Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-10-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 octobre 1890 14 octobre 1890
Description : 1890/10/14 (A19,N6847). 1890/10/14 (A19,N6847).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560386t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Dix-neuvieme année: - N° 6,8A7 CINQ Centimes - Paris et Départements - CINQ CTentimesf
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tPu l'enfance
<
r- Les Français ne font plus d'enfants.
Ce cri que l'Institut a lancé, que la
presse a répété, qui a trouvé un écho
jusque dans la chanson patriotique
du café-concert, ce cri est plus que
jamais le cri du jour.
A la dernière séance de l'Académie
de médecine, M. Rochard produisait
les chiffres de la statistique de 1888.
Ils sont d'une attristante éloquence.
Sur dix millions de familles, deux mil-
lions n'ont qu'un enfant, deux mil-
lions n'en ont pas.
Il n'est guère de ménage qui ne
désire avoir un héritier. La plupart,
souhaitent deux enfants. La stérilité
est donc un mal incontestable.
Est-il sans remède ? M. Rochard ne
le pense pas. L'hygiène lui apparait
comme la déesse tutélaire qui sauvera
nos jeunes gens et nos jeunes filles de
l'anémie, de la chlorose, de l'usure
prématurée. Qu'ils consentent, par
raison sinon par plaisir, à se soumet-
tre à ses prescriptions. A ce prix seul
notre natalité s'augmentera.
Il faut du moins l'espérer. Car le
savant académicien ne se fait que de
minces illusions sur les résultats de
ses conseils, dans le cas improbable
où ils seraient entendus et suivis.
Mais si l'hygiène ne peut forcer à
naître, elle pourrait du moins empê-
cher de mourir. Si l'on n'arrive pas à
augmenter la natalité, n'est-on pas en
droit d'espérer qu'on peut obtenir une
diminution notable de la mortalité?
On arriverait ainsi au résultat cher-
ché.
Or, le chiffre de la mortalité de nos
nouveau-nés est, en effet, véritable-
ment effrayant. Tandis qu'en Dane-
mark, par exemple, il ne dépasse pas
13 pour 1,000, il s'élève en France à
ââ pour 1,000.
Une des causes qui, de l'aveu una-
nime, contribuent le plus à produire
ce lamentable résultat est la fré-
quence des infanticides. « La plupart
des mort-nés illégitimes sont, dit
Bertillon, des infanticides déguisés.
Le taux formidable et progressif de
la mortalité illégitime est indénia-
ble. Il suffit d'ouvrir le volume de la
statistique de la France et de savoir
prendre un rapport pour le consta-
ter. »
Le mal est connu. Il a été dénoncé
à maintes reprises par les médecins,
les statisticiens, les littérateurs.
Que font donc, demandera-t-on, les
parquets en présence de ces crimes ?
Ne sont-ils pas armés par la loi pour
les poursuivre et les châtier ? Armés,
ils ne le sont que trop. Si en effet
beaucoup d'infanticides restent igno-
rés, un grand nombre sont décou-
verts, déférés au jury. Mais voyez quel
est le résultat des poursuites :
En trente ans, sur 5,591 infantici-
des, on n'a compté que 55 condamna-
tions à mort et trois exécutions capi-
tales. Ce qui explique cette boutade
du docteur Rochard : « Il est moins
dangereux de tuer un nouveau-né que
d'attraper une bronchite. »
Oui, le jury est indulgent. Mais c'est
qu'il n'a le choix qu'entre une indul-
gence excessive et une sévérité exagé-
rée. L'article 302 du Code pénal, qui
met sur le même plan les coupables
d'assassinat, d'empoisonnement, de
parricide et d'infanticide, et les frappe
tous de la peine capitale, appelle une
revision nécessaire. En même temps
qu'on doit mettre le Code pénal enhar-
monie avec les mœurs, il faut, sous une
forme ou sous une autre, — tours ou
bureau secret, — fournir à la fille-
mère le moyen de'sauver son enfant.
Ce sont là des mesures législatives
qu'un avenir prochain peut nous ap-
porter.
Dès aujourd'hui, une loi protec-
trice de l'enfance existe : c'est la loi
du S3 décembre 181k, la loi Roussel.
Elle est loin d'être inutile. Sous son
régime, la mortalité des nourrissons
est tombée dans le Calvados de 800/0
àJOO/O. ,
Elle est pourtant insuffisante. Elle
ne protège pas les enfants du premier
âge contre la contagion. La vaccine
n'est pas obligatoire, aussi la variole
nous prend 6,000 enfants. Les fièvres
éruptives nous en coûtent 70,000. A
Paris, par an, la fièvre typhoïde fait
près de 1,500 victimes.
Aussi bien les dispositions mêmes
de la loi Roussel ne sont pas appli-
quées comme elles devraient l'être.
La lettre tue l'esprit. Avant que toutes
les formalités inventées par la bureau-
cratie, qui s'y entend, aient été rem-
plies et que le médecin-inspecteur soit
venu visiter le nouveau-né, une fois
sur douze l'enfant est mort.
En l'absence du médecin qui arrive
trop tard ou ne vient pas assez sou-
vent, quels soins donnera à l'enfant
la nourrice ou la mère ? Elle ignore
trop souvent le premier mot de ce
ou'eile devrait faite; Il y a dans nos
écoles primaires supérieures des cours
pratiques de couture,même de cuisine.
Pourquoi donc, ainsi que le propose
très justement un médecin qui a fait
de ces questions une étude particu-
lière, n'y enseignerait-on pas les con-
naissances indispensables à une
mère?
Il faut enfin faire une réalité des
dispositions de loi qui prescrivent
aux juges de paix d'exercer un con-
trôle sur le placement des enfants, et
aux préfets d'instituer des commis-
sions locales de surveillance. ,
De l'argent est nécessaire pour me-
ner à bien cette œuvre de préserva-
tion et d'humanité.
Pour quelle entreprise plus utile,
plus patriotique que celle-là l'Etat,
les départements, les communes en
pourraient-ils donner? L'initiative
privée a un beau champ où s'exercer.
Comment ne ferait-elle pas, pour ar-
racher à la mort les petits Français,
ce qu'elle fit pour sauver les petits
Chinois ?
La question en vaut la peine. Les
chiffres produits par le docteur Ro-
chard devant l'Académie de médecine
sont nets et probants. Il ne s'agit de
rien moins que de la survivance de la
race française dans le monde.
A. Millerand.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
LE BUDGET DE 1891
Rentrée de la commission du budget
Devançant la Chambre d'une semaine, la
commission reprend aujourd'hui ses tra-
vaux. Sa tâche est presque entièrement ter-
minée.
Son rapport général et tous ses rapports
particuliers sur les dépenses des ministères
ont été déposés et distribués avant les va-
cances.
Il reste à statuer sur deux questions qui
ont surgi à la veille de la prorogation et
sur d'autres qui, se rattachant moins direc-
tement au budget, ont pu sans inconvé-
nient être retardées jusqu'à ce jour.
Les deux questions qui ont surgi sont
celles de l'insuffisance des ressources ré-
sultant du système adopté par la Chambre
pour le dégrèvement de l'impôt foncier et
celle de la perception du droit d'accroisse-
ment dû par les congrégations.
Sur ces deux points, la commission en-
tendra le ministre des finances le lende-
main de la reprise de ses travaux. M. Rou-
vier a complètement arrêté ses résolutions,
notamment en ce qui concerne le moyen
de rétablir en équilibre le budget de 1891.
L'insuffisance de ressources à combler est
de 17 millions.
On peut dès aujourd'hui affirmer que
cette somme ne sera pas demandée à une
surtaxe de l'alcool.
La commission aura ensuite à s'occuper
du rapport sur les garanties d'intérêt des
chemins de fer et du rapport sur la dette
remboursable, dont elle a confié la rédac-
tion à M. Camille Pelletan.
Enfin, la commission aura à résoudre la
question posée depuis si longtemps de la
réforme de l'impôt des boissons. On sait
qu'elle a résolu de disjoindre cette réforme
du budget de 1891, — dans lequel le mi-
nistre l'avait comprise, — pour en faire
l'objet d'un projet de loi spécial.
M. Rouvier, entrant dans les vues de la
commission, a consenti à cetfe disjonction
et a préparé un projet de loi spécial dont
l'élaboration s'achève actuellement et dont
le texte pourra être communiqué mardi
prochain à la commission.
Si l'on excepte cette question de la ré-
forme des boissons, on peut considérer
comme certain que la commission aura
résolu dans la semaine toutes les ques-
tions en suspens et que rien ne s'opposera
à co que la Chambre aborde la discussion
du budget dès l'ouverture de la session.
ARRESTATION DE JÉSUS-CHRIST
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 13 octobre.
Tous les journaux de notre capitale par-
lent d'un fait bizarre qui s'est produit à
Kieff. Il s'agit de l'arrestation et de la con-
damnation à six mois de prison de « Notre-
Seigneur Jésus-Christ ».
Il y a quelque temps,paraissait à Kieff un
nouveau prophète qui déclarait urbi et orbi
qu'il était Jésus-Christ, fils de Dieu, venu
sur la terre pour sauver le monde. Parmi
les paysans son succès était énorme, et il
comptait déjà de nombreux prosélytes. Il
faisait des miracles, avalait des couteaux
et savait tirer des copeks (pièce en cuivre
d'une valeur de 3 centimes) du nez de cha-
que moujik.
Comme il n'avait ni papiers ni passe-
port, il fut arrêté par la police. Jusqu'à pré-
sent, on ne sait pas qui il est, mais lui, il
affirme s'appeler Jésus-Christ et être le fils
de Dieu.
Le juge de paix de Kieff l'a condamné à
la prison « parce que, en Rus-ie, Dieu lui-
même n'a pas le droit de circuler librement
sans avoir du gouvernement impérial russe
un passeport en règle
UNE BELLE FORTUNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
New-York, 13 octobre.
Quatre frères du nom de Copple, domi-
ciliés près de Trentors, dans le New-Jersey,
ont reçu des informations tendant à leur
faire croire qu'ils sont les héritiers des
propriétés situées en Angleterre d'un dé-
funt M. James Wood, propriétés mobilières
et immobilières s'élevant à une valeur de
80 millions de dollars (hOO millions de
francs). Un avoué vient de s'embarquer
pour l'Angleterre, afin d'y faire valoir les
droits des susdits frères Copple.
UN PONT SUR LE NIL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Le Caire, 12 octobre. — Le gouvernement
égyptien a décidé de jeter un pont sur le Nil,
entre Talkha et Mansourah, afin d'établir une
ligne reliant Zagazig à Alexandrie.
Le devis s'élève 4 75Q,00fi Xr-
M. HUBBARD
A LA SALLE WAGRAM
DISCOURS ET INTERVIEW
Les coulissiers du boulangisme. -
Souvenirs personnels. — M. Roche-
fort et le général Boulanger. —
Les conséquences du boulan-
gisme. — Le mode d'élection
du Sénat.
Le Cercle républicain des Ternes,que pré-
side M. Coignet, avait convié hier les élec-
teurs de ce cuiartier à une conférence que
M. Hubbarddéputé de Seine-et-Oise, de-
vait donner à la salle Wagram.
L'ordre du jour portait cette simple men-
tion : « Les coulissiers du boulangisme.
Le sujet n'était pas bien nouveau. M. Hub-
bard l'a cependant fort heureusement trai-
té et a su se faire applaudir par la presque
unanimité des six cents personnes qui
assistaient à la réunion.
Il a fait, en somme, l'histoire du boulan-
gisme depuis l'arrivée du général Boulan-
ger au ministère de la guerre, en 1886, jus-
qu'aux élections générales de 1889.
Cette histoire, tout le monde la connaît.
Mais M. Hubbard a mis dans son récit une
note toute personnelle, parlant surtout de
ce qu'il a vu lui-même, et c'est ce qui a
rendu son discours particulièrement inté-
ressant.
En revenant de la revue
Il commence en effet par rappeler qu'après
la revue du 1.4 juillet i836, le.général Bou
langer, au lieu de rejoindre ses troupes,
comme cela se fait d'ordinaire, passa à che-
val au milieu de la foule où circulaient des
groupes de camelots, payés sur l'argent du
ministère pour crier sur le passage du
ministre : « Vive le consul ! Vive l'empe-
reur ! »
— J'étais là, dit-il, je l'ai entendu. Mon
ami M. Georges Martin, sénateur de la
Seine, pourra vous le dire comme moi.
M. Hubbard a été, dès ce moment, fixé
sur le général Boulanger. Il a compris le
danger que pouvait courir un jour la Répu-
blique, et c'est pour cela que jamais, à
aucun moment, il n'a partagé les illusions
que se faisaient certains radicaux sur la
sincérité des déclarations de celui qu'on
appelait si faussement alors « un soldat ré-
publicain ».
Dès cet époque, le général Boulanger
était accaparé par les réactionnaires, aux-
quels il réservait toutes les faveurs.
En même temps qu'il se laissait expliquer
par M. Delafosse « ce qu'il fallait au vieil es-
prit césarien de la France », le ministre
essayait de séduire les généraux. Il leur ex-
posait ses idées et déclarait nettement que
le titre de "coillmandaat de corps d'armée »
devait être « un grade » et non pas « une
fonction » de général de division.
Chez M. Rochefort
Prévoyant de plus en plus le péril qui
allait bientôt menacer la République, M.
Hubbard voulut le conjurer à l'avance. Il
pensa qu'une campagne menée par un
homme comme M. Rochefort contre le dic-
tateur naissant suffirait à démolir la po-
pularité du général Boulanger.
Le député de Seine-et-Oise n'hésita pas.
Il se rendit auprès du rédacteur en chef de
VIntransigeant, lui proposa de recommen-
cer une « lanterne » contre le ministre de
la guerre et le décida à écrire, le 29 décem-
bre 1886, un article très agressif dans le-
quel M. Rochefort reprochait au général
Boulanger d'ouvrir toutes grandes les por-
tes de son cabinet aux réactionnaires et de
les fermer aux verrous lorsque des répu-
blicains venaient le voir.
On sait comment M. Laguerre ménagea
aussitôt une entrevue entre le ministre et
le célèbre pamphlétaire, et comment celui-
ci revint sur ses premières impressions.
— M. Rochefort, qui avait si souvent at-
taqué l'armée, dit M. Hubbard, devint bien-
tôt tout-puissant au ministère de la guerre,
et on ne faisait pas la plus petite nomina-
tion, on ne décernait pas la moindre déco-
ration sans le consulter.
La chute du cabinet Goblet
M. Hubbard n'ayant pas réussi à faire dé-
molir le général Boulanger par M. Roche-
fort, comme il l'espérait, résolut, d'accord
avec un certain nombre de ses collègues,
de renverser le cabinet Goblet pour empê-
cher le général de rester au ministère de
la guerre.
— Certes, déclare-t-il à ce sujet, la chute
du cabinet Goblet a été très regrettable.
C'est peut-être ce qui nous a fait le plus de
tort auprès des électeurs radicaux, mais
c'était le seul moyen d'éloigner M. Bou-
langer du ministère, et il fallait l'en éloi-
gner!
Le reste du discours de M. Hubbard n'ap-
prend rien qu'on ne sache déjà. Citons seu-
lement le passage dans lequel il parle de
« l'emprunt de cinq millions que M. Na-
quet essayait de négocier à Londres en
1888 sur la fortune personnelle d'un sim-
ple sous-officier, M. de Biré, auquel le gé-
néral Boulanger avait promis une haute
situation dans l'armée. »
L'union du parti républicain
Son récit terminé, M. Hubbard cherche
« à tirer la morale de l'aventure boulan-
giste. »
« — Nous avons abusé, dit-il, de la lutte
individuelle. Nous avons accordé trop de
place aux questions de personnes. Nous
nous sommes trop souvent injuriés entre
nous. Nous avons trop employé contre
nous-mêmes ces armes empoisonnées de la
calomnie et de la diffamation !
La calomnie! c'est ce qui nous a perdus,
et c'est pour cela que je demande qu'on
maintienne la condamnation au plus grand
calomniateur de l'époque, Henri Roche-
fort!
Sans doute, on peut trouver mauvaises
les expéditions coloniales. Sans doute, on
peut trouver légers les radicaux qui, comme
M. Clémenceau, se sont laissé jouer par
M. Boulanger. Est-ce une raison pour s'in..
jurier, se vilipender?
Nous pouvons conserver chacun nos
idées, nous diviser même sur certains points;
mais nous devons ne jamais nous lais-
ser entraîner par la haine et la jalousie à
jeter le discrédit sur le parti républicain,
en attaquant ceux d'entre nous qui ne par-
tagent pas toutes nos opinions.
Il faut que la leçon quo nous venons de
recevoir nous serve à quelque chose.
Que faut-il faire ?
N'oublions donc pas qu'on s'est servi de
plusieurs facteurs dans le boulangisme, et
que le premier a été incontestablement le
sentiment natriotioue.
Le gouvernement n'a qu'à s'inspirer des
idées du pays, et si le pays veut la paix,
il veut aussi que ce soit « une paix di-
gne M.
Le second facteur du boulangisme, c'est
le reproche que les masses ont adressé à la
République de n'avoir pas assez fait pour la
démocratie.
Ce reproche, c'est à nous de montrer qu'il
n'est pas fondé.
Lorsqu'uné question vient à être soule-
vée, expliquons-nous donc franchement en-
tre nous.
Je ne dis pas qu'on doit tout remettre en
question ; non certes, mais je soutiens que
si une question quelconque est posée, il ne
faut pas l'éluder.
C'est le seul moyen que nous ayons de
satisfaire les aspirations de la démocratie.
Il me reste une seule crainte, et je ne
crains pas de l'avouer très nettement.
Les conservateurs et les poursuites
On parle beaucoup depuis quelque temps
« d'une politique d'affaires ", et je vois
que ceux qui s'en font les apôtres sont de
prétendus républicains ralliés, de préten-
dus républicains conservateurs qui, hier
encore, faisaient cause commune avec les
boulangistes.
Je me méfie de ceux-là comme de ceux-
ci; je n'ai nulle confiance dans leurs dé-
clarations, car nous savons un peu ce
qu'elles valent en Seine-et-Oise.
Mais j'espère bien qu'on ne confiera les
clefs de la République qu'aux anciens ré-
publicains, à ceux dont le passé nous est
garant de l'avenir.
Qu'on n'aille pas cependant me prendre
pour un sectaire farouche, car si je me mé-
fie des faux républicains, je ne vais pas
pour cela réclamer des poursuites contre
les adversaires de la République, quelque
déloyaux qu'aient pu être leurs procédés.
Certes, on aurait dû les frapper plus tôt
et énergiquement.
Mais ce qu'on peut, ce qu'on doit faire
au jour de la lutte devient inutile et mau-
vais lorsque ce moment est passé et lors-
qu'on est vainqueur. »
Dès que M. Hubbard eut quitté la tribune
au milieu des applaudissements de l'as-
semblée, celle-ci,furieuse de ce que les dé-
putés boulangistes de l'arrondissement ne
se fussent pas rendus à la réunion, se mit
à crier à tue-tête, sur l'air des lam-
pions : Démission, démission ! La séance
était terminé. En partant, nous retrouvons
M. Hubbard.
A propos de « l'enquête politique »
Son discours, on a pu le remarquer, ré-
pondait sur plus d'un point aux questions
de « l'enquête politique » à laquelle nous
nous livrons.
Il nous a semblé qu'il méritait d'être
complété, expliqué, si nous pouvons nous
servir de cette expression ; et nous avons
profité de l'occasion pour appeler l'atten-
tion de M. Hubbard sur quelques questions
spéciales qu'il avait laissé dans l'ombre,
comme par exemple la proposition dont il
est l'auteur et qui tend à confier au suf-
frage universel l'élection des sénateurs.
— Mais je ne fais, nous dit M. Hubbard,
que suivre la tradition républicaine.
Toutes les fois qu'un renouvellement
partiel du Sénat a été à la veille de s'opé-
rer, une proposition semblable à la mienne
a surgi.
Ce n'est pas une raison, parce qu'elle n'a
pas abouti jusqu'ici, pour abandonner
l'idée de faire nommer les sénateurs par le
suffrage universel.
Outre que c'est pour moi une question
de principe, je crois que cette réforme
nous assurera beaucoup d'avantages.
On prétend que cela touche à la Consti-
tution.
L'objection ne tient pas debout, car vous
savez bien, que depuis la revision de 188/*,
les lois concernant le mode d'élection de la
Chambre et du Sénat ont été sorties de la
Constitution.
Ce qu'on a fait pour la Chambre à di-
verses reprises, pourquoi ne pourrait-on
pas le faire pour le Sénat?
Le Sénat et le ministère
En lui infusant un sang nouveau, en lui
donnant une origine vraiment démocra-
tique, on réduirait à néant toutes les sus-
picions qui s'élèvent encore contre lui.
Le Sénat serait plus actif, verrait les
choses sous un jour moins étroit, et son
impopularité tomberait du coup.
Et puis, quelle belle manifestation ce se-
rait pour la République !
Personne ne doute, je suppose, qu'aux
élections sénatoriales le suffrage universel
se montrerait aussi profondément attaché
à la République qu'aux élections géné-
rales.
Il n'y aurait que les vieux cadres de bri-
sés; mais qui donc s'en plaindrait?
Au surplus, je ne sais pas si ma proposi-
tion, quelques critiques qu'elle ait pu ren-
contrer , sera aussi aisément repoussée
qu'on veut bien le dire, — à la Chambre
du moins.
Il faudrait pour cela que le gouverne-
ment prit parti contre elle. Or, je ne vois
pas comment M. Constans et M. Jules Roche,
pour ne citer qu'eux, pourraient s'opposer
à l'adoption d'une mesure qu'ils ont votée
autrefois.
— Et le budget? demandons-nous encore.
— pour le budget, je suis seulement dé-
cidé à refuser tout impôt nouveau. A part
cela, je n'ai pas d'idées préconçues. Je crois
que le seul moyen de sortir de la situation
où nous sommes, c'est de convertir petit à
petit le h 1/2 0/0 ancien en 2 1/2 0/0. Mais
nous aurons lieu de causer de la question
plus tard.
LE CONGRÈS SOCIALISTE DE HALLE
(D'UN CORRESPOND VNT)
Halle, 12 octobre.
La ville présente un aspect inaccoutumé,
une foule énorme attend l'arrivée des dé-
légués. La première séance, peu impor-
tante, est consacrée à la préparation des
travaux du congrès.
Cependant Liebknecht prononce le dis-
cours d'ouverture et salue la victoire rem-
portée par la démocratie socialiste. Ce dis-
cours soulève des acclamations enthou-
siastes.
Dans la décoration de la salle on remar-
que, à côté des portraits de Karl Marx et de
Lassalle, la reproduction du buste de la
République de Courbet. Le député Singer
est nommé président.
Un officier de police en uniforme assiste
à la séance, assis à une table près de la
tribune des orateurs. Plusieurs brasseries
ont illuminé. Le nombre des délégués est
très prand,
CHRONIQUE
Hier, un des grands journaux parisiens
a traité de la façon la plus spirituelle et
la plus amusante un sujet que je m'étais
depuis longtemps moi-même promis d'a-
border. Il s'agit de la banlieue parisienne
et des vols fréquents dont sont victimes
les Parisiens qui y ont des installations
d'été, qu'ils ferment, l'hiver venu, n'y
laissant qu'un gardien ou un domes-
tique.
A Nanterre, où j'habite, les exploits des
dévaliseurs de maisons sont à peu près
inconnus. C'est peut-être que les villas
sont un peu plus serrées qu'ailleurs les
unes contre les autres ; il n'y en a guère
d'absolument isolées. Le train de minuit
trente-cinq y amène toujours du monde
à une heure du matin, en sorte que les
voleurs n'auraient que peu d'heures de
tranquillité chaque nuit pour faire leurs
coups. Au reste, la plupart de ceux qui
habitent Nanterre y vivent à demeure, et
les maisons de campagne ne sont point
laissées seules, à la discrétion d'un jardi-
nier ou d'un domestique.
Mais même de ce côté, entre Paris et
Saint-Germain, on m'avait signalé plus
d'une fois des vols hardiment commis
par des maraudeurs demeurés inconnus,
et l'on m'avait supplié de présenter nos
plaintes à qui de droit. La vérité est que
dans la banlieue parisienne la police
n'existe pas. Je ne parle pas du chemin
de ronde qui longe les fortifications et
des pays disséminés autour. Tout le
monde sait qu'il n'y a pas au monde d'en-
droits plus dangereux, passé deux heures
du matin, et tous les jours ou à peu près
on retrouve dans les fossés quelque pau-
vre diable à demi assommé, à moins qu'il
n'ait été égorgé tout à fait.
Jusqu'au mur des fortifications, on
trouve des agents qui se promènent, et la
crainte d'être pincés par eux peut arrêter
les écumeurs de la nuit ; passé le fossé
d'enceinte, il n'y en a plus. Chacune des
agglomérations suburbaines est censée
avoir une police municipale. En quoi con-
siste-t-elle ? L'anonyme qui a écrit l'arti-
cle dont je parlais tout à l'heure nous
l'apprend au moins pour Maisons-Laf-
fite, qui est un des lieux de villégiature
les plus peuplés de riches maisons de
campagne qu'il y ait autour de Paris.
Il avait été dévalisé ; on lui avait em-
porté son argenterie et des bijoux. Où
faire sa déposition ? Il court à la mairie
demander où demeure le commissaire de
police. Il n'y en a point. C'est le maire
qui en fait fonction, et comme il ne peut
s'occuper de ces menus détails, il a délé-
gué ce soin à l'appariteur de la com-
mune.
L'appariteur a soixante-quinze ans.
C'est lui qui est concurremment chargé
de faire les courses dé la mairie et de
poursuivre les voleurs. Mais il n'y a point
de voleurs à Maisons-Laffite. Le volé, qui
lui conte sa malechance, l'étonné et le
scandalise.
— Voyez le maire, lui dit-il.
Ah ! que la conversation est piquante,
et la jolie scène de vaudeville !
«—Encore un vol! s'écrie le maire exas-
péré. On ne finira donc jamais de se plain-
dre ? Tout ça, c'est des potins, et ça fait
baisser le prix des propriétés. On exagère
tout. »
Ça fait baisser le prix des propriétés !
Le mot est exquis. C'est contre le volé
que le maire s'indigne. Quelle imperti-
nence a le volé de se plaindre, de faire
du bruit, de discréditer le pays, de faire
baisser le prix des propriétés !
Vous rappelez-vous, dans le joli vau-
deville des Charbonniers, de quel air Ba-
ron, le secrétaire du commissaire de po-
lice, disait préférer de beaucoup les vo-
leurs aux bourgeois? Au moins les vo-
leurs ne l'importunaient pas; c'étaient
des gens pleins de réserve, qui ne ve-
naient pas à tout instant se plaindre et
crier pour des vétilles; tandis que les
bourgeois. avec eux on ne pouvait pas
rester tranquille un instant.
Nous pouffions de rire en écoutant ces
propos ; nous nous imaginions que c'é-
tait de la pure fantaisie. La réalité passe
toujours les plus extravagantes et les plus
joyeuses imaginations des vaudevil-
listes.
Ce maire de Maisons-Laffitte est d'une
cocasserie où n'atteignent pas les inven-
tions de Philippe Gille.
Quand le plaignant lui insinue qu'il
faudraitarrêter les voleurs :«—Les arrêter,
s'écrie-t-il. Oui, si l'on peut. Mais ça ne
supprime pas les vols ; des vols, on en
commettra toujours. Et puis, pourquoi
avez-vous de l'argenterie ? Faites comme
moi, n'en ayez point,. et dormez tran-
quille. »
Le fait est que si l'on avait chez soi
ni argenterie, ni montre, ni meubles, ni
rien, les voleurs seraient parfaitement
volés. La plus sûre façon de ne pas être
dépouillé de son argent, c'est de ne pas
en avoir. C'est un raisonnement à la Gri-
bouille.
Ce conseil est assez difficile à suivre.
J'ai réduit au plus strict nécessaire le
mobilier de ma villa de Nanterre. Encore
faut-il bien qu'il y ait de quoi s'asseoir
et de quoi manger. Sans compter que
ceux qui n'ont, pour l'hiver comme pour
l'été, qu'une seule installation à la cam-
pagne, sont bien obligés d'y avoir tout
l'attirail de la vie quotidienne.
« - Et puis, voyez-vous, a ajouté ce
maire épique, c'est la faute des Parisiens
si l'on vole quelquefois chez nous (car je
doute toujours qu'on vole aussi souvent
qu'il vous plaît de le dire ; je n'ai ja-
mais, moi, été volé). Ils veulent être ser-
vis par des soubrettes jeunes et pimpan-
tes, et ça attire les voleurs. Croyez-moi,
prenez de vieilles domestiques. Mais tout
ça, ce sont des potins et ça fait baisser le
prix des propriétés. Au surplus. voyez
les gendarmes et le parquet de Versail -
les »
Ce maire est un profond psychologue.
Il a remarqué que les jolies filles atti-
rent les voleurs. Non, les jolies filles leur
ouvrent quelquefois la porte ; mais les
choses se passent de la sorte plutôt à
Paris qu'à la campagne. Dans nos pays
de villas, les bandes de malfaiteurs qui
mettent nos maisons en coupe réglée et
nous exploitent ne songent point à la
bagatelle. Ils s'introduisent comme ils
peuvent, de nuit, dans la maison qu'ils
savent mal gardée ; peu leur chaut que
la domestique soit vieille ou jeune, laide
ou jolie : ils ne s'inquiètent que de ne
pas la réveiller ; ils font leur main vite
et en silence ; ils ont en général horreur
des cris, qui avertissent les voisins, et
ils ne frappent jamais que par né-
cessité.
Les nombreux vols dont Maisons-Laf-
fite a été victime ont tous été exécutés
d'après un même plan, avec une justesse
et une sûreté de touche qui dénotent
une bande parfaitement organisée et ou-
tillée.
Quand ils en auront fini avec Maisons-
Laffitte et ses environs, force leur sera
bien de se transporter et d'opérer autre
part. Il doit y avoir encore une foule de
bons coups à faire, et pourquoi renonce-
raient-ils à une industrie si commode et
si lucrative, puisqu'on ne les tracasse
pas ?
A Paris, c'est toute une affaire de dé-
valiser une chambre, même une chambre
de bonne au sixième. Il faut se défier des
voisins, des portiers, des passants. Oa
risque à chaque instant d'être pris. A la
campagne, ces messieurs travaillent avec
une sécurité et une aisance admirables.
Ils n'ont à redouter que le chien de
garde. Mais il y a des moyens connus de
l'apprivoiser au silence. C'est l'affaire de
quelques morceaux de viande adroite-
ment jetés. Rien à redouter que le réveil
imprévu d'un gardien, qui dort à poings
fermés. Pas d'agents de police, pas de
gendarmes; un maire qui le lendemain
dira aux plaignants : C'est de votre faute
si vous êtes volé! Ne faites donc pas tant
de bruit d'un incident aussi mince. Vous
allez faire baisser le prix des proprié-
tés.
Les dévaliseurs auraient bien tort de
s'arrêter en si beau chemin. Aussi, pou-
vons-nous être sûrs de les voir un jour
ou l'autre nous rendre visite. Quand je
dis : cle les voir, c'est une façon de par-
ler ; car nous ne verrons d'eux que les
déprédations qu'ils auront commises
chez nous.
Pourquoi n'organiserait-on pas, —4
nos frais, si l'on veut, — une police su-
nos frais, La banlieue de Paris est une
burbaine ? La banlieue de Paris est une
proie extrêmement riche et variée ; que
ne la garde-t-on mieux? Il est clair que
si le pays n'est pas sûr, les Parisiens ne
voudront plus ni louer ni acheter de
villas aux environs ; et c'est alors que le
prix des propriétés baissera sérieuse-
ment.
Francisque Sarcey.
GRABUGE POSSIBILISTE
A LA SALLE FAVIÉ
Les expulsés de Châtellerault. — Brous-
sistes et allemanistes. — La scission -
officielle du parti ouvrier.
Quatre cents camarades à peine avaient
renoncé aux plaisirs du dimanche pour
venir entendre, salle Favié, la défense des
expulsés de Châtellerault.
Le bureau est rapidement constitué, et le
feu est ouvert par le citoyen Bourderon,
président, qui commence par se plaindre
que la commission d'organisation ait re-
fusé de fixer la réunion à deux heures pour
permettre aux délégués fatigués d'aller se
coucher.
Viennent ensuite d'amples détails sur les
incidents du congrès.
La paperasserie
Les broussistes avaient la majorité des
individualités, les allemanistes représen-
taient celle des groupes.
Les premiers, voulant être les maîtres,
ont foulé aux pieds l'article du règlement
qui donne à chaque fédération le droit da
nommer des délégués pour examiner les
mandats, et ils ont fait élire à main levée
le bureau par la commission de vérifica-
tion des pouvoirs, qui, au lieu de se reti-
rer pour travailler dans les coulisses du
théâtre, ou à la rigueur dans la loge du
concierge, a commis le crime d'aller tri-
patouiller chez le « marchand de vin »
d'en face.
Au bout de deux heures, ces éplucheurs,
qui avaient nom Lavy, Paulard, Odinet.
Brizon, Limouzin, sont revenus proclamer
la liste des groupes acceptés et de ceux dont
les pouvoirs étaient contestés.
Parmi ces derniers, celui de Saint-Ouen,
réputé inconnu; un-autre comme devant;
huit francs à l'Union fédérative, et enfin
les délégués de la fédération des Ardennes,
dont le mandat était signé simplement pac
le secrétaire de la fédération au lieu de
l'être par les présidents de chaque groupe..
On avait dû ainsi procéder à cause du man-
que de temps.
La commission ne voulut dès lors accor-
der qu'une voix à la fédération, qui repré-
sentait, paraît-il, sept mille ouvriers.
Le vote par appel de groupe et par appe;
nominal, repoussé pour faire place au vota
à main levée, ratifia les prétentions de la
commission.
Devant une aussi monstrueuse injustice,
devant cette fuite des responsabilités et ce
souci exagéré de la paperasserie, les délé-
gués se retirèrent.
Telle est à peu près l'histoire que vont
raconter, l'un après l'autre, les quinze dé-
légués, en l'agrémentant de variantes peu
intéressantes.
Pot-pourri
Le citoyen Lenormand n'est pas con -
vaincu et demande si les délégués ne se
sont pas simplement retirés parce qu'ils
n'avaient pas le courage de rester dans un
congrès où ils se trouvaient en minorité.
t Ce sceptique-est vite remis à sa place, et
le citoyen Clément,après avoir rappelé que,..
IéS hommes ne gopt vien, et les Drincil)"
rIlARDI tt OCTOBR'rT89^
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tPu l'enfance
<
r- Les Français ne font plus d'enfants.
Ce cri que l'Institut a lancé, que la
presse a répété, qui a trouvé un écho
jusque dans la chanson patriotique
du café-concert, ce cri est plus que
jamais le cri du jour.
A la dernière séance de l'Académie
de médecine, M. Rochard produisait
les chiffres de la statistique de 1888.
Ils sont d'une attristante éloquence.
Sur dix millions de familles, deux mil-
lions n'ont qu'un enfant, deux mil-
lions n'en ont pas.
Il n'est guère de ménage qui ne
désire avoir un héritier. La plupart,
souhaitent deux enfants. La stérilité
est donc un mal incontestable.
Est-il sans remède ? M. Rochard ne
le pense pas. L'hygiène lui apparait
comme la déesse tutélaire qui sauvera
nos jeunes gens et nos jeunes filles de
l'anémie, de la chlorose, de l'usure
prématurée. Qu'ils consentent, par
raison sinon par plaisir, à se soumet-
tre à ses prescriptions. A ce prix seul
notre natalité s'augmentera.
Il faut du moins l'espérer. Car le
savant académicien ne se fait que de
minces illusions sur les résultats de
ses conseils, dans le cas improbable
où ils seraient entendus et suivis.
Mais si l'hygiène ne peut forcer à
naître, elle pourrait du moins empê-
cher de mourir. Si l'on n'arrive pas à
augmenter la natalité, n'est-on pas en
droit d'espérer qu'on peut obtenir une
diminution notable de la mortalité?
On arriverait ainsi au résultat cher-
ché.
Or, le chiffre de la mortalité de nos
nouveau-nés est, en effet, véritable-
ment effrayant. Tandis qu'en Dane-
mark, par exemple, il ne dépasse pas
13 pour 1,000, il s'élève en France à
ââ pour 1,000.
Une des causes qui, de l'aveu una-
nime, contribuent le plus à produire
ce lamentable résultat est la fré-
quence des infanticides. « La plupart
des mort-nés illégitimes sont, dit
Bertillon, des infanticides déguisés.
Le taux formidable et progressif de
la mortalité illégitime est indénia-
ble. Il suffit d'ouvrir le volume de la
statistique de la France et de savoir
prendre un rapport pour le consta-
ter. »
Le mal est connu. Il a été dénoncé
à maintes reprises par les médecins,
les statisticiens, les littérateurs.
Que font donc, demandera-t-on, les
parquets en présence de ces crimes ?
Ne sont-ils pas armés par la loi pour
les poursuivre et les châtier ? Armés,
ils ne le sont que trop. Si en effet
beaucoup d'infanticides restent igno-
rés, un grand nombre sont décou-
verts, déférés au jury. Mais voyez quel
est le résultat des poursuites :
En trente ans, sur 5,591 infantici-
des, on n'a compté que 55 condamna-
tions à mort et trois exécutions capi-
tales. Ce qui explique cette boutade
du docteur Rochard : « Il est moins
dangereux de tuer un nouveau-né que
d'attraper une bronchite. »
Oui, le jury est indulgent. Mais c'est
qu'il n'a le choix qu'entre une indul-
gence excessive et une sévérité exagé-
rée. L'article 302 du Code pénal, qui
met sur le même plan les coupables
d'assassinat, d'empoisonnement, de
parricide et d'infanticide, et les frappe
tous de la peine capitale, appelle une
revision nécessaire. En même temps
qu'on doit mettre le Code pénal enhar-
monie avec les mœurs, il faut, sous une
forme ou sous une autre, — tours ou
bureau secret, — fournir à la fille-
mère le moyen de'sauver son enfant.
Ce sont là des mesures législatives
qu'un avenir prochain peut nous ap-
porter.
Dès aujourd'hui, une loi protec-
trice de l'enfance existe : c'est la loi
du S3 décembre 181k, la loi Roussel.
Elle est loin d'être inutile. Sous son
régime, la mortalité des nourrissons
est tombée dans le Calvados de 800/0
àJOO/O. ,
Elle est pourtant insuffisante. Elle
ne protège pas les enfants du premier
âge contre la contagion. La vaccine
n'est pas obligatoire, aussi la variole
nous prend 6,000 enfants. Les fièvres
éruptives nous en coûtent 70,000. A
Paris, par an, la fièvre typhoïde fait
près de 1,500 victimes.
Aussi bien les dispositions mêmes
de la loi Roussel ne sont pas appli-
quées comme elles devraient l'être.
La lettre tue l'esprit. Avant que toutes
les formalités inventées par la bureau-
cratie, qui s'y entend, aient été rem-
plies et que le médecin-inspecteur soit
venu visiter le nouveau-né, une fois
sur douze l'enfant est mort.
En l'absence du médecin qui arrive
trop tard ou ne vient pas assez sou-
vent, quels soins donnera à l'enfant
la nourrice ou la mère ? Elle ignore
trop souvent le premier mot de ce
ou'eile devrait faite; Il y a dans nos
écoles primaires supérieures des cours
pratiques de couture,même de cuisine.
Pourquoi donc, ainsi que le propose
très justement un médecin qui a fait
de ces questions une étude particu-
lière, n'y enseignerait-on pas les con-
naissances indispensables à une
mère?
Il faut enfin faire une réalité des
dispositions de loi qui prescrivent
aux juges de paix d'exercer un con-
trôle sur le placement des enfants, et
aux préfets d'instituer des commis-
sions locales de surveillance. ,
De l'argent est nécessaire pour me-
ner à bien cette œuvre de préserva-
tion et d'humanité.
Pour quelle entreprise plus utile,
plus patriotique que celle-là l'Etat,
les départements, les communes en
pourraient-ils donner? L'initiative
privée a un beau champ où s'exercer.
Comment ne ferait-elle pas, pour ar-
racher à la mort les petits Français,
ce qu'elle fit pour sauver les petits
Chinois ?
La question en vaut la peine. Les
chiffres produits par le docteur Ro-
chard devant l'Académie de médecine
sont nets et probants. Il ne s'agit de
rien moins que de la survivance de la
race française dans le monde.
A. Millerand.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
LE BUDGET DE 1891
Rentrée de la commission du budget
Devançant la Chambre d'une semaine, la
commission reprend aujourd'hui ses tra-
vaux. Sa tâche est presque entièrement ter-
minée.
Son rapport général et tous ses rapports
particuliers sur les dépenses des ministères
ont été déposés et distribués avant les va-
cances.
Il reste à statuer sur deux questions qui
ont surgi à la veille de la prorogation et
sur d'autres qui, se rattachant moins direc-
tement au budget, ont pu sans inconvé-
nient être retardées jusqu'à ce jour.
Les deux questions qui ont surgi sont
celles de l'insuffisance des ressources ré-
sultant du système adopté par la Chambre
pour le dégrèvement de l'impôt foncier et
celle de la perception du droit d'accroisse-
ment dû par les congrégations.
Sur ces deux points, la commission en-
tendra le ministre des finances le lende-
main de la reprise de ses travaux. M. Rou-
vier a complètement arrêté ses résolutions,
notamment en ce qui concerne le moyen
de rétablir en équilibre le budget de 1891.
L'insuffisance de ressources à combler est
de 17 millions.
On peut dès aujourd'hui affirmer que
cette somme ne sera pas demandée à une
surtaxe de l'alcool.
La commission aura ensuite à s'occuper
du rapport sur les garanties d'intérêt des
chemins de fer et du rapport sur la dette
remboursable, dont elle a confié la rédac-
tion à M. Camille Pelletan.
Enfin, la commission aura à résoudre la
question posée depuis si longtemps de la
réforme de l'impôt des boissons. On sait
qu'elle a résolu de disjoindre cette réforme
du budget de 1891, — dans lequel le mi-
nistre l'avait comprise, — pour en faire
l'objet d'un projet de loi spécial.
M. Rouvier, entrant dans les vues de la
commission, a consenti à cetfe disjonction
et a préparé un projet de loi spécial dont
l'élaboration s'achève actuellement et dont
le texte pourra être communiqué mardi
prochain à la commission.
Si l'on excepte cette question de la ré-
forme des boissons, on peut considérer
comme certain que la commission aura
résolu dans la semaine toutes les ques-
tions en suspens et que rien ne s'opposera
à co que la Chambre aborde la discussion
du budget dès l'ouverture de la session.
ARRESTATION DE JÉSUS-CHRIST
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 13 octobre.
Tous les journaux de notre capitale par-
lent d'un fait bizarre qui s'est produit à
Kieff. Il s'agit de l'arrestation et de la con-
damnation à six mois de prison de « Notre-
Seigneur Jésus-Christ ».
Il y a quelque temps,paraissait à Kieff un
nouveau prophète qui déclarait urbi et orbi
qu'il était Jésus-Christ, fils de Dieu, venu
sur la terre pour sauver le monde. Parmi
les paysans son succès était énorme, et il
comptait déjà de nombreux prosélytes. Il
faisait des miracles, avalait des couteaux
et savait tirer des copeks (pièce en cuivre
d'une valeur de 3 centimes) du nez de cha-
que moujik.
Comme il n'avait ni papiers ni passe-
port, il fut arrêté par la police. Jusqu'à pré-
sent, on ne sait pas qui il est, mais lui, il
affirme s'appeler Jésus-Christ et être le fils
de Dieu.
Le juge de paix de Kieff l'a condamné à
la prison « parce que, en Rus-ie, Dieu lui-
même n'a pas le droit de circuler librement
sans avoir du gouvernement impérial russe
un passeport en règle
UNE BELLE FORTUNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
New-York, 13 octobre.
Quatre frères du nom de Copple, domi-
ciliés près de Trentors, dans le New-Jersey,
ont reçu des informations tendant à leur
faire croire qu'ils sont les héritiers des
propriétés situées en Angleterre d'un dé-
funt M. James Wood, propriétés mobilières
et immobilières s'élevant à une valeur de
80 millions de dollars (hOO millions de
francs). Un avoué vient de s'embarquer
pour l'Angleterre, afin d'y faire valoir les
droits des susdits frères Copple.
UN PONT SUR LE NIL
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Le Caire, 12 octobre. — Le gouvernement
égyptien a décidé de jeter un pont sur le Nil,
entre Talkha et Mansourah, afin d'établir une
ligne reliant Zagazig à Alexandrie.
Le devis s'élève 4 75Q,00fi Xr-
M. HUBBARD
A LA SALLE WAGRAM
DISCOURS ET INTERVIEW
Les coulissiers du boulangisme. -
Souvenirs personnels. — M. Roche-
fort et le général Boulanger. —
Les conséquences du boulan-
gisme. — Le mode d'élection
du Sénat.
Le Cercle républicain des Ternes,que pré-
side M. Coignet, avait convié hier les élec-
teurs de ce cuiartier à une conférence que
M. Hubbarddéputé de Seine-et-Oise, de-
vait donner à la salle Wagram.
L'ordre du jour portait cette simple men-
tion : « Les coulissiers du boulangisme.
Le sujet n'était pas bien nouveau. M. Hub-
bard l'a cependant fort heureusement trai-
té et a su se faire applaudir par la presque
unanimité des six cents personnes qui
assistaient à la réunion.
Il a fait, en somme, l'histoire du boulan-
gisme depuis l'arrivée du général Boulan-
ger au ministère de la guerre, en 1886, jus-
qu'aux élections générales de 1889.
Cette histoire, tout le monde la connaît.
Mais M. Hubbard a mis dans son récit une
note toute personnelle, parlant surtout de
ce qu'il a vu lui-même, et c'est ce qui a
rendu son discours particulièrement inté-
ressant.
En revenant de la revue
Il commence en effet par rappeler qu'après
la revue du 1.4 juillet i836, le.général Bou
langer, au lieu de rejoindre ses troupes,
comme cela se fait d'ordinaire, passa à che-
val au milieu de la foule où circulaient des
groupes de camelots, payés sur l'argent du
ministère pour crier sur le passage du
ministre : « Vive le consul ! Vive l'empe-
reur ! »
— J'étais là, dit-il, je l'ai entendu. Mon
ami M. Georges Martin, sénateur de la
Seine, pourra vous le dire comme moi.
M. Hubbard a été, dès ce moment, fixé
sur le général Boulanger. Il a compris le
danger que pouvait courir un jour la Répu-
blique, et c'est pour cela que jamais, à
aucun moment, il n'a partagé les illusions
que se faisaient certains radicaux sur la
sincérité des déclarations de celui qu'on
appelait si faussement alors « un soldat ré-
publicain ».
Dès cet époque, le général Boulanger
était accaparé par les réactionnaires, aux-
quels il réservait toutes les faveurs.
En même temps qu'il se laissait expliquer
par M. Delafosse « ce qu'il fallait au vieil es-
prit césarien de la France », le ministre
essayait de séduire les généraux. Il leur ex-
posait ses idées et déclarait nettement que
le titre de "coillmandaat de corps d'armée »
devait être « un grade » et non pas « une
fonction » de général de division.
Chez M. Rochefort
Prévoyant de plus en plus le péril qui
allait bientôt menacer la République, M.
Hubbard voulut le conjurer à l'avance. Il
pensa qu'une campagne menée par un
homme comme M. Rochefort contre le dic-
tateur naissant suffirait à démolir la po-
pularité du général Boulanger.
Le député de Seine-et-Oise n'hésita pas.
Il se rendit auprès du rédacteur en chef de
VIntransigeant, lui proposa de recommen-
cer une « lanterne » contre le ministre de
la guerre et le décida à écrire, le 29 décem-
bre 1886, un article très agressif dans le-
quel M. Rochefort reprochait au général
Boulanger d'ouvrir toutes grandes les por-
tes de son cabinet aux réactionnaires et de
les fermer aux verrous lorsque des répu-
blicains venaient le voir.
On sait comment M. Laguerre ménagea
aussitôt une entrevue entre le ministre et
le célèbre pamphlétaire, et comment celui-
ci revint sur ses premières impressions.
— M. Rochefort, qui avait si souvent at-
taqué l'armée, dit M. Hubbard, devint bien-
tôt tout-puissant au ministère de la guerre,
et on ne faisait pas la plus petite nomina-
tion, on ne décernait pas la moindre déco-
ration sans le consulter.
La chute du cabinet Goblet
M. Hubbard n'ayant pas réussi à faire dé-
molir le général Boulanger par M. Roche-
fort, comme il l'espérait, résolut, d'accord
avec un certain nombre de ses collègues,
de renverser le cabinet Goblet pour empê-
cher le général de rester au ministère de
la guerre.
— Certes, déclare-t-il à ce sujet, la chute
du cabinet Goblet a été très regrettable.
C'est peut-être ce qui nous a fait le plus de
tort auprès des électeurs radicaux, mais
c'était le seul moyen d'éloigner M. Bou-
langer du ministère, et il fallait l'en éloi-
gner!
Le reste du discours de M. Hubbard n'ap-
prend rien qu'on ne sache déjà. Citons seu-
lement le passage dans lequel il parle de
« l'emprunt de cinq millions que M. Na-
quet essayait de négocier à Londres en
1888 sur la fortune personnelle d'un sim-
ple sous-officier, M. de Biré, auquel le gé-
néral Boulanger avait promis une haute
situation dans l'armée. »
L'union du parti républicain
Son récit terminé, M. Hubbard cherche
« à tirer la morale de l'aventure boulan-
giste. »
« — Nous avons abusé, dit-il, de la lutte
individuelle. Nous avons accordé trop de
place aux questions de personnes. Nous
nous sommes trop souvent injuriés entre
nous. Nous avons trop employé contre
nous-mêmes ces armes empoisonnées de la
calomnie et de la diffamation !
La calomnie! c'est ce qui nous a perdus,
et c'est pour cela que je demande qu'on
maintienne la condamnation au plus grand
calomniateur de l'époque, Henri Roche-
fort!
Sans doute, on peut trouver mauvaises
les expéditions coloniales. Sans doute, on
peut trouver légers les radicaux qui, comme
M. Clémenceau, se sont laissé jouer par
M. Boulanger. Est-ce une raison pour s'in..
jurier, se vilipender?
Nous pouvons conserver chacun nos
idées, nous diviser même sur certains points;
mais nous devons ne jamais nous lais-
ser entraîner par la haine et la jalousie à
jeter le discrédit sur le parti républicain,
en attaquant ceux d'entre nous qui ne par-
tagent pas toutes nos opinions.
Il faut que la leçon quo nous venons de
recevoir nous serve à quelque chose.
Que faut-il faire ?
N'oublions donc pas qu'on s'est servi de
plusieurs facteurs dans le boulangisme, et
que le premier a été incontestablement le
sentiment natriotioue.
Le gouvernement n'a qu'à s'inspirer des
idées du pays, et si le pays veut la paix,
il veut aussi que ce soit « une paix di-
gne M.
Le second facteur du boulangisme, c'est
le reproche que les masses ont adressé à la
République de n'avoir pas assez fait pour la
démocratie.
Ce reproche, c'est à nous de montrer qu'il
n'est pas fondé.
Lorsqu'uné question vient à être soule-
vée, expliquons-nous donc franchement en-
tre nous.
Je ne dis pas qu'on doit tout remettre en
question ; non certes, mais je soutiens que
si une question quelconque est posée, il ne
faut pas l'éluder.
C'est le seul moyen que nous ayons de
satisfaire les aspirations de la démocratie.
Il me reste une seule crainte, et je ne
crains pas de l'avouer très nettement.
Les conservateurs et les poursuites
On parle beaucoup depuis quelque temps
« d'une politique d'affaires ", et je vois
que ceux qui s'en font les apôtres sont de
prétendus républicains ralliés, de préten-
dus républicains conservateurs qui, hier
encore, faisaient cause commune avec les
boulangistes.
Je me méfie de ceux-là comme de ceux-
ci; je n'ai nulle confiance dans leurs dé-
clarations, car nous savons un peu ce
qu'elles valent en Seine-et-Oise.
Mais j'espère bien qu'on ne confiera les
clefs de la République qu'aux anciens ré-
publicains, à ceux dont le passé nous est
garant de l'avenir.
Qu'on n'aille pas cependant me prendre
pour un sectaire farouche, car si je me mé-
fie des faux républicains, je ne vais pas
pour cela réclamer des poursuites contre
les adversaires de la République, quelque
déloyaux qu'aient pu être leurs procédés.
Certes, on aurait dû les frapper plus tôt
et énergiquement.
Mais ce qu'on peut, ce qu'on doit faire
au jour de la lutte devient inutile et mau-
vais lorsque ce moment est passé et lors-
qu'on est vainqueur. »
Dès que M. Hubbard eut quitté la tribune
au milieu des applaudissements de l'as-
semblée, celle-ci,furieuse de ce que les dé-
putés boulangistes de l'arrondissement ne
se fussent pas rendus à la réunion, se mit
à crier à tue-tête, sur l'air des lam-
pions : Démission, démission ! La séance
était terminé. En partant, nous retrouvons
M. Hubbard.
A propos de « l'enquête politique »
Son discours, on a pu le remarquer, ré-
pondait sur plus d'un point aux questions
de « l'enquête politique » à laquelle nous
nous livrons.
Il nous a semblé qu'il méritait d'être
complété, expliqué, si nous pouvons nous
servir de cette expression ; et nous avons
profité de l'occasion pour appeler l'atten-
tion de M. Hubbard sur quelques questions
spéciales qu'il avait laissé dans l'ombre,
comme par exemple la proposition dont il
est l'auteur et qui tend à confier au suf-
frage universel l'élection des sénateurs.
— Mais je ne fais, nous dit M. Hubbard,
que suivre la tradition républicaine.
Toutes les fois qu'un renouvellement
partiel du Sénat a été à la veille de s'opé-
rer, une proposition semblable à la mienne
a surgi.
Ce n'est pas une raison, parce qu'elle n'a
pas abouti jusqu'ici, pour abandonner
l'idée de faire nommer les sénateurs par le
suffrage universel.
Outre que c'est pour moi une question
de principe, je crois que cette réforme
nous assurera beaucoup d'avantages.
On prétend que cela touche à la Consti-
tution.
L'objection ne tient pas debout, car vous
savez bien, que depuis la revision de 188/*,
les lois concernant le mode d'élection de la
Chambre et du Sénat ont été sorties de la
Constitution.
Ce qu'on a fait pour la Chambre à di-
verses reprises, pourquoi ne pourrait-on
pas le faire pour le Sénat?
Le Sénat et le ministère
En lui infusant un sang nouveau, en lui
donnant une origine vraiment démocra-
tique, on réduirait à néant toutes les sus-
picions qui s'élèvent encore contre lui.
Le Sénat serait plus actif, verrait les
choses sous un jour moins étroit, et son
impopularité tomberait du coup.
Et puis, quelle belle manifestation ce se-
rait pour la République !
Personne ne doute, je suppose, qu'aux
élections sénatoriales le suffrage universel
se montrerait aussi profondément attaché
à la République qu'aux élections géné-
rales.
Il n'y aurait que les vieux cadres de bri-
sés; mais qui donc s'en plaindrait?
Au surplus, je ne sais pas si ma proposi-
tion, quelques critiques qu'elle ait pu ren-
contrer , sera aussi aisément repoussée
qu'on veut bien le dire, — à la Chambre
du moins.
Il faudrait pour cela que le gouverne-
ment prit parti contre elle. Or, je ne vois
pas comment M. Constans et M. Jules Roche,
pour ne citer qu'eux, pourraient s'opposer
à l'adoption d'une mesure qu'ils ont votée
autrefois.
— Et le budget? demandons-nous encore.
— pour le budget, je suis seulement dé-
cidé à refuser tout impôt nouveau. A part
cela, je n'ai pas d'idées préconçues. Je crois
que le seul moyen de sortir de la situation
où nous sommes, c'est de convertir petit à
petit le h 1/2 0/0 ancien en 2 1/2 0/0. Mais
nous aurons lieu de causer de la question
plus tard.
LE CONGRÈS SOCIALISTE DE HALLE
(D'UN CORRESPOND VNT)
Halle, 12 octobre.
La ville présente un aspect inaccoutumé,
une foule énorme attend l'arrivée des dé-
légués. La première séance, peu impor-
tante, est consacrée à la préparation des
travaux du congrès.
Cependant Liebknecht prononce le dis-
cours d'ouverture et salue la victoire rem-
portée par la démocratie socialiste. Ce dis-
cours soulève des acclamations enthou-
siastes.
Dans la décoration de la salle on remar-
que, à côté des portraits de Karl Marx et de
Lassalle, la reproduction du buste de la
République de Courbet. Le député Singer
est nommé président.
Un officier de police en uniforme assiste
à la séance, assis à une table près de la
tribune des orateurs. Plusieurs brasseries
ont illuminé. Le nombre des délégués est
très prand,
CHRONIQUE
Hier, un des grands journaux parisiens
a traité de la façon la plus spirituelle et
la plus amusante un sujet que je m'étais
depuis longtemps moi-même promis d'a-
border. Il s'agit de la banlieue parisienne
et des vols fréquents dont sont victimes
les Parisiens qui y ont des installations
d'été, qu'ils ferment, l'hiver venu, n'y
laissant qu'un gardien ou un domes-
tique.
A Nanterre, où j'habite, les exploits des
dévaliseurs de maisons sont à peu près
inconnus. C'est peut-être que les villas
sont un peu plus serrées qu'ailleurs les
unes contre les autres ; il n'y en a guère
d'absolument isolées. Le train de minuit
trente-cinq y amène toujours du monde
à une heure du matin, en sorte que les
voleurs n'auraient que peu d'heures de
tranquillité chaque nuit pour faire leurs
coups. Au reste, la plupart de ceux qui
habitent Nanterre y vivent à demeure, et
les maisons de campagne ne sont point
laissées seules, à la discrétion d'un jardi-
nier ou d'un domestique.
Mais même de ce côté, entre Paris et
Saint-Germain, on m'avait signalé plus
d'une fois des vols hardiment commis
par des maraudeurs demeurés inconnus,
et l'on m'avait supplié de présenter nos
plaintes à qui de droit. La vérité est que
dans la banlieue parisienne la police
n'existe pas. Je ne parle pas du chemin
de ronde qui longe les fortifications et
des pays disséminés autour. Tout le
monde sait qu'il n'y a pas au monde d'en-
droits plus dangereux, passé deux heures
du matin, et tous les jours ou à peu près
on retrouve dans les fossés quelque pau-
vre diable à demi assommé, à moins qu'il
n'ait été égorgé tout à fait.
Jusqu'au mur des fortifications, on
trouve des agents qui se promènent, et la
crainte d'être pincés par eux peut arrêter
les écumeurs de la nuit ; passé le fossé
d'enceinte, il n'y en a plus. Chacune des
agglomérations suburbaines est censée
avoir une police municipale. En quoi con-
siste-t-elle ? L'anonyme qui a écrit l'arti-
cle dont je parlais tout à l'heure nous
l'apprend au moins pour Maisons-Laf-
fite, qui est un des lieux de villégiature
les plus peuplés de riches maisons de
campagne qu'il y ait autour de Paris.
Il avait été dévalisé ; on lui avait em-
porté son argenterie et des bijoux. Où
faire sa déposition ? Il court à la mairie
demander où demeure le commissaire de
police. Il n'y en a point. C'est le maire
qui en fait fonction, et comme il ne peut
s'occuper de ces menus détails, il a délé-
gué ce soin à l'appariteur de la com-
mune.
L'appariteur a soixante-quinze ans.
C'est lui qui est concurremment chargé
de faire les courses dé la mairie et de
poursuivre les voleurs. Mais il n'y a point
de voleurs à Maisons-Laffite. Le volé, qui
lui conte sa malechance, l'étonné et le
scandalise.
— Voyez le maire, lui dit-il.
Ah ! que la conversation est piquante,
et la jolie scène de vaudeville !
«—Encore un vol! s'écrie le maire exas-
péré. On ne finira donc jamais de se plain-
dre ? Tout ça, c'est des potins, et ça fait
baisser le prix des propriétés. On exagère
tout. »
Ça fait baisser le prix des propriétés !
Le mot est exquis. C'est contre le volé
que le maire s'indigne. Quelle imperti-
nence a le volé de se plaindre, de faire
du bruit, de discréditer le pays, de faire
baisser le prix des propriétés !
Vous rappelez-vous, dans le joli vau-
deville des Charbonniers, de quel air Ba-
ron, le secrétaire du commissaire de po-
lice, disait préférer de beaucoup les vo-
leurs aux bourgeois? Au moins les vo-
leurs ne l'importunaient pas; c'étaient
des gens pleins de réserve, qui ne ve-
naient pas à tout instant se plaindre et
crier pour des vétilles; tandis que les
bourgeois. avec eux on ne pouvait pas
rester tranquille un instant.
Nous pouffions de rire en écoutant ces
propos ; nous nous imaginions que c'é-
tait de la pure fantaisie. La réalité passe
toujours les plus extravagantes et les plus
joyeuses imaginations des vaudevil-
listes.
Ce maire de Maisons-Laffitte est d'une
cocasserie où n'atteignent pas les inven-
tions de Philippe Gille.
Quand le plaignant lui insinue qu'il
faudraitarrêter les voleurs :«—Les arrêter,
s'écrie-t-il. Oui, si l'on peut. Mais ça ne
supprime pas les vols ; des vols, on en
commettra toujours. Et puis, pourquoi
avez-vous de l'argenterie ? Faites comme
moi, n'en ayez point,. et dormez tran-
quille. »
Le fait est que si l'on avait chez soi
ni argenterie, ni montre, ni meubles, ni
rien, les voleurs seraient parfaitement
volés. La plus sûre façon de ne pas être
dépouillé de son argent, c'est de ne pas
en avoir. C'est un raisonnement à la Gri-
bouille.
Ce conseil est assez difficile à suivre.
J'ai réduit au plus strict nécessaire le
mobilier de ma villa de Nanterre. Encore
faut-il bien qu'il y ait de quoi s'asseoir
et de quoi manger. Sans compter que
ceux qui n'ont, pour l'hiver comme pour
l'été, qu'une seule installation à la cam-
pagne, sont bien obligés d'y avoir tout
l'attirail de la vie quotidienne.
« - Et puis, voyez-vous, a ajouté ce
maire épique, c'est la faute des Parisiens
si l'on vole quelquefois chez nous (car je
doute toujours qu'on vole aussi souvent
qu'il vous plaît de le dire ; je n'ai ja-
mais, moi, été volé). Ils veulent être ser-
vis par des soubrettes jeunes et pimpan-
tes, et ça attire les voleurs. Croyez-moi,
prenez de vieilles domestiques. Mais tout
ça, ce sont des potins et ça fait baisser le
prix des propriétés. Au surplus. voyez
les gendarmes et le parquet de Versail -
les »
Ce maire est un profond psychologue.
Il a remarqué que les jolies filles atti-
rent les voleurs. Non, les jolies filles leur
ouvrent quelquefois la porte ; mais les
choses se passent de la sorte plutôt à
Paris qu'à la campagne. Dans nos pays
de villas, les bandes de malfaiteurs qui
mettent nos maisons en coupe réglée et
nous exploitent ne songent point à la
bagatelle. Ils s'introduisent comme ils
peuvent, de nuit, dans la maison qu'ils
savent mal gardée ; peu leur chaut que
la domestique soit vieille ou jeune, laide
ou jolie : ils ne s'inquiètent que de ne
pas la réveiller ; ils font leur main vite
et en silence ; ils ont en général horreur
des cris, qui avertissent les voisins, et
ils ne frappent jamais que par né-
cessité.
Les nombreux vols dont Maisons-Laf-
fite a été victime ont tous été exécutés
d'après un même plan, avec une justesse
et une sûreté de touche qui dénotent
une bande parfaitement organisée et ou-
tillée.
Quand ils en auront fini avec Maisons-
Laffitte et ses environs, force leur sera
bien de se transporter et d'opérer autre
part. Il doit y avoir encore une foule de
bons coups à faire, et pourquoi renonce-
raient-ils à une industrie si commode et
si lucrative, puisqu'on ne les tracasse
pas ?
A Paris, c'est toute une affaire de dé-
valiser une chambre, même une chambre
de bonne au sixième. Il faut se défier des
voisins, des portiers, des passants. Oa
risque à chaque instant d'être pris. A la
campagne, ces messieurs travaillent avec
une sécurité et une aisance admirables.
Ils n'ont à redouter que le chien de
garde. Mais il y a des moyens connus de
l'apprivoiser au silence. C'est l'affaire de
quelques morceaux de viande adroite-
ment jetés. Rien à redouter que le réveil
imprévu d'un gardien, qui dort à poings
fermés. Pas d'agents de police, pas de
gendarmes; un maire qui le lendemain
dira aux plaignants : C'est de votre faute
si vous êtes volé! Ne faites donc pas tant
de bruit d'un incident aussi mince. Vous
allez faire baisser le prix des proprié-
tés.
Les dévaliseurs auraient bien tort de
s'arrêter en si beau chemin. Aussi, pou-
vons-nous être sûrs de les voir un jour
ou l'autre nous rendre visite. Quand je
dis : cle les voir, c'est une façon de par-
ler ; car nous ne verrons d'eux que les
déprédations qu'ils auront commises
chez nous.
Pourquoi n'organiserait-on pas, —4
nos frais, si l'on veut, — une police su-
nos frais, La banlieue de Paris est une
burbaine ? La banlieue de Paris est une
proie extrêmement riche et variée ; que
ne la garde-t-on mieux? Il est clair que
si le pays n'est pas sûr, les Parisiens ne
voudront plus ni louer ni acheter de
villas aux environs ; et c'est alors que le
prix des propriétés baissera sérieuse-
ment.
Francisque Sarcey.
GRABUGE POSSIBILISTE
A LA SALLE FAVIÉ
Les expulsés de Châtellerault. — Brous-
sistes et allemanistes. — La scission -
officielle du parti ouvrier.
Quatre cents camarades à peine avaient
renoncé aux plaisirs du dimanche pour
venir entendre, salle Favié, la défense des
expulsés de Châtellerault.
Le bureau est rapidement constitué, et le
feu est ouvert par le citoyen Bourderon,
président, qui commence par se plaindre
que la commission d'organisation ait re-
fusé de fixer la réunion à deux heures pour
permettre aux délégués fatigués d'aller se
coucher.
Viennent ensuite d'amples détails sur les
incidents du congrès.
La paperasserie
Les broussistes avaient la majorité des
individualités, les allemanistes représen-
taient celle des groupes.
Les premiers, voulant être les maîtres,
ont foulé aux pieds l'article du règlement
qui donne à chaque fédération le droit da
nommer des délégués pour examiner les
mandats, et ils ont fait élire à main levée
le bureau par la commission de vérifica-
tion des pouvoirs, qui, au lieu de se reti-
rer pour travailler dans les coulisses du
théâtre, ou à la rigueur dans la loge du
concierge, a commis le crime d'aller tri-
patouiller chez le « marchand de vin »
d'en face.
Au bout de deux heures, ces éplucheurs,
qui avaient nom Lavy, Paulard, Odinet.
Brizon, Limouzin, sont revenus proclamer
la liste des groupes acceptés et de ceux dont
les pouvoirs étaient contestés.
Parmi ces derniers, celui de Saint-Ouen,
réputé inconnu; un-autre comme devant;
huit francs à l'Union fédérative, et enfin
les délégués de la fédération des Ardennes,
dont le mandat était signé simplement pac
le secrétaire de la fédération au lieu de
l'être par les présidents de chaque groupe..
On avait dû ainsi procéder à cause du man-
que de temps.
La commission ne voulut dès lors accor-
der qu'une voix à la fédération, qui repré-
sentait, paraît-il, sept mille ouvriers.
Le vote par appel de groupe et par appe;
nominal, repoussé pour faire place au vota
à main levée, ratifia les prétentions de la
commission.
Devant une aussi monstrueuse injustice,
devant cette fuite des responsabilités et ce
souci exagéré de la paperasserie, les délé-
gués se retirèrent.
Telle est à peu près l'histoire que vont
raconter, l'un après l'autre, les quinze dé-
légués, en l'agrémentant de variantes peu
intéressantes.
Pot-pourri
Le citoyen Lenormand n'est pas con -
vaincu et demande si les délégués ne se
sont pas simplement retirés parce qu'ils
n'avaient pas le courage de rester dans un
congrès où ils se trouvaient en minorité.
t Ce sceptique-est vite remis à sa place, et
le citoyen Clément,après avoir rappelé que,..
IéS hommes ne gopt vien, et les Drincil)"
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