
tenir au courant des choses du théâtre,
il faut quelque effort. Combien de fois
sommes-nous forcés de passer trois ou
quatre heures dans une salle de spectacle
pour en rapporter un compte rendu de
trente lignes qui, en vérité, ne saurait
être plus long, vu le peu de valeur ou de
nouveauté de l'œuvre qu'on représente.
Mais, au moins, devrions-nous pouvoir
compter sur l'exactitude des directeurs.
Or, cette exactitude, sauf dans deux ou
trois théâtres (dont la Comédie - Fran-
çaise), est l'exception. Les directeurs
semblent ne pas se douter du trouble
qu'apporte dans la vie des Parisiens
amateurs de théâtre, — car je ne veux
pas parler pour les seuls critiques, — le
changement de date d'une « première M.
Pour cette Cléopâtre, j'en suis à trois
dîners en ville refusés, à une partie de
chasse ajournée. Jadis, un vaudeville
gai fut écrit sur cette donnée : un
gamin dérangerait le canon du Palais-
Royal,. qui partait à onze heures au lieu
de partir à midi. Là-dessus, les employés
arrivaient mal à leur bureau, les amou-
reux manquaient leurs rendez-vous, les
maris rentraient trop tôt, bref, toutes
sortes de tribulations et deperturbations
dans là vie quotidienne de tout un monde.
Et qu'est-ce qu'une heure de variation à
côté d'une soirée entière ?
Il est grand temps, dans l'intérêt de
tout le monde, de voir prévaloir d'autres
habitudes. Il semble fort aisé aux théâ-
tres de ne faire annoncer leurs « premiè-
l'es" que lorsqu'ils sont prêts. Ces re-
mises continuelles mettent le public de
méchante humeur. De plus, on en cher-
che les raisons, qui ne sont jamais ai-
mables pour le théâtre. La prima donna
ou l'étoile passent pour ne pas être en
voix ou en forme, la pièce pour être mal
sue, les décors pour n'être pas prêts, la
pièce elle-même pour être « accrochée x.
Ce sont aussi des difficultés qui naissent
de théâtre à théâtre, altérant les rapports
courtois.
Cette fois-ci, par exemple, voici le
Théâtre-Libre qui avait une pièce prête,
un jour fixé pour la donner. Ce jour, la
Porte-Saint-Martin le prend. Par « défé-
rence pour la critique" — c'est la for-
mule ordinaire — le Théâtre-Libre remet
sa représentation à huitaine : et le théâ-
tre de la Porte-Saint-Martin ne joue pas !
Avouez que c'est bien désagréable et que,
par ces incertitudes, on en arrive aisé-
ment à ce phénomène fâcheux de voir
quelquefois deux et trois premières le
même soir, au grand détriment du public
et des lecteurs de journaux.
Ces inconvénients seraient moins
grands, au moins pour les critiques, si
nous en étions aux jours heureux et loin-
tains du feuilleton du lundi. Mais, en
matière de théâtre comme en toute autre,
il a fallu marcher avec le siècle. Je n'ai
jamais caché que je regrettais la coutume
ancienne. La critique faite à tête reposée
était forcément supérieure à la critique
improvisée après une répétition générale,
qui ne donne pas toujours l'impression
de la première. Je sais bien qu'à une
heure du matin, —parfois à deux, - on
a quelques minutes encore pour corriger
son article. Mais tout cela est bien hâtif !
Le mieux, s'il n'y avait pas les journaux
du soir, serait de s'entendre pour ne don-
ner le compte rendu que le surlende-
main. ce Qui suDomnepait pou? QQ.
corvée des répétitions générales. Mais les.
journaux du soir ne voudraient pas per-
dre la possibilité d'être les premiers à
renseigner le public sur les choses du
théâtre.
Il faut donc se résigner et borner notre
effort à obtenir plus d'exactitude de la
part des directeurs. Cette exactitude, qui
existait autrefois, serait plus aisée si la.-
mise en scène n'envahissait pas de plus
en plus le théâtre. Une pièce comme
Cléopâtre est une entreprise immense
qui met en mouvement un monde de
fournisseurs, de costumiers, de faiseurs
d'accessoires, etc., etc. Or, le poète est
toujours prêt, les acteurs le sont presque
toujours, les costumiers jamais. Mais,
comme on le sait, on pourrait tabler sur
ces retards et ne pas proclamer, en ma-
tière de théâtre comme on i'a fait en d'au-
tres plus sérieuses, qu'il ne manquera
pas un bouton de guêtre quand on est
exposé à voir tout manquer.
Henry Fouquier.
Le XIX" SIECLE publiera demain la
« Chronique », par Francisque Sarcey.
UN PUBLICISTE RUSSE
DES PROVINCES BALTIQUES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 21 octobre.
La cause russe dans les provinces bal-
tiques vient d'éprouver une grande perte.
Le célèbre rédacteur en chef du journal
Duna-Messager, de Riga, se retire de son
poste pour cause de santé.
M. Gustave Ivanovitsch Pipirs était un
ennemi implacable des Allemands sépara-
tistes des provinces baltiques, un chaud
partisan de l'alliance franco-russe, et un
grand ami et admirateur de la France.
Souffrant des blessures qu'il a reçues lors
de l'attentat commis sur lui par les Alle-
mands fanatiques qui voulaient l'assas-
siner, il va faire un séjour à l'étranger
pour tâcher de rétablir sa santé.
A sa place, comme directeur du Drma-.
Messager, est nommé M. Knout Hornemann,
un Danois. C'est une preuve que le gouver-
nement russe ne désarme pas et que la
guerre contre tout ce qui est allemand
sera conduite avec la plus grande vigueur.
L'ENTREVUE
DES TROIS PREMIERS MINISTRES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Milan, SI octobre.
On donne, de source sûre, que l'entrevue do
MM. de Caprivi, deKalnoky et Crispi aura lieu
dans les premiers jours de novembre, sur les
bords du lac de Corne, probablement dans la
villa du duc Visconti.
LE RACCOMMODAGE
D'UN VENTRE
Pendant longtemps, les Occidentaux ont
refusé d'ajouter foi aux récits des voya-
geurs vantant la maestria avec laquelle
certains derviches de l'Inde s'ouvraient le
ventre d'un coup de couteau pour se le re-
fermer d'un coup de pouce. Nous avons la
preuve aujourd'hui que cette distraction,
au moins originale, est à la portée du pre -
mier venu, et nous sommes obligés de con-
fesser que sous ce rapport comme sous
bien d'autres, hélas ! les peuples de l'Orient
étaient mûrs avant nous.
A ceux de nos lecteurs qui conserve-
raient quelques doutes sur ce cas un peu
spécial, nous dédions l'histoire suivante,
qui établit une fois de plus la supériorité
des chirurgiens français.
Il y a trois mois, une grande dame russe, -
éprouvant une certaine gêne dans l'esto-
mac, fit venir son médecin ordinaire, qui
lui tint à peu près ce langage :
— Madame, vous avez là un fibrome,
c'est-à-dire dix ou douze livres de chair de
trop. Je ne vois qu'un moyen de vous en
débarrasser, c'est de vous ouvrir préalable-
ment le ventre
— Ouvrez ! dit la dame.
Et le médecin ouvrit. Mais à peine eut-il
donné son coup de bistouri qu'il eut peur.
Et au lieu d'entendre crier. la patieiite,
comme la chose arrive quelquefois, on vie
fuir l'opérateur, ce qui ne s'était encore ja-
mais vu.
Grand embarras du mari. Si une femme
intacte est parfois gênante, une femme qui
a le ventre ouvert devient terriblement em-
barrassante. Eniin notre homme ne perdit
pas la tête. Avec un peu de charpie, quelques
rubans et deux ou trois ficelles, il raccom-
moda provisoirement le ventre de sa chère
moitié, et la plaça dans un fleeping-car
Deux jours après, nos voyageursarrivaient à
Paris. Le docteur Terrillon continuait l'o-
pération commencée par son confrère
russe, en tenant sa cliente sous l'influence
du chloroforme pendant 5 quarts d'heure.
Il y a de cela trois mois.Ladameestaujour*-
d'hui complètement rétablie, et elle se de-
mande la tête que fera le chirurgien russa
en la revoyant.
LE PLUS JEUNE OFFICIER
Un réserviste. — Le fils du corsaire.
— Un beau nom.
Chose bizarre 1 le plus jeune officier dû
l'armée française n'appartient pas à 1' « ac-
tive n.
Si nous en croyons notre excellent con-
frère de Saint-Mâro, le Vieux Corsaire, ce
serait un sous-lieutenant de réserve, nommé
à ce grade le 2 février 1889, trois semaines
avant d'avoir tiré au sort, et qui vient tout
récemment de passer (sur sa demande) du
76 régiment d'artillerie à Rennes, au 2A®
dragons, à Dinan.
L'enfant, au surplus, est de bonne race.
Il s'appelle, en effet, Robert Surcouf et des-
cend en droite ligne du célèbre corsaire
breton du même nom.
Le plus jeune officier de l'armée fran-
çaise a, comme on le voit, de qui tenir.
L'ERUPTION DE L'ETNA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Messine, 21 octobre. — Les nouvelles qu'on
reçoit sur l'éruption de l'Etna sont assez alar-
mantes.
Le cratère principal s'est fendu sur son ver-
sant méridional et de l'ouverture s'échappe ua
abondant torrent de lave. Plusieurs villages -
ont été abandonnés par les populations. L'é-
ruption ten. à augmenter ; mais jusqu'à pl''
seat il n'y a pas de Ranger Imnunent.
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UNE INSURRECTION
MORALE
On vient d'inaugurer solennellement
à Navarin un monument consacré à
la mémoire des marins français qui
contribuèrent à l'affranchissement de
la Grèce par l'anéantissement de la
flotte turque. Plus de soixante ans ont
passé sur cet événement ; nous avons
traversé quelques révolutions; nous
avons fait la guerre de Crimée pour
défendre l'empire ottoman que nous
avions contribué à affaiblir. Les pas-
sions philhellènes qui animaient nos
pères du temps de la Restauration ont
eu le temps de s'apaiser et même de
disparaître, et nous assistons avec un
parfait sang-froid à la lutte des na-
tionalités et des religions en Orient.
Cependant on ne peut s'empêcher de
faire un rapprochement entre la cé-
rémonie de Navarin et l'espèce d'in-
surrection morale qui soulève en ce
moment les Grecs encore soumis à la
domination du sultan.
Ce qui se passe dans les Etats d'Ab-
doul-Hamid prouve que la question
d'Orient n'est pas encore définitive-
ment résolue et qu'il y a toujours
place de ce côté pour une agitation
dont le contre-coup peut intéresser
l'Europe entière.
On sait que le synode ou conseil
suprême de l'Eglise grecque en Tur-
quie vient de mettre tout l'empire en
interdit, comme les papes du moyen
âge mettaient en interdit les Etats
dont le souverain résistait à l'autorité
pontificale. Plus de fêtes, plus de
messes, plus de sacrements, sinon le
baptême et le viatique qui ne peuvent
attendre. Les mariages sont ajournés;
les funérailles sont célébrées sans
pompe, le deuil commun efface le
deuil privé. La vie religieuse est sus-
pendue. -
Un annonce que la Forte a l'inten-
tion de faire rouvrir d'office les égli-
ses fermées. On ne voit pas bien com-
ment cette mesure serait mise à exé-
cution. Obligera-t-on les prêtres à re-
vêtir malgré eux le costume sacer-
dotal, à dire, à chanter la messe ?
Obligera-t-on les fidèles à y assister,
les fiancés à se marier, les parents des
morts à leur faire des obsèques solen-
nelles? Si les Grecs se plaignent à
tort d'être persécutés, chargera-t-on
les gendarmes de leur prouver qu'ils
se trompent, et mettra-t-on les récal-
citrants en prison jusqu'à ce qu'ils
confessent qu'ils sont libres et même
bien traités? Etrange situation que
celle du gouvernement turc, réduit à
employer la rigueur pour consoler
ses sujets affligés et à les châtier pour
mettre fin à leur mécontentement.
M. Crispi, pour les besoins de sa
cause, déclarait l'autre jour que le
principe des nationalités a fait son
temps. Cela ne lui coûtait pas plus
que de nier qu'il fasse jour en plein
midi ; ce n'était guère plus vrai. Les
questions de nationalité sont encore
les plus délicates et les plus graves de
toutes, et d'un bout de l'Europe à
l'autre, de l'Irlande au Bosphore, ce
sont des nationalités opprimées qui
mettent en péril la paix intérieure et
la paix internationale. Mais c'est sur-
tout en Turquie que les nationalités
sont restées vivantes et irréductibles.
Les Turcs ont quelquefois opprimé
leurs sujets chrétiens, mais n'ont
guère cherché à les convertir. Dans
ces pays où la loi civile se confond
avec la loi religieuse, trois ou quatre
populations différentes peuvent res-
ter justaposées pendant de longs siè-
cles sans se mêler plus que l'eau et
l'huile. Les patriarches de Constan-
tinople ont été quelquefois fort mal
traités, même dans ce siècle où on en a
vu pendre ; mais ils sont demeurés les
chefs de l'Eglise grecque et leur au-
torité est demeurée le symbole de
l'unité nationale.
En accordant l'investiture aux évê-
ques bulgares de la Macédoine, la
Porte démembrait non seulement
l'Eglise qui a son chef au Phanar,
mais la nation qui se confond avec
cette Eglise. Nation sujette, souvent
humiliée, toujours réduite à une con-
dition inférieure, mais vivante et at-
tendant, avec une patience invinci-
ble, l'heure de la résurrection. Enle-
ver des provinces à l'autorité du pa-
triarche, c'est mutiler d'avance la fu-
ture Grande-Grèce. De là cette indi-
gnation qui nous étonne un peu, puis-
que les évêques bulgares professent la
même religion que les évêques hellè-
nes et tiennent même à garder le
même costume. Mais on se dit qu'au
jour de la liquidation finale, quand
la domination ottomane prendra fin
et rendra à leurs affinités naturelles
les éléments qu'elle a si longtemps
comprimés S ns les absorber; alors la
Macédoine, au lieu d'être grecque,
sera bulgare, et c'est là ce qui exas-
père le clergé grec de Turquie ; c'est
pour cela qu'il se déclare en état de
persécution et qu'il fait faire grève à
Dieu.
Nous n'avons pas à prendre parti
dans cette querelle. L?s Bulgares
nous seraient aussi sympathiques que
toute autre nationalité, s'ils n'étaient
en ce moment les clients dè tous nos
ennemis. Mais nous aurions tort de
n'accorder aucune attention à ces in-
cidents qui peuvent être des événe-
ments. Rappelons-nous l'insurrection
d'Herzégovine, qui était bien peu de
chose au début et qui a fini par chan-
ger entièrement le système des allian-
ces européennes, par brouiller la
Russie avec l'Allemagne et par inféo-
der l'Autriche au vainqueur de Sa-
dowa. Il ne faudrait pas grand'chose
pour rallumer de ce côté un incendie
dont les matériaux sont toujours
prêts, et qui sait jusqu'où il s'éten-
drait?
LES COMPTES
DU GÉNÉRAL BOULANGER
Un curieux document
Dans l'interview du général Boulanger
que nous avons publié avant-hier, on a
remarqué le passage où, après avoir dit
que les frais de propagande du comité
national ont été payés avec les trois mil-
lions de la duchesse d'Uzès, et les frais
électoraux des candidats du même comité
avec l'argent du comité des Droites, il
faisait cette déclaration :
Tout ce qui s'est fait à cet égard s'est fait en
dehors de moi, sans qu'il me fût rendu véri-
tablement des comptes. C'était l'affaire des
comités. Ce que j'aurais peut-être à dire, c'est
avec quelles ressources j'ai satisfait à mes
besoins personnels, pour prouver que je n'ai
pas eu recours aux subsides alloués au co-
mité. J'espère le faire prochainement, car je
réunis en ce moment les éléments qui me
permettront de m'expliquer sur ce sujet sans
crainte d'être démenti.
Le général Boulanger vient, en effet,
d'adresser à la personne qui venait de
l'aider à réunir les éléments dispersés
de sa comptabilité une lettre dans la-
quelle il prétend rendre ses comptes en
ce qui le concerne personnellement.
Nous publierons demain ce très curieux
document.
——M——a
L'ÉLECTION DE CLIGNANCOURT
C'est décidément le lenovembre que les élec-
teurs de la deuxième circonscription de Cli-
gnancourt nommeront leur député en rem-
placement de M. Joffrin.
Le décret de convocation paraît ce matin
au Journal officiel.
LE PROCHAIN DISCOURS DE CRISPI
A TURIN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Milan, 21 octobre.
Un journal publie une conversation que
M. Crispi a eue avec un député lombard. Le
premier ministre a fait les déclarations sui-
vantes :
«—Je voulais retarder les élections, en rai-
son du mauvais effet produit parles mesures
de Seismit-Doda au sujet des tarifs de con-
sommation, et de l'impôt sur les fabriques.
C'est Zanardelli qui a voulu les élections
immédiates. Je viens de faire signer par le
roi le décret de dissolution de la Chambre,
qui sera publié mardi.
» Oui, j'irai à Turin, mais il est inexact
que je parlerai sur la question sociale,
comme l'annoncent les journaux. Je pro-
noncerai à Turin un discours sur le pro-
gramme des élections.
» J'ai parlé des alliances à Florence; je ne
reviendrai pas là-dessus, mais je parlerai
des négociations avec l'Angleterre au sujet
de Kassala. C'est une question qui s'arran-
gera. On pense trouver un modus vivendi,
par exemple un article disant que l'occu-
pation de Kassala puisse avoir lieu par l'I-
talie ou par l'Angleterre, selon les circons-
tances, sans que cette occupation constitue
une possession de droit.
» Je parlerai de la question financière,
pour démontrer combien sont exagérées
les alarmes de ceux qui voudraient nous
faire croire que l'Italie est au bord de la
faillite. Je parlerai d'économies à introduire :
114 millions d'économies sur l'armée, 5 mil-
lions sur la marine, 13 millions sur les tra-
vaux publics. Je parlerai aussi de la réfor-
me des contributions, des questions ou-
vrières, des lois que je compte soutenir de-
vant la Chambre, notamment de celle de la
caisse des retraites pour la vieillesse, de celle
des invalides du travail, du développement
des sociétés coopératives.
» Enfin, en protestant de mon respect
pour tous les partis libéraux, je parlerai de
la nécessité de défendre les institutions.
» Je ne puis pas encore fixer la date du
banquet; elle dépendra de la tournure que
prendront les négociations avec l'Angle-
terre. »
LE DÉSASTRE NAVAL
DE LA FLOTTE ITALIENNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 21 octobre.
La plus pénible impression a été causée
dans toute l'Italie par la désastreuse tra-
versée de l'escadre de Gaëte à la Spezzia.
La perte, aujourd'hui certaine, du tor-
pilleur n° 105, la mise hors service du tor-
pilleur n° 62, les avaries de plusieurs na-
vires affectent vivement les Italiens, si fiers
de leur flotte. Ils ne veulent pas admettre
que leurs vaisseaux n'aient pas pu résister
à la tempête. Ils accusent l'amiral Lovera
di Maria de n'avoir pas donné assez tôt la
liberté des manœuvres à ses navires, c'est-
à-dire dès le début de la tempête, dont il
avait été prévenu par les sémaphores, qui
l'avertissaient du danger de pénétrer dans
le détroit de Piomtibo.
LA RÉGENCE EN HOLLANDE
(D'UNCORRESPONDANT)
La Haye, 21 octobre. — Le conseil des minis-
tres, ayant décidé que le roi n'était plus en état
de gouverner, à convoqué par un arrêté en
date d'aujourd'hui les tieus Chambres, afin de
se réunir en assemblée plénière le mardi ? oc-
tQprc1 4 deux heures.
AU SOUDAN -
CE QU'IL FAUT FAIRE
Les projets de Faidherbe. — La mission
Gallièni. — Nos adversaires. — Le
portrait de Samory. — Les
chefs musulmans.
Depuis quelque temps, les nouvelles qui
arrivent du Sénégal sont mauvaises. On
parle « d'une certaine agitation » dans les
régions musulmanes du bas et du moyen
Sénégal, et on dit que Samory et Ahmadou
entretiennent parmi leurs partisans une
fermentation de mauvais augure. Ce qui
est exact, c'est que le colonel Archinard,
après un très court séjour en France, eot
reparti plus vite qu'il ne le croyait.
Les lecteurs du XIXe Siècle ne seront
peut-être pas fâchés de connaître exacte-
ment ce qui se trame au Soudan, la politique
qu'on y suit, les adversaires que nous avons
à combattre, les progrès que nous y faisons
et au prix de quels efforts, pourquoi, en un
mot, depuis dix ans une colonne expédi-
tionnaire est envoyée chaque année dans
le Soudan ?
Les débuts d'une conquête
Vers 1879, nous en avions à peine terminé
avec les révoltes de tous les prophètes des
environs de Saint-Loui, et le Sénégal me-
naçait de devenir une contrée aussi paci-
fique que le département de Seine-et-Oise,
lorsque le général Brière de l'Isle, repre-
nant une idée que Faidherbe n'avait pas
eu le temps de mettre à exécution, résolut
de faire la conquête méthodique du pays
situé entre le Sénégal et le Niger.
L'œuvre une fois conçue, l'autorité mili-
taire en m en a rapidement l'exécution. Pour
en préparer les moyens, le capitaine Gal-
liéni fut chargé, au commencement de 1880,
d'une mission ayant pour but d'étudier le
tracé d'une voie ferrée entre Kayes et un
point favorable à trouver sur le Niger. En
même temps,il devait obtenir du sultan de
Ségou-Sigoro une alliance et la cession du
terrain nécessaire à l'établissement de la li-
gne et des forts qui la protégeraient.
Ahmadou, sultan de Ségou, fils del-liadj
Omar, l'infatigable adversaire de Faidherbe,
refusa de recevoir le capitaine Gallieni et
retint pendant dix mois la mission prison-
nière à Nango. Il avait compris quelles
étaient nos vues sur le Soudan et se refusait
à les favoriser.
Mais pour l'autorité militaire le prétexte
était trouvé, et Ahmadou rendit la liberté à
la mission quand il apprit qu'une colonne
expéditionnaire venait de s'emparer de
Kita et de Goubanko, situés sur la route du
Niger. Depuis cette époque, une colonne,
qui dépense annuellement environ deux
millions de francs, opère chaque année
contre nos deux ennemis Ahmadou et Sa-
mory. Depuis 1887, ce dernier, il est vrai,
a signé un traité par lequel il abandonnait
à la France la rive gauche du Niger et pla-
çait ses nombreux Etats sous notre protec-
torat, mais son attitude expectante ne dit
rien qui vaille.
Samory et Ahmadou
Samory est un puissant chef malinké,
dont l'empire,situé à l'est duFouta-Djallon,
s'étend jusqu'à Sierra-Leone et à la Répu-
blique de Liberia. Il a conquis en quelques
années le Baleya, le Kourbari-Dougou une
partie du Ouassoulou, détruit les villes de
Kankan et de Keniéra, étendu sa puissance
sur les deux rives du Haut-Niger et inquiété
Ahmadou lui-même dans Ségou.
Au physique, le général Faidherbe a tracé
de lui un portrait saisissant : « D'une haute
stature, maigre comme un ascète, la voix
chaude et vibrante, jouissant d'un grand
renom do sainteté, Samory a toutes les qua-
lités physiques et morales pour entraîner,
pour fanatiser des êtres aussi crédules et
aussi superstitieux que les nègres.
» Pour augmenter son prestige vis-à-vis
de ses fidèles, il se fait suivre de devins et
d'augures qui chantent ses vertus et sa
mission divine, annoncent les batailles et
prophétisent les victoires. »
C'est contre ce redoutable adversaire que
les colonels Borgnis-Desbordes et Frey eu-
rent à lutter pendant plusieurs années, et il
a fallu tout l'indomptable courage de ces
officiers d'élite et de leurs soldats pour lui
tenir tête.
Quant à Ahmadou, il est fils, nous l'avons
déjà dit, d'El-Hadj-Omar, notre plus mor-
tel ennemi, et il a hérité d'une partie de
son vaste empire et de toute sa. haine pour
les blancs.
Ses Etats s'étendent au nord de nos pos-
sessions, dans toute la région qui s'allonge
parallèlement à notre ligne des postes, de-
puis Koniakary, au-dessus de Médine et de
Bafoulabé, jusqu'à Ouessebougou. Depuis
six ans il est venu s'installer à Nioro, dans
le Kaarta, probablement pour être mieux à
portée de notre ligne de postes, qu'il es-
père inquiéter et peut-être couper un jour.
Avant cette époque, la capitale d'Ahmadou
était Ségou, située sur la rive droite du
Niger et séparée de Nioro et de ses Etats
par des territoires bambaras qui ne re-
connaissent pas sa souveraineté.
La dernière campagne
Exceptionnellement la campagne de 1888-
1889 avait été d'une tranquillité parfaite. Il
n'y avait pas eu à former de colonne expé-
ditionnaire. Mais,dans les derniers mois, le
commandant Archinard constatait certains
symptômes précurseurs d'un prochain sou-
lèvement. Les Peuhls et les Ouolofs du
Cayor et des environs de .saint-Louis dé-
sertaient pour venir grossir dans le Kaarta
les partisans d'Ahmadou.
Samory, dont l'attitude correcte cachait
une hostilité sourde, envoyait à Ahmadou
des présents, des captifs, des filles en ma-
riage. Nos alliés eux-mêmes, les Bamba-
ras, qui occupent la région située entre Sé-
gou et le Kaarta, exaspérés par les razzias
des Toucouieurs, menaçaient de nous aban-
donner puisque nous étions impuissants à
les protéger,
Dès le début de la campagne de 1889-1890,
l'hostilité d'Ahmadou s'accentuait: des vil-
lages étaient pillés dans le voisinage même
de Médine et de Kayes, les femmes et les
enfants étaient emmenés en captivité. Le
commandant Archinard crut devoir lui
adresser une lettre de remontrance. Le
sultan lui répondit que lui seul avait des
droits de souveraineté sur les pays que nous
prétendions occuper et qu'il ne nous re-
connaissait aucun droit, si ce n'est celui de
faire du commerce.
Une conspiration de tous les chefs mu-
sulmans devant amener un soulèvement
général était évidente. Le commandant su-
périeur résolut de frapper nos ennemis par
un grand coup d'audace. Il s'agissait de
s'emparer de Ségou.
Ségou est la ville sainte des populations
musulmanes de toutes les fractions du ter-
ritoire sénégalais. C'est une des grandes
cités riveraines du Niger, naguère encore
la capitale du vaste empire édifié par El-
Hadj-Omar, un centre commercial impor-
tant. Elle jouit d'une grande réputation
dans tout le Soudan. Nous ne raconterons
pas par le menu la campagne de 1889-
1890. Nous rappellerons pour mémoire la
prise de Ségou, d'Ouessebougou, de Konia-
kary, les combats de Kalé, de Fatalagui et
de Krikou, qui ont porté un coup sérieux
au prestige militaire d'Ahmadou.
Il n'en est pas moins vrai que nous som-
mes toujours sous le coup d'une insurrec-
tion générale des populations musulma-
nes, le jour où nous nous serons instal-
lés sérieusement jusqu'au Niger et où nous
voudrons aller au-delà, avec le lac Tchad
pour objectif.
Notre politique au Soudan
Notre politique au Soudan, depuis dix
ans, a-t-elle été la meilleure, la plus sage
qu'il y eût à suivre ? Il est bien difficile de
répondre à cette question. Cependant, il est
permis de croire que la politique de conci-
liation avec les chefs musulmans eût été
plus favorable à notre influence que la po-
litique de conquête, qui les irrite et les mé-
contente. C'est sur eux que..la France devait
s'appuyer et c'est avec eux qu'elle devait
marcher d'accord. Ces chefs jouissent d'une
influence légitime dans l'intérieur de l'Afri-
que. Leur intelligence est supérieure, leur
audace peu commune et leur caractère ne
manque ni d'énergie, ni de grandeur. Beau-
coup de bons esprits pensent que c'est seu-
lement en s'appuyant sur leur autorité que
nous parviendrons à nous maintenir sur
les bords du Niger.
Depuis dix ans, nous luttons sans relâ-
che ; nous avons conquis, il est vrai, de
vastes territoires, mais il suffit d'un acci-
dent pour nous les faire perdre, d'un sou-
lèvement général toujours possible pour
nous faire reculer. Les ambitieux ne man-
quent pas chez les peuples musulmans, et
les prophètes sont nombreux et remuants
dans ces régions. Un d'entre eux est à peine
disparu, qu'un autre apparaît, plus jeune,
plus audacieux, plus ardent, plus puissant,
et c'est la guerre, sans trêve, sans merci,
sans fin.
Maintenant que nous avons montré la
puissance de nos armes, il serait sage de
nous faire voir sous un jour conciliant.
Nous n'avons aucun intérêt à administrer
directement d'aussi vastes territoires; con-
tentons-nous d'un protectorat pacifique,
assurons aux musulmans que nous ne vou-
lons changer ni leur religion, ni leurs
mœurs, ni leurs coutumes, que nous 'ne
leur voulons aucun mal. Attendons tout du
temps et de l'exemple, et cette politique
produira plus d'effet que la. politique de
conquête. C'est celle qui a été suivie par
les Anglais dans l'Inde et c'est ainsi qu'ont
procédé tous les peuples colonisateurs.
UN TRUC COMMODE
Bien singulier','incident qui s'est produit
à propos du vote sur la proposition de M.
Hubbard. En séance, M. Floquet avait an-
noncé que l'urgence était repoussée par
2A6 voix contre 197, ce qui donnait au gou-
vernement une majorité de h9 voix.
Les chiffres rectifiés publiés au Journal
officiel sont les suivants : Contre l'urgence,
217 voix; pour l'urgence 203. La majorité
en faveur du gouvernement n'est plus que
de th voix.
Ce n'est pas seulement la vérification du
scrutin qui a opéré ce changement et qui a
grossi le nombre des partisans de l'urgence.
Quand il a été acquis qu'il y avait une ma-
jorité en faveur du gouvernement, certains
députés sont allés corriger leur vote. Les
uns ont transformé leur vote contre l'ur-
gence en abstention ; d'autres, plus auda-
cieux, ont converti en vote pour l'urgence
le premier vote qu'ils avaient émis contre.
De cette façon ils ont, aux yeux de leurs
électeurs, le bénéfice d'une inébranlable ri-
gidité de principes, en même temps qu'ils
donnent satisfaction au désir général de
stabilité ministérielle.
Pratique essentiellement commode et
toute pleine d'avantages. On ne peut même
lui faire qu'un reproche, c'est d'être trop
commode et de manquer de sincérité. C'est
aux députés à savoir, au moment où ils
votent, si leurs principes doivent incliner
leur rigidité devant des considérations cir-
constancielles ou s'ils doivent rester iné-
branlables, quelles que puissent être les
conséquences. Mais s'il paraît essentiel
qu'ils aientune opinion, étant nommés pour
cela, il paraît tout aussi important qu'ils
n'en aient qu'une. Les hôtes du Palais-
Bourbon doivent être des hommes politi-
ques et non pas des girouettes.
OU EST ALLÉ L'ARGENT?
[Nous avons reçu la lettre suivante :]
Paris, 21 octobre.
Monsieur Edouard Portalis,
Dans votre numéro du 21 octobre cou-
rant, je vois qu'un de vos rédacteurs a eu
un entretien avec le général Boulanger au
sujet de la question d'argent aux dernières
élections. Et à cet effet, j'ai l'honneur de
vous exposer que dans les « Coulisses bou-
langistes » il n'est pas question des victi-
mes qui ont exécuté des travaux et qui ne
sont pas encore réglée, et que toutes les
réclamations à cet égard restent sans sa-
tisfaction.
Je ne puis vous donner sur cette lettre la
correspondance échangée avec le comité
national qui s'est chargé de régler ces sortes
de frais et qui ne l'a pas fait; mais je de-
manderai ce que le comité a fait de l'ar-
gent.
Je vais vous dire en deux mots les tra-
vaux que j'ai été chargé d'exécuter pour le
compte dudit comité :
Le 23 juillet 89, je fus emmené dans le
canton de Sombernon (Côte-d'Or), pour
faire l'affichage de la candidature du géné-
ral Boulanger contre M. Spuller.
Je suis resté pour cette campagne dix
jours avec le docteur Carrillon, professeur
à l'école Jean-Baptiste-Say, à Auteuil.
Ce dernier a touché 1,000 fr. de M. Jolli-
vet. Il a gardé cet argent et maintenant,
depuis qu'il s'agit du règlement de cette
affaire, il est introuvable.
J'ai écrit à M. Naquet. M. Naquet m'a ré-
pondu par lettre que c'était M. Turquet qui
était chargé de régler cette affaire.
M. Turquet m'a répondu que l'on avait
abusé de son nom.
M. Chcvillon, ancien député de Marseille,
candidat aux élections générales ici, à Pa-
ris, ne m'a pas payé non plus. Je plaide
avec lui, en ce moment, à Marseille.
Veuillez agréer, etc. ,
ROBERT
i rue
LA VIE DE PARIS
Je ne connais pas de classe de gens qui
soit aujourd'hui de plus mauvaise hu.-
meur que la classe infortunée des criti-
ques dramatiques! Cette mauvaise hu-
meur est bien légitime, et la Cléopâtre
de M. Sardou nous fera tourner en bour-
riques, comme on dit. Voici tantôt huit
jours que ceci dure, huit jours et plus.
On avait d'abord, officieusement, il est
vrai, donné la date du 6 octobre pour la
première, puis ç'a été pour samedi, et,
alors officiellement, pour lundi. De lundi
la partie a été remise à mardi, à mercre-
di, à jeudi. Cette dernière date sera-
t-elle la bonne ? Et, en ouvrant le journal,
n'allons-nous pas voir indiquer un autre
jour?
Notez que cette première représentation
de Cléopâtre doit être précédée d'une
répétition générale, à laquelle sont ex-
clusivement convoqués, assure-t-on, les
critiques qui font le compte rendu du
lendemain. Je dis « assure-t-on », parce
que c'est toujours la même chose. Les ré-
pétitions générales, par définition, se font
à huis clos : puis, quand on y arrive, on
trouve une salle pleine où l'on a grand'-
peine à se placer. A la répétition du Dé-
puté Leveau, il n'y avait plus, au lever du
rideau, un seul strapontin qui ne fut oc-
cupé.
Nous partîmes cinq cents ; mais, par un prompt
1 renfort,
Nous nous trouvions trois mille en arrivant
1 au port.
Ce prompt renfort est constitué, dans la
plupart des théâtres, par les parents des
acteurs, les fournisseurs, les « amis du
théâtre », etc., etc., sans parler de mes-
dames les ouvreuses. Jusqu'à quel point
ce public est-il un bon public? C'est af-
faire aux auteurs et aux directeurs.
Quoi qu'il en soit, les critiques doivent
assister à cette répétition de Cléopâtre et
on nous a charitablement prévenus
qu'elle aurait lieu en deux reprises, une
l'après-midi, une le soir, la première
commençant à une heure et demie, la
seconde après dîner, sans qu'on pût ré-
pondre de l'heure à laquelle finirait l'une
ou l'autre. C'est la permanence du spec-
tacle, la séance de jour et la séance de
nuit, comme aux grandes époques de
crise la chose se passe au Parlement.
A défaut d'incident intéressant dans les
petits faits du jour, je ne suis pas fâché
d'avoir à apprendre à nos lecteurs ces
misères professionnelles et que, pour les
tenir au courant des choses du théâtre,
il faut quelque effort. Combien de fois
sommes-nous forcés de passer trois ou
quatre heures dans une salle de spectacle
pour en rapporter un compte rendu de
trente lignes qui, en vérité, ne saurait
être plus long, vu le peu de valeur ou de
nouveauté de l'œuvre qu'on représente.
Mais, au moins, devrions-nous pouvoir
compter sur l'exactitude des directeurs.
Or, cette exactitude, sauf dans deux ou
trois théâtres (dont la Comédie - Fran-
çaise), est l'exception. Les directeurs
semblent ne pas se douter du trouble
qu'apporte dans la vie des Parisiens
amateurs de théâtre, — car je ne veux
pas parler pour les seuls critiques, — le
changement de date d'une « première M.
Pour cette Cléopâtre, j'en suis à trois
dîners en ville refusés, à une partie de
chasse ajournée. Jadis, un vaudeville
gai fut écrit sur cette donnée : un
gamin dérangerait le canon du Palais-
Royal,. qui partait à onze heures au lieu
de partir à midi. Là-dessus, les employés
arrivaient mal à leur bureau, les amou-
reux manquaient leurs rendez-vous, les
maris rentraient trop tôt, bref, toutes
sortes de tribulations et deperturbations
dans là vie quotidienne de tout un monde.
Et qu'est-ce qu'une heure de variation à
côté d'une soirée entière ?
Il est grand temps, dans l'intérêt de
tout le monde, de voir prévaloir d'autres
habitudes. Il semble fort aisé aux théâ-
tres de ne faire annoncer leurs « premiè-
l'es" que lorsqu'ils sont prêts. Ces re-
mises continuelles mettent le public de
méchante humeur. De plus, on en cher-
che les raisons, qui ne sont jamais ai-
mables pour le théâtre. La prima donna
ou l'étoile passent pour ne pas être en
voix ou en forme, la pièce pour être mal
sue, les décors pour n'être pas prêts, la
pièce elle-même pour être « accrochée x.
Ce sont aussi des difficultés qui naissent
de théâtre à théâtre, altérant les rapports
courtois.
Cette fois-ci, par exemple, voici le
Théâtre-Libre qui avait une pièce prête,
un jour fixé pour la donner. Ce jour, la
Porte-Saint-Martin le prend. Par « défé-
rence pour la critique" — c'est la for-
mule ordinaire — le Théâtre-Libre remet
sa représentation à huitaine : et le théâ-
tre de la Porte-Saint-Martin ne joue pas !
Avouez que c'est bien désagréable et que,
par ces incertitudes, on en arrive aisé-
ment à ce phénomène fâcheux de voir
quelquefois deux et trois premières le
même soir, au grand détriment du public
et des lecteurs de journaux.
Ces inconvénients seraient moins
grands, au moins pour les critiques, si
nous en étions aux jours heureux et loin-
tains du feuilleton du lundi. Mais, en
matière de théâtre comme en toute autre,
il a fallu marcher avec le siècle. Je n'ai
jamais caché que je regrettais la coutume
ancienne. La critique faite à tête reposée
était forcément supérieure à la critique
improvisée après une répétition générale,
qui ne donne pas toujours l'impression
de la première. Je sais bien qu'à une
heure du matin, —parfois à deux, - on
a quelques minutes encore pour corriger
son article. Mais tout cela est bien hâtif !
Le mieux, s'il n'y avait pas les journaux
du soir, serait de s'entendre pour ne don-
ner le compte rendu que le surlende-
main. ce Qui suDomnepait pou? QQ.
corvée des répétitions générales. Mais les.
journaux du soir ne voudraient pas per-
dre la possibilité d'être les premiers à
renseigner le public sur les choses du
théâtre.
Il faut donc se résigner et borner notre
effort à obtenir plus d'exactitude de la
part des directeurs. Cette exactitude, qui
existait autrefois, serait plus aisée si la.-
mise en scène n'envahissait pas de plus
en plus le théâtre. Une pièce comme
Cléopâtre est une entreprise immense
qui met en mouvement un monde de
fournisseurs, de costumiers, de faiseurs
d'accessoires, etc., etc. Or, le poète est
toujours prêt, les acteurs le sont presque
toujours, les costumiers jamais. Mais,
comme on le sait, on pourrait tabler sur
ces retards et ne pas proclamer, en ma-
tière de théâtre comme on i'a fait en d'au-
tres plus sérieuses, qu'il ne manquera
pas un bouton de guêtre quand on est
exposé à voir tout manquer.
Henry Fouquier.
Le XIX" SIECLE publiera demain la
« Chronique », par Francisque Sarcey.
UN PUBLICISTE RUSSE
DES PROVINCES BALTIQUES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 21 octobre.
La cause russe dans les provinces bal-
tiques vient d'éprouver une grande perte.
Le célèbre rédacteur en chef du journal
Duna-Messager, de Riga, se retire de son
poste pour cause de santé.
M. Gustave Ivanovitsch Pipirs était un
ennemi implacable des Allemands sépara-
tistes des provinces baltiques, un chaud
partisan de l'alliance franco-russe, et un
grand ami et admirateur de la France.
Souffrant des blessures qu'il a reçues lors
de l'attentat commis sur lui par les Alle-
mands fanatiques qui voulaient l'assas-
siner, il va faire un séjour à l'étranger
pour tâcher de rétablir sa santé.
A sa place, comme directeur du Drma-.
Messager, est nommé M. Knout Hornemann,
un Danois. C'est une preuve que le gouver-
nement russe ne désarme pas et que la
guerre contre tout ce qui est allemand
sera conduite avec la plus grande vigueur.
L'ENTREVUE
DES TROIS PREMIERS MINISTRES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Milan, SI octobre.
On donne, de source sûre, que l'entrevue do
MM. de Caprivi, deKalnoky et Crispi aura lieu
dans les premiers jours de novembre, sur les
bords du lac de Corne, probablement dans la
villa du duc Visconti.
LE RACCOMMODAGE
D'UN VENTRE
Pendant longtemps, les Occidentaux ont
refusé d'ajouter foi aux récits des voya-
geurs vantant la maestria avec laquelle
certains derviches de l'Inde s'ouvraient le
ventre d'un coup de couteau pour se le re-
fermer d'un coup de pouce. Nous avons la
preuve aujourd'hui que cette distraction,
au moins originale, est à la portée du pre -
mier venu, et nous sommes obligés de con-
fesser que sous ce rapport comme sous
bien d'autres, hélas ! les peuples de l'Orient
étaient mûrs avant nous.
A ceux de nos lecteurs qui conserve-
raient quelques doutes sur ce cas un peu
spécial, nous dédions l'histoire suivante,
qui établit une fois de plus la supériorité
des chirurgiens français.
Il y a trois mois, une grande dame russe, -
éprouvant une certaine gêne dans l'esto-
mac, fit venir son médecin ordinaire, qui
lui tint à peu près ce langage :
— Madame, vous avez là un fibrome,
c'est-à-dire dix ou douze livres de chair de
trop. Je ne vois qu'un moyen de vous en
débarrasser, c'est de vous ouvrir préalable-
ment le ventre
— Ouvrez ! dit la dame.
Et le médecin ouvrit. Mais à peine eut-il
donné son coup de bistouri qu'il eut peur.
Et au lieu d'entendre crier. la patieiite,
comme la chose arrive quelquefois, on vie
fuir l'opérateur, ce qui ne s'était encore ja-
mais vu.
Grand embarras du mari. Si une femme
intacte est parfois gênante, une femme qui
a le ventre ouvert devient terriblement em-
barrassante. Eniin notre homme ne perdit
pas la tête. Avec un peu de charpie, quelques
rubans et deux ou trois ficelles, il raccom-
moda provisoirement le ventre de sa chère
moitié, et la plaça dans un fleeping-car
Deux jours après, nos voyageursarrivaient à
Paris. Le docteur Terrillon continuait l'o-
pération commencée par son confrère
russe, en tenant sa cliente sous l'influence
du chloroforme pendant 5 quarts d'heure.
Il y a de cela trois mois.Ladameestaujour*-
d'hui complètement rétablie, et elle se de-
mande la tête que fera le chirurgien russa
en la revoyant.
LE PLUS JEUNE OFFICIER
Un réserviste. — Le fils du corsaire.
— Un beau nom.
Chose bizarre 1 le plus jeune officier dû
l'armée française n'appartient pas à 1' « ac-
tive n.
Si nous en croyons notre excellent con-
frère de Saint-Mâro, le Vieux Corsaire, ce
serait un sous-lieutenant de réserve, nommé
à ce grade le 2 février 1889, trois semaines
avant d'avoir tiré au sort, et qui vient tout
récemment de passer (sur sa demande) du
76 régiment d'artillerie à Rennes, au 2A®
dragons, à Dinan.
L'enfant, au surplus, est de bonne race.
Il s'appelle, en effet, Robert Surcouf et des-
cend en droite ligne du célèbre corsaire
breton du même nom.
Le plus jeune officier de l'armée fran-
çaise a, comme on le voit, de qui tenir.
L'ERUPTION DE L'ETNA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Messine, 21 octobre. — Les nouvelles qu'on
reçoit sur l'éruption de l'Etna sont assez alar-
mantes.
Le cratère principal s'est fendu sur son ver-
sant méridional et de l'ouverture s'échappe ua
abondant torrent de lave. Plusieurs villages -
ont été abandonnés par les populations. L'é-
ruption ten. à augmenter ; mais jusqu'à pl''
seat il n'y a pas de Ranger Imnunent.
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