Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-06-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 26 juin 1890 26 juin 1890
Description : 1890/06/26 (A19,N6737). 1890/06/26 (A19,N6737).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75602763
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N® 6,737 CINO Centimes — Paris et Départements — CINQ Centimes jeudi suuinisoû
T FFL "VIVE GIÊPÏ V
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
;14S, Rue Montmartre
PARIS
DIRECTEUR POLiTIQUE
A. ÉDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ÂBONNEMEIIT :
Paris.*?. THUBM*-, 6f.; Siimis, il Li 1. U, SOL
Départements — 7L; — 12 U — 241
Union Postale — 9:.; — 16 L; — 32 F
£ 4$ abonnement» partent de» 1** et 15 de chaque mois.
Adresse télégraphique : XIXe SIÈCLE — PARIS
Téléphone : 20.280 bit.
ADMINISTRATION
14S, BLiao A £ oxitmaj.*trei
PARIS
.tIIISEUIS D'AMOIlCES
MM. LAG RANGE, CERF ft (Jlf
6, plœe de ta Bomrte, 9-
PIII DE L'ABONNEMENT :
ParIs. MM; 6U SIMM, lit; t~ 201
Départements — 7L; — 121; — 24L
Union Postale — 9t.; — 1IL; — ML
Lu abonnements pardong dm 1" et I5de ehaqaemoiê
Adressa tâlégntphiqtM : XIX- SIÈCLE — PABXS
TUèpbOi* : 20.289 bU.
LA
Oucstion de ZanziDar
Il ne nous convient pas d'envenimer
an différend qui paraît assez grave,
moins encore par l'importance des in-
térêts engagés que par la singularité
des procédés employés à l'égard de la
France. Mais nous ne pouvons laisser
passer sans protestation l'étrange dé-
claration que le sous-secrétaire d'E-
tat anglais aux affaires étrangères,
sir James Fergusson, vient de faire à
la Chambre des communes.
Selon le lieutenant de lord Salis-
bury, l'établissement du protectorat
britannique à Zanzibar n'affecterait en
rien l'engagement que la France et
l'Angleterre ont pris mutuellement de
maintenir l'indépendance du sultan qui
règne sur cette île et qui régnait na-
guère sur toute la côte de Zanguébar.
Une telle affirmation est si manifes-
tement contraire à la vérité qu'il est
impossible de deviner par quels argu-
ments le cabinet de Londres essayera
de la justifier. Cela a l'air d'un défià la
logique et au bon sens. - -
Nous comprenons fort bien que les
Anglais aient envie de prendre Zanzi-
bar. C'est une position avantageuse
âu point de vue stratégique comme au
point de vue commercial. Ceux des
Allemands qui désapprouvent l'accord
récemment conclu disent que c'est la
clef de l'Afrique orientale et que M.
de Caprivi, en l'abandonnant aux An-
glais, a sacrifié les intérêts de l'em-
pire germanique. M. Stanley déclare
que c'est une possession infiniment
plus précieuse que le rocher d'Helgo-
land. Allons plus loiIL: la main-mise
sur Zanzibar est une conséquence né-
cessaire de la politique britanique
dans cette partie du monde, le com-
plément naturel des annexions accom-
plies depuis quelques années.
Le faible souverain dont on dispose
ainsi a donné d'avance son consente-
ment à l'acte qui le retranche de la
liste des princes indépendants. Il n'a
rien à refuser à la force et on lui fe-
rait aussi aisément signer son abdica-
tion ou même son arrêt de mort.
Si lord Salisbury nous avait de-
mandé notre consentement, comme il
a demandé celui de l'Allemagne, nous
Saurions assurément pas répondu par
une fin de non-recevoir absolue. Les
concessions mutuelles entretiennent
l'amitié. Nous possédons dans nos ar-
chives un petit papier au bas duquel
un ambassadeur de la reine Victoria,
dûment autorisé, a librement apposé
sa signature. Ce papier est aujour-
d'hui gênant pour les Anglais ; ils
n'avaient qu'à nous le redemander;
nous le leur aurions apparemment
rendu sans trop nous faire prier,
moyennant une application honnête
du principe des compensations. En
échange de cette renonciation au droit
qui nous appartient de mettre obs-
tacle à une annexion anglaise, nous
aurions pu réclamer un équivalent de
même nature, une renonciation ana-
logue de la part du gouvernement
britannique, qui aurait promis, par
exemple, de ne plus entraver notre
action à Tunis, à Madagascar ou
même nn-ic Nouvelles-Hébrides.
La neutralité des Nouvellcs-kébri-
des est, en effet, garantie par un en-
gagement tout pareil à celui qui ga-
rantit l'indépendance de Zanzibar.
C'est en vertu de ce pacte que nous
avons consenti à retirer nos troupes
de cet archipel océanien, quoique
cette retraite fût pour nous très pé-
nible.
L'occasion était même excellente
pour mettre fin à un certain nombre
de litiges coloniaux, pour déterminer
nettement la sphère d'influence de la
France et de l'Angleterre en Afrique
et en Océanie, pour régler quelques-
unes des questions qui entretiennent
une sorte de conflit tour à tour latent
ou avoué entre les deux grandes na-
tions occidentales.L'entente n'était pas
difficile. Nous ne sommes pas, pour le
moment, en proie à la fièvre d'expan-
sion qui nous lança naguère dans
deux ou trois grandes entreprises, et
nos voisins d'outre-Manclie ont tant
pris de territoires depuis quelques an-
nées que leur appétit doit être calmé.
C'est précisément pour cela que
nous ne parvenons pas à nous expli-
quer pourquoi lord Salisbury traite
rengagement signé en 1862, - au nom
ue la reine Victoria, par lord Cowley,
comme Ninon de Lenclos traitait le
billet qu'avait La Châtre. Tant de
légèreté étonne de la part de gens qui
se piquent d'être sérieux. Certain per-
sonnage de comédie, qui n'est pas un
modèle tt proposer à un grand peuple,
semble aller un peu loin en disant :
u Je tourne la loi, donc je là respecte."
Le cabinet de Londres va encore plus
loin que maître Guérin, puisqu'il nous
dit, ou peu s'en faut : « Je viole ma
promesse, mais je la respecte. »
Laissons à lQtrG ministre des affai-
res étrangères le soin de défendre la
dignité et les intérêts de la France,
puisqu'il a demandé à la Chambre
quelques jours de crédit et qu'elle les
lui a accordés. Mais nous espérons
qu'il réglera la question de Zanzibar
d'une façon complète et définitive, si
le gouvernement britannique se mon-
tre disposé à effacer l'effet déplorable
produit par son procédé. Nous ne sau-
rions nous contenter d'explications
entortillées, ni de distinctions subtiles
tendant à prouver que le sultan de
Zanzibar reste indépendant tout en de-
venant protégé anglais. Il faut que
nous donnions notre consentement
moyennant compensations, ou que
nous le refusions nettement, en met-
tant l'Angleterre au défi de violer ou-
vertement la parole donnée. La pire
solution serait celle qui consisterait à
imaginer une espèce de compromis
obscur en vertu duquel Zanzibar se-
rait Anglais sans l'être, conserverait
une espèce d'indépendance illusoire et
nominale. Nous avons assez d'une
question égyptienne sur les bras, assez
de matières à procès .et à conflits.
Le différend qui vient d'être sou-
levé peut avoir pour conséquence d'o-
bliger l'Angleterre à avouer qu'elle
se moque des traités qui la gênent; en
ce cas, il vaut mieux lui laisser toute
la honte de cet aveu, sans souscrire à
quelque interprétation jésuitique d'un
texte clair comme le jour. Mais il peut
aussi arriver que la conversation à
laquelle se livrent les deux ministres
des affaires étrangères aboutisse à
un arrangement où les intérêts des
deux nations seront réglés conformé-
ment à ce principe que chacun est
maître chez soi et chez ses protégés.
Dans les deux cas, nous souhaitons
qu'on parle sans ambages et qu'on
voie clair.
Le « XIX" Sièole » publiera demain la
« Chronique » par M. Francisque Sarcey.
LE CBÉOITFONCIER
M. Bouvier obligé de se prononcer. -
Double alternative. — Interpellation
certaine.
Comme nous l'avions annoncé, M. Rou-
vier a communiqué hier au conseil des mi-
nistres le texte de la réponse faitjs par M.
Christophle, gouverneur du Crédit foncier,
au rapport des inspecteurs des finances.
M. Rouvier aurait bien voulu se déchar-
ger sur le conseil des ministres du soin de
se prononcer; mais il a été chargé par ses
collègues de faire un rapport, et c'est sur
ses conclusions que le conseil des ministres
statuera définitivement.
Voici donc M. Rouvier placé dans cette
alternative :
Ou de reconnaître qu'il agissait avec la
plus coupable légèreté lorsqu'il refusait
d'envoyer, au mois de mars, un inspecteur
des finances au Crédit foncier et lorsque, le
13 avril,il adressait à M. Christophle un té-
moignage public de sa confiance;
Ou de déclarer qu'il ne s'est nullement
trompé et qu'il n'y a pas un mot de vrai
d:iDs les accusations lancées par un journal
qui lui a été longtemps tout dévoué et dont
il a décoré le directeur.
Etant donné le caractère de M. Rouvier,
il serait imprudent de prédire vingt-quatre
heures d'avance à quel parti il s'arrê-
tera.
On peut noter cependant comme symp-
tôme que le mouvement de baisse provoqué
par la publication anormale du rapport des
inspecteurs paraît enraye. Les actions du
Crédit foncier ont remonté hier de plus de
35 francs.
Toute cette singulière affaire ne se ter-
minera d'ailleurs pas par une différence
de Bourse. Il est en effet dès aujourd'hui
certain que la Chambre sera, dans tous les
cas, saisie de la question par voie d'inter-
pellation.
-
UN BRUIT ITALIEN
L'annexion de la Tunisie par la France
(D2 NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, SA juin.
Le Caffaro publie une grosse informa-
tion qui sent son Crispi d'une lieu Elle n'a
pas d'autre but que d'exciter l'opinion con-
tre la France.
Ce journal dit que la mobilisation de la
flotte française dans le but de procéder à
des expériences navales éveille de vives ap-
préhension au ministère des affaires étran-
gères, attendu qu'on y a quelques raisonsde
croire que la France, à la suite du traité
anglo-allemand, médite l'annexion défini-
tive de la Tunisie, comptant sur l'adhésion
tacite de l'Angleterre qui, de son côté, an-
nexerait ensuite l'Egypte.
LA PÈCHE DANS LES EAUX ANGLAISES
Encore un bateau français capturé
Le croiseur anglais Radwing vient de
capturer le bateau de pêche.îrançais VEtoile
du Nordy de Calais, pour avoir pratiqué la
pêche dans les eaux anglaises sur la côte de
Norfolk.
Le bateau a été amené à Grimsby, où il
est amarré côte à côte avec l'Auguste, qui
avait été saisi près de Saltfleet, la se-
maine dernière, pour un délit semblable.
LE NOUVEAU MINISTRE
DES FINANCES ALLEMAND
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlio, SA juin.
L'empereur a accepté la démission de m. de
Scholz, ministre des finances de Prusse, au-
quel il a conféré la grand'eroix de comman-
deur de l'ordre de la maison de Hohenzol-
lern.
M. MIquel, un des fondateurs du parti natio-
nal libéral, aujourd'hui bourgmestre à Franc-
fort-sur-Mein, est nommé ministre des finan-
ces: il entrera ell îobcUqus le i" juUlet.
GRANDS MAGASINS
LA QUESTION DES PATENTES
La législation des patentes. - Modifica-
tions successives. — Les projets en
présence.—Les grands magasins
et le commerce.
La commission du budget vient d'étudier
les modifications que M. Rouvier propose
d'apporter à la loi des patentes, et on a vu
la décision qu'elle a prise à c> sujet.
En réalité, c'est la question de l'agglomé-
ration commerciale, —ou, suivant le terme
employé par quelques-uns, de l'accapare-
ment de tous les commerces par un ^pe-
tit nombre de grandes maisons, - qui se
trouve ainsi posée devant la Chambre.
On ne saurait donc méconnaître l'impor-
tance du débat qui vient de s'engager.
Mais, pour bien connaître les conditions
dans lesquelles il se présente, il est néces-
saire de rappeler ce qu'ont été et ce que
sont les patentes, ainsi que les diverses
modifications qu'on voudrait y apporter.
L'impôt des patentes
L'impôt des patentes, tel qu'il existe au-
jourd'hui, a été institué par l'Assemblée
constituante en 1791.
Il se perçoit à l'aide d'un droit fixe et
d'un droit proportionnel.
Le premier dépend d'une taxe détermi-
née suivant la nature de la profession qu'on
exerce, et le seoond se calcule en prenant
le dixième de la valeur du loyer qu'on
occupe, chiffres qui se trouvent généra-
lement doublés avec les centimes addi-
tionnels.
Plusieurs modifications ont été successi-
vement introduites dans la législation des
patentes. C'est ainsi que depuis 1880 on a
ajouté au droit fixe et au droit propor-
tionnel une taxe supplémentaire pour les
maisons occupant habituellement plus de
dix employés « aux écritures, aux caisses,
à la surveillance, aux achats et aux ventes.,
En ce cas, chaque employé est taxé de
25 francs par an.
Depuis l'année dernière, une nouvelle
disposition a été établie pour la perception
de cette taxe supplémentaire.
L'amendement Charonnat
Au cours de la discussion de la loi des
finances de 1890, M. Charonnat présenta et
réussit à faire adopter, sous forme d'amen-
dement au budget, une proposition établis-
sant que les taxes par employé seraient
doublée, — c'est-à-dire portées à 50 francs,
- pour les maisons qui en occupent plus
de 5&X), et triplées (75 fr.) pour celles qui en
occupent plus de 1,000.
Cette nouvelle réglementation a été ap-
pliquée cette année, et on peut estimer à
5200,000 francs l'augmentation de recettes
qu'elle procurera au Trésor.
Ce chiffre, c'est M. Charonnat lui-même
qui l'a établi, d'après les données qui lui
avaient été fournies par M. le directeur gé-
néral des contributions directes.
Un exemple suffira amplement à démon-
trer qu'il n'est pas exagéré :
Le Louvre possède 1 employés imposa-
bles. Il payait, de ce chef, 33,350 f. d'impôts.
Il paiera, cette année, 97,050 fr., ce qui
fait un excédent de 58,700 fr.
Pour le Bon Marché, l'excédent est plus
considérable encore ; il est de 6.4,hOO fr.;
pour le Printemps, de 3,350 fr.
On arrive donc, pour ces trois établisse-
ments seulement, à une majoration de
131^50 fr.
Il est à remarquer que M. Charonnat
avait, en présentant son amendement,
très-nettement déclaré qu'il s'agissait « d'une
loi d'attente v.
La proposition Delattre
Déjà l'ancicnne Chambre avait pris en
considération une proposition de M. De-
lattre tendant à frapper les grosses mai-
sons de commerce d'après leur chiffre d'af-
faires.
La commission qui avait été nommée
pour examiner cette proposition a été una-
nime à la repousser, tout en reconnaissant
qu'il y avait quelque chose à faire dans cet
ordre d'idées.
Or, comme, d'après la loi de 1880, le tarif
des patentes doit être mis à jour tous les
cinq ans et qu'il doit justement être pro-
cédé à cette opération cette année, le mi-
nistre des finances a profité de la circon-
stance pour présenter un; certain nombre
de nouvelles modifications à la législation
des patentes.
Le projet du gouvernement
Il propose de doubler le droit fixe pour
les maisons ayant plus de trois cents em-
ployés. De 100 francs, il le porte à 200 fr.
Cette première réforme est, comme on le
voit, absolument insignifiante, et on aurait
tort de s'y attarder.
D'autre part, au lieu de conserver l'éche-
lonnement établi parJVI. Charonnat, M. Rou-
r vier demande purement et simplement de
doubler la taxe par employé dans les mai-
sons où ils seront plus de trois cents.
C'est, en somme, de ce côté une diminu-
tion qu'il offre sur le système inauguré
cette année, puisqu'il fait disparaître la tri-
ple taxe et qu'il limite la double taxe aux
maisons ayant plus de 300 employés, tan-
dis que celles en ayant plus de 300 y sont
assuj etties.
Mais, en compensation, le projet du gou-
vernement double le droit proportionnel
des grarrds magasins. Au lieu d'être fixé au
dixième de la valeur locative, il le serait
au cinquième.
Ainsi, le Louvre qui a à peu près un mil-
lion de loyer, paie actuellement 100,uOO fr.
de droit proportionnel au principal, ce qui
fait environ 200,000 fr. avec les centimes
additionnels. Il aurait à verser au Trésor,
avec le projet du gouvernement, 900,000 fr.
au , principal et A0u,000 fr. avec les centimes
additionnels.
C'est dire qu'au total il aurait environ
500,000 francs d'impôts. Il est bon de faire
remarquer à ce sujet que, comme son
chiffre d'affaires est d'environ 100 millions,
cela ferait qu'il aurait seulement sur ce
chiffre d'affaires 0,50 0/0 d'impôts.
Tel qu'il est, ce projet assurerait encore
à l'Etat une plus-value de deux à trois cent
mille francs.
Le projet de la commission du budget
La commission du budget présente, de
son côté, un contre-projet dont nous avons
déjà indiqué les bases.
11 s'agit de doubler la taxe par employé
pour les maisons n'ayant que cent per-
sonnes à leur service, au lieu de limiter ce
tarif à celles qui en ont plus de trois cents,
comme le demande M. Rouvier.
Quant au droit proportionnel, au lieu de
le porter ati cinquième, la commission du
budget voudrait qu'on le fixât au hui-
tième seulement de la valeur locative.
On n'aperçoit pas bien les avantages de
cette nouvelle solution, mais ses inconvé-
nients sautent aux yeux..
Elle diminue les charges dont le gouver-
nement propose de frapper les grands
magasins, pour les faire supporter par le
commerce moyen.
(1) Les grands magasins bénéficient, en effet,
d'une diminution importante sur le droit
proportionnel, et ce sont les négociants in-
termédiaires entre le haut et le petit com-
merce qui auront à payer la différence.
La proposition de M. Mesureur
Une association de commerçants consti-
tuée il y a déjà plusieurs années et qui, sous
le nom de « Ligue syndicale pour la défense
des intérêts du travail, de l'industrie et du
commerce », ne poursuit pas autre chose
que la révision complète et absolue de la
loi des patentes, a élaboré tout un projet
dont la Chambre se trouve actuellement
saisie et qui contient, en quelque sorte,
l'ensemble de leurs desidel'ata.
Ce projet, — ou, pour mieux dire, cette
proposition, — a été déposé le SA février
dernier par MM. Mesureur, Lockroy, Emile
Ferry, Foiliet, Lacroix, Rabier, Jacques,
Pajot, Maujan, Euiiie Moreau, Cousset, Hen-
ri Mathé, Lacote, Jullien, Leydet, de Do 3
ville-Maillcfeu, Félix Mathé, Clémenceau,
Camille Dreyfus, Viette, Pichon, Barodet,
Arène, Lagnel, de Lanessan, Henri Bris-
son. Millerand, Chautemps, Dethou, Jules
Gaillard, Saint-Germain (Oran), Pierre
Aiype, Marmottan, Jamais, Chassai ng, Bi-
zouard-Bert.
Eile n'en présente un système tout à fait
nouveau et qui ne ressemble en rien à
celui qui est. appliqué en ce moment, ni à
ceux que proposent le gouvernement et la
commission du budget.
Ce que demandent les commerçants
Comme aujourd'hui, la patente se perce-
vrait à l'aide d'un droit fixe et d'un droit
proportionnel.
Le droit fixe se composerait de trois
taxes. La première serait déterminée d'a-
près la valeur du loyer occupé, au lieu de
l'être d'après la nature du commerce exercé,
— c'est-à-dire qu'on diviserait les patentes
en dix classes, suivant l'importance de leur
loyer.
La première classe, qui vise les maisons
ayant plus de 203,000 francs de loyer, fixe
le droit auquel elles sont assujetties à
10,000 francs.
En outre, lorsqu'une maison fait plus de
quatre genres de commerce, elle paie pour
chaque commerce supplémentaire le même
droit de 10,000 fr.
Ii en résulte qu'un magasin exerçant 80
commerce aurait à payer 70 droits fixes,
.oit 760,000 francs.
La seconde taxe du droit fixe est établie
progressivement d'après le nombre des em-
ployés, mais « des employés à un titre quel-
conque ».., Ainsi, un commerçant ayant un
employé serait imposé d'un franc par an,
s'il en avait deux, de S francs pour chacun
d'eux, soit h francs; s'il en avait dix, de
10 francs pour chacun d'eux, soit 100 fr. :
s'il en avait mille, de 1,000 fr. pour chacun
d'eux, soit un million, etc.
Quant à la troisième taxe, elle depend du
nombre de voitures.
Enfiu,reste le droit proportionnel qui de-
meure établi d'après le dixième de la valeur
locative pour les maisons ayant plus d'un
million de loyer, et qui descend au fur et à
mesure, suivant l'importance des locaux
occupés.
Pour compléter cet exposé sommaire des
mesures fiscales imaginées pour rendre
moins inégales les charges qui pèsent d'une
part sur les grands magasins, d'autre part
sur les commerçants petits et grands, nous
ajouterons que ces divers projets, et sur-
tout le dernier, sont combattus avec une
ardeur extrême par les journaux les moins
habitués à marcher d'accord.
MORT DU BARON MARIANI
M. le baron Mariani, qui fut député de la
Corse et chambellan honoraire de l'empe-
reur Napoléon III, a succombé hier matin
à Paris, aux suites d'une courte maladie,
dans sa soixante-quinzième année.
, M. Mariani, ancien chef d'escadron d'étqt-
major, avait été également chevalier d'hon-
neur de la princesse Clotilde. Il était offi-
cier de la Légion d'honneur.
ALLUMETTES IGNIFUGES
Tisons contre l'incendie. — Excellente
régie I.
Les allumettes de la régie s'étaient con-
quis une légitime célébrité comme moyen
ignifuge, et tout le monde a le souvenir
d'en avoir consumé une pleine boîte sans
arriver à allumer une bougie. Les tisons que
l'on vend aux fumeurs sont en train de
faire concurrence à ces-allumettes célèbres.
Dans les premiers temps qu'on en vendait,
jamais un seul ne ratait, mais maintenant
il faut en brûler trois ou quatre avant
d'allumer un cigare. Encore n'en trouve-
t-on pas partout. L'autre jour, un de nos
collaborateurs a vainement cherché à s'en
procurer une boîte depuis la porte de
Montrouge jusqu'à Sceaux. Partout on lui
répondait que la provision était épuisée
et que l'on ne pouvait s'en procurer à la
régie.
EN COUR D'ASSISES
Nous apprenons que la Petite République
française a reçu, hier, une assignation à
comparaître en cour d'assises le II juillet
prochain, pour avoir à y répondra d'une
accusation de « diffamation envers un fonc-
tionnaire. »
19 Il s'agit des poursuites intentées par M.
l'amiral Aube à divers journaux qui avaient
dit qu'il était l'inspirateur, sinon le rédac-
teur des articles du XIXe Siècle et de la
Lanterne contre M. Charles Duperré.
La Petite République française a. faitchoix
de M, Andrieux, son ancien directeur poli-
tique, pour la défendre.
Nous avons déjà dit que M. l'amiral Aube
sera représenté a la barre par M. René Go-
ulet, président du conseil dans le cabinet
dont faisait partie l'ancien ministre de la
marine,
LE TRAITÉ SUISSE-ALLEMAND
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, W4 juin.
Le Conseil national a ratifié à l'unanimité et
sans discussion le traité d'établissement avec
1 Allemagne,/
LAVIEDEPARIS
Quoiqu'il ne fasse pas trop beau temps,
les Parisiens, qui sont gens de tradition
bien plus qu , on ne le pense, n'en font pas
moins leur tour à la foire de Neuilly.
Mais si cette foire est restée une prome-
nade consacrée par l'usage, elle a beau-
coup perdu, selon moi, à n'être plus du
tout une foire de marchandises, comme
elle fut à l'origine et comme je l'ai en-
oore vue. Les ainateuts de pittoresque,
qui aiment les paysages et les mœurs de
la rue, apprécient par-dessus tout les foi-
res où se font des transactions commer-
ciales. On y trouve des bibelots parfois
des raretés ou des singularités ; a défaut
de ces trouvailles heureuses chez les
« bric-à-bracs », on peut se réjouir tou-
jours à la comédie éternelle du marchand
et de l'acheteur. Ces sortes de foires, qui
sont encore très nombreuses et parfois
très brillantes à l'étranger, se font rares
en France. Je ne sais guère que la foire de
Boaucaire qui soit encore très digne d'ex-
citer la curiosité et l'admiration d'un
artiste.
Il trouve là un étalage de marchan-
dises, des campements en plein air, une
agglomération de peuple tout à fait inté-
ressante, sans parler de la Vénus d'Arles,
qui vient y acheter les lourds pendants
d'oreilles et les chaînes d'or et d'argent
dont sa beauté se passerait bien mais dont
sa coquetterie raffole. Ailleurs, les foires
sont ou bien spéciales, marchés à che-
vaux, à bestiaux, à légumes, ou bien de
simples réunions de nombreuses curio-
sités et de teneurs de jeux publics.
C'est là qu'en est la foire de Neuilly.
Et ici, comme en d'autres circonstanceS,
j'en suis réduit à maudire le progrès qui
m'a gâté les choses en les perfectionnant.
Les forains sont devenus trop civilisés.
Leurs chevaux de bois sont trop magni-
fiques, mus par la vapeur, et leurs jeux
sont installés avec une somptuosité en-
nemie du pittoresque. Tout ce monde-là
perd son cachet de bohème, ne campe
plus, tourne à l'entrepreneur de spec-
tacles.
Tel forain a l'allure d'un vrai directeur
de théâtre et me parait capable de « tri-
patouiller" un manuscrit, tout comme
un autre. L'art primitif et naïf a dis-
paru. On chercherait en vain, dans toute
la foire de Neuilly, la Tentation de Saint-
Antoine, Y Histoire de Geneviève et du
traître Golo, expliquées en de magnifi-
ques tableaux. Pas même un dernier
élève du caniche Munito, qui jouait aux
dominos et se faisait fusiller en un drame
militaire émouvant. La science, envahis-
sant même le champ de foire, nous offre
des spectacles « instructifs e), des cabi-
nets de physique, des vues géographi-
ques de tous les pays. Je n'en nie pas
l'intérêt; mais, à la foire, je cherchais vo-
lontiers un plaisir autre.
Aussi, je-n'entre que dans les petites et
misérables boutiques clairsemées entre
ies superbes installations des entreprises
théâtrales et des ménageries quasi-offi-
cielles. Parmi ces boutiques simples, il
faut compter les lutteurs. On pourrait
eroire, vu le goût de certains Parisiens et
de certaines Parisiennes pour le spectacle
de la lutte, que les entrepreneurs se lais-
seraient aller à la mode et auraient
quelque boutique spacieuse, une belle
arène, rappelant un hippodrome. Quoi-
que les recettes qu'ils font leur permis-
sent de se payer quelque luxe,, ils n'ont
pas voulu le faire. En quoi j'imagine
qu'ils ont eu, au moins d'instinct, une
visée de philopsophes et qu'ils ont mon-
tré une grande connaissance du coeur
humain.
Un jour que je demandais à un cafetier
bien connu du boulevard pourquoi il
n'agrandissait pas son établissement,
pourquoi, tout au moins, il n'en modi-
fiait pas, en le modernisant, le mobilier
à l'aspect suranné et provincial, il me
répondit qu'en améliorant il gâterait le
caractère de sa maison. Ainsi ont raisonné
sans doute les lutteurs, estimant avec
vérité que les trois quarts du charme que
certains et certaines trouvaient en leur
boutique mal éclairée, mal agencée, c'é-
tait l'aspect bohème et un tantinet ca-
naille. On est là, les pieds sur la terre
battue, sur de méchantes chaises : mais
on voit de près les athlètes demi-nus, on
les touche presque ; on entend les han !
qui sortent de leurs poitrines velues et
on y respire l'acre sueur de leurs corps.
A ces conditions, on aime la lutte et on
« est dans le train » en y assistant.
Il paraît qu'il en allait de la sorte aux
derniers temps de Rome et que les da-
mes, ne pouvant descendre dans l'arène,
se disputaient les places aux premiers
rangs. L'humanité ne change pas beau-
coup, et souvent, quand on observe avec
un peu de soin ce qu'on voit autour de
soi, il semble qu'on ne fasse que se sou-
venir de ce qu'on a appris du pasé.
De pauvres petites boutiques intéres-
santes encore sont celles des somnam-
bules, qui s'appellent souvent encore
« Mlle Prudence », quoique la Prudence
première de nom soit morte il y a vingt
ans, je crois. Mais l'intérêt qu'on peut
trouver aux somnambules est presque
navrant. Ce sont de pauvres filles, laides
à faire peur, qui, en vous promettant
toute sorte de bonheurs seraient bien in-
capables de vous offrir le moindre agré-
ment. Elles récitent d'ailleurs, d'une
voix dolente, un stupide et monotone
boniment, mal approprié par leur bêtise
à ceux qui vont les consulter.
Le sorcier de Mabille était autrement
malin, avec sa petite police, assez bien
faite, qui lui permettait parfois d'éton-
ner les interrogateurs. Le somnam-
bulisme forain est un art qui se perd.
Moins triste que la somnambule est
la Lemme géants, qu'un jpeu
ne dépare pas et qui fait toucher sel
mollets.aux amateurs, moyennant cin-
quante centimes, pour ses petits pro-
fits. Ce qui donne une fière idée-
ou une triste idée des hommes— c'est
que ces femmes géantes sont assez régu-
lièrement l'objet, de propositions dés-
honnêtes de la part d'hommes « très
bien ».
C'est un goût bizarre, et je ne vois pas
très bien comment Schopenhauer expli-
querait ce piège de la nature. Au moins,
avec les géantes, on est à peu près sûr de
ne pas se tromper de sexe, ce qui peut
arriver pour les femmes-torpille. Ces
jours-ci, en effet, les agents de la sûreté.
qui ont toujours quelque bonne aubaine
dans les foires, ont cueilli une femme-
torpille qui, même ses exercices finis,
gardait ses jupons, et qui n'était autre
qu'un grand gaillard recherché pour
avoir crevé l'œil à sa maîtresse d'un coup
de couteau. Bonne prise, paraît-il ; mais
il ne manquait plus que cet à-coup pour
déconsidérer les pauvres phénomènes que
j'aimais tant!
Henry Fouquier.
UN PRÉSIDENT DE RÉPUBLIQUE
EMPOISONNÉ
^D'CN CORRESPONDANT)
New-York, a4 juin.
Une dépêche de San-Salvador annonça
que le général Menendez, président de la
République, est mort subitement dimanche
soir, à la fia d'un banquet offert à Pocca-
sion du cinquième anniversaire de son ar-
rivée au pouvoir et de la défaite de la
faction Zaïdivar.
La mort du président Menendez a occa-
sionné une échauffourée au cours de la-
quelle le général Marcia et quelques autres
officiers ont été tuéo à ia caserne.
Le général Carloi Czeta, commandant en
chef des troupes, a pris la direction des af-
faires; la tranquillité est rétablie.
UN ACCIDENT A ST WAQUIAGT0N
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, Wi juin.
Samedi dernier, Mme Waddington, l'am-
bassadrice, a été victime d'un accident qui
aurait pu avoir des suites fort graves. Elle
se promenait à cheval dans Hyde Park,
lorsqu'un cavalier vint la heurter si vio-
lemment qu'élle et sa monture furent jetées
à terre.
Mme Waddington put regagner à pied
l'ambassade française et l'on avait lieu do
croire qu'elle n'aurait point à souffrir do
sa chute. Malheureusement il n'en a pas été
ainsi et elle dut s'aliter.
Mme Waddington va déjà beaucoup
mieuxj toutefois elle ressent encore des
douleurs d&ns le côté gauche et elle devra
garder le lit une semaine ou deux.
UNE VILLE DÉTRUITE
-
, L'incendie de t'ort-de-France
Un télégramme du gouverneur de la
Martinique, adressé au sous-secrétaire d'E -
tat aux colonies, annonce que la viUc da
Fort-de-Frauce vient d'être aux trois quarts
détruite par un incendie.
Cinq à six mille personnes sont sans abri
et sans pain. -
Le gouverneur fait appel à la générosité
de la métropole, atin de venir en aide à la
population victime de ce sinistre.
Fort-de-France, le chef-lieu de la Marti-
nique, est le siège de l'administration et
non la ville la plus importante de l'île. Le
commerce est concentré à Saint-Pierre, où
règne constamment une grande activité.
[Nos renseignements.
Dès que M. Deproge, député de la Marti-
nique, a eu connaissance de la nouvelle, il
S'est rendu au sous-secrétariat des colo-
nies, afin d'avoir des renseignements plus
explicites. Mais aucun détail nouveau n'é-
tait parvenu à M. Etienne.
ioutefois, d'après les dépêchés reçues-à
Paris par des particuliers, on peut se ren-
dre compte assez exactement de la catas-
trophe qui vient de frapper Fort-de-France.
Li centre de la ville a surtout souffert.
La rue Schœlcher,- la rue Saint-Louis, la
rue Victor-Hugo auraient été balayées par
ce formidable incendie. Ce qui le laisse
supposer, c'est qu'une maison élevée à
l'angle des rues Schœ:cher et Saint-Louis
a éié la proie des flammes. Cest là que
se trouvait le quartier commerçant de la
ville, et l'on sait d'autre part que plusieurs
immeubles sis rue Victor-Hugo ont été
brûlés.
Ainsi donc, toute la partie de la ville
comprise entre la rue Saint-Louis, la Sa-
vane et la mer aurait disparu. Dans cette
partie se trouvaient les postes et télégra-
phes. Les communications se font très fa-
cilement d'ailleurs entre Fort-de-France
et Saint-Pierre d'où part le câble.
Il ne resterait donc de Fort-de-Francd
que le quartier du Carénage, qui se trouva
au nord de la Savane. Ce qui fait dire ce-
la, c'est qu'une propriété attenant à l'hôtel
du gouverneur et appartenant à M. Bouc.
genot a été épârgneô.
Dans le Carénage se trouvent le quartier
de l'artillerie, les subsistances maritimes, 1»
quartier des filles et la population ordi-
naire qui avoisine les casernes.
C'est dans la nuit de dimanche à lundi
que l'incendie a commencé ses ravages. La
dépêche du gouverneur a dû être portée
lundi matin à 10 heures à Saint-Pierre, et
de Saint-Pierre il faut douze heures po ur
qu'elle arrivf; a l'(F.
Quant au\ victime-, y en r-t-iJOu ne le
.sait encore, mais malheureusement il faut
le supposer.
Fort-de-France
Fort-docompte 12.00C' habitant*
de population urbaine ,t'l'Op" :;-¡(', t 11, l':'.
La ville, elle, est située sur le côté nord
de la magnifique baie de ce nom. Elle a
pour limites les derniers contreforts du
.morne sur lequel s'élève le fort Desaix, du
côté de l'est ; au nord, la rivièrfe Madame ; à
l'ouest et au sud, la mer.
Le terrain sur lequel elle est bâtie, élevé
de trois ou quatre mètres au-dessus du
niveau de la mer,provient d'alluvions reian
tivement récontee.
Rien de plus régulier que cette charmante
ville qui n'est plus qu'un monceau de
raines; plusieurs rues principales pFl
T FFL "VIVE GIÊPÏ V
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
;14S, Rue Montmartre
PARIS
DIRECTEUR POLiTIQUE
A. ÉDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ÂBONNEMEIIT :
Paris.*?. THUBM*-, 6f.; Siimis, il Li 1. U, SOL
Départements — 7L; — 12 U — 241
Union Postale — 9:.; — 16 L; — 32 F
£ 4$ abonnement» partent de» 1** et 15 de chaque mois.
Adresse télégraphique : XIXe SIÈCLE — PARIS
Téléphone : 20.280 bit.
ADMINISTRATION
14S, BLiao A £ oxitmaj.*trei
PARIS
.tIIISEUIS D'AMOIlCES
MM. LAG RANGE, CERF ft (Jlf
6, plœe de ta Bomrte, 9-
PIII DE L'ABONNEMENT :
ParIs. MM; 6U SIMM, lit; t~ 201
Départements — 7L; — 121; — 24L
Union Postale — 9t.; — 1IL; — ML
Lu abonnements pardong dm 1" et I5de ehaqaemoiê
Adressa tâlégntphiqtM : XIX- SIÈCLE — PABXS
TUèpbOi* : 20.289 bU.
LA
Oucstion de ZanziDar
Il ne nous convient pas d'envenimer
an différend qui paraît assez grave,
moins encore par l'importance des in-
térêts engagés que par la singularité
des procédés employés à l'égard de la
France. Mais nous ne pouvons laisser
passer sans protestation l'étrange dé-
claration que le sous-secrétaire d'E-
tat anglais aux affaires étrangères,
sir James Fergusson, vient de faire à
la Chambre des communes.
Selon le lieutenant de lord Salis-
bury, l'établissement du protectorat
britannique à Zanzibar n'affecterait en
rien l'engagement que la France et
l'Angleterre ont pris mutuellement de
maintenir l'indépendance du sultan qui
règne sur cette île et qui régnait na-
guère sur toute la côte de Zanguébar.
Une telle affirmation est si manifes-
tement contraire à la vérité qu'il est
impossible de deviner par quels argu-
ments le cabinet de Londres essayera
de la justifier. Cela a l'air d'un défià la
logique et au bon sens. - -
Nous comprenons fort bien que les
Anglais aient envie de prendre Zanzi-
bar. C'est une position avantageuse
âu point de vue stratégique comme au
point de vue commercial. Ceux des
Allemands qui désapprouvent l'accord
récemment conclu disent que c'est la
clef de l'Afrique orientale et que M.
de Caprivi, en l'abandonnant aux An-
glais, a sacrifié les intérêts de l'em-
pire germanique. M. Stanley déclare
que c'est une possession infiniment
plus précieuse que le rocher d'Helgo-
land. Allons plus loiIL: la main-mise
sur Zanzibar est une conséquence né-
cessaire de la politique britanique
dans cette partie du monde, le com-
plément naturel des annexions accom-
plies depuis quelques années.
Le faible souverain dont on dispose
ainsi a donné d'avance son consente-
ment à l'acte qui le retranche de la
liste des princes indépendants. Il n'a
rien à refuser à la force et on lui fe-
rait aussi aisément signer son abdica-
tion ou même son arrêt de mort.
Si lord Salisbury nous avait de-
mandé notre consentement, comme il
a demandé celui de l'Allemagne, nous
Saurions assurément pas répondu par
une fin de non-recevoir absolue. Les
concessions mutuelles entretiennent
l'amitié. Nous possédons dans nos ar-
chives un petit papier au bas duquel
un ambassadeur de la reine Victoria,
dûment autorisé, a librement apposé
sa signature. Ce papier est aujour-
d'hui gênant pour les Anglais ; ils
n'avaient qu'à nous le redemander;
nous le leur aurions apparemment
rendu sans trop nous faire prier,
moyennant une application honnête
du principe des compensations. En
échange de cette renonciation au droit
qui nous appartient de mettre obs-
tacle à une annexion anglaise, nous
aurions pu réclamer un équivalent de
même nature, une renonciation ana-
logue de la part du gouvernement
britannique, qui aurait promis, par
exemple, de ne plus entraver notre
action à Tunis, à Madagascar ou
même nn-ic Nouvelles-Hébrides.
La neutralité des Nouvellcs-kébri-
des est, en effet, garantie par un en-
gagement tout pareil à celui qui ga-
rantit l'indépendance de Zanzibar.
C'est en vertu de ce pacte que nous
avons consenti à retirer nos troupes
de cet archipel océanien, quoique
cette retraite fût pour nous très pé-
nible.
L'occasion était même excellente
pour mettre fin à un certain nombre
de litiges coloniaux, pour déterminer
nettement la sphère d'influence de la
France et de l'Angleterre en Afrique
et en Océanie, pour régler quelques-
unes des questions qui entretiennent
une sorte de conflit tour à tour latent
ou avoué entre les deux grandes na-
tions occidentales.L'entente n'était pas
difficile. Nous ne sommes pas, pour le
moment, en proie à la fièvre d'expan-
sion qui nous lança naguère dans
deux ou trois grandes entreprises, et
nos voisins d'outre-Manclie ont tant
pris de territoires depuis quelques an-
nées que leur appétit doit être calmé.
C'est précisément pour cela que
nous ne parvenons pas à nous expli-
quer pourquoi lord Salisbury traite
rengagement signé en 1862, - au nom
ue la reine Victoria, par lord Cowley,
comme Ninon de Lenclos traitait le
billet qu'avait La Châtre. Tant de
légèreté étonne de la part de gens qui
se piquent d'être sérieux. Certain per-
sonnage de comédie, qui n'est pas un
modèle tt proposer à un grand peuple,
semble aller un peu loin en disant :
u Je tourne la loi, donc je là respecte."
Le cabinet de Londres va encore plus
loin que maître Guérin, puisqu'il nous
dit, ou peu s'en faut : « Je viole ma
promesse, mais je la respecte. »
Laissons à lQtrG ministre des affai-
res étrangères le soin de défendre la
dignité et les intérêts de la France,
puisqu'il a demandé à la Chambre
quelques jours de crédit et qu'elle les
lui a accordés. Mais nous espérons
qu'il réglera la question de Zanzibar
d'une façon complète et définitive, si
le gouvernement britannique se mon-
tre disposé à effacer l'effet déplorable
produit par son procédé. Nous ne sau-
rions nous contenter d'explications
entortillées, ni de distinctions subtiles
tendant à prouver que le sultan de
Zanzibar reste indépendant tout en de-
venant protégé anglais. Il faut que
nous donnions notre consentement
moyennant compensations, ou que
nous le refusions nettement, en met-
tant l'Angleterre au défi de violer ou-
vertement la parole donnée. La pire
solution serait celle qui consisterait à
imaginer une espèce de compromis
obscur en vertu duquel Zanzibar se-
rait Anglais sans l'être, conserverait
une espèce d'indépendance illusoire et
nominale. Nous avons assez d'une
question égyptienne sur les bras, assez
de matières à procès .et à conflits.
Le différend qui vient d'être sou-
levé peut avoir pour conséquence d'o-
bliger l'Angleterre à avouer qu'elle
se moque des traités qui la gênent; en
ce cas, il vaut mieux lui laisser toute
la honte de cet aveu, sans souscrire à
quelque interprétation jésuitique d'un
texte clair comme le jour. Mais il peut
aussi arriver que la conversation à
laquelle se livrent les deux ministres
des affaires étrangères aboutisse à
un arrangement où les intérêts des
deux nations seront réglés conformé-
ment à ce principe que chacun est
maître chez soi et chez ses protégés.
Dans les deux cas, nous souhaitons
qu'on parle sans ambages et qu'on
voie clair.
Le « XIX" Sièole » publiera demain la
« Chronique » par M. Francisque Sarcey.
LE CBÉOITFONCIER
M. Bouvier obligé de se prononcer. -
Double alternative. — Interpellation
certaine.
Comme nous l'avions annoncé, M. Rou-
vier a communiqué hier au conseil des mi-
nistres le texte de la réponse faitjs par M.
Christophle, gouverneur du Crédit foncier,
au rapport des inspecteurs des finances.
M. Rouvier aurait bien voulu se déchar-
ger sur le conseil des ministres du soin de
se prononcer; mais il a été chargé par ses
collègues de faire un rapport, et c'est sur
ses conclusions que le conseil des ministres
statuera définitivement.
Voici donc M. Rouvier placé dans cette
alternative :
Ou de reconnaître qu'il agissait avec la
plus coupable légèreté lorsqu'il refusait
d'envoyer, au mois de mars, un inspecteur
des finances au Crédit foncier et lorsque, le
13 avril,il adressait à M. Christophle un té-
moignage public de sa confiance;
Ou de déclarer qu'il ne s'est nullement
trompé et qu'il n'y a pas un mot de vrai
d:iDs les accusations lancées par un journal
qui lui a été longtemps tout dévoué et dont
il a décoré le directeur.
Etant donné le caractère de M. Rouvier,
il serait imprudent de prédire vingt-quatre
heures d'avance à quel parti il s'arrê-
tera.
On peut noter cependant comme symp-
tôme que le mouvement de baisse provoqué
par la publication anormale du rapport des
inspecteurs paraît enraye. Les actions du
Crédit foncier ont remonté hier de plus de
35 francs.
Toute cette singulière affaire ne se ter-
minera d'ailleurs pas par une différence
de Bourse. Il est en effet dès aujourd'hui
certain que la Chambre sera, dans tous les
cas, saisie de la question par voie d'inter-
pellation.
-
UN BRUIT ITALIEN
L'annexion de la Tunisie par la France
(D2 NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, SA juin.
Le Caffaro publie une grosse informa-
tion qui sent son Crispi d'une lieu Elle n'a
pas d'autre but que d'exciter l'opinion con-
tre la France.
Ce journal dit que la mobilisation de la
flotte française dans le but de procéder à
des expériences navales éveille de vives ap-
préhension au ministère des affaires étran-
gères, attendu qu'on y a quelques raisonsde
croire que la France, à la suite du traité
anglo-allemand, médite l'annexion défini-
tive de la Tunisie, comptant sur l'adhésion
tacite de l'Angleterre qui, de son côté, an-
nexerait ensuite l'Egypte.
LA PÈCHE DANS LES EAUX ANGLAISES
Encore un bateau français capturé
Le croiseur anglais Radwing vient de
capturer le bateau de pêche.îrançais VEtoile
du Nordy de Calais, pour avoir pratiqué la
pêche dans les eaux anglaises sur la côte de
Norfolk.
Le bateau a été amené à Grimsby, où il
est amarré côte à côte avec l'Auguste, qui
avait été saisi près de Saltfleet, la se-
maine dernière, pour un délit semblable.
LE NOUVEAU MINISTRE
DES FINANCES ALLEMAND
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlio, SA juin.
L'empereur a accepté la démission de m. de
Scholz, ministre des finances de Prusse, au-
quel il a conféré la grand'eroix de comman-
deur de l'ordre de la maison de Hohenzol-
lern.
M. MIquel, un des fondateurs du parti natio-
nal libéral, aujourd'hui bourgmestre à Franc-
fort-sur-Mein, est nommé ministre des finan-
ces: il entrera ell îobcUqus le i" juUlet.
GRANDS MAGASINS
LA QUESTION DES PATENTES
La législation des patentes. - Modifica-
tions successives. — Les projets en
présence.—Les grands magasins
et le commerce.
La commission du budget vient d'étudier
les modifications que M. Rouvier propose
d'apporter à la loi des patentes, et on a vu
la décision qu'elle a prise à c> sujet.
En réalité, c'est la question de l'agglomé-
ration commerciale, —ou, suivant le terme
employé par quelques-uns, de l'accapare-
ment de tous les commerces par un ^pe-
tit nombre de grandes maisons, - qui se
trouve ainsi posée devant la Chambre.
On ne saurait donc méconnaître l'impor-
tance du débat qui vient de s'engager.
Mais, pour bien connaître les conditions
dans lesquelles il se présente, il est néces-
saire de rappeler ce qu'ont été et ce que
sont les patentes, ainsi que les diverses
modifications qu'on voudrait y apporter.
L'impôt des patentes
L'impôt des patentes, tel qu'il existe au-
jourd'hui, a été institué par l'Assemblée
constituante en 1791.
Il se perçoit à l'aide d'un droit fixe et
d'un droit proportionnel.
Le premier dépend d'une taxe détermi-
née suivant la nature de la profession qu'on
exerce, et le seoond se calcule en prenant
le dixième de la valeur du loyer qu'on
occupe, chiffres qui se trouvent généra-
lement doublés avec les centimes addi-
tionnels.
Plusieurs modifications ont été successi-
vement introduites dans la législation des
patentes. C'est ainsi que depuis 1880 on a
ajouté au droit fixe et au droit propor-
tionnel une taxe supplémentaire pour les
maisons occupant habituellement plus de
dix employés « aux écritures, aux caisses,
à la surveillance, aux achats et aux ventes.,
En ce cas, chaque employé est taxé de
25 francs par an.
Depuis l'année dernière, une nouvelle
disposition a été établie pour la perception
de cette taxe supplémentaire.
L'amendement Charonnat
Au cours de la discussion de la loi des
finances de 1890, M. Charonnat présenta et
réussit à faire adopter, sous forme d'amen-
dement au budget, une proposition établis-
sant que les taxes par employé seraient
doublée, — c'est-à-dire portées à 50 francs,
- pour les maisons qui en occupent plus
de 5&X), et triplées (75 fr.) pour celles qui en
occupent plus de 1,000.
Cette nouvelle réglementation a été ap-
pliquée cette année, et on peut estimer à
5200,000 francs l'augmentation de recettes
qu'elle procurera au Trésor.
Ce chiffre, c'est M. Charonnat lui-même
qui l'a établi, d'après les données qui lui
avaient été fournies par M. le directeur gé-
néral des contributions directes.
Un exemple suffira amplement à démon-
trer qu'il n'est pas exagéré :
Le Louvre possède 1 employés imposa-
bles. Il payait, de ce chef, 33,350 f. d'impôts.
Il paiera, cette année, 97,050 fr., ce qui
fait un excédent de 58,700 fr.
Pour le Bon Marché, l'excédent est plus
considérable encore ; il est de 6.4,hOO fr.;
pour le Printemps, de 3,350 fr.
On arrive donc, pour ces trois établisse-
ments seulement, à une majoration de
131^50 fr.
Il est à remarquer que M. Charonnat
avait, en présentant son amendement,
très-nettement déclaré qu'il s'agissait « d'une
loi d'attente v.
La proposition Delattre
Déjà l'ancicnne Chambre avait pris en
considération une proposition de M. De-
lattre tendant à frapper les grosses mai-
sons de commerce d'après leur chiffre d'af-
faires.
La commission qui avait été nommée
pour examiner cette proposition a été una-
nime à la repousser, tout en reconnaissant
qu'il y avait quelque chose à faire dans cet
ordre d'idées.
Or, comme, d'après la loi de 1880, le tarif
des patentes doit être mis à jour tous les
cinq ans et qu'il doit justement être pro-
cédé à cette opération cette année, le mi-
nistre des finances a profité de la circon-
stance pour présenter un; certain nombre
de nouvelles modifications à la législation
des patentes.
Le projet du gouvernement
Il propose de doubler le droit fixe pour
les maisons ayant plus de trois cents em-
ployés. De 100 francs, il le porte à 200 fr.
Cette première réforme est, comme on le
voit, absolument insignifiante, et on aurait
tort de s'y attarder.
D'autre part, au lieu de conserver l'éche-
lonnement établi parJVI. Charonnat, M. Rou-
r vier demande purement et simplement de
doubler la taxe par employé dans les mai-
sons où ils seront plus de trois cents.
C'est, en somme, de ce côté une diminu-
tion qu'il offre sur le système inauguré
cette année, puisqu'il fait disparaître la tri-
ple taxe et qu'il limite la double taxe aux
maisons ayant plus de 300 employés, tan-
dis que celles en ayant plus de 300 y sont
assuj etties.
Mais, en compensation, le projet du gou-
vernement double le droit proportionnel
des grarrds magasins. Au lieu d'être fixé au
dixième de la valeur locative, il le serait
au cinquième.
Ainsi, le Louvre qui a à peu près un mil-
lion de loyer, paie actuellement 100,uOO fr.
de droit proportionnel au principal, ce qui
fait environ 200,000 fr. avec les centimes
additionnels. Il aurait à verser au Trésor,
avec le projet du gouvernement, 900,000 fr.
au , principal et A0u,000 fr. avec les centimes
additionnels.
C'est dire qu'au total il aurait environ
500,000 francs d'impôts. Il est bon de faire
remarquer à ce sujet que, comme son
chiffre d'affaires est d'environ 100 millions,
cela ferait qu'il aurait seulement sur ce
chiffre d'affaires 0,50 0/0 d'impôts.
Tel qu'il est, ce projet assurerait encore
à l'Etat une plus-value de deux à trois cent
mille francs.
Le projet de la commission du budget
La commission du budget présente, de
son côté, un contre-projet dont nous avons
déjà indiqué les bases.
11 s'agit de doubler la taxe par employé
pour les maisons n'ayant que cent per-
sonnes à leur service, au lieu de limiter ce
tarif à celles qui en ont plus de trois cents,
comme le demande M. Rouvier.
Quant au droit proportionnel, au lieu de
le porter ati cinquième, la commission du
budget voudrait qu'on le fixât au hui-
tième seulement de la valeur locative.
On n'aperçoit pas bien les avantages de
cette nouvelle solution, mais ses inconvé-
nients sautent aux yeux..
Elle diminue les charges dont le gouver-
nement propose de frapper les grands
magasins, pour les faire supporter par le
commerce moyen.
(1) Les grands magasins bénéficient, en effet,
d'une diminution importante sur le droit
proportionnel, et ce sont les négociants in-
termédiaires entre le haut et le petit com-
merce qui auront à payer la différence.
La proposition de M. Mesureur
Une association de commerçants consti-
tuée il y a déjà plusieurs années et qui, sous
le nom de « Ligue syndicale pour la défense
des intérêts du travail, de l'industrie et du
commerce », ne poursuit pas autre chose
que la révision complète et absolue de la
loi des patentes, a élaboré tout un projet
dont la Chambre se trouve actuellement
saisie et qui contient, en quelque sorte,
l'ensemble de leurs desidel'ata.
Ce projet, — ou, pour mieux dire, cette
proposition, — a été déposé le SA février
dernier par MM. Mesureur, Lockroy, Emile
Ferry, Foiliet, Lacroix, Rabier, Jacques,
Pajot, Maujan, Euiiie Moreau, Cousset, Hen-
ri Mathé, Lacote, Jullien, Leydet, de Do 3
ville-Maillcfeu, Félix Mathé, Clémenceau,
Camille Dreyfus, Viette, Pichon, Barodet,
Arène, Lagnel, de Lanessan, Henri Bris-
son. Millerand, Chautemps, Dethou, Jules
Gaillard, Saint-Germain (Oran), Pierre
Aiype, Marmottan, Jamais, Chassai ng, Bi-
zouard-Bert.
Eile n'en présente un système tout à fait
nouveau et qui ne ressemble en rien à
celui qui est. appliqué en ce moment, ni à
ceux que proposent le gouvernement et la
commission du budget.
Ce que demandent les commerçants
Comme aujourd'hui, la patente se perce-
vrait à l'aide d'un droit fixe et d'un droit
proportionnel.
Le droit fixe se composerait de trois
taxes. La première serait déterminée d'a-
près la valeur du loyer occupé, au lieu de
l'être d'après la nature du commerce exercé,
— c'est-à-dire qu'on diviserait les patentes
en dix classes, suivant l'importance de leur
loyer.
La première classe, qui vise les maisons
ayant plus de 203,000 francs de loyer, fixe
le droit auquel elles sont assujetties à
10,000 francs.
En outre, lorsqu'une maison fait plus de
quatre genres de commerce, elle paie pour
chaque commerce supplémentaire le même
droit de 10,000 fr.
Ii en résulte qu'un magasin exerçant 80
commerce aurait à payer 70 droits fixes,
.oit 760,000 francs.
La seconde taxe du droit fixe est établie
progressivement d'après le nombre des em-
ployés, mais « des employés à un titre quel-
conque ».., Ainsi, un commerçant ayant un
employé serait imposé d'un franc par an,
s'il en avait deux, de S francs pour chacun
d'eux, soit h francs; s'il en avait dix, de
10 francs pour chacun d'eux, soit 100 fr. :
s'il en avait mille, de 1,000 fr. pour chacun
d'eux, soit un million, etc.
Quant à la troisième taxe, elle depend du
nombre de voitures.
Enfiu,reste le droit proportionnel qui de-
meure établi d'après le dixième de la valeur
locative pour les maisons ayant plus d'un
million de loyer, et qui descend au fur et à
mesure, suivant l'importance des locaux
occupés.
Pour compléter cet exposé sommaire des
mesures fiscales imaginées pour rendre
moins inégales les charges qui pèsent d'une
part sur les grands magasins, d'autre part
sur les commerçants petits et grands, nous
ajouterons que ces divers projets, et sur-
tout le dernier, sont combattus avec une
ardeur extrême par les journaux les moins
habitués à marcher d'accord.
MORT DU BARON MARIANI
M. le baron Mariani, qui fut député de la
Corse et chambellan honoraire de l'empe-
reur Napoléon III, a succombé hier matin
à Paris, aux suites d'une courte maladie,
dans sa soixante-quinzième année.
, M. Mariani, ancien chef d'escadron d'étqt-
major, avait été également chevalier d'hon-
neur de la princesse Clotilde. Il était offi-
cier de la Légion d'honneur.
ALLUMETTES IGNIFUGES
Tisons contre l'incendie. — Excellente
régie I.
Les allumettes de la régie s'étaient con-
quis une légitime célébrité comme moyen
ignifuge, et tout le monde a le souvenir
d'en avoir consumé une pleine boîte sans
arriver à allumer une bougie. Les tisons que
l'on vend aux fumeurs sont en train de
faire concurrence à ces-allumettes célèbres.
Dans les premiers temps qu'on en vendait,
jamais un seul ne ratait, mais maintenant
il faut en brûler trois ou quatre avant
d'allumer un cigare. Encore n'en trouve-
t-on pas partout. L'autre jour, un de nos
collaborateurs a vainement cherché à s'en
procurer une boîte depuis la porte de
Montrouge jusqu'à Sceaux. Partout on lui
répondait que la provision était épuisée
et que l'on ne pouvait s'en procurer à la
régie.
EN COUR D'ASSISES
Nous apprenons que la Petite République
française a reçu, hier, une assignation à
comparaître en cour d'assises le II juillet
prochain, pour avoir à y répondra d'une
accusation de « diffamation envers un fonc-
tionnaire. »
19 Il s'agit des poursuites intentées par M.
l'amiral Aube à divers journaux qui avaient
dit qu'il était l'inspirateur, sinon le rédac-
teur des articles du XIXe Siècle et de la
Lanterne contre M. Charles Duperré.
La Petite République française a. faitchoix
de M, Andrieux, son ancien directeur poli-
tique, pour la défendre.
Nous avons déjà dit que M. l'amiral Aube
sera représenté a la barre par M. René Go-
ulet, président du conseil dans le cabinet
dont faisait partie l'ancien ministre de la
marine,
LE TRAITÉ SUISSE-ALLEMAND
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, W4 juin.
Le Conseil national a ratifié à l'unanimité et
sans discussion le traité d'établissement avec
1 Allemagne,/
LAVIEDEPARIS
Quoiqu'il ne fasse pas trop beau temps,
les Parisiens, qui sont gens de tradition
bien plus qu , on ne le pense, n'en font pas
moins leur tour à la foire de Neuilly.
Mais si cette foire est restée une prome-
nade consacrée par l'usage, elle a beau-
coup perdu, selon moi, à n'être plus du
tout une foire de marchandises, comme
elle fut à l'origine et comme je l'ai en-
oore vue. Les ainateuts de pittoresque,
qui aiment les paysages et les mœurs de
la rue, apprécient par-dessus tout les foi-
res où se font des transactions commer-
ciales. On y trouve des bibelots parfois
des raretés ou des singularités ; a défaut
de ces trouvailles heureuses chez les
« bric-à-bracs », on peut se réjouir tou-
jours à la comédie éternelle du marchand
et de l'acheteur. Ces sortes de foires, qui
sont encore très nombreuses et parfois
très brillantes à l'étranger, se font rares
en France. Je ne sais guère que la foire de
Boaucaire qui soit encore très digne d'ex-
citer la curiosité et l'admiration d'un
artiste.
Il trouve là un étalage de marchan-
dises, des campements en plein air, une
agglomération de peuple tout à fait inté-
ressante, sans parler de la Vénus d'Arles,
qui vient y acheter les lourds pendants
d'oreilles et les chaînes d'or et d'argent
dont sa beauté se passerait bien mais dont
sa coquetterie raffole. Ailleurs, les foires
sont ou bien spéciales, marchés à che-
vaux, à bestiaux, à légumes, ou bien de
simples réunions de nombreuses curio-
sités et de teneurs de jeux publics.
C'est là qu'en est la foire de Neuilly.
Et ici, comme en d'autres circonstanceS,
j'en suis réduit à maudire le progrès qui
m'a gâté les choses en les perfectionnant.
Les forains sont devenus trop civilisés.
Leurs chevaux de bois sont trop magni-
fiques, mus par la vapeur, et leurs jeux
sont installés avec une somptuosité en-
nemie du pittoresque. Tout ce monde-là
perd son cachet de bohème, ne campe
plus, tourne à l'entrepreneur de spec-
tacles.
Tel forain a l'allure d'un vrai directeur
de théâtre et me parait capable de « tri-
patouiller" un manuscrit, tout comme
un autre. L'art primitif et naïf a dis-
paru. On chercherait en vain, dans toute
la foire de Neuilly, la Tentation de Saint-
Antoine, Y Histoire de Geneviève et du
traître Golo, expliquées en de magnifi-
ques tableaux. Pas même un dernier
élève du caniche Munito, qui jouait aux
dominos et se faisait fusiller en un drame
militaire émouvant. La science, envahis-
sant même le champ de foire, nous offre
des spectacles « instructifs e), des cabi-
nets de physique, des vues géographi-
ques de tous les pays. Je n'en nie pas
l'intérêt; mais, à la foire, je cherchais vo-
lontiers un plaisir autre.
Aussi, je-n'entre que dans les petites et
misérables boutiques clairsemées entre
ies superbes installations des entreprises
théâtrales et des ménageries quasi-offi-
cielles. Parmi ces boutiques simples, il
faut compter les lutteurs. On pourrait
eroire, vu le goût de certains Parisiens et
de certaines Parisiennes pour le spectacle
de la lutte, que les entrepreneurs se lais-
seraient aller à la mode et auraient
quelque boutique spacieuse, une belle
arène, rappelant un hippodrome. Quoi-
que les recettes qu'ils font leur permis-
sent de se payer quelque luxe,, ils n'ont
pas voulu le faire. En quoi j'imagine
qu'ils ont eu, au moins d'instinct, une
visée de philopsophes et qu'ils ont mon-
tré une grande connaissance du coeur
humain.
Un jour que je demandais à un cafetier
bien connu du boulevard pourquoi il
n'agrandissait pas son établissement,
pourquoi, tout au moins, il n'en modi-
fiait pas, en le modernisant, le mobilier
à l'aspect suranné et provincial, il me
répondit qu'en améliorant il gâterait le
caractère de sa maison. Ainsi ont raisonné
sans doute les lutteurs, estimant avec
vérité que les trois quarts du charme que
certains et certaines trouvaient en leur
boutique mal éclairée, mal agencée, c'é-
tait l'aspect bohème et un tantinet ca-
naille. On est là, les pieds sur la terre
battue, sur de méchantes chaises : mais
on voit de près les athlètes demi-nus, on
les touche presque ; on entend les han !
qui sortent de leurs poitrines velues et
on y respire l'acre sueur de leurs corps.
A ces conditions, on aime la lutte et on
« est dans le train » en y assistant.
Il paraît qu'il en allait de la sorte aux
derniers temps de Rome et que les da-
mes, ne pouvant descendre dans l'arène,
se disputaient les places aux premiers
rangs. L'humanité ne change pas beau-
coup, et souvent, quand on observe avec
un peu de soin ce qu'on voit autour de
soi, il semble qu'on ne fasse que se sou-
venir de ce qu'on a appris du pasé.
De pauvres petites boutiques intéres-
santes encore sont celles des somnam-
bules, qui s'appellent souvent encore
« Mlle Prudence », quoique la Prudence
première de nom soit morte il y a vingt
ans, je crois. Mais l'intérêt qu'on peut
trouver aux somnambules est presque
navrant. Ce sont de pauvres filles, laides
à faire peur, qui, en vous promettant
toute sorte de bonheurs seraient bien in-
capables de vous offrir le moindre agré-
ment. Elles récitent d'ailleurs, d'une
voix dolente, un stupide et monotone
boniment, mal approprié par leur bêtise
à ceux qui vont les consulter.
Le sorcier de Mabille était autrement
malin, avec sa petite police, assez bien
faite, qui lui permettait parfois d'éton-
ner les interrogateurs. Le somnam-
bulisme forain est un art qui se perd.
Moins triste que la somnambule est
la Lemme géants, qu'un jpeu
ne dépare pas et qui fait toucher sel
mollets.aux amateurs, moyennant cin-
quante centimes, pour ses petits pro-
fits. Ce qui donne une fière idée-
ou une triste idée des hommes— c'est
que ces femmes géantes sont assez régu-
lièrement l'objet, de propositions dés-
honnêtes de la part d'hommes « très
bien ».
C'est un goût bizarre, et je ne vois pas
très bien comment Schopenhauer expli-
querait ce piège de la nature. Au moins,
avec les géantes, on est à peu près sûr de
ne pas se tromper de sexe, ce qui peut
arriver pour les femmes-torpille. Ces
jours-ci, en effet, les agents de la sûreté.
qui ont toujours quelque bonne aubaine
dans les foires, ont cueilli une femme-
torpille qui, même ses exercices finis,
gardait ses jupons, et qui n'était autre
qu'un grand gaillard recherché pour
avoir crevé l'œil à sa maîtresse d'un coup
de couteau. Bonne prise, paraît-il ; mais
il ne manquait plus que cet à-coup pour
déconsidérer les pauvres phénomènes que
j'aimais tant!
Henry Fouquier.
UN PRÉSIDENT DE RÉPUBLIQUE
EMPOISONNÉ
^D'CN CORRESPONDANT)
New-York, a4 juin.
Une dépêche de San-Salvador annonça
que le général Menendez, président de la
République, est mort subitement dimanche
soir, à la fia d'un banquet offert à Pocca-
sion du cinquième anniversaire de son ar-
rivée au pouvoir et de la défaite de la
faction Zaïdivar.
La mort du président Menendez a occa-
sionné une échauffourée au cours de la-
quelle le général Marcia et quelques autres
officiers ont été tuéo à ia caserne.
Le général Carloi Czeta, commandant en
chef des troupes, a pris la direction des af-
faires; la tranquillité est rétablie.
UN ACCIDENT A ST WAQUIAGT0N
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, Wi juin.
Samedi dernier, Mme Waddington, l'am-
bassadrice, a été victime d'un accident qui
aurait pu avoir des suites fort graves. Elle
se promenait à cheval dans Hyde Park,
lorsqu'un cavalier vint la heurter si vio-
lemment qu'élle et sa monture furent jetées
à terre.
Mme Waddington put regagner à pied
l'ambassade française et l'on avait lieu do
croire qu'elle n'aurait point à souffrir do
sa chute. Malheureusement il n'en a pas été
ainsi et elle dut s'aliter.
Mme Waddington va déjà beaucoup
mieuxj toutefois elle ressent encore des
douleurs d&ns le côté gauche et elle devra
garder le lit une semaine ou deux.
UNE VILLE DÉTRUITE
-
, L'incendie de t'ort-de-France
Un télégramme du gouverneur de la
Martinique, adressé au sous-secrétaire d'E -
tat aux colonies, annonce que la viUc da
Fort-de-Frauce vient d'être aux trois quarts
détruite par un incendie.
Cinq à six mille personnes sont sans abri
et sans pain. -
Le gouverneur fait appel à la générosité
de la métropole, atin de venir en aide à la
population victime de ce sinistre.
Fort-de-France, le chef-lieu de la Marti-
nique, est le siège de l'administration et
non la ville la plus importante de l'île. Le
commerce est concentré à Saint-Pierre, où
règne constamment une grande activité.
[Nos renseignements.
Dès que M. Deproge, député de la Marti-
nique, a eu connaissance de la nouvelle, il
S'est rendu au sous-secrétariat des colo-
nies, afin d'avoir des renseignements plus
explicites. Mais aucun détail nouveau n'é-
tait parvenu à M. Etienne.
ioutefois, d'après les dépêchés reçues-à
Paris par des particuliers, on peut se ren-
dre compte assez exactement de la catas-
trophe qui vient de frapper Fort-de-France.
Li centre de la ville a surtout souffert.
La rue Schœlcher,- la rue Saint-Louis, la
rue Victor-Hugo auraient été balayées par
ce formidable incendie. Ce qui le laisse
supposer, c'est qu'une maison élevée à
l'angle des rues Schœ:cher et Saint-Louis
a éié la proie des flammes. Cest là que
se trouvait le quartier commerçant de la
ville, et l'on sait d'autre part que plusieurs
immeubles sis rue Victor-Hugo ont été
brûlés.
Ainsi donc, toute la partie de la ville
comprise entre la rue Saint-Louis, la Sa-
vane et la mer aurait disparu. Dans cette
partie se trouvaient les postes et télégra-
phes. Les communications se font très fa-
cilement d'ailleurs entre Fort-de-France
et Saint-Pierre d'où part le câble.
Il ne resterait donc de Fort-de-Francd
que le quartier du Carénage, qui se trouva
au nord de la Savane. Ce qui fait dire ce-
la, c'est qu'une propriété attenant à l'hôtel
du gouverneur et appartenant à M. Bouc.
genot a été épârgneô.
Dans le Carénage se trouvent le quartier
de l'artillerie, les subsistances maritimes, 1»
quartier des filles et la population ordi-
naire qui avoisine les casernes.
C'est dans la nuit de dimanche à lundi
que l'incendie a commencé ses ravages. La
dépêche du gouverneur a dû être portée
lundi matin à 10 heures à Saint-Pierre, et
de Saint-Pierre il faut douze heures po ur
qu'elle arrivf; a l'(F.
Quant au\ victime-, y en r-t-iJOu ne le
.sait encore, mais malheureusement il faut
le supposer.
Fort-de-France
Fort-docompte 12.00C' habitant*
de population urbaine ,t'l'Op" :;-¡(', t 11, l':'.
La ville, elle, est située sur le côté nord
de la magnifique baie de ce nom. Elle a
pour limites les derniers contreforts du
.morne sur lequel s'élève le fort Desaix, du
côté de l'est ; au nord, la rivièrfe Madame ; à
l'ouest et au sud, la mer.
Le terrain sur lequel elle est bâtie, élevé
de trois ou quatre mètres au-dessus du
niveau de la mer,provient d'alluvions reian
tivement récontee.
Rien de plus régulier que cette charmante
ville qui n'est plus qu'un monceau de
raines; plusieurs rues principales pFl
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.61%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.61%.
- Auteurs similaires Catherine de Médicis Catherine de Médicis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Catherine de Médicis" or dc.contributor adj "Catherine de Médicis")La Ferrière Hector de La Ferrière Hector de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "La Ferrière Hector de" or dc.contributor adj "La Ferrière Hector de") Baguenault de Puchesse Gustave Baguenault de Puchesse Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Baguenault de Puchesse Gustave" or dc.contributor adj "Baguenault de Puchesse Gustave") Lesort André Lesort André /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Lesort André" or dc.contributor adj "Lesort André")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75602763/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75602763/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75602763/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75602763/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75602763
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75602763
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75602763/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest